- Speaker #0
Je suis trop heureuse de pouvoir le faire avec toi aujourd'hui. C'était un peu spontané et c'est ce qui me plaît aussi avec le podcast, vraiment faire des rencontres en fonction de laisser parler l'élan du cœur aussi. Est-ce que tu peux commencer et te présenter en parlant de tes valeurs ? C'est une question que je pose en général à mes invités au début. Après, on parlera bien sûr un peu plus de qui tu es, de ton parcours, mais je trouve que c'est une bonne entrée en matière de commencer par les valeurs, parce que c'est un peu le socle. qui on est et qui va aussi guider notre vie.
- Speaker #1
J'adore. Merci pour la question. Je pense que du coup, je vais commencer en présentant mon standpoint qui va te parler de mes valeurs juste après. Juste pour commencer par te dire que je suis... une personne assignée homme à la naissance, donc j'ai été éducateur comme toute ma vie. Je suis une personne blanche qui vient de la Belgique, d'une famille classe moyenne, on va dire. J'ai fait des études, là je vis en ville, j'ai un appartement. Je suis valide. Tout ça détermine déjà pas mal de choses sur moi, notamment sur mes privilèges. Je cumule quand même pas mal de privilèges. Et en fait, ça c'est déjà une de mes valeurs. C'est-à-dire, j'ai une valeur qui est de politiser un peu tout et donc de ramener à un niveau... sociétal et au niveau collectif ce qui nous arrive et du coup de détacher en fait la responsabilité individuelle sur chaque personne mais aussi d'aller voir en fait qu'est ce qui se passe en termes de discrimination de sexe de classe crasse etc. Moi je pense que c'est quand même une grosse valeur qui m'anime depuis quand même pas mal d'années. Ensuite je pourrais parler d'une valeur chez moi que j'appelle la résistance fertile et en fait c'est tout ce qui m'anime depuis à peu près dix ans aussi qui est en fait d'essayer de mettre mon corps physique mais aussi mes compétences ou mes idées en opposition à la destruction du vivant. Et en fait ça c'est vraiment parti avec des luttes engagées en tant que militant pour les des droits des animaux non humains. partie dans les luttes écologiques pour le climat et c'est aussi aller vers des luttes plus sociales avec des luttes féministes ou des luttes raciales et en fait je pense que ça c'est comme une grosse grosse valeur qui m'anime, c'est à dire que quasiment au quotidien dans mes actes il y a une forme de résistance, de militantisme, d'activisme qui est présente, c'est très très présent chez moi et je pense que, il y a tellement de valeurs mais je pense qu'il y en a une autre qui pourrait vraiment me parler c'est une valeur de de soin. de prendre soin à la fois de moi mais aussi des autres, et évidemment de tout ce qui m'entoure en termes d'autres qu'humains et autres qu'humaines. Et en fait, l'idée que dans la société, on a dévalorisé le soin, et en fait on pense plus qu'en termes de mental, de raison, de chiffre, de capitalisme, de croissance, etc. Et en fait on oublie le fait qu'on ait une enveloppe corporelle avec des émotions et des besoins et des limites et qui font nous nourrir et il faut dormir et il faut juste profiter de la vie et être joyeux et joyeuse. et en fait, revenu... à un truc de bah oui on est certainement dans l'homme charnel on a des besoins des limites et du coup prendre soin de ça comme comme base et je pense que c'est camille test qui lit dans son livre politique et bien-être si on prend pas soin de soi d'abord on pourra pas prendre soin des autres et passe à l'action pour aussi prendre soin de l'environnement par exemple tu vois et donc pour être un bon militantiste faut d'abord prendre soin de soi ouais
- Speaker #0
ouais c'est cool parce que je trouve que tout ce que tu dis ça c'est un peu le fil rouge finalement de ta vie qui va lier plein de choses tu vas plus nous en parler mais déjà des trucs que tu m'as déjà partagé je me Je me disais, bah oui, effectivement. Effectivement, c'est logique maintenant. Ça fait sens. Et justement, aujourd'hui, tu nous parleras après de ce que tu fais aujourd'hui. Mais je trouvais ça cool et intéressant de revenir au départ. Parce que je ne sais plus ce que tu m'avais dit. De base, tu as fait quoi comme études ? Et surtout, quel métier tu voulais faire ? D'où tu es parti ? Pour ensuite parler d'où tu es arrivé aujourd'hui.
- Speaker #1
Ok. Du coup, je vais repartir peut-être de l'université. C'est là où j'ai commencé mes études. Où j'ai commencé à me questionner sur ce que je veux faire après, dans mes prochaines années, etc. Moi je viens d'un background qui à l'origine est plus scientifique et matheux, c'est-à-dire que j'ai fait ça à la fin de mes secondaires en Belgique c'était 18 ans, et mes deux dernières années c'était sciences et maths, je me suis plongé là-dedans, j'ai aimé ça mais c'était pas non plus incroyable. Et en fait en sortant de mes secondaires je me suis demandé mais qu'est-ce que je veux faire, et une de mes forces c'est un peu de quand je suis avec mes amis, je suis solaire et j'amène de l'énergie positive, on fait des jeux, et un truc qui est lié à l'animation que j'avais aussi beaucoup avec les enfants. J'avais fait une formation de deux ans à la fin de mes secondaires, de 17 ans à 18 ans, où j'animais des enfants en camp de vacances, école verte, etc. Et en fait, je me suis trouvé une facilité et j'ai trouvé beaucoup de joie à faire ça. Et donc, je me suis dit, pourquoi pas faire un truc qui ressemble à de l'animation pour enfants ou pour adultes. J'avais aussi pas mal pensé au théâtre. Un truc dans l'expression de son corps et raconter des histoires que j'aime beaucoup. et ce qui fait que je me suis dirigé à l'université vers... un bac sur le tourisme. Avec option animation, c'était comme un peu le seul que j'ai trouvé où il y avait de l'option animation et où il y avait des cours de théâtre finalement c'était pas vraiment des cours de théâtre, c'était plus des cours où tu apprends à créer des jeux et animer des personnes mais en tout cas pendant trois ans j'ai fait ça, j'ai fait un cursus dans le tourisme animation ce qui m'a pas particulièrement plu je sens pas que là à la fin des trois ans j'ai appris plein de choses et que ça m'a pas plu m'a full aidé pour la suite de mon de ma vie par contre j'ai eu un cours qui a vraiment commencé à déterminer mes valeurs comment je positionne et qui a aussi commencé à travailler mon questionnement par rapport au monde de la société par rapport à moi c'est un cours de tourisme durable. Et là, on est allé questionner le tourisme de masse, l'impact écologique du tourisme, tout ce qui est pendant deux mois, quasiment le monde entier, bien sur les côtes sud de la France ou sur des îles idylliques. Et en fait, ça a créé une masse de gens et du coup, une pollution énorme en termes de trafic aérien, en termes de consommation, etc. Et donc là, j'ai commencé à découvrir l'impact écologique de l'humain et de l'humaine. J'ai découvert l'empreinte carbone, l'empreinte écologique et en fait, tout a fait un petit peu... tout à coulou au fur et à mesure, c'est notamment là que j'ai commencé aussi le véganisme et donc j'ai fini mes 3 ans de bac en tourisme animation, et là j'étais comme je vais juste plus faire ça, je vais faire un truc qui a trait avec l'écologie mais je sais pas pourquoi, donc là j'étais un peu perdu, je me dis ok je vais faire une passerelle, donc ça veut dire que je vais comme passer d'un bac à un master, mais je vais comme prendre un raccourci avec la passerelle et pas faire les 2 années de master juste la dernière année, j'ai déjà un bac qui est lié et j'ai fait ça dans l'art du spectacle à l'université c'est parce que c'était beaucoup trop théorique pour moi j'étais assis toute la journée à écouter un... un gars blanc raconter ses théories sur l'art des spectacles, c'était vraiment pas intéressant. Ce qui fait qu'après deux mois, j'ai arrêté, j'ai pris une année sabbatique, et je me suis dit, mais qu'est-ce que je vais foutre de ma vie, quoi ? J'avais 21, 22 ans, et j'étais en mode, mais je suis hyper aliéné, ma vie ne me plaît pas, je ne sais pas ce que je vais faire de ma vie. Et du coup, j'ai passé des mois à quasiment rien faire. Et là, je me suis dit, en fait, let's go voyager. Let's go bouger. Et moi, mon cursus théorique s'arrête là, à 22 ans, et de la... là commence moi qui ai envie d'expérimenter la vie et en fait de me faire ma théorie en testant des choses et en voyant ce que j'aime et ce que j'aime pas en testant et je me suis dit une des meilleures façon de le faire c'est de voyager c'est déjà longtemps que je voulais commencer à le faire et là je crois que j'ai bossé genre quelques mois au supermarché pour faire un peu de la thune et j'ai pris un billet pour le canada avec un PVT c'est un visa vacances travail et là je suis parti avec l'idée de faire un tour du monde et en fait de faire tous les continents avec un budget Merci. J'ai hyper restreint, je voulais dépenser quasiment zéro gros. Et je voulais essayer de répondre à trois grandes questions. La première, c'est quoi le bonheur pour moi ? Qu'est-ce que ça représente pour moi ? La deuxième, c'est comment est-ce que je vis une vie minimaliste qui ne pousse pas dans les ressources écologiques ? Et la troisième, c'est comment est-ce que je vis en collectif ? Et du coup, j'ai fait le tour des fermes, de la permaculture et des collieux pendant quelques années au Canada. Et finalement, je me suis retrouvé à Montréal, je me suis trouvé l'amour, je me suis posé là-bas pendant quelques années. et de là, on fait quand même... jusqu'à aujourd'hui ce que j'ai fait c'est que j'ai continué en belgique a testé des modes de vie alternatifs notamment un écolieu j'ai pris pendant deux ans et puis après j'ai travaillé pour une sorte qui s'appelle make sense j'ai développé des programmes qui permettait de mobiliser des jeunes sur des causes sociales et écologiques j'ai coordonné un festival de la transition écologique et j'ai coordonné un asbl aussi sur la transition écologique donc j'étais vraiment là dedans très très fortement jusqu'à arriver là il y a un an où j'ai décidé de changer
- Speaker #0
ça a l'air tellement fluide quand t'en parles est-ce que t'as toujours j'ai l'impression que du coup par rapport à ce que tu racontes que t'as toujours été capable d'écouter aussi ton intuition tes ressentis, tes besoins tout ça est-ce que ça a toujours été le cas est-ce que c'est quelque chose comment tu nourris ça, est-ce que ça vient aussi de ta famille la manière dont t'es élevé ou qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui t'es capable aussi de suivre finalement une voie que t'as envie de suivre alors que souvent je me reconnais beaucoup dans ce que tu partages je pense qu'on est plein aussi mais avoir commencé à faire partie aussi du moule du système, les études, le travail puis à un moment il y a un truc déclencheur où tu te dis non en fait ça va pas du tout et il y a tout après ce processus de redécouverte de ce que tu veux vraiment etc ça j'ai l'impression que ça a été un peu tu t'es pas laissé aspirer par le truc que t'as très rapidement quand même réajusté et su ce que tu voulais faire je
- Speaker #1
sais pas d'où ça vient Je ne sais pas. pas parce qu'il n'y a rien qui prédéterminait ça dans mon éducation ou même dans mon entourage avec mes amis par exemple. Ma famille a été quand même très tradie. J'ai un père qui a commencé très tôt à bosser. Il a fait une formation dans la maçonnerie puis il n'a fait que ça toute sa vie. Mes parents se sont mis en couple très tôt. Enfin pas forcément très tôt mais quand même dans la vingtaine quoi. Mes parents ont eu leur premier enfant, mon grand frère dans leur vingtaine aussi. et puis directement il ya une maison et puis en fait ça s'est enchaîné avec une une trame de vie très traditionnelle. On se met ensemble, on se marie, on a une maison, on a des enfants, tout s'est fait. Puis un chien, puis un chat, tout ça, c'était vraiment très classique. Et moi, en grandissant, j'ai pas forcément senti que... que mes parents m'invitaient à choisir ma voie. Par contre, je sais que moi, en étant enfant et adolescent, vraiment, je suis passé par des phases où, tous les trois mois, j'avais un rêve différent pour ma vie dans le futur. Je suis passé par tous les métiers du monde que je voulais faire. Je suis passé par coiffeur, je suis passé par cuisinier, je suis passé par sportif de haut niveau, je suis passé par différents trucs. J'avais des grands rêves et je crois que ça changeait très régulièrement. Il y avait aussi des danseurs, des musiciens, il y avait plein de trucs. D'ailleurs, c'est un peu une blague que ma mère me raconte souvent. Et en même temps, quand je suis arrivé au moment où je devais un peu tracer ma vie, donc en fin de secondaire, université, je n'ai pas senti chez mes parents une particulière liberté par rapport à ça. C'était même le contraire. Moi, je voulais faire un truc qui était plutôt dans le théâtre ou l'art ou quoi. Et mes parents m'ont vite rappelé que, attention, ce n'est pas forcément bien rémunéré, c'est un peu précaire comme métier, etc. Et donc, plutôt à me diriger vers des trucs plus sûrs, sécuritaires. Donc j'ai pas l'impression que j'ai forcément été porté par mon environnement par rapport à ça. Et ni mes amis, parce que mes amis sortent de l'école et tout est tracé quoi. Genre l'étude en fait c'est exactement ce qu'elles voulaient et donc en fait le bac, le master puis après le job après, tout était assez linéaire j'ai l'impression. Et je pense qu'il y avait une personne dans mon entourage qui avait aussi un peu ce clade en chemin pas alternatif donc on s'est un peu nourris là-dessus mais sans plus. Et du coup je sais pas exactement d'où ça vient, je sais pas si c'est juste moi ou s'il y a quand même une part de l'environnement que j'arrive pas à voir actuellement parce que peut-être que Il y a une part de mon ego qui veut me dire en fait, ben non, ça vient de moi, je suis une personne particulière, je ne suis pas comme les autres. Je ne sais pas d'où ça vient exactement. Tout ce que je sais, c'est que j'ai toujours eu une personnalité où je n'avais pas du mal à dire non, je ne veux pas ça, je veux ça à la place. Et à savoir en fait ce qui m'en joie, ce qui ne m'en joie. C'est-à-dire que là, à mes 22 ans, quand j'avais fini mes études et que ça ne me plaisait pas et que j'étais aliéné, il n'y a aucun modèle. qui me plaisait dans mon futur, ni le fait d'être en couple, ou d'avoir une maison, ou d'avoir des enfants, ou d'avoir un CDI, tout ça m'était en anxiété très très haute, et en fait ça ne m'était pas du tout en joie. Et moi très tôt dans ma vie, j'ai compris qu'un des moteurs de ma vie, c'est la joie, l'excitation, l'émerveillement, le bonheur, et je me suis dit, mais qu'est-ce qui aujourd'hui me met en joie ? Et en fait, je vais faire en sorte de builder mes petites pierres pour créer ma route à moi de ma joie, quoi. Avec tous les privilèges dont évidemment je bénéficie pour le faire. Et je pense que c'est ça, principalement, qui m'a permis de faire un fil rouge très logique. Et avec tout le truc de, vu que je suis éduqué comme un homme, et vu que je viens en Belgique où il y a quand même peu de précarité par rapport à d'autres pays, en fait, si je n'y arrive pas, je reviens chez les parents. Tout va bien, tu vois, je n'ai pas de grosse peur de me casser la gueule. Donc en fait, j'avais un gros filet de sécurité pour pouvoir tester des choses qui étaient complètement hors de ma zone de confort. Donc partir dans un pays que je ne connaissais pas, le Canada, où on parlait anglais, je n'étais pas très bon en anglais. C'était un tout totalement nouveau, tu vois. Voyager seul, tout le long terme, faire un tour du monde sans argent, c'était vraiment what the fuck. Et heureusement, j'avais le filet de sécurité, je pense que ça m'a beaucoup aidé aussi. Je pense que c'est ça qui m'a fait mon filet rouge.
- Speaker #0
Et aujourd'hui, tes parents te soutiennent quand même dans ce que tu fais ? Ce n'est pas quelque chose de problématique ?
- Speaker #1
Non, plus aujourd'hui. Je pense qu'il y a de la fierté de côté de mes parents. Je suis assez content parce que j'ai peu de jugement à la fois sur... sur mes choix de la vie que je veux avoir, mais aussi par exemple sur comment j'exprime ma personnalité, avec du vernis que je mets, ou des cheveux que je laisse pousser, ou des vêtements bizarres. J'ai quand même peu de jugement de la part de mes parents, même de mes frères et de ma belle-sœur. Donc j'ai beaucoup de chance par rapport à ça. Ce n'était pas le cas forcément au début, quand j'ai parlé que je voulais être vegan. Il y a eu des gros, gros, gros boucliers sur la nutrition, sur ce qui est bon. Et mes parents sont devenus nutritionnistes du jour au lendemain. Et du coup, il y a eu des gros boucliers par rapport à ça. Il y en a aussi quelques-uns par rapport à mes choix de futur métier ou de fait de partir à l'étranger. Mais il n'y a pas eu suffisamment de blocage de la part de mes parents qui m'ont empêché de le faire. Et même, je sais que par exemple, ma mère a toujours été très soutenante dans le fait de... Fais ce que tu veux, c'est ok si tu veux faire ci ou ça. Attention quand même parce que selon mon expérience de ma vie, j'ai 40 ans, je peux te dire que ça, ça marche bien, ça marche pas bien. Mais fais quand même ce que tu veux. Donc je sens que ça n'a pas trop été un problème. Et aujourd'hui, j'ai pas beaucoup de jugement par rapport à ça. Et de toute façon, aujourd'hui, en vrai, je m'en fous un peu. Je suis quand même... Là, j'ai atteint un niveau où la vie de mes parents m'importe pas beaucoup. Pareil pour mes frères ou mes amis. Et en fait... j'ai réussi à me détacher de la vision que les autres pourraient avoir de moi et qu'elles soient fières ou qu'elles soient déçues de moi c'est pas un gros problème pour moi je comprends,
- Speaker #0
je pense que je suis un peu pareil sur ça dans le sens où je pense que mes parents comprennent plus ou moins et aujourd'hui ils m'ont accepté et bon, ok, tu fais tes trucs et à la fois je sais que Peu importe dans le fond ce qu'ils pensent, même si je préférais qu'ils approuvent, parce que je ne peux pas faire autrement que d'écouter. ce que j'ai envie de faire mais à la fois faut être aussi honnête c'est quand même bien d'être d'être entouré d'être soutenu et je sais que même s'ils comprennent pas tout ils sont là quoi malgré tout je veux pas non plus me retrouver sans rien que je peux revenir chez eux aussi et ça c'est quand même c'est comme sécurisant de savoir qu'il ya des gens derrière toi je peux explorer librement quoi ouais moi j'ai beaucoup d'attitude pour ça
- Speaker #1
Très souvent, ma mère, elle me dit si ça ne va pas, si tu n'as pas la thune, si tu pars à l'appartement, en fait, reviens chez nous. Ta chambre est toujours là, c'est bon. Moi, je ne veux pas, mais j'ai beaucoup de gratitude parce que j'ai vraiment un vrai filet de sécurité que tout le monde n'a pas non plus. Et ça me crée... aussi beaucoup de confort pour tester des choses et partir dans des zones un peu plus de danger ou d'expérimentation.
- Speaker #0
C'est cool aussi que tu as pu partir direct, plus ou moins direct, vers cette envie d'expérimenter et d'aller chercher aussi de nouveaux modèles toi-même. Moi, le podcast, je l'ai créé pour ça aussi parce que je sentais depuis longtemps qu'il y a des choses qui ne me convenaient pas, que je voulais quelque chose de différent, mais je n'avais aucune idée de comment, pourquoi. Jusqu'au moment où c'était too much et je sentais qu'il fallait que j'agisse parce que cette vie me convenait pas. pas, ne me convenait plus, mais en fait je me suis rendu compte que j'avais peu d'exemples de gens qui faisaient différemment de façon de travailler, de façon de vivre, et du coup c'est pour ça que je me suis dit je vais aller rencontrer des gens qui sont déjà dans ce truc-là pour voir ce qui est possible et s'inspirer aussi. Donc c'est chouette que tu aies pu toi-même aussi enclencher le truc, et de fait le fait que toi tu aies pris ce chemin-là, ça ouvre aussi la voie à d'autres personnes que tu vas rencontrer et puis même je sais pas au niveau énergétique tu crées quelque chose quoi Donc ça, c'est bien,
- Speaker #1
c'est courageux. Je me souviens que quand j'ai commencé à dévier un peu du chemin classico-classique, je me souviens que je n'avais pas non plus de référence ou de modèle par rapport à ça. Là, je viens de me rendre compte que je voulais te raconter qu'en fait, je n'ai eu aucun modèle et que je faisais partie de ces gens-là qui, en fait, initient des choses. En fait, ce n'est pas vrai. J'ai mangé des heures de YouTube. de gens qui avaient des vies de digital nomades. Moi, je pensais beaucoup à Bruno Maltor à l'époque, que je regardais vraiment beaucoup, et qui m'inspirait beaucoup dans le fait que ces personnes-là voyageaient, avaient une vie parfois alternative, etc. Donc en fait, j'ai eu accès à des modèles, juste pas dans mon entourage direct, c'était plutôt... grâce au réseau en fait mais c'est vrai que par contre dans mon entourage très vite en fait je suis devenu une personne un peu alien quoi qu'on ne comprenait pas trop qui faisait aussi un peu rire tu vois ah ben ouais Lucas il est vegan il veut voyager je sais pas quoi ça faisait un peu rien les gens tu vois alors qu'aujourd'hui tout le monde me connaît pour ça et en fait maintenant que je raconte que j'ai plutôt envie de me poser d'avoir un appartement d'être en ville limite ça choque un peu les gens quoi vraiment tu veux vraiment poser tu voyages plus
- Speaker #0
Si on revient au niveau du collectif, c'est quelque chose qui te porte beaucoup. Et je pense que le collectif, mon avis, c'est que c'est un peu l'avenir, dans le sens où si on veut que les choses s'améliorent au niveau environnemental, au niveau sociétal, il faut plus regarder au niveau du nous, du collectif, plutôt que du je. Toi, comment ça se traduit concrètement ? Est-ce que même il y aurait des outils de coopération, des choses qui pour toi sont indispensables pour que ça fonctionne ?
- Speaker #1
Wow, trop bonne question. Moi, je pense que ça a commencé, cette réalisation, qu'on avait besoin de collectifs. Vers mes 22-23 ans, où je commençais à bouffer des YouTube et des livres sur les crises écologiques. En fait, il y a un chiffre qui m'a choqué, qui était 3,5%. C'est un chiffre qui dit, il suffit qu'il y ait 3,5% d'une population donnée qui se met en mouvement, pour que ça fasse suffisamment de mouvement dans la population donnée, donc c'est peut-être un territoire, c'est un pays, c'est le monde, peu importe, pour faire changer les choses, en fait. ça te crée une vague suffisamment grande pour que tout le reste suit. Et en fait, l'idée, c'est que, par exemple, avec la crise climatique, il suffirait que 3,5% de la population mondiale s'active et s'engage pour que ça fasse suffisamment de pression pour que les gouvernements, entreprises, institutions ne puissent pas ne pas avoir ça, en fait. Et je me dis 3,5%, c'est que dalle. C'est que dalle, en fait. C'est peu de pourcentage. Ça fait beaucoup de personnes mises à l'échelle mondiale, mais sur un territoire, sur une ville, sur une école, ... Ce n'est pas beaucoup de personnes en fait. Et je me dis, c'est là où je me suis questionné sur, ok, mais du coup, comment est-ce qu'on fait collectif ? Et mes seuls modèles que j'avais à l'époque, c'était, encore une fois, moi à l'époque, je faisais beaucoup de YouTube, et donc il y a des chaînes qui parlaient de petits projets collectifs, de potagers collectifs dans un petit village, ou des petites fermes qui se créent, etc. Et je me suis dit, bien, on va tester ça en fait. C'est pour ça que je commençais à voyager, je me suis dit, je vais faire des woofings et des workaways. dans toutes les fermes permas que je trouve, toutes les écoles que je trouve. Donc c'est là que ça a commencé en fait, mon envie de découvrir c'est quoi le pouvoir du collectif. Et à travers toutes mes expériences, je suis arrivé vers, il y a quelques années, à devenir formateur et faciliter des espaces avec des outils qui permettent d'être en collectif, de pouvoir s'organiser, discuter, etc. Et en fait, c'est des outils d'intelligence collective. Et dans l'intelligence collective, l'idée c'est qu'on puisse se mettre ensemble à plusieurs personnes. Ça peut être... 3 personnes, ça peut être 200 personnes, ça peut être 1500 personnes. Et en fait, on va amener des outils pour à la fois structurer la parole, pouvoir partager des idées ensemble et du coup s'écouter, pouvoir prendre des décisions ensemble et après pouvoir passer à l'action. Et en fait, tout ça, on a des trames avec différents outils qui nous permettent de faire tout ça avec des groupes de X personnes. Et donc, dans mes quelques années de formateur là-dedans, d'être facilitateur, j'ai trouvé des outils qui sont plus ou moins connus comme des... d'outils de prise de décision par consentement ou consensus, des votes, des élections sans candidat, ou des chapeaux de bonheur. Il y a des petits outils comme ça qui sont relativement connus dans ces sphères-là, qui permettent de faciliter la mise en pratique de sphères de discussion, prise de décision, etc. Et trouver des solutions, etc. Et moi, je me suis retrouvé à la fois à faciliter des cercles de parole à cette personne, ou faciliter des gros événements à 250 personnes avec des sujets barriés où on passait deux jours à questionner un sujet, à trouver des idées, à prendre des solutions ensemble. Et en fait, je me rends compte à chaque fois à quel point on y arrive vraiment de ouf. Genre, en fait, ce n'est pas compliqué quand on met des gens ensemble et qu'il y a des personnes qui sont suffisamment expérimentées pour cadrer ce moment-là et pouvoir mettre de la sécurité, des espèces de petites règles à suivre. En fait, on dirige les gens là-dedans. Les gens sont naturellement faits pour parler ensemble, partager des idées, trouver des solutions. C'est pas compliqué pour l'espèce humaine, on est faits pour vivre de façon sociale anyways. A la base on est des tribus, on est des petits collectifs, etc. Donc on est vraiment faits pour ça. C'est juste qu'aujourd'hui on l'a un peu oublié parce qu'on a un monde hyper individualiste, parce qu'on pense généralement qu'à sa gueule et on est pas mal égoïste. Et du coup on oublie qu'on peut se parler, trouver des solutions ensemble. D'autant plus qu'aujourd'hui on a des systèmes de hiérarchie verticale. Il y a des décisions prises par une personne, on n'écoute pas trop les gens qui sont en dessous, etc. Et en fait, remettre de l'horizontalité dans le travail et dans les prises de décisions, le partage de responsabilités, ça revient un peu nouveau. Mais naturellement, c'est quand même présent. Donc en fait, ce n'est pas compliqué à réamener chez les gens. Et moi, quand je facilite des moments où on est 20, 30, 50, 100 personnes, du coup, je passe un moment au début d'événement où je prends une heure, une heure et demie pour poser tout le cadre. Et le reste des deux journées, je ne fais quasiment rien. Les gens sont autonomes et ça parle, ça prend des décisions, ça trouve des solutions. Et ça se fait naturellement. Donc je pense que naturellement, vraiment, on l'a. Et qu'il faut juste trouver les bons outils à amener par rapport aux bonnes discussions, aux beaux sujets. Et généralement, ça se fait assez bien.
- Speaker #0
Mais moi, c'est hyper frustrant pour moi d'entendre ça ou même de le voir. Je suis allée sur un écolieu en septembre, par exemple. Il y avait aussi des outils comme ça, des choses que je ne connaissais pas forcément. C'est des choses... vraiment simple mais qui fonctionne de ouf et c'est vrai que ça change tout mais du coup c'est encore plus frustrant de se dire c'est pas compliqué quoi c'est vraiment à portée de main, on peut tous le faire, on peut tous appliquer ça dans les différents espaces de la vie Mais du coup, comment on peut faire justement pour que ça vraiment se diffuse ? Parce que dans toutes les discussions que j'ai, même au niveau du podcast, il y a des gens incroyables qui ont des solutions, des alternatives concrètes vraiment qui fonctionnent. Et je me dis, mais il faut que le monde entier... parler quoi. Donc la vraie question c'est comment tu intègres ça pas que dans des cercles qui sont déjà un peu ouverts à ce genre de choses, à ces outils là, mais comment on peut maintenant l'intégrer dans les cercles un peu plus classiques.
- Speaker #1
Ouais, méga bonne question. C'est vrai qu'actuellement, on retrouve ce genre de mouvances et quand on parle d'intelligence collective ou de l'holocratie ou de sociocratie, c'est souvent dans des lieux un peu de bobo hippie, c'est des écolieux, des tiers-lieux, c'est des fermes pernales, des trucs comme ça. Et du coup, il y a un vrai enjeu de sortir de ce cercle-là, de ces membranes-là et d'aller voir autre part. Moi, je pense qu'il y a 10-15 ans, on se racontait qu'on avait encore le temps, c'était encore l'époque du colibrisme, de Pierre Rabhi. et en fait des 1,5% degrés d'achèvement climatique. Et en fait, on a vendu le temps de tester des choses en petit, notamment c'était toute la mouvante des tiers lieux et éco-lieux, c'est de créer un endroit sécuritaire entre quelques personnes à un endroit en temps particulier. Bien, on teste des choses, des nouveaux modèles comme des monnaies locales, comme des événements alternatifs, comme des modes de vie en termes d'heures de travail, Là, il y a différents états. On teste ça, on apprend des erreurs, on réitère, puis on… on finit par une conclusion qui est plus ou moins satisfaisante. Et de là, l'idée, c'est de pouvoir sortir de l'écolieu et de diffuser ça à une plus grosse échelle. Et en fait, cette dernière étape-là de sortir du petit membrane qu'on a testé et appris et partir à la grande échelle, moi, j'ai l'impression qu'on n'est pas encore arrivé à faire ça. Et aujourd'hui, on n'a plus le temps d'attendre. Aujourd'hui, on n'a plus le temps d'attendre encore 10 ans, 15 ans, 20 ans d'y arriver. Et on commence déjà à voir des super choses intéressantes, notamment, moi, je pense aux catastrophes climatiques. où à la fois on voit de façon assez naturelle que les gens, même sans leur avoir rien dit, ont tendance à s'organiser d'elles-mêmes et en fait de s'entraider et de s'entraider à sortir de l'eau ou de se ramener de la nourriture ou je ne sais pas quoi. Et souvent il y a une forme d'entraide naturelle. C'est notamment, enfin ça a été conceptualisé par, j'ai oublié son nom, il a écrit un livre qui s'appelle « La loi de l'entraide » . Et en fait ce livre-là raconte que de base, la nature, elle est plus dans l'entraide que la compétition. déjà ça nous calme sur le fait que dans la merde on est on est fait pour s'entraider plus que d'être en compétition alors qu'on nous rappelle tous les jours que la compétition c'est le but ultime et qu'il faut graver les échelons alors qu'en fait de base on est plus dans l'entraide mais je pense que il y a un truc à faire en termes de systémie, en termes d'éducation de culture, où on a besoin de faire comprendre aux gens par la publicité, par l'éducation à l'école, par les entreprises les institutions mais aussi les traditions, la culture tous les récits qu'on se raconte de passer de la compétition à l'entraide il écoute de l'individualité au collectif ça passe par toute la culture de la propriété privée qui est vraiment le truc le plus hyper individualiste qui est très lié avec le capitalisme avec le travail où on arrête de faire tout ce qui s'appelle la main noire et on divise le travail et on dit à une personne tu fais une partie du process, la prochaine tu fais la prochaine partie en fait on oublie qu'on peut travailler ensemble sur le même truc. Ça peut évidemment passer à l'école où on arrête un système, où on note les contrôles et après on doit être en compétition, élève contre élève, pour être le meilleur élève à avoir la meilleure note et se faire aimer du professeur ou de la professeuse. Donc il y a plein de trucs qu'on pourrait amener, je pense, pour passer de l'individuel au collectif et peut-être de l'égoïsme à l'altruisme, même si je ne pense pas que, de base, être égoïste ou individuel, c'est mauvais parce qu'évidemment, il y a un truc où on veut survivre et prendre soin de nous. donc tout à fait naturel. Mais par contre, si on n'est que là-dedans, il y a un problème. Et après, il y a d'autres initiatives qui sont vraiment chouettes à découvrir, comme par exemple, évidemment, la Convention citoyenne sur le climat. C'est un super exemple de... On promet déjà une forme de pouvoir dans les citoyennes et les citoyennes, mais aussi, on se met à 150 personnes... C'était ça, 150 personnes, je crois, à la Convention citoyenne.
- Speaker #0
Je ne saurais pas le dire, mais sûrement.
- Speaker #1
Qui se mettent ensemble, qui ne se connaissaient pas avant, et qui arrivent à bosser ensemble des jours d'affilée sur des thématiques qui sont hyper précises. parfois fois qu'elles ne connaissent pas et arrivent au final à produire un document quand même en béton à redonner dans les mains du président, c'est quand même un gros truc. Donc, je pense qu'on peut déjà s'inspirer de ça, de comment ça a été fait en termes d'organisation, en termes de tirage au sort, etc. Il y a aussi une autre initiative qui est vraiment bien qui s'appelle l'assemblée citoyenne des imaginaires. Et donc là, l'idée, c'est que pendant X journées, il y a des citoyens et citoyennes, il y a des gens du monde de l'entreprise et des gens du monde politique qui se rassemblent Merci. qui vont... discuter et questionner à quoi va ressembler nos territoires dans 5 ans, dans 10 ans, dans 15 ans, dans 20 ans. Et donc c'est des moments où en fait j'ai l'impression qu'on est historienne ou à ressembler à des imaginaires. En fait on revient à l'époque des forums et des théâtres, à l'époque romaine qui sont pas comme des théâtres d'aujourd'hui. Et en fait juste les gens posent leur cul ensemble pendant des heures à parler de à quoi ressembleront leur monde de demain. Et je pense que ces espaces-là, on les a un peu perdus. Donc on peut les retrouver avec des événements organisés, mais généralement c'est deux personnes qui parlent sur scène, genre des tables rondes ou des conférences que tout le monde écoute. Ça, ça arrive très souvent, mais du coup c'est que de la théorie, c'est que descendant. Ce qui nous manque en fait, c'est de virer ce podium-là avec deux personnes assises et de faire un truc vraiment collectif où tout le monde peut parler, tout le monde peut partager leurs idées, de façon évidemment structurée, avec des outils qui structurent la prise de parole, la prise de décision et tout ça. Et donc je pense qu'on a besoin de faire ça. Et donc, il y a à la fois quelque chose qui est plus de l'ordre de l'individualité et citoyenne à s'organiser entre eux et entre elles, mais aussi de façon politique, de façon systémique, au niveau des états, de l'éducation, des entreprises, à retravailler tout ça aussi.
- Speaker #0
Et par où on commence ? Si les gens nous écoutent et se disent « je suis quand même inspirée, moi aussi j'ai envie de prendre un peu ce chemin-là » . Par où on commence justement pour enclencher ce changement, pour revenir au collectif ? Tu as parlé de différentes initiatives, il y a plein de choses qui se font aussi, on peut prendre part à tout ça. Mais par où peut-être toi tu as commencé dans ton chemin d'activiste aussi ?
- Speaker #1
Je peux dire par là où j'ai commencé, et je ferai aussi des petits triggers sur d'où viennent les gens. Parce qu'en fait c'est pas pareil, si moi je viens de tous mes privilèges, il y a différentes facilités. à se dire ok je veux tester le mode de vie en collectif ou je veux tester en fait un mode de vie alternatif pour moi ça a été relativement facile. Peut-être que des gens qui nous écoutent qui sont maires solo et qui n'arrivent pas à finir la fin du mois c'est pas trop dans leur priorité ou facilité d'arriver à faire ça et en fait c'est ok si vous n'y arrivez pas directement. J'ai commencé par l'activisme et les écolieux slash ferme par main et donc au niveau des fermes Ça me permet en fait, j'ai fait du woofing. qui est un système où tu peux aller travailler de façon bénévole pour quelqu'un, c'est 5 heures par jour, et aller, en échange, t'es logé, nourri. Et en fait, c'est un bon système aussi pour voyager, évidemment, découvrir la place locale et tout ça. Mais en fait, c'est un bon système pour t'immerger dans un lieu qui est collectif, sachant que toutes les fermes ne sont pas forcément collectives et tout ça, mais il faut quand même bien les choisir. Et tu peux aussi le faire dans des écoliers, par exemple. Je pense que c'est un bon moyen, si tu as du temps pour toi. Si tu te sens capable de t'immerger dans un lieu que tu ne connais pas, et des heures que tu ne connais pas pendant X jours, ça peut vraiment être une bonne façon. Parce qu'en plus, vu que tu travailles sur le lieu, directement, tu es dans le quotidien, de à quoi ça ressemble une vie collective. Et donc typiquement, dans un écolieu, si tu rentres dedans, que tu bosses 5 heures par jour pour l'écolieu, 5 jours semaine, et qu'en plus, tu n'as pas le stress de devoir payer la nourriture et le logement, tu es suffisamment bien pour pouvoir comprendre à quoi ça ressemble une vie en collectif. Et moi d'ailleurs je conseille de d'abord faire ça avant de rejoindre un collectif ou d'en créer un parce qu'il y a tellement tellement de romances créées autour du collectif en se disant c'est trop bien on va travailler peu sur la journée, on va se faire des repas le soir et j'irai prendre mes petits légumes chez le maraîcher qui est dans l'écolieu. Ça se passe pas comme ça. En général il y a plein de tensions sociales, c'est vraiment le nœud du bazar quand on a des problèmes c'est souvent les socials, c'est les humains. Et donc, il y a quand même du travail à faire en amont sur est-ce que je suis prêt à mettre de mon temps dans l'écolieu, est-ce que je suis prêt à gérer des conflits ou à faire des compromis, etc. Donc, pour moi, aller tester avant avec du roofing, par exemple, c'est une très bonne idée. Donc, ça, c'était pour le côté plutôt écolieu, plutôt vie en collectif au quotidien. Et après, en termes d'activisme, moi, je suis allé quand même assez rapidement dans le militantisme pour les droits des animaux non humains. et du coup c'était assez... C'était assez intense en termes de ressources que ça m'a demandé, moi j'en avais beaucoup. Je ne conseille pas à tout le monde, parce que oui tu vas découvrir le collectif là-dedans, il y a un vrai truc de « on soutient, on est là ensemble, on réfléchit sur comment est-ce qu'on va aller bloquer un lavatoire » ou je ne sais pas quoi, c'est vraiment chouette, tu vois. Il y a un truc de « on réfléchit aussi ensemble, on prend des décisions ensemble » , donc il y a beaucoup de ça. Mais c'est aussi énormément de « je suis épuisé émotionnellement, mentalement, ça ça prend du temps, ce n'est pas rémunéré. » En fait, tu as beaucoup d'investissements, ça peut aussi te cramer assez rapidement. Donc, je mettrais quand même une attention par rapport à ça. Et évidemment, il y a plein d'autres façons de s'engager. Il y a des assos dans lesquels on peut rejoindre. Certainement, il y a plein de collectifs dans nos villages ou nos villes qu'on peut rejoindre en tant que bénévole pendant une semaine, deux mois, six mois, et j'ai testé à quoi ça ressemble. Un collectif qui se met ensemble, qui lance un potager partagé ou une cantine participative ou un caractère associatif. enfin il y a plein de trucs qui existent déjà ouais Il suffit de trouver une carte qui recense ces trucs-là. Et ça, c'est aussi une bonne façon. Du coup, ça demande souvent un peu moins d'investissement parce qu'en fait, tu peux t'arrêter quand tu veux et tu n'es pas non plus sous le front. Donc, je pense que c'est deux bonnes façons de commencer. Et en fait là j'en pense à un troisième parce que moi je suis freelance et une troisième façon de de goûter au collectif c'est de voir des communautés de freelance. Ça peut être aussi des communautés de ce qu'on veut, il y a des communautés non mixtes, il y a des communautés sur des passions, enfin il y a plein de communautés. Et en fait pro-jeune, communauté virtuelle ou en présentiel, ça permet aussi de goûter à à quoi ça ressemble de parler à des gens régulièrement, donner des conseils, en recevoir, demander des sollicitations. Et en fait, ça me fait quoi moi de plus être seul chez moi et d'être en lien avec plein de personnes ?
- Speaker #0
Et justement, les écoliers, tu en as testé du coup ? Est-ce que toi, tu te projettes justement sur vivre en écolier ou finalement non ?
- Speaker #1
Je suis passé par plusieurs étapes. Je pense que... En fait, je suis passé par deux grosses étapes. Ma première, c'était... Ok, trois étapes. Ma première, c'était je veux trop tester et voir à quoi ça ressemble. Donc vraiment, c'est de la curiosité pure. Et avec vraiment une idée féérisée de l'écolieu. J'avais lu des reportages, j'avais lu des livres, etc. Tout paraissait trop beau pour les écolieux. Et moi, ça me parlait full de être en connexion avec la nature, vivre lentement, mettre les mains dans la terre, construire des choses avec mes mains, etc. Et donc, j'ai toute une phase, j'ai testé plein d'écolieux. Et c'était trop chouette, je m'amusais trop. En plus, j'ai rencontré plein de monde, c'était trop chouette. Mais il y avait un élément que je n'avais pas pris en compte, c'était la durée. Donc à chaque fois, vu que j'étais en voyage, ça durait. deux semaines, un mois, le plus long c'était trois mois. Donc c'est court, ce qui fait que tu te crées des belles amitiés avec des gens qui sont de passage en voyage, aussi avec les gens qui vivent là-bas. Du coup, c'est chouette parce que tu as plein de dopamine, de cytocine, tu es trop bien, tu es dans le flow, c'est trop génial. Et après, tu pars avant le moment où ça pourrait un peu avoir de l'intention, tu vois. Et une fois que j'ai fini, une fois que j'ai fait toute cette expérience-là à ces 50 ans d'école, je me suis dit, ok, maintenant j'ai envie de... vivre en écolier sur le long terme parce que j'ai envie d'en créer un moi-même. J'avais déjà ça en tête depuis quelques années, où j'avais une idée assez précise de ce à quoi ça pourrait ressembler. Je me suis dit attends, avant de lancer ça, quand même, essaye en vrai tu vois. Donc c'est là où j'ai rejoint un écolier, où je suis resté pendant deux années et j'ai eu la chance de, assez rapidement, faire partie d'un réseau relativement naissant. de connexion entre écolieux et tiers-lieux en belgique francophone. En fait, on commençait à se mettre en réseau, à tisser des toiles, à faire des cartes, et comme se recenser, à faire des rencontres, etc.
- Speaker #0
Ça, c'est trop cool !
- Speaker #1
C'était vraiment trop chouette. Du coup, j'ai rencontré plein de gens, je me suis fait un beau réseau. Mais j'ai aussi pu découvrir comment ça se fait dans d'autres écolieux, avec des gens qui étaient là depuis très longtemps, ça faisait 5, 6, 10, 12 ans. Et du coup, rencontrer des gens qui forment des personnes à créer leur écolieu. Et donc, ces personnes-là ont full de théories. sur par quoi tu dois passer avant de lancer un écolieu, comment tu dois te préparer en termes de social, en termes d'administration, de technologie, de lien à la nature, etc. Et il y avait une personne qui m'a vraiment rappelé un point qui est essentiel, c'est que avant de faire du collectif et de rentrer en écolieu, d'abord fais de l'individuel, comprends-toi toi-même, où sont tes besoins, tes limites, qu'est-ce que tu es prêt à donner, à recevoir. C'est quoi les red flags pour toi ? Et en fait, travaille là-dessus avant, teste comme moi j'ai fait pendant quelques semaines des écolieux, et après, tu peux relever en écolieux ou en créant. Et du coup, moi j'ai vécu dans mon écolieu pendant deux ans, et j'ai vécu le truc de, ah oui, c'est moins à faire aider que ce que je pensais. J'ai passé mon premier hiver là-bas, j'ai passé mes premières tensions avec des gens, et très vite, tu désillusionnes. Tu te rends compte que... En école, ce n'est pas une vie féerique, c'est une vie collective qui demande beaucoup d'investissement individuel, principalement en termes d'humains à humains, parce que finalement c'est que ça la vie, c'est des interactions entre humains et humaines, et aussi du temps donné pour faire vivre le collectif, donc gérer le potager, gérer les travaux collectifs, organiser des repas pour les moments collectifs, donner du temps pour les événements qu'on concrète ensemble, et en fait tout ça, ça fait que j'ai pris conscience de l'envers du décor. de l'écolieu. Et c'est là que je me suis dit, ok, je vais prendre un petit pas de recul pendant quelques temps et analyser en fait, est-ce que moi, Lucas, je veux vraiment s'élever en écolieu ou est-ce que j'ai eu un espèce de fantasme de l'écolieu ? Et là, je suis encore dans l'étape où je fais la part des choses et je fais la clarification entre est-ce que vraiment je veux ça ou non. Là pour le moment je suis dans ma vie où je veux un peu vivre seul mais je sens que ça reste en moi ce mode de vie collective ça pourrait être une coloc ça peut être un écolieu ça pourrait être un tiers lieu ça pourrait être différentes choses mais je sais que au fond de moi il y a un truc de j'ai envie de construire d'être avec des gens et de vivre avec des gens aussi donc ça reste une réalité pour moi pour le futur mais en tout cas à l'heure actuelle Je suis bien content d'être seul, après mon effort à m'épauler.
- Speaker #0
Non mais j'imagine... C'est plein de questions que je me pose aussi en ce moment par rapport au collectif, parce que je sais pour sûr que c'est un truc qui me parle. Bien qu'avant, ça ne me parlait pas du tout. Quand on parlait de vivre en communauté, je disais, mais quel horreur ! Moi, j'aime bien être toute seule, avoir mon temps à moi. Jamais, je ne peux supporter. En fait, vivre en communauté, ça veut dire plein de choses. Et c'est toi aussi qui mets les limites ou qui les construis. Ça ne veut pas dire tout le temps ensemble. Il y a des endroits où je suis allée. Chacun a sa maison, chacun a sa vie. mais il y a des trucs communs qui sont déterminés. Donc il y a différents degrés, différents formats et tout. Et comme tu le dis, le collectif, ça peut prendre la forme de tout ce que tu as à partager. Ça peut faire partie d'une asso, d'une coloc, ou avoir créé quelque chose autour d'un collectif. C'est ce que je suis en train d'explorer aussi, de voir comment ramener du collectif. Parce qu'il y a aussi beaucoup de solitude, je pense, dans notre société. C'est un fonctionnement qui a ses limites aussi. Et je pense qu'il y a un gros besoin de reconnaissance entre les gens et ça passe par le collectif et par plein de formes différentes mais c'est important quand même. Et aujourd'hui du coup, tu as quand même un mode de vie, un travail que tu as construit aussi. Est-ce que tu peux me dire à quoi ça ressemble justement ta vie, ton quotidien, ton activité ?
- Speaker #1
Je pense qu'il y a un truc qui m'emmène vraiment en joie dans ma vie, c'est de pouvoir construire mon mode de vie de vie et de décortique. les différents aspects de ma vie et de me dire je veux que ce soit comme ça ou comme ça avec telle couleur, telle forme et vu que je suis créatif de base en fait j'aime ça inventer un truc qui me correspond vraiment. Et dans ma sphère pro je me suis dit je veux juste pas avoir un CDI, bosser 38 heures semaine pour un patron ou une patronne toute ma vie. J'ai rencontré des gens qui avaient 60 piges qui étaient épuisés de leur vie quoi, qui avaient mal au corps, qui n'étaient pas heureuses, et en fait non c'est à mon entité je veux pas ça en fait J'aimerais bien que toute ma vie, chaque jour, pouvoir être heureux et qui fait ma vie. Du coup, je me suis posé beaucoup de questions par rapport à mon taf. Et même si mes dernières années, à chaque fois que j'étais employé, j'avais finalement un train de vie qui ressemblait déjà au freelancing. C'est-à-dire que j'étais souvent en coordination, je pouvais gérer mon temps comme je voulais, je pouvais prendre des pauses quand je voulais. donc c'était assez assez léger et flexible pour moi. Et là en fait depuis depuis six mois j'ai décidé de vraiment officiellement être freelance, être indépendant, ouvrir mon activité avec mon public cible, mon positionnement. Et aujourd'hui en fait je pense que quand j'ai commencé à mettre ça en place j'avais quelques indicateurs qui étaient vraiment mes ce que j'appelle les étoiles du nord, c'est vraiment mes directions, c'est là où je vais atteindre. le premier c'était évidemment la joie je me suis dit je veux pas bosser et tous les jours être en mode je me lève, c'est chiant, je dois bosser. Je suis vraiment en mode je veux que ma job ce soit... A l'époque je pensais que je voulais que ce soit ma passion, aujourd'hui je ne suis plus là-dedans. Mais vraiment j'avais cette idée là de ma job ça doit être suffisamment enthousiasmant que pour me donner envie de me lever le matin ou le soir quand je vais dormir. Je suis comme trop bien, demain je vais bosser. Donc ça c'est le premier indicateur. Deuxième indicateur c'est la flexibilité. A l'époque je mettais le mot liberté, aujourd'hui je ne suis plus exactement là-dedans. Je suis plutôt flexibilitaire. C'est-à-dire en sens où si je veux bosser une journée 10 heures d'affilée, je peux le faire parce que j'aime ça. Mais si je veux bosser deux heures, je peux le faire aussi. Si je veux prendre des congés, je peux le faire aussi. Et en fait, j'ai une forme d'autonomie et de prix de décision qui m'amène à moi. C'est-à-dire que si je veux partir en vacances, je ne dois pas demander à quelqu'un d'autre pour le faire. Si je veux prendre, si je suis malade et je veux prendre des congés, je ne dois pas demander à quelqu'un. C'est quand même à l'essence, je me dis que je suis malade, les talons de mon corps en train de souffrir, et je dois demander à quelqu'un le... l'autorisation pour me reposer et prendre soin de moi. À quelle heure est-ce que quelqu'un va m'autoriser à prendre soin de moi ? Et donc, la flexibilité était vraiment importante. Et la troisième chose, c'est la charge mentale. J'en voulais vraiment un minimum. J'en avais marre, en fait, déjà d'être en poste de coordination, de voir gérer des équipes, parfois d'avoir une charge mentale énorme. Et puis aussi, je pense que... Dans la société, je suis déjà suffisamment pressurisé par les enjeux écologiques, les enjeux systémiques, les actualités. On a déjà une vie qui est suffisamment chargée mentalement en termes de stress, d'anxiété, de peur, que pour en plus m'en ajouter dans ma job. Et donc je me suis dit, joie, flexibilité et charge mentale suffisamment basse. Et aujourd'hui, ma réalité c'est que je bosse 20 heures semaine, j'ai suffisamment de... de rentrer en termes de finances que pour vivre correctement sur mon mois. Je ne dois pas bosser beaucoup pour apprendre de nouvelles choses, parce que j'ai déjà un positionnement où je suis à l'aise. Et en plus, mes clients et mes clientes connaissent déjà la valeur de mon offre, donc je dois faire peu d'éducation. Finalement, j'ai peu de charge mentale, je travaille peu et ça fonctionne bien. Et en fait, j'ai foutu le temps pour d'autres choses. Et moi, c'était vraiment, je voulais commencer là-dessus. Je ne voulais pas commencer en me disant, je vais bosser beaucoup et plus tard, je vais réussir à baisser mes heures. C'est plutôt je vais commencer à travailler peu et peut-être je vais devoir augmenter mes heures si j'en ai envie plus tard. Mais donc dès le début, j'ai mis en place un modèle de business, un modèle économique qui me permettait de vivre avec peu d'heures, d'être suffisamment joie et avec peu de charge mentale. Et j'y suis. Après ce qu'il m'a dit, je suis assez étonné, mais j'y suis.
- Speaker #0
Bravo, c'est génial, je pense que c'est un peu le rêve pour beaucoup de personnes, mais on ne sait pas toujours comment l'atteindre. Je pense qu'il y a deux trucs intéressants que tu dis, déjà tu parles beaucoup de joie, et c'est quelque chose dont on parle peu, il y a beaucoup cette idée du bonheur, on est tous à la recherche du bonheur, mais le bonheur c'est un concept assez abstrait, c'est difficile de mettre des mots sur c'est quoi le bonheur, et puis c'est un truc... Ouais, c'est un truc vraiment très abstrait, alors que la joie c'est une émotion qu'on est tous capables de cibler, de voir, de ressentir. Et je trouve que c'est important de remettre de la joie dans sa vie. Moi, ça ne fait pas si longtemps que j'ai cette conscience de ce truc-là. Je me dis que c'est quand même fou. La joie, c'est l'émotion la plus agréable. Et pourtant, on n'a pas toujours ce réflexe. En tout cas, moi, je n'ai pas toujours ce réflexe de vraiment aller vers des trucs qui me mettent en joie. Et aussi parce qu'on a l'impression, surtout au niveau du taf, que tu n'as pas le choix. Il faut travailler. Et de toute façon, le taf, c'est comme ça. Il y a vraiment une minorité de gens qui font des trucs qui ne les passent pas. mais sinon bah ouais c'est les contraintes, tu dois travailler, et puis c'est comme ça. En fait, ça peut, sans que ce soit le truc de ta vie, de ta passion, mais juste de la joie et pas une lourdeur au quotidien.
- Speaker #1
C'est méga intéressant. Il y a une personne qui est vraiment aspirante, qui s'appelle Chloé L'Écrivain, qui en parle, qui parle de l'activisme, du plaisir. C'est vraiment intéressant. Et moi, dans ma vision, c'est vrai que je différencie la joie et le bonheur, où je pense que le bonheur, c'est un espèce d'état sur le long terme, ou en tout cas apparemment, tu baignes dans le bonheur sur le long terme alors que la joie, c'est une émotion qui devient de façon courte et intense, tu vois et en fait, je pense, je ne suis pas sûr que le bonheur soit vraiment un but, parce qu'en fait, je pense que c'est une illusion le bonheur, de se dire que vraiment, je peux pendant X jours, X semaines, X mois, X années être constamment dans le bonheur, ça ne me paraît pas vraiment plausible, surtout dans nos sociétés, où clairement la dépression, l'anxiété Merci. font tellement des hauts niveaux. Donc, je pense que c'est OK de lâcher le prix sur le bonheur. Par contre, je pense aussi qu'on fait partie d'une culture de la souffrance. Et en fait, aujourd'hui, pour être bien vu et avoir un beau statut social, il faut avoir souffert à la fin de ta journée de travail. Il faut avoir bossé, il faut avoir fait au moins un bon an dans ta vie, sinon tu n'as pas réussi ta vie. Et il faut avoir souffert. Et en fait, il faut que tu te plaignes et dire, « Ah merde, c'est toute la culture du business. Oh non, j'ai moins de gêne, il est rempli. Je n'ai pas le temps pour ci, pour ça. je rentre chez moi moi en fait je suis crevé et en fait il y a une vraie culture de tu as besoin de souffrir pour avoir un statut social qui est impressionnant. Et pour moi c'est un vrai problème parce que du coup ça crée deux choses. La première c'est que ça t'alienne à fond dans tes émotions, tu ressens quasiment plus des émotions dites négatives entre guillemets, je mets des gros guillemets, mais aussi ça te crée une crise de sensibilité où en fait on n'a plus le temps ni l'espace pour aller s'émerveiller d'un champignon qui pousse sur un arbre quoi. Et en fait, ça aussi, c'est la joie. Parfois, c'est juste ce... coucher dans l'herbe et regarder les nuages passer et rien faire et juste respirer c'est aussi une forme de joie de ralentir de ne pas être dans la souffrance, de ne pas être dans la performance et je pense que de pouvoir en fait trouver comment c'est dans ta joie dans ta vie, tu peux injecter des petites doses de joie moi j'ai une liste de quelques pratiques qui m'aident à joie instantanément et en fait te reconnecter à ça et te les mettre de temps en temps dans ta journée par ci par là, sans retomber dans, parce qu'il y a ça aussi Merci. la pression de devoir être heureux et heureuse. On a beaucoup ça dans le def perso, dans la spiritualité, de devoir absolument atteindre une forme de « Ah, tout va bien, je suis posé, j'ai transcendé la culture de la souffrance, je vais trop bien. » Je suis en connexion de ouf avec mes émotions, avec la nature, avec l'univers. En fait tout va bien, c'est aussi une autre forme de culture de la performance. C'est devoir atteindre un espèce d'idéal de tout va bien, il n'y a plus de problème. Donc on voit qu'on est dans un prisme où d'un côté il y a la culture de la source, souffrance ou en fait il faut qu'on se fasse du mal pour être bien vu et de l'autre côté où il faut atteindre un espèce d'idéal de bonheur et je pense qu'en fait il y a un espèce de jeu de... il n'y a pas juste au milieu mais moi j'appelle ça un équilibre dynamique c'est comme jongler entre les deux en fait tu sais que tu es fait d'émotions il y a une palette immense, une liste immense d'émotions. Et moi, je me rappelle souvent que je m'imagine à l'époque où, si on croit en ça, à l'époque où j'étais une âme et en fait, on m'a dit tu vas aller t'incarner dans un humain et tu vas vivre tout ça dans cette vie-là. Tu vas vivre toutes les émotions, tu vas goûter à tous les goûts, tu vas voir toutes les couleurs, tu vas sentir du chaud, du froid, tu vas être petit, grand, tu vas faire tout ça. Je me dis mais qu'elle vient pas c'est incroyable je vais trop jouer tu vois mais aussi avec tout ce qui est négatif. En fait, je vais jouer avec tout ce qui existe. Et donc, je pense qu'il y a un vrai truc de tu trouves un équilibre dynamique entre tu goûtes à ce qui est moins agréable, plus agréable. En fait, tu joues avec tout ça et ça fait vraiment partie du jeu de la vie humaine, j'ai l'impression. Et donc, injecter des moments de joie, ok, mais pas forcément devoir atteindre un idéal de bonheur.
- Speaker #0
Mais c'est vrai que l'entrepreneuriat, ça permet aussi toute cette liberté et de remettre de la confiance sur ces choses-là, bien que ce n'est vraiment pas simple tout le temps. et ce serait bien bien que dans le salariat aussi il y a le fait de repenser aussi les entreprises parce que tu parlais de flexibilité et je suis d'accord sur ça parce qu'en fait aujourd'hui le système fait que tu peux pas être flexible c'est quand même très rare que tu puisses te permettre d'être flexible parce que de un t'as des charges aussi qui sont fixes, ton travail on t'impose souvent des horaires, des tâches des machins, alors que la vie c'est un cycle, ne serait-ce que les saisons il suffit de regarder qu'il n'y a pas toujours la même énergie il n'y a pas toujours les mêmes choses et nous évidemment tu es malade, tu es fatigué, les femmes on a nos règles, on a le cycle qui influe beaucoup et en fait on ne donne pas le droit aussi de l'écouter parce que ça doit être un truc constant quoi. C'est vrai que l'entrepreneuriat ça permet d'essayer en tout cas de se reconnecter à tout ça et de s'écouter, mais ce serait cool que dans les entreprises aussi ils donnent cette liberté aux gens pour se sentir mieux parce que c'est sûr que si tu te sens mieux ton entreprise fonctionne davantage.
- Speaker #1
en terre. Et puis aussi, rappelons-nous qu'il n'existe pas un modèle unique et miracle. Là, on est tous les deux freelance et donc on a cette expérience-là de pouvoir potentiellement plus facilement créer la flexibilité et la liberté dans notre travail, tout en sachant que dans le freelancing aussi, il y a tellement d'injonctions. J'ai fait 15K le mois passé, en un mois, je me suis tapé 30 000 abonnés sur LinkedIn. Et en fait, il y a aussi plein d'injonctions à la performance d'atteindre un espèce d'idéal de je fais plein de CA, je suis... super connu, de j'accompagnais ex-client et ex-cliente sur l'année. Donc, il y a aussi en fait ce truc-là de oui, on peut se créer notre liberté et notre flexibilité, mais ça veut dire qu'on a aussi moins de garde-fous. Et en fait, on peut très vite tomber dans le je fais 80 heures, je ne suis que des stats et que des chiffres. Et en fait, je vais à fond et je n'arrive pas à m'arrêter de travailler. Alors que dans le monde de l'entreprise où on est employé, enfin de salariat, du coup, on a une heure de fin de travail, on a parfois des boss ou des collègues qui peuvent nous cadrer et en fait nous... nous empêcher de tomber dans des travers. Donc, en fait, je ne suis pas sûr que forcément, ça reste l'ennemi numéro un, tu vois. Je pense qu'en effet, dans le monde du freelancing, tu peux plus facilement te créer le monde que tu veux, mais sans oublier que du coup, il y a aussi des allantements à la performance du côté du freelancing, quoi.
- Speaker #0
Et on a beaucoup parlé de ce que tu fais aujourd'hui, de ce que tu as fait avant. Je ne sais pas si toi, déjà, tu as une idée de comment tu te projettes aussi dans l'avenir, si c'est encore flou, genre est-ce qu'il y a vraiment... Est-ce que tu as un truc en tête vers lequel tu vas ? Ou est-ce que tu construis au fur et à mesure ?
- Speaker #1
Aujourd'hui, ma vision est moins précise que dans les années précédentes. Je pense que j'ai toujours été une personne qui vivait un peu au mois le mois, parce que j'ai beaucoup voyagé, donc évidemment, ça ne se trouvait pas beaucoup. Pendant longtemps, je n'ai pas su quoi faire non plus de ma vie. Et puis, je suis passé par une phase où j'étais comme « Ok, je vais trop faire un écolieu, je sais ce que je veux, précisément. » Aujourd'hui, c'est de nous voir un peu flou. éviter Evidemment, ça vient du fait que, et Salomé Saka en parle dans son livre sur les jeunes, moi j'ai 30 ans aujourd'hui, donc je fais encore partie des gens qu'on classifie comme jeunes. Et en fait, les jeunes aujourd'hui n'ont ni le capital financier dans nos sociétés, ni une capacité à se projeter dans le futur. Parce que notre futur est tellement incertain en termes de crise climatique, crise sociale, politique évidemment. Et en fait, se projeter aujourd'hui c'est vraiment dur. surtout que quand tu te projettes tu vois quasiment plus de l'anxiété et de la peur et du stress. C'est notamment pour ça que moi je travaille beaucoup sur ce qu'on appelle les nouveaux imaginaires, les nouveaux récits, les années souhaitables, avec cette idée là que
- Speaker #0
D'un côté j'ai le GIEC qui me montre des rapports que anxiogènes sur à quoi va ressembler le monde quand on ne sera pas arrivé à rester sous le 1.5. Ce qu'on a besoin c'est d'avoir un GIEC des années souhaitables qui nous montre à quoi ça ressemble une fois qu'on y sera arrivé et en fait de générer ce qu'on appelle de l'espoir actif pour le monde futur et donc se projeter là bas et passer aujourd'hui à l'action avec des émotions positives pour y arriver. Aujourd'hui on a peu de ça, on a peu de deux récits d'actualité de ski de ce qui va bien aujourd'hui pourrait aller bien demain et donc ce projet pour moi c'est quand même un petit peu dur je pense que je pense que ma projection par mes projections du moment sont vraiment centré sur je veux de la facilité de la stabilité et en termes d'émotion entre qui suffisamment stable ça c'est comme les premières briques le reste en fait j'ai plus trop de d'un truc idéal ou miraculeux de lui qui serait parfaite parce que j'ai testé tellement de choses différentes que dans chaque, je me rends compte qu'en fait, il y a des positifs et des négatifs. Et en fait, je me rappelle à chaque fois que c'est pas mon environnement et c'est pas les trucs de l'extérieur qui vont... Ben c'est pas vrai. Je me racontais que c'était pas mon environnement qui allait m'impacter, que c'était moi et que je voulais travailler sur moi. C'est plus le cas aujourd'hui, clairement. Il y a un impact énorme systémique sur comment je vais. Et en fait, mon bien-être, il est clairement lié avec ce qui se passe dans le monde, tu vois. Mais je pense que j'ai plus besoin d'avoir un espèce d'idéal où je me projette sur... Qu'est-ce que je vais faire en termes de travail, où je vais habiter, avec qui je vais relationner, quelles seront mes passions, etc. Parce qu'en fait, déjà je ne sais pas à quoi ça va ressembler, parce qu'il y a tellement d'incertitudes, mais aussi parce que j'ai besoin que mes briques de base, ce soit en fait de la facilité, de la stabilité, des trucs comme ça, tu vois. Donc en fait mes projections sont plus dans comment je vais me sentir qu'à quoi va ressembler en fait mon quotidien. Ouais,
- Speaker #1
ça me parle de ouf ! je pense que depuis le on parle toujours depuis le Covid mais c'est plutôt vrai qu'il y a eu quand même des choses qui ont vachement bougé depuis le Covid parce qu'on a tous été impactés et on s'est dit putain en fait tout est, il y a de l'imprévu il y a de l'instabilité dans notre vie même dans les pays favorisés comme en France bah ouais nous aussi on peut être atteint par quelque chose et pas tout maîtriser et du coup c'est vrai que c'est plus dur je trouve de se projeter parce que tu serais bien que ça peut vraiment évoluer et tout Et moi je pense que je suis un peu pareil, avant j'avais une idée très fixe plus ou moins, mais quand même assez précise de ce que je voulais, des trucs auxquels je rêvais. Et en fait... Je ne l'ai plus trop maintenant, mais aussi parce que je me dis, je fais confiance au fur et à mesure. Il se passe ce qui se passe, tu réajustes et je fais aussi confiance dans le fait que je testerai plein de choses et puis peut-être que quelque chose sera juste à un moment donné et que ça va évoluer et que j'aspirerai à autre chose à un autre moment. Donc, je ne me rends pas, ce n'est pas évident. Autant se concentrer sur le présent et sur des choses qui nous permettront d'affronter l'avenir aussi. Oui,
- Speaker #0
et en même temps, tu vois, je peux pas... m'empêcher de me dire je peux pas être dans le présent. Genre clairement on vit déjà une crise de la biodiversité énorme, on vit déjà des crises sociales énormes, on vit des crises climatiques énormes. En fait je peux pas vivre dans le présent, je suis obligé de me projeter et je suis obligé... J'ai l'impression que j'ai pas le choix d'être activiste et de faire des choses pour entre guillemets sauver la planète tu vois, même si l'intention c'est pas de sauver la planète mais plutôt des humains. Mais du coup je peux plus être dans un truc de ah bah je verrai bien demain je viens un peu au jour le jour je peux plus en fait avoir ça donc en fait et je pense que c'est c'est une des uns des plus gros fléau de nos générations c'est qu'on peut plus être tranquille d'esprit et de calme d'esprit à part si tu te forces à être dans le déni mais ça existe sinon tu peux plus en fait parce que d'office tu vois des informations qui parle de à quel point notre monde est dégommé par les humains et les humaines activités humaines que tu peux pas te dire enfin moi en tout cas j'arrive plus à me dire que mes actions n'ont pas d'importance est en fait quasiment chaque chose que je fais, les trucs que j'achète. Hier, j'ai passé une soirée à générer des images avec le chat GPT. C'était trop le fun pour mon notion. J'ai fait des couvertures trop chouettes, c'était trop mimes. Et à un moment donné, je me suis dit l'impact carbone que je fais et en fait, ça m'a déglingué ma souris. Ça m'a retiré la joie que j'avais par rapport à faire ça. Et du coup, c'est dur de... A la fois, je n'arrive pas à me projeter parce qu'il n'y a que de l'insécurité et de l'inconnu. Et à la fois, je suis obligé de le faire parce que je ne peux pas vivre le jour le jour parce que je sais
- Speaker #1
sais que j'ai une empreinte écologique carbone et social quoi oui c'est vrai c'est tout l'enjeu c'est de passer d'essayer de gérer au mieux pour pas être bloqué par toutes ces infos dans l'action et en même temps prendre soin de soi et évidemment il faut aussi se rappeler que quand
- Speaker #0
je me dis que toi je me sens obligé de passer à l'action et faut bien se rappeler que la société et les gouvernements aiment bien remettre la faute sur les individus C'est notamment été pour moi la grosse limite du modèle du colibri. et en fait se dire que si chacun chacun on arrive à ne pas être au dessus de deux tonnes d'équivalent co2 par an c'est bon on a résolu problème climatique ouais mais guys en fait enfin on se rappelle que que même si le monde entier fait tout ce qu'il fait sur le colibrisme on arrive quand même que à 20 25 % de diminution de co2 sur le monde quoi donc en fait tout le reste ça appartient aux états aux entreprises aux institutions et qu'en fait je peux me flageller autant que je veux et faire autant de petites actions du vrac, du local, bricoter coca ou être vegan puis prendre l'avion, ce n'est quand même pas suffisant en fait. Donc, je peux aussi parfois juste me lâcher la grappe et me dire ce n'est pas grave si je passe une soirée à générer des images sur la TTT parce que anyways, même si je faisais tout parfaitement, ce n'est quand même pas suffisant. Donc, tu as un truc à jouer entre à quel point j'arrive à me projeter, à quel point j'ai envie de passer à l'action, à quel point ce n'est pas ma faute entièrement et à quel point aussi je ne me déresponsabilise pas non plus entièrement parce que j'ai pas un pouvoir d'action, notamment si on est en collectif. Donc en fait, la question est hyper complexe sur le truc de se projeter, de passer à l'action ou pas passer à l'action, de vivre le moment présent, c'est hyper complexe.
- Speaker #1
Oui, c'est clair que c'est un gros sujet. Mais déjà, commencer à...