[BEST OF] La Manufacture du Siècle à Carpentras cover
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Esperluette, à l'écoute du Vaucluse

[BEST OF] La Manufacture du Siècle à Carpentras

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28min |10/04/2024
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28min |10/04/2024
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Description

La Manufacture du siècle, transformer un produit ordinaire en expérience extraordinaire


En 2021, pour la 30 ème rencontre d'Esperluette, j'ai eu envie de douceur. Pour cela je vous propose d'écouter ma rencontre avec une créatrice d'expérience sensorielle, Brune Passini et sa marque La Manufacture du siècle. C'est une savonnerie artisanale basée à Carpentras qu’elle a ouverte avec sa sœur Isaure en 2016.

Nous allons parler d'un produit qui peut paraître très banal au premier abord, que l'on utilise sans faire attention à sa composition : le savon. Il nous sert dans ce moment d’intimité qu’est la toilette, qui peut, si on en prend un peu plus conscience, devenir un véritable moment de bien-être et de connexion à soi. 

Pour que le moment de la douche soit des plus agréables, Brune et Isaure ont décidé de créer des savons précieux à base de produits naturels, pour la plupart bio mais surtout produits le plus localement possible. 

Brune va vous expliquer tout ça ici.


Bonne écoute ! 


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Retrouvez Brune et Isaure sur leur site internet : https://www.lamanufacturedusiecle.fr/  et Instagram  


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Cet épisode d'Esperluette a été pensé, enregistré (novembre 2021) et produite par Marie-Cécile Drécourt.

Pour être accessible au plus grand nombre, il est possible de lire les épisodes d'Esperluette grâce à leur retranscription sur mon blog (Merci Autoscript ! ) ou sur Youtube, où ils sont sous-titrés


Retrouvez toutes les interviews d'Esperluette sur : www.esperluette-podcast.fr  - Instagram -  - Facebook

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Transcription

  • #0

    Sous-titrage ST'501

  • #1

    Bonjour à toutes et à tous. Cette semaine, pas de nouvel épisode. Mais comme vous êtes beaucoup à avoir découvert le podcast récemment et qu'il y en a déjà plus de 200, entre deux montages de nouveautés, je vais rediffuser les anciens épisodes pour vous donner l'occasion de les écouter ou de les réécouter. Si vous découvrez Esperluette aujourd'hui, petit rappel. Esperluette, c'est le podcast qui va vous faire écouter le Vaucluse. Mais pas besoin d'être Vauclusien ou Vauclusienne pour vous abonner, chacune de mes interviews peut vous inspirer et apporter du positif dans vos oreilles, peu importe là où vous habitez. Aujourd'hui, c'est un épisode plein de douceur que je vous propose grâce à ma rencontre avec Brune Passigny. J'ai parlé avec elle d'un produit qui peut paraître très banal au premier abord, que l'on utilise sans faire attention à sa composition, le savon. Il nous sert dans ce moment d'intimité qu'est la toilette, qui peut, si on en prend un peu plus conscience, devenir un véritable moment de bien-être et de connexion à soi. Brune est la créatrice de la Manufacture du siècle, une savonnerie artisanale basée à Carpentras qu'elle a ouverte avec sa sœur Isor il y a 7 ans. Pour que le moment de la douche soit des plus agréables, Brune et Isor ont décidé de créer des savons à base de produits naturels, pour la plupart bio, mais surtout produits le plus localement possible. Elles ont, depuis l'interview enregistrée en 2021, aussi sorti des huiles végétales pour le visage, à base de pépins de grenade, je l'ai testé, elle est géniale, ou de noyaux d'abricot, des brumes de lit au senteur gourmande, et ouvert une boutique à Nice. Je laisse Brune vous expliquer ses inspirations, son travail, et sa passion pour les produits de qualité. Bonne écoute !

  • #2

    Je suis Brune Passini, j'ai 36 ans et je suis savonnière, créatrice de la Manufacture du siècle. On a implanté à Carpentras depuis 2016 et on est spécialisé dans la fabrication de savons saponifiés à froid. J'ai une associée qui est ma petite sœur, Isor, et on travaille ensemble depuis le début. Elle aujourd'hui est chargée de la fabrication et moi je suis chargée de la conceptualisation et de la vente des produits. Je suis une autodidacte en fait. J'ai une maîtrise en littérature française et histoire de l'art, que j'ai passée à Nice, puisqu'on est originaire de Nice toutes les deux. Et après mes études en fait, j'ai travaillé dans le domaine des beaux-arts, dans le commerce, j'ai travaillé dans le monde des bijoux, et puis je m'intéressais à la naturopathie, à la nature aux plantes. J'ai fait une école de naturopathie, et de fil en aiguille en fait, un jour je suis tombée sur le blog d'une jeune femme qui faisait des savons à froid. en Normandie. Et en fait, l'idée m'est tombée dessus, mais vraiment du ciel, en fait. Je me suis dit, c'est ça, c'est du savon que je veux faire. Je cherchais à être indépendante depuis toutes ces années. C'est quelque chose qui me tenait au cœur et je ne savais pas vers quoi me diriger. Je savais que je voulais faire quelque chose de mes mains, avec un ancrage local, avec des produits locaux, et je ne savais pas quoi. Et un jour, l'idée est venue, je me suis dit, je vais me lancer dans le savon. Je me suis inscrite à une formation chez une savonnière, ça a duré 2-3 jours, c'était vraiment pour apprendre les bases. Et une fois que j'ai acquis ces bases, j'ai fait un travail d'autodidacte, pendant 2 ans dans ma cuisine, j'ai fait du savon. Ça a été de la théorie que j'ai mis en pratique. J'ai savonné, savonné, savonné. Donc j'ai fait du savon pendant deux ans. Et au bout de deux ans, j'ai conceptualisé ma marque. Et j'ai fini par la créer. À la base, mon projet, c'était de monter sur Paris. Je voulais absolument quitter la côte et monter cette savonnerie sur Paris. Toute seule. Et au dernier moment, ma soeur s'est greffée au projet. Et elle m'a dit, si tu veux, je viens de m'installer dans le Boucluse. Dans la maison familiale de notre arrière-grand-père. Elle venait de quitter son travail. Et donc elle était disponible. Elle m'a dit si tu veux, on peut travailler ensemble. Et donc j'ai saisi cette opportunité, je lui ai appris la savonnerie. C'est comme ça qu'elle a été repulsée chef de la fabrication et moi j'ai pu m'occuper plus tranquillement de tout le reste en fait. C'est un binôme qui nous a permis d'avancer beaucoup plus vite, je pense, que si j'avais été seule. C'est de la haute savonnerie artisanale. J'aime bien, alors t'es à haute couture. Moi je fais de la haute savonnerie, j'essaye en tout cas. En tout cas c'est ce que je vis, c'est ce que j'ai dans mon viseur. C'est ça qui est très excitant je trouve en fait, qui rend ma vie belle. Comment on fait du savon ? C'est très très simple. Je dirais que c'est même encore plus simple que de faire un gâteau. Le savon il faut du gras, des triglycérides, donc ça peut être des huiles, des beurres. Il faut de la soude caustique. Il faut de l'eau. Lorsque tu mélanges ces trois ingrédients, il y a naturellement une réaction qu'opère, qui s'appelle la saponification. Et en fait, la soude va transformer les triglycérides, le gras en fait, en molécules de savon glycériné. Une fois que tu as cette recette de base, tu peux jongler avec toutes les huiles, les laits, les huiles essentielles. Tu peux y agréger en fait tous les ingrédients que tu veux en fonction des particularités que tu veux donner à ton savon. Si tu veux faire un savon exfoliant, tu vas y ajouter des graines de pavot ou de la poudre d'amande. Si tu veux un savon... très crémeux, tu peux y ajouter du lait de chèvre ou du miel. En fait, c'est très créatif, ça se rapproche vraiment de la cuisine, en fait. Et c'est à l'infini. Alors après, évidemment, il y a des choses qu'il faut savoir. Chaque huile a un indice de saponification. Il y a des petits calculs à faire, mais une fois que tu maîtrises ça, en fait, c'est vraiment... un procédé qui est extrêmement créatif. Il faut savoir que le métier de savonnier, en fait, ce n'est pas une profession réglementée, comme coiffeur ou boucher. Il n'y a pas de diplôme qui te reconnaît en étant comme savonnier. En revanche, ce qui est réglementé, c'est la vente. C'est-à-dire qu'à partir du moment où tu veux mettre sur le marché un produit cosmétique, tu es obligé de le déclarer au niveau européen. Et donc, chaque entreprise est référencée et chacune de tes formulations est déclarée au niveau européen. Mais il faut que, là, effectivement, la recette soit validée par un professionnel de santé. Ça peut être un médecin en formation. un toxicologue ou même un vétérinaire, mais il faut qu'une personne qui ait ces compétences reconnaisse que ton produit ne fera pas de mal au consommateur et à partir de là, tu peux le mettre sur le marché. Les parfums du naturel seront naturellement moins forts, beaucoup moins présents. Encore une fois, on est tributeurs de la nature et c'est vrai que comme on est habitués à avoir des gels douche ou même des savons, rose fluo, center bar, ba pa pa, et en revenant au naturel, encore une fois, on peut... On ne peut pas être mis tellement en concurrence parce qu'on propose autre chose. Et aussi parce que comme on utilise des huiles essentielles, on est limité dans l'utilisation des huiles essentielles. On ne peut pas dépasser une certaine dose pour protéger le consommateur. Ça fait partie de la réglementation cosmétique. C'est un savon nettoyant, mais ce qui est intéressant, c'est d'essayer d'apporter autre chose que la dimension un peu prosaïque du nettoyage. C'est d'apporter une expérience sensorielle à travers la texture, c'est-à-dire la mousse, qu'elle soit la plus luxuriante possible. Ce qui est une gageure avec les produits naturels, parce qu'on n'arrivera jamais à atteindre le degré peut-être de mousse ou de sensorialité d'un produit industriel. ...industriel, en fait, puisque naturellement, on travaille absolument sans conservateur, sans agent de texture, agent moussant, ni quoi que ce soit. Mais voilà, à partir du naturel, comment est-ce qu'on peut rendre l'expérience la plus agréable possible ? En même temps, moi, je ne m'estime pas du tout en concurrence avec mes confrères qui font du savon industriel, parce qu'on est vraiment sur une autre expérience, en fait. Moi, je suis sur une expérience qui est presque de la déconsommation. Parce qu'on fait un produit qui est exceptionnel, avec des ingrédients qui sont exceptionnels, on n'est pas dans un esprit de consommation et d'accumulation. C'est quelque chose que perçoivent très bien mes clients. En général, ils viennent chercher un savon qui va leur durer trois semaines, un mois. Ils ne vont pas chercher l'accumulation, ils vont profiter de cette expérience qu'ils ont. Ils consomment moins, mais mieux, et ils apprennent à réapprécier. à reconscientiser ce rituel qui est le lavage. Et je trouve que le savon s'y prête vraiment, parce que quelque part, tu redécouvres ton corps. Je fais souvent une comparaison que je trouve éclairante. Pour moi, le savon, c'est vraiment un paradoxe avec la société contemporaine, qui est un petit peu artificielle. Et je trouve que le savon, c'est une façon de se réancrer dans le physique, parce que c'est quelque chose de solide, contrairement au gel douche. Tu ne sais pas vraiment ce qu'il y a dedans, il te glisse entre les mains, alors tu en remets toujours plus. Tandis que le savon, c'est un autre rapport. On est obligé de le passer sur son corps. Tu le passes sur tes jambes, tu le passes sur tes cuisses, tu le passes sur ton ventre, tu essaies de le passer dans ton dos. Il y a quelque chose de sensoriel dans le savon qui nous ré-ancre, en fait, qui nous oblige à reconscientiser ce rituel, ce rituel de la douche. Le localisme, c'est quelque chose qui est au cœur de notre préoccupation et je ne voulais pas me lancer dans un métier artisanal sans mettre en avant les produits locaux. Ça fait partie aussi de mon schéma créatif. Lorsque je conceptualise un produit, j'essaie de partir de ce que j'ai autour de moi, dans mon environnement immédiat, ce qui est la définition du localisme. Qu'est-ce qu'on a autour de soi ? Comment est-ce qu'on peut agencer les éléments qu'on a autour de soi pour essayer de créer quelque chose ? J'aime bien partir de... Cette base là pour la formulation d'elle-même, je observe ce que j'ai autour de moi. Par exemple, si tu prends notre dernier savon, Santos Ospire, on a travaillé sur l'idée du bleu de l'indigo persiquaire qui est cultivé dans les bouches du Rhône par deux jeunes femmes qui travaillent en agriculture biologique. J'ai trouvé que ce bleu était extraordinaire et je me suis dit, qu'est-ce que je pourrais faire avec ce bleu ? Et autour de cette idée du bleu, je conceptualise, je me dis, tiens, si je vois un savon bleu, quel parfum est-ce que je pourrais lui associer ? Quel emballage je pourrais lui associer, quel univers je pourrais lui associer. Et après, partons de là, ça c'est mon inspiration avec mon passé, ma propre imagerie. Je brode autour de cet ingrédient local qui est mis à ma disposition. Et je me dis, voilà, quel parfum je peux lui associer, je peux associer à ce bleu. Quel univers je peux associer à ce bleu ? Là, je pioche dans ces espèces de réservoirs qui est mon inspiration, qui est constituée de mon imagerie, de tout ce qui est relatif à mon passé, à mes expériences, et à ce qui me plaît, à ce que je projette aussi, à mes rêves et tout ce qui m'inspire. Et je crée un univers autour de ça. J'estime qu'à partir du moment où le client s'approprie le produit, quelque part, je n'ai plus de prise dessus. Et c'est à lui aussi de me raconter ce qu'il ressent, ce qu'il reçoit, ce que le parfum lui inspire. Et c'est des choses qui sont extrêmement personnelles, surtout en ce qui concerne le parfum. J'entends de tout. Et c'est normal, parce que ça éveille chez les gens des certains souvenirs. Chacun a sa madeleine de pouces. Une fois que le client l'a, ou la personne qui l'a acheté, qui a le produit, je décide qu'elle ne m'appartient plus. C'est un échange intéressant, justement. En général, quand des gens rentrent chez nous, Ils perçoivent assez vite notre univers et ça leur fait toujours quelque chose. Ça leur rappelle des choses peut-être parfois un peu désuètes, parce que c'est vrai que nous on a une inspiration qui est volontairement ce que les gens appellent du vintage en fait. Mes premières créations étaient très influencées par l'art déco, l'art nouveau, c'était très orienté début 20ème. Et maintenant j'estime que j'en ai fait un petit peu le sourd, donc je m'oriente vers des choses un peu plus contemporaines, Je suis très influencée par le design et l'esprit des années 80. Je trouve que c'était une époque où il y avait un essor joyeux. C'était aussi les débuts de la grande consommation. Mais il y a un espèce d'élan joyeux avec toutes ces couleurs très vives, cette gaieté. C'est des choses qui me font plaisir et j'ai envie de les impulser dans mon travail. Le packaging, je pense que je n'aurais jamais créé ma marque si je ne pouvais pas Je ne vais pas m'exprimer au travers de ce billet-là. Lorsque je crée un produit, nécessairement, tu as des images qui viennent dans mon esprit. Et j'ai besoin vraiment, pour que l'expérience soit complète, j'ai besoin de lui proposer un habit. J'ai besoin de lui proposer un écran que, lorsque la personne qui l'utilise rentre dans un espèce d'univers, c'est un univers complet. Tu as l'odeur, le son avec la texture, et tu as l'image. Les clients, les gars, moi j'ai des clientes de la première heure qui me disent qu'elles les alignent dans leur salle de bain. Ce qui est sympa, c'est que c'est déclinable à l'infini, parce que par exemple, tu vois, le dernier Santos au Spire, j'ai fait des posters avec, j'ai fait des cartes postales avec, je voudrais faire des maniettes, des stylos, enfin... Cette idée de l'image m'obsède pas mal. On dit il y a le cap des 3 ans, après il y a le cap des 5 ans. Moi je sens vraiment qu'on est en train de dépasser le cap des 5 ans. On va dire que les 4 premières années, elles ont été vraiment très formatrices pour nous. En fait, ça a été une expérience de fou, maintenant que j'y réfléchis. On s'est jeté comme ça sur le marché, on était seul en fait. Il n'y avait personne derrière nous, il n'y avait pas d'investisseurs, il n'y avait pas de businessmen pour nous conseiller. On s'est jeté un peu dans la gueule du loup, pardon la gueule du loup, mais dans l'aventure comme ça, en faisant tout un petit peu à la sauvage. Donc je sens... Moi, ces cinq premières années, elles ont été vraiment formatrices. On a beaucoup appris. D'année en année, on a un chiffre d'affaires qui a évolué gentiment. Évidemment, ce n'est pas des chiffres d'affaires qui sont colossaux, mais qui ont évolué d'année en année. Et je crois que là, cette année, on est vraiment en train de passer un cap. Je nous considère vraiment à présent comme des professionnels. Je me suis toujours sentie assez légitime, mais je dirais que là, je prends vraiment les choses au sérieux. Si jusqu'à présent, je n'aurais peut-être accepté l'idée d'arrêter, si ça... Ça ne se présentait pas bien, mais là je me dis qu'il y a vraiment quelque chose à faire. Il faut vraiment continuer à se battre parce que ça pourrait devenir quelque chose de vraiment intéressant. Tout doucement, on est dans la gamme. Toujours en travaillant à partir des matières premières qui sont autour de nous, on a créé une huile pour le corps, on a créé un baume. Et petit à petit, on s'étend, on va créer d'autres gammes de savon. J'aimerais beaucoup développer le parfum, le parfum naturel, qui est encore un produit relativement de niche en France. Travailler autour de l'aromathérapie, essayer de tirer un maximum, tout ce que je peux, de ces matières-là. C'est aussi pour ça qu'on s'est installé dans le Vaucluse, parce qu'on est le département qui compte le plus d'exploitation agricole. Donc on a tout à portée de main. Pour moi, ça me paraît complètement légitime, normal, de faire travailler ces... les acteurs du monde agricole en fait. Personnellement c'est ce qui m'intéresse et je me sens presque investie d'une mission parce que sachant, moi je parle beaucoup des agriculteurs, c'est une cause qui me touche énormément sachant qu'il y a un agriculteur qui suicide tous les deux jours en France je trouve ça inadmissible de pas les mettre plus en avant que ça en fait et personne n'en parle jamais. J'ai l'impression qu'on est un petit peu, t'as la Provence, t'as l'Aucluse, t'as la France et il y a le reste du monde en fait. Dans un contexte de mondialisation comment est-ce qu'on fait pour faire en sorte que les être pérennisée en fait. Ma soeur Isor, qui est chargée de la fabrication, quand elle va chez les producteurs, elle enfile ses bottes, elle traverse le champ avec les vaches à monteux et elle va chercher les huées comme ça. Elle va chez la chevrière, elle va chez l'apiculteur, c'est à la source, il n'y a pas d'intermédiaire. En tout cas pour les matières premières comme ça. Après évidemment, il y a des matières premières plus exotiques, le beurre de karité, l'huile de coco, ce genre de choses-là, évidemment on passe par un intermédiaire. en bio d'ailleurs, mais voilà dès qu'on peut sourcer localement on le fait. On n'est pas labellisé bio alors ça a été un gros sujet pour nous parce que mes fournisseurs et mon principal fournisseur de colza et de tournesol qui sont les matières que tu retrouves le plus dans nos produits en plus grande quantité, je veux dire le plus gros pourcentage dans nos formulations c'est du colza et du tournesol qui sont locaux, c'est à dire que mon fournisseur il a bédaride donc voilà on peut pas faire mieux je pense Lui, il n'est pas en agriculture biologique. Il est en conversion. Il va l'être bientôt. Mais en tout cas, quand on a commencé il y a 5 ans avec lui, il ne l'était pas. Mais j'estimais que c'était plus important pour moi que ce soit local que bio. J'ai déjà entendu l'inverse. En prospectant chez des distributeurs, j'ai approché une chaîne de magasins bio local. J'ai présenté mon travail. travail il m'a dit oui mais vous avez pas de label bio j'ai dit oui mais c'est monsieur un tel vous voyez il a bélarie il est pas loin vous pouvez y aller allez le voir je le connais et vous et vous même vous pouvez aller le voir et la personne m'a répondu c'est le directeur du magasin il m'a répondu oui mais vous savez le bio c'est plus important que le local alors je me suis dit on a pas la même philosophie parce que le bio qui vient de l'autre bout de la terre personnellement ça m'intéresse pas j'ai rien contre le local et bio y'a pas de soucis mais voilà simplement j'avais ce Je n'ai pas voulu laisser tomber mon fournisseur. Et d'ailleurs, je pense que j'ai bien fait, parce que là, en ce moment, il est en train de se convertir en bio. Donc ça fait que nous aussi, je pense que bientôt, on pourra prétendre à l'obtention d'un label bio, sachant qu'on est déjà lauréat de la mention de Slow Cosmetic. Pour moi, le bio, c'est un contrat de confiance. C'est-à-dire que je n'exige pas qu'il y ait marqué bio sur un produit pour que je sache que ce soit un produit de qualité. J'aime mieux... Il n'y a plus un pas bio à côté de chez moi qu'un bio lointain. Surtout que bio, qu'est-ce que ça veut dire ? Il faut savoir qu'un label bio, c'est payant. C'est des initiatives qui sont privées. Contrairement à l'agriculture, au label bio alimentaire AB Bio, qui dépend du ministère de l'Agriculture en cosmétique, c'est que des initiatives privées. C'est des laboratoires qui ne sont même pas en France et qui coûtent, pour une marque, plusieurs milliers d'euros par an. Je ne vois pas pourquoi j'aurais dû m'acquitter de cette taxe pour prouver que mon travail est de bonne qualité. Mais en général, il suffit de faire de la pédagogie. Et les clients me demandent très rarement si j'ai une mention bio. Parce qu'ils savent très bien, ils connaissent l'apiculteur. Ils savent d'où viennent les matières premières. Donc on ne me pose même pas la question. Je n'ai pas besoin de payer pour qu'on me fasse confiance. Pour l'instant.

  • #0

    TOUM TOUM TOUM

  • #2

    On vend dans notre boutique à Carpentras, on vend sur notre site, sur notre boutique en ligne, et on travaille avec les revendeurs de deux façons. On a donc des revendeurs qui achètent nos produits et qui les revendent dans leur structure, mais on a aussi une phase qui devient de plus en plus importante, une partie façonnière, puisque les marques de cosmétiques nous contactent pour qu'on crée des cosmétiques pour leurs marques. On travaille en marque blanche, ou alors pas vraiment en marque blanche, parce qu'on revend. Ce ne sont jamais nos produits, nos formulations, mais vraiment on fait du sur-mesure. En fonction des cahiers d'échange que nous demandent les entreprises, les marques, on va leur créer un produit sur-mesure. On peut retrouver des produits de Carpentras au Géato de Versailles, par exemple. Je voulais un peu sortir du cliché du savon très rustique. Ça, c'est une image qui est très française. Par exemple, les Américains, ils ont vraiment une autre conception du naturel. Ils sont très décomplexés vis-à-vis de ce qu'on appelle l'écoluxe. Je voulais vraiment proposer un produit à la fois qui soit... Donc très sain, naturel, mais aussi sophistiqué. Ça me tenait vraiment à cœur. Et j'essaie de faire un petit peu la jonction entre les deux. Le luxe, ça reste... Moi, ça me fait rêver. Clairement, ils travaillent très étroitement avec l'artisanat. Ils sont très exigeants en termes de matières premières. Il y a un esprit de perfectionnisme qui me séduit pas mal. Après, tu as le luxe qu'on connaît. C'est LVMH, Chanel, Dior et compagnie. Et puis, tu as l'écoluxe avec des petites marques qui n'ont pas du tout de marketing et qui injectent tous leurs bénéfices dans leurs produits, dans le développement. C'est d'abord ça qui m'intéresse. J'ai un modèle de business qui me parle bien, c'est développer une maison comme par exemple... Molinar. Là, on parle un peu de rêve, tu vois, mais j'aime bien les structures comme ça, Molinar, Fragonard, parce que ça reste des entreprises familiales. Alors, si tu vas encore plus haut, Chanel, par exemple. Typiquement, Chanel, ça reste une marque qui est possédée par une famille. Tu vois ? Bon, évidemment, c'est mondialement connu, mais ils ont quand même ce modèle de structure familiale très implanté en France, avec la culture pour les parfums du côté de Grasse et tout ça. Ils ont gardé une identité très française. Je suis assez adulte par ça, en fait. Ce qui me plaît chez Moënard, c'est cet ancrage dans leur terroir. Même à la limite un peu, comment dire, anti-jacobin. C'est-à-dire que tout ne passe pas par Paris, en fait. Moi, je suis très ancrée dans le sud. Je voudrais vraiment ancrer ma marque à travers une identité très méditerranéenne. Et pourtant, je voulais aller à Paris, parce que j'adore cette ville. Parce que je m'étais dit à l'époque, oui, c'est là qu'il faut développer. Mais bien sûr, si demain je peux ouvrir un magasin à Paris, je le ferai. Mais bien sûr. Mais je veux qu'on reste une marque ancrée dans le sud. Paris, ça a peut-être un côté un petit peu encore impersonnel. Et je voulais vraiment qu'on garde notre identité profonde ancrée en PACA. Quand je repense aux années qui sont passées, je me dis mais qu'est-ce qui m'a pris en fait ? Je réalise en fait à quel point c'était de la folie de se lancer là-dedans, que c'est pas une aventure qui peut convaincre à tout le monde, mais que si on a le discernement pour faire les bons choix et pour s'adapter, je pense qu'on peut, c'est une conviction intime, je pense qu'on peut faire tout ce qu'on veut en fait. Il n'y a jamais de moment parfait, il n'y a jamais d'âge parfait, il n'y a jamais de contexte parfait. Tu vois, il y a une pandémie, il y a des grèves, il y a toujours quelque chose. Le contexte n'est jamais parfait, mais je pense, il faudrait demander à quelqu'un qui a beaucoup plus d'expérience que moi, quelqu'un qui est plus chevronné que moi, mais je pense qu'à partir du moment où on arrive à s'adapter, qu'on est flexible, on peut traverser n'importe quoi en fait. Bon, il y a une bombe d'atomie qui nous tombe dessus demain, mais... On ne pourra pas faire grand-chose, mais il faut accepter aussi parfois de faire un peu des compromis, pas trop, parce qu'à trop se disperser, je pense que c'est une erreur que font beaucoup de jeunes entrepreneurs. Mais moi, je me sens relativement bien. J'ai l'impression que les choses sérieuses commencent maintenant. Jusque là, les cinq premières années, c'était un entraînement. Maintenant, je peux commencer à dire, voilà qui on est et voilà ce qu'on propose. Je pense que les choses sérieuses commencent maintenant. J'aimerais bien qu'il y ait d'autres personnes qui viennent se greffer à notre aventure. J'espère que ce sera le cas pour les années qui arrivent très prochainement, puisque on a pour projet de s'agrandir, toujours dans le coin, mais avoir une structure, un lieu de fabrication plus important, et puis on peut avoir... Voilà, des boutiques un petit peu partout. Je sais que ça peut ne pas arriver demain, mais je garde ça dans mon viseur, en fait. Mon inspiration du moment, là, en ce moment, clairement, pour moi, c'est les années 80. 80, L'essor qu'il y a eu dans ces années-là, qui est lié, évidemment... à la mondialisation, à l'hyperconsommation. Mais une espèce de soif de vivre, une envie de vivre, un dynamisme qui me fait plaisir. C'était drôle, c'était très insouciant. Mais c'était insouciant parce qu'après, c'était avant les périodes un peu difficiles avec la naissance du sida et compagnie. Mais c'était très insouciant. Et j'aime bien cet état d'esprit. C'est un état d'esprit qu'il n'y a pas du tout en ce moment. En ce moment, c'est l'opposé justement. Il y a une espèce de chape de plomb qui... qui pèse un peu sur nos morales à tous, qui est un petit peu lourde. Et ce vitalisme des années 80, moi, me fait du bien, en fait, quand j'y pense. Je regarde beaucoup de films sur mon téléphone. J'ai que des images de la publicité des années 80, en fait. Avec les meufs qui ont des maillots en lycra, le fluo, tout ça. Je me nourris beaucoup de ça en ce moment, ouais. Le savon reste quelque chose, reste un cadeau à la fois intime et utile. On offre un savon à quelqu'un parce qu'on est sensible à l'odeur de ce savon, il nous rappelle des choses, on veut. Partager l'expérience qu'on ressent, on peut partager avec une personne qui nous est chère, en offrant ce cadeau. Et en même temps, si la personne ne ressent pas ce que moi je ressens, ce sera toujours un cadeau utile. C'est jamais perdu. Le savon n'est jamais perdu. C'est tellement basique, c'est quelque chose qui a été quasiment toujours présent dans la vie des hommes, dans toutes les civilisations. Pour découvrir notre univers, le plus simple c'est de nous suivre sur les réseaux. On est sur Facebook, sur Instagram. Il y a le site internet www.lamanufactureduciecle.fr Et puis sinon, vous pouvez venir nous voir à Carpentras, dans la boutique. Moi, j'aime beaucoup discuter avec les gens, ils auraient aussi. Donc dès qu'on peut, on fait monter par petits groupes. Ça ne peut pas être énorme, mais voilà, par petits groupes, quand l'occasion se présente, on fait monter nos visiteurs dans le labo pour qu'ils voient un petit peu comment on travaille. Et voilà, sinon, on peut toujours me joindre par téléphone. Moi, j'aime bien discuter, répondre aux mails. On reçoit souvent des mails de personnes qui sont loin, qui aiment bien discuter. On leur propose quelque chose d'intime, en fait. Et du coup, je pense qu'il y a un espèce de lien de proximité qui se lie avec nous. Je reçois des messages comme ça, du coup, je discute avec eux. C'est sûr que c'est hyper gratifiant quand tu as des gens qui sont loin de toi et qui apprécient ton travail, qui le reconnaissent à sa juste valeur. C'est très gratifiant. Tu te dis, voilà, j'ai peut-être un peu réussi ma mission.

  • #1

    Voilà, cet épisode est terminé. J'espère que ce moment de douceur vous aura plu. Et si c'est le cas, prenez quelques minutes pour partager votre ressenti en mettant 5 étoiles sur Apple Podcasts ou Podcast Addict ou en commentant mes posts sur mes réseaux sociaux. Ça m'encourage à continuer et ça donne également un coup de boost à mes invités car ce n'est pas si facile que cela de se mettre face à un micro pour raconter son histoire. D'ici là, je vous dis à une prochaine, je l'espère, Luette, évidemment !

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    J'espère l'ouette. J'espère l'ouette. J'espère l'ouette.

Description

La Manufacture du siècle, transformer un produit ordinaire en expérience extraordinaire


En 2021, pour la 30 ème rencontre d'Esperluette, j'ai eu envie de douceur. Pour cela je vous propose d'écouter ma rencontre avec une créatrice d'expérience sensorielle, Brune Passini et sa marque La Manufacture du siècle. C'est une savonnerie artisanale basée à Carpentras qu’elle a ouverte avec sa sœur Isaure en 2016.

Nous allons parler d'un produit qui peut paraître très banal au premier abord, que l'on utilise sans faire attention à sa composition : le savon. Il nous sert dans ce moment d’intimité qu’est la toilette, qui peut, si on en prend un peu plus conscience, devenir un véritable moment de bien-être et de connexion à soi. 

Pour que le moment de la douche soit des plus agréables, Brune et Isaure ont décidé de créer des savons précieux à base de produits naturels, pour la plupart bio mais surtout produits le plus localement possible. 

Brune va vous expliquer tout ça ici.


Bonne écoute ! 


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Retrouvez Brune et Isaure sur leur site internet : https://www.lamanufacturedusiecle.fr/  et Instagram  


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Cet épisode d'Esperluette a été pensé, enregistré (novembre 2021) et produite par Marie-Cécile Drécourt.

Pour être accessible au plus grand nombre, il est possible de lire les épisodes d'Esperluette grâce à leur retranscription sur mon blog (Merci Autoscript ! ) ou sur Youtube, où ils sont sous-titrés


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Transcription

  • #0

    Sous-titrage ST'501

  • #1

    Bonjour à toutes et à tous. Cette semaine, pas de nouvel épisode. Mais comme vous êtes beaucoup à avoir découvert le podcast récemment et qu'il y en a déjà plus de 200, entre deux montages de nouveautés, je vais rediffuser les anciens épisodes pour vous donner l'occasion de les écouter ou de les réécouter. Si vous découvrez Esperluette aujourd'hui, petit rappel. Esperluette, c'est le podcast qui va vous faire écouter le Vaucluse. Mais pas besoin d'être Vauclusien ou Vauclusienne pour vous abonner, chacune de mes interviews peut vous inspirer et apporter du positif dans vos oreilles, peu importe là où vous habitez. Aujourd'hui, c'est un épisode plein de douceur que je vous propose grâce à ma rencontre avec Brune Passigny. J'ai parlé avec elle d'un produit qui peut paraître très banal au premier abord, que l'on utilise sans faire attention à sa composition, le savon. Il nous sert dans ce moment d'intimité qu'est la toilette, qui peut, si on en prend un peu plus conscience, devenir un véritable moment de bien-être et de connexion à soi. Brune est la créatrice de la Manufacture du siècle, une savonnerie artisanale basée à Carpentras qu'elle a ouverte avec sa sœur Isor il y a 7 ans. Pour que le moment de la douche soit des plus agréables, Brune et Isor ont décidé de créer des savons à base de produits naturels, pour la plupart bio, mais surtout produits le plus localement possible. Elles ont, depuis l'interview enregistrée en 2021, aussi sorti des huiles végétales pour le visage, à base de pépins de grenade, je l'ai testé, elle est géniale, ou de noyaux d'abricot, des brumes de lit au senteur gourmande, et ouvert une boutique à Nice. Je laisse Brune vous expliquer ses inspirations, son travail, et sa passion pour les produits de qualité. Bonne écoute !

  • #2

    Je suis Brune Passini, j'ai 36 ans et je suis savonnière, créatrice de la Manufacture du siècle. On a implanté à Carpentras depuis 2016 et on est spécialisé dans la fabrication de savons saponifiés à froid. J'ai une associée qui est ma petite sœur, Isor, et on travaille ensemble depuis le début. Elle aujourd'hui est chargée de la fabrication et moi je suis chargée de la conceptualisation et de la vente des produits. Je suis une autodidacte en fait. J'ai une maîtrise en littérature française et histoire de l'art, que j'ai passée à Nice, puisqu'on est originaire de Nice toutes les deux. Et après mes études en fait, j'ai travaillé dans le domaine des beaux-arts, dans le commerce, j'ai travaillé dans le monde des bijoux, et puis je m'intéressais à la naturopathie, à la nature aux plantes. J'ai fait une école de naturopathie, et de fil en aiguille en fait, un jour je suis tombée sur le blog d'une jeune femme qui faisait des savons à froid. en Normandie. Et en fait, l'idée m'est tombée dessus, mais vraiment du ciel, en fait. Je me suis dit, c'est ça, c'est du savon que je veux faire. Je cherchais à être indépendante depuis toutes ces années. C'est quelque chose qui me tenait au cœur et je ne savais pas vers quoi me diriger. Je savais que je voulais faire quelque chose de mes mains, avec un ancrage local, avec des produits locaux, et je ne savais pas quoi. Et un jour, l'idée est venue, je me suis dit, je vais me lancer dans le savon. Je me suis inscrite à une formation chez une savonnière, ça a duré 2-3 jours, c'était vraiment pour apprendre les bases. Et une fois que j'ai acquis ces bases, j'ai fait un travail d'autodidacte, pendant 2 ans dans ma cuisine, j'ai fait du savon. Ça a été de la théorie que j'ai mis en pratique. J'ai savonné, savonné, savonné. Donc j'ai fait du savon pendant deux ans. Et au bout de deux ans, j'ai conceptualisé ma marque. Et j'ai fini par la créer. À la base, mon projet, c'était de monter sur Paris. Je voulais absolument quitter la côte et monter cette savonnerie sur Paris. Toute seule. Et au dernier moment, ma soeur s'est greffée au projet. Et elle m'a dit, si tu veux, je viens de m'installer dans le Boucluse. Dans la maison familiale de notre arrière-grand-père. Elle venait de quitter son travail. Et donc elle était disponible. Elle m'a dit si tu veux, on peut travailler ensemble. Et donc j'ai saisi cette opportunité, je lui ai appris la savonnerie. C'est comme ça qu'elle a été repulsée chef de la fabrication et moi j'ai pu m'occuper plus tranquillement de tout le reste en fait. C'est un binôme qui nous a permis d'avancer beaucoup plus vite, je pense, que si j'avais été seule. C'est de la haute savonnerie artisanale. J'aime bien, alors t'es à haute couture. Moi je fais de la haute savonnerie, j'essaye en tout cas. En tout cas c'est ce que je vis, c'est ce que j'ai dans mon viseur. C'est ça qui est très excitant je trouve en fait, qui rend ma vie belle. Comment on fait du savon ? C'est très très simple. Je dirais que c'est même encore plus simple que de faire un gâteau. Le savon il faut du gras, des triglycérides, donc ça peut être des huiles, des beurres. Il faut de la soude caustique. Il faut de l'eau. Lorsque tu mélanges ces trois ingrédients, il y a naturellement une réaction qu'opère, qui s'appelle la saponification. Et en fait, la soude va transformer les triglycérides, le gras en fait, en molécules de savon glycériné. Une fois que tu as cette recette de base, tu peux jongler avec toutes les huiles, les laits, les huiles essentielles. Tu peux y agréger en fait tous les ingrédients que tu veux en fonction des particularités que tu veux donner à ton savon. Si tu veux faire un savon exfoliant, tu vas y ajouter des graines de pavot ou de la poudre d'amande. Si tu veux un savon... très crémeux, tu peux y ajouter du lait de chèvre ou du miel. En fait, c'est très créatif, ça se rapproche vraiment de la cuisine, en fait. Et c'est à l'infini. Alors après, évidemment, il y a des choses qu'il faut savoir. Chaque huile a un indice de saponification. Il y a des petits calculs à faire, mais une fois que tu maîtrises ça, en fait, c'est vraiment... un procédé qui est extrêmement créatif. Il faut savoir que le métier de savonnier, en fait, ce n'est pas une profession réglementée, comme coiffeur ou boucher. Il n'y a pas de diplôme qui te reconnaît en étant comme savonnier. En revanche, ce qui est réglementé, c'est la vente. C'est-à-dire qu'à partir du moment où tu veux mettre sur le marché un produit cosmétique, tu es obligé de le déclarer au niveau européen. Et donc, chaque entreprise est référencée et chacune de tes formulations est déclarée au niveau européen. Mais il faut que, là, effectivement, la recette soit validée par un professionnel de santé. Ça peut être un médecin en formation. un toxicologue ou même un vétérinaire, mais il faut qu'une personne qui ait ces compétences reconnaisse que ton produit ne fera pas de mal au consommateur et à partir de là, tu peux le mettre sur le marché. Les parfums du naturel seront naturellement moins forts, beaucoup moins présents. Encore une fois, on est tributeurs de la nature et c'est vrai que comme on est habitués à avoir des gels douche ou même des savons, rose fluo, center bar, ba pa pa, et en revenant au naturel, encore une fois, on peut... On ne peut pas être mis tellement en concurrence parce qu'on propose autre chose. Et aussi parce que comme on utilise des huiles essentielles, on est limité dans l'utilisation des huiles essentielles. On ne peut pas dépasser une certaine dose pour protéger le consommateur. Ça fait partie de la réglementation cosmétique. C'est un savon nettoyant, mais ce qui est intéressant, c'est d'essayer d'apporter autre chose que la dimension un peu prosaïque du nettoyage. C'est d'apporter une expérience sensorielle à travers la texture, c'est-à-dire la mousse, qu'elle soit la plus luxuriante possible. Ce qui est une gageure avec les produits naturels, parce qu'on n'arrivera jamais à atteindre le degré peut-être de mousse ou de sensorialité d'un produit industriel. ...industriel, en fait, puisque naturellement, on travaille absolument sans conservateur, sans agent de texture, agent moussant, ni quoi que ce soit. Mais voilà, à partir du naturel, comment est-ce qu'on peut rendre l'expérience la plus agréable possible ? En même temps, moi, je ne m'estime pas du tout en concurrence avec mes confrères qui font du savon industriel, parce qu'on est vraiment sur une autre expérience, en fait. Moi, je suis sur une expérience qui est presque de la déconsommation. Parce qu'on fait un produit qui est exceptionnel, avec des ingrédients qui sont exceptionnels, on n'est pas dans un esprit de consommation et d'accumulation. C'est quelque chose que perçoivent très bien mes clients. En général, ils viennent chercher un savon qui va leur durer trois semaines, un mois. Ils ne vont pas chercher l'accumulation, ils vont profiter de cette expérience qu'ils ont. Ils consomment moins, mais mieux, et ils apprennent à réapprécier. à reconscientiser ce rituel qui est le lavage. Et je trouve que le savon s'y prête vraiment, parce que quelque part, tu redécouvres ton corps. Je fais souvent une comparaison que je trouve éclairante. Pour moi, le savon, c'est vraiment un paradoxe avec la société contemporaine, qui est un petit peu artificielle. Et je trouve que le savon, c'est une façon de se réancrer dans le physique, parce que c'est quelque chose de solide, contrairement au gel douche. Tu ne sais pas vraiment ce qu'il y a dedans, il te glisse entre les mains, alors tu en remets toujours plus. Tandis que le savon, c'est un autre rapport. On est obligé de le passer sur son corps. Tu le passes sur tes jambes, tu le passes sur tes cuisses, tu le passes sur ton ventre, tu essaies de le passer dans ton dos. Il y a quelque chose de sensoriel dans le savon qui nous ré-ancre, en fait, qui nous oblige à reconscientiser ce rituel, ce rituel de la douche. Le localisme, c'est quelque chose qui est au cœur de notre préoccupation et je ne voulais pas me lancer dans un métier artisanal sans mettre en avant les produits locaux. Ça fait partie aussi de mon schéma créatif. Lorsque je conceptualise un produit, j'essaie de partir de ce que j'ai autour de moi, dans mon environnement immédiat, ce qui est la définition du localisme. Qu'est-ce qu'on a autour de soi ? Comment est-ce qu'on peut agencer les éléments qu'on a autour de soi pour essayer de créer quelque chose ? J'aime bien partir de... Cette base là pour la formulation d'elle-même, je observe ce que j'ai autour de moi. Par exemple, si tu prends notre dernier savon, Santos Ospire, on a travaillé sur l'idée du bleu de l'indigo persiquaire qui est cultivé dans les bouches du Rhône par deux jeunes femmes qui travaillent en agriculture biologique. J'ai trouvé que ce bleu était extraordinaire et je me suis dit, qu'est-ce que je pourrais faire avec ce bleu ? Et autour de cette idée du bleu, je conceptualise, je me dis, tiens, si je vois un savon bleu, quel parfum est-ce que je pourrais lui associer ? Quel emballage je pourrais lui associer, quel univers je pourrais lui associer. Et après, partons de là, ça c'est mon inspiration avec mon passé, ma propre imagerie. Je brode autour de cet ingrédient local qui est mis à ma disposition. Et je me dis, voilà, quel parfum je peux lui associer, je peux associer à ce bleu. Quel univers je peux associer à ce bleu ? Là, je pioche dans ces espèces de réservoirs qui est mon inspiration, qui est constituée de mon imagerie, de tout ce qui est relatif à mon passé, à mes expériences, et à ce qui me plaît, à ce que je projette aussi, à mes rêves et tout ce qui m'inspire. Et je crée un univers autour de ça. J'estime qu'à partir du moment où le client s'approprie le produit, quelque part, je n'ai plus de prise dessus. Et c'est à lui aussi de me raconter ce qu'il ressent, ce qu'il reçoit, ce que le parfum lui inspire. Et c'est des choses qui sont extrêmement personnelles, surtout en ce qui concerne le parfum. J'entends de tout. Et c'est normal, parce que ça éveille chez les gens des certains souvenirs. Chacun a sa madeleine de pouces. Une fois que le client l'a, ou la personne qui l'a acheté, qui a le produit, je décide qu'elle ne m'appartient plus. C'est un échange intéressant, justement. En général, quand des gens rentrent chez nous, Ils perçoivent assez vite notre univers et ça leur fait toujours quelque chose. Ça leur rappelle des choses peut-être parfois un peu désuètes, parce que c'est vrai que nous on a une inspiration qui est volontairement ce que les gens appellent du vintage en fait. Mes premières créations étaient très influencées par l'art déco, l'art nouveau, c'était très orienté début 20ème. Et maintenant j'estime que j'en ai fait un petit peu le sourd, donc je m'oriente vers des choses un peu plus contemporaines, Je suis très influencée par le design et l'esprit des années 80. Je trouve que c'était une époque où il y avait un essor joyeux. C'était aussi les débuts de la grande consommation. Mais il y a un espèce d'élan joyeux avec toutes ces couleurs très vives, cette gaieté. C'est des choses qui me font plaisir et j'ai envie de les impulser dans mon travail. Le packaging, je pense que je n'aurais jamais créé ma marque si je ne pouvais pas Je ne vais pas m'exprimer au travers de ce billet-là. Lorsque je crée un produit, nécessairement, tu as des images qui viennent dans mon esprit. Et j'ai besoin vraiment, pour que l'expérience soit complète, j'ai besoin de lui proposer un habit. J'ai besoin de lui proposer un écran que, lorsque la personne qui l'utilise rentre dans un espèce d'univers, c'est un univers complet. Tu as l'odeur, le son avec la texture, et tu as l'image. Les clients, les gars, moi j'ai des clientes de la première heure qui me disent qu'elles les alignent dans leur salle de bain. Ce qui est sympa, c'est que c'est déclinable à l'infini, parce que par exemple, tu vois, le dernier Santos au Spire, j'ai fait des posters avec, j'ai fait des cartes postales avec, je voudrais faire des maniettes, des stylos, enfin... Cette idée de l'image m'obsède pas mal. On dit il y a le cap des 3 ans, après il y a le cap des 5 ans. Moi je sens vraiment qu'on est en train de dépasser le cap des 5 ans. On va dire que les 4 premières années, elles ont été vraiment très formatrices pour nous. En fait, ça a été une expérience de fou, maintenant que j'y réfléchis. On s'est jeté comme ça sur le marché, on était seul en fait. Il n'y avait personne derrière nous, il n'y avait pas d'investisseurs, il n'y avait pas de businessmen pour nous conseiller. On s'est jeté un peu dans la gueule du loup, pardon la gueule du loup, mais dans l'aventure comme ça, en faisant tout un petit peu à la sauvage. Donc je sens... Moi, ces cinq premières années, elles ont été vraiment formatrices. On a beaucoup appris. D'année en année, on a un chiffre d'affaires qui a évolué gentiment. Évidemment, ce n'est pas des chiffres d'affaires qui sont colossaux, mais qui ont évolué d'année en année. Et je crois que là, cette année, on est vraiment en train de passer un cap. Je nous considère vraiment à présent comme des professionnels. Je me suis toujours sentie assez légitime, mais je dirais que là, je prends vraiment les choses au sérieux. Si jusqu'à présent, je n'aurais peut-être accepté l'idée d'arrêter, si ça... Ça ne se présentait pas bien, mais là je me dis qu'il y a vraiment quelque chose à faire. Il faut vraiment continuer à se battre parce que ça pourrait devenir quelque chose de vraiment intéressant. Tout doucement, on est dans la gamme. Toujours en travaillant à partir des matières premières qui sont autour de nous, on a créé une huile pour le corps, on a créé un baume. Et petit à petit, on s'étend, on va créer d'autres gammes de savon. J'aimerais beaucoup développer le parfum, le parfum naturel, qui est encore un produit relativement de niche en France. Travailler autour de l'aromathérapie, essayer de tirer un maximum, tout ce que je peux, de ces matières-là. C'est aussi pour ça qu'on s'est installé dans le Vaucluse, parce qu'on est le département qui compte le plus d'exploitation agricole. Donc on a tout à portée de main. Pour moi, ça me paraît complètement légitime, normal, de faire travailler ces... les acteurs du monde agricole en fait. Personnellement c'est ce qui m'intéresse et je me sens presque investie d'une mission parce que sachant, moi je parle beaucoup des agriculteurs, c'est une cause qui me touche énormément sachant qu'il y a un agriculteur qui suicide tous les deux jours en France je trouve ça inadmissible de pas les mettre plus en avant que ça en fait et personne n'en parle jamais. J'ai l'impression qu'on est un petit peu, t'as la Provence, t'as l'Aucluse, t'as la France et il y a le reste du monde en fait. Dans un contexte de mondialisation comment est-ce qu'on fait pour faire en sorte que les être pérennisée en fait. Ma soeur Isor, qui est chargée de la fabrication, quand elle va chez les producteurs, elle enfile ses bottes, elle traverse le champ avec les vaches à monteux et elle va chercher les huées comme ça. Elle va chez la chevrière, elle va chez l'apiculteur, c'est à la source, il n'y a pas d'intermédiaire. En tout cas pour les matières premières comme ça. Après évidemment, il y a des matières premières plus exotiques, le beurre de karité, l'huile de coco, ce genre de choses-là, évidemment on passe par un intermédiaire. en bio d'ailleurs, mais voilà dès qu'on peut sourcer localement on le fait. On n'est pas labellisé bio alors ça a été un gros sujet pour nous parce que mes fournisseurs et mon principal fournisseur de colza et de tournesol qui sont les matières que tu retrouves le plus dans nos produits en plus grande quantité, je veux dire le plus gros pourcentage dans nos formulations c'est du colza et du tournesol qui sont locaux, c'est à dire que mon fournisseur il a bédaride donc voilà on peut pas faire mieux je pense Lui, il n'est pas en agriculture biologique. Il est en conversion. Il va l'être bientôt. Mais en tout cas, quand on a commencé il y a 5 ans avec lui, il ne l'était pas. Mais j'estimais que c'était plus important pour moi que ce soit local que bio. J'ai déjà entendu l'inverse. En prospectant chez des distributeurs, j'ai approché une chaîne de magasins bio local. J'ai présenté mon travail. travail il m'a dit oui mais vous avez pas de label bio j'ai dit oui mais c'est monsieur un tel vous voyez il a bélarie il est pas loin vous pouvez y aller allez le voir je le connais et vous et vous même vous pouvez aller le voir et la personne m'a répondu c'est le directeur du magasin il m'a répondu oui mais vous savez le bio c'est plus important que le local alors je me suis dit on a pas la même philosophie parce que le bio qui vient de l'autre bout de la terre personnellement ça m'intéresse pas j'ai rien contre le local et bio y'a pas de soucis mais voilà simplement j'avais ce Je n'ai pas voulu laisser tomber mon fournisseur. Et d'ailleurs, je pense que j'ai bien fait, parce que là, en ce moment, il est en train de se convertir en bio. Donc ça fait que nous aussi, je pense que bientôt, on pourra prétendre à l'obtention d'un label bio, sachant qu'on est déjà lauréat de la mention de Slow Cosmetic. Pour moi, le bio, c'est un contrat de confiance. C'est-à-dire que je n'exige pas qu'il y ait marqué bio sur un produit pour que je sache que ce soit un produit de qualité. J'aime mieux... Il n'y a plus un pas bio à côté de chez moi qu'un bio lointain. Surtout que bio, qu'est-ce que ça veut dire ? Il faut savoir qu'un label bio, c'est payant. C'est des initiatives qui sont privées. Contrairement à l'agriculture, au label bio alimentaire AB Bio, qui dépend du ministère de l'Agriculture en cosmétique, c'est que des initiatives privées. C'est des laboratoires qui ne sont même pas en France et qui coûtent, pour une marque, plusieurs milliers d'euros par an. Je ne vois pas pourquoi j'aurais dû m'acquitter de cette taxe pour prouver que mon travail est de bonne qualité. Mais en général, il suffit de faire de la pédagogie. Et les clients me demandent très rarement si j'ai une mention bio. Parce qu'ils savent très bien, ils connaissent l'apiculteur. Ils savent d'où viennent les matières premières. Donc on ne me pose même pas la question. Je n'ai pas besoin de payer pour qu'on me fasse confiance. Pour l'instant.

  • #0

    TOUM TOUM TOUM

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    On vend dans notre boutique à Carpentras, on vend sur notre site, sur notre boutique en ligne, et on travaille avec les revendeurs de deux façons. On a donc des revendeurs qui achètent nos produits et qui les revendent dans leur structure, mais on a aussi une phase qui devient de plus en plus importante, une partie façonnière, puisque les marques de cosmétiques nous contactent pour qu'on crée des cosmétiques pour leurs marques. On travaille en marque blanche, ou alors pas vraiment en marque blanche, parce qu'on revend. Ce ne sont jamais nos produits, nos formulations, mais vraiment on fait du sur-mesure. En fonction des cahiers d'échange que nous demandent les entreprises, les marques, on va leur créer un produit sur-mesure. On peut retrouver des produits de Carpentras au Géato de Versailles, par exemple. Je voulais un peu sortir du cliché du savon très rustique. Ça, c'est une image qui est très française. Par exemple, les Américains, ils ont vraiment une autre conception du naturel. Ils sont très décomplexés vis-à-vis de ce qu'on appelle l'écoluxe. Je voulais vraiment proposer un produit à la fois qui soit... Donc très sain, naturel, mais aussi sophistiqué. Ça me tenait vraiment à cœur. Et j'essaie de faire un petit peu la jonction entre les deux. Le luxe, ça reste... Moi, ça me fait rêver. Clairement, ils travaillent très étroitement avec l'artisanat. Ils sont très exigeants en termes de matières premières. Il y a un esprit de perfectionnisme qui me séduit pas mal. Après, tu as le luxe qu'on connaît. C'est LVMH, Chanel, Dior et compagnie. Et puis, tu as l'écoluxe avec des petites marques qui n'ont pas du tout de marketing et qui injectent tous leurs bénéfices dans leurs produits, dans le développement. C'est d'abord ça qui m'intéresse. J'ai un modèle de business qui me parle bien, c'est développer une maison comme par exemple... Molinar. Là, on parle un peu de rêve, tu vois, mais j'aime bien les structures comme ça, Molinar, Fragonard, parce que ça reste des entreprises familiales. Alors, si tu vas encore plus haut, Chanel, par exemple. Typiquement, Chanel, ça reste une marque qui est possédée par une famille. Tu vois ? Bon, évidemment, c'est mondialement connu, mais ils ont quand même ce modèle de structure familiale très implanté en France, avec la culture pour les parfums du côté de Grasse et tout ça. Ils ont gardé une identité très française. Je suis assez adulte par ça, en fait. Ce qui me plaît chez Moënard, c'est cet ancrage dans leur terroir. Même à la limite un peu, comment dire, anti-jacobin. C'est-à-dire que tout ne passe pas par Paris, en fait. Moi, je suis très ancrée dans le sud. Je voudrais vraiment ancrer ma marque à travers une identité très méditerranéenne. Et pourtant, je voulais aller à Paris, parce que j'adore cette ville. Parce que je m'étais dit à l'époque, oui, c'est là qu'il faut développer. Mais bien sûr, si demain je peux ouvrir un magasin à Paris, je le ferai. Mais bien sûr. Mais je veux qu'on reste une marque ancrée dans le sud. Paris, ça a peut-être un côté un petit peu encore impersonnel. Et je voulais vraiment qu'on garde notre identité profonde ancrée en PACA. Quand je repense aux années qui sont passées, je me dis mais qu'est-ce qui m'a pris en fait ? Je réalise en fait à quel point c'était de la folie de se lancer là-dedans, que c'est pas une aventure qui peut convaincre à tout le monde, mais que si on a le discernement pour faire les bons choix et pour s'adapter, je pense qu'on peut, c'est une conviction intime, je pense qu'on peut faire tout ce qu'on veut en fait. Il n'y a jamais de moment parfait, il n'y a jamais d'âge parfait, il n'y a jamais de contexte parfait. Tu vois, il y a une pandémie, il y a des grèves, il y a toujours quelque chose. Le contexte n'est jamais parfait, mais je pense, il faudrait demander à quelqu'un qui a beaucoup plus d'expérience que moi, quelqu'un qui est plus chevronné que moi, mais je pense qu'à partir du moment où on arrive à s'adapter, qu'on est flexible, on peut traverser n'importe quoi en fait. Bon, il y a une bombe d'atomie qui nous tombe dessus demain, mais... On ne pourra pas faire grand-chose, mais il faut accepter aussi parfois de faire un peu des compromis, pas trop, parce qu'à trop se disperser, je pense que c'est une erreur que font beaucoup de jeunes entrepreneurs. Mais moi, je me sens relativement bien. J'ai l'impression que les choses sérieuses commencent maintenant. Jusque là, les cinq premières années, c'était un entraînement. Maintenant, je peux commencer à dire, voilà qui on est et voilà ce qu'on propose. Je pense que les choses sérieuses commencent maintenant. J'aimerais bien qu'il y ait d'autres personnes qui viennent se greffer à notre aventure. J'espère que ce sera le cas pour les années qui arrivent très prochainement, puisque on a pour projet de s'agrandir, toujours dans le coin, mais avoir une structure, un lieu de fabrication plus important, et puis on peut avoir... Voilà, des boutiques un petit peu partout. Je sais que ça peut ne pas arriver demain, mais je garde ça dans mon viseur, en fait. Mon inspiration du moment, là, en ce moment, clairement, pour moi, c'est les années 80. 80, L'essor qu'il y a eu dans ces années-là, qui est lié, évidemment... à la mondialisation, à l'hyperconsommation. Mais une espèce de soif de vivre, une envie de vivre, un dynamisme qui me fait plaisir. C'était drôle, c'était très insouciant. Mais c'était insouciant parce qu'après, c'était avant les périodes un peu difficiles avec la naissance du sida et compagnie. Mais c'était très insouciant. Et j'aime bien cet état d'esprit. C'est un état d'esprit qu'il n'y a pas du tout en ce moment. En ce moment, c'est l'opposé justement. Il y a une espèce de chape de plomb qui... qui pèse un peu sur nos morales à tous, qui est un petit peu lourde. Et ce vitalisme des années 80, moi, me fait du bien, en fait, quand j'y pense. Je regarde beaucoup de films sur mon téléphone. J'ai que des images de la publicité des années 80, en fait. Avec les meufs qui ont des maillots en lycra, le fluo, tout ça. Je me nourris beaucoup de ça en ce moment, ouais. Le savon reste quelque chose, reste un cadeau à la fois intime et utile. On offre un savon à quelqu'un parce qu'on est sensible à l'odeur de ce savon, il nous rappelle des choses, on veut. Partager l'expérience qu'on ressent, on peut partager avec une personne qui nous est chère, en offrant ce cadeau. Et en même temps, si la personne ne ressent pas ce que moi je ressens, ce sera toujours un cadeau utile. C'est jamais perdu. Le savon n'est jamais perdu. C'est tellement basique, c'est quelque chose qui a été quasiment toujours présent dans la vie des hommes, dans toutes les civilisations. Pour découvrir notre univers, le plus simple c'est de nous suivre sur les réseaux. On est sur Facebook, sur Instagram. Il y a le site internet www.lamanufactureduciecle.fr Et puis sinon, vous pouvez venir nous voir à Carpentras, dans la boutique. Moi, j'aime beaucoup discuter avec les gens, ils auraient aussi. Donc dès qu'on peut, on fait monter par petits groupes. Ça ne peut pas être énorme, mais voilà, par petits groupes, quand l'occasion se présente, on fait monter nos visiteurs dans le labo pour qu'ils voient un petit peu comment on travaille. Et voilà, sinon, on peut toujours me joindre par téléphone. Moi, j'aime bien discuter, répondre aux mails. On reçoit souvent des mails de personnes qui sont loin, qui aiment bien discuter. On leur propose quelque chose d'intime, en fait. Et du coup, je pense qu'il y a un espèce de lien de proximité qui se lie avec nous. Je reçois des messages comme ça, du coup, je discute avec eux. C'est sûr que c'est hyper gratifiant quand tu as des gens qui sont loin de toi et qui apprécient ton travail, qui le reconnaissent à sa juste valeur. C'est très gratifiant. Tu te dis, voilà, j'ai peut-être un peu réussi ma mission.

  • #1

    Voilà, cet épisode est terminé. J'espère que ce moment de douceur vous aura plu. Et si c'est le cas, prenez quelques minutes pour partager votre ressenti en mettant 5 étoiles sur Apple Podcasts ou Podcast Addict ou en commentant mes posts sur mes réseaux sociaux. Ça m'encourage à continuer et ça donne également un coup de boost à mes invités car ce n'est pas si facile que cela de se mettre face à un micro pour raconter son histoire. D'ici là, je vous dis à une prochaine, je l'espère, Luette, évidemment !

  • #0

    J'espère l'ouette. J'espère l'ouette. J'espère l'ouette.

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En 2021, pour la 30 ème rencontre d'Esperluette, j'ai eu envie de douceur. Pour cela je vous propose d'écouter ma rencontre avec une créatrice d'expérience sensorielle, Brune Passini et sa marque La Manufacture du siècle. C'est une savonnerie artisanale basée à Carpentras qu’elle a ouverte avec sa sœur Isaure en 2016.

Nous allons parler d'un produit qui peut paraître très banal au premier abord, que l'on utilise sans faire attention à sa composition : le savon. Il nous sert dans ce moment d’intimité qu’est la toilette, qui peut, si on en prend un peu plus conscience, devenir un véritable moment de bien-être et de connexion à soi. 

Pour que le moment de la douche soit des plus agréables, Brune et Isaure ont décidé de créer des savons précieux à base de produits naturels, pour la plupart bio mais surtout produits le plus localement possible. 

Brune va vous expliquer tout ça ici.


Bonne écoute ! 


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Retrouvez Brune et Isaure sur leur site internet : https://www.lamanufacturedusiecle.fr/  et Instagram  


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Cet épisode d'Esperluette a été pensé, enregistré (novembre 2021) et produite par Marie-Cécile Drécourt.

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Transcription

  • #0

    Sous-titrage ST'501

  • #1

    Bonjour à toutes et à tous. Cette semaine, pas de nouvel épisode. Mais comme vous êtes beaucoup à avoir découvert le podcast récemment et qu'il y en a déjà plus de 200, entre deux montages de nouveautés, je vais rediffuser les anciens épisodes pour vous donner l'occasion de les écouter ou de les réécouter. Si vous découvrez Esperluette aujourd'hui, petit rappel. Esperluette, c'est le podcast qui va vous faire écouter le Vaucluse. Mais pas besoin d'être Vauclusien ou Vauclusienne pour vous abonner, chacune de mes interviews peut vous inspirer et apporter du positif dans vos oreilles, peu importe là où vous habitez. Aujourd'hui, c'est un épisode plein de douceur que je vous propose grâce à ma rencontre avec Brune Passigny. J'ai parlé avec elle d'un produit qui peut paraître très banal au premier abord, que l'on utilise sans faire attention à sa composition, le savon. Il nous sert dans ce moment d'intimité qu'est la toilette, qui peut, si on en prend un peu plus conscience, devenir un véritable moment de bien-être et de connexion à soi. Brune est la créatrice de la Manufacture du siècle, une savonnerie artisanale basée à Carpentras qu'elle a ouverte avec sa sœur Isor il y a 7 ans. Pour que le moment de la douche soit des plus agréables, Brune et Isor ont décidé de créer des savons à base de produits naturels, pour la plupart bio, mais surtout produits le plus localement possible. Elles ont, depuis l'interview enregistrée en 2021, aussi sorti des huiles végétales pour le visage, à base de pépins de grenade, je l'ai testé, elle est géniale, ou de noyaux d'abricot, des brumes de lit au senteur gourmande, et ouvert une boutique à Nice. Je laisse Brune vous expliquer ses inspirations, son travail, et sa passion pour les produits de qualité. Bonne écoute !

  • #2

    Je suis Brune Passini, j'ai 36 ans et je suis savonnière, créatrice de la Manufacture du siècle. On a implanté à Carpentras depuis 2016 et on est spécialisé dans la fabrication de savons saponifiés à froid. J'ai une associée qui est ma petite sœur, Isor, et on travaille ensemble depuis le début. Elle aujourd'hui est chargée de la fabrication et moi je suis chargée de la conceptualisation et de la vente des produits. Je suis une autodidacte en fait. J'ai une maîtrise en littérature française et histoire de l'art, que j'ai passée à Nice, puisqu'on est originaire de Nice toutes les deux. Et après mes études en fait, j'ai travaillé dans le domaine des beaux-arts, dans le commerce, j'ai travaillé dans le monde des bijoux, et puis je m'intéressais à la naturopathie, à la nature aux plantes. J'ai fait une école de naturopathie, et de fil en aiguille en fait, un jour je suis tombée sur le blog d'une jeune femme qui faisait des savons à froid. en Normandie. Et en fait, l'idée m'est tombée dessus, mais vraiment du ciel, en fait. Je me suis dit, c'est ça, c'est du savon que je veux faire. Je cherchais à être indépendante depuis toutes ces années. C'est quelque chose qui me tenait au cœur et je ne savais pas vers quoi me diriger. Je savais que je voulais faire quelque chose de mes mains, avec un ancrage local, avec des produits locaux, et je ne savais pas quoi. Et un jour, l'idée est venue, je me suis dit, je vais me lancer dans le savon. Je me suis inscrite à une formation chez une savonnière, ça a duré 2-3 jours, c'était vraiment pour apprendre les bases. Et une fois que j'ai acquis ces bases, j'ai fait un travail d'autodidacte, pendant 2 ans dans ma cuisine, j'ai fait du savon. Ça a été de la théorie que j'ai mis en pratique. J'ai savonné, savonné, savonné. Donc j'ai fait du savon pendant deux ans. Et au bout de deux ans, j'ai conceptualisé ma marque. Et j'ai fini par la créer. À la base, mon projet, c'était de monter sur Paris. Je voulais absolument quitter la côte et monter cette savonnerie sur Paris. Toute seule. Et au dernier moment, ma soeur s'est greffée au projet. Et elle m'a dit, si tu veux, je viens de m'installer dans le Boucluse. Dans la maison familiale de notre arrière-grand-père. Elle venait de quitter son travail. Et donc elle était disponible. Elle m'a dit si tu veux, on peut travailler ensemble. Et donc j'ai saisi cette opportunité, je lui ai appris la savonnerie. C'est comme ça qu'elle a été repulsée chef de la fabrication et moi j'ai pu m'occuper plus tranquillement de tout le reste en fait. C'est un binôme qui nous a permis d'avancer beaucoup plus vite, je pense, que si j'avais été seule. C'est de la haute savonnerie artisanale. J'aime bien, alors t'es à haute couture. Moi je fais de la haute savonnerie, j'essaye en tout cas. En tout cas c'est ce que je vis, c'est ce que j'ai dans mon viseur. C'est ça qui est très excitant je trouve en fait, qui rend ma vie belle. Comment on fait du savon ? C'est très très simple. Je dirais que c'est même encore plus simple que de faire un gâteau. Le savon il faut du gras, des triglycérides, donc ça peut être des huiles, des beurres. Il faut de la soude caustique. Il faut de l'eau. Lorsque tu mélanges ces trois ingrédients, il y a naturellement une réaction qu'opère, qui s'appelle la saponification. Et en fait, la soude va transformer les triglycérides, le gras en fait, en molécules de savon glycériné. Une fois que tu as cette recette de base, tu peux jongler avec toutes les huiles, les laits, les huiles essentielles. Tu peux y agréger en fait tous les ingrédients que tu veux en fonction des particularités que tu veux donner à ton savon. Si tu veux faire un savon exfoliant, tu vas y ajouter des graines de pavot ou de la poudre d'amande. Si tu veux un savon... très crémeux, tu peux y ajouter du lait de chèvre ou du miel. En fait, c'est très créatif, ça se rapproche vraiment de la cuisine, en fait. Et c'est à l'infini. Alors après, évidemment, il y a des choses qu'il faut savoir. Chaque huile a un indice de saponification. Il y a des petits calculs à faire, mais une fois que tu maîtrises ça, en fait, c'est vraiment... un procédé qui est extrêmement créatif. Il faut savoir que le métier de savonnier, en fait, ce n'est pas une profession réglementée, comme coiffeur ou boucher. Il n'y a pas de diplôme qui te reconnaît en étant comme savonnier. En revanche, ce qui est réglementé, c'est la vente. C'est-à-dire qu'à partir du moment où tu veux mettre sur le marché un produit cosmétique, tu es obligé de le déclarer au niveau européen. Et donc, chaque entreprise est référencée et chacune de tes formulations est déclarée au niveau européen. Mais il faut que, là, effectivement, la recette soit validée par un professionnel de santé. Ça peut être un médecin en formation. un toxicologue ou même un vétérinaire, mais il faut qu'une personne qui ait ces compétences reconnaisse que ton produit ne fera pas de mal au consommateur et à partir de là, tu peux le mettre sur le marché. Les parfums du naturel seront naturellement moins forts, beaucoup moins présents. Encore une fois, on est tributeurs de la nature et c'est vrai que comme on est habitués à avoir des gels douche ou même des savons, rose fluo, center bar, ba pa pa, et en revenant au naturel, encore une fois, on peut... On ne peut pas être mis tellement en concurrence parce qu'on propose autre chose. Et aussi parce que comme on utilise des huiles essentielles, on est limité dans l'utilisation des huiles essentielles. On ne peut pas dépasser une certaine dose pour protéger le consommateur. Ça fait partie de la réglementation cosmétique. C'est un savon nettoyant, mais ce qui est intéressant, c'est d'essayer d'apporter autre chose que la dimension un peu prosaïque du nettoyage. C'est d'apporter une expérience sensorielle à travers la texture, c'est-à-dire la mousse, qu'elle soit la plus luxuriante possible. Ce qui est une gageure avec les produits naturels, parce qu'on n'arrivera jamais à atteindre le degré peut-être de mousse ou de sensorialité d'un produit industriel. ...industriel, en fait, puisque naturellement, on travaille absolument sans conservateur, sans agent de texture, agent moussant, ni quoi que ce soit. Mais voilà, à partir du naturel, comment est-ce qu'on peut rendre l'expérience la plus agréable possible ? En même temps, moi, je ne m'estime pas du tout en concurrence avec mes confrères qui font du savon industriel, parce qu'on est vraiment sur une autre expérience, en fait. Moi, je suis sur une expérience qui est presque de la déconsommation. Parce qu'on fait un produit qui est exceptionnel, avec des ingrédients qui sont exceptionnels, on n'est pas dans un esprit de consommation et d'accumulation. C'est quelque chose que perçoivent très bien mes clients. En général, ils viennent chercher un savon qui va leur durer trois semaines, un mois. Ils ne vont pas chercher l'accumulation, ils vont profiter de cette expérience qu'ils ont. Ils consomment moins, mais mieux, et ils apprennent à réapprécier. à reconscientiser ce rituel qui est le lavage. Et je trouve que le savon s'y prête vraiment, parce que quelque part, tu redécouvres ton corps. Je fais souvent une comparaison que je trouve éclairante. Pour moi, le savon, c'est vraiment un paradoxe avec la société contemporaine, qui est un petit peu artificielle. Et je trouve que le savon, c'est une façon de se réancrer dans le physique, parce que c'est quelque chose de solide, contrairement au gel douche. Tu ne sais pas vraiment ce qu'il y a dedans, il te glisse entre les mains, alors tu en remets toujours plus. Tandis que le savon, c'est un autre rapport. On est obligé de le passer sur son corps. Tu le passes sur tes jambes, tu le passes sur tes cuisses, tu le passes sur ton ventre, tu essaies de le passer dans ton dos. Il y a quelque chose de sensoriel dans le savon qui nous ré-ancre, en fait, qui nous oblige à reconscientiser ce rituel, ce rituel de la douche. Le localisme, c'est quelque chose qui est au cœur de notre préoccupation et je ne voulais pas me lancer dans un métier artisanal sans mettre en avant les produits locaux. Ça fait partie aussi de mon schéma créatif. Lorsque je conceptualise un produit, j'essaie de partir de ce que j'ai autour de moi, dans mon environnement immédiat, ce qui est la définition du localisme. Qu'est-ce qu'on a autour de soi ? Comment est-ce qu'on peut agencer les éléments qu'on a autour de soi pour essayer de créer quelque chose ? J'aime bien partir de... Cette base là pour la formulation d'elle-même, je observe ce que j'ai autour de moi. Par exemple, si tu prends notre dernier savon, Santos Ospire, on a travaillé sur l'idée du bleu de l'indigo persiquaire qui est cultivé dans les bouches du Rhône par deux jeunes femmes qui travaillent en agriculture biologique. J'ai trouvé que ce bleu était extraordinaire et je me suis dit, qu'est-ce que je pourrais faire avec ce bleu ? Et autour de cette idée du bleu, je conceptualise, je me dis, tiens, si je vois un savon bleu, quel parfum est-ce que je pourrais lui associer ? Quel emballage je pourrais lui associer, quel univers je pourrais lui associer. Et après, partons de là, ça c'est mon inspiration avec mon passé, ma propre imagerie. Je brode autour de cet ingrédient local qui est mis à ma disposition. Et je me dis, voilà, quel parfum je peux lui associer, je peux associer à ce bleu. Quel univers je peux associer à ce bleu ? Là, je pioche dans ces espèces de réservoirs qui est mon inspiration, qui est constituée de mon imagerie, de tout ce qui est relatif à mon passé, à mes expériences, et à ce qui me plaît, à ce que je projette aussi, à mes rêves et tout ce qui m'inspire. Et je crée un univers autour de ça. J'estime qu'à partir du moment où le client s'approprie le produit, quelque part, je n'ai plus de prise dessus. Et c'est à lui aussi de me raconter ce qu'il ressent, ce qu'il reçoit, ce que le parfum lui inspire. Et c'est des choses qui sont extrêmement personnelles, surtout en ce qui concerne le parfum. J'entends de tout. Et c'est normal, parce que ça éveille chez les gens des certains souvenirs. Chacun a sa madeleine de pouces. Une fois que le client l'a, ou la personne qui l'a acheté, qui a le produit, je décide qu'elle ne m'appartient plus. C'est un échange intéressant, justement. En général, quand des gens rentrent chez nous, Ils perçoivent assez vite notre univers et ça leur fait toujours quelque chose. Ça leur rappelle des choses peut-être parfois un peu désuètes, parce que c'est vrai que nous on a une inspiration qui est volontairement ce que les gens appellent du vintage en fait. Mes premières créations étaient très influencées par l'art déco, l'art nouveau, c'était très orienté début 20ème. Et maintenant j'estime que j'en ai fait un petit peu le sourd, donc je m'oriente vers des choses un peu plus contemporaines, Je suis très influencée par le design et l'esprit des années 80. Je trouve que c'était une époque où il y avait un essor joyeux. C'était aussi les débuts de la grande consommation. Mais il y a un espèce d'élan joyeux avec toutes ces couleurs très vives, cette gaieté. C'est des choses qui me font plaisir et j'ai envie de les impulser dans mon travail. Le packaging, je pense que je n'aurais jamais créé ma marque si je ne pouvais pas Je ne vais pas m'exprimer au travers de ce billet-là. Lorsque je crée un produit, nécessairement, tu as des images qui viennent dans mon esprit. Et j'ai besoin vraiment, pour que l'expérience soit complète, j'ai besoin de lui proposer un habit. J'ai besoin de lui proposer un écran que, lorsque la personne qui l'utilise rentre dans un espèce d'univers, c'est un univers complet. Tu as l'odeur, le son avec la texture, et tu as l'image. Les clients, les gars, moi j'ai des clientes de la première heure qui me disent qu'elles les alignent dans leur salle de bain. Ce qui est sympa, c'est que c'est déclinable à l'infini, parce que par exemple, tu vois, le dernier Santos au Spire, j'ai fait des posters avec, j'ai fait des cartes postales avec, je voudrais faire des maniettes, des stylos, enfin... Cette idée de l'image m'obsède pas mal. On dit il y a le cap des 3 ans, après il y a le cap des 5 ans. Moi je sens vraiment qu'on est en train de dépasser le cap des 5 ans. On va dire que les 4 premières années, elles ont été vraiment très formatrices pour nous. En fait, ça a été une expérience de fou, maintenant que j'y réfléchis. On s'est jeté comme ça sur le marché, on était seul en fait. Il n'y avait personne derrière nous, il n'y avait pas d'investisseurs, il n'y avait pas de businessmen pour nous conseiller. On s'est jeté un peu dans la gueule du loup, pardon la gueule du loup, mais dans l'aventure comme ça, en faisant tout un petit peu à la sauvage. Donc je sens... Moi, ces cinq premières années, elles ont été vraiment formatrices. On a beaucoup appris. D'année en année, on a un chiffre d'affaires qui a évolué gentiment. Évidemment, ce n'est pas des chiffres d'affaires qui sont colossaux, mais qui ont évolué d'année en année. Et je crois que là, cette année, on est vraiment en train de passer un cap. Je nous considère vraiment à présent comme des professionnels. Je me suis toujours sentie assez légitime, mais je dirais que là, je prends vraiment les choses au sérieux. Si jusqu'à présent, je n'aurais peut-être accepté l'idée d'arrêter, si ça... Ça ne se présentait pas bien, mais là je me dis qu'il y a vraiment quelque chose à faire. Il faut vraiment continuer à se battre parce que ça pourrait devenir quelque chose de vraiment intéressant. Tout doucement, on est dans la gamme. Toujours en travaillant à partir des matières premières qui sont autour de nous, on a créé une huile pour le corps, on a créé un baume. Et petit à petit, on s'étend, on va créer d'autres gammes de savon. J'aimerais beaucoup développer le parfum, le parfum naturel, qui est encore un produit relativement de niche en France. Travailler autour de l'aromathérapie, essayer de tirer un maximum, tout ce que je peux, de ces matières-là. C'est aussi pour ça qu'on s'est installé dans le Vaucluse, parce qu'on est le département qui compte le plus d'exploitation agricole. Donc on a tout à portée de main. Pour moi, ça me paraît complètement légitime, normal, de faire travailler ces... les acteurs du monde agricole en fait. Personnellement c'est ce qui m'intéresse et je me sens presque investie d'une mission parce que sachant, moi je parle beaucoup des agriculteurs, c'est une cause qui me touche énormément sachant qu'il y a un agriculteur qui suicide tous les deux jours en France je trouve ça inadmissible de pas les mettre plus en avant que ça en fait et personne n'en parle jamais. J'ai l'impression qu'on est un petit peu, t'as la Provence, t'as l'Aucluse, t'as la France et il y a le reste du monde en fait. Dans un contexte de mondialisation comment est-ce qu'on fait pour faire en sorte que les être pérennisée en fait. Ma soeur Isor, qui est chargée de la fabrication, quand elle va chez les producteurs, elle enfile ses bottes, elle traverse le champ avec les vaches à monteux et elle va chercher les huées comme ça. Elle va chez la chevrière, elle va chez l'apiculteur, c'est à la source, il n'y a pas d'intermédiaire. En tout cas pour les matières premières comme ça. Après évidemment, il y a des matières premières plus exotiques, le beurre de karité, l'huile de coco, ce genre de choses-là, évidemment on passe par un intermédiaire. en bio d'ailleurs, mais voilà dès qu'on peut sourcer localement on le fait. On n'est pas labellisé bio alors ça a été un gros sujet pour nous parce que mes fournisseurs et mon principal fournisseur de colza et de tournesol qui sont les matières que tu retrouves le plus dans nos produits en plus grande quantité, je veux dire le plus gros pourcentage dans nos formulations c'est du colza et du tournesol qui sont locaux, c'est à dire que mon fournisseur il a bédaride donc voilà on peut pas faire mieux je pense Lui, il n'est pas en agriculture biologique. Il est en conversion. Il va l'être bientôt. Mais en tout cas, quand on a commencé il y a 5 ans avec lui, il ne l'était pas. Mais j'estimais que c'était plus important pour moi que ce soit local que bio. J'ai déjà entendu l'inverse. En prospectant chez des distributeurs, j'ai approché une chaîne de magasins bio local. J'ai présenté mon travail. travail il m'a dit oui mais vous avez pas de label bio j'ai dit oui mais c'est monsieur un tel vous voyez il a bélarie il est pas loin vous pouvez y aller allez le voir je le connais et vous et vous même vous pouvez aller le voir et la personne m'a répondu c'est le directeur du magasin il m'a répondu oui mais vous savez le bio c'est plus important que le local alors je me suis dit on a pas la même philosophie parce que le bio qui vient de l'autre bout de la terre personnellement ça m'intéresse pas j'ai rien contre le local et bio y'a pas de soucis mais voilà simplement j'avais ce Je n'ai pas voulu laisser tomber mon fournisseur. Et d'ailleurs, je pense que j'ai bien fait, parce que là, en ce moment, il est en train de se convertir en bio. Donc ça fait que nous aussi, je pense que bientôt, on pourra prétendre à l'obtention d'un label bio, sachant qu'on est déjà lauréat de la mention de Slow Cosmetic. Pour moi, le bio, c'est un contrat de confiance. C'est-à-dire que je n'exige pas qu'il y ait marqué bio sur un produit pour que je sache que ce soit un produit de qualité. J'aime mieux... Il n'y a plus un pas bio à côté de chez moi qu'un bio lointain. Surtout que bio, qu'est-ce que ça veut dire ? Il faut savoir qu'un label bio, c'est payant. C'est des initiatives qui sont privées. Contrairement à l'agriculture, au label bio alimentaire AB Bio, qui dépend du ministère de l'Agriculture en cosmétique, c'est que des initiatives privées. C'est des laboratoires qui ne sont même pas en France et qui coûtent, pour une marque, plusieurs milliers d'euros par an. Je ne vois pas pourquoi j'aurais dû m'acquitter de cette taxe pour prouver que mon travail est de bonne qualité. Mais en général, il suffit de faire de la pédagogie. Et les clients me demandent très rarement si j'ai une mention bio. Parce qu'ils savent très bien, ils connaissent l'apiculteur. Ils savent d'où viennent les matières premières. Donc on ne me pose même pas la question. Je n'ai pas besoin de payer pour qu'on me fasse confiance. Pour l'instant.

  • #0

    TOUM TOUM TOUM

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    On vend dans notre boutique à Carpentras, on vend sur notre site, sur notre boutique en ligne, et on travaille avec les revendeurs de deux façons. On a donc des revendeurs qui achètent nos produits et qui les revendent dans leur structure, mais on a aussi une phase qui devient de plus en plus importante, une partie façonnière, puisque les marques de cosmétiques nous contactent pour qu'on crée des cosmétiques pour leurs marques. On travaille en marque blanche, ou alors pas vraiment en marque blanche, parce qu'on revend. Ce ne sont jamais nos produits, nos formulations, mais vraiment on fait du sur-mesure. En fonction des cahiers d'échange que nous demandent les entreprises, les marques, on va leur créer un produit sur-mesure. On peut retrouver des produits de Carpentras au Géato de Versailles, par exemple. Je voulais un peu sortir du cliché du savon très rustique. Ça, c'est une image qui est très française. Par exemple, les Américains, ils ont vraiment une autre conception du naturel. Ils sont très décomplexés vis-à-vis de ce qu'on appelle l'écoluxe. Je voulais vraiment proposer un produit à la fois qui soit... Donc très sain, naturel, mais aussi sophistiqué. Ça me tenait vraiment à cœur. Et j'essaie de faire un petit peu la jonction entre les deux. Le luxe, ça reste... Moi, ça me fait rêver. Clairement, ils travaillent très étroitement avec l'artisanat. Ils sont très exigeants en termes de matières premières. Il y a un esprit de perfectionnisme qui me séduit pas mal. Après, tu as le luxe qu'on connaît. C'est LVMH, Chanel, Dior et compagnie. Et puis, tu as l'écoluxe avec des petites marques qui n'ont pas du tout de marketing et qui injectent tous leurs bénéfices dans leurs produits, dans le développement. C'est d'abord ça qui m'intéresse. J'ai un modèle de business qui me parle bien, c'est développer une maison comme par exemple... Molinar. Là, on parle un peu de rêve, tu vois, mais j'aime bien les structures comme ça, Molinar, Fragonard, parce que ça reste des entreprises familiales. Alors, si tu vas encore plus haut, Chanel, par exemple. Typiquement, Chanel, ça reste une marque qui est possédée par une famille. Tu vois ? Bon, évidemment, c'est mondialement connu, mais ils ont quand même ce modèle de structure familiale très implanté en France, avec la culture pour les parfums du côté de Grasse et tout ça. Ils ont gardé une identité très française. Je suis assez adulte par ça, en fait. Ce qui me plaît chez Moënard, c'est cet ancrage dans leur terroir. Même à la limite un peu, comment dire, anti-jacobin. C'est-à-dire que tout ne passe pas par Paris, en fait. Moi, je suis très ancrée dans le sud. Je voudrais vraiment ancrer ma marque à travers une identité très méditerranéenne. Et pourtant, je voulais aller à Paris, parce que j'adore cette ville. Parce que je m'étais dit à l'époque, oui, c'est là qu'il faut développer. Mais bien sûr, si demain je peux ouvrir un magasin à Paris, je le ferai. Mais bien sûr. Mais je veux qu'on reste une marque ancrée dans le sud. Paris, ça a peut-être un côté un petit peu encore impersonnel. Et je voulais vraiment qu'on garde notre identité profonde ancrée en PACA. Quand je repense aux années qui sont passées, je me dis mais qu'est-ce qui m'a pris en fait ? Je réalise en fait à quel point c'était de la folie de se lancer là-dedans, que c'est pas une aventure qui peut convaincre à tout le monde, mais que si on a le discernement pour faire les bons choix et pour s'adapter, je pense qu'on peut, c'est une conviction intime, je pense qu'on peut faire tout ce qu'on veut en fait. Il n'y a jamais de moment parfait, il n'y a jamais d'âge parfait, il n'y a jamais de contexte parfait. Tu vois, il y a une pandémie, il y a des grèves, il y a toujours quelque chose. Le contexte n'est jamais parfait, mais je pense, il faudrait demander à quelqu'un qui a beaucoup plus d'expérience que moi, quelqu'un qui est plus chevronné que moi, mais je pense qu'à partir du moment où on arrive à s'adapter, qu'on est flexible, on peut traverser n'importe quoi en fait. Bon, il y a une bombe d'atomie qui nous tombe dessus demain, mais... On ne pourra pas faire grand-chose, mais il faut accepter aussi parfois de faire un peu des compromis, pas trop, parce qu'à trop se disperser, je pense que c'est une erreur que font beaucoup de jeunes entrepreneurs. Mais moi, je me sens relativement bien. J'ai l'impression que les choses sérieuses commencent maintenant. Jusque là, les cinq premières années, c'était un entraînement. Maintenant, je peux commencer à dire, voilà qui on est et voilà ce qu'on propose. Je pense que les choses sérieuses commencent maintenant. J'aimerais bien qu'il y ait d'autres personnes qui viennent se greffer à notre aventure. J'espère que ce sera le cas pour les années qui arrivent très prochainement, puisque on a pour projet de s'agrandir, toujours dans le coin, mais avoir une structure, un lieu de fabrication plus important, et puis on peut avoir... Voilà, des boutiques un petit peu partout. Je sais que ça peut ne pas arriver demain, mais je garde ça dans mon viseur, en fait. Mon inspiration du moment, là, en ce moment, clairement, pour moi, c'est les années 80. 80, L'essor qu'il y a eu dans ces années-là, qui est lié, évidemment... à la mondialisation, à l'hyperconsommation. Mais une espèce de soif de vivre, une envie de vivre, un dynamisme qui me fait plaisir. C'était drôle, c'était très insouciant. Mais c'était insouciant parce qu'après, c'était avant les périodes un peu difficiles avec la naissance du sida et compagnie. Mais c'était très insouciant. Et j'aime bien cet état d'esprit. C'est un état d'esprit qu'il n'y a pas du tout en ce moment. En ce moment, c'est l'opposé justement. Il y a une espèce de chape de plomb qui... qui pèse un peu sur nos morales à tous, qui est un petit peu lourde. Et ce vitalisme des années 80, moi, me fait du bien, en fait, quand j'y pense. Je regarde beaucoup de films sur mon téléphone. J'ai que des images de la publicité des années 80, en fait. Avec les meufs qui ont des maillots en lycra, le fluo, tout ça. Je me nourris beaucoup de ça en ce moment, ouais. Le savon reste quelque chose, reste un cadeau à la fois intime et utile. On offre un savon à quelqu'un parce qu'on est sensible à l'odeur de ce savon, il nous rappelle des choses, on veut. Partager l'expérience qu'on ressent, on peut partager avec une personne qui nous est chère, en offrant ce cadeau. Et en même temps, si la personne ne ressent pas ce que moi je ressens, ce sera toujours un cadeau utile. C'est jamais perdu. Le savon n'est jamais perdu. C'est tellement basique, c'est quelque chose qui a été quasiment toujours présent dans la vie des hommes, dans toutes les civilisations. Pour découvrir notre univers, le plus simple c'est de nous suivre sur les réseaux. On est sur Facebook, sur Instagram. Il y a le site internet www.lamanufactureduciecle.fr Et puis sinon, vous pouvez venir nous voir à Carpentras, dans la boutique. Moi, j'aime beaucoup discuter avec les gens, ils auraient aussi. Donc dès qu'on peut, on fait monter par petits groupes. Ça ne peut pas être énorme, mais voilà, par petits groupes, quand l'occasion se présente, on fait monter nos visiteurs dans le labo pour qu'ils voient un petit peu comment on travaille. Et voilà, sinon, on peut toujours me joindre par téléphone. Moi, j'aime bien discuter, répondre aux mails. On reçoit souvent des mails de personnes qui sont loin, qui aiment bien discuter. On leur propose quelque chose d'intime, en fait. Et du coup, je pense qu'il y a un espèce de lien de proximité qui se lie avec nous. Je reçois des messages comme ça, du coup, je discute avec eux. C'est sûr que c'est hyper gratifiant quand tu as des gens qui sont loin de toi et qui apprécient ton travail, qui le reconnaissent à sa juste valeur. C'est très gratifiant. Tu te dis, voilà, j'ai peut-être un peu réussi ma mission.

  • #1

    Voilà, cet épisode est terminé. J'espère que ce moment de douceur vous aura plu. Et si c'est le cas, prenez quelques minutes pour partager votre ressenti en mettant 5 étoiles sur Apple Podcasts ou Podcast Addict ou en commentant mes posts sur mes réseaux sociaux. Ça m'encourage à continuer et ça donne également un coup de boost à mes invités car ce n'est pas si facile que cela de se mettre face à un micro pour raconter son histoire. D'ici là, je vous dis à une prochaine, je l'espère, Luette, évidemment !

  • #0

    J'espère l'ouette. J'espère l'ouette. J'espère l'ouette.

Description

La Manufacture du siècle, transformer un produit ordinaire en expérience extraordinaire


En 2021, pour la 30 ème rencontre d'Esperluette, j'ai eu envie de douceur. Pour cela je vous propose d'écouter ma rencontre avec une créatrice d'expérience sensorielle, Brune Passini et sa marque La Manufacture du siècle. C'est une savonnerie artisanale basée à Carpentras qu’elle a ouverte avec sa sœur Isaure en 2016.

Nous allons parler d'un produit qui peut paraître très banal au premier abord, que l'on utilise sans faire attention à sa composition : le savon. Il nous sert dans ce moment d’intimité qu’est la toilette, qui peut, si on en prend un peu plus conscience, devenir un véritable moment de bien-être et de connexion à soi. 

Pour que le moment de la douche soit des plus agréables, Brune et Isaure ont décidé de créer des savons précieux à base de produits naturels, pour la plupart bio mais surtout produits le plus localement possible. 

Brune va vous expliquer tout ça ici.


Bonne écoute ! 


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Cet épisode d'Esperluette a été pensé, enregistré (novembre 2021) et produite par Marie-Cécile Drécourt.

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    Sous-titrage ST'501

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    Bonjour à toutes et à tous. Cette semaine, pas de nouvel épisode. Mais comme vous êtes beaucoup à avoir découvert le podcast récemment et qu'il y en a déjà plus de 200, entre deux montages de nouveautés, je vais rediffuser les anciens épisodes pour vous donner l'occasion de les écouter ou de les réécouter. Si vous découvrez Esperluette aujourd'hui, petit rappel. Esperluette, c'est le podcast qui va vous faire écouter le Vaucluse. Mais pas besoin d'être Vauclusien ou Vauclusienne pour vous abonner, chacune de mes interviews peut vous inspirer et apporter du positif dans vos oreilles, peu importe là où vous habitez. Aujourd'hui, c'est un épisode plein de douceur que je vous propose grâce à ma rencontre avec Brune Passigny. J'ai parlé avec elle d'un produit qui peut paraître très banal au premier abord, que l'on utilise sans faire attention à sa composition, le savon. Il nous sert dans ce moment d'intimité qu'est la toilette, qui peut, si on en prend un peu plus conscience, devenir un véritable moment de bien-être et de connexion à soi. Brune est la créatrice de la Manufacture du siècle, une savonnerie artisanale basée à Carpentras qu'elle a ouverte avec sa sœur Isor il y a 7 ans. Pour que le moment de la douche soit des plus agréables, Brune et Isor ont décidé de créer des savons à base de produits naturels, pour la plupart bio, mais surtout produits le plus localement possible. Elles ont, depuis l'interview enregistrée en 2021, aussi sorti des huiles végétales pour le visage, à base de pépins de grenade, je l'ai testé, elle est géniale, ou de noyaux d'abricot, des brumes de lit au senteur gourmande, et ouvert une boutique à Nice. Je laisse Brune vous expliquer ses inspirations, son travail, et sa passion pour les produits de qualité. Bonne écoute !

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    Je suis Brune Passini, j'ai 36 ans et je suis savonnière, créatrice de la Manufacture du siècle. On a implanté à Carpentras depuis 2016 et on est spécialisé dans la fabrication de savons saponifiés à froid. J'ai une associée qui est ma petite sœur, Isor, et on travaille ensemble depuis le début. Elle aujourd'hui est chargée de la fabrication et moi je suis chargée de la conceptualisation et de la vente des produits. Je suis une autodidacte en fait. J'ai une maîtrise en littérature française et histoire de l'art, que j'ai passée à Nice, puisqu'on est originaire de Nice toutes les deux. Et après mes études en fait, j'ai travaillé dans le domaine des beaux-arts, dans le commerce, j'ai travaillé dans le monde des bijoux, et puis je m'intéressais à la naturopathie, à la nature aux plantes. J'ai fait une école de naturopathie, et de fil en aiguille en fait, un jour je suis tombée sur le blog d'une jeune femme qui faisait des savons à froid. en Normandie. Et en fait, l'idée m'est tombée dessus, mais vraiment du ciel, en fait. Je me suis dit, c'est ça, c'est du savon que je veux faire. Je cherchais à être indépendante depuis toutes ces années. C'est quelque chose qui me tenait au cœur et je ne savais pas vers quoi me diriger. Je savais que je voulais faire quelque chose de mes mains, avec un ancrage local, avec des produits locaux, et je ne savais pas quoi. Et un jour, l'idée est venue, je me suis dit, je vais me lancer dans le savon. Je me suis inscrite à une formation chez une savonnière, ça a duré 2-3 jours, c'était vraiment pour apprendre les bases. Et une fois que j'ai acquis ces bases, j'ai fait un travail d'autodidacte, pendant 2 ans dans ma cuisine, j'ai fait du savon. Ça a été de la théorie que j'ai mis en pratique. J'ai savonné, savonné, savonné. Donc j'ai fait du savon pendant deux ans. Et au bout de deux ans, j'ai conceptualisé ma marque. Et j'ai fini par la créer. À la base, mon projet, c'était de monter sur Paris. Je voulais absolument quitter la côte et monter cette savonnerie sur Paris. Toute seule. Et au dernier moment, ma soeur s'est greffée au projet. Et elle m'a dit, si tu veux, je viens de m'installer dans le Boucluse. Dans la maison familiale de notre arrière-grand-père. Elle venait de quitter son travail. Et donc elle était disponible. Elle m'a dit si tu veux, on peut travailler ensemble. Et donc j'ai saisi cette opportunité, je lui ai appris la savonnerie. C'est comme ça qu'elle a été repulsée chef de la fabrication et moi j'ai pu m'occuper plus tranquillement de tout le reste en fait. C'est un binôme qui nous a permis d'avancer beaucoup plus vite, je pense, que si j'avais été seule. C'est de la haute savonnerie artisanale. J'aime bien, alors t'es à haute couture. Moi je fais de la haute savonnerie, j'essaye en tout cas. En tout cas c'est ce que je vis, c'est ce que j'ai dans mon viseur. C'est ça qui est très excitant je trouve en fait, qui rend ma vie belle. Comment on fait du savon ? C'est très très simple. Je dirais que c'est même encore plus simple que de faire un gâteau. Le savon il faut du gras, des triglycérides, donc ça peut être des huiles, des beurres. Il faut de la soude caustique. Il faut de l'eau. Lorsque tu mélanges ces trois ingrédients, il y a naturellement une réaction qu'opère, qui s'appelle la saponification. Et en fait, la soude va transformer les triglycérides, le gras en fait, en molécules de savon glycériné. Une fois que tu as cette recette de base, tu peux jongler avec toutes les huiles, les laits, les huiles essentielles. Tu peux y agréger en fait tous les ingrédients que tu veux en fonction des particularités que tu veux donner à ton savon. Si tu veux faire un savon exfoliant, tu vas y ajouter des graines de pavot ou de la poudre d'amande. Si tu veux un savon... très crémeux, tu peux y ajouter du lait de chèvre ou du miel. En fait, c'est très créatif, ça se rapproche vraiment de la cuisine, en fait. Et c'est à l'infini. Alors après, évidemment, il y a des choses qu'il faut savoir. Chaque huile a un indice de saponification. Il y a des petits calculs à faire, mais une fois que tu maîtrises ça, en fait, c'est vraiment... un procédé qui est extrêmement créatif. Il faut savoir que le métier de savonnier, en fait, ce n'est pas une profession réglementée, comme coiffeur ou boucher. Il n'y a pas de diplôme qui te reconnaît en étant comme savonnier. En revanche, ce qui est réglementé, c'est la vente. C'est-à-dire qu'à partir du moment où tu veux mettre sur le marché un produit cosmétique, tu es obligé de le déclarer au niveau européen. Et donc, chaque entreprise est référencée et chacune de tes formulations est déclarée au niveau européen. Mais il faut que, là, effectivement, la recette soit validée par un professionnel de santé. Ça peut être un médecin en formation. un toxicologue ou même un vétérinaire, mais il faut qu'une personne qui ait ces compétences reconnaisse que ton produit ne fera pas de mal au consommateur et à partir de là, tu peux le mettre sur le marché. Les parfums du naturel seront naturellement moins forts, beaucoup moins présents. Encore une fois, on est tributeurs de la nature et c'est vrai que comme on est habitués à avoir des gels douche ou même des savons, rose fluo, center bar, ba pa pa, et en revenant au naturel, encore une fois, on peut... On ne peut pas être mis tellement en concurrence parce qu'on propose autre chose. Et aussi parce que comme on utilise des huiles essentielles, on est limité dans l'utilisation des huiles essentielles. On ne peut pas dépasser une certaine dose pour protéger le consommateur. Ça fait partie de la réglementation cosmétique. C'est un savon nettoyant, mais ce qui est intéressant, c'est d'essayer d'apporter autre chose que la dimension un peu prosaïque du nettoyage. C'est d'apporter une expérience sensorielle à travers la texture, c'est-à-dire la mousse, qu'elle soit la plus luxuriante possible. Ce qui est une gageure avec les produits naturels, parce qu'on n'arrivera jamais à atteindre le degré peut-être de mousse ou de sensorialité d'un produit industriel. ...industriel, en fait, puisque naturellement, on travaille absolument sans conservateur, sans agent de texture, agent moussant, ni quoi que ce soit. Mais voilà, à partir du naturel, comment est-ce qu'on peut rendre l'expérience la plus agréable possible ? En même temps, moi, je ne m'estime pas du tout en concurrence avec mes confrères qui font du savon industriel, parce qu'on est vraiment sur une autre expérience, en fait. Moi, je suis sur une expérience qui est presque de la déconsommation. Parce qu'on fait un produit qui est exceptionnel, avec des ingrédients qui sont exceptionnels, on n'est pas dans un esprit de consommation et d'accumulation. C'est quelque chose que perçoivent très bien mes clients. En général, ils viennent chercher un savon qui va leur durer trois semaines, un mois. Ils ne vont pas chercher l'accumulation, ils vont profiter de cette expérience qu'ils ont. Ils consomment moins, mais mieux, et ils apprennent à réapprécier. à reconscientiser ce rituel qui est le lavage. Et je trouve que le savon s'y prête vraiment, parce que quelque part, tu redécouvres ton corps. Je fais souvent une comparaison que je trouve éclairante. Pour moi, le savon, c'est vraiment un paradoxe avec la société contemporaine, qui est un petit peu artificielle. Et je trouve que le savon, c'est une façon de se réancrer dans le physique, parce que c'est quelque chose de solide, contrairement au gel douche. Tu ne sais pas vraiment ce qu'il y a dedans, il te glisse entre les mains, alors tu en remets toujours plus. Tandis que le savon, c'est un autre rapport. On est obligé de le passer sur son corps. Tu le passes sur tes jambes, tu le passes sur tes cuisses, tu le passes sur ton ventre, tu essaies de le passer dans ton dos. Il y a quelque chose de sensoriel dans le savon qui nous ré-ancre, en fait, qui nous oblige à reconscientiser ce rituel, ce rituel de la douche. Le localisme, c'est quelque chose qui est au cœur de notre préoccupation et je ne voulais pas me lancer dans un métier artisanal sans mettre en avant les produits locaux. Ça fait partie aussi de mon schéma créatif. Lorsque je conceptualise un produit, j'essaie de partir de ce que j'ai autour de moi, dans mon environnement immédiat, ce qui est la définition du localisme. Qu'est-ce qu'on a autour de soi ? Comment est-ce qu'on peut agencer les éléments qu'on a autour de soi pour essayer de créer quelque chose ? J'aime bien partir de... Cette base là pour la formulation d'elle-même, je observe ce que j'ai autour de moi. Par exemple, si tu prends notre dernier savon, Santos Ospire, on a travaillé sur l'idée du bleu de l'indigo persiquaire qui est cultivé dans les bouches du Rhône par deux jeunes femmes qui travaillent en agriculture biologique. J'ai trouvé que ce bleu était extraordinaire et je me suis dit, qu'est-ce que je pourrais faire avec ce bleu ? Et autour de cette idée du bleu, je conceptualise, je me dis, tiens, si je vois un savon bleu, quel parfum est-ce que je pourrais lui associer ? Quel emballage je pourrais lui associer, quel univers je pourrais lui associer. Et après, partons de là, ça c'est mon inspiration avec mon passé, ma propre imagerie. Je brode autour de cet ingrédient local qui est mis à ma disposition. Et je me dis, voilà, quel parfum je peux lui associer, je peux associer à ce bleu. Quel univers je peux associer à ce bleu ? Là, je pioche dans ces espèces de réservoirs qui est mon inspiration, qui est constituée de mon imagerie, de tout ce qui est relatif à mon passé, à mes expériences, et à ce qui me plaît, à ce que je projette aussi, à mes rêves et tout ce qui m'inspire. Et je crée un univers autour de ça. J'estime qu'à partir du moment où le client s'approprie le produit, quelque part, je n'ai plus de prise dessus. Et c'est à lui aussi de me raconter ce qu'il ressent, ce qu'il reçoit, ce que le parfum lui inspire. Et c'est des choses qui sont extrêmement personnelles, surtout en ce qui concerne le parfum. J'entends de tout. Et c'est normal, parce que ça éveille chez les gens des certains souvenirs. Chacun a sa madeleine de pouces. Une fois que le client l'a, ou la personne qui l'a acheté, qui a le produit, je décide qu'elle ne m'appartient plus. C'est un échange intéressant, justement. En général, quand des gens rentrent chez nous, Ils perçoivent assez vite notre univers et ça leur fait toujours quelque chose. Ça leur rappelle des choses peut-être parfois un peu désuètes, parce que c'est vrai que nous on a une inspiration qui est volontairement ce que les gens appellent du vintage en fait. Mes premières créations étaient très influencées par l'art déco, l'art nouveau, c'était très orienté début 20ème. Et maintenant j'estime que j'en ai fait un petit peu le sourd, donc je m'oriente vers des choses un peu plus contemporaines, Je suis très influencée par le design et l'esprit des années 80. Je trouve que c'était une époque où il y avait un essor joyeux. C'était aussi les débuts de la grande consommation. Mais il y a un espèce d'élan joyeux avec toutes ces couleurs très vives, cette gaieté. C'est des choses qui me font plaisir et j'ai envie de les impulser dans mon travail. Le packaging, je pense que je n'aurais jamais créé ma marque si je ne pouvais pas Je ne vais pas m'exprimer au travers de ce billet-là. Lorsque je crée un produit, nécessairement, tu as des images qui viennent dans mon esprit. Et j'ai besoin vraiment, pour que l'expérience soit complète, j'ai besoin de lui proposer un habit. J'ai besoin de lui proposer un écran que, lorsque la personne qui l'utilise rentre dans un espèce d'univers, c'est un univers complet. Tu as l'odeur, le son avec la texture, et tu as l'image. Les clients, les gars, moi j'ai des clientes de la première heure qui me disent qu'elles les alignent dans leur salle de bain. Ce qui est sympa, c'est que c'est déclinable à l'infini, parce que par exemple, tu vois, le dernier Santos au Spire, j'ai fait des posters avec, j'ai fait des cartes postales avec, je voudrais faire des maniettes, des stylos, enfin... Cette idée de l'image m'obsède pas mal. On dit il y a le cap des 3 ans, après il y a le cap des 5 ans. Moi je sens vraiment qu'on est en train de dépasser le cap des 5 ans. On va dire que les 4 premières années, elles ont été vraiment très formatrices pour nous. En fait, ça a été une expérience de fou, maintenant que j'y réfléchis. On s'est jeté comme ça sur le marché, on était seul en fait. Il n'y avait personne derrière nous, il n'y avait pas d'investisseurs, il n'y avait pas de businessmen pour nous conseiller. On s'est jeté un peu dans la gueule du loup, pardon la gueule du loup, mais dans l'aventure comme ça, en faisant tout un petit peu à la sauvage. Donc je sens... Moi, ces cinq premières années, elles ont été vraiment formatrices. On a beaucoup appris. D'année en année, on a un chiffre d'affaires qui a évolué gentiment. Évidemment, ce n'est pas des chiffres d'affaires qui sont colossaux, mais qui ont évolué d'année en année. Et je crois que là, cette année, on est vraiment en train de passer un cap. Je nous considère vraiment à présent comme des professionnels. Je me suis toujours sentie assez légitime, mais je dirais que là, je prends vraiment les choses au sérieux. Si jusqu'à présent, je n'aurais peut-être accepté l'idée d'arrêter, si ça... Ça ne se présentait pas bien, mais là je me dis qu'il y a vraiment quelque chose à faire. Il faut vraiment continuer à se battre parce que ça pourrait devenir quelque chose de vraiment intéressant. Tout doucement, on est dans la gamme. Toujours en travaillant à partir des matières premières qui sont autour de nous, on a créé une huile pour le corps, on a créé un baume. Et petit à petit, on s'étend, on va créer d'autres gammes de savon. J'aimerais beaucoup développer le parfum, le parfum naturel, qui est encore un produit relativement de niche en France. Travailler autour de l'aromathérapie, essayer de tirer un maximum, tout ce que je peux, de ces matières-là. C'est aussi pour ça qu'on s'est installé dans le Vaucluse, parce qu'on est le département qui compte le plus d'exploitation agricole. Donc on a tout à portée de main. Pour moi, ça me paraît complètement légitime, normal, de faire travailler ces... les acteurs du monde agricole en fait. Personnellement c'est ce qui m'intéresse et je me sens presque investie d'une mission parce que sachant, moi je parle beaucoup des agriculteurs, c'est une cause qui me touche énormément sachant qu'il y a un agriculteur qui suicide tous les deux jours en France je trouve ça inadmissible de pas les mettre plus en avant que ça en fait et personne n'en parle jamais. J'ai l'impression qu'on est un petit peu, t'as la Provence, t'as l'Aucluse, t'as la France et il y a le reste du monde en fait. Dans un contexte de mondialisation comment est-ce qu'on fait pour faire en sorte que les être pérennisée en fait. Ma soeur Isor, qui est chargée de la fabrication, quand elle va chez les producteurs, elle enfile ses bottes, elle traverse le champ avec les vaches à monteux et elle va chercher les huées comme ça. Elle va chez la chevrière, elle va chez l'apiculteur, c'est à la source, il n'y a pas d'intermédiaire. En tout cas pour les matières premières comme ça. Après évidemment, il y a des matières premières plus exotiques, le beurre de karité, l'huile de coco, ce genre de choses-là, évidemment on passe par un intermédiaire. en bio d'ailleurs, mais voilà dès qu'on peut sourcer localement on le fait. On n'est pas labellisé bio alors ça a été un gros sujet pour nous parce que mes fournisseurs et mon principal fournisseur de colza et de tournesol qui sont les matières que tu retrouves le plus dans nos produits en plus grande quantité, je veux dire le plus gros pourcentage dans nos formulations c'est du colza et du tournesol qui sont locaux, c'est à dire que mon fournisseur il a bédaride donc voilà on peut pas faire mieux je pense Lui, il n'est pas en agriculture biologique. Il est en conversion. Il va l'être bientôt. Mais en tout cas, quand on a commencé il y a 5 ans avec lui, il ne l'était pas. Mais j'estimais que c'était plus important pour moi que ce soit local que bio. J'ai déjà entendu l'inverse. En prospectant chez des distributeurs, j'ai approché une chaîne de magasins bio local. J'ai présenté mon travail. travail il m'a dit oui mais vous avez pas de label bio j'ai dit oui mais c'est monsieur un tel vous voyez il a bélarie il est pas loin vous pouvez y aller allez le voir je le connais et vous et vous même vous pouvez aller le voir et la personne m'a répondu c'est le directeur du magasin il m'a répondu oui mais vous savez le bio c'est plus important que le local alors je me suis dit on a pas la même philosophie parce que le bio qui vient de l'autre bout de la terre personnellement ça m'intéresse pas j'ai rien contre le local et bio y'a pas de soucis mais voilà simplement j'avais ce Je n'ai pas voulu laisser tomber mon fournisseur. Et d'ailleurs, je pense que j'ai bien fait, parce que là, en ce moment, il est en train de se convertir en bio. Donc ça fait que nous aussi, je pense que bientôt, on pourra prétendre à l'obtention d'un label bio, sachant qu'on est déjà lauréat de la mention de Slow Cosmetic. Pour moi, le bio, c'est un contrat de confiance. C'est-à-dire que je n'exige pas qu'il y ait marqué bio sur un produit pour que je sache que ce soit un produit de qualité. J'aime mieux... Il n'y a plus un pas bio à côté de chez moi qu'un bio lointain. Surtout que bio, qu'est-ce que ça veut dire ? Il faut savoir qu'un label bio, c'est payant. C'est des initiatives qui sont privées. Contrairement à l'agriculture, au label bio alimentaire AB Bio, qui dépend du ministère de l'Agriculture en cosmétique, c'est que des initiatives privées. C'est des laboratoires qui ne sont même pas en France et qui coûtent, pour une marque, plusieurs milliers d'euros par an. Je ne vois pas pourquoi j'aurais dû m'acquitter de cette taxe pour prouver que mon travail est de bonne qualité. Mais en général, il suffit de faire de la pédagogie. Et les clients me demandent très rarement si j'ai une mention bio. Parce qu'ils savent très bien, ils connaissent l'apiculteur. Ils savent d'où viennent les matières premières. Donc on ne me pose même pas la question. Je n'ai pas besoin de payer pour qu'on me fasse confiance. Pour l'instant.

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    TOUM TOUM TOUM

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    On vend dans notre boutique à Carpentras, on vend sur notre site, sur notre boutique en ligne, et on travaille avec les revendeurs de deux façons. On a donc des revendeurs qui achètent nos produits et qui les revendent dans leur structure, mais on a aussi une phase qui devient de plus en plus importante, une partie façonnière, puisque les marques de cosmétiques nous contactent pour qu'on crée des cosmétiques pour leurs marques. On travaille en marque blanche, ou alors pas vraiment en marque blanche, parce qu'on revend. Ce ne sont jamais nos produits, nos formulations, mais vraiment on fait du sur-mesure. En fonction des cahiers d'échange que nous demandent les entreprises, les marques, on va leur créer un produit sur-mesure. On peut retrouver des produits de Carpentras au Géato de Versailles, par exemple. Je voulais un peu sortir du cliché du savon très rustique. Ça, c'est une image qui est très française. Par exemple, les Américains, ils ont vraiment une autre conception du naturel. Ils sont très décomplexés vis-à-vis de ce qu'on appelle l'écoluxe. Je voulais vraiment proposer un produit à la fois qui soit... Donc très sain, naturel, mais aussi sophistiqué. Ça me tenait vraiment à cœur. Et j'essaie de faire un petit peu la jonction entre les deux. Le luxe, ça reste... Moi, ça me fait rêver. Clairement, ils travaillent très étroitement avec l'artisanat. Ils sont très exigeants en termes de matières premières. Il y a un esprit de perfectionnisme qui me séduit pas mal. Après, tu as le luxe qu'on connaît. C'est LVMH, Chanel, Dior et compagnie. Et puis, tu as l'écoluxe avec des petites marques qui n'ont pas du tout de marketing et qui injectent tous leurs bénéfices dans leurs produits, dans le développement. C'est d'abord ça qui m'intéresse. J'ai un modèle de business qui me parle bien, c'est développer une maison comme par exemple... Molinar. Là, on parle un peu de rêve, tu vois, mais j'aime bien les structures comme ça, Molinar, Fragonard, parce que ça reste des entreprises familiales. Alors, si tu vas encore plus haut, Chanel, par exemple. Typiquement, Chanel, ça reste une marque qui est possédée par une famille. Tu vois ? Bon, évidemment, c'est mondialement connu, mais ils ont quand même ce modèle de structure familiale très implanté en France, avec la culture pour les parfums du côté de Grasse et tout ça. Ils ont gardé une identité très française. Je suis assez adulte par ça, en fait. Ce qui me plaît chez Moënard, c'est cet ancrage dans leur terroir. Même à la limite un peu, comment dire, anti-jacobin. C'est-à-dire que tout ne passe pas par Paris, en fait. Moi, je suis très ancrée dans le sud. Je voudrais vraiment ancrer ma marque à travers une identité très méditerranéenne. Et pourtant, je voulais aller à Paris, parce que j'adore cette ville. Parce que je m'étais dit à l'époque, oui, c'est là qu'il faut développer. Mais bien sûr, si demain je peux ouvrir un magasin à Paris, je le ferai. Mais bien sûr. Mais je veux qu'on reste une marque ancrée dans le sud. Paris, ça a peut-être un côté un petit peu encore impersonnel. Et je voulais vraiment qu'on garde notre identité profonde ancrée en PACA. Quand je repense aux années qui sont passées, je me dis mais qu'est-ce qui m'a pris en fait ? Je réalise en fait à quel point c'était de la folie de se lancer là-dedans, que c'est pas une aventure qui peut convaincre à tout le monde, mais que si on a le discernement pour faire les bons choix et pour s'adapter, je pense qu'on peut, c'est une conviction intime, je pense qu'on peut faire tout ce qu'on veut en fait. Il n'y a jamais de moment parfait, il n'y a jamais d'âge parfait, il n'y a jamais de contexte parfait. Tu vois, il y a une pandémie, il y a des grèves, il y a toujours quelque chose. Le contexte n'est jamais parfait, mais je pense, il faudrait demander à quelqu'un qui a beaucoup plus d'expérience que moi, quelqu'un qui est plus chevronné que moi, mais je pense qu'à partir du moment où on arrive à s'adapter, qu'on est flexible, on peut traverser n'importe quoi en fait. Bon, il y a une bombe d'atomie qui nous tombe dessus demain, mais... On ne pourra pas faire grand-chose, mais il faut accepter aussi parfois de faire un peu des compromis, pas trop, parce qu'à trop se disperser, je pense que c'est une erreur que font beaucoup de jeunes entrepreneurs. Mais moi, je me sens relativement bien. J'ai l'impression que les choses sérieuses commencent maintenant. Jusque là, les cinq premières années, c'était un entraînement. Maintenant, je peux commencer à dire, voilà qui on est et voilà ce qu'on propose. Je pense que les choses sérieuses commencent maintenant. J'aimerais bien qu'il y ait d'autres personnes qui viennent se greffer à notre aventure. J'espère que ce sera le cas pour les années qui arrivent très prochainement, puisque on a pour projet de s'agrandir, toujours dans le coin, mais avoir une structure, un lieu de fabrication plus important, et puis on peut avoir... Voilà, des boutiques un petit peu partout. Je sais que ça peut ne pas arriver demain, mais je garde ça dans mon viseur, en fait. Mon inspiration du moment, là, en ce moment, clairement, pour moi, c'est les années 80. 80, L'essor qu'il y a eu dans ces années-là, qui est lié, évidemment... à la mondialisation, à l'hyperconsommation. Mais une espèce de soif de vivre, une envie de vivre, un dynamisme qui me fait plaisir. C'était drôle, c'était très insouciant. Mais c'était insouciant parce qu'après, c'était avant les périodes un peu difficiles avec la naissance du sida et compagnie. Mais c'était très insouciant. Et j'aime bien cet état d'esprit. C'est un état d'esprit qu'il n'y a pas du tout en ce moment. En ce moment, c'est l'opposé justement. Il y a une espèce de chape de plomb qui... qui pèse un peu sur nos morales à tous, qui est un petit peu lourde. Et ce vitalisme des années 80, moi, me fait du bien, en fait, quand j'y pense. Je regarde beaucoup de films sur mon téléphone. J'ai que des images de la publicité des années 80, en fait. Avec les meufs qui ont des maillots en lycra, le fluo, tout ça. Je me nourris beaucoup de ça en ce moment, ouais. Le savon reste quelque chose, reste un cadeau à la fois intime et utile. On offre un savon à quelqu'un parce qu'on est sensible à l'odeur de ce savon, il nous rappelle des choses, on veut. Partager l'expérience qu'on ressent, on peut partager avec une personne qui nous est chère, en offrant ce cadeau. Et en même temps, si la personne ne ressent pas ce que moi je ressens, ce sera toujours un cadeau utile. C'est jamais perdu. Le savon n'est jamais perdu. C'est tellement basique, c'est quelque chose qui a été quasiment toujours présent dans la vie des hommes, dans toutes les civilisations. Pour découvrir notre univers, le plus simple c'est de nous suivre sur les réseaux. On est sur Facebook, sur Instagram. Il y a le site internet www.lamanufactureduciecle.fr Et puis sinon, vous pouvez venir nous voir à Carpentras, dans la boutique. Moi, j'aime beaucoup discuter avec les gens, ils auraient aussi. Donc dès qu'on peut, on fait monter par petits groupes. Ça ne peut pas être énorme, mais voilà, par petits groupes, quand l'occasion se présente, on fait monter nos visiteurs dans le labo pour qu'ils voient un petit peu comment on travaille. Et voilà, sinon, on peut toujours me joindre par téléphone. Moi, j'aime bien discuter, répondre aux mails. On reçoit souvent des mails de personnes qui sont loin, qui aiment bien discuter. On leur propose quelque chose d'intime, en fait. Et du coup, je pense qu'il y a un espèce de lien de proximité qui se lie avec nous. Je reçois des messages comme ça, du coup, je discute avec eux. C'est sûr que c'est hyper gratifiant quand tu as des gens qui sont loin de toi et qui apprécient ton travail, qui le reconnaissent à sa juste valeur. C'est très gratifiant. Tu te dis, voilà, j'ai peut-être un peu réussi ma mission.

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    Voilà, cet épisode est terminé. J'espère que ce moment de douceur vous aura plu. Et si c'est le cas, prenez quelques minutes pour partager votre ressenti en mettant 5 étoiles sur Apple Podcasts ou Podcast Addict ou en commentant mes posts sur mes réseaux sociaux. Ça m'encourage à continuer et ça donne également un coup de boost à mes invités car ce n'est pas si facile que cela de se mettre face à un micro pour raconter son histoire. D'ici là, je vous dis à une prochaine, je l'espère, Luette, évidemment !

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    J'espère l'ouette. J'espère l'ouette. J'espère l'ouette.

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