Speaker #0Bonjour ou bonsoir à tous et à toutes et bienvenue dans ce nouvel épisode d'environ ça. Ces dernières années, un terme inquiétant a fait surface dans le débat public. Il s'agit du carbo-fascisme. Il ne s'agit pas seulement d'une fusion entre les mots carbone et fascisme, mais d'une véritable critique de la façon dont certains gouvernements et industries abordent la crise climatique. Et aujourd'hui, on va essayer de comprendre ce concept, ce qu'il signifie, pourquoi il inquiète de plus en plus, mais surtout... Quelles sont les implications pour notre société ? Le carbofascisme, c'est une expression utilisée pour décrire une tendance politique où l'État adopte des pratiques autoritaires pour préserver l'économie fossile, c'est-à-dire les industries qui dépendent du pétrole, du gaz ou du charbon. Il ne s'agit pas simplement de l'inaction face au changement climatique, mais d'une véritable répression active des mouvements écologistes et de la mise en place de politiques qui favorisent les industries polluantes tout en marginalisant les efforts pour une transition, on va dire, plus verte. Le terme fascisme est utilisé ici pour souligner l'aspect autoritaire et répressif. Il met surtout l'accent sur une gouvernance qui s'oppose aux libertés démocratiques, restreint les droits civiques et aussi centralise le pouvoir pour maintenir un modèle économique dévastateur pour l'environnement. En d'autres termes, le carbofascisme, c'est une réaction aux crises écologiques par la force plutôt que par la coopération ou même la transformation. L'un des exemples les plus souvent cités est celui de la répression des mouvements pour le climat. On a pu voir dans de nombreux pays des activistes environnementaux, pacifiques pour la plupart, réprimés par des forces de l'ordre plutôt violentes. Les groupes comme Extinction Rebellion ou Fridays for Future, qui prônent des actions contre le réchauffement climatique, sont parfois traités comme des menaces à l'ordre public. Et en parallèle, les gouvernements continuent de subventionner massivement les industries fossiles, comme si la crise climatique pouvait être ignorée. Un autre aspect du carbofascisme est la surveillance accrue des militants écologistes. Certaines lois, sous prétexte de sécurité nationale ou de maintien de l'ordre, permettent une surveillance des activistes sous le motif qu'ils ou elles perturbent l'économie ou alors mettent en danger l'ordre établi. Un exemple frappant est la réponse au mouvement autochtone contre les pipelines en Amérique du Nord, où la police et les autorités fédérales ont traité ces manifestations comme des actions terroristes alors qu'elles visaient simplement à protéger les terres et l'environnement contre l'exploitation des énergies fossiles. Autre exemple plus récent, Paul Watson, qui est le fondateur de Sea Shepherd, est encore aujourd'hui incarcéré au Groenland depuis juillet 2024, suite à un mandat d'arrêt japonais de 2010 pour ses actions contre la chasse à la baleine. Il dénonce une arrestation politique liée à son combat écologique et demande l'asile politique en France pour éviter son extradition vers le Japon, où il pourrait faire face à des peines sévères. L'une des raisons principales derrière l'émergence du carbofascisme est la dépendance massive de l'économie mondiale aux énergies fossiles. Malgré les preuves accablantes des effets du changement climatique, l'industrie pétrolière et gazière reste l'un des piliers de l'économie mondiale. Les gouvernements et les grandes entreprises préfèrent souvent protéger ces intérêts économiques à court terme, plutôt que d'investir pleinement dans des énergies renouvelables. La transition énergétique est souvent présentée comme coûteuse et difficile, notamment pour les pays qui dépendent fortement de ces ressources. Face à ces défis, certains États choisissent de resserrer leur emprise sur la société plutôt que de chercher des solutions durables. Et le souci de tomber dans du carbofascisme, c'est que ça pose un grave danger à la démocratie. En effet, lorsque des gouvernements choisissent d'étouffer les voies qui appellent à un changement écologique, cela affaiblit la société civile et marginalise les mouvements sociaux. La répression croissante des manifestations, la criminalisation des désobéissances civiles écologiques et la réduction de l'espace public pour le débat sur les politiques climatiques sont des signes clairs que certains États basculent dans une gouvernance plus autoritaire afin de maintenir leur modèle économique carboné. Et en parallèle, on assiste à une véritable manipulation des discours politiques afin de stigmatiser les mouvements verts. Ceux et celles qui prônent des réformes écologiques radicales sont parfois dépeints comme des extrémistes voire des ennemis de l'État, ce qui est une tactique typique du fascisme. La transition écologique ne doit pas se faire contre les libertés démocratiques, mais en renforçant ces dernières. Le vrai défi est d'assurer que la lutte contre le changement climatique devienne un processus collectif, plutôt qu'une excuse pour des régimes répressifs.