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En un battement d'aile

Minute Papillon ! Avec... Hugues Mouret, entomologiste

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15min |18/09/2024
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15min |18/09/2024
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Description

🩋Minute papillon ! avec Hugues Mouret, entomologiste


Minute Papillon ! prend une forme un peu diffĂ©rente pour cette deuxiĂšme saison ! Tous les 15 jours, un des invitĂ©s du reportage, diffusĂ© la semaine prĂ©cĂ©dente rĂ©pondra Ă  une sorte de questionnaire de Proust. Quelques petites questions pour mieux apprendre Ă  les connaĂźtre mais aussi pour vous donner des sources d’inspiration.


Dans cet Ă©pisode, nous retrouvons Hugues Mouret, fondateur d’Arthropologia, une association naturaliste pour la connaissance et la protection des insectes et de la biodiversitĂ©. AprĂšs avoir explorĂ©, dans le reportage prĂ©cĂ©dent, les enjeux cruciaux liĂ©s au dĂ©clin de la biodiversitĂ© et Ă  la prĂ©servation des insectes pollinisateurs, Hugues se prĂȘte aujourd’hui au jeu de notre questionnaire pour nous dĂ©voiler son parcours et ses rĂ©flexions personnelles.


Qu’est-ce qui l’indigne face Ă  la crise Ă©cologique actuelle ? Quelles rencontres ou Ă©vĂ©nements ont marquĂ© son engagement pour la sauvegarde des insectes et de l’environnement ? Si Hugues devait donner la parole Ă  une plante, laquelle choisirait-il et quel message dĂ©livrerait-elle Ă  l’humanitĂ© ?


À travers ses rĂ©ponses, dĂ©couvrez comment Hugues Mouret, par son travail avec Arthropologia, Ɠuvre pour une vĂ©ritable reconnexion avec le vivant. Un entretien profond et inspirant pour comprendre l’importance de prĂ©server la richesse de nos Ă©cosystĂšmes, un insecte Ă  la fois. 🐝🎧


Bonne Ă©coute ! 🩋


Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Florence Gault

    Minute Papillon prend une forme un peu différente pour cette deuxiÚme saison. Tous les 15 jours, un des invités du reportage diffusé la semaine précédente répondra à une sorte de questionnaire de Proust. Quelques petites questions pour mieux apprendre à les connaßtre d'une part, mais aussi pour vous donner quelques sources d'inspiration. J'espÚre que ce nouveau format vous plaira. Alors cette semaine, l'invité de Minute Papillon est Hugues Mouret, entomologiste et fondateur d'Arthropologia, une association naturaliste pour la connaissance et la protection des insectes, et de la biodiversité. Un événement ou une expérience qui a créé un déclic écologique ?

  • Hugues Mouret

    Waouh ! Alors, les choix sont toujours dĂ©licats, mĂȘme les choix sur les Ă©vĂ©nements qui ont marquĂ© ma vie, parce que lĂ , j'ai l'impression pour moi que c'est plus intrinsĂšque, que vĂ©ritablement, comme on dit, je suis tombĂ© dedans quand j'Ă©tais petit et ce foisonnement de vie qu'il y a quand on est gamin et qu'on se couche au milieu de l'herbe, c'est ce qui m'Ă©pate encore aujourd'hui de la mĂȘme maniĂšre avec autant d'intensitĂ©. Et j'avoue qu'Ă  part cerner une partie de mon enfance oĂč j'ai commencĂ© Ă  me rendre compte de ce qu'il y avait autour de moi, je n'arrive pas Ă  extraire un Ă©vĂ©nement majeur qui me dit c'est ça qui t'a attirĂ© lĂ  Par contre, je peux l'accumuler et je peux en lister plein, mais pas forcĂ©ment en trouver un qui Ă©merge.

  • Florence Gault

    Une rencontre qui vous a marqué ?

  • Hugues Mouret

    LĂ  aussi, super dĂ©licat, j'ai rencontrĂ© plein de gens fabuleux. Alors forcĂ©ment, lĂ , je peux citer quelques noms. notamment des auteurs dont j'avais lu des livres et ce fabuleux François Terasson que j'ai eu l'occasion de rencontrer lorsqu'il dĂ©dicacĂ© des livres alors c'est vrai que je me rappelle ĂȘtre arrivĂ© devant lui et qui tend la main pour signer le livre et je lui dis bah non j'ai pas de livre il me dit bah alors vous venez pourquoi je dis bah je viens pour parce que j'ai lu vos livres et que c'est juste incroyable et je voulais vous fĂ©liciter et que j'ai jamais eu de maĂźtre Ă  penser mais si je devais en avoir un il m'a dit ah je vous arrĂȘte tout de suite je prĂ©fĂšre pas ĂȘtre un maĂźtre Ă  penser peut-ĂȘtre un inspirateur Mais en tout cas, merci de faire l'effort de venir me dire ça. Du coup, cette rencontre de ce vieux naturaliste Ă©cologue, limite philosophe, le fait de le rencontrer, j'avoue que je ne suis pas vraiment dans le star system, mais de rencontrer un personnage comme ça, qui a vraiment, par ses Ă©crits, orientĂ© une partie de ma pensĂ©e, oui, ça fait partie des rencontres, mĂȘme si elles ont Ă©tĂ© Ă©phĂ©mĂšres, qui m'ont marquĂ©. Un livre,

  • Florence Gault

    Un documentaire, un film, un podcast qui vous a influencé ?

  • Hugues Mouret

    Alors les livres de François Terasson, par exemple, les Ă©crits de Robert Reynard aussi, ce philosophe, Ă©crivain, naturaliste, peintre, artiste, sculpteur suisse fabuleux, qui a des phrases et des punchlines que j'utilise encore en confĂ©rence, en formation, etc. Jean Rostand, et l'homme aux grenouilles, sa lecture du monde des amphibiens, Jean-Henri Fabre et les souvenirs entomologiques. Alors voilĂ  aussi un livre qui a marquĂ© ma vie, oĂč il m'a montrĂ© les insectes tels que je n'Ă©tais pas capable de le voir avant de comprendre ce qu'il fallait regarder. Et puis en film, c'est vrai que je ne suis pas bloquĂ© sur le monde des insectes, j'ai un peu plus de compĂ©tences et c'est surtout qu'on a montĂ© cet assaut parce qu'il manquait des gens qui travaillaient sur les insectes. Alors quand s'est sorti le film Microcosmos en 1996, qui est un film dĂ©diĂ© essentiellement aux insectes et aux petites bĂȘtes, tout le monde me disait Oh, t'as vu ce film, il est fabuleux ! Sauf que moi, ça depuis tout petit, je le voyais en gros plan, donc ça ne m'Ă©patait pas. A l'inverse, par le mĂȘme producteur, Jacques Perrin, lorsqu'il a sorti Le Peuple Migrateur, Ah bah lĂ  par contre, j'Ă©tais fan des oiseaux mais je n'avais jamais vu ! des oiseaux de cyprĂšs, des oiseaux en migration, et c'est valable d'ailleurs aussi pour OcĂ©an, ou pour Le Peuple Singe, les autres films qu'il a faits, parce que ce n'est pas des choses que j'ai l'habitude de voir. Donc la vie m'Ă©pate en permanence, elle m'Ă©patait quand j'avais 3 ans, elle m'Ă©pate depuis que j'en ai 50, et je pense que ce n'est pas prĂȘt de s'arrĂȘter.

  • Florence Gault

    Si vous Ă©tiez un animal en voie de disparition, lequel seriez-vous et pourquoi ?

  • Hugues Mouret

    Oh lĂ  lĂ  lĂ  lĂ , alors il disparaĂźt 26 000 espĂšces sur la planĂšte et j'avoue que faire un choix, encore une fois, ça n'est pas possible dans la mesure oĂč d'un point de vue Ă©cologique, ils ont leur place, ils ont leur rĂŽle, ils ont leurs intĂ©rĂȘts et c'est dans cette complexitĂ© que le monde tient. Et donc si on devait choisir, c'est malheureusement aller dans le sens que l'humain a choisi de voir cette nature. Choisir ce qu'il aime, choisir ce qu'il n'aime pas, dĂ©cider de conserver ce qui lui rend des services directement et essayer de repousser plus loin le reste. Et ça, c'est une vision trĂšs anthropomorphique. Et donc, je ne souhaite pas faire de choix ou incarner l'ensemble des espĂšces en voie d'extinction, mais ne pas en choisir une pour ne pas la mettre au-dessus des autres ou en dessous des autres.

  • Florence Gault

    Imaginez que vous avez le pouvoir de donner la parole à une plante. Laquelle choisiriez-vous et quel serait son message à l'humanité ?

  • Hugues Mouret

    N'importe quelle plante, foutez-moi la paix. Foutez-moi la paix, je veux juste avoir du soleil, un peu d'eau et un peu de terre. ArrĂȘtez de me couper, arrĂȘtez de me ratiboiser, arrĂȘtez de m'arracher, arrĂȘtez de me remplacer, arrĂȘtez de me bĂ©tonner. Foutez-moi la paix. Vous avez besoin de moi pour vivre. C'est moi qui produit votre oxygĂšne, c'est moi qui filtre votre air, c'est moi qui permet Ă  l'eau de pĂ©nĂ©trer dans le sol, c'est moi qui produit de la matiĂšre organique pour que le sol produise justement des formes de vie qui vont relancer la chaĂźne trophique et donc les plantes, les animaux, les prĂ©dateurs, etc. Foutez-moi la paix. Une plante, une bactĂ©rie, un champignon, un animal, laissons-les vivre et donc foutons-leur la paix. Il n'y a pas de choix Ă  faire lĂ  non plus.

  • Florence Gault

    Si vous pouviez organiser un dßner avec trois figures emblématiques de l'écologie, vivantes ou décédées, qui inviteriez-vous et quel serait le menu ?

  • Hugues Mouret

    Waouh, waouh, waouh ! Alors, ça va, on va tourner en boucle. On va prendre deux personnes mortes, une morte il y a plus de 100 ans, Jean-Henri Fabre, qui m'a vraiment permis une pénétration plus profonde dans ce monde des insectes, Robert Reynard et son approche sur l'écologie, encore une fois, extraordinaire, François Terrasson, et puis vu qu'il en faut un vivant, j'aimerais bien que Baptiste Morézo, par exemple, vienne apporter une touche anthropologique, philosophique là-dedans, et donc ce sera quatre et pas trois. Et qu'est-ce qu'on mangera ? Probablement des plantes sauvages, glanées autour de ma maison, une salade... pleine de fleurs sauvages, pleine d'aromates, pleine de feuilles sauvages, des feuilles d'arbustes, des feuilles de plantes herbacées. Et puis pourquoi pas mettre quelques insectes au menu pour avoir un apport protéinique. Alors les végétariens en mettra de cÎté parce qu'ils n'en mangeront pas évidemment. Mais ça permet aussi de rappeler qu'on peut manger autre chose que de la viande de vertébré, qu'on peut manger des insectes ou des plantes puisqu'il y a beaucoup de plantes qui sont trÚs riches en légumineuses. Donc probablement un repas de naturaliste dans lequel on va pouvoir découvrir une diversité de formes de vie dans son assiette puisque nous sommes des animaux. et nous sommes voués à manger d'autres formes de vie. C'est inévitable, c'est notre place sur la planÚte.

  • Florence Gault

    Quel est votre péché mignon non écolo dont vous avez du mal à vous passer ?

  • Hugues Mouret

    Eh bien, voilĂ  une question qui me laisse pantois. Je pense que des personnes autour de moi pourraient le dire mieux que moi. Je ne vois pas Ă©merger, j'en ai certainement plein. Mon pĂ©chĂ© mignon n'en est de ne pas... pouvoir ou de ne pas faire l'effort ou de ne pas avoir dĂ©cidĂ© par exemple de m'habiller exclusivement en vĂȘtements dont l'impact est trĂšs limitĂ© sur la nature puisque j'ai du coton pour une part du coton bio mais pas uniquement ça coĂ»te plus cher, c'est plus dĂ©licat Ă  trouver sauf que le coton est la culture la plus polluante de la planĂšte et on est tous habillĂ©s en coton moi je ne porte plus de jean depuis longtemps mais un jean a fait 65 000 km avant d'ĂȘtre portĂ© et surtout j'aimerais pouvoir prendre des vĂȘtements faits de lin, faits de chanvre, faits d'ortie, puisqu'on peut cultiver et tresser l'ortie, la rendre aussi douce et aussi solide que du coton, et Ă©videmment en limitant significativement les pollutions, l'import, le dumping social et le dumping environnemental Ă  l'autre bout de la planĂšte, puisqu'on envoie nos dĂ©chets et nos productions les plus polluantes lĂ -bas, et que nous on se contente du rĂ©sultat fini. Donc peut-ĂȘtre que mon pĂ©chĂ© mignon c'est de ne pas pouvoir faire ce que j'aimerais faire de façon systĂ©matique, Pour moi et pour tous les gens qui nous entourent, probablement pour des questions d'accĂšs financier, et c'est assez terrible parce que lĂ  aussi c'est un choix qui n'est pas fait.

  • Florence Gault

    Alors pour cette derniÚre question, je vais vous laisser seul. Depuis novembre 2022, avec Audrey Ronchin, nous menons une expérience intitulée Au creux de mon arbre, l'écho du vivant Nous avons fabriqué un arbre cabane dans lequel nous invitons les gens à venir raconter leurs souvenirs de leur lien au vivant. Et je vous propose donc pour finir de nous partager un souvenir marquant de votre lien au vivant.

  • Hugues Mouret

    Alors toujours trĂšs compliquĂ© de faire un choix arbitraire sur... Le foisonnement de vie qui nous entoure et qu'est-ce qui a marquĂ© quoi, lĂ  je suis au milieu des jardins de l'Ă©co-centre Ă  racler tout un tas de plantes herbacĂ©es, d'arbustes et d'arbres et voilĂ , et tous mes pattes, la beautĂ© de ce paysage, les couleurs des fleurs, la vĂ©locitĂ© des insectes qui butinent, le compost qui est en train de se former, mais ça c'est mon quotidien et je me rappelle, alors peut-ĂȘtre d'un point de vue anecdote, Ă©tant petit, ĂȘtre parti avec mon pĂšre remonter les gorges de l'IsĂšre, aprĂšs Val d'IsĂšre, aprĂšs le pont Saint-Charles, on a marchĂ© pendant plusieurs heures et on est remontĂ© sur les sources de l'IsĂšre, on a croisĂ© des bouctins alors c'est vrai que mĂȘme si c'est pas mon domaine les mammifĂšres croiser des grosses chĂšvres Ă©normes avec des cornes Ă©normes comme ça dans le montagne qui n'ont absolument pas peur parce que c'est un chemin de randonnĂ©e qu'on est passĂ© en septembre et donc ça faisait deux mois qu'elle voyait passer tout un tas de personnes et on a pu les approcher, les approcher trĂšs trĂšs prĂšs donc les voir Ă  quelques mĂštres et ça j'avoue qu'Ă©tant gamin c'Ă©tait quand mĂȘme assez impressionnant... tout le long du chemin a Ă©tĂ© parsemĂ© de trous de marmotte qui ont dĂ» probablement malheureusement ĂȘtre nourris par les touristes et donc elles pointaient leur bout du nez et ont passĂ© Ă  50 cm, ça aussi c'Ă©tait assez extraordinaire mĂȘme si perturbant quand on considĂšre les conditions. Et puis arrivĂ© en haut d'un petit dĂŽme, ou proche d'un petit dĂŽme, on voit un chamois et mon pĂšre me dit passe par derriĂšre, moi je passe par devant et avec un peu de chance tu devrais le croiser Et effectivement... En montant en haut du dĂŽme, je me suis retrouvĂ© face Ă  ce jeune chamois, je pense que j'ai eu plus peur que lui, je devais avoir une dizaine d'annĂ©es Ă  peu prĂšs, et on s'est regardĂ© pendant quelques secondes, alors j'en ai mĂȘme des frissons Ă  penser ça, parce que vraiment ça a Ă©tĂ© un contact avec la vie sauvage et la vie peureuse, c'est trĂšs difficile d'approcher les chamois, et de se regarder quelques secondes, et lĂ , hop, en quelques bons, il a disparu de ma vue, et moi je suis restĂ© figĂ©, mon pĂšre est arrivĂ© quelques minutes aprĂšs, alors tu l'as vu ? Ah oui, mais j'ai eu du mal Ă  rĂ©pondre tellement c'Ă©tait puissant. Et ces rencontres-lĂ , en fait, pour moi, elles sont quasi quotidiennes. Si tant est que j'ai la chance d'aller dans la nature, j'ai eu aussi la chance de travailler 4 mois au Galapagos, sur les insectes, sur les pollinisateurs, sur les insectes, sur la protection de certains oiseaux qui Ă©taient attaquĂ©s par des insectes qui avaient Ă©tĂ© transportĂ©s par les activitĂ©s humaines, enfin tout un tas d'activitĂ©s passionnantes. Et j'ai eu aussi la chance de plonger. Et c'est pas un monde que je connais beaucoup, j'ai fait un petit peu d'apnĂ©e quand j'Ă©tais gamin, mais lĂ , on m'a emmenĂ© avec des bouteilles, Ă  20-30 mĂštres de profondeur, nager au milieu des tortues, au milieu des requins, au milieu des raies, et le plus beau souvenir que j'ai, ça c'Ă©tait juste fabuleux, d'ĂȘtre assis au fond et de voir ces requins de pointe noire passer Ă  quelques centimĂštres de mon appareil photo, donc j'ai des images qui sont juste fabuleuses. Et en rentrant, le capitaine du bateau crie aileron, aileron Ă  fin, fin en anglais, et donc on plonge, je pensais que c'Ă©tait un aileron de cachalot, pas du tout, je n'ai pas eu la chance d'en voir, mĂȘme s'il y en a beaucoup par lĂ -bas, c'Ă©tait une raie manta. et une grosse femelle suivie par deux mĂąles qui Ă©tait en phase d'accouplement. Et donc on a pu nager. Normalement, elles nagent trĂšs trĂšs vite, on ne les voit pas. Et lĂ , pendant quelques minutes, elles ont tournĂ© autour de nous. C'est ce qu'a racontĂ© aprĂšs un ami ichtyologue, spĂ©cialiste des poissons, qui a eu la chance d'ĂȘtre tombĂ© au milieu d'une parade. Donc en fait, elles ne te voyaient pas et elles faisaient leurs petites affaires entre elles. Et donc on a vu pendant deux minutes des bestioles qui font 4 mĂštres d'envergure avec une bouche d'un mĂštre nous foncer dessus, plonger juste devant nous et faire des ronds. C'Ă©tait juste... incroyable, c'est le souvenir probablement de rapport avec la nature le plus puissant le rapport avec un Ă©norme animal qui Ă©tait juste fabuleux je rĂȘve de croiser un jour des bisons si j'ai la chance d'aller en AmĂ©rique mais rien qu'en France, mes deux rĂȘves d'enfance c'est de croiser des lynx un lynx mĂȘme, un loup un ours, des choses que j'aimerais faire et qui ne me sont jamais arrivĂ©es c'est trĂšs anthropocentrĂ© parce que lĂ  je suis en train de parler de grosses bestioles, de mammifĂšres, de prĂ©dateurs etc etc Peut-ĂȘtre parce que j'ai plus l'occasion de voir des amphibiens, des reptiles, des oiseaux, des plantes, des insectes, c'est plus facile pour moi, parce que c'est quand mĂȘme toujours plus dĂ©licat d'approcher les mammifĂšres. Mais ça fait partie des choses que moi j'attends de voir et qui seront probablement des Ă©lĂ©ments marquants, des bornes dans mon contact, mes relations et le bonheur que me procure l'observation, la contemplation de cette vie sauvage, de cette diversitĂ©, de cet oisonnement de vie. C'est vraiment finalement ça qui me marque le plus. Et c'est aussi ce qui, dĂšs l'enfance, m'avait perturbĂ© de croiser tellement de plantes, tellement d'insectes, tellement d'oiseaux, tellement d'arbres, sur lesquels je ne pouvais pas mettre un nom. Je ne savais pas comment ils vivaient, je ne savais pas comment ils se reproduisaient, je ne savais pas comment est-ce qu'ils se dĂ©plaçaient, etc. Et donc, c'est aujourd'hui, j'ai comblĂ© un peu de ces lacunes en accumulant un certain nombre de... connaissances qui me permettent de connaĂźtre un tout petit peu mieux qu'enfant la nature mais c'est aussi la beautĂ© du monde naturaliste et du et de cette profession, de cette serdosse mĂȘme, de cette passion c'est de passer une vie entiĂšre Ă  regarder, Ă©tudier essayer de comprendre et connaĂźtre la nature pour arriver Ă  la fin de sa vie et se dire ok je ressigne pour deux ou trois vies encore parce que j'en connais pas assez et qu'au bout de deux ou trois vies je serais loin de connaĂźtre l'ensemble des choses qui m'entourent mais j'aurais un tout petit peu plus progressĂ© voilĂ  c'est une dĂ©couverte permanente, un Ă©merveillement quotidien. Et j'invite tout le monde Ă  le faire et Ă  profiter un petit peu, sortir de nos activitĂ©s anthropocentrĂ©es, sortir de nos Ă©crans, de nos numĂ©riques, de nos appartements, de nos vĂȘtements, de quitter ses chaussures et d'aller se rĂ©immerger dans la terre mĂšre qui nous porte et sans laquelle on ne pourra pas survivre parce qu'elle est plus que mal en point. Et ça commence, cette prise de conscience et cette mise en action commence par L'apprĂ©hension de la diversitĂ©, de la beautĂ© du monde avant son utilitĂ©, avant sa fonctionnalitĂ©, c'est juste des formes de vie qui ont le droit de vivre et dont nous avons le devoir en tant qu'espĂšce Ă  plus fort impact de leur laisser une place et de les laisser survivre pour que nos enfants et nos propres enfants puissent Ă  leur tour vivre une vie digne de ce nom, ce qui n'est malheureusement pas vraiment bien engagĂ©.

Description

🩋Minute papillon ! avec Hugues Mouret, entomologiste


Minute Papillon ! prend une forme un peu diffĂ©rente pour cette deuxiĂšme saison ! Tous les 15 jours, un des invitĂ©s du reportage, diffusĂ© la semaine prĂ©cĂ©dente rĂ©pondra Ă  une sorte de questionnaire de Proust. Quelques petites questions pour mieux apprendre Ă  les connaĂźtre mais aussi pour vous donner des sources d’inspiration.


Dans cet Ă©pisode, nous retrouvons Hugues Mouret, fondateur d’Arthropologia, une association naturaliste pour la connaissance et la protection des insectes et de la biodiversitĂ©. AprĂšs avoir explorĂ©, dans le reportage prĂ©cĂ©dent, les enjeux cruciaux liĂ©s au dĂ©clin de la biodiversitĂ© et Ă  la prĂ©servation des insectes pollinisateurs, Hugues se prĂȘte aujourd’hui au jeu de notre questionnaire pour nous dĂ©voiler son parcours et ses rĂ©flexions personnelles.


Qu’est-ce qui l’indigne face Ă  la crise Ă©cologique actuelle ? Quelles rencontres ou Ă©vĂ©nements ont marquĂ© son engagement pour la sauvegarde des insectes et de l’environnement ? Si Hugues devait donner la parole Ă  une plante, laquelle choisirait-il et quel message dĂ©livrerait-elle Ă  l’humanitĂ© ?


À travers ses rĂ©ponses, dĂ©couvrez comment Hugues Mouret, par son travail avec Arthropologia, Ɠuvre pour une vĂ©ritable reconnexion avec le vivant. Un entretien profond et inspirant pour comprendre l’importance de prĂ©server la richesse de nos Ă©cosystĂšmes, un insecte Ă  la fois. 🐝🎧


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  • Florence Gault

    Minute Papillon prend une forme un peu différente pour cette deuxiÚme saison. Tous les 15 jours, un des invités du reportage diffusé la semaine précédente répondra à une sorte de questionnaire de Proust. Quelques petites questions pour mieux apprendre à les connaßtre d'une part, mais aussi pour vous donner quelques sources d'inspiration. J'espÚre que ce nouveau format vous plaira. Alors cette semaine, l'invité de Minute Papillon est Hugues Mouret, entomologiste et fondateur d'Arthropologia, une association naturaliste pour la connaissance et la protection des insectes, et de la biodiversité. Un événement ou une expérience qui a créé un déclic écologique ?

  • Hugues Mouret

    Waouh ! Alors, les choix sont toujours dĂ©licats, mĂȘme les choix sur les Ă©vĂ©nements qui ont marquĂ© ma vie, parce que lĂ , j'ai l'impression pour moi que c'est plus intrinsĂšque, que vĂ©ritablement, comme on dit, je suis tombĂ© dedans quand j'Ă©tais petit et ce foisonnement de vie qu'il y a quand on est gamin et qu'on se couche au milieu de l'herbe, c'est ce qui m'Ă©pate encore aujourd'hui de la mĂȘme maniĂšre avec autant d'intensitĂ©. Et j'avoue qu'Ă  part cerner une partie de mon enfance oĂč j'ai commencĂ© Ă  me rendre compte de ce qu'il y avait autour de moi, je n'arrive pas Ă  extraire un Ă©vĂ©nement majeur qui me dit c'est ça qui t'a attirĂ© lĂ  Par contre, je peux l'accumuler et je peux en lister plein, mais pas forcĂ©ment en trouver un qui Ă©merge.

  • Florence Gault

    Une rencontre qui vous a marqué ?

  • Hugues Mouret

    LĂ  aussi, super dĂ©licat, j'ai rencontrĂ© plein de gens fabuleux. Alors forcĂ©ment, lĂ , je peux citer quelques noms. notamment des auteurs dont j'avais lu des livres et ce fabuleux François Terasson que j'ai eu l'occasion de rencontrer lorsqu'il dĂ©dicacĂ© des livres alors c'est vrai que je me rappelle ĂȘtre arrivĂ© devant lui et qui tend la main pour signer le livre et je lui dis bah non j'ai pas de livre il me dit bah alors vous venez pourquoi je dis bah je viens pour parce que j'ai lu vos livres et que c'est juste incroyable et je voulais vous fĂ©liciter et que j'ai jamais eu de maĂźtre Ă  penser mais si je devais en avoir un il m'a dit ah je vous arrĂȘte tout de suite je prĂ©fĂšre pas ĂȘtre un maĂźtre Ă  penser peut-ĂȘtre un inspirateur Mais en tout cas, merci de faire l'effort de venir me dire ça. Du coup, cette rencontre de ce vieux naturaliste Ă©cologue, limite philosophe, le fait de le rencontrer, j'avoue que je ne suis pas vraiment dans le star system, mais de rencontrer un personnage comme ça, qui a vraiment, par ses Ă©crits, orientĂ© une partie de ma pensĂ©e, oui, ça fait partie des rencontres, mĂȘme si elles ont Ă©tĂ© Ă©phĂ©mĂšres, qui m'ont marquĂ©. Un livre,

  • Florence Gault

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  • Hugues Mouret

    Alors les livres de François Terasson, par exemple, les Ă©crits de Robert Reynard aussi, ce philosophe, Ă©crivain, naturaliste, peintre, artiste, sculpteur suisse fabuleux, qui a des phrases et des punchlines que j'utilise encore en confĂ©rence, en formation, etc. Jean Rostand, et l'homme aux grenouilles, sa lecture du monde des amphibiens, Jean-Henri Fabre et les souvenirs entomologiques. Alors voilĂ  aussi un livre qui a marquĂ© ma vie, oĂč il m'a montrĂ© les insectes tels que je n'Ă©tais pas capable de le voir avant de comprendre ce qu'il fallait regarder. Et puis en film, c'est vrai que je ne suis pas bloquĂ© sur le monde des insectes, j'ai un peu plus de compĂ©tences et c'est surtout qu'on a montĂ© cet assaut parce qu'il manquait des gens qui travaillaient sur les insectes. Alors quand s'est sorti le film Microcosmos en 1996, qui est un film dĂ©diĂ© essentiellement aux insectes et aux petites bĂȘtes, tout le monde me disait Oh, t'as vu ce film, il est fabuleux ! Sauf que moi, ça depuis tout petit, je le voyais en gros plan, donc ça ne m'Ă©patait pas. A l'inverse, par le mĂȘme producteur, Jacques Perrin, lorsqu'il a sorti Le Peuple Migrateur, Ah bah lĂ  par contre, j'Ă©tais fan des oiseaux mais je n'avais jamais vu ! des oiseaux de cyprĂšs, des oiseaux en migration, et c'est valable d'ailleurs aussi pour OcĂ©an, ou pour Le Peuple Singe, les autres films qu'il a faits, parce que ce n'est pas des choses que j'ai l'habitude de voir. Donc la vie m'Ă©pate en permanence, elle m'Ă©patait quand j'avais 3 ans, elle m'Ă©pate depuis que j'en ai 50, et je pense que ce n'est pas prĂȘt de s'arrĂȘter.

  • Florence Gault

    Si vous Ă©tiez un animal en voie de disparition, lequel seriez-vous et pourquoi ?

  • Hugues Mouret

    Oh lĂ  lĂ  lĂ  lĂ , alors il disparaĂźt 26 000 espĂšces sur la planĂšte et j'avoue que faire un choix, encore une fois, ça n'est pas possible dans la mesure oĂč d'un point de vue Ă©cologique, ils ont leur place, ils ont leur rĂŽle, ils ont leurs intĂ©rĂȘts et c'est dans cette complexitĂ© que le monde tient. Et donc si on devait choisir, c'est malheureusement aller dans le sens que l'humain a choisi de voir cette nature. Choisir ce qu'il aime, choisir ce qu'il n'aime pas, dĂ©cider de conserver ce qui lui rend des services directement et essayer de repousser plus loin le reste. Et ça, c'est une vision trĂšs anthropomorphique. Et donc, je ne souhaite pas faire de choix ou incarner l'ensemble des espĂšces en voie d'extinction, mais ne pas en choisir une pour ne pas la mettre au-dessus des autres ou en dessous des autres.

  • Florence Gault

    Imaginez que vous avez le pouvoir de donner la parole à une plante. Laquelle choisiriez-vous et quel serait son message à l'humanité ?

  • Hugues Mouret

    N'importe quelle plante, foutez-moi la paix. Foutez-moi la paix, je veux juste avoir du soleil, un peu d'eau et un peu de terre. ArrĂȘtez de me couper, arrĂȘtez de me ratiboiser, arrĂȘtez de m'arracher, arrĂȘtez de me remplacer, arrĂȘtez de me bĂ©tonner. Foutez-moi la paix. Vous avez besoin de moi pour vivre. C'est moi qui produit votre oxygĂšne, c'est moi qui filtre votre air, c'est moi qui permet Ă  l'eau de pĂ©nĂ©trer dans le sol, c'est moi qui produit de la matiĂšre organique pour que le sol produise justement des formes de vie qui vont relancer la chaĂźne trophique et donc les plantes, les animaux, les prĂ©dateurs, etc. Foutez-moi la paix. Une plante, une bactĂ©rie, un champignon, un animal, laissons-les vivre et donc foutons-leur la paix. Il n'y a pas de choix Ă  faire lĂ  non plus.

  • Florence Gault

    Si vous pouviez organiser un dßner avec trois figures emblématiques de l'écologie, vivantes ou décédées, qui inviteriez-vous et quel serait le menu ?

  • Hugues Mouret

    Waouh, waouh, waouh ! Alors, ça va, on va tourner en boucle. On va prendre deux personnes mortes, une morte il y a plus de 100 ans, Jean-Henri Fabre, qui m'a vraiment permis une pénétration plus profonde dans ce monde des insectes, Robert Reynard et son approche sur l'écologie, encore une fois, extraordinaire, François Terrasson, et puis vu qu'il en faut un vivant, j'aimerais bien que Baptiste Morézo, par exemple, vienne apporter une touche anthropologique, philosophique là-dedans, et donc ce sera quatre et pas trois. Et qu'est-ce qu'on mangera ? Probablement des plantes sauvages, glanées autour de ma maison, une salade... pleine de fleurs sauvages, pleine d'aromates, pleine de feuilles sauvages, des feuilles d'arbustes, des feuilles de plantes herbacées. Et puis pourquoi pas mettre quelques insectes au menu pour avoir un apport protéinique. Alors les végétariens en mettra de cÎté parce qu'ils n'en mangeront pas évidemment. Mais ça permet aussi de rappeler qu'on peut manger autre chose que de la viande de vertébré, qu'on peut manger des insectes ou des plantes puisqu'il y a beaucoup de plantes qui sont trÚs riches en légumineuses. Donc probablement un repas de naturaliste dans lequel on va pouvoir découvrir une diversité de formes de vie dans son assiette puisque nous sommes des animaux. et nous sommes voués à manger d'autres formes de vie. C'est inévitable, c'est notre place sur la planÚte.

  • Florence Gault

    Quel est votre péché mignon non écolo dont vous avez du mal à vous passer ?

  • Hugues Mouret

    Eh bien, voilĂ  une question qui me laisse pantois. Je pense que des personnes autour de moi pourraient le dire mieux que moi. Je ne vois pas Ă©merger, j'en ai certainement plein. Mon pĂ©chĂ© mignon n'en est de ne pas... pouvoir ou de ne pas faire l'effort ou de ne pas avoir dĂ©cidĂ© par exemple de m'habiller exclusivement en vĂȘtements dont l'impact est trĂšs limitĂ© sur la nature puisque j'ai du coton pour une part du coton bio mais pas uniquement ça coĂ»te plus cher, c'est plus dĂ©licat Ă  trouver sauf que le coton est la culture la plus polluante de la planĂšte et on est tous habillĂ©s en coton moi je ne porte plus de jean depuis longtemps mais un jean a fait 65 000 km avant d'ĂȘtre portĂ© et surtout j'aimerais pouvoir prendre des vĂȘtements faits de lin, faits de chanvre, faits d'ortie, puisqu'on peut cultiver et tresser l'ortie, la rendre aussi douce et aussi solide que du coton, et Ă©videmment en limitant significativement les pollutions, l'import, le dumping social et le dumping environnemental Ă  l'autre bout de la planĂšte, puisqu'on envoie nos dĂ©chets et nos productions les plus polluantes lĂ -bas, et que nous on se contente du rĂ©sultat fini. Donc peut-ĂȘtre que mon pĂ©chĂ© mignon c'est de ne pas pouvoir faire ce que j'aimerais faire de façon systĂ©matique, Pour moi et pour tous les gens qui nous entourent, probablement pour des questions d'accĂšs financier, et c'est assez terrible parce que lĂ  aussi c'est un choix qui n'est pas fait.

  • Florence Gault

    Alors pour cette derniÚre question, je vais vous laisser seul. Depuis novembre 2022, avec Audrey Ronchin, nous menons une expérience intitulée Au creux de mon arbre, l'écho du vivant Nous avons fabriqué un arbre cabane dans lequel nous invitons les gens à venir raconter leurs souvenirs de leur lien au vivant. Et je vous propose donc pour finir de nous partager un souvenir marquant de votre lien au vivant.

  • Hugues Mouret

    Alors toujours trĂšs compliquĂ© de faire un choix arbitraire sur... Le foisonnement de vie qui nous entoure et qu'est-ce qui a marquĂ© quoi, lĂ  je suis au milieu des jardins de l'Ă©co-centre Ă  racler tout un tas de plantes herbacĂ©es, d'arbustes et d'arbres et voilĂ , et tous mes pattes, la beautĂ© de ce paysage, les couleurs des fleurs, la vĂ©locitĂ© des insectes qui butinent, le compost qui est en train de se former, mais ça c'est mon quotidien et je me rappelle, alors peut-ĂȘtre d'un point de vue anecdote, Ă©tant petit, ĂȘtre parti avec mon pĂšre remonter les gorges de l'IsĂšre, aprĂšs Val d'IsĂšre, aprĂšs le pont Saint-Charles, on a marchĂ© pendant plusieurs heures et on est remontĂ© sur les sources de l'IsĂšre, on a croisĂ© des bouctins alors c'est vrai que mĂȘme si c'est pas mon domaine les mammifĂšres croiser des grosses chĂšvres Ă©normes avec des cornes Ă©normes comme ça dans le montagne qui n'ont absolument pas peur parce que c'est un chemin de randonnĂ©e qu'on est passĂ© en septembre et donc ça faisait deux mois qu'elle voyait passer tout un tas de personnes et on a pu les approcher, les approcher trĂšs trĂšs prĂšs donc les voir Ă  quelques mĂštres et ça j'avoue qu'Ă©tant gamin c'Ă©tait quand mĂȘme assez impressionnant... tout le long du chemin a Ă©tĂ© parsemĂ© de trous de marmotte qui ont dĂ» probablement malheureusement ĂȘtre nourris par les touristes et donc elles pointaient leur bout du nez et ont passĂ© Ă  50 cm, ça aussi c'Ă©tait assez extraordinaire mĂȘme si perturbant quand on considĂšre les conditions. Et puis arrivĂ© en haut d'un petit dĂŽme, ou proche d'un petit dĂŽme, on voit un chamois et mon pĂšre me dit passe par derriĂšre, moi je passe par devant et avec un peu de chance tu devrais le croiser Et effectivement... En montant en haut du dĂŽme, je me suis retrouvĂ© face Ă  ce jeune chamois, je pense que j'ai eu plus peur que lui, je devais avoir une dizaine d'annĂ©es Ă  peu prĂšs, et on s'est regardĂ© pendant quelques secondes, alors j'en ai mĂȘme des frissons Ă  penser ça, parce que vraiment ça a Ă©tĂ© un contact avec la vie sauvage et la vie peureuse, c'est trĂšs difficile d'approcher les chamois, et de se regarder quelques secondes, et lĂ , hop, en quelques bons, il a disparu de ma vue, et moi je suis restĂ© figĂ©, mon pĂšre est arrivĂ© quelques minutes aprĂšs, alors tu l'as vu ? Ah oui, mais j'ai eu du mal Ă  rĂ©pondre tellement c'Ă©tait puissant. Et ces rencontres-lĂ , en fait, pour moi, elles sont quasi quotidiennes. Si tant est que j'ai la chance d'aller dans la nature, j'ai eu aussi la chance de travailler 4 mois au Galapagos, sur les insectes, sur les pollinisateurs, sur les insectes, sur la protection de certains oiseaux qui Ă©taient attaquĂ©s par des insectes qui avaient Ă©tĂ© transportĂ©s par les activitĂ©s humaines, enfin tout un tas d'activitĂ©s passionnantes. Et j'ai eu aussi la chance de plonger. Et c'est pas un monde que je connais beaucoup, j'ai fait un petit peu d'apnĂ©e quand j'Ă©tais gamin, mais lĂ , on m'a emmenĂ© avec des bouteilles, Ă  20-30 mĂštres de profondeur, nager au milieu des tortues, au milieu des requins, au milieu des raies, et le plus beau souvenir que j'ai, ça c'Ă©tait juste fabuleux, d'ĂȘtre assis au fond et de voir ces requins de pointe noire passer Ă  quelques centimĂštres de mon appareil photo, donc j'ai des images qui sont juste fabuleuses. Et en rentrant, le capitaine du bateau crie aileron, aileron Ă  fin, fin en anglais, et donc on plonge, je pensais que c'Ă©tait un aileron de cachalot, pas du tout, je n'ai pas eu la chance d'en voir, mĂȘme s'il y en a beaucoup par lĂ -bas, c'Ă©tait une raie manta. et une grosse femelle suivie par deux mĂąles qui Ă©tait en phase d'accouplement. Et donc on a pu nager. Normalement, elles nagent trĂšs trĂšs vite, on ne les voit pas. Et lĂ , pendant quelques minutes, elles ont tournĂ© autour de nous. C'est ce qu'a racontĂ© aprĂšs un ami ichtyologue, spĂ©cialiste des poissons, qui a eu la chance d'ĂȘtre tombĂ© au milieu d'une parade. Donc en fait, elles ne te voyaient pas et elles faisaient leurs petites affaires entre elles. Et donc on a vu pendant deux minutes des bestioles qui font 4 mĂštres d'envergure avec une bouche d'un mĂštre nous foncer dessus, plonger juste devant nous et faire des ronds. C'Ă©tait juste... incroyable, c'est le souvenir probablement de rapport avec la nature le plus puissant le rapport avec un Ă©norme animal qui Ă©tait juste fabuleux je rĂȘve de croiser un jour des bisons si j'ai la chance d'aller en AmĂ©rique mais rien qu'en France, mes deux rĂȘves d'enfance c'est de croiser des lynx un lynx mĂȘme, un loup un ours, des choses que j'aimerais faire et qui ne me sont jamais arrivĂ©es c'est trĂšs anthropocentrĂ© parce que lĂ  je suis en train de parler de grosses bestioles, de mammifĂšres, de prĂ©dateurs etc etc Peut-ĂȘtre parce que j'ai plus l'occasion de voir des amphibiens, des reptiles, des oiseaux, des plantes, des insectes, c'est plus facile pour moi, parce que c'est quand mĂȘme toujours plus dĂ©licat d'approcher les mammifĂšres. Mais ça fait partie des choses que moi j'attends de voir et qui seront probablement des Ă©lĂ©ments marquants, des bornes dans mon contact, mes relations et le bonheur que me procure l'observation, la contemplation de cette vie sauvage, de cette diversitĂ©, de cet oisonnement de vie. C'est vraiment finalement ça qui me marque le plus. Et c'est aussi ce qui, dĂšs l'enfance, m'avait perturbĂ© de croiser tellement de plantes, tellement d'insectes, tellement d'oiseaux, tellement d'arbres, sur lesquels je ne pouvais pas mettre un nom. Je ne savais pas comment ils vivaient, je ne savais pas comment ils se reproduisaient, je ne savais pas comment est-ce qu'ils se dĂ©plaçaient, etc. Et donc, c'est aujourd'hui, j'ai comblĂ© un peu de ces lacunes en accumulant un certain nombre de... connaissances qui me permettent de connaĂźtre un tout petit peu mieux qu'enfant la nature mais c'est aussi la beautĂ© du monde naturaliste et du et de cette profession, de cette serdosse mĂȘme, de cette passion c'est de passer une vie entiĂšre Ă  regarder, Ă©tudier essayer de comprendre et connaĂźtre la nature pour arriver Ă  la fin de sa vie et se dire ok je ressigne pour deux ou trois vies encore parce que j'en connais pas assez et qu'au bout de deux ou trois vies je serais loin de connaĂźtre l'ensemble des choses qui m'entourent mais j'aurais un tout petit peu plus progressĂ© voilĂ  c'est une dĂ©couverte permanente, un Ă©merveillement quotidien. Et j'invite tout le monde Ă  le faire et Ă  profiter un petit peu, sortir de nos activitĂ©s anthropocentrĂ©es, sortir de nos Ă©crans, de nos numĂ©riques, de nos appartements, de nos vĂȘtements, de quitter ses chaussures et d'aller se rĂ©immerger dans la terre mĂšre qui nous porte et sans laquelle on ne pourra pas survivre parce qu'elle est plus que mal en point. Et ça commence, cette prise de conscience et cette mise en action commence par L'apprĂ©hension de la diversitĂ©, de la beautĂ© du monde avant son utilitĂ©, avant sa fonctionnalitĂ©, c'est juste des formes de vie qui ont le droit de vivre et dont nous avons le devoir en tant qu'espĂšce Ă  plus fort impact de leur laisser une place et de les laisser survivre pour que nos enfants et nos propres enfants puissent Ă  leur tour vivre une vie digne de ce nom, ce qui n'est malheureusement pas vraiment bien engagĂ©.

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🩋Minute papillon ! avec Hugues Mouret, entomologiste


Minute Papillon ! prend une forme un peu diffĂ©rente pour cette deuxiĂšme saison ! Tous les 15 jours, un des invitĂ©s du reportage, diffusĂ© la semaine prĂ©cĂ©dente rĂ©pondra Ă  une sorte de questionnaire de Proust. Quelques petites questions pour mieux apprendre Ă  les connaĂźtre mais aussi pour vous donner des sources d’inspiration.


Dans cet Ă©pisode, nous retrouvons Hugues Mouret, fondateur d’Arthropologia, une association naturaliste pour la connaissance et la protection des insectes et de la biodiversitĂ©. AprĂšs avoir explorĂ©, dans le reportage prĂ©cĂ©dent, les enjeux cruciaux liĂ©s au dĂ©clin de la biodiversitĂ© et Ă  la prĂ©servation des insectes pollinisateurs, Hugues se prĂȘte aujourd’hui au jeu de notre questionnaire pour nous dĂ©voiler son parcours et ses rĂ©flexions personnelles.


Qu’est-ce qui l’indigne face Ă  la crise Ă©cologique actuelle ? Quelles rencontres ou Ă©vĂ©nements ont marquĂ© son engagement pour la sauvegarde des insectes et de l’environnement ? Si Hugues devait donner la parole Ă  une plante, laquelle choisirait-il et quel message dĂ©livrerait-elle Ă  l’humanitĂ© ?


À travers ses rĂ©ponses, dĂ©couvrez comment Hugues Mouret, par son travail avec Arthropologia, Ɠuvre pour une vĂ©ritable reconnexion avec le vivant. Un entretien profond et inspirant pour comprendre l’importance de prĂ©server la richesse de nos Ă©cosystĂšmes, un insecte Ă  la fois. 🐝🎧


Bonne Ă©coute ! 🩋


Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Florence Gault

    Minute Papillon prend une forme un peu différente pour cette deuxiÚme saison. Tous les 15 jours, un des invités du reportage diffusé la semaine précédente répondra à une sorte de questionnaire de Proust. Quelques petites questions pour mieux apprendre à les connaßtre d'une part, mais aussi pour vous donner quelques sources d'inspiration. J'espÚre que ce nouveau format vous plaira. Alors cette semaine, l'invité de Minute Papillon est Hugues Mouret, entomologiste et fondateur d'Arthropologia, une association naturaliste pour la connaissance et la protection des insectes, et de la biodiversité. Un événement ou une expérience qui a créé un déclic écologique ?

  • Hugues Mouret

    Waouh ! Alors, les choix sont toujours dĂ©licats, mĂȘme les choix sur les Ă©vĂ©nements qui ont marquĂ© ma vie, parce que lĂ , j'ai l'impression pour moi que c'est plus intrinsĂšque, que vĂ©ritablement, comme on dit, je suis tombĂ© dedans quand j'Ă©tais petit et ce foisonnement de vie qu'il y a quand on est gamin et qu'on se couche au milieu de l'herbe, c'est ce qui m'Ă©pate encore aujourd'hui de la mĂȘme maniĂšre avec autant d'intensitĂ©. Et j'avoue qu'Ă  part cerner une partie de mon enfance oĂč j'ai commencĂ© Ă  me rendre compte de ce qu'il y avait autour de moi, je n'arrive pas Ă  extraire un Ă©vĂ©nement majeur qui me dit c'est ça qui t'a attirĂ© lĂ  Par contre, je peux l'accumuler et je peux en lister plein, mais pas forcĂ©ment en trouver un qui Ă©merge.

  • Florence Gault

    Une rencontre qui vous a marqué ?

  • Hugues Mouret

    LĂ  aussi, super dĂ©licat, j'ai rencontrĂ© plein de gens fabuleux. Alors forcĂ©ment, lĂ , je peux citer quelques noms. notamment des auteurs dont j'avais lu des livres et ce fabuleux François Terasson que j'ai eu l'occasion de rencontrer lorsqu'il dĂ©dicacĂ© des livres alors c'est vrai que je me rappelle ĂȘtre arrivĂ© devant lui et qui tend la main pour signer le livre et je lui dis bah non j'ai pas de livre il me dit bah alors vous venez pourquoi je dis bah je viens pour parce que j'ai lu vos livres et que c'est juste incroyable et je voulais vous fĂ©liciter et que j'ai jamais eu de maĂźtre Ă  penser mais si je devais en avoir un il m'a dit ah je vous arrĂȘte tout de suite je prĂ©fĂšre pas ĂȘtre un maĂźtre Ă  penser peut-ĂȘtre un inspirateur Mais en tout cas, merci de faire l'effort de venir me dire ça. Du coup, cette rencontre de ce vieux naturaliste Ă©cologue, limite philosophe, le fait de le rencontrer, j'avoue que je ne suis pas vraiment dans le star system, mais de rencontrer un personnage comme ça, qui a vraiment, par ses Ă©crits, orientĂ© une partie de ma pensĂ©e, oui, ça fait partie des rencontres, mĂȘme si elles ont Ă©tĂ© Ă©phĂ©mĂšres, qui m'ont marquĂ©. Un livre,

  • Florence Gault

    Un documentaire, un film, un podcast qui vous a influencé ?

  • Hugues Mouret

    Alors les livres de François Terasson, par exemple, les Ă©crits de Robert Reynard aussi, ce philosophe, Ă©crivain, naturaliste, peintre, artiste, sculpteur suisse fabuleux, qui a des phrases et des punchlines que j'utilise encore en confĂ©rence, en formation, etc. Jean Rostand, et l'homme aux grenouilles, sa lecture du monde des amphibiens, Jean-Henri Fabre et les souvenirs entomologiques. Alors voilĂ  aussi un livre qui a marquĂ© ma vie, oĂč il m'a montrĂ© les insectes tels que je n'Ă©tais pas capable de le voir avant de comprendre ce qu'il fallait regarder. Et puis en film, c'est vrai que je ne suis pas bloquĂ© sur le monde des insectes, j'ai un peu plus de compĂ©tences et c'est surtout qu'on a montĂ© cet assaut parce qu'il manquait des gens qui travaillaient sur les insectes. Alors quand s'est sorti le film Microcosmos en 1996, qui est un film dĂ©diĂ© essentiellement aux insectes et aux petites bĂȘtes, tout le monde me disait Oh, t'as vu ce film, il est fabuleux ! Sauf que moi, ça depuis tout petit, je le voyais en gros plan, donc ça ne m'Ă©patait pas. A l'inverse, par le mĂȘme producteur, Jacques Perrin, lorsqu'il a sorti Le Peuple Migrateur, Ah bah lĂ  par contre, j'Ă©tais fan des oiseaux mais je n'avais jamais vu ! des oiseaux de cyprĂšs, des oiseaux en migration, et c'est valable d'ailleurs aussi pour OcĂ©an, ou pour Le Peuple Singe, les autres films qu'il a faits, parce que ce n'est pas des choses que j'ai l'habitude de voir. Donc la vie m'Ă©pate en permanence, elle m'Ă©patait quand j'avais 3 ans, elle m'Ă©pate depuis que j'en ai 50, et je pense que ce n'est pas prĂȘt de s'arrĂȘter.

  • Florence Gault

    Si vous Ă©tiez un animal en voie de disparition, lequel seriez-vous et pourquoi ?

  • Hugues Mouret

    Oh lĂ  lĂ  lĂ  lĂ , alors il disparaĂźt 26 000 espĂšces sur la planĂšte et j'avoue que faire un choix, encore une fois, ça n'est pas possible dans la mesure oĂč d'un point de vue Ă©cologique, ils ont leur place, ils ont leur rĂŽle, ils ont leurs intĂ©rĂȘts et c'est dans cette complexitĂ© que le monde tient. Et donc si on devait choisir, c'est malheureusement aller dans le sens que l'humain a choisi de voir cette nature. Choisir ce qu'il aime, choisir ce qu'il n'aime pas, dĂ©cider de conserver ce qui lui rend des services directement et essayer de repousser plus loin le reste. Et ça, c'est une vision trĂšs anthropomorphique. Et donc, je ne souhaite pas faire de choix ou incarner l'ensemble des espĂšces en voie d'extinction, mais ne pas en choisir une pour ne pas la mettre au-dessus des autres ou en dessous des autres.

  • Florence Gault

    Imaginez que vous avez le pouvoir de donner la parole à une plante. Laquelle choisiriez-vous et quel serait son message à l'humanité ?

  • Hugues Mouret

    N'importe quelle plante, foutez-moi la paix. Foutez-moi la paix, je veux juste avoir du soleil, un peu d'eau et un peu de terre. ArrĂȘtez de me couper, arrĂȘtez de me ratiboiser, arrĂȘtez de m'arracher, arrĂȘtez de me remplacer, arrĂȘtez de me bĂ©tonner. Foutez-moi la paix. Vous avez besoin de moi pour vivre. C'est moi qui produit votre oxygĂšne, c'est moi qui filtre votre air, c'est moi qui permet Ă  l'eau de pĂ©nĂ©trer dans le sol, c'est moi qui produit de la matiĂšre organique pour que le sol produise justement des formes de vie qui vont relancer la chaĂźne trophique et donc les plantes, les animaux, les prĂ©dateurs, etc. Foutez-moi la paix. Une plante, une bactĂ©rie, un champignon, un animal, laissons-les vivre et donc foutons-leur la paix. Il n'y a pas de choix Ă  faire lĂ  non plus.

  • Florence Gault

    Si vous pouviez organiser un dßner avec trois figures emblématiques de l'écologie, vivantes ou décédées, qui inviteriez-vous et quel serait le menu ?

  • Hugues Mouret

    Waouh, waouh, waouh ! Alors, ça va, on va tourner en boucle. On va prendre deux personnes mortes, une morte il y a plus de 100 ans, Jean-Henri Fabre, qui m'a vraiment permis une pénétration plus profonde dans ce monde des insectes, Robert Reynard et son approche sur l'écologie, encore une fois, extraordinaire, François Terrasson, et puis vu qu'il en faut un vivant, j'aimerais bien que Baptiste Morézo, par exemple, vienne apporter une touche anthropologique, philosophique là-dedans, et donc ce sera quatre et pas trois. Et qu'est-ce qu'on mangera ? Probablement des plantes sauvages, glanées autour de ma maison, une salade... pleine de fleurs sauvages, pleine d'aromates, pleine de feuilles sauvages, des feuilles d'arbustes, des feuilles de plantes herbacées. Et puis pourquoi pas mettre quelques insectes au menu pour avoir un apport protéinique. Alors les végétariens en mettra de cÎté parce qu'ils n'en mangeront pas évidemment. Mais ça permet aussi de rappeler qu'on peut manger autre chose que de la viande de vertébré, qu'on peut manger des insectes ou des plantes puisqu'il y a beaucoup de plantes qui sont trÚs riches en légumineuses. Donc probablement un repas de naturaliste dans lequel on va pouvoir découvrir une diversité de formes de vie dans son assiette puisque nous sommes des animaux. et nous sommes voués à manger d'autres formes de vie. C'est inévitable, c'est notre place sur la planÚte.

  • Florence Gault

    Quel est votre péché mignon non écolo dont vous avez du mal à vous passer ?

  • Hugues Mouret

    Eh bien, voilĂ  une question qui me laisse pantois. Je pense que des personnes autour de moi pourraient le dire mieux que moi. Je ne vois pas Ă©merger, j'en ai certainement plein. Mon pĂ©chĂ© mignon n'en est de ne pas... pouvoir ou de ne pas faire l'effort ou de ne pas avoir dĂ©cidĂ© par exemple de m'habiller exclusivement en vĂȘtements dont l'impact est trĂšs limitĂ© sur la nature puisque j'ai du coton pour une part du coton bio mais pas uniquement ça coĂ»te plus cher, c'est plus dĂ©licat Ă  trouver sauf que le coton est la culture la plus polluante de la planĂšte et on est tous habillĂ©s en coton moi je ne porte plus de jean depuis longtemps mais un jean a fait 65 000 km avant d'ĂȘtre portĂ© et surtout j'aimerais pouvoir prendre des vĂȘtements faits de lin, faits de chanvre, faits d'ortie, puisqu'on peut cultiver et tresser l'ortie, la rendre aussi douce et aussi solide que du coton, et Ă©videmment en limitant significativement les pollutions, l'import, le dumping social et le dumping environnemental Ă  l'autre bout de la planĂšte, puisqu'on envoie nos dĂ©chets et nos productions les plus polluantes lĂ -bas, et que nous on se contente du rĂ©sultat fini. Donc peut-ĂȘtre que mon pĂ©chĂ© mignon c'est de ne pas pouvoir faire ce que j'aimerais faire de façon systĂ©matique, Pour moi et pour tous les gens qui nous entourent, probablement pour des questions d'accĂšs financier, et c'est assez terrible parce que lĂ  aussi c'est un choix qui n'est pas fait.

  • Florence Gault

    Alors pour cette derniÚre question, je vais vous laisser seul. Depuis novembre 2022, avec Audrey Ronchin, nous menons une expérience intitulée Au creux de mon arbre, l'écho du vivant Nous avons fabriqué un arbre cabane dans lequel nous invitons les gens à venir raconter leurs souvenirs de leur lien au vivant. Et je vous propose donc pour finir de nous partager un souvenir marquant de votre lien au vivant.

  • Hugues Mouret

    Alors toujours trĂšs compliquĂ© de faire un choix arbitraire sur... Le foisonnement de vie qui nous entoure et qu'est-ce qui a marquĂ© quoi, lĂ  je suis au milieu des jardins de l'Ă©co-centre Ă  racler tout un tas de plantes herbacĂ©es, d'arbustes et d'arbres et voilĂ , et tous mes pattes, la beautĂ© de ce paysage, les couleurs des fleurs, la vĂ©locitĂ© des insectes qui butinent, le compost qui est en train de se former, mais ça c'est mon quotidien et je me rappelle, alors peut-ĂȘtre d'un point de vue anecdote, Ă©tant petit, ĂȘtre parti avec mon pĂšre remonter les gorges de l'IsĂšre, aprĂšs Val d'IsĂšre, aprĂšs le pont Saint-Charles, on a marchĂ© pendant plusieurs heures et on est remontĂ© sur les sources de l'IsĂšre, on a croisĂ© des bouctins alors c'est vrai que mĂȘme si c'est pas mon domaine les mammifĂšres croiser des grosses chĂšvres Ă©normes avec des cornes Ă©normes comme ça dans le montagne qui n'ont absolument pas peur parce que c'est un chemin de randonnĂ©e qu'on est passĂ© en septembre et donc ça faisait deux mois qu'elle voyait passer tout un tas de personnes et on a pu les approcher, les approcher trĂšs trĂšs prĂšs donc les voir Ă  quelques mĂštres et ça j'avoue qu'Ă©tant gamin c'Ă©tait quand mĂȘme assez impressionnant... tout le long du chemin a Ă©tĂ© parsemĂ© de trous de marmotte qui ont dĂ» probablement malheureusement ĂȘtre nourris par les touristes et donc elles pointaient leur bout du nez et ont passĂ© Ă  50 cm, ça aussi c'Ă©tait assez extraordinaire mĂȘme si perturbant quand on considĂšre les conditions. Et puis arrivĂ© en haut d'un petit dĂŽme, ou proche d'un petit dĂŽme, on voit un chamois et mon pĂšre me dit passe par derriĂšre, moi je passe par devant et avec un peu de chance tu devrais le croiser Et effectivement... En montant en haut du dĂŽme, je me suis retrouvĂ© face Ă  ce jeune chamois, je pense que j'ai eu plus peur que lui, je devais avoir une dizaine d'annĂ©es Ă  peu prĂšs, et on s'est regardĂ© pendant quelques secondes, alors j'en ai mĂȘme des frissons Ă  penser ça, parce que vraiment ça a Ă©tĂ© un contact avec la vie sauvage et la vie peureuse, c'est trĂšs difficile d'approcher les chamois, et de se regarder quelques secondes, et lĂ , hop, en quelques bons, il a disparu de ma vue, et moi je suis restĂ© figĂ©, mon pĂšre est arrivĂ© quelques minutes aprĂšs, alors tu l'as vu ? Ah oui, mais j'ai eu du mal Ă  rĂ©pondre tellement c'Ă©tait puissant. Et ces rencontres-lĂ , en fait, pour moi, elles sont quasi quotidiennes. Si tant est que j'ai la chance d'aller dans la nature, j'ai eu aussi la chance de travailler 4 mois au Galapagos, sur les insectes, sur les pollinisateurs, sur les insectes, sur la protection de certains oiseaux qui Ă©taient attaquĂ©s par des insectes qui avaient Ă©tĂ© transportĂ©s par les activitĂ©s humaines, enfin tout un tas d'activitĂ©s passionnantes. Et j'ai eu aussi la chance de plonger. Et c'est pas un monde que je connais beaucoup, j'ai fait un petit peu d'apnĂ©e quand j'Ă©tais gamin, mais lĂ , on m'a emmenĂ© avec des bouteilles, Ă  20-30 mĂštres de profondeur, nager au milieu des tortues, au milieu des requins, au milieu des raies, et le plus beau souvenir que j'ai, ça c'Ă©tait juste fabuleux, d'ĂȘtre assis au fond et de voir ces requins de pointe noire passer Ă  quelques centimĂštres de mon appareil photo, donc j'ai des images qui sont juste fabuleuses. Et en rentrant, le capitaine du bateau crie aileron, aileron Ă  fin, fin en anglais, et donc on plonge, je pensais que c'Ă©tait un aileron de cachalot, pas du tout, je n'ai pas eu la chance d'en voir, mĂȘme s'il y en a beaucoup par lĂ -bas, c'Ă©tait une raie manta. et une grosse femelle suivie par deux mĂąles qui Ă©tait en phase d'accouplement. Et donc on a pu nager. Normalement, elles nagent trĂšs trĂšs vite, on ne les voit pas. Et lĂ , pendant quelques minutes, elles ont tournĂ© autour de nous. C'est ce qu'a racontĂ© aprĂšs un ami ichtyologue, spĂ©cialiste des poissons, qui a eu la chance d'ĂȘtre tombĂ© au milieu d'une parade. Donc en fait, elles ne te voyaient pas et elles faisaient leurs petites affaires entre elles. Et donc on a vu pendant deux minutes des bestioles qui font 4 mĂštres d'envergure avec une bouche d'un mĂštre nous foncer dessus, plonger juste devant nous et faire des ronds. C'Ă©tait juste... incroyable, c'est le souvenir probablement de rapport avec la nature le plus puissant le rapport avec un Ă©norme animal qui Ă©tait juste fabuleux je rĂȘve de croiser un jour des bisons si j'ai la chance d'aller en AmĂ©rique mais rien qu'en France, mes deux rĂȘves d'enfance c'est de croiser des lynx un lynx mĂȘme, un loup un ours, des choses que j'aimerais faire et qui ne me sont jamais arrivĂ©es c'est trĂšs anthropocentrĂ© parce que lĂ  je suis en train de parler de grosses bestioles, de mammifĂšres, de prĂ©dateurs etc etc Peut-ĂȘtre parce que j'ai plus l'occasion de voir des amphibiens, des reptiles, des oiseaux, des plantes, des insectes, c'est plus facile pour moi, parce que c'est quand mĂȘme toujours plus dĂ©licat d'approcher les mammifĂšres. Mais ça fait partie des choses que moi j'attends de voir et qui seront probablement des Ă©lĂ©ments marquants, des bornes dans mon contact, mes relations et le bonheur que me procure l'observation, la contemplation de cette vie sauvage, de cette diversitĂ©, de cet oisonnement de vie. C'est vraiment finalement ça qui me marque le plus. Et c'est aussi ce qui, dĂšs l'enfance, m'avait perturbĂ© de croiser tellement de plantes, tellement d'insectes, tellement d'oiseaux, tellement d'arbres, sur lesquels je ne pouvais pas mettre un nom. Je ne savais pas comment ils vivaient, je ne savais pas comment ils se reproduisaient, je ne savais pas comment est-ce qu'ils se dĂ©plaçaient, etc. Et donc, c'est aujourd'hui, j'ai comblĂ© un peu de ces lacunes en accumulant un certain nombre de... connaissances qui me permettent de connaĂźtre un tout petit peu mieux qu'enfant la nature mais c'est aussi la beautĂ© du monde naturaliste et du et de cette profession, de cette serdosse mĂȘme, de cette passion c'est de passer une vie entiĂšre Ă  regarder, Ă©tudier essayer de comprendre et connaĂźtre la nature pour arriver Ă  la fin de sa vie et se dire ok je ressigne pour deux ou trois vies encore parce que j'en connais pas assez et qu'au bout de deux ou trois vies je serais loin de connaĂźtre l'ensemble des choses qui m'entourent mais j'aurais un tout petit peu plus progressĂ© voilĂ  c'est une dĂ©couverte permanente, un Ă©merveillement quotidien. Et j'invite tout le monde Ă  le faire et Ă  profiter un petit peu, sortir de nos activitĂ©s anthropocentrĂ©es, sortir de nos Ă©crans, de nos numĂ©riques, de nos appartements, de nos vĂȘtements, de quitter ses chaussures et d'aller se rĂ©immerger dans la terre mĂšre qui nous porte et sans laquelle on ne pourra pas survivre parce qu'elle est plus que mal en point. Et ça commence, cette prise de conscience et cette mise en action commence par L'apprĂ©hension de la diversitĂ©, de la beautĂ© du monde avant son utilitĂ©, avant sa fonctionnalitĂ©, c'est juste des formes de vie qui ont le droit de vivre et dont nous avons le devoir en tant qu'espĂšce Ă  plus fort impact de leur laisser une place et de les laisser survivre pour que nos enfants et nos propres enfants puissent Ă  leur tour vivre une vie digne de ce nom, ce qui n'est malheureusement pas vraiment bien engagĂ©.

Description

🩋Minute papillon ! avec Hugues Mouret, entomologiste


Minute Papillon ! prend une forme un peu diffĂ©rente pour cette deuxiĂšme saison ! Tous les 15 jours, un des invitĂ©s du reportage, diffusĂ© la semaine prĂ©cĂ©dente rĂ©pondra Ă  une sorte de questionnaire de Proust. Quelques petites questions pour mieux apprendre Ă  les connaĂźtre mais aussi pour vous donner des sources d’inspiration.


Dans cet Ă©pisode, nous retrouvons Hugues Mouret, fondateur d’Arthropologia, une association naturaliste pour la connaissance et la protection des insectes et de la biodiversitĂ©. AprĂšs avoir explorĂ©, dans le reportage prĂ©cĂ©dent, les enjeux cruciaux liĂ©s au dĂ©clin de la biodiversitĂ© et Ă  la prĂ©servation des insectes pollinisateurs, Hugues se prĂȘte aujourd’hui au jeu de notre questionnaire pour nous dĂ©voiler son parcours et ses rĂ©flexions personnelles.


Qu’est-ce qui l’indigne face Ă  la crise Ă©cologique actuelle ? Quelles rencontres ou Ă©vĂ©nements ont marquĂ© son engagement pour la sauvegarde des insectes et de l’environnement ? Si Hugues devait donner la parole Ă  une plante, laquelle choisirait-il et quel message dĂ©livrerait-elle Ă  l’humanitĂ© ?


À travers ses rĂ©ponses, dĂ©couvrez comment Hugues Mouret, par son travail avec Arthropologia, Ɠuvre pour une vĂ©ritable reconnexion avec le vivant. Un entretien profond et inspirant pour comprendre l’importance de prĂ©server la richesse de nos Ă©cosystĂšmes, un insecte Ă  la fois. 🐝🎧


Bonne Ă©coute ! 🩋


Mixage : Pascal Gauthier


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Transcription

  • Florence Gault

    Minute Papillon prend une forme un peu différente pour cette deuxiÚme saison. Tous les 15 jours, un des invités du reportage diffusé la semaine précédente répondra à une sorte de questionnaire de Proust. Quelques petites questions pour mieux apprendre à les connaßtre d'une part, mais aussi pour vous donner quelques sources d'inspiration. J'espÚre que ce nouveau format vous plaira. Alors cette semaine, l'invité de Minute Papillon est Hugues Mouret, entomologiste et fondateur d'Arthropologia, une association naturaliste pour la connaissance et la protection des insectes, et de la biodiversité. Un événement ou une expérience qui a créé un déclic écologique ?

  • Hugues Mouret

    Waouh ! Alors, les choix sont toujours dĂ©licats, mĂȘme les choix sur les Ă©vĂ©nements qui ont marquĂ© ma vie, parce que lĂ , j'ai l'impression pour moi que c'est plus intrinsĂšque, que vĂ©ritablement, comme on dit, je suis tombĂ© dedans quand j'Ă©tais petit et ce foisonnement de vie qu'il y a quand on est gamin et qu'on se couche au milieu de l'herbe, c'est ce qui m'Ă©pate encore aujourd'hui de la mĂȘme maniĂšre avec autant d'intensitĂ©. Et j'avoue qu'Ă  part cerner une partie de mon enfance oĂč j'ai commencĂ© Ă  me rendre compte de ce qu'il y avait autour de moi, je n'arrive pas Ă  extraire un Ă©vĂ©nement majeur qui me dit c'est ça qui t'a attirĂ© lĂ  Par contre, je peux l'accumuler et je peux en lister plein, mais pas forcĂ©ment en trouver un qui Ă©merge.

  • Florence Gault

    Une rencontre qui vous a marqué ?

  • Hugues Mouret

    LĂ  aussi, super dĂ©licat, j'ai rencontrĂ© plein de gens fabuleux. Alors forcĂ©ment, lĂ , je peux citer quelques noms. notamment des auteurs dont j'avais lu des livres et ce fabuleux François Terasson que j'ai eu l'occasion de rencontrer lorsqu'il dĂ©dicacĂ© des livres alors c'est vrai que je me rappelle ĂȘtre arrivĂ© devant lui et qui tend la main pour signer le livre et je lui dis bah non j'ai pas de livre il me dit bah alors vous venez pourquoi je dis bah je viens pour parce que j'ai lu vos livres et que c'est juste incroyable et je voulais vous fĂ©liciter et que j'ai jamais eu de maĂźtre Ă  penser mais si je devais en avoir un il m'a dit ah je vous arrĂȘte tout de suite je prĂ©fĂšre pas ĂȘtre un maĂźtre Ă  penser peut-ĂȘtre un inspirateur Mais en tout cas, merci de faire l'effort de venir me dire ça. Du coup, cette rencontre de ce vieux naturaliste Ă©cologue, limite philosophe, le fait de le rencontrer, j'avoue que je ne suis pas vraiment dans le star system, mais de rencontrer un personnage comme ça, qui a vraiment, par ses Ă©crits, orientĂ© une partie de ma pensĂ©e, oui, ça fait partie des rencontres, mĂȘme si elles ont Ă©tĂ© Ă©phĂ©mĂšres, qui m'ont marquĂ©. Un livre,

  • Florence Gault

    Un documentaire, un film, un podcast qui vous a influencé ?

  • Hugues Mouret

    Alors les livres de François Terasson, par exemple, les Ă©crits de Robert Reynard aussi, ce philosophe, Ă©crivain, naturaliste, peintre, artiste, sculpteur suisse fabuleux, qui a des phrases et des punchlines que j'utilise encore en confĂ©rence, en formation, etc. Jean Rostand, et l'homme aux grenouilles, sa lecture du monde des amphibiens, Jean-Henri Fabre et les souvenirs entomologiques. Alors voilĂ  aussi un livre qui a marquĂ© ma vie, oĂč il m'a montrĂ© les insectes tels que je n'Ă©tais pas capable de le voir avant de comprendre ce qu'il fallait regarder. Et puis en film, c'est vrai que je ne suis pas bloquĂ© sur le monde des insectes, j'ai un peu plus de compĂ©tences et c'est surtout qu'on a montĂ© cet assaut parce qu'il manquait des gens qui travaillaient sur les insectes. Alors quand s'est sorti le film Microcosmos en 1996, qui est un film dĂ©diĂ© essentiellement aux insectes et aux petites bĂȘtes, tout le monde me disait Oh, t'as vu ce film, il est fabuleux ! Sauf que moi, ça depuis tout petit, je le voyais en gros plan, donc ça ne m'Ă©patait pas. A l'inverse, par le mĂȘme producteur, Jacques Perrin, lorsqu'il a sorti Le Peuple Migrateur, Ah bah lĂ  par contre, j'Ă©tais fan des oiseaux mais je n'avais jamais vu ! des oiseaux de cyprĂšs, des oiseaux en migration, et c'est valable d'ailleurs aussi pour OcĂ©an, ou pour Le Peuple Singe, les autres films qu'il a faits, parce que ce n'est pas des choses que j'ai l'habitude de voir. Donc la vie m'Ă©pate en permanence, elle m'Ă©patait quand j'avais 3 ans, elle m'Ă©pate depuis que j'en ai 50, et je pense que ce n'est pas prĂȘt de s'arrĂȘter.

  • Florence Gault

    Si vous Ă©tiez un animal en voie de disparition, lequel seriez-vous et pourquoi ?

  • Hugues Mouret

    Oh lĂ  lĂ  lĂ  lĂ , alors il disparaĂźt 26 000 espĂšces sur la planĂšte et j'avoue que faire un choix, encore une fois, ça n'est pas possible dans la mesure oĂč d'un point de vue Ă©cologique, ils ont leur place, ils ont leur rĂŽle, ils ont leurs intĂ©rĂȘts et c'est dans cette complexitĂ© que le monde tient. Et donc si on devait choisir, c'est malheureusement aller dans le sens que l'humain a choisi de voir cette nature. Choisir ce qu'il aime, choisir ce qu'il n'aime pas, dĂ©cider de conserver ce qui lui rend des services directement et essayer de repousser plus loin le reste. Et ça, c'est une vision trĂšs anthropomorphique. Et donc, je ne souhaite pas faire de choix ou incarner l'ensemble des espĂšces en voie d'extinction, mais ne pas en choisir une pour ne pas la mettre au-dessus des autres ou en dessous des autres.

  • Florence Gault

    Imaginez que vous avez le pouvoir de donner la parole à une plante. Laquelle choisiriez-vous et quel serait son message à l'humanité ?

  • Hugues Mouret

    N'importe quelle plante, foutez-moi la paix. Foutez-moi la paix, je veux juste avoir du soleil, un peu d'eau et un peu de terre. ArrĂȘtez de me couper, arrĂȘtez de me ratiboiser, arrĂȘtez de m'arracher, arrĂȘtez de me remplacer, arrĂȘtez de me bĂ©tonner. Foutez-moi la paix. Vous avez besoin de moi pour vivre. C'est moi qui produit votre oxygĂšne, c'est moi qui filtre votre air, c'est moi qui permet Ă  l'eau de pĂ©nĂ©trer dans le sol, c'est moi qui produit de la matiĂšre organique pour que le sol produise justement des formes de vie qui vont relancer la chaĂźne trophique et donc les plantes, les animaux, les prĂ©dateurs, etc. Foutez-moi la paix. Une plante, une bactĂ©rie, un champignon, un animal, laissons-les vivre et donc foutons-leur la paix. Il n'y a pas de choix Ă  faire lĂ  non plus.

  • Florence Gault

    Si vous pouviez organiser un dßner avec trois figures emblématiques de l'écologie, vivantes ou décédées, qui inviteriez-vous et quel serait le menu ?

  • Hugues Mouret

    Waouh, waouh, waouh ! Alors, ça va, on va tourner en boucle. On va prendre deux personnes mortes, une morte il y a plus de 100 ans, Jean-Henri Fabre, qui m'a vraiment permis une pénétration plus profonde dans ce monde des insectes, Robert Reynard et son approche sur l'écologie, encore une fois, extraordinaire, François Terrasson, et puis vu qu'il en faut un vivant, j'aimerais bien que Baptiste Morézo, par exemple, vienne apporter une touche anthropologique, philosophique là-dedans, et donc ce sera quatre et pas trois. Et qu'est-ce qu'on mangera ? Probablement des plantes sauvages, glanées autour de ma maison, une salade... pleine de fleurs sauvages, pleine d'aromates, pleine de feuilles sauvages, des feuilles d'arbustes, des feuilles de plantes herbacées. Et puis pourquoi pas mettre quelques insectes au menu pour avoir un apport protéinique. Alors les végétariens en mettra de cÎté parce qu'ils n'en mangeront pas évidemment. Mais ça permet aussi de rappeler qu'on peut manger autre chose que de la viande de vertébré, qu'on peut manger des insectes ou des plantes puisqu'il y a beaucoup de plantes qui sont trÚs riches en légumineuses. Donc probablement un repas de naturaliste dans lequel on va pouvoir découvrir une diversité de formes de vie dans son assiette puisque nous sommes des animaux. et nous sommes voués à manger d'autres formes de vie. C'est inévitable, c'est notre place sur la planÚte.

  • Florence Gault

    Quel est votre péché mignon non écolo dont vous avez du mal à vous passer ?

  • Hugues Mouret

    Eh bien, voilĂ  une question qui me laisse pantois. Je pense que des personnes autour de moi pourraient le dire mieux que moi. Je ne vois pas Ă©merger, j'en ai certainement plein. Mon pĂ©chĂ© mignon n'en est de ne pas... pouvoir ou de ne pas faire l'effort ou de ne pas avoir dĂ©cidĂ© par exemple de m'habiller exclusivement en vĂȘtements dont l'impact est trĂšs limitĂ© sur la nature puisque j'ai du coton pour une part du coton bio mais pas uniquement ça coĂ»te plus cher, c'est plus dĂ©licat Ă  trouver sauf que le coton est la culture la plus polluante de la planĂšte et on est tous habillĂ©s en coton moi je ne porte plus de jean depuis longtemps mais un jean a fait 65 000 km avant d'ĂȘtre portĂ© et surtout j'aimerais pouvoir prendre des vĂȘtements faits de lin, faits de chanvre, faits d'ortie, puisqu'on peut cultiver et tresser l'ortie, la rendre aussi douce et aussi solide que du coton, et Ă©videmment en limitant significativement les pollutions, l'import, le dumping social et le dumping environnemental Ă  l'autre bout de la planĂšte, puisqu'on envoie nos dĂ©chets et nos productions les plus polluantes lĂ -bas, et que nous on se contente du rĂ©sultat fini. Donc peut-ĂȘtre que mon pĂ©chĂ© mignon c'est de ne pas pouvoir faire ce que j'aimerais faire de façon systĂ©matique, Pour moi et pour tous les gens qui nous entourent, probablement pour des questions d'accĂšs financier, et c'est assez terrible parce que lĂ  aussi c'est un choix qui n'est pas fait.

  • Florence Gault

    Alors pour cette derniÚre question, je vais vous laisser seul. Depuis novembre 2022, avec Audrey Ronchin, nous menons une expérience intitulée Au creux de mon arbre, l'écho du vivant Nous avons fabriqué un arbre cabane dans lequel nous invitons les gens à venir raconter leurs souvenirs de leur lien au vivant. Et je vous propose donc pour finir de nous partager un souvenir marquant de votre lien au vivant.

  • Hugues Mouret

    Alors toujours trĂšs compliquĂ© de faire un choix arbitraire sur... Le foisonnement de vie qui nous entoure et qu'est-ce qui a marquĂ© quoi, lĂ  je suis au milieu des jardins de l'Ă©co-centre Ă  racler tout un tas de plantes herbacĂ©es, d'arbustes et d'arbres et voilĂ , et tous mes pattes, la beautĂ© de ce paysage, les couleurs des fleurs, la vĂ©locitĂ© des insectes qui butinent, le compost qui est en train de se former, mais ça c'est mon quotidien et je me rappelle, alors peut-ĂȘtre d'un point de vue anecdote, Ă©tant petit, ĂȘtre parti avec mon pĂšre remonter les gorges de l'IsĂšre, aprĂšs Val d'IsĂšre, aprĂšs le pont Saint-Charles, on a marchĂ© pendant plusieurs heures et on est remontĂ© sur les sources de l'IsĂšre, on a croisĂ© des bouctins alors c'est vrai que mĂȘme si c'est pas mon domaine les mammifĂšres croiser des grosses chĂšvres Ă©normes avec des cornes Ă©normes comme ça dans le montagne qui n'ont absolument pas peur parce que c'est un chemin de randonnĂ©e qu'on est passĂ© en septembre et donc ça faisait deux mois qu'elle voyait passer tout un tas de personnes et on a pu les approcher, les approcher trĂšs trĂšs prĂšs donc les voir Ă  quelques mĂštres et ça j'avoue qu'Ă©tant gamin c'Ă©tait quand mĂȘme assez impressionnant... tout le long du chemin a Ă©tĂ© parsemĂ© de trous de marmotte qui ont dĂ» probablement malheureusement ĂȘtre nourris par les touristes et donc elles pointaient leur bout du nez et ont passĂ© Ă  50 cm, ça aussi c'Ă©tait assez extraordinaire mĂȘme si perturbant quand on considĂšre les conditions. Et puis arrivĂ© en haut d'un petit dĂŽme, ou proche d'un petit dĂŽme, on voit un chamois et mon pĂšre me dit passe par derriĂšre, moi je passe par devant et avec un peu de chance tu devrais le croiser Et effectivement... En montant en haut du dĂŽme, je me suis retrouvĂ© face Ă  ce jeune chamois, je pense que j'ai eu plus peur que lui, je devais avoir une dizaine d'annĂ©es Ă  peu prĂšs, et on s'est regardĂ© pendant quelques secondes, alors j'en ai mĂȘme des frissons Ă  penser ça, parce que vraiment ça a Ă©tĂ© un contact avec la vie sauvage et la vie peureuse, c'est trĂšs difficile d'approcher les chamois, et de se regarder quelques secondes, et lĂ , hop, en quelques bons, il a disparu de ma vue, et moi je suis restĂ© figĂ©, mon pĂšre est arrivĂ© quelques minutes aprĂšs, alors tu l'as vu ? Ah oui, mais j'ai eu du mal Ă  rĂ©pondre tellement c'Ă©tait puissant. Et ces rencontres-lĂ , en fait, pour moi, elles sont quasi quotidiennes. Si tant est que j'ai la chance d'aller dans la nature, j'ai eu aussi la chance de travailler 4 mois au Galapagos, sur les insectes, sur les pollinisateurs, sur les insectes, sur la protection de certains oiseaux qui Ă©taient attaquĂ©s par des insectes qui avaient Ă©tĂ© transportĂ©s par les activitĂ©s humaines, enfin tout un tas d'activitĂ©s passionnantes. Et j'ai eu aussi la chance de plonger. Et c'est pas un monde que je connais beaucoup, j'ai fait un petit peu d'apnĂ©e quand j'Ă©tais gamin, mais lĂ , on m'a emmenĂ© avec des bouteilles, Ă  20-30 mĂštres de profondeur, nager au milieu des tortues, au milieu des requins, au milieu des raies, et le plus beau souvenir que j'ai, ça c'Ă©tait juste fabuleux, d'ĂȘtre assis au fond et de voir ces requins de pointe noire passer Ă  quelques centimĂštres de mon appareil photo, donc j'ai des images qui sont juste fabuleuses. Et en rentrant, le capitaine du bateau crie aileron, aileron Ă  fin, fin en anglais, et donc on plonge, je pensais que c'Ă©tait un aileron de cachalot, pas du tout, je n'ai pas eu la chance d'en voir, mĂȘme s'il y en a beaucoup par lĂ -bas, c'Ă©tait une raie manta. et une grosse femelle suivie par deux mĂąles qui Ă©tait en phase d'accouplement. Et donc on a pu nager. Normalement, elles nagent trĂšs trĂšs vite, on ne les voit pas. Et lĂ , pendant quelques minutes, elles ont tournĂ© autour de nous. C'est ce qu'a racontĂ© aprĂšs un ami ichtyologue, spĂ©cialiste des poissons, qui a eu la chance d'ĂȘtre tombĂ© au milieu d'une parade. Donc en fait, elles ne te voyaient pas et elles faisaient leurs petites affaires entre elles. Et donc on a vu pendant deux minutes des bestioles qui font 4 mĂštres d'envergure avec une bouche d'un mĂštre nous foncer dessus, plonger juste devant nous et faire des ronds. C'Ă©tait juste... incroyable, c'est le souvenir probablement de rapport avec la nature le plus puissant le rapport avec un Ă©norme animal qui Ă©tait juste fabuleux je rĂȘve de croiser un jour des bisons si j'ai la chance d'aller en AmĂ©rique mais rien qu'en France, mes deux rĂȘves d'enfance c'est de croiser des lynx un lynx mĂȘme, un loup un ours, des choses que j'aimerais faire et qui ne me sont jamais arrivĂ©es c'est trĂšs anthropocentrĂ© parce que lĂ  je suis en train de parler de grosses bestioles, de mammifĂšres, de prĂ©dateurs etc etc Peut-ĂȘtre parce que j'ai plus l'occasion de voir des amphibiens, des reptiles, des oiseaux, des plantes, des insectes, c'est plus facile pour moi, parce que c'est quand mĂȘme toujours plus dĂ©licat d'approcher les mammifĂšres. Mais ça fait partie des choses que moi j'attends de voir et qui seront probablement des Ă©lĂ©ments marquants, des bornes dans mon contact, mes relations et le bonheur que me procure l'observation, la contemplation de cette vie sauvage, de cette diversitĂ©, de cet oisonnement de vie. C'est vraiment finalement ça qui me marque le plus. Et c'est aussi ce qui, dĂšs l'enfance, m'avait perturbĂ© de croiser tellement de plantes, tellement d'insectes, tellement d'oiseaux, tellement d'arbres, sur lesquels je ne pouvais pas mettre un nom. Je ne savais pas comment ils vivaient, je ne savais pas comment ils se reproduisaient, je ne savais pas comment est-ce qu'ils se dĂ©plaçaient, etc. Et donc, c'est aujourd'hui, j'ai comblĂ© un peu de ces lacunes en accumulant un certain nombre de... connaissances qui me permettent de connaĂźtre un tout petit peu mieux qu'enfant la nature mais c'est aussi la beautĂ© du monde naturaliste et du et de cette profession, de cette serdosse mĂȘme, de cette passion c'est de passer une vie entiĂšre Ă  regarder, Ă©tudier essayer de comprendre et connaĂźtre la nature pour arriver Ă  la fin de sa vie et se dire ok je ressigne pour deux ou trois vies encore parce que j'en connais pas assez et qu'au bout de deux ou trois vies je serais loin de connaĂźtre l'ensemble des choses qui m'entourent mais j'aurais un tout petit peu plus progressĂ© voilĂ  c'est une dĂ©couverte permanente, un Ă©merveillement quotidien. Et j'invite tout le monde Ă  le faire et Ă  profiter un petit peu, sortir de nos activitĂ©s anthropocentrĂ©es, sortir de nos Ă©crans, de nos numĂ©riques, de nos appartements, de nos vĂȘtements, de quitter ses chaussures et d'aller se rĂ©immerger dans la terre mĂšre qui nous porte et sans laquelle on ne pourra pas survivre parce qu'elle est plus que mal en point. Et ça commence, cette prise de conscience et cette mise en action commence par L'apprĂ©hension de la diversitĂ©, de la beautĂ© du monde avant son utilitĂ©, avant sa fonctionnalitĂ©, c'est juste des formes de vie qui ont le droit de vivre et dont nous avons le devoir en tant qu'espĂšce Ă  plus fort impact de leur laisser une place et de les laisser survivre pour que nos enfants et nos propres enfants puissent Ă  leur tour vivre une vie digne de ce nom, ce qui n'est malheureusement pas vraiment bien engagĂ©.

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