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#28 Cours d'école Oasis : à quels enjeux répondent-elles ? Avec Marine, animatrice nature et paysagiste cover
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Enfance en nature par Pédagogie du vivant

#28 Cours d'école Oasis : à quels enjeux répondent-elles ? Avec Marine, animatrice nature et paysagiste

#28 Cours d'école Oasis : à quels enjeux répondent-elles ? Avec Marine, animatrice nature et paysagiste

53min |08/05/2024
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Enfance en nature par Pédagogie du vivant

#28 Cours d'école Oasis : à quels enjeux répondent-elles ? Avec Marine, animatrice nature et paysagiste

#28 Cours d'école Oasis : à quels enjeux répondent-elles ? Avec Marine, animatrice nature et paysagiste

53min |08/05/2024
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Description

Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Marine animatrice nature et conceptrice paysagère.


Ensemble, nous avons abordé un sujet que je connaissais peu et qui est pourtant essentiel car il permet de relever d'importants défis auxquelles les villes sont aujourd'hui confrontées : l'aménagement des cours d'école, de la maternelle jusqu'au lycée.

Dans des environnements asphalté, où la chaleur ne cesse de grimper d'année en année, le bien-être des enfants et de l'ensemble des habitants des quartiers est mis à mal.


Pour y faire face, la ville de Paris a lancé un programme « cours oasis » dans le but de repenser l'aménagement des cours d'écoles afin en faire des endroits plus agréables à vivre mais aussi, répondant davantage aux besoins des enfants.


Entre son regard de paysagiste et d'animatrice nature, Marine nous livre un aperçu concret des enjeux qui se jouent derrière ces cours d'école.


Pour en savoir plus sur Marine, rendez-vous sur : www.pedagogieduvivant.fr


Très belle écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeur des écoles, éducateur, animatrice, ces conversations ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif, permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout, à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Marine, animatrice nature et conceptrice paysagère. Avec Marine, nous avons abordé un sujet que je connaissais peu et qui est pourtant essentiel, car il permet de relever d'importants défis auxquels les villes sont aujourd'hui confrontées. Je parle là de l'aménagement des cours d'école, de la maternelle jusqu'au lycée.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    parce que dans des environnements asphaltés, où la chaleur ne cesse de grimper d'année en année, le bien-être des enfants et de l'ensemble des habitants des quartiers est mis à mal. Pour y faire face, la ville de Paris a lancé un programme, Cour Oasis, dans le but de repenser l'aménagement des cours d'école, afin d'en faire des endroits plus agréables à vivre, mais aussi répondant davantage aux besoins des enfants. Entre son regard de paysagiste et d'animatrice nature, Marine nous livre un aperçu concret des enjeux qui se jouent derrière ses cours d'école. Je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Marine !

  • Speaker #1

    Bonjour Claire !

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast, je suis ravie d'être avec toi aujourd'hui. Pour commencer, est-ce que tu veux bien te présenter et dire en quelques mots, pour le moment, ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Alors, merci beaucoup pour ton invitation. Je m'appelle Marine Viguto. Je suis animatrice nature et paysagiste, conceptrice en support pédagogique pour tout ce qui est aménagement de cours d'école et de végétalisation de cours d'école. J'ai une première formation en conception graphique. ma formation en paysagiste étant une réorientation professionnelle que j'ai débutée il y a dix ans maintenant.

  • Speaker #0

    Ok, bon, on va revenir un petit peu sur ton parcours parce qu'effectivement, tu as emprunté plusieurs chemins qui se croisent et qui se complètent. D'abord, sur le podcast, j'ai une question rituelle que je pose à chaque début de conversation. Marine, quels sont tes souvenirs d'enfance en nature ?

  • Speaker #1

    Eh bien, étant une petite parisienne née en plein cœur de la ville, j'ai eu la chance de partir chaque vacances en Bourgogne, où se trouvait la famille de ma maman. Et j'ai des souvenirs de liberté totale que je n'avais pas étant enfermée dans des appartements tout le reste de l'année. Et notamment de zones qui étaient un petit peu délaissées, c'était des friches, devant le jardin de grands-parents qui avaient eu... une maison ouvrier avec des jardins partagés devant. Et le grand jeu, c'était de se perdre dans les jardins partagés. Voilà.

  • Speaker #0

    Ok. Tu l'as dit, du coup, tu as eu plusieurs... Tu as fait une reconversion professionnelle. Est-ce que tu veux bien approfondir un petit peu, nous raconter ton parcours, des formations que tu as eues jusqu'à aujourd'hui, pour qu'on te connaisse un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, alors ça va être... je vais essayer de condenser. Donc, deux formations professionnelles premières, initiales. En effet, je suis graphiste, conceptrice en arts graphiques. J'ai fait les arts déco de Paris. J'ai travaillé pendant plusieurs années dans des milieux design industriel, mode. J'ai fait du merchandising. J'ai fait beaucoup de choses sur l'ordinateur qui m'ont plu à une certaine époque, mais très déconnectée du vivant de manière générale. Je pense que comme beaucoup de personnes, c'est à l'arrivée de mes enfants qu'il y a eu un changement de vision, d'envie, personnelle et professionnelle à la fois. Il se trouve que de par ma vie familiale, j'ai rencontré quelqu'un qui lui vient d'un village de l'Est de la France, donc qui n'avait pas du tout eu la même vie que moi. Quand on élève des enfants, c'est la première chose qu'on se pose comme question, c'est comment on va élever nos enfants. Et par des hasards et des circonstances différentes, je me suis retrouvée à travailler dans une école qu'on appelait une Forest School, en tant que d'abord... professeure d'art, et puis je suis devenue assistante enseignante, c'était assez fantastique. Et là, j'ai découvert la pédagogie par la nature, ayant à moi-même des enfants jeunes à l'époque, et qui ont pas mal participé à cette école, à des temps réguliers. Et j'ai vu les grands bénéfices et les grands bienfaits que ça pouvait leur apporter, et à eux, et à moi. et je me suis posé beaucoup de questions pourquoi nous dans nos écoles en France on n'avait pas cette réflexion sur le besoin de nature qu'ont tous les enfants dès leur plus jeune âge et donc comme j'avais une envie de reconversion professionnelle et que l'enfance était déjà quelque chose que j'avais beaucoup beaucoup rêver de toucher dans mes activités professionnelles précédentes, je me suis dit que reprendre une formation en paysagisme était la plus appropriée, tout simplement parce que la façon de travailler d'un paysagiste est un petit peu la même que celle d'un graphiste, c'est-à-dire on réfléchit à un concept global, à des usages, à un public. On aménage en ayant bien sûr à cœur de répondre au mieux aux attentes des gens pour qui on travaille. Et le public enfant est un public très particulier que j'affectionne particulièrement. Donc voilà, j'ai fait ma formation en paysagisme et je me suis mise à mon compte ensuite en tant qu'auto-entrepreneur pour continuer d'animer des... des ateliers en nature et travailler au sein d'un bureau d'études pour concevoir et revoir toutes les cours de récréation des écoles primaires et maternelles en premier, mais même collèges.

  • Speaker #0

    Justement, par le biais de ton activité en tant que paysagiste, quand on a échangé au début, tu m'as dit que tu créais des supports pédagogiques pour le CAUE de Paris, qui est le Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement, pour l'aménagement des cours d'école, dite OASIS. Alors, je te l'ai dit, moi, je connais très peu de choses sur les cours d'école OASIS, parce que c'est un dispositif... qui, pour le moment en tout cas, est déployée en Ile-de-France. Et moi, j'habite à 700 km de Paris, à la montagne. Donc, jusqu'à présent, j'en avais vraiment entendu parler que de très loin. Donc, en préparant notre échange, je me suis plongée sur le sujet. J'ai déjà appris de trois choses, mais tu vas m'en apprendre plein d'autres. Déjà, pour contextualiser, est-ce que tu pourrais nous dire depuis quand ce dispositif est déployé ? Et qui est-ce qui en a été à l'initiative ?

  • Speaker #1

    Alors, le dispositif, le projet Oasis, en effet, il a commencé, il a été lancé en 2017 par la ville de Paris. A l'origine, c'est surtout pour anticiper les changements climatiques. Il faut dire que ça faisait suite à plusieurs vagues de grosses chaleurs, de canicules répétées sur la ville, et que la réflexion était de se dire que les cours d'école étaient des zones qui emmagasinaient beaucoup de chaleur. et qui potentiellement, si elles étaient toutes remaniées, pouvaient aussi offrir des îlots de fraîcheur régulièrement, non seulement aux... aux élèves pendant les temps scolaires, mais aussi à tous les voisins et tous les gens, les citadins proches d'une école, parce que le maillage est très très serré, la densité d'école à Paris fait qu'on pourrait tout à fait offrir ces espaces qui deviendraient des poumons verts pour la ville en temps de canicule, en dehors des temps scolaires. Ensuite, il y a eu... C'est un financement du Fonds européen du FEDER dès 2018, je crois, qui a permis de lancer l'expérimentation sur une dizaine de cours qui ont été refaites dans l'été 2018-2019. Et depuis chaque année, la Ville de Paris entreprend des travaux. Généralement, ce sont des travaux qui sont lancés chaque été. Et donc à la rentrée, on a de plus en plus d'écoles qui ont été réaménagées. Et moi, j'interviens particulièrement après réaménagement, parce que ce n'est pas une fois que les travaux ont été faits, que ça va se faire d'une manière magique, il faut tout repenser. C'est là que l'aventure commence en fait. C'est là que ça devient passionnant parce que c'est toute une nouvelle manière de vivre dans la cour, de partager la cour et de laisser de la place à la nature surtout.

  • Speaker #0

    Tu dis que chaque année il y a des nouvelles écoles. Est-ce que c'est à l'initiative des écoles ou c'est la ville de Paris qui sélectionne les écoles ?

  • Speaker #1

    Non, c'est la ville de Paris qui choisit chaque année quelles écoles vont être aménagées. Il faut savoir qu'aujourd'hui à Paris, il y a environ 638 écoles maternelles primaires. Plus de 160 collèges, l'idée étant que d'ici plusieurs années, la grande majorité des écoles aient une cour Oasis.

  • Speaker #0

    Ok, d'accord. Alors du coup, c'est quoi les grands principes d'une cour d'école Oasis ?

  • Speaker #1

    Alors, le grand principe, c'est créer des îlots de fraîcheur. Ça, c'est la première chose. C'est d'adopter cette stratégie dont on parle souvent de résilience. pour adapter ces infrastructures et tous les fonctionnements d'une cour pour faire face à ce fameux défi environnemental qui pointe son nez de plus en plus rapidement. Et puis il y a des objectifs quand même, ce n'est pas juste esthétique et le but de tout refaire, c'est aussi dans un objectif d'améliorer la santé globale des enfants, de préserver la biodiversité, de créer un nouveau lien social, de favoriser l'inclusion. d'apporter une certaine éducation aussi à la citoyenneté, à la façon de se comporter dans un espace qui reste un espace public, partagé. Et puis il y a aussi une nouvelle gestion de l'eau, qui est très importante, d'apporter une certaine sobriété aussi de ce côté-là. Et puis le but c'est d'inspirer aussi, et de montrer que le projet tel qu'il est peut tout à fait être réutilisé. repensées sur tout le territoire.

  • Speaker #0

    Et du coup, concrètement, en termes d'aménagement, qu'est-ce qu'on peut y trouver ?

  • Speaker #1

    Les cours Oasis, elles sont d'abord repensées comme des espaces où on redistribue totalement les activités. Très souvent, dans la façon de réfléchir au cours, les équipes des paysagistes et des urbanistes et des architectes du CAUE vont à la rencontre des écoles qui vont être réaménagées et ils vont évaluer, réfléchir, co-construire avec les équipes enseignantes, avec les élèves, avec les éducateurs et les animateurs qui ont envie de participer au projet, parce que c'est un projet collectif avant tout, Ils vont aller voir ce qu'il est possible de faire, ce que les enfants, ce que les adultes ont envie de faire en fonction de leurs besoins, de leurs attentes. Ils vont sensibiliser à pas mal de choses aussi sur la façon de… de repenser cette cour. Et une fois que les plans auront été validés, acceptés, et que les travaux auront été faits, on va les accompagner, nous, pour s'approprier cette cour.

  • Speaker #0

    Et alors, comment se passe cet accompagnement, du coup ? Est-ce que ce sont des rencontres sur des... qui sont régulières sur l'année ? Est-ce que ça se passe juste pendant quelques mois et puis après, une fois que la boîte à outils, je dirais que la dynamique est lancée, vous laissez ça aux écoles ? C'est quoi ton travail au quotidien avec ces écoles une fois que la cour est en place ?

  • Speaker #1

    Alors, mon travail, moi, il est sur toute une année scolaire, sur l'année qui suit la grosse phase travaux post-été. Donc, depuis septembre jusqu'à juin de l'année suivante, en fait, c'est dans la particularité de la ville de Paris, c'est qu'il y a un temps périscolaire qui est inscrit dans les programmes éducatifs chaque mardi et chaque vendredi après-midi. Ça c'était ces fameuses, ce qu'on appelle des TAP, ou des NAP en fonction de certaines écoles dans d'autres villes qui ont pu les garder, mais Paris a conservé ces TAP. Depuis leur mise en place, ça devait être en 2016 ou 2015. Et donc, on a une heure et demie d'atelier avec les enfants. Pour ma part, c'est tous les vendredis, mais ça dépend des écoles. Donc, entre 15h et 16h30, on a des temps d'activité spécifiques, adaptés à la cour, et moi, j'amène des supports. que je propose et que je valide avec l'accord du CAE. Il y a des réflexions toute l'année, on équipe dessus, on échange des données, on échange des livrets, on échange beaucoup de choses. Et on va choisir certains thèmes en fonction de la cour sur laquelle on est détaché, et de la tranche d'âge aussi d'enfants qu'on touche, pour pouvoir les éveiller à la nature, pour pouvoir leur faire toucher un petit peu du doigt ce que c'est que le climat, la biodiversité, le rôle des oiseaux, le rôle des insectes, la plantation, comment jardiner dans une cour. Comment trier les déchets ? On peut brosser énormément de thèmes et la cour sert de point de départ à tout ça. Donc on amène nos livrets, on fait des fabrications, on peut avoir des fabrications collectives comme il peut y avoir des petites... des créations individuelles que les enfants aiment bien ramener aussi, mais le but étant que ces groupes qui vont être interchangeés trois fois dans l'année, à chaque fin de trimestre, puissent toucher le plus d'enfants possible, qui vont être des ambassadeurs de la cour et de la biodiversité dans leur établissement, et puis ça permet, nous, de créer un lien et de montrer un petit peu aux équipes d'animation et aux enseignants. Tout ce qui est possible de faire dans une cour.

  • Speaker #0

    En fait, finalement, ces cours, elles sont aussi pensées derrière pour que les enseignants investissent l'espace avec les enfants en dehors des temps dits de récréation, puisque jusque-là, c'était un peu la conception qu'on avait des cours de récré, c'est le temps de pause, et après, on rentre à l'intérieur, dans le bâtiment pour faire classe, tandis que là, si je comprends bien, L'idée, c'est aussi d'inciter les équipes enseignantes à sortir finalement et à investir cette cour d'école plus que pour des temps de pause.

  • Speaker #1

    Oui, oui, tout à fait. En fait, quand on touche à la cour de l'école, on touche vraiment au lieu de mixité totale. Il y a un grand enjeu environnemental, évidemment. parce qu'il va y avoir ces jeux de changement de revêtement, de jeux de topographie, de nouveaux matériaux qui vont être utilisés. Mais ça participe aussi de manière bien plus générale au développement des compétences des enfants, et souvent des compétences psychosociales d'ailleurs. Il y a le côté psychomoteur, mais il y a aussi le fait que les enfants vont trouver d'autres façons de jouer, d'échanger. de partager ces espaces, d'imaginer énormément. Il y a une partie ludique, mais il y a aussi une partie expérimentation qui est extrêmement importante. Et ça inclut aussi une nouvelle façon pour le personnel éducatif de considérer la cour comme un support réellement, et pas juste comme un lieu, comme tu l'as dit, comme un lieu où on se décharge, on décharge toute son activité et... et puis on rentre ensuite comme si de rien n'était il y a des liens qui peuvent se faire entre l'intérieur et l'extérieur en permanence

  • Speaker #0

    C'est là où on va plus loin. Moi, tu vois, je travaille dans une cité scolaire avec un collège et un lycée. Depuis plusieurs années, il y a un projet de revégétalisation qui a été lancé. Mais finalement, alors il y a un potager qui a été mis en place, mais ça a été principalement, on casse du béton à quelques endroits pour faire des trous, mettre des arbres, alors c'est super, mais c'est vrai que ça se limite à ça. Tandis que là, dans les projets de cours d'école Oasis... On inclut les apprentissages et on prend vraiment en compte les bienfaits que ça apporte au niveau global aux enfants. Et puis derrière aussi aux équipes enseignantes et à tout le personnel de la structure. Parce que travailler dans un tel environnement, ça fait du bien aux enfants, mais ça fait aussi du bien aux adultes. Donc, ce n'est pas simplement planter des arbres et puis faire un coin de potager.

  • Speaker #1

    Non, tout à fait. Surtout que l'idée, évidemment, c'est qu'après la livraison, c'est que toute l'équipe et les enfants participent au côté pérenne du projet. On inclut du vivant depuis le début, mais la cour, elle va survivre, elle va vivre. Il y a des végétaux qui vont se développer. Il va y avoir des équipements qui vont rester installés pendant… des saisons très variées, et elle va forcément changer, changer d'aspect, il va falloir en prendre soin, il va falloir la nettoyer. Ça, c'est un des grands défis des cours Oasis sur le long terme. En général, et ça, c'est l'un des points sur lesquels on insiste énormément au sein du CIE, c'est établir une nouvelle charte d'utilisation de la cour, qui est très importante, parce qu'à partir du moment où la cour a changé d'aspect, et on doit l'utiliser différemment. L'usage est totalement chamboulé, non seulement dans la tête des enfants, mais dans la tête des adultes, et c'est parfois plus difficile de faire comprendre aux adultes qu'aux enfants, d'ailleurs. Donc, il y a des responsabilités à prendre, mais c'est vraiment un projet collectif qui vit et qui perdure grâce à l'engagement de tout le monde. Ça, c'est sûr. Et... Et en même temps, c'est ce qui peut fédérer aussi beaucoup et qui apporte énormément, moi je trouve, dans la façon dont les enfants ont de s'approprier leur environnement. Parce qu'aujourd'hui, on parle très très facilement, quand on commence à animer des ateliers pour la nature, et je pense que tu le connais, ce fameux syndrome de manque de la nature, dont on parle de plus en plus pour les jeunes, de certains troubles du comportement aussi, de harcèlement, de mixité qui ne se font plus, parce que ces espaces qui restent des espaces dans lesquels vivent la majorité du temps les enfants pendant leur temps scolaire, ce sont des espaces dans lesquels on peut se réunir. Au contraire, il pourrait se passer beaucoup de choses. Il peut se passer beaucoup de choses positives. Et que dans les cours très aseptisés qu'on a connus, qui sont totalement surinvestis par des activités sportives, qui créent des tensions, qui repoussent sur les bords les élèves qui n'ont pas envie d'être bousculés, chahutés, qui n'ont pas d'espace pour se reposer, pour discuter, voire pour se cacher, ce qui est tout à fait normal, surtout pour les plus jeunes. tout ça, ça peut totalement être renversé et amélioré juste en réinterprétant et en réappropriant les espaces de manière différente.

  • Speaker #0

    Je voulais justement te demander, toi comme tu arrives une fois que la cour a été aménagée, est-ce que les enfants s'expriment à propos de ce changement ? Comment est-ce qu'ils vivent ce changement de cours d'école ? Et est-ce que c'est facile pour eux de s'adapter à ce nouvel environnement ?

  • Speaker #1

    Les enfants, quand on leur demande comment c'est la nouvelle cour, que ce soit au mois de septembre, au mois de mars, au mois de juin, je pense que 99,9% dira qu'ils aiment bien, qu'ils sont contents. Parce que justement, ils ont une liberté, ils ont les possibilités de mouvement, d'exploration, d'activités différentes qu'ils n'avaient pas avant. Il faut savoir que dans les cours, on... On cherche à créer des espaces dynamiques, autant que des espaces de calme, d'observation, de repos. Apporter de la nature, ça apporte aussi beaucoup de choses qui est propice à des moments de détente dont ont besoin les enfants. Ce n'est pas parce que c'est un temps de récréation qu'il faut forcément avoir envie de courir ou taper dans un ballon. pendant les 45 minutes de pause du déjeuner. C'est aussi des moments d'échange, et ils en profitent énormément parce qu'il y a beaucoup de mobilier, beaucoup d'équipement qui est apporté pour pouvoir échanger et se retrouver. Et puis le contact avec des matières naturelles qui leur font énormément de bien. En revanche, et là c'est ce à quoi nous on assiste et sur lequel le CAU est très très... Les impliqués, c'est sur le dialogue avec les équipes enseignantes et les adultes, les parents d'élèves, qui eux ont parfois des retours, on a autant de positifs que de négatifs. je pense, mais il y a aussi beaucoup de changements et de prises de conscience, et ça c'est bien de se rendre compte que sur le long terme, ça modifie aussi quand même beaucoup les comportements des enfants, il y a un vrai bienfait, il y a des vraies transformations. Et ça les prépare aussi à ce que ça va être des périodes de chaud, des périodes de froid, à tous ces enjeux environnementaux dont ils entendent parler assez tôt aujourd'hui. Et ça, ça peut tout à fait les aider à être conscient de ce que c'est que de prendre soin de son environnement.

  • Speaker #0

    C'est sûr qu'il y a un vrai travail de fond et qui pourrait être long auprès des familles. Et on le sent, même en zone rurale, il y a encore des craintes. Il y a encore, je pense notamment au fait de se salir. C'est quelque chose qui dérange encore des familles, que les enfants puissent tâcher les vêtements, ce genre de choses. Et là, c'est vrai que ce sont souvent les retours qui peuvent être faits aux équipes. Et petit à petit, les choses vont se faire, ça va changer, mais c'est beaucoup d'explications. Il faut aborder les choses autrement, mais c'est sûr que ça demande du temps. Et justement, en t'écoutant, on n'a pas parlé des matériaux et des éléments qu'il y a. Par quoi est-ce que l'asphalte est remplacée dans les cours ?

  • Speaker #1

    L'asphalte peut être conservée. En fait, dans un projet de végétalisation de cours, on doit apporter un certain pourcentage d'espace perméable. La perméabilité, c'est l'une des autres raisons pour lesquelles le projet Oasis... Il y a une nouvelle gestion des eaux, puisque les parcelles qui étaient jusqu'alors totalement imperméables, parce qu'elles étaient remplies de bitume, en temps de pluie, de forte pluie ou autre, comme ça peut arriver aussi aujourd'hui beaucoup en région parisienne. Toutes ces eaux allaient surcharger les réseaux d'assainissement. Pour éviter ces surcharges, il faut aujourd'hui, avec le plan de gestion d'eau de la ville de Paris, il faut infiltrer au maximum ces eaux. Le choix de revêtements perméables, comme des copeaux, c'est très souvent ce qui est utilisé parce que ça sert aussi de sol amortissant pour les jeux. Il y a plein d'autres types, il peut y avoir du sable, il peut y avoir des graviers, mais ça c'est beaucoup plus rare, il peut y avoir des bétons d'hydraînant, il peut y avoir beaucoup de choses, mais il y a surtout de la pleine terre, et c'est ça le matériau le plus utilisé, c'est de laisser les espaces végétaux en pleine terre, qui jouent là leur rôle totalement pour canaliser ces eaux, et pour apporter beaucoup de fraîcheur aussi en temps de pic de chaleur.

  • Speaker #0

    Et on imagine que notamment dans les écoles maternelles, quand j'imagine une cour dans laquelle il y a des copeaux, des cailloux et ce genre de choses, en termes d'activité, de transvasement, mais ils doivent se régaler. Quand on sait à cet âge-là que c'est leur activité principale, ils adorent ça. C'est vraiment un terrain de jeu très simple finalement, mais qui doit bien les occuper quand même.

  • Speaker #1

    Ah oui, oui, oui. C'est là, moi, je pense que c'est... C'est ma troisième année au CAUE, j'en suis à ma deuxième ou troisième maternelle. Je l'ai fait avec d'autres associations de permaculture, donc en maternelle aussi, et j'ai des maternelles Montessori aussi à côté. Je sais exactement, c'est des tranches d'âge qui sont particulièrement réceptives aux changements. Quels que soient les supports de jeu, tous les matériaux naturels sont évidemment source d'inspiration pour eux. En revanche, c'est tout le paradoxe, c'est que bien sûr pour les personnels encadrants et pour les parents, c'est beaucoup plus difficile à comprendre que l'enfant était bien propre le matin et rentre beaucoup moins propre le soir. Mais ça, ça fait partie du développement moteur d'un enfant et c'est plutôt bon de savoir qu'un enfant s'est amusé et a expérimenté des choses dans la journée. de la même manière que moi je me souviens d'avoir travaillé dans cette forest school où il y avait beaucoup de parents anglais anglophones et germanophones qui nous donnaient Les bottes le matin quand il pleuvait en disant amusez-vous bien, ça va être super comme journée. Alors que quand on est en France et que...

  • Speaker #0

    On arrive dans une maternelle et qu'on dit il pleut, les parents ils ne vont pas aller dehors aujourd'hui, il pleut. Bah si en fait, il faudrait qu'ils aillent dehors, ça serait mieux quand même. Ils seront moins propres, mais ils vont tout autant s'amuser.

  • Speaker #1

    Même plus que quand il fait beau, parce que la pluie, là aussi, ça plaît beaucoup aux jeunes enfants, notamment, mais aux plus grands aussi. Après, tout est question de D'habitude ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Je pense que c'est surtout le changement de regard qu'il faut accompagner le plus. C'est vraiment ce grand bouleversement qui fait que pour beaucoup, ça reste une limite encore. Ça reste quelque chose de... compliqué à comprendre, mais en fait, il faut accepter que dans ces cours-là, il y a des nouvelles façons de se comporter, mais surtout, on laisse toute la place à la nature, et la nature, ce n'est pas fait pour être propre. Ce n'est pas le but. En revanche, elle rend d'autres services, et il faut comprendre pourquoi on a mis de la nature. Encore une fois, ce n'est pas un jardin partagé. Ce n'est pas un jardin... On ne choisit pas les essences en fonction de leur côté esthétique, ni autre. Donc, il y a... Il y a toute une réflexion et ça on l'accompagne aussi en atelier. Pourquoi on a mis tel matériau à tel endroit ? Pourquoi on a mis tel végétaux à tel endroit ? Ceux qui auront les pieds dans l'eau sont différents de ceux qui sont dans les bacs jardinés. Ceux qui sont en plein soleil, bien évidemment, ne seront pas les mêmes que ceux qui sont à l'ombre. Et tout ça, les enfants, même les plus jeunes, sont tout à fait capables de le comprendre très rapidement. Il suffit de l'expliquer et de savoir pourquoi ils sont là. et de comprendre aussi qu'il y a des zones les copeaux doivent rester dans les zones à copeaux tout simplement parce que quand il n'y a plus de copeaux il y a de la boue ça fait plus mal quand on descend du toboggan il y a des flacs donc ça fait partie des chantiers participatifs, collectifs de nettoyage de prendre soin et prendre soin de la nature c'est un vrai challenge oui bien sûr

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu parlais du développement de l'enfant. Ça m'a amené une question. Ces cours d'école sont pensés par des architectes, des urbanistes, tout un ensemble de personnes qui conçoivent les aménagements extérieurs. Est-ce que le CAE s'appuie aussi sur, par exemple, des psychomotriciens, des personnes qui accompagnent des enfants pour penser ces aménagements ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Il y a beaucoup d'ateliers de co-conception où on fait appel à chaque fois. Les architectes rencontrent d'abord tous les personnels encadrants dans chacune des écoles. Ça, c'est quelque chose d'extrêmement important parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, on a peut-être tendance aussi à penser que le projet Oasis, quel que soit le type de cours et de personnes, de populations. Sur elle-même, c'est tout le contraire. Chaque projet est très différent. Chaque architecte ou paysagiste qui s'engage dans le projet prend totalement en compte les attentes, les demandes, les besoins de chacune des équipes, des enfants. La configuration des cours est à chaque fois totalement différente aussi. Et puis il y a des dynamiques pédagogiques dans chaque école qui sont différentes aussi. Il y a des équipes qui sont très engagées déjà, qui savent exactement ce qu'ils voudraient, comment ils vont utiliser les espaces. Il y en a d'autres qui ont besoin d'être plus accompagnées. Et puis en dehors des cours et autres, il y a beaucoup de temps d'échange. de temps avec des associations qui peuvent venir sur place. Je pense à des conférences aussi que le CLAU organise souvent. Il y en a une qui va se faire, normalement, ça devait être hier, ou c'était tout récent, concernant la prise de risque, de manière générale. Et ça fait partie aussi de ces thèmes qui reviennent souvent et qui permettent à des professionnels de la petite enfance de venir échanger, d'expliquer un petit peu. ce que c'est qu'un développement d'enfant en bas âge, surtout sur les maternelles, mais aussi sur les CP. Quand on est dans une école primaire, entre le CP et le CM2, on a quand même un grand laps de temps de découverte et on n'a pas les mêmes envies, les mêmes besoins, on n'a pas la même dextérité, on n'a pas la même façon de se déplacer. Et tout ça dans une cour qui est dite Oasis. c'est pris en compte aussi.

  • Speaker #1

    Ok. Aujourd'hui, il y a une dynamique qui s'installe dans de plus en plus d'écoles qui amène les enseignants à faire classe dehors. Alors, il y a plein de manières de le faire. Sur le podcast, j'ai déjà reçu plusieurs enseignantes. Chacune a une pratique différente. Toi qui as travaillé en Forest School, qui es formée à la pédagogie par la nature. Comment est-ce qu'on peut amener cette pédagogie par la nature ? Comment est-ce qu'elle peut se concrétiser dans une cour d'école ? Il se fait à quel endroit le travail, l'accompagnement que tu peux faire pour partager tous les piliers de la pédagogie par la nature et que ce ne soit pas simplement, je dis simplement... Pour faire la différence, c'est déjà très bien d'amener les cahiers dehors, parce que c'est autre chose, la pédagogie par la nature, c'est quelque chose de plus poussé que juste passer du temps en extérieur.

  • Speaker #0

    Oui, déjà le principe d'une forest school, c'est d'offrir une exposition quasi quotidienne en milieu naturel à des enfants, chose qui est évidemment difficile à faire dans un milieu citadin. Et certains pourraient dire que par exemple, installer des gradins ou des rondins de bois dans une cour pourrait suffire à faire forest school. Ce n'est pas le principe, en effet. Déjà, de leur offrir de pouvoir faire des choses dehors, avoir des vrais temps d'apprentissage en extérieur, en prenant d'autres positions, déjà, c'est énorme, c'est une grande chance. Mais c'est vrai que le temps de Forest School, c'est un engagement sur toute une année, sur plusieurs années, et c'est une inspiration. C'est un mouvement qui voudrait qu'on garde un contact régulier et prolongé. C'est surtout ça avec la nature. Et se familiariser avec son environnement, développer d'autres types d'aptitudes, d'autres capacités, d'autres compétences, c'est encore autre chose. Mais les apprentissages en extérieur, c'est très bien qu'il y ait de plus en plus d'enseignants et d'enseignantes qui renouent avec ça. Je pense qu'on l'avait perdu, mais il y a énormément de pédagogies alternatives qui en parlent depuis très longtemps. Il y a les Montessori, il y a les Steiner, il y a les Waldorf, il y a plein qui allaient freiner, pour qui la nature avait déjà énormément de place dans l'enseignement, et pas juste pour de la biologie, mais de manière générale. Et en tant que dans les mouvements de classe dehors, on se rend compte qu'il est parfois tout à fait possible d'adapter un programme de mathématiques de science bien évidemment, mais on peut aussi faire de la littérature, on peut étudier des textes. Moi j'ai des souvenirs de Forest School où on prenait des livres qui parlaient de nature justement, parce que la plupart de la littérature pour enfants prend forme dans des milieux naturels. On parle d'animaux très souvent, tout ce qui est les fables de la fontaine, c'est quand même beaucoup plus facile de se l'imaginer quand on est dehors. Il y a énormément de choses qui peuvent se faire dehors et ça fait résonance dans la tête des enfants, dans leur esprit, ça prend forme. Et c'est ça qui est hyper intéressant parce qu'il y a la partie sensorielle qui est aussi importante et qui participe à tous les apprentissages.

  • Speaker #1

    Oui, je te rejoins complètement. Dans les activités que tu as aujourd'hui, quand on a... Préparer l'épisode, tu m'as dit que tu travaillais aussi au sein d'école Montessori, que tu animes des ateliers nature. Alors déjà, la première question que j'ai envie de te poser, c'est est-ce qu'il y a une raison au fait de proposer ces animations uniquement en école Montessori ?

  • Speaker #0

    Non, pas spécialement. Mais en fait, la Forest School où j'avais commencé de travailler, les deux premières années de sa création, elle a été créée en 2008. Elle avait été labellisée Montessori au tout début, tout simplement parce que l'une des premières enseignantes qui avait travaillé était formée à la pédagogie Montessori. Ça m'a permis de découvrir pas mal de choses, notamment sur le... sur le matériel utilisé. C'est vrai que tout simplement d'arriver dans une classe avec des équipements en bois, où on va faire rentrer la nature plus facilement, ça fait déjà toute la différence. Et puis après, je me suis moi-même renseignée, j'ai découvert d'autres pédagogies. qu'on dit alternative parce que je trouvais que justement c'était très adapté pour les enfants qui, qu'on pourrait dire, ne pas coller à la norme dans les apprentissages tels qu'on les imagine aujourd'hui en France. On a tendance à vouloir appliquer une seule façon d'apprendre pour un seul type de public et on se rend compte bien évidemment qu'il y a énormément d'enfants qui ont besoin d'autre chose et l'apprentissage en extérieur. ça répond à beaucoup de besoins pour ces enfants en particulier, et pour les petits, pour les plus jeunes, qui n'ont pas la même façon de se développer, d'apprendre tous au même niveau, au même moment. Ça permet aussi de... de répondre à des besoins spécifiques, à des attentions qu'eux vont porter sur certaines choses qu'on n'aurait pas soupçonnées si on les avait laissées dans un cadre aseptisé, dans une classe fermée. Et souvent, quand ils progressent d'un côté, ils vont progresser de l'autre. Voilà, tout simplement. Donc, la méthode Montessori, c'est une méthode qui prend en compte le développement et l'épanouissement personnel de chaque élève. Ça, ça répond exactement à ce que j'ai, moi, comme conception de la pédagogie par la nature, c'est que chacun y trouve son compte.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait, mais de toute façon, la pédagogie par la nature, elle est riche de plein d'autres... Elle s'est inspirée de plein de pédagogues qui avaient mis en place des méthodes. D'ailleurs, on parle de méthode. Montessori, c'est une approche globale. C'est une question de posture et d'accompagnement. Ce n'est pas simplement de la manipulation de matériel, ce qui est souvent un raccourci qui est fait. Et c'est vrai que... Les valeurs telles que l'autonomie de l'enfant, le fait de le laisser aller à son rythme, tout ça, c'est des choses qu'on retrouve complètement en pédagogie par la nature, parce que, comme tu le disais, l'environnement naturel permet ça, facilite grandement tout ça.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait, tout à fait. Et l'objectif, en plus, c'est vrai, c'est prendre conscience de ce qui nous entoure, mais c'est prendre confiance aussi. Et la confiance, l'épanouissement personnel, parce que la pédagogie, ces pédagogies sont souvent tournées sur l'autonomie. L'enfant choisit son activité, on lui montre comment la faire, puis il la fait seul en autonomie. C'est exactement ça en fait. En nature, on y va, on y retourne, on apprend, et on découvre, et on devient soi-même capable d'analyser certaines choses. de savoir pourquoi ça se passe comme ça, même la façon de se déplacer est totalement différente. Ce que j'aime moi dans ces pédagogies-là, c'est de retourner semaine après semaine avec les mêmes élèves, parce que là, pour le coup, j'encadre les classes sur toute l'année, et je vois la façon dont ils se comportent, qui est totalement transformée, et c'est un vrai plaisir de se dire qu'une fois que c'est acquis, ils vont le garder toute leur vie. Ça change beaucoup de choses aussi sur leur curiosité, sur leur appétence pour apprendre. sur leur confiance. Et Dieu sait que les problèmes de confiance aujourd'hui dans un système scolaire basique sont quand même très souvent des thèmes dont on entend beaucoup parler parce qu'il y a beaucoup d'enfants qui perdent confiance. Et en extérieur, on reprend confiance aussi.

  • Speaker #1

    Tout à fait, oui. Du coup, pour revenir sur tes ateliers, comment est-ce qu'ils se déroulent ? Est-ce que tu veux bien nous en raconter un que tu as pu proposer récemment ?

  • Speaker #0

    Alors récemment, ces derniers temps, c'est vrai qu'entre les saisons, on n'a pas forcément les mêmes... Les mêmes types d'observations avec les enfants. En atelier nature, par exemple, printemps, été, je réfléchis, j'ai une immense prairie avec des grandes herbes dans lesquelles les enfants adorent se rouler ou se cacher. C'est l'occasion de faire des jeux libres, mais aussi d'observer les différentes fleurs, les différentes stratégies végétales, tout simplement. Ça peut être aussi une façon d'aborder les plantes. différemment. La semaine dernière, on a fait un atelier qui était très intéressant avec les plus jeunes sur la stratégie des plantes et pourquoi elles avaient disparu pendant tout l'hiver et pourquoi elles étaient arrivées tout de suite là au printemps. D'où elles étaient venues. Et pour des petits, donc la classe d'âge, c'était du 3 à 5. Je suis partie, je leur ai expliqué avec des supports que moi je développe sur les bulbes, sur les racines, et expliquer les deux grandes deux. façon de faire pour les plantes, pour garder les nutriments et pour ressortir dès que le soleil arrive, avec le redout. Et on avait une pelle, un plantoir, et on devait aller chercher, en fonction des fleurs que j'avais amenées en carte, retrouver les fleurs et puis deviner si elles étaient avec un bulbe ou avec une racine. Et puis, qu'est-ce qu'il y a d'autre ? Par exemple, comment ça se passe pour les arbres ? Parce que les arbres, ils ne disparaissent pas, on les voit, mais quel est le grand changement ? Ça va être les feuilles, pour beaucoup d'entre eux. Et alors, qu'est-ce qui se passe dans le sol ? Est-ce qu'il n'y a que les plantes qui s'y cachent ? Est-ce qu'il n'y aurait pas aussi des insectes, autre chose, qui profitent du printemps pour ressortir ? Tout ça pour montrer que la nature qui nous entoure, elle continue de vivre, mais elle suit le même rythme que nous. Les saisons, c'est extrêmement important, et les enfants ont tendance aussi à ne pas forcément le ressentir en milieu urbain. Et quand on les met en nature, Moi, j'aime beaucoup leur faire ressentir, utiliser leurs cinq sens, écouter les bruits qui sont très différents en été et en hiver, ressentir le vent beaucoup plus quand il fait froid, sentir quand la terre est mouillée, quand il y a de l'humidité partout. Et ça, c'était des thèmes, par exemple, sur les nuages. qui plaisent énormément aux enfants. Enfin, tout ça, ça semble être un environnement qui, pour nous, est peut-être familier, mais en fait, les enfants mettent rarement des mots dessus.

  • Speaker #1

    Oui, c'est toujours... notamment chez les plus jeunes, ça reste des moments d'émerveillement parce qu'effectivement, ils le voient. Ils sont d'ailleurs bien plus attentifs que nous. Ils n'ont pas besoin de nous pour voir les toutes petites choses. Mais par contre, comme tu dis, de mettre des mots et puis de comprendre ce qui s'y passe, là, on peut être là pour, en tout cas, enrichir leurs questions, les amener aussi à se poser encore plus de questions que ce qu'ils se posent déjà. Et puis... Si les réponses, ils ne les ont pas, leur donner pour qu'eux puissent mettre des mots et puis comprendre l'environnement qui les entoure. D'un point de vue pratique, tu interviens, ce sont des ateliers qui durent combien de temps et est-ce que tu fais ça sur toute l'année ? Combien de fois tu interviens dans les écoles ?

  • Speaker #0

    Alors, dans ces écoles-là, c'est ma troisième année en Montessori, j'interviens une fois par semaine. Dans l'école où je vais, à la Pontoise, cette année, on ne sait qu'une ou deux fois par mois, mais ça m'est arrivé il y a deux ans d'aller à Versailles toutes les semaines. Les ateliers durent entre deux heures et deux heures et demie. L'idée, c'est d'être... Tout dépend aussi si les espaces, des espaces boisés ou naturels, sont... à tenant à l'école aussi un petit temps de trajet. Mais là encore, l'idée c'est d'être vraiment, d'aller dans des lieux qui leur deviennent familiers. et en même temps où ils peuvent eux-mêmes constater les transformations sur le temps, saison après saison, parce que c'est très important pour eux de voir qu'il y a des choses qui changent. Parfois, on a l'impression que ça n'a pas changé pendant des semaines, et puis d'un coup, chaque semaine, il va y avoir quelque chose de nouveau. Et puis même pour les équipes, parce que moi, c'est l'occasion aussi de faire le lien avec les éducatrices. Pour le coup, c'est des éducatrices qui... qui suivent avec moi les classes et qui voient elles-mêmes aussi des potentielles passerelles qu'elles peuvent faire dans le reste du temps où je ne suis pas là, des thèmes qu'elles peuvent aborder, des livres qui peuvent servir de support aussi, des cartes de nomenclature qu'elles peuvent utiliser. à côté, garder le vocabulaire, garder plein de choses sur le plus long terme.

  • Speaker #1

    Ok. Marine, on arrive à la fin de notre échange, mais avant de nous quitter, s'il y a des enseignants, des enseignantes qui nous écoutent, qui sont hors région parisienne ou dans Paris, mais qui n'ont pas encore la chance d'être dans le... les projets de cours d'école Oasis, est-ce que tu aurais quelques conseils à leur proposer, à leur donner, s'ils ont envie de rendre la cour d'école plus vivante, en sachant que, évidemment, les moyens, on sait ce qu'ils sont, et ce ne sera pas la différence des projets de cours d'école Oasis, où il y a du financement, là, c'est souvent un peu de la débrouille, du coup, des choses simples. qu'elles pourraient mettre en place pour rendre ces cours d'école plus vivantes ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est une bonne question. Moi, il m'est arrivé de travailler, par exemple, dans une école avec une association qui s'appelle Nature à bien-être, une école qui était une école maternelle aussi, où ils ont réussi à mettre en place, dans un tout petit espace qui était coincé entre quatre murs, un vrai petit coin jardin pédagogique avec des palettes. De la récup qui avait été faite par les animatrices pendant le centre de loisirs du mercredi. Tout ça en apportant quelques plantes, en achetant des arrosoirs, ou même pas d'ailleurs, on peut tout à fait utiliser des bouteilles de plastique. Il y a un côté récup qui est très important en plus dans le jardin, parce qu'on peut faire beaucoup avec peu. Mais il y a surtout ce côté, cet élan collectif que moi je trouve très très très important. parce que parfois ça peut être une individualité, un enseignant qui se sent plus porté par le projet, qui a envie de le mettre en place, mais plus on arrive à fédérer autour d'un projet, et mieux c'est, tout simplement parce que l'union fait la force, donc plus on est nombreux à déplacer des choses, à imaginer. à mettre en place et puis à amener plusieurs enfants, plusieurs classes sur un temps hebdomadaire. qui puissent faire un roulement, que ce soit de prendre soin de certaines plantes, que ce soit, par exemple, moi j'ai vu des profs faire des terrariums, par exemple, amener des vers de terre dans la classe. En fait, le moindre petit aménagement, mais qui permet de constater, de voir la nature s'épanouir jour après jour, est une initiative en soi déjà de... de prise de conscience et peut servir aussi à développer autre chose derrière, même si, par exemple, le clou du spectacle serait une sortie nature au mois de juin, à la fin de l'année. Mais ça permet de garder toute l'année le fil conducteur naturel. Voilà.

  • Speaker #1

    Eh bien, merci beaucoup pour cet échange. Moi, j'ai appris plein de choses. C'est hyper intéressant. Il y a beaucoup de boulot, du coup, vu toutes les écoles qu'il y a. C'est super que ça se développe. J'espère que ça va aussi inspirer d'autres agglomérations qui vont, à leur tour, prendre le sujet à bras-le-corps et puis développer les moyens qu'il faut. Parce que, tu le disais, on en a besoin. Ne serait-ce que pour supporter les vagues de chaleur qui vont arriver, parce que toute personne qui a vécu en centre-ville, dans des rues où il n'y a pas un seul arbre, parfois sous les toits, c'est assez terrible. Donc là, l'école qui est quand même un lieu où nos enfants passent beaucoup de temps, il est temps qu'on s'en occupe et qu'on trouve des solutions. Donc un grand merci pour tous ces éclairages.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Et écoute, à très bientôt.

  • Speaker #0

    Merci, bonne continuation.

  • Speaker #1

    Toi aussi, Marine.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci à toutes et à tous pour votre écoute. J'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air, voire même, peut-être, une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pédagogieduvivant.fr Vous y trouverez toutes les infos à son sujet ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode et d'ici là, n'oubliez pas sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez, ciao ciao, à bientôt !

Chapters

  • Introduction

    01:10

  • Présentations

    02:19

  • Souvenirs d'enfance en nature

    03:27

  • Parcours professionnel

    04:24

  • Origines du dispositif Oasis

    07:51

  • Principes d'une cour d'école oasis

    11:31

  • Accompagnement post-aménagement

    14:08

  • La cour : espace central à l'école

    17:45

  • Plus qu'une simple végétalisation

    19:03

  • Les retours des enfants

    22:51

  • Matériaux utilisés

    26:14

  • Investissement de la cour par les enfants

    28:11

  • Qui conçoit ces cours ?

    32:10

  • La place de la pédagogie par la nature

    35:05

  • Ateliers nature en école Montessori

    38:57

  • Déroulé des ateliers nature

    43:18

  • Conseils pour rendre une cour vivante

    49:07

  • Remerciements

    52:08

Description

Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Marine animatrice nature et conceptrice paysagère.


Ensemble, nous avons abordé un sujet que je connaissais peu et qui est pourtant essentiel car il permet de relever d'importants défis auxquelles les villes sont aujourd'hui confrontées : l'aménagement des cours d'école, de la maternelle jusqu'au lycée.

Dans des environnements asphalté, où la chaleur ne cesse de grimper d'année en année, le bien-être des enfants et de l'ensemble des habitants des quartiers est mis à mal.


Pour y faire face, la ville de Paris a lancé un programme « cours oasis » dans le but de repenser l'aménagement des cours d'écoles afin en faire des endroits plus agréables à vivre mais aussi, répondant davantage aux besoins des enfants.


Entre son regard de paysagiste et d'animatrice nature, Marine nous livre un aperçu concret des enjeux qui se jouent derrière ces cours d'école.


Pour en savoir plus sur Marine, rendez-vous sur : www.pedagogieduvivant.fr


Très belle écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeur des écoles, éducateur, animatrice, ces conversations ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif, permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout, à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Marine, animatrice nature et conceptrice paysagère. Avec Marine, nous avons abordé un sujet que je connaissais peu et qui est pourtant essentiel, car il permet de relever d'importants défis auxquels les villes sont aujourd'hui confrontées. Je parle là de l'aménagement des cours d'école, de la maternelle jusqu'au lycée.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    parce que dans des environnements asphaltés, où la chaleur ne cesse de grimper d'année en année, le bien-être des enfants et de l'ensemble des habitants des quartiers est mis à mal. Pour y faire face, la ville de Paris a lancé un programme, Cour Oasis, dans le but de repenser l'aménagement des cours d'école, afin d'en faire des endroits plus agréables à vivre, mais aussi répondant davantage aux besoins des enfants. Entre son regard de paysagiste et d'animatrice nature, Marine nous livre un aperçu concret des enjeux qui se jouent derrière ses cours d'école. Je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Marine !

  • Speaker #1

    Bonjour Claire !

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast, je suis ravie d'être avec toi aujourd'hui. Pour commencer, est-ce que tu veux bien te présenter et dire en quelques mots, pour le moment, ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Alors, merci beaucoup pour ton invitation. Je m'appelle Marine Viguto. Je suis animatrice nature et paysagiste, conceptrice en support pédagogique pour tout ce qui est aménagement de cours d'école et de végétalisation de cours d'école. J'ai une première formation en conception graphique. ma formation en paysagiste étant une réorientation professionnelle que j'ai débutée il y a dix ans maintenant.

  • Speaker #0

    Ok, bon, on va revenir un petit peu sur ton parcours parce qu'effectivement, tu as emprunté plusieurs chemins qui se croisent et qui se complètent. D'abord, sur le podcast, j'ai une question rituelle que je pose à chaque début de conversation. Marine, quels sont tes souvenirs d'enfance en nature ?

  • Speaker #1

    Eh bien, étant une petite parisienne née en plein cœur de la ville, j'ai eu la chance de partir chaque vacances en Bourgogne, où se trouvait la famille de ma maman. Et j'ai des souvenirs de liberté totale que je n'avais pas étant enfermée dans des appartements tout le reste de l'année. Et notamment de zones qui étaient un petit peu délaissées, c'était des friches, devant le jardin de grands-parents qui avaient eu... une maison ouvrier avec des jardins partagés devant. Et le grand jeu, c'était de se perdre dans les jardins partagés. Voilà.

  • Speaker #0

    Ok. Tu l'as dit, du coup, tu as eu plusieurs... Tu as fait une reconversion professionnelle. Est-ce que tu veux bien approfondir un petit peu, nous raconter ton parcours, des formations que tu as eues jusqu'à aujourd'hui, pour qu'on te connaisse un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, alors ça va être... je vais essayer de condenser. Donc, deux formations professionnelles premières, initiales. En effet, je suis graphiste, conceptrice en arts graphiques. J'ai fait les arts déco de Paris. J'ai travaillé pendant plusieurs années dans des milieux design industriel, mode. J'ai fait du merchandising. J'ai fait beaucoup de choses sur l'ordinateur qui m'ont plu à une certaine époque, mais très déconnectée du vivant de manière générale. Je pense que comme beaucoup de personnes, c'est à l'arrivée de mes enfants qu'il y a eu un changement de vision, d'envie, personnelle et professionnelle à la fois. Il se trouve que de par ma vie familiale, j'ai rencontré quelqu'un qui lui vient d'un village de l'Est de la France, donc qui n'avait pas du tout eu la même vie que moi. Quand on élève des enfants, c'est la première chose qu'on se pose comme question, c'est comment on va élever nos enfants. Et par des hasards et des circonstances différentes, je me suis retrouvée à travailler dans une école qu'on appelait une Forest School, en tant que d'abord... professeure d'art, et puis je suis devenue assistante enseignante, c'était assez fantastique. Et là, j'ai découvert la pédagogie par la nature, ayant à moi-même des enfants jeunes à l'époque, et qui ont pas mal participé à cette école, à des temps réguliers. Et j'ai vu les grands bénéfices et les grands bienfaits que ça pouvait leur apporter, et à eux, et à moi. et je me suis posé beaucoup de questions pourquoi nous dans nos écoles en France on n'avait pas cette réflexion sur le besoin de nature qu'ont tous les enfants dès leur plus jeune âge et donc comme j'avais une envie de reconversion professionnelle et que l'enfance était déjà quelque chose que j'avais beaucoup beaucoup rêver de toucher dans mes activités professionnelles précédentes, je me suis dit que reprendre une formation en paysagisme était la plus appropriée, tout simplement parce que la façon de travailler d'un paysagiste est un petit peu la même que celle d'un graphiste, c'est-à-dire on réfléchit à un concept global, à des usages, à un public. On aménage en ayant bien sûr à cœur de répondre au mieux aux attentes des gens pour qui on travaille. Et le public enfant est un public très particulier que j'affectionne particulièrement. Donc voilà, j'ai fait ma formation en paysagisme et je me suis mise à mon compte ensuite en tant qu'auto-entrepreneur pour continuer d'animer des... des ateliers en nature et travailler au sein d'un bureau d'études pour concevoir et revoir toutes les cours de récréation des écoles primaires et maternelles en premier, mais même collèges.

  • Speaker #0

    Justement, par le biais de ton activité en tant que paysagiste, quand on a échangé au début, tu m'as dit que tu créais des supports pédagogiques pour le CAUE de Paris, qui est le Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement, pour l'aménagement des cours d'école, dite OASIS. Alors, je te l'ai dit, moi, je connais très peu de choses sur les cours d'école OASIS, parce que c'est un dispositif... qui, pour le moment en tout cas, est déployée en Ile-de-France. Et moi, j'habite à 700 km de Paris, à la montagne. Donc, jusqu'à présent, j'en avais vraiment entendu parler que de très loin. Donc, en préparant notre échange, je me suis plongée sur le sujet. J'ai déjà appris de trois choses, mais tu vas m'en apprendre plein d'autres. Déjà, pour contextualiser, est-ce que tu pourrais nous dire depuis quand ce dispositif est déployé ? Et qui est-ce qui en a été à l'initiative ?

  • Speaker #1

    Alors, le dispositif, le projet Oasis, en effet, il a commencé, il a été lancé en 2017 par la ville de Paris. A l'origine, c'est surtout pour anticiper les changements climatiques. Il faut dire que ça faisait suite à plusieurs vagues de grosses chaleurs, de canicules répétées sur la ville, et que la réflexion était de se dire que les cours d'école étaient des zones qui emmagasinaient beaucoup de chaleur. et qui potentiellement, si elles étaient toutes remaniées, pouvaient aussi offrir des îlots de fraîcheur régulièrement, non seulement aux... aux élèves pendant les temps scolaires, mais aussi à tous les voisins et tous les gens, les citadins proches d'une école, parce que le maillage est très très serré, la densité d'école à Paris fait qu'on pourrait tout à fait offrir ces espaces qui deviendraient des poumons verts pour la ville en temps de canicule, en dehors des temps scolaires. Ensuite, il y a eu... C'est un financement du Fonds européen du FEDER dès 2018, je crois, qui a permis de lancer l'expérimentation sur une dizaine de cours qui ont été refaites dans l'été 2018-2019. Et depuis chaque année, la Ville de Paris entreprend des travaux. Généralement, ce sont des travaux qui sont lancés chaque été. Et donc à la rentrée, on a de plus en plus d'écoles qui ont été réaménagées. Et moi, j'interviens particulièrement après réaménagement, parce que ce n'est pas une fois que les travaux ont été faits, que ça va se faire d'une manière magique, il faut tout repenser. C'est là que l'aventure commence en fait. C'est là que ça devient passionnant parce que c'est toute une nouvelle manière de vivre dans la cour, de partager la cour et de laisser de la place à la nature surtout.

  • Speaker #0

    Tu dis que chaque année il y a des nouvelles écoles. Est-ce que c'est à l'initiative des écoles ou c'est la ville de Paris qui sélectionne les écoles ?

  • Speaker #1

    Non, c'est la ville de Paris qui choisit chaque année quelles écoles vont être aménagées. Il faut savoir qu'aujourd'hui à Paris, il y a environ 638 écoles maternelles primaires. Plus de 160 collèges, l'idée étant que d'ici plusieurs années, la grande majorité des écoles aient une cour Oasis.

  • Speaker #0

    Ok, d'accord. Alors du coup, c'est quoi les grands principes d'une cour d'école Oasis ?

  • Speaker #1

    Alors, le grand principe, c'est créer des îlots de fraîcheur. Ça, c'est la première chose. C'est d'adopter cette stratégie dont on parle souvent de résilience. pour adapter ces infrastructures et tous les fonctionnements d'une cour pour faire face à ce fameux défi environnemental qui pointe son nez de plus en plus rapidement. Et puis il y a des objectifs quand même, ce n'est pas juste esthétique et le but de tout refaire, c'est aussi dans un objectif d'améliorer la santé globale des enfants, de préserver la biodiversité, de créer un nouveau lien social, de favoriser l'inclusion. d'apporter une certaine éducation aussi à la citoyenneté, à la façon de se comporter dans un espace qui reste un espace public, partagé. Et puis il y a aussi une nouvelle gestion de l'eau, qui est très importante, d'apporter une certaine sobriété aussi de ce côté-là. Et puis le but c'est d'inspirer aussi, et de montrer que le projet tel qu'il est peut tout à fait être réutilisé. repensées sur tout le territoire.

  • Speaker #0

    Et du coup, concrètement, en termes d'aménagement, qu'est-ce qu'on peut y trouver ?

  • Speaker #1

    Les cours Oasis, elles sont d'abord repensées comme des espaces où on redistribue totalement les activités. Très souvent, dans la façon de réfléchir au cours, les équipes des paysagistes et des urbanistes et des architectes du CAUE vont à la rencontre des écoles qui vont être réaménagées et ils vont évaluer, réfléchir, co-construire avec les équipes enseignantes, avec les élèves, avec les éducateurs et les animateurs qui ont envie de participer au projet, parce que c'est un projet collectif avant tout, Ils vont aller voir ce qu'il est possible de faire, ce que les enfants, ce que les adultes ont envie de faire en fonction de leurs besoins, de leurs attentes. Ils vont sensibiliser à pas mal de choses aussi sur la façon de… de repenser cette cour. Et une fois que les plans auront été validés, acceptés, et que les travaux auront été faits, on va les accompagner, nous, pour s'approprier cette cour.

  • Speaker #0

    Et alors, comment se passe cet accompagnement, du coup ? Est-ce que ce sont des rencontres sur des... qui sont régulières sur l'année ? Est-ce que ça se passe juste pendant quelques mois et puis après, une fois que la boîte à outils, je dirais que la dynamique est lancée, vous laissez ça aux écoles ? C'est quoi ton travail au quotidien avec ces écoles une fois que la cour est en place ?

  • Speaker #1

    Alors, mon travail, moi, il est sur toute une année scolaire, sur l'année qui suit la grosse phase travaux post-été. Donc, depuis septembre jusqu'à juin de l'année suivante, en fait, c'est dans la particularité de la ville de Paris, c'est qu'il y a un temps périscolaire qui est inscrit dans les programmes éducatifs chaque mardi et chaque vendredi après-midi. Ça c'était ces fameuses, ce qu'on appelle des TAP, ou des NAP en fonction de certaines écoles dans d'autres villes qui ont pu les garder, mais Paris a conservé ces TAP. Depuis leur mise en place, ça devait être en 2016 ou 2015. Et donc, on a une heure et demie d'atelier avec les enfants. Pour ma part, c'est tous les vendredis, mais ça dépend des écoles. Donc, entre 15h et 16h30, on a des temps d'activité spécifiques, adaptés à la cour, et moi, j'amène des supports. que je propose et que je valide avec l'accord du CAE. Il y a des réflexions toute l'année, on équipe dessus, on échange des données, on échange des livrets, on échange beaucoup de choses. Et on va choisir certains thèmes en fonction de la cour sur laquelle on est détaché, et de la tranche d'âge aussi d'enfants qu'on touche, pour pouvoir les éveiller à la nature, pour pouvoir leur faire toucher un petit peu du doigt ce que c'est que le climat, la biodiversité, le rôle des oiseaux, le rôle des insectes, la plantation, comment jardiner dans une cour. Comment trier les déchets ? On peut brosser énormément de thèmes et la cour sert de point de départ à tout ça. Donc on amène nos livrets, on fait des fabrications, on peut avoir des fabrications collectives comme il peut y avoir des petites... des créations individuelles que les enfants aiment bien ramener aussi, mais le but étant que ces groupes qui vont être interchangeés trois fois dans l'année, à chaque fin de trimestre, puissent toucher le plus d'enfants possible, qui vont être des ambassadeurs de la cour et de la biodiversité dans leur établissement, et puis ça permet, nous, de créer un lien et de montrer un petit peu aux équipes d'animation et aux enseignants. Tout ce qui est possible de faire dans une cour.

  • Speaker #0

    En fait, finalement, ces cours, elles sont aussi pensées derrière pour que les enseignants investissent l'espace avec les enfants en dehors des temps dits de récréation, puisque jusque-là, c'était un peu la conception qu'on avait des cours de récré, c'est le temps de pause, et après, on rentre à l'intérieur, dans le bâtiment pour faire classe, tandis que là, si je comprends bien, L'idée, c'est aussi d'inciter les équipes enseignantes à sortir finalement et à investir cette cour d'école plus que pour des temps de pause.

  • Speaker #1

    Oui, oui, tout à fait. En fait, quand on touche à la cour de l'école, on touche vraiment au lieu de mixité totale. Il y a un grand enjeu environnemental, évidemment. parce qu'il va y avoir ces jeux de changement de revêtement, de jeux de topographie, de nouveaux matériaux qui vont être utilisés. Mais ça participe aussi de manière bien plus générale au développement des compétences des enfants, et souvent des compétences psychosociales d'ailleurs. Il y a le côté psychomoteur, mais il y a aussi le fait que les enfants vont trouver d'autres façons de jouer, d'échanger. de partager ces espaces, d'imaginer énormément. Il y a une partie ludique, mais il y a aussi une partie expérimentation qui est extrêmement importante. Et ça inclut aussi une nouvelle façon pour le personnel éducatif de considérer la cour comme un support réellement, et pas juste comme un lieu, comme tu l'as dit, comme un lieu où on se décharge, on décharge toute son activité et... et puis on rentre ensuite comme si de rien n'était il y a des liens qui peuvent se faire entre l'intérieur et l'extérieur en permanence

  • Speaker #0

    C'est là où on va plus loin. Moi, tu vois, je travaille dans une cité scolaire avec un collège et un lycée. Depuis plusieurs années, il y a un projet de revégétalisation qui a été lancé. Mais finalement, alors il y a un potager qui a été mis en place, mais ça a été principalement, on casse du béton à quelques endroits pour faire des trous, mettre des arbres, alors c'est super, mais c'est vrai que ça se limite à ça. Tandis que là, dans les projets de cours d'école Oasis... On inclut les apprentissages et on prend vraiment en compte les bienfaits que ça apporte au niveau global aux enfants. Et puis derrière aussi aux équipes enseignantes et à tout le personnel de la structure. Parce que travailler dans un tel environnement, ça fait du bien aux enfants, mais ça fait aussi du bien aux adultes. Donc, ce n'est pas simplement planter des arbres et puis faire un coin de potager.

  • Speaker #1

    Non, tout à fait. Surtout que l'idée, évidemment, c'est qu'après la livraison, c'est que toute l'équipe et les enfants participent au côté pérenne du projet. On inclut du vivant depuis le début, mais la cour, elle va survivre, elle va vivre. Il y a des végétaux qui vont se développer. Il va y avoir des équipements qui vont rester installés pendant… des saisons très variées, et elle va forcément changer, changer d'aspect, il va falloir en prendre soin, il va falloir la nettoyer. Ça, c'est un des grands défis des cours Oasis sur le long terme. En général, et ça, c'est l'un des points sur lesquels on insiste énormément au sein du CIE, c'est établir une nouvelle charte d'utilisation de la cour, qui est très importante, parce qu'à partir du moment où la cour a changé d'aspect, et on doit l'utiliser différemment. L'usage est totalement chamboulé, non seulement dans la tête des enfants, mais dans la tête des adultes, et c'est parfois plus difficile de faire comprendre aux adultes qu'aux enfants, d'ailleurs. Donc, il y a des responsabilités à prendre, mais c'est vraiment un projet collectif qui vit et qui perdure grâce à l'engagement de tout le monde. Ça, c'est sûr. Et... Et en même temps, c'est ce qui peut fédérer aussi beaucoup et qui apporte énormément, moi je trouve, dans la façon dont les enfants ont de s'approprier leur environnement. Parce qu'aujourd'hui, on parle très très facilement, quand on commence à animer des ateliers pour la nature, et je pense que tu le connais, ce fameux syndrome de manque de la nature, dont on parle de plus en plus pour les jeunes, de certains troubles du comportement aussi, de harcèlement, de mixité qui ne se font plus, parce que ces espaces qui restent des espaces dans lesquels vivent la majorité du temps les enfants pendant leur temps scolaire, ce sont des espaces dans lesquels on peut se réunir. Au contraire, il pourrait se passer beaucoup de choses. Il peut se passer beaucoup de choses positives. Et que dans les cours très aseptisés qu'on a connus, qui sont totalement surinvestis par des activités sportives, qui créent des tensions, qui repoussent sur les bords les élèves qui n'ont pas envie d'être bousculés, chahutés, qui n'ont pas d'espace pour se reposer, pour discuter, voire pour se cacher, ce qui est tout à fait normal, surtout pour les plus jeunes. tout ça, ça peut totalement être renversé et amélioré juste en réinterprétant et en réappropriant les espaces de manière différente.

  • Speaker #0

    Je voulais justement te demander, toi comme tu arrives une fois que la cour a été aménagée, est-ce que les enfants s'expriment à propos de ce changement ? Comment est-ce qu'ils vivent ce changement de cours d'école ? Et est-ce que c'est facile pour eux de s'adapter à ce nouvel environnement ?

  • Speaker #1

    Les enfants, quand on leur demande comment c'est la nouvelle cour, que ce soit au mois de septembre, au mois de mars, au mois de juin, je pense que 99,9% dira qu'ils aiment bien, qu'ils sont contents. Parce que justement, ils ont une liberté, ils ont les possibilités de mouvement, d'exploration, d'activités différentes qu'ils n'avaient pas avant. Il faut savoir que dans les cours, on... On cherche à créer des espaces dynamiques, autant que des espaces de calme, d'observation, de repos. Apporter de la nature, ça apporte aussi beaucoup de choses qui est propice à des moments de détente dont ont besoin les enfants. Ce n'est pas parce que c'est un temps de récréation qu'il faut forcément avoir envie de courir ou taper dans un ballon. pendant les 45 minutes de pause du déjeuner. C'est aussi des moments d'échange, et ils en profitent énormément parce qu'il y a beaucoup de mobilier, beaucoup d'équipement qui est apporté pour pouvoir échanger et se retrouver. Et puis le contact avec des matières naturelles qui leur font énormément de bien. En revanche, et là c'est ce à quoi nous on assiste et sur lequel le CAU est très très... Les impliqués, c'est sur le dialogue avec les équipes enseignantes et les adultes, les parents d'élèves, qui eux ont parfois des retours, on a autant de positifs que de négatifs. je pense, mais il y a aussi beaucoup de changements et de prises de conscience, et ça c'est bien de se rendre compte que sur le long terme, ça modifie aussi quand même beaucoup les comportements des enfants, il y a un vrai bienfait, il y a des vraies transformations. Et ça les prépare aussi à ce que ça va être des périodes de chaud, des périodes de froid, à tous ces enjeux environnementaux dont ils entendent parler assez tôt aujourd'hui. Et ça, ça peut tout à fait les aider à être conscient de ce que c'est que de prendre soin de son environnement.

  • Speaker #0

    C'est sûr qu'il y a un vrai travail de fond et qui pourrait être long auprès des familles. Et on le sent, même en zone rurale, il y a encore des craintes. Il y a encore, je pense notamment au fait de se salir. C'est quelque chose qui dérange encore des familles, que les enfants puissent tâcher les vêtements, ce genre de choses. Et là, c'est vrai que ce sont souvent les retours qui peuvent être faits aux équipes. Et petit à petit, les choses vont se faire, ça va changer, mais c'est beaucoup d'explications. Il faut aborder les choses autrement, mais c'est sûr que ça demande du temps. Et justement, en t'écoutant, on n'a pas parlé des matériaux et des éléments qu'il y a. Par quoi est-ce que l'asphalte est remplacée dans les cours ?

  • Speaker #1

    L'asphalte peut être conservée. En fait, dans un projet de végétalisation de cours, on doit apporter un certain pourcentage d'espace perméable. La perméabilité, c'est l'une des autres raisons pour lesquelles le projet Oasis... Il y a une nouvelle gestion des eaux, puisque les parcelles qui étaient jusqu'alors totalement imperméables, parce qu'elles étaient remplies de bitume, en temps de pluie, de forte pluie ou autre, comme ça peut arriver aussi aujourd'hui beaucoup en région parisienne. Toutes ces eaux allaient surcharger les réseaux d'assainissement. Pour éviter ces surcharges, il faut aujourd'hui, avec le plan de gestion d'eau de la ville de Paris, il faut infiltrer au maximum ces eaux. Le choix de revêtements perméables, comme des copeaux, c'est très souvent ce qui est utilisé parce que ça sert aussi de sol amortissant pour les jeux. Il y a plein d'autres types, il peut y avoir du sable, il peut y avoir des graviers, mais ça c'est beaucoup plus rare, il peut y avoir des bétons d'hydraînant, il peut y avoir beaucoup de choses, mais il y a surtout de la pleine terre, et c'est ça le matériau le plus utilisé, c'est de laisser les espaces végétaux en pleine terre, qui jouent là leur rôle totalement pour canaliser ces eaux, et pour apporter beaucoup de fraîcheur aussi en temps de pic de chaleur.

  • Speaker #0

    Et on imagine que notamment dans les écoles maternelles, quand j'imagine une cour dans laquelle il y a des copeaux, des cailloux et ce genre de choses, en termes d'activité, de transvasement, mais ils doivent se régaler. Quand on sait à cet âge-là que c'est leur activité principale, ils adorent ça. C'est vraiment un terrain de jeu très simple finalement, mais qui doit bien les occuper quand même.

  • Speaker #1

    Ah oui, oui, oui. C'est là, moi, je pense que c'est... C'est ma troisième année au CAUE, j'en suis à ma deuxième ou troisième maternelle. Je l'ai fait avec d'autres associations de permaculture, donc en maternelle aussi, et j'ai des maternelles Montessori aussi à côté. Je sais exactement, c'est des tranches d'âge qui sont particulièrement réceptives aux changements. Quels que soient les supports de jeu, tous les matériaux naturels sont évidemment source d'inspiration pour eux. En revanche, c'est tout le paradoxe, c'est que bien sûr pour les personnels encadrants et pour les parents, c'est beaucoup plus difficile à comprendre que l'enfant était bien propre le matin et rentre beaucoup moins propre le soir. Mais ça, ça fait partie du développement moteur d'un enfant et c'est plutôt bon de savoir qu'un enfant s'est amusé et a expérimenté des choses dans la journée. de la même manière que moi je me souviens d'avoir travaillé dans cette forest school où il y avait beaucoup de parents anglais anglophones et germanophones qui nous donnaient Les bottes le matin quand il pleuvait en disant amusez-vous bien, ça va être super comme journée. Alors que quand on est en France et que...

  • Speaker #0

    On arrive dans une maternelle et qu'on dit il pleut, les parents ils ne vont pas aller dehors aujourd'hui, il pleut. Bah si en fait, il faudrait qu'ils aillent dehors, ça serait mieux quand même. Ils seront moins propres, mais ils vont tout autant s'amuser.

  • Speaker #1

    Même plus que quand il fait beau, parce que la pluie, là aussi, ça plaît beaucoup aux jeunes enfants, notamment, mais aux plus grands aussi. Après, tout est question de D'habitude ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Je pense que c'est surtout le changement de regard qu'il faut accompagner le plus. C'est vraiment ce grand bouleversement qui fait que pour beaucoup, ça reste une limite encore. Ça reste quelque chose de... compliqué à comprendre, mais en fait, il faut accepter que dans ces cours-là, il y a des nouvelles façons de se comporter, mais surtout, on laisse toute la place à la nature, et la nature, ce n'est pas fait pour être propre. Ce n'est pas le but. En revanche, elle rend d'autres services, et il faut comprendre pourquoi on a mis de la nature. Encore une fois, ce n'est pas un jardin partagé. Ce n'est pas un jardin... On ne choisit pas les essences en fonction de leur côté esthétique, ni autre. Donc, il y a... Il y a toute une réflexion et ça on l'accompagne aussi en atelier. Pourquoi on a mis tel matériau à tel endroit ? Pourquoi on a mis tel végétaux à tel endroit ? Ceux qui auront les pieds dans l'eau sont différents de ceux qui sont dans les bacs jardinés. Ceux qui sont en plein soleil, bien évidemment, ne seront pas les mêmes que ceux qui sont à l'ombre. Et tout ça, les enfants, même les plus jeunes, sont tout à fait capables de le comprendre très rapidement. Il suffit de l'expliquer et de savoir pourquoi ils sont là. et de comprendre aussi qu'il y a des zones les copeaux doivent rester dans les zones à copeaux tout simplement parce que quand il n'y a plus de copeaux il y a de la boue ça fait plus mal quand on descend du toboggan il y a des flacs donc ça fait partie des chantiers participatifs, collectifs de nettoyage de prendre soin et prendre soin de la nature c'est un vrai challenge oui bien sûr

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu parlais du développement de l'enfant. Ça m'a amené une question. Ces cours d'école sont pensés par des architectes, des urbanistes, tout un ensemble de personnes qui conçoivent les aménagements extérieurs. Est-ce que le CAE s'appuie aussi sur, par exemple, des psychomotriciens, des personnes qui accompagnent des enfants pour penser ces aménagements ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Il y a beaucoup d'ateliers de co-conception où on fait appel à chaque fois. Les architectes rencontrent d'abord tous les personnels encadrants dans chacune des écoles. Ça, c'est quelque chose d'extrêmement important parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, on a peut-être tendance aussi à penser que le projet Oasis, quel que soit le type de cours et de personnes, de populations. Sur elle-même, c'est tout le contraire. Chaque projet est très différent. Chaque architecte ou paysagiste qui s'engage dans le projet prend totalement en compte les attentes, les demandes, les besoins de chacune des équipes, des enfants. La configuration des cours est à chaque fois totalement différente aussi. Et puis il y a des dynamiques pédagogiques dans chaque école qui sont différentes aussi. Il y a des équipes qui sont très engagées déjà, qui savent exactement ce qu'ils voudraient, comment ils vont utiliser les espaces. Il y en a d'autres qui ont besoin d'être plus accompagnées. Et puis en dehors des cours et autres, il y a beaucoup de temps d'échange. de temps avec des associations qui peuvent venir sur place. Je pense à des conférences aussi que le CLAU organise souvent. Il y en a une qui va se faire, normalement, ça devait être hier, ou c'était tout récent, concernant la prise de risque, de manière générale. Et ça fait partie aussi de ces thèmes qui reviennent souvent et qui permettent à des professionnels de la petite enfance de venir échanger, d'expliquer un petit peu. ce que c'est qu'un développement d'enfant en bas âge, surtout sur les maternelles, mais aussi sur les CP. Quand on est dans une école primaire, entre le CP et le CM2, on a quand même un grand laps de temps de découverte et on n'a pas les mêmes envies, les mêmes besoins, on n'a pas la même dextérité, on n'a pas la même façon de se déplacer. Et tout ça dans une cour qui est dite Oasis. c'est pris en compte aussi.

  • Speaker #1

    Ok. Aujourd'hui, il y a une dynamique qui s'installe dans de plus en plus d'écoles qui amène les enseignants à faire classe dehors. Alors, il y a plein de manières de le faire. Sur le podcast, j'ai déjà reçu plusieurs enseignantes. Chacune a une pratique différente. Toi qui as travaillé en Forest School, qui es formée à la pédagogie par la nature. Comment est-ce qu'on peut amener cette pédagogie par la nature ? Comment est-ce qu'elle peut se concrétiser dans une cour d'école ? Il se fait à quel endroit le travail, l'accompagnement que tu peux faire pour partager tous les piliers de la pédagogie par la nature et que ce ne soit pas simplement, je dis simplement... Pour faire la différence, c'est déjà très bien d'amener les cahiers dehors, parce que c'est autre chose, la pédagogie par la nature, c'est quelque chose de plus poussé que juste passer du temps en extérieur.

  • Speaker #0

    Oui, déjà le principe d'une forest school, c'est d'offrir une exposition quasi quotidienne en milieu naturel à des enfants, chose qui est évidemment difficile à faire dans un milieu citadin. Et certains pourraient dire que par exemple, installer des gradins ou des rondins de bois dans une cour pourrait suffire à faire forest school. Ce n'est pas le principe, en effet. Déjà, de leur offrir de pouvoir faire des choses dehors, avoir des vrais temps d'apprentissage en extérieur, en prenant d'autres positions, déjà, c'est énorme, c'est une grande chance. Mais c'est vrai que le temps de Forest School, c'est un engagement sur toute une année, sur plusieurs années, et c'est une inspiration. C'est un mouvement qui voudrait qu'on garde un contact régulier et prolongé. C'est surtout ça avec la nature. Et se familiariser avec son environnement, développer d'autres types d'aptitudes, d'autres capacités, d'autres compétences, c'est encore autre chose. Mais les apprentissages en extérieur, c'est très bien qu'il y ait de plus en plus d'enseignants et d'enseignantes qui renouent avec ça. Je pense qu'on l'avait perdu, mais il y a énormément de pédagogies alternatives qui en parlent depuis très longtemps. Il y a les Montessori, il y a les Steiner, il y a les Waldorf, il y a plein qui allaient freiner, pour qui la nature avait déjà énormément de place dans l'enseignement, et pas juste pour de la biologie, mais de manière générale. Et en tant que dans les mouvements de classe dehors, on se rend compte qu'il est parfois tout à fait possible d'adapter un programme de mathématiques de science bien évidemment, mais on peut aussi faire de la littérature, on peut étudier des textes. Moi j'ai des souvenirs de Forest School où on prenait des livres qui parlaient de nature justement, parce que la plupart de la littérature pour enfants prend forme dans des milieux naturels. On parle d'animaux très souvent, tout ce qui est les fables de la fontaine, c'est quand même beaucoup plus facile de se l'imaginer quand on est dehors. Il y a énormément de choses qui peuvent se faire dehors et ça fait résonance dans la tête des enfants, dans leur esprit, ça prend forme. Et c'est ça qui est hyper intéressant parce qu'il y a la partie sensorielle qui est aussi importante et qui participe à tous les apprentissages.

  • Speaker #1

    Oui, je te rejoins complètement. Dans les activités que tu as aujourd'hui, quand on a... Préparer l'épisode, tu m'as dit que tu travaillais aussi au sein d'école Montessori, que tu animes des ateliers nature. Alors déjà, la première question que j'ai envie de te poser, c'est est-ce qu'il y a une raison au fait de proposer ces animations uniquement en école Montessori ?

  • Speaker #0

    Non, pas spécialement. Mais en fait, la Forest School où j'avais commencé de travailler, les deux premières années de sa création, elle a été créée en 2008. Elle avait été labellisée Montessori au tout début, tout simplement parce que l'une des premières enseignantes qui avait travaillé était formée à la pédagogie Montessori. Ça m'a permis de découvrir pas mal de choses, notamment sur le... sur le matériel utilisé. C'est vrai que tout simplement d'arriver dans une classe avec des équipements en bois, où on va faire rentrer la nature plus facilement, ça fait déjà toute la différence. Et puis après, je me suis moi-même renseignée, j'ai découvert d'autres pédagogies. qu'on dit alternative parce que je trouvais que justement c'était très adapté pour les enfants qui, qu'on pourrait dire, ne pas coller à la norme dans les apprentissages tels qu'on les imagine aujourd'hui en France. On a tendance à vouloir appliquer une seule façon d'apprendre pour un seul type de public et on se rend compte bien évidemment qu'il y a énormément d'enfants qui ont besoin d'autre chose et l'apprentissage en extérieur. ça répond à beaucoup de besoins pour ces enfants en particulier, et pour les petits, pour les plus jeunes, qui n'ont pas la même façon de se développer, d'apprendre tous au même niveau, au même moment. Ça permet aussi de... de répondre à des besoins spécifiques, à des attentions qu'eux vont porter sur certaines choses qu'on n'aurait pas soupçonnées si on les avait laissées dans un cadre aseptisé, dans une classe fermée. Et souvent, quand ils progressent d'un côté, ils vont progresser de l'autre. Voilà, tout simplement. Donc, la méthode Montessori, c'est une méthode qui prend en compte le développement et l'épanouissement personnel de chaque élève. Ça, ça répond exactement à ce que j'ai, moi, comme conception de la pédagogie par la nature, c'est que chacun y trouve son compte.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait, mais de toute façon, la pédagogie par la nature, elle est riche de plein d'autres... Elle s'est inspirée de plein de pédagogues qui avaient mis en place des méthodes. D'ailleurs, on parle de méthode. Montessori, c'est une approche globale. C'est une question de posture et d'accompagnement. Ce n'est pas simplement de la manipulation de matériel, ce qui est souvent un raccourci qui est fait. Et c'est vrai que... Les valeurs telles que l'autonomie de l'enfant, le fait de le laisser aller à son rythme, tout ça, c'est des choses qu'on retrouve complètement en pédagogie par la nature, parce que, comme tu le disais, l'environnement naturel permet ça, facilite grandement tout ça.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait, tout à fait. Et l'objectif, en plus, c'est vrai, c'est prendre conscience de ce qui nous entoure, mais c'est prendre confiance aussi. Et la confiance, l'épanouissement personnel, parce que la pédagogie, ces pédagogies sont souvent tournées sur l'autonomie. L'enfant choisit son activité, on lui montre comment la faire, puis il la fait seul en autonomie. C'est exactement ça en fait. En nature, on y va, on y retourne, on apprend, et on découvre, et on devient soi-même capable d'analyser certaines choses. de savoir pourquoi ça se passe comme ça, même la façon de se déplacer est totalement différente. Ce que j'aime moi dans ces pédagogies-là, c'est de retourner semaine après semaine avec les mêmes élèves, parce que là, pour le coup, j'encadre les classes sur toute l'année, et je vois la façon dont ils se comportent, qui est totalement transformée, et c'est un vrai plaisir de se dire qu'une fois que c'est acquis, ils vont le garder toute leur vie. Ça change beaucoup de choses aussi sur leur curiosité, sur leur appétence pour apprendre. sur leur confiance. Et Dieu sait que les problèmes de confiance aujourd'hui dans un système scolaire basique sont quand même très souvent des thèmes dont on entend beaucoup parler parce qu'il y a beaucoup d'enfants qui perdent confiance. Et en extérieur, on reprend confiance aussi.

  • Speaker #1

    Tout à fait, oui. Du coup, pour revenir sur tes ateliers, comment est-ce qu'ils se déroulent ? Est-ce que tu veux bien nous en raconter un que tu as pu proposer récemment ?

  • Speaker #0

    Alors récemment, ces derniers temps, c'est vrai qu'entre les saisons, on n'a pas forcément les mêmes... Les mêmes types d'observations avec les enfants. En atelier nature, par exemple, printemps, été, je réfléchis, j'ai une immense prairie avec des grandes herbes dans lesquelles les enfants adorent se rouler ou se cacher. C'est l'occasion de faire des jeux libres, mais aussi d'observer les différentes fleurs, les différentes stratégies végétales, tout simplement. Ça peut être aussi une façon d'aborder les plantes. différemment. La semaine dernière, on a fait un atelier qui était très intéressant avec les plus jeunes sur la stratégie des plantes et pourquoi elles avaient disparu pendant tout l'hiver et pourquoi elles étaient arrivées tout de suite là au printemps. D'où elles étaient venues. Et pour des petits, donc la classe d'âge, c'était du 3 à 5. Je suis partie, je leur ai expliqué avec des supports que moi je développe sur les bulbes, sur les racines, et expliquer les deux grandes deux. façon de faire pour les plantes, pour garder les nutriments et pour ressortir dès que le soleil arrive, avec le redout. Et on avait une pelle, un plantoir, et on devait aller chercher, en fonction des fleurs que j'avais amenées en carte, retrouver les fleurs et puis deviner si elles étaient avec un bulbe ou avec une racine. Et puis, qu'est-ce qu'il y a d'autre ? Par exemple, comment ça se passe pour les arbres ? Parce que les arbres, ils ne disparaissent pas, on les voit, mais quel est le grand changement ? Ça va être les feuilles, pour beaucoup d'entre eux. Et alors, qu'est-ce qui se passe dans le sol ? Est-ce qu'il n'y a que les plantes qui s'y cachent ? Est-ce qu'il n'y aurait pas aussi des insectes, autre chose, qui profitent du printemps pour ressortir ? Tout ça pour montrer que la nature qui nous entoure, elle continue de vivre, mais elle suit le même rythme que nous. Les saisons, c'est extrêmement important, et les enfants ont tendance aussi à ne pas forcément le ressentir en milieu urbain. Et quand on les met en nature, Moi, j'aime beaucoup leur faire ressentir, utiliser leurs cinq sens, écouter les bruits qui sont très différents en été et en hiver, ressentir le vent beaucoup plus quand il fait froid, sentir quand la terre est mouillée, quand il y a de l'humidité partout. Et ça, c'était des thèmes, par exemple, sur les nuages. qui plaisent énormément aux enfants. Enfin, tout ça, ça semble être un environnement qui, pour nous, est peut-être familier, mais en fait, les enfants mettent rarement des mots dessus.

  • Speaker #1

    Oui, c'est toujours... notamment chez les plus jeunes, ça reste des moments d'émerveillement parce qu'effectivement, ils le voient. Ils sont d'ailleurs bien plus attentifs que nous. Ils n'ont pas besoin de nous pour voir les toutes petites choses. Mais par contre, comme tu dis, de mettre des mots et puis de comprendre ce qui s'y passe, là, on peut être là pour, en tout cas, enrichir leurs questions, les amener aussi à se poser encore plus de questions que ce qu'ils se posent déjà. Et puis... Si les réponses, ils ne les ont pas, leur donner pour qu'eux puissent mettre des mots et puis comprendre l'environnement qui les entoure. D'un point de vue pratique, tu interviens, ce sont des ateliers qui durent combien de temps et est-ce que tu fais ça sur toute l'année ? Combien de fois tu interviens dans les écoles ?

  • Speaker #0

    Alors, dans ces écoles-là, c'est ma troisième année en Montessori, j'interviens une fois par semaine. Dans l'école où je vais, à la Pontoise, cette année, on ne sait qu'une ou deux fois par mois, mais ça m'est arrivé il y a deux ans d'aller à Versailles toutes les semaines. Les ateliers durent entre deux heures et deux heures et demie. L'idée, c'est d'être... Tout dépend aussi si les espaces, des espaces boisés ou naturels, sont... à tenant à l'école aussi un petit temps de trajet. Mais là encore, l'idée c'est d'être vraiment, d'aller dans des lieux qui leur deviennent familiers. et en même temps où ils peuvent eux-mêmes constater les transformations sur le temps, saison après saison, parce que c'est très important pour eux de voir qu'il y a des choses qui changent. Parfois, on a l'impression que ça n'a pas changé pendant des semaines, et puis d'un coup, chaque semaine, il va y avoir quelque chose de nouveau. Et puis même pour les équipes, parce que moi, c'est l'occasion aussi de faire le lien avec les éducatrices. Pour le coup, c'est des éducatrices qui... qui suivent avec moi les classes et qui voient elles-mêmes aussi des potentielles passerelles qu'elles peuvent faire dans le reste du temps où je ne suis pas là, des thèmes qu'elles peuvent aborder, des livres qui peuvent servir de support aussi, des cartes de nomenclature qu'elles peuvent utiliser. à côté, garder le vocabulaire, garder plein de choses sur le plus long terme.

  • Speaker #1

    Ok. Marine, on arrive à la fin de notre échange, mais avant de nous quitter, s'il y a des enseignants, des enseignantes qui nous écoutent, qui sont hors région parisienne ou dans Paris, mais qui n'ont pas encore la chance d'être dans le... les projets de cours d'école Oasis, est-ce que tu aurais quelques conseils à leur proposer, à leur donner, s'ils ont envie de rendre la cour d'école plus vivante, en sachant que, évidemment, les moyens, on sait ce qu'ils sont, et ce ne sera pas la différence des projets de cours d'école Oasis, où il y a du financement, là, c'est souvent un peu de la débrouille, du coup, des choses simples. qu'elles pourraient mettre en place pour rendre ces cours d'école plus vivantes ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est une bonne question. Moi, il m'est arrivé de travailler, par exemple, dans une école avec une association qui s'appelle Nature à bien-être, une école qui était une école maternelle aussi, où ils ont réussi à mettre en place, dans un tout petit espace qui était coincé entre quatre murs, un vrai petit coin jardin pédagogique avec des palettes. De la récup qui avait été faite par les animatrices pendant le centre de loisirs du mercredi. Tout ça en apportant quelques plantes, en achetant des arrosoirs, ou même pas d'ailleurs, on peut tout à fait utiliser des bouteilles de plastique. Il y a un côté récup qui est très important en plus dans le jardin, parce qu'on peut faire beaucoup avec peu. Mais il y a surtout ce côté, cet élan collectif que moi je trouve très très très important. parce que parfois ça peut être une individualité, un enseignant qui se sent plus porté par le projet, qui a envie de le mettre en place, mais plus on arrive à fédérer autour d'un projet, et mieux c'est, tout simplement parce que l'union fait la force, donc plus on est nombreux à déplacer des choses, à imaginer. à mettre en place et puis à amener plusieurs enfants, plusieurs classes sur un temps hebdomadaire. qui puissent faire un roulement, que ce soit de prendre soin de certaines plantes, que ce soit, par exemple, moi j'ai vu des profs faire des terrariums, par exemple, amener des vers de terre dans la classe. En fait, le moindre petit aménagement, mais qui permet de constater, de voir la nature s'épanouir jour après jour, est une initiative en soi déjà de... de prise de conscience et peut servir aussi à développer autre chose derrière, même si, par exemple, le clou du spectacle serait une sortie nature au mois de juin, à la fin de l'année. Mais ça permet de garder toute l'année le fil conducteur naturel. Voilà.

  • Speaker #1

    Eh bien, merci beaucoup pour cet échange. Moi, j'ai appris plein de choses. C'est hyper intéressant. Il y a beaucoup de boulot, du coup, vu toutes les écoles qu'il y a. C'est super que ça se développe. J'espère que ça va aussi inspirer d'autres agglomérations qui vont, à leur tour, prendre le sujet à bras-le-corps et puis développer les moyens qu'il faut. Parce que, tu le disais, on en a besoin. Ne serait-ce que pour supporter les vagues de chaleur qui vont arriver, parce que toute personne qui a vécu en centre-ville, dans des rues où il n'y a pas un seul arbre, parfois sous les toits, c'est assez terrible. Donc là, l'école qui est quand même un lieu où nos enfants passent beaucoup de temps, il est temps qu'on s'en occupe et qu'on trouve des solutions. Donc un grand merci pour tous ces éclairages.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Et écoute, à très bientôt.

  • Speaker #0

    Merci, bonne continuation.

  • Speaker #1

    Toi aussi, Marine.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci à toutes et à tous pour votre écoute. J'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air, voire même, peut-être, une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pédagogieduvivant.fr Vous y trouverez toutes les infos à son sujet ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode et d'ici là, n'oubliez pas sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez, ciao ciao, à bientôt !

Chapters

  • Introduction

    01:10

  • Présentations

    02:19

  • Souvenirs d'enfance en nature

    03:27

  • Parcours professionnel

    04:24

  • Origines du dispositif Oasis

    07:51

  • Principes d'une cour d'école oasis

    11:31

  • Accompagnement post-aménagement

    14:08

  • La cour : espace central à l'école

    17:45

  • Plus qu'une simple végétalisation

    19:03

  • Les retours des enfants

    22:51

  • Matériaux utilisés

    26:14

  • Investissement de la cour par les enfants

    28:11

  • Qui conçoit ces cours ?

    32:10

  • La place de la pédagogie par la nature

    35:05

  • Ateliers nature en école Montessori

    38:57

  • Déroulé des ateliers nature

    43:18

  • Conseils pour rendre une cour vivante

    49:07

  • Remerciements

    52:08

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Description

Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Marine animatrice nature et conceptrice paysagère.


Ensemble, nous avons abordé un sujet que je connaissais peu et qui est pourtant essentiel car il permet de relever d'importants défis auxquelles les villes sont aujourd'hui confrontées : l'aménagement des cours d'école, de la maternelle jusqu'au lycée.

Dans des environnements asphalté, où la chaleur ne cesse de grimper d'année en année, le bien-être des enfants et de l'ensemble des habitants des quartiers est mis à mal.


Pour y faire face, la ville de Paris a lancé un programme « cours oasis » dans le but de repenser l'aménagement des cours d'écoles afin en faire des endroits plus agréables à vivre mais aussi, répondant davantage aux besoins des enfants.


Entre son regard de paysagiste et d'animatrice nature, Marine nous livre un aperçu concret des enjeux qui se jouent derrière ces cours d'école.


Pour en savoir plus sur Marine, rendez-vous sur : www.pedagogieduvivant.fr


Très belle écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeur des écoles, éducateur, animatrice, ces conversations ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif, permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout, à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Marine, animatrice nature et conceptrice paysagère. Avec Marine, nous avons abordé un sujet que je connaissais peu et qui est pourtant essentiel, car il permet de relever d'importants défis auxquels les villes sont aujourd'hui confrontées. Je parle là de l'aménagement des cours d'école, de la maternelle jusqu'au lycée.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    parce que dans des environnements asphaltés, où la chaleur ne cesse de grimper d'année en année, le bien-être des enfants et de l'ensemble des habitants des quartiers est mis à mal. Pour y faire face, la ville de Paris a lancé un programme, Cour Oasis, dans le but de repenser l'aménagement des cours d'école, afin d'en faire des endroits plus agréables à vivre, mais aussi répondant davantage aux besoins des enfants. Entre son regard de paysagiste et d'animatrice nature, Marine nous livre un aperçu concret des enjeux qui se jouent derrière ses cours d'école. Je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Marine !

  • Speaker #1

    Bonjour Claire !

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast, je suis ravie d'être avec toi aujourd'hui. Pour commencer, est-ce que tu veux bien te présenter et dire en quelques mots, pour le moment, ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Alors, merci beaucoup pour ton invitation. Je m'appelle Marine Viguto. Je suis animatrice nature et paysagiste, conceptrice en support pédagogique pour tout ce qui est aménagement de cours d'école et de végétalisation de cours d'école. J'ai une première formation en conception graphique. ma formation en paysagiste étant une réorientation professionnelle que j'ai débutée il y a dix ans maintenant.

  • Speaker #0

    Ok, bon, on va revenir un petit peu sur ton parcours parce qu'effectivement, tu as emprunté plusieurs chemins qui se croisent et qui se complètent. D'abord, sur le podcast, j'ai une question rituelle que je pose à chaque début de conversation. Marine, quels sont tes souvenirs d'enfance en nature ?

  • Speaker #1

    Eh bien, étant une petite parisienne née en plein cœur de la ville, j'ai eu la chance de partir chaque vacances en Bourgogne, où se trouvait la famille de ma maman. Et j'ai des souvenirs de liberté totale que je n'avais pas étant enfermée dans des appartements tout le reste de l'année. Et notamment de zones qui étaient un petit peu délaissées, c'était des friches, devant le jardin de grands-parents qui avaient eu... une maison ouvrier avec des jardins partagés devant. Et le grand jeu, c'était de se perdre dans les jardins partagés. Voilà.

  • Speaker #0

    Ok. Tu l'as dit, du coup, tu as eu plusieurs... Tu as fait une reconversion professionnelle. Est-ce que tu veux bien approfondir un petit peu, nous raconter ton parcours, des formations que tu as eues jusqu'à aujourd'hui, pour qu'on te connaisse un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, alors ça va être... je vais essayer de condenser. Donc, deux formations professionnelles premières, initiales. En effet, je suis graphiste, conceptrice en arts graphiques. J'ai fait les arts déco de Paris. J'ai travaillé pendant plusieurs années dans des milieux design industriel, mode. J'ai fait du merchandising. J'ai fait beaucoup de choses sur l'ordinateur qui m'ont plu à une certaine époque, mais très déconnectée du vivant de manière générale. Je pense que comme beaucoup de personnes, c'est à l'arrivée de mes enfants qu'il y a eu un changement de vision, d'envie, personnelle et professionnelle à la fois. Il se trouve que de par ma vie familiale, j'ai rencontré quelqu'un qui lui vient d'un village de l'Est de la France, donc qui n'avait pas du tout eu la même vie que moi. Quand on élève des enfants, c'est la première chose qu'on se pose comme question, c'est comment on va élever nos enfants. Et par des hasards et des circonstances différentes, je me suis retrouvée à travailler dans une école qu'on appelait une Forest School, en tant que d'abord... professeure d'art, et puis je suis devenue assistante enseignante, c'était assez fantastique. Et là, j'ai découvert la pédagogie par la nature, ayant à moi-même des enfants jeunes à l'époque, et qui ont pas mal participé à cette école, à des temps réguliers. Et j'ai vu les grands bénéfices et les grands bienfaits que ça pouvait leur apporter, et à eux, et à moi. et je me suis posé beaucoup de questions pourquoi nous dans nos écoles en France on n'avait pas cette réflexion sur le besoin de nature qu'ont tous les enfants dès leur plus jeune âge et donc comme j'avais une envie de reconversion professionnelle et que l'enfance était déjà quelque chose que j'avais beaucoup beaucoup rêver de toucher dans mes activités professionnelles précédentes, je me suis dit que reprendre une formation en paysagisme était la plus appropriée, tout simplement parce que la façon de travailler d'un paysagiste est un petit peu la même que celle d'un graphiste, c'est-à-dire on réfléchit à un concept global, à des usages, à un public. On aménage en ayant bien sûr à cœur de répondre au mieux aux attentes des gens pour qui on travaille. Et le public enfant est un public très particulier que j'affectionne particulièrement. Donc voilà, j'ai fait ma formation en paysagisme et je me suis mise à mon compte ensuite en tant qu'auto-entrepreneur pour continuer d'animer des... des ateliers en nature et travailler au sein d'un bureau d'études pour concevoir et revoir toutes les cours de récréation des écoles primaires et maternelles en premier, mais même collèges.

  • Speaker #0

    Justement, par le biais de ton activité en tant que paysagiste, quand on a échangé au début, tu m'as dit que tu créais des supports pédagogiques pour le CAUE de Paris, qui est le Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement, pour l'aménagement des cours d'école, dite OASIS. Alors, je te l'ai dit, moi, je connais très peu de choses sur les cours d'école OASIS, parce que c'est un dispositif... qui, pour le moment en tout cas, est déployée en Ile-de-France. Et moi, j'habite à 700 km de Paris, à la montagne. Donc, jusqu'à présent, j'en avais vraiment entendu parler que de très loin. Donc, en préparant notre échange, je me suis plongée sur le sujet. J'ai déjà appris de trois choses, mais tu vas m'en apprendre plein d'autres. Déjà, pour contextualiser, est-ce que tu pourrais nous dire depuis quand ce dispositif est déployé ? Et qui est-ce qui en a été à l'initiative ?

  • Speaker #1

    Alors, le dispositif, le projet Oasis, en effet, il a commencé, il a été lancé en 2017 par la ville de Paris. A l'origine, c'est surtout pour anticiper les changements climatiques. Il faut dire que ça faisait suite à plusieurs vagues de grosses chaleurs, de canicules répétées sur la ville, et que la réflexion était de se dire que les cours d'école étaient des zones qui emmagasinaient beaucoup de chaleur. et qui potentiellement, si elles étaient toutes remaniées, pouvaient aussi offrir des îlots de fraîcheur régulièrement, non seulement aux... aux élèves pendant les temps scolaires, mais aussi à tous les voisins et tous les gens, les citadins proches d'une école, parce que le maillage est très très serré, la densité d'école à Paris fait qu'on pourrait tout à fait offrir ces espaces qui deviendraient des poumons verts pour la ville en temps de canicule, en dehors des temps scolaires. Ensuite, il y a eu... C'est un financement du Fonds européen du FEDER dès 2018, je crois, qui a permis de lancer l'expérimentation sur une dizaine de cours qui ont été refaites dans l'été 2018-2019. Et depuis chaque année, la Ville de Paris entreprend des travaux. Généralement, ce sont des travaux qui sont lancés chaque été. Et donc à la rentrée, on a de plus en plus d'écoles qui ont été réaménagées. Et moi, j'interviens particulièrement après réaménagement, parce que ce n'est pas une fois que les travaux ont été faits, que ça va se faire d'une manière magique, il faut tout repenser. C'est là que l'aventure commence en fait. C'est là que ça devient passionnant parce que c'est toute une nouvelle manière de vivre dans la cour, de partager la cour et de laisser de la place à la nature surtout.

  • Speaker #0

    Tu dis que chaque année il y a des nouvelles écoles. Est-ce que c'est à l'initiative des écoles ou c'est la ville de Paris qui sélectionne les écoles ?

  • Speaker #1

    Non, c'est la ville de Paris qui choisit chaque année quelles écoles vont être aménagées. Il faut savoir qu'aujourd'hui à Paris, il y a environ 638 écoles maternelles primaires. Plus de 160 collèges, l'idée étant que d'ici plusieurs années, la grande majorité des écoles aient une cour Oasis.

  • Speaker #0

    Ok, d'accord. Alors du coup, c'est quoi les grands principes d'une cour d'école Oasis ?

  • Speaker #1

    Alors, le grand principe, c'est créer des îlots de fraîcheur. Ça, c'est la première chose. C'est d'adopter cette stratégie dont on parle souvent de résilience. pour adapter ces infrastructures et tous les fonctionnements d'une cour pour faire face à ce fameux défi environnemental qui pointe son nez de plus en plus rapidement. Et puis il y a des objectifs quand même, ce n'est pas juste esthétique et le but de tout refaire, c'est aussi dans un objectif d'améliorer la santé globale des enfants, de préserver la biodiversité, de créer un nouveau lien social, de favoriser l'inclusion. d'apporter une certaine éducation aussi à la citoyenneté, à la façon de se comporter dans un espace qui reste un espace public, partagé. Et puis il y a aussi une nouvelle gestion de l'eau, qui est très importante, d'apporter une certaine sobriété aussi de ce côté-là. Et puis le but c'est d'inspirer aussi, et de montrer que le projet tel qu'il est peut tout à fait être réutilisé. repensées sur tout le territoire.

  • Speaker #0

    Et du coup, concrètement, en termes d'aménagement, qu'est-ce qu'on peut y trouver ?

  • Speaker #1

    Les cours Oasis, elles sont d'abord repensées comme des espaces où on redistribue totalement les activités. Très souvent, dans la façon de réfléchir au cours, les équipes des paysagistes et des urbanistes et des architectes du CAUE vont à la rencontre des écoles qui vont être réaménagées et ils vont évaluer, réfléchir, co-construire avec les équipes enseignantes, avec les élèves, avec les éducateurs et les animateurs qui ont envie de participer au projet, parce que c'est un projet collectif avant tout, Ils vont aller voir ce qu'il est possible de faire, ce que les enfants, ce que les adultes ont envie de faire en fonction de leurs besoins, de leurs attentes. Ils vont sensibiliser à pas mal de choses aussi sur la façon de… de repenser cette cour. Et une fois que les plans auront été validés, acceptés, et que les travaux auront été faits, on va les accompagner, nous, pour s'approprier cette cour.

  • Speaker #0

    Et alors, comment se passe cet accompagnement, du coup ? Est-ce que ce sont des rencontres sur des... qui sont régulières sur l'année ? Est-ce que ça se passe juste pendant quelques mois et puis après, une fois que la boîte à outils, je dirais que la dynamique est lancée, vous laissez ça aux écoles ? C'est quoi ton travail au quotidien avec ces écoles une fois que la cour est en place ?

  • Speaker #1

    Alors, mon travail, moi, il est sur toute une année scolaire, sur l'année qui suit la grosse phase travaux post-été. Donc, depuis septembre jusqu'à juin de l'année suivante, en fait, c'est dans la particularité de la ville de Paris, c'est qu'il y a un temps périscolaire qui est inscrit dans les programmes éducatifs chaque mardi et chaque vendredi après-midi. Ça c'était ces fameuses, ce qu'on appelle des TAP, ou des NAP en fonction de certaines écoles dans d'autres villes qui ont pu les garder, mais Paris a conservé ces TAP. Depuis leur mise en place, ça devait être en 2016 ou 2015. Et donc, on a une heure et demie d'atelier avec les enfants. Pour ma part, c'est tous les vendredis, mais ça dépend des écoles. Donc, entre 15h et 16h30, on a des temps d'activité spécifiques, adaptés à la cour, et moi, j'amène des supports. que je propose et que je valide avec l'accord du CAE. Il y a des réflexions toute l'année, on équipe dessus, on échange des données, on échange des livrets, on échange beaucoup de choses. Et on va choisir certains thèmes en fonction de la cour sur laquelle on est détaché, et de la tranche d'âge aussi d'enfants qu'on touche, pour pouvoir les éveiller à la nature, pour pouvoir leur faire toucher un petit peu du doigt ce que c'est que le climat, la biodiversité, le rôle des oiseaux, le rôle des insectes, la plantation, comment jardiner dans une cour. Comment trier les déchets ? On peut brosser énormément de thèmes et la cour sert de point de départ à tout ça. Donc on amène nos livrets, on fait des fabrications, on peut avoir des fabrications collectives comme il peut y avoir des petites... des créations individuelles que les enfants aiment bien ramener aussi, mais le but étant que ces groupes qui vont être interchangeés trois fois dans l'année, à chaque fin de trimestre, puissent toucher le plus d'enfants possible, qui vont être des ambassadeurs de la cour et de la biodiversité dans leur établissement, et puis ça permet, nous, de créer un lien et de montrer un petit peu aux équipes d'animation et aux enseignants. Tout ce qui est possible de faire dans une cour.

  • Speaker #0

    En fait, finalement, ces cours, elles sont aussi pensées derrière pour que les enseignants investissent l'espace avec les enfants en dehors des temps dits de récréation, puisque jusque-là, c'était un peu la conception qu'on avait des cours de récré, c'est le temps de pause, et après, on rentre à l'intérieur, dans le bâtiment pour faire classe, tandis que là, si je comprends bien, L'idée, c'est aussi d'inciter les équipes enseignantes à sortir finalement et à investir cette cour d'école plus que pour des temps de pause.

  • Speaker #1

    Oui, oui, tout à fait. En fait, quand on touche à la cour de l'école, on touche vraiment au lieu de mixité totale. Il y a un grand enjeu environnemental, évidemment. parce qu'il va y avoir ces jeux de changement de revêtement, de jeux de topographie, de nouveaux matériaux qui vont être utilisés. Mais ça participe aussi de manière bien plus générale au développement des compétences des enfants, et souvent des compétences psychosociales d'ailleurs. Il y a le côté psychomoteur, mais il y a aussi le fait que les enfants vont trouver d'autres façons de jouer, d'échanger. de partager ces espaces, d'imaginer énormément. Il y a une partie ludique, mais il y a aussi une partie expérimentation qui est extrêmement importante. Et ça inclut aussi une nouvelle façon pour le personnel éducatif de considérer la cour comme un support réellement, et pas juste comme un lieu, comme tu l'as dit, comme un lieu où on se décharge, on décharge toute son activité et... et puis on rentre ensuite comme si de rien n'était il y a des liens qui peuvent se faire entre l'intérieur et l'extérieur en permanence

  • Speaker #0

    C'est là où on va plus loin. Moi, tu vois, je travaille dans une cité scolaire avec un collège et un lycée. Depuis plusieurs années, il y a un projet de revégétalisation qui a été lancé. Mais finalement, alors il y a un potager qui a été mis en place, mais ça a été principalement, on casse du béton à quelques endroits pour faire des trous, mettre des arbres, alors c'est super, mais c'est vrai que ça se limite à ça. Tandis que là, dans les projets de cours d'école Oasis... On inclut les apprentissages et on prend vraiment en compte les bienfaits que ça apporte au niveau global aux enfants. Et puis derrière aussi aux équipes enseignantes et à tout le personnel de la structure. Parce que travailler dans un tel environnement, ça fait du bien aux enfants, mais ça fait aussi du bien aux adultes. Donc, ce n'est pas simplement planter des arbres et puis faire un coin de potager.

  • Speaker #1

    Non, tout à fait. Surtout que l'idée, évidemment, c'est qu'après la livraison, c'est que toute l'équipe et les enfants participent au côté pérenne du projet. On inclut du vivant depuis le début, mais la cour, elle va survivre, elle va vivre. Il y a des végétaux qui vont se développer. Il va y avoir des équipements qui vont rester installés pendant… des saisons très variées, et elle va forcément changer, changer d'aspect, il va falloir en prendre soin, il va falloir la nettoyer. Ça, c'est un des grands défis des cours Oasis sur le long terme. En général, et ça, c'est l'un des points sur lesquels on insiste énormément au sein du CIE, c'est établir une nouvelle charte d'utilisation de la cour, qui est très importante, parce qu'à partir du moment où la cour a changé d'aspect, et on doit l'utiliser différemment. L'usage est totalement chamboulé, non seulement dans la tête des enfants, mais dans la tête des adultes, et c'est parfois plus difficile de faire comprendre aux adultes qu'aux enfants, d'ailleurs. Donc, il y a des responsabilités à prendre, mais c'est vraiment un projet collectif qui vit et qui perdure grâce à l'engagement de tout le monde. Ça, c'est sûr. Et... Et en même temps, c'est ce qui peut fédérer aussi beaucoup et qui apporte énormément, moi je trouve, dans la façon dont les enfants ont de s'approprier leur environnement. Parce qu'aujourd'hui, on parle très très facilement, quand on commence à animer des ateliers pour la nature, et je pense que tu le connais, ce fameux syndrome de manque de la nature, dont on parle de plus en plus pour les jeunes, de certains troubles du comportement aussi, de harcèlement, de mixité qui ne se font plus, parce que ces espaces qui restent des espaces dans lesquels vivent la majorité du temps les enfants pendant leur temps scolaire, ce sont des espaces dans lesquels on peut se réunir. Au contraire, il pourrait se passer beaucoup de choses. Il peut se passer beaucoup de choses positives. Et que dans les cours très aseptisés qu'on a connus, qui sont totalement surinvestis par des activités sportives, qui créent des tensions, qui repoussent sur les bords les élèves qui n'ont pas envie d'être bousculés, chahutés, qui n'ont pas d'espace pour se reposer, pour discuter, voire pour se cacher, ce qui est tout à fait normal, surtout pour les plus jeunes. tout ça, ça peut totalement être renversé et amélioré juste en réinterprétant et en réappropriant les espaces de manière différente.

  • Speaker #0

    Je voulais justement te demander, toi comme tu arrives une fois que la cour a été aménagée, est-ce que les enfants s'expriment à propos de ce changement ? Comment est-ce qu'ils vivent ce changement de cours d'école ? Et est-ce que c'est facile pour eux de s'adapter à ce nouvel environnement ?

  • Speaker #1

    Les enfants, quand on leur demande comment c'est la nouvelle cour, que ce soit au mois de septembre, au mois de mars, au mois de juin, je pense que 99,9% dira qu'ils aiment bien, qu'ils sont contents. Parce que justement, ils ont une liberté, ils ont les possibilités de mouvement, d'exploration, d'activités différentes qu'ils n'avaient pas avant. Il faut savoir que dans les cours, on... On cherche à créer des espaces dynamiques, autant que des espaces de calme, d'observation, de repos. Apporter de la nature, ça apporte aussi beaucoup de choses qui est propice à des moments de détente dont ont besoin les enfants. Ce n'est pas parce que c'est un temps de récréation qu'il faut forcément avoir envie de courir ou taper dans un ballon. pendant les 45 minutes de pause du déjeuner. C'est aussi des moments d'échange, et ils en profitent énormément parce qu'il y a beaucoup de mobilier, beaucoup d'équipement qui est apporté pour pouvoir échanger et se retrouver. Et puis le contact avec des matières naturelles qui leur font énormément de bien. En revanche, et là c'est ce à quoi nous on assiste et sur lequel le CAU est très très... Les impliqués, c'est sur le dialogue avec les équipes enseignantes et les adultes, les parents d'élèves, qui eux ont parfois des retours, on a autant de positifs que de négatifs. je pense, mais il y a aussi beaucoup de changements et de prises de conscience, et ça c'est bien de se rendre compte que sur le long terme, ça modifie aussi quand même beaucoup les comportements des enfants, il y a un vrai bienfait, il y a des vraies transformations. Et ça les prépare aussi à ce que ça va être des périodes de chaud, des périodes de froid, à tous ces enjeux environnementaux dont ils entendent parler assez tôt aujourd'hui. Et ça, ça peut tout à fait les aider à être conscient de ce que c'est que de prendre soin de son environnement.

  • Speaker #0

    C'est sûr qu'il y a un vrai travail de fond et qui pourrait être long auprès des familles. Et on le sent, même en zone rurale, il y a encore des craintes. Il y a encore, je pense notamment au fait de se salir. C'est quelque chose qui dérange encore des familles, que les enfants puissent tâcher les vêtements, ce genre de choses. Et là, c'est vrai que ce sont souvent les retours qui peuvent être faits aux équipes. Et petit à petit, les choses vont se faire, ça va changer, mais c'est beaucoup d'explications. Il faut aborder les choses autrement, mais c'est sûr que ça demande du temps. Et justement, en t'écoutant, on n'a pas parlé des matériaux et des éléments qu'il y a. Par quoi est-ce que l'asphalte est remplacée dans les cours ?

  • Speaker #1

    L'asphalte peut être conservée. En fait, dans un projet de végétalisation de cours, on doit apporter un certain pourcentage d'espace perméable. La perméabilité, c'est l'une des autres raisons pour lesquelles le projet Oasis... Il y a une nouvelle gestion des eaux, puisque les parcelles qui étaient jusqu'alors totalement imperméables, parce qu'elles étaient remplies de bitume, en temps de pluie, de forte pluie ou autre, comme ça peut arriver aussi aujourd'hui beaucoup en région parisienne. Toutes ces eaux allaient surcharger les réseaux d'assainissement. Pour éviter ces surcharges, il faut aujourd'hui, avec le plan de gestion d'eau de la ville de Paris, il faut infiltrer au maximum ces eaux. Le choix de revêtements perméables, comme des copeaux, c'est très souvent ce qui est utilisé parce que ça sert aussi de sol amortissant pour les jeux. Il y a plein d'autres types, il peut y avoir du sable, il peut y avoir des graviers, mais ça c'est beaucoup plus rare, il peut y avoir des bétons d'hydraînant, il peut y avoir beaucoup de choses, mais il y a surtout de la pleine terre, et c'est ça le matériau le plus utilisé, c'est de laisser les espaces végétaux en pleine terre, qui jouent là leur rôle totalement pour canaliser ces eaux, et pour apporter beaucoup de fraîcheur aussi en temps de pic de chaleur.

  • Speaker #0

    Et on imagine que notamment dans les écoles maternelles, quand j'imagine une cour dans laquelle il y a des copeaux, des cailloux et ce genre de choses, en termes d'activité, de transvasement, mais ils doivent se régaler. Quand on sait à cet âge-là que c'est leur activité principale, ils adorent ça. C'est vraiment un terrain de jeu très simple finalement, mais qui doit bien les occuper quand même.

  • Speaker #1

    Ah oui, oui, oui. C'est là, moi, je pense que c'est... C'est ma troisième année au CAUE, j'en suis à ma deuxième ou troisième maternelle. Je l'ai fait avec d'autres associations de permaculture, donc en maternelle aussi, et j'ai des maternelles Montessori aussi à côté. Je sais exactement, c'est des tranches d'âge qui sont particulièrement réceptives aux changements. Quels que soient les supports de jeu, tous les matériaux naturels sont évidemment source d'inspiration pour eux. En revanche, c'est tout le paradoxe, c'est que bien sûr pour les personnels encadrants et pour les parents, c'est beaucoup plus difficile à comprendre que l'enfant était bien propre le matin et rentre beaucoup moins propre le soir. Mais ça, ça fait partie du développement moteur d'un enfant et c'est plutôt bon de savoir qu'un enfant s'est amusé et a expérimenté des choses dans la journée. de la même manière que moi je me souviens d'avoir travaillé dans cette forest school où il y avait beaucoup de parents anglais anglophones et germanophones qui nous donnaient Les bottes le matin quand il pleuvait en disant amusez-vous bien, ça va être super comme journée. Alors que quand on est en France et que...

  • Speaker #0

    On arrive dans une maternelle et qu'on dit il pleut, les parents ils ne vont pas aller dehors aujourd'hui, il pleut. Bah si en fait, il faudrait qu'ils aillent dehors, ça serait mieux quand même. Ils seront moins propres, mais ils vont tout autant s'amuser.

  • Speaker #1

    Même plus que quand il fait beau, parce que la pluie, là aussi, ça plaît beaucoup aux jeunes enfants, notamment, mais aux plus grands aussi. Après, tout est question de D'habitude ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Je pense que c'est surtout le changement de regard qu'il faut accompagner le plus. C'est vraiment ce grand bouleversement qui fait que pour beaucoup, ça reste une limite encore. Ça reste quelque chose de... compliqué à comprendre, mais en fait, il faut accepter que dans ces cours-là, il y a des nouvelles façons de se comporter, mais surtout, on laisse toute la place à la nature, et la nature, ce n'est pas fait pour être propre. Ce n'est pas le but. En revanche, elle rend d'autres services, et il faut comprendre pourquoi on a mis de la nature. Encore une fois, ce n'est pas un jardin partagé. Ce n'est pas un jardin... On ne choisit pas les essences en fonction de leur côté esthétique, ni autre. Donc, il y a... Il y a toute une réflexion et ça on l'accompagne aussi en atelier. Pourquoi on a mis tel matériau à tel endroit ? Pourquoi on a mis tel végétaux à tel endroit ? Ceux qui auront les pieds dans l'eau sont différents de ceux qui sont dans les bacs jardinés. Ceux qui sont en plein soleil, bien évidemment, ne seront pas les mêmes que ceux qui sont à l'ombre. Et tout ça, les enfants, même les plus jeunes, sont tout à fait capables de le comprendre très rapidement. Il suffit de l'expliquer et de savoir pourquoi ils sont là. et de comprendre aussi qu'il y a des zones les copeaux doivent rester dans les zones à copeaux tout simplement parce que quand il n'y a plus de copeaux il y a de la boue ça fait plus mal quand on descend du toboggan il y a des flacs donc ça fait partie des chantiers participatifs, collectifs de nettoyage de prendre soin et prendre soin de la nature c'est un vrai challenge oui bien sûr

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu parlais du développement de l'enfant. Ça m'a amené une question. Ces cours d'école sont pensés par des architectes, des urbanistes, tout un ensemble de personnes qui conçoivent les aménagements extérieurs. Est-ce que le CAE s'appuie aussi sur, par exemple, des psychomotriciens, des personnes qui accompagnent des enfants pour penser ces aménagements ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Il y a beaucoup d'ateliers de co-conception où on fait appel à chaque fois. Les architectes rencontrent d'abord tous les personnels encadrants dans chacune des écoles. Ça, c'est quelque chose d'extrêmement important parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, on a peut-être tendance aussi à penser que le projet Oasis, quel que soit le type de cours et de personnes, de populations. Sur elle-même, c'est tout le contraire. Chaque projet est très différent. Chaque architecte ou paysagiste qui s'engage dans le projet prend totalement en compte les attentes, les demandes, les besoins de chacune des équipes, des enfants. La configuration des cours est à chaque fois totalement différente aussi. Et puis il y a des dynamiques pédagogiques dans chaque école qui sont différentes aussi. Il y a des équipes qui sont très engagées déjà, qui savent exactement ce qu'ils voudraient, comment ils vont utiliser les espaces. Il y en a d'autres qui ont besoin d'être plus accompagnées. Et puis en dehors des cours et autres, il y a beaucoup de temps d'échange. de temps avec des associations qui peuvent venir sur place. Je pense à des conférences aussi que le CLAU organise souvent. Il y en a une qui va se faire, normalement, ça devait être hier, ou c'était tout récent, concernant la prise de risque, de manière générale. Et ça fait partie aussi de ces thèmes qui reviennent souvent et qui permettent à des professionnels de la petite enfance de venir échanger, d'expliquer un petit peu. ce que c'est qu'un développement d'enfant en bas âge, surtout sur les maternelles, mais aussi sur les CP. Quand on est dans une école primaire, entre le CP et le CM2, on a quand même un grand laps de temps de découverte et on n'a pas les mêmes envies, les mêmes besoins, on n'a pas la même dextérité, on n'a pas la même façon de se déplacer. Et tout ça dans une cour qui est dite Oasis. c'est pris en compte aussi.

  • Speaker #1

    Ok. Aujourd'hui, il y a une dynamique qui s'installe dans de plus en plus d'écoles qui amène les enseignants à faire classe dehors. Alors, il y a plein de manières de le faire. Sur le podcast, j'ai déjà reçu plusieurs enseignantes. Chacune a une pratique différente. Toi qui as travaillé en Forest School, qui es formée à la pédagogie par la nature. Comment est-ce qu'on peut amener cette pédagogie par la nature ? Comment est-ce qu'elle peut se concrétiser dans une cour d'école ? Il se fait à quel endroit le travail, l'accompagnement que tu peux faire pour partager tous les piliers de la pédagogie par la nature et que ce ne soit pas simplement, je dis simplement... Pour faire la différence, c'est déjà très bien d'amener les cahiers dehors, parce que c'est autre chose, la pédagogie par la nature, c'est quelque chose de plus poussé que juste passer du temps en extérieur.

  • Speaker #0

    Oui, déjà le principe d'une forest school, c'est d'offrir une exposition quasi quotidienne en milieu naturel à des enfants, chose qui est évidemment difficile à faire dans un milieu citadin. Et certains pourraient dire que par exemple, installer des gradins ou des rondins de bois dans une cour pourrait suffire à faire forest school. Ce n'est pas le principe, en effet. Déjà, de leur offrir de pouvoir faire des choses dehors, avoir des vrais temps d'apprentissage en extérieur, en prenant d'autres positions, déjà, c'est énorme, c'est une grande chance. Mais c'est vrai que le temps de Forest School, c'est un engagement sur toute une année, sur plusieurs années, et c'est une inspiration. C'est un mouvement qui voudrait qu'on garde un contact régulier et prolongé. C'est surtout ça avec la nature. Et se familiariser avec son environnement, développer d'autres types d'aptitudes, d'autres capacités, d'autres compétences, c'est encore autre chose. Mais les apprentissages en extérieur, c'est très bien qu'il y ait de plus en plus d'enseignants et d'enseignantes qui renouent avec ça. Je pense qu'on l'avait perdu, mais il y a énormément de pédagogies alternatives qui en parlent depuis très longtemps. Il y a les Montessori, il y a les Steiner, il y a les Waldorf, il y a plein qui allaient freiner, pour qui la nature avait déjà énormément de place dans l'enseignement, et pas juste pour de la biologie, mais de manière générale. Et en tant que dans les mouvements de classe dehors, on se rend compte qu'il est parfois tout à fait possible d'adapter un programme de mathématiques de science bien évidemment, mais on peut aussi faire de la littérature, on peut étudier des textes. Moi j'ai des souvenirs de Forest School où on prenait des livres qui parlaient de nature justement, parce que la plupart de la littérature pour enfants prend forme dans des milieux naturels. On parle d'animaux très souvent, tout ce qui est les fables de la fontaine, c'est quand même beaucoup plus facile de se l'imaginer quand on est dehors. Il y a énormément de choses qui peuvent se faire dehors et ça fait résonance dans la tête des enfants, dans leur esprit, ça prend forme. Et c'est ça qui est hyper intéressant parce qu'il y a la partie sensorielle qui est aussi importante et qui participe à tous les apprentissages.

  • Speaker #1

    Oui, je te rejoins complètement. Dans les activités que tu as aujourd'hui, quand on a... Préparer l'épisode, tu m'as dit que tu travaillais aussi au sein d'école Montessori, que tu animes des ateliers nature. Alors déjà, la première question que j'ai envie de te poser, c'est est-ce qu'il y a une raison au fait de proposer ces animations uniquement en école Montessori ?

  • Speaker #0

    Non, pas spécialement. Mais en fait, la Forest School où j'avais commencé de travailler, les deux premières années de sa création, elle a été créée en 2008. Elle avait été labellisée Montessori au tout début, tout simplement parce que l'une des premières enseignantes qui avait travaillé était formée à la pédagogie Montessori. Ça m'a permis de découvrir pas mal de choses, notamment sur le... sur le matériel utilisé. C'est vrai que tout simplement d'arriver dans une classe avec des équipements en bois, où on va faire rentrer la nature plus facilement, ça fait déjà toute la différence. Et puis après, je me suis moi-même renseignée, j'ai découvert d'autres pédagogies. qu'on dit alternative parce que je trouvais que justement c'était très adapté pour les enfants qui, qu'on pourrait dire, ne pas coller à la norme dans les apprentissages tels qu'on les imagine aujourd'hui en France. On a tendance à vouloir appliquer une seule façon d'apprendre pour un seul type de public et on se rend compte bien évidemment qu'il y a énormément d'enfants qui ont besoin d'autre chose et l'apprentissage en extérieur. ça répond à beaucoup de besoins pour ces enfants en particulier, et pour les petits, pour les plus jeunes, qui n'ont pas la même façon de se développer, d'apprendre tous au même niveau, au même moment. Ça permet aussi de... de répondre à des besoins spécifiques, à des attentions qu'eux vont porter sur certaines choses qu'on n'aurait pas soupçonnées si on les avait laissées dans un cadre aseptisé, dans une classe fermée. Et souvent, quand ils progressent d'un côté, ils vont progresser de l'autre. Voilà, tout simplement. Donc, la méthode Montessori, c'est une méthode qui prend en compte le développement et l'épanouissement personnel de chaque élève. Ça, ça répond exactement à ce que j'ai, moi, comme conception de la pédagogie par la nature, c'est que chacun y trouve son compte.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait, mais de toute façon, la pédagogie par la nature, elle est riche de plein d'autres... Elle s'est inspirée de plein de pédagogues qui avaient mis en place des méthodes. D'ailleurs, on parle de méthode. Montessori, c'est une approche globale. C'est une question de posture et d'accompagnement. Ce n'est pas simplement de la manipulation de matériel, ce qui est souvent un raccourci qui est fait. Et c'est vrai que... Les valeurs telles que l'autonomie de l'enfant, le fait de le laisser aller à son rythme, tout ça, c'est des choses qu'on retrouve complètement en pédagogie par la nature, parce que, comme tu le disais, l'environnement naturel permet ça, facilite grandement tout ça.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait, tout à fait. Et l'objectif, en plus, c'est vrai, c'est prendre conscience de ce qui nous entoure, mais c'est prendre confiance aussi. Et la confiance, l'épanouissement personnel, parce que la pédagogie, ces pédagogies sont souvent tournées sur l'autonomie. L'enfant choisit son activité, on lui montre comment la faire, puis il la fait seul en autonomie. C'est exactement ça en fait. En nature, on y va, on y retourne, on apprend, et on découvre, et on devient soi-même capable d'analyser certaines choses. de savoir pourquoi ça se passe comme ça, même la façon de se déplacer est totalement différente. Ce que j'aime moi dans ces pédagogies-là, c'est de retourner semaine après semaine avec les mêmes élèves, parce que là, pour le coup, j'encadre les classes sur toute l'année, et je vois la façon dont ils se comportent, qui est totalement transformée, et c'est un vrai plaisir de se dire qu'une fois que c'est acquis, ils vont le garder toute leur vie. Ça change beaucoup de choses aussi sur leur curiosité, sur leur appétence pour apprendre. sur leur confiance. Et Dieu sait que les problèmes de confiance aujourd'hui dans un système scolaire basique sont quand même très souvent des thèmes dont on entend beaucoup parler parce qu'il y a beaucoup d'enfants qui perdent confiance. Et en extérieur, on reprend confiance aussi.

  • Speaker #1

    Tout à fait, oui. Du coup, pour revenir sur tes ateliers, comment est-ce qu'ils se déroulent ? Est-ce que tu veux bien nous en raconter un que tu as pu proposer récemment ?

  • Speaker #0

    Alors récemment, ces derniers temps, c'est vrai qu'entre les saisons, on n'a pas forcément les mêmes... Les mêmes types d'observations avec les enfants. En atelier nature, par exemple, printemps, été, je réfléchis, j'ai une immense prairie avec des grandes herbes dans lesquelles les enfants adorent se rouler ou se cacher. C'est l'occasion de faire des jeux libres, mais aussi d'observer les différentes fleurs, les différentes stratégies végétales, tout simplement. Ça peut être aussi une façon d'aborder les plantes. différemment. La semaine dernière, on a fait un atelier qui était très intéressant avec les plus jeunes sur la stratégie des plantes et pourquoi elles avaient disparu pendant tout l'hiver et pourquoi elles étaient arrivées tout de suite là au printemps. D'où elles étaient venues. Et pour des petits, donc la classe d'âge, c'était du 3 à 5. Je suis partie, je leur ai expliqué avec des supports que moi je développe sur les bulbes, sur les racines, et expliquer les deux grandes deux. façon de faire pour les plantes, pour garder les nutriments et pour ressortir dès que le soleil arrive, avec le redout. Et on avait une pelle, un plantoir, et on devait aller chercher, en fonction des fleurs que j'avais amenées en carte, retrouver les fleurs et puis deviner si elles étaient avec un bulbe ou avec une racine. Et puis, qu'est-ce qu'il y a d'autre ? Par exemple, comment ça se passe pour les arbres ? Parce que les arbres, ils ne disparaissent pas, on les voit, mais quel est le grand changement ? Ça va être les feuilles, pour beaucoup d'entre eux. Et alors, qu'est-ce qui se passe dans le sol ? Est-ce qu'il n'y a que les plantes qui s'y cachent ? Est-ce qu'il n'y aurait pas aussi des insectes, autre chose, qui profitent du printemps pour ressortir ? Tout ça pour montrer que la nature qui nous entoure, elle continue de vivre, mais elle suit le même rythme que nous. Les saisons, c'est extrêmement important, et les enfants ont tendance aussi à ne pas forcément le ressentir en milieu urbain. Et quand on les met en nature, Moi, j'aime beaucoup leur faire ressentir, utiliser leurs cinq sens, écouter les bruits qui sont très différents en été et en hiver, ressentir le vent beaucoup plus quand il fait froid, sentir quand la terre est mouillée, quand il y a de l'humidité partout. Et ça, c'était des thèmes, par exemple, sur les nuages. qui plaisent énormément aux enfants. Enfin, tout ça, ça semble être un environnement qui, pour nous, est peut-être familier, mais en fait, les enfants mettent rarement des mots dessus.

  • Speaker #1

    Oui, c'est toujours... notamment chez les plus jeunes, ça reste des moments d'émerveillement parce qu'effectivement, ils le voient. Ils sont d'ailleurs bien plus attentifs que nous. Ils n'ont pas besoin de nous pour voir les toutes petites choses. Mais par contre, comme tu dis, de mettre des mots et puis de comprendre ce qui s'y passe, là, on peut être là pour, en tout cas, enrichir leurs questions, les amener aussi à se poser encore plus de questions que ce qu'ils se posent déjà. Et puis... Si les réponses, ils ne les ont pas, leur donner pour qu'eux puissent mettre des mots et puis comprendre l'environnement qui les entoure. D'un point de vue pratique, tu interviens, ce sont des ateliers qui durent combien de temps et est-ce que tu fais ça sur toute l'année ? Combien de fois tu interviens dans les écoles ?

  • Speaker #0

    Alors, dans ces écoles-là, c'est ma troisième année en Montessori, j'interviens une fois par semaine. Dans l'école où je vais, à la Pontoise, cette année, on ne sait qu'une ou deux fois par mois, mais ça m'est arrivé il y a deux ans d'aller à Versailles toutes les semaines. Les ateliers durent entre deux heures et deux heures et demie. L'idée, c'est d'être... Tout dépend aussi si les espaces, des espaces boisés ou naturels, sont... à tenant à l'école aussi un petit temps de trajet. Mais là encore, l'idée c'est d'être vraiment, d'aller dans des lieux qui leur deviennent familiers. et en même temps où ils peuvent eux-mêmes constater les transformations sur le temps, saison après saison, parce que c'est très important pour eux de voir qu'il y a des choses qui changent. Parfois, on a l'impression que ça n'a pas changé pendant des semaines, et puis d'un coup, chaque semaine, il va y avoir quelque chose de nouveau. Et puis même pour les équipes, parce que moi, c'est l'occasion aussi de faire le lien avec les éducatrices. Pour le coup, c'est des éducatrices qui... qui suivent avec moi les classes et qui voient elles-mêmes aussi des potentielles passerelles qu'elles peuvent faire dans le reste du temps où je ne suis pas là, des thèmes qu'elles peuvent aborder, des livres qui peuvent servir de support aussi, des cartes de nomenclature qu'elles peuvent utiliser. à côté, garder le vocabulaire, garder plein de choses sur le plus long terme.

  • Speaker #1

    Ok. Marine, on arrive à la fin de notre échange, mais avant de nous quitter, s'il y a des enseignants, des enseignantes qui nous écoutent, qui sont hors région parisienne ou dans Paris, mais qui n'ont pas encore la chance d'être dans le... les projets de cours d'école Oasis, est-ce que tu aurais quelques conseils à leur proposer, à leur donner, s'ils ont envie de rendre la cour d'école plus vivante, en sachant que, évidemment, les moyens, on sait ce qu'ils sont, et ce ne sera pas la différence des projets de cours d'école Oasis, où il y a du financement, là, c'est souvent un peu de la débrouille, du coup, des choses simples. qu'elles pourraient mettre en place pour rendre ces cours d'école plus vivantes ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est une bonne question. Moi, il m'est arrivé de travailler, par exemple, dans une école avec une association qui s'appelle Nature à bien-être, une école qui était une école maternelle aussi, où ils ont réussi à mettre en place, dans un tout petit espace qui était coincé entre quatre murs, un vrai petit coin jardin pédagogique avec des palettes. De la récup qui avait été faite par les animatrices pendant le centre de loisirs du mercredi. Tout ça en apportant quelques plantes, en achetant des arrosoirs, ou même pas d'ailleurs, on peut tout à fait utiliser des bouteilles de plastique. Il y a un côté récup qui est très important en plus dans le jardin, parce qu'on peut faire beaucoup avec peu. Mais il y a surtout ce côté, cet élan collectif que moi je trouve très très très important. parce que parfois ça peut être une individualité, un enseignant qui se sent plus porté par le projet, qui a envie de le mettre en place, mais plus on arrive à fédérer autour d'un projet, et mieux c'est, tout simplement parce que l'union fait la force, donc plus on est nombreux à déplacer des choses, à imaginer. à mettre en place et puis à amener plusieurs enfants, plusieurs classes sur un temps hebdomadaire. qui puissent faire un roulement, que ce soit de prendre soin de certaines plantes, que ce soit, par exemple, moi j'ai vu des profs faire des terrariums, par exemple, amener des vers de terre dans la classe. En fait, le moindre petit aménagement, mais qui permet de constater, de voir la nature s'épanouir jour après jour, est une initiative en soi déjà de... de prise de conscience et peut servir aussi à développer autre chose derrière, même si, par exemple, le clou du spectacle serait une sortie nature au mois de juin, à la fin de l'année. Mais ça permet de garder toute l'année le fil conducteur naturel. Voilà.

  • Speaker #1

    Eh bien, merci beaucoup pour cet échange. Moi, j'ai appris plein de choses. C'est hyper intéressant. Il y a beaucoup de boulot, du coup, vu toutes les écoles qu'il y a. C'est super que ça se développe. J'espère que ça va aussi inspirer d'autres agglomérations qui vont, à leur tour, prendre le sujet à bras-le-corps et puis développer les moyens qu'il faut. Parce que, tu le disais, on en a besoin. Ne serait-ce que pour supporter les vagues de chaleur qui vont arriver, parce que toute personne qui a vécu en centre-ville, dans des rues où il n'y a pas un seul arbre, parfois sous les toits, c'est assez terrible. Donc là, l'école qui est quand même un lieu où nos enfants passent beaucoup de temps, il est temps qu'on s'en occupe et qu'on trouve des solutions. Donc un grand merci pour tous ces éclairages.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Et écoute, à très bientôt.

  • Speaker #0

    Merci, bonne continuation.

  • Speaker #1

    Toi aussi, Marine.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci à toutes et à tous pour votre écoute. J'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air, voire même, peut-être, une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pédagogieduvivant.fr Vous y trouverez toutes les infos à son sujet ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode et d'ici là, n'oubliez pas sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez, ciao ciao, à bientôt !

Chapters

  • Introduction

    01:10

  • Présentations

    02:19

  • Souvenirs d'enfance en nature

    03:27

  • Parcours professionnel

    04:24

  • Origines du dispositif Oasis

    07:51

  • Principes d'une cour d'école oasis

    11:31

  • Accompagnement post-aménagement

    14:08

  • La cour : espace central à l'école

    17:45

  • Plus qu'une simple végétalisation

    19:03

  • Les retours des enfants

    22:51

  • Matériaux utilisés

    26:14

  • Investissement de la cour par les enfants

    28:11

  • Qui conçoit ces cours ?

    32:10

  • La place de la pédagogie par la nature

    35:05

  • Ateliers nature en école Montessori

    38:57

  • Déroulé des ateliers nature

    43:18

  • Conseils pour rendre une cour vivante

    49:07

  • Remerciements

    52:08

Description

Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Marine animatrice nature et conceptrice paysagère.


Ensemble, nous avons abordé un sujet que je connaissais peu et qui est pourtant essentiel car il permet de relever d'importants défis auxquelles les villes sont aujourd'hui confrontées : l'aménagement des cours d'école, de la maternelle jusqu'au lycée.

Dans des environnements asphalté, où la chaleur ne cesse de grimper d'année en année, le bien-être des enfants et de l'ensemble des habitants des quartiers est mis à mal.


Pour y faire face, la ville de Paris a lancé un programme « cours oasis » dans le but de repenser l'aménagement des cours d'écoles afin en faire des endroits plus agréables à vivre mais aussi, répondant davantage aux besoins des enfants.


Entre son regard de paysagiste et d'animatrice nature, Marine nous livre un aperçu concret des enjeux qui se jouent derrière ces cours d'école.


Pour en savoir plus sur Marine, rendez-vous sur : www.pedagogieduvivant.fr


Très belle écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast Enfance en Nature, le podcast qui parle d'éducation en plein air. Je m'appelle Claire et chaque semaine, je reçois ici un ou une pédagogue qui nous partage son expérience en matière d'éducation hors des murs. Famille, professeur des écoles, éducateur, animatrice, ces conversations ont pour but de transmettre et diffuser des pratiques diverses et variées qui tendent toutes vers un objectif, permettre aux enfants de passer un maximum de temps en extérieur et plus particulièrement au contact de la nature. Si vous souhaitez soutenir le podcast, n'hésitez pas à laisser un avis ou 5 étoiles sur votre plateforme d'écoute et surtout, surtout, à le partager autour de vous pour disséminer les graines de l'éducation en plein air. Je vous souhaite une très belle écoute. Aujourd'hui, je vous propose un échange avec Marine, animatrice nature et conceptrice paysagère. Avec Marine, nous avons abordé un sujet que je connaissais peu et qui est pourtant essentiel, car il permet de relever d'importants défis auxquels les villes sont aujourd'hui confrontées. Je parle là de l'aménagement des cours d'école, de la maternelle jusqu'au lycée.

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    parce que dans des environnements asphaltés, où la chaleur ne cesse de grimper d'année en année, le bien-être des enfants et de l'ensemble des habitants des quartiers est mis à mal. Pour y faire face, la ville de Paris a lancé un programme, Cour Oasis, dans le but de repenser l'aménagement des cours d'école, afin d'en faire des endroits plus agréables à vivre, mais aussi répondant davantage aux besoins des enfants. Entre son regard de paysagiste et d'animatrice nature, Marine nous livre un aperçu concret des enjeux qui se jouent derrière ses cours d'école. Je vous souhaite une très belle écoute. Bonjour Marine !

  • Speaker #1

    Bonjour Claire !

  • Speaker #0

    Bienvenue sur le podcast, je suis ravie d'être avec toi aujourd'hui. Pour commencer, est-ce que tu veux bien te présenter et dire en quelques mots, pour le moment, ce que tu fais dans la vie ?

  • Speaker #1

    Alors, merci beaucoup pour ton invitation. Je m'appelle Marine Viguto. Je suis animatrice nature et paysagiste, conceptrice en support pédagogique pour tout ce qui est aménagement de cours d'école et de végétalisation de cours d'école. J'ai une première formation en conception graphique. ma formation en paysagiste étant une réorientation professionnelle que j'ai débutée il y a dix ans maintenant.

  • Speaker #0

    Ok, bon, on va revenir un petit peu sur ton parcours parce qu'effectivement, tu as emprunté plusieurs chemins qui se croisent et qui se complètent. D'abord, sur le podcast, j'ai une question rituelle que je pose à chaque début de conversation. Marine, quels sont tes souvenirs d'enfance en nature ?

  • Speaker #1

    Eh bien, étant une petite parisienne née en plein cœur de la ville, j'ai eu la chance de partir chaque vacances en Bourgogne, où se trouvait la famille de ma maman. Et j'ai des souvenirs de liberté totale que je n'avais pas étant enfermée dans des appartements tout le reste de l'année. Et notamment de zones qui étaient un petit peu délaissées, c'était des friches, devant le jardin de grands-parents qui avaient eu... une maison ouvrier avec des jardins partagés devant. Et le grand jeu, c'était de se perdre dans les jardins partagés. Voilà.

  • Speaker #0

    Ok. Tu l'as dit, du coup, tu as eu plusieurs... Tu as fait une reconversion professionnelle. Est-ce que tu veux bien approfondir un petit peu, nous raconter ton parcours, des formations que tu as eues jusqu'à aujourd'hui, pour qu'on te connaisse un peu plus ?

  • Speaker #1

    Oui, alors ça va être... je vais essayer de condenser. Donc, deux formations professionnelles premières, initiales. En effet, je suis graphiste, conceptrice en arts graphiques. J'ai fait les arts déco de Paris. J'ai travaillé pendant plusieurs années dans des milieux design industriel, mode. J'ai fait du merchandising. J'ai fait beaucoup de choses sur l'ordinateur qui m'ont plu à une certaine époque, mais très déconnectée du vivant de manière générale. Je pense que comme beaucoup de personnes, c'est à l'arrivée de mes enfants qu'il y a eu un changement de vision, d'envie, personnelle et professionnelle à la fois. Il se trouve que de par ma vie familiale, j'ai rencontré quelqu'un qui lui vient d'un village de l'Est de la France, donc qui n'avait pas du tout eu la même vie que moi. Quand on élève des enfants, c'est la première chose qu'on se pose comme question, c'est comment on va élever nos enfants. Et par des hasards et des circonstances différentes, je me suis retrouvée à travailler dans une école qu'on appelait une Forest School, en tant que d'abord... professeure d'art, et puis je suis devenue assistante enseignante, c'était assez fantastique. Et là, j'ai découvert la pédagogie par la nature, ayant à moi-même des enfants jeunes à l'époque, et qui ont pas mal participé à cette école, à des temps réguliers. Et j'ai vu les grands bénéfices et les grands bienfaits que ça pouvait leur apporter, et à eux, et à moi. et je me suis posé beaucoup de questions pourquoi nous dans nos écoles en France on n'avait pas cette réflexion sur le besoin de nature qu'ont tous les enfants dès leur plus jeune âge et donc comme j'avais une envie de reconversion professionnelle et que l'enfance était déjà quelque chose que j'avais beaucoup beaucoup rêver de toucher dans mes activités professionnelles précédentes, je me suis dit que reprendre une formation en paysagisme était la plus appropriée, tout simplement parce que la façon de travailler d'un paysagiste est un petit peu la même que celle d'un graphiste, c'est-à-dire on réfléchit à un concept global, à des usages, à un public. On aménage en ayant bien sûr à cœur de répondre au mieux aux attentes des gens pour qui on travaille. Et le public enfant est un public très particulier que j'affectionne particulièrement. Donc voilà, j'ai fait ma formation en paysagisme et je me suis mise à mon compte ensuite en tant qu'auto-entrepreneur pour continuer d'animer des... des ateliers en nature et travailler au sein d'un bureau d'études pour concevoir et revoir toutes les cours de récréation des écoles primaires et maternelles en premier, mais même collèges.

  • Speaker #0

    Justement, par le biais de ton activité en tant que paysagiste, quand on a échangé au début, tu m'as dit que tu créais des supports pédagogiques pour le CAUE de Paris, qui est le Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement, pour l'aménagement des cours d'école, dite OASIS. Alors, je te l'ai dit, moi, je connais très peu de choses sur les cours d'école OASIS, parce que c'est un dispositif... qui, pour le moment en tout cas, est déployée en Ile-de-France. Et moi, j'habite à 700 km de Paris, à la montagne. Donc, jusqu'à présent, j'en avais vraiment entendu parler que de très loin. Donc, en préparant notre échange, je me suis plongée sur le sujet. J'ai déjà appris de trois choses, mais tu vas m'en apprendre plein d'autres. Déjà, pour contextualiser, est-ce que tu pourrais nous dire depuis quand ce dispositif est déployé ? Et qui est-ce qui en a été à l'initiative ?

  • Speaker #1

    Alors, le dispositif, le projet Oasis, en effet, il a commencé, il a été lancé en 2017 par la ville de Paris. A l'origine, c'est surtout pour anticiper les changements climatiques. Il faut dire que ça faisait suite à plusieurs vagues de grosses chaleurs, de canicules répétées sur la ville, et que la réflexion était de se dire que les cours d'école étaient des zones qui emmagasinaient beaucoup de chaleur. et qui potentiellement, si elles étaient toutes remaniées, pouvaient aussi offrir des îlots de fraîcheur régulièrement, non seulement aux... aux élèves pendant les temps scolaires, mais aussi à tous les voisins et tous les gens, les citadins proches d'une école, parce que le maillage est très très serré, la densité d'école à Paris fait qu'on pourrait tout à fait offrir ces espaces qui deviendraient des poumons verts pour la ville en temps de canicule, en dehors des temps scolaires. Ensuite, il y a eu... C'est un financement du Fonds européen du FEDER dès 2018, je crois, qui a permis de lancer l'expérimentation sur une dizaine de cours qui ont été refaites dans l'été 2018-2019. Et depuis chaque année, la Ville de Paris entreprend des travaux. Généralement, ce sont des travaux qui sont lancés chaque été. Et donc à la rentrée, on a de plus en plus d'écoles qui ont été réaménagées. Et moi, j'interviens particulièrement après réaménagement, parce que ce n'est pas une fois que les travaux ont été faits, que ça va se faire d'une manière magique, il faut tout repenser. C'est là que l'aventure commence en fait. C'est là que ça devient passionnant parce que c'est toute une nouvelle manière de vivre dans la cour, de partager la cour et de laisser de la place à la nature surtout.

  • Speaker #0

    Tu dis que chaque année il y a des nouvelles écoles. Est-ce que c'est à l'initiative des écoles ou c'est la ville de Paris qui sélectionne les écoles ?

  • Speaker #1

    Non, c'est la ville de Paris qui choisit chaque année quelles écoles vont être aménagées. Il faut savoir qu'aujourd'hui à Paris, il y a environ 638 écoles maternelles primaires. Plus de 160 collèges, l'idée étant que d'ici plusieurs années, la grande majorité des écoles aient une cour Oasis.

  • Speaker #0

    Ok, d'accord. Alors du coup, c'est quoi les grands principes d'une cour d'école Oasis ?

  • Speaker #1

    Alors, le grand principe, c'est créer des îlots de fraîcheur. Ça, c'est la première chose. C'est d'adopter cette stratégie dont on parle souvent de résilience. pour adapter ces infrastructures et tous les fonctionnements d'une cour pour faire face à ce fameux défi environnemental qui pointe son nez de plus en plus rapidement. Et puis il y a des objectifs quand même, ce n'est pas juste esthétique et le but de tout refaire, c'est aussi dans un objectif d'améliorer la santé globale des enfants, de préserver la biodiversité, de créer un nouveau lien social, de favoriser l'inclusion. d'apporter une certaine éducation aussi à la citoyenneté, à la façon de se comporter dans un espace qui reste un espace public, partagé. Et puis il y a aussi une nouvelle gestion de l'eau, qui est très importante, d'apporter une certaine sobriété aussi de ce côté-là. Et puis le but c'est d'inspirer aussi, et de montrer que le projet tel qu'il est peut tout à fait être réutilisé. repensées sur tout le territoire.

  • Speaker #0

    Et du coup, concrètement, en termes d'aménagement, qu'est-ce qu'on peut y trouver ?

  • Speaker #1

    Les cours Oasis, elles sont d'abord repensées comme des espaces où on redistribue totalement les activités. Très souvent, dans la façon de réfléchir au cours, les équipes des paysagistes et des urbanistes et des architectes du CAUE vont à la rencontre des écoles qui vont être réaménagées et ils vont évaluer, réfléchir, co-construire avec les équipes enseignantes, avec les élèves, avec les éducateurs et les animateurs qui ont envie de participer au projet, parce que c'est un projet collectif avant tout, Ils vont aller voir ce qu'il est possible de faire, ce que les enfants, ce que les adultes ont envie de faire en fonction de leurs besoins, de leurs attentes. Ils vont sensibiliser à pas mal de choses aussi sur la façon de… de repenser cette cour. Et une fois que les plans auront été validés, acceptés, et que les travaux auront été faits, on va les accompagner, nous, pour s'approprier cette cour.

  • Speaker #0

    Et alors, comment se passe cet accompagnement, du coup ? Est-ce que ce sont des rencontres sur des... qui sont régulières sur l'année ? Est-ce que ça se passe juste pendant quelques mois et puis après, une fois que la boîte à outils, je dirais que la dynamique est lancée, vous laissez ça aux écoles ? C'est quoi ton travail au quotidien avec ces écoles une fois que la cour est en place ?

  • Speaker #1

    Alors, mon travail, moi, il est sur toute une année scolaire, sur l'année qui suit la grosse phase travaux post-été. Donc, depuis septembre jusqu'à juin de l'année suivante, en fait, c'est dans la particularité de la ville de Paris, c'est qu'il y a un temps périscolaire qui est inscrit dans les programmes éducatifs chaque mardi et chaque vendredi après-midi. Ça c'était ces fameuses, ce qu'on appelle des TAP, ou des NAP en fonction de certaines écoles dans d'autres villes qui ont pu les garder, mais Paris a conservé ces TAP. Depuis leur mise en place, ça devait être en 2016 ou 2015. Et donc, on a une heure et demie d'atelier avec les enfants. Pour ma part, c'est tous les vendredis, mais ça dépend des écoles. Donc, entre 15h et 16h30, on a des temps d'activité spécifiques, adaptés à la cour, et moi, j'amène des supports. que je propose et que je valide avec l'accord du CAE. Il y a des réflexions toute l'année, on équipe dessus, on échange des données, on échange des livrets, on échange beaucoup de choses. Et on va choisir certains thèmes en fonction de la cour sur laquelle on est détaché, et de la tranche d'âge aussi d'enfants qu'on touche, pour pouvoir les éveiller à la nature, pour pouvoir leur faire toucher un petit peu du doigt ce que c'est que le climat, la biodiversité, le rôle des oiseaux, le rôle des insectes, la plantation, comment jardiner dans une cour. Comment trier les déchets ? On peut brosser énormément de thèmes et la cour sert de point de départ à tout ça. Donc on amène nos livrets, on fait des fabrications, on peut avoir des fabrications collectives comme il peut y avoir des petites... des créations individuelles que les enfants aiment bien ramener aussi, mais le but étant que ces groupes qui vont être interchangeés trois fois dans l'année, à chaque fin de trimestre, puissent toucher le plus d'enfants possible, qui vont être des ambassadeurs de la cour et de la biodiversité dans leur établissement, et puis ça permet, nous, de créer un lien et de montrer un petit peu aux équipes d'animation et aux enseignants. Tout ce qui est possible de faire dans une cour.

  • Speaker #0

    En fait, finalement, ces cours, elles sont aussi pensées derrière pour que les enseignants investissent l'espace avec les enfants en dehors des temps dits de récréation, puisque jusque-là, c'était un peu la conception qu'on avait des cours de récré, c'est le temps de pause, et après, on rentre à l'intérieur, dans le bâtiment pour faire classe, tandis que là, si je comprends bien, L'idée, c'est aussi d'inciter les équipes enseignantes à sortir finalement et à investir cette cour d'école plus que pour des temps de pause.

  • Speaker #1

    Oui, oui, tout à fait. En fait, quand on touche à la cour de l'école, on touche vraiment au lieu de mixité totale. Il y a un grand enjeu environnemental, évidemment. parce qu'il va y avoir ces jeux de changement de revêtement, de jeux de topographie, de nouveaux matériaux qui vont être utilisés. Mais ça participe aussi de manière bien plus générale au développement des compétences des enfants, et souvent des compétences psychosociales d'ailleurs. Il y a le côté psychomoteur, mais il y a aussi le fait que les enfants vont trouver d'autres façons de jouer, d'échanger. de partager ces espaces, d'imaginer énormément. Il y a une partie ludique, mais il y a aussi une partie expérimentation qui est extrêmement importante. Et ça inclut aussi une nouvelle façon pour le personnel éducatif de considérer la cour comme un support réellement, et pas juste comme un lieu, comme tu l'as dit, comme un lieu où on se décharge, on décharge toute son activité et... et puis on rentre ensuite comme si de rien n'était il y a des liens qui peuvent se faire entre l'intérieur et l'extérieur en permanence

  • Speaker #0

    C'est là où on va plus loin. Moi, tu vois, je travaille dans une cité scolaire avec un collège et un lycée. Depuis plusieurs années, il y a un projet de revégétalisation qui a été lancé. Mais finalement, alors il y a un potager qui a été mis en place, mais ça a été principalement, on casse du béton à quelques endroits pour faire des trous, mettre des arbres, alors c'est super, mais c'est vrai que ça se limite à ça. Tandis que là, dans les projets de cours d'école Oasis... On inclut les apprentissages et on prend vraiment en compte les bienfaits que ça apporte au niveau global aux enfants. Et puis derrière aussi aux équipes enseignantes et à tout le personnel de la structure. Parce que travailler dans un tel environnement, ça fait du bien aux enfants, mais ça fait aussi du bien aux adultes. Donc, ce n'est pas simplement planter des arbres et puis faire un coin de potager.

  • Speaker #1

    Non, tout à fait. Surtout que l'idée, évidemment, c'est qu'après la livraison, c'est que toute l'équipe et les enfants participent au côté pérenne du projet. On inclut du vivant depuis le début, mais la cour, elle va survivre, elle va vivre. Il y a des végétaux qui vont se développer. Il va y avoir des équipements qui vont rester installés pendant… des saisons très variées, et elle va forcément changer, changer d'aspect, il va falloir en prendre soin, il va falloir la nettoyer. Ça, c'est un des grands défis des cours Oasis sur le long terme. En général, et ça, c'est l'un des points sur lesquels on insiste énormément au sein du CIE, c'est établir une nouvelle charte d'utilisation de la cour, qui est très importante, parce qu'à partir du moment où la cour a changé d'aspect, et on doit l'utiliser différemment. L'usage est totalement chamboulé, non seulement dans la tête des enfants, mais dans la tête des adultes, et c'est parfois plus difficile de faire comprendre aux adultes qu'aux enfants, d'ailleurs. Donc, il y a des responsabilités à prendre, mais c'est vraiment un projet collectif qui vit et qui perdure grâce à l'engagement de tout le monde. Ça, c'est sûr. Et... Et en même temps, c'est ce qui peut fédérer aussi beaucoup et qui apporte énormément, moi je trouve, dans la façon dont les enfants ont de s'approprier leur environnement. Parce qu'aujourd'hui, on parle très très facilement, quand on commence à animer des ateliers pour la nature, et je pense que tu le connais, ce fameux syndrome de manque de la nature, dont on parle de plus en plus pour les jeunes, de certains troubles du comportement aussi, de harcèlement, de mixité qui ne se font plus, parce que ces espaces qui restent des espaces dans lesquels vivent la majorité du temps les enfants pendant leur temps scolaire, ce sont des espaces dans lesquels on peut se réunir. Au contraire, il pourrait se passer beaucoup de choses. Il peut se passer beaucoup de choses positives. Et que dans les cours très aseptisés qu'on a connus, qui sont totalement surinvestis par des activités sportives, qui créent des tensions, qui repoussent sur les bords les élèves qui n'ont pas envie d'être bousculés, chahutés, qui n'ont pas d'espace pour se reposer, pour discuter, voire pour se cacher, ce qui est tout à fait normal, surtout pour les plus jeunes. tout ça, ça peut totalement être renversé et amélioré juste en réinterprétant et en réappropriant les espaces de manière différente.

  • Speaker #0

    Je voulais justement te demander, toi comme tu arrives une fois que la cour a été aménagée, est-ce que les enfants s'expriment à propos de ce changement ? Comment est-ce qu'ils vivent ce changement de cours d'école ? Et est-ce que c'est facile pour eux de s'adapter à ce nouvel environnement ?

  • Speaker #1

    Les enfants, quand on leur demande comment c'est la nouvelle cour, que ce soit au mois de septembre, au mois de mars, au mois de juin, je pense que 99,9% dira qu'ils aiment bien, qu'ils sont contents. Parce que justement, ils ont une liberté, ils ont les possibilités de mouvement, d'exploration, d'activités différentes qu'ils n'avaient pas avant. Il faut savoir que dans les cours, on... On cherche à créer des espaces dynamiques, autant que des espaces de calme, d'observation, de repos. Apporter de la nature, ça apporte aussi beaucoup de choses qui est propice à des moments de détente dont ont besoin les enfants. Ce n'est pas parce que c'est un temps de récréation qu'il faut forcément avoir envie de courir ou taper dans un ballon. pendant les 45 minutes de pause du déjeuner. C'est aussi des moments d'échange, et ils en profitent énormément parce qu'il y a beaucoup de mobilier, beaucoup d'équipement qui est apporté pour pouvoir échanger et se retrouver. Et puis le contact avec des matières naturelles qui leur font énormément de bien. En revanche, et là c'est ce à quoi nous on assiste et sur lequel le CAU est très très... Les impliqués, c'est sur le dialogue avec les équipes enseignantes et les adultes, les parents d'élèves, qui eux ont parfois des retours, on a autant de positifs que de négatifs. je pense, mais il y a aussi beaucoup de changements et de prises de conscience, et ça c'est bien de se rendre compte que sur le long terme, ça modifie aussi quand même beaucoup les comportements des enfants, il y a un vrai bienfait, il y a des vraies transformations. Et ça les prépare aussi à ce que ça va être des périodes de chaud, des périodes de froid, à tous ces enjeux environnementaux dont ils entendent parler assez tôt aujourd'hui. Et ça, ça peut tout à fait les aider à être conscient de ce que c'est que de prendre soin de son environnement.

  • Speaker #0

    C'est sûr qu'il y a un vrai travail de fond et qui pourrait être long auprès des familles. Et on le sent, même en zone rurale, il y a encore des craintes. Il y a encore, je pense notamment au fait de se salir. C'est quelque chose qui dérange encore des familles, que les enfants puissent tâcher les vêtements, ce genre de choses. Et là, c'est vrai que ce sont souvent les retours qui peuvent être faits aux équipes. Et petit à petit, les choses vont se faire, ça va changer, mais c'est beaucoup d'explications. Il faut aborder les choses autrement, mais c'est sûr que ça demande du temps. Et justement, en t'écoutant, on n'a pas parlé des matériaux et des éléments qu'il y a. Par quoi est-ce que l'asphalte est remplacée dans les cours ?

  • Speaker #1

    L'asphalte peut être conservée. En fait, dans un projet de végétalisation de cours, on doit apporter un certain pourcentage d'espace perméable. La perméabilité, c'est l'une des autres raisons pour lesquelles le projet Oasis... Il y a une nouvelle gestion des eaux, puisque les parcelles qui étaient jusqu'alors totalement imperméables, parce qu'elles étaient remplies de bitume, en temps de pluie, de forte pluie ou autre, comme ça peut arriver aussi aujourd'hui beaucoup en région parisienne. Toutes ces eaux allaient surcharger les réseaux d'assainissement. Pour éviter ces surcharges, il faut aujourd'hui, avec le plan de gestion d'eau de la ville de Paris, il faut infiltrer au maximum ces eaux. Le choix de revêtements perméables, comme des copeaux, c'est très souvent ce qui est utilisé parce que ça sert aussi de sol amortissant pour les jeux. Il y a plein d'autres types, il peut y avoir du sable, il peut y avoir des graviers, mais ça c'est beaucoup plus rare, il peut y avoir des bétons d'hydraînant, il peut y avoir beaucoup de choses, mais il y a surtout de la pleine terre, et c'est ça le matériau le plus utilisé, c'est de laisser les espaces végétaux en pleine terre, qui jouent là leur rôle totalement pour canaliser ces eaux, et pour apporter beaucoup de fraîcheur aussi en temps de pic de chaleur.

  • Speaker #0

    Et on imagine que notamment dans les écoles maternelles, quand j'imagine une cour dans laquelle il y a des copeaux, des cailloux et ce genre de choses, en termes d'activité, de transvasement, mais ils doivent se régaler. Quand on sait à cet âge-là que c'est leur activité principale, ils adorent ça. C'est vraiment un terrain de jeu très simple finalement, mais qui doit bien les occuper quand même.

  • Speaker #1

    Ah oui, oui, oui. C'est là, moi, je pense que c'est... C'est ma troisième année au CAUE, j'en suis à ma deuxième ou troisième maternelle. Je l'ai fait avec d'autres associations de permaculture, donc en maternelle aussi, et j'ai des maternelles Montessori aussi à côté. Je sais exactement, c'est des tranches d'âge qui sont particulièrement réceptives aux changements. Quels que soient les supports de jeu, tous les matériaux naturels sont évidemment source d'inspiration pour eux. En revanche, c'est tout le paradoxe, c'est que bien sûr pour les personnels encadrants et pour les parents, c'est beaucoup plus difficile à comprendre que l'enfant était bien propre le matin et rentre beaucoup moins propre le soir. Mais ça, ça fait partie du développement moteur d'un enfant et c'est plutôt bon de savoir qu'un enfant s'est amusé et a expérimenté des choses dans la journée. de la même manière que moi je me souviens d'avoir travaillé dans cette forest school où il y avait beaucoup de parents anglais anglophones et germanophones qui nous donnaient Les bottes le matin quand il pleuvait en disant amusez-vous bien, ça va être super comme journée. Alors que quand on est en France et que...

  • Speaker #0

    On arrive dans une maternelle et qu'on dit il pleut, les parents ils ne vont pas aller dehors aujourd'hui, il pleut. Bah si en fait, il faudrait qu'ils aillent dehors, ça serait mieux quand même. Ils seront moins propres, mais ils vont tout autant s'amuser.

  • Speaker #1

    Même plus que quand il fait beau, parce que la pluie, là aussi, ça plaît beaucoup aux jeunes enfants, notamment, mais aux plus grands aussi. Après, tout est question de D'habitude ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Je pense que c'est surtout le changement de regard qu'il faut accompagner le plus. C'est vraiment ce grand bouleversement qui fait que pour beaucoup, ça reste une limite encore. Ça reste quelque chose de... compliqué à comprendre, mais en fait, il faut accepter que dans ces cours-là, il y a des nouvelles façons de se comporter, mais surtout, on laisse toute la place à la nature, et la nature, ce n'est pas fait pour être propre. Ce n'est pas le but. En revanche, elle rend d'autres services, et il faut comprendre pourquoi on a mis de la nature. Encore une fois, ce n'est pas un jardin partagé. Ce n'est pas un jardin... On ne choisit pas les essences en fonction de leur côté esthétique, ni autre. Donc, il y a... Il y a toute une réflexion et ça on l'accompagne aussi en atelier. Pourquoi on a mis tel matériau à tel endroit ? Pourquoi on a mis tel végétaux à tel endroit ? Ceux qui auront les pieds dans l'eau sont différents de ceux qui sont dans les bacs jardinés. Ceux qui sont en plein soleil, bien évidemment, ne seront pas les mêmes que ceux qui sont à l'ombre. Et tout ça, les enfants, même les plus jeunes, sont tout à fait capables de le comprendre très rapidement. Il suffit de l'expliquer et de savoir pourquoi ils sont là. et de comprendre aussi qu'il y a des zones les copeaux doivent rester dans les zones à copeaux tout simplement parce que quand il n'y a plus de copeaux il y a de la boue ça fait plus mal quand on descend du toboggan il y a des flacs donc ça fait partie des chantiers participatifs, collectifs de nettoyage de prendre soin et prendre soin de la nature c'est un vrai challenge oui bien sûr

  • Speaker #1

    Tout à l'heure, tu parlais du développement de l'enfant. Ça m'a amené une question. Ces cours d'école sont pensés par des architectes, des urbanistes, tout un ensemble de personnes qui conçoivent les aménagements extérieurs. Est-ce que le CAE s'appuie aussi sur, par exemple, des psychomotriciens, des personnes qui accompagnent des enfants pour penser ces aménagements ?

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Il y a beaucoup d'ateliers de co-conception où on fait appel à chaque fois. Les architectes rencontrent d'abord tous les personnels encadrants dans chacune des écoles. Ça, c'est quelque chose d'extrêmement important parce que c'est vrai qu'aujourd'hui, on a peut-être tendance aussi à penser que le projet Oasis, quel que soit le type de cours et de personnes, de populations. Sur elle-même, c'est tout le contraire. Chaque projet est très différent. Chaque architecte ou paysagiste qui s'engage dans le projet prend totalement en compte les attentes, les demandes, les besoins de chacune des équipes, des enfants. La configuration des cours est à chaque fois totalement différente aussi. Et puis il y a des dynamiques pédagogiques dans chaque école qui sont différentes aussi. Il y a des équipes qui sont très engagées déjà, qui savent exactement ce qu'ils voudraient, comment ils vont utiliser les espaces. Il y en a d'autres qui ont besoin d'être plus accompagnées. Et puis en dehors des cours et autres, il y a beaucoup de temps d'échange. de temps avec des associations qui peuvent venir sur place. Je pense à des conférences aussi que le CLAU organise souvent. Il y en a une qui va se faire, normalement, ça devait être hier, ou c'était tout récent, concernant la prise de risque, de manière générale. Et ça fait partie aussi de ces thèmes qui reviennent souvent et qui permettent à des professionnels de la petite enfance de venir échanger, d'expliquer un petit peu. ce que c'est qu'un développement d'enfant en bas âge, surtout sur les maternelles, mais aussi sur les CP. Quand on est dans une école primaire, entre le CP et le CM2, on a quand même un grand laps de temps de découverte et on n'a pas les mêmes envies, les mêmes besoins, on n'a pas la même dextérité, on n'a pas la même façon de se déplacer. Et tout ça dans une cour qui est dite Oasis. c'est pris en compte aussi.

  • Speaker #1

    Ok. Aujourd'hui, il y a une dynamique qui s'installe dans de plus en plus d'écoles qui amène les enseignants à faire classe dehors. Alors, il y a plein de manières de le faire. Sur le podcast, j'ai déjà reçu plusieurs enseignantes. Chacune a une pratique différente. Toi qui as travaillé en Forest School, qui es formée à la pédagogie par la nature. Comment est-ce qu'on peut amener cette pédagogie par la nature ? Comment est-ce qu'elle peut se concrétiser dans une cour d'école ? Il se fait à quel endroit le travail, l'accompagnement que tu peux faire pour partager tous les piliers de la pédagogie par la nature et que ce ne soit pas simplement, je dis simplement... Pour faire la différence, c'est déjà très bien d'amener les cahiers dehors, parce que c'est autre chose, la pédagogie par la nature, c'est quelque chose de plus poussé que juste passer du temps en extérieur.

  • Speaker #0

    Oui, déjà le principe d'une forest school, c'est d'offrir une exposition quasi quotidienne en milieu naturel à des enfants, chose qui est évidemment difficile à faire dans un milieu citadin. Et certains pourraient dire que par exemple, installer des gradins ou des rondins de bois dans une cour pourrait suffire à faire forest school. Ce n'est pas le principe, en effet. Déjà, de leur offrir de pouvoir faire des choses dehors, avoir des vrais temps d'apprentissage en extérieur, en prenant d'autres positions, déjà, c'est énorme, c'est une grande chance. Mais c'est vrai que le temps de Forest School, c'est un engagement sur toute une année, sur plusieurs années, et c'est une inspiration. C'est un mouvement qui voudrait qu'on garde un contact régulier et prolongé. C'est surtout ça avec la nature. Et se familiariser avec son environnement, développer d'autres types d'aptitudes, d'autres capacités, d'autres compétences, c'est encore autre chose. Mais les apprentissages en extérieur, c'est très bien qu'il y ait de plus en plus d'enseignants et d'enseignantes qui renouent avec ça. Je pense qu'on l'avait perdu, mais il y a énormément de pédagogies alternatives qui en parlent depuis très longtemps. Il y a les Montessori, il y a les Steiner, il y a les Waldorf, il y a plein qui allaient freiner, pour qui la nature avait déjà énormément de place dans l'enseignement, et pas juste pour de la biologie, mais de manière générale. Et en tant que dans les mouvements de classe dehors, on se rend compte qu'il est parfois tout à fait possible d'adapter un programme de mathématiques de science bien évidemment, mais on peut aussi faire de la littérature, on peut étudier des textes. Moi j'ai des souvenirs de Forest School où on prenait des livres qui parlaient de nature justement, parce que la plupart de la littérature pour enfants prend forme dans des milieux naturels. On parle d'animaux très souvent, tout ce qui est les fables de la fontaine, c'est quand même beaucoup plus facile de se l'imaginer quand on est dehors. Il y a énormément de choses qui peuvent se faire dehors et ça fait résonance dans la tête des enfants, dans leur esprit, ça prend forme. Et c'est ça qui est hyper intéressant parce qu'il y a la partie sensorielle qui est aussi importante et qui participe à tous les apprentissages.

  • Speaker #1

    Oui, je te rejoins complètement. Dans les activités que tu as aujourd'hui, quand on a... Préparer l'épisode, tu m'as dit que tu travaillais aussi au sein d'école Montessori, que tu animes des ateliers nature. Alors déjà, la première question que j'ai envie de te poser, c'est est-ce qu'il y a une raison au fait de proposer ces animations uniquement en école Montessori ?

  • Speaker #0

    Non, pas spécialement. Mais en fait, la Forest School où j'avais commencé de travailler, les deux premières années de sa création, elle a été créée en 2008. Elle avait été labellisée Montessori au tout début, tout simplement parce que l'une des premières enseignantes qui avait travaillé était formée à la pédagogie Montessori. Ça m'a permis de découvrir pas mal de choses, notamment sur le... sur le matériel utilisé. C'est vrai que tout simplement d'arriver dans une classe avec des équipements en bois, où on va faire rentrer la nature plus facilement, ça fait déjà toute la différence. Et puis après, je me suis moi-même renseignée, j'ai découvert d'autres pédagogies. qu'on dit alternative parce que je trouvais que justement c'était très adapté pour les enfants qui, qu'on pourrait dire, ne pas coller à la norme dans les apprentissages tels qu'on les imagine aujourd'hui en France. On a tendance à vouloir appliquer une seule façon d'apprendre pour un seul type de public et on se rend compte bien évidemment qu'il y a énormément d'enfants qui ont besoin d'autre chose et l'apprentissage en extérieur. ça répond à beaucoup de besoins pour ces enfants en particulier, et pour les petits, pour les plus jeunes, qui n'ont pas la même façon de se développer, d'apprendre tous au même niveau, au même moment. Ça permet aussi de... de répondre à des besoins spécifiques, à des attentions qu'eux vont porter sur certaines choses qu'on n'aurait pas soupçonnées si on les avait laissées dans un cadre aseptisé, dans une classe fermée. Et souvent, quand ils progressent d'un côté, ils vont progresser de l'autre. Voilà, tout simplement. Donc, la méthode Montessori, c'est une méthode qui prend en compte le développement et l'épanouissement personnel de chaque élève. Ça, ça répond exactement à ce que j'ai, moi, comme conception de la pédagogie par la nature, c'est que chacun y trouve son compte.

  • Speaker #1

    Oui, tout à fait, mais de toute façon, la pédagogie par la nature, elle est riche de plein d'autres... Elle s'est inspirée de plein de pédagogues qui avaient mis en place des méthodes. D'ailleurs, on parle de méthode. Montessori, c'est une approche globale. C'est une question de posture et d'accompagnement. Ce n'est pas simplement de la manipulation de matériel, ce qui est souvent un raccourci qui est fait. Et c'est vrai que... Les valeurs telles que l'autonomie de l'enfant, le fait de le laisser aller à son rythme, tout ça, c'est des choses qu'on retrouve complètement en pédagogie par la nature, parce que, comme tu le disais, l'environnement naturel permet ça, facilite grandement tout ça.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait, tout à fait. Et l'objectif, en plus, c'est vrai, c'est prendre conscience de ce qui nous entoure, mais c'est prendre confiance aussi. Et la confiance, l'épanouissement personnel, parce que la pédagogie, ces pédagogies sont souvent tournées sur l'autonomie. L'enfant choisit son activité, on lui montre comment la faire, puis il la fait seul en autonomie. C'est exactement ça en fait. En nature, on y va, on y retourne, on apprend, et on découvre, et on devient soi-même capable d'analyser certaines choses. de savoir pourquoi ça se passe comme ça, même la façon de se déplacer est totalement différente. Ce que j'aime moi dans ces pédagogies-là, c'est de retourner semaine après semaine avec les mêmes élèves, parce que là, pour le coup, j'encadre les classes sur toute l'année, et je vois la façon dont ils se comportent, qui est totalement transformée, et c'est un vrai plaisir de se dire qu'une fois que c'est acquis, ils vont le garder toute leur vie. Ça change beaucoup de choses aussi sur leur curiosité, sur leur appétence pour apprendre. sur leur confiance. Et Dieu sait que les problèmes de confiance aujourd'hui dans un système scolaire basique sont quand même très souvent des thèmes dont on entend beaucoup parler parce qu'il y a beaucoup d'enfants qui perdent confiance. Et en extérieur, on reprend confiance aussi.

  • Speaker #1

    Tout à fait, oui. Du coup, pour revenir sur tes ateliers, comment est-ce qu'ils se déroulent ? Est-ce que tu veux bien nous en raconter un que tu as pu proposer récemment ?

  • Speaker #0

    Alors récemment, ces derniers temps, c'est vrai qu'entre les saisons, on n'a pas forcément les mêmes... Les mêmes types d'observations avec les enfants. En atelier nature, par exemple, printemps, été, je réfléchis, j'ai une immense prairie avec des grandes herbes dans lesquelles les enfants adorent se rouler ou se cacher. C'est l'occasion de faire des jeux libres, mais aussi d'observer les différentes fleurs, les différentes stratégies végétales, tout simplement. Ça peut être aussi une façon d'aborder les plantes. différemment. La semaine dernière, on a fait un atelier qui était très intéressant avec les plus jeunes sur la stratégie des plantes et pourquoi elles avaient disparu pendant tout l'hiver et pourquoi elles étaient arrivées tout de suite là au printemps. D'où elles étaient venues. Et pour des petits, donc la classe d'âge, c'était du 3 à 5. Je suis partie, je leur ai expliqué avec des supports que moi je développe sur les bulbes, sur les racines, et expliquer les deux grandes deux. façon de faire pour les plantes, pour garder les nutriments et pour ressortir dès que le soleil arrive, avec le redout. Et on avait une pelle, un plantoir, et on devait aller chercher, en fonction des fleurs que j'avais amenées en carte, retrouver les fleurs et puis deviner si elles étaient avec un bulbe ou avec une racine. Et puis, qu'est-ce qu'il y a d'autre ? Par exemple, comment ça se passe pour les arbres ? Parce que les arbres, ils ne disparaissent pas, on les voit, mais quel est le grand changement ? Ça va être les feuilles, pour beaucoup d'entre eux. Et alors, qu'est-ce qui se passe dans le sol ? Est-ce qu'il n'y a que les plantes qui s'y cachent ? Est-ce qu'il n'y aurait pas aussi des insectes, autre chose, qui profitent du printemps pour ressortir ? Tout ça pour montrer que la nature qui nous entoure, elle continue de vivre, mais elle suit le même rythme que nous. Les saisons, c'est extrêmement important, et les enfants ont tendance aussi à ne pas forcément le ressentir en milieu urbain. Et quand on les met en nature, Moi, j'aime beaucoup leur faire ressentir, utiliser leurs cinq sens, écouter les bruits qui sont très différents en été et en hiver, ressentir le vent beaucoup plus quand il fait froid, sentir quand la terre est mouillée, quand il y a de l'humidité partout. Et ça, c'était des thèmes, par exemple, sur les nuages. qui plaisent énormément aux enfants. Enfin, tout ça, ça semble être un environnement qui, pour nous, est peut-être familier, mais en fait, les enfants mettent rarement des mots dessus.

  • Speaker #1

    Oui, c'est toujours... notamment chez les plus jeunes, ça reste des moments d'émerveillement parce qu'effectivement, ils le voient. Ils sont d'ailleurs bien plus attentifs que nous. Ils n'ont pas besoin de nous pour voir les toutes petites choses. Mais par contre, comme tu dis, de mettre des mots et puis de comprendre ce qui s'y passe, là, on peut être là pour, en tout cas, enrichir leurs questions, les amener aussi à se poser encore plus de questions que ce qu'ils se posent déjà. Et puis... Si les réponses, ils ne les ont pas, leur donner pour qu'eux puissent mettre des mots et puis comprendre l'environnement qui les entoure. D'un point de vue pratique, tu interviens, ce sont des ateliers qui durent combien de temps et est-ce que tu fais ça sur toute l'année ? Combien de fois tu interviens dans les écoles ?

  • Speaker #0

    Alors, dans ces écoles-là, c'est ma troisième année en Montessori, j'interviens une fois par semaine. Dans l'école où je vais, à la Pontoise, cette année, on ne sait qu'une ou deux fois par mois, mais ça m'est arrivé il y a deux ans d'aller à Versailles toutes les semaines. Les ateliers durent entre deux heures et deux heures et demie. L'idée, c'est d'être... Tout dépend aussi si les espaces, des espaces boisés ou naturels, sont... à tenant à l'école aussi un petit temps de trajet. Mais là encore, l'idée c'est d'être vraiment, d'aller dans des lieux qui leur deviennent familiers. et en même temps où ils peuvent eux-mêmes constater les transformations sur le temps, saison après saison, parce que c'est très important pour eux de voir qu'il y a des choses qui changent. Parfois, on a l'impression que ça n'a pas changé pendant des semaines, et puis d'un coup, chaque semaine, il va y avoir quelque chose de nouveau. Et puis même pour les équipes, parce que moi, c'est l'occasion aussi de faire le lien avec les éducatrices. Pour le coup, c'est des éducatrices qui... qui suivent avec moi les classes et qui voient elles-mêmes aussi des potentielles passerelles qu'elles peuvent faire dans le reste du temps où je ne suis pas là, des thèmes qu'elles peuvent aborder, des livres qui peuvent servir de support aussi, des cartes de nomenclature qu'elles peuvent utiliser. à côté, garder le vocabulaire, garder plein de choses sur le plus long terme.

  • Speaker #1

    Ok. Marine, on arrive à la fin de notre échange, mais avant de nous quitter, s'il y a des enseignants, des enseignantes qui nous écoutent, qui sont hors région parisienne ou dans Paris, mais qui n'ont pas encore la chance d'être dans le... les projets de cours d'école Oasis, est-ce que tu aurais quelques conseils à leur proposer, à leur donner, s'ils ont envie de rendre la cour d'école plus vivante, en sachant que, évidemment, les moyens, on sait ce qu'ils sont, et ce ne sera pas la différence des projets de cours d'école Oasis, où il y a du financement, là, c'est souvent un peu de la débrouille, du coup, des choses simples. qu'elles pourraient mettre en place pour rendre ces cours d'école plus vivantes ?

  • Speaker #0

    Alors, c'est une bonne question. Moi, il m'est arrivé de travailler, par exemple, dans une école avec une association qui s'appelle Nature à bien-être, une école qui était une école maternelle aussi, où ils ont réussi à mettre en place, dans un tout petit espace qui était coincé entre quatre murs, un vrai petit coin jardin pédagogique avec des palettes. De la récup qui avait été faite par les animatrices pendant le centre de loisirs du mercredi. Tout ça en apportant quelques plantes, en achetant des arrosoirs, ou même pas d'ailleurs, on peut tout à fait utiliser des bouteilles de plastique. Il y a un côté récup qui est très important en plus dans le jardin, parce qu'on peut faire beaucoup avec peu. Mais il y a surtout ce côté, cet élan collectif que moi je trouve très très très important. parce que parfois ça peut être une individualité, un enseignant qui se sent plus porté par le projet, qui a envie de le mettre en place, mais plus on arrive à fédérer autour d'un projet, et mieux c'est, tout simplement parce que l'union fait la force, donc plus on est nombreux à déplacer des choses, à imaginer. à mettre en place et puis à amener plusieurs enfants, plusieurs classes sur un temps hebdomadaire. qui puissent faire un roulement, que ce soit de prendre soin de certaines plantes, que ce soit, par exemple, moi j'ai vu des profs faire des terrariums, par exemple, amener des vers de terre dans la classe. En fait, le moindre petit aménagement, mais qui permet de constater, de voir la nature s'épanouir jour après jour, est une initiative en soi déjà de... de prise de conscience et peut servir aussi à développer autre chose derrière, même si, par exemple, le clou du spectacle serait une sortie nature au mois de juin, à la fin de l'année. Mais ça permet de garder toute l'année le fil conducteur naturel. Voilà.

  • Speaker #1

    Eh bien, merci beaucoup pour cet échange. Moi, j'ai appris plein de choses. C'est hyper intéressant. Il y a beaucoup de boulot, du coup, vu toutes les écoles qu'il y a. C'est super que ça se développe. J'espère que ça va aussi inspirer d'autres agglomérations qui vont, à leur tour, prendre le sujet à bras-le-corps et puis développer les moyens qu'il faut. Parce que, tu le disais, on en a besoin. Ne serait-ce que pour supporter les vagues de chaleur qui vont arriver, parce que toute personne qui a vécu en centre-ville, dans des rues où il n'y a pas un seul arbre, parfois sous les toits, c'est assez terrible. Donc là, l'école qui est quand même un lieu où nos enfants passent beaucoup de temps, il est temps qu'on s'en occupe et qu'on trouve des solutions. Donc un grand merci pour tous ces éclairages.

  • Speaker #0

    Merci à toi.

  • Speaker #1

    Et écoute, à très bientôt.

  • Speaker #0

    Merci, bonne continuation.

  • Speaker #1

    Toi aussi, Marine.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Merci à toutes et à tous pour votre écoute. J'espère que cette discussion vous a plu et qu'elle éveille en vous une certaine curiosité pour l'éducation en plein air, voire même, peut-être, une envie de militer pour qu'elle se répande davantage. Pour en savoir plus sur mon invité du jour, je vous invite à vous rendre sur le site pédagogieduvivant.fr Vous y trouverez toutes les infos à son sujet ainsi que ses recommandations. Sur ce, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour un nouvel épisode et d'ici là, n'oubliez pas sortir, ça ne doit être que du kiff ! Allez, ciao ciao, à bientôt !

Chapters

  • Introduction

    01:10

  • Présentations

    02:19

  • Souvenirs d'enfance en nature

    03:27

  • Parcours professionnel

    04:24

  • Origines du dispositif Oasis

    07:51

  • Principes d'une cour d'école oasis

    11:31

  • Accompagnement post-aménagement

    14:08

  • La cour : espace central à l'école

    17:45

  • Plus qu'une simple végétalisation

    19:03

  • Les retours des enfants

    22:51

  • Matériaux utilisés

    26:14

  • Investissement de la cour par les enfants

    28:11

  • Qui conçoit ces cours ?

    32:10

  • La place de la pédagogie par la nature

    35:05

  • Ateliers nature en école Montessori

    38:57

  • Déroulé des ateliers nature

    43:18

  • Conseils pour rendre une cour vivante

    49:07

  • Remerciements

    52:08

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