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Enfance en nature par Pédagogie du vivant

#26 Partager la permaculture avec les enfants et les familles - Avec Blandine @permaculture.en.herbe

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59min |10/04/2024
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Description

Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Blandine.


Formée à la permaculture depuis plus de 10 ans, Blandine et sa famille connectent avec le vivant qui les entoure : de la terre nourricière aux voisins soutenants, la permaculture n'est pas qu'un mode de culture. C'est une philosophie de vie, une approche globale des relations que nous tissons avec notre monde environnant.


Cette philosophie, Blandine a à cœur de la partager à toutes les générations en proposant, entre autres, d'accompagner familles et professionnels de l'éducation dans la création de jardins pédagogiques.


Partager, accueillir, régénérer, donner, recevoir, valoriser le savoir-faire, aimer.. Cette discussion avec Blandine nous rappelle combien il est précieux de prendre soin de soi, des autres et de l'environnement.


Pour en savoir plus sur Blandine et retrouver toutes les infos à son sujet, rendez-vous sur : www.pedagogieduvivant.fr


Très belle écoute !


Je vous souhaite une très belle écoute


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #Claire

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeur des écoles, éducateur, animatrice, ces conversations ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif : permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement Au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout, à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Blandine. Formée à la permaculture depuis plus de dix ans, Blandine et sa famille connectent avec le vivant qui l'entoure. De la terre nourricière aux voisins soutenants, la permaculture n'est pas qu'un mode de culture. C'est une philosophie de vie, une approche globale des relations que nous tissons avec notre monde environnant. Cette philosophie, Blandine a à cœur de la partager à toutes les générations en proposant d'accompagner famille et professionnels de l'éducation dans la création de jardins pédagogiques. Partager, accueillir, régénérer, donner, recevoir, valoriser le savoir-faire, aimer. Cette discussion avec Blandine nous rappelle combien il est précieux de prendre soin de soi, des autres et de l'environnement. Je vous souhaite une très belle écoute. Salut Blandine !

  • #Blandine

    Salut Claire !

  • #Claire

    Je te souhaite la bienvenue sur le podcast. Je suis ravie qu'on échange ensemble aujourd'hui. Pour démarrer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots, nous dire d'où tu viens et ce que tu fais au quotidien ?

  • #Blandine

    Alors déjà merci pour ton bienvenue, je suis ravie d'être là aussi et de partager avec toi autour de ces sujets qui sont importants pour moi. Alors que dire, je m'appelle Blandine, j'ai presque 40 ans, je vis dans le Jura, au milieu de belles montagnes, et puis actuellement je fais plusieurs choses. Je crois que je fais partie de ces gens qu'on appelle les multis. D'abord, je suis maman de deux enfants, deux ados en fait, de 12 et 14 ans. Et puis, ma première activité, c'est de subvenir aux besoins du foyer, notamment à travers le jardinage. Donc, je passe pas mal de temps à cultiver, cueillir dans le jardin et puis en sauvage et à transformer. J'ai une autre activité professionnelle qui consiste à accompagner des collectifs qui montent des projets alternatifs, donc c'est de la facilitation de collectifs avec une approche notamment de permaculture humaine. Et puis, j'ai une troisième activité. J'aime bien quand ça change, mais c'est tout relié. J'accompagne des professionnels de l'éducation et puis des parents qui veulent transmettre la permaculture aux enfants. Voilà.

  • #Claire

    Figure-toi que j'ai plein de questions sur tout ça. Mais d'abord, ma question rituelle. Blandine, quel a été ton rapport avec la nature durant ton enfance ?

  • #Blandine

    Mon rapport avec la nature ? J'ai toujours eu la chance de grandir en milieu rural. Je n'ai pas beaucoup quitté le milieu rural à part pour quelques années d'études dans la grande ville de Lyon. J'ai mon rapport avec la nature, du coup il est assez simple parce qu'il a toujours été là. J'ai grandi dans des paysages magnifiques, avec toujours des montagnes. J'ai grandi notamment, j'ai des racines dans le Buget, donc c'est aussi les montagnes du Jura. Après avec ma famille, on a beaucoup déménagé, on est parti jusque dans les Alpes. Donc là c'était d'autres montagnes avec une autre énergie, mais très belle aussi. Et puis je suis revenue dans le Jura, sur ce caillou-là, avec ces plantes-là que j'aime tout particulièrement.

  • #Claire

    Et j'ai cru comprendre que tu avais eu un parcours professionnel riche et varié. Est-ce que tu veux bien nous le raconter ? Par quoi tu as démarré et puis les expériences les plus marquantes que tu as vécues ?

  • #Blandine

    Oui, alors j'ai fait des études d'anthropologie, ethnologie. Alors c'est l'étude des... des différents peuples à travers le temps et l'espace, et puis de leur rapport au monde. Ces études-là, ça m'a marquée parce que ça m'a permis de valider quelque chose que je sentais tout au fond de moi depuis toujours, c'est-à-dire que nature et culture, ce n'était pas forcément si séparé pour tout le monde. En tout cas, ici, on clive beaucoup les deux, mais il y a plein de peuples. et il y a eu ici autrefois des peuples qui mélangeaient les deux, en tout cas qui fondaient leur culture sur la nature. Et tout ça, ça fait toujours partie de moi. Je n'ai pas exercé dans ce milieu professionnel-là. Je suis devenue agricultrice, en fait. je crois que c'était compliqué pour moi d'expliquer la vie des autres c'est ce qu'on demande à un ethnologue sans avoir moi-même vécu donc je suis partie du plus concret et j'ai beaucoup travaillé comme ouvrière agricole et puis je suis devenue paysanne herboriste donc j'ai cultivé et cueilli et je continue toujours à titre personnel maintenant des plantes médicinales Tout ça, ça m'a amenée par rebond à découvrir la permaculture. Alors c'était en 2012 que j'ai fait ma première formation. Et puis, dans le même temps, je suis devenue aussi animatrice nature. Tout ça, ça s'est tissé. Comme je disais tout à l'heure, j'ai toujours eu plusieurs activités. Voilà, c'est comme ça, ça fait partie de moi. donc j'ai été animatrice nature dans les écoles j'ai notamment travaillé pour ici on est en zone nature à 2000 donc voilà pour la sensibilisation dans les écoles c'était très chouette j'ai commencé à cette époque là aussi le jardin pédagogique et puis voilà tout ça ça s'est tissé ensemble avec la permaculture aujourd'hui j'ai plus ces activités là parce que j'en ai d'autres que j'ai nommé tout à l'heure mais c'est tout pour moi c'est c'est comme un arbre avec plusieurs branches mais il y a il y a un seul trou voilà

  • #Claire

    Ben oui, on se nourrit, tout ça est lié et on sent bien les valeurs et les croisements entre tout ça. Du coup, là, tu l'as nommé plusieurs fois, la permaculture qui est arrivée, à laquelle tu t'es formée en 2012, ça pourrait clairement faire l'objet d'un épisode entier, et peut-être que tu auras des sources à conseiller si parmi les personnes qui nous écoutent, certaines ont envie de creuser le sujet. Est-ce que tu peux expliquer ce qu'est la permaculture ? Quels sont ses fondements, ses valeurs ?

  • #Blandine

    Alors effectivement, ça peut nous faire l'objet d'un épisode entier. Alors la permaculture c'est.. je vais peut-être commencer par la définir par ce qu'elle n'est pas. Ce n'est pas ce qu'on vous montre à la télévision c'est beaucoup plus vaste que ça dans le sens où actuellement la permaculture est beaucoup médiatisée comme si c'était une méthode de jardinage Or, ce n'est pas le cas. La PERMA a été théorisée dans les années 70 par deux Australiens, Mollison et Holmgren, qui en fait, effectivement, au début, réfléchissaient autour de questions agronomiques. C'est des universitaires. Et puis, rapidement, se sont rendus compte que pour qu'on puisse continuer à... en tant qu'humain, à vivre sur cette planète sans la détruire, ou en tout cas sans nous auto-détruire, on aurait besoin de faire plus qu'améliorer nos techniques d'agriculture, en fait. Plus que de... On a besoin de faire plus que de planter des salades. Et qu'en fait, ce qu'ils avaient commencé à théoriser pouvait s'appliquer à tous les champs de l'existence humaine. Donc la permaculture, c'est une philosophie et aussi une méthodologie, mais pas des techniques en fait. Les techniques, elles viennent après. C'est une vision du monde et de notre rapport au monde. Elles se fondent sur trois piliers : prendre soin de la Terre, donc la Terre dans tous les sens du terme, à savoir la Terre, la planète, mais aussi la terre, l'humus. Et puis, donc ça c'est le premier pilier, mais les trois piliers sont intimement liés. Donc prendre soin de la Terre, prendre soin de l'humain, parce que moi en fait, moi je me situe plutôt dans... fortement dans celui-ci, prendre soin de l'humain dans le sens prendre soin des autres autour, qu'ils soient proches ou lointains. Et je pense à ceux qui fabriquent nos t-shirts à l'autre bout du monde ou qui extraient les métaux qui nous permettent d'accéder à certaines technologies, mais aussi prendre soin de la communauté, des gens qui sont... Communauté au sens anglais du terme donc nos proches, les gens avec qui on vit, dans notre village, dans notre famille, prendre soin de ces liens-là, et puis prendre soin de nous-mêmes. Là, ça nous amène aussi sur des questions pédagogiques, dans le sens où je pense, je crois profondément qu'on détruit la planète parce qu'on a des blessures personnelles qui commencent dès l'enfance et qu'on cherche à compenser avec toutes sortes de consommations. etc donc voilà, prendre soin de l'humain et puis le troisième pilier de la permaculture c'est produire l'abondance et partager les surplus équitablement alors là c'est tout un programme générer l'abondance, c'est pas produire l'abondance c'est plutôt générer, j'aime mieux ce terme là générer l'abondance et partager les surplus équitablement ça veut dire changer de lunettes, de façon de voir le monde, arrêter d'être toujours dans une espèce de peur du manque, avoir une profonde connexion et confiance en la nature et en sa capacité à nous soutenir, comme elle le fait depuis toujours, en fait, jusqu'à ce qu'on l'oublie, récemment, très récemment dans l'histoire du monde. Et, ouais, avoir une profonde confiance en ça. ce qui nous amène à générer plein plein de choses alors ça se voit très bien au niveau des jardins quand on utilise cette approche là souvent on a plus que ce dont on a besoin et rapidement on peut en distribuer autour mais équitablement ça veut dire aussi je reviens à ce que je disais tout à l'heure sur l'humain en prenant soin aussi de notre propre énergie et s'en donner sa chemise quelque chose de juste pour tout le monde je m'étends un peu mais c'est des sujets qui... qui me touchent alors j'ai tendance à déborder #Claire non mais justement on est là pour ça on a le temps d'en discuter J'aimerais bien qu'on approfondisse un peu ce prendre soin de soi et de son énergie parce que je crois que des fois, les choses sont un peu mélangées, notamment parce que depuis des années, on voit dans les médias, on parle beaucoup de développement personnel et ça a transformé un truc où tout le monde se met la pression pour se sentir bien dans ses baskets et on essaye d'activer des trucs à droite, à gauche. On est presque tombé dans une espèce de... de productivité, de bien-être personnel, ça prend quel sens pour toi, le prendre soin de soi ? Comment on prend soin de soi ? Comment on prend soin de soi ? bizarrement moi ça m'emmène pas du tout dans des questions d'injonction au bonheur en fait c'est pas forcément prendre soin de soi c'est pas toujours une place très confortable ça demande des fois de traverser des remous intérieurs pas toujours agréables, mais qui nous amènent vers quelque chose qui a plus de sens en fait, vers du mieux, ça c'est sûr. Mais il n'y a pas d'injonction. à ça, c'est prendre soin de soi, prendre soin de l'humain en général, de soi ou des autres. En fait, les deux vont ensemble toujours. Ça passe pour moi d'abord par prendre responsabilité. Ça veut dire aller regarder ce qui nous met en réaction, que ce soit dans notre vie personnelle ou dans notre vie professionnelle, par exemple. Notamment, ça se voit beaucoup quand on travaille avec les enfants. Eux ils sont extra pour ça les enfants. en Inde on dit les enfants sont des maîtres mais c'est vrai quoi ils appuient exactement alors pas là où ça fait mal et puis ils font ça sans malice c'est pas pour faire mal mais ils nous font miroir de tous ces endroits où ça frotte à l'intérieur, tous ces endroits où nous aussi, on porte une part d'un enfant blessé et qui aurait peut-être besoin qu'on aille le voir et lui faire un gros câlin, le prendre par la main et... Voilà, prendre soin de soi, si je devais résumer, pour moi, quand on est adulte, prendre soin de soi, c'est... devenir son propre parent, se donner ce qu'on aurait voulu qu'on nous donne à l'époque, pouvoir après encore mieux le donner aux autres autour, petits et grands.

  • #Claire

    Et quand on est enfant, du coup, quelqu'un qui se dit, moi je vais apprendre, réapprendre à prendre soin de moi, comment est-ce que je transmets à un enfant ? Le fait qu'il apprenne lui aussi à prendre soin de lui, est-ce qu'on a besoin de lui apprendre déjà ? Première question. Et si oui, comment est-ce qu'on lui transmet ça ?

  • #Blandine

    Alors sur les questions de transmission, mon expérience en tout cas, c'est que les choses... se font jamais aussi bien que naturellement. Je ne crois pas qu'on ait besoin de faire des cours et des grandes théories. Je ne crois pas que ce soit efficace, en tout cas, surtout quand ce n'est pas sollicité. Et là aussi, les enfants, j'ai l'impression qu'ils nous enseignent beaucoup ce message-là. Ça ne marche pas de... de prôner le faites ce que je dis, pas ce que je fais. C'est en incarnant les choses, alors sans injonction à être parfait en fait, en étant en chemin soi-même et en étant authentique, que automatiquement ça rayonne tout autour en fait. Je pense qu'on ne peut pas... Je n'ai pas l'impression qu'on puisse apprendre à un enfant à être... libre, respectueux de lui-même si nous-mêmes on le fait pas si par exemple moi je me sacrifie dans le mauvais sens du terme pour mes enfants pour qu'eux ils apprennent à être bien je sais pas si ça va vraiment marcher ou si en fait implicitement je suis pas en train de leur transmettre de pas se respecter d'aller puiser au-delà de leurs ressources pour donner aux autres donc j'ai tendance dans tous les domaines y compris dans celui du jardinage à ne pas faire de théorie mais à plutôt pratiquer ensemble avec toutes les imperfections que ça implique

  • #Claire

    J'ai bien envie qu'on continue sur le sujet de la permaculture humaine. Tu disais, du coup, tu proposais des accompagnements, tu accompagnes des collectifs. Dans les personnes qui écoutent le podcast, il y a beaucoup de gens qui travaillent, qui sont des professionnels de l'éducation, des familles aussi. Est-ce que la permaculture humaine, est-ce que c'est quelque chose qu'on peut retrouver dans tout type d'environnement ? Je pense par exemple sur un lieu de travail, dans une école.

  • #Blandine

    Alors, déjà je vais peut-être reprendre ce que je disais tout à l'heure pour développer un petit peu plus sur la permaculture. Donc quand je dis que c'est une philosophie holistique, une philosophie de vie globale, ça veut dire qu'elle s'applique à tous les pans de notre existence humaine. Donc la partie qu'on voit à la télé, la technique de jardinage, c'est un tout petit bout. On peut imaginer, souvent on représente la permaculture comme une fleur. Vous pouvez taper ça sur internet, fleur de la permaculture, qui représente comme ça ces différents axes. Le côté soin à la terre et agriculture, c'est... Ouais, le côté agriculture, c'est un seul pétale, et le côté jardinage, c'est un tout petit bout de ce pétale-là. Après, il y a plein d'autres pétales qui s'appellent santé, éducation, finance, habitation, je ne sais pas. Voilà, je ne vais pas tous vous les citer, parce que ce n'est pas la question ici, mais je vous invite à aller voir ça. et organisation humaine et sociale. Ça, c'est un pétale aussi. Donc, avec la même approche... mais pas, bien sûr, pas les mêmes outils, pas une grelinette. On peut aller faire de la permaculture humaine, c'est-à-dire jardiner les projets personnels ou collectifs, et puis les jardins intérieurs. ce qu'on appelle la zone 0-0, c'est-à-dire l'intérieur de nous-mêmes. Alors bien sûr, ça, ça peut se pratiquer dans tous les domaines. Moi, j'accompagne des collectifs et puis des personnes aussi en individuel qui ont toutes sortes de pratiques professionnelles. Les outils et l'approche restent les mêmes que ce soit des associations, des éducateurs, des collectifs qui veulent habiter ensemble, des entreprises. Voilà, l'approche reste la même. Je ne sais pas si ça répond exactement à ta question.

  • #Claire

    Oui, oui, tout à fait. C'est pour concrétiser un petit peu, tu vois, de passer de la philosophie à justement au quotidien. quelle forme ça peut prendre ?

  • #Blandine

    Plus concrètement, ça va prendre la forme d'aller travailler sur nos fondations, que ce soit personnellement ou en groupe, c'est-à-dire nos valeurs profondes, la vision qu'on a, et puis comment on veut traduire ça dans des postures, et puis après dans la matière, dans des actions concrètes.

  • #Claire

    Maintenant, si on se tourne du côté du tout petit pétale jardin, mais qui a une puissance folle malgré tout, du coup, tu parlais d'accompagnement dans la mise en place de jardins pédagogiques. Concrètement, c'est quoi un jardin pédagogique ? À quoi ça ressemble ?

  • #Blandine

    Alors... En permaculture, un des principes de base, c'est qu'il n'y a pas de recette toute faite. On ne fait que du sur-mesure. Donc un jardin pédagogique, ça peut prendre mille et une formes en fonction du lieu, des personnes qui vivent sur ce lieu, de leurs projets, leurs aspirations, leurs limites aussi, tout un tas de paramètres comme ça. Donc pour moi, le jardin en plus il est pas... exclutent son environnement. Il y a ça aussi en permaculture qui est très fort. C'est pour ça que c'est dommage quand on réduit la permaculture à seulement le jardin. C'est parce que le jardin, il est interconnecté avec les personnes qui vivent dedans, les animaux du plus grand à la plus petite bactérie qu'on n'arrive pas à voir et qui est dans le sol de toutes les personnes qui vivent autour. Le jardin, il fait partie d'un lieu plus vaste. Si on parle d'un jardin pédagogique, peut-être que ce jardin, il est relié à une maison d'habitation, à une école, à une association, à toutes sortes de choses. Et donc, le jardin, c'est tout ça. On ne peut pas l'extraire. C'est notre société actuelle qui, en fait... la permaculture s'est changée de paradigme. Le paradigme actuel, il a tendance... Donc, notre vision du monde, ça veut dire. On a tendance à tout voir de manière cloisonnée, des petites cases, et puis on sépare tout. Même quand on parle de notre corps, on va chez le médecin et on parle d'un endroit où on a mal, et c'est comme s'il était séparé de tout notre corps. Mais en fait, ça va tout ensemble, c'est tout relié. Et bien là, c'est pareil.

  • #Claire

    Ce qui signifie que... Parce que... Dans ce qu'on nous montre de la permaculture au jardin, on a toujours des images d'immenses jardins, d'environnements naturels assez sauvages ou en tout cas vraiment très rurals. Mais du coup... Ça peut se faire dans tous les environnements, y compris urbains ? Je pense par exemple à des écoles en centre-ville qui vont disposer d'un petit carré de terre dans la cour ou à proximité.

  • #Blandine

    Alors oui, ça peut se pratiquer partout. Ça peut commencer sur un balcon avec un pot de fleurs, même dans un appartement avec un pot de fleurs et un peu de terreau il n'y a pas de restrictions ça se passe là où vous êtes et là où vous animez où ça vous anime en fait c'est pas nous qui animons c'est les choses qui nous animent donc il n'y a pas encore une fois il n'y a pas de recette toute faite et on peut le faire si on a un petit carré de terre et on peut le faire même si on n'a pas de terre il y a plein de méthodes qui existent pour faire ça sur du béton dans des cours d'école parce qu'on ne peut pas toujours casser le goudron, l'idéal bien sûr ce serait ça ce serait génial qu'on reverdisse les cours d'école mais parfois on a des limites et la permaculture elle prend ça en compte et en fait toutes nos limites ça c'est une chose qui est à mon sens très forte en permaculture c'est que toutes nos limites deviennent dans notre projet un matériau de création en fait un point sur lequel on peut appuyer notre créativité pour inventer notre jardin, notre projet. Alors peut-être si je n'ai pas de sol, par exemple, eh bien, je peux créer toutes sortes de bacs. Après, c'est des techniques.

  • #Claire

    Ok. Pour aborder la question... plutôt enfance et éducation. Aujourd'hui, l'approche qu'a le système scolaire en France est surtout basée sur de la transmission de savoir et de connaissances, mettant de côté la transmission de savoir-faire, qui ne se fait finalement qu'à partir d'un certain âge et seulement si les jeunes se forment à des métiers manuels. Je crois savoir, c'est un sujet qui te tient à cœur. Pourquoi est-ce que c'est un problème d'avoir mis de côté cette transmission de savoir-faire ? Et pourquoi du coup, est-ce qu'il faut y revenir et changer d'approche ?

  • #Blandine

    Alors, encore une fois, c'est une question de notre culture, notre rapport au monde. Et la permaculture, elle propose ça aussi, on l'entend bien en français, dans permaculture, il y a je perds ma culture et j'en construis une nouvelle. J'aime bien ce jeu de mots-là parce qu'il sous-entend beaucoup de choses, en fait. Il sous-entend beaucoup de choses. On a décidé de valoriser certains savoirs académiques, on va dire, le français, les maths et compagnie, et puis de laisser d'autres de côté. Alors qu'en fait, un humain, déjà, il a plein de potentiels. Au départ, il a tous les potentiels possibles. Et puis, il y a plusieurs formes d'intelligence, en fait. Et il se trouve que notre système scolaire actuel valorise une certaine forme d'intelligence et certaines capacités, et puis pas d'autres. Alors déjà, ça, ça peut être très douloureux pour les personnes qui ne rentrent pas dans le cadre. Et puis ensuite, ça a pour résultat de nous déconnecter de toute une part de nous-mêmes. C'est comme si on peut se dire qu'un humain, petit ou grand, une humaine, c'est une tête, mais aussi un cœur et des mains. et puis tout le reste, et que si on ne prend que la tête, on ne prend qu'un petit bout. Encore une fois, on a séparé un morceau du tout. Et c'est là qu'il commence à se passer des choses qui nous éloignent de notre nature profonde. Et se réapproprier ces savoirs-là, donc il y en a mille et un possibles, il n'y en a pas un meilleur qu'un autre, Moi, j'encourage chacun, chacune à aller vers ce qui fait vibrer à l'intérieur. Et puis des fois, ça change. Et ces savoir-faire-là, ça nous reconnecte à nous, ça nous reconnecte à toute une part de l'humanité qui a su utiliser ces savoir-faire-là autrefois pour vivre au quotidien. Et puis ça nous reconnecte à la matière en fait, aux choses qui nous entourent et qui ont... je sais pas, qui ont mauvaise presse dans la culture dans laquelle on vit, et je vois pas pourquoi, parce qu'en fait, c'est nos fondements, on a besoin de ça pour vivre, et finalement, à force de cultiver cette manière-là de voir le monde, celle de notre société actuelle, qui est en train de changer, fort heureusement, et ben... c'est comme si on se rendait complètement dépendant. On ne sait plus faire pousser notre nourriture, ou la trouver dans la nature. On ne sait plus construire notre maison. On ne sait plus même prendre soin de nos propres enfants, on les confie à d'autres. On ne sait plus rien faire à part aller gagner des sous qui vont nous permettre d'acheter des choses industrialisées. mais ça, ça ressemble fortement à une vie hors sol comme ces tomates qui poussent dans des grandes serres et qui n'ont même pas les racines dans la terre donc revenir à ces savoir-faire là c'est aussi une manière de remettre nos racines dans la terre avec un grand T ouais,

  • #Claire

    Mais là où je trouve que c'est pas si évident c'est que moi j'ai 30 ans mes grands-parents m'ont transmis à la terre des savoir-faire, mes parents très peu je crois qu'ils ont fait partie de ils ont été la première génération à être coupés à un moment de ça et quand je regarde autour de moi les personnes qui ont à peu près le même âge On est nombreux, nombreuses à ne pas avoir eu cette transmission. Et du coup, aujourd'hui, ça demande un effort considérable parce qu'il faut aller apprendre. Quand il y a eu cette coupure-là, maintenant, ce n'est pas facile. Moi, j'ai envie d'aller transmettre des choses avec mes mains, d'apprendre. Quand j'amène les enfants en forêt, il y a un truc qui me donne trop envie, c'est la vannerie. J'aimerais bien pouvoir... construire des paniers, faire plein de trucs. Et en fait, ça, on ne me l'a pas transmis. Et pourtant, tiens-toi bien, le village de mes grands-parents, il y avait la fête des paniers qui était organisée tous les étés. Donc j'ai vu des gens fabriquer des paniers, mais à aucun moment donné, j'ai appris à le faire. Et du coup, je trouve que... Quand on a envie de... Quand ça bouillonne, tu sens que tes mains ont besoin de faire quelque chose et tu as envie d'apprendre des trucs et tu as envie derrière de le transmettre parce que c'est trop beau, tu vois, tout ça. Mais du coup, ça demande vraiment, je trouve, ça nous demande beaucoup en termes d'énergie et ce n'est pas si simple finalement dans nos quotidiens. Alors encore une fois, tu disais très justement que c'est un changement de... de philosophie de manière générale. Il faut... Ça demande de sortir du fonctionnement dans lequel le système nous a plongés. Mais voilà, moi, à titre personnel, je trouve que c'est parfois compliqué et je trouve que c'est assez coûteux en énergie.

  • #Blandine

    C'est vrai que ça peut... C'est pas un chemin qui est toujours simple parce qu'effectivement, la transmission, elle a été rompue. Et ça nous demande d'aller retisser des liens avec ça. Alors moi, encore une fois, j'ai pas de solution toute faite, mais j'ai l'impression, mon expérience en tout cas, c'est que ça passe par retisser d'abord des liens humains, d'aller... à la rencontre de personnes qui détiennent ces savoir-faire et qui les transmettent. Alors la chance qu'on a aujourd'hui, c'est qu'on a la possibilité d'apprendre plein de choses sans se déplacer. après ça c'est toujours derrière un écran et c'est pas pareil mais je suis persuadée que où qu'on soit si on regarde bien autour de nous il y a toujours plein de ressources et aussi plein de personnes ressources en fait et peut-être que retisser les liens vers les savoir-faire c'est retisser des liens humains avec ces personnes là qu'on a peut-être même pas remarqué et qui sont pas forcément très loin de nous en termes géographiques, et auprès de qui on peut aller se ressourcer, dans le sens retourner à la source, réapprendre à faire avec les mains. Mais c'est vrai que ce n'est pas facile, parce que beaucoup de choses nous entravent et nous éloignent de ces manières-là de faire. Ce qui est génial aussi avec les enfants, c'est qu'eux... ils vont aussi nous permettre d'apprendre en même temps qu'eux, de ne pas faire parfait, et d'aller expérimenter tout un tas de savoirs et de savoir-faire. Et il n'y a pas de hiérarchie, on ne s'est pas obligés. de maîtriser complètement un savoir-faire avant de le transmettre. aux enfants, peut-être, je peux apprendre en même temps qu'eux, ou apprendre devant eux, et puis ça les inspirera ou pas, des savoir-faire qui m'intéressent, par exemple celui de la vannerie que tu citais tout à l'heure, peut-être je peux commencer à bidouiller un truc avec un morceau de noisetier que j'ai trouvé au parc à côté de chez moi, si je suis en ville, et puis il va se passer des choses, et tout ça, c'est des processus qui sont aussi lents. on n'a plus l'habitude de ce temps long et on a tendance à être impatient et exigeant avec nous-mêmes et croire que se réapproprier un savoir-faire, c'est savoir faire parfaitement. Mais il n'y a rien qui nous fait une injonction. à la perfection. Peut-être qu'on peut se détendre un peu avec ça et en se détendant, récupérer un peu d'énergie de ce côté-là. Et puis en puiser aussi dans le partage, notamment avec les enfants.

  • #Claire

    Mais tu as totalement raison. Je te rejoins à 100%. Il y a deux ans, en plein mois d'août, tu as partagé sur ton compte Instagram une vidéo sur le sujet de l'éco-anxiété. Je l'ai revisionnée en préparant l'épisode et je l'ai trouvée très forte. Personnellement, je n'avais jamais été sujette à des angoisses relatives à la situation environnementale du monde avant d'avoir un enfant. J'étais au contraire optimiste, parfois très en colère, mais je militais activement et j'abordais les choses avec confiance. Et puis l'arrivée de ma fille a bousculé les choses. J'ai eu le besoin de me tenir à l'écart des mauvaises nouvelles parce que tout à coup, ça générait beaucoup d'angoisse. Et je sais que nous sommes nombreux et nombreuses à être traversées par ces peurs. Comment est-ce qu'on fait pour avancer au quotidien avec ça ?

  • #Blandine

    Alors, ouais, c'est des vraies questions que... que je croise au quotidien, dans ma vie personnelle, et puis avec les gens que j'accompagne dans toutes mes activités. C'est quelque chose qui revient assez fort et qui commence aussi à émerger chez les enfants, en tout cas chez les ados. Je trouve que ça prend de plus en plus de place. Donc, c'est des sujets qui, effectivement, me touchent et m'interrogent. Alors, comment est-ce qu'on fait pour faire en sorte que les enfants Mon expérience, c'est que tout ça, c'est là, ça nous traverse. Alors le but, ce n'est pas de cultiver des sensations, des émotions qui ne sont pas agréables, mais l'idée, c'est peut-être de ne pas les rejeter. en bloc non plus, ou de vouloir les faire taire, de ne pas mettre un couvercle sur cette cocotte minute qui peut être là. Il n'y a pas d'obligation d'être éco-anxieux si vous ne l'êtes pas, mais tant mieux, c'est vraiment génial. Et donc, si on l'est, de ne pas mettre un couvercle sur cette cocotte minute-là, mais plutôt d'aller regarder ce que ça vient nous raconter, ce que ça vient nous dire de nous-mêmes et de notre rapport au monde. et puis de les traverser parce qu'en fait une émotion ça a un début, un milieu et une fin ça fait peur mais ça se termine un jour je vous promets et ça se termine rapidement normalement si on la regarde vraiment qu'on la laisse venir et qu'on la traverse alors peut-être qu'on va pleurer, peut-être qu'on va crier peut-être qu'on va être pas bien mais tout ça encore une fois ça a un début, un milieu et une fin si c'est trop fort si ça nous submerge complètement, alors ça veut peut-être dire, ça veut sûrement dire qu'on a besoin d'accompagnement. Et dans ce cas-là, il y a des professionnels qui sont là pour ça. Et je vous encourage, j'encourage tout le monde à se tourner vers des praticiens compétents. les praticiennes compétentes quand ils en ont besoin. Mais il y a aussi toutes sortes de choses qu'on peut faire, déjà nous-mêmes, et la première, c'est de ne pas... faire ce qu'on nous a appris depuis tout petit, à savoir n'empere pas, ça va aller, chute-chute, ah mais n'aie pas peur, ah oublie ça, il faut continuer, il faut foncer et tout ce genre de petites phrases qui nous trottent dans la tête depuis très longtemps et qu'on a tendance d'ailleurs, quand on ne les a pas regardées, à retransmettre aux générations d'après sans faire gaffe, que ce soit nos propres enfants ou ceux avec lesquels on travaille. Donc mettre de la conscience sur… Ce qu'on vit nous, ça nous aide à l'instant T à traverser et à aller voir où ça nous emmène au-delà de ça et puis ça nous aide à ne pas refiler notre paquet tout notre bazar à ceux et celles qu'on accompagne et clairement derrière des émotions de peur de tristesse profonde de colère, il peut y avoir, une fois qu'on a accueilli et traversé ça, encore, le but, c'est pas de sauter les étapes, il peut y avoir des choses très belles, des élans qui nous portent, des envies de partage, des projets qui naissent. Par exemple, moi, quand j'ai partagé cette vidéo dont tu parles, c'était il y a deux ans. En fait, la forêt à côté de chez moi, elle brûlait. mais vraiment à côté de chez moi. On voyait la fumée, il y a plein de gens de mon village qui étaient partis. On a eu des très grands feux ici, dans le Jura, en plein été. Et c'était vraiment pas un moment confortable, quoi. C'était un moment terrible, terrible. et finalement une fois tout ça traversé et bien ça a donné lieu à cette vidéo qui apparemment a touché beaucoup de gens et a réconforté beaucoup de gens dans cette vidéo je disais juste bienvenue avec toutes les émotions qui sont là en fait c'est normal elles existent et bienvenue avec ça et le reste on verra après et voilà cette immense tristesse que j'avais moi c'était beaucoup de la tristesse et bien elle s'est transformée en quelque chose de constructif pour moi et puis par effet domino pour d'autres. Mais ça, ça prend du temps. Et puis ça prend de l'amour en fait, de l'accueil, des choses qui sont au niveau du cœur.

  • #Claire

    Merci d'être revenue là-dessus. J'ai visionné la vidéo il y a quelques jours et de l'entendre encore, ça fait du bien. Toujours du bien. Et puis, comme tu dis, accueillir l'émotion et puis après, être dans l'action, ça fait du bien derrière. Une fois qu'on l'a accueillie, qu'elle est passée, ça... À toute petite échelle, pour en revenir au jardin et aller mettre les mains dans la terre et juste cultiver ses propres légumes, on sait déjà qu'on n'entretient pas ce qui nous génère de l'angoisse. En tout cas, on contribue d'une autre manière à faire en sorte que les choses se passent autrement. On parle toujours de la part du colibri, c'est vrai que parfois on se demande... À quoi ça sert vraiment de faire des tout petits gestes comme ça et en fait quand on fait un pas de côté et qu'on prend un peu de recul, ça fait quand même du bien de se dire que comme on peut, on est quand même dans l'action et en tout cas on tente de contribuer à un peu plus de douceur et à beaucoup plus d'amour autrement.

  • #Blandine

    Je me disais, la permaculture, c'est une philosophie de la régénération, en fait. L'idée, c'est pas seulement d'arrêter de dégrader la Terre, mais de carrément l'agrader. C'est-à-dire, c'est l'idée que l'humain a sa place dans le vivant, qu'il n'est pas séparé de la nature, et que, comme tous les autres éléments de la nature, il est là pour améliorer sans cesse cette nature foisonnante, cette abondance. Alors nous, on fait tout le contraire depuis longtemps, mais en vrai, on est plutôt là pour régénérer. Et la question, elle est toujours là-dessus. Quelle action de régénération je peux faire ? pour moi, aller mieux, et pour le monde. Alors, il y a effectivement des choses qui peuvent se faire à petite, moyenne, grande échelle, mais ça, ça fait fondamentalement du bien. Chacun a sa recette. Moi, quand je ne vais pas bien, je plante un arbre. Alors, il y en a qui poussent, il y en a qui ne poussent pas. Ou je vais voir les oiseaux, ou je vais à la rivière. En fait, il y a plein de choses qu'on peut faire, et même si on est en ville, on peut le faire. Je connais des gens, ils ont des noisettes chez eux et ils les plantent en ville, où ils vont chercher et récolter des glands dans leur promenade dans la nature, puis après ils les replantent dans l'espace public, ou des pépins de pommes, ou des choses comme ça, et je trouve ça magnifique, et en fait c'est vrai que ça fait du bien de se rappeler. de tout son être, donc aussi en faisant avec son corps, qu'on fait partie de cette régénération-là, à notre niveau, chacun, chacune.

  • #Claire

    Tout à fait, ouais. J'ai une question plus personnelle. En préparant l'épisode, tu m'as dit qu'avec ta famille, vous viviez dans une cabane la moitié de l'année. Tu nous racontes un petit peu cette vie en cabane ? Pourquoi est-ce que c'est la moitié de l'année ? Et puis depuis quand ? Et puis voilà, c'est un peu votre quotidien dans cette cabane.

  • #Blandine

    Alors, oui, effectivement, ça c'est la vie personnelle. Mais j'ai quand même envie de la partager ici. Donc nous, on est extrêmement privilégiés parce qu'on vit déjà dans un endroit qui est très boisé. On vit dans un département qui a... un des départements qui a le plus de forêts et le moins d'habitants au kilomètre carré. et donc il se trouve qu'on a eu la chance d'hériter de plusieurs hectares de terre. On est en moyenne montagne, donc c'est des paysages qui sont moins dégradés qu'ailleurs parce que simplement on n'a pas pu faire de l'agriculture industrielle ici. Donc c'est encore très forestier, bocager, il y a des haies partout quand il y a de la prairie. de la forêt à n'en plus finir autour de nous et c'est pour ça aussi peut-être que j'ai du mal à séparer le jardin la forêt, la nature pour moi en fait c'est tout la même chose à des échelles différentes que ce soit dans un petit pot dans un appartement ou dans des centaines d'hectares de nature dehors, quelque part c'est la même chose et donc nous on a cet immense privilège d'avoir accès à à ce terrain-là, sur lequel on a décidé de passer un maximum de temps. Seulement, sur ce terrain-là, on ne peut pas vivre, on ne peut pas construire d'habitat, on n'a pas cette autorisation-là. Donc... on peut y passer du temps avec de l'habit allégé. Mais ce qui était surtout important pour moi et puis pour mon compagnon, c'était d'être dans le sauvage, d'être en lien étroit avec cette nature sauvage et puis que nos enfants puissent grandir là-dedans. Et donc, dans cet endroit merveilleux, on a... la chance de pouvoir voir quotidiennement la nature autour de nous, donc les plantes, les animaux. Je ne sais pas, hier encore, j'étais dans mon jardin à planter des petits pois et puis j'ai eu l'honneur d'un tête-à-tête avec le renard, les yeux dans les yeux, une bonne minute, alors que j'étais dans mon jardin. Et ça, c'est... Ouais, encore une fois, c'est un immense privilège. C'est pour ça que j'ai parfois du mal à en parler, parce que je trouve ça injuste. En fait, je voudrais que tout le monde puisse avoir accès à ça, en fait. Et je crois que c'est pour ça que je fais ce métier-là, parce qu'au fond, c'est ça qui m'anime. Je voudrais que tous les enfants puissent expérimenter. ce rapport-là au vivant qui, en fait, est normal pour un humain. Encore une fois, on fait partie de la nature. Mais comme on ne le vit plus au quotidien, on l'oublie. Et ça génère après tout un bazar mental compliqué, alors qu'en fait, c'est simple. Ce n'est pas parfait, mais c'est plus simple que ce qu'on pense.

  • #Claire

    Et tu as deux ados à la maison. Est-ce que... Moi j'ai des souvenirs, tu vois, de vie à la campagne, où à partir de 14 ans je pestais parce que je me sentais éloignée de tout et pourtant j'ai pas du tout... J'ai grandi en région parisienne jusqu'à l'âge de 10 ans, mais tu vois, c'est quelque chose... J'ai passé toutes mes vacances au fin fond de l'Auvergne, donc la campagne, je la connaissais bien et tout, mais il y a eu un âge où vraiment, j'en avais marre de cet isolement. Est-ce que tes enfants t'ont exprimé ce genre de choses ou est-ce qu'au contraire, du coup, ils sont tellement habités par ce vivant qu'ils sont juste... là à leur place et est-ce qu'ils t'ont exprimé des choses là-dessus ?

  • #Blandine

    Alors c'est drôle parce que quand tu racontes comment c'était pour toi, je me souviens que pour moi ça a été comme ça, j'ai des souvenirs moi de dire à mes parents, ouais ici c'est un trou paumé quand je serai grande je vais partir et puis finalement c'est pas ce qui s'est passé il se trouve que mes enfants euh... Non, mes enfants, là, pour l'instant, ils auraient tout à fait le droit de vouloir voir autre chose et explorer autre chose. Moi, je n'ai aucun problème avec ça. En fait, ils sont libres et responsables d'eux-mêmes. Alors, bien sûr, ils sont encore jeunes, donc on prend soin d'eux et on fait notre boulot de parents. gardiens, mais ils sont libres de leur choix et ils seront libres de leur choix plus tard. Actuellement, eux, ils sont heureux comme ça. C'est vrai que des fois... Il y a des moments où, comme tout le monde, ils n'ont pas forcément envie de sortir. Il faut injecter un peu d'énergie dans ce premier pas. Et puis, une fois qu'on est dehors, après, ils ne veulent plus rentrer. Et là, ce qui se passe concrètement, mon aîné, lui, il a choisi de lui-même de s'orienter dans une filière. Donc là, il est rentré au lycée et il a choisi un bac pro qu'on appelle GMNF, c'est gestion des milieux naturels et de la faune. Et quand on lui a demandé pourquoi il voulait faire ça, il a répondu qu'il était la plupart du temps dehors dans la nature et qu'en fait, il ne voulait pas perdre ça dans sa vie professionnelle. C'était trop précieux pour lui et que donc, il cherchait un boulot où il allait pouvoir maintenir ça. ce rapport-là au vivant. Mais peut-être que sa sœur, elle choisira autre chose et c'est OK aussi, en fait. Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve. Moi, le plus important pour moi, c'est de leur avoir transmis. au maximum possible, ce qui, moi, me semblait fondamental. Et après, une fois qu'on a un lien au vivant qui est fort, je crois qu'on peut le retrouver partout. On peut se retrouver au milieu d'une grande ville et... et trouver une connexion à la nature en parlant avec quelqu'un les yeux dans les yeux, en regardant un pigeon des villes se poser sur le toit d'à côté, les nuages, le ciel, les étoiles, ils sont toujours là, et on peut continuer à sentir la terre pulser, même si elle est sous le béton.

  • #Claire

    Mais tu vois, dans... dans toutes les personnes que j'ai accueillies jusqu'à présent sur le podcast, presque tout le monde est passé à un moment donné par une coupure parce que les études, parce que la vie professionnelle. Et puis en fait, comme tu dis, quand on a grandi avec ça, ça reste en nous et il y a un moment, ça peut mettre des années, où ça ressort et du coup... ben voilà ça veut pas forcément dire je plaque tout et je vais vivre en pleine nature, je change de boulot et tout mais en tout cas le regard s'ouvre à nouveau et le coeur aussi sur ce vivant tout proche ouais je crois que c'est pas une question de contexte,

  • #Blandine

    ça peut aider le contexte mais en fait moi je connais des gens qui vivent ici dans mon village, donc il y a un tout petit village en pleine Cambrousse et qui qui ne sortent jamais dans la nature. J'ai travaillé avec des enfants dans des écoles en CM1 qui habitaient au bord de la rivière et qui n'avaient jamais attrapé un tétard dans leurs mains, qui n'étaient jamais allés jouer à l'eau. Et puis, à côté de ça, il y a des gens qui vivent en ville et qui ont une conscience du vivant énorme. La vie, elle est partout. on l'a recouverte un peu, on l'a planquée, on l'a dégradée, mais en fait, la vie, elle est partout parce qu'elle est en nous, et donc en chaque personne qu'on croise.

  • #Claire

    C'est clair. Blandine, nous arrivons à la fin de notre échange. S'il y a des personnes qui ont envie d'approfondir le sujet de la permaculture, est-ce que tu as des sources à conseiller ? Par quoi peut-on commencer ?

  • #Blandine

    Par quoi on peut commencer ? Tu veux dire comme action ou comme...

  • #Claire

    Peu importe, non, peut-être d'abord pas forcément comme action, peut-être plutôt pour en savoir plus sur, finalement, la philosophie, ce qu'est la permaculture.

  • #Blandine

    il y a plein de choses maintenant on a la chance moi quand j'ai commencé la permaculture il y avait je crois deux bouquins en français le reste c'était tout en anglais maintenant il y a plein plein de gens qui partagent la permaculture donc je pense que chaque personne qui écoute ce podcast a déjà déjà rencontré des des transmetteurs et des transmetteuses, des passeurs et passeuses de permaculture. Allez vers les gens qui vous touchent et puis juste regardez qu'on vous parle effectivement pas seulement de techniques de jardinage, mais d'une philosophie plus globale et d'un rapport au monde. c'est juste ce truc-là à vérifier. Après, il existe un réseau francophone de permaculture qui s'appelle Brin de Paille. Moi, j'ai été, avec mon compagnon, on a été délégués départementaux pour ce réseau-là pendant longtemps. Et si vous allez voir sur ce site-là, sur le site de Brun de Paille Permaculture, vous allez normalement trouver une liste des délégués pour chaque département. Et puis aussi pour... d'autres pays francophones et donc voir le contact d'une personne ressource qui peut vous renvoyer vers d'autres personnes ressources proches de chez vous. Et ça, il n'y a rien de plus précieux que le lien humain et puis les pieds sur le terrain, quoi, pour apprendre.

  • #Claire

    Et bien merci pour ces conseils et puis merci pour ce moment passé ensemble. Moi je n'ai jamais creusé le sujet de la permaculture et du coup là tu m'as apporté plein de choses dont je n'avais pas forcément idée ou que j'avais lu en diagonale notamment en te suivant donc voilà c'est précieux ce que tu as partagé aujourd'hui et je t'en remercie.

  • #Blandine

    ok bah merci merci pour ton invitation et pour ce podcast que tu fais, que tu diffuses c'est vraiment inspirant, j'en ai écouté plein pour préparer avant de venir faire celui-ci et je trouve ça très touchant toujours les partages c'est riche et si la permaculture t'intéresse ou intéresse d'autres personnes qui écoutent ce podcast si ces sujets là vous touchent Et bien, je vous invite aussi à venir voir ce que moi je produis comme contenu et puis toutes les personnes de ressources vers qui je peux vous renvoyer parce que c'est aussi ça mon... On travaille notamment sur la toile, c'est de faire un inventaire et un partage des ressources.

  • #Claire

    Mais oui, bien sûr, je mettrai ton site et tes réseaux dans le descriptif de l'épisode. À bientôt, Blandine.

  • #Blandine

    À bientôt, merci.

  • #Claire

    Merci à toutes et à tous pour votre écoute. J'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air. voire même, peut-être, une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pedagogieduvivant.fr. Vous y trouverez toutes les infos à son sujet, ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode, et d'ici là, n'oubliez pas, sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez ciao ciao, à bientôt !

Description

Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Blandine.


Formée à la permaculture depuis plus de 10 ans, Blandine et sa famille connectent avec le vivant qui les entoure : de la terre nourricière aux voisins soutenants, la permaculture n'est pas qu'un mode de culture. C'est une philosophie de vie, une approche globale des relations que nous tissons avec notre monde environnant.


Cette philosophie, Blandine a à cœur de la partager à toutes les générations en proposant, entre autres, d'accompagner familles et professionnels de l'éducation dans la création de jardins pédagogiques.


Partager, accueillir, régénérer, donner, recevoir, valoriser le savoir-faire, aimer.. Cette discussion avec Blandine nous rappelle combien il est précieux de prendre soin de soi, des autres et de l'environnement.


Pour en savoir plus sur Blandine et retrouver toutes les infos à son sujet, rendez-vous sur : www.pedagogieduvivant.fr


Très belle écoute !


Je vous souhaite une très belle écoute


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #Claire

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeur des écoles, éducateur, animatrice, ces conversations ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif : permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement Au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout, à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Blandine. Formée à la permaculture depuis plus de dix ans, Blandine et sa famille connectent avec le vivant qui l'entoure. De la terre nourricière aux voisins soutenants, la permaculture n'est pas qu'un mode de culture. C'est une philosophie de vie, une approche globale des relations que nous tissons avec notre monde environnant. Cette philosophie, Blandine a à cœur de la partager à toutes les générations en proposant d'accompagner famille et professionnels de l'éducation dans la création de jardins pédagogiques. Partager, accueillir, régénérer, donner, recevoir, valoriser le savoir-faire, aimer. Cette discussion avec Blandine nous rappelle combien il est précieux de prendre soin de soi, des autres et de l'environnement. Je vous souhaite une très belle écoute. Salut Blandine !

  • #Blandine

    Salut Claire !

  • #Claire

    Je te souhaite la bienvenue sur le podcast. Je suis ravie qu'on échange ensemble aujourd'hui. Pour démarrer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots, nous dire d'où tu viens et ce que tu fais au quotidien ?

  • #Blandine

    Alors déjà merci pour ton bienvenue, je suis ravie d'être là aussi et de partager avec toi autour de ces sujets qui sont importants pour moi. Alors que dire, je m'appelle Blandine, j'ai presque 40 ans, je vis dans le Jura, au milieu de belles montagnes, et puis actuellement je fais plusieurs choses. Je crois que je fais partie de ces gens qu'on appelle les multis. D'abord, je suis maman de deux enfants, deux ados en fait, de 12 et 14 ans. Et puis, ma première activité, c'est de subvenir aux besoins du foyer, notamment à travers le jardinage. Donc, je passe pas mal de temps à cultiver, cueillir dans le jardin et puis en sauvage et à transformer. J'ai une autre activité professionnelle qui consiste à accompagner des collectifs qui montent des projets alternatifs, donc c'est de la facilitation de collectifs avec une approche notamment de permaculture humaine. Et puis, j'ai une troisième activité. J'aime bien quand ça change, mais c'est tout relié. J'accompagne des professionnels de l'éducation et puis des parents qui veulent transmettre la permaculture aux enfants. Voilà.

  • #Claire

    Figure-toi que j'ai plein de questions sur tout ça. Mais d'abord, ma question rituelle. Blandine, quel a été ton rapport avec la nature durant ton enfance ?

  • #Blandine

    Mon rapport avec la nature ? J'ai toujours eu la chance de grandir en milieu rural. Je n'ai pas beaucoup quitté le milieu rural à part pour quelques années d'études dans la grande ville de Lyon. J'ai mon rapport avec la nature, du coup il est assez simple parce qu'il a toujours été là. J'ai grandi dans des paysages magnifiques, avec toujours des montagnes. J'ai grandi notamment, j'ai des racines dans le Buget, donc c'est aussi les montagnes du Jura. Après avec ma famille, on a beaucoup déménagé, on est parti jusque dans les Alpes. Donc là c'était d'autres montagnes avec une autre énergie, mais très belle aussi. Et puis je suis revenue dans le Jura, sur ce caillou-là, avec ces plantes-là que j'aime tout particulièrement.

  • #Claire

    Et j'ai cru comprendre que tu avais eu un parcours professionnel riche et varié. Est-ce que tu veux bien nous le raconter ? Par quoi tu as démarré et puis les expériences les plus marquantes que tu as vécues ?

  • #Blandine

    Oui, alors j'ai fait des études d'anthropologie, ethnologie. Alors c'est l'étude des... des différents peuples à travers le temps et l'espace, et puis de leur rapport au monde. Ces études-là, ça m'a marquée parce que ça m'a permis de valider quelque chose que je sentais tout au fond de moi depuis toujours, c'est-à-dire que nature et culture, ce n'était pas forcément si séparé pour tout le monde. En tout cas, ici, on clive beaucoup les deux, mais il y a plein de peuples. et il y a eu ici autrefois des peuples qui mélangeaient les deux, en tout cas qui fondaient leur culture sur la nature. Et tout ça, ça fait toujours partie de moi. Je n'ai pas exercé dans ce milieu professionnel-là. Je suis devenue agricultrice, en fait. je crois que c'était compliqué pour moi d'expliquer la vie des autres c'est ce qu'on demande à un ethnologue sans avoir moi-même vécu donc je suis partie du plus concret et j'ai beaucoup travaillé comme ouvrière agricole et puis je suis devenue paysanne herboriste donc j'ai cultivé et cueilli et je continue toujours à titre personnel maintenant des plantes médicinales Tout ça, ça m'a amenée par rebond à découvrir la permaculture. Alors c'était en 2012 que j'ai fait ma première formation. Et puis, dans le même temps, je suis devenue aussi animatrice nature. Tout ça, ça s'est tissé. Comme je disais tout à l'heure, j'ai toujours eu plusieurs activités. Voilà, c'est comme ça, ça fait partie de moi. donc j'ai été animatrice nature dans les écoles j'ai notamment travaillé pour ici on est en zone nature à 2000 donc voilà pour la sensibilisation dans les écoles c'était très chouette j'ai commencé à cette époque là aussi le jardin pédagogique et puis voilà tout ça ça s'est tissé ensemble avec la permaculture aujourd'hui j'ai plus ces activités là parce que j'en ai d'autres que j'ai nommé tout à l'heure mais c'est tout pour moi c'est c'est comme un arbre avec plusieurs branches mais il y a il y a un seul trou voilà

  • #Claire

    Ben oui, on se nourrit, tout ça est lié et on sent bien les valeurs et les croisements entre tout ça. Du coup, là, tu l'as nommé plusieurs fois, la permaculture qui est arrivée, à laquelle tu t'es formée en 2012, ça pourrait clairement faire l'objet d'un épisode entier, et peut-être que tu auras des sources à conseiller si parmi les personnes qui nous écoutent, certaines ont envie de creuser le sujet. Est-ce que tu peux expliquer ce qu'est la permaculture ? Quels sont ses fondements, ses valeurs ?

  • #Blandine

    Alors effectivement, ça peut nous faire l'objet d'un épisode entier. Alors la permaculture c'est.. je vais peut-être commencer par la définir par ce qu'elle n'est pas. Ce n'est pas ce qu'on vous montre à la télévision c'est beaucoup plus vaste que ça dans le sens où actuellement la permaculture est beaucoup médiatisée comme si c'était une méthode de jardinage Or, ce n'est pas le cas. La PERMA a été théorisée dans les années 70 par deux Australiens, Mollison et Holmgren, qui en fait, effectivement, au début, réfléchissaient autour de questions agronomiques. C'est des universitaires. Et puis, rapidement, se sont rendus compte que pour qu'on puisse continuer à... en tant qu'humain, à vivre sur cette planète sans la détruire, ou en tout cas sans nous auto-détruire, on aurait besoin de faire plus qu'améliorer nos techniques d'agriculture, en fait. Plus que de... On a besoin de faire plus que de planter des salades. Et qu'en fait, ce qu'ils avaient commencé à théoriser pouvait s'appliquer à tous les champs de l'existence humaine. Donc la permaculture, c'est une philosophie et aussi une méthodologie, mais pas des techniques en fait. Les techniques, elles viennent après. C'est une vision du monde et de notre rapport au monde. Elles se fondent sur trois piliers : prendre soin de la Terre, donc la Terre dans tous les sens du terme, à savoir la Terre, la planète, mais aussi la terre, l'humus. Et puis, donc ça c'est le premier pilier, mais les trois piliers sont intimement liés. Donc prendre soin de la Terre, prendre soin de l'humain, parce que moi en fait, moi je me situe plutôt dans... fortement dans celui-ci, prendre soin de l'humain dans le sens prendre soin des autres autour, qu'ils soient proches ou lointains. Et je pense à ceux qui fabriquent nos t-shirts à l'autre bout du monde ou qui extraient les métaux qui nous permettent d'accéder à certaines technologies, mais aussi prendre soin de la communauté, des gens qui sont... Communauté au sens anglais du terme donc nos proches, les gens avec qui on vit, dans notre village, dans notre famille, prendre soin de ces liens-là, et puis prendre soin de nous-mêmes. Là, ça nous amène aussi sur des questions pédagogiques, dans le sens où je pense, je crois profondément qu'on détruit la planète parce qu'on a des blessures personnelles qui commencent dès l'enfance et qu'on cherche à compenser avec toutes sortes de consommations. etc donc voilà, prendre soin de l'humain et puis le troisième pilier de la permaculture c'est produire l'abondance et partager les surplus équitablement alors là c'est tout un programme générer l'abondance, c'est pas produire l'abondance c'est plutôt générer, j'aime mieux ce terme là générer l'abondance et partager les surplus équitablement ça veut dire changer de lunettes, de façon de voir le monde, arrêter d'être toujours dans une espèce de peur du manque, avoir une profonde connexion et confiance en la nature et en sa capacité à nous soutenir, comme elle le fait depuis toujours, en fait, jusqu'à ce qu'on l'oublie, récemment, très récemment dans l'histoire du monde. Et, ouais, avoir une profonde confiance en ça. ce qui nous amène à générer plein plein de choses alors ça se voit très bien au niveau des jardins quand on utilise cette approche là souvent on a plus que ce dont on a besoin et rapidement on peut en distribuer autour mais équitablement ça veut dire aussi je reviens à ce que je disais tout à l'heure sur l'humain en prenant soin aussi de notre propre énergie et s'en donner sa chemise quelque chose de juste pour tout le monde je m'étends un peu mais c'est des sujets qui... qui me touchent alors j'ai tendance à déborder #Claire non mais justement on est là pour ça on a le temps d'en discuter J'aimerais bien qu'on approfondisse un peu ce prendre soin de soi et de son énergie parce que je crois que des fois, les choses sont un peu mélangées, notamment parce que depuis des années, on voit dans les médias, on parle beaucoup de développement personnel et ça a transformé un truc où tout le monde se met la pression pour se sentir bien dans ses baskets et on essaye d'activer des trucs à droite, à gauche. On est presque tombé dans une espèce de... de productivité, de bien-être personnel, ça prend quel sens pour toi, le prendre soin de soi ? Comment on prend soin de soi ? Comment on prend soin de soi ? bizarrement moi ça m'emmène pas du tout dans des questions d'injonction au bonheur en fait c'est pas forcément prendre soin de soi c'est pas toujours une place très confortable ça demande des fois de traverser des remous intérieurs pas toujours agréables, mais qui nous amènent vers quelque chose qui a plus de sens en fait, vers du mieux, ça c'est sûr. Mais il n'y a pas d'injonction. à ça, c'est prendre soin de soi, prendre soin de l'humain en général, de soi ou des autres. En fait, les deux vont ensemble toujours. Ça passe pour moi d'abord par prendre responsabilité. Ça veut dire aller regarder ce qui nous met en réaction, que ce soit dans notre vie personnelle ou dans notre vie professionnelle, par exemple. Notamment, ça se voit beaucoup quand on travaille avec les enfants. Eux ils sont extra pour ça les enfants. en Inde on dit les enfants sont des maîtres mais c'est vrai quoi ils appuient exactement alors pas là où ça fait mal et puis ils font ça sans malice c'est pas pour faire mal mais ils nous font miroir de tous ces endroits où ça frotte à l'intérieur, tous ces endroits où nous aussi, on porte une part d'un enfant blessé et qui aurait peut-être besoin qu'on aille le voir et lui faire un gros câlin, le prendre par la main et... Voilà, prendre soin de soi, si je devais résumer, pour moi, quand on est adulte, prendre soin de soi, c'est... devenir son propre parent, se donner ce qu'on aurait voulu qu'on nous donne à l'époque, pouvoir après encore mieux le donner aux autres autour, petits et grands.

  • #Claire

    Et quand on est enfant, du coup, quelqu'un qui se dit, moi je vais apprendre, réapprendre à prendre soin de moi, comment est-ce que je transmets à un enfant ? Le fait qu'il apprenne lui aussi à prendre soin de lui, est-ce qu'on a besoin de lui apprendre déjà ? Première question. Et si oui, comment est-ce qu'on lui transmet ça ?

  • #Blandine

    Alors sur les questions de transmission, mon expérience en tout cas, c'est que les choses... se font jamais aussi bien que naturellement. Je ne crois pas qu'on ait besoin de faire des cours et des grandes théories. Je ne crois pas que ce soit efficace, en tout cas, surtout quand ce n'est pas sollicité. Et là aussi, les enfants, j'ai l'impression qu'ils nous enseignent beaucoup ce message-là. Ça ne marche pas de... de prôner le faites ce que je dis, pas ce que je fais. C'est en incarnant les choses, alors sans injonction à être parfait en fait, en étant en chemin soi-même et en étant authentique, que automatiquement ça rayonne tout autour en fait. Je pense qu'on ne peut pas... Je n'ai pas l'impression qu'on puisse apprendre à un enfant à être... libre, respectueux de lui-même si nous-mêmes on le fait pas si par exemple moi je me sacrifie dans le mauvais sens du terme pour mes enfants pour qu'eux ils apprennent à être bien je sais pas si ça va vraiment marcher ou si en fait implicitement je suis pas en train de leur transmettre de pas se respecter d'aller puiser au-delà de leurs ressources pour donner aux autres donc j'ai tendance dans tous les domaines y compris dans celui du jardinage à ne pas faire de théorie mais à plutôt pratiquer ensemble avec toutes les imperfections que ça implique

  • #Claire

    J'ai bien envie qu'on continue sur le sujet de la permaculture humaine. Tu disais, du coup, tu proposais des accompagnements, tu accompagnes des collectifs. Dans les personnes qui écoutent le podcast, il y a beaucoup de gens qui travaillent, qui sont des professionnels de l'éducation, des familles aussi. Est-ce que la permaculture humaine, est-ce que c'est quelque chose qu'on peut retrouver dans tout type d'environnement ? Je pense par exemple sur un lieu de travail, dans une école.

  • #Blandine

    Alors, déjà je vais peut-être reprendre ce que je disais tout à l'heure pour développer un petit peu plus sur la permaculture. Donc quand je dis que c'est une philosophie holistique, une philosophie de vie globale, ça veut dire qu'elle s'applique à tous les pans de notre existence humaine. Donc la partie qu'on voit à la télé, la technique de jardinage, c'est un tout petit bout. On peut imaginer, souvent on représente la permaculture comme une fleur. Vous pouvez taper ça sur internet, fleur de la permaculture, qui représente comme ça ces différents axes. Le côté soin à la terre et agriculture, c'est... Ouais, le côté agriculture, c'est un seul pétale, et le côté jardinage, c'est un tout petit bout de ce pétale-là. Après, il y a plein d'autres pétales qui s'appellent santé, éducation, finance, habitation, je ne sais pas. Voilà, je ne vais pas tous vous les citer, parce que ce n'est pas la question ici, mais je vous invite à aller voir ça. et organisation humaine et sociale. Ça, c'est un pétale aussi. Donc, avec la même approche... mais pas, bien sûr, pas les mêmes outils, pas une grelinette. On peut aller faire de la permaculture humaine, c'est-à-dire jardiner les projets personnels ou collectifs, et puis les jardins intérieurs. ce qu'on appelle la zone 0-0, c'est-à-dire l'intérieur de nous-mêmes. Alors bien sûr, ça, ça peut se pratiquer dans tous les domaines. Moi, j'accompagne des collectifs et puis des personnes aussi en individuel qui ont toutes sortes de pratiques professionnelles. Les outils et l'approche restent les mêmes que ce soit des associations, des éducateurs, des collectifs qui veulent habiter ensemble, des entreprises. Voilà, l'approche reste la même. Je ne sais pas si ça répond exactement à ta question.

  • #Claire

    Oui, oui, tout à fait. C'est pour concrétiser un petit peu, tu vois, de passer de la philosophie à justement au quotidien. quelle forme ça peut prendre ?

  • #Blandine

    Plus concrètement, ça va prendre la forme d'aller travailler sur nos fondations, que ce soit personnellement ou en groupe, c'est-à-dire nos valeurs profondes, la vision qu'on a, et puis comment on veut traduire ça dans des postures, et puis après dans la matière, dans des actions concrètes.

  • #Claire

    Maintenant, si on se tourne du côté du tout petit pétale jardin, mais qui a une puissance folle malgré tout, du coup, tu parlais d'accompagnement dans la mise en place de jardins pédagogiques. Concrètement, c'est quoi un jardin pédagogique ? À quoi ça ressemble ?

  • #Blandine

    Alors... En permaculture, un des principes de base, c'est qu'il n'y a pas de recette toute faite. On ne fait que du sur-mesure. Donc un jardin pédagogique, ça peut prendre mille et une formes en fonction du lieu, des personnes qui vivent sur ce lieu, de leurs projets, leurs aspirations, leurs limites aussi, tout un tas de paramètres comme ça. Donc pour moi, le jardin en plus il est pas... exclutent son environnement. Il y a ça aussi en permaculture qui est très fort. C'est pour ça que c'est dommage quand on réduit la permaculture à seulement le jardin. C'est parce que le jardin, il est interconnecté avec les personnes qui vivent dedans, les animaux du plus grand à la plus petite bactérie qu'on n'arrive pas à voir et qui est dans le sol de toutes les personnes qui vivent autour. Le jardin, il fait partie d'un lieu plus vaste. Si on parle d'un jardin pédagogique, peut-être que ce jardin, il est relié à une maison d'habitation, à une école, à une association, à toutes sortes de choses. Et donc, le jardin, c'est tout ça. On ne peut pas l'extraire. C'est notre société actuelle qui, en fait... la permaculture s'est changée de paradigme. Le paradigme actuel, il a tendance... Donc, notre vision du monde, ça veut dire. On a tendance à tout voir de manière cloisonnée, des petites cases, et puis on sépare tout. Même quand on parle de notre corps, on va chez le médecin et on parle d'un endroit où on a mal, et c'est comme s'il était séparé de tout notre corps. Mais en fait, ça va tout ensemble, c'est tout relié. Et bien là, c'est pareil.

  • #Claire

    Ce qui signifie que... Parce que... Dans ce qu'on nous montre de la permaculture au jardin, on a toujours des images d'immenses jardins, d'environnements naturels assez sauvages ou en tout cas vraiment très rurals. Mais du coup... Ça peut se faire dans tous les environnements, y compris urbains ? Je pense par exemple à des écoles en centre-ville qui vont disposer d'un petit carré de terre dans la cour ou à proximité.

  • #Blandine

    Alors oui, ça peut se pratiquer partout. Ça peut commencer sur un balcon avec un pot de fleurs, même dans un appartement avec un pot de fleurs et un peu de terreau il n'y a pas de restrictions ça se passe là où vous êtes et là où vous animez où ça vous anime en fait c'est pas nous qui animons c'est les choses qui nous animent donc il n'y a pas encore une fois il n'y a pas de recette toute faite et on peut le faire si on a un petit carré de terre et on peut le faire même si on n'a pas de terre il y a plein de méthodes qui existent pour faire ça sur du béton dans des cours d'école parce qu'on ne peut pas toujours casser le goudron, l'idéal bien sûr ce serait ça ce serait génial qu'on reverdisse les cours d'école mais parfois on a des limites et la permaculture elle prend ça en compte et en fait toutes nos limites ça c'est une chose qui est à mon sens très forte en permaculture c'est que toutes nos limites deviennent dans notre projet un matériau de création en fait un point sur lequel on peut appuyer notre créativité pour inventer notre jardin, notre projet. Alors peut-être si je n'ai pas de sol, par exemple, eh bien, je peux créer toutes sortes de bacs. Après, c'est des techniques.

  • #Claire

    Ok. Pour aborder la question... plutôt enfance et éducation. Aujourd'hui, l'approche qu'a le système scolaire en France est surtout basée sur de la transmission de savoir et de connaissances, mettant de côté la transmission de savoir-faire, qui ne se fait finalement qu'à partir d'un certain âge et seulement si les jeunes se forment à des métiers manuels. Je crois savoir, c'est un sujet qui te tient à cœur. Pourquoi est-ce que c'est un problème d'avoir mis de côté cette transmission de savoir-faire ? Et pourquoi du coup, est-ce qu'il faut y revenir et changer d'approche ?

  • #Blandine

    Alors, encore une fois, c'est une question de notre culture, notre rapport au monde. Et la permaculture, elle propose ça aussi, on l'entend bien en français, dans permaculture, il y a je perds ma culture et j'en construis une nouvelle. J'aime bien ce jeu de mots-là parce qu'il sous-entend beaucoup de choses, en fait. Il sous-entend beaucoup de choses. On a décidé de valoriser certains savoirs académiques, on va dire, le français, les maths et compagnie, et puis de laisser d'autres de côté. Alors qu'en fait, un humain, déjà, il a plein de potentiels. Au départ, il a tous les potentiels possibles. Et puis, il y a plusieurs formes d'intelligence, en fait. Et il se trouve que notre système scolaire actuel valorise une certaine forme d'intelligence et certaines capacités, et puis pas d'autres. Alors déjà, ça, ça peut être très douloureux pour les personnes qui ne rentrent pas dans le cadre. Et puis ensuite, ça a pour résultat de nous déconnecter de toute une part de nous-mêmes. C'est comme si on peut se dire qu'un humain, petit ou grand, une humaine, c'est une tête, mais aussi un cœur et des mains. et puis tout le reste, et que si on ne prend que la tête, on ne prend qu'un petit bout. Encore une fois, on a séparé un morceau du tout. Et c'est là qu'il commence à se passer des choses qui nous éloignent de notre nature profonde. Et se réapproprier ces savoirs-là, donc il y en a mille et un possibles, il n'y en a pas un meilleur qu'un autre, Moi, j'encourage chacun, chacune à aller vers ce qui fait vibrer à l'intérieur. Et puis des fois, ça change. Et ces savoir-faire-là, ça nous reconnecte à nous, ça nous reconnecte à toute une part de l'humanité qui a su utiliser ces savoir-faire-là autrefois pour vivre au quotidien. Et puis ça nous reconnecte à la matière en fait, aux choses qui nous entourent et qui ont... je sais pas, qui ont mauvaise presse dans la culture dans laquelle on vit, et je vois pas pourquoi, parce qu'en fait, c'est nos fondements, on a besoin de ça pour vivre, et finalement, à force de cultiver cette manière-là de voir le monde, celle de notre société actuelle, qui est en train de changer, fort heureusement, et ben... c'est comme si on se rendait complètement dépendant. On ne sait plus faire pousser notre nourriture, ou la trouver dans la nature. On ne sait plus construire notre maison. On ne sait plus même prendre soin de nos propres enfants, on les confie à d'autres. On ne sait plus rien faire à part aller gagner des sous qui vont nous permettre d'acheter des choses industrialisées. mais ça, ça ressemble fortement à une vie hors sol comme ces tomates qui poussent dans des grandes serres et qui n'ont même pas les racines dans la terre donc revenir à ces savoir-faire là c'est aussi une manière de remettre nos racines dans la terre avec un grand T ouais,

  • #Claire

    Mais là où je trouve que c'est pas si évident c'est que moi j'ai 30 ans mes grands-parents m'ont transmis à la terre des savoir-faire, mes parents très peu je crois qu'ils ont fait partie de ils ont été la première génération à être coupés à un moment de ça et quand je regarde autour de moi les personnes qui ont à peu près le même âge On est nombreux, nombreuses à ne pas avoir eu cette transmission. Et du coup, aujourd'hui, ça demande un effort considérable parce qu'il faut aller apprendre. Quand il y a eu cette coupure-là, maintenant, ce n'est pas facile. Moi, j'ai envie d'aller transmettre des choses avec mes mains, d'apprendre. Quand j'amène les enfants en forêt, il y a un truc qui me donne trop envie, c'est la vannerie. J'aimerais bien pouvoir... construire des paniers, faire plein de trucs. Et en fait, ça, on ne me l'a pas transmis. Et pourtant, tiens-toi bien, le village de mes grands-parents, il y avait la fête des paniers qui était organisée tous les étés. Donc j'ai vu des gens fabriquer des paniers, mais à aucun moment donné, j'ai appris à le faire. Et du coup, je trouve que... Quand on a envie de... Quand ça bouillonne, tu sens que tes mains ont besoin de faire quelque chose et tu as envie d'apprendre des trucs et tu as envie derrière de le transmettre parce que c'est trop beau, tu vois, tout ça. Mais du coup, ça demande vraiment, je trouve, ça nous demande beaucoup en termes d'énergie et ce n'est pas si simple finalement dans nos quotidiens. Alors encore une fois, tu disais très justement que c'est un changement de... de philosophie de manière générale. Il faut... Ça demande de sortir du fonctionnement dans lequel le système nous a plongés. Mais voilà, moi, à titre personnel, je trouve que c'est parfois compliqué et je trouve que c'est assez coûteux en énergie.

  • #Blandine

    C'est vrai que ça peut... C'est pas un chemin qui est toujours simple parce qu'effectivement, la transmission, elle a été rompue. Et ça nous demande d'aller retisser des liens avec ça. Alors moi, encore une fois, j'ai pas de solution toute faite, mais j'ai l'impression, mon expérience en tout cas, c'est que ça passe par retisser d'abord des liens humains, d'aller... à la rencontre de personnes qui détiennent ces savoir-faire et qui les transmettent. Alors la chance qu'on a aujourd'hui, c'est qu'on a la possibilité d'apprendre plein de choses sans se déplacer. après ça c'est toujours derrière un écran et c'est pas pareil mais je suis persuadée que où qu'on soit si on regarde bien autour de nous il y a toujours plein de ressources et aussi plein de personnes ressources en fait et peut-être que retisser les liens vers les savoir-faire c'est retisser des liens humains avec ces personnes là qu'on a peut-être même pas remarqué et qui sont pas forcément très loin de nous en termes géographiques, et auprès de qui on peut aller se ressourcer, dans le sens retourner à la source, réapprendre à faire avec les mains. Mais c'est vrai que ce n'est pas facile, parce que beaucoup de choses nous entravent et nous éloignent de ces manières-là de faire. Ce qui est génial aussi avec les enfants, c'est qu'eux... ils vont aussi nous permettre d'apprendre en même temps qu'eux, de ne pas faire parfait, et d'aller expérimenter tout un tas de savoirs et de savoir-faire. Et il n'y a pas de hiérarchie, on ne s'est pas obligés. de maîtriser complètement un savoir-faire avant de le transmettre. aux enfants, peut-être, je peux apprendre en même temps qu'eux, ou apprendre devant eux, et puis ça les inspirera ou pas, des savoir-faire qui m'intéressent, par exemple celui de la vannerie que tu citais tout à l'heure, peut-être je peux commencer à bidouiller un truc avec un morceau de noisetier que j'ai trouvé au parc à côté de chez moi, si je suis en ville, et puis il va se passer des choses, et tout ça, c'est des processus qui sont aussi lents. on n'a plus l'habitude de ce temps long et on a tendance à être impatient et exigeant avec nous-mêmes et croire que se réapproprier un savoir-faire, c'est savoir faire parfaitement. Mais il n'y a rien qui nous fait une injonction. à la perfection. Peut-être qu'on peut se détendre un peu avec ça et en se détendant, récupérer un peu d'énergie de ce côté-là. Et puis en puiser aussi dans le partage, notamment avec les enfants.

  • #Claire

    Mais tu as totalement raison. Je te rejoins à 100%. Il y a deux ans, en plein mois d'août, tu as partagé sur ton compte Instagram une vidéo sur le sujet de l'éco-anxiété. Je l'ai revisionnée en préparant l'épisode et je l'ai trouvée très forte. Personnellement, je n'avais jamais été sujette à des angoisses relatives à la situation environnementale du monde avant d'avoir un enfant. J'étais au contraire optimiste, parfois très en colère, mais je militais activement et j'abordais les choses avec confiance. Et puis l'arrivée de ma fille a bousculé les choses. J'ai eu le besoin de me tenir à l'écart des mauvaises nouvelles parce que tout à coup, ça générait beaucoup d'angoisse. Et je sais que nous sommes nombreux et nombreuses à être traversées par ces peurs. Comment est-ce qu'on fait pour avancer au quotidien avec ça ?

  • #Blandine

    Alors, ouais, c'est des vraies questions que... que je croise au quotidien, dans ma vie personnelle, et puis avec les gens que j'accompagne dans toutes mes activités. C'est quelque chose qui revient assez fort et qui commence aussi à émerger chez les enfants, en tout cas chez les ados. Je trouve que ça prend de plus en plus de place. Donc, c'est des sujets qui, effectivement, me touchent et m'interrogent. Alors, comment est-ce qu'on fait pour faire en sorte que les enfants Mon expérience, c'est que tout ça, c'est là, ça nous traverse. Alors le but, ce n'est pas de cultiver des sensations, des émotions qui ne sont pas agréables, mais l'idée, c'est peut-être de ne pas les rejeter. en bloc non plus, ou de vouloir les faire taire, de ne pas mettre un couvercle sur cette cocotte minute qui peut être là. Il n'y a pas d'obligation d'être éco-anxieux si vous ne l'êtes pas, mais tant mieux, c'est vraiment génial. Et donc, si on l'est, de ne pas mettre un couvercle sur cette cocotte minute-là, mais plutôt d'aller regarder ce que ça vient nous raconter, ce que ça vient nous dire de nous-mêmes et de notre rapport au monde. et puis de les traverser parce qu'en fait une émotion ça a un début, un milieu et une fin ça fait peur mais ça se termine un jour je vous promets et ça se termine rapidement normalement si on la regarde vraiment qu'on la laisse venir et qu'on la traverse alors peut-être qu'on va pleurer, peut-être qu'on va crier peut-être qu'on va être pas bien mais tout ça encore une fois ça a un début, un milieu et une fin si c'est trop fort si ça nous submerge complètement, alors ça veut peut-être dire, ça veut sûrement dire qu'on a besoin d'accompagnement. Et dans ce cas-là, il y a des professionnels qui sont là pour ça. Et je vous encourage, j'encourage tout le monde à se tourner vers des praticiens compétents. les praticiennes compétentes quand ils en ont besoin. Mais il y a aussi toutes sortes de choses qu'on peut faire, déjà nous-mêmes, et la première, c'est de ne pas... faire ce qu'on nous a appris depuis tout petit, à savoir n'empere pas, ça va aller, chute-chute, ah mais n'aie pas peur, ah oublie ça, il faut continuer, il faut foncer et tout ce genre de petites phrases qui nous trottent dans la tête depuis très longtemps et qu'on a tendance d'ailleurs, quand on ne les a pas regardées, à retransmettre aux générations d'après sans faire gaffe, que ce soit nos propres enfants ou ceux avec lesquels on travaille. Donc mettre de la conscience sur… Ce qu'on vit nous, ça nous aide à l'instant T à traverser et à aller voir où ça nous emmène au-delà de ça et puis ça nous aide à ne pas refiler notre paquet tout notre bazar à ceux et celles qu'on accompagne et clairement derrière des émotions de peur de tristesse profonde de colère, il peut y avoir, une fois qu'on a accueilli et traversé ça, encore, le but, c'est pas de sauter les étapes, il peut y avoir des choses très belles, des élans qui nous portent, des envies de partage, des projets qui naissent. Par exemple, moi, quand j'ai partagé cette vidéo dont tu parles, c'était il y a deux ans. En fait, la forêt à côté de chez moi, elle brûlait. mais vraiment à côté de chez moi. On voyait la fumée, il y a plein de gens de mon village qui étaient partis. On a eu des très grands feux ici, dans le Jura, en plein été. Et c'était vraiment pas un moment confortable, quoi. C'était un moment terrible, terrible. et finalement une fois tout ça traversé et bien ça a donné lieu à cette vidéo qui apparemment a touché beaucoup de gens et a réconforté beaucoup de gens dans cette vidéo je disais juste bienvenue avec toutes les émotions qui sont là en fait c'est normal elles existent et bienvenue avec ça et le reste on verra après et voilà cette immense tristesse que j'avais moi c'était beaucoup de la tristesse et bien elle s'est transformée en quelque chose de constructif pour moi et puis par effet domino pour d'autres. Mais ça, ça prend du temps. Et puis ça prend de l'amour en fait, de l'accueil, des choses qui sont au niveau du cœur.

  • #Claire

    Merci d'être revenue là-dessus. J'ai visionné la vidéo il y a quelques jours et de l'entendre encore, ça fait du bien. Toujours du bien. Et puis, comme tu dis, accueillir l'émotion et puis après, être dans l'action, ça fait du bien derrière. Une fois qu'on l'a accueillie, qu'elle est passée, ça... À toute petite échelle, pour en revenir au jardin et aller mettre les mains dans la terre et juste cultiver ses propres légumes, on sait déjà qu'on n'entretient pas ce qui nous génère de l'angoisse. En tout cas, on contribue d'une autre manière à faire en sorte que les choses se passent autrement. On parle toujours de la part du colibri, c'est vrai que parfois on se demande... À quoi ça sert vraiment de faire des tout petits gestes comme ça et en fait quand on fait un pas de côté et qu'on prend un peu de recul, ça fait quand même du bien de se dire que comme on peut, on est quand même dans l'action et en tout cas on tente de contribuer à un peu plus de douceur et à beaucoup plus d'amour autrement.

  • #Blandine

    Je me disais, la permaculture, c'est une philosophie de la régénération, en fait. L'idée, c'est pas seulement d'arrêter de dégrader la Terre, mais de carrément l'agrader. C'est-à-dire, c'est l'idée que l'humain a sa place dans le vivant, qu'il n'est pas séparé de la nature, et que, comme tous les autres éléments de la nature, il est là pour améliorer sans cesse cette nature foisonnante, cette abondance. Alors nous, on fait tout le contraire depuis longtemps, mais en vrai, on est plutôt là pour régénérer. Et la question, elle est toujours là-dessus. Quelle action de régénération je peux faire ? pour moi, aller mieux, et pour le monde. Alors, il y a effectivement des choses qui peuvent se faire à petite, moyenne, grande échelle, mais ça, ça fait fondamentalement du bien. Chacun a sa recette. Moi, quand je ne vais pas bien, je plante un arbre. Alors, il y en a qui poussent, il y en a qui ne poussent pas. Ou je vais voir les oiseaux, ou je vais à la rivière. En fait, il y a plein de choses qu'on peut faire, et même si on est en ville, on peut le faire. Je connais des gens, ils ont des noisettes chez eux et ils les plantent en ville, où ils vont chercher et récolter des glands dans leur promenade dans la nature, puis après ils les replantent dans l'espace public, ou des pépins de pommes, ou des choses comme ça, et je trouve ça magnifique, et en fait c'est vrai que ça fait du bien de se rappeler. de tout son être, donc aussi en faisant avec son corps, qu'on fait partie de cette régénération-là, à notre niveau, chacun, chacune.

  • #Claire

    Tout à fait, ouais. J'ai une question plus personnelle. En préparant l'épisode, tu m'as dit qu'avec ta famille, vous viviez dans une cabane la moitié de l'année. Tu nous racontes un petit peu cette vie en cabane ? Pourquoi est-ce que c'est la moitié de l'année ? Et puis depuis quand ? Et puis voilà, c'est un peu votre quotidien dans cette cabane.

  • #Blandine

    Alors, oui, effectivement, ça c'est la vie personnelle. Mais j'ai quand même envie de la partager ici. Donc nous, on est extrêmement privilégiés parce qu'on vit déjà dans un endroit qui est très boisé. On vit dans un département qui a... un des départements qui a le plus de forêts et le moins d'habitants au kilomètre carré. et donc il se trouve qu'on a eu la chance d'hériter de plusieurs hectares de terre. On est en moyenne montagne, donc c'est des paysages qui sont moins dégradés qu'ailleurs parce que simplement on n'a pas pu faire de l'agriculture industrielle ici. Donc c'est encore très forestier, bocager, il y a des haies partout quand il y a de la prairie. de la forêt à n'en plus finir autour de nous et c'est pour ça aussi peut-être que j'ai du mal à séparer le jardin la forêt, la nature pour moi en fait c'est tout la même chose à des échelles différentes que ce soit dans un petit pot dans un appartement ou dans des centaines d'hectares de nature dehors, quelque part c'est la même chose et donc nous on a cet immense privilège d'avoir accès à à ce terrain-là, sur lequel on a décidé de passer un maximum de temps. Seulement, sur ce terrain-là, on ne peut pas vivre, on ne peut pas construire d'habitat, on n'a pas cette autorisation-là. Donc... on peut y passer du temps avec de l'habit allégé. Mais ce qui était surtout important pour moi et puis pour mon compagnon, c'était d'être dans le sauvage, d'être en lien étroit avec cette nature sauvage et puis que nos enfants puissent grandir là-dedans. Et donc, dans cet endroit merveilleux, on a... la chance de pouvoir voir quotidiennement la nature autour de nous, donc les plantes, les animaux. Je ne sais pas, hier encore, j'étais dans mon jardin à planter des petits pois et puis j'ai eu l'honneur d'un tête-à-tête avec le renard, les yeux dans les yeux, une bonne minute, alors que j'étais dans mon jardin. Et ça, c'est... Ouais, encore une fois, c'est un immense privilège. C'est pour ça que j'ai parfois du mal à en parler, parce que je trouve ça injuste. En fait, je voudrais que tout le monde puisse avoir accès à ça, en fait. Et je crois que c'est pour ça que je fais ce métier-là, parce qu'au fond, c'est ça qui m'anime. Je voudrais que tous les enfants puissent expérimenter. ce rapport-là au vivant qui, en fait, est normal pour un humain. Encore une fois, on fait partie de la nature. Mais comme on ne le vit plus au quotidien, on l'oublie. Et ça génère après tout un bazar mental compliqué, alors qu'en fait, c'est simple. Ce n'est pas parfait, mais c'est plus simple que ce qu'on pense.

  • #Claire

    Et tu as deux ados à la maison. Est-ce que... Moi j'ai des souvenirs, tu vois, de vie à la campagne, où à partir de 14 ans je pestais parce que je me sentais éloignée de tout et pourtant j'ai pas du tout... J'ai grandi en région parisienne jusqu'à l'âge de 10 ans, mais tu vois, c'est quelque chose... J'ai passé toutes mes vacances au fin fond de l'Auvergne, donc la campagne, je la connaissais bien et tout, mais il y a eu un âge où vraiment, j'en avais marre de cet isolement. Est-ce que tes enfants t'ont exprimé ce genre de choses ou est-ce qu'au contraire, du coup, ils sont tellement habités par ce vivant qu'ils sont juste... là à leur place et est-ce qu'ils t'ont exprimé des choses là-dessus ?

  • #Blandine

    Alors c'est drôle parce que quand tu racontes comment c'était pour toi, je me souviens que pour moi ça a été comme ça, j'ai des souvenirs moi de dire à mes parents, ouais ici c'est un trou paumé quand je serai grande je vais partir et puis finalement c'est pas ce qui s'est passé il se trouve que mes enfants euh... Non, mes enfants, là, pour l'instant, ils auraient tout à fait le droit de vouloir voir autre chose et explorer autre chose. Moi, je n'ai aucun problème avec ça. En fait, ils sont libres et responsables d'eux-mêmes. Alors, bien sûr, ils sont encore jeunes, donc on prend soin d'eux et on fait notre boulot de parents. gardiens, mais ils sont libres de leur choix et ils seront libres de leur choix plus tard. Actuellement, eux, ils sont heureux comme ça. C'est vrai que des fois... Il y a des moments où, comme tout le monde, ils n'ont pas forcément envie de sortir. Il faut injecter un peu d'énergie dans ce premier pas. Et puis, une fois qu'on est dehors, après, ils ne veulent plus rentrer. Et là, ce qui se passe concrètement, mon aîné, lui, il a choisi de lui-même de s'orienter dans une filière. Donc là, il est rentré au lycée et il a choisi un bac pro qu'on appelle GMNF, c'est gestion des milieux naturels et de la faune. Et quand on lui a demandé pourquoi il voulait faire ça, il a répondu qu'il était la plupart du temps dehors dans la nature et qu'en fait, il ne voulait pas perdre ça dans sa vie professionnelle. C'était trop précieux pour lui et que donc, il cherchait un boulot où il allait pouvoir maintenir ça. ce rapport-là au vivant. Mais peut-être que sa sœur, elle choisira autre chose et c'est OK aussi, en fait. Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve. Moi, le plus important pour moi, c'est de leur avoir transmis. au maximum possible, ce qui, moi, me semblait fondamental. Et après, une fois qu'on a un lien au vivant qui est fort, je crois qu'on peut le retrouver partout. On peut se retrouver au milieu d'une grande ville et... et trouver une connexion à la nature en parlant avec quelqu'un les yeux dans les yeux, en regardant un pigeon des villes se poser sur le toit d'à côté, les nuages, le ciel, les étoiles, ils sont toujours là, et on peut continuer à sentir la terre pulser, même si elle est sous le béton.

  • #Claire

    Mais tu vois, dans... dans toutes les personnes que j'ai accueillies jusqu'à présent sur le podcast, presque tout le monde est passé à un moment donné par une coupure parce que les études, parce que la vie professionnelle. Et puis en fait, comme tu dis, quand on a grandi avec ça, ça reste en nous et il y a un moment, ça peut mettre des années, où ça ressort et du coup... ben voilà ça veut pas forcément dire je plaque tout et je vais vivre en pleine nature, je change de boulot et tout mais en tout cas le regard s'ouvre à nouveau et le coeur aussi sur ce vivant tout proche ouais je crois que c'est pas une question de contexte,

  • #Blandine

    ça peut aider le contexte mais en fait moi je connais des gens qui vivent ici dans mon village, donc il y a un tout petit village en pleine Cambrousse et qui qui ne sortent jamais dans la nature. J'ai travaillé avec des enfants dans des écoles en CM1 qui habitaient au bord de la rivière et qui n'avaient jamais attrapé un tétard dans leurs mains, qui n'étaient jamais allés jouer à l'eau. Et puis, à côté de ça, il y a des gens qui vivent en ville et qui ont une conscience du vivant énorme. La vie, elle est partout. on l'a recouverte un peu, on l'a planquée, on l'a dégradée, mais en fait, la vie, elle est partout parce qu'elle est en nous, et donc en chaque personne qu'on croise.

  • #Claire

    C'est clair. Blandine, nous arrivons à la fin de notre échange. S'il y a des personnes qui ont envie d'approfondir le sujet de la permaculture, est-ce que tu as des sources à conseiller ? Par quoi peut-on commencer ?

  • #Blandine

    Par quoi on peut commencer ? Tu veux dire comme action ou comme...

  • #Claire

    Peu importe, non, peut-être d'abord pas forcément comme action, peut-être plutôt pour en savoir plus sur, finalement, la philosophie, ce qu'est la permaculture.

  • #Blandine

    il y a plein de choses maintenant on a la chance moi quand j'ai commencé la permaculture il y avait je crois deux bouquins en français le reste c'était tout en anglais maintenant il y a plein plein de gens qui partagent la permaculture donc je pense que chaque personne qui écoute ce podcast a déjà déjà rencontré des des transmetteurs et des transmetteuses, des passeurs et passeuses de permaculture. Allez vers les gens qui vous touchent et puis juste regardez qu'on vous parle effectivement pas seulement de techniques de jardinage, mais d'une philosophie plus globale et d'un rapport au monde. c'est juste ce truc-là à vérifier. Après, il existe un réseau francophone de permaculture qui s'appelle Brin de Paille. Moi, j'ai été, avec mon compagnon, on a été délégués départementaux pour ce réseau-là pendant longtemps. Et si vous allez voir sur ce site-là, sur le site de Brun de Paille Permaculture, vous allez normalement trouver une liste des délégués pour chaque département. Et puis aussi pour... d'autres pays francophones et donc voir le contact d'une personne ressource qui peut vous renvoyer vers d'autres personnes ressources proches de chez vous. Et ça, il n'y a rien de plus précieux que le lien humain et puis les pieds sur le terrain, quoi, pour apprendre.

  • #Claire

    Et bien merci pour ces conseils et puis merci pour ce moment passé ensemble. Moi je n'ai jamais creusé le sujet de la permaculture et du coup là tu m'as apporté plein de choses dont je n'avais pas forcément idée ou que j'avais lu en diagonale notamment en te suivant donc voilà c'est précieux ce que tu as partagé aujourd'hui et je t'en remercie.

  • #Blandine

    ok bah merci merci pour ton invitation et pour ce podcast que tu fais, que tu diffuses c'est vraiment inspirant, j'en ai écouté plein pour préparer avant de venir faire celui-ci et je trouve ça très touchant toujours les partages c'est riche et si la permaculture t'intéresse ou intéresse d'autres personnes qui écoutent ce podcast si ces sujets là vous touchent Et bien, je vous invite aussi à venir voir ce que moi je produis comme contenu et puis toutes les personnes de ressources vers qui je peux vous renvoyer parce que c'est aussi ça mon... On travaille notamment sur la toile, c'est de faire un inventaire et un partage des ressources.

  • #Claire

    Mais oui, bien sûr, je mettrai ton site et tes réseaux dans le descriptif de l'épisode. À bientôt, Blandine.

  • #Blandine

    À bientôt, merci.

  • #Claire

    Merci à toutes et à tous pour votre écoute. J'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air. voire même, peut-être, une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pedagogieduvivant.fr. Vous y trouverez toutes les infos à son sujet, ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode, et d'ici là, n'oubliez pas, sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez ciao ciao, à bientôt !

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Description

Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Blandine.


Formée à la permaculture depuis plus de 10 ans, Blandine et sa famille connectent avec le vivant qui les entoure : de la terre nourricière aux voisins soutenants, la permaculture n'est pas qu'un mode de culture. C'est une philosophie de vie, une approche globale des relations que nous tissons avec notre monde environnant.


Cette philosophie, Blandine a à cœur de la partager à toutes les générations en proposant, entre autres, d'accompagner familles et professionnels de l'éducation dans la création de jardins pédagogiques.


Partager, accueillir, régénérer, donner, recevoir, valoriser le savoir-faire, aimer.. Cette discussion avec Blandine nous rappelle combien il est précieux de prendre soin de soi, des autres et de l'environnement.


Pour en savoir plus sur Blandine et retrouver toutes les infos à son sujet, rendez-vous sur : www.pedagogieduvivant.fr


Très belle écoute !


Je vous souhaite une très belle écoute


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #Claire

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeur des écoles, éducateur, animatrice, ces conversations ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif : permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement Au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout, à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Blandine. Formée à la permaculture depuis plus de dix ans, Blandine et sa famille connectent avec le vivant qui l'entoure. De la terre nourricière aux voisins soutenants, la permaculture n'est pas qu'un mode de culture. C'est une philosophie de vie, une approche globale des relations que nous tissons avec notre monde environnant. Cette philosophie, Blandine a à cœur de la partager à toutes les générations en proposant d'accompagner famille et professionnels de l'éducation dans la création de jardins pédagogiques. Partager, accueillir, régénérer, donner, recevoir, valoriser le savoir-faire, aimer. Cette discussion avec Blandine nous rappelle combien il est précieux de prendre soin de soi, des autres et de l'environnement. Je vous souhaite une très belle écoute. Salut Blandine !

  • #Blandine

    Salut Claire !

  • #Claire

    Je te souhaite la bienvenue sur le podcast. Je suis ravie qu'on échange ensemble aujourd'hui. Pour démarrer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots, nous dire d'où tu viens et ce que tu fais au quotidien ?

  • #Blandine

    Alors déjà merci pour ton bienvenue, je suis ravie d'être là aussi et de partager avec toi autour de ces sujets qui sont importants pour moi. Alors que dire, je m'appelle Blandine, j'ai presque 40 ans, je vis dans le Jura, au milieu de belles montagnes, et puis actuellement je fais plusieurs choses. Je crois que je fais partie de ces gens qu'on appelle les multis. D'abord, je suis maman de deux enfants, deux ados en fait, de 12 et 14 ans. Et puis, ma première activité, c'est de subvenir aux besoins du foyer, notamment à travers le jardinage. Donc, je passe pas mal de temps à cultiver, cueillir dans le jardin et puis en sauvage et à transformer. J'ai une autre activité professionnelle qui consiste à accompagner des collectifs qui montent des projets alternatifs, donc c'est de la facilitation de collectifs avec une approche notamment de permaculture humaine. Et puis, j'ai une troisième activité. J'aime bien quand ça change, mais c'est tout relié. J'accompagne des professionnels de l'éducation et puis des parents qui veulent transmettre la permaculture aux enfants. Voilà.

  • #Claire

    Figure-toi que j'ai plein de questions sur tout ça. Mais d'abord, ma question rituelle. Blandine, quel a été ton rapport avec la nature durant ton enfance ?

  • #Blandine

    Mon rapport avec la nature ? J'ai toujours eu la chance de grandir en milieu rural. Je n'ai pas beaucoup quitté le milieu rural à part pour quelques années d'études dans la grande ville de Lyon. J'ai mon rapport avec la nature, du coup il est assez simple parce qu'il a toujours été là. J'ai grandi dans des paysages magnifiques, avec toujours des montagnes. J'ai grandi notamment, j'ai des racines dans le Buget, donc c'est aussi les montagnes du Jura. Après avec ma famille, on a beaucoup déménagé, on est parti jusque dans les Alpes. Donc là c'était d'autres montagnes avec une autre énergie, mais très belle aussi. Et puis je suis revenue dans le Jura, sur ce caillou-là, avec ces plantes-là que j'aime tout particulièrement.

  • #Claire

    Et j'ai cru comprendre que tu avais eu un parcours professionnel riche et varié. Est-ce que tu veux bien nous le raconter ? Par quoi tu as démarré et puis les expériences les plus marquantes que tu as vécues ?

  • #Blandine

    Oui, alors j'ai fait des études d'anthropologie, ethnologie. Alors c'est l'étude des... des différents peuples à travers le temps et l'espace, et puis de leur rapport au monde. Ces études-là, ça m'a marquée parce que ça m'a permis de valider quelque chose que je sentais tout au fond de moi depuis toujours, c'est-à-dire que nature et culture, ce n'était pas forcément si séparé pour tout le monde. En tout cas, ici, on clive beaucoup les deux, mais il y a plein de peuples. et il y a eu ici autrefois des peuples qui mélangeaient les deux, en tout cas qui fondaient leur culture sur la nature. Et tout ça, ça fait toujours partie de moi. Je n'ai pas exercé dans ce milieu professionnel-là. Je suis devenue agricultrice, en fait. je crois que c'était compliqué pour moi d'expliquer la vie des autres c'est ce qu'on demande à un ethnologue sans avoir moi-même vécu donc je suis partie du plus concret et j'ai beaucoup travaillé comme ouvrière agricole et puis je suis devenue paysanne herboriste donc j'ai cultivé et cueilli et je continue toujours à titre personnel maintenant des plantes médicinales Tout ça, ça m'a amenée par rebond à découvrir la permaculture. Alors c'était en 2012 que j'ai fait ma première formation. Et puis, dans le même temps, je suis devenue aussi animatrice nature. Tout ça, ça s'est tissé. Comme je disais tout à l'heure, j'ai toujours eu plusieurs activités. Voilà, c'est comme ça, ça fait partie de moi. donc j'ai été animatrice nature dans les écoles j'ai notamment travaillé pour ici on est en zone nature à 2000 donc voilà pour la sensibilisation dans les écoles c'était très chouette j'ai commencé à cette époque là aussi le jardin pédagogique et puis voilà tout ça ça s'est tissé ensemble avec la permaculture aujourd'hui j'ai plus ces activités là parce que j'en ai d'autres que j'ai nommé tout à l'heure mais c'est tout pour moi c'est c'est comme un arbre avec plusieurs branches mais il y a il y a un seul trou voilà

  • #Claire

    Ben oui, on se nourrit, tout ça est lié et on sent bien les valeurs et les croisements entre tout ça. Du coup, là, tu l'as nommé plusieurs fois, la permaculture qui est arrivée, à laquelle tu t'es formée en 2012, ça pourrait clairement faire l'objet d'un épisode entier, et peut-être que tu auras des sources à conseiller si parmi les personnes qui nous écoutent, certaines ont envie de creuser le sujet. Est-ce que tu peux expliquer ce qu'est la permaculture ? Quels sont ses fondements, ses valeurs ?

  • #Blandine

    Alors effectivement, ça peut nous faire l'objet d'un épisode entier. Alors la permaculture c'est.. je vais peut-être commencer par la définir par ce qu'elle n'est pas. Ce n'est pas ce qu'on vous montre à la télévision c'est beaucoup plus vaste que ça dans le sens où actuellement la permaculture est beaucoup médiatisée comme si c'était une méthode de jardinage Or, ce n'est pas le cas. La PERMA a été théorisée dans les années 70 par deux Australiens, Mollison et Holmgren, qui en fait, effectivement, au début, réfléchissaient autour de questions agronomiques. C'est des universitaires. Et puis, rapidement, se sont rendus compte que pour qu'on puisse continuer à... en tant qu'humain, à vivre sur cette planète sans la détruire, ou en tout cas sans nous auto-détruire, on aurait besoin de faire plus qu'améliorer nos techniques d'agriculture, en fait. Plus que de... On a besoin de faire plus que de planter des salades. Et qu'en fait, ce qu'ils avaient commencé à théoriser pouvait s'appliquer à tous les champs de l'existence humaine. Donc la permaculture, c'est une philosophie et aussi une méthodologie, mais pas des techniques en fait. Les techniques, elles viennent après. C'est une vision du monde et de notre rapport au monde. Elles se fondent sur trois piliers : prendre soin de la Terre, donc la Terre dans tous les sens du terme, à savoir la Terre, la planète, mais aussi la terre, l'humus. Et puis, donc ça c'est le premier pilier, mais les trois piliers sont intimement liés. Donc prendre soin de la Terre, prendre soin de l'humain, parce que moi en fait, moi je me situe plutôt dans... fortement dans celui-ci, prendre soin de l'humain dans le sens prendre soin des autres autour, qu'ils soient proches ou lointains. Et je pense à ceux qui fabriquent nos t-shirts à l'autre bout du monde ou qui extraient les métaux qui nous permettent d'accéder à certaines technologies, mais aussi prendre soin de la communauté, des gens qui sont... Communauté au sens anglais du terme donc nos proches, les gens avec qui on vit, dans notre village, dans notre famille, prendre soin de ces liens-là, et puis prendre soin de nous-mêmes. Là, ça nous amène aussi sur des questions pédagogiques, dans le sens où je pense, je crois profondément qu'on détruit la planète parce qu'on a des blessures personnelles qui commencent dès l'enfance et qu'on cherche à compenser avec toutes sortes de consommations. etc donc voilà, prendre soin de l'humain et puis le troisième pilier de la permaculture c'est produire l'abondance et partager les surplus équitablement alors là c'est tout un programme générer l'abondance, c'est pas produire l'abondance c'est plutôt générer, j'aime mieux ce terme là générer l'abondance et partager les surplus équitablement ça veut dire changer de lunettes, de façon de voir le monde, arrêter d'être toujours dans une espèce de peur du manque, avoir une profonde connexion et confiance en la nature et en sa capacité à nous soutenir, comme elle le fait depuis toujours, en fait, jusqu'à ce qu'on l'oublie, récemment, très récemment dans l'histoire du monde. Et, ouais, avoir une profonde confiance en ça. ce qui nous amène à générer plein plein de choses alors ça se voit très bien au niveau des jardins quand on utilise cette approche là souvent on a plus que ce dont on a besoin et rapidement on peut en distribuer autour mais équitablement ça veut dire aussi je reviens à ce que je disais tout à l'heure sur l'humain en prenant soin aussi de notre propre énergie et s'en donner sa chemise quelque chose de juste pour tout le monde je m'étends un peu mais c'est des sujets qui... qui me touchent alors j'ai tendance à déborder #Claire non mais justement on est là pour ça on a le temps d'en discuter J'aimerais bien qu'on approfondisse un peu ce prendre soin de soi et de son énergie parce que je crois que des fois, les choses sont un peu mélangées, notamment parce que depuis des années, on voit dans les médias, on parle beaucoup de développement personnel et ça a transformé un truc où tout le monde se met la pression pour se sentir bien dans ses baskets et on essaye d'activer des trucs à droite, à gauche. On est presque tombé dans une espèce de... de productivité, de bien-être personnel, ça prend quel sens pour toi, le prendre soin de soi ? Comment on prend soin de soi ? Comment on prend soin de soi ? bizarrement moi ça m'emmène pas du tout dans des questions d'injonction au bonheur en fait c'est pas forcément prendre soin de soi c'est pas toujours une place très confortable ça demande des fois de traverser des remous intérieurs pas toujours agréables, mais qui nous amènent vers quelque chose qui a plus de sens en fait, vers du mieux, ça c'est sûr. Mais il n'y a pas d'injonction. à ça, c'est prendre soin de soi, prendre soin de l'humain en général, de soi ou des autres. En fait, les deux vont ensemble toujours. Ça passe pour moi d'abord par prendre responsabilité. Ça veut dire aller regarder ce qui nous met en réaction, que ce soit dans notre vie personnelle ou dans notre vie professionnelle, par exemple. Notamment, ça se voit beaucoup quand on travaille avec les enfants. Eux ils sont extra pour ça les enfants. en Inde on dit les enfants sont des maîtres mais c'est vrai quoi ils appuient exactement alors pas là où ça fait mal et puis ils font ça sans malice c'est pas pour faire mal mais ils nous font miroir de tous ces endroits où ça frotte à l'intérieur, tous ces endroits où nous aussi, on porte une part d'un enfant blessé et qui aurait peut-être besoin qu'on aille le voir et lui faire un gros câlin, le prendre par la main et... Voilà, prendre soin de soi, si je devais résumer, pour moi, quand on est adulte, prendre soin de soi, c'est... devenir son propre parent, se donner ce qu'on aurait voulu qu'on nous donne à l'époque, pouvoir après encore mieux le donner aux autres autour, petits et grands.

  • #Claire

    Et quand on est enfant, du coup, quelqu'un qui se dit, moi je vais apprendre, réapprendre à prendre soin de moi, comment est-ce que je transmets à un enfant ? Le fait qu'il apprenne lui aussi à prendre soin de lui, est-ce qu'on a besoin de lui apprendre déjà ? Première question. Et si oui, comment est-ce qu'on lui transmet ça ?

  • #Blandine

    Alors sur les questions de transmission, mon expérience en tout cas, c'est que les choses... se font jamais aussi bien que naturellement. Je ne crois pas qu'on ait besoin de faire des cours et des grandes théories. Je ne crois pas que ce soit efficace, en tout cas, surtout quand ce n'est pas sollicité. Et là aussi, les enfants, j'ai l'impression qu'ils nous enseignent beaucoup ce message-là. Ça ne marche pas de... de prôner le faites ce que je dis, pas ce que je fais. C'est en incarnant les choses, alors sans injonction à être parfait en fait, en étant en chemin soi-même et en étant authentique, que automatiquement ça rayonne tout autour en fait. Je pense qu'on ne peut pas... Je n'ai pas l'impression qu'on puisse apprendre à un enfant à être... libre, respectueux de lui-même si nous-mêmes on le fait pas si par exemple moi je me sacrifie dans le mauvais sens du terme pour mes enfants pour qu'eux ils apprennent à être bien je sais pas si ça va vraiment marcher ou si en fait implicitement je suis pas en train de leur transmettre de pas se respecter d'aller puiser au-delà de leurs ressources pour donner aux autres donc j'ai tendance dans tous les domaines y compris dans celui du jardinage à ne pas faire de théorie mais à plutôt pratiquer ensemble avec toutes les imperfections que ça implique

  • #Claire

    J'ai bien envie qu'on continue sur le sujet de la permaculture humaine. Tu disais, du coup, tu proposais des accompagnements, tu accompagnes des collectifs. Dans les personnes qui écoutent le podcast, il y a beaucoup de gens qui travaillent, qui sont des professionnels de l'éducation, des familles aussi. Est-ce que la permaculture humaine, est-ce que c'est quelque chose qu'on peut retrouver dans tout type d'environnement ? Je pense par exemple sur un lieu de travail, dans une école.

  • #Blandine

    Alors, déjà je vais peut-être reprendre ce que je disais tout à l'heure pour développer un petit peu plus sur la permaculture. Donc quand je dis que c'est une philosophie holistique, une philosophie de vie globale, ça veut dire qu'elle s'applique à tous les pans de notre existence humaine. Donc la partie qu'on voit à la télé, la technique de jardinage, c'est un tout petit bout. On peut imaginer, souvent on représente la permaculture comme une fleur. Vous pouvez taper ça sur internet, fleur de la permaculture, qui représente comme ça ces différents axes. Le côté soin à la terre et agriculture, c'est... Ouais, le côté agriculture, c'est un seul pétale, et le côté jardinage, c'est un tout petit bout de ce pétale-là. Après, il y a plein d'autres pétales qui s'appellent santé, éducation, finance, habitation, je ne sais pas. Voilà, je ne vais pas tous vous les citer, parce que ce n'est pas la question ici, mais je vous invite à aller voir ça. et organisation humaine et sociale. Ça, c'est un pétale aussi. Donc, avec la même approche... mais pas, bien sûr, pas les mêmes outils, pas une grelinette. On peut aller faire de la permaculture humaine, c'est-à-dire jardiner les projets personnels ou collectifs, et puis les jardins intérieurs. ce qu'on appelle la zone 0-0, c'est-à-dire l'intérieur de nous-mêmes. Alors bien sûr, ça, ça peut se pratiquer dans tous les domaines. Moi, j'accompagne des collectifs et puis des personnes aussi en individuel qui ont toutes sortes de pratiques professionnelles. Les outils et l'approche restent les mêmes que ce soit des associations, des éducateurs, des collectifs qui veulent habiter ensemble, des entreprises. Voilà, l'approche reste la même. Je ne sais pas si ça répond exactement à ta question.

  • #Claire

    Oui, oui, tout à fait. C'est pour concrétiser un petit peu, tu vois, de passer de la philosophie à justement au quotidien. quelle forme ça peut prendre ?

  • #Blandine

    Plus concrètement, ça va prendre la forme d'aller travailler sur nos fondations, que ce soit personnellement ou en groupe, c'est-à-dire nos valeurs profondes, la vision qu'on a, et puis comment on veut traduire ça dans des postures, et puis après dans la matière, dans des actions concrètes.

  • #Claire

    Maintenant, si on se tourne du côté du tout petit pétale jardin, mais qui a une puissance folle malgré tout, du coup, tu parlais d'accompagnement dans la mise en place de jardins pédagogiques. Concrètement, c'est quoi un jardin pédagogique ? À quoi ça ressemble ?

  • #Blandine

    Alors... En permaculture, un des principes de base, c'est qu'il n'y a pas de recette toute faite. On ne fait que du sur-mesure. Donc un jardin pédagogique, ça peut prendre mille et une formes en fonction du lieu, des personnes qui vivent sur ce lieu, de leurs projets, leurs aspirations, leurs limites aussi, tout un tas de paramètres comme ça. Donc pour moi, le jardin en plus il est pas... exclutent son environnement. Il y a ça aussi en permaculture qui est très fort. C'est pour ça que c'est dommage quand on réduit la permaculture à seulement le jardin. C'est parce que le jardin, il est interconnecté avec les personnes qui vivent dedans, les animaux du plus grand à la plus petite bactérie qu'on n'arrive pas à voir et qui est dans le sol de toutes les personnes qui vivent autour. Le jardin, il fait partie d'un lieu plus vaste. Si on parle d'un jardin pédagogique, peut-être que ce jardin, il est relié à une maison d'habitation, à une école, à une association, à toutes sortes de choses. Et donc, le jardin, c'est tout ça. On ne peut pas l'extraire. C'est notre société actuelle qui, en fait... la permaculture s'est changée de paradigme. Le paradigme actuel, il a tendance... Donc, notre vision du monde, ça veut dire. On a tendance à tout voir de manière cloisonnée, des petites cases, et puis on sépare tout. Même quand on parle de notre corps, on va chez le médecin et on parle d'un endroit où on a mal, et c'est comme s'il était séparé de tout notre corps. Mais en fait, ça va tout ensemble, c'est tout relié. Et bien là, c'est pareil.

  • #Claire

    Ce qui signifie que... Parce que... Dans ce qu'on nous montre de la permaculture au jardin, on a toujours des images d'immenses jardins, d'environnements naturels assez sauvages ou en tout cas vraiment très rurals. Mais du coup... Ça peut se faire dans tous les environnements, y compris urbains ? Je pense par exemple à des écoles en centre-ville qui vont disposer d'un petit carré de terre dans la cour ou à proximité.

  • #Blandine

    Alors oui, ça peut se pratiquer partout. Ça peut commencer sur un balcon avec un pot de fleurs, même dans un appartement avec un pot de fleurs et un peu de terreau il n'y a pas de restrictions ça se passe là où vous êtes et là où vous animez où ça vous anime en fait c'est pas nous qui animons c'est les choses qui nous animent donc il n'y a pas encore une fois il n'y a pas de recette toute faite et on peut le faire si on a un petit carré de terre et on peut le faire même si on n'a pas de terre il y a plein de méthodes qui existent pour faire ça sur du béton dans des cours d'école parce qu'on ne peut pas toujours casser le goudron, l'idéal bien sûr ce serait ça ce serait génial qu'on reverdisse les cours d'école mais parfois on a des limites et la permaculture elle prend ça en compte et en fait toutes nos limites ça c'est une chose qui est à mon sens très forte en permaculture c'est que toutes nos limites deviennent dans notre projet un matériau de création en fait un point sur lequel on peut appuyer notre créativité pour inventer notre jardin, notre projet. Alors peut-être si je n'ai pas de sol, par exemple, eh bien, je peux créer toutes sortes de bacs. Après, c'est des techniques.

  • #Claire

    Ok. Pour aborder la question... plutôt enfance et éducation. Aujourd'hui, l'approche qu'a le système scolaire en France est surtout basée sur de la transmission de savoir et de connaissances, mettant de côté la transmission de savoir-faire, qui ne se fait finalement qu'à partir d'un certain âge et seulement si les jeunes se forment à des métiers manuels. Je crois savoir, c'est un sujet qui te tient à cœur. Pourquoi est-ce que c'est un problème d'avoir mis de côté cette transmission de savoir-faire ? Et pourquoi du coup, est-ce qu'il faut y revenir et changer d'approche ?

  • #Blandine

    Alors, encore une fois, c'est une question de notre culture, notre rapport au monde. Et la permaculture, elle propose ça aussi, on l'entend bien en français, dans permaculture, il y a je perds ma culture et j'en construis une nouvelle. J'aime bien ce jeu de mots-là parce qu'il sous-entend beaucoup de choses, en fait. Il sous-entend beaucoup de choses. On a décidé de valoriser certains savoirs académiques, on va dire, le français, les maths et compagnie, et puis de laisser d'autres de côté. Alors qu'en fait, un humain, déjà, il a plein de potentiels. Au départ, il a tous les potentiels possibles. Et puis, il y a plusieurs formes d'intelligence, en fait. Et il se trouve que notre système scolaire actuel valorise une certaine forme d'intelligence et certaines capacités, et puis pas d'autres. Alors déjà, ça, ça peut être très douloureux pour les personnes qui ne rentrent pas dans le cadre. Et puis ensuite, ça a pour résultat de nous déconnecter de toute une part de nous-mêmes. C'est comme si on peut se dire qu'un humain, petit ou grand, une humaine, c'est une tête, mais aussi un cœur et des mains. et puis tout le reste, et que si on ne prend que la tête, on ne prend qu'un petit bout. Encore une fois, on a séparé un morceau du tout. Et c'est là qu'il commence à se passer des choses qui nous éloignent de notre nature profonde. Et se réapproprier ces savoirs-là, donc il y en a mille et un possibles, il n'y en a pas un meilleur qu'un autre, Moi, j'encourage chacun, chacune à aller vers ce qui fait vibrer à l'intérieur. Et puis des fois, ça change. Et ces savoir-faire-là, ça nous reconnecte à nous, ça nous reconnecte à toute une part de l'humanité qui a su utiliser ces savoir-faire-là autrefois pour vivre au quotidien. Et puis ça nous reconnecte à la matière en fait, aux choses qui nous entourent et qui ont... je sais pas, qui ont mauvaise presse dans la culture dans laquelle on vit, et je vois pas pourquoi, parce qu'en fait, c'est nos fondements, on a besoin de ça pour vivre, et finalement, à force de cultiver cette manière-là de voir le monde, celle de notre société actuelle, qui est en train de changer, fort heureusement, et ben... c'est comme si on se rendait complètement dépendant. On ne sait plus faire pousser notre nourriture, ou la trouver dans la nature. On ne sait plus construire notre maison. On ne sait plus même prendre soin de nos propres enfants, on les confie à d'autres. On ne sait plus rien faire à part aller gagner des sous qui vont nous permettre d'acheter des choses industrialisées. mais ça, ça ressemble fortement à une vie hors sol comme ces tomates qui poussent dans des grandes serres et qui n'ont même pas les racines dans la terre donc revenir à ces savoir-faire là c'est aussi une manière de remettre nos racines dans la terre avec un grand T ouais,

  • #Claire

    Mais là où je trouve que c'est pas si évident c'est que moi j'ai 30 ans mes grands-parents m'ont transmis à la terre des savoir-faire, mes parents très peu je crois qu'ils ont fait partie de ils ont été la première génération à être coupés à un moment de ça et quand je regarde autour de moi les personnes qui ont à peu près le même âge On est nombreux, nombreuses à ne pas avoir eu cette transmission. Et du coup, aujourd'hui, ça demande un effort considérable parce qu'il faut aller apprendre. Quand il y a eu cette coupure-là, maintenant, ce n'est pas facile. Moi, j'ai envie d'aller transmettre des choses avec mes mains, d'apprendre. Quand j'amène les enfants en forêt, il y a un truc qui me donne trop envie, c'est la vannerie. J'aimerais bien pouvoir... construire des paniers, faire plein de trucs. Et en fait, ça, on ne me l'a pas transmis. Et pourtant, tiens-toi bien, le village de mes grands-parents, il y avait la fête des paniers qui était organisée tous les étés. Donc j'ai vu des gens fabriquer des paniers, mais à aucun moment donné, j'ai appris à le faire. Et du coup, je trouve que... Quand on a envie de... Quand ça bouillonne, tu sens que tes mains ont besoin de faire quelque chose et tu as envie d'apprendre des trucs et tu as envie derrière de le transmettre parce que c'est trop beau, tu vois, tout ça. Mais du coup, ça demande vraiment, je trouve, ça nous demande beaucoup en termes d'énergie et ce n'est pas si simple finalement dans nos quotidiens. Alors encore une fois, tu disais très justement que c'est un changement de... de philosophie de manière générale. Il faut... Ça demande de sortir du fonctionnement dans lequel le système nous a plongés. Mais voilà, moi, à titre personnel, je trouve que c'est parfois compliqué et je trouve que c'est assez coûteux en énergie.

  • #Blandine

    C'est vrai que ça peut... C'est pas un chemin qui est toujours simple parce qu'effectivement, la transmission, elle a été rompue. Et ça nous demande d'aller retisser des liens avec ça. Alors moi, encore une fois, j'ai pas de solution toute faite, mais j'ai l'impression, mon expérience en tout cas, c'est que ça passe par retisser d'abord des liens humains, d'aller... à la rencontre de personnes qui détiennent ces savoir-faire et qui les transmettent. Alors la chance qu'on a aujourd'hui, c'est qu'on a la possibilité d'apprendre plein de choses sans se déplacer. après ça c'est toujours derrière un écran et c'est pas pareil mais je suis persuadée que où qu'on soit si on regarde bien autour de nous il y a toujours plein de ressources et aussi plein de personnes ressources en fait et peut-être que retisser les liens vers les savoir-faire c'est retisser des liens humains avec ces personnes là qu'on a peut-être même pas remarqué et qui sont pas forcément très loin de nous en termes géographiques, et auprès de qui on peut aller se ressourcer, dans le sens retourner à la source, réapprendre à faire avec les mains. Mais c'est vrai que ce n'est pas facile, parce que beaucoup de choses nous entravent et nous éloignent de ces manières-là de faire. Ce qui est génial aussi avec les enfants, c'est qu'eux... ils vont aussi nous permettre d'apprendre en même temps qu'eux, de ne pas faire parfait, et d'aller expérimenter tout un tas de savoirs et de savoir-faire. Et il n'y a pas de hiérarchie, on ne s'est pas obligés. de maîtriser complètement un savoir-faire avant de le transmettre. aux enfants, peut-être, je peux apprendre en même temps qu'eux, ou apprendre devant eux, et puis ça les inspirera ou pas, des savoir-faire qui m'intéressent, par exemple celui de la vannerie que tu citais tout à l'heure, peut-être je peux commencer à bidouiller un truc avec un morceau de noisetier que j'ai trouvé au parc à côté de chez moi, si je suis en ville, et puis il va se passer des choses, et tout ça, c'est des processus qui sont aussi lents. on n'a plus l'habitude de ce temps long et on a tendance à être impatient et exigeant avec nous-mêmes et croire que se réapproprier un savoir-faire, c'est savoir faire parfaitement. Mais il n'y a rien qui nous fait une injonction. à la perfection. Peut-être qu'on peut se détendre un peu avec ça et en se détendant, récupérer un peu d'énergie de ce côté-là. Et puis en puiser aussi dans le partage, notamment avec les enfants.

  • #Claire

    Mais tu as totalement raison. Je te rejoins à 100%. Il y a deux ans, en plein mois d'août, tu as partagé sur ton compte Instagram une vidéo sur le sujet de l'éco-anxiété. Je l'ai revisionnée en préparant l'épisode et je l'ai trouvée très forte. Personnellement, je n'avais jamais été sujette à des angoisses relatives à la situation environnementale du monde avant d'avoir un enfant. J'étais au contraire optimiste, parfois très en colère, mais je militais activement et j'abordais les choses avec confiance. Et puis l'arrivée de ma fille a bousculé les choses. J'ai eu le besoin de me tenir à l'écart des mauvaises nouvelles parce que tout à coup, ça générait beaucoup d'angoisse. Et je sais que nous sommes nombreux et nombreuses à être traversées par ces peurs. Comment est-ce qu'on fait pour avancer au quotidien avec ça ?

  • #Blandine

    Alors, ouais, c'est des vraies questions que... que je croise au quotidien, dans ma vie personnelle, et puis avec les gens que j'accompagne dans toutes mes activités. C'est quelque chose qui revient assez fort et qui commence aussi à émerger chez les enfants, en tout cas chez les ados. Je trouve que ça prend de plus en plus de place. Donc, c'est des sujets qui, effectivement, me touchent et m'interrogent. Alors, comment est-ce qu'on fait pour faire en sorte que les enfants Mon expérience, c'est que tout ça, c'est là, ça nous traverse. Alors le but, ce n'est pas de cultiver des sensations, des émotions qui ne sont pas agréables, mais l'idée, c'est peut-être de ne pas les rejeter. en bloc non plus, ou de vouloir les faire taire, de ne pas mettre un couvercle sur cette cocotte minute qui peut être là. Il n'y a pas d'obligation d'être éco-anxieux si vous ne l'êtes pas, mais tant mieux, c'est vraiment génial. Et donc, si on l'est, de ne pas mettre un couvercle sur cette cocotte minute-là, mais plutôt d'aller regarder ce que ça vient nous raconter, ce que ça vient nous dire de nous-mêmes et de notre rapport au monde. et puis de les traverser parce qu'en fait une émotion ça a un début, un milieu et une fin ça fait peur mais ça se termine un jour je vous promets et ça se termine rapidement normalement si on la regarde vraiment qu'on la laisse venir et qu'on la traverse alors peut-être qu'on va pleurer, peut-être qu'on va crier peut-être qu'on va être pas bien mais tout ça encore une fois ça a un début, un milieu et une fin si c'est trop fort si ça nous submerge complètement, alors ça veut peut-être dire, ça veut sûrement dire qu'on a besoin d'accompagnement. Et dans ce cas-là, il y a des professionnels qui sont là pour ça. Et je vous encourage, j'encourage tout le monde à se tourner vers des praticiens compétents. les praticiennes compétentes quand ils en ont besoin. Mais il y a aussi toutes sortes de choses qu'on peut faire, déjà nous-mêmes, et la première, c'est de ne pas... faire ce qu'on nous a appris depuis tout petit, à savoir n'empere pas, ça va aller, chute-chute, ah mais n'aie pas peur, ah oublie ça, il faut continuer, il faut foncer et tout ce genre de petites phrases qui nous trottent dans la tête depuis très longtemps et qu'on a tendance d'ailleurs, quand on ne les a pas regardées, à retransmettre aux générations d'après sans faire gaffe, que ce soit nos propres enfants ou ceux avec lesquels on travaille. Donc mettre de la conscience sur… Ce qu'on vit nous, ça nous aide à l'instant T à traverser et à aller voir où ça nous emmène au-delà de ça et puis ça nous aide à ne pas refiler notre paquet tout notre bazar à ceux et celles qu'on accompagne et clairement derrière des émotions de peur de tristesse profonde de colère, il peut y avoir, une fois qu'on a accueilli et traversé ça, encore, le but, c'est pas de sauter les étapes, il peut y avoir des choses très belles, des élans qui nous portent, des envies de partage, des projets qui naissent. Par exemple, moi, quand j'ai partagé cette vidéo dont tu parles, c'était il y a deux ans. En fait, la forêt à côté de chez moi, elle brûlait. mais vraiment à côté de chez moi. On voyait la fumée, il y a plein de gens de mon village qui étaient partis. On a eu des très grands feux ici, dans le Jura, en plein été. Et c'était vraiment pas un moment confortable, quoi. C'était un moment terrible, terrible. et finalement une fois tout ça traversé et bien ça a donné lieu à cette vidéo qui apparemment a touché beaucoup de gens et a réconforté beaucoup de gens dans cette vidéo je disais juste bienvenue avec toutes les émotions qui sont là en fait c'est normal elles existent et bienvenue avec ça et le reste on verra après et voilà cette immense tristesse que j'avais moi c'était beaucoup de la tristesse et bien elle s'est transformée en quelque chose de constructif pour moi et puis par effet domino pour d'autres. Mais ça, ça prend du temps. Et puis ça prend de l'amour en fait, de l'accueil, des choses qui sont au niveau du cœur.

  • #Claire

    Merci d'être revenue là-dessus. J'ai visionné la vidéo il y a quelques jours et de l'entendre encore, ça fait du bien. Toujours du bien. Et puis, comme tu dis, accueillir l'émotion et puis après, être dans l'action, ça fait du bien derrière. Une fois qu'on l'a accueillie, qu'elle est passée, ça... À toute petite échelle, pour en revenir au jardin et aller mettre les mains dans la terre et juste cultiver ses propres légumes, on sait déjà qu'on n'entretient pas ce qui nous génère de l'angoisse. En tout cas, on contribue d'une autre manière à faire en sorte que les choses se passent autrement. On parle toujours de la part du colibri, c'est vrai que parfois on se demande... À quoi ça sert vraiment de faire des tout petits gestes comme ça et en fait quand on fait un pas de côté et qu'on prend un peu de recul, ça fait quand même du bien de se dire que comme on peut, on est quand même dans l'action et en tout cas on tente de contribuer à un peu plus de douceur et à beaucoup plus d'amour autrement.

  • #Blandine

    Je me disais, la permaculture, c'est une philosophie de la régénération, en fait. L'idée, c'est pas seulement d'arrêter de dégrader la Terre, mais de carrément l'agrader. C'est-à-dire, c'est l'idée que l'humain a sa place dans le vivant, qu'il n'est pas séparé de la nature, et que, comme tous les autres éléments de la nature, il est là pour améliorer sans cesse cette nature foisonnante, cette abondance. Alors nous, on fait tout le contraire depuis longtemps, mais en vrai, on est plutôt là pour régénérer. Et la question, elle est toujours là-dessus. Quelle action de régénération je peux faire ? pour moi, aller mieux, et pour le monde. Alors, il y a effectivement des choses qui peuvent se faire à petite, moyenne, grande échelle, mais ça, ça fait fondamentalement du bien. Chacun a sa recette. Moi, quand je ne vais pas bien, je plante un arbre. Alors, il y en a qui poussent, il y en a qui ne poussent pas. Ou je vais voir les oiseaux, ou je vais à la rivière. En fait, il y a plein de choses qu'on peut faire, et même si on est en ville, on peut le faire. Je connais des gens, ils ont des noisettes chez eux et ils les plantent en ville, où ils vont chercher et récolter des glands dans leur promenade dans la nature, puis après ils les replantent dans l'espace public, ou des pépins de pommes, ou des choses comme ça, et je trouve ça magnifique, et en fait c'est vrai que ça fait du bien de se rappeler. de tout son être, donc aussi en faisant avec son corps, qu'on fait partie de cette régénération-là, à notre niveau, chacun, chacune.

  • #Claire

    Tout à fait, ouais. J'ai une question plus personnelle. En préparant l'épisode, tu m'as dit qu'avec ta famille, vous viviez dans une cabane la moitié de l'année. Tu nous racontes un petit peu cette vie en cabane ? Pourquoi est-ce que c'est la moitié de l'année ? Et puis depuis quand ? Et puis voilà, c'est un peu votre quotidien dans cette cabane.

  • #Blandine

    Alors, oui, effectivement, ça c'est la vie personnelle. Mais j'ai quand même envie de la partager ici. Donc nous, on est extrêmement privilégiés parce qu'on vit déjà dans un endroit qui est très boisé. On vit dans un département qui a... un des départements qui a le plus de forêts et le moins d'habitants au kilomètre carré. et donc il se trouve qu'on a eu la chance d'hériter de plusieurs hectares de terre. On est en moyenne montagne, donc c'est des paysages qui sont moins dégradés qu'ailleurs parce que simplement on n'a pas pu faire de l'agriculture industrielle ici. Donc c'est encore très forestier, bocager, il y a des haies partout quand il y a de la prairie. de la forêt à n'en plus finir autour de nous et c'est pour ça aussi peut-être que j'ai du mal à séparer le jardin la forêt, la nature pour moi en fait c'est tout la même chose à des échelles différentes que ce soit dans un petit pot dans un appartement ou dans des centaines d'hectares de nature dehors, quelque part c'est la même chose et donc nous on a cet immense privilège d'avoir accès à à ce terrain-là, sur lequel on a décidé de passer un maximum de temps. Seulement, sur ce terrain-là, on ne peut pas vivre, on ne peut pas construire d'habitat, on n'a pas cette autorisation-là. Donc... on peut y passer du temps avec de l'habit allégé. Mais ce qui était surtout important pour moi et puis pour mon compagnon, c'était d'être dans le sauvage, d'être en lien étroit avec cette nature sauvage et puis que nos enfants puissent grandir là-dedans. Et donc, dans cet endroit merveilleux, on a... la chance de pouvoir voir quotidiennement la nature autour de nous, donc les plantes, les animaux. Je ne sais pas, hier encore, j'étais dans mon jardin à planter des petits pois et puis j'ai eu l'honneur d'un tête-à-tête avec le renard, les yeux dans les yeux, une bonne minute, alors que j'étais dans mon jardin. Et ça, c'est... Ouais, encore une fois, c'est un immense privilège. C'est pour ça que j'ai parfois du mal à en parler, parce que je trouve ça injuste. En fait, je voudrais que tout le monde puisse avoir accès à ça, en fait. Et je crois que c'est pour ça que je fais ce métier-là, parce qu'au fond, c'est ça qui m'anime. Je voudrais que tous les enfants puissent expérimenter. ce rapport-là au vivant qui, en fait, est normal pour un humain. Encore une fois, on fait partie de la nature. Mais comme on ne le vit plus au quotidien, on l'oublie. Et ça génère après tout un bazar mental compliqué, alors qu'en fait, c'est simple. Ce n'est pas parfait, mais c'est plus simple que ce qu'on pense.

  • #Claire

    Et tu as deux ados à la maison. Est-ce que... Moi j'ai des souvenirs, tu vois, de vie à la campagne, où à partir de 14 ans je pestais parce que je me sentais éloignée de tout et pourtant j'ai pas du tout... J'ai grandi en région parisienne jusqu'à l'âge de 10 ans, mais tu vois, c'est quelque chose... J'ai passé toutes mes vacances au fin fond de l'Auvergne, donc la campagne, je la connaissais bien et tout, mais il y a eu un âge où vraiment, j'en avais marre de cet isolement. Est-ce que tes enfants t'ont exprimé ce genre de choses ou est-ce qu'au contraire, du coup, ils sont tellement habités par ce vivant qu'ils sont juste... là à leur place et est-ce qu'ils t'ont exprimé des choses là-dessus ?

  • #Blandine

    Alors c'est drôle parce que quand tu racontes comment c'était pour toi, je me souviens que pour moi ça a été comme ça, j'ai des souvenirs moi de dire à mes parents, ouais ici c'est un trou paumé quand je serai grande je vais partir et puis finalement c'est pas ce qui s'est passé il se trouve que mes enfants euh... Non, mes enfants, là, pour l'instant, ils auraient tout à fait le droit de vouloir voir autre chose et explorer autre chose. Moi, je n'ai aucun problème avec ça. En fait, ils sont libres et responsables d'eux-mêmes. Alors, bien sûr, ils sont encore jeunes, donc on prend soin d'eux et on fait notre boulot de parents. gardiens, mais ils sont libres de leur choix et ils seront libres de leur choix plus tard. Actuellement, eux, ils sont heureux comme ça. C'est vrai que des fois... Il y a des moments où, comme tout le monde, ils n'ont pas forcément envie de sortir. Il faut injecter un peu d'énergie dans ce premier pas. Et puis, une fois qu'on est dehors, après, ils ne veulent plus rentrer. Et là, ce qui se passe concrètement, mon aîné, lui, il a choisi de lui-même de s'orienter dans une filière. Donc là, il est rentré au lycée et il a choisi un bac pro qu'on appelle GMNF, c'est gestion des milieux naturels et de la faune. Et quand on lui a demandé pourquoi il voulait faire ça, il a répondu qu'il était la plupart du temps dehors dans la nature et qu'en fait, il ne voulait pas perdre ça dans sa vie professionnelle. C'était trop précieux pour lui et que donc, il cherchait un boulot où il allait pouvoir maintenir ça. ce rapport-là au vivant. Mais peut-être que sa sœur, elle choisira autre chose et c'est OK aussi, en fait. Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve. Moi, le plus important pour moi, c'est de leur avoir transmis. au maximum possible, ce qui, moi, me semblait fondamental. Et après, une fois qu'on a un lien au vivant qui est fort, je crois qu'on peut le retrouver partout. On peut se retrouver au milieu d'une grande ville et... et trouver une connexion à la nature en parlant avec quelqu'un les yeux dans les yeux, en regardant un pigeon des villes se poser sur le toit d'à côté, les nuages, le ciel, les étoiles, ils sont toujours là, et on peut continuer à sentir la terre pulser, même si elle est sous le béton.

  • #Claire

    Mais tu vois, dans... dans toutes les personnes que j'ai accueillies jusqu'à présent sur le podcast, presque tout le monde est passé à un moment donné par une coupure parce que les études, parce que la vie professionnelle. Et puis en fait, comme tu dis, quand on a grandi avec ça, ça reste en nous et il y a un moment, ça peut mettre des années, où ça ressort et du coup... ben voilà ça veut pas forcément dire je plaque tout et je vais vivre en pleine nature, je change de boulot et tout mais en tout cas le regard s'ouvre à nouveau et le coeur aussi sur ce vivant tout proche ouais je crois que c'est pas une question de contexte,

  • #Blandine

    ça peut aider le contexte mais en fait moi je connais des gens qui vivent ici dans mon village, donc il y a un tout petit village en pleine Cambrousse et qui qui ne sortent jamais dans la nature. J'ai travaillé avec des enfants dans des écoles en CM1 qui habitaient au bord de la rivière et qui n'avaient jamais attrapé un tétard dans leurs mains, qui n'étaient jamais allés jouer à l'eau. Et puis, à côté de ça, il y a des gens qui vivent en ville et qui ont une conscience du vivant énorme. La vie, elle est partout. on l'a recouverte un peu, on l'a planquée, on l'a dégradée, mais en fait, la vie, elle est partout parce qu'elle est en nous, et donc en chaque personne qu'on croise.

  • #Claire

    C'est clair. Blandine, nous arrivons à la fin de notre échange. S'il y a des personnes qui ont envie d'approfondir le sujet de la permaculture, est-ce que tu as des sources à conseiller ? Par quoi peut-on commencer ?

  • #Blandine

    Par quoi on peut commencer ? Tu veux dire comme action ou comme...

  • #Claire

    Peu importe, non, peut-être d'abord pas forcément comme action, peut-être plutôt pour en savoir plus sur, finalement, la philosophie, ce qu'est la permaculture.

  • #Blandine

    il y a plein de choses maintenant on a la chance moi quand j'ai commencé la permaculture il y avait je crois deux bouquins en français le reste c'était tout en anglais maintenant il y a plein plein de gens qui partagent la permaculture donc je pense que chaque personne qui écoute ce podcast a déjà déjà rencontré des des transmetteurs et des transmetteuses, des passeurs et passeuses de permaculture. Allez vers les gens qui vous touchent et puis juste regardez qu'on vous parle effectivement pas seulement de techniques de jardinage, mais d'une philosophie plus globale et d'un rapport au monde. c'est juste ce truc-là à vérifier. Après, il existe un réseau francophone de permaculture qui s'appelle Brin de Paille. Moi, j'ai été, avec mon compagnon, on a été délégués départementaux pour ce réseau-là pendant longtemps. Et si vous allez voir sur ce site-là, sur le site de Brun de Paille Permaculture, vous allez normalement trouver une liste des délégués pour chaque département. Et puis aussi pour... d'autres pays francophones et donc voir le contact d'une personne ressource qui peut vous renvoyer vers d'autres personnes ressources proches de chez vous. Et ça, il n'y a rien de plus précieux que le lien humain et puis les pieds sur le terrain, quoi, pour apprendre.

  • #Claire

    Et bien merci pour ces conseils et puis merci pour ce moment passé ensemble. Moi je n'ai jamais creusé le sujet de la permaculture et du coup là tu m'as apporté plein de choses dont je n'avais pas forcément idée ou que j'avais lu en diagonale notamment en te suivant donc voilà c'est précieux ce que tu as partagé aujourd'hui et je t'en remercie.

  • #Blandine

    ok bah merci merci pour ton invitation et pour ce podcast que tu fais, que tu diffuses c'est vraiment inspirant, j'en ai écouté plein pour préparer avant de venir faire celui-ci et je trouve ça très touchant toujours les partages c'est riche et si la permaculture t'intéresse ou intéresse d'autres personnes qui écoutent ce podcast si ces sujets là vous touchent Et bien, je vous invite aussi à venir voir ce que moi je produis comme contenu et puis toutes les personnes de ressources vers qui je peux vous renvoyer parce que c'est aussi ça mon... On travaille notamment sur la toile, c'est de faire un inventaire et un partage des ressources.

  • #Claire

    Mais oui, bien sûr, je mettrai ton site et tes réseaux dans le descriptif de l'épisode. À bientôt, Blandine.

  • #Blandine

    À bientôt, merci.

  • #Claire

    Merci à toutes et à tous pour votre écoute. J'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air. voire même, peut-être, une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pedagogieduvivant.fr. Vous y trouverez toutes les infos à son sujet, ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode, et d'ici là, n'oubliez pas, sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez ciao ciao, à bientôt !

Description

Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Blandine.


Formée à la permaculture depuis plus de 10 ans, Blandine et sa famille connectent avec le vivant qui les entoure : de la terre nourricière aux voisins soutenants, la permaculture n'est pas qu'un mode de culture. C'est une philosophie de vie, une approche globale des relations que nous tissons avec notre monde environnant.


Cette philosophie, Blandine a à cœur de la partager à toutes les générations en proposant, entre autres, d'accompagner familles et professionnels de l'éducation dans la création de jardins pédagogiques.


Partager, accueillir, régénérer, donner, recevoir, valoriser le savoir-faire, aimer.. Cette discussion avec Blandine nous rappelle combien il est précieux de prendre soin de soi, des autres et de l'environnement.


Pour en savoir plus sur Blandine et retrouver toutes les infos à son sujet, rendez-vous sur : www.pedagogieduvivant.fr


Très belle écoute !


Je vous souhaite une très belle écoute


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #Claire

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeur des écoles, éducateur, animatrice, ces conversations ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif : permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement Au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout, à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Blandine. Formée à la permaculture depuis plus de dix ans, Blandine et sa famille connectent avec le vivant qui l'entoure. De la terre nourricière aux voisins soutenants, la permaculture n'est pas qu'un mode de culture. C'est une philosophie de vie, une approche globale des relations que nous tissons avec notre monde environnant. Cette philosophie, Blandine a à cœur de la partager à toutes les générations en proposant d'accompagner famille et professionnels de l'éducation dans la création de jardins pédagogiques. Partager, accueillir, régénérer, donner, recevoir, valoriser le savoir-faire, aimer. Cette discussion avec Blandine nous rappelle combien il est précieux de prendre soin de soi, des autres et de l'environnement. Je vous souhaite une très belle écoute. Salut Blandine !

  • #Blandine

    Salut Claire !

  • #Claire

    Je te souhaite la bienvenue sur le podcast. Je suis ravie qu'on échange ensemble aujourd'hui. Pour démarrer, est-ce que tu peux te présenter en quelques mots, nous dire d'où tu viens et ce que tu fais au quotidien ?

  • #Blandine

    Alors déjà merci pour ton bienvenue, je suis ravie d'être là aussi et de partager avec toi autour de ces sujets qui sont importants pour moi. Alors que dire, je m'appelle Blandine, j'ai presque 40 ans, je vis dans le Jura, au milieu de belles montagnes, et puis actuellement je fais plusieurs choses. Je crois que je fais partie de ces gens qu'on appelle les multis. D'abord, je suis maman de deux enfants, deux ados en fait, de 12 et 14 ans. Et puis, ma première activité, c'est de subvenir aux besoins du foyer, notamment à travers le jardinage. Donc, je passe pas mal de temps à cultiver, cueillir dans le jardin et puis en sauvage et à transformer. J'ai une autre activité professionnelle qui consiste à accompagner des collectifs qui montent des projets alternatifs, donc c'est de la facilitation de collectifs avec une approche notamment de permaculture humaine. Et puis, j'ai une troisième activité. J'aime bien quand ça change, mais c'est tout relié. J'accompagne des professionnels de l'éducation et puis des parents qui veulent transmettre la permaculture aux enfants. Voilà.

  • #Claire

    Figure-toi que j'ai plein de questions sur tout ça. Mais d'abord, ma question rituelle. Blandine, quel a été ton rapport avec la nature durant ton enfance ?

  • #Blandine

    Mon rapport avec la nature ? J'ai toujours eu la chance de grandir en milieu rural. Je n'ai pas beaucoup quitté le milieu rural à part pour quelques années d'études dans la grande ville de Lyon. J'ai mon rapport avec la nature, du coup il est assez simple parce qu'il a toujours été là. J'ai grandi dans des paysages magnifiques, avec toujours des montagnes. J'ai grandi notamment, j'ai des racines dans le Buget, donc c'est aussi les montagnes du Jura. Après avec ma famille, on a beaucoup déménagé, on est parti jusque dans les Alpes. Donc là c'était d'autres montagnes avec une autre énergie, mais très belle aussi. Et puis je suis revenue dans le Jura, sur ce caillou-là, avec ces plantes-là que j'aime tout particulièrement.

  • #Claire

    Et j'ai cru comprendre que tu avais eu un parcours professionnel riche et varié. Est-ce que tu veux bien nous le raconter ? Par quoi tu as démarré et puis les expériences les plus marquantes que tu as vécues ?

  • #Blandine

    Oui, alors j'ai fait des études d'anthropologie, ethnologie. Alors c'est l'étude des... des différents peuples à travers le temps et l'espace, et puis de leur rapport au monde. Ces études-là, ça m'a marquée parce que ça m'a permis de valider quelque chose que je sentais tout au fond de moi depuis toujours, c'est-à-dire que nature et culture, ce n'était pas forcément si séparé pour tout le monde. En tout cas, ici, on clive beaucoup les deux, mais il y a plein de peuples. et il y a eu ici autrefois des peuples qui mélangeaient les deux, en tout cas qui fondaient leur culture sur la nature. Et tout ça, ça fait toujours partie de moi. Je n'ai pas exercé dans ce milieu professionnel-là. Je suis devenue agricultrice, en fait. je crois que c'était compliqué pour moi d'expliquer la vie des autres c'est ce qu'on demande à un ethnologue sans avoir moi-même vécu donc je suis partie du plus concret et j'ai beaucoup travaillé comme ouvrière agricole et puis je suis devenue paysanne herboriste donc j'ai cultivé et cueilli et je continue toujours à titre personnel maintenant des plantes médicinales Tout ça, ça m'a amenée par rebond à découvrir la permaculture. Alors c'était en 2012 que j'ai fait ma première formation. Et puis, dans le même temps, je suis devenue aussi animatrice nature. Tout ça, ça s'est tissé. Comme je disais tout à l'heure, j'ai toujours eu plusieurs activités. Voilà, c'est comme ça, ça fait partie de moi. donc j'ai été animatrice nature dans les écoles j'ai notamment travaillé pour ici on est en zone nature à 2000 donc voilà pour la sensibilisation dans les écoles c'était très chouette j'ai commencé à cette époque là aussi le jardin pédagogique et puis voilà tout ça ça s'est tissé ensemble avec la permaculture aujourd'hui j'ai plus ces activités là parce que j'en ai d'autres que j'ai nommé tout à l'heure mais c'est tout pour moi c'est c'est comme un arbre avec plusieurs branches mais il y a il y a un seul trou voilà

  • #Claire

    Ben oui, on se nourrit, tout ça est lié et on sent bien les valeurs et les croisements entre tout ça. Du coup, là, tu l'as nommé plusieurs fois, la permaculture qui est arrivée, à laquelle tu t'es formée en 2012, ça pourrait clairement faire l'objet d'un épisode entier, et peut-être que tu auras des sources à conseiller si parmi les personnes qui nous écoutent, certaines ont envie de creuser le sujet. Est-ce que tu peux expliquer ce qu'est la permaculture ? Quels sont ses fondements, ses valeurs ?

  • #Blandine

    Alors effectivement, ça peut nous faire l'objet d'un épisode entier. Alors la permaculture c'est.. je vais peut-être commencer par la définir par ce qu'elle n'est pas. Ce n'est pas ce qu'on vous montre à la télévision c'est beaucoup plus vaste que ça dans le sens où actuellement la permaculture est beaucoup médiatisée comme si c'était une méthode de jardinage Or, ce n'est pas le cas. La PERMA a été théorisée dans les années 70 par deux Australiens, Mollison et Holmgren, qui en fait, effectivement, au début, réfléchissaient autour de questions agronomiques. C'est des universitaires. Et puis, rapidement, se sont rendus compte que pour qu'on puisse continuer à... en tant qu'humain, à vivre sur cette planète sans la détruire, ou en tout cas sans nous auto-détruire, on aurait besoin de faire plus qu'améliorer nos techniques d'agriculture, en fait. Plus que de... On a besoin de faire plus que de planter des salades. Et qu'en fait, ce qu'ils avaient commencé à théoriser pouvait s'appliquer à tous les champs de l'existence humaine. Donc la permaculture, c'est une philosophie et aussi une méthodologie, mais pas des techniques en fait. Les techniques, elles viennent après. C'est une vision du monde et de notre rapport au monde. Elles se fondent sur trois piliers : prendre soin de la Terre, donc la Terre dans tous les sens du terme, à savoir la Terre, la planète, mais aussi la terre, l'humus. Et puis, donc ça c'est le premier pilier, mais les trois piliers sont intimement liés. Donc prendre soin de la Terre, prendre soin de l'humain, parce que moi en fait, moi je me situe plutôt dans... fortement dans celui-ci, prendre soin de l'humain dans le sens prendre soin des autres autour, qu'ils soient proches ou lointains. Et je pense à ceux qui fabriquent nos t-shirts à l'autre bout du monde ou qui extraient les métaux qui nous permettent d'accéder à certaines technologies, mais aussi prendre soin de la communauté, des gens qui sont... Communauté au sens anglais du terme donc nos proches, les gens avec qui on vit, dans notre village, dans notre famille, prendre soin de ces liens-là, et puis prendre soin de nous-mêmes. Là, ça nous amène aussi sur des questions pédagogiques, dans le sens où je pense, je crois profondément qu'on détruit la planète parce qu'on a des blessures personnelles qui commencent dès l'enfance et qu'on cherche à compenser avec toutes sortes de consommations. etc donc voilà, prendre soin de l'humain et puis le troisième pilier de la permaculture c'est produire l'abondance et partager les surplus équitablement alors là c'est tout un programme générer l'abondance, c'est pas produire l'abondance c'est plutôt générer, j'aime mieux ce terme là générer l'abondance et partager les surplus équitablement ça veut dire changer de lunettes, de façon de voir le monde, arrêter d'être toujours dans une espèce de peur du manque, avoir une profonde connexion et confiance en la nature et en sa capacité à nous soutenir, comme elle le fait depuis toujours, en fait, jusqu'à ce qu'on l'oublie, récemment, très récemment dans l'histoire du monde. Et, ouais, avoir une profonde confiance en ça. ce qui nous amène à générer plein plein de choses alors ça se voit très bien au niveau des jardins quand on utilise cette approche là souvent on a plus que ce dont on a besoin et rapidement on peut en distribuer autour mais équitablement ça veut dire aussi je reviens à ce que je disais tout à l'heure sur l'humain en prenant soin aussi de notre propre énergie et s'en donner sa chemise quelque chose de juste pour tout le monde je m'étends un peu mais c'est des sujets qui... qui me touchent alors j'ai tendance à déborder #Claire non mais justement on est là pour ça on a le temps d'en discuter J'aimerais bien qu'on approfondisse un peu ce prendre soin de soi et de son énergie parce que je crois que des fois, les choses sont un peu mélangées, notamment parce que depuis des années, on voit dans les médias, on parle beaucoup de développement personnel et ça a transformé un truc où tout le monde se met la pression pour se sentir bien dans ses baskets et on essaye d'activer des trucs à droite, à gauche. On est presque tombé dans une espèce de... de productivité, de bien-être personnel, ça prend quel sens pour toi, le prendre soin de soi ? Comment on prend soin de soi ? Comment on prend soin de soi ? bizarrement moi ça m'emmène pas du tout dans des questions d'injonction au bonheur en fait c'est pas forcément prendre soin de soi c'est pas toujours une place très confortable ça demande des fois de traverser des remous intérieurs pas toujours agréables, mais qui nous amènent vers quelque chose qui a plus de sens en fait, vers du mieux, ça c'est sûr. Mais il n'y a pas d'injonction. à ça, c'est prendre soin de soi, prendre soin de l'humain en général, de soi ou des autres. En fait, les deux vont ensemble toujours. Ça passe pour moi d'abord par prendre responsabilité. Ça veut dire aller regarder ce qui nous met en réaction, que ce soit dans notre vie personnelle ou dans notre vie professionnelle, par exemple. Notamment, ça se voit beaucoup quand on travaille avec les enfants. Eux ils sont extra pour ça les enfants. en Inde on dit les enfants sont des maîtres mais c'est vrai quoi ils appuient exactement alors pas là où ça fait mal et puis ils font ça sans malice c'est pas pour faire mal mais ils nous font miroir de tous ces endroits où ça frotte à l'intérieur, tous ces endroits où nous aussi, on porte une part d'un enfant blessé et qui aurait peut-être besoin qu'on aille le voir et lui faire un gros câlin, le prendre par la main et... Voilà, prendre soin de soi, si je devais résumer, pour moi, quand on est adulte, prendre soin de soi, c'est... devenir son propre parent, se donner ce qu'on aurait voulu qu'on nous donne à l'époque, pouvoir après encore mieux le donner aux autres autour, petits et grands.

  • #Claire

    Et quand on est enfant, du coup, quelqu'un qui se dit, moi je vais apprendre, réapprendre à prendre soin de moi, comment est-ce que je transmets à un enfant ? Le fait qu'il apprenne lui aussi à prendre soin de lui, est-ce qu'on a besoin de lui apprendre déjà ? Première question. Et si oui, comment est-ce qu'on lui transmet ça ?

  • #Blandine

    Alors sur les questions de transmission, mon expérience en tout cas, c'est que les choses... se font jamais aussi bien que naturellement. Je ne crois pas qu'on ait besoin de faire des cours et des grandes théories. Je ne crois pas que ce soit efficace, en tout cas, surtout quand ce n'est pas sollicité. Et là aussi, les enfants, j'ai l'impression qu'ils nous enseignent beaucoup ce message-là. Ça ne marche pas de... de prôner le faites ce que je dis, pas ce que je fais. C'est en incarnant les choses, alors sans injonction à être parfait en fait, en étant en chemin soi-même et en étant authentique, que automatiquement ça rayonne tout autour en fait. Je pense qu'on ne peut pas... Je n'ai pas l'impression qu'on puisse apprendre à un enfant à être... libre, respectueux de lui-même si nous-mêmes on le fait pas si par exemple moi je me sacrifie dans le mauvais sens du terme pour mes enfants pour qu'eux ils apprennent à être bien je sais pas si ça va vraiment marcher ou si en fait implicitement je suis pas en train de leur transmettre de pas se respecter d'aller puiser au-delà de leurs ressources pour donner aux autres donc j'ai tendance dans tous les domaines y compris dans celui du jardinage à ne pas faire de théorie mais à plutôt pratiquer ensemble avec toutes les imperfections que ça implique

  • #Claire

    J'ai bien envie qu'on continue sur le sujet de la permaculture humaine. Tu disais, du coup, tu proposais des accompagnements, tu accompagnes des collectifs. Dans les personnes qui écoutent le podcast, il y a beaucoup de gens qui travaillent, qui sont des professionnels de l'éducation, des familles aussi. Est-ce que la permaculture humaine, est-ce que c'est quelque chose qu'on peut retrouver dans tout type d'environnement ? Je pense par exemple sur un lieu de travail, dans une école.

  • #Blandine

    Alors, déjà je vais peut-être reprendre ce que je disais tout à l'heure pour développer un petit peu plus sur la permaculture. Donc quand je dis que c'est une philosophie holistique, une philosophie de vie globale, ça veut dire qu'elle s'applique à tous les pans de notre existence humaine. Donc la partie qu'on voit à la télé, la technique de jardinage, c'est un tout petit bout. On peut imaginer, souvent on représente la permaculture comme une fleur. Vous pouvez taper ça sur internet, fleur de la permaculture, qui représente comme ça ces différents axes. Le côté soin à la terre et agriculture, c'est... Ouais, le côté agriculture, c'est un seul pétale, et le côté jardinage, c'est un tout petit bout de ce pétale-là. Après, il y a plein d'autres pétales qui s'appellent santé, éducation, finance, habitation, je ne sais pas. Voilà, je ne vais pas tous vous les citer, parce que ce n'est pas la question ici, mais je vous invite à aller voir ça. et organisation humaine et sociale. Ça, c'est un pétale aussi. Donc, avec la même approche... mais pas, bien sûr, pas les mêmes outils, pas une grelinette. On peut aller faire de la permaculture humaine, c'est-à-dire jardiner les projets personnels ou collectifs, et puis les jardins intérieurs. ce qu'on appelle la zone 0-0, c'est-à-dire l'intérieur de nous-mêmes. Alors bien sûr, ça, ça peut se pratiquer dans tous les domaines. Moi, j'accompagne des collectifs et puis des personnes aussi en individuel qui ont toutes sortes de pratiques professionnelles. Les outils et l'approche restent les mêmes que ce soit des associations, des éducateurs, des collectifs qui veulent habiter ensemble, des entreprises. Voilà, l'approche reste la même. Je ne sais pas si ça répond exactement à ta question.

  • #Claire

    Oui, oui, tout à fait. C'est pour concrétiser un petit peu, tu vois, de passer de la philosophie à justement au quotidien. quelle forme ça peut prendre ?

  • #Blandine

    Plus concrètement, ça va prendre la forme d'aller travailler sur nos fondations, que ce soit personnellement ou en groupe, c'est-à-dire nos valeurs profondes, la vision qu'on a, et puis comment on veut traduire ça dans des postures, et puis après dans la matière, dans des actions concrètes.

  • #Claire

    Maintenant, si on se tourne du côté du tout petit pétale jardin, mais qui a une puissance folle malgré tout, du coup, tu parlais d'accompagnement dans la mise en place de jardins pédagogiques. Concrètement, c'est quoi un jardin pédagogique ? À quoi ça ressemble ?

  • #Blandine

    Alors... En permaculture, un des principes de base, c'est qu'il n'y a pas de recette toute faite. On ne fait que du sur-mesure. Donc un jardin pédagogique, ça peut prendre mille et une formes en fonction du lieu, des personnes qui vivent sur ce lieu, de leurs projets, leurs aspirations, leurs limites aussi, tout un tas de paramètres comme ça. Donc pour moi, le jardin en plus il est pas... exclutent son environnement. Il y a ça aussi en permaculture qui est très fort. C'est pour ça que c'est dommage quand on réduit la permaculture à seulement le jardin. C'est parce que le jardin, il est interconnecté avec les personnes qui vivent dedans, les animaux du plus grand à la plus petite bactérie qu'on n'arrive pas à voir et qui est dans le sol de toutes les personnes qui vivent autour. Le jardin, il fait partie d'un lieu plus vaste. Si on parle d'un jardin pédagogique, peut-être que ce jardin, il est relié à une maison d'habitation, à une école, à une association, à toutes sortes de choses. Et donc, le jardin, c'est tout ça. On ne peut pas l'extraire. C'est notre société actuelle qui, en fait... la permaculture s'est changée de paradigme. Le paradigme actuel, il a tendance... Donc, notre vision du monde, ça veut dire. On a tendance à tout voir de manière cloisonnée, des petites cases, et puis on sépare tout. Même quand on parle de notre corps, on va chez le médecin et on parle d'un endroit où on a mal, et c'est comme s'il était séparé de tout notre corps. Mais en fait, ça va tout ensemble, c'est tout relié. Et bien là, c'est pareil.

  • #Claire

    Ce qui signifie que... Parce que... Dans ce qu'on nous montre de la permaculture au jardin, on a toujours des images d'immenses jardins, d'environnements naturels assez sauvages ou en tout cas vraiment très rurals. Mais du coup... Ça peut se faire dans tous les environnements, y compris urbains ? Je pense par exemple à des écoles en centre-ville qui vont disposer d'un petit carré de terre dans la cour ou à proximité.

  • #Blandine

    Alors oui, ça peut se pratiquer partout. Ça peut commencer sur un balcon avec un pot de fleurs, même dans un appartement avec un pot de fleurs et un peu de terreau il n'y a pas de restrictions ça se passe là où vous êtes et là où vous animez où ça vous anime en fait c'est pas nous qui animons c'est les choses qui nous animent donc il n'y a pas encore une fois il n'y a pas de recette toute faite et on peut le faire si on a un petit carré de terre et on peut le faire même si on n'a pas de terre il y a plein de méthodes qui existent pour faire ça sur du béton dans des cours d'école parce qu'on ne peut pas toujours casser le goudron, l'idéal bien sûr ce serait ça ce serait génial qu'on reverdisse les cours d'école mais parfois on a des limites et la permaculture elle prend ça en compte et en fait toutes nos limites ça c'est une chose qui est à mon sens très forte en permaculture c'est que toutes nos limites deviennent dans notre projet un matériau de création en fait un point sur lequel on peut appuyer notre créativité pour inventer notre jardin, notre projet. Alors peut-être si je n'ai pas de sol, par exemple, eh bien, je peux créer toutes sortes de bacs. Après, c'est des techniques.

  • #Claire

    Ok. Pour aborder la question... plutôt enfance et éducation. Aujourd'hui, l'approche qu'a le système scolaire en France est surtout basée sur de la transmission de savoir et de connaissances, mettant de côté la transmission de savoir-faire, qui ne se fait finalement qu'à partir d'un certain âge et seulement si les jeunes se forment à des métiers manuels. Je crois savoir, c'est un sujet qui te tient à cœur. Pourquoi est-ce que c'est un problème d'avoir mis de côté cette transmission de savoir-faire ? Et pourquoi du coup, est-ce qu'il faut y revenir et changer d'approche ?

  • #Blandine

    Alors, encore une fois, c'est une question de notre culture, notre rapport au monde. Et la permaculture, elle propose ça aussi, on l'entend bien en français, dans permaculture, il y a je perds ma culture et j'en construis une nouvelle. J'aime bien ce jeu de mots-là parce qu'il sous-entend beaucoup de choses, en fait. Il sous-entend beaucoup de choses. On a décidé de valoriser certains savoirs académiques, on va dire, le français, les maths et compagnie, et puis de laisser d'autres de côté. Alors qu'en fait, un humain, déjà, il a plein de potentiels. Au départ, il a tous les potentiels possibles. Et puis, il y a plusieurs formes d'intelligence, en fait. Et il se trouve que notre système scolaire actuel valorise une certaine forme d'intelligence et certaines capacités, et puis pas d'autres. Alors déjà, ça, ça peut être très douloureux pour les personnes qui ne rentrent pas dans le cadre. Et puis ensuite, ça a pour résultat de nous déconnecter de toute une part de nous-mêmes. C'est comme si on peut se dire qu'un humain, petit ou grand, une humaine, c'est une tête, mais aussi un cœur et des mains. et puis tout le reste, et que si on ne prend que la tête, on ne prend qu'un petit bout. Encore une fois, on a séparé un morceau du tout. Et c'est là qu'il commence à se passer des choses qui nous éloignent de notre nature profonde. Et se réapproprier ces savoirs-là, donc il y en a mille et un possibles, il n'y en a pas un meilleur qu'un autre, Moi, j'encourage chacun, chacune à aller vers ce qui fait vibrer à l'intérieur. Et puis des fois, ça change. Et ces savoir-faire-là, ça nous reconnecte à nous, ça nous reconnecte à toute une part de l'humanité qui a su utiliser ces savoir-faire-là autrefois pour vivre au quotidien. Et puis ça nous reconnecte à la matière en fait, aux choses qui nous entourent et qui ont... je sais pas, qui ont mauvaise presse dans la culture dans laquelle on vit, et je vois pas pourquoi, parce qu'en fait, c'est nos fondements, on a besoin de ça pour vivre, et finalement, à force de cultiver cette manière-là de voir le monde, celle de notre société actuelle, qui est en train de changer, fort heureusement, et ben... c'est comme si on se rendait complètement dépendant. On ne sait plus faire pousser notre nourriture, ou la trouver dans la nature. On ne sait plus construire notre maison. On ne sait plus même prendre soin de nos propres enfants, on les confie à d'autres. On ne sait plus rien faire à part aller gagner des sous qui vont nous permettre d'acheter des choses industrialisées. mais ça, ça ressemble fortement à une vie hors sol comme ces tomates qui poussent dans des grandes serres et qui n'ont même pas les racines dans la terre donc revenir à ces savoir-faire là c'est aussi une manière de remettre nos racines dans la terre avec un grand T ouais,

  • #Claire

    Mais là où je trouve que c'est pas si évident c'est que moi j'ai 30 ans mes grands-parents m'ont transmis à la terre des savoir-faire, mes parents très peu je crois qu'ils ont fait partie de ils ont été la première génération à être coupés à un moment de ça et quand je regarde autour de moi les personnes qui ont à peu près le même âge On est nombreux, nombreuses à ne pas avoir eu cette transmission. Et du coup, aujourd'hui, ça demande un effort considérable parce qu'il faut aller apprendre. Quand il y a eu cette coupure-là, maintenant, ce n'est pas facile. Moi, j'ai envie d'aller transmettre des choses avec mes mains, d'apprendre. Quand j'amène les enfants en forêt, il y a un truc qui me donne trop envie, c'est la vannerie. J'aimerais bien pouvoir... construire des paniers, faire plein de trucs. Et en fait, ça, on ne me l'a pas transmis. Et pourtant, tiens-toi bien, le village de mes grands-parents, il y avait la fête des paniers qui était organisée tous les étés. Donc j'ai vu des gens fabriquer des paniers, mais à aucun moment donné, j'ai appris à le faire. Et du coup, je trouve que... Quand on a envie de... Quand ça bouillonne, tu sens que tes mains ont besoin de faire quelque chose et tu as envie d'apprendre des trucs et tu as envie derrière de le transmettre parce que c'est trop beau, tu vois, tout ça. Mais du coup, ça demande vraiment, je trouve, ça nous demande beaucoup en termes d'énergie et ce n'est pas si simple finalement dans nos quotidiens. Alors encore une fois, tu disais très justement que c'est un changement de... de philosophie de manière générale. Il faut... Ça demande de sortir du fonctionnement dans lequel le système nous a plongés. Mais voilà, moi, à titre personnel, je trouve que c'est parfois compliqué et je trouve que c'est assez coûteux en énergie.

  • #Blandine

    C'est vrai que ça peut... C'est pas un chemin qui est toujours simple parce qu'effectivement, la transmission, elle a été rompue. Et ça nous demande d'aller retisser des liens avec ça. Alors moi, encore une fois, j'ai pas de solution toute faite, mais j'ai l'impression, mon expérience en tout cas, c'est que ça passe par retisser d'abord des liens humains, d'aller... à la rencontre de personnes qui détiennent ces savoir-faire et qui les transmettent. Alors la chance qu'on a aujourd'hui, c'est qu'on a la possibilité d'apprendre plein de choses sans se déplacer. après ça c'est toujours derrière un écran et c'est pas pareil mais je suis persuadée que où qu'on soit si on regarde bien autour de nous il y a toujours plein de ressources et aussi plein de personnes ressources en fait et peut-être que retisser les liens vers les savoir-faire c'est retisser des liens humains avec ces personnes là qu'on a peut-être même pas remarqué et qui sont pas forcément très loin de nous en termes géographiques, et auprès de qui on peut aller se ressourcer, dans le sens retourner à la source, réapprendre à faire avec les mains. Mais c'est vrai que ce n'est pas facile, parce que beaucoup de choses nous entravent et nous éloignent de ces manières-là de faire. Ce qui est génial aussi avec les enfants, c'est qu'eux... ils vont aussi nous permettre d'apprendre en même temps qu'eux, de ne pas faire parfait, et d'aller expérimenter tout un tas de savoirs et de savoir-faire. Et il n'y a pas de hiérarchie, on ne s'est pas obligés. de maîtriser complètement un savoir-faire avant de le transmettre. aux enfants, peut-être, je peux apprendre en même temps qu'eux, ou apprendre devant eux, et puis ça les inspirera ou pas, des savoir-faire qui m'intéressent, par exemple celui de la vannerie que tu citais tout à l'heure, peut-être je peux commencer à bidouiller un truc avec un morceau de noisetier que j'ai trouvé au parc à côté de chez moi, si je suis en ville, et puis il va se passer des choses, et tout ça, c'est des processus qui sont aussi lents. on n'a plus l'habitude de ce temps long et on a tendance à être impatient et exigeant avec nous-mêmes et croire que se réapproprier un savoir-faire, c'est savoir faire parfaitement. Mais il n'y a rien qui nous fait une injonction. à la perfection. Peut-être qu'on peut se détendre un peu avec ça et en se détendant, récupérer un peu d'énergie de ce côté-là. Et puis en puiser aussi dans le partage, notamment avec les enfants.

  • #Claire

    Mais tu as totalement raison. Je te rejoins à 100%. Il y a deux ans, en plein mois d'août, tu as partagé sur ton compte Instagram une vidéo sur le sujet de l'éco-anxiété. Je l'ai revisionnée en préparant l'épisode et je l'ai trouvée très forte. Personnellement, je n'avais jamais été sujette à des angoisses relatives à la situation environnementale du monde avant d'avoir un enfant. J'étais au contraire optimiste, parfois très en colère, mais je militais activement et j'abordais les choses avec confiance. Et puis l'arrivée de ma fille a bousculé les choses. J'ai eu le besoin de me tenir à l'écart des mauvaises nouvelles parce que tout à coup, ça générait beaucoup d'angoisse. Et je sais que nous sommes nombreux et nombreuses à être traversées par ces peurs. Comment est-ce qu'on fait pour avancer au quotidien avec ça ?

  • #Blandine

    Alors, ouais, c'est des vraies questions que... que je croise au quotidien, dans ma vie personnelle, et puis avec les gens que j'accompagne dans toutes mes activités. C'est quelque chose qui revient assez fort et qui commence aussi à émerger chez les enfants, en tout cas chez les ados. Je trouve que ça prend de plus en plus de place. Donc, c'est des sujets qui, effectivement, me touchent et m'interrogent. Alors, comment est-ce qu'on fait pour faire en sorte que les enfants Mon expérience, c'est que tout ça, c'est là, ça nous traverse. Alors le but, ce n'est pas de cultiver des sensations, des émotions qui ne sont pas agréables, mais l'idée, c'est peut-être de ne pas les rejeter. en bloc non plus, ou de vouloir les faire taire, de ne pas mettre un couvercle sur cette cocotte minute qui peut être là. Il n'y a pas d'obligation d'être éco-anxieux si vous ne l'êtes pas, mais tant mieux, c'est vraiment génial. Et donc, si on l'est, de ne pas mettre un couvercle sur cette cocotte minute-là, mais plutôt d'aller regarder ce que ça vient nous raconter, ce que ça vient nous dire de nous-mêmes et de notre rapport au monde. et puis de les traverser parce qu'en fait une émotion ça a un début, un milieu et une fin ça fait peur mais ça se termine un jour je vous promets et ça se termine rapidement normalement si on la regarde vraiment qu'on la laisse venir et qu'on la traverse alors peut-être qu'on va pleurer, peut-être qu'on va crier peut-être qu'on va être pas bien mais tout ça encore une fois ça a un début, un milieu et une fin si c'est trop fort si ça nous submerge complètement, alors ça veut peut-être dire, ça veut sûrement dire qu'on a besoin d'accompagnement. Et dans ce cas-là, il y a des professionnels qui sont là pour ça. Et je vous encourage, j'encourage tout le monde à se tourner vers des praticiens compétents. les praticiennes compétentes quand ils en ont besoin. Mais il y a aussi toutes sortes de choses qu'on peut faire, déjà nous-mêmes, et la première, c'est de ne pas... faire ce qu'on nous a appris depuis tout petit, à savoir n'empere pas, ça va aller, chute-chute, ah mais n'aie pas peur, ah oublie ça, il faut continuer, il faut foncer et tout ce genre de petites phrases qui nous trottent dans la tête depuis très longtemps et qu'on a tendance d'ailleurs, quand on ne les a pas regardées, à retransmettre aux générations d'après sans faire gaffe, que ce soit nos propres enfants ou ceux avec lesquels on travaille. Donc mettre de la conscience sur… Ce qu'on vit nous, ça nous aide à l'instant T à traverser et à aller voir où ça nous emmène au-delà de ça et puis ça nous aide à ne pas refiler notre paquet tout notre bazar à ceux et celles qu'on accompagne et clairement derrière des émotions de peur de tristesse profonde de colère, il peut y avoir, une fois qu'on a accueilli et traversé ça, encore, le but, c'est pas de sauter les étapes, il peut y avoir des choses très belles, des élans qui nous portent, des envies de partage, des projets qui naissent. Par exemple, moi, quand j'ai partagé cette vidéo dont tu parles, c'était il y a deux ans. En fait, la forêt à côté de chez moi, elle brûlait. mais vraiment à côté de chez moi. On voyait la fumée, il y a plein de gens de mon village qui étaient partis. On a eu des très grands feux ici, dans le Jura, en plein été. Et c'était vraiment pas un moment confortable, quoi. C'était un moment terrible, terrible. et finalement une fois tout ça traversé et bien ça a donné lieu à cette vidéo qui apparemment a touché beaucoup de gens et a réconforté beaucoup de gens dans cette vidéo je disais juste bienvenue avec toutes les émotions qui sont là en fait c'est normal elles existent et bienvenue avec ça et le reste on verra après et voilà cette immense tristesse que j'avais moi c'était beaucoup de la tristesse et bien elle s'est transformée en quelque chose de constructif pour moi et puis par effet domino pour d'autres. Mais ça, ça prend du temps. Et puis ça prend de l'amour en fait, de l'accueil, des choses qui sont au niveau du cœur.

  • #Claire

    Merci d'être revenue là-dessus. J'ai visionné la vidéo il y a quelques jours et de l'entendre encore, ça fait du bien. Toujours du bien. Et puis, comme tu dis, accueillir l'émotion et puis après, être dans l'action, ça fait du bien derrière. Une fois qu'on l'a accueillie, qu'elle est passée, ça... À toute petite échelle, pour en revenir au jardin et aller mettre les mains dans la terre et juste cultiver ses propres légumes, on sait déjà qu'on n'entretient pas ce qui nous génère de l'angoisse. En tout cas, on contribue d'une autre manière à faire en sorte que les choses se passent autrement. On parle toujours de la part du colibri, c'est vrai que parfois on se demande... À quoi ça sert vraiment de faire des tout petits gestes comme ça et en fait quand on fait un pas de côté et qu'on prend un peu de recul, ça fait quand même du bien de se dire que comme on peut, on est quand même dans l'action et en tout cas on tente de contribuer à un peu plus de douceur et à beaucoup plus d'amour autrement.

  • #Blandine

    Je me disais, la permaculture, c'est une philosophie de la régénération, en fait. L'idée, c'est pas seulement d'arrêter de dégrader la Terre, mais de carrément l'agrader. C'est-à-dire, c'est l'idée que l'humain a sa place dans le vivant, qu'il n'est pas séparé de la nature, et que, comme tous les autres éléments de la nature, il est là pour améliorer sans cesse cette nature foisonnante, cette abondance. Alors nous, on fait tout le contraire depuis longtemps, mais en vrai, on est plutôt là pour régénérer. Et la question, elle est toujours là-dessus. Quelle action de régénération je peux faire ? pour moi, aller mieux, et pour le monde. Alors, il y a effectivement des choses qui peuvent se faire à petite, moyenne, grande échelle, mais ça, ça fait fondamentalement du bien. Chacun a sa recette. Moi, quand je ne vais pas bien, je plante un arbre. Alors, il y en a qui poussent, il y en a qui ne poussent pas. Ou je vais voir les oiseaux, ou je vais à la rivière. En fait, il y a plein de choses qu'on peut faire, et même si on est en ville, on peut le faire. Je connais des gens, ils ont des noisettes chez eux et ils les plantent en ville, où ils vont chercher et récolter des glands dans leur promenade dans la nature, puis après ils les replantent dans l'espace public, ou des pépins de pommes, ou des choses comme ça, et je trouve ça magnifique, et en fait c'est vrai que ça fait du bien de se rappeler. de tout son être, donc aussi en faisant avec son corps, qu'on fait partie de cette régénération-là, à notre niveau, chacun, chacune.

  • #Claire

    Tout à fait, ouais. J'ai une question plus personnelle. En préparant l'épisode, tu m'as dit qu'avec ta famille, vous viviez dans une cabane la moitié de l'année. Tu nous racontes un petit peu cette vie en cabane ? Pourquoi est-ce que c'est la moitié de l'année ? Et puis depuis quand ? Et puis voilà, c'est un peu votre quotidien dans cette cabane.

  • #Blandine

    Alors, oui, effectivement, ça c'est la vie personnelle. Mais j'ai quand même envie de la partager ici. Donc nous, on est extrêmement privilégiés parce qu'on vit déjà dans un endroit qui est très boisé. On vit dans un département qui a... un des départements qui a le plus de forêts et le moins d'habitants au kilomètre carré. et donc il se trouve qu'on a eu la chance d'hériter de plusieurs hectares de terre. On est en moyenne montagne, donc c'est des paysages qui sont moins dégradés qu'ailleurs parce que simplement on n'a pas pu faire de l'agriculture industrielle ici. Donc c'est encore très forestier, bocager, il y a des haies partout quand il y a de la prairie. de la forêt à n'en plus finir autour de nous et c'est pour ça aussi peut-être que j'ai du mal à séparer le jardin la forêt, la nature pour moi en fait c'est tout la même chose à des échelles différentes que ce soit dans un petit pot dans un appartement ou dans des centaines d'hectares de nature dehors, quelque part c'est la même chose et donc nous on a cet immense privilège d'avoir accès à à ce terrain-là, sur lequel on a décidé de passer un maximum de temps. Seulement, sur ce terrain-là, on ne peut pas vivre, on ne peut pas construire d'habitat, on n'a pas cette autorisation-là. Donc... on peut y passer du temps avec de l'habit allégé. Mais ce qui était surtout important pour moi et puis pour mon compagnon, c'était d'être dans le sauvage, d'être en lien étroit avec cette nature sauvage et puis que nos enfants puissent grandir là-dedans. Et donc, dans cet endroit merveilleux, on a... la chance de pouvoir voir quotidiennement la nature autour de nous, donc les plantes, les animaux. Je ne sais pas, hier encore, j'étais dans mon jardin à planter des petits pois et puis j'ai eu l'honneur d'un tête-à-tête avec le renard, les yeux dans les yeux, une bonne minute, alors que j'étais dans mon jardin. Et ça, c'est... Ouais, encore une fois, c'est un immense privilège. C'est pour ça que j'ai parfois du mal à en parler, parce que je trouve ça injuste. En fait, je voudrais que tout le monde puisse avoir accès à ça, en fait. Et je crois que c'est pour ça que je fais ce métier-là, parce qu'au fond, c'est ça qui m'anime. Je voudrais que tous les enfants puissent expérimenter. ce rapport-là au vivant qui, en fait, est normal pour un humain. Encore une fois, on fait partie de la nature. Mais comme on ne le vit plus au quotidien, on l'oublie. Et ça génère après tout un bazar mental compliqué, alors qu'en fait, c'est simple. Ce n'est pas parfait, mais c'est plus simple que ce qu'on pense.

  • #Claire

    Et tu as deux ados à la maison. Est-ce que... Moi j'ai des souvenirs, tu vois, de vie à la campagne, où à partir de 14 ans je pestais parce que je me sentais éloignée de tout et pourtant j'ai pas du tout... J'ai grandi en région parisienne jusqu'à l'âge de 10 ans, mais tu vois, c'est quelque chose... J'ai passé toutes mes vacances au fin fond de l'Auvergne, donc la campagne, je la connaissais bien et tout, mais il y a eu un âge où vraiment, j'en avais marre de cet isolement. Est-ce que tes enfants t'ont exprimé ce genre de choses ou est-ce qu'au contraire, du coup, ils sont tellement habités par ce vivant qu'ils sont juste... là à leur place et est-ce qu'ils t'ont exprimé des choses là-dessus ?

  • #Blandine

    Alors c'est drôle parce que quand tu racontes comment c'était pour toi, je me souviens que pour moi ça a été comme ça, j'ai des souvenirs moi de dire à mes parents, ouais ici c'est un trou paumé quand je serai grande je vais partir et puis finalement c'est pas ce qui s'est passé il se trouve que mes enfants euh... Non, mes enfants, là, pour l'instant, ils auraient tout à fait le droit de vouloir voir autre chose et explorer autre chose. Moi, je n'ai aucun problème avec ça. En fait, ils sont libres et responsables d'eux-mêmes. Alors, bien sûr, ils sont encore jeunes, donc on prend soin d'eux et on fait notre boulot de parents. gardiens, mais ils sont libres de leur choix et ils seront libres de leur choix plus tard. Actuellement, eux, ils sont heureux comme ça. C'est vrai que des fois... Il y a des moments où, comme tout le monde, ils n'ont pas forcément envie de sortir. Il faut injecter un peu d'énergie dans ce premier pas. Et puis, une fois qu'on est dehors, après, ils ne veulent plus rentrer. Et là, ce qui se passe concrètement, mon aîné, lui, il a choisi de lui-même de s'orienter dans une filière. Donc là, il est rentré au lycée et il a choisi un bac pro qu'on appelle GMNF, c'est gestion des milieux naturels et de la faune. Et quand on lui a demandé pourquoi il voulait faire ça, il a répondu qu'il était la plupart du temps dehors dans la nature et qu'en fait, il ne voulait pas perdre ça dans sa vie professionnelle. C'était trop précieux pour lui et que donc, il cherchait un boulot où il allait pouvoir maintenir ça. ce rapport-là au vivant. Mais peut-être que sa sœur, elle choisira autre chose et c'est OK aussi, en fait. Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve. Moi, le plus important pour moi, c'est de leur avoir transmis. au maximum possible, ce qui, moi, me semblait fondamental. Et après, une fois qu'on a un lien au vivant qui est fort, je crois qu'on peut le retrouver partout. On peut se retrouver au milieu d'une grande ville et... et trouver une connexion à la nature en parlant avec quelqu'un les yeux dans les yeux, en regardant un pigeon des villes se poser sur le toit d'à côté, les nuages, le ciel, les étoiles, ils sont toujours là, et on peut continuer à sentir la terre pulser, même si elle est sous le béton.

  • #Claire

    Mais tu vois, dans... dans toutes les personnes que j'ai accueillies jusqu'à présent sur le podcast, presque tout le monde est passé à un moment donné par une coupure parce que les études, parce que la vie professionnelle. Et puis en fait, comme tu dis, quand on a grandi avec ça, ça reste en nous et il y a un moment, ça peut mettre des années, où ça ressort et du coup... ben voilà ça veut pas forcément dire je plaque tout et je vais vivre en pleine nature, je change de boulot et tout mais en tout cas le regard s'ouvre à nouveau et le coeur aussi sur ce vivant tout proche ouais je crois que c'est pas une question de contexte,

  • #Blandine

    ça peut aider le contexte mais en fait moi je connais des gens qui vivent ici dans mon village, donc il y a un tout petit village en pleine Cambrousse et qui qui ne sortent jamais dans la nature. J'ai travaillé avec des enfants dans des écoles en CM1 qui habitaient au bord de la rivière et qui n'avaient jamais attrapé un tétard dans leurs mains, qui n'étaient jamais allés jouer à l'eau. Et puis, à côté de ça, il y a des gens qui vivent en ville et qui ont une conscience du vivant énorme. La vie, elle est partout. on l'a recouverte un peu, on l'a planquée, on l'a dégradée, mais en fait, la vie, elle est partout parce qu'elle est en nous, et donc en chaque personne qu'on croise.

  • #Claire

    C'est clair. Blandine, nous arrivons à la fin de notre échange. S'il y a des personnes qui ont envie d'approfondir le sujet de la permaculture, est-ce que tu as des sources à conseiller ? Par quoi peut-on commencer ?

  • #Blandine

    Par quoi on peut commencer ? Tu veux dire comme action ou comme...

  • #Claire

    Peu importe, non, peut-être d'abord pas forcément comme action, peut-être plutôt pour en savoir plus sur, finalement, la philosophie, ce qu'est la permaculture.

  • #Blandine

    il y a plein de choses maintenant on a la chance moi quand j'ai commencé la permaculture il y avait je crois deux bouquins en français le reste c'était tout en anglais maintenant il y a plein plein de gens qui partagent la permaculture donc je pense que chaque personne qui écoute ce podcast a déjà déjà rencontré des des transmetteurs et des transmetteuses, des passeurs et passeuses de permaculture. Allez vers les gens qui vous touchent et puis juste regardez qu'on vous parle effectivement pas seulement de techniques de jardinage, mais d'une philosophie plus globale et d'un rapport au monde. c'est juste ce truc-là à vérifier. Après, il existe un réseau francophone de permaculture qui s'appelle Brin de Paille. Moi, j'ai été, avec mon compagnon, on a été délégués départementaux pour ce réseau-là pendant longtemps. Et si vous allez voir sur ce site-là, sur le site de Brun de Paille Permaculture, vous allez normalement trouver une liste des délégués pour chaque département. Et puis aussi pour... d'autres pays francophones et donc voir le contact d'une personne ressource qui peut vous renvoyer vers d'autres personnes ressources proches de chez vous. Et ça, il n'y a rien de plus précieux que le lien humain et puis les pieds sur le terrain, quoi, pour apprendre.

  • #Claire

    Et bien merci pour ces conseils et puis merci pour ce moment passé ensemble. Moi je n'ai jamais creusé le sujet de la permaculture et du coup là tu m'as apporté plein de choses dont je n'avais pas forcément idée ou que j'avais lu en diagonale notamment en te suivant donc voilà c'est précieux ce que tu as partagé aujourd'hui et je t'en remercie.

  • #Blandine

    ok bah merci merci pour ton invitation et pour ce podcast que tu fais, que tu diffuses c'est vraiment inspirant, j'en ai écouté plein pour préparer avant de venir faire celui-ci et je trouve ça très touchant toujours les partages c'est riche et si la permaculture t'intéresse ou intéresse d'autres personnes qui écoutent ce podcast si ces sujets là vous touchent Et bien, je vous invite aussi à venir voir ce que moi je produis comme contenu et puis toutes les personnes de ressources vers qui je peux vous renvoyer parce que c'est aussi ça mon... On travaille notamment sur la toile, c'est de faire un inventaire et un partage des ressources.

  • #Claire

    Mais oui, bien sûr, je mettrai ton site et tes réseaux dans le descriptif de l'épisode. À bientôt, Blandine.

  • #Blandine

    À bientôt, merci.

  • #Claire

    Merci à toutes et à tous pour votre écoute. J'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air. voire même, peut-être, une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pedagogieduvivant.fr. Vous y trouverez toutes les infos à son sujet, ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode, et d'ici là, n'oubliez pas, sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez ciao ciao, à bientôt !

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