undefined cover
undefined cover
Hors série #23 Frédérique Cintrat: L'ambition n'a pas d'âge cover
Hors série #23 Frédérique Cintrat: L'ambition n'a pas d'âge cover
ENCORE

Hors série #23 Frédérique Cintrat: L'ambition n'a pas d'âge

Hors série #23 Frédérique Cintrat: L'ambition n'a pas d'âge

39min |27/08/2025
Play
undefined cover
undefined cover
Hors série #23 Frédérique Cintrat: L'ambition n'a pas d'âge cover
Hors série #23 Frédérique Cintrat: L'ambition n'a pas d'âge cover
ENCORE

Hors série #23 Frédérique Cintrat: L'ambition n'a pas d'âge

Hors série #23 Frédérique Cintrat: L'ambition n'a pas d'âge

39min |27/08/2025
Play

Description

Dans ce hors-série d’Encore, j’ai eu le plaisir de recevoir Frédérique Cintrat.
À 59 ans, directrice générale dans le secteur du care management, autrice de plusieurs ouvrages dont Réentreprendre sa vie après 50 ans, elle incarne avec énergie et lucidité une conviction forte : l’ambition n’a pas d’âge.

Avec elle, nous avons parlé de transmission et de rôle modèle, de cette possibilité de se réinventer après 50 ans, du poids des stéréotypes sur les quinquas, mais aussi de l’importance de rester actrice de son parcours, de cultiver son énergie et ses projets.


Nous avons également évoqué un sujet encore trop peu abordé en entreprise : la place des aidants et les enjeux de qualité de vie au travail qui en découlent.


Un échange inspirant qui nous rappelle que, quel que soit l’âge, il est toujours temps de raviver une flamme, se donner du courage et réentreprendre sa vie.


Pour en savoir plus:

https://frederiquecintrat.com/

https://www.dunod.com/livres-frederique-cintrat


Bonne écoute 💫

Partagez cet épisode, et gratifiez le d'un maximum d'étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée 🤩



Production: Décembre production

Auteure: Claire Bône

Montage: Romain Pec


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hors série d'Encore, hors série, Encore. Bonjour Frédérique.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Merci d'être au micro d'Encore ce matin.

  • Speaker #1

    J'en suis ravie, merci de m'inviter.

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir. J'adore de commencer les interviews avec ce sourire qui s'entend. Comme la météo dehors, on va le dire, ça fait plaisir d'avoir un peu de soleil, un peu de vitamine D qui arrive.

  • Speaker #1

    Il fait beau, voilà, nous sommes de nouveau heureux, heureuses, gais,

  • Speaker #0

    ravies. Voilà, bon, il faut cette belle énergie en ce moment. Frédérique, vous êtes au micro pour un hors série. Je n'ai pas envie de mettre d'étiquette à ça hors série, parce que quelques mots clés quand même pour l'accompagner. On va parler d'ambition, on va parler d'entreprendre, on va parler de féminin, on va parler de plein de choses. Et on va surtout parler, je pense, de cette énergie qui vous anime et que vous allez transmettre aux auditeurs, auditrices. Ça vous fait beaucoup de pression, mais comme ça, je vous en donne un peu.

  • Speaker #1

    Oui, alors heureusement que le temps était au beau fixe pour me redonner cette énergie avec cette vitamine D.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots avant qu'on attaque sur les sujets du jour pour que les auditeurs et auditrices puissent savoir qui est derrière le micro ce matin ?

  • Speaker #1

    Alors moi je m'appelle Frédérique Sintra puisque nous sommes sur le podcast Encore, je vais parler de mon âge. Je vais avoir 59 ans dans une semaine. Je suis mère de deux adultes, deux grands garçons qui ont bientôt 32 et bientôt 30 ans. Et concernant mon activité professionnelle, on va dire que je suis slasheuse. Puisque à 80% de mon temps, je suis directrice générale d'une structure de care management qui s'occupe de la coordination d'autonomie pour les aidants et les personnes fragilisées du fait du handicap ou de l'âge. Entreprise que j'ai rejoint à l'âge de 57 ans, puisque j'ai moi-même réentrepris ma vie professionnelle après 10 ans en tant qu'entrepreneur et avant 27 ans de salariat. dans l'univers de l'assurance et de l'assistance, où j'ai occupé différents postes à responsabilité dans le domaine commercial, marketing. Et puis, parallèlement à cela, j'ai écrit quelques ouvrages, notamment « Comment l'ambition vient aux filles » en 2014, dans le 2018 « Comment vient l'ambition » . En 2023, j'ai publié aux éditions Duneau « Réentreprendre sa vie » après 50 ans. Et je suis amenée à accompagner des personnes, particulièrement des femmes. soit en milieu de carrière, soit des plus jeunes qui se posent des questions sur leur carrière ou en tout cas qui veulent assumer leurs ambitions ou tout simplement faire un pas de côté et puis réentreprendre leur vie d'une autre manière. Et puis parallèlement à cela, puisqu'on parle d'énergie, j'aime beaucoup le sport. Donc je suis moi-même adepte d'un certain nombre d'entre eux. Et notamment, je m'arrange pour que dans ma vie pro et perso, il y ait toujours ce temps. pour l'exercice physique. Je viens du monde de l'assurance, la prévention, ça me connaît un petit peu, mais il y a également toute la notion de plaisir. Je fais du vélo, un petit peu de cyclisme, puisque le week-end, je parcours...

  • Speaker #0

    On fait une différence entre vélo et cyclisme ? C'est professionnel, quoi !

  • Speaker #1

    Le vélo, j'en ai fait pendant toute ma vie, du vélo pour aller d'un point A à un point B, pour me déplacer, et pour le loisir. Là, je le fais toujours pour le loisir, mais d'une façon un petit peu plus intense, avec... Avec un vélo beaucoup plus adapté, un vélo de route. Et puis, sur un nombre de kilomètres plus important. Et puis parallèlement, je fais un peu d'entretien, de Zumba, de danse.

  • Speaker #0

    Ok, voilà. Donc je vous avais dit que ce serait un épisode avec beaucoup de dynamisme et c'est le cas. Vous avez parlé d'un mot, en tout cas, qui est pas mal revenu dans votre présentation, c'est le mot ambition. J'aimerais bien qu'on revienne sur cette genèse. Qu'est-ce qui fait qu'à l'aube de vos 60 ans bientôt, ce soit quelque chose qui soit encore super présent dans votre vie ? On va faire un petit clin d'œil, vous l'avez mis dans votre biographie, mais j'ai envie qu'on revienne dessus. Dans votre adolescence, vous avez participé à un plateau télé, aux côtés d'Elisabeth Badinter. Est-ce que vous pouvez nous parler un petit peu, parce que j'ai l'impression que c'est une des premières briques de ce sujet ?

  • Speaker #1

    C'est vrai, c'est vrai. Moi, j'ai été élevée à la campagne. Je suis une petite fille qui aimait bien la nature, mais qui était élevée plutôt comme un petit enfant, qui faisait des choses traditionnellement de filles. garçons, quand on est à la campagne, on est en short, on est en robe, et je m'appelle Frédérique. En fait, je n'ai pas eu une éducation qui était particulièrement marquée ou stéréotypée avec des petites chaussures vernis et des petites robes en permanence qui m'empêchaient de me voir. Et puis, je n'avais pas eu, à titre d'exemple, ma mère refusait à ce qu'on m'offre en cadeau des petits objets traditionnellement féminins ou liés à la vie domestique. Et pour autant, je jouais à la poupée, j'avais mis mes petits tracteurs, etc. Et puis, il n'y avait pas de sujet de genre. En tout cas, j'étais une petite fille de la campagne qui s'appelait Frédérique. Et en fait, il se trouve que j'ai eu mon bac C à l'âge de 16 ans, parce que j'étais la seule de ma tranche d'âge dans mon village. Ce qui fait que je n'ai pas sauté de classe, mais j'étais dans des classes multiniveaux. Et puis quand j'étais en classe prépa HEC, à l'âge de 17 ans, il y a un des garçons qui m'a dit « Oh, dis donc les filles, vous nous prenez les places au concours » . Et en fait, qui me renvoyait presque pour la première fois le fait que parce que j'étais une fille, je ne pouvais pas nécessairement faire les mêmes choses. Je n'en avais jamais réellement pris conscience de ça. Et en fait, à la veille de passer quelques concours d'école de commerce, je ne sais pas pourquoi, la télé ne me subit pas un après-midi, il y avait des appels à témoins. C'est une émission qui s'appelait, pour les auditeurs et auditrices les plus âgés, ils se souviendront d'Aujourd'hui Madame, Aujourd'hui la vie, cette émission qui passait l'après-midi, et qui cherchait des personnes pour témoigner sur une thématique qui s'appelait « Comment l'ambition vient aux filles » . Alors là, je n'ai rien dit à personne, j'ai pris ma plume et j'ai écrit. « Ouais, il n'y a pas de raison, talala » . Et donc, j'ai eu la surprise. d'avoir un appel de la production en me disant que j'avais été sélectionnée pour représenter la jeune génération en 1983 aux côtés d'Elisabeth Badinter et de François Giraud. Et donc j'ai enregistré cette émission, j'ai témoigné, et puis j'ai fait ma carrière dans l'univers de l'assurance, comme je le précisais, et j'ai commencé à m'intéresser au sujet de la mixité, et notamment des femmes dans les postes à responsabilité. Parce que plus je montais dans la hiérarchie, plus je constatais qu'on était peu nombreuses. Et puis aussi dans les prises de parole, dans les tables rondes. Et là, c'était l'émergence de ce qu'on appelle des réseaux dits féminins. Maintenant, plutôt m'exciter. Et donc, je me suis investie dans ce sujet. Je trouvais qu'on parlait beaucoup du plafond de verre. Mais finalement, assez peu de l'agnac, de l'envie. Et j'ai cherché sur Internet Ambition. Et là, je suis tombée, en fait. Sur les archives de l'INA, l'INA venait de republier, quelques mois auparavant, une émission où on disait « Comment l'ambition vient aux filles ? » Mademoiselle Sintra témoigne. Je me dis « Mais c'est moi ! » Vous n'aviez jamais revu la vidéo ? Non, je n'avais jamais revu. Et donc j'ai envoyé mes 10 euros pour récupérer le DVD. Je me suis redécouverte à 17 ans. Et là, moi qui n'avais écrit, à titre professionnel, que des... des plaquettes, des appels d'offres, éventuellement des poèmes aux anniversaires. Je me suis dit, j'écris un bouquin.

  • Speaker #0

    C'est génial. Mais l'alignement des planètes.

  • Speaker #1

    Et puis, il se trouve que cette même année, je travaillais dans une grande société d'assurance qui a décidé de présenter ma candidature à des trophées qu'organisait un magazine qui s'appelle l'Argus de l'assurance. Et il me présentait au prix de la femme commerciale de l'année. Et il se trouve que cette année-là, donc en 2013, J'ai eu la chance d'être élue par les professionnels la femme commerciale de l'année. Bravo ! Et puis par les internautes, parce que j'avais commencé à comprendre le fonctionnement des réseaux en général, des réseaux sociaux qui...

  • Speaker #0

    Vous avez fait un peu le buzz avant.

  • Speaker #1

    J'ai fait un peu le buzz. Et les internautes m'ont donc élue la femme de l'année dans la science. C'est génial ! Et donc, rapport à mon livre que j'avais écrit, en fait, il y avait du storytelling, comme on dit. Il y avait une résonance aussi avec ça. En 1983, je participais à cette émission. Et puis, en 2013, je n'étais pas la grande patronne, mais néanmoins, j'avais eu le prix de la femme commerciale de l'aide aux assurances 30 ans après. C'était le clin d'œil. Et ça, probablement que ça a accéléré le fait que je puisse publier ce livre.

  • Speaker #0

    C'est des belles années, les années qui finissent en 3. Qu'est-ce qui s'est passé en 2023 ? Est-ce qu'il y a eu publié ?

  • Speaker #1

    Ben voilà.

  • Speaker #0

    Donc, il y a un numéro.

  • Speaker #1

    C'est vrai, c'est vrai. J'ai publié l'autre. Tout à fait, je n'avais jamais remarqué. Et c'est en 2023. Donc j'ai publié en janvier « Réentreprendre sa vie après 50 ans » et en avril, alors que je me promenais dans la rue, et je revois quelqu'un que j'avais croisé dans ma vie professionnelle il y a une quinzaine d'années. On se connaît, etc. Moi à l'époque, j'étais entrepreneur, je proposais des prestations de conseil, d'expertise sur ce qu'on appelle la silver economy. Et voilà, il faut que je vienne vous prospecter, femme commerciale, évidemment je pensais au développement. Et puis il m'a rappelé. Assez rapidement, il m'a dit en fait je viens de racheter une start-up qui justement s'intéresse à la thématique des aidants, des personnes fragilisées. Le fondateur a décidé de faire autre chose. Et j'aimerais vous confier la direction générale de cette entité.

  • Speaker #0

    Donc ça,

  • Speaker #1

    c'était en 2023 ? C'était en 57. Je n'ai rien envoyé du tout. Moi, je proposais des missions. Et finalement, c'était l'époque où je me disais que retourner dans l'entreprise pour retrouver un lien social que j'avais beaucoup moins en entrepreneuriat quasi solo, ça répondait à mes aspirations. Mais par contre, ce que j'ai négocié, parce que je venais de publier le livre, c'est de garder quand même. Ce 20% de temps, soit pour participer à des événements où je pouvais témoigner, où justement on parle de l'impact, éventuellement de l'impact avec des prises de parole, pour faire agir des personnes qui avaient la gentillesse de m'entendre ou de m'écouter, soit pour faire un peu d'accompagnement, comme je le disais, en tout cas pour manager mon temps comme je l'entendais.

  • Speaker #0

    Parce que ce qui revient aussi beaucoup, que ce soit dans l'écriture de vos livres, le processus pour les écrire, On sent que vous êtes aussi une femme d'action. Vous avez une idée, vous la mettez tout de suite en place. Il n'y a pas des temps de maturation hyper longs. Après, je ne connais pas vos processus d'écriture, mais on sent que vous êtes une femme qui se met rapidement en action. Là, vous parlez aussi pas mal des quinquas et de l'invisibilité. C'est assez revenu dans vos prises de parole aussi. J'aimerais bien qu'on revienne dessus. Vous en pensez quoi, justement, quand on est quinquas ? En France, dans les entreprises, c'est quoi le paysage, si vous pouvez nous le dresser ?

  • Speaker #1

    Alors moi, justement... Je ne parle pas nécessairement de l'invisibilité, parce que des quinquas en particulier, des femmes quinquas, c'est plutôt comment on se ressent. Moi, je suis dedans. Je ne suis pas l'experte qui observe, je suis dedans. Il y a ce que je vis et il y a les personnes qui m'entourent. Donc, moi, je suis de la génération 66, la génération Sophie Marceau, la génération de la boum. Je n'ai pas du tout la prétention, d'ailleurs le bémol, de représenter toutes les femmes, puisque un certain nombre d'auditrices peuvent entendre « Oui, mais nous, on n'est pas comme ça, etc. » Là, je parle vraiment, moi, avec mon témoignage, mon vécu, et puis des personnes qui m'entourent et que je connais. Bien évidemment, ce ne sont pas toutes les quinquas, ce ne sont pas toutes les femmes, c'est une partie, et je prends des précautions par rapport à ce que je dis. On fait partie, pour mes copines, des femmes qui avons suivi des études supérieures. C'est la première génération où il y a eu une cohorte importante. Parce qu'en fait, les grandes écoles, elles se sont ouvertes aux filles. Donc, nous, nées en 1966, on fait partie de ces premières femmes qui étions dans les promos. Je ne vais pas dire quasiment au même titre que les garçons, en tout cas, avec des promotions assez mixtes. Donc, a priori, avions des prétentions pour notre carrière professionnelle à peu près similaires, sans en avoir complètement les contours à ce moment-là. Mais néanmoins, voilà. pouvaient courir sur le même terrain. Et puis, il y a eu la vie qui a fait. Certaines ont des enfants, des familles, des choix, etc. En tout cas, ce que je constate, c'est que la bonne majorité d'entre elles se disent justement quand les enfants sont grands. Ça peut dire avant ou après. Je vais prendre des précautions. Mais en tout cas, quand ils quittent le nid, et souvent, quand on n'est qu'un cas, On se dit, ah mais j'en ai sous le pied. C'est aussi le moment où on se dit, encore plus qu'avant, je vais avoir du temps pour aller faire du networking, je vais avoir du temps pour changer de job, etc. Et puis à ce moment-là, pour un certain nombre d'entre elles, on leur dit, ah ouais, mais t'es plus si jeune. Et là,

  • Speaker #0

    c'est la douche froide.

  • Speaker #1

    Et donc, j'ai vu récemment sur les réseaux sociaux quelqu'un qui disait, c'est jamais la bonne période, c'est toi trop jeune. Soit attention, il y a les familles, soit après, trop vieille. Donc après, il faut trouver la fenêtre de tir. Et là, en fait, les quinquains en particulier, en tout cas celles que je connais, me disent, moi, j'en ai sous le pied. J'ai envie de faire des choses. J'ai envie de réaliser des choses. Et quand je parle d'ambition, pour l'ambition, il y a deux définitions. Soit c'est le fait de vouloir être plus, mieux, etc. Soit c'est le fait de réaliser des projets. Alors, on peut être plus, mieux par rapport à soi-même. L'ambitieux ne veut pas forcément dire. Et heureusement. celui qui fait au détriment d'autrui. Il peut aussi entraîner. C'est important. Il y a une idée de mouvement d'entrée, c'est-à-dire que je vise quelque chose. Et pour moi, d'ailleurs, dans l'émission que j'ai regardée, je revois, moi, si j'ai envie de faire des choses, peut-être que je ne réussirai pas, mais je veux tester. En fait, je ne veux pas qu'on me bride sur ce que j'ai envie de faire et sur les projets que j'ai envie de suivre. Ça ne veut pas forcément dire que je veux être la numéro un d'une grosse société. Voilà. Mais en tout cas, il y a la notion de projet, d'envie. et puis de mener à bien un projet sans entrave, en tout cas en les minimisant.

  • Speaker #0

    Justement, votre livre que vous avez écrit il y a deux ans maintenant, vous l'avez écrit... Quelle raison et à destination de quel public ?

  • Speaker #1

    Alors, je l'ai écrit parce que je trouvais qu'il y avait justement une distorsion entre l'image qu'ont en général se faisaient des quinquas et des femmes quinquas, de la propre image qu'elles se faisaient. Oui, l'auto-agir, parfois agir. Et puis, après, de se dire, ça y est, je suis passée du côté sombre. Alors que, pour moi, non. Et du merci. Alors, il y a des choses, on ne va pas le nier, il y a des modifications biologiques. C'est comment on les gère, comment on fait.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, c'est un chapitre dans le livre. Vous parlez quasiment au début des mutations et des évolutions imparables.

  • Speaker #1

    Qu'on ne vit pas de la même façon. On va appeler le mot la ménopause. Certaines vont le vivre d'une façon plutôt libératrice et d'autres en se disant, mince, je perds ma fonction reproductrice. Donc, du coup, c'est quelque chose qui...

  • Speaker #0

    C'est un passage.

  • Speaker #1

    Qui part avec, justement, des sentiments très différents en fonction de l'histoire. Voilà, moi je l'ai abordé justement en interviewant des experts, et notamment Claire Mounier-Veillé, sous l'angle des maladies cardiovasculaires, Valérie Orsoni sur l'angle du sport, qu'est-ce qu'on doit faire, Nathalie Hutter-Lardot sur la nutrition, parce qu'il y a des changements, c'est comment on fait, on doit s'adapter, on le vit plus ou moins bien, aussi dans son corps, on a des transformations ou non, on a des symptômes ou non. Comment on gère ce passage ? Non pas de façon générale, mais justement, si on a envie de continuer à être actif dans sa vie, etc. Donc voilà, on peut aménager sa vie, voire continuer ce qu'on faisait. Et puis voilà, et puis après, il y a d'autres phénomènes dans la vie qui peuvent arriver. Donc le départ des enfants, c'est pareil. Comment on le vit quand on a des enfants ? Bien sûr. Il peut y avoir, on ne va pas nier non plus, des séparations, des nouvelles vies. Parce que justement, il y a aussi un autre regard sur sa vie. Et aussi, il y a la prise de conscience qu'on en est, je ne vais pas dire à la moitié, mais aujourd'hui, compte tenu de l'espérance de vie et en bonne santé, grâce au progrès de la médecine et puis l'hygiène de vie et tout ce qu'on fait, fait qu'en fait, quelqu'un qui avait 50 ans il y a 100 ans, n'a plus rien à voir avec quelqu'un qui a 50 ans aujourd'hui. On parle d'énergie dans son énergie, dans son corps, dans ses envies, voire dans son apparence. Je parle aussi, d'ailleurs, dans les conférences, des différences d'âge entre l'âge social, c'est-à-dire l'âge qu'on nous donne, et puis l'âge perçu. En général, les personnes disent toujours qu'elles ont... dix ans de moins dans leur tête. Et quand elles voient des gens de leur âge, elles disent « Oh là là, mais ça, c'est un vieux. » Mais quelles que soient les générations, et plus on avance en âge, plus c'est le cas. Ensuite, l'âge social, parce qu'il y a des représentations. Donc, en fait, il y a des gens qui vont me dire « Ah là là, tu ne fais pas ton âge. » Pourquoi ? Parce que dans leur tête, ils ont l'image de ce qu'est une femme de 59 ans. Alors que moi, j'ai beaucoup de personnes qui m'entourent qui, pour moi, sont comme moi. C'est parce que les choses ont changé, les apparences ont changé Et donc, il y a une perception, il y a des stéréotypes. Moi, je suis toujours curieuse, quand je vais dans des événements, il y a la silver economy et on parle des seniors de plus de 55 ans. Et l'image qu'il illustre, ça va être une vieille dame bouclée qui a sa canne et qui a plus l'âge de nos parents, parce qu'on est des générations qui avons encore, pour un certain nombre d'entre nous, nos parents. Donc, en fait, même quelqu'un qui a avancé en âge ne se considère plus. Comme le vieux ou la vieille d'avant. Parce qu'il y a un dynamisme. Et on a des exemples de personnes de 80, 90 ans. On a des acteurs qui, à plus de 90 ans, sont encore sur scène et ont encore l'esprit extrêmement vif. L'âge est plus quelque chose qu'on vit. Alors bien sûr, il y a des modifications, il y a tout ça. Mais on n'a pas la même perception. de son propre âge, de son propre vécu. Et maintenant, c'est plutôt des conditions de vie. Comment je fais ? Qu'est-ce que j'ai envie de faire ? Oui, je suis un peu plus âgée. Et alors ? C'est pas un sujet.

  • Speaker #0

    Donc finalement, ce livre, il est à mettre entre les mains de personnes qui auraient quoi ? Peur de changer de vie, changer de... Parce que, de ce que je comprends aussi, il y a des grandes mutations pour les femmes, précisément, qui nous attendent dans la cinquantaine. Ou pas, peut-être qu'il y a des femmes qui ne vont pas rencontrer ces grandes mutations. Il y a un point intéressant, j'aimerais bien revenir sur la notion de travail. Parce qu'il y a des femmes qui semblent se réveiller parfois trop tard pour se dire « mince, il y a la réalité de ce que j'ai envie, je pète le feu et j'ai envie d'avoir des projets, pourquoi pas changer d'autre job ? » Et la réalité qui fait qu'aujourd'hui, on met plus souvent sur le carreau des gens qui approchent les 50 ans pour des raisons purement économiques. Le chômage, les plus de 55 ans, est très fort, c'est une tranche qui est très touchée par le chômage aujourd'hui, donc il y a cette dichotomie. Comment on fait justement ? Est-ce que vous donnez des clés ?

  • Speaker #1

    Oui, alors pour continuer, c'est vrai que j'ai répondu de façon partielle à la question sur la cible. Je veux revenir dessus. Sur la cible, parce qu'effectivement, déjà, c'est de façon générale, c'est pour donner une autre image. Mais il est évident que vu le titre « Réentreprendre sa vie après 50 ans parce que l'ambition des femmes n'a pas d'âge » , qui va dans une librairie prendre davantage ce livre, c'est-à-dire les femmes qui ont plus de 50 ans et qui ont envie ou qui se posent des questions. mais réentreprendre sa vie. Après 50 ans, ça ne veut pas vouloir dire tout changer et changer de job, déjà.

  • Speaker #0

    Et pourquoi le réentreprendre ? C'est quoi le ré ?

  • Speaker #1

    Parce qu'en fait, on peut dire qu'on a entrepris et qu'effectivement, il y a ce mouvement où on se pose particulièrement des questions. Avant, on parlait de la crise de la quarantaine, qui était le moment où on pouvait refaire un point sur sa vie. Moi, je trouve que sur les 50 ans, compte tenu des marqueurs, et notamment pour les femmes, compte tenu des marqueurs, et la prise de conscience. Alors, est-ce que c'est la déclaration ? de Yann Moix il y a quelques années qui a fait un marqueur sur les 50 ans, etc. En tout cas, il y a un déclic. Il y a quelque chose, je trouve, en tout cas, quand on passe les 50 ans, dans l'esprit des personnes et des femmes en particulier. Je ne vais pas dire une alerte, mais en tout cas, j'ai les 50 ans. Donc, c'est comme si c'était vraiment une phase dans la vie. D'ailleurs, après, on peut se dire, non, c'est ni plus ni moins. La veille, j'avais quelques mois de vent. Il ne s'est rien passé. Mais c'est comme si, soudain, il se passait quelque chose. Donc, voilà, c'est aussi pour dire que c'est le moment où... C'est plutôt une opportunité parce qu'elles ont de l'énergie, elles ont des envies, elles ont des expériences, parfois des compétences qui ont été obsolètes. Par contre, il ne faut pas attendre 50 ans. C'est là que j'ai mon autre cible qui est beaucoup plus diffuse. En tout cas, ce sont les plus jeunes femmes parce qu'une carrière, un équilibre de santé, etc. se prépare. C'est ce qu'on appelle pour la prévention, c'est plutôt la prévention. Primaire, on n'attend pas d'avoir des petits sujets pour s'en occuper. Donc c'est tout au long de la vie. Et une carrière également se prépare. Pareil, je fais toujours des précautions, je ne vais pas généraliser. Mais quel que soit son âge, une personne qui a montré dans sa vie professionnelle qu'elle pouvait changer, qu'elle pouvait s'adapter, qu'elle pouvait... Qu'elle ait 50 ans, 53 ans ou 45 ans, ça ne va pas changer grand-chose parce qu'elle a montré... qu'elle était capable de s'adapter à toute situation. C'est un peu plus compliqué pour quelqu'un qui a eu la chance, alors est-ce qu'on va dire la chance, mais plutôt la chance, d'avoir une carrière longue dans une entreprise, d'avoir à peu près toujours le même poste, la sécurité de l'emploi, avec formation interne, etc., qui a toujours travaillé là, et qui soudain, pour des raisons... Divers, ça peut être une fermeture d'entreprise, ça peut être justement un licenciement pour personnel ou autre. Effectivement, vous parliez du chômage du long durée de 50 ans, il est encore plus marqué sur les 55 ans et plus. Donc là, effectivement, c'est sensible. Et là, sur le basse-seint de l'emploi, il est quand même assez réduit. C'est à la fois des formations complémentaires, c'est peut-être redevenir un débutant. C'est peut-être très naïf et invoquieux de se dire qu'on est capable de réapprendre, etc. Mais c'est sûr que là, ça devient très compliqué. Ou alors il faut déménager ou autre, ou s'adapter, voire créer son job si tant est qu'on a cette capacité, parce que ce n'est pas donné à tout le monde non plus. Donc là, je n'ai pas de recette miracle.

  • Speaker #0

    Parce qu'on parle beaucoup, et à travers votre regard, votre expertise, les livres que vous avez écrits, l'ambition, elle est intrinsèque. C'est-à-dire qu'on va les chercher en nous. et peut-être aussi des éléments externes, mais pour se mettre en mouvement et aller chercher un projet, avoir l'ambition de réussir quelque chose ou d'aller le chercher. Parfois, on n'a pas cette énergie en soi et parfois le terrain et l'écosystème ne l'est pas. Parce qu'aujourd'hui, les entreprises, et j'aimerais bien avoir votre avis dessus, parce que vous êtes dirigeante, comment aujourd'hui les entreprises, tout type d'activités confondues, toutes tailles confondues, peuvent justement accompagner ce changement nécessaire dans l'intégration des profils qui ont eu... une sortie de route, un pépin de parcours autour de 55 ans et qui se retrouve dans des difficultés. Et la même chose, on pourrait évoquer aussi la difficulté pour les jeunes de trouver des jobs. Mais là, j'ai envie qu'on fasse un zoom quand même sur l'accueil des profils plus seniors expérimentés des entreprises dans le recrutement général et dans l'accueil.

  • Speaker #1

    Pour vous répondre, d'abord reprendre aussi le fait de se dire qu'on est aussi acteur. Donc avant même de penser aux entreprises, c'est soi-même. Je vais vous donner un exemple, pas plus tard qu'hier après-midi. J'échangeais avec une de mes amies qui avait un poste à responsabilité, qui s'est trouvée au chômage, qui a eu différents accidents de parcours, qui à chaque fois a rebondi. Et là, elle s'est dit, c'est compliqué parce qu'elle avait 59 ans. Elle s'est dit, oh là là. jamais je ne vais retrouver. Et donc, elle a passé différents entretiens avec des chasseurs de tête et elle préparait en fait toute son argumentation pour dire en quoi c'est bien finalement d'avoir un profil de 59 ans, etc. Et en fait, elle préparait parce qu'elle-même, elle se disait que c'était un homme. Donc, elle se mettait dans la peau de quelqu'un qui, lors des entretiens, devait s'excuser d'avoir 59 ans en disant déjà, un, j'arrive à avoir l'entretien, ouf, mais parce qu'elle savait aussi que certains, on ne va pas le nier non plus, des chasseurs de tête, ne voulait pas présenter sa candidature parce qu'elle allait être trop âgée. Donc, elle savait que parfois, ça arrivait. Donc, systématiquement, elle préparait son argumentaire. Jusqu'à ce que quelqu'un lui ait dit, mais arrête ! Tu es qui ? Quelles sont tes compétences ? Est-ce qu'elles correspondent ? On s'en fout des trucs que tu as faits peut-être à tel moment. Ça ne nous intéresse pas. Mais par contre, dans ton parcours, il y a ça, ça qui nous intéresse. C'est ça qui nous intéresse. Et c'est toi et c'est ta personnalité. Tes compétences. Et à partir de là... Voilà, elle n'a plus cherché à se justifier, comme si en fait elle s'automutilait.

  • Speaker #0

    Mais justement, est-ce que ce n'est pas parce que là, on a beaucoup évoqué justement les outils que vous donnez à des gens qui vont avoir vos livres entre les mains, qui vont assister à vos conférences, qui vont faire des flashs accompagnement avec vous. C'est justement que vous les aidez eux. Comment aujourd'hui, parce que pour que ça marche pour les individus, il faut que ça marche aussi pour les entreprises. Il y a aussi des petits changements à opérer, sinon on ne parlerait pas d'agisme dans le travail. On n'aurait pas de soucis là. Comment justement les entreprises aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, alors là, moi, justement, je ne suis pas l'experte du sujet de toutes les entreprises. En revanche, je connais le secteur des services à la personne, puisque je grenouille dans cet univers-là. Et dans celui-ci, on a plutôt des pénuries de personnel. Donc, à partir de là, on se moque de l'âge, de la couleur de peau, de la morphologie. On va avoir éventuellement des handicaps, etc. parce que En fait, il y a besoin d'avoir des compétences pour des postes. Ce ne sont pas nécessairement les entreprises les plus fasteuses en termes d'avantages sociaux, etc. Mais néanmoins, qui proposent du travail de proximité, de l'accompagnement. Et on est sur des secteurs où l'âge est plutôt un atout. Maintenant, je parle pour moi. Dans les recrutements que je fais, où là, moi, je recrute des travailleurs sociaux, des gens qui ont des formations de conseillers en économie sociale et familiale, assistants sociaux. À mon petit niveau, j'ai déjà eu, chez des populations un petit peu plus jeunes, des départs et une moindre stabilité. Et en fait, moi, je me rends compte que les personnes qui ont un petit peu plus de bouteilles, au-delà de l'expérience qu'elles amènent, et puis du fait de compléter l'équipe, moi, m'amènent justement une certaine stabilité. Et moi, j'ai besoin. avec mon adjointe, d'avoir une stabilité. L'un des atouts aussi, c'est de se dire qu'aujourd'hui, quel que soit l'âge, on ne reste plus dans des postes pendant 5 ans, 10 ans. Donc ce critère qui est de dire, et là je vais élargir aux entreprises en général, je ne prends pas des gens plus âgés parce qu'ils risquent de partir très très vite, ça c'est un peu du n'importe quoi. Puisqu'en fait, quelles que soient les générations, les gens ne restent pas dans des emplois très très longtemps et a fortiori, Plus les gens sont plus jeunes, plus ils ont, et c'est tant mieux quand on parle de l'adaptabilité, des velléités d'aller peut-être voir ailleurs. Donc, en termes de stabilité, l'intergénérationnel est primordial. Et puis, cette capacité d'accueil des entreprises, c'est vrai que chacune le fait. Dans les petites équipes, ce sont les petites équipes qui le font. Il n'y a pas quelqu'un qui va le faire. C'est comme on accueille. Les gens sont copains. J'ai Fatou qui a 25 ans, j'ai Claire qui en a 55, j'ai Khalid qui en a 35. Bref, c'est un petit monde et on s'en fiche de l'âge de Boxster. On est en équipe.

  • Speaker #0

    Très bien. J'ai eu un peu ma réponse sur les entreprises. Je vais continuer à gratter un peu sur les entreprises parce que vous avez une expertise aussi qui va être intéressante sur ce sujet, le sujet des aidants, parce que ça touche généralement aussi des populations plus expérimentées. Après, on peut être aidant pour un enfant malade et avoir 35 ans. ou un conjoint, etc. Mais les danses pour les travailleurs qui ont 50 ou 60 ans, qui ont des parents qui ont 80 ou 90, ça, c'est un véritable sujet aujourd'hui qui est entre les mains des DRH et des managers aussi. Quel est le paysage aujourd'hui de les danses en France ? Est-ce que vous pouvez nous en parler un petit peu ?

  • Speaker #1

    Oui, alors sur les danses en général, c'est vrai qu'on a une proportion assez importante des plus de 50 ans qui sont en situation... Des danses, on va peut-être à 25-30%, il y a à peu près 33% des femmes entre 55 et 65 ans en moyenne qui sont en situation des danses.

  • Speaker #0

    Et on peut préciser pourquoi on dit les femmes et pas les hommes ?

  • Speaker #1

    Alors là, je le fais parce que tout simplement, c'est des statistiques. Pour celle-ci, c'est tout simplement parce qu'il y a eu un zoom dans ces statistiques que j'ai publié sur ça. Mais en tout cas, il y a à peu près presque un tiers en général.

  • Speaker #0

    Pour les femmes, un petit peu plus. Pourquoi ? Parce que plus la situation est critique, plus les femmes vont être en situation d'aidance. Aujourd'hui, en moyenne, quels que soient les âges, il y a à peu près 58% de femmes qui sont aidantes. Donc plus d'aidantes que d'aidants. Plus la situation est lourde, en proximité, plus les femmes vont jouer un rôle dans l'aidance. À la fois pour leur famille, voire pour leur belle famille. Et puis pour le conjoint, le cas échéant. Donc on n'en parle plus particulièrement. Et dans les fratries, il revient encore souvent. à la fille ou aux filles de s'occuper plus en détail, les garçons s'impliquant de plus en plus également dans les danses, mais plus sur la gestion financière. Mais tout ce qui est organisation, coordination, qui prend un temps fou, montage de dossier, c'est lourd, c'est souvent plutôt les filles qui vont s'en occuper, je vous dis, en majorité. Donc moi, j'en ai parlé effectivement dans mon livre « Entreprendre sa vie après 50 ans » parce que c'est l'un des facteurs. Quand on est plus jeune dans les entreprises, on parle beaucoup de la parentalité. Et bien là, dans les âges avancés, même si on entre en aidance de plus en plus tôt, parce qu'on peut s'occuper aussi de ses grands-parents, dans les dernières statistiques de l'OSIRP, c'était 39 ans, l'âge d'entrée dans l'aidance. Donc on a une proportion forte dans les plus de 50 ans, que ce soit plutôt pour s'occuper de ses parents, de ses beaux-parents, d'un conjoint. Donc forcément, ça rentre en ligne de compte. Avec une hospitalisation d'un parent qui était imprévue, on est au travail, on ne sait pas comment faire. Il y a plus de 200 kilomètres en général entre l'aidant et la personne aidée. Comment on fait ? On ne peut pas organiser les choses. Donc avec des questions qu'on se pose, une charge mentale extrêmement forte, des problèmes d'organisation. Et c'est là que je boucle la boucle, parce qu'en tant que directrice générale de Marguerite Service, je propose des prestations d'accompagnement et de care management. pour faciliter les choses. Et les entreprises ont un rôle à jouer parce qu'elles peuvent souscrire de prestations pour leurs collaborateurs en situation d'aidance. Quand on parle d'aidance, je me rends compte aussi dans mon constat que les gens ne vont pas se décréter aidant. Il y a une définition depuis 2015 dans le Code des familles. C'est une personne non professionnelle qui aide une autre personne. dans un certain nombre de situations, donc une autre personne qui est en perte d'autonomie du fait de l'âge, du handicap ou de la maladie. Et avec différents actes, c'est-à-dire des aides administratives, logistiques, l'accompagnement dans le montage des dossiers, l'accompagnement dans les rendez-vous médicaux et tout ce qui est coordination. Donc ça peut être l'un, l'autre ou alors une sous-traitance. Et puis le soutien émotionnel et affectif. Donc on peut être l'un, l'autre, etc. et être en situation d'aidant sans pour se dire « Ah, je suis aidant » . Et en général, c'est ce qu'on constate. Les gens se disent, moi, j'accompagne mes parents de temps en temps, mais ils ne se reconnaissent pas tant que tel. C'est pour ça qu'il y a des campagnes aussi d'identification. Et puis, dans les entreprises, il y a parfois des accords qui ont été signés.

  • Speaker #1

    Oui, des conventions qui sont hyper favorables.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Le don de RTT.

  • Speaker #0

    Exactement. Des projets. Des dons de jour. Parfois, un assouplissement du télétravail aux côtés de la personne qui est aidée. Et puis, des dispositifs d'information et de care management que je propose par ailleurs à travers l'entreprise que je dirige.

  • Speaker #1

    Vaste sujet quand même. Et on va normalement en entendre de plus en plus parler. C'est-à-dire que ça devrait être une norme aujourd'hui pour les entreprises, qu'importe leur taille, d'avoir ce volet.

  • Speaker #0

    Il faut quand même qu'elles aient conscience que quand bien même les salariés ne se déclarent pas aidants, puisqu'à peu près 25% seulement vont en parler parce qu'ils considèrent que ça relève de la sphère intime, ou alors que ça peut leur porter préjudice. en disant qu'ils vont être mis à l'écart, voire au placard. Et donc, ils ne le déclarent pas nécessairement, avec les conséquences que ça peut avoir, par exemple des absences non programmées, voire des arrêts de travail, voire des retards. Et ça joue sur l'ensemble des équipes qui peuvent être solidaires à un moment donné, mais peut-être un peu moins, si elles ont une surcharge à un moment donné, ou s'il n'y a pas des choses qui sont mises en place pour éviter cela. Et puis, en termes de nombre, aujourd'hui, on dit qu'il y aurait à peu près un salarié sur cinq qui serait aidant. Et d'ici cinq ans, on passera à un sur quatre. Donc, il ne faut pas fermer les yeux. Il faut avoir conscience de ça avec ce que ça peut générer pour une entreprise, que ce soit au niveau de la qualité de vie au travail, voire tout simplement au niveau des arrêts de travail et de la productivité. Donc l'entreprise a vraiment intérêt à s'emparer du sujet.

  • Speaker #1

    Il y a une sensibilisation nécessaire, autant auprès des RH, des RH dirigeants, que des collaborateurs eux-mêmes, qui n'ont peut-être pas conscience que ce qu'ils font de manière continue rentre dans le cadre de les danses, et qu'ils ont des outils et des aides. Aussi psychologique, parce que parfois on se sent un peu désarmé. Moi, j'ai rencontré des aidants et des aidantes qui se sentaient désarmés. C'est un paysage qui est difficile parce qu'on n'a pas accès à beaucoup d'outils ou alors il faut beaucoup chercher. Et puis, on n'est pas formé pour être assistant ou assistante sociale parfois ou pour être financier ou pour être infirmier. Parce que parfois, on fait des soins aussi pour la personne qu'on aide.

  • Speaker #0

    Oui, c'est pour ça qu'il ne faut pas hésiter à se faire aider. Et puis, même si tout cela est cool, il y a un certain nombre de prises en charge qui sont... qui sont possibles, des prises en charge par des caisses de retraite qui vont pouvoir financer ponctuellement les départements, les contrats d'assurance, donc il faut regarder, il faut regarder et clucher. C'est aussi le rôle justement du care manager d'épauler pour faire un point parce que les personnes ne savent pas. Et là, quelle que soit leur situation sociale ou autre, plus aussi la difficulté à monter des dossiers, parce qu'à chaque fois qu'il faut monter des dossiers, tout ça souvent... Par Internet, tout le monde n'est pas forcément expert dans l'utilisation de tous ces outils. Et puis sur les services à domicile, Marguerite Servis fait partie du groupe Oxylife, qui propose justement des prestations d'accompagnement physique, d'auxiliaire de vie pour les personnes en situation de handicap ou en perte d'autonomie du fait de l'âge. Et là, c'est précieux.

  • Speaker #1

    En tout cas, ce qu'on peut dire, c'est que... aux auditeurs et auditrices, vous n'êtes pas seul. Il y a plein d'outils aujourd'hui qui existent si vous êtes encore salarié, que vous entendez ce message. Il y a plein d'outils disponibles aujourd'hui, que ce soit pour sensibiliser son entreprise, si on sent qu'elle ne l'est pas encore, et pour amener justement le sujet de l'aidance dans un véritable cadre de bien-être au travail aussi. Et ça jouera pour les entreprises, parce qu'après, c'est des leviers de performance si on accompagne les...

  • Speaker #0

    C'est des leviers de performance, qualité de vie au travail, et j'ajouterais même de l'ARSE. Puisqu'en fait, on est à la fois sur la prévention, quand on fait de l'accompagnement des aidants, on joue sur la mixité pour les sujets qu'on a évoqués, et notamment par rapport à l'implication des femmes sur ces sujets. Donc l'entreprise a tout intérêt à s'emparer de ces sujets, à la fois pour sa marque employeur, pour la qualité de vie au travail et pour la réduction de l'absentéisme.

  • Speaker #1

    Tous ces beaux sujets. On arrive déjà bientôt à la fin de l'interview. C'est quoi vos rêves et vos désirs, Frédérique ?

  • Speaker #0

    Mes rêves ou mes désirs, c'est de continuer à me faire plaisir et puis faire en sorte que les personnes, quelles qu'elles soient, puissent réaliser leurs rêves et leurs projets sans avoir des injonctions ou des contraintes liées à leur appartenance sociale, à leur couleur de peau, à leur genre, à leur âge. qu'elles se perçoivent en tant que personnes et non pas des êtres rentrant dans une case.

  • Speaker #1

    On fait péter les dictates. Dernière question, le podcast s'appelle Encore, qu'est-ce que vous mettez derrière ce mot ?

  • Speaker #0

    Encore de la joie, encore du bonheur, encore du dynamisme, encore des projets, encore des rêves, quel que soit son âge.

  • Speaker #1

    Très bien, et encore du cyclisme ?

  • Speaker #0

    Eh bien oui, d'ailleurs on va y penser sur les routes pour ce week-end.

  • Speaker #1

    Merci Frédérique pour votre présence au micro d'Encore ce matin. Justement, vous avez pris des pas de côté et pas mal de prévenance sur dire je parle avec mon vécu, mon expérience, mais vous donnez quand même beaucoup d'outils à des personnes qui voudraient justement peut-être raviver une flamme ou se donner du courage ou avoir des exemples. Parce qu'on parle beaucoup aussi dans ce podcast de transmission et de rôle modèle. Certains aiment ce terme, d'autres non. Pour les auditeurs assidus, vous vous souviendrez de qui était plutôt contre ce nom. En tout cas, vous êtes dans cette posture de dire voilà. Moi, j'avance sur mon chemin. L'ambition m'accompagne depuis que je suis petite. Vous avez rapidement écrasé ces barrières qu'on essayait de vous mettre en disant « Non, mais moi, j'ai envie de mener ma vie, ma carrière comme j'ai envie. » Ça donne de l'énergie à des jeunes filles, des jeunes femmes et des femmes de toute génération justement de réentreprendre sa vie. Je pense qu'on peut garder ce titre-là sans forcément mettre l'âge. À tout moment dans notre vie, on peut réentreprendre, opérer des changements et être son acteur. On a parlé aussi des entreprises parce que je pense qu'elles ont un rôle à jouer aujourd'hui dans la société pour justement coller au plus proche des spécificités de chacun. La démographie, elle change tout le temps. On ne peut plus laisser sa vie privée en dehors de son travail. Ça fait maintenant partie de soi. On ne peut plus le laisser quand on arrive. Et donc, il faut réunir toutes ces forces pour créer un bel avenir plus inclusif et avec de la diversité, comme vous avez pu insister aussi régulièrement dans cette interview. Merci infiniment. Merci Claire. A très bientôt. Et je vais mettre en lien de l'épisode le lien vers votre livre que vous pouvez retrouver dans toutes les librairies de France.

  • Speaker #0

    N'est-ce pas ? Exactement.

  • Speaker #1

    Très bien. Merci beaucoup. Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a plu. Si c'est le cas, gratifiez-le d'un maximum d'étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée et surtout, parlez-en autour de vous. Et pour suivre les coulisses, retrouvez Encore sur Instagram. A bientôt !

Description

Dans ce hors-série d’Encore, j’ai eu le plaisir de recevoir Frédérique Cintrat.
À 59 ans, directrice générale dans le secteur du care management, autrice de plusieurs ouvrages dont Réentreprendre sa vie après 50 ans, elle incarne avec énergie et lucidité une conviction forte : l’ambition n’a pas d’âge.

Avec elle, nous avons parlé de transmission et de rôle modèle, de cette possibilité de se réinventer après 50 ans, du poids des stéréotypes sur les quinquas, mais aussi de l’importance de rester actrice de son parcours, de cultiver son énergie et ses projets.


Nous avons également évoqué un sujet encore trop peu abordé en entreprise : la place des aidants et les enjeux de qualité de vie au travail qui en découlent.


Un échange inspirant qui nous rappelle que, quel que soit l’âge, il est toujours temps de raviver une flamme, se donner du courage et réentreprendre sa vie.


Pour en savoir plus:

https://frederiquecintrat.com/

https://www.dunod.com/livres-frederique-cintrat


Bonne écoute 💫

Partagez cet épisode, et gratifiez le d'un maximum d'étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée 🤩



Production: Décembre production

Auteure: Claire Bône

Montage: Romain Pec


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hors série d'Encore, hors série, Encore. Bonjour Frédérique.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Merci d'être au micro d'Encore ce matin.

  • Speaker #1

    J'en suis ravie, merci de m'inviter.

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir. J'adore de commencer les interviews avec ce sourire qui s'entend. Comme la météo dehors, on va le dire, ça fait plaisir d'avoir un peu de soleil, un peu de vitamine D qui arrive.

  • Speaker #1

    Il fait beau, voilà, nous sommes de nouveau heureux, heureuses, gais,

  • Speaker #0

    ravies. Voilà, bon, il faut cette belle énergie en ce moment. Frédérique, vous êtes au micro pour un hors série. Je n'ai pas envie de mettre d'étiquette à ça hors série, parce que quelques mots clés quand même pour l'accompagner. On va parler d'ambition, on va parler d'entreprendre, on va parler de féminin, on va parler de plein de choses. Et on va surtout parler, je pense, de cette énergie qui vous anime et que vous allez transmettre aux auditeurs, auditrices. Ça vous fait beaucoup de pression, mais comme ça, je vous en donne un peu.

  • Speaker #1

    Oui, alors heureusement que le temps était au beau fixe pour me redonner cette énergie avec cette vitamine D.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots avant qu'on attaque sur les sujets du jour pour que les auditeurs et auditrices puissent savoir qui est derrière le micro ce matin ?

  • Speaker #1

    Alors moi je m'appelle Frédérique Sintra puisque nous sommes sur le podcast Encore, je vais parler de mon âge. Je vais avoir 59 ans dans une semaine. Je suis mère de deux adultes, deux grands garçons qui ont bientôt 32 et bientôt 30 ans. Et concernant mon activité professionnelle, on va dire que je suis slasheuse. Puisque à 80% de mon temps, je suis directrice générale d'une structure de care management qui s'occupe de la coordination d'autonomie pour les aidants et les personnes fragilisées du fait du handicap ou de l'âge. Entreprise que j'ai rejoint à l'âge de 57 ans, puisque j'ai moi-même réentrepris ma vie professionnelle après 10 ans en tant qu'entrepreneur et avant 27 ans de salariat. dans l'univers de l'assurance et de l'assistance, où j'ai occupé différents postes à responsabilité dans le domaine commercial, marketing. Et puis, parallèlement à cela, j'ai écrit quelques ouvrages, notamment « Comment l'ambition vient aux filles » en 2014, dans le 2018 « Comment vient l'ambition » . En 2023, j'ai publié aux éditions Duneau « Réentreprendre sa vie » après 50 ans. Et je suis amenée à accompagner des personnes, particulièrement des femmes. soit en milieu de carrière, soit des plus jeunes qui se posent des questions sur leur carrière ou en tout cas qui veulent assumer leurs ambitions ou tout simplement faire un pas de côté et puis réentreprendre leur vie d'une autre manière. Et puis parallèlement à cela, puisqu'on parle d'énergie, j'aime beaucoup le sport. Donc je suis moi-même adepte d'un certain nombre d'entre eux. Et notamment, je m'arrange pour que dans ma vie pro et perso, il y ait toujours ce temps. pour l'exercice physique. Je viens du monde de l'assurance, la prévention, ça me connaît un petit peu, mais il y a également toute la notion de plaisir. Je fais du vélo, un petit peu de cyclisme, puisque le week-end, je parcours...

  • Speaker #0

    On fait une différence entre vélo et cyclisme ? C'est professionnel, quoi !

  • Speaker #1

    Le vélo, j'en ai fait pendant toute ma vie, du vélo pour aller d'un point A à un point B, pour me déplacer, et pour le loisir. Là, je le fais toujours pour le loisir, mais d'une façon un petit peu plus intense, avec... Avec un vélo beaucoup plus adapté, un vélo de route. Et puis, sur un nombre de kilomètres plus important. Et puis parallèlement, je fais un peu d'entretien, de Zumba, de danse.

  • Speaker #0

    Ok, voilà. Donc je vous avais dit que ce serait un épisode avec beaucoup de dynamisme et c'est le cas. Vous avez parlé d'un mot, en tout cas, qui est pas mal revenu dans votre présentation, c'est le mot ambition. J'aimerais bien qu'on revienne sur cette genèse. Qu'est-ce qui fait qu'à l'aube de vos 60 ans bientôt, ce soit quelque chose qui soit encore super présent dans votre vie ? On va faire un petit clin d'œil, vous l'avez mis dans votre biographie, mais j'ai envie qu'on revienne dessus. Dans votre adolescence, vous avez participé à un plateau télé, aux côtés d'Elisabeth Badinter. Est-ce que vous pouvez nous parler un petit peu, parce que j'ai l'impression que c'est une des premières briques de ce sujet ?

  • Speaker #1

    C'est vrai, c'est vrai. Moi, j'ai été élevée à la campagne. Je suis une petite fille qui aimait bien la nature, mais qui était élevée plutôt comme un petit enfant, qui faisait des choses traditionnellement de filles. garçons, quand on est à la campagne, on est en short, on est en robe, et je m'appelle Frédérique. En fait, je n'ai pas eu une éducation qui était particulièrement marquée ou stéréotypée avec des petites chaussures vernis et des petites robes en permanence qui m'empêchaient de me voir. Et puis, je n'avais pas eu, à titre d'exemple, ma mère refusait à ce qu'on m'offre en cadeau des petits objets traditionnellement féminins ou liés à la vie domestique. Et pour autant, je jouais à la poupée, j'avais mis mes petits tracteurs, etc. Et puis, il n'y avait pas de sujet de genre. En tout cas, j'étais une petite fille de la campagne qui s'appelait Frédérique. Et en fait, il se trouve que j'ai eu mon bac C à l'âge de 16 ans, parce que j'étais la seule de ma tranche d'âge dans mon village. Ce qui fait que je n'ai pas sauté de classe, mais j'étais dans des classes multiniveaux. Et puis quand j'étais en classe prépa HEC, à l'âge de 17 ans, il y a un des garçons qui m'a dit « Oh, dis donc les filles, vous nous prenez les places au concours » . Et en fait, qui me renvoyait presque pour la première fois le fait que parce que j'étais une fille, je ne pouvais pas nécessairement faire les mêmes choses. Je n'en avais jamais réellement pris conscience de ça. Et en fait, à la veille de passer quelques concours d'école de commerce, je ne sais pas pourquoi, la télé ne me subit pas un après-midi, il y avait des appels à témoins. C'est une émission qui s'appelait, pour les auditeurs et auditrices les plus âgés, ils se souviendront d'Aujourd'hui Madame, Aujourd'hui la vie, cette émission qui passait l'après-midi, et qui cherchait des personnes pour témoigner sur une thématique qui s'appelait « Comment l'ambition vient aux filles » . Alors là, je n'ai rien dit à personne, j'ai pris ma plume et j'ai écrit. « Ouais, il n'y a pas de raison, talala » . Et donc, j'ai eu la surprise. d'avoir un appel de la production en me disant que j'avais été sélectionnée pour représenter la jeune génération en 1983 aux côtés d'Elisabeth Badinter et de François Giraud. Et donc j'ai enregistré cette émission, j'ai témoigné, et puis j'ai fait ma carrière dans l'univers de l'assurance, comme je le précisais, et j'ai commencé à m'intéresser au sujet de la mixité, et notamment des femmes dans les postes à responsabilité. Parce que plus je montais dans la hiérarchie, plus je constatais qu'on était peu nombreuses. Et puis aussi dans les prises de parole, dans les tables rondes. Et là, c'était l'émergence de ce qu'on appelle des réseaux dits féminins. Maintenant, plutôt m'exciter. Et donc, je me suis investie dans ce sujet. Je trouvais qu'on parlait beaucoup du plafond de verre. Mais finalement, assez peu de l'agnac, de l'envie. Et j'ai cherché sur Internet Ambition. Et là, je suis tombée, en fait. Sur les archives de l'INA, l'INA venait de republier, quelques mois auparavant, une émission où on disait « Comment l'ambition vient aux filles ? » Mademoiselle Sintra témoigne. Je me dis « Mais c'est moi ! » Vous n'aviez jamais revu la vidéo ? Non, je n'avais jamais revu. Et donc j'ai envoyé mes 10 euros pour récupérer le DVD. Je me suis redécouverte à 17 ans. Et là, moi qui n'avais écrit, à titre professionnel, que des... des plaquettes, des appels d'offres, éventuellement des poèmes aux anniversaires. Je me suis dit, j'écris un bouquin.

  • Speaker #0

    C'est génial. Mais l'alignement des planètes.

  • Speaker #1

    Et puis, il se trouve que cette même année, je travaillais dans une grande société d'assurance qui a décidé de présenter ma candidature à des trophées qu'organisait un magazine qui s'appelle l'Argus de l'assurance. Et il me présentait au prix de la femme commerciale de l'année. Et il se trouve que cette année-là, donc en 2013, J'ai eu la chance d'être élue par les professionnels la femme commerciale de l'année. Bravo ! Et puis par les internautes, parce que j'avais commencé à comprendre le fonctionnement des réseaux en général, des réseaux sociaux qui...

  • Speaker #0

    Vous avez fait un peu le buzz avant.

  • Speaker #1

    J'ai fait un peu le buzz. Et les internautes m'ont donc élue la femme de l'année dans la science. C'est génial ! Et donc, rapport à mon livre que j'avais écrit, en fait, il y avait du storytelling, comme on dit. Il y avait une résonance aussi avec ça. En 1983, je participais à cette émission. Et puis, en 2013, je n'étais pas la grande patronne, mais néanmoins, j'avais eu le prix de la femme commerciale de l'aide aux assurances 30 ans après. C'était le clin d'œil. Et ça, probablement que ça a accéléré le fait que je puisse publier ce livre.

  • Speaker #0

    C'est des belles années, les années qui finissent en 3. Qu'est-ce qui s'est passé en 2023 ? Est-ce qu'il y a eu publié ?

  • Speaker #1

    Ben voilà.

  • Speaker #0

    Donc, il y a un numéro.

  • Speaker #1

    C'est vrai, c'est vrai. J'ai publié l'autre. Tout à fait, je n'avais jamais remarqué. Et c'est en 2023. Donc j'ai publié en janvier « Réentreprendre sa vie après 50 ans » et en avril, alors que je me promenais dans la rue, et je revois quelqu'un que j'avais croisé dans ma vie professionnelle il y a une quinzaine d'années. On se connaît, etc. Moi à l'époque, j'étais entrepreneur, je proposais des prestations de conseil, d'expertise sur ce qu'on appelle la silver economy. Et voilà, il faut que je vienne vous prospecter, femme commerciale, évidemment je pensais au développement. Et puis il m'a rappelé. Assez rapidement, il m'a dit en fait je viens de racheter une start-up qui justement s'intéresse à la thématique des aidants, des personnes fragilisées. Le fondateur a décidé de faire autre chose. Et j'aimerais vous confier la direction générale de cette entité.

  • Speaker #0

    Donc ça,

  • Speaker #1

    c'était en 2023 ? C'était en 57. Je n'ai rien envoyé du tout. Moi, je proposais des missions. Et finalement, c'était l'époque où je me disais que retourner dans l'entreprise pour retrouver un lien social que j'avais beaucoup moins en entrepreneuriat quasi solo, ça répondait à mes aspirations. Mais par contre, ce que j'ai négocié, parce que je venais de publier le livre, c'est de garder quand même. Ce 20% de temps, soit pour participer à des événements où je pouvais témoigner, où justement on parle de l'impact, éventuellement de l'impact avec des prises de parole, pour faire agir des personnes qui avaient la gentillesse de m'entendre ou de m'écouter, soit pour faire un peu d'accompagnement, comme je le disais, en tout cas pour manager mon temps comme je l'entendais.

  • Speaker #0

    Parce que ce qui revient aussi beaucoup, que ce soit dans l'écriture de vos livres, le processus pour les écrire, On sent que vous êtes aussi une femme d'action. Vous avez une idée, vous la mettez tout de suite en place. Il n'y a pas des temps de maturation hyper longs. Après, je ne connais pas vos processus d'écriture, mais on sent que vous êtes une femme qui se met rapidement en action. Là, vous parlez aussi pas mal des quinquas et de l'invisibilité. C'est assez revenu dans vos prises de parole aussi. J'aimerais bien qu'on revienne dessus. Vous en pensez quoi, justement, quand on est quinquas ? En France, dans les entreprises, c'est quoi le paysage, si vous pouvez nous le dresser ?

  • Speaker #1

    Alors moi, justement... Je ne parle pas nécessairement de l'invisibilité, parce que des quinquas en particulier, des femmes quinquas, c'est plutôt comment on se ressent. Moi, je suis dedans. Je ne suis pas l'experte qui observe, je suis dedans. Il y a ce que je vis et il y a les personnes qui m'entourent. Donc, moi, je suis de la génération 66, la génération Sophie Marceau, la génération de la boum. Je n'ai pas du tout la prétention, d'ailleurs le bémol, de représenter toutes les femmes, puisque un certain nombre d'auditrices peuvent entendre « Oui, mais nous, on n'est pas comme ça, etc. » Là, je parle vraiment, moi, avec mon témoignage, mon vécu, et puis des personnes qui m'entourent et que je connais. Bien évidemment, ce ne sont pas toutes les quinquas, ce ne sont pas toutes les femmes, c'est une partie, et je prends des précautions par rapport à ce que je dis. On fait partie, pour mes copines, des femmes qui avons suivi des études supérieures. C'est la première génération où il y a eu une cohorte importante. Parce qu'en fait, les grandes écoles, elles se sont ouvertes aux filles. Donc, nous, nées en 1966, on fait partie de ces premières femmes qui étions dans les promos. Je ne vais pas dire quasiment au même titre que les garçons, en tout cas, avec des promotions assez mixtes. Donc, a priori, avions des prétentions pour notre carrière professionnelle à peu près similaires, sans en avoir complètement les contours à ce moment-là. Mais néanmoins, voilà. pouvaient courir sur le même terrain. Et puis, il y a eu la vie qui a fait. Certaines ont des enfants, des familles, des choix, etc. En tout cas, ce que je constate, c'est que la bonne majorité d'entre elles se disent justement quand les enfants sont grands. Ça peut dire avant ou après. Je vais prendre des précautions. Mais en tout cas, quand ils quittent le nid, et souvent, quand on n'est qu'un cas, On se dit, ah mais j'en ai sous le pied. C'est aussi le moment où on se dit, encore plus qu'avant, je vais avoir du temps pour aller faire du networking, je vais avoir du temps pour changer de job, etc. Et puis à ce moment-là, pour un certain nombre d'entre elles, on leur dit, ah ouais, mais t'es plus si jeune. Et là,

  • Speaker #0

    c'est la douche froide.

  • Speaker #1

    Et donc, j'ai vu récemment sur les réseaux sociaux quelqu'un qui disait, c'est jamais la bonne période, c'est toi trop jeune. Soit attention, il y a les familles, soit après, trop vieille. Donc après, il faut trouver la fenêtre de tir. Et là, en fait, les quinquains en particulier, en tout cas celles que je connais, me disent, moi, j'en ai sous le pied. J'ai envie de faire des choses. J'ai envie de réaliser des choses. Et quand je parle d'ambition, pour l'ambition, il y a deux définitions. Soit c'est le fait de vouloir être plus, mieux, etc. Soit c'est le fait de réaliser des projets. Alors, on peut être plus, mieux par rapport à soi-même. L'ambitieux ne veut pas forcément dire. Et heureusement. celui qui fait au détriment d'autrui. Il peut aussi entraîner. C'est important. Il y a une idée de mouvement d'entrée, c'est-à-dire que je vise quelque chose. Et pour moi, d'ailleurs, dans l'émission que j'ai regardée, je revois, moi, si j'ai envie de faire des choses, peut-être que je ne réussirai pas, mais je veux tester. En fait, je ne veux pas qu'on me bride sur ce que j'ai envie de faire et sur les projets que j'ai envie de suivre. Ça ne veut pas forcément dire que je veux être la numéro un d'une grosse société. Voilà. Mais en tout cas, il y a la notion de projet, d'envie. et puis de mener à bien un projet sans entrave, en tout cas en les minimisant.

  • Speaker #0

    Justement, votre livre que vous avez écrit il y a deux ans maintenant, vous l'avez écrit... Quelle raison et à destination de quel public ?

  • Speaker #1

    Alors, je l'ai écrit parce que je trouvais qu'il y avait justement une distorsion entre l'image qu'ont en général se faisaient des quinquas et des femmes quinquas, de la propre image qu'elles se faisaient. Oui, l'auto-agir, parfois agir. Et puis, après, de se dire, ça y est, je suis passée du côté sombre. Alors que, pour moi, non. Et du merci. Alors, il y a des choses, on ne va pas le nier, il y a des modifications biologiques. C'est comment on les gère, comment on fait.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, c'est un chapitre dans le livre. Vous parlez quasiment au début des mutations et des évolutions imparables.

  • Speaker #1

    Qu'on ne vit pas de la même façon. On va appeler le mot la ménopause. Certaines vont le vivre d'une façon plutôt libératrice et d'autres en se disant, mince, je perds ma fonction reproductrice. Donc, du coup, c'est quelque chose qui...

  • Speaker #0

    C'est un passage.

  • Speaker #1

    Qui part avec, justement, des sentiments très différents en fonction de l'histoire. Voilà, moi je l'ai abordé justement en interviewant des experts, et notamment Claire Mounier-Veillé, sous l'angle des maladies cardiovasculaires, Valérie Orsoni sur l'angle du sport, qu'est-ce qu'on doit faire, Nathalie Hutter-Lardot sur la nutrition, parce qu'il y a des changements, c'est comment on fait, on doit s'adapter, on le vit plus ou moins bien, aussi dans son corps, on a des transformations ou non, on a des symptômes ou non. Comment on gère ce passage ? Non pas de façon générale, mais justement, si on a envie de continuer à être actif dans sa vie, etc. Donc voilà, on peut aménager sa vie, voire continuer ce qu'on faisait. Et puis voilà, et puis après, il y a d'autres phénomènes dans la vie qui peuvent arriver. Donc le départ des enfants, c'est pareil. Comment on le vit quand on a des enfants ? Bien sûr. Il peut y avoir, on ne va pas nier non plus, des séparations, des nouvelles vies. Parce que justement, il y a aussi un autre regard sur sa vie. Et aussi, il y a la prise de conscience qu'on en est, je ne vais pas dire à la moitié, mais aujourd'hui, compte tenu de l'espérance de vie et en bonne santé, grâce au progrès de la médecine et puis l'hygiène de vie et tout ce qu'on fait, fait qu'en fait, quelqu'un qui avait 50 ans il y a 100 ans, n'a plus rien à voir avec quelqu'un qui a 50 ans aujourd'hui. On parle d'énergie dans son énergie, dans son corps, dans ses envies, voire dans son apparence. Je parle aussi, d'ailleurs, dans les conférences, des différences d'âge entre l'âge social, c'est-à-dire l'âge qu'on nous donne, et puis l'âge perçu. En général, les personnes disent toujours qu'elles ont... dix ans de moins dans leur tête. Et quand elles voient des gens de leur âge, elles disent « Oh là là, mais ça, c'est un vieux. » Mais quelles que soient les générations, et plus on avance en âge, plus c'est le cas. Ensuite, l'âge social, parce qu'il y a des représentations. Donc, en fait, il y a des gens qui vont me dire « Ah là là, tu ne fais pas ton âge. » Pourquoi ? Parce que dans leur tête, ils ont l'image de ce qu'est une femme de 59 ans. Alors que moi, j'ai beaucoup de personnes qui m'entourent qui, pour moi, sont comme moi. C'est parce que les choses ont changé, les apparences ont changé Et donc, il y a une perception, il y a des stéréotypes. Moi, je suis toujours curieuse, quand je vais dans des événements, il y a la silver economy et on parle des seniors de plus de 55 ans. Et l'image qu'il illustre, ça va être une vieille dame bouclée qui a sa canne et qui a plus l'âge de nos parents, parce qu'on est des générations qui avons encore, pour un certain nombre d'entre nous, nos parents. Donc, en fait, même quelqu'un qui a avancé en âge ne se considère plus. Comme le vieux ou la vieille d'avant. Parce qu'il y a un dynamisme. Et on a des exemples de personnes de 80, 90 ans. On a des acteurs qui, à plus de 90 ans, sont encore sur scène et ont encore l'esprit extrêmement vif. L'âge est plus quelque chose qu'on vit. Alors bien sûr, il y a des modifications, il y a tout ça. Mais on n'a pas la même perception. de son propre âge, de son propre vécu. Et maintenant, c'est plutôt des conditions de vie. Comment je fais ? Qu'est-ce que j'ai envie de faire ? Oui, je suis un peu plus âgée. Et alors ? C'est pas un sujet.

  • Speaker #0

    Donc finalement, ce livre, il est à mettre entre les mains de personnes qui auraient quoi ? Peur de changer de vie, changer de... Parce que, de ce que je comprends aussi, il y a des grandes mutations pour les femmes, précisément, qui nous attendent dans la cinquantaine. Ou pas, peut-être qu'il y a des femmes qui ne vont pas rencontrer ces grandes mutations. Il y a un point intéressant, j'aimerais bien revenir sur la notion de travail. Parce qu'il y a des femmes qui semblent se réveiller parfois trop tard pour se dire « mince, il y a la réalité de ce que j'ai envie, je pète le feu et j'ai envie d'avoir des projets, pourquoi pas changer d'autre job ? » Et la réalité qui fait qu'aujourd'hui, on met plus souvent sur le carreau des gens qui approchent les 50 ans pour des raisons purement économiques. Le chômage, les plus de 55 ans, est très fort, c'est une tranche qui est très touchée par le chômage aujourd'hui, donc il y a cette dichotomie. Comment on fait justement ? Est-ce que vous donnez des clés ?

  • Speaker #1

    Oui, alors pour continuer, c'est vrai que j'ai répondu de façon partielle à la question sur la cible. Je veux revenir dessus. Sur la cible, parce qu'effectivement, déjà, c'est de façon générale, c'est pour donner une autre image. Mais il est évident que vu le titre « Réentreprendre sa vie après 50 ans parce que l'ambition des femmes n'a pas d'âge » , qui va dans une librairie prendre davantage ce livre, c'est-à-dire les femmes qui ont plus de 50 ans et qui ont envie ou qui se posent des questions. mais réentreprendre sa vie. Après 50 ans, ça ne veut pas vouloir dire tout changer et changer de job, déjà.

  • Speaker #0

    Et pourquoi le réentreprendre ? C'est quoi le ré ?

  • Speaker #1

    Parce qu'en fait, on peut dire qu'on a entrepris et qu'effectivement, il y a ce mouvement où on se pose particulièrement des questions. Avant, on parlait de la crise de la quarantaine, qui était le moment où on pouvait refaire un point sur sa vie. Moi, je trouve que sur les 50 ans, compte tenu des marqueurs, et notamment pour les femmes, compte tenu des marqueurs, et la prise de conscience. Alors, est-ce que c'est la déclaration ? de Yann Moix il y a quelques années qui a fait un marqueur sur les 50 ans, etc. En tout cas, il y a un déclic. Il y a quelque chose, je trouve, en tout cas, quand on passe les 50 ans, dans l'esprit des personnes et des femmes en particulier. Je ne vais pas dire une alerte, mais en tout cas, j'ai les 50 ans. Donc, c'est comme si c'était vraiment une phase dans la vie. D'ailleurs, après, on peut se dire, non, c'est ni plus ni moins. La veille, j'avais quelques mois de vent. Il ne s'est rien passé. Mais c'est comme si, soudain, il se passait quelque chose. Donc, voilà, c'est aussi pour dire que c'est le moment où... C'est plutôt une opportunité parce qu'elles ont de l'énergie, elles ont des envies, elles ont des expériences, parfois des compétences qui ont été obsolètes. Par contre, il ne faut pas attendre 50 ans. C'est là que j'ai mon autre cible qui est beaucoup plus diffuse. En tout cas, ce sont les plus jeunes femmes parce qu'une carrière, un équilibre de santé, etc. se prépare. C'est ce qu'on appelle pour la prévention, c'est plutôt la prévention. Primaire, on n'attend pas d'avoir des petits sujets pour s'en occuper. Donc c'est tout au long de la vie. Et une carrière également se prépare. Pareil, je fais toujours des précautions, je ne vais pas généraliser. Mais quel que soit son âge, une personne qui a montré dans sa vie professionnelle qu'elle pouvait changer, qu'elle pouvait s'adapter, qu'elle pouvait... Qu'elle ait 50 ans, 53 ans ou 45 ans, ça ne va pas changer grand-chose parce qu'elle a montré... qu'elle était capable de s'adapter à toute situation. C'est un peu plus compliqué pour quelqu'un qui a eu la chance, alors est-ce qu'on va dire la chance, mais plutôt la chance, d'avoir une carrière longue dans une entreprise, d'avoir à peu près toujours le même poste, la sécurité de l'emploi, avec formation interne, etc., qui a toujours travaillé là, et qui soudain, pour des raisons... Divers, ça peut être une fermeture d'entreprise, ça peut être justement un licenciement pour personnel ou autre. Effectivement, vous parliez du chômage du long durée de 50 ans, il est encore plus marqué sur les 55 ans et plus. Donc là, effectivement, c'est sensible. Et là, sur le basse-seint de l'emploi, il est quand même assez réduit. C'est à la fois des formations complémentaires, c'est peut-être redevenir un débutant. C'est peut-être très naïf et invoquieux de se dire qu'on est capable de réapprendre, etc. Mais c'est sûr que là, ça devient très compliqué. Ou alors il faut déménager ou autre, ou s'adapter, voire créer son job si tant est qu'on a cette capacité, parce que ce n'est pas donné à tout le monde non plus. Donc là, je n'ai pas de recette miracle.

  • Speaker #0

    Parce qu'on parle beaucoup, et à travers votre regard, votre expertise, les livres que vous avez écrits, l'ambition, elle est intrinsèque. C'est-à-dire qu'on va les chercher en nous. et peut-être aussi des éléments externes, mais pour se mettre en mouvement et aller chercher un projet, avoir l'ambition de réussir quelque chose ou d'aller le chercher. Parfois, on n'a pas cette énergie en soi et parfois le terrain et l'écosystème ne l'est pas. Parce qu'aujourd'hui, les entreprises, et j'aimerais bien avoir votre avis dessus, parce que vous êtes dirigeante, comment aujourd'hui les entreprises, tout type d'activités confondues, toutes tailles confondues, peuvent justement accompagner ce changement nécessaire dans l'intégration des profils qui ont eu... une sortie de route, un pépin de parcours autour de 55 ans et qui se retrouve dans des difficultés. Et la même chose, on pourrait évoquer aussi la difficulté pour les jeunes de trouver des jobs. Mais là, j'ai envie qu'on fasse un zoom quand même sur l'accueil des profils plus seniors expérimentés des entreprises dans le recrutement général et dans l'accueil.

  • Speaker #1

    Pour vous répondre, d'abord reprendre aussi le fait de se dire qu'on est aussi acteur. Donc avant même de penser aux entreprises, c'est soi-même. Je vais vous donner un exemple, pas plus tard qu'hier après-midi. J'échangeais avec une de mes amies qui avait un poste à responsabilité, qui s'est trouvée au chômage, qui a eu différents accidents de parcours, qui à chaque fois a rebondi. Et là, elle s'est dit, c'est compliqué parce qu'elle avait 59 ans. Elle s'est dit, oh là là. jamais je ne vais retrouver. Et donc, elle a passé différents entretiens avec des chasseurs de tête et elle préparait en fait toute son argumentation pour dire en quoi c'est bien finalement d'avoir un profil de 59 ans, etc. Et en fait, elle préparait parce qu'elle-même, elle se disait que c'était un homme. Donc, elle se mettait dans la peau de quelqu'un qui, lors des entretiens, devait s'excuser d'avoir 59 ans en disant déjà, un, j'arrive à avoir l'entretien, ouf, mais parce qu'elle savait aussi que certains, on ne va pas le nier non plus, des chasseurs de tête, ne voulait pas présenter sa candidature parce qu'elle allait être trop âgée. Donc, elle savait que parfois, ça arrivait. Donc, systématiquement, elle préparait son argumentaire. Jusqu'à ce que quelqu'un lui ait dit, mais arrête ! Tu es qui ? Quelles sont tes compétences ? Est-ce qu'elles correspondent ? On s'en fout des trucs que tu as faits peut-être à tel moment. Ça ne nous intéresse pas. Mais par contre, dans ton parcours, il y a ça, ça qui nous intéresse. C'est ça qui nous intéresse. Et c'est toi et c'est ta personnalité. Tes compétences. Et à partir de là... Voilà, elle n'a plus cherché à se justifier, comme si en fait elle s'automutilait.

  • Speaker #0

    Mais justement, est-ce que ce n'est pas parce que là, on a beaucoup évoqué justement les outils que vous donnez à des gens qui vont avoir vos livres entre les mains, qui vont assister à vos conférences, qui vont faire des flashs accompagnement avec vous. C'est justement que vous les aidez eux. Comment aujourd'hui, parce que pour que ça marche pour les individus, il faut que ça marche aussi pour les entreprises. Il y a aussi des petits changements à opérer, sinon on ne parlerait pas d'agisme dans le travail. On n'aurait pas de soucis là. Comment justement les entreprises aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, alors là, moi, justement, je ne suis pas l'experte du sujet de toutes les entreprises. En revanche, je connais le secteur des services à la personne, puisque je grenouille dans cet univers-là. Et dans celui-ci, on a plutôt des pénuries de personnel. Donc, à partir de là, on se moque de l'âge, de la couleur de peau, de la morphologie. On va avoir éventuellement des handicaps, etc. parce que En fait, il y a besoin d'avoir des compétences pour des postes. Ce ne sont pas nécessairement les entreprises les plus fasteuses en termes d'avantages sociaux, etc. Mais néanmoins, qui proposent du travail de proximité, de l'accompagnement. Et on est sur des secteurs où l'âge est plutôt un atout. Maintenant, je parle pour moi. Dans les recrutements que je fais, où là, moi, je recrute des travailleurs sociaux, des gens qui ont des formations de conseillers en économie sociale et familiale, assistants sociaux. À mon petit niveau, j'ai déjà eu, chez des populations un petit peu plus jeunes, des départs et une moindre stabilité. Et en fait, moi, je me rends compte que les personnes qui ont un petit peu plus de bouteilles, au-delà de l'expérience qu'elles amènent, et puis du fait de compléter l'équipe, moi, m'amènent justement une certaine stabilité. Et moi, j'ai besoin. avec mon adjointe, d'avoir une stabilité. L'un des atouts aussi, c'est de se dire qu'aujourd'hui, quel que soit l'âge, on ne reste plus dans des postes pendant 5 ans, 10 ans. Donc ce critère qui est de dire, et là je vais élargir aux entreprises en général, je ne prends pas des gens plus âgés parce qu'ils risquent de partir très très vite, ça c'est un peu du n'importe quoi. Puisqu'en fait, quelles que soient les générations, les gens ne restent pas dans des emplois très très longtemps et a fortiori, Plus les gens sont plus jeunes, plus ils ont, et c'est tant mieux quand on parle de l'adaptabilité, des velléités d'aller peut-être voir ailleurs. Donc, en termes de stabilité, l'intergénérationnel est primordial. Et puis, cette capacité d'accueil des entreprises, c'est vrai que chacune le fait. Dans les petites équipes, ce sont les petites équipes qui le font. Il n'y a pas quelqu'un qui va le faire. C'est comme on accueille. Les gens sont copains. J'ai Fatou qui a 25 ans, j'ai Claire qui en a 55, j'ai Khalid qui en a 35. Bref, c'est un petit monde et on s'en fiche de l'âge de Boxster. On est en équipe.

  • Speaker #0

    Très bien. J'ai eu un peu ma réponse sur les entreprises. Je vais continuer à gratter un peu sur les entreprises parce que vous avez une expertise aussi qui va être intéressante sur ce sujet, le sujet des aidants, parce que ça touche généralement aussi des populations plus expérimentées. Après, on peut être aidant pour un enfant malade et avoir 35 ans. ou un conjoint, etc. Mais les danses pour les travailleurs qui ont 50 ou 60 ans, qui ont des parents qui ont 80 ou 90, ça, c'est un véritable sujet aujourd'hui qui est entre les mains des DRH et des managers aussi. Quel est le paysage aujourd'hui de les danses en France ? Est-ce que vous pouvez nous en parler un petit peu ?

  • Speaker #1

    Oui, alors sur les danses en général, c'est vrai qu'on a une proportion assez importante des plus de 50 ans qui sont en situation... Des danses, on va peut-être à 25-30%, il y a à peu près 33% des femmes entre 55 et 65 ans en moyenne qui sont en situation des danses.

  • Speaker #0

    Et on peut préciser pourquoi on dit les femmes et pas les hommes ?

  • Speaker #1

    Alors là, je le fais parce que tout simplement, c'est des statistiques. Pour celle-ci, c'est tout simplement parce qu'il y a eu un zoom dans ces statistiques que j'ai publié sur ça. Mais en tout cas, il y a à peu près presque un tiers en général.

  • Speaker #0

    Pour les femmes, un petit peu plus. Pourquoi ? Parce que plus la situation est critique, plus les femmes vont être en situation d'aidance. Aujourd'hui, en moyenne, quels que soient les âges, il y a à peu près 58% de femmes qui sont aidantes. Donc plus d'aidantes que d'aidants. Plus la situation est lourde, en proximité, plus les femmes vont jouer un rôle dans l'aidance. À la fois pour leur famille, voire pour leur belle famille. Et puis pour le conjoint, le cas échéant. Donc on n'en parle plus particulièrement. Et dans les fratries, il revient encore souvent. à la fille ou aux filles de s'occuper plus en détail, les garçons s'impliquant de plus en plus également dans les danses, mais plus sur la gestion financière. Mais tout ce qui est organisation, coordination, qui prend un temps fou, montage de dossier, c'est lourd, c'est souvent plutôt les filles qui vont s'en occuper, je vous dis, en majorité. Donc moi, j'en ai parlé effectivement dans mon livre « Entreprendre sa vie après 50 ans » parce que c'est l'un des facteurs. Quand on est plus jeune dans les entreprises, on parle beaucoup de la parentalité. Et bien là, dans les âges avancés, même si on entre en aidance de plus en plus tôt, parce qu'on peut s'occuper aussi de ses grands-parents, dans les dernières statistiques de l'OSIRP, c'était 39 ans, l'âge d'entrée dans l'aidance. Donc on a une proportion forte dans les plus de 50 ans, que ce soit plutôt pour s'occuper de ses parents, de ses beaux-parents, d'un conjoint. Donc forcément, ça rentre en ligne de compte. Avec une hospitalisation d'un parent qui était imprévue, on est au travail, on ne sait pas comment faire. Il y a plus de 200 kilomètres en général entre l'aidant et la personne aidée. Comment on fait ? On ne peut pas organiser les choses. Donc avec des questions qu'on se pose, une charge mentale extrêmement forte, des problèmes d'organisation. Et c'est là que je boucle la boucle, parce qu'en tant que directrice générale de Marguerite Service, je propose des prestations d'accompagnement et de care management. pour faciliter les choses. Et les entreprises ont un rôle à jouer parce qu'elles peuvent souscrire de prestations pour leurs collaborateurs en situation d'aidance. Quand on parle d'aidance, je me rends compte aussi dans mon constat que les gens ne vont pas se décréter aidant. Il y a une définition depuis 2015 dans le Code des familles. C'est une personne non professionnelle qui aide une autre personne. dans un certain nombre de situations, donc une autre personne qui est en perte d'autonomie du fait de l'âge, du handicap ou de la maladie. Et avec différents actes, c'est-à-dire des aides administratives, logistiques, l'accompagnement dans le montage des dossiers, l'accompagnement dans les rendez-vous médicaux et tout ce qui est coordination. Donc ça peut être l'un, l'autre ou alors une sous-traitance. Et puis le soutien émotionnel et affectif. Donc on peut être l'un, l'autre, etc. et être en situation d'aidant sans pour se dire « Ah, je suis aidant » . Et en général, c'est ce qu'on constate. Les gens se disent, moi, j'accompagne mes parents de temps en temps, mais ils ne se reconnaissent pas tant que tel. C'est pour ça qu'il y a des campagnes aussi d'identification. Et puis, dans les entreprises, il y a parfois des accords qui ont été signés.

  • Speaker #1

    Oui, des conventions qui sont hyper favorables.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Le don de RTT.

  • Speaker #0

    Exactement. Des projets. Des dons de jour. Parfois, un assouplissement du télétravail aux côtés de la personne qui est aidée. Et puis, des dispositifs d'information et de care management que je propose par ailleurs à travers l'entreprise que je dirige.

  • Speaker #1

    Vaste sujet quand même. Et on va normalement en entendre de plus en plus parler. C'est-à-dire que ça devrait être une norme aujourd'hui pour les entreprises, qu'importe leur taille, d'avoir ce volet.

  • Speaker #0

    Il faut quand même qu'elles aient conscience que quand bien même les salariés ne se déclarent pas aidants, puisqu'à peu près 25% seulement vont en parler parce qu'ils considèrent que ça relève de la sphère intime, ou alors que ça peut leur porter préjudice. en disant qu'ils vont être mis à l'écart, voire au placard. Et donc, ils ne le déclarent pas nécessairement, avec les conséquences que ça peut avoir, par exemple des absences non programmées, voire des arrêts de travail, voire des retards. Et ça joue sur l'ensemble des équipes qui peuvent être solidaires à un moment donné, mais peut-être un peu moins, si elles ont une surcharge à un moment donné, ou s'il n'y a pas des choses qui sont mises en place pour éviter cela. Et puis, en termes de nombre, aujourd'hui, on dit qu'il y aurait à peu près un salarié sur cinq qui serait aidant. Et d'ici cinq ans, on passera à un sur quatre. Donc, il ne faut pas fermer les yeux. Il faut avoir conscience de ça avec ce que ça peut générer pour une entreprise, que ce soit au niveau de la qualité de vie au travail, voire tout simplement au niveau des arrêts de travail et de la productivité. Donc l'entreprise a vraiment intérêt à s'emparer du sujet.

  • Speaker #1

    Il y a une sensibilisation nécessaire, autant auprès des RH, des RH dirigeants, que des collaborateurs eux-mêmes, qui n'ont peut-être pas conscience que ce qu'ils font de manière continue rentre dans le cadre de les danses, et qu'ils ont des outils et des aides. Aussi psychologique, parce que parfois on se sent un peu désarmé. Moi, j'ai rencontré des aidants et des aidantes qui se sentaient désarmés. C'est un paysage qui est difficile parce qu'on n'a pas accès à beaucoup d'outils ou alors il faut beaucoup chercher. Et puis, on n'est pas formé pour être assistant ou assistante sociale parfois ou pour être financier ou pour être infirmier. Parce que parfois, on fait des soins aussi pour la personne qu'on aide.

  • Speaker #0

    Oui, c'est pour ça qu'il ne faut pas hésiter à se faire aider. Et puis, même si tout cela est cool, il y a un certain nombre de prises en charge qui sont... qui sont possibles, des prises en charge par des caisses de retraite qui vont pouvoir financer ponctuellement les départements, les contrats d'assurance, donc il faut regarder, il faut regarder et clucher. C'est aussi le rôle justement du care manager d'épauler pour faire un point parce que les personnes ne savent pas. Et là, quelle que soit leur situation sociale ou autre, plus aussi la difficulté à monter des dossiers, parce qu'à chaque fois qu'il faut monter des dossiers, tout ça souvent... Par Internet, tout le monde n'est pas forcément expert dans l'utilisation de tous ces outils. Et puis sur les services à domicile, Marguerite Servis fait partie du groupe Oxylife, qui propose justement des prestations d'accompagnement physique, d'auxiliaire de vie pour les personnes en situation de handicap ou en perte d'autonomie du fait de l'âge. Et là, c'est précieux.

  • Speaker #1

    En tout cas, ce qu'on peut dire, c'est que... aux auditeurs et auditrices, vous n'êtes pas seul. Il y a plein d'outils aujourd'hui qui existent si vous êtes encore salarié, que vous entendez ce message. Il y a plein d'outils disponibles aujourd'hui, que ce soit pour sensibiliser son entreprise, si on sent qu'elle ne l'est pas encore, et pour amener justement le sujet de l'aidance dans un véritable cadre de bien-être au travail aussi. Et ça jouera pour les entreprises, parce qu'après, c'est des leviers de performance si on accompagne les...

  • Speaker #0

    C'est des leviers de performance, qualité de vie au travail, et j'ajouterais même de l'ARSE. Puisqu'en fait, on est à la fois sur la prévention, quand on fait de l'accompagnement des aidants, on joue sur la mixité pour les sujets qu'on a évoqués, et notamment par rapport à l'implication des femmes sur ces sujets. Donc l'entreprise a tout intérêt à s'emparer de ces sujets, à la fois pour sa marque employeur, pour la qualité de vie au travail et pour la réduction de l'absentéisme.

  • Speaker #1

    Tous ces beaux sujets. On arrive déjà bientôt à la fin de l'interview. C'est quoi vos rêves et vos désirs, Frédérique ?

  • Speaker #0

    Mes rêves ou mes désirs, c'est de continuer à me faire plaisir et puis faire en sorte que les personnes, quelles qu'elles soient, puissent réaliser leurs rêves et leurs projets sans avoir des injonctions ou des contraintes liées à leur appartenance sociale, à leur couleur de peau, à leur genre, à leur âge. qu'elles se perçoivent en tant que personnes et non pas des êtres rentrant dans une case.

  • Speaker #1

    On fait péter les dictates. Dernière question, le podcast s'appelle Encore, qu'est-ce que vous mettez derrière ce mot ?

  • Speaker #0

    Encore de la joie, encore du bonheur, encore du dynamisme, encore des projets, encore des rêves, quel que soit son âge.

  • Speaker #1

    Très bien, et encore du cyclisme ?

  • Speaker #0

    Eh bien oui, d'ailleurs on va y penser sur les routes pour ce week-end.

  • Speaker #1

    Merci Frédérique pour votre présence au micro d'Encore ce matin. Justement, vous avez pris des pas de côté et pas mal de prévenance sur dire je parle avec mon vécu, mon expérience, mais vous donnez quand même beaucoup d'outils à des personnes qui voudraient justement peut-être raviver une flamme ou se donner du courage ou avoir des exemples. Parce qu'on parle beaucoup aussi dans ce podcast de transmission et de rôle modèle. Certains aiment ce terme, d'autres non. Pour les auditeurs assidus, vous vous souviendrez de qui était plutôt contre ce nom. En tout cas, vous êtes dans cette posture de dire voilà. Moi, j'avance sur mon chemin. L'ambition m'accompagne depuis que je suis petite. Vous avez rapidement écrasé ces barrières qu'on essayait de vous mettre en disant « Non, mais moi, j'ai envie de mener ma vie, ma carrière comme j'ai envie. » Ça donne de l'énergie à des jeunes filles, des jeunes femmes et des femmes de toute génération justement de réentreprendre sa vie. Je pense qu'on peut garder ce titre-là sans forcément mettre l'âge. À tout moment dans notre vie, on peut réentreprendre, opérer des changements et être son acteur. On a parlé aussi des entreprises parce que je pense qu'elles ont un rôle à jouer aujourd'hui dans la société pour justement coller au plus proche des spécificités de chacun. La démographie, elle change tout le temps. On ne peut plus laisser sa vie privée en dehors de son travail. Ça fait maintenant partie de soi. On ne peut plus le laisser quand on arrive. Et donc, il faut réunir toutes ces forces pour créer un bel avenir plus inclusif et avec de la diversité, comme vous avez pu insister aussi régulièrement dans cette interview. Merci infiniment. Merci Claire. A très bientôt. Et je vais mettre en lien de l'épisode le lien vers votre livre que vous pouvez retrouver dans toutes les librairies de France.

  • Speaker #0

    N'est-ce pas ? Exactement.

  • Speaker #1

    Très bien. Merci beaucoup. Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a plu. Si c'est le cas, gratifiez-le d'un maximum d'étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée et surtout, parlez-en autour de vous. Et pour suivre les coulisses, retrouvez Encore sur Instagram. A bientôt !

Share

Embed

You may also like

Description

Dans ce hors-série d’Encore, j’ai eu le plaisir de recevoir Frédérique Cintrat.
À 59 ans, directrice générale dans le secteur du care management, autrice de plusieurs ouvrages dont Réentreprendre sa vie après 50 ans, elle incarne avec énergie et lucidité une conviction forte : l’ambition n’a pas d’âge.

Avec elle, nous avons parlé de transmission et de rôle modèle, de cette possibilité de se réinventer après 50 ans, du poids des stéréotypes sur les quinquas, mais aussi de l’importance de rester actrice de son parcours, de cultiver son énergie et ses projets.


Nous avons également évoqué un sujet encore trop peu abordé en entreprise : la place des aidants et les enjeux de qualité de vie au travail qui en découlent.


Un échange inspirant qui nous rappelle que, quel que soit l’âge, il est toujours temps de raviver une flamme, se donner du courage et réentreprendre sa vie.


Pour en savoir plus:

https://frederiquecintrat.com/

https://www.dunod.com/livres-frederique-cintrat


Bonne écoute 💫

Partagez cet épisode, et gratifiez le d'un maximum d'étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée 🤩



Production: Décembre production

Auteure: Claire Bône

Montage: Romain Pec


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hors série d'Encore, hors série, Encore. Bonjour Frédérique.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Merci d'être au micro d'Encore ce matin.

  • Speaker #1

    J'en suis ravie, merci de m'inviter.

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir. J'adore de commencer les interviews avec ce sourire qui s'entend. Comme la météo dehors, on va le dire, ça fait plaisir d'avoir un peu de soleil, un peu de vitamine D qui arrive.

  • Speaker #1

    Il fait beau, voilà, nous sommes de nouveau heureux, heureuses, gais,

  • Speaker #0

    ravies. Voilà, bon, il faut cette belle énergie en ce moment. Frédérique, vous êtes au micro pour un hors série. Je n'ai pas envie de mettre d'étiquette à ça hors série, parce que quelques mots clés quand même pour l'accompagner. On va parler d'ambition, on va parler d'entreprendre, on va parler de féminin, on va parler de plein de choses. Et on va surtout parler, je pense, de cette énergie qui vous anime et que vous allez transmettre aux auditeurs, auditrices. Ça vous fait beaucoup de pression, mais comme ça, je vous en donne un peu.

  • Speaker #1

    Oui, alors heureusement que le temps était au beau fixe pour me redonner cette énergie avec cette vitamine D.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots avant qu'on attaque sur les sujets du jour pour que les auditeurs et auditrices puissent savoir qui est derrière le micro ce matin ?

  • Speaker #1

    Alors moi je m'appelle Frédérique Sintra puisque nous sommes sur le podcast Encore, je vais parler de mon âge. Je vais avoir 59 ans dans une semaine. Je suis mère de deux adultes, deux grands garçons qui ont bientôt 32 et bientôt 30 ans. Et concernant mon activité professionnelle, on va dire que je suis slasheuse. Puisque à 80% de mon temps, je suis directrice générale d'une structure de care management qui s'occupe de la coordination d'autonomie pour les aidants et les personnes fragilisées du fait du handicap ou de l'âge. Entreprise que j'ai rejoint à l'âge de 57 ans, puisque j'ai moi-même réentrepris ma vie professionnelle après 10 ans en tant qu'entrepreneur et avant 27 ans de salariat. dans l'univers de l'assurance et de l'assistance, où j'ai occupé différents postes à responsabilité dans le domaine commercial, marketing. Et puis, parallèlement à cela, j'ai écrit quelques ouvrages, notamment « Comment l'ambition vient aux filles » en 2014, dans le 2018 « Comment vient l'ambition » . En 2023, j'ai publié aux éditions Duneau « Réentreprendre sa vie » après 50 ans. Et je suis amenée à accompagner des personnes, particulièrement des femmes. soit en milieu de carrière, soit des plus jeunes qui se posent des questions sur leur carrière ou en tout cas qui veulent assumer leurs ambitions ou tout simplement faire un pas de côté et puis réentreprendre leur vie d'une autre manière. Et puis parallèlement à cela, puisqu'on parle d'énergie, j'aime beaucoup le sport. Donc je suis moi-même adepte d'un certain nombre d'entre eux. Et notamment, je m'arrange pour que dans ma vie pro et perso, il y ait toujours ce temps. pour l'exercice physique. Je viens du monde de l'assurance, la prévention, ça me connaît un petit peu, mais il y a également toute la notion de plaisir. Je fais du vélo, un petit peu de cyclisme, puisque le week-end, je parcours...

  • Speaker #0

    On fait une différence entre vélo et cyclisme ? C'est professionnel, quoi !

  • Speaker #1

    Le vélo, j'en ai fait pendant toute ma vie, du vélo pour aller d'un point A à un point B, pour me déplacer, et pour le loisir. Là, je le fais toujours pour le loisir, mais d'une façon un petit peu plus intense, avec... Avec un vélo beaucoup plus adapté, un vélo de route. Et puis, sur un nombre de kilomètres plus important. Et puis parallèlement, je fais un peu d'entretien, de Zumba, de danse.

  • Speaker #0

    Ok, voilà. Donc je vous avais dit que ce serait un épisode avec beaucoup de dynamisme et c'est le cas. Vous avez parlé d'un mot, en tout cas, qui est pas mal revenu dans votre présentation, c'est le mot ambition. J'aimerais bien qu'on revienne sur cette genèse. Qu'est-ce qui fait qu'à l'aube de vos 60 ans bientôt, ce soit quelque chose qui soit encore super présent dans votre vie ? On va faire un petit clin d'œil, vous l'avez mis dans votre biographie, mais j'ai envie qu'on revienne dessus. Dans votre adolescence, vous avez participé à un plateau télé, aux côtés d'Elisabeth Badinter. Est-ce que vous pouvez nous parler un petit peu, parce que j'ai l'impression que c'est une des premières briques de ce sujet ?

  • Speaker #1

    C'est vrai, c'est vrai. Moi, j'ai été élevée à la campagne. Je suis une petite fille qui aimait bien la nature, mais qui était élevée plutôt comme un petit enfant, qui faisait des choses traditionnellement de filles. garçons, quand on est à la campagne, on est en short, on est en robe, et je m'appelle Frédérique. En fait, je n'ai pas eu une éducation qui était particulièrement marquée ou stéréotypée avec des petites chaussures vernis et des petites robes en permanence qui m'empêchaient de me voir. Et puis, je n'avais pas eu, à titre d'exemple, ma mère refusait à ce qu'on m'offre en cadeau des petits objets traditionnellement féminins ou liés à la vie domestique. Et pour autant, je jouais à la poupée, j'avais mis mes petits tracteurs, etc. Et puis, il n'y avait pas de sujet de genre. En tout cas, j'étais une petite fille de la campagne qui s'appelait Frédérique. Et en fait, il se trouve que j'ai eu mon bac C à l'âge de 16 ans, parce que j'étais la seule de ma tranche d'âge dans mon village. Ce qui fait que je n'ai pas sauté de classe, mais j'étais dans des classes multiniveaux. Et puis quand j'étais en classe prépa HEC, à l'âge de 17 ans, il y a un des garçons qui m'a dit « Oh, dis donc les filles, vous nous prenez les places au concours » . Et en fait, qui me renvoyait presque pour la première fois le fait que parce que j'étais une fille, je ne pouvais pas nécessairement faire les mêmes choses. Je n'en avais jamais réellement pris conscience de ça. Et en fait, à la veille de passer quelques concours d'école de commerce, je ne sais pas pourquoi, la télé ne me subit pas un après-midi, il y avait des appels à témoins. C'est une émission qui s'appelait, pour les auditeurs et auditrices les plus âgés, ils se souviendront d'Aujourd'hui Madame, Aujourd'hui la vie, cette émission qui passait l'après-midi, et qui cherchait des personnes pour témoigner sur une thématique qui s'appelait « Comment l'ambition vient aux filles » . Alors là, je n'ai rien dit à personne, j'ai pris ma plume et j'ai écrit. « Ouais, il n'y a pas de raison, talala » . Et donc, j'ai eu la surprise. d'avoir un appel de la production en me disant que j'avais été sélectionnée pour représenter la jeune génération en 1983 aux côtés d'Elisabeth Badinter et de François Giraud. Et donc j'ai enregistré cette émission, j'ai témoigné, et puis j'ai fait ma carrière dans l'univers de l'assurance, comme je le précisais, et j'ai commencé à m'intéresser au sujet de la mixité, et notamment des femmes dans les postes à responsabilité. Parce que plus je montais dans la hiérarchie, plus je constatais qu'on était peu nombreuses. Et puis aussi dans les prises de parole, dans les tables rondes. Et là, c'était l'émergence de ce qu'on appelle des réseaux dits féminins. Maintenant, plutôt m'exciter. Et donc, je me suis investie dans ce sujet. Je trouvais qu'on parlait beaucoup du plafond de verre. Mais finalement, assez peu de l'agnac, de l'envie. Et j'ai cherché sur Internet Ambition. Et là, je suis tombée, en fait. Sur les archives de l'INA, l'INA venait de republier, quelques mois auparavant, une émission où on disait « Comment l'ambition vient aux filles ? » Mademoiselle Sintra témoigne. Je me dis « Mais c'est moi ! » Vous n'aviez jamais revu la vidéo ? Non, je n'avais jamais revu. Et donc j'ai envoyé mes 10 euros pour récupérer le DVD. Je me suis redécouverte à 17 ans. Et là, moi qui n'avais écrit, à titre professionnel, que des... des plaquettes, des appels d'offres, éventuellement des poèmes aux anniversaires. Je me suis dit, j'écris un bouquin.

  • Speaker #0

    C'est génial. Mais l'alignement des planètes.

  • Speaker #1

    Et puis, il se trouve que cette même année, je travaillais dans une grande société d'assurance qui a décidé de présenter ma candidature à des trophées qu'organisait un magazine qui s'appelle l'Argus de l'assurance. Et il me présentait au prix de la femme commerciale de l'année. Et il se trouve que cette année-là, donc en 2013, J'ai eu la chance d'être élue par les professionnels la femme commerciale de l'année. Bravo ! Et puis par les internautes, parce que j'avais commencé à comprendre le fonctionnement des réseaux en général, des réseaux sociaux qui...

  • Speaker #0

    Vous avez fait un peu le buzz avant.

  • Speaker #1

    J'ai fait un peu le buzz. Et les internautes m'ont donc élue la femme de l'année dans la science. C'est génial ! Et donc, rapport à mon livre que j'avais écrit, en fait, il y avait du storytelling, comme on dit. Il y avait une résonance aussi avec ça. En 1983, je participais à cette émission. Et puis, en 2013, je n'étais pas la grande patronne, mais néanmoins, j'avais eu le prix de la femme commerciale de l'aide aux assurances 30 ans après. C'était le clin d'œil. Et ça, probablement que ça a accéléré le fait que je puisse publier ce livre.

  • Speaker #0

    C'est des belles années, les années qui finissent en 3. Qu'est-ce qui s'est passé en 2023 ? Est-ce qu'il y a eu publié ?

  • Speaker #1

    Ben voilà.

  • Speaker #0

    Donc, il y a un numéro.

  • Speaker #1

    C'est vrai, c'est vrai. J'ai publié l'autre. Tout à fait, je n'avais jamais remarqué. Et c'est en 2023. Donc j'ai publié en janvier « Réentreprendre sa vie après 50 ans » et en avril, alors que je me promenais dans la rue, et je revois quelqu'un que j'avais croisé dans ma vie professionnelle il y a une quinzaine d'années. On se connaît, etc. Moi à l'époque, j'étais entrepreneur, je proposais des prestations de conseil, d'expertise sur ce qu'on appelle la silver economy. Et voilà, il faut que je vienne vous prospecter, femme commerciale, évidemment je pensais au développement. Et puis il m'a rappelé. Assez rapidement, il m'a dit en fait je viens de racheter une start-up qui justement s'intéresse à la thématique des aidants, des personnes fragilisées. Le fondateur a décidé de faire autre chose. Et j'aimerais vous confier la direction générale de cette entité.

  • Speaker #0

    Donc ça,

  • Speaker #1

    c'était en 2023 ? C'était en 57. Je n'ai rien envoyé du tout. Moi, je proposais des missions. Et finalement, c'était l'époque où je me disais que retourner dans l'entreprise pour retrouver un lien social que j'avais beaucoup moins en entrepreneuriat quasi solo, ça répondait à mes aspirations. Mais par contre, ce que j'ai négocié, parce que je venais de publier le livre, c'est de garder quand même. Ce 20% de temps, soit pour participer à des événements où je pouvais témoigner, où justement on parle de l'impact, éventuellement de l'impact avec des prises de parole, pour faire agir des personnes qui avaient la gentillesse de m'entendre ou de m'écouter, soit pour faire un peu d'accompagnement, comme je le disais, en tout cas pour manager mon temps comme je l'entendais.

  • Speaker #0

    Parce que ce qui revient aussi beaucoup, que ce soit dans l'écriture de vos livres, le processus pour les écrire, On sent que vous êtes aussi une femme d'action. Vous avez une idée, vous la mettez tout de suite en place. Il n'y a pas des temps de maturation hyper longs. Après, je ne connais pas vos processus d'écriture, mais on sent que vous êtes une femme qui se met rapidement en action. Là, vous parlez aussi pas mal des quinquas et de l'invisibilité. C'est assez revenu dans vos prises de parole aussi. J'aimerais bien qu'on revienne dessus. Vous en pensez quoi, justement, quand on est quinquas ? En France, dans les entreprises, c'est quoi le paysage, si vous pouvez nous le dresser ?

  • Speaker #1

    Alors moi, justement... Je ne parle pas nécessairement de l'invisibilité, parce que des quinquas en particulier, des femmes quinquas, c'est plutôt comment on se ressent. Moi, je suis dedans. Je ne suis pas l'experte qui observe, je suis dedans. Il y a ce que je vis et il y a les personnes qui m'entourent. Donc, moi, je suis de la génération 66, la génération Sophie Marceau, la génération de la boum. Je n'ai pas du tout la prétention, d'ailleurs le bémol, de représenter toutes les femmes, puisque un certain nombre d'auditrices peuvent entendre « Oui, mais nous, on n'est pas comme ça, etc. » Là, je parle vraiment, moi, avec mon témoignage, mon vécu, et puis des personnes qui m'entourent et que je connais. Bien évidemment, ce ne sont pas toutes les quinquas, ce ne sont pas toutes les femmes, c'est une partie, et je prends des précautions par rapport à ce que je dis. On fait partie, pour mes copines, des femmes qui avons suivi des études supérieures. C'est la première génération où il y a eu une cohorte importante. Parce qu'en fait, les grandes écoles, elles se sont ouvertes aux filles. Donc, nous, nées en 1966, on fait partie de ces premières femmes qui étions dans les promos. Je ne vais pas dire quasiment au même titre que les garçons, en tout cas, avec des promotions assez mixtes. Donc, a priori, avions des prétentions pour notre carrière professionnelle à peu près similaires, sans en avoir complètement les contours à ce moment-là. Mais néanmoins, voilà. pouvaient courir sur le même terrain. Et puis, il y a eu la vie qui a fait. Certaines ont des enfants, des familles, des choix, etc. En tout cas, ce que je constate, c'est que la bonne majorité d'entre elles se disent justement quand les enfants sont grands. Ça peut dire avant ou après. Je vais prendre des précautions. Mais en tout cas, quand ils quittent le nid, et souvent, quand on n'est qu'un cas, On se dit, ah mais j'en ai sous le pied. C'est aussi le moment où on se dit, encore plus qu'avant, je vais avoir du temps pour aller faire du networking, je vais avoir du temps pour changer de job, etc. Et puis à ce moment-là, pour un certain nombre d'entre elles, on leur dit, ah ouais, mais t'es plus si jeune. Et là,

  • Speaker #0

    c'est la douche froide.

  • Speaker #1

    Et donc, j'ai vu récemment sur les réseaux sociaux quelqu'un qui disait, c'est jamais la bonne période, c'est toi trop jeune. Soit attention, il y a les familles, soit après, trop vieille. Donc après, il faut trouver la fenêtre de tir. Et là, en fait, les quinquains en particulier, en tout cas celles que je connais, me disent, moi, j'en ai sous le pied. J'ai envie de faire des choses. J'ai envie de réaliser des choses. Et quand je parle d'ambition, pour l'ambition, il y a deux définitions. Soit c'est le fait de vouloir être plus, mieux, etc. Soit c'est le fait de réaliser des projets. Alors, on peut être plus, mieux par rapport à soi-même. L'ambitieux ne veut pas forcément dire. Et heureusement. celui qui fait au détriment d'autrui. Il peut aussi entraîner. C'est important. Il y a une idée de mouvement d'entrée, c'est-à-dire que je vise quelque chose. Et pour moi, d'ailleurs, dans l'émission que j'ai regardée, je revois, moi, si j'ai envie de faire des choses, peut-être que je ne réussirai pas, mais je veux tester. En fait, je ne veux pas qu'on me bride sur ce que j'ai envie de faire et sur les projets que j'ai envie de suivre. Ça ne veut pas forcément dire que je veux être la numéro un d'une grosse société. Voilà. Mais en tout cas, il y a la notion de projet, d'envie. et puis de mener à bien un projet sans entrave, en tout cas en les minimisant.

  • Speaker #0

    Justement, votre livre que vous avez écrit il y a deux ans maintenant, vous l'avez écrit... Quelle raison et à destination de quel public ?

  • Speaker #1

    Alors, je l'ai écrit parce que je trouvais qu'il y avait justement une distorsion entre l'image qu'ont en général se faisaient des quinquas et des femmes quinquas, de la propre image qu'elles se faisaient. Oui, l'auto-agir, parfois agir. Et puis, après, de se dire, ça y est, je suis passée du côté sombre. Alors que, pour moi, non. Et du merci. Alors, il y a des choses, on ne va pas le nier, il y a des modifications biologiques. C'est comment on les gère, comment on fait.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, c'est un chapitre dans le livre. Vous parlez quasiment au début des mutations et des évolutions imparables.

  • Speaker #1

    Qu'on ne vit pas de la même façon. On va appeler le mot la ménopause. Certaines vont le vivre d'une façon plutôt libératrice et d'autres en se disant, mince, je perds ma fonction reproductrice. Donc, du coup, c'est quelque chose qui...

  • Speaker #0

    C'est un passage.

  • Speaker #1

    Qui part avec, justement, des sentiments très différents en fonction de l'histoire. Voilà, moi je l'ai abordé justement en interviewant des experts, et notamment Claire Mounier-Veillé, sous l'angle des maladies cardiovasculaires, Valérie Orsoni sur l'angle du sport, qu'est-ce qu'on doit faire, Nathalie Hutter-Lardot sur la nutrition, parce qu'il y a des changements, c'est comment on fait, on doit s'adapter, on le vit plus ou moins bien, aussi dans son corps, on a des transformations ou non, on a des symptômes ou non. Comment on gère ce passage ? Non pas de façon générale, mais justement, si on a envie de continuer à être actif dans sa vie, etc. Donc voilà, on peut aménager sa vie, voire continuer ce qu'on faisait. Et puis voilà, et puis après, il y a d'autres phénomènes dans la vie qui peuvent arriver. Donc le départ des enfants, c'est pareil. Comment on le vit quand on a des enfants ? Bien sûr. Il peut y avoir, on ne va pas nier non plus, des séparations, des nouvelles vies. Parce que justement, il y a aussi un autre regard sur sa vie. Et aussi, il y a la prise de conscience qu'on en est, je ne vais pas dire à la moitié, mais aujourd'hui, compte tenu de l'espérance de vie et en bonne santé, grâce au progrès de la médecine et puis l'hygiène de vie et tout ce qu'on fait, fait qu'en fait, quelqu'un qui avait 50 ans il y a 100 ans, n'a plus rien à voir avec quelqu'un qui a 50 ans aujourd'hui. On parle d'énergie dans son énergie, dans son corps, dans ses envies, voire dans son apparence. Je parle aussi, d'ailleurs, dans les conférences, des différences d'âge entre l'âge social, c'est-à-dire l'âge qu'on nous donne, et puis l'âge perçu. En général, les personnes disent toujours qu'elles ont... dix ans de moins dans leur tête. Et quand elles voient des gens de leur âge, elles disent « Oh là là, mais ça, c'est un vieux. » Mais quelles que soient les générations, et plus on avance en âge, plus c'est le cas. Ensuite, l'âge social, parce qu'il y a des représentations. Donc, en fait, il y a des gens qui vont me dire « Ah là là, tu ne fais pas ton âge. » Pourquoi ? Parce que dans leur tête, ils ont l'image de ce qu'est une femme de 59 ans. Alors que moi, j'ai beaucoup de personnes qui m'entourent qui, pour moi, sont comme moi. C'est parce que les choses ont changé, les apparences ont changé Et donc, il y a une perception, il y a des stéréotypes. Moi, je suis toujours curieuse, quand je vais dans des événements, il y a la silver economy et on parle des seniors de plus de 55 ans. Et l'image qu'il illustre, ça va être une vieille dame bouclée qui a sa canne et qui a plus l'âge de nos parents, parce qu'on est des générations qui avons encore, pour un certain nombre d'entre nous, nos parents. Donc, en fait, même quelqu'un qui a avancé en âge ne se considère plus. Comme le vieux ou la vieille d'avant. Parce qu'il y a un dynamisme. Et on a des exemples de personnes de 80, 90 ans. On a des acteurs qui, à plus de 90 ans, sont encore sur scène et ont encore l'esprit extrêmement vif. L'âge est plus quelque chose qu'on vit. Alors bien sûr, il y a des modifications, il y a tout ça. Mais on n'a pas la même perception. de son propre âge, de son propre vécu. Et maintenant, c'est plutôt des conditions de vie. Comment je fais ? Qu'est-ce que j'ai envie de faire ? Oui, je suis un peu plus âgée. Et alors ? C'est pas un sujet.

  • Speaker #0

    Donc finalement, ce livre, il est à mettre entre les mains de personnes qui auraient quoi ? Peur de changer de vie, changer de... Parce que, de ce que je comprends aussi, il y a des grandes mutations pour les femmes, précisément, qui nous attendent dans la cinquantaine. Ou pas, peut-être qu'il y a des femmes qui ne vont pas rencontrer ces grandes mutations. Il y a un point intéressant, j'aimerais bien revenir sur la notion de travail. Parce qu'il y a des femmes qui semblent se réveiller parfois trop tard pour se dire « mince, il y a la réalité de ce que j'ai envie, je pète le feu et j'ai envie d'avoir des projets, pourquoi pas changer d'autre job ? » Et la réalité qui fait qu'aujourd'hui, on met plus souvent sur le carreau des gens qui approchent les 50 ans pour des raisons purement économiques. Le chômage, les plus de 55 ans, est très fort, c'est une tranche qui est très touchée par le chômage aujourd'hui, donc il y a cette dichotomie. Comment on fait justement ? Est-ce que vous donnez des clés ?

  • Speaker #1

    Oui, alors pour continuer, c'est vrai que j'ai répondu de façon partielle à la question sur la cible. Je veux revenir dessus. Sur la cible, parce qu'effectivement, déjà, c'est de façon générale, c'est pour donner une autre image. Mais il est évident que vu le titre « Réentreprendre sa vie après 50 ans parce que l'ambition des femmes n'a pas d'âge » , qui va dans une librairie prendre davantage ce livre, c'est-à-dire les femmes qui ont plus de 50 ans et qui ont envie ou qui se posent des questions. mais réentreprendre sa vie. Après 50 ans, ça ne veut pas vouloir dire tout changer et changer de job, déjà.

  • Speaker #0

    Et pourquoi le réentreprendre ? C'est quoi le ré ?

  • Speaker #1

    Parce qu'en fait, on peut dire qu'on a entrepris et qu'effectivement, il y a ce mouvement où on se pose particulièrement des questions. Avant, on parlait de la crise de la quarantaine, qui était le moment où on pouvait refaire un point sur sa vie. Moi, je trouve que sur les 50 ans, compte tenu des marqueurs, et notamment pour les femmes, compte tenu des marqueurs, et la prise de conscience. Alors, est-ce que c'est la déclaration ? de Yann Moix il y a quelques années qui a fait un marqueur sur les 50 ans, etc. En tout cas, il y a un déclic. Il y a quelque chose, je trouve, en tout cas, quand on passe les 50 ans, dans l'esprit des personnes et des femmes en particulier. Je ne vais pas dire une alerte, mais en tout cas, j'ai les 50 ans. Donc, c'est comme si c'était vraiment une phase dans la vie. D'ailleurs, après, on peut se dire, non, c'est ni plus ni moins. La veille, j'avais quelques mois de vent. Il ne s'est rien passé. Mais c'est comme si, soudain, il se passait quelque chose. Donc, voilà, c'est aussi pour dire que c'est le moment où... C'est plutôt une opportunité parce qu'elles ont de l'énergie, elles ont des envies, elles ont des expériences, parfois des compétences qui ont été obsolètes. Par contre, il ne faut pas attendre 50 ans. C'est là que j'ai mon autre cible qui est beaucoup plus diffuse. En tout cas, ce sont les plus jeunes femmes parce qu'une carrière, un équilibre de santé, etc. se prépare. C'est ce qu'on appelle pour la prévention, c'est plutôt la prévention. Primaire, on n'attend pas d'avoir des petits sujets pour s'en occuper. Donc c'est tout au long de la vie. Et une carrière également se prépare. Pareil, je fais toujours des précautions, je ne vais pas généraliser. Mais quel que soit son âge, une personne qui a montré dans sa vie professionnelle qu'elle pouvait changer, qu'elle pouvait s'adapter, qu'elle pouvait... Qu'elle ait 50 ans, 53 ans ou 45 ans, ça ne va pas changer grand-chose parce qu'elle a montré... qu'elle était capable de s'adapter à toute situation. C'est un peu plus compliqué pour quelqu'un qui a eu la chance, alors est-ce qu'on va dire la chance, mais plutôt la chance, d'avoir une carrière longue dans une entreprise, d'avoir à peu près toujours le même poste, la sécurité de l'emploi, avec formation interne, etc., qui a toujours travaillé là, et qui soudain, pour des raisons... Divers, ça peut être une fermeture d'entreprise, ça peut être justement un licenciement pour personnel ou autre. Effectivement, vous parliez du chômage du long durée de 50 ans, il est encore plus marqué sur les 55 ans et plus. Donc là, effectivement, c'est sensible. Et là, sur le basse-seint de l'emploi, il est quand même assez réduit. C'est à la fois des formations complémentaires, c'est peut-être redevenir un débutant. C'est peut-être très naïf et invoquieux de se dire qu'on est capable de réapprendre, etc. Mais c'est sûr que là, ça devient très compliqué. Ou alors il faut déménager ou autre, ou s'adapter, voire créer son job si tant est qu'on a cette capacité, parce que ce n'est pas donné à tout le monde non plus. Donc là, je n'ai pas de recette miracle.

  • Speaker #0

    Parce qu'on parle beaucoup, et à travers votre regard, votre expertise, les livres que vous avez écrits, l'ambition, elle est intrinsèque. C'est-à-dire qu'on va les chercher en nous. et peut-être aussi des éléments externes, mais pour se mettre en mouvement et aller chercher un projet, avoir l'ambition de réussir quelque chose ou d'aller le chercher. Parfois, on n'a pas cette énergie en soi et parfois le terrain et l'écosystème ne l'est pas. Parce qu'aujourd'hui, les entreprises, et j'aimerais bien avoir votre avis dessus, parce que vous êtes dirigeante, comment aujourd'hui les entreprises, tout type d'activités confondues, toutes tailles confondues, peuvent justement accompagner ce changement nécessaire dans l'intégration des profils qui ont eu... une sortie de route, un pépin de parcours autour de 55 ans et qui se retrouve dans des difficultés. Et la même chose, on pourrait évoquer aussi la difficulté pour les jeunes de trouver des jobs. Mais là, j'ai envie qu'on fasse un zoom quand même sur l'accueil des profils plus seniors expérimentés des entreprises dans le recrutement général et dans l'accueil.

  • Speaker #1

    Pour vous répondre, d'abord reprendre aussi le fait de se dire qu'on est aussi acteur. Donc avant même de penser aux entreprises, c'est soi-même. Je vais vous donner un exemple, pas plus tard qu'hier après-midi. J'échangeais avec une de mes amies qui avait un poste à responsabilité, qui s'est trouvée au chômage, qui a eu différents accidents de parcours, qui à chaque fois a rebondi. Et là, elle s'est dit, c'est compliqué parce qu'elle avait 59 ans. Elle s'est dit, oh là là. jamais je ne vais retrouver. Et donc, elle a passé différents entretiens avec des chasseurs de tête et elle préparait en fait toute son argumentation pour dire en quoi c'est bien finalement d'avoir un profil de 59 ans, etc. Et en fait, elle préparait parce qu'elle-même, elle se disait que c'était un homme. Donc, elle se mettait dans la peau de quelqu'un qui, lors des entretiens, devait s'excuser d'avoir 59 ans en disant déjà, un, j'arrive à avoir l'entretien, ouf, mais parce qu'elle savait aussi que certains, on ne va pas le nier non plus, des chasseurs de tête, ne voulait pas présenter sa candidature parce qu'elle allait être trop âgée. Donc, elle savait que parfois, ça arrivait. Donc, systématiquement, elle préparait son argumentaire. Jusqu'à ce que quelqu'un lui ait dit, mais arrête ! Tu es qui ? Quelles sont tes compétences ? Est-ce qu'elles correspondent ? On s'en fout des trucs que tu as faits peut-être à tel moment. Ça ne nous intéresse pas. Mais par contre, dans ton parcours, il y a ça, ça qui nous intéresse. C'est ça qui nous intéresse. Et c'est toi et c'est ta personnalité. Tes compétences. Et à partir de là... Voilà, elle n'a plus cherché à se justifier, comme si en fait elle s'automutilait.

  • Speaker #0

    Mais justement, est-ce que ce n'est pas parce que là, on a beaucoup évoqué justement les outils que vous donnez à des gens qui vont avoir vos livres entre les mains, qui vont assister à vos conférences, qui vont faire des flashs accompagnement avec vous. C'est justement que vous les aidez eux. Comment aujourd'hui, parce que pour que ça marche pour les individus, il faut que ça marche aussi pour les entreprises. Il y a aussi des petits changements à opérer, sinon on ne parlerait pas d'agisme dans le travail. On n'aurait pas de soucis là. Comment justement les entreprises aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, alors là, moi, justement, je ne suis pas l'experte du sujet de toutes les entreprises. En revanche, je connais le secteur des services à la personne, puisque je grenouille dans cet univers-là. Et dans celui-ci, on a plutôt des pénuries de personnel. Donc, à partir de là, on se moque de l'âge, de la couleur de peau, de la morphologie. On va avoir éventuellement des handicaps, etc. parce que En fait, il y a besoin d'avoir des compétences pour des postes. Ce ne sont pas nécessairement les entreprises les plus fasteuses en termes d'avantages sociaux, etc. Mais néanmoins, qui proposent du travail de proximité, de l'accompagnement. Et on est sur des secteurs où l'âge est plutôt un atout. Maintenant, je parle pour moi. Dans les recrutements que je fais, où là, moi, je recrute des travailleurs sociaux, des gens qui ont des formations de conseillers en économie sociale et familiale, assistants sociaux. À mon petit niveau, j'ai déjà eu, chez des populations un petit peu plus jeunes, des départs et une moindre stabilité. Et en fait, moi, je me rends compte que les personnes qui ont un petit peu plus de bouteilles, au-delà de l'expérience qu'elles amènent, et puis du fait de compléter l'équipe, moi, m'amènent justement une certaine stabilité. Et moi, j'ai besoin. avec mon adjointe, d'avoir une stabilité. L'un des atouts aussi, c'est de se dire qu'aujourd'hui, quel que soit l'âge, on ne reste plus dans des postes pendant 5 ans, 10 ans. Donc ce critère qui est de dire, et là je vais élargir aux entreprises en général, je ne prends pas des gens plus âgés parce qu'ils risquent de partir très très vite, ça c'est un peu du n'importe quoi. Puisqu'en fait, quelles que soient les générations, les gens ne restent pas dans des emplois très très longtemps et a fortiori, Plus les gens sont plus jeunes, plus ils ont, et c'est tant mieux quand on parle de l'adaptabilité, des velléités d'aller peut-être voir ailleurs. Donc, en termes de stabilité, l'intergénérationnel est primordial. Et puis, cette capacité d'accueil des entreprises, c'est vrai que chacune le fait. Dans les petites équipes, ce sont les petites équipes qui le font. Il n'y a pas quelqu'un qui va le faire. C'est comme on accueille. Les gens sont copains. J'ai Fatou qui a 25 ans, j'ai Claire qui en a 55, j'ai Khalid qui en a 35. Bref, c'est un petit monde et on s'en fiche de l'âge de Boxster. On est en équipe.

  • Speaker #0

    Très bien. J'ai eu un peu ma réponse sur les entreprises. Je vais continuer à gratter un peu sur les entreprises parce que vous avez une expertise aussi qui va être intéressante sur ce sujet, le sujet des aidants, parce que ça touche généralement aussi des populations plus expérimentées. Après, on peut être aidant pour un enfant malade et avoir 35 ans. ou un conjoint, etc. Mais les danses pour les travailleurs qui ont 50 ou 60 ans, qui ont des parents qui ont 80 ou 90, ça, c'est un véritable sujet aujourd'hui qui est entre les mains des DRH et des managers aussi. Quel est le paysage aujourd'hui de les danses en France ? Est-ce que vous pouvez nous en parler un petit peu ?

  • Speaker #1

    Oui, alors sur les danses en général, c'est vrai qu'on a une proportion assez importante des plus de 50 ans qui sont en situation... Des danses, on va peut-être à 25-30%, il y a à peu près 33% des femmes entre 55 et 65 ans en moyenne qui sont en situation des danses.

  • Speaker #0

    Et on peut préciser pourquoi on dit les femmes et pas les hommes ?

  • Speaker #1

    Alors là, je le fais parce que tout simplement, c'est des statistiques. Pour celle-ci, c'est tout simplement parce qu'il y a eu un zoom dans ces statistiques que j'ai publié sur ça. Mais en tout cas, il y a à peu près presque un tiers en général.

  • Speaker #0

    Pour les femmes, un petit peu plus. Pourquoi ? Parce que plus la situation est critique, plus les femmes vont être en situation d'aidance. Aujourd'hui, en moyenne, quels que soient les âges, il y a à peu près 58% de femmes qui sont aidantes. Donc plus d'aidantes que d'aidants. Plus la situation est lourde, en proximité, plus les femmes vont jouer un rôle dans l'aidance. À la fois pour leur famille, voire pour leur belle famille. Et puis pour le conjoint, le cas échéant. Donc on n'en parle plus particulièrement. Et dans les fratries, il revient encore souvent. à la fille ou aux filles de s'occuper plus en détail, les garçons s'impliquant de plus en plus également dans les danses, mais plus sur la gestion financière. Mais tout ce qui est organisation, coordination, qui prend un temps fou, montage de dossier, c'est lourd, c'est souvent plutôt les filles qui vont s'en occuper, je vous dis, en majorité. Donc moi, j'en ai parlé effectivement dans mon livre « Entreprendre sa vie après 50 ans » parce que c'est l'un des facteurs. Quand on est plus jeune dans les entreprises, on parle beaucoup de la parentalité. Et bien là, dans les âges avancés, même si on entre en aidance de plus en plus tôt, parce qu'on peut s'occuper aussi de ses grands-parents, dans les dernières statistiques de l'OSIRP, c'était 39 ans, l'âge d'entrée dans l'aidance. Donc on a une proportion forte dans les plus de 50 ans, que ce soit plutôt pour s'occuper de ses parents, de ses beaux-parents, d'un conjoint. Donc forcément, ça rentre en ligne de compte. Avec une hospitalisation d'un parent qui était imprévue, on est au travail, on ne sait pas comment faire. Il y a plus de 200 kilomètres en général entre l'aidant et la personne aidée. Comment on fait ? On ne peut pas organiser les choses. Donc avec des questions qu'on se pose, une charge mentale extrêmement forte, des problèmes d'organisation. Et c'est là que je boucle la boucle, parce qu'en tant que directrice générale de Marguerite Service, je propose des prestations d'accompagnement et de care management. pour faciliter les choses. Et les entreprises ont un rôle à jouer parce qu'elles peuvent souscrire de prestations pour leurs collaborateurs en situation d'aidance. Quand on parle d'aidance, je me rends compte aussi dans mon constat que les gens ne vont pas se décréter aidant. Il y a une définition depuis 2015 dans le Code des familles. C'est une personne non professionnelle qui aide une autre personne. dans un certain nombre de situations, donc une autre personne qui est en perte d'autonomie du fait de l'âge, du handicap ou de la maladie. Et avec différents actes, c'est-à-dire des aides administratives, logistiques, l'accompagnement dans le montage des dossiers, l'accompagnement dans les rendez-vous médicaux et tout ce qui est coordination. Donc ça peut être l'un, l'autre ou alors une sous-traitance. Et puis le soutien émotionnel et affectif. Donc on peut être l'un, l'autre, etc. et être en situation d'aidant sans pour se dire « Ah, je suis aidant » . Et en général, c'est ce qu'on constate. Les gens se disent, moi, j'accompagne mes parents de temps en temps, mais ils ne se reconnaissent pas tant que tel. C'est pour ça qu'il y a des campagnes aussi d'identification. Et puis, dans les entreprises, il y a parfois des accords qui ont été signés.

  • Speaker #1

    Oui, des conventions qui sont hyper favorables.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Le don de RTT.

  • Speaker #0

    Exactement. Des projets. Des dons de jour. Parfois, un assouplissement du télétravail aux côtés de la personne qui est aidée. Et puis, des dispositifs d'information et de care management que je propose par ailleurs à travers l'entreprise que je dirige.

  • Speaker #1

    Vaste sujet quand même. Et on va normalement en entendre de plus en plus parler. C'est-à-dire que ça devrait être une norme aujourd'hui pour les entreprises, qu'importe leur taille, d'avoir ce volet.

  • Speaker #0

    Il faut quand même qu'elles aient conscience que quand bien même les salariés ne se déclarent pas aidants, puisqu'à peu près 25% seulement vont en parler parce qu'ils considèrent que ça relève de la sphère intime, ou alors que ça peut leur porter préjudice. en disant qu'ils vont être mis à l'écart, voire au placard. Et donc, ils ne le déclarent pas nécessairement, avec les conséquences que ça peut avoir, par exemple des absences non programmées, voire des arrêts de travail, voire des retards. Et ça joue sur l'ensemble des équipes qui peuvent être solidaires à un moment donné, mais peut-être un peu moins, si elles ont une surcharge à un moment donné, ou s'il n'y a pas des choses qui sont mises en place pour éviter cela. Et puis, en termes de nombre, aujourd'hui, on dit qu'il y aurait à peu près un salarié sur cinq qui serait aidant. Et d'ici cinq ans, on passera à un sur quatre. Donc, il ne faut pas fermer les yeux. Il faut avoir conscience de ça avec ce que ça peut générer pour une entreprise, que ce soit au niveau de la qualité de vie au travail, voire tout simplement au niveau des arrêts de travail et de la productivité. Donc l'entreprise a vraiment intérêt à s'emparer du sujet.

  • Speaker #1

    Il y a une sensibilisation nécessaire, autant auprès des RH, des RH dirigeants, que des collaborateurs eux-mêmes, qui n'ont peut-être pas conscience que ce qu'ils font de manière continue rentre dans le cadre de les danses, et qu'ils ont des outils et des aides. Aussi psychologique, parce que parfois on se sent un peu désarmé. Moi, j'ai rencontré des aidants et des aidantes qui se sentaient désarmés. C'est un paysage qui est difficile parce qu'on n'a pas accès à beaucoup d'outils ou alors il faut beaucoup chercher. Et puis, on n'est pas formé pour être assistant ou assistante sociale parfois ou pour être financier ou pour être infirmier. Parce que parfois, on fait des soins aussi pour la personne qu'on aide.

  • Speaker #0

    Oui, c'est pour ça qu'il ne faut pas hésiter à se faire aider. Et puis, même si tout cela est cool, il y a un certain nombre de prises en charge qui sont... qui sont possibles, des prises en charge par des caisses de retraite qui vont pouvoir financer ponctuellement les départements, les contrats d'assurance, donc il faut regarder, il faut regarder et clucher. C'est aussi le rôle justement du care manager d'épauler pour faire un point parce que les personnes ne savent pas. Et là, quelle que soit leur situation sociale ou autre, plus aussi la difficulté à monter des dossiers, parce qu'à chaque fois qu'il faut monter des dossiers, tout ça souvent... Par Internet, tout le monde n'est pas forcément expert dans l'utilisation de tous ces outils. Et puis sur les services à domicile, Marguerite Servis fait partie du groupe Oxylife, qui propose justement des prestations d'accompagnement physique, d'auxiliaire de vie pour les personnes en situation de handicap ou en perte d'autonomie du fait de l'âge. Et là, c'est précieux.

  • Speaker #1

    En tout cas, ce qu'on peut dire, c'est que... aux auditeurs et auditrices, vous n'êtes pas seul. Il y a plein d'outils aujourd'hui qui existent si vous êtes encore salarié, que vous entendez ce message. Il y a plein d'outils disponibles aujourd'hui, que ce soit pour sensibiliser son entreprise, si on sent qu'elle ne l'est pas encore, et pour amener justement le sujet de l'aidance dans un véritable cadre de bien-être au travail aussi. Et ça jouera pour les entreprises, parce qu'après, c'est des leviers de performance si on accompagne les...

  • Speaker #0

    C'est des leviers de performance, qualité de vie au travail, et j'ajouterais même de l'ARSE. Puisqu'en fait, on est à la fois sur la prévention, quand on fait de l'accompagnement des aidants, on joue sur la mixité pour les sujets qu'on a évoqués, et notamment par rapport à l'implication des femmes sur ces sujets. Donc l'entreprise a tout intérêt à s'emparer de ces sujets, à la fois pour sa marque employeur, pour la qualité de vie au travail et pour la réduction de l'absentéisme.

  • Speaker #1

    Tous ces beaux sujets. On arrive déjà bientôt à la fin de l'interview. C'est quoi vos rêves et vos désirs, Frédérique ?

  • Speaker #0

    Mes rêves ou mes désirs, c'est de continuer à me faire plaisir et puis faire en sorte que les personnes, quelles qu'elles soient, puissent réaliser leurs rêves et leurs projets sans avoir des injonctions ou des contraintes liées à leur appartenance sociale, à leur couleur de peau, à leur genre, à leur âge. qu'elles se perçoivent en tant que personnes et non pas des êtres rentrant dans une case.

  • Speaker #1

    On fait péter les dictates. Dernière question, le podcast s'appelle Encore, qu'est-ce que vous mettez derrière ce mot ?

  • Speaker #0

    Encore de la joie, encore du bonheur, encore du dynamisme, encore des projets, encore des rêves, quel que soit son âge.

  • Speaker #1

    Très bien, et encore du cyclisme ?

  • Speaker #0

    Eh bien oui, d'ailleurs on va y penser sur les routes pour ce week-end.

  • Speaker #1

    Merci Frédérique pour votre présence au micro d'Encore ce matin. Justement, vous avez pris des pas de côté et pas mal de prévenance sur dire je parle avec mon vécu, mon expérience, mais vous donnez quand même beaucoup d'outils à des personnes qui voudraient justement peut-être raviver une flamme ou se donner du courage ou avoir des exemples. Parce qu'on parle beaucoup aussi dans ce podcast de transmission et de rôle modèle. Certains aiment ce terme, d'autres non. Pour les auditeurs assidus, vous vous souviendrez de qui était plutôt contre ce nom. En tout cas, vous êtes dans cette posture de dire voilà. Moi, j'avance sur mon chemin. L'ambition m'accompagne depuis que je suis petite. Vous avez rapidement écrasé ces barrières qu'on essayait de vous mettre en disant « Non, mais moi, j'ai envie de mener ma vie, ma carrière comme j'ai envie. » Ça donne de l'énergie à des jeunes filles, des jeunes femmes et des femmes de toute génération justement de réentreprendre sa vie. Je pense qu'on peut garder ce titre-là sans forcément mettre l'âge. À tout moment dans notre vie, on peut réentreprendre, opérer des changements et être son acteur. On a parlé aussi des entreprises parce que je pense qu'elles ont un rôle à jouer aujourd'hui dans la société pour justement coller au plus proche des spécificités de chacun. La démographie, elle change tout le temps. On ne peut plus laisser sa vie privée en dehors de son travail. Ça fait maintenant partie de soi. On ne peut plus le laisser quand on arrive. Et donc, il faut réunir toutes ces forces pour créer un bel avenir plus inclusif et avec de la diversité, comme vous avez pu insister aussi régulièrement dans cette interview. Merci infiniment. Merci Claire. A très bientôt. Et je vais mettre en lien de l'épisode le lien vers votre livre que vous pouvez retrouver dans toutes les librairies de France.

  • Speaker #0

    N'est-ce pas ? Exactement.

  • Speaker #1

    Très bien. Merci beaucoup. Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a plu. Si c'est le cas, gratifiez-le d'un maximum d'étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée et surtout, parlez-en autour de vous. Et pour suivre les coulisses, retrouvez Encore sur Instagram. A bientôt !

Description

Dans ce hors-série d’Encore, j’ai eu le plaisir de recevoir Frédérique Cintrat.
À 59 ans, directrice générale dans le secteur du care management, autrice de plusieurs ouvrages dont Réentreprendre sa vie après 50 ans, elle incarne avec énergie et lucidité une conviction forte : l’ambition n’a pas d’âge.

Avec elle, nous avons parlé de transmission et de rôle modèle, de cette possibilité de se réinventer après 50 ans, du poids des stéréotypes sur les quinquas, mais aussi de l’importance de rester actrice de son parcours, de cultiver son énergie et ses projets.


Nous avons également évoqué un sujet encore trop peu abordé en entreprise : la place des aidants et les enjeux de qualité de vie au travail qui en découlent.


Un échange inspirant qui nous rappelle que, quel que soit l’âge, il est toujours temps de raviver une flamme, se donner du courage et réentreprendre sa vie.


Pour en savoir plus:

https://frederiquecintrat.com/

https://www.dunod.com/livres-frederique-cintrat


Bonne écoute 💫

Partagez cet épisode, et gratifiez le d'un maximum d'étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée 🤩



Production: Décembre production

Auteure: Claire Bône

Montage: Romain Pec


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Hors série d'Encore, hors série, Encore. Bonjour Frédérique.

  • Speaker #1

    Bonjour Claire.

  • Speaker #0

    Merci d'être au micro d'Encore ce matin.

  • Speaker #1

    J'en suis ravie, merci de m'inviter.

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir. J'adore de commencer les interviews avec ce sourire qui s'entend. Comme la météo dehors, on va le dire, ça fait plaisir d'avoir un peu de soleil, un peu de vitamine D qui arrive.

  • Speaker #1

    Il fait beau, voilà, nous sommes de nouveau heureux, heureuses, gais,

  • Speaker #0

    ravies. Voilà, bon, il faut cette belle énergie en ce moment. Frédérique, vous êtes au micro pour un hors série. Je n'ai pas envie de mettre d'étiquette à ça hors série, parce que quelques mots clés quand même pour l'accompagner. On va parler d'ambition, on va parler d'entreprendre, on va parler de féminin, on va parler de plein de choses. Et on va surtout parler, je pense, de cette énergie qui vous anime et que vous allez transmettre aux auditeurs, auditrices. Ça vous fait beaucoup de pression, mais comme ça, je vous en donne un peu.

  • Speaker #1

    Oui, alors heureusement que le temps était au beau fixe pour me redonner cette énergie avec cette vitamine D.

  • Speaker #0

    Est-ce que vous pouvez vous présenter en quelques mots avant qu'on attaque sur les sujets du jour pour que les auditeurs et auditrices puissent savoir qui est derrière le micro ce matin ?

  • Speaker #1

    Alors moi je m'appelle Frédérique Sintra puisque nous sommes sur le podcast Encore, je vais parler de mon âge. Je vais avoir 59 ans dans une semaine. Je suis mère de deux adultes, deux grands garçons qui ont bientôt 32 et bientôt 30 ans. Et concernant mon activité professionnelle, on va dire que je suis slasheuse. Puisque à 80% de mon temps, je suis directrice générale d'une structure de care management qui s'occupe de la coordination d'autonomie pour les aidants et les personnes fragilisées du fait du handicap ou de l'âge. Entreprise que j'ai rejoint à l'âge de 57 ans, puisque j'ai moi-même réentrepris ma vie professionnelle après 10 ans en tant qu'entrepreneur et avant 27 ans de salariat. dans l'univers de l'assurance et de l'assistance, où j'ai occupé différents postes à responsabilité dans le domaine commercial, marketing. Et puis, parallèlement à cela, j'ai écrit quelques ouvrages, notamment « Comment l'ambition vient aux filles » en 2014, dans le 2018 « Comment vient l'ambition » . En 2023, j'ai publié aux éditions Duneau « Réentreprendre sa vie » après 50 ans. Et je suis amenée à accompagner des personnes, particulièrement des femmes. soit en milieu de carrière, soit des plus jeunes qui se posent des questions sur leur carrière ou en tout cas qui veulent assumer leurs ambitions ou tout simplement faire un pas de côté et puis réentreprendre leur vie d'une autre manière. Et puis parallèlement à cela, puisqu'on parle d'énergie, j'aime beaucoup le sport. Donc je suis moi-même adepte d'un certain nombre d'entre eux. Et notamment, je m'arrange pour que dans ma vie pro et perso, il y ait toujours ce temps. pour l'exercice physique. Je viens du monde de l'assurance, la prévention, ça me connaît un petit peu, mais il y a également toute la notion de plaisir. Je fais du vélo, un petit peu de cyclisme, puisque le week-end, je parcours...

  • Speaker #0

    On fait une différence entre vélo et cyclisme ? C'est professionnel, quoi !

  • Speaker #1

    Le vélo, j'en ai fait pendant toute ma vie, du vélo pour aller d'un point A à un point B, pour me déplacer, et pour le loisir. Là, je le fais toujours pour le loisir, mais d'une façon un petit peu plus intense, avec... Avec un vélo beaucoup plus adapté, un vélo de route. Et puis, sur un nombre de kilomètres plus important. Et puis parallèlement, je fais un peu d'entretien, de Zumba, de danse.

  • Speaker #0

    Ok, voilà. Donc je vous avais dit que ce serait un épisode avec beaucoup de dynamisme et c'est le cas. Vous avez parlé d'un mot, en tout cas, qui est pas mal revenu dans votre présentation, c'est le mot ambition. J'aimerais bien qu'on revienne sur cette genèse. Qu'est-ce qui fait qu'à l'aube de vos 60 ans bientôt, ce soit quelque chose qui soit encore super présent dans votre vie ? On va faire un petit clin d'œil, vous l'avez mis dans votre biographie, mais j'ai envie qu'on revienne dessus. Dans votre adolescence, vous avez participé à un plateau télé, aux côtés d'Elisabeth Badinter. Est-ce que vous pouvez nous parler un petit peu, parce que j'ai l'impression que c'est une des premières briques de ce sujet ?

  • Speaker #1

    C'est vrai, c'est vrai. Moi, j'ai été élevée à la campagne. Je suis une petite fille qui aimait bien la nature, mais qui était élevée plutôt comme un petit enfant, qui faisait des choses traditionnellement de filles. garçons, quand on est à la campagne, on est en short, on est en robe, et je m'appelle Frédérique. En fait, je n'ai pas eu une éducation qui était particulièrement marquée ou stéréotypée avec des petites chaussures vernis et des petites robes en permanence qui m'empêchaient de me voir. Et puis, je n'avais pas eu, à titre d'exemple, ma mère refusait à ce qu'on m'offre en cadeau des petits objets traditionnellement féminins ou liés à la vie domestique. Et pour autant, je jouais à la poupée, j'avais mis mes petits tracteurs, etc. Et puis, il n'y avait pas de sujet de genre. En tout cas, j'étais une petite fille de la campagne qui s'appelait Frédérique. Et en fait, il se trouve que j'ai eu mon bac C à l'âge de 16 ans, parce que j'étais la seule de ma tranche d'âge dans mon village. Ce qui fait que je n'ai pas sauté de classe, mais j'étais dans des classes multiniveaux. Et puis quand j'étais en classe prépa HEC, à l'âge de 17 ans, il y a un des garçons qui m'a dit « Oh, dis donc les filles, vous nous prenez les places au concours » . Et en fait, qui me renvoyait presque pour la première fois le fait que parce que j'étais une fille, je ne pouvais pas nécessairement faire les mêmes choses. Je n'en avais jamais réellement pris conscience de ça. Et en fait, à la veille de passer quelques concours d'école de commerce, je ne sais pas pourquoi, la télé ne me subit pas un après-midi, il y avait des appels à témoins. C'est une émission qui s'appelait, pour les auditeurs et auditrices les plus âgés, ils se souviendront d'Aujourd'hui Madame, Aujourd'hui la vie, cette émission qui passait l'après-midi, et qui cherchait des personnes pour témoigner sur une thématique qui s'appelait « Comment l'ambition vient aux filles » . Alors là, je n'ai rien dit à personne, j'ai pris ma plume et j'ai écrit. « Ouais, il n'y a pas de raison, talala » . Et donc, j'ai eu la surprise. d'avoir un appel de la production en me disant que j'avais été sélectionnée pour représenter la jeune génération en 1983 aux côtés d'Elisabeth Badinter et de François Giraud. Et donc j'ai enregistré cette émission, j'ai témoigné, et puis j'ai fait ma carrière dans l'univers de l'assurance, comme je le précisais, et j'ai commencé à m'intéresser au sujet de la mixité, et notamment des femmes dans les postes à responsabilité. Parce que plus je montais dans la hiérarchie, plus je constatais qu'on était peu nombreuses. Et puis aussi dans les prises de parole, dans les tables rondes. Et là, c'était l'émergence de ce qu'on appelle des réseaux dits féminins. Maintenant, plutôt m'exciter. Et donc, je me suis investie dans ce sujet. Je trouvais qu'on parlait beaucoup du plafond de verre. Mais finalement, assez peu de l'agnac, de l'envie. Et j'ai cherché sur Internet Ambition. Et là, je suis tombée, en fait. Sur les archives de l'INA, l'INA venait de republier, quelques mois auparavant, une émission où on disait « Comment l'ambition vient aux filles ? » Mademoiselle Sintra témoigne. Je me dis « Mais c'est moi ! » Vous n'aviez jamais revu la vidéo ? Non, je n'avais jamais revu. Et donc j'ai envoyé mes 10 euros pour récupérer le DVD. Je me suis redécouverte à 17 ans. Et là, moi qui n'avais écrit, à titre professionnel, que des... des plaquettes, des appels d'offres, éventuellement des poèmes aux anniversaires. Je me suis dit, j'écris un bouquin.

  • Speaker #0

    C'est génial. Mais l'alignement des planètes.

  • Speaker #1

    Et puis, il se trouve que cette même année, je travaillais dans une grande société d'assurance qui a décidé de présenter ma candidature à des trophées qu'organisait un magazine qui s'appelle l'Argus de l'assurance. Et il me présentait au prix de la femme commerciale de l'année. Et il se trouve que cette année-là, donc en 2013, J'ai eu la chance d'être élue par les professionnels la femme commerciale de l'année. Bravo ! Et puis par les internautes, parce que j'avais commencé à comprendre le fonctionnement des réseaux en général, des réseaux sociaux qui...

  • Speaker #0

    Vous avez fait un peu le buzz avant.

  • Speaker #1

    J'ai fait un peu le buzz. Et les internautes m'ont donc élue la femme de l'année dans la science. C'est génial ! Et donc, rapport à mon livre que j'avais écrit, en fait, il y avait du storytelling, comme on dit. Il y avait une résonance aussi avec ça. En 1983, je participais à cette émission. Et puis, en 2013, je n'étais pas la grande patronne, mais néanmoins, j'avais eu le prix de la femme commerciale de l'aide aux assurances 30 ans après. C'était le clin d'œil. Et ça, probablement que ça a accéléré le fait que je puisse publier ce livre.

  • Speaker #0

    C'est des belles années, les années qui finissent en 3. Qu'est-ce qui s'est passé en 2023 ? Est-ce qu'il y a eu publié ?

  • Speaker #1

    Ben voilà.

  • Speaker #0

    Donc, il y a un numéro.

  • Speaker #1

    C'est vrai, c'est vrai. J'ai publié l'autre. Tout à fait, je n'avais jamais remarqué. Et c'est en 2023. Donc j'ai publié en janvier « Réentreprendre sa vie après 50 ans » et en avril, alors que je me promenais dans la rue, et je revois quelqu'un que j'avais croisé dans ma vie professionnelle il y a une quinzaine d'années. On se connaît, etc. Moi à l'époque, j'étais entrepreneur, je proposais des prestations de conseil, d'expertise sur ce qu'on appelle la silver economy. Et voilà, il faut que je vienne vous prospecter, femme commerciale, évidemment je pensais au développement. Et puis il m'a rappelé. Assez rapidement, il m'a dit en fait je viens de racheter une start-up qui justement s'intéresse à la thématique des aidants, des personnes fragilisées. Le fondateur a décidé de faire autre chose. Et j'aimerais vous confier la direction générale de cette entité.

  • Speaker #0

    Donc ça,

  • Speaker #1

    c'était en 2023 ? C'était en 57. Je n'ai rien envoyé du tout. Moi, je proposais des missions. Et finalement, c'était l'époque où je me disais que retourner dans l'entreprise pour retrouver un lien social que j'avais beaucoup moins en entrepreneuriat quasi solo, ça répondait à mes aspirations. Mais par contre, ce que j'ai négocié, parce que je venais de publier le livre, c'est de garder quand même. Ce 20% de temps, soit pour participer à des événements où je pouvais témoigner, où justement on parle de l'impact, éventuellement de l'impact avec des prises de parole, pour faire agir des personnes qui avaient la gentillesse de m'entendre ou de m'écouter, soit pour faire un peu d'accompagnement, comme je le disais, en tout cas pour manager mon temps comme je l'entendais.

  • Speaker #0

    Parce que ce qui revient aussi beaucoup, que ce soit dans l'écriture de vos livres, le processus pour les écrire, On sent que vous êtes aussi une femme d'action. Vous avez une idée, vous la mettez tout de suite en place. Il n'y a pas des temps de maturation hyper longs. Après, je ne connais pas vos processus d'écriture, mais on sent que vous êtes une femme qui se met rapidement en action. Là, vous parlez aussi pas mal des quinquas et de l'invisibilité. C'est assez revenu dans vos prises de parole aussi. J'aimerais bien qu'on revienne dessus. Vous en pensez quoi, justement, quand on est quinquas ? En France, dans les entreprises, c'est quoi le paysage, si vous pouvez nous le dresser ?

  • Speaker #1

    Alors moi, justement... Je ne parle pas nécessairement de l'invisibilité, parce que des quinquas en particulier, des femmes quinquas, c'est plutôt comment on se ressent. Moi, je suis dedans. Je ne suis pas l'experte qui observe, je suis dedans. Il y a ce que je vis et il y a les personnes qui m'entourent. Donc, moi, je suis de la génération 66, la génération Sophie Marceau, la génération de la boum. Je n'ai pas du tout la prétention, d'ailleurs le bémol, de représenter toutes les femmes, puisque un certain nombre d'auditrices peuvent entendre « Oui, mais nous, on n'est pas comme ça, etc. » Là, je parle vraiment, moi, avec mon témoignage, mon vécu, et puis des personnes qui m'entourent et que je connais. Bien évidemment, ce ne sont pas toutes les quinquas, ce ne sont pas toutes les femmes, c'est une partie, et je prends des précautions par rapport à ce que je dis. On fait partie, pour mes copines, des femmes qui avons suivi des études supérieures. C'est la première génération où il y a eu une cohorte importante. Parce qu'en fait, les grandes écoles, elles se sont ouvertes aux filles. Donc, nous, nées en 1966, on fait partie de ces premières femmes qui étions dans les promos. Je ne vais pas dire quasiment au même titre que les garçons, en tout cas, avec des promotions assez mixtes. Donc, a priori, avions des prétentions pour notre carrière professionnelle à peu près similaires, sans en avoir complètement les contours à ce moment-là. Mais néanmoins, voilà. pouvaient courir sur le même terrain. Et puis, il y a eu la vie qui a fait. Certaines ont des enfants, des familles, des choix, etc. En tout cas, ce que je constate, c'est que la bonne majorité d'entre elles se disent justement quand les enfants sont grands. Ça peut dire avant ou après. Je vais prendre des précautions. Mais en tout cas, quand ils quittent le nid, et souvent, quand on n'est qu'un cas, On se dit, ah mais j'en ai sous le pied. C'est aussi le moment où on se dit, encore plus qu'avant, je vais avoir du temps pour aller faire du networking, je vais avoir du temps pour changer de job, etc. Et puis à ce moment-là, pour un certain nombre d'entre elles, on leur dit, ah ouais, mais t'es plus si jeune. Et là,

  • Speaker #0

    c'est la douche froide.

  • Speaker #1

    Et donc, j'ai vu récemment sur les réseaux sociaux quelqu'un qui disait, c'est jamais la bonne période, c'est toi trop jeune. Soit attention, il y a les familles, soit après, trop vieille. Donc après, il faut trouver la fenêtre de tir. Et là, en fait, les quinquains en particulier, en tout cas celles que je connais, me disent, moi, j'en ai sous le pied. J'ai envie de faire des choses. J'ai envie de réaliser des choses. Et quand je parle d'ambition, pour l'ambition, il y a deux définitions. Soit c'est le fait de vouloir être plus, mieux, etc. Soit c'est le fait de réaliser des projets. Alors, on peut être plus, mieux par rapport à soi-même. L'ambitieux ne veut pas forcément dire. Et heureusement. celui qui fait au détriment d'autrui. Il peut aussi entraîner. C'est important. Il y a une idée de mouvement d'entrée, c'est-à-dire que je vise quelque chose. Et pour moi, d'ailleurs, dans l'émission que j'ai regardée, je revois, moi, si j'ai envie de faire des choses, peut-être que je ne réussirai pas, mais je veux tester. En fait, je ne veux pas qu'on me bride sur ce que j'ai envie de faire et sur les projets que j'ai envie de suivre. Ça ne veut pas forcément dire que je veux être la numéro un d'une grosse société. Voilà. Mais en tout cas, il y a la notion de projet, d'envie. et puis de mener à bien un projet sans entrave, en tout cas en les minimisant.

  • Speaker #0

    Justement, votre livre que vous avez écrit il y a deux ans maintenant, vous l'avez écrit... Quelle raison et à destination de quel public ?

  • Speaker #1

    Alors, je l'ai écrit parce que je trouvais qu'il y avait justement une distorsion entre l'image qu'ont en général se faisaient des quinquas et des femmes quinquas, de la propre image qu'elles se faisaient. Oui, l'auto-agir, parfois agir. Et puis, après, de se dire, ça y est, je suis passée du côté sombre. Alors que, pour moi, non. Et du merci. Alors, il y a des choses, on ne va pas le nier, il y a des modifications biologiques. C'est comment on les gère, comment on fait.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, c'est un chapitre dans le livre. Vous parlez quasiment au début des mutations et des évolutions imparables.

  • Speaker #1

    Qu'on ne vit pas de la même façon. On va appeler le mot la ménopause. Certaines vont le vivre d'une façon plutôt libératrice et d'autres en se disant, mince, je perds ma fonction reproductrice. Donc, du coup, c'est quelque chose qui...

  • Speaker #0

    C'est un passage.

  • Speaker #1

    Qui part avec, justement, des sentiments très différents en fonction de l'histoire. Voilà, moi je l'ai abordé justement en interviewant des experts, et notamment Claire Mounier-Veillé, sous l'angle des maladies cardiovasculaires, Valérie Orsoni sur l'angle du sport, qu'est-ce qu'on doit faire, Nathalie Hutter-Lardot sur la nutrition, parce qu'il y a des changements, c'est comment on fait, on doit s'adapter, on le vit plus ou moins bien, aussi dans son corps, on a des transformations ou non, on a des symptômes ou non. Comment on gère ce passage ? Non pas de façon générale, mais justement, si on a envie de continuer à être actif dans sa vie, etc. Donc voilà, on peut aménager sa vie, voire continuer ce qu'on faisait. Et puis voilà, et puis après, il y a d'autres phénomènes dans la vie qui peuvent arriver. Donc le départ des enfants, c'est pareil. Comment on le vit quand on a des enfants ? Bien sûr. Il peut y avoir, on ne va pas nier non plus, des séparations, des nouvelles vies. Parce que justement, il y a aussi un autre regard sur sa vie. Et aussi, il y a la prise de conscience qu'on en est, je ne vais pas dire à la moitié, mais aujourd'hui, compte tenu de l'espérance de vie et en bonne santé, grâce au progrès de la médecine et puis l'hygiène de vie et tout ce qu'on fait, fait qu'en fait, quelqu'un qui avait 50 ans il y a 100 ans, n'a plus rien à voir avec quelqu'un qui a 50 ans aujourd'hui. On parle d'énergie dans son énergie, dans son corps, dans ses envies, voire dans son apparence. Je parle aussi, d'ailleurs, dans les conférences, des différences d'âge entre l'âge social, c'est-à-dire l'âge qu'on nous donne, et puis l'âge perçu. En général, les personnes disent toujours qu'elles ont... dix ans de moins dans leur tête. Et quand elles voient des gens de leur âge, elles disent « Oh là là, mais ça, c'est un vieux. » Mais quelles que soient les générations, et plus on avance en âge, plus c'est le cas. Ensuite, l'âge social, parce qu'il y a des représentations. Donc, en fait, il y a des gens qui vont me dire « Ah là là, tu ne fais pas ton âge. » Pourquoi ? Parce que dans leur tête, ils ont l'image de ce qu'est une femme de 59 ans. Alors que moi, j'ai beaucoup de personnes qui m'entourent qui, pour moi, sont comme moi. C'est parce que les choses ont changé, les apparences ont changé Et donc, il y a une perception, il y a des stéréotypes. Moi, je suis toujours curieuse, quand je vais dans des événements, il y a la silver economy et on parle des seniors de plus de 55 ans. Et l'image qu'il illustre, ça va être une vieille dame bouclée qui a sa canne et qui a plus l'âge de nos parents, parce qu'on est des générations qui avons encore, pour un certain nombre d'entre nous, nos parents. Donc, en fait, même quelqu'un qui a avancé en âge ne se considère plus. Comme le vieux ou la vieille d'avant. Parce qu'il y a un dynamisme. Et on a des exemples de personnes de 80, 90 ans. On a des acteurs qui, à plus de 90 ans, sont encore sur scène et ont encore l'esprit extrêmement vif. L'âge est plus quelque chose qu'on vit. Alors bien sûr, il y a des modifications, il y a tout ça. Mais on n'a pas la même perception. de son propre âge, de son propre vécu. Et maintenant, c'est plutôt des conditions de vie. Comment je fais ? Qu'est-ce que j'ai envie de faire ? Oui, je suis un peu plus âgée. Et alors ? C'est pas un sujet.

  • Speaker #0

    Donc finalement, ce livre, il est à mettre entre les mains de personnes qui auraient quoi ? Peur de changer de vie, changer de... Parce que, de ce que je comprends aussi, il y a des grandes mutations pour les femmes, précisément, qui nous attendent dans la cinquantaine. Ou pas, peut-être qu'il y a des femmes qui ne vont pas rencontrer ces grandes mutations. Il y a un point intéressant, j'aimerais bien revenir sur la notion de travail. Parce qu'il y a des femmes qui semblent se réveiller parfois trop tard pour se dire « mince, il y a la réalité de ce que j'ai envie, je pète le feu et j'ai envie d'avoir des projets, pourquoi pas changer d'autre job ? » Et la réalité qui fait qu'aujourd'hui, on met plus souvent sur le carreau des gens qui approchent les 50 ans pour des raisons purement économiques. Le chômage, les plus de 55 ans, est très fort, c'est une tranche qui est très touchée par le chômage aujourd'hui, donc il y a cette dichotomie. Comment on fait justement ? Est-ce que vous donnez des clés ?

  • Speaker #1

    Oui, alors pour continuer, c'est vrai que j'ai répondu de façon partielle à la question sur la cible. Je veux revenir dessus. Sur la cible, parce qu'effectivement, déjà, c'est de façon générale, c'est pour donner une autre image. Mais il est évident que vu le titre « Réentreprendre sa vie après 50 ans parce que l'ambition des femmes n'a pas d'âge » , qui va dans une librairie prendre davantage ce livre, c'est-à-dire les femmes qui ont plus de 50 ans et qui ont envie ou qui se posent des questions. mais réentreprendre sa vie. Après 50 ans, ça ne veut pas vouloir dire tout changer et changer de job, déjà.

  • Speaker #0

    Et pourquoi le réentreprendre ? C'est quoi le ré ?

  • Speaker #1

    Parce qu'en fait, on peut dire qu'on a entrepris et qu'effectivement, il y a ce mouvement où on se pose particulièrement des questions. Avant, on parlait de la crise de la quarantaine, qui était le moment où on pouvait refaire un point sur sa vie. Moi, je trouve que sur les 50 ans, compte tenu des marqueurs, et notamment pour les femmes, compte tenu des marqueurs, et la prise de conscience. Alors, est-ce que c'est la déclaration ? de Yann Moix il y a quelques années qui a fait un marqueur sur les 50 ans, etc. En tout cas, il y a un déclic. Il y a quelque chose, je trouve, en tout cas, quand on passe les 50 ans, dans l'esprit des personnes et des femmes en particulier. Je ne vais pas dire une alerte, mais en tout cas, j'ai les 50 ans. Donc, c'est comme si c'était vraiment une phase dans la vie. D'ailleurs, après, on peut se dire, non, c'est ni plus ni moins. La veille, j'avais quelques mois de vent. Il ne s'est rien passé. Mais c'est comme si, soudain, il se passait quelque chose. Donc, voilà, c'est aussi pour dire que c'est le moment où... C'est plutôt une opportunité parce qu'elles ont de l'énergie, elles ont des envies, elles ont des expériences, parfois des compétences qui ont été obsolètes. Par contre, il ne faut pas attendre 50 ans. C'est là que j'ai mon autre cible qui est beaucoup plus diffuse. En tout cas, ce sont les plus jeunes femmes parce qu'une carrière, un équilibre de santé, etc. se prépare. C'est ce qu'on appelle pour la prévention, c'est plutôt la prévention. Primaire, on n'attend pas d'avoir des petits sujets pour s'en occuper. Donc c'est tout au long de la vie. Et une carrière également se prépare. Pareil, je fais toujours des précautions, je ne vais pas généraliser. Mais quel que soit son âge, une personne qui a montré dans sa vie professionnelle qu'elle pouvait changer, qu'elle pouvait s'adapter, qu'elle pouvait... Qu'elle ait 50 ans, 53 ans ou 45 ans, ça ne va pas changer grand-chose parce qu'elle a montré... qu'elle était capable de s'adapter à toute situation. C'est un peu plus compliqué pour quelqu'un qui a eu la chance, alors est-ce qu'on va dire la chance, mais plutôt la chance, d'avoir une carrière longue dans une entreprise, d'avoir à peu près toujours le même poste, la sécurité de l'emploi, avec formation interne, etc., qui a toujours travaillé là, et qui soudain, pour des raisons... Divers, ça peut être une fermeture d'entreprise, ça peut être justement un licenciement pour personnel ou autre. Effectivement, vous parliez du chômage du long durée de 50 ans, il est encore plus marqué sur les 55 ans et plus. Donc là, effectivement, c'est sensible. Et là, sur le basse-seint de l'emploi, il est quand même assez réduit. C'est à la fois des formations complémentaires, c'est peut-être redevenir un débutant. C'est peut-être très naïf et invoquieux de se dire qu'on est capable de réapprendre, etc. Mais c'est sûr que là, ça devient très compliqué. Ou alors il faut déménager ou autre, ou s'adapter, voire créer son job si tant est qu'on a cette capacité, parce que ce n'est pas donné à tout le monde non plus. Donc là, je n'ai pas de recette miracle.

  • Speaker #0

    Parce qu'on parle beaucoup, et à travers votre regard, votre expertise, les livres que vous avez écrits, l'ambition, elle est intrinsèque. C'est-à-dire qu'on va les chercher en nous. et peut-être aussi des éléments externes, mais pour se mettre en mouvement et aller chercher un projet, avoir l'ambition de réussir quelque chose ou d'aller le chercher. Parfois, on n'a pas cette énergie en soi et parfois le terrain et l'écosystème ne l'est pas. Parce qu'aujourd'hui, les entreprises, et j'aimerais bien avoir votre avis dessus, parce que vous êtes dirigeante, comment aujourd'hui les entreprises, tout type d'activités confondues, toutes tailles confondues, peuvent justement accompagner ce changement nécessaire dans l'intégration des profils qui ont eu... une sortie de route, un pépin de parcours autour de 55 ans et qui se retrouve dans des difficultés. Et la même chose, on pourrait évoquer aussi la difficulté pour les jeunes de trouver des jobs. Mais là, j'ai envie qu'on fasse un zoom quand même sur l'accueil des profils plus seniors expérimentés des entreprises dans le recrutement général et dans l'accueil.

  • Speaker #1

    Pour vous répondre, d'abord reprendre aussi le fait de se dire qu'on est aussi acteur. Donc avant même de penser aux entreprises, c'est soi-même. Je vais vous donner un exemple, pas plus tard qu'hier après-midi. J'échangeais avec une de mes amies qui avait un poste à responsabilité, qui s'est trouvée au chômage, qui a eu différents accidents de parcours, qui à chaque fois a rebondi. Et là, elle s'est dit, c'est compliqué parce qu'elle avait 59 ans. Elle s'est dit, oh là là. jamais je ne vais retrouver. Et donc, elle a passé différents entretiens avec des chasseurs de tête et elle préparait en fait toute son argumentation pour dire en quoi c'est bien finalement d'avoir un profil de 59 ans, etc. Et en fait, elle préparait parce qu'elle-même, elle se disait que c'était un homme. Donc, elle se mettait dans la peau de quelqu'un qui, lors des entretiens, devait s'excuser d'avoir 59 ans en disant déjà, un, j'arrive à avoir l'entretien, ouf, mais parce qu'elle savait aussi que certains, on ne va pas le nier non plus, des chasseurs de tête, ne voulait pas présenter sa candidature parce qu'elle allait être trop âgée. Donc, elle savait que parfois, ça arrivait. Donc, systématiquement, elle préparait son argumentaire. Jusqu'à ce que quelqu'un lui ait dit, mais arrête ! Tu es qui ? Quelles sont tes compétences ? Est-ce qu'elles correspondent ? On s'en fout des trucs que tu as faits peut-être à tel moment. Ça ne nous intéresse pas. Mais par contre, dans ton parcours, il y a ça, ça qui nous intéresse. C'est ça qui nous intéresse. Et c'est toi et c'est ta personnalité. Tes compétences. Et à partir de là... Voilà, elle n'a plus cherché à se justifier, comme si en fait elle s'automutilait.

  • Speaker #0

    Mais justement, est-ce que ce n'est pas parce que là, on a beaucoup évoqué justement les outils que vous donnez à des gens qui vont avoir vos livres entre les mains, qui vont assister à vos conférences, qui vont faire des flashs accompagnement avec vous. C'est justement que vous les aidez eux. Comment aujourd'hui, parce que pour que ça marche pour les individus, il faut que ça marche aussi pour les entreprises. Il y a aussi des petits changements à opérer, sinon on ne parlerait pas d'agisme dans le travail. On n'aurait pas de soucis là. Comment justement les entreprises aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, alors là, moi, justement, je ne suis pas l'experte du sujet de toutes les entreprises. En revanche, je connais le secteur des services à la personne, puisque je grenouille dans cet univers-là. Et dans celui-ci, on a plutôt des pénuries de personnel. Donc, à partir de là, on se moque de l'âge, de la couleur de peau, de la morphologie. On va avoir éventuellement des handicaps, etc. parce que En fait, il y a besoin d'avoir des compétences pour des postes. Ce ne sont pas nécessairement les entreprises les plus fasteuses en termes d'avantages sociaux, etc. Mais néanmoins, qui proposent du travail de proximité, de l'accompagnement. Et on est sur des secteurs où l'âge est plutôt un atout. Maintenant, je parle pour moi. Dans les recrutements que je fais, où là, moi, je recrute des travailleurs sociaux, des gens qui ont des formations de conseillers en économie sociale et familiale, assistants sociaux. À mon petit niveau, j'ai déjà eu, chez des populations un petit peu plus jeunes, des départs et une moindre stabilité. Et en fait, moi, je me rends compte que les personnes qui ont un petit peu plus de bouteilles, au-delà de l'expérience qu'elles amènent, et puis du fait de compléter l'équipe, moi, m'amènent justement une certaine stabilité. Et moi, j'ai besoin. avec mon adjointe, d'avoir une stabilité. L'un des atouts aussi, c'est de se dire qu'aujourd'hui, quel que soit l'âge, on ne reste plus dans des postes pendant 5 ans, 10 ans. Donc ce critère qui est de dire, et là je vais élargir aux entreprises en général, je ne prends pas des gens plus âgés parce qu'ils risquent de partir très très vite, ça c'est un peu du n'importe quoi. Puisqu'en fait, quelles que soient les générations, les gens ne restent pas dans des emplois très très longtemps et a fortiori, Plus les gens sont plus jeunes, plus ils ont, et c'est tant mieux quand on parle de l'adaptabilité, des velléités d'aller peut-être voir ailleurs. Donc, en termes de stabilité, l'intergénérationnel est primordial. Et puis, cette capacité d'accueil des entreprises, c'est vrai que chacune le fait. Dans les petites équipes, ce sont les petites équipes qui le font. Il n'y a pas quelqu'un qui va le faire. C'est comme on accueille. Les gens sont copains. J'ai Fatou qui a 25 ans, j'ai Claire qui en a 55, j'ai Khalid qui en a 35. Bref, c'est un petit monde et on s'en fiche de l'âge de Boxster. On est en équipe.

  • Speaker #0

    Très bien. J'ai eu un peu ma réponse sur les entreprises. Je vais continuer à gratter un peu sur les entreprises parce que vous avez une expertise aussi qui va être intéressante sur ce sujet, le sujet des aidants, parce que ça touche généralement aussi des populations plus expérimentées. Après, on peut être aidant pour un enfant malade et avoir 35 ans. ou un conjoint, etc. Mais les danses pour les travailleurs qui ont 50 ou 60 ans, qui ont des parents qui ont 80 ou 90, ça, c'est un véritable sujet aujourd'hui qui est entre les mains des DRH et des managers aussi. Quel est le paysage aujourd'hui de les danses en France ? Est-ce que vous pouvez nous en parler un petit peu ?

  • Speaker #1

    Oui, alors sur les danses en général, c'est vrai qu'on a une proportion assez importante des plus de 50 ans qui sont en situation... Des danses, on va peut-être à 25-30%, il y a à peu près 33% des femmes entre 55 et 65 ans en moyenne qui sont en situation des danses.

  • Speaker #0

    Et on peut préciser pourquoi on dit les femmes et pas les hommes ?

  • Speaker #1

    Alors là, je le fais parce que tout simplement, c'est des statistiques. Pour celle-ci, c'est tout simplement parce qu'il y a eu un zoom dans ces statistiques que j'ai publié sur ça. Mais en tout cas, il y a à peu près presque un tiers en général.

  • Speaker #0

    Pour les femmes, un petit peu plus. Pourquoi ? Parce que plus la situation est critique, plus les femmes vont être en situation d'aidance. Aujourd'hui, en moyenne, quels que soient les âges, il y a à peu près 58% de femmes qui sont aidantes. Donc plus d'aidantes que d'aidants. Plus la situation est lourde, en proximité, plus les femmes vont jouer un rôle dans l'aidance. À la fois pour leur famille, voire pour leur belle famille. Et puis pour le conjoint, le cas échéant. Donc on n'en parle plus particulièrement. Et dans les fratries, il revient encore souvent. à la fille ou aux filles de s'occuper plus en détail, les garçons s'impliquant de plus en plus également dans les danses, mais plus sur la gestion financière. Mais tout ce qui est organisation, coordination, qui prend un temps fou, montage de dossier, c'est lourd, c'est souvent plutôt les filles qui vont s'en occuper, je vous dis, en majorité. Donc moi, j'en ai parlé effectivement dans mon livre « Entreprendre sa vie après 50 ans » parce que c'est l'un des facteurs. Quand on est plus jeune dans les entreprises, on parle beaucoup de la parentalité. Et bien là, dans les âges avancés, même si on entre en aidance de plus en plus tôt, parce qu'on peut s'occuper aussi de ses grands-parents, dans les dernières statistiques de l'OSIRP, c'était 39 ans, l'âge d'entrée dans l'aidance. Donc on a une proportion forte dans les plus de 50 ans, que ce soit plutôt pour s'occuper de ses parents, de ses beaux-parents, d'un conjoint. Donc forcément, ça rentre en ligne de compte. Avec une hospitalisation d'un parent qui était imprévue, on est au travail, on ne sait pas comment faire. Il y a plus de 200 kilomètres en général entre l'aidant et la personne aidée. Comment on fait ? On ne peut pas organiser les choses. Donc avec des questions qu'on se pose, une charge mentale extrêmement forte, des problèmes d'organisation. Et c'est là que je boucle la boucle, parce qu'en tant que directrice générale de Marguerite Service, je propose des prestations d'accompagnement et de care management. pour faciliter les choses. Et les entreprises ont un rôle à jouer parce qu'elles peuvent souscrire de prestations pour leurs collaborateurs en situation d'aidance. Quand on parle d'aidance, je me rends compte aussi dans mon constat que les gens ne vont pas se décréter aidant. Il y a une définition depuis 2015 dans le Code des familles. C'est une personne non professionnelle qui aide une autre personne. dans un certain nombre de situations, donc une autre personne qui est en perte d'autonomie du fait de l'âge, du handicap ou de la maladie. Et avec différents actes, c'est-à-dire des aides administratives, logistiques, l'accompagnement dans le montage des dossiers, l'accompagnement dans les rendez-vous médicaux et tout ce qui est coordination. Donc ça peut être l'un, l'autre ou alors une sous-traitance. Et puis le soutien émotionnel et affectif. Donc on peut être l'un, l'autre, etc. et être en situation d'aidant sans pour se dire « Ah, je suis aidant » . Et en général, c'est ce qu'on constate. Les gens se disent, moi, j'accompagne mes parents de temps en temps, mais ils ne se reconnaissent pas tant que tel. C'est pour ça qu'il y a des campagnes aussi d'identification. Et puis, dans les entreprises, il y a parfois des accords qui ont été signés.

  • Speaker #1

    Oui, des conventions qui sont hyper favorables.

  • Speaker #0

    Exactement.

  • Speaker #1

    Le don de RTT.

  • Speaker #0

    Exactement. Des projets. Des dons de jour. Parfois, un assouplissement du télétravail aux côtés de la personne qui est aidée. Et puis, des dispositifs d'information et de care management que je propose par ailleurs à travers l'entreprise que je dirige.

  • Speaker #1

    Vaste sujet quand même. Et on va normalement en entendre de plus en plus parler. C'est-à-dire que ça devrait être une norme aujourd'hui pour les entreprises, qu'importe leur taille, d'avoir ce volet.

  • Speaker #0

    Il faut quand même qu'elles aient conscience que quand bien même les salariés ne se déclarent pas aidants, puisqu'à peu près 25% seulement vont en parler parce qu'ils considèrent que ça relève de la sphère intime, ou alors que ça peut leur porter préjudice. en disant qu'ils vont être mis à l'écart, voire au placard. Et donc, ils ne le déclarent pas nécessairement, avec les conséquences que ça peut avoir, par exemple des absences non programmées, voire des arrêts de travail, voire des retards. Et ça joue sur l'ensemble des équipes qui peuvent être solidaires à un moment donné, mais peut-être un peu moins, si elles ont une surcharge à un moment donné, ou s'il n'y a pas des choses qui sont mises en place pour éviter cela. Et puis, en termes de nombre, aujourd'hui, on dit qu'il y aurait à peu près un salarié sur cinq qui serait aidant. Et d'ici cinq ans, on passera à un sur quatre. Donc, il ne faut pas fermer les yeux. Il faut avoir conscience de ça avec ce que ça peut générer pour une entreprise, que ce soit au niveau de la qualité de vie au travail, voire tout simplement au niveau des arrêts de travail et de la productivité. Donc l'entreprise a vraiment intérêt à s'emparer du sujet.

  • Speaker #1

    Il y a une sensibilisation nécessaire, autant auprès des RH, des RH dirigeants, que des collaborateurs eux-mêmes, qui n'ont peut-être pas conscience que ce qu'ils font de manière continue rentre dans le cadre de les danses, et qu'ils ont des outils et des aides. Aussi psychologique, parce que parfois on se sent un peu désarmé. Moi, j'ai rencontré des aidants et des aidantes qui se sentaient désarmés. C'est un paysage qui est difficile parce qu'on n'a pas accès à beaucoup d'outils ou alors il faut beaucoup chercher. Et puis, on n'est pas formé pour être assistant ou assistante sociale parfois ou pour être financier ou pour être infirmier. Parce que parfois, on fait des soins aussi pour la personne qu'on aide.

  • Speaker #0

    Oui, c'est pour ça qu'il ne faut pas hésiter à se faire aider. Et puis, même si tout cela est cool, il y a un certain nombre de prises en charge qui sont... qui sont possibles, des prises en charge par des caisses de retraite qui vont pouvoir financer ponctuellement les départements, les contrats d'assurance, donc il faut regarder, il faut regarder et clucher. C'est aussi le rôle justement du care manager d'épauler pour faire un point parce que les personnes ne savent pas. Et là, quelle que soit leur situation sociale ou autre, plus aussi la difficulté à monter des dossiers, parce qu'à chaque fois qu'il faut monter des dossiers, tout ça souvent... Par Internet, tout le monde n'est pas forcément expert dans l'utilisation de tous ces outils. Et puis sur les services à domicile, Marguerite Servis fait partie du groupe Oxylife, qui propose justement des prestations d'accompagnement physique, d'auxiliaire de vie pour les personnes en situation de handicap ou en perte d'autonomie du fait de l'âge. Et là, c'est précieux.

  • Speaker #1

    En tout cas, ce qu'on peut dire, c'est que... aux auditeurs et auditrices, vous n'êtes pas seul. Il y a plein d'outils aujourd'hui qui existent si vous êtes encore salarié, que vous entendez ce message. Il y a plein d'outils disponibles aujourd'hui, que ce soit pour sensibiliser son entreprise, si on sent qu'elle ne l'est pas encore, et pour amener justement le sujet de l'aidance dans un véritable cadre de bien-être au travail aussi. Et ça jouera pour les entreprises, parce qu'après, c'est des leviers de performance si on accompagne les...

  • Speaker #0

    C'est des leviers de performance, qualité de vie au travail, et j'ajouterais même de l'ARSE. Puisqu'en fait, on est à la fois sur la prévention, quand on fait de l'accompagnement des aidants, on joue sur la mixité pour les sujets qu'on a évoqués, et notamment par rapport à l'implication des femmes sur ces sujets. Donc l'entreprise a tout intérêt à s'emparer de ces sujets, à la fois pour sa marque employeur, pour la qualité de vie au travail et pour la réduction de l'absentéisme.

  • Speaker #1

    Tous ces beaux sujets. On arrive déjà bientôt à la fin de l'interview. C'est quoi vos rêves et vos désirs, Frédérique ?

  • Speaker #0

    Mes rêves ou mes désirs, c'est de continuer à me faire plaisir et puis faire en sorte que les personnes, quelles qu'elles soient, puissent réaliser leurs rêves et leurs projets sans avoir des injonctions ou des contraintes liées à leur appartenance sociale, à leur couleur de peau, à leur genre, à leur âge. qu'elles se perçoivent en tant que personnes et non pas des êtres rentrant dans une case.

  • Speaker #1

    On fait péter les dictates. Dernière question, le podcast s'appelle Encore, qu'est-ce que vous mettez derrière ce mot ?

  • Speaker #0

    Encore de la joie, encore du bonheur, encore du dynamisme, encore des projets, encore des rêves, quel que soit son âge.

  • Speaker #1

    Très bien, et encore du cyclisme ?

  • Speaker #0

    Eh bien oui, d'ailleurs on va y penser sur les routes pour ce week-end.

  • Speaker #1

    Merci Frédérique pour votre présence au micro d'Encore ce matin. Justement, vous avez pris des pas de côté et pas mal de prévenance sur dire je parle avec mon vécu, mon expérience, mais vous donnez quand même beaucoup d'outils à des personnes qui voudraient justement peut-être raviver une flamme ou se donner du courage ou avoir des exemples. Parce qu'on parle beaucoup aussi dans ce podcast de transmission et de rôle modèle. Certains aiment ce terme, d'autres non. Pour les auditeurs assidus, vous vous souviendrez de qui était plutôt contre ce nom. En tout cas, vous êtes dans cette posture de dire voilà. Moi, j'avance sur mon chemin. L'ambition m'accompagne depuis que je suis petite. Vous avez rapidement écrasé ces barrières qu'on essayait de vous mettre en disant « Non, mais moi, j'ai envie de mener ma vie, ma carrière comme j'ai envie. » Ça donne de l'énergie à des jeunes filles, des jeunes femmes et des femmes de toute génération justement de réentreprendre sa vie. Je pense qu'on peut garder ce titre-là sans forcément mettre l'âge. À tout moment dans notre vie, on peut réentreprendre, opérer des changements et être son acteur. On a parlé aussi des entreprises parce que je pense qu'elles ont un rôle à jouer aujourd'hui dans la société pour justement coller au plus proche des spécificités de chacun. La démographie, elle change tout le temps. On ne peut plus laisser sa vie privée en dehors de son travail. Ça fait maintenant partie de soi. On ne peut plus le laisser quand on arrive. Et donc, il faut réunir toutes ces forces pour créer un bel avenir plus inclusif et avec de la diversité, comme vous avez pu insister aussi régulièrement dans cette interview. Merci infiniment. Merci Claire. A très bientôt. Et je vais mettre en lien de l'épisode le lien vers votre livre que vous pouvez retrouver dans toutes les librairies de France.

  • Speaker #0

    N'est-ce pas ? Exactement.

  • Speaker #1

    Très bien. Merci beaucoup. Merci d'avoir écouté cet épisode. J'espère qu'il vous a plu. Si c'est le cas, gratifiez-le d'un maximum d'étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée et surtout, parlez-en autour de vous. Et pour suivre les coulisses, retrouvez Encore sur Instagram. A bientôt !

Share

Embed

You may also like