- Speaker #0
Est-ce qu'à pas de dans les terroirs avec Rémi ?
- Speaker #1
Justine Place-Lépiné, je travaille au domaine du courbillesse qu'on a racheté avec mon conjoint.
- Speaker #2
Damien Bourouin, je travaille avec Justine sur le domaine du courbillesse qu'on a créé en début 2024. suite à une reprise de vignes sur l'appellation Marciac.
- Speaker #0
Qu'est-ce qui fait que, parce que vous paraissez bien jeunes tous les deux, vous avez repris un vignoble qui existait déjà, que vous aviez dans la famille, ou vous avez acheté quelque chose de nouveau ?
- Speaker #2
Alors du coup, en fait, on a racheté des vignes. On n'est pas originaire d'Aveyron, nous, de base. Moi, je suis bourguignon, proche de Chablis en tout cas.
- Speaker #1
Moi, je suis auvergnate.
- Speaker #2
Donc voilà, on va dire que tous les deux, on a été passionnés par le monde du vin. Dès notre jeune âge, on a fait nos études à Beaune au lycée Viticole, depuis la seconde générale jusqu'à la fin du BTS, pour tous les deux. Et puis Justine a continué ses études à la suite en Suisse. Et puis moi, je suis parti en charronne distillée un peu pour voir un peu du pays, on va dire.
- Speaker #1
Du coup, j'ai fait une école d'ingénieur en Suisse, viticulture et oenologie. Donc j'ai fait un bachelor of science. Et après, Damien est venu me rejoindre et on a travaillé quelques années en Suisse. Et puis, arrivé au bout d'un moment, c'est vrai que dans les jobs, quand on est arrivé à des stades déjà assez hauts, il n'y a plus de stade au-dessus, si ce n'est reprendre un domaine. Et puis, c'est vrai que deux passionnés depuis longtemps sur le vin, on est arrivé à l'idée qu'il fallait qu'on s'installe, qu'on fasse nos bouteilles pour nous. Donc là, on a commencé à chercher. On a trouvé une annonce d'une dame qui vendait ses vignes, qui vendait, elle, à la cave coopérative. Donc, elle n'avait que la partie viticole. Et pendant une année, on a fait des allers-retours là où on était, basé vers la Suisse et puis ici. On a fait les allers-retours plusieurs fois et après, nous voilà arrivés. On s'est bien entendus avec eux et on a racheté les vignes et on est en train de monter toute la partie production.
- Speaker #2
On va dire qu'on cherchait, nous, initialement un petit vignoble en tout cas, mais avec un très fort caractère. En fait, on l'a vraiment trouvé en Aveyron. On a vraiment des points positifs en tant que vigneron. en Aveyron, c'est-à-dire qu'on a des terroirs qui n'existent en tout cas très très peu en France, donc je parle vraiment des rougiers et des sols schisteux sur base de rougiers qui sont d'une belle importance, en tout cas qui ont vraiment des beaux sols pour planter de la vigne et puis pour la faire produire. Et puis on a le fer servadou qui est le cépage autochtone local. Et puis comme les chansons dont on parlait justement tout à l'heure, en fait il y a une histoire qui est monumentale. C'est-à-dire qu'on a de la vigne les premières traces datent du IXe siècle, les premières transactions commerciales du XIe. Il y a une histoire qui est énorme due au au lieu de passage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Donc finalement, on avait vraiment tout pour faire un grand vignoble et en tout cas le mettre en avant au maximum. Donc, former en Bourgogne, c'était vraiment l'idée de faire ça.
- Speaker #1
Donc, on cherchait une identité forte, mais quand même, mine de rien, le paysage nous a plu, les Aveyronais quand même nous ont plu. Donc voilà, il y a aussi un tout qui a aidé.
- Speaker #0
Vous avez été adoptée ici ou c'est encore en cours d'adoption ? Je...
- Speaker #1
Je pense qu'on a été adoptés. Je pense qu'on a été bien adoptés.
- Speaker #2
C'était très accueillant, honnêtement.
- Speaker #1
Il y a aussi le fait qu'on s'est bien entendus avec les anciens propriétaires, parce qu'il y avait Monsieur aussi, même si c'était elle qui avait les vignes. Le fait qu'ils nous ont bien intégrés également, et ça a bien aidé. Et les autres vignerons nous ont très bien acceptés. Franchement, il y a une belle entente et il y a une belle entraide entre nous, et ça fait plaisir. Parce que c'est vrai qu'on est... Comme vous l'avez dit, on est jeune, on se lance. Il serait qu'au début, on veut plein de choses, mais les finances font que ça ralentit aussi un peu. Et le fait d'avoir été bien accueilli, et par les vignerons, et par les locaux, il y a de l'entraide, et c'est vraiment très sympa.
- Speaker #0
Alors ici, je me rends compte que, même au niveau de la cave principalement, la moyenne d'âge est tout de même assez élevée, même si le président est un petit peu plus jeune. Donc une moyenne d'âge assez élevée. Il va y avoir sans doute un renouvellement, parce que j'ai bien compris, les jeunes ne sont pas forcément...
- Speaker #1
Les jeunes arrivent.
- Speaker #0
Oui, mais les jeunes locaux n'ont pas forcément envie de reprendre les terres de leurs anciens. Et vous êtes peut-être les futurs ambassadeurs de cette jeunesse qui vient de l'extérieur et qui vient reprendre cette ville de caractère qui vous plaît tant. Est-ce que vous aimeriez à l'avenir justement partager votre expérience c'est faire venir des ingénieurs, des... des viticulteurs d'ailleurs, parce que je suis un grand amateur de vin et ça se voit, mais j'ai beaucoup d'amis dans le Bordelais, on arrache à Tire-la-Rigo en ce moment. Je ne sais pas ce qu'on fait en Bourgogne, mais dans tous les cas...
- Speaker #2
Pour revenir sur l'Aveyron, la Bourgogne arrache un petit peu moins que le Bordelais, mais pour revenir sur l'Aveyron, on est vraiment un petit vignoble, sur la totalité des 4 AOC et l'IGP, si on compte un maximum de 400 hectares, c'est vraiment une goutte d'eau dans le marché mondial des vins finalement. Et on va dire que le type de commercialisation aussi des vins d'Aveyron va aussi vraiment vers la vente aux particuliers. Donc c'est-à-dire qu'on conseille quand même beaucoup, on présente nos vins. Il y a toujours un accompagnement et il y a une histoire qui est importante en fait. C'est-à-dire que quand on va discuter de vignerons à vraiment consommateurs des vins et puis intéressés des vins, on arrive vraiment à transmettre une histoire, une image du vignoble qui est intéressante. et on a des petits volumes donc finalement on se retrouve dans un peu ce type de vignoble de niche qu'on peut appeler et avec des qualités gustatives en tout cas qui sont intéressantes parce qu'on a vraiment des typicités qui se font pas ailleurs quoi donc c'est gros avantage et pour revenir sur cette jeunesse aussi la jeunesse nous on est arrivé ici on avait donc des contacts les anciens propriétaires nous présenter on va dire tous les vignerons d'ici et puis ça nous a bien aidé mais Mais on se rend compte maintenant, au bout d'un an, où on est en place, où on a de... de plus en plus de jeunes qui s'installent sur des petites exploitations. Donc c'est des coûts de peut-être 2 hectares, 2 hectares et demi. Donc nous, c'est un peu plus atypique, parce qu'on est parti directement sur 8 hectares et demi, donc une structure quand même assez costaud et à terme, où on voudrait pouvoir travailler vraiment tous les deux, ce qu'on fait, mais qu'on voudrait pouvoir mettre en bouteille à deux personnes. Et on commence vraiment à avoir beaucoup de jeunes, et qui sont de plus en plus formés, qui ont vraiment les mêmes niveaux d'études que nous. Donc je pense vraiment que l'Aveyron fera sa force de sa jeunesse qui arrive.
- Speaker #1
Et je voulais revenir sur les jeunes avéronnés qui ne veulent pas forcément reprendre, etc. Mais enfin, on est jeunes, ok, mais on a déjà quand même un petit peu de... Enfin voilà, on est dans la trentaine, on va dire. Donc c'est sûr que, bon, les jeunes de 20 ans, c'est sûr que c'est pas à cet âge-là qu'on a envie de se lancer déjà, qu'on a un peu envie de vivre, et nous c'était aussi un peu le cas. Après, avec l'expérience et le genre de choses qu'on y revient, il y a des avéronnés typiquement qui ont dû faire... leur vie ailleurs, qui ont été faire leurs premières expériences ailleurs, et qui aujourd'hui reviennent et reprennent soit la vigne du papy, soit la vigne du papa. Et voilà, c'est peut-être quelque chose qui se mûrit plus, en fait, d'être vigneron, on va dire, à son compte.
- Speaker #0
Donc vous êtes très optimistes tous les deux. L'avenir du vignoble de Marciac n'a pas d'inquiétude à avoir ?
- Speaker #1
Pas du tout.
- Speaker #2
Mais on veut passer un message pour tous les intéressés qui veulent venir s'installer à Marciac. Il faut venir en tout cas, si vous aimez travailler dans les paysages magnifiques. Voilà, c'est en plus, avec une typicité, un accueil, une gastronomie phénoménale.
- Speaker #1
C'est sûr qu'il y a la nouvelle génération qui arrive, mais même dans les anciens, il y en a plein, ils sont motivés, ils font plein de choses et ça bouge. Je pense que ça va continuer à bouger un peu.
- Speaker #0
Revenons sur votre domaine. Aujourd'hui, vous livrez la cave ou vous êtes autonome ?
- Speaker #2
Alors aujourd'hui, les anciens propriétaires livraient la cave, mais nous, on n'a signé aucun contrat, ni avec négociants, ni avec cave coopérative. L'idée, à terme en tout cas, est de mettre. la totalité en bouteilles. Les aléas climatiques de 2024 ont fait que du coup, on n'a pas eu de problématique de volume parce qu'on va faire 3000 bouteilles cette année, ce qui est très très peu.
- Speaker #1
Donc l'objectif est arrivé tout de suite ?
- Speaker #2
L'objectif est arrivé tout de suite de tout mettre en bouteille en tout cas. Mais on verra dans les années à venir. En tout cas, l'idée est de faire tout ce qu'on pourra pour faire en bouteille sur l'exploitation et pour coller notre étiquette dessus en tout cas.
- Speaker #0
Et créer donc votre marque.
- Speaker #1
Exactement. Domaine du Corbiès.
- Speaker #0
Domaine.
- Speaker #1
Du courbis.
- Speaker #0
Du courbis. Alors, je vous ai entendu parler tout à l'heure de distillation. Est-ce que vous allez également prendre un peu ce parti de la distillation ?
- Speaker #2
Alors, c'est peut-être pas la priorité. On va dire pour nous, notre priorité, elle est qu'aujourd'hui, on a 8,5 hectares de vignes. On a trois parcelles. Et l'idée, ça va être déjà de développer une gamme de 20 par terroir. Donc, de vraiment travailler comme nous, on l'a appris en inventoriens. Donc, on a travaillé chez Brouillon. On sait très bien que... On travaille par parcelle, on fait ce travail-là et de mettre en avant les différents terroirs qu'on a sur l'appellation Marciac. Il y a déjà tout ce travail-là qui est à faire et à mettre en place. La distillation viendra peut-être dans un second temps, mais on va dire que c'est plus un côté passion de ma part. Là,
- Speaker #1
il est motéré, mais en vrai, ça le titille beaucoup.
- Speaker #2
C'est plus pour le côté plaisir, après. C'est vraiment des... Enfin, l'alambic, c'est une machine magique. Il y a un truc qui se passe. J'ai passé deux ans en Charente où j'ai vraiment passé du temps sur ces alambics.
- Speaker #1
Donc du coup, il y a de fortes chances qu'à un moment donné, on parte un petit peu avec de l'alambic, des bières ou ce genre de choses. Enfin voilà, on est assez passionnés sur toutes les boissons. Moi, c'est plus la culture qui m'intéresse derrière, c'est plus les plantes. Mais voilà du coup, ce qui fait qu'on est assez complémentaires.
- Speaker #0
Vous parlez de culture justement et ce qui est intéressant, c'est qu'on se rend compte que nous avons une richesse patrimoniale sur notre France qui est très intéressante. ... J'ai souvent vu des chais qui organisaient également des concerts ou du théâtre. Avec votre jeunesse et je vois que vous êtes des passionnés, est-ce que c'est des choses qui vous titillent également ?
- Speaker #1
Pareil, ça va arriver. Non, c'est vrai que quand on s'installe, il y a énormément de choses à faire. Il y a aussi le millésime 2024 qui a eu son lot de difficultés. Mais oui, l'idée, c'est quand même de marier... En fait, il y a une chose qui est faite dans l'enseignement agricole. Il marie énormément l'art et la culture au monde... Nous, c'est la viticulture, puisqu'on a fait un lycée viticole, mais au monde un peu agricole. Et donc, du coup, depuis jeune, on a vachement baigné dans ça, en fait. L'art, la culture, liés avec le vin. C'est l'idée, on a un caveau de vente, et donc l'idée ce sera effectivement d'organiser des concerts. J'aime beaucoup le théâtre, donc voilà, de lier aussi peut-être avec le théâtre, l'art en général.
- Speaker #2
Et puis pour parler de ce caveau de vente que Justine a parlé, c'est une vieille bâtisse qu'on a estimée en tout cas construite au XVIe siècle, qui est initialement construite comme cave à destination de faire des vins. Et en fait, si vous voulez, c'est vraiment une bâtisse où on a trois murs et on a... Tout un pan de mur qui est sur une roche-mer, il y a un charme phénoménal dans ce bâtiment. On a un lieu de réception où il y a, je ne dirais pas une présence, mais en tout cas, il y a une âme qui se dégage. Et en fait, l'idée, ça va être de pouvoir se servir de ce bâtiment pour faire de l'accueil de plus en plus. Il y a pas mal de choses qui se font, qui justement peuvent aussi lier la viticulture, l'art de la table et le côté culturel du bâtiment.
- Speaker #1
Et ça reste assez complémentaire, c'est-à-dire que l'art, c'est l'expression de soi intérieur ou de choses qu'on veut faire exprimer. Le vin, c'est l'expression du terroir. Pour nous, en tout cas, c'est ce qu'on nous a appris. Et c'est l'expression de notre sol et de nous, ce qu'on aime, de la terre.