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Enquête de soi

Nicolas Ricci : Reconstruire son corps, raviver son engagement.

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1h00 |16/11/2025
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Enquête de soi

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1h00 |16/11/2025
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Description

Dans ce nouvel épisode d’Enquête de Soi, j’ai rencontré Nicolas Ricci, dont le parcours mêle militantisme, écologie et reconstruction personnelle.


Il y raconte comment un grave accident a bouleversé son corps, mais aussi sa façon d’agir, de militer et de prendre soin du vivant.


On explore ensemble :

-Comment continuer à s’engager quand le corps ralentit.

-Ce que l’on gagne à remettre de la douceur dans nos luttes.

-Comment transformer l’épreuve en moteur plutôt qu’en frein.


Merci à Nicolas de s’être livré avec autant de sincérité. J’espère que cet échange puissant vous inspirera autant qu’il m’a bouleversé.


La sélection inspirante de Nicolas :

Ce que murmurent les animaux de Virginia Markus

Résister de Salomé Saqué

Désobéir Frédéric Gros

La belle verte de Coline Serreau


Venez me faire vos retours et échanger via mon compte Instagram : https://www.instagram.com/enquetedesoi.podcast/

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Et il est dorénavant possible de soutenir le podcast financièrement. Chaque contribution récoltée sur Tipeee permet de rembourser les frais d'hébergement, de déplacement ou encore de location de studio d'enregistrement. Un immense merci pour votre aide si précieuse.💜https://fr.tipeee.com/enquete-de-soi/


Musique : Music from #InAudio, I Feel Fine et Musique libre de droit Plume


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Nicolas.

  • Speaker #1

    Bonjour Noa.

  • Speaker #0

    Merci de venir sur mon podcast aujourd'hui. Je suis trop heureuse de pouvoir échanger avec toi. Ça faisait longtemps qu'on avait prévu d'enregistrer cet épisode, donc c'est vraiment chouette de pouvoir le faire aujourd'hui.

  • Speaker #1

    C'est vrai que ça fait un petit moment qu'on en discute et moi aussi je suis ravi de pouvoir commencer cet échange.

  • Speaker #0

    Du coup, on va enchaîner sur la première question. Est-ce que tu peux commencer par te présenter en me parlant de tes valeurs ?

  • Speaker #1

    Carrément. Alors déjà, comme tu l'as si bien dit, je m'appelle Nicolas. J'ai bientôt 30 ans. Et donc, pour parler des valeurs, il y en a beaucoup, entre guillemets, qui sont importantes à mes yeux. Mais c'est vrai que si je devais en retenir une, voire deux principales, ce serait la bienveillance, pour commencer. pense que c'est quelque chose d'essentiel dans la vie. Et ce qui s'y rapporte le plus, ça va être le respect aussi. Je trouve qu'on est sur deux valeurs qui vont bien ensemble quand on les a, entre guillemets, assimilées et comprises. Donc, on est vraiment sur cette notion-là et cette base de commencement, entre guillemets, sur les valeurs. Et c'est ça, entre guillemets, aussi que j'aspire à transmettre et à faire ressentir au monde autour de moi. quand on se rend contre l'autre, tout simplement.

  • Speaker #0

    Et si tu me parles un peu de ton parcours, je sais qu'il y a eu vraiment, ces dernières années, un avant et un après. Ta vie a quand même drastiquement changé. Est-ce que tu peux déjà me reprendre un petit peu les étapes de ton parcours pour qu'on comprenne un peu mieux ? Et du coup, me parler de cet élément déclencheur qui a fait que tu as vraiment réadapté un petit peu ta vie.

  • Speaker #1

    Alors oui, le petit peu, c'est un mot qui est peut-être un peu léger à ce que l'on ait dit dans un... bouleversement total. Pour commencer, j'ai eu un parcours assez classique, ça veut dire école, collège. J'ai fait un CFA en commerce, donc à partir de mes 14-15 ans, où j'ai commencé à travailler dans le milieu de l'automobile, où j'y ai passé 13 ans de ma vie, donc jusqu'à mes 28 ans. Ça a été un parcours qui m'a aidé à tenir et à m'ouvrir d'une certaine manière avec le monde en général. on retrouve cette idée de social où le principe même du travail d'un commercial quel qu'il soit ça reste quand même de l'échange avec les autres êtres humains bien qu'il y ait cette notion de vente de biens ou de services au milieu mais en dehors de ça on a quand même cet échange qui est concret avec les personnes qu'on fréquente au jour le jour Donc voilà, sur le parcours professionnel, on était sur quelque chose d'assez classique, la vie se menait très bien de ce côté-là, je gagnais très bien ma vie, j'en ai pas fait grand-chose d'ailleurs, c'est vrai que ça se passait plutôt bien. là où j'ai eu plus de difficultés c'est qu'il y avait un parcours plus chaotique dû à tout un tas de consommation j'ai commencé à boire de l'alcool et à consommer tout un tas de stupéfiants très jeune je devais avoir 11 ou 12 ans la première fois que j'ai consommé des stupéfiants et c'est quelque chose qui m'a suivi jusqu'à mes 28 ans encore une fois je reviendrai après mais on est vraiment sur cette date butoir de deux ans et demi maintenant je me suis beaucoup perdu je comprenais pas réellement qui j'étais à quoi j'aspirais à quoi je servais et j'étais dans une sorte de tunnel si je puis dire ou avoir des œillères un petit peu comme un cheval et et d'avancer sans avoir de réel but précis. Si ce n'est que... d'être vivant même si c'était d'une mauvaise manière mais d'essayer d'être le plus vivant possible parce que c'est vrai que je travaillais énormément j'avais un rythme de vie où je devais faire entre 60 et 70 heures par semaine en travaillant 6 jours sur 7 donc la manière que j'ai trouvé pour accumuler vie sociale, vie sentimentale vie professionnelle vie tout court il fallait que j'ai du temps La seule manière d'avoir du temps c'était la nuit et la seule manière de ne pas dormir la nuit pour moi c'était de consommer. Donc on tournait dans cette poule où ma vie entière tenait sur un fil qui a cassé ce fil du coup le 16 octobre 2022. Ça faisait peut-être 4 ou 5 jours que je n'avais pas dormi. Je travaillais en même temps donc autant te dire que c'était compliqué à gérer pour moi parce qu'il ne fallait pas que le monde, mon environnement... se rendre compte dans ma tête que j'étais complètement complètement camé j'ai pas d'autres mots donc essayer de cacher au maximum mes déboires mes fatigues mes états physiques mes états mentaux et donc arrive ce jour du 16 octobre où j'ai un accident de voiture où je suis seul en voiture il est 6h du matin on est dimanche et je pars pour rejoindre pour rejoindre une personne et en fait j'arrive jamais donc c'est des pompiers volontaires qui me rouge. J'étais sur une route de campagne, la voiture a fait une quinzaine de tonneaux. Je suis sorti par la fenêtre, la voiture a fini dans un arbre, pour te finir un petit peu l'histoire de l'accident. Et je me suis évanoui sur un chemin de terre. Et c'est des pompiers volontaires qui faisaient un footing, qui m'ont trouvé. Et qui, du coup, m'ont appelé. des pompiers en service. Et ça a été une claque monumentale. Que ce soit pour moi, que ce soit pour mes proches, que ce soit... Ça a été quelque chose de très compliqué à gérer. Émotionnellement, au réveil à l'hôpital, parce que je ne pouvais pas marcher, je n'étais pas encore opéré, je ne savais pas ce qui s'était passé, je savais juste qu'il y avait un problème, parce qu'il y avait ma mère en pleurs, la personne que je devais rejoindre à côté de moi en pleurs, des policiers, des pompiers, des chirurgiens, des masques, des gants, des lumières, des sons. Et je comprenais pas grand chose à ce qui m'arrivait. Donc s'en est suivi une première opération, un début de rétablissement si je puis dire. Ça a été en tout cas le premier élément déclencheur de la grosse remise en question qui fait qu'aujourd'hui ça va beaucoup mieux. Et si je devais trouver un exemple ou quelque chose qui fait que... comment dire... J'ai été bouleversé pour la première fois où je me suis rendu compte qu'il y avait réellement un problème. C'est dans le regard de mes proches, après l'opération, tout en sachant que j'étais sauvé, que je pouvais marcher, qu'on savait que d'une manière ou d'une autre, j'allais me rétablir. On ne connaissait pas encore les séquelles possibles, mais j'allais me rétablir. Et de voir que dans le regard de mes proches, il n'y avait que de la peur et de la tristesse. Quand j'étais posé dans ce lit d'hôpital, c'était la première fois de ma vie qu'on me regardait comme ça. Ou en tout cas, que je comprenais qu'on me regardait comme ça, parce que je pense que dans le passé chaotique... que j'ai fait subir énormément de choses pas cool à tout mon environnement et on a déjà dû poser ce regard de... J'appelle ça de la pitié, mais c'est de la bonne pitié dans le sens où on a envie de sauver la personne mais on ne peut pas faire les choses à sa place. Et c'était la première fois où je le prenais réellement en pleine tête et je t'en parle aujourd'hui, j'ai encore des frissons. Ça a été vraiment l'élément déclencheur de tout ça. Donc la rééducation a commencé tranquillement après mon opération. Je suis assez vite sorti. de l'hôpital, je crois, au bout d'une semaine. Ça a été un peu dur parce que j'étais bourré de cachets, bourré de morphine, bourré de tout un tas de trucs. Donc, psychologiquement, j'avais l'impression de ne pas réellement en avoir fini avec tout ce qui me retenait de mon ancien passif lié à la drogue. Parce que mentalement, j'en arrivais à ressentir les mêmes sensations, bien que j'arrivais à faire la différence entre du récréatif, si on peut appeler ça comme ça, bien que le mot ne me plaise plus à l'heure actuelle. mais du récréatif et du médical. Donc voilà, ça en est suivi. Ensuite, une deuxième opération, pour le coup, où on m'a fait une greffe, une greffe de vertèbre, parce que la vertèbre avait tellement explosé dans le dos qu'elle ne pouvait pas se remettre toute seule. Mais avant de pouvoir envisager une suite, il fallait déjà me stabiliser. Et je recommence à marcher et à vivre. Ça a été compliqué. Parce que des problèmes sentimentaux au milieu. Il a fallu que je retourne chez ma mère. Ça aussi, ça a été quelque chose de compliqué à gérer au début. Je l'ai vécu comme un échec au départ. Donc ça veut dire que ça faisait beaucoup d'échecs. Je venais de perdre mon travail, entre guillemets. Dans ma tête, tout était en train de se terminer. Donc je venais de perdre mon travail. Je venais de perdre ma copine. Je venais de perdre la notion de qui j'étais. Et surtout je me regardais dans la glace sans savoir exactement où est-ce que j'allais aller. J'avais des millions de questions en tête qui n'étaient pas structurées. Et la drogue est revenue au milieu pendant quelques semaines voire quelques mois. Parce que c'est le seul échappatoire que je connaissais depuis 15 ans. Et donc forcément dès qu'on commence à aller un petit peu mieux, je ne sais pas si c'est pareil pour tout le monde, mais en tout cas ça a été le cas pour moi. La première patterne que j'ai reprise ça a été celle-là. Ça veut dire, bon bah voilà, aujourd'hui je me sens bien, on va sortir pour un coup, et puis de pour un coup, on est reparti dans des travers... Des travers pas tellement ok. Et un matin, en un jour de 7 janvier, je m'étais défoncé la veille, et je me suis réveillé avec une haine et une tristesse incommensurables. Je suis sorti de chez moi à pied, je suis parti marcher sans mon téléphone pendant peut-être 3 ou 4 heures, et j'ai pris la décision ce jour-là d'arrêter complètement. de consommer, que ce soit des stupéfiants, que ce soit de l'alcool. Ça a été un élément déclencheur où j'ai réalisé que j'avais eu une chance. Une chance d'être vivant, une chance de pouvoir marcher, une chance d'être entouré. Parce que du coup, j'avais quand même mes proches qui me soutenaient dans mon début de combat, en tout cas dans ma réhabilitation qui était déjà pour le moment que physique, mais quand même du soutien qui était là. Et j'ai ouvert les yeux sur le fait de... On peut pas dire... Je pouvais pas dire au revoir à la vie comme ça. Et j'étais passé à... quelques centimètres entre guillemets pour imager de passer à côté de ma propre vie donc j'ai eu cette occasion de pouvoir rebondir et c'est ce que j'ai fait quoi sur ces deux dernières années donc voilà quel a été l'élément déclencheur pour en revenir à la question de base déjà merci de partager ça parce que c'est super fort c'est intense là pour le coup la vie t'as pas laissé le choix c'était vraiment il faut que tu changes c'est...

  • Speaker #0

    Il n'y avait pas de négociation, quoi. Ça a été un événement hyper traumatique, cet accident.

  • Speaker #1

    Alors, pas de négociation, ça inclurait le fait qu'on n'ait pas le droit de renoncer. En tout cas, dans ma tête. Et c'est vrai qu'à l'heure d'aujourd'hui, j'ai du mal avec cette notion de « on n'a pas le droit de renoncer » parce que j'ai eu cette chance ou peut-être cette envie de vouloir dépasser ma condition et d'aspirer à autre chose. Mais c'est vrai que toutes les situations sont différentes. et... Il peut arriver qu'on n'ait pas la force de rebondir et de ne pas repartir. C'est en tout cas les messages que j'ai eu autour de moi ensuite, que ce soit avec des psychologues, que ce soit avec des assistants ou assistantes sociales, que ce soit avec le monde médical que du coup je fréquente pas mal quand même depuis ces bientôt trois dernières années. Donc voilà, dans ma tête ça inclurait une certaine deadline de « ok, il t'est arrivé un problème, donc maintenant tu es obligé de rebondir » . Sauf qu'on a le droit aussi de dire « stop » et de dire « en fait là je ne m'en sens pas capable » . où je suis pas ok. Et ça peut être, entre guillemets, légitime. D'où l'importance de l'accompagnement et de demander de l'aide, en fait. Je pense que c'était le plus compliqué dans toute cette histoire, de prendre la légitimité, de dire « Ok, j'ai besoin d'aide, je peux pas m'en sortir tout seul, il faut que quelque chose se passe. » On en revient à cette date du 7 janvier, où j'ai décidé que c'était terminé. J'ai pris la décision de demander de l'aide. Donc ça a pas été évident. J'ai commencé par un parcours psychologique, un suivi psy, avec une première personne avec qui je me sentais pas tellement à l'aise, donc j'avais pas l'impression d'avancer sur quelque chose de concret, et puis finalement, au fur et à mesure des rencontres, je suis tombé sur une psychologue clinicienne spécialisée en addictologie, avec qui le courant est passé d'une manière incroyable, et j'ai pu enfin poser des questions sur ce qui se déroulait dans ma tête. Parce que le schéma de vouloir m'en sortir était entre guillemets déjà tracé. Là où j'avais besoin d'aide, c'était de mettre des mots et de mettre des circonstances sur tout ce qui se passait à l'intérieur de ma tête et d'arrêter de me considérer complètement fou. Parce que je pouvais penser quelque chose le matin et penser autre chose l'après-midi sans aucune structure ou sans aucun élément déclencheur qui fasse que mon avis change par rapport à une situation concrète.

  • Speaker #0

    Ouais, en fait, on peut parler de reconstruction plutôt que de rebondir. Ça a vraiment été un chemin de tout remettre en place, de tout requestionner. Et du coup, je comprends ce truc de quand tu commences une thérapie, c'est aussi d'apprendre à se connaître, se comprendre, à se poser les questions aussi de « Attends, je ressens ça, mais pourquoi je ressens ça ? » Moi, je l'ai beaucoup eu de me dire, dans ma vie, des fois, j'étais d'un coup un peu fâchée ou triste et pour aucune raison apparente. Et le fait d'avoir été accompagnée, j'ai compris, ah non, c'est pas pour n'importe quelle raison, c'est parce que j'ai été submergée, parce que si, parce que ça. Mais du coup, comment toi t'as fait concrètement pour te reconnecter à toi-même ? Parce que je ne t'ai pas connue avant, mais de ce que tu me décris, j'ai l'impression qu'avant, il y avait beaucoup d'évitements, compensations aussi, dans ton temps libre, en faisant la fête, etc. Et après ça, ça a été l'inverse, j'ai l'impression que tu t'es vraiment reconnectée à toi, à qui tu es.

  • Speaker #1

    Complètement, ça veut dire que si tu veux Je pense que le début ça a commencé, j'aime bien ton analogie sur la construction, parce que le début ça a commencé si tu veux par de la déconstruction. Ça veut dire de casser tous ces schémas mentaux que j'avais à l'intérieur de moi, ou toutes ces choses que je faisais. parce que c'était comme ça, parce que je me considérais comme étant comme ceci, ou alors devoir réagir de telle manière par rapport à telle situation, ou devoir réfléchir de telle manière par rapport à une personne, avoir des avis déjà prédéfinis. Donc la première étape, ça a été déjà de commencer par déconstruire tout ce que j'avais emmagasiné. Moi depuis 28 ans, quand je dis tout c'est une exagération mais c'est vrai que ça a été quand même le primordial de me dire ok t'as une nouvelle chance, tu repars, tu penses que le monde il tourne comme ça sauf que le monde qui tourne comme ça, regarde où il t'a amené, il t'a amené dans un arbre Donc en fait le monde il tourne pas comme ça, c'est dans ta tête que le monde il tourne comme ça et maintenant il va falloir déconstruire ton monde et parler entre guillemets avec le coeur. Donc si tu veux le processus a commencé comme ça. Dans cette déconstruction j'étais submergé par parce que, que ce soit pendant mes suivis ou même de manière solitaire, j'ai passé une je passe et j'ai passé énormément de temps seul parce que du coup, je ne pouvais pas marcher énormément du fait de mes opérations. Donc, j'étais très souvent à la maison ou dans un périmètre très limité. Et c'est vrai que j'avais énormément de choses qui me submergeaient, beaucoup de choses qui revenaient à moi de souvenirs effacés dû aux consommations et dû au fait de, encore une fois, ce... ce tunnel où on fasse des choses ok ou pas ok, on n'en a pas conscience et la vie suit son cours, on ne se rend pas compte de ce qu'on laisse derrière comme bagage ou comme casserole. Donc la suite a été de commencer à demander pardon au monde. C'est-à-dire que pardon au monde en général, à l'humanité entière, parce que je ne me considérais plus comme étant une bonne personne. Je me suis même posé la question de savoir si j'étais une bonne personne et si je l'avais déjà été. donc ça a été très compliqué de se reconstruire par rapport à ça et ensuite l'étape a été d'aller demander pardon aux personnes qui m'entourent et ça ça a été très compliqué parce que le pardon est pas le plus compliqué à faire le plus dur c'est d'accepter que tu puisses ne pas être pardonné et que ce soit ok parce que il ya des choses qui ont été dites faites ressenties peu importe qui sont peut-être peut-être trop pour l'autre, donc ça n'enlève pas... ma certitude de demande de pardon si tu veux et de rédemption mais par contre il fallait aussi laisser l'espace à l'autre, au monde de pouvoir me dire non et ça ça a été je pense au début la chose la plus compliquée à accepter de se dire bon bah ok j'ai pris mes jambes, mes bras je me suis levé, je suis en face de toi je te demande de me pardonner, tu me dis non qu'est-ce que je fais ? Comment je réagis maintenant ? Est-ce que ça veut dire que du coup Je suis pas du tout une bonne... personne et j'avancerai plus ou est-ce que ok je t'ai fait de la peine mais du coup tu arrives à vivre avec et moi j'arrive à vivre avec le fait que ce soit pas ok pour toi que on puisse se pardonner en tout cas dans l'instant T et de l'accepter il y en a eu qui ont refusé et je trouve ça complètement légitime parce que si tu veux je suis remonté quand même assez loin dans ma vie si je puis dire en tout cas j'ai essayé de faire quelque chose par rapport aux dix dernières années. Et je pense que j'ai déjà oublié du monde. Mais après, il y a des personnes que tu ne fréquentes plus ou que tu n'as fréquentées que de manière très passagère et avec qui tu pourras, entre guillemets, ne plus avoir d'interaction jamais ou alors au hasard d'une rencontre. Si ça doit arriver, tant mieux. Si ça n'arrive pas, ce n'est pas grave. Mais oui, bien sûr, il y a eu des personnes qui n'ont pas été OK avec le fait de me pardonner. Et à l'heure d'aujourd'hui, je suis au clair avec tout ça. parce que c'est vrai que je peux pas vouloir avoir de l'emprise sur comment quelqu'un a ressenti ou vécu une situation qui peu importe la manière lui a paru malaisante ce serait on

  • Speaker #0

    dépasse si tu veux le cadre du pardon là pour le coup ça devient presque de l'inquisition de tu es obligé de me pardonner et ça a plus de sens de cette manière là c'est hyper courageux déjà on pense que c'est simple mais en fait d'aller demander pardon c'est hyper courageux S'excuser,

  • Speaker #1

    c'est simple. Entre guillemets, excuse-moi pour ce que je t'ai fait. C'est super facile. Ça peut prendre 30 secondes au téléphone. Ça peut prendre un texto. Donc, c'est vrai que c'est super simple. Mais de, comme tu dis, réellement demander pardon et d'y croire. Parce que le plus important aussi, c'est ça, c'est d'être persuadé que tu demandes pardon pour quelque chose ou tu sais que ce que tu as fait, ce n'est pas OK. Donc, c'est vrai que ça, ça a été quand même quelque chose d'assez compliqué. mais c'est vrai qu'aujourd'hui ça devient du coup naturel dans ma manière de vivre en général dans le sens où je reste un humain classique donc ça peut m'arriver des fois pour x ou y raison de blesser quelqu'un ne serait-ce que par rapport à un dialogue ou par rapport à un jugement dans une conversation que j'ai pas l'impression d'émettre mais qui peut être ressenti comme ça et donc c'est vrai qu'aujourd'hui le fait, on revient à ce que je te disais au début, le fait d'avoir de l'empathie et de la bienveillance dans tout dans ma vie le... Pardon et... Beaucoup plus simple à axer parce que si tu veux ça ne va jamais trop loin c'est à dire que ok on peut ne pas être d'accord on peut avoir quelque chose qui nous vexe que ce soit de l'ego que ce soit enfin peu importe et le schéma se fait plus facilement et le fait de pas laisser C'est traîner les choses, d'agir quand c'est le moment, et surtout d'être aidé, de discuter, dialoguer, verbaliser tout ce qui se passe, ou tout ce qu'on peut ressentir ou se poser comme question. Je ne posais jamais de questions, je ne parlais pas beaucoup de moi non plus. Et c'est vrai que... que si tu poses pas de questions tu peux pas savoir, tu te crées tes propres histoires,

  • Speaker #0

    tes propres relations logiques à l'intérieur de ta tête et ça a de sens que pour toi ou que pour la personne qui réfléchit mais du coup t'as été accompagnée par une psychologue t'as fait toute cette démarche là est-ce qu'il y a des choses qui t'ont vraiment pour comprendre tout ça je sais pas, est-ce que c'est le fait d'avoir lu des choses est-ce que c'est le fait d'avoir je sais pas comment c'est à méditer ou tu... vois avoir commencé certaines pratiques qui ont fait que tu vas mieux et que d'ailleurs tu continues à les faire aujourd'hui etc je sais pas si tu comprends complètement je vais complètement il ya alors il ya des choses qui m'ont énormément aidé déjà ça a été la parole c'est à dire que les

  • Speaker #1

    cercles de parole que ce soit dans des réunions d'alcooliques anonymes ou alors ou alors de personnes qui prennent des stupéfiants on est dans le même système que pour les alcooliques anonyme le fait d'écouter l'autre ça c'est quelque chose que je pensais faire et en fait je me rendais compte que j'écoutais personne ça veut dire qu'on me parlait je prenais mais j'avais toujours quelque chose à répondre et ça se passe pas comme ça c'était la première fois où je faisais comme on appelle ça en tout cas comme j'aime appeler ça de l'écouté active dans le sens où je t'écoute je prends ton histoire mais j'ai pas mon avis n'est pas sollicité sur l'histoire donc ça c'est quelque chose qui m'a énormément aidé et qui aujourd'hui et qu'aujourd'hui j'essaye de mettre en place. Alors, dans mon quotidien, ça veut dire qu'avec les personnes qui m'entourent, pas forcément dans des cercles de paroles comme on se l'imagine où on est obligé d'être réunis en cercle justement pour pouvoir discuter ensemble, mais en tout cas d'axer ce dialogue sur « bon ben voilà, maintenant on va discuter toi et moi, mais on va se parler sans avoir besoin d'émettre un avis l'un sur l'autre et de discuter. » Donc ça c'est quelque chose que j'essaie de garder au quotidien avec mes proches. et avec le monde que je rencontre aussi bien que des fois je me rends compte que j'ai toujours des petits peu tendance à vouloir glisser un mot aussi ou glisser quelque chose c'est compliqué de ne pas vouloir se rattacher à l'histoire au discours de l'autre mais le fait d'en avoir conscience si tu veux déjà c'est je trouve une avancée assez incroyable en tout cas dans ma tête à moi ensuite qu'est ce qui m'a aidé énormément c'était la marche parce que j'ai commencé à être seul et à comprendre que ce n'était pas grave d'être seul, que le fait d'être seul, ça allait me pousser à réfléchir sur le monde ou sur ma propre condition et que la réflexion, c'était justement bénéfique. Là où avant, je cherchais absolument à ne pas être seul, que ce soit en fréquentant du monde à longueur de journée ou alors ne serait-ce que dû aux consommations parce qu'au final, que ce soit de l'alcool, que ce soit de la drogue, peu importe, Euh... t'es jamais réellement seul, t'as l'impression que c'est ton ami, un peu imaginaire si je puis dire, qui est avec toi au quotidien et qui te soutient dans tout ce que t'es en train d'entreprendre, alors qu'en réalité t'es plus en train de t'enfoncer qu'autre chose. Mais c'est vrai que la solitude, la marche du coup, seule, a commencé à me mettre en un certain entrain. et si tu veux j'habite dans un petit village à côté de... Marseille, donc on a des forêts communales qui sont vraiment sympathiques. Les premières marches que j'ai commencé à faire c'était dans ces forêts. Donc je me suis retrouvé dans cette nature, j'ai toujours eu une très grande attirance pour la nature, pour la forêt, pour les bois, pour la mer, enfin pour tout ce qui englobe le naturel et un peu extérieur de la civilisation. C'est quelque chose qui m'a toujours fasciné et c'est vrai que là voilà, j'ai commencé à me créer de nouveaux hobbies. de nouvelles passions, des nouveaux centres d'intérêt, dont la nature. Donc ça a commencé un petit peu comme ça, avec ce genre de marche. On en revient à ce que tu me posais comme question, c'est rigolo, tu me parlais de lecture. Donc forcément, quand j'ai commencé à m'intéresser au sujet, j'ai essayé de voir qu'est-ce qui me plaisait dans la nature, pourquoi, comment, et on revient à... J'ai l'impression que notre histoire tourne clairement autour de ce que j'ai dit au début. On revient à cette notion de respect. et de bienveillance qu'on peut prendre réellement au sens large parce que je prenais le temps pour la première fois de regarder réellement ce qui se passait autour de moi. C'est-à-dire que de me laisser m'émerveiller ne serait-ce que par la petite feuille qui est en train de pousser sur l'arbre ou sur la mousse qui... peut y avoir sur ce petit morceau de rocher que je vais voir dans ma balade et de comprendre que en fait on n'était pas seul sur cette planète je sais pas si c'est décousu mais en tout cas De commencer cette notion de respect que je commençais à acter réellement avec l'être humain donc de ce côté là le travail était réellement enclenché du coup il fallait j'avais besoin que ça aille plus loin j'avais besoin de du coup de ressentir de nouvelles choses de me ressentir submergé de me ressentir bouleversé donc j'ai commencé comme ça J'ai trouvé des lectures sur le monde animal, sur le monde vivant qui ont commencé un petit peu à me bouleverser, dont un livre en particulier qui s'appelle « Ce que murmurent les animaux » de Virginia Marcus, qui est une... petite présentation si tu veux de son refuge animalier en Suisse où il y a une personnalisation de l'animal et des animaux qu'elle accueille dans son refuge donc avec les prénoms, les histoires, le pourquoi, le comment... comment. Et ce petit essai m'a complètement bouleversé déjà sur la condition animale et sur ce qui se passait en fait dans ce monde. Je pense que je peux même employer cette société capitaliste parce qu'en fait j'en faisais clairement partie. Ça veut dire que j'ai passé comme je t'ai dit 13 ans à vendre des voitures sans avoir le permis. Ça veut dire que j'ai eu le permis à ma 12ème année de vente de voiture. Donc autant te dire que je me mentais à moi-même, je mentais au monde entier et j'étais ... réellement dans cette société, dans ce monde qui aujourd'hui ne correspond plus tellement aux valeurs que... à mes valeurs, tout simplement. Donc voilà, pour le moment, ça a été ça qui a commencé réellement à me faire sortir de cette condition. Donc forcément, qui dit marche, dit début d'activité physique, sans parler de sport en tant que tel, dans une discipline bien particulière mais le fait de de prendre conscience que la mobilité c'est important le dépassement de soi d'une manière ou d'une autre pour moi c'était important parce que j'avais déjà commencé encore une fois avec l'arrêt de toutes ces substances ça a été un premier dépassement de soi j'étais pas un grand sportif pour un sous donc ça a été quelque chose de compliqué à mettre en place j'ai eu un suivi avec des kinés qui m'ont fait un bien extraordinaire que ce soit physiquement d'une première partie mais surtout humainement parce qu'on était dans le... J'allais chez le kiné 6 jours sur 7, au moins 1h30 par jour entre la balnéo et la kinésithérapie. On est vraiment sur des moments en petits groupes, voire moi seul avec la personne. Et ça permettait des échanges concrets avec des personnes qui sont là pour te remettre en forme et te faire du bien. Donc si tu veux, on était encore une fois dans une sensation de sécurité et de bienveillance dans ces moments-là, qui font que dans cette reconstruction ça a duré un an et demi ce suivi de kiné ça m'a été d'une aide incroyable et je continuais dans cette lancée de demander de l'aide autour de moi et de plus avoir peur de dire là je sais pas, je m'en sors pas ou alors je comprends pas pourquoi je ressens ça s'il vous plaît expliquez-moi aidez-moi ça a été vraiment bénéfique dans toute cette histoire déjà pour en revenir par rapport aux valeurs,

  • Speaker #0

    en général je pose cette question parce que je pense vraiment que c'est un fil rouge en fait c'est un peu notre référence, notre fil rouge et je pense que c'est normal qu'à chaque fois tout est lié en fait tout est lié par ces valeurs, pour moi c'est un peu le socle, même si quand t'en parles tu dis oui c'est un peu abstrait, voilà j'ai telle valeur, le respect ok, mais en fait non, c'est pas si abstrait parce que ça se traduit à chaque fois dans tes choix, dans ta vie, dans ta vision et du coup moi quand je suis un peu perdue, j'essaye de me reconnecter à ces valeurs là ça m'aide m'aide à faire des choix qui me correspondent plus parce que c'est vraiment, les valeurs c'est le truc qui te fait vibrer, c'est le truc qui résonne dans ton coeur et du coup c'est ça qui guide notre vie je pense.

  • Speaker #1

    Complètement, je le ressens au quotidien dans ce quand on revient à cette valeur de bienveillance où

  • Speaker #0

    En fait, j'essaie... de mettre aujourd'hui l'amour au sens large du terme dans tout ce que j'entreprends, dans tout ce que je reçois dans tout ce que j'entends on est vraiment dans de l'amour au sens très large du terme mais ça rejoint énormément la bienveillance et le fait de parler ou de ressentir réellement avec le coeur ou l'âme, chacun appelle ça comme il veut c'est vraiment ce fil rouge, ce fil conducteur comme tu dis, qui aujourd'hui m'anime dans tout ce que je fais et qui anime aussi la suite de ma vie et les projets qui se mettent en place petit à petit. C'est ça qui me fait vibrer. Alors aujourd'hui, il y a un truc qui me donne de la force ou une des choses qui me donne de la force à l'heure actuelle.

  • Speaker #1

    Justement, tu peux peut-être nous parler de la suite. Je trouve ça intéressant de voir à quel moment et comment ton engagement est venu. Parce que quand on parle, tu as un engagement qui est très très fort, une vision qui est assez claire de ce que tu veux, de ce que tu penses, de comment tu vois le monde et j'ai l'impression que c'est... Avant ton accident, c'était complètement différent. Du coup, comment ton engagement est venu dans ta vie et comment tu le traduis aujourd'hui dans tes projets ?

  • Speaker #0

    Alors, je fais une petite sortie. Mais c'est vrai que dans une de mes séances psy, j'ai remis le doigt sur quelque chose où ma psychologue me posait une question en me demandant par rapport à mon enfance qu'est-ce que je répondais à l'école quand on me demandait qu'est-ce que je veux faire plus tard. Et donc, il a fallu que je pose des questions à ma mère parce que j'en avais vraiment aucune aucun souvenir et en fait depuis que je suis tout petit depuis que je suis au CP ma réponse était je veux élever des chèvres en corse dans le maquis donc si tu veux je me rends bien compte que depuis toujours tu vas comprendre ensuite pourquoi je commence par ça depuis toujours j'ai cette aspiration un peu de retour aux sources on pourrait peut-être dire aujourd'hui mais en tout cas de relations entre moi la nature les animaux alors aujourd'hui le projet complètement différente mais il y avait quand même déjà cette aspiration de retour à la terre, de bienveillance parce que je t'imagines bien que étant petit je pensais pas de l'élevage industriel je m'imaginais avec un bâton de berger dans un maquis avec des petites biquettes quoi et donc c'est vrai que voilà alors donc comment on en est arrivé là c'est que si tu veux j'ai un ami très proche qui m'a suivi depuis toujours et même depuis mon époque au gros débord qui a toujours été là pour moi qui m'a énormément soutenu pendant toute ma réhabilitation et qui un jour m'a dit, bon ben voilà, aujourd'hui il faut que je te présente un groupe de personnes, il faut que je te présente un collectif, viens avec moi, je te dis pas ce qu'on fait, je te dis pas où on va, juste je sens que c'est ce qu'il te faut. Je me suis laissé porter, comme je me laisse porter à l'heure actuelle dans plein de choses que je fais dans ma vie. Donc il m'a emmené dans une ferme pédagogique à Marseille qui s'appelle la ferme du collet des comptes. Déjà c'était la première fois de ma vie que... j'avais cette notion de collectif pour moi un collectif je savais ce qu'était un collectif je connaissais le mot, il n'y avait pas de problème mais c'est une situation que j'avais jamais réellement vécue ça veut dire qu'on a un groupe d'amis on a de la famille, on a tout ça mais la notion de collectif comme elle m'était présentée là c'était la première fois que je voyais ça donc je suis tombé dans ce petit monde de bisounours si je puis dire ou si tu veux... le projet de la ferme en dehors de l'agriculture biologique est axé sur de l'accueil d'enfants donc que ce soit d'enfants en situation de handicap ou non on est vraiment sur de l'accueil pédagogique encore une fois lié à la terre, lié au monde animal, lié à l'agriculture et on est sur quelque chose qui est en plein Marseille. donc c'est vrai que c'est assez dingue de pouvoir proposer alors c'est pas les seuls sur Marseille mais de pouvoir proposer un accès à quelque chose qui peut paraître tellement lointain pour des populations vivant dans des centres urbains sur des choses très classiques de comment faire ton schéma de la terre jusqu'à l'assiette ou même est-ce que tu t'es déjà posé la question de savoir comment se fait ce que tu as ça à manger ce soir à midi enfin peu importe. Donc voilà j'ai été présenté à ces personnes là qui cherchait si tu veux un stagiaire pour une animation dans les stages avec les enfants pour les vacances de Pâques. Je n'avais jamais fréquenté d'enfants. Je n'avais jamais rien animé dans ma tête. Bien qu'en fait, en faisant le chemin inverse et en revenant en arrière, ma vie entière n'a été que de l'animation. Parce que le principe même d'un vendeur ou d'un représentant, peu importe, c'est d'animer, entre guillemets, ton produit, ton bien, ton service. Il y a une petite partie spectacle, une petite partie show, ou déjà une petite partie dialogue. encore une fois avec l'autre et là le fait que ce soit avec des enfants j'avais peur D'une manière ou d'une autre, de ne pas savoir trop comment réagir. Savoir si j'allais me sentir à l'aise. Je ne me sentais pas légitime du tout non plus d'être avec des enfants. Mais qu'est-ce que je vais pouvoir leur apprendre ? Je ne suis absolument pas qualifié. Et en plus de ça, je n'avais pas tellement de notions. Hormis le potager maison ou le peu de jardinage que j'ai pu faire avec mon grand-père étant plus jeune, auquel je m'intéressais moins ou en tout cas où j'avais oublié toutes les notions de ce qu'il en était. Donc on était vraiment dans un monde où c'était la première fois, si tu veux. que je mettais les pieds dans quelque chose comme ça. Donc, ça a été rigolo comme première rencontre parce que j'ai vraiment pris ça, moi, comme étant un entretien formel. Ça veut dire que j'étais très stressé. Je m'attendais à ce qu'on soit assis dans un bureau et qu'on discute et que je doive parler de mes motivations, pourquoi, comment, qu'est-ce qu'il en est. En fait, on n'était pas du tout dans ça. On a été dans de l'échange. J'ai eu le droit à quelques questions classiques qui sont complètement normales, que ce soit liées au casier judiciaire, comme ça, on va quand même travailler avec des enfants. Mais c'est vrai qu'après, l'entretien, si je puis dire, s'est fait sur le parcours de la ferme pédagogique. Donc j'avais le même regard que les enfants qui découvrent la ferme pour la première fois. Donc si tu veux, à la fin de ce petit entretien, on m'a dit, si tu veux, lundi, tu peux commencer avec nous. J'ai pleuré, déjà, pour commencer. Et ça a été le meilleur choix qu'on m'a laissé faire. de ma vie parce que j'étais accepté, donc on me laissait la possibilité de voir si je tenais la route pour participer avec eux à ces moments de stage. Ensuite maintenant le choix venait à moi de « est-ce que tu es ok ? Est-ce que c'est ce que tu as vraiment envie de faire ? Comment tu vas le sentir ? Est-ce que tu te sens stressé ? Comment tu vois la chose ? » Et j'ai décidé de ne pas tellement mentaliser le process et de voir avec mon coeur comment je leur sentais la première approche a été formidable. Ça veut dire que je sortais d'un milieu où le but premier était de faire tomber les collègues de travail parce que le but étant d'être le premier, le meilleur, celui qui gagne le plus d'argent, le meilleur commercial de la boîte. Enfin, on était vraiment dans un système où les relations interpersonnelles étaient, en tout cas pour ma part, assez fausses parce que c'est des personnes que je ne fréquente plus à l'heure actuelle et que je n'ai jamais fréquentées en dehors de mon lieu de travail, si tu veux, où le but premier étant de ramener le plus d'argent à la maison et d'être... être le meilleur sur le papier pour faire plaisir à notre gentil patron. Et là, je tombais dans un monde où les gens se parlaient bien au travail et s'aimaient, s'appréciaient. Je suis tombé des nues. Ça veut dire que le premier jour, je me rappelle, je suis rentré à la maison et encore une fois, je pleure beaucoup depuis mon accident, mais encore une fois, je me suis mis à pleurer parce que je prenais une claque extraordinaire. en me disant, putain, mais c'est possible. En fait, on en revient à cette déconstruction. Tout ce que tu as déconstruit avec le fait de pourquoi tu n'étais pas d'accord avec ton ancienne vie... J'avais théorisé le fait que ça puisse bien se passer, peu importe le boulot que j'allais choisir ou la vie que j'allais choisir pour après, mais je ne l'avais jamais vécu. C'était que de la théorie dans ma tête. Et là, je suis tombé dans un monde d'amour incroyable. Donc le stage s'est super bien passé. Les enfants, les relations avec les enfants et avec le monde. qui les entoure m'a transcendé. C'est-à-dire qu'on prenait tellement d'amour, de sourire et d'émotion à longueur de temps que je m'amusais plus que les enfants pendant mes périodes de stage. Je découvrais quelque chose d'incroyable. Et on en arrive encore une fois à la suite. C'est comme ça que j'ai commencé à me prendre de passion pour tout ce monde agricole et me poser des questions de pourquoi est-ce que je trouve ça intéressant d'enseigner ce... ces valeurs ou ces choses de la vie qui sont classiques depuis des milliers d'années, à des enfants ou même à des parents. Parce que par exemple, je vais te donner un petit exemple. On a des moutons sur la ferme. On a des parents d'enfants. sur Marseille qui par exemple n'avaient jamais vu de moutons en liberté ou n'avaient jamais vu de poules dans un poulailler ou n'avaient jamais vu de patates poussées dans un champ et le fait de pouvoir avoir cet impact social et de commencer à comprendre comment est-ce que ça fonctionnait, pourquoi et qu'est-ce qui était important dans tout ça en tout cas, qu'est-ce que moi j'en ressortais d'important par rapport la suite de... de ma vie, ça a commencé comme ça. Donc, ça en est suivi forcément des lectures. Des lectures, alors, ça a commencé énormément par Internet, parce que j'y ai jamais été. passionnés de lecture jusqu'alors et c'est vrai que cette habitude de consommer encore une fois du divertissement de consommer de l'information de manière complètement décomplexé quand je dis décomplexé c'est à dire que un énorme flux d'informations qui nous arrive ou qui m'arrivait en tout cas longueur de journée ou à longueur de semaine et qui était entre guillemets dans ma tête du coup tout au même niveau parce que parce que avait trop et que je sélectionnais pas ce qui m'intéressait, que je m'étais même jamais posé la question de savoir qu'est-ce qui pouvait m'intéresser et d'où le fait de la lecture de tomber sur des sujets qui me passionnaient si je puis dire ou qui m'animaient ou je commençais à comprendre un petit peu plus et en tout cas à mettre des mots sur des sujets que je théorisais tout seul ou alors avec des discussions avec le monde qui nous entoure mais voilà donc ça a commencé avec ces lectures ensuite a été le moment de me dire, bon, maintenant que tu as mis un pied dans ce monde-là, j'ai fait plusieurs stages forcément avec eux parce que j'étais passionné par ce qui se passait là-bas et que je voulais comprendre aussi comment tout fonctionnait, que ce soit la partie pédagogique, que ce soit la partie administrative, que ce soit la partie maraîchère, qui fait aussi vivre le collectif, comprendre quelle était la synergie de ce collectif, le groupe, et comment est-ce que ça marchait et pourquoi, et les parcours de tout le monde aussi. Et en fait, je me suis rendu compte dans tout ça que pas tout le monde était issus de familles d'agriculteurs, tout le monde avait un petit peu son histoire et ses raisons d'être arrivés à cet endroit-là, à tel ou tel moment de leur vie. Et encore une fois, c'était l'écoute des autres et des histoires qui nous entourent. Et il m'a fallu, après, aller chercher un petit peu plus loin. Dans le sens où la nature me plaisait, la transmission, que ce soit à l'enfance, mais du coup je me rends compte aujourd'hui que pas que, mais la transmission en général était quelque chose qui me plaisait aussi. Et la nature me plaisait énormément. Et là, des questions sont arrivées un peu... plus précises. Quels sont tes choix ? Qu'est-ce que tu as envie de faire ? Il était pour moi impossible, bien évidemment, de repartir dans ce dans quoi je travaillais avant. C'est un monde sur lequel j'ai fait complètement abstraction et qui me correspond absolument. plus comment on fait qu'est ce qu'on fait qu'est ce qui existe de quoi j'ai envie comment on va amener la chose et au fur et à mesure des rencontres des discussions des connaissances je suis tombé sur sur un école qui s'appelle le croissant fertile avec des personnes qui sont là qui sont formidables si tu veux quand je suis parti là bas on était un stage sur la coopération une transmission en tout cas sur la coopération et j'étais pas du tout au fait ça veut dire que j'ai chopé une bride d'information dans un écolieu qui me parlait je ne sais pas pourquoi mais qui me parlait d'une manière ou d'une autre et arrivé là bas j'étais persuadé de faire un stage sur la permaculture ce qui n'était pas du tout le cas on était vraiment dans le principe de la coopération dans un collectif qui soit créé ou en cours de création mais on était j'étais avec des personnes qui aspirez ou qui était déjà qui faisait partie d'un collectif quel qu'il soit que ce soit l'association, que ce soit le lieu de vie, enfin peu importe. là où moi la notion de collectif était toute récente ça faisait quelques mois que je savais que ça existait, que c'était possible et donc je me suis retrouvé là-bas et on en revient à j'ai touché du doigt ce à quoi j'aspirais ce à quoi je pensais dans ma tête c'est à dire que d'avoir une relation avec la nature qui est hyper résiliente ce principe d'habitat léger de débétoniser entre guillemets notre monde un petit peu actuel et d'aggrader le territoire, d'aggrader la nature c'est des notions que je commençais à prendre et là je concrétisais, ça veut dire que ok je m'étais imaginé un monde où c'était possible pour les autres mais peut-être pas pour moi et là je m'en décompte juste à l'échange et en écoutant que ok c'est possible, on peut toucher ça du doigt, il faut en avoir entre guillemets envie, mais si t'en as envie que tu veux le faire, tu peux encore une fois, demande de l'aide ou demande comment ça se passe et on va te te trouver une place. Et ça a été un énorme élément déclencheur sur ce que j'ai voulu faire après. C'est-à-dire que j'ai cette aspiration de relation avec la nature, mais j'ai aussi cette aspiration d'accueil, on en revient à cette bienveillance, ou d'essayer d'aider au maximum le monde qui m'entoure autour de moi, parce que ça y est, moi j'ai eu ma chance, dans le sens où j'ai profité de ma vie d'une mauvaise manière à l'heure actuelle. en tout cas je le juge comme ça, je faisais mes choix pour moi même s'ils n'étaient pas bons, c'était des mauvais choix, mais je faisais les choix pour moi parce qu'il fallait que je sois satisfait, il fallait que je me sente bien entre guillemets. Et là, l'ouverture au monde était évidente. Ça veut dire qu'en fait, ce n'était pas pour moi. Et comment je retrouve mon bonheur ? Mon bonheur, je le retrouve dans le bonheur de l'autre. Dans le fait de, ok, moi j'ai eu cette chance, je m'en suis sorti. Maintenant, c'est à moi d'essayer de trouver une manière de pouvoir aider l'autre. De pouvoir aider le monde à ma toute petite échelle. Mais d'essayer de pouvoir aider l'autre. Donc je commence en fait si tu veux l'année prochaine une formation agricole qui s'appelle BPRA, donc c'est une qualification agricole pour pouvoir reprendre une exploitation agricole en biologique. Et j'aimerais énormément pouvoir faire de l'accueil, que ce soit de l'accueil de réfugiés, que ce soit de la réinsertion liée aux prisons, que ce soit de la réinsertion liée aux addictions, que ce soit de l'accueil d'enfants ou non d'ailleurs de personnes en situation de handicap, que ce soit physique, mentale, peu importe. Le but étant de pouvoir rallier, si tu veux, mon aspiration au retour à la terre. Et du coup, pour le retour à la terre, le schéma logique était l'agriculture, parce que cette notion du sol à l'assiette a été révélatrice du combat dans lequel je voulais m'engager. Et aujourd'hui, l'une des choses qui m'anime en dehors de la bienveillance et l'amour au quotidien, C'est la lutte. Quand je dis la lutte, encore une fois, c'est au sens très large du terme, mais je suis révoltée à longueur de journée pour tout un tas de choses. Et la révolte, au lieu d'être quelque chose de fatigant et quelque chose qui m'anime, parce que j'y mets pas de haine, en fait, si tu veux, dans cette révolte. J'essaie d'y mettre de la bienveillance et de l'amour pour changer les choses d'une manière happy. Je sais pas si on peut dire les choses comme ça, mais si, pour changer les choses d'une manière happy. Et je pense que ça va le faire, je pense qu'on va y arriver.

  • Speaker #1

    Ah bah de ouf, je suis plus que convaincue. Mais quand je t'entends parler, j'ai vraiment l'impression que tu t'es retrouvée. Tu disais tout à l'heure que quand tu étais enfant, tu avais déjà des envies finalement de vie simple, avec les animaux, en lien avec l'agriculture, et puis il y a eu une partie de ta vie où c'était pas du tout ça, et là tu y reviens. Et c'est vrai que c'est souvent ce qu'on demande aux enfants, qu'est-ce que tu veux faire plus tard, etc. Et après, souvent quand tu fais une démarche de reconversion ou de retrouver un travail qui te plaît, c'est souvent une question qu'on te repose. Qu'est-ce que tu voulais faire quand tu étais enfant ? Parce que quand tu es enfant, tu n'es pas influencé par quoi que ce soit, c'est vraiment les choses qui te plaisent à toi. Et après, tu as forcément... Le chemin conditionné dans lequel tu vas devoir aller et du coup tu vas oublier un peu ce truc de base qui te faisait vibrer. Mais du coup, ça me parle quand tu dis que quand tu as découvert les collectifs, tu étais là genre « Wow, mais ça existe ! »

  • Speaker #0

    Exactement, c'est possible.

  • Speaker #1

    Mais parce que c'est vrai que quand tu n'as jamais expérimenté ça, tu es habitué à ce qui se fait habituellement au niveau de la société et ça n'a rien à voir avec ce qui est possible. C'est vrai que moi, à chaque fois que je retourne dans des lieux comme ça, de collectif, avec toute cette démarche de bienveillance, de communication, de vraiment construire quelque chose ensemble, pareil, c'est un nouveau souffle, quoi. Je me dis, ah oui, c'est vrai, c'est vrai que c'est possible, qu'on peut vivre de cette manière. manière là et que la vie peut être aussi plus douce plus agréable et toi tu as ta vision idéale utopique en quelques mots si vraiment tu pouvais justement changer les choses remodeler le monde avec ta vision, à quoi ça ressemblerait ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense si tu veux que on est encore une fois dans le manque de légitimité peut-être, mais je ne m'autorise pas à penser quelque chose d'aussi global. Pourquoi ? Parce que au final, le respect de la volonté de l'individu en part entière est quand même hyper importante et je ne veux absolument pas que mon discours discours soit quelque chose de je te dis ça donc c'est comme ça qu'il faut que ça se passe après je du coup le la nuance se fait quelque chose à beaucoup plus petite échelle d'où le fait de création alors de de rejoindre une structure peut-être déjà existante je pour le moment ce sera dans plusieurs mois donc je sais pas comment est-ce que ça va réellement se dérouler à l'heure actuelle mais voilà de le faire vraiment à des échelles très réduites parce que le fait de vouloir englober de la masse. tu arrêtes d'essayer de comprendre l'autre si tu veux là où par petite échelle ton discours je pense est quand même beaucoup moins moralisateur si je puis dire après l'esprit de... Pour revenir avec ta question initiale, l'esprit de coopérative est quelque chose qui me parle énormément. J'aspire à ce qu'il y aura forcément du financier, c'est ce qui reste à l'heure actuelle pour le moment, la seule chose qui fait... fasse un petit peu tourner ce monde ou qu'on puisse mettre une petite pierre à l'édifice et aider les autres. Il faut financer tout ça. Je vais dire le mot malheureusement, mais il faut financer tout ça. Et donc voilà, j'aspire à des choses. très simple, c'est-à-dire qu'un salaire équivalent pour tout le monde, peu importe la place que tu auras dans la structure, que tout le monde gagne exactement la même somme d'argent, que tout le monde puisse être libre de partir quand il veut. J'ai entendu une phrase l'autre jour qui m'a énormément interpellé, à la différence de demander combien est-ce que vous voulez gagner par mois, c'est plutôt combien est-ce que vous voulez mettre de côté pour pouvoir vous émanciper à n'importe quel moment et pas vous sentir blo... bloqué de la situation dans laquelle on est. Parce que souvent, en tout cas je le vois avec mes proches, souvent ce qui fait qu'on n'arrive pas, ou on n'a pas envie, ou on ne peut pas sortir, entre guillemets, de sa condition, c'est que on se sent piégé. Et souvent, ce qui nous piège beaucoup, ça reste le financier, parce qu'il faut qu'on mange, il faut qu'on se loge, il faut qu'on se déplace, il faut que... Donc voilà, essayer de faire quelque chose de encore une fois coopératif et le plus égalitaire possible de n'importe quel moyen que ce soit quoi. Ma grande utopie elle serait là dedans et du coup je vais quand même répondre à ta question si je devais le développer à grande échelle ce serait ça ce serait que on se rende bien compte qu'au final on doit tous être pareil et mis sur un même pied d'égalité parce que on est tous pareils de toute façon c'est un fait.

  • Speaker #1

    J'ai deux dernières questions. Il y en a une d'Aziz. Tu as déjà partagé une référence de livres, mais est-ce que tu as des documentaires, des films ou d'autres livres qui t'ont inspiré, qui t'ont guidé, que tu aimerais recommander ?

  • Speaker #0

    Alors, j'ai un film qui va sûrement parler au plus grand nombre mais qui me bouleverse depuis que je suis tout petit, c'est La Belle Verte. Parce qu'encore une fois, je te dis, quand j'étais petit, je voulais élever des chèvres, mais ça a été un film qui m'a suivi depuis longtemps et je ne me posais pas... réellement la question du savoir pourquoi bien que je reviens un petit peu dans le passé mais j'étais un adepte des fêtes libres ce qu'on appelle les free parties donc j'ai toujours eu cette aspiration un peu de être en dehors des faits classiques de la société bien que mon travail n'était pas du tout mais dans ma vie personnelle d'essayer d'être un peu en marge de ce qui se faisait normalement si tu veux et en termes de marginalité en tout cas pour l'année auquel le le film est sorti, on est sur quelque chose de... d'hyper marginal et d'hyper utopiste et donc c'est mon film si tu veux référence où je peux le regarder des dizaines de fois dans l'année je vais toujours pleurer de la même manière je vais toujours me sentir autant ému et me dire que c'est comme ça que j'ai envie de vivre et ensuite au niveau des lectures j'ai énormément de livres qui m'ont bouleversé c'est vrai que du coup Virginia Marcus a sorti plusieurs bouquins souvent reliés à la condition animale en tout cas moi ceux que j'ai lu étaient reliés à la condition animale et qui m'ont ... qui m'ont mis au fait de plein de choses et qui m'ont donné une certaine envie de combattre aussi d'une manière ou d'une autre. Après ensuite, je pense que toutes les lectures, entre guillemets, sont importantes. Il y a un livre que j'aimerais quand même... j'aimerais quand même citer, c'est un essai d'une journaliste qui s'appelle Salomé Sake. L'essai s'appelle Résister et on est sur, si tu veux, une petite explication rapide, ça doit faire aussi peut-être une centaine de pages, je n'ai pas... pas le chiffre exact en tête, sur, si tu veux, la résistance par rapport à l'extrême droite, le racisme entre guillemets en France, et on est sur des notions qui me parlent énormément parce qu'on en revient à la parité, l'égalité, cette notion de race n'a pas lieu d'être, et on est sur quelque chose de très explicatif à offrir au monde qui nous entoure, parce que la lecture est simple, ce n'est pas mon réalisateur, on est juste sur des clés de compréhension, et je sais que j'en ai acheté plus d'une dizaine et je l'ai distribué je me suis même distribué à des gens dans la rue que je ne connaissais pas mais parce que le message était important, j'étais aussi révolté par rapport à ce qui se passait, par rapport aux élections et la politique est devenue assez importante dans ma vie à l'heure actuelle où en fait si tu veux je pense qu'il faut remettre d'un certain côté la politisation de la monde, pas la politisation au sens large comme on le voit à la télé ou comme elle est faite par les politiciens mais l'implication si tu veux de chaque personne dans Ciao ! S Tous les actes de sa vie. Il y a une phrase avec laquelle j'arrive plus du tout à être ok, c'est « parce que c'est comme ça » . Donc on est dans un combat quotidien par rapport à tout ça.

  • Speaker #1

    Il faut définitivement que je lise ce livre. À chaque fois, tout le monde... on en parle et tout le monde dit qu'il est génial et je ne l'ai pas encore acheté mais tu l'as bien vendu super bien vendu et puis en plus on est sur un petit

  • Speaker #0

    TC qui fait 5 euros donc on n'est pas sur de la lecture trop chère, c'est accessible bien que ça reste une somme, attention, là n'est pas la question mais voilà quand même sur quelque chose d'accessible c'est écrit de manière très simple sans être péjoratif c'est juste que c'est compréhensible pour le plus grand nombre, pas moralisateur et vraiment vraiment un message en tout cas qui m'a parlé personnellement trop cool,

  • Speaker #1

    merci pour ces références je suis convaincue que justement les livres les documentaires, les films, tout ça ça contribue beaucoup aussi à véhiculer des messages des visions et... et que ça, en général, ça touche les gens, et ça les marque, même plus que de grands discours.

  • Speaker #0

    Complètement. Si je pouvais en placer un dernier, quand même, c'est un livre qui s'appelle « Désobéir » , d'un auteur qui s'appelle Frédéric Gros, parce que, si tu veux, alors, on est sur de la désobéissance, entre guillemets, mais on en revient à cette... à sortir, si tu veux, de cet état de servitude, ou de... parce que c'est comme ça. Donc, je trouvais ça intéressant de le placer, et de pouvoir permettre aux gens qui connaissent ou connaissent pas, de peut-être aller taper sur Internet, de savoir qu'est ce que c'est que ce livre, est-ce que ça me parle, est-ce que ça me parle pas donc je voulais le placer aussi dans cette liste de lecture Cool,

  • Speaker #1

    et j'ai ma dernière question que j'aime bien poser aussi à mes invités si tu pouvais te retrouver devant le Nicolas ado ou enfant comme tu préfères, le Nicolas d'il y a quelques années en tout cas,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que t'aimerais lui dire par rapport à tout ce que t'as appris et tout ce qui s'est passé dans ta vie Premièrement je lui dirais mollo sur la drogue c'est le premier truc que je verrais parce que ... Parce que c'est pas obligé. Et surtout, bien que je crache pas sur tout ce qui s'est passé dans ma vie, et c'est ce qui fait que je suis aujourd'hui. Mais vas-y, mollo. Te détruis pas trop. Et n'aie pas peur de demander de l'aide. N'aie pas peur de tendre une main. N'aie pas peur de t'accrocher à toutes les branches que tu puisses trouver. Parce qu'en fait, le fait d'échouer, c'est pas grave. Le fait de prendre un nom, c'est pas grave. le fait de douter c'est carrément ok, le fait d'être triste c'est carrément ok, donc voilà vas-y mollo sur la drogue demande de l'aide et laisse parler ton coeur,

  • Speaker #1

    voilà ce que je lui dirais c'est des super mots pour finir cet échange, merci beaucoup en tout cas,

  • Speaker #0

    bah merci à toi, ça m'a fait énormément de bien de discuter de tout ça avec toi

Description

Dans ce nouvel épisode d’Enquête de Soi, j’ai rencontré Nicolas Ricci, dont le parcours mêle militantisme, écologie et reconstruction personnelle.


Il y raconte comment un grave accident a bouleversé son corps, mais aussi sa façon d’agir, de militer et de prendre soin du vivant.


On explore ensemble :

-Comment continuer à s’engager quand le corps ralentit.

-Ce que l’on gagne à remettre de la douceur dans nos luttes.

-Comment transformer l’épreuve en moteur plutôt qu’en frein.


Merci à Nicolas de s’être livré avec autant de sincérité. J’espère que cet échange puissant vous inspirera autant qu’il m’a bouleversé.


La sélection inspirante de Nicolas :

Ce que murmurent les animaux de Virginia Markus

Résister de Salomé Saqué

Désobéir Frédéric Gros

La belle verte de Coline Serreau


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Musique : Music from #InAudio, I Feel Fine et Musique libre de droit Plume


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Nicolas.

  • Speaker #1

    Bonjour Noa.

  • Speaker #0

    Merci de venir sur mon podcast aujourd'hui. Je suis trop heureuse de pouvoir échanger avec toi. Ça faisait longtemps qu'on avait prévu d'enregistrer cet épisode, donc c'est vraiment chouette de pouvoir le faire aujourd'hui.

  • Speaker #1

    C'est vrai que ça fait un petit moment qu'on en discute et moi aussi je suis ravi de pouvoir commencer cet échange.

  • Speaker #0

    Du coup, on va enchaîner sur la première question. Est-ce que tu peux commencer par te présenter en me parlant de tes valeurs ?

  • Speaker #1

    Carrément. Alors déjà, comme tu l'as si bien dit, je m'appelle Nicolas. J'ai bientôt 30 ans. Et donc, pour parler des valeurs, il y en a beaucoup, entre guillemets, qui sont importantes à mes yeux. Mais c'est vrai que si je devais en retenir une, voire deux principales, ce serait la bienveillance, pour commencer. pense que c'est quelque chose d'essentiel dans la vie. Et ce qui s'y rapporte le plus, ça va être le respect aussi. Je trouve qu'on est sur deux valeurs qui vont bien ensemble quand on les a, entre guillemets, assimilées et comprises. Donc, on est vraiment sur cette notion-là et cette base de commencement, entre guillemets, sur les valeurs. Et c'est ça, entre guillemets, aussi que j'aspire à transmettre et à faire ressentir au monde autour de moi. quand on se rend contre l'autre, tout simplement.

  • Speaker #0

    Et si tu me parles un peu de ton parcours, je sais qu'il y a eu vraiment, ces dernières années, un avant et un après. Ta vie a quand même drastiquement changé. Est-ce que tu peux déjà me reprendre un petit peu les étapes de ton parcours pour qu'on comprenne un peu mieux ? Et du coup, me parler de cet élément déclencheur qui a fait que tu as vraiment réadapté un petit peu ta vie.

  • Speaker #1

    Alors oui, le petit peu, c'est un mot qui est peut-être un peu léger à ce que l'on ait dit dans un... bouleversement total. Pour commencer, j'ai eu un parcours assez classique, ça veut dire école, collège. J'ai fait un CFA en commerce, donc à partir de mes 14-15 ans, où j'ai commencé à travailler dans le milieu de l'automobile, où j'y ai passé 13 ans de ma vie, donc jusqu'à mes 28 ans. Ça a été un parcours qui m'a aidé à tenir et à m'ouvrir d'une certaine manière avec le monde en général. on retrouve cette idée de social où le principe même du travail d'un commercial quel qu'il soit ça reste quand même de l'échange avec les autres êtres humains bien qu'il y ait cette notion de vente de biens ou de services au milieu mais en dehors de ça on a quand même cet échange qui est concret avec les personnes qu'on fréquente au jour le jour Donc voilà, sur le parcours professionnel, on était sur quelque chose d'assez classique, la vie se menait très bien de ce côté-là, je gagnais très bien ma vie, j'en ai pas fait grand-chose d'ailleurs, c'est vrai que ça se passait plutôt bien. là où j'ai eu plus de difficultés c'est qu'il y avait un parcours plus chaotique dû à tout un tas de consommation j'ai commencé à boire de l'alcool et à consommer tout un tas de stupéfiants très jeune je devais avoir 11 ou 12 ans la première fois que j'ai consommé des stupéfiants et c'est quelque chose qui m'a suivi jusqu'à mes 28 ans encore une fois je reviendrai après mais on est vraiment sur cette date butoir de deux ans et demi maintenant je me suis beaucoup perdu je comprenais pas réellement qui j'étais à quoi j'aspirais à quoi je servais et j'étais dans une sorte de tunnel si je puis dire ou avoir des œillères un petit peu comme un cheval et et d'avancer sans avoir de réel but précis. Si ce n'est que... d'être vivant même si c'était d'une mauvaise manière mais d'essayer d'être le plus vivant possible parce que c'est vrai que je travaillais énormément j'avais un rythme de vie où je devais faire entre 60 et 70 heures par semaine en travaillant 6 jours sur 7 donc la manière que j'ai trouvé pour accumuler vie sociale, vie sentimentale vie professionnelle vie tout court il fallait que j'ai du temps La seule manière d'avoir du temps c'était la nuit et la seule manière de ne pas dormir la nuit pour moi c'était de consommer. Donc on tournait dans cette poule où ma vie entière tenait sur un fil qui a cassé ce fil du coup le 16 octobre 2022. Ça faisait peut-être 4 ou 5 jours que je n'avais pas dormi. Je travaillais en même temps donc autant te dire que c'était compliqué à gérer pour moi parce qu'il ne fallait pas que le monde, mon environnement... se rendre compte dans ma tête que j'étais complètement complètement camé j'ai pas d'autres mots donc essayer de cacher au maximum mes déboires mes fatigues mes états physiques mes états mentaux et donc arrive ce jour du 16 octobre où j'ai un accident de voiture où je suis seul en voiture il est 6h du matin on est dimanche et je pars pour rejoindre pour rejoindre une personne et en fait j'arrive jamais donc c'est des pompiers volontaires qui me rouge. J'étais sur une route de campagne, la voiture a fait une quinzaine de tonneaux. Je suis sorti par la fenêtre, la voiture a fini dans un arbre, pour te finir un petit peu l'histoire de l'accident. Et je me suis évanoui sur un chemin de terre. Et c'est des pompiers volontaires qui faisaient un footing, qui m'ont trouvé. Et qui, du coup, m'ont appelé. des pompiers en service. Et ça a été une claque monumentale. Que ce soit pour moi, que ce soit pour mes proches, que ce soit... Ça a été quelque chose de très compliqué à gérer. Émotionnellement, au réveil à l'hôpital, parce que je ne pouvais pas marcher, je n'étais pas encore opéré, je ne savais pas ce qui s'était passé, je savais juste qu'il y avait un problème, parce qu'il y avait ma mère en pleurs, la personne que je devais rejoindre à côté de moi en pleurs, des policiers, des pompiers, des chirurgiens, des masques, des gants, des lumières, des sons. Et je comprenais pas grand chose à ce qui m'arrivait. Donc s'en est suivi une première opération, un début de rétablissement si je puis dire. Ça a été en tout cas le premier élément déclencheur de la grosse remise en question qui fait qu'aujourd'hui ça va beaucoup mieux. Et si je devais trouver un exemple ou quelque chose qui fait que... comment dire... J'ai été bouleversé pour la première fois où je me suis rendu compte qu'il y avait réellement un problème. C'est dans le regard de mes proches, après l'opération, tout en sachant que j'étais sauvé, que je pouvais marcher, qu'on savait que d'une manière ou d'une autre, j'allais me rétablir. On ne connaissait pas encore les séquelles possibles, mais j'allais me rétablir. Et de voir que dans le regard de mes proches, il n'y avait que de la peur et de la tristesse. Quand j'étais posé dans ce lit d'hôpital, c'était la première fois de ma vie qu'on me regardait comme ça. Ou en tout cas, que je comprenais qu'on me regardait comme ça, parce que je pense que dans le passé chaotique... que j'ai fait subir énormément de choses pas cool à tout mon environnement et on a déjà dû poser ce regard de... J'appelle ça de la pitié, mais c'est de la bonne pitié dans le sens où on a envie de sauver la personne mais on ne peut pas faire les choses à sa place. Et c'était la première fois où je le prenais réellement en pleine tête et je t'en parle aujourd'hui, j'ai encore des frissons. Ça a été vraiment l'élément déclencheur de tout ça. Donc la rééducation a commencé tranquillement après mon opération. Je suis assez vite sorti. de l'hôpital, je crois, au bout d'une semaine. Ça a été un peu dur parce que j'étais bourré de cachets, bourré de morphine, bourré de tout un tas de trucs. Donc, psychologiquement, j'avais l'impression de ne pas réellement en avoir fini avec tout ce qui me retenait de mon ancien passif lié à la drogue. Parce que mentalement, j'en arrivais à ressentir les mêmes sensations, bien que j'arrivais à faire la différence entre du récréatif, si on peut appeler ça comme ça, bien que le mot ne me plaise plus à l'heure actuelle. mais du récréatif et du médical. Donc voilà, ça en est suivi. Ensuite, une deuxième opération, pour le coup, où on m'a fait une greffe, une greffe de vertèbre, parce que la vertèbre avait tellement explosé dans le dos qu'elle ne pouvait pas se remettre toute seule. Mais avant de pouvoir envisager une suite, il fallait déjà me stabiliser. Et je recommence à marcher et à vivre. Ça a été compliqué. Parce que des problèmes sentimentaux au milieu. Il a fallu que je retourne chez ma mère. Ça aussi, ça a été quelque chose de compliqué à gérer au début. Je l'ai vécu comme un échec au départ. Donc ça veut dire que ça faisait beaucoup d'échecs. Je venais de perdre mon travail, entre guillemets. Dans ma tête, tout était en train de se terminer. Donc je venais de perdre mon travail. Je venais de perdre ma copine. Je venais de perdre la notion de qui j'étais. Et surtout je me regardais dans la glace sans savoir exactement où est-ce que j'allais aller. J'avais des millions de questions en tête qui n'étaient pas structurées. Et la drogue est revenue au milieu pendant quelques semaines voire quelques mois. Parce que c'est le seul échappatoire que je connaissais depuis 15 ans. Et donc forcément dès qu'on commence à aller un petit peu mieux, je ne sais pas si c'est pareil pour tout le monde, mais en tout cas ça a été le cas pour moi. La première patterne que j'ai reprise ça a été celle-là. Ça veut dire, bon bah voilà, aujourd'hui je me sens bien, on va sortir pour un coup, et puis de pour un coup, on est reparti dans des travers... Des travers pas tellement ok. Et un matin, en un jour de 7 janvier, je m'étais défoncé la veille, et je me suis réveillé avec une haine et une tristesse incommensurables. Je suis sorti de chez moi à pied, je suis parti marcher sans mon téléphone pendant peut-être 3 ou 4 heures, et j'ai pris la décision ce jour-là d'arrêter complètement. de consommer, que ce soit des stupéfiants, que ce soit de l'alcool. Ça a été un élément déclencheur où j'ai réalisé que j'avais eu une chance. Une chance d'être vivant, une chance de pouvoir marcher, une chance d'être entouré. Parce que du coup, j'avais quand même mes proches qui me soutenaient dans mon début de combat, en tout cas dans ma réhabilitation qui était déjà pour le moment que physique, mais quand même du soutien qui était là. Et j'ai ouvert les yeux sur le fait de... On peut pas dire... Je pouvais pas dire au revoir à la vie comme ça. Et j'étais passé à... quelques centimètres entre guillemets pour imager de passer à côté de ma propre vie donc j'ai eu cette occasion de pouvoir rebondir et c'est ce que j'ai fait quoi sur ces deux dernières années donc voilà quel a été l'élément déclencheur pour en revenir à la question de base déjà merci de partager ça parce que c'est super fort c'est intense là pour le coup la vie t'as pas laissé le choix c'était vraiment il faut que tu changes c'est...

  • Speaker #0

    Il n'y avait pas de négociation, quoi. Ça a été un événement hyper traumatique, cet accident.

  • Speaker #1

    Alors, pas de négociation, ça inclurait le fait qu'on n'ait pas le droit de renoncer. En tout cas, dans ma tête. Et c'est vrai qu'à l'heure d'aujourd'hui, j'ai du mal avec cette notion de « on n'a pas le droit de renoncer » parce que j'ai eu cette chance ou peut-être cette envie de vouloir dépasser ma condition et d'aspirer à autre chose. Mais c'est vrai que toutes les situations sont différentes. et... Il peut arriver qu'on n'ait pas la force de rebondir et de ne pas repartir. C'est en tout cas les messages que j'ai eu autour de moi ensuite, que ce soit avec des psychologues, que ce soit avec des assistants ou assistantes sociales, que ce soit avec le monde médical que du coup je fréquente pas mal quand même depuis ces bientôt trois dernières années. Donc voilà, dans ma tête ça inclurait une certaine deadline de « ok, il t'est arrivé un problème, donc maintenant tu es obligé de rebondir » . Sauf qu'on a le droit aussi de dire « stop » et de dire « en fait là je ne m'en sens pas capable » . où je suis pas ok. Et ça peut être, entre guillemets, légitime. D'où l'importance de l'accompagnement et de demander de l'aide, en fait. Je pense que c'était le plus compliqué dans toute cette histoire, de prendre la légitimité, de dire « Ok, j'ai besoin d'aide, je peux pas m'en sortir tout seul, il faut que quelque chose se passe. » On en revient à cette date du 7 janvier, où j'ai décidé que c'était terminé. J'ai pris la décision de demander de l'aide. Donc ça a pas été évident. J'ai commencé par un parcours psychologique, un suivi psy, avec une première personne avec qui je me sentais pas tellement à l'aise, donc j'avais pas l'impression d'avancer sur quelque chose de concret, et puis finalement, au fur et à mesure des rencontres, je suis tombé sur une psychologue clinicienne spécialisée en addictologie, avec qui le courant est passé d'une manière incroyable, et j'ai pu enfin poser des questions sur ce qui se déroulait dans ma tête. Parce que le schéma de vouloir m'en sortir était entre guillemets déjà tracé. Là où j'avais besoin d'aide, c'était de mettre des mots et de mettre des circonstances sur tout ce qui se passait à l'intérieur de ma tête et d'arrêter de me considérer complètement fou. Parce que je pouvais penser quelque chose le matin et penser autre chose l'après-midi sans aucune structure ou sans aucun élément déclencheur qui fasse que mon avis change par rapport à une situation concrète.

  • Speaker #0

    Ouais, en fait, on peut parler de reconstruction plutôt que de rebondir. Ça a vraiment été un chemin de tout remettre en place, de tout requestionner. Et du coup, je comprends ce truc de quand tu commences une thérapie, c'est aussi d'apprendre à se connaître, se comprendre, à se poser les questions aussi de « Attends, je ressens ça, mais pourquoi je ressens ça ? » Moi, je l'ai beaucoup eu de me dire, dans ma vie, des fois, j'étais d'un coup un peu fâchée ou triste et pour aucune raison apparente. Et le fait d'avoir été accompagnée, j'ai compris, ah non, c'est pas pour n'importe quelle raison, c'est parce que j'ai été submergée, parce que si, parce que ça. Mais du coup, comment toi t'as fait concrètement pour te reconnecter à toi-même ? Parce que je ne t'ai pas connue avant, mais de ce que tu me décris, j'ai l'impression qu'avant, il y avait beaucoup d'évitements, compensations aussi, dans ton temps libre, en faisant la fête, etc. Et après ça, ça a été l'inverse, j'ai l'impression que tu t'es vraiment reconnectée à toi, à qui tu es.

  • Speaker #1

    Complètement, ça veut dire que si tu veux Je pense que le début ça a commencé, j'aime bien ton analogie sur la construction, parce que le début ça a commencé si tu veux par de la déconstruction. Ça veut dire de casser tous ces schémas mentaux que j'avais à l'intérieur de moi, ou toutes ces choses que je faisais. parce que c'était comme ça, parce que je me considérais comme étant comme ceci, ou alors devoir réagir de telle manière par rapport à telle situation, ou devoir réfléchir de telle manière par rapport à une personne, avoir des avis déjà prédéfinis. Donc la première étape, ça a été déjà de commencer par déconstruire tout ce que j'avais emmagasiné. Moi depuis 28 ans, quand je dis tout c'est une exagération mais c'est vrai que ça a été quand même le primordial de me dire ok t'as une nouvelle chance, tu repars, tu penses que le monde il tourne comme ça sauf que le monde qui tourne comme ça, regarde où il t'a amené, il t'a amené dans un arbre Donc en fait le monde il tourne pas comme ça, c'est dans ta tête que le monde il tourne comme ça et maintenant il va falloir déconstruire ton monde et parler entre guillemets avec le coeur. Donc si tu veux le processus a commencé comme ça. Dans cette déconstruction j'étais submergé par parce que, que ce soit pendant mes suivis ou même de manière solitaire, j'ai passé une je passe et j'ai passé énormément de temps seul parce que du coup, je ne pouvais pas marcher énormément du fait de mes opérations. Donc, j'étais très souvent à la maison ou dans un périmètre très limité. Et c'est vrai que j'avais énormément de choses qui me submergeaient, beaucoup de choses qui revenaient à moi de souvenirs effacés dû aux consommations et dû au fait de, encore une fois, ce... ce tunnel où on fasse des choses ok ou pas ok, on n'en a pas conscience et la vie suit son cours, on ne se rend pas compte de ce qu'on laisse derrière comme bagage ou comme casserole. Donc la suite a été de commencer à demander pardon au monde. C'est-à-dire que pardon au monde en général, à l'humanité entière, parce que je ne me considérais plus comme étant une bonne personne. Je me suis même posé la question de savoir si j'étais une bonne personne et si je l'avais déjà été. donc ça a été très compliqué de se reconstruire par rapport à ça et ensuite l'étape a été d'aller demander pardon aux personnes qui m'entourent et ça ça a été très compliqué parce que le pardon est pas le plus compliqué à faire le plus dur c'est d'accepter que tu puisses ne pas être pardonné et que ce soit ok parce que il ya des choses qui ont été dites faites ressenties peu importe qui sont peut-être peut-être trop pour l'autre, donc ça n'enlève pas... ma certitude de demande de pardon si tu veux et de rédemption mais par contre il fallait aussi laisser l'espace à l'autre, au monde de pouvoir me dire non et ça ça a été je pense au début la chose la plus compliquée à accepter de se dire bon bah ok j'ai pris mes jambes, mes bras je me suis levé, je suis en face de toi je te demande de me pardonner, tu me dis non qu'est-ce que je fais ? Comment je réagis maintenant ? Est-ce que ça veut dire que du coup Je suis pas du tout une bonne... personne et j'avancerai plus ou est-ce que ok je t'ai fait de la peine mais du coup tu arrives à vivre avec et moi j'arrive à vivre avec le fait que ce soit pas ok pour toi que on puisse se pardonner en tout cas dans l'instant T et de l'accepter il y en a eu qui ont refusé et je trouve ça complètement légitime parce que si tu veux je suis remonté quand même assez loin dans ma vie si je puis dire en tout cas j'ai essayé de faire quelque chose par rapport aux dix dernières années. Et je pense que j'ai déjà oublié du monde. Mais après, il y a des personnes que tu ne fréquentes plus ou que tu n'as fréquentées que de manière très passagère et avec qui tu pourras, entre guillemets, ne plus avoir d'interaction jamais ou alors au hasard d'une rencontre. Si ça doit arriver, tant mieux. Si ça n'arrive pas, ce n'est pas grave. Mais oui, bien sûr, il y a eu des personnes qui n'ont pas été OK avec le fait de me pardonner. Et à l'heure d'aujourd'hui, je suis au clair avec tout ça. parce que c'est vrai que je peux pas vouloir avoir de l'emprise sur comment quelqu'un a ressenti ou vécu une situation qui peu importe la manière lui a paru malaisante ce serait on

  • Speaker #0

    dépasse si tu veux le cadre du pardon là pour le coup ça devient presque de l'inquisition de tu es obligé de me pardonner et ça a plus de sens de cette manière là c'est hyper courageux déjà on pense que c'est simple mais en fait d'aller demander pardon c'est hyper courageux S'excuser,

  • Speaker #1

    c'est simple. Entre guillemets, excuse-moi pour ce que je t'ai fait. C'est super facile. Ça peut prendre 30 secondes au téléphone. Ça peut prendre un texto. Donc, c'est vrai que c'est super simple. Mais de, comme tu dis, réellement demander pardon et d'y croire. Parce que le plus important aussi, c'est ça, c'est d'être persuadé que tu demandes pardon pour quelque chose ou tu sais que ce que tu as fait, ce n'est pas OK. Donc, c'est vrai que ça, ça a été quand même quelque chose d'assez compliqué. mais c'est vrai qu'aujourd'hui ça devient du coup naturel dans ma manière de vivre en général dans le sens où je reste un humain classique donc ça peut m'arriver des fois pour x ou y raison de blesser quelqu'un ne serait-ce que par rapport à un dialogue ou par rapport à un jugement dans une conversation que j'ai pas l'impression d'émettre mais qui peut être ressenti comme ça et donc c'est vrai qu'aujourd'hui le fait, on revient à ce que je te disais au début, le fait d'avoir de l'empathie et de la bienveillance dans tout dans ma vie le... Pardon et... Beaucoup plus simple à axer parce que si tu veux ça ne va jamais trop loin c'est à dire que ok on peut ne pas être d'accord on peut avoir quelque chose qui nous vexe que ce soit de l'ego que ce soit enfin peu importe et le schéma se fait plus facilement et le fait de pas laisser C'est traîner les choses, d'agir quand c'est le moment, et surtout d'être aidé, de discuter, dialoguer, verbaliser tout ce qui se passe, ou tout ce qu'on peut ressentir ou se poser comme question. Je ne posais jamais de questions, je ne parlais pas beaucoup de moi non plus. Et c'est vrai que... que si tu poses pas de questions tu peux pas savoir, tu te crées tes propres histoires,

  • Speaker #0

    tes propres relations logiques à l'intérieur de ta tête et ça a de sens que pour toi ou que pour la personne qui réfléchit mais du coup t'as été accompagnée par une psychologue t'as fait toute cette démarche là est-ce qu'il y a des choses qui t'ont vraiment pour comprendre tout ça je sais pas, est-ce que c'est le fait d'avoir lu des choses est-ce que c'est le fait d'avoir je sais pas comment c'est à méditer ou tu... vois avoir commencé certaines pratiques qui ont fait que tu vas mieux et que d'ailleurs tu continues à les faire aujourd'hui etc je sais pas si tu comprends complètement je vais complètement il ya alors il ya des choses qui m'ont énormément aidé déjà ça a été la parole c'est à dire que les

  • Speaker #1

    cercles de parole que ce soit dans des réunions d'alcooliques anonymes ou alors ou alors de personnes qui prennent des stupéfiants on est dans le même système que pour les alcooliques anonyme le fait d'écouter l'autre ça c'est quelque chose que je pensais faire et en fait je me rendais compte que j'écoutais personne ça veut dire qu'on me parlait je prenais mais j'avais toujours quelque chose à répondre et ça se passe pas comme ça c'était la première fois où je faisais comme on appelle ça en tout cas comme j'aime appeler ça de l'écouté active dans le sens où je t'écoute je prends ton histoire mais j'ai pas mon avis n'est pas sollicité sur l'histoire donc ça c'est quelque chose qui m'a énormément aidé et qui aujourd'hui et qu'aujourd'hui j'essaye de mettre en place. Alors, dans mon quotidien, ça veut dire qu'avec les personnes qui m'entourent, pas forcément dans des cercles de paroles comme on se l'imagine où on est obligé d'être réunis en cercle justement pour pouvoir discuter ensemble, mais en tout cas d'axer ce dialogue sur « bon ben voilà, maintenant on va discuter toi et moi, mais on va se parler sans avoir besoin d'émettre un avis l'un sur l'autre et de discuter. » Donc ça c'est quelque chose que j'essaie de garder au quotidien avec mes proches. et avec le monde que je rencontre aussi bien que des fois je me rends compte que j'ai toujours des petits peu tendance à vouloir glisser un mot aussi ou glisser quelque chose c'est compliqué de ne pas vouloir se rattacher à l'histoire au discours de l'autre mais le fait d'en avoir conscience si tu veux déjà c'est je trouve une avancée assez incroyable en tout cas dans ma tête à moi ensuite qu'est ce qui m'a aidé énormément c'était la marche parce que j'ai commencé à être seul et à comprendre que ce n'était pas grave d'être seul, que le fait d'être seul, ça allait me pousser à réfléchir sur le monde ou sur ma propre condition et que la réflexion, c'était justement bénéfique. Là où avant, je cherchais absolument à ne pas être seul, que ce soit en fréquentant du monde à longueur de journée ou alors ne serait-ce que dû aux consommations parce qu'au final, que ce soit de l'alcool, que ce soit de la drogue, peu importe, Euh... t'es jamais réellement seul, t'as l'impression que c'est ton ami, un peu imaginaire si je puis dire, qui est avec toi au quotidien et qui te soutient dans tout ce que t'es en train d'entreprendre, alors qu'en réalité t'es plus en train de t'enfoncer qu'autre chose. Mais c'est vrai que la solitude, la marche du coup, seule, a commencé à me mettre en un certain entrain. et si tu veux j'habite dans un petit village à côté de... Marseille, donc on a des forêts communales qui sont vraiment sympathiques. Les premières marches que j'ai commencé à faire c'était dans ces forêts. Donc je me suis retrouvé dans cette nature, j'ai toujours eu une très grande attirance pour la nature, pour la forêt, pour les bois, pour la mer, enfin pour tout ce qui englobe le naturel et un peu extérieur de la civilisation. C'est quelque chose qui m'a toujours fasciné et c'est vrai que là voilà, j'ai commencé à me créer de nouveaux hobbies. de nouvelles passions, des nouveaux centres d'intérêt, dont la nature. Donc ça a commencé un petit peu comme ça, avec ce genre de marche. On en revient à ce que tu me posais comme question, c'est rigolo, tu me parlais de lecture. Donc forcément, quand j'ai commencé à m'intéresser au sujet, j'ai essayé de voir qu'est-ce qui me plaisait dans la nature, pourquoi, comment, et on revient à... J'ai l'impression que notre histoire tourne clairement autour de ce que j'ai dit au début. On revient à cette notion de respect. et de bienveillance qu'on peut prendre réellement au sens large parce que je prenais le temps pour la première fois de regarder réellement ce qui se passait autour de moi. C'est-à-dire que de me laisser m'émerveiller ne serait-ce que par la petite feuille qui est en train de pousser sur l'arbre ou sur la mousse qui... peut y avoir sur ce petit morceau de rocher que je vais voir dans ma balade et de comprendre que en fait on n'était pas seul sur cette planète je sais pas si c'est décousu mais en tout cas De commencer cette notion de respect que je commençais à acter réellement avec l'être humain donc de ce côté là le travail était réellement enclenché du coup il fallait j'avais besoin que ça aille plus loin j'avais besoin de du coup de ressentir de nouvelles choses de me ressentir submergé de me ressentir bouleversé donc j'ai commencé comme ça J'ai trouvé des lectures sur le monde animal, sur le monde vivant qui ont commencé un petit peu à me bouleverser, dont un livre en particulier qui s'appelle « Ce que murmurent les animaux » de Virginia Marcus, qui est une... petite présentation si tu veux de son refuge animalier en Suisse où il y a une personnalisation de l'animal et des animaux qu'elle accueille dans son refuge donc avec les prénoms, les histoires, le pourquoi, le comment... comment. Et ce petit essai m'a complètement bouleversé déjà sur la condition animale et sur ce qui se passait en fait dans ce monde. Je pense que je peux même employer cette société capitaliste parce qu'en fait j'en faisais clairement partie. Ça veut dire que j'ai passé comme je t'ai dit 13 ans à vendre des voitures sans avoir le permis. Ça veut dire que j'ai eu le permis à ma 12ème année de vente de voiture. Donc autant te dire que je me mentais à moi-même, je mentais au monde entier et j'étais ... réellement dans cette société, dans ce monde qui aujourd'hui ne correspond plus tellement aux valeurs que... à mes valeurs, tout simplement. Donc voilà, pour le moment, ça a été ça qui a commencé réellement à me faire sortir de cette condition. Donc forcément, qui dit marche, dit début d'activité physique, sans parler de sport en tant que tel, dans une discipline bien particulière mais le fait de de prendre conscience que la mobilité c'est important le dépassement de soi d'une manière ou d'une autre pour moi c'était important parce que j'avais déjà commencé encore une fois avec l'arrêt de toutes ces substances ça a été un premier dépassement de soi j'étais pas un grand sportif pour un sous donc ça a été quelque chose de compliqué à mettre en place j'ai eu un suivi avec des kinés qui m'ont fait un bien extraordinaire que ce soit physiquement d'une première partie mais surtout humainement parce qu'on était dans le... J'allais chez le kiné 6 jours sur 7, au moins 1h30 par jour entre la balnéo et la kinésithérapie. On est vraiment sur des moments en petits groupes, voire moi seul avec la personne. Et ça permettait des échanges concrets avec des personnes qui sont là pour te remettre en forme et te faire du bien. Donc si tu veux, on était encore une fois dans une sensation de sécurité et de bienveillance dans ces moments-là, qui font que dans cette reconstruction ça a duré un an et demi ce suivi de kiné ça m'a été d'une aide incroyable et je continuais dans cette lancée de demander de l'aide autour de moi et de plus avoir peur de dire là je sais pas, je m'en sors pas ou alors je comprends pas pourquoi je ressens ça s'il vous plaît expliquez-moi aidez-moi ça a été vraiment bénéfique dans toute cette histoire déjà pour en revenir par rapport aux valeurs,

  • Speaker #0

    en général je pose cette question parce que je pense vraiment que c'est un fil rouge en fait c'est un peu notre référence, notre fil rouge et je pense que c'est normal qu'à chaque fois tout est lié en fait tout est lié par ces valeurs, pour moi c'est un peu le socle, même si quand t'en parles tu dis oui c'est un peu abstrait, voilà j'ai telle valeur, le respect ok, mais en fait non, c'est pas si abstrait parce que ça se traduit à chaque fois dans tes choix, dans ta vie, dans ta vision et du coup moi quand je suis un peu perdue, j'essaye de me reconnecter à ces valeurs là ça m'aide m'aide à faire des choix qui me correspondent plus parce que c'est vraiment, les valeurs c'est le truc qui te fait vibrer, c'est le truc qui résonne dans ton coeur et du coup c'est ça qui guide notre vie je pense.

  • Speaker #1

    Complètement, je le ressens au quotidien dans ce quand on revient à cette valeur de bienveillance où

  • Speaker #0

    En fait, j'essaie... de mettre aujourd'hui l'amour au sens large du terme dans tout ce que j'entreprends, dans tout ce que je reçois dans tout ce que j'entends on est vraiment dans de l'amour au sens très large du terme mais ça rejoint énormément la bienveillance et le fait de parler ou de ressentir réellement avec le coeur ou l'âme, chacun appelle ça comme il veut c'est vraiment ce fil rouge, ce fil conducteur comme tu dis, qui aujourd'hui m'anime dans tout ce que je fais et qui anime aussi la suite de ma vie et les projets qui se mettent en place petit à petit. C'est ça qui me fait vibrer. Alors aujourd'hui, il y a un truc qui me donne de la force ou une des choses qui me donne de la force à l'heure actuelle.

  • Speaker #1

    Justement, tu peux peut-être nous parler de la suite. Je trouve ça intéressant de voir à quel moment et comment ton engagement est venu. Parce que quand on parle, tu as un engagement qui est très très fort, une vision qui est assez claire de ce que tu veux, de ce que tu penses, de comment tu vois le monde et j'ai l'impression que c'est... Avant ton accident, c'était complètement différent. Du coup, comment ton engagement est venu dans ta vie et comment tu le traduis aujourd'hui dans tes projets ?

  • Speaker #0

    Alors, je fais une petite sortie. Mais c'est vrai que dans une de mes séances psy, j'ai remis le doigt sur quelque chose où ma psychologue me posait une question en me demandant par rapport à mon enfance qu'est-ce que je répondais à l'école quand on me demandait qu'est-ce que je veux faire plus tard. Et donc, il a fallu que je pose des questions à ma mère parce que j'en avais vraiment aucune aucun souvenir et en fait depuis que je suis tout petit depuis que je suis au CP ma réponse était je veux élever des chèvres en corse dans le maquis donc si tu veux je me rends bien compte que depuis toujours tu vas comprendre ensuite pourquoi je commence par ça depuis toujours j'ai cette aspiration un peu de retour aux sources on pourrait peut-être dire aujourd'hui mais en tout cas de relations entre moi la nature les animaux alors aujourd'hui le projet complètement différente mais il y avait quand même déjà cette aspiration de retour à la terre, de bienveillance parce que je t'imagines bien que étant petit je pensais pas de l'élevage industriel je m'imaginais avec un bâton de berger dans un maquis avec des petites biquettes quoi et donc c'est vrai que voilà alors donc comment on en est arrivé là c'est que si tu veux j'ai un ami très proche qui m'a suivi depuis toujours et même depuis mon époque au gros débord qui a toujours été là pour moi qui m'a énormément soutenu pendant toute ma réhabilitation et qui un jour m'a dit, bon ben voilà, aujourd'hui il faut que je te présente un groupe de personnes, il faut que je te présente un collectif, viens avec moi, je te dis pas ce qu'on fait, je te dis pas où on va, juste je sens que c'est ce qu'il te faut. Je me suis laissé porter, comme je me laisse porter à l'heure actuelle dans plein de choses que je fais dans ma vie. Donc il m'a emmené dans une ferme pédagogique à Marseille qui s'appelle la ferme du collet des comptes. Déjà c'était la première fois de ma vie que... j'avais cette notion de collectif pour moi un collectif je savais ce qu'était un collectif je connaissais le mot, il n'y avait pas de problème mais c'est une situation que j'avais jamais réellement vécue ça veut dire qu'on a un groupe d'amis on a de la famille, on a tout ça mais la notion de collectif comme elle m'était présentée là c'était la première fois que je voyais ça donc je suis tombé dans ce petit monde de bisounours si je puis dire ou si tu veux... le projet de la ferme en dehors de l'agriculture biologique est axé sur de l'accueil d'enfants donc que ce soit d'enfants en situation de handicap ou non on est vraiment sur de l'accueil pédagogique encore une fois lié à la terre, lié au monde animal, lié à l'agriculture et on est sur quelque chose qui est en plein Marseille. donc c'est vrai que c'est assez dingue de pouvoir proposer alors c'est pas les seuls sur Marseille mais de pouvoir proposer un accès à quelque chose qui peut paraître tellement lointain pour des populations vivant dans des centres urbains sur des choses très classiques de comment faire ton schéma de la terre jusqu'à l'assiette ou même est-ce que tu t'es déjà posé la question de savoir comment se fait ce que tu as ça à manger ce soir à midi enfin peu importe. Donc voilà j'ai été présenté à ces personnes là qui cherchait si tu veux un stagiaire pour une animation dans les stages avec les enfants pour les vacances de Pâques. Je n'avais jamais fréquenté d'enfants. Je n'avais jamais rien animé dans ma tête. Bien qu'en fait, en faisant le chemin inverse et en revenant en arrière, ma vie entière n'a été que de l'animation. Parce que le principe même d'un vendeur ou d'un représentant, peu importe, c'est d'animer, entre guillemets, ton produit, ton bien, ton service. Il y a une petite partie spectacle, une petite partie show, ou déjà une petite partie dialogue. encore une fois avec l'autre et là le fait que ce soit avec des enfants j'avais peur D'une manière ou d'une autre, de ne pas savoir trop comment réagir. Savoir si j'allais me sentir à l'aise. Je ne me sentais pas légitime du tout non plus d'être avec des enfants. Mais qu'est-ce que je vais pouvoir leur apprendre ? Je ne suis absolument pas qualifié. Et en plus de ça, je n'avais pas tellement de notions. Hormis le potager maison ou le peu de jardinage que j'ai pu faire avec mon grand-père étant plus jeune, auquel je m'intéressais moins ou en tout cas où j'avais oublié toutes les notions de ce qu'il en était. Donc on était vraiment dans un monde où c'était la première fois, si tu veux. que je mettais les pieds dans quelque chose comme ça. Donc, ça a été rigolo comme première rencontre parce que j'ai vraiment pris ça, moi, comme étant un entretien formel. Ça veut dire que j'étais très stressé. Je m'attendais à ce qu'on soit assis dans un bureau et qu'on discute et que je doive parler de mes motivations, pourquoi, comment, qu'est-ce qu'il en est. En fait, on n'était pas du tout dans ça. On a été dans de l'échange. J'ai eu le droit à quelques questions classiques qui sont complètement normales, que ce soit liées au casier judiciaire, comme ça, on va quand même travailler avec des enfants. Mais c'est vrai qu'après, l'entretien, si je puis dire, s'est fait sur le parcours de la ferme pédagogique. Donc j'avais le même regard que les enfants qui découvrent la ferme pour la première fois. Donc si tu veux, à la fin de ce petit entretien, on m'a dit, si tu veux, lundi, tu peux commencer avec nous. J'ai pleuré, déjà, pour commencer. Et ça a été le meilleur choix qu'on m'a laissé faire. de ma vie parce que j'étais accepté, donc on me laissait la possibilité de voir si je tenais la route pour participer avec eux à ces moments de stage. Ensuite maintenant le choix venait à moi de « est-ce que tu es ok ? Est-ce que c'est ce que tu as vraiment envie de faire ? Comment tu vas le sentir ? Est-ce que tu te sens stressé ? Comment tu vois la chose ? » Et j'ai décidé de ne pas tellement mentaliser le process et de voir avec mon coeur comment je leur sentais la première approche a été formidable. Ça veut dire que je sortais d'un milieu où le but premier était de faire tomber les collègues de travail parce que le but étant d'être le premier, le meilleur, celui qui gagne le plus d'argent, le meilleur commercial de la boîte. Enfin, on était vraiment dans un système où les relations interpersonnelles étaient, en tout cas pour ma part, assez fausses parce que c'est des personnes que je ne fréquente plus à l'heure actuelle et que je n'ai jamais fréquentées en dehors de mon lieu de travail, si tu veux, où le but premier étant de ramener le plus d'argent à la maison et d'être... être le meilleur sur le papier pour faire plaisir à notre gentil patron. Et là, je tombais dans un monde où les gens se parlaient bien au travail et s'aimaient, s'appréciaient. Je suis tombé des nues. Ça veut dire que le premier jour, je me rappelle, je suis rentré à la maison et encore une fois, je pleure beaucoup depuis mon accident, mais encore une fois, je me suis mis à pleurer parce que je prenais une claque extraordinaire. en me disant, putain, mais c'est possible. En fait, on en revient à cette déconstruction. Tout ce que tu as déconstruit avec le fait de pourquoi tu n'étais pas d'accord avec ton ancienne vie... J'avais théorisé le fait que ça puisse bien se passer, peu importe le boulot que j'allais choisir ou la vie que j'allais choisir pour après, mais je ne l'avais jamais vécu. C'était que de la théorie dans ma tête. Et là, je suis tombé dans un monde d'amour incroyable. Donc le stage s'est super bien passé. Les enfants, les relations avec les enfants et avec le monde. qui les entoure m'a transcendé. C'est-à-dire qu'on prenait tellement d'amour, de sourire et d'émotion à longueur de temps que je m'amusais plus que les enfants pendant mes périodes de stage. Je découvrais quelque chose d'incroyable. Et on en arrive encore une fois à la suite. C'est comme ça que j'ai commencé à me prendre de passion pour tout ce monde agricole et me poser des questions de pourquoi est-ce que je trouve ça intéressant d'enseigner ce... ces valeurs ou ces choses de la vie qui sont classiques depuis des milliers d'années, à des enfants ou même à des parents. Parce que par exemple, je vais te donner un petit exemple. On a des moutons sur la ferme. On a des parents d'enfants. sur Marseille qui par exemple n'avaient jamais vu de moutons en liberté ou n'avaient jamais vu de poules dans un poulailler ou n'avaient jamais vu de patates poussées dans un champ et le fait de pouvoir avoir cet impact social et de commencer à comprendre comment est-ce que ça fonctionnait, pourquoi et qu'est-ce qui était important dans tout ça en tout cas, qu'est-ce que moi j'en ressortais d'important par rapport la suite de... de ma vie, ça a commencé comme ça. Donc, ça en est suivi forcément des lectures. Des lectures, alors, ça a commencé énormément par Internet, parce que j'y ai jamais été. passionnés de lecture jusqu'alors et c'est vrai que cette habitude de consommer encore une fois du divertissement de consommer de l'information de manière complètement décomplexé quand je dis décomplexé c'est à dire que un énorme flux d'informations qui nous arrive ou qui m'arrivait en tout cas longueur de journée ou à longueur de semaine et qui était entre guillemets dans ma tête du coup tout au même niveau parce que parce que avait trop et que je sélectionnais pas ce qui m'intéressait, que je m'étais même jamais posé la question de savoir qu'est-ce qui pouvait m'intéresser et d'où le fait de la lecture de tomber sur des sujets qui me passionnaient si je puis dire ou qui m'animaient ou je commençais à comprendre un petit peu plus et en tout cas à mettre des mots sur des sujets que je théorisais tout seul ou alors avec des discussions avec le monde qui nous entoure mais voilà donc ça a commencé avec ces lectures ensuite a été le moment de me dire, bon, maintenant que tu as mis un pied dans ce monde-là, j'ai fait plusieurs stages forcément avec eux parce que j'étais passionné par ce qui se passait là-bas et que je voulais comprendre aussi comment tout fonctionnait, que ce soit la partie pédagogique, que ce soit la partie administrative, que ce soit la partie maraîchère, qui fait aussi vivre le collectif, comprendre quelle était la synergie de ce collectif, le groupe, et comment est-ce que ça marchait et pourquoi, et les parcours de tout le monde aussi. Et en fait, je me suis rendu compte dans tout ça que pas tout le monde était issus de familles d'agriculteurs, tout le monde avait un petit peu son histoire et ses raisons d'être arrivés à cet endroit-là, à tel ou tel moment de leur vie. Et encore une fois, c'était l'écoute des autres et des histoires qui nous entourent. Et il m'a fallu, après, aller chercher un petit peu plus loin. Dans le sens où la nature me plaisait, la transmission, que ce soit à l'enfance, mais du coup je me rends compte aujourd'hui que pas que, mais la transmission en général était quelque chose qui me plaisait aussi. Et la nature me plaisait énormément. Et là, des questions sont arrivées un peu... plus précises. Quels sont tes choix ? Qu'est-ce que tu as envie de faire ? Il était pour moi impossible, bien évidemment, de repartir dans ce dans quoi je travaillais avant. C'est un monde sur lequel j'ai fait complètement abstraction et qui me correspond absolument. plus comment on fait qu'est ce qu'on fait qu'est ce qui existe de quoi j'ai envie comment on va amener la chose et au fur et à mesure des rencontres des discussions des connaissances je suis tombé sur sur un école qui s'appelle le croissant fertile avec des personnes qui sont là qui sont formidables si tu veux quand je suis parti là bas on était un stage sur la coopération une transmission en tout cas sur la coopération et j'étais pas du tout au fait ça veut dire que j'ai chopé une bride d'information dans un écolieu qui me parlait je ne sais pas pourquoi mais qui me parlait d'une manière ou d'une autre et arrivé là bas j'étais persuadé de faire un stage sur la permaculture ce qui n'était pas du tout le cas on était vraiment dans le principe de la coopération dans un collectif qui soit créé ou en cours de création mais on était j'étais avec des personnes qui aspirez ou qui était déjà qui faisait partie d'un collectif quel qu'il soit que ce soit l'association, que ce soit le lieu de vie, enfin peu importe. là où moi la notion de collectif était toute récente ça faisait quelques mois que je savais que ça existait, que c'était possible et donc je me suis retrouvé là-bas et on en revient à j'ai touché du doigt ce à quoi j'aspirais ce à quoi je pensais dans ma tête c'est à dire que d'avoir une relation avec la nature qui est hyper résiliente ce principe d'habitat léger de débétoniser entre guillemets notre monde un petit peu actuel et d'aggrader le territoire, d'aggrader la nature c'est des notions que je commençais à prendre et là je concrétisais, ça veut dire que ok je m'étais imaginé un monde où c'était possible pour les autres mais peut-être pas pour moi et là je m'en décompte juste à l'échange et en écoutant que ok c'est possible, on peut toucher ça du doigt, il faut en avoir entre guillemets envie, mais si t'en as envie que tu veux le faire, tu peux encore une fois, demande de l'aide ou demande comment ça se passe et on va te te trouver une place. Et ça a été un énorme élément déclencheur sur ce que j'ai voulu faire après. C'est-à-dire que j'ai cette aspiration de relation avec la nature, mais j'ai aussi cette aspiration d'accueil, on en revient à cette bienveillance, ou d'essayer d'aider au maximum le monde qui m'entoure autour de moi, parce que ça y est, moi j'ai eu ma chance, dans le sens où j'ai profité de ma vie d'une mauvaise manière à l'heure actuelle. en tout cas je le juge comme ça, je faisais mes choix pour moi même s'ils n'étaient pas bons, c'était des mauvais choix, mais je faisais les choix pour moi parce qu'il fallait que je sois satisfait, il fallait que je me sente bien entre guillemets. Et là, l'ouverture au monde était évidente. Ça veut dire qu'en fait, ce n'était pas pour moi. Et comment je retrouve mon bonheur ? Mon bonheur, je le retrouve dans le bonheur de l'autre. Dans le fait de, ok, moi j'ai eu cette chance, je m'en suis sorti. Maintenant, c'est à moi d'essayer de trouver une manière de pouvoir aider l'autre. De pouvoir aider le monde à ma toute petite échelle. Mais d'essayer de pouvoir aider l'autre. Donc je commence en fait si tu veux l'année prochaine une formation agricole qui s'appelle BPRA, donc c'est une qualification agricole pour pouvoir reprendre une exploitation agricole en biologique. Et j'aimerais énormément pouvoir faire de l'accueil, que ce soit de l'accueil de réfugiés, que ce soit de la réinsertion liée aux prisons, que ce soit de la réinsertion liée aux addictions, que ce soit de l'accueil d'enfants ou non d'ailleurs de personnes en situation de handicap, que ce soit physique, mentale, peu importe. Le but étant de pouvoir rallier, si tu veux, mon aspiration au retour à la terre. Et du coup, pour le retour à la terre, le schéma logique était l'agriculture, parce que cette notion du sol à l'assiette a été révélatrice du combat dans lequel je voulais m'engager. Et aujourd'hui, l'une des choses qui m'anime en dehors de la bienveillance et l'amour au quotidien, C'est la lutte. Quand je dis la lutte, encore une fois, c'est au sens très large du terme, mais je suis révoltée à longueur de journée pour tout un tas de choses. Et la révolte, au lieu d'être quelque chose de fatigant et quelque chose qui m'anime, parce que j'y mets pas de haine, en fait, si tu veux, dans cette révolte. J'essaie d'y mettre de la bienveillance et de l'amour pour changer les choses d'une manière happy. Je sais pas si on peut dire les choses comme ça, mais si, pour changer les choses d'une manière happy. Et je pense que ça va le faire, je pense qu'on va y arriver.

  • Speaker #1

    Ah bah de ouf, je suis plus que convaincue. Mais quand je t'entends parler, j'ai vraiment l'impression que tu t'es retrouvée. Tu disais tout à l'heure que quand tu étais enfant, tu avais déjà des envies finalement de vie simple, avec les animaux, en lien avec l'agriculture, et puis il y a eu une partie de ta vie où c'était pas du tout ça, et là tu y reviens. Et c'est vrai que c'est souvent ce qu'on demande aux enfants, qu'est-ce que tu veux faire plus tard, etc. Et après, souvent quand tu fais une démarche de reconversion ou de retrouver un travail qui te plaît, c'est souvent une question qu'on te repose. Qu'est-ce que tu voulais faire quand tu étais enfant ? Parce que quand tu es enfant, tu n'es pas influencé par quoi que ce soit, c'est vraiment les choses qui te plaisent à toi. Et après, tu as forcément... Le chemin conditionné dans lequel tu vas devoir aller et du coup tu vas oublier un peu ce truc de base qui te faisait vibrer. Mais du coup, ça me parle quand tu dis que quand tu as découvert les collectifs, tu étais là genre « Wow, mais ça existe ! »

  • Speaker #0

    Exactement, c'est possible.

  • Speaker #1

    Mais parce que c'est vrai que quand tu n'as jamais expérimenté ça, tu es habitué à ce qui se fait habituellement au niveau de la société et ça n'a rien à voir avec ce qui est possible. C'est vrai que moi, à chaque fois que je retourne dans des lieux comme ça, de collectif, avec toute cette démarche de bienveillance, de communication, de vraiment construire quelque chose ensemble, pareil, c'est un nouveau souffle, quoi. Je me dis, ah oui, c'est vrai, c'est vrai que c'est possible, qu'on peut vivre de cette manière. manière là et que la vie peut être aussi plus douce plus agréable et toi tu as ta vision idéale utopique en quelques mots si vraiment tu pouvais justement changer les choses remodeler le monde avec ta vision, à quoi ça ressemblerait ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense si tu veux que on est encore une fois dans le manque de légitimité peut-être, mais je ne m'autorise pas à penser quelque chose d'aussi global. Pourquoi ? Parce que au final, le respect de la volonté de l'individu en part entière est quand même hyper importante et je ne veux absolument pas que mon discours discours soit quelque chose de je te dis ça donc c'est comme ça qu'il faut que ça se passe après je du coup le la nuance se fait quelque chose à beaucoup plus petite échelle d'où le fait de création alors de de rejoindre une structure peut-être déjà existante je pour le moment ce sera dans plusieurs mois donc je sais pas comment est-ce que ça va réellement se dérouler à l'heure actuelle mais voilà de le faire vraiment à des échelles très réduites parce que le fait de vouloir englober de la masse. tu arrêtes d'essayer de comprendre l'autre si tu veux là où par petite échelle ton discours je pense est quand même beaucoup moins moralisateur si je puis dire après l'esprit de... Pour revenir avec ta question initiale, l'esprit de coopérative est quelque chose qui me parle énormément. J'aspire à ce qu'il y aura forcément du financier, c'est ce qui reste à l'heure actuelle pour le moment, la seule chose qui fait... fasse un petit peu tourner ce monde ou qu'on puisse mettre une petite pierre à l'édifice et aider les autres. Il faut financer tout ça. Je vais dire le mot malheureusement, mais il faut financer tout ça. Et donc voilà, j'aspire à des choses. très simple, c'est-à-dire qu'un salaire équivalent pour tout le monde, peu importe la place que tu auras dans la structure, que tout le monde gagne exactement la même somme d'argent, que tout le monde puisse être libre de partir quand il veut. J'ai entendu une phrase l'autre jour qui m'a énormément interpellé, à la différence de demander combien est-ce que vous voulez gagner par mois, c'est plutôt combien est-ce que vous voulez mettre de côté pour pouvoir vous émanciper à n'importe quel moment et pas vous sentir blo... bloqué de la situation dans laquelle on est. Parce que souvent, en tout cas je le vois avec mes proches, souvent ce qui fait qu'on n'arrive pas, ou on n'a pas envie, ou on ne peut pas sortir, entre guillemets, de sa condition, c'est que on se sent piégé. Et souvent, ce qui nous piège beaucoup, ça reste le financier, parce qu'il faut qu'on mange, il faut qu'on se loge, il faut qu'on se déplace, il faut que... Donc voilà, essayer de faire quelque chose de encore une fois coopératif et le plus égalitaire possible de n'importe quel moyen que ce soit quoi. Ma grande utopie elle serait là dedans et du coup je vais quand même répondre à ta question si je devais le développer à grande échelle ce serait ça ce serait que on se rende bien compte qu'au final on doit tous être pareil et mis sur un même pied d'égalité parce que on est tous pareils de toute façon c'est un fait.

  • Speaker #1

    J'ai deux dernières questions. Il y en a une d'Aziz. Tu as déjà partagé une référence de livres, mais est-ce que tu as des documentaires, des films ou d'autres livres qui t'ont inspiré, qui t'ont guidé, que tu aimerais recommander ?

  • Speaker #0

    Alors, j'ai un film qui va sûrement parler au plus grand nombre mais qui me bouleverse depuis que je suis tout petit, c'est La Belle Verte. Parce qu'encore une fois, je te dis, quand j'étais petit, je voulais élever des chèvres, mais ça a été un film qui m'a suivi depuis longtemps et je ne me posais pas... réellement la question du savoir pourquoi bien que je reviens un petit peu dans le passé mais j'étais un adepte des fêtes libres ce qu'on appelle les free parties donc j'ai toujours eu cette aspiration un peu de être en dehors des faits classiques de la société bien que mon travail n'était pas du tout mais dans ma vie personnelle d'essayer d'être un peu en marge de ce qui se faisait normalement si tu veux et en termes de marginalité en tout cas pour l'année auquel le le film est sorti, on est sur quelque chose de... d'hyper marginal et d'hyper utopiste et donc c'est mon film si tu veux référence où je peux le regarder des dizaines de fois dans l'année je vais toujours pleurer de la même manière je vais toujours me sentir autant ému et me dire que c'est comme ça que j'ai envie de vivre et ensuite au niveau des lectures j'ai énormément de livres qui m'ont bouleversé c'est vrai que du coup Virginia Marcus a sorti plusieurs bouquins souvent reliés à la condition animale en tout cas moi ceux que j'ai lu étaient reliés à la condition animale et qui m'ont ... qui m'ont mis au fait de plein de choses et qui m'ont donné une certaine envie de combattre aussi d'une manière ou d'une autre. Après ensuite, je pense que toutes les lectures, entre guillemets, sont importantes. Il y a un livre que j'aimerais quand même... j'aimerais quand même citer, c'est un essai d'une journaliste qui s'appelle Salomé Sake. L'essai s'appelle Résister et on est sur, si tu veux, une petite explication rapide, ça doit faire aussi peut-être une centaine de pages, je n'ai pas... pas le chiffre exact en tête, sur, si tu veux, la résistance par rapport à l'extrême droite, le racisme entre guillemets en France, et on est sur des notions qui me parlent énormément parce qu'on en revient à la parité, l'égalité, cette notion de race n'a pas lieu d'être, et on est sur quelque chose de très explicatif à offrir au monde qui nous entoure, parce que la lecture est simple, ce n'est pas mon réalisateur, on est juste sur des clés de compréhension, et je sais que j'en ai acheté plus d'une dizaine et je l'ai distribué je me suis même distribué à des gens dans la rue que je ne connaissais pas mais parce que le message était important, j'étais aussi révolté par rapport à ce qui se passait, par rapport aux élections et la politique est devenue assez importante dans ma vie à l'heure actuelle où en fait si tu veux je pense qu'il faut remettre d'un certain côté la politisation de la monde, pas la politisation au sens large comme on le voit à la télé ou comme elle est faite par les politiciens mais l'implication si tu veux de chaque personne dans Ciao ! S Tous les actes de sa vie. Il y a une phrase avec laquelle j'arrive plus du tout à être ok, c'est « parce que c'est comme ça » . Donc on est dans un combat quotidien par rapport à tout ça.

  • Speaker #1

    Il faut définitivement que je lise ce livre. À chaque fois, tout le monde... on en parle et tout le monde dit qu'il est génial et je ne l'ai pas encore acheté mais tu l'as bien vendu super bien vendu et puis en plus on est sur un petit

  • Speaker #0

    TC qui fait 5 euros donc on n'est pas sur de la lecture trop chère, c'est accessible bien que ça reste une somme, attention, là n'est pas la question mais voilà quand même sur quelque chose d'accessible c'est écrit de manière très simple sans être péjoratif c'est juste que c'est compréhensible pour le plus grand nombre, pas moralisateur et vraiment vraiment un message en tout cas qui m'a parlé personnellement trop cool,

  • Speaker #1

    merci pour ces références je suis convaincue que justement les livres les documentaires, les films, tout ça ça contribue beaucoup aussi à véhiculer des messages des visions et... et que ça, en général, ça touche les gens, et ça les marque, même plus que de grands discours.

  • Speaker #0

    Complètement. Si je pouvais en placer un dernier, quand même, c'est un livre qui s'appelle « Désobéir » , d'un auteur qui s'appelle Frédéric Gros, parce que, si tu veux, alors, on est sur de la désobéissance, entre guillemets, mais on en revient à cette... à sortir, si tu veux, de cet état de servitude, ou de... parce que c'est comme ça. Donc, je trouvais ça intéressant de le placer, et de pouvoir permettre aux gens qui connaissent ou connaissent pas, de peut-être aller taper sur Internet, de savoir qu'est ce que c'est que ce livre, est-ce que ça me parle, est-ce que ça me parle pas donc je voulais le placer aussi dans cette liste de lecture Cool,

  • Speaker #1

    et j'ai ma dernière question que j'aime bien poser aussi à mes invités si tu pouvais te retrouver devant le Nicolas ado ou enfant comme tu préfères, le Nicolas d'il y a quelques années en tout cas,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que t'aimerais lui dire par rapport à tout ce que t'as appris et tout ce qui s'est passé dans ta vie Premièrement je lui dirais mollo sur la drogue c'est le premier truc que je verrais parce que ... Parce que c'est pas obligé. Et surtout, bien que je crache pas sur tout ce qui s'est passé dans ma vie, et c'est ce qui fait que je suis aujourd'hui. Mais vas-y, mollo. Te détruis pas trop. Et n'aie pas peur de demander de l'aide. N'aie pas peur de tendre une main. N'aie pas peur de t'accrocher à toutes les branches que tu puisses trouver. Parce qu'en fait, le fait d'échouer, c'est pas grave. Le fait de prendre un nom, c'est pas grave. le fait de douter c'est carrément ok, le fait d'être triste c'est carrément ok, donc voilà vas-y mollo sur la drogue demande de l'aide et laisse parler ton coeur,

  • Speaker #1

    voilà ce que je lui dirais c'est des super mots pour finir cet échange, merci beaucoup en tout cas,

  • Speaker #0

    bah merci à toi, ça m'a fait énormément de bien de discuter de tout ça avec toi

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Description

Dans ce nouvel épisode d’Enquête de Soi, j’ai rencontré Nicolas Ricci, dont le parcours mêle militantisme, écologie et reconstruction personnelle.


Il y raconte comment un grave accident a bouleversé son corps, mais aussi sa façon d’agir, de militer et de prendre soin du vivant.


On explore ensemble :

-Comment continuer à s’engager quand le corps ralentit.

-Ce que l’on gagne à remettre de la douceur dans nos luttes.

-Comment transformer l’épreuve en moteur plutôt qu’en frein.


Merci à Nicolas de s’être livré avec autant de sincérité. J’espère que cet échange puissant vous inspirera autant qu’il m’a bouleversé.


La sélection inspirante de Nicolas :

Ce que murmurent les animaux de Virginia Markus

Résister de Salomé Saqué

Désobéir Frédéric Gros

La belle verte de Coline Serreau


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Nicolas.

  • Speaker #1

    Bonjour Noa.

  • Speaker #0

    Merci de venir sur mon podcast aujourd'hui. Je suis trop heureuse de pouvoir échanger avec toi. Ça faisait longtemps qu'on avait prévu d'enregistrer cet épisode, donc c'est vraiment chouette de pouvoir le faire aujourd'hui.

  • Speaker #1

    C'est vrai que ça fait un petit moment qu'on en discute et moi aussi je suis ravi de pouvoir commencer cet échange.

  • Speaker #0

    Du coup, on va enchaîner sur la première question. Est-ce que tu peux commencer par te présenter en me parlant de tes valeurs ?

  • Speaker #1

    Carrément. Alors déjà, comme tu l'as si bien dit, je m'appelle Nicolas. J'ai bientôt 30 ans. Et donc, pour parler des valeurs, il y en a beaucoup, entre guillemets, qui sont importantes à mes yeux. Mais c'est vrai que si je devais en retenir une, voire deux principales, ce serait la bienveillance, pour commencer. pense que c'est quelque chose d'essentiel dans la vie. Et ce qui s'y rapporte le plus, ça va être le respect aussi. Je trouve qu'on est sur deux valeurs qui vont bien ensemble quand on les a, entre guillemets, assimilées et comprises. Donc, on est vraiment sur cette notion-là et cette base de commencement, entre guillemets, sur les valeurs. Et c'est ça, entre guillemets, aussi que j'aspire à transmettre et à faire ressentir au monde autour de moi. quand on se rend contre l'autre, tout simplement.

  • Speaker #0

    Et si tu me parles un peu de ton parcours, je sais qu'il y a eu vraiment, ces dernières années, un avant et un après. Ta vie a quand même drastiquement changé. Est-ce que tu peux déjà me reprendre un petit peu les étapes de ton parcours pour qu'on comprenne un peu mieux ? Et du coup, me parler de cet élément déclencheur qui a fait que tu as vraiment réadapté un petit peu ta vie.

  • Speaker #1

    Alors oui, le petit peu, c'est un mot qui est peut-être un peu léger à ce que l'on ait dit dans un... bouleversement total. Pour commencer, j'ai eu un parcours assez classique, ça veut dire école, collège. J'ai fait un CFA en commerce, donc à partir de mes 14-15 ans, où j'ai commencé à travailler dans le milieu de l'automobile, où j'y ai passé 13 ans de ma vie, donc jusqu'à mes 28 ans. Ça a été un parcours qui m'a aidé à tenir et à m'ouvrir d'une certaine manière avec le monde en général. on retrouve cette idée de social où le principe même du travail d'un commercial quel qu'il soit ça reste quand même de l'échange avec les autres êtres humains bien qu'il y ait cette notion de vente de biens ou de services au milieu mais en dehors de ça on a quand même cet échange qui est concret avec les personnes qu'on fréquente au jour le jour Donc voilà, sur le parcours professionnel, on était sur quelque chose d'assez classique, la vie se menait très bien de ce côté-là, je gagnais très bien ma vie, j'en ai pas fait grand-chose d'ailleurs, c'est vrai que ça se passait plutôt bien. là où j'ai eu plus de difficultés c'est qu'il y avait un parcours plus chaotique dû à tout un tas de consommation j'ai commencé à boire de l'alcool et à consommer tout un tas de stupéfiants très jeune je devais avoir 11 ou 12 ans la première fois que j'ai consommé des stupéfiants et c'est quelque chose qui m'a suivi jusqu'à mes 28 ans encore une fois je reviendrai après mais on est vraiment sur cette date butoir de deux ans et demi maintenant je me suis beaucoup perdu je comprenais pas réellement qui j'étais à quoi j'aspirais à quoi je servais et j'étais dans une sorte de tunnel si je puis dire ou avoir des œillères un petit peu comme un cheval et et d'avancer sans avoir de réel but précis. Si ce n'est que... d'être vivant même si c'était d'une mauvaise manière mais d'essayer d'être le plus vivant possible parce que c'est vrai que je travaillais énormément j'avais un rythme de vie où je devais faire entre 60 et 70 heures par semaine en travaillant 6 jours sur 7 donc la manière que j'ai trouvé pour accumuler vie sociale, vie sentimentale vie professionnelle vie tout court il fallait que j'ai du temps La seule manière d'avoir du temps c'était la nuit et la seule manière de ne pas dormir la nuit pour moi c'était de consommer. Donc on tournait dans cette poule où ma vie entière tenait sur un fil qui a cassé ce fil du coup le 16 octobre 2022. Ça faisait peut-être 4 ou 5 jours que je n'avais pas dormi. Je travaillais en même temps donc autant te dire que c'était compliqué à gérer pour moi parce qu'il ne fallait pas que le monde, mon environnement... se rendre compte dans ma tête que j'étais complètement complètement camé j'ai pas d'autres mots donc essayer de cacher au maximum mes déboires mes fatigues mes états physiques mes états mentaux et donc arrive ce jour du 16 octobre où j'ai un accident de voiture où je suis seul en voiture il est 6h du matin on est dimanche et je pars pour rejoindre pour rejoindre une personne et en fait j'arrive jamais donc c'est des pompiers volontaires qui me rouge. J'étais sur une route de campagne, la voiture a fait une quinzaine de tonneaux. Je suis sorti par la fenêtre, la voiture a fini dans un arbre, pour te finir un petit peu l'histoire de l'accident. Et je me suis évanoui sur un chemin de terre. Et c'est des pompiers volontaires qui faisaient un footing, qui m'ont trouvé. Et qui, du coup, m'ont appelé. des pompiers en service. Et ça a été une claque monumentale. Que ce soit pour moi, que ce soit pour mes proches, que ce soit... Ça a été quelque chose de très compliqué à gérer. Émotionnellement, au réveil à l'hôpital, parce que je ne pouvais pas marcher, je n'étais pas encore opéré, je ne savais pas ce qui s'était passé, je savais juste qu'il y avait un problème, parce qu'il y avait ma mère en pleurs, la personne que je devais rejoindre à côté de moi en pleurs, des policiers, des pompiers, des chirurgiens, des masques, des gants, des lumières, des sons. Et je comprenais pas grand chose à ce qui m'arrivait. Donc s'en est suivi une première opération, un début de rétablissement si je puis dire. Ça a été en tout cas le premier élément déclencheur de la grosse remise en question qui fait qu'aujourd'hui ça va beaucoup mieux. Et si je devais trouver un exemple ou quelque chose qui fait que... comment dire... J'ai été bouleversé pour la première fois où je me suis rendu compte qu'il y avait réellement un problème. C'est dans le regard de mes proches, après l'opération, tout en sachant que j'étais sauvé, que je pouvais marcher, qu'on savait que d'une manière ou d'une autre, j'allais me rétablir. On ne connaissait pas encore les séquelles possibles, mais j'allais me rétablir. Et de voir que dans le regard de mes proches, il n'y avait que de la peur et de la tristesse. Quand j'étais posé dans ce lit d'hôpital, c'était la première fois de ma vie qu'on me regardait comme ça. Ou en tout cas, que je comprenais qu'on me regardait comme ça, parce que je pense que dans le passé chaotique... que j'ai fait subir énormément de choses pas cool à tout mon environnement et on a déjà dû poser ce regard de... J'appelle ça de la pitié, mais c'est de la bonne pitié dans le sens où on a envie de sauver la personne mais on ne peut pas faire les choses à sa place. Et c'était la première fois où je le prenais réellement en pleine tête et je t'en parle aujourd'hui, j'ai encore des frissons. Ça a été vraiment l'élément déclencheur de tout ça. Donc la rééducation a commencé tranquillement après mon opération. Je suis assez vite sorti. de l'hôpital, je crois, au bout d'une semaine. Ça a été un peu dur parce que j'étais bourré de cachets, bourré de morphine, bourré de tout un tas de trucs. Donc, psychologiquement, j'avais l'impression de ne pas réellement en avoir fini avec tout ce qui me retenait de mon ancien passif lié à la drogue. Parce que mentalement, j'en arrivais à ressentir les mêmes sensations, bien que j'arrivais à faire la différence entre du récréatif, si on peut appeler ça comme ça, bien que le mot ne me plaise plus à l'heure actuelle. mais du récréatif et du médical. Donc voilà, ça en est suivi. Ensuite, une deuxième opération, pour le coup, où on m'a fait une greffe, une greffe de vertèbre, parce que la vertèbre avait tellement explosé dans le dos qu'elle ne pouvait pas se remettre toute seule. Mais avant de pouvoir envisager une suite, il fallait déjà me stabiliser. Et je recommence à marcher et à vivre. Ça a été compliqué. Parce que des problèmes sentimentaux au milieu. Il a fallu que je retourne chez ma mère. Ça aussi, ça a été quelque chose de compliqué à gérer au début. Je l'ai vécu comme un échec au départ. Donc ça veut dire que ça faisait beaucoup d'échecs. Je venais de perdre mon travail, entre guillemets. Dans ma tête, tout était en train de se terminer. Donc je venais de perdre mon travail. Je venais de perdre ma copine. Je venais de perdre la notion de qui j'étais. Et surtout je me regardais dans la glace sans savoir exactement où est-ce que j'allais aller. J'avais des millions de questions en tête qui n'étaient pas structurées. Et la drogue est revenue au milieu pendant quelques semaines voire quelques mois. Parce que c'est le seul échappatoire que je connaissais depuis 15 ans. Et donc forcément dès qu'on commence à aller un petit peu mieux, je ne sais pas si c'est pareil pour tout le monde, mais en tout cas ça a été le cas pour moi. La première patterne que j'ai reprise ça a été celle-là. Ça veut dire, bon bah voilà, aujourd'hui je me sens bien, on va sortir pour un coup, et puis de pour un coup, on est reparti dans des travers... Des travers pas tellement ok. Et un matin, en un jour de 7 janvier, je m'étais défoncé la veille, et je me suis réveillé avec une haine et une tristesse incommensurables. Je suis sorti de chez moi à pied, je suis parti marcher sans mon téléphone pendant peut-être 3 ou 4 heures, et j'ai pris la décision ce jour-là d'arrêter complètement. de consommer, que ce soit des stupéfiants, que ce soit de l'alcool. Ça a été un élément déclencheur où j'ai réalisé que j'avais eu une chance. Une chance d'être vivant, une chance de pouvoir marcher, une chance d'être entouré. Parce que du coup, j'avais quand même mes proches qui me soutenaient dans mon début de combat, en tout cas dans ma réhabilitation qui était déjà pour le moment que physique, mais quand même du soutien qui était là. Et j'ai ouvert les yeux sur le fait de... On peut pas dire... Je pouvais pas dire au revoir à la vie comme ça. Et j'étais passé à... quelques centimètres entre guillemets pour imager de passer à côté de ma propre vie donc j'ai eu cette occasion de pouvoir rebondir et c'est ce que j'ai fait quoi sur ces deux dernières années donc voilà quel a été l'élément déclencheur pour en revenir à la question de base déjà merci de partager ça parce que c'est super fort c'est intense là pour le coup la vie t'as pas laissé le choix c'était vraiment il faut que tu changes c'est...

  • Speaker #0

    Il n'y avait pas de négociation, quoi. Ça a été un événement hyper traumatique, cet accident.

  • Speaker #1

    Alors, pas de négociation, ça inclurait le fait qu'on n'ait pas le droit de renoncer. En tout cas, dans ma tête. Et c'est vrai qu'à l'heure d'aujourd'hui, j'ai du mal avec cette notion de « on n'a pas le droit de renoncer » parce que j'ai eu cette chance ou peut-être cette envie de vouloir dépasser ma condition et d'aspirer à autre chose. Mais c'est vrai que toutes les situations sont différentes. et... Il peut arriver qu'on n'ait pas la force de rebondir et de ne pas repartir. C'est en tout cas les messages que j'ai eu autour de moi ensuite, que ce soit avec des psychologues, que ce soit avec des assistants ou assistantes sociales, que ce soit avec le monde médical que du coup je fréquente pas mal quand même depuis ces bientôt trois dernières années. Donc voilà, dans ma tête ça inclurait une certaine deadline de « ok, il t'est arrivé un problème, donc maintenant tu es obligé de rebondir » . Sauf qu'on a le droit aussi de dire « stop » et de dire « en fait là je ne m'en sens pas capable » . où je suis pas ok. Et ça peut être, entre guillemets, légitime. D'où l'importance de l'accompagnement et de demander de l'aide, en fait. Je pense que c'était le plus compliqué dans toute cette histoire, de prendre la légitimité, de dire « Ok, j'ai besoin d'aide, je peux pas m'en sortir tout seul, il faut que quelque chose se passe. » On en revient à cette date du 7 janvier, où j'ai décidé que c'était terminé. J'ai pris la décision de demander de l'aide. Donc ça a pas été évident. J'ai commencé par un parcours psychologique, un suivi psy, avec une première personne avec qui je me sentais pas tellement à l'aise, donc j'avais pas l'impression d'avancer sur quelque chose de concret, et puis finalement, au fur et à mesure des rencontres, je suis tombé sur une psychologue clinicienne spécialisée en addictologie, avec qui le courant est passé d'une manière incroyable, et j'ai pu enfin poser des questions sur ce qui se déroulait dans ma tête. Parce que le schéma de vouloir m'en sortir était entre guillemets déjà tracé. Là où j'avais besoin d'aide, c'était de mettre des mots et de mettre des circonstances sur tout ce qui se passait à l'intérieur de ma tête et d'arrêter de me considérer complètement fou. Parce que je pouvais penser quelque chose le matin et penser autre chose l'après-midi sans aucune structure ou sans aucun élément déclencheur qui fasse que mon avis change par rapport à une situation concrète.

  • Speaker #0

    Ouais, en fait, on peut parler de reconstruction plutôt que de rebondir. Ça a vraiment été un chemin de tout remettre en place, de tout requestionner. Et du coup, je comprends ce truc de quand tu commences une thérapie, c'est aussi d'apprendre à se connaître, se comprendre, à se poser les questions aussi de « Attends, je ressens ça, mais pourquoi je ressens ça ? » Moi, je l'ai beaucoup eu de me dire, dans ma vie, des fois, j'étais d'un coup un peu fâchée ou triste et pour aucune raison apparente. Et le fait d'avoir été accompagnée, j'ai compris, ah non, c'est pas pour n'importe quelle raison, c'est parce que j'ai été submergée, parce que si, parce que ça. Mais du coup, comment toi t'as fait concrètement pour te reconnecter à toi-même ? Parce que je ne t'ai pas connue avant, mais de ce que tu me décris, j'ai l'impression qu'avant, il y avait beaucoup d'évitements, compensations aussi, dans ton temps libre, en faisant la fête, etc. Et après ça, ça a été l'inverse, j'ai l'impression que tu t'es vraiment reconnectée à toi, à qui tu es.

  • Speaker #1

    Complètement, ça veut dire que si tu veux Je pense que le début ça a commencé, j'aime bien ton analogie sur la construction, parce que le début ça a commencé si tu veux par de la déconstruction. Ça veut dire de casser tous ces schémas mentaux que j'avais à l'intérieur de moi, ou toutes ces choses que je faisais. parce que c'était comme ça, parce que je me considérais comme étant comme ceci, ou alors devoir réagir de telle manière par rapport à telle situation, ou devoir réfléchir de telle manière par rapport à une personne, avoir des avis déjà prédéfinis. Donc la première étape, ça a été déjà de commencer par déconstruire tout ce que j'avais emmagasiné. Moi depuis 28 ans, quand je dis tout c'est une exagération mais c'est vrai que ça a été quand même le primordial de me dire ok t'as une nouvelle chance, tu repars, tu penses que le monde il tourne comme ça sauf que le monde qui tourne comme ça, regarde où il t'a amené, il t'a amené dans un arbre Donc en fait le monde il tourne pas comme ça, c'est dans ta tête que le monde il tourne comme ça et maintenant il va falloir déconstruire ton monde et parler entre guillemets avec le coeur. Donc si tu veux le processus a commencé comme ça. Dans cette déconstruction j'étais submergé par parce que, que ce soit pendant mes suivis ou même de manière solitaire, j'ai passé une je passe et j'ai passé énormément de temps seul parce que du coup, je ne pouvais pas marcher énormément du fait de mes opérations. Donc, j'étais très souvent à la maison ou dans un périmètre très limité. Et c'est vrai que j'avais énormément de choses qui me submergeaient, beaucoup de choses qui revenaient à moi de souvenirs effacés dû aux consommations et dû au fait de, encore une fois, ce... ce tunnel où on fasse des choses ok ou pas ok, on n'en a pas conscience et la vie suit son cours, on ne se rend pas compte de ce qu'on laisse derrière comme bagage ou comme casserole. Donc la suite a été de commencer à demander pardon au monde. C'est-à-dire que pardon au monde en général, à l'humanité entière, parce que je ne me considérais plus comme étant une bonne personne. Je me suis même posé la question de savoir si j'étais une bonne personne et si je l'avais déjà été. donc ça a été très compliqué de se reconstruire par rapport à ça et ensuite l'étape a été d'aller demander pardon aux personnes qui m'entourent et ça ça a été très compliqué parce que le pardon est pas le plus compliqué à faire le plus dur c'est d'accepter que tu puisses ne pas être pardonné et que ce soit ok parce que il ya des choses qui ont été dites faites ressenties peu importe qui sont peut-être peut-être trop pour l'autre, donc ça n'enlève pas... ma certitude de demande de pardon si tu veux et de rédemption mais par contre il fallait aussi laisser l'espace à l'autre, au monde de pouvoir me dire non et ça ça a été je pense au début la chose la plus compliquée à accepter de se dire bon bah ok j'ai pris mes jambes, mes bras je me suis levé, je suis en face de toi je te demande de me pardonner, tu me dis non qu'est-ce que je fais ? Comment je réagis maintenant ? Est-ce que ça veut dire que du coup Je suis pas du tout une bonne... personne et j'avancerai plus ou est-ce que ok je t'ai fait de la peine mais du coup tu arrives à vivre avec et moi j'arrive à vivre avec le fait que ce soit pas ok pour toi que on puisse se pardonner en tout cas dans l'instant T et de l'accepter il y en a eu qui ont refusé et je trouve ça complètement légitime parce que si tu veux je suis remonté quand même assez loin dans ma vie si je puis dire en tout cas j'ai essayé de faire quelque chose par rapport aux dix dernières années. Et je pense que j'ai déjà oublié du monde. Mais après, il y a des personnes que tu ne fréquentes plus ou que tu n'as fréquentées que de manière très passagère et avec qui tu pourras, entre guillemets, ne plus avoir d'interaction jamais ou alors au hasard d'une rencontre. Si ça doit arriver, tant mieux. Si ça n'arrive pas, ce n'est pas grave. Mais oui, bien sûr, il y a eu des personnes qui n'ont pas été OK avec le fait de me pardonner. Et à l'heure d'aujourd'hui, je suis au clair avec tout ça. parce que c'est vrai que je peux pas vouloir avoir de l'emprise sur comment quelqu'un a ressenti ou vécu une situation qui peu importe la manière lui a paru malaisante ce serait on

  • Speaker #0

    dépasse si tu veux le cadre du pardon là pour le coup ça devient presque de l'inquisition de tu es obligé de me pardonner et ça a plus de sens de cette manière là c'est hyper courageux déjà on pense que c'est simple mais en fait d'aller demander pardon c'est hyper courageux S'excuser,

  • Speaker #1

    c'est simple. Entre guillemets, excuse-moi pour ce que je t'ai fait. C'est super facile. Ça peut prendre 30 secondes au téléphone. Ça peut prendre un texto. Donc, c'est vrai que c'est super simple. Mais de, comme tu dis, réellement demander pardon et d'y croire. Parce que le plus important aussi, c'est ça, c'est d'être persuadé que tu demandes pardon pour quelque chose ou tu sais que ce que tu as fait, ce n'est pas OK. Donc, c'est vrai que ça, ça a été quand même quelque chose d'assez compliqué. mais c'est vrai qu'aujourd'hui ça devient du coup naturel dans ma manière de vivre en général dans le sens où je reste un humain classique donc ça peut m'arriver des fois pour x ou y raison de blesser quelqu'un ne serait-ce que par rapport à un dialogue ou par rapport à un jugement dans une conversation que j'ai pas l'impression d'émettre mais qui peut être ressenti comme ça et donc c'est vrai qu'aujourd'hui le fait, on revient à ce que je te disais au début, le fait d'avoir de l'empathie et de la bienveillance dans tout dans ma vie le... Pardon et... Beaucoup plus simple à axer parce que si tu veux ça ne va jamais trop loin c'est à dire que ok on peut ne pas être d'accord on peut avoir quelque chose qui nous vexe que ce soit de l'ego que ce soit enfin peu importe et le schéma se fait plus facilement et le fait de pas laisser C'est traîner les choses, d'agir quand c'est le moment, et surtout d'être aidé, de discuter, dialoguer, verbaliser tout ce qui se passe, ou tout ce qu'on peut ressentir ou se poser comme question. Je ne posais jamais de questions, je ne parlais pas beaucoup de moi non plus. Et c'est vrai que... que si tu poses pas de questions tu peux pas savoir, tu te crées tes propres histoires,

  • Speaker #0

    tes propres relations logiques à l'intérieur de ta tête et ça a de sens que pour toi ou que pour la personne qui réfléchit mais du coup t'as été accompagnée par une psychologue t'as fait toute cette démarche là est-ce qu'il y a des choses qui t'ont vraiment pour comprendre tout ça je sais pas, est-ce que c'est le fait d'avoir lu des choses est-ce que c'est le fait d'avoir je sais pas comment c'est à méditer ou tu... vois avoir commencé certaines pratiques qui ont fait que tu vas mieux et que d'ailleurs tu continues à les faire aujourd'hui etc je sais pas si tu comprends complètement je vais complètement il ya alors il ya des choses qui m'ont énormément aidé déjà ça a été la parole c'est à dire que les

  • Speaker #1

    cercles de parole que ce soit dans des réunions d'alcooliques anonymes ou alors ou alors de personnes qui prennent des stupéfiants on est dans le même système que pour les alcooliques anonyme le fait d'écouter l'autre ça c'est quelque chose que je pensais faire et en fait je me rendais compte que j'écoutais personne ça veut dire qu'on me parlait je prenais mais j'avais toujours quelque chose à répondre et ça se passe pas comme ça c'était la première fois où je faisais comme on appelle ça en tout cas comme j'aime appeler ça de l'écouté active dans le sens où je t'écoute je prends ton histoire mais j'ai pas mon avis n'est pas sollicité sur l'histoire donc ça c'est quelque chose qui m'a énormément aidé et qui aujourd'hui et qu'aujourd'hui j'essaye de mettre en place. Alors, dans mon quotidien, ça veut dire qu'avec les personnes qui m'entourent, pas forcément dans des cercles de paroles comme on se l'imagine où on est obligé d'être réunis en cercle justement pour pouvoir discuter ensemble, mais en tout cas d'axer ce dialogue sur « bon ben voilà, maintenant on va discuter toi et moi, mais on va se parler sans avoir besoin d'émettre un avis l'un sur l'autre et de discuter. » Donc ça c'est quelque chose que j'essaie de garder au quotidien avec mes proches. et avec le monde que je rencontre aussi bien que des fois je me rends compte que j'ai toujours des petits peu tendance à vouloir glisser un mot aussi ou glisser quelque chose c'est compliqué de ne pas vouloir se rattacher à l'histoire au discours de l'autre mais le fait d'en avoir conscience si tu veux déjà c'est je trouve une avancée assez incroyable en tout cas dans ma tête à moi ensuite qu'est ce qui m'a aidé énormément c'était la marche parce que j'ai commencé à être seul et à comprendre que ce n'était pas grave d'être seul, que le fait d'être seul, ça allait me pousser à réfléchir sur le monde ou sur ma propre condition et que la réflexion, c'était justement bénéfique. Là où avant, je cherchais absolument à ne pas être seul, que ce soit en fréquentant du monde à longueur de journée ou alors ne serait-ce que dû aux consommations parce qu'au final, que ce soit de l'alcool, que ce soit de la drogue, peu importe, Euh... t'es jamais réellement seul, t'as l'impression que c'est ton ami, un peu imaginaire si je puis dire, qui est avec toi au quotidien et qui te soutient dans tout ce que t'es en train d'entreprendre, alors qu'en réalité t'es plus en train de t'enfoncer qu'autre chose. Mais c'est vrai que la solitude, la marche du coup, seule, a commencé à me mettre en un certain entrain. et si tu veux j'habite dans un petit village à côté de... Marseille, donc on a des forêts communales qui sont vraiment sympathiques. Les premières marches que j'ai commencé à faire c'était dans ces forêts. Donc je me suis retrouvé dans cette nature, j'ai toujours eu une très grande attirance pour la nature, pour la forêt, pour les bois, pour la mer, enfin pour tout ce qui englobe le naturel et un peu extérieur de la civilisation. C'est quelque chose qui m'a toujours fasciné et c'est vrai que là voilà, j'ai commencé à me créer de nouveaux hobbies. de nouvelles passions, des nouveaux centres d'intérêt, dont la nature. Donc ça a commencé un petit peu comme ça, avec ce genre de marche. On en revient à ce que tu me posais comme question, c'est rigolo, tu me parlais de lecture. Donc forcément, quand j'ai commencé à m'intéresser au sujet, j'ai essayé de voir qu'est-ce qui me plaisait dans la nature, pourquoi, comment, et on revient à... J'ai l'impression que notre histoire tourne clairement autour de ce que j'ai dit au début. On revient à cette notion de respect. et de bienveillance qu'on peut prendre réellement au sens large parce que je prenais le temps pour la première fois de regarder réellement ce qui se passait autour de moi. C'est-à-dire que de me laisser m'émerveiller ne serait-ce que par la petite feuille qui est en train de pousser sur l'arbre ou sur la mousse qui... peut y avoir sur ce petit morceau de rocher que je vais voir dans ma balade et de comprendre que en fait on n'était pas seul sur cette planète je sais pas si c'est décousu mais en tout cas De commencer cette notion de respect que je commençais à acter réellement avec l'être humain donc de ce côté là le travail était réellement enclenché du coup il fallait j'avais besoin que ça aille plus loin j'avais besoin de du coup de ressentir de nouvelles choses de me ressentir submergé de me ressentir bouleversé donc j'ai commencé comme ça J'ai trouvé des lectures sur le monde animal, sur le monde vivant qui ont commencé un petit peu à me bouleverser, dont un livre en particulier qui s'appelle « Ce que murmurent les animaux » de Virginia Marcus, qui est une... petite présentation si tu veux de son refuge animalier en Suisse où il y a une personnalisation de l'animal et des animaux qu'elle accueille dans son refuge donc avec les prénoms, les histoires, le pourquoi, le comment... comment. Et ce petit essai m'a complètement bouleversé déjà sur la condition animale et sur ce qui se passait en fait dans ce monde. Je pense que je peux même employer cette société capitaliste parce qu'en fait j'en faisais clairement partie. Ça veut dire que j'ai passé comme je t'ai dit 13 ans à vendre des voitures sans avoir le permis. Ça veut dire que j'ai eu le permis à ma 12ème année de vente de voiture. Donc autant te dire que je me mentais à moi-même, je mentais au monde entier et j'étais ... réellement dans cette société, dans ce monde qui aujourd'hui ne correspond plus tellement aux valeurs que... à mes valeurs, tout simplement. Donc voilà, pour le moment, ça a été ça qui a commencé réellement à me faire sortir de cette condition. Donc forcément, qui dit marche, dit début d'activité physique, sans parler de sport en tant que tel, dans une discipline bien particulière mais le fait de de prendre conscience que la mobilité c'est important le dépassement de soi d'une manière ou d'une autre pour moi c'était important parce que j'avais déjà commencé encore une fois avec l'arrêt de toutes ces substances ça a été un premier dépassement de soi j'étais pas un grand sportif pour un sous donc ça a été quelque chose de compliqué à mettre en place j'ai eu un suivi avec des kinés qui m'ont fait un bien extraordinaire que ce soit physiquement d'une première partie mais surtout humainement parce qu'on était dans le... J'allais chez le kiné 6 jours sur 7, au moins 1h30 par jour entre la balnéo et la kinésithérapie. On est vraiment sur des moments en petits groupes, voire moi seul avec la personne. Et ça permettait des échanges concrets avec des personnes qui sont là pour te remettre en forme et te faire du bien. Donc si tu veux, on était encore une fois dans une sensation de sécurité et de bienveillance dans ces moments-là, qui font que dans cette reconstruction ça a duré un an et demi ce suivi de kiné ça m'a été d'une aide incroyable et je continuais dans cette lancée de demander de l'aide autour de moi et de plus avoir peur de dire là je sais pas, je m'en sors pas ou alors je comprends pas pourquoi je ressens ça s'il vous plaît expliquez-moi aidez-moi ça a été vraiment bénéfique dans toute cette histoire déjà pour en revenir par rapport aux valeurs,

  • Speaker #0

    en général je pose cette question parce que je pense vraiment que c'est un fil rouge en fait c'est un peu notre référence, notre fil rouge et je pense que c'est normal qu'à chaque fois tout est lié en fait tout est lié par ces valeurs, pour moi c'est un peu le socle, même si quand t'en parles tu dis oui c'est un peu abstrait, voilà j'ai telle valeur, le respect ok, mais en fait non, c'est pas si abstrait parce que ça se traduit à chaque fois dans tes choix, dans ta vie, dans ta vision et du coup moi quand je suis un peu perdue, j'essaye de me reconnecter à ces valeurs là ça m'aide m'aide à faire des choix qui me correspondent plus parce que c'est vraiment, les valeurs c'est le truc qui te fait vibrer, c'est le truc qui résonne dans ton coeur et du coup c'est ça qui guide notre vie je pense.

  • Speaker #1

    Complètement, je le ressens au quotidien dans ce quand on revient à cette valeur de bienveillance où

  • Speaker #0

    En fait, j'essaie... de mettre aujourd'hui l'amour au sens large du terme dans tout ce que j'entreprends, dans tout ce que je reçois dans tout ce que j'entends on est vraiment dans de l'amour au sens très large du terme mais ça rejoint énormément la bienveillance et le fait de parler ou de ressentir réellement avec le coeur ou l'âme, chacun appelle ça comme il veut c'est vraiment ce fil rouge, ce fil conducteur comme tu dis, qui aujourd'hui m'anime dans tout ce que je fais et qui anime aussi la suite de ma vie et les projets qui se mettent en place petit à petit. C'est ça qui me fait vibrer. Alors aujourd'hui, il y a un truc qui me donne de la force ou une des choses qui me donne de la force à l'heure actuelle.

  • Speaker #1

    Justement, tu peux peut-être nous parler de la suite. Je trouve ça intéressant de voir à quel moment et comment ton engagement est venu. Parce que quand on parle, tu as un engagement qui est très très fort, une vision qui est assez claire de ce que tu veux, de ce que tu penses, de comment tu vois le monde et j'ai l'impression que c'est... Avant ton accident, c'était complètement différent. Du coup, comment ton engagement est venu dans ta vie et comment tu le traduis aujourd'hui dans tes projets ?

  • Speaker #0

    Alors, je fais une petite sortie. Mais c'est vrai que dans une de mes séances psy, j'ai remis le doigt sur quelque chose où ma psychologue me posait une question en me demandant par rapport à mon enfance qu'est-ce que je répondais à l'école quand on me demandait qu'est-ce que je veux faire plus tard. Et donc, il a fallu que je pose des questions à ma mère parce que j'en avais vraiment aucune aucun souvenir et en fait depuis que je suis tout petit depuis que je suis au CP ma réponse était je veux élever des chèvres en corse dans le maquis donc si tu veux je me rends bien compte que depuis toujours tu vas comprendre ensuite pourquoi je commence par ça depuis toujours j'ai cette aspiration un peu de retour aux sources on pourrait peut-être dire aujourd'hui mais en tout cas de relations entre moi la nature les animaux alors aujourd'hui le projet complètement différente mais il y avait quand même déjà cette aspiration de retour à la terre, de bienveillance parce que je t'imagines bien que étant petit je pensais pas de l'élevage industriel je m'imaginais avec un bâton de berger dans un maquis avec des petites biquettes quoi et donc c'est vrai que voilà alors donc comment on en est arrivé là c'est que si tu veux j'ai un ami très proche qui m'a suivi depuis toujours et même depuis mon époque au gros débord qui a toujours été là pour moi qui m'a énormément soutenu pendant toute ma réhabilitation et qui un jour m'a dit, bon ben voilà, aujourd'hui il faut que je te présente un groupe de personnes, il faut que je te présente un collectif, viens avec moi, je te dis pas ce qu'on fait, je te dis pas où on va, juste je sens que c'est ce qu'il te faut. Je me suis laissé porter, comme je me laisse porter à l'heure actuelle dans plein de choses que je fais dans ma vie. Donc il m'a emmené dans une ferme pédagogique à Marseille qui s'appelle la ferme du collet des comptes. Déjà c'était la première fois de ma vie que... j'avais cette notion de collectif pour moi un collectif je savais ce qu'était un collectif je connaissais le mot, il n'y avait pas de problème mais c'est une situation que j'avais jamais réellement vécue ça veut dire qu'on a un groupe d'amis on a de la famille, on a tout ça mais la notion de collectif comme elle m'était présentée là c'était la première fois que je voyais ça donc je suis tombé dans ce petit monde de bisounours si je puis dire ou si tu veux... le projet de la ferme en dehors de l'agriculture biologique est axé sur de l'accueil d'enfants donc que ce soit d'enfants en situation de handicap ou non on est vraiment sur de l'accueil pédagogique encore une fois lié à la terre, lié au monde animal, lié à l'agriculture et on est sur quelque chose qui est en plein Marseille. donc c'est vrai que c'est assez dingue de pouvoir proposer alors c'est pas les seuls sur Marseille mais de pouvoir proposer un accès à quelque chose qui peut paraître tellement lointain pour des populations vivant dans des centres urbains sur des choses très classiques de comment faire ton schéma de la terre jusqu'à l'assiette ou même est-ce que tu t'es déjà posé la question de savoir comment se fait ce que tu as ça à manger ce soir à midi enfin peu importe. Donc voilà j'ai été présenté à ces personnes là qui cherchait si tu veux un stagiaire pour une animation dans les stages avec les enfants pour les vacances de Pâques. Je n'avais jamais fréquenté d'enfants. Je n'avais jamais rien animé dans ma tête. Bien qu'en fait, en faisant le chemin inverse et en revenant en arrière, ma vie entière n'a été que de l'animation. Parce que le principe même d'un vendeur ou d'un représentant, peu importe, c'est d'animer, entre guillemets, ton produit, ton bien, ton service. Il y a une petite partie spectacle, une petite partie show, ou déjà une petite partie dialogue. encore une fois avec l'autre et là le fait que ce soit avec des enfants j'avais peur D'une manière ou d'une autre, de ne pas savoir trop comment réagir. Savoir si j'allais me sentir à l'aise. Je ne me sentais pas légitime du tout non plus d'être avec des enfants. Mais qu'est-ce que je vais pouvoir leur apprendre ? Je ne suis absolument pas qualifié. Et en plus de ça, je n'avais pas tellement de notions. Hormis le potager maison ou le peu de jardinage que j'ai pu faire avec mon grand-père étant plus jeune, auquel je m'intéressais moins ou en tout cas où j'avais oublié toutes les notions de ce qu'il en était. Donc on était vraiment dans un monde où c'était la première fois, si tu veux. que je mettais les pieds dans quelque chose comme ça. Donc, ça a été rigolo comme première rencontre parce que j'ai vraiment pris ça, moi, comme étant un entretien formel. Ça veut dire que j'étais très stressé. Je m'attendais à ce qu'on soit assis dans un bureau et qu'on discute et que je doive parler de mes motivations, pourquoi, comment, qu'est-ce qu'il en est. En fait, on n'était pas du tout dans ça. On a été dans de l'échange. J'ai eu le droit à quelques questions classiques qui sont complètement normales, que ce soit liées au casier judiciaire, comme ça, on va quand même travailler avec des enfants. Mais c'est vrai qu'après, l'entretien, si je puis dire, s'est fait sur le parcours de la ferme pédagogique. Donc j'avais le même regard que les enfants qui découvrent la ferme pour la première fois. Donc si tu veux, à la fin de ce petit entretien, on m'a dit, si tu veux, lundi, tu peux commencer avec nous. J'ai pleuré, déjà, pour commencer. Et ça a été le meilleur choix qu'on m'a laissé faire. de ma vie parce que j'étais accepté, donc on me laissait la possibilité de voir si je tenais la route pour participer avec eux à ces moments de stage. Ensuite maintenant le choix venait à moi de « est-ce que tu es ok ? Est-ce que c'est ce que tu as vraiment envie de faire ? Comment tu vas le sentir ? Est-ce que tu te sens stressé ? Comment tu vois la chose ? » Et j'ai décidé de ne pas tellement mentaliser le process et de voir avec mon coeur comment je leur sentais la première approche a été formidable. Ça veut dire que je sortais d'un milieu où le but premier était de faire tomber les collègues de travail parce que le but étant d'être le premier, le meilleur, celui qui gagne le plus d'argent, le meilleur commercial de la boîte. Enfin, on était vraiment dans un système où les relations interpersonnelles étaient, en tout cas pour ma part, assez fausses parce que c'est des personnes que je ne fréquente plus à l'heure actuelle et que je n'ai jamais fréquentées en dehors de mon lieu de travail, si tu veux, où le but premier étant de ramener le plus d'argent à la maison et d'être... être le meilleur sur le papier pour faire plaisir à notre gentil patron. Et là, je tombais dans un monde où les gens se parlaient bien au travail et s'aimaient, s'appréciaient. Je suis tombé des nues. Ça veut dire que le premier jour, je me rappelle, je suis rentré à la maison et encore une fois, je pleure beaucoup depuis mon accident, mais encore une fois, je me suis mis à pleurer parce que je prenais une claque extraordinaire. en me disant, putain, mais c'est possible. En fait, on en revient à cette déconstruction. Tout ce que tu as déconstruit avec le fait de pourquoi tu n'étais pas d'accord avec ton ancienne vie... J'avais théorisé le fait que ça puisse bien se passer, peu importe le boulot que j'allais choisir ou la vie que j'allais choisir pour après, mais je ne l'avais jamais vécu. C'était que de la théorie dans ma tête. Et là, je suis tombé dans un monde d'amour incroyable. Donc le stage s'est super bien passé. Les enfants, les relations avec les enfants et avec le monde. qui les entoure m'a transcendé. C'est-à-dire qu'on prenait tellement d'amour, de sourire et d'émotion à longueur de temps que je m'amusais plus que les enfants pendant mes périodes de stage. Je découvrais quelque chose d'incroyable. Et on en arrive encore une fois à la suite. C'est comme ça que j'ai commencé à me prendre de passion pour tout ce monde agricole et me poser des questions de pourquoi est-ce que je trouve ça intéressant d'enseigner ce... ces valeurs ou ces choses de la vie qui sont classiques depuis des milliers d'années, à des enfants ou même à des parents. Parce que par exemple, je vais te donner un petit exemple. On a des moutons sur la ferme. On a des parents d'enfants. sur Marseille qui par exemple n'avaient jamais vu de moutons en liberté ou n'avaient jamais vu de poules dans un poulailler ou n'avaient jamais vu de patates poussées dans un champ et le fait de pouvoir avoir cet impact social et de commencer à comprendre comment est-ce que ça fonctionnait, pourquoi et qu'est-ce qui était important dans tout ça en tout cas, qu'est-ce que moi j'en ressortais d'important par rapport la suite de... de ma vie, ça a commencé comme ça. Donc, ça en est suivi forcément des lectures. Des lectures, alors, ça a commencé énormément par Internet, parce que j'y ai jamais été. passionnés de lecture jusqu'alors et c'est vrai que cette habitude de consommer encore une fois du divertissement de consommer de l'information de manière complètement décomplexé quand je dis décomplexé c'est à dire que un énorme flux d'informations qui nous arrive ou qui m'arrivait en tout cas longueur de journée ou à longueur de semaine et qui était entre guillemets dans ma tête du coup tout au même niveau parce que parce que avait trop et que je sélectionnais pas ce qui m'intéressait, que je m'étais même jamais posé la question de savoir qu'est-ce qui pouvait m'intéresser et d'où le fait de la lecture de tomber sur des sujets qui me passionnaient si je puis dire ou qui m'animaient ou je commençais à comprendre un petit peu plus et en tout cas à mettre des mots sur des sujets que je théorisais tout seul ou alors avec des discussions avec le monde qui nous entoure mais voilà donc ça a commencé avec ces lectures ensuite a été le moment de me dire, bon, maintenant que tu as mis un pied dans ce monde-là, j'ai fait plusieurs stages forcément avec eux parce que j'étais passionné par ce qui se passait là-bas et que je voulais comprendre aussi comment tout fonctionnait, que ce soit la partie pédagogique, que ce soit la partie administrative, que ce soit la partie maraîchère, qui fait aussi vivre le collectif, comprendre quelle était la synergie de ce collectif, le groupe, et comment est-ce que ça marchait et pourquoi, et les parcours de tout le monde aussi. Et en fait, je me suis rendu compte dans tout ça que pas tout le monde était issus de familles d'agriculteurs, tout le monde avait un petit peu son histoire et ses raisons d'être arrivés à cet endroit-là, à tel ou tel moment de leur vie. Et encore une fois, c'était l'écoute des autres et des histoires qui nous entourent. Et il m'a fallu, après, aller chercher un petit peu plus loin. Dans le sens où la nature me plaisait, la transmission, que ce soit à l'enfance, mais du coup je me rends compte aujourd'hui que pas que, mais la transmission en général était quelque chose qui me plaisait aussi. Et la nature me plaisait énormément. Et là, des questions sont arrivées un peu... plus précises. Quels sont tes choix ? Qu'est-ce que tu as envie de faire ? Il était pour moi impossible, bien évidemment, de repartir dans ce dans quoi je travaillais avant. C'est un monde sur lequel j'ai fait complètement abstraction et qui me correspond absolument. plus comment on fait qu'est ce qu'on fait qu'est ce qui existe de quoi j'ai envie comment on va amener la chose et au fur et à mesure des rencontres des discussions des connaissances je suis tombé sur sur un école qui s'appelle le croissant fertile avec des personnes qui sont là qui sont formidables si tu veux quand je suis parti là bas on était un stage sur la coopération une transmission en tout cas sur la coopération et j'étais pas du tout au fait ça veut dire que j'ai chopé une bride d'information dans un écolieu qui me parlait je ne sais pas pourquoi mais qui me parlait d'une manière ou d'une autre et arrivé là bas j'étais persuadé de faire un stage sur la permaculture ce qui n'était pas du tout le cas on était vraiment dans le principe de la coopération dans un collectif qui soit créé ou en cours de création mais on était j'étais avec des personnes qui aspirez ou qui était déjà qui faisait partie d'un collectif quel qu'il soit que ce soit l'association, que ce soit le lieu de vie, enfin peu importe. là où moi la notion de collectif était toute récente ça faisait quelques mois que je savais que ça existait, que c'était possible et donc je me suis retrouvé là-bas et on en revient à j'ai touché du doigt ce à quoi j'aspirais ce à quoi je pensais dans ma tête c'est à dire que d'avoir une relation avec la nature qui est hyper résiliente ce principe d'habitat léger de débétoniser entre guillemets notre monde un petit peu actuel et d'aggrader le territoire, d'aggrader la nature c'est des notions que je commençais à prendre et là je concrétisais, ça veut dire que ok je m'étais imaginé un monde où c'était possible pour les autres mais peut-être pas pour moi et là je m'en décompte juste à l'échange et en écoutant que ok c'est possible, on peut toucher ça du doigt, il faut en avoir entre guillemets envie, mais si t'en as envie que tu veux le faire, tu peux encore une fois, demande de l'aide ou demande comment ça se passe et on va te te trouver une place. Et ça a été un énorme élément déclencheur sur ce que j'ai voulu faire après. C'est-à-dire que j'ai cette aspiration de relation avec la nature, mais j'ai aussi cette aspiration d'accueil, on en revient à cette bienveillance, ou d'essayer d'aider au maximum le monde qui m'entoure autour de moi, parce que ça y est, moi j'ai eu ma chance, dans le sens où j'ai profité de ma vie d'une mauvaise manière à l'heure actuelle. en tout cas je le juge comme ça, je faisais mes choix pour moi même s'ils n'étaient pas bons, c'était des mauvais choix, mais je faisais les choix pour moi parce qu'il fallait que je sois satisfait, il fallait que je me sente bien entre guillemets. Et là, l'ouverture au monde était évidente. Ça veut dire qu'en fait, ce n'était pas pour moi. Et comment je retrouve mon bonheur ? Mon bonheur, je le retrouve dans le bonheur de l'autre. Dans le fait de, ok, moi j'ai eu cette chance, je m'en suis sorti. Maintenant, c'est à moi d'essayer de trouver une manière de pouvoir aider l'autre. De pouvoir aider le monde à ma toute petite échelle. Mais d'essayer de pouvoir aider l'autre. Donc je commence en fait si tu veux l'année prochaine une formation agricole qui s'appelle BPRA, donc c'est une qualification agricole pour pouvoir reprendre une exploitation agricole en biologique. Et j'aimerais énormément pouvoir faire de l'accueil, que ce soit de l'accueil de réfugiés, que ce soit de la réinsertion liée aux prisons, que ce soit de la réinsertion liée aux addictions, que ce soit de l'accueil d'enfants ou non d'ailleurs de personnes en situation de handicap, que ce soit physique, mentale, peu importe. Le but étant de pouvoir rallier, si tu veux, mon aspiration au retour à la terre. Et du coup, pour le retour à la terre, le schéma logique était l'agriculture, parce que cette notion du sol à l'assiette a été révélatrice du combat dans lequel je voulais m'engager. Et aujourd'hui, l'une des choses qui m'anime en dehors de la bienveillance et l'amour au quotidien, C'est la lutte. Quand je dis la lutte, encore une fois, c'est au sens très large du terme, mais je suis révoltée à longueur de journée pour tout un tas de choses. Et la révolte, au lieu d'être quelque chose de fatigant et quelque chose qui m'anime, parce que j'y mets pas de haine, en fait, si tu veux, dans cette révolte. J'essaie d'y mettre de la bienveillance et de l'amour pour changer les choses d'une manière happy. Je sais pas si on peut dire les choses comme ça, mais si, pour changer les choses d'une manière happy. Et je pense que ça va le faire, je pense qu'on va y arriver.

  • Speaker #1

    Ah bah de ouf, je suis plus que convaincue. Mais quand je t'entends parler, j'ai vraiment l'impression que tu t'es retrouvée. Tu disais tout à l'heure que quand tu étais enfant, tu avais déjà des envies finalement de vie simple, avec les animaux, en lien avec l'agriculture, et puis il y a eu une partie de ta vie où c'était pas du tout ça, et là tu y reviens. Et c'est vrai que c'est souvent ce qu'on demande aux enfants, qu'est-ce que tu veux faire plus tard, etc. Et après, souvent quand tu fais une démarche de reconversion ou de retrouver un travail qui te plaît, c'est souvent une question qu'on te repose. Qu'est-ce que tu voulais faire quand tu étais enfant ? Parce que quand tu es enfant, tu n'es pas influencé par quoi que ce soit, c'est vraiment les choses qui te plaisent à toi. Et après, tu as forcément... Le chemin conditionné dans lequel tu vas devoir aller et du coup tu vas oublier un peu ce truc de base qui te faisait vibrer. Mais du coup, ça me parle quand tu dis que quand tu as découvert les collectifs, tu étais là genre « Wow, mais ça existe ! »

  • Speaker #0

    Exactement, c'est possible.

  • Speaker #1

    Mais parce que c'est vrai que quand tu n'as jamais expérimenté ça, tu es habitué à ce qui se fait habituellement au niveau de la société et ça n'a rien à voir avec ce qui est possible. C'est vrai que moi, à chaque fois que je retourne dans des lieux comme ça, de collectif, avec toute cette démarche de bienveillance, de communication, de vraiment construire quelque chose ensemble, pareil, c'est un nouveau souffle, quoi. Je me dis, ah oui, c'est vrai, c'est vrai que c'est possible, qu'on peut vivre de cette manière. manière là et que la vie peut être aussi plus douce plus agréable et toi tu as ta vision idéale utopique en quelques mots si vraiment tu pouvais justement changer les choses remodeler le monde avec ta vision, à quoi ça ressemblerait ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense si tu veux que on est encore une fois dans le manque de légitimité peut-être, mais je ne m'autorise pas à penser quelque chose d'aussi global. Pourquoi ? Parce que au final, le respect de la volonté de l'individu en part entière est quand même hyper importante et je ne veux absolument pas que mon discours discours soit quelque chose de je te dis ça donc c'est comme ça qu'il faut que ça se passe après je du coup le la nuance se fait quelque chose à beaucoup plus petite échelle d'où le fait de création alors de de rejoindre une structure peut-être déjà existante je pour le moment ce sera dans plusieurs mois donc je sais pas comment est-ce que ça va réellement se dérouler à l'heure actuelle mais voilà de le faire vraiment à des échelles très réduites parce que le fait de vouloir englober de la masse. tu arrêtes d'essayer de comprendre l'autre si tu veux là où par petite échelle ton discours je pense est quand même beaucoup moins moralisateur si je puis dire après l'esprit de... Pour revenir avec ta question initiale, l'esprit de coopérative est quelque chose qui me parle énormément. J'aspire à ce qu'il y aura forcément du financier, c'est ce qui reste à l'heure actuelle pour le moment, la seule chose qui fait... fasse un petit peu tourner ce monde ou qu'on puisse mettre une petite pierre à l'édifice et aider les autres. Il faut financer tout ça. Je vais dire le mot malheureusement, mais il faut financer tout ça. Et donc voilà, j'aspire à des choses. très simple, c'est-à-dire qu'un salaire équivalent pour tout le monde, peu importe la place que tu auras dans la structure, que tout le monde gagne exactement la même somme d'argent, que tout le monde puisse être libre de partir quand il veut. J'ai entendu une phrase l'autre jour qui m'a énormément interpellé, à la différence de demander combien est-ce que vous voulez gagner par mois, c'est plutôt combien est-ce que vous voulez mettre de côté pour pouvoir vous émanciper à n'importe quel moment et pas vous sentir blo... bloqué de la situation dans laquelle on est. Parce que souvent, en tout cas je le vois avec mes proches, souvent ce qui fait qu'on n'arrive pas, ou on n'a pas envie, ou on ne peut pas sortir, entre guillemets, de sa condition, c'est que on se sent piégé. Et souvent, ce qui nous piège beaucoup, ça reste le financier, parce qu'il faut qu'on mange, il faut qu'on se loge, il faut qu'on se déplace, il faut que... Donc voilà, essayer de faire quelque chose de encore une fois coopératif et le plus égalitaire possible de n'importe quel moyen que ce soit quoi. Ma grande utopie elle serait là dedans et du coup je vais quand même répondre à ta question si je devais le développer à grande échelle ce serait ça ce serait que on se rende bien compte qu'au final on doit tous être pareil et mis sur un même pied d'égalité parce que on est tous pareils de toute façon c'est un fait.

  • Speaker #1

    J'ai deux dernières questions. Il y en a une d'Aziz. Tu as déjà partagé une référence de livres, mais est-ce que tu as des documentaires, des films ou d'autres livres qui t'ont inspiré, qui t'ont guidé, que tu aimerais recommander ?

  • Speaker #0

    Alors, j'ai un film qui va sûrement parler au plus grand nombre mais qui me bouleverse depuis que je suis tout petit, c'est La Belle Verte. Parce qu'encore une fois, je te dis, quand j'étais petit, je voulais élever des chèvres, mais ça a été un film qui m'a suivi depuis longtemps et je ne me posais pas... réellement la question du savoir pourquoi bien que je reviens un petit peu dans le passé mais j'étais un adepte des fêtes libres ce qu'on appelle les free parties donc j'ai toujours eu cette aspiration un peu de être en dehors des faits classiques de la société bien que mon travail n'était pas du tout mais dans ma vie personnelle d'essayer d'être un peu en marge de ce qui se faisait normalement si tu veux et en termes de marginalité en tout cas pour l'année auquel le le film est sorti, on est sur quelque chose de... d'hyper marginal et d'hyper utopiste et donc c'est mon film si tu veux référence où je peux le regarder des dizaines de fois dans l'année je vais toujours pleurer de la même manière je vais toujours me sentir autant ému et me dire que c'est comme ça que j'ai envie de vivre et ensuite au niveau des lectures j'ai énormément de livres qui m'ont bouleversé c'est vrai que du coup Virginia Marcus a sorti plusieurs bouquins souvent reliés à la condition animale en tout cas moi ceux que j'ai lu étaient reliés à la condition animale et qui m'ont ... qui m'ont mis au fait de plein de choses et qui m'ont donné une certaine envie de combattre aussi d'une manière ou d'une autre. Après ensuite, je pense que toutes les lectures, entre guillemets, sont importantes. Il y a un livre que j'aimerais quand même... j'aimerais quand même citer, c'est un essai d'une journaliste qui s'appelle Salomé Sake. L'essai s'appelle Résister et on est sur, si tu veux, une petite explication rapide, ça doit faire aussi peut-être une centaine de pages, je n'ai pas... pas le chiffre exact en tête, sur, si tu veux, la résistance par rapport à l'extrême droite, le racisme entre guillemets en France, et on est sur des notions qui me parlent énormément parce qu'on en revient à la parité, l'égalité, cette notion de race n'a pas lieu d'être, et on est sur quelque chose de très explicatif à offrir au monde qui nous entoure, parce que la lecture est simple, ce n'est pas mon réalisateur, on est juste sur des clés de compréhension, et je sais que j'en ai acheté plus d'une dizaine et je l'ai distribué je me suis même distribué à des gens dans la rue que je ne connaissais pas mais parce que le message était important, j'étais aussi révolté par rapport à ce qui se passait, par rapport aux élections et la politique est devenue assez importante dans ma vie à l'heure actuelle où en fait si tu veux je pense qu'il faut remettre d'un certain côté la politisation de la monde, pas la politisation au sens large comme on le voit à la télé ou comme elle est faite par les politiciens mais l'implication si tu veux de chaque personne dans Ciao ! S Tous les actes de sa vie. Il y a une phrase avec laquelle j'arrive plus du tout à être ok, c'est « parce que c'est comme ça » . Donc on est dans un combat quotidien par rapport à tout ça.

  • Speaker #1

    Il faut définitivement que je lise ce livre. À chaque fois, tout le monde... on en parle et tout le monde dit qu'il est génial et je ne l'ai pas encore acheté mais tu l'as bien vendu super bien vendu et puis en plus on est sur un petit

  • Speaker #0

    TC qui fait 5 euros donc on n'est pas sur de la lecture trop chère, c'est accessible bien que ça reste une somme, attention, là n'est pas la question mais voilà quand même sur quelque chose d'accessible c'est écrit de manière très simple sans être péjoratif c'est juste que c'est compréhensible pour le plus grand nombre, pas moralisateur et vraiment vraiment un message en tout cas qui m'a parlé personnellement trop cool,

  • Speaker #1

    merci pour ces références je suis convaincue que justement les livres les documentaires, les films, tout ça ça contribue beaucoup aussi à véhiculer des messages des visions et... et que ça, en général, ça touche les gens, et ça les marque, même plus que de grands discours.

  • Speaker #0

    Complètement. Si je pouvais en placer un dernier, quand même, c'est un livre qui s'appelle « Désobéir » , d'un auteur qui s'appelle Frédéric Gros, parce que, si tu veux, alors, on est sur de la désobéissance, entre guillemets, mais on en revient à cette... à sortir, si tu veux, de cet état de servitude, ou de... parce que c'est comme ça. Donc, je trouvais ça intéressant de le placer, et de pouvoir permettre aux gens qui connaissent ou connaissent pas, de peut-être aller taper sur Internet, de savoir qu'est ce que c'est que ce livre, est-ce que ça me parle, est-ce que ça me parle pas donc je voulais le placer aussi dans cette liste de lecture Cool,

  • Speaker #1

    et j'ai ma dernière question que j'aime bien poser aussi à mes invités si tu pouvais te retrouver devant le Nicolas ado ou enfant comme tu préfères, le Nicolas d'il y a quelques années en tout cas,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que t'aimerais lui dire par rapport à tout ce que t'as appris et tout ce qui s'est passé dans ta vie Premièrement je lui dirais mollo sur la drogue c'est le premier truc que je verrais parce que ... Parce que c'est pas obligé. Et surtout, bien que je crache pas sur tout ce qui s'est passé dans ma vie, et c'est ce qui fait que je suis aujourd'hui. Mais vas-y, mollo. Te détruis pas trop. Et n'aie pas peur de demander de l'aide. N'aie pas peur de tendre une main. N'aie pas peur de t'accrocher à toutes les branches que tu puisses trouver. Parce qu'en fait, le fait d'échouer, c'est pas grave. Le fait de prendre un nom, c'est pas grave. le fait de douter c'est carrément ok, le fait d'être triste c'est carrément ok, donc voilà vas-y mollo sur la drogue demande de l'aide et laisse parler ton coeur,

  • Speaker #1

    voilà ce que je lui dirais c'est des super mots pour finir cet échange, merci beaucoup en tout cas,

  • Speaker #0

    bah merci à toi, ça m'a fait énormément de bien de discuter de tout ça avec toi

Description

Dans ce nouvel épisode d’Enquête de Soi, j’ai rencontré Nicolas Ricci, dont le parcours mêle militantisme, écologie et reconstruction personnelle.


Il y raconte comment un grave accident a bouleversé son corps, mais aussi sa façon d’agir, de militer et de prendre soin du vivant.


On explore ensemble :

-Comment continuer à s’engager quand le corps ralentit.

-Ce que l’on gagne à remettre de la douceur dans nos luttes.

-Comment transformer l’épreuve en moteur plutôt qu’en frein.


Merci à Nicolas de s’être livré avec autant de sincérité. J’espère que cet échange puissant vous inspirera autant qu’il m’a bouleversé.


La sélection inspirante de Nicolas :

Ce que murmurent les animaux de Virginia Markus

Résister de Salomé Saqué

Désobéir Frédéric Gros

La belle verte de Coline Serreau


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Musique : Music from #InAudio, I Feel Fine et Musique libre de droit Plume


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour Nicolas.

  • Speaker #1

    Bonjour Noa.

  • Speaker #0

    Merci de venir sur mon podcast aujourd'hui. Je suis trop heureuse de pouvoir échanger avec toi. Ça faisait longtemps qu'on avait prévu d'enregistrer cet épisode, donc c'est vraiment chouette de pouvoir le faire aujourd'hui.

  • Speaker #1

    C'est vrai que ça fait un petit moment qu'on en discute et moi aussi je suis ravi de pouvoir commencer cet échange.

  • Speaker #0

    Du coup, on va enchaîner sur la première question. Est-ce que tu peux commencer par te présenter en me parlant de tes valeurs ?

  • Speaker #1

    Carrément. Alors déjà, comme tu l'as si bien dit, je m'appelle Nicolas. J'ai bientôt 30 ans. Et donc, pour parler des valeurs, il y en a beaucoup, entre guillemets, qui sont importantes à mes yeux. Mais c'est vrai que si je devais en retenir une, voire deux principales, ce serait la bienveillance, pour commencer. pense que c'est quelque chose d'essentiel dans la vie. Et ce qui s'y rapporte le plus, ça va être le respect aussi. Je trouve qu'on est sur deux valeurs qui vont bien ensemble quand on les a, entre guillemets, assimilées et comprises. Donc, on est vraiment sur cette notion-là et cette base de commencement, entre guillemets, sur les valeurs. Et c'est ça, entre guillemets, aussi que j'aspire à transmettre et à faire ressentir au monde autour de moi. quand on se rend contre l'autre, tout simplement.

  • Speaker #0

    Et si tu me parles un peu de ton parcours, je sais qu'il y a eu vraiment, ces dernières années, un avant et un après. Ta vie a quand même drastiquement changé. Est-ce que tu peux déjà me reprendre un petit peu les étapes de ton parcours pour qu'on comprenne un peu mieux ? Et du coup, me parler de cet élément déclencheur qui a fait que tu as vraiment réadapté un petit peu ta vie.

  • Speaker #1

    Alors oui, le petit peu, c'est un mot qui est peut-être un peu léger à ce que l'on ait dit dans un... bouleversement total. Pour commencer, j'ai eu un parcours assez classique, ça veut dire école, collège. J'ai fait un CFA en commerce, donc à partir de mes 14-15 ans, où j'ai commencé à travailler dans le milieu de l'automobile, où j'y ai passé 13 ans de ma vie, donc jusqu'à mes 28 ans. Ça a été un parcours qui m'a aidé à tenir et à m'ouvrir d'une certaine manière avec le monde en général. on retrouve cette idée de social où le principe même du travail d'un commercial quel qu'il soit ça reste quand même de l'échange avec les autres êtres humains bien qu'il y ait cette notion de vente de biens ou de services au milieu mais en dehors de ça on a quand même cet échange qui est concret avec les personnes qu'on fréquente au jour le jour Donc voilà, sur le parcours professionnel, on était sur quelque chose d'assez classique, la vie se menait très bien de ce côté-là, je gagnais très bien ma vie, j'en ai pas fait grand-chose d'ailleurs, c'est vrai que ça se passait plutôt bien. là où j'ai eu plus de difficultés c'est qu'il y avait un parcours plus chaotique dû à tout un tas de consommation j'ai commencé à boire de l'alcool et à consommer tout un tas de stupéfiants très jeune je devais avoir 11 ou 12 ans la première fois que j'ai consommé des stupéfiants et c'est quelque chose qui m'a suivi jusqu'à mes 28 ans encore une fois je reviendrai après mais on est vraiment sur cette date butoir de deux ans et demi maintenant je me suis beaucoup perdu je comprenais pas réellement qui j'étais à quoi j'aspirais à quoi je servais et j'étais dans une sorte de tunnel si je puis dire ou avoir des œillères un petit peu comme un cheval et et d'avancer sans avoir de réel but précis. Si ce n'est que... d'être vivant même si c'était d'une mauvaise manière mais d'essayer d'être le plus vivant possible parce que c'est vrai que je travaillais énormément j'avais un rythme de vie où je devais faire entre 60 et 70 heures par semaine en travaillant 6 jours sur 7 donc la manière que j'ai trouvé pour accumuler vie sociale, vie sentimentale vie professionnelle vie tout court il fallait que j'ai du temps La seule manière d'avoir du temps c'était la nuit et la seule manière de ne pas dormir la nuit pour moi c'était de consommer. Donc on tournait dans cette poule où ma vie entière tenait sur un fil qui a cassé ce fil du coup le 16 octobre 2022. Ça faisait peut-être 4 ou 5 jours que je n'avais pas dormi. Je travaillais en même temps donc autant te dire que c'était compliqué à gérer pour moi parce qu'il ne fallait pas que le monde, mon environnement... se rendre compte dans ma tête que j'étais complètement complètement camé j'ai pas d'autres mots donc essayer de cacher au maximum mes déboires mes fatigues mes états physiques mes états mentaux et donc arrive ce jour du 16 octobre où j'ai un accident de voiture où je suis seul en voiture il est 6h du matin on est dimanche et je pars pour rejoindre pour rejoindre une personne et en fait j'arrive jamais donc c'est des pompiers volontaires qui me rouge. J'étais sur une route de campagne, la voiture a fait une quinzaine de tonneaux. Je suis sorti par la fenêtre, la voiture a fini dans un arbre, pour te finir un petit peu l'histoire de l'accident. Et je me suis évanoui sur un chemin de terre. Et c'est des pompiers volontaires qui faisaient un footing, qui m'ont trouvé. Et qui, du coup, m'ont appelé. des pompiers en service. Et ça a été une claque monumentale. Que ce soit pour moi, que ce soit pour mes proches, que ce soit... Ça a été quelque chose de très compliqué à gérer. Émotionnellement, au réveil à l'hôpital, parce que je ne pouvais pas marcher, je n'étais pas encore opéré, je ne savais pas ce qui s'était passé, je savais juste qu'il y avait un problème, parce qu'il y avait ma mère en pleurs, la personne que je devais rejoindre à côté de moi en pleurs, des policiers, des pompiers, des chirurgiens, des masques, des gants, des lumières, des sons. Et je comprenais pas grand chose à ce qui m'arrivait. Donc s'en est suivi une première opération, un début de rétablissement si je puis dire. Ça a été en tout cas le premier élément déclencheur de la grosse remise en question qui fait qu'aujourd'hui ça va beaucoup mieux. Et si je devais trouver un exemple ou quelque chose qui fait que... comment dire... J'ai été bouleversé pour la première fois où je me suis rendu compte qu'il y avait réellement un problème. C'est dans le regard de mes proches, après l'opération, tout en sachant que j'étais sauvé, que je pouvais marcher, qu'on savait que d'une manière ou d'une autre, j'allais me rétablir. On ne connaissait pas encore les séquelles possibles, mais j'allais me rétablir. Et de voir que dans le regard de mes proches, il n'y avait que de la peur et de la tristesse. Quand j'étais posé dans ce lit d'hôpital, c'était la première fois de ma vie qu'on me regardait comme ça. Ou en tout cas, que je comprenais qu'on me regardait comme ça, parce que je pense que dans le passé chaotique... que j'ai fait subir énormément de choses pas cool à tout mon environnement et on a déjà dû poser ce regard de... J'appelle ça de la pitié, mais c'est de la bonne pitié dans le sens où on a envie de sauver la personne mais on ne peut pas faire les choses à sa place. Et c'était la première fois où je le prenais réellement en pleine tête et je t'en parle aujourd'hui, j'ai encore des frissons. Ça a été vraiment l'élément déclencheur de tout ça. Donc la rééducation a commencé tranquillement après mon opération. Je suis assez vite sorti. de l'hôpital, je crois, au bout d'une semaine. Ça a été un peu dur parce que j'étais bourré de cachets, bourré de morphine, bourré de tout un tas de trucs. Donc, psychologiquement, j'avais l'impression de ne pas réellement en avoir fini avec tout ce qui me retenait de mon ancien passif lié à la drogue. Parce que mentalement, j'en arrivais à ressentir les mêmes sensations, bien que j'arrivais à faire la différence entre du récréatif, si on peut appeler ça comme ça, bien que le mot ne me plaise plus à l'heure actuelle. mais du récréatif et du médical. Donc voilà, ça en est suivi. Ensuite, une deuxième opération, pour le coup, où on m'a fait une greffe, une greffe de vertèbre, parce que la vertèbre avait tellement explosé dans le dos qu'elle ne pouvait pas se remettre toute seule. Mais avant de pouvoir envisager une suite, il fallait déjà me stabiliser. Et je recommence à marcher et à vivre. Ça a été compliqué. Parce que des problèmes sentimentaux au milieu. Il a fallu que je retourne chez ma mère. Ça aussi, ça a été quelque chose de compliqué à gérer au début. Je l'ai vécu comme un échec au départ. Donc ça veut dire que ça faisait beaucoup d'échecs. Je venais de perdre mon travail, entre guillemets. Dans ma tête, tout était en train de se terminer. Donc je venais de perdre mon travail. Je venais de perdre ma copine. Je venais de perdre la notion de qui j'étais. Et surtout je me regardais dans la glace sans savoir exactement où est-ce que j'allais aller. J'avais des millions de questions en tête qui n'étaient pas structurées. Et la drogue est revenue au milieu pendant quelques semaines voire quelques mois. Parce que c'est le seul échappatoire que je connaissais depuis 15 ans. Et donc forcément dès qu'on commence à aller un petit peu mieux, je ne sais pas si c'est pareil pour tout le monde, mais en tout cas ça a été le cas pour moi. La première patterne que j'ai reprise ça a été celle-là. Ça veut dire, bon bah voilà, aujourd'hui je me sens bien, on va sortir pour un coup, et puis de pour un coup, on est reparti dans des travers... Des travers pas tellement ok. Et un matin, en un jour de 7 janvier, je m'étais défoncé la veille, et je me suis réveillé avec une haine et une tristesse incommensurables. Je suis sorti de chez moi à pied, je suis parti marcher sans mon téléphone pendant peut-être 3 ou 4 heures, et j'ai pris la décision ce jour-là d'arrêter complètement. de consommer, que ce soit des stupéfiants, que ce soit de l'alcool. Ça a été un élément déclencheur où j'ai réalisé que j'avais eu une chance. Une chance d'être vivant, une chance de pouvoir marcher, une chance d'être entouré. Parce que du coup, j'avais quand même mes proches qui me soutenaient dans mon début de combat, en tout cas dans ma réhabilitation qui était déjà pour le moment que physique, mais quand même du soutien qui était là. Et j'ai ouvert les yeux sur le fait de... On peut pas dire... Je pouvais pas dire au revoir à la vie comme ça. Et j'étais passé à... quelques centimètres entre guillemets pour imager de passer à côté de ma propre vie donc j'ai eu cette occasion de pouvoir rebondir et c'est ce que j'ai fait quoi sur ces deux dernières années donc voilà quel a été l'élément déclencheur pour en revenir à la question de base déjà merci de partager ça parce que c'est super fort c'est intense là pour le coup la vie t'as pas laissé le choix c'était vraiment il faut que tu changes c'est...

  • Speaker #0

    Il n'y avait pas de négociation, quoi. Ça a été un événement hyper traumatique, cet accident.

  • Speaker #1

    Alors, pas de négociation, ça inclurait le fait qu'on n'ait pas le droit de renoncer. En tout cas, dans ma tête. Et c'est vrai qu'à l'heure d'aujourd'hui, j'ai du mal avec cette notion de « on n'a pas le droit de renoncer » parce que j'ai eu cette chance ou peut-être cette envie de vouloir dépasser ma condition et d'aspirer à autre chose. Mais c'est vrai que toutes les situations sont différentes. et... Il peut arriver qu'on n'ait pas la force de rebondir et de ne pas repartir. C'est en tout cas les messages que j'ai eu autour de moi ensuite, que ce soit avec des psychologues, que ce soit avec des assistants ou assistantes sociales, que ce soit avec le monde médical que du coup je fréquente pas mal quand même depuis ces bientôt trois dernières années. Donc voilà, dans ma tête ça inclurait une certaine deadline de « ok, il t'est arrivé un problème, donc maintenant tu es obligé de rebondir » . Sauf qu'on a le droit aussi de dire « stop » et de dire « en fait là je ne m'en sens pas capable » . où je suis pas ok. Et ça peut être, entre guillemets, légitime. D'où l'importance de l'accompagnement et de demander de l'aide, en fait. Je pense que c'était le plus compliqué dans toute cette histoire, de prendre la légitimité, de dire « Ok, j'ai besoin d'aide, je peux pas m'en sortir tout seul, il faut que quelque chose se passe. » On en revient à cette date du 7 janvier, où j'ai décidé que c'était terminé. J'ai pris la décision de demander de l'aide. Donc ça a pas été évident. J'ai commencé par un parcours psychologique, un suivi psy, avec une première personne avec qui je me sentais pas tellement à l'aise, donc j'avais pas l'impression d'avancer sur quelque chose de concret, et puis finalement, au fur et à mesure des rencontres, je suis tombé sur une psychologue clinicienne spécialisée en addictologie, avec qui le courant est passé d'une manière incroyable, et j'ai pu enfin poser des questions sur ce qui se déroulait dans ma tête. Parce que le schéma de vouloir m'en sortir était entre guillemets déjà tracé. Là où j'avais besoin d'aide, c'était de mettre des mots et de mettre des circonstances sur tout ce qui se passait à l'intérieur de ma tête et d'arrêter de me considérer complètement fou. Parce que je pouvais penser quelque chose le matin et penser autre chose l'après-midi sans aucune structure ou sans aucun élément déclencheur qui fasse que mon avis change par rapport à une situation concrète.

  • Speaker #0

    Ouais, en fait, on peut parler de reconstruction plutôt que de rebondir. Ça a vraiment été un chemin de tout remettre en place, de tout requestionner. Et du coup, je comprends ce truc de quand tu commences une thérapie, c'est aussi d'apprendre à se connaître, se comprendre, à se poser les questions aussi de « Attends, je ressens ça, mais pourquoi je ressens ça ? » Moi, je l'ai beaucoup eu de me dire, dans ma vie, des fois, j'étais d'un coup un peu fâchée ou triste et pour aucune raison apparente. Et le fait d'avoir été accompagnée, j'ai compris, ah non, c'est pas pour n'importe quelle raison, c'est parce que j'ai été submergée, parce que si, parce que ça. Mais du coup, comment toi t'as fait concrètement pour te reconnecter à toi-même ? Parce que je ne t'ai pas connue avant, mais de ce que tu me décris, j'ai l'impression qu'avant, il y avait beaucoup d'évitements, compensations aussi, dans ton temps libre, en faisant la fête, etc. Et après ça, ça a été l'inverse, j'ai l'impression que tu t'es vraiment reconnectée à toi, à qui tu es.

  • Speaker #1

    Complètement, ça veut dire que si tu veux Je pense que le début ça a commencé, j'aime bien ton analogie sur la construction, parce que le début ça a commencé si tu veux par de la déconstruction. Ça veut dire de casser tous ces schémas mentaux que j'avais à l'intérieur de moi, ou toutes ces choses que je faisais. parce que c'était comme ça, parce que je me considérais comme étant comme ceci, ou alors devoir réagir de telle manière par rapport à telle situation, ou devoir réfléchir de telle manière par rapport à une personne, avoir des avis déjà prédéfinis. Donc la première étape, ça a été déjà de commencer par déconstruire tout ce que j'avais emmagasiné. Moi depuis 28 ans, quand je dis tout c'est une exagération mais c'est vrai que ça a été quand même le primordial de me dire ok t'as une nouvelle chance, tu repars, tu penses que le monde il tourne comme ça sauf que le monde qui tourne comme ça, regarde où il t'a amené, il t'a amené dans un arbre Donc en fait le monde il tourne pas comme ça, c'est dans ta tête que le monde il tourne comme ça et maintenant il va falloir déconstruire ton monde et parler entre guillemets avec le coeur. Donc si tu veux le processus a commencé comme ça. Dans cette déconstruction j'étais submergé par parce que, que ce soit pendant mes suivis ou même de manière solitaire, j'ai passé une je passe et j'ai passé énormément de temps seul parce que du coup, je ne pouvais pas marcher énormément du fait de mes opérations. Donc, j'étais très souvent à la maison ou dans un périmètre très limité. Et c'est vrai que j'avais énormément de choses qui me submergeaient, beaucoup de choses qui revenaient à moi de souvenirs effacés dû aux consommations et dû au fait de, encore une fois, ce... ce tunnel où on fasse des choses ok ou pas ok, on n'en a pas conscience et la vie suit son cours, on ne se rend pas compte de ce qu'on laisse derrière comme bagage ou comme casserole. Donc la suite a été de commencer à demander pardon au monde. C'est-à-dire que pardon au monde en général, à l'humanité entière, parce que je ne me considérais plus comme étant une bonne personne. Je me suis même posé la question de savoir si j'étais une bonne personne et si je l'avais déjà été. donc ça a été très compliqué de se reconstruire par rapport à ça et ensuite l'étape a été d'aller demander pardon aux personnes qui m'entourent et ça ça a été très compliqué parce que le pardon est pas le plus compliqué à faire le plus dur c'est d'accepter que tu puisses ne pas être pardonné et que ce soit ok parce que il ya des choses qui ont été dites faites ressenties peu importe qui sont peut-être peut-être trop pour l'autre, donc ça n'enlève pas... ma certitude de demande de pardon si tu veux et de rédemption mais par contre il fallait aussi laisser l'espace à l'autre, au monde de pouvoir me dire non et ça ça a été je pense au début la chose la plus compliquée à accepter de se dire bon bah ok j'ai pris mes jambes, mes bras je me suis levé, je suis en face de toi je te demande de me pardonner, tu me dis non qu'est-ce que je fais ? Comment je réagis maintenant ? Est-ce que ça veut dire que du coup Je suis pas du tout une bonne... personne et j'avancerai plus ou est-ce que ok je t'ai fait de la peine mais du coup tu arrives à vivre avec et moi j'arrive à vivre avec le fait que ce soit pas ok pour toi que on puisse se pardonner en tout cas dans l'instant T et de l'accepter il y en a eu qui ont refusé et je trouve ça complètement légitime parce que si tu veux je suis remonté quand même assez loin dans ma vie si je puis dire en tout cas j'ai essayé de faire quelque chose par rapport aux dix dernières années. Et je pense que j'ai déjà oublié du monde. Mais après, il y a des personnes que tu ne fréquentes plus ou que tu n'as fréquentées que de manière très passagère et avec qui tu pourras, entre guillemets, ne plus avoir d'interaction jamais ou alors au hasard d'une rencontre. Si ça doit arriver, tant mieux. Si ça n'arrive pas, ce n'est pas grave. Mais oui, bien sûr, il y a eu des personnes qui n'ont pas été OK avec le fait de me pardonner. Et à l'heure d'aujourd'hui, je suis au clair avec tout ça. parce que c'est vrai que je peux pas vouloir avoir de l'emprise sur comment quelqu'un a ressenti ou vécu une situation qui peu importe la manière lui a paru malaisante ce serait on

  • Speaker #0

    dépasse si tu veux le cadre du pardon là pour le coup ça devient presque de l'inquisition de tu es obligé de me pardonner et ça a plus de sens de cette manière là c'est hyper courageux déjà on pense que c'est simple mais en fait d'aller demander pardon c'est hyper courageux S'excuser,

  • Speaker #1

    c'est simple. Entre guillemets, excuse-moi pour ce que je t'ai fait. C'est super facile. Ça peut prendre 30 secondes au téléphone. Ça peut prendre un texto. Donc, c'est vrai que c'est super simple. Mais de, comme tu dis, réellement demander pardon et d'y croire. Parce que le plus important aussi, c'est ça, c'est d'être persuadé que tu demandes pardon pour quelque chose ou tu sais que ce que tu as fait, ce n'est pas OK. Donc, c'est vrai que ça, ça a été quand même quelque chose d'assez compliqué. mais c'est vrai qu'aujourd'hui ça devient du coup naturel dans ma manière de vivre en général dans le sens où je reste un humain classique donc ça peut m'arriver des fois pour x ou y raison de blesser quelqu'un ne serait-ce que par rapport à un dialogue ou par rapport à un jugement dans une conversation que j'ai pas l'impression d'émettre mais qui peut être ressenti comme ça et donc c'est vrai qu'aujourd'hui le fait, on revient à ce que je te disais au début, le fait d'avoir de l'empathie et de la bienveillance dans tout dans ma vie le... Pardon et... Beaucoup plus simple à axer parce que si tu veux ça ne va jamais trop loin c'est à dire que ok on peut ne pas être d'accord on peut avoir quelque chose qui nous vexe que ce soit de l'ego que ce soit enfin peu importe et le schéma se fait plus facilement et le fait de pas laisser C'est traîner les choses, d'agir quand c'est le moment, et surtout d'être aidé, de discuter, dialoguer, verbaliser tout ce qui se passe, ou tout ce qu'on peut ressentir ou se poser comme question. Je ne posais jamais de questions, je ne parlais pas beaucoup de moi non plus. Et c'est vrai que... que si tu poses pas de questions tu peux pas savoir, tu te crées tes propres histoires,

  • Speaker #0

    tes propres relations logiques à l'intérieur de ta tête et ça a de sens que pour toi ou que pour la personne qui réfléchit mais du coup t'as été accompagnée par une psychologue t'as fait toute cette démarche là est-ce qu'il y a des choses qui t'ont vraiment pour comprendre tout ça je sais pas, est-ce que c'est le fait d'avoir lu des choses est-ce que c'est le fait d'avoir je sais pas comment c'est à méditer ou tu... vois avoir commencé certaines pratiques qui ont fait que tu vas mieux et que d'ailleurs tu continues à les faire aujourd'hui etc je sais pas si tu comprends complètement je vais complètement il ya alors il ya des choses qui m'ont énormément aidé déjà ça a été la parole c'est à dire que les

  • Speaker #1

    cercles de parole que ce soit dans des réunions d'alcooliques anonymes ou alors ou alors de personnes qui prennent des stupéfiants on est dans le même système que pour les alcooliques anonyme le fait d'écouter l'autre ça c'est quelque chose que je pensais faire et en fait je me rendais compte que j'écoutais personne ça veut dire qu'on me parlait je prenais mais j'avais toujours quelque chose à répondre et ça se passe pas comme ça c'était la première fois où je faisais comme on appelle ça en tout cas comme j'aime appeler ça de l'écouté active dans le sens où je t'écoute je prends ton histoire mais j'ai pas mon avis n'est pas sollicité sur l'histoire donc ça c'est quelque chose qui m'a énormément aidé et qui aujourd'hui et qu'aujourd'hui j'essaye de mettre en place. Alors, dans mon quotidien, ça veut dire qu'avec les personnes qui m'entourent, pas forcément dans des cercles de paroles comme on se l'imagine où on est obligé d'être réunis en cercle justement pour pouvoir discuter ensemble, mais en tout cas d'axer ce dialogue sur « bon ben voilà, maintenant on va discuter toi et moi, mais on va se parler sans avoir besoin d'émettre un avis l'un sur l'autre et de discuter. » Donc ça c'est quelque chose que j'essaie de garder au quotidien avec mes proches. et avec le monde que je rencontre aussi bien que des fois je me rends compte que j'ai toujours des petits peu tendance à vouloir glisser un mot aussi ou glisser quelque chose c'est compliqué de ne pas vouloir se rattacher à l'histoire au discours de l'autre mais le fait d'en avoir conscience si tu veux déjà c'est je trouve une avancée assez incroyable en tout cas dans ma tête à moi ensuite qu'est ce qui m'a aidé énormément c'était la marche parce que j'ai commencé à être seul et à comprendre que ce n'était pas grave d'être seul, que le fait d'être seul, ça allait me pousser à réfléchir sur le monde ou sur ma propre condition et que la réflexion, c'était justement bénéfique. Là où avant, je cherchais absolument à ne pas être seul, que ce soit en fréquentant du monde à longueur de journée ou alors ne serait-ce que dû aux consommations parce qu'au final, que ce soit de l'alcool, que ce soit de la drogue, peu importe, Euh... t'es jamais réellement seul, t'as l'impression que c'est ton ami, un peu imaginaire si je puis dire, qui est avec toi au quotidien et qui te soutient dans tout ce que t'es en train d'entreprendre, alors qu'en réalité t'es plus en train de t'enfoncer qu'autre chose. Mais c'est vrai que la solitude, la marche du coup, seule, a commencé à me mettre en un certain entrain. et si tu veux j'habite dans un petit village à côté de... Marseille, donc on a des forêts communales qui sont vraiment sympathiques. Les premières marches que j'ai commencé à faire c'était dans ces forêts. Donc je me suis retrouvé dans cette nature, j'ai toujours eu une très grande attirance pour la nature, pour la forêt, pour les bois, pour la mer, enfin pour tout ce qui englobe le naturel et un peu extérieur de la civilisation. C'est quelque chose qui m'a toujours fasciné et c'est vrai que là voilà, j'ai commencé à me créer de nouveaux hobbies. de nouvelles passions, des nouveaux centres d'intérêt, dont la nature. Donc ça a commencé un petit peu comme ça, avec ce genre de marche. On en revient à ce que tu me posais comme question, c'est rigolo, tu me parlais de lecture. Donc forcément, quand j'ai commencé à m'intéresser au sujet, j'ai essayé de voir qu'est-ce qui me plaisait dans la nature, pourquoi, comment, et on revient à... J'ai l'impression que notre histoire tourne clairement autour de ce que j'ai dit au début. On revient à cette notion de respect. et de bienveillance qu'on peut prendre réellement au sens large parce que je prenais le temps pour la première fois de regarder réellement ce qui se passait autour de moi. C'est-à-dire que de me laisser m'émerveiller ne serait-ce que par la petite feuille qui est en train de pousser sur l'arbre ou sur la mousse qui... peut y avoir sur ce petit morceau de rocher que je vais voir dans ma balade et de comprendre que en fait on n'était pas seul sur cette planète je sais pas si c'est décousu mais en tout cas De commencer cette notion de respect que je commençais à acter réellement avec l'être humain donc de ce côté là le travail était réellement enclenché du coup il fallait j'avais besoin que ça aille plus loin j'avais besoin de du coup de ressentir de nouvelles choses de me ressentir submergé de me ressentir bouleversé donc j'ai commencé comme ça J'ai trouvé des lectures sur le monde animal, sur le monde vivant qui ont commencé un petit peu à me bouleverser, dont un livre en particulier qui s'appelle « Ce que murmurent les animaux » de Virginia Marcus, qui est une... petite présentation si tu veux de son refuge animalier en Suisse où il y a une personnalisation de l'animal et des animaux qu'elle accueille dans son refuge donc avec les prénoms, les histoires, le pourquoi, le comment... comment. Et ce petit essai m'a complètement bouleversé déjà sur la condition animale et sur ce qui se passait en fait dans ce monde. Je pense que je peux même employer cette société capitaliste parce qu'en fait j'en faisais clairement partie. Ça veut dire que j'ai passé comme je t'ai dit 13 ans à vendre des voitures sans avoir le permis. Ça veut dire que j'ai eu le permis à ma 12ème année de vente de voiture. Donc autant te dire que je me mentais à moi-même, je mentais au monde entier et j'étais ... réellement dans cette société, dans ce monde qui aujourd'hui ne correspond plus tellement aux valeurs que... à mes valeurs, tout simplement. Donc voilà, pour le moment, ça a été ça qui a commencé réellement à me faire sortir de cette condition. Donc forcément, qui dit marche, dit début d'activité physique, sans parler de sport en tant que tel, dans une discipline bien particulière mais le fait de de prendre conscience que la mobilité c'est important le dépassement de soi d'une manière ou d'une autre pour moi c'était important parce que j'avais déjà commencé encore une fois avec l'arrêt de toutes ces substances ça a été un premier dépassement de soi j'étais pas un grand sportif pour un sous donc ça a été quelque chose de compliqué à mettre en place j'ai eu un suivi avec des kinés qui m'ont fait un bien extraordinaire que ce soit physiquement d'une première partie mais surtout humainement parce qu'on était dans le... J'allais chez le kiné 6 jours sur 7, au moins 1h30 par jour entre la balnéo et la kinésithérapie. On est vraiment sur des moments en petits groupes, voire moi seul avec la personne. Et ça permettait des échanges concrets avec des personnes qui sont là pour te remettre en forme et te faire du bien. Donc si tu veux, on était encore une fois dans une sensation de sécurité et de bienveillance dans ces moments-là, qui font que dans cette reconstruction ça a duré un an et demi ce suivi de kiné ça m'a été d'une aide incroyable et je continuais dans cette lancée de demander de l'aide autour de moi et de plus avoir peur de dire là je sais pas, je m'en sors pas ou alors je comprends pas pourquoi je ressens ça s'il vous plaît expliquez-moi aidez-moi ça a été vraiment bénéfique dans toute cette histoire déjà pour en revenir par rapport aux valeurs,

  • Speaker #0

    en général je pose cette question parce que je pense vraiment que c'est un fil rouge en fait c'est un peu notre référence, notre fil rouge et je pense que c'est normal qu'à chaque fois tout est lié en fait tout est lié par ces valeurs, pour moi c'est un peu le socle, même si quand t'en parles tu dis oui c'est un peu abstrait, voilà j'ai telle valeur, le respect ok, mais en fait non, c'est pas si abstrait parce que ça se traduit à chaque fois dans tes choix, dans ta vie, dans ta vision et du coup moi quand je suis un peu perdue, j'essaye de me reconnecter à ces valeurs là ça m'aide m'aide à faire des choix qui me correspondent plus parce que c'est vraiment, les valeurs c'est le truc qui te fait vibrer, c'est le truc qui résonne dans ton coeur et du coup c'est ça qui guide notre vie je pense.

  • Speaker #1

    Complètement, je le ressens au quotidien dans ce quand on revient à cette valeur de bienveillance où

  • Speaker #0

    En fait, j'essaie... de mettre aujourd'hui l'amour au sens large du terme dans tout ce que j'entreprends, dans tout ce que je reçois dans tout ce que j'entends on est vraiment dans de l'amour au sens très large du terme mais ça rejoint énormément la bienveillance et le fait de parler ou de ressentir réellement avec le coeur ou l'âme, chacun appelle ça comme il veut c'est vraiment ce fil rouge, ce fil conducteur comme tu dis, qui aujourd'hui m'anime dans tout ce que je fais et qui anime aussi la suite de ma vie et les projets qui se mettent en place petit à petit. C'est ça qui me fait vibrer. Alors aujourd'hui, il y a un truc qui me donne de la force ou une des choses qui me donne de la force à l'heure actuelle.

  • Speaker #1

    Justement, tu peux peut-être nous parler de la suite. Je trouve ça intéressant de voir à quel moment et comment ton engagement est venu. Parce que quand on parle, tu as un engagement qui est très très fort, une vision qui est assez claire de ce que tu veux, de ce que tu penses, de comment tu vois le monde et j'ai l'impression que c'est... Avant ton accident, c'était complètement différent. Du coup, comment ton engagement est venu dans ta vie et comment tu le traduis aujourd'hui dans tes projets ?

  • Speaker #0

    Alors, je fais une petite sortie. Mais c'est vrai que dans une de mes séances psy, j'ai remis le doigt sur quelque chose où ma psychologue me posait une question en me demandant par rapport à mon enfance qu'est-ce que je répondais à l'école quand on me demandait qu'est-ce que je veux faire plus tard. Et donc, il a fallu que je pose des questions à ma mère parce que j'en avais vraiment aucune aucun souvenir et en fait depuis que je suis tout petit depuis que je suis au CP ma réponse était je veux élever des chèvres en corse dans le maquis donc si tu veux je me rends bien compte que depuis toujours tu vas comprendre ensuite pourquoi je commence par ça depuis toujours j'ai cette aspiration un peu de retour aux sources on pourrait peut-être dire aujourd'hui mais en tout cas de relations entre moi la nature les animaux alors aujourd'hui le projet complètement différente mais il y avait quand même déjà cette aspiration de retour à la terre, de bienveillance parce que je t'imagines bien que étant petit je pensais pas de l'élevage industriel je m'imaginais avec un bâton de berger dans un maquis avec des petites biquettes quoi et donc c'est vrai que voilà alors donc comment on en est arrivé là c'est que si tu veux j'ai un ami très proche qui m'a suivi depuis toujours et même depuis mon époque au gros débord qui a toujours été là pour moi qui m'a énormément soutenu pendant toute ma réhabilitation et qui un jour m'a dit, bon ben voilà, aujourd'hui il faut que je te présente un groupe de personnes, il faut que je te présente un collectif, viens avec moi, je te dis pas ce qu'on fait, je te dis pas où on va, juste je sens que c'est ce qu'il te faut. Je me suis laissé porter, comme je me laisse porter à l'heure actuelle dans plein de choses que je fais dans ma vie. Donc il m'a emmené dans une ferme pédagogique à Marseille qui s'appelle la ferme du collet des comptes. Déjà c'était la première fois de ma vie que... j'avais cette notion de collectif pour moi un collectif je savais ce qu'était un collectif je connaissais le mot, il n'y avait pas de problème mais c'est une situation que j'avais jamais réellement vécue ça veut dire qu'on a un groupe d'amis on a de la famille, on a tout ça mais la notion de collectif comme elle m'était présentée là c'était la première fois que je voyais ça donc je suis tombé dans ce petit monde de bisounours si je puis dire ou si tu veux... le projet de la ferme en dehors de l'agriculture biologique est axé sur de l'accueil d'enfants donc que ce soit d'enfants en situation de handicap ou non on est vraiment sur de l'accueil pédagogique encore une fois lié à la terre, lié au monde animal, lié à l'agriculture et on est sur quelque chose qui est en plein Marseille. donc c'est vrai que c'est assez dingue de pouvoir proposer alors c'est pas les seuls sur Marseille mais de pouvoir proposer un accès à quelque chose qui peut paraître tellement lointain pour des populations vivant dans des centres urbains sur des choses très classiques de comment faire ton schéma de la terre jusqu'à l'assiette ou même est-ce que tu t'es déjà posé la question de savoir comment se fait ce que tu as ça à manger ce soir à midi enfin peu importe. Donc voilà j'ai été présenté à ces personnes là qui cherchait si tu veux un stagiaire pour une animation dans les stages avec les enfants pour les vacances de Pâques. Je n'avais jamais fréquenté d'enfants. Je n'avais jamais rien animé dans ma tête. Bien qu'en fait, en faisant le chemin inverse et en revenant en arrière, ma vie entière n'a été que de l'animation. Parce que le principe même d'un vendeur ou d'un représentant, peu importe, c'est d'animer, entre guillemets, ton produit, ton bien, ton service. Il y a une petite partie spectacle, une petite partie show, ou déjà une petite partie dialogue. encore une fois avec l'autre et là le fait que ce soit avec des enfants j'avais peur D'une manière ou d'une autre, de ne pas savoir trop comment réagir. Savoir si j'allais me sentir à l'aise. Je ne me sentais pas légitime du tout non plus d'être avec des enfants. Mais qu'est-ce que je vais pouvoir leur apprendre ? Je ne suis absolument pas qualifié. Et en plus de ça, je n'avais pas tellement de notions. Hormis le potager maison ou le peu de jardinage que j'ai pu faire avec mon grand-père étant plus jeune, auquel je m'intéressais moins ou en tout cas où j'avais oublié toutes les notions de ce qu'il en était. Donc on était vraiment dans un monde où c'était la première fois, si tu veux. que je mettais les pieds dans quelque chose comme ça. Donc, ça a été rigolo comme première rencontre parce que j'ai vraiment pris ça, moi, comme étant un entretien formel. Ça veut dire que j'étais très stressé. Je m'attendais à ce qu'on soit assis dans un bureau et qu'on discute et que je doive parler de mes motivations, pourquoi, comment, qu'est-ce qu'il en est. En fait, on n'était pas du tout dans ça. On a été dans de l'échange. J'ai eu le droit à quelques questions classiques qui sont complètement normales, que ce soit liées au casier judiciaire, comme ça, on va quand même travailler avec des enfants. Mais c'est vrai qu'après, l'entretien, si je puis dire, s'est fait sur le parcours de la ferme pédagogique. Donc j'avais le même regard que les enfants qui découvrent la ferme pour la première fois. Donc si tu veux, à la fin de ce petit entretien, on m'a dit, si tu veux, lundi, tu peux commencer avec nous. J'ai pleuré, déjà, pour commencer. Et ça a été le meilleur choix qu'on m'a laissé faire. de ma vie parce que j'étais accepté, donc on me laissait la possibilité de voir si je tenais la route pour participer avec eux à ces moments de stage. Ensuite maintenant le choix venait à moi de « est-ce que tu es ok ? Est-ce que c'est ce que tu as vraiment envie de faire ? Comment tu vas le sentir ? Est-ce que tu te sens stressé ? Comment tu vois la chose ? » Et j'ai décidé de ne pas tellement mentaliser le process et de voir avec mon coeur comment je leur sentais la première approche a été formidable. Ça veut dire que je sortais d'un milieu où le but premier était de faire tomber les collègues de travail parce que le but étant d'être le premier, le meilleur, celui qui gagne le plus d'argent, le meilleur commercial de la boîte. Enfin, on était vraiment dans un système où les relations interpersonnelles étaient, en tout cas pour ma part, assez fausses parce que c'est des personnes que je ne fréquente plus à l'heure actuelle et que je n'ai jamais fréquentées en dehors de mon lieu de travail, si tu veux, où le but premier étant de ramener le plus d'argent à la maison et d'être... être le meilleur sur le papier pour faire plaisir à notre gentil patron. Et là, je tombais dans un monde où les gens se parlaient bien au travail et s'aimaient, s'appréciaient. Je suis tombé des nues. Ça veut dire que le premier jour, je me rappelle, je suis rentré à la maison et encore une fois, je pleure beaucoup depuis mon accident, mais encore une fois, je me suis mis à pleurer parce que je prenais une claque extraordinaire. en me disant, putain, mais c'est possible. En fait, on en revient à cette déconstruction. Tout ce que tu as déconstruit avec le fait de pourquoi tu n'étais pas d'accord avec ton ancienne vie... J'avais théorisé le fait que ça puisse bien se passer, peu importe le boulot que j'allais choisir ou la vie que j'allais choisir pour après, mais je ne l'avais jamais vécu. C'était que de la théorie dans ma tête. Et là, je suis tombé dans un monde d'amour incroyable. Donc le stage s'est super bien passé. Les enfants, les relations avec les enfants et avec le monde. qui les entoure m'a transcendé. C'est-à-dire qu'on prenait tellement d'amour, de sourire et d'émotion à longueur de temps que je m'amusais plus que les enfants pendant mes périodes de stage. Je découvrais quelque chose d'incroyable. Et on en arrive encore une fois à la suite. C'est comme ça que j'ai commencé à me prendre de passion pour tout ce monde agricole et me poser des questions de pourquoi est-ce que je trouve ça intéressant d'enseigner ce... ces valeurs ou ces choses de la vie qui sont classiques depuis des milliers d'années, à des enfants ou même à des parents. Parce que par exemple, je vais te donner un petit exemple. On a des moutons sur la ferme. On a des parents d'enfants. sur Marseille qui par exemple n'avaient jamais vu de moutons en liberté ou n'avaient jamais vu de poules dans un poulailler ou n'avaient jamais vu de patates poussées dans un champ et le fait de pouvoir avoir cet impact social et de commencer à comprendre comment est-ce que ça fonctionnait, pourquoi et qu'est-ce qui était important dans tout ça en tout cas, qu'est-ce que moi j'en ressortais d'important par rapport la suite de... de ma vie, ça a commencé comme ça. Donc, ça en est suivi forcément des lectures. Des lectures, alors, ça a commencé énormément par Internet, parce que j'y ai jamais été. passionnés de lecture jusqu'alors et c'est vrai que cette habitude de consommer encore une fois du divertissement de consommer de l'information de manière complètement décomplexé quand je dis décomplexé c'est à dire que un énorme flux d'informations qui nous arrive ou qui m'arrivait en tout cas longueur de journée ou à longueur de semaine et qui était entre guillemets dans ma tête du coup tout au même niveau parce que parce que avait trop et que je sélectionnais pas ce qui m'intéressait, que je m'étais même jamais posé la question de savoir qu'est-ce qui pouvait m'intéresser et d'où le fait de la lecture de tomber sur des sujets qui me passionnaient si je puis dire ou qui m'animaient ou je commençais à comprendre un petit peu plus et en tout cas à mettre des mots sur des sujets que je théorisais tout seul ou alors avec des discussions avec le monde qui nous entoure mais voilà donc ça a commencé avec ces lectures ensuite a été le moment de me dire, bon, maintenant que tu as mis un pied dans ce monde-là, j'ai fait plusieurs stages forcément avec eux parce que j'étais passionné par ce qui se passait là-bas et que je voulais comprendre aussi comment tout fonctionnait, que ce soit la partie pédagogique, que ce soit la partie administrative, que ce soit la partie maraîchère, qui fait aussi vivre le collectif, comprendre quelle était la synergie de ce collectif, le groupe, et comment est-ce que ça marchait et pourquoi, et les parcours de tout le monde aussi. Et en fait, je me suis rendu compte dans tout ça que pas tout le monde était issus de familles d'agriculteurs, tout le monde avait un petit peu son histoire et ses raisons d'être arrivés à cet endroit-là, à tel ou tel moment de leur vie. Et encore une fois, c'était l'écoute des autres et des histoires qui nous entourent. Et il m'a fallu, après, aller chercher un petit peu plus loin. Dans le sens où la nature me plaisait, la transmission, que ce soit à l'enfance, mais du coup je me rends compte aujourd'hui que pas que, mais la transmission en général était quelque chose qui me plaisait aussi. Et la nature me plaisait énormément. Et là, des questions sont arrivées un peu... plus précises. Quels sont tes choix ? Qu'est-ce que tu as envie de faire ? Il était pour moi impossible, bien évidemment, de repartir dans ce dans quoi je travaillais avant. C'est un monde sur lequel j'ai fait complètement abstraction et qui me correspond absolument. plus comment on fait qu'est ce qu'on fait qu'est ce qui existe de quoi j'ai envie comment on va amener la chose et au fur et à mesure des rencontres des discussions des connaissances je suis tombé sur sur un école qui s'appelle le croissant fertile avec des personnes qui sont là qui sont formidables si tu veux quand je suis parti là bas on était un stage sur la coopération une transmission en tout cas sur la coopération et j'étais pas du tout au fait ça veut dire que j'ai chopé une bride d'information dans un écolieu qui me parlait je ne sais pas pourquoi mais qui me parlait d'une manière ou d'une autre et arrivé là bas j'étais persuadé de faire un stage sur la permaculture ce qui n'était pas du tout le cas on était vraiment dans le principe de la coopération dans un collectif qui soit créé ou en cours de création mais on était j'étais avec des personnes qui aspirez ou qui était déjà qui faisait partie d'un collectif quel qu'il soit que ce soit l'association, que ce soit le lieu de vie, enfin peu importe. là où moi la notion de collectif était toute récente ça faisait quelques mois que je savais que ça existait, que c'était possible et donc je me suis retrouvé là-bas et on en revient à j'ai touché du doigt ce à quoi j'aspirais ce à quoi je pensais dans ma tête c'est à dire que d'avoir une relation avec la nature qui est hyper résiliente ce principe d'habitat léger de débétoniser entre guillemets notre monde un petit peu actuel et d'aggrader le territoire, d'aggrader la nature c'est des notions que je commençais à prendre et là je concrétisais, ça veut dire que ok je m'étais imaginé un monde où c'était possible pour les autres mais peut-être pas pour moi et là je m'en décompte juste à l'échange et en écoutant que ok c'est possible, on peut toucher ça du doigt, il faut en avoir entre guillemets envie, mais si t'en as envie que tu veux le faire, tu peux encore une fois, demande de l'aide ou demande comment ça se passe et on va te te trouver une place. Et ça a été un énorme élément déclencheur sur ce que j'ai voulu faire après. C'est-à-dire que j'ai cette aspiration de relation avec la nature, mais j'ai aussi cette aspiration d'accueil, on en revient à cette bienveillance, ou d'essayer d'aider au maximum le monde qui m'entoure autour de moi, parce que ça y est, moi j'ai eu ma chance, dans le sens où j'ai profité de ma vie d'une mauvaise manière à l'heure actuelle. en tout cas je le juge comme ça, je faisais mes choix pour moi même s'ils n'étaient pas bons, c'était des mauvais choix, mais je faisais les choix pour moi parce qu'il fallait que je sois satisfait, il fallait que je me sente bien entre guillemets. Et là, l'ouverture au monde était évidente. Ça veut dire qu'en fait, ce n'était pas pour moi. Et comment je retrouve mon bonheur ? Mon bonheur, je le retrouve dans le bonheur de l'autre. Dans le fait de, ok, moi j'ai eu cette chance, je m'en suis sorti. Maintenant, c'est à moi d'essayer de trouver une manière de pouvoir aider l'autre. De pouvoir aider le monde à ma toute petite échelle. Mais d'essayer de pouvoir aider l'autre. Donc je commence en fait si tu veux l'année prochaine une formation agricole qui s'appelle BPRA, donc c'est une qualification agricole pour pouvoir reprendre une exploitation agricole en biologique. Et j'aimerais énormément pouvoir faire de l'accueil, que ce soit de l'accueil de réfugiés, que ce soit de la réinsertion liée aux prisons, que ce soit de la réinsertion liée aux addictions, que ce soit de l'accueil d'enfants ou non d'ailleurs de personnes en situation de handicap, que ce soit physique, mentale, peu importe. Le but étant de pouvoir rallier, si tu veux, mon aspiration au retour à la terre. Et du coup, pour le retour à la terre, le schéma logique était l'agriculture, parce que cette notion du sol à l'assiette a été révélatrice du combat dans lequel je voulais m'engager. Et aujourd'hui, l'une des choses qui m'anime en dehors de la bienveillance et l'amour au quotidien, C'est la lutte. Quand je dis la lutte, encore une fois, c'est au sens très large du terme, mais je suis révoltée à longueur de journée pour tout un tas de choses. Et la révolte, au lieu d'être quelque chose de fatigant et quelque chose qui m'anime, parce que j'y mets pas de haine, en fait, si tu veux, dans cette révolte. J'essaie d'y mettre de la bienveillance et de l'amour pour changer les choses d'une manière happy. Je sais pas si on peut dire les choses comme ça, mais si, pour changer les choses d'une manière happy. Et je pense que ça va le faire, je pense qu'on va y arriver.

  • Speaker #1

    Ah bah de ouf, je suis plus que convaincue. Mais quand je t'entends parler, j'ai vraiment l'impression que tu t'es retrouvée. Tu disais tout à l'heure que quand tu étais enfant, tu avais déjà des envies finalement de vie simple, avec les animaux, en lien avec l'agriculture, et puis il y a eu une partie de ta vie où c'était pas du tout ça, et là tu y reviens. Et c'est vrai que c'est souvent ce qu'on demande aux enfants, qu'est-ce que tu veux faire plus tard, etc. Et après, souvent quand tu fais une démarche de reconversion ou de retrouver un travail qui te plaît, c'est souvent une question qu'on te repose. Qu'est-ce que tu voulais faire quand tu étais enfant ? Parce que quand tu es enfant, tu n'es pas influencé par quoi que ce soit, c'est vraiment les choses qui te plaisent à toi. Et après, tu as forcément... Le chemin conditionné dans lequel tu vas devoir aller et du coup tu vas oublier un peu ce truc de base qui te faisait vibrer. Mais du coup, ça me parle quand tu dis que quand tu as découvert les collectifs, tu étais là genre « Wow, mais ça existe ! »

  • Speaker #0

    Exactement, c'est possible.

  • Speaker #1

    Mais parce que c'est vrai que quand tu n'as jamais expérimenté ça, tu es habitué à ce qui se fait habituellement au niveau de la société et ça n'a rien à voir avec ce qui est possible. C'est vrai que moi, à chaque fois que je retourne dans des lieux comme ça, de collectif, avec toute cette démarche de bienveillance, de communication, de vraiment construire quelque chose ensemble, pareil, c'est un nouveau souffle, quoi. Je me dis, ah oui, c'est vrai, c'est vrai que c'est possible, qu'on peut vivre de cette manière. manière là et que la vie peut être aussi plus douce plus agréable et toi tu as ta vision idéale utopique en quelques mots si vraiment tu pouvais justement changer les choses remodeler le monde avec ta vision, à quoi ça ressemblerait ?

  • Speaker #0

    Alors, je pense si tu veux que on est encore une fois dans le manque de légitimité peut-être, mais je ne m'autorise pas à penser quelque chose d'aussi global. Pourquoi ? Parce que au final, le respect de la volonté de l'individu en part entière est quand même hyper importante et je ne veux absolument pas que mon discours discours soit quelque chose de je te dis ça donc c'est comme ça qu'il faut que ça se passe après je du coup le la nuance se fait quelque chose à beaucoup plus petite échelle d'où le fait de création alors de de rejoindre une structure peut-être déjà existante je pour le moment ce sera dans plusieurs mois donc je sais pas comment est-ce que ça va réellement se dérouler à l'heure actuelle mais voilà de le faire vraiment à des échelles très réduites parce que le fait de vouloir englober de la masse. tu arrêtes d'essayer de comprendre l'autre si tu veux là où par petite échelle ton discours je pense est quand même beaucoup moins moralisateur si je puis dire après l'esprit de... Pour revenir avec ta question initiale, l'esprit de coopérative est quelque chose qui me parle énormément. J'aspire à ce qu'il y aura forcément du financier, c'est ce qui reste à l'heure actuelle pour le moment, la seule chose qui fait... fasse un petit peu tourner ce monde ou qu'on puisse mettre une petite pierre à l'édifice et aider les autres. Il faut financer tout ça. Je vais dire le mot malheureusement, mais il faut financer tout ça. Et donc voilà, j'aspire à des choses. très simple, c'est-à-dire qu'un salaire équivalent pour tout le monde, peu importe la place que tu auras dans la structure, que tout le monde gagne exactement la même somme d'argent, que tout le monde puisse être libre de partir quand il veut. J'ai entendu une phrase l'autre jour qui m'a énormément interpellé, à la différence de demander combien est-ce que vous voulez gagner par mois, c'est plutôt combien est-ce que vous voulez mettre de côté pour pouvoir vous émanciper à n'importe quel moment et pas vous sentir blo... bloqué de la situation dans laquelle on est. Parce que souvent, en tout cas je le vois avec mes proches, souvent ce qui fait qu'on n'arrive pas, ou on n'a pas envie, ou on ne peut pas sortir, entre guillemets, de sa condition, c'est que on se sent piégé. Et souvent, ce qui nous piège beaucoup, ça reste le financier, parce qu'il faut qu'on mange, il faut qu'on se loge, il faut qu'on se déplace, il faut que... Donc voilà, essayer de faire quelque chose de encore une fois coopératif et le plus égalitaire possible de n'importe quel moyen que ce soit quoi. Ma grande utopie elle serait là dedans et du coup je vais quand même répondre à ta question si je devais le développer à grande échelle ce serait ça ce serait que on se rende bien compte qu'au final on doit tous être pareil et mis sur un même pied d'égalité parce que on est tous pareils de toute façon c'est un fait.

  • Speaker #1

    J'ai deux dernières questions. Il y en a une d'Aziz. Tu as déjà partagé une référence de livres, mais est-ce que tu as des documentaires, des films ou d'autres livres qui t'ont inspiré, qui t'ont guidé, que tu aimerais recommander ?

  • Speaker #0

    Alors, j'ai un film qui va sûrement parler au plus grand nombre mais qui me bouleverse depuis que je suis tout petit, c'est La Belle Verte. Parce qu'encore une fois, je te dis, quand j'étais petit, je voulais élever des chèvres, mais ça a été un film qui m'a suivi depuis longtemps et je ne me posais pas... réellement la question du savoir pourquoi bien que je reviens un petit peu dans le passé mais j'étais un adepte des fêtes libres ce qu'on appelle les free parties donc j'ai toujours eu cette aspiration un peu de être en dehors des faits classiques de la société bien que mon travail n'était pas du tout mais dans ma vie personnelle d'essayer d'être un peu en marge de ce qui se faisait normalement si tu veux et en termes de marginalité en tout cas pour l'année auquel le le film est sorti, on est sur quelque chose de... d'hyper marginal et d'hyper utopiste et donc c'est mon film si tu veux référence où je peux le regarder des dizaines de fois dans l'année je vais toujours pleurer de la même manière je vais toujours me sentir autant ému et me dire que c'est comme ça que j'ai envie de vivre et ensuite au niveau des lectures j'ai énormément de livres qui m'ont bouleversé c'est vrai que du coup Virginia Marcus a sorti plusieurs bouquins souvent reliés à la condition animale en tout cas moi ceux que j'ai lu étaient reliés à la condition animale et qui m'ont ... qui m'ont mis au fait de plein de choses et qui m'ont donné une certaine envie de combattre aussi d'une manière ou d'une autre. Après ensuite, je pense que toutes les lectures, entre guillemets, sont importantes. Il y a un livre que j'aimerais quand même... j'aimerais quand même citer, c'est un essai d'une journaliste qui s'appelle Salomé Sake. L'essai s'appelle Résister et on est sur, si tu veux, une petite explication rapide, ça doit faire aussi peut-être une centaine de pages, je n'ai pas... pas le chiffre exact en tête, sur, si tu veux, la résistance par rapport à l'extrême droite, le racisme entre guillemets en France, et on est sur des notions qui me parlent énormément parce qu'on en revient à la parité, l'égalité, cette notion de race n'a pas lieu d'être, et on est sur quelque chose de très explicatif à offrir au monde qui nous entoure, parce que la lecture est simple, ce n'est pas mon réalisateur, on est juste sur des clés de compréhension, et je sais que j'en ai acheté plus d'une dizaine et je l'ai distribué je me suis même distribué à des gens dans la rue que je ne connaissais pas mais parce que le message était important, j'étais aussi révolté par rapport à ce qui se passait, par rapport aux élections et la politique est devenue assez importante dans ma vie à l'heure actuelle où en fait si tu veux je pense qu'il faut remettre d'un certain côté la politisation de la monde, pas la politisation au sens large comme on le voit à la télé ou comme elle est faite par les politiciens mais l'implication si tu veux de chaque personne dans Ciao ! S Tous les actes de sa vie. Il y a une phrase avec laquelle j'arrive plus du tout à être ok, c'est « parce que c'est comme ça » . Donc on est dans un combat quotidien par rapport à tout ça.

  • Speaker #1

    Il faut définitivement que je lise ce livre. À chaque fois, tout le monde... on en parle et tout le monde dit qu'il est génial et je ne l'ai pas encore acheté mais tu l'as bien vendu super bien vendu et puis en plus on est sur un petit

  • Speaker #0

    TC qui fait 5 euros donc on n'est pas sur de la lecture trop chère, c'est accessible bien que ça reste une somme, attention, là n'est pas la question mais voilà quand même sur quelque chose d'accessible c'est écrit de manière très simple sans être péjoratif c'est juste que c'est compréhensible pour le plus grand nombre, pas moralisateur et vraiment vraiment un message en tout cas qui m'a parlé personnellement trop cool,

  • Speaker #1

    merci pour ces références je suis convaincue que justement les livres les documentaires, les films, tout ça ça contribue beaucoup aussi à véhiculer des messages des visions et... et que ça, en général, ça touche les gens, et ça les marque, même plus que de grands discours.

  • Speaker #0

    Complètement. Si je pouvais en placer un dernier, quand même, c'est un livre qui s'appelle « Désobéir » , d'un auteur qui s'appelle Frédéric Gros, parce que, si tu veux, alors, on est sur de la désobéissance, entre guillemets, mais on en revient à cette... à sortir, si tu veux, de cet état de servitude, ou de... parce que c'est comme ça. Donc, je trouvais ça intéressant de le placer, et de pouvoir permettre aux gens qui connaissent ou connaissent pas, de peut-être aller taper sur Internet, de savoir qu'est ce que c'est que ce livre, est-ce que ça me parle, est-ce que ça me parle pas donc je voulais le placer aussi dans cette liste de lecture Cool,

  • Speaker #1

    et j'ai ma dernière question que j'aime bien poser aussi à mes invités si tu pouvais te retrouver devant le Nicolas ado ou enfant comme tu préfères, le Nicolas d'il y a quelques années en tout cas,

  • Speaker #0

    qu'est-ce que t'aimerais lui dire par rapport à tout ce que t'as appris et tout ce qui s'est passé dans ta vie Premièrement je lui dirais mollo sur la drogue c'est le premier truc que je verrais parce que ... Parce que c'est pas obligé. Et surtout, bien que je crache pas sur tout ce qui s'est passé dans ma vie, et c'est ce qui fait que je suis aujourd'hui. Mais vas-y, mollo. Te détruis pas trop. Et n'aie pas peur de demander de l'aide. N'aie pas peur de tendre une main. N'aie pas peur de t'accrocher à toutes les branches que tu puisses trouver. Parce qu'en fait, le fait d'échouer, c'est pas grave. Le fait de prendre un nom, c'est pas grave. le fait de douter c'est carrément ok, le fait d'être triste c'est carrément ok, donc voilà vas-y mollo sur la drogue demande de l'aide et laisse parler ton coeur,

  • Speaker #1

    voilà ce que je lui dirais c'est des super mots pour finir cet échange, merci beaucoup en tout cas,

  • Speaker #0

    bah merci à toi, ça m'a fait énormément de bien de discuter de tout ça avec toi

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