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"Et main-tenant...?"

5°épisode de l'enquête sur la Vieillesse: : Patrice Marcadé :"La cataracte, anatomie d'une chute"

5°épisode de l'enquête sur la Vieillesse: : Patrice Marcadé :"La cataracte, anatomie d'une chute"

14min |07/04/2024|

52

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14min |07/04/2024|

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Description

Dans ce 5ème épisode de notre enquête sur la Vieillesse, mon histoire personnelle m’autorise à prendre la parole et à apporter mon modeste témoignage. Confronté à la nécessité de me faire opérer de la cataracte, ce qui est de la plus grande banalité, je décide de faire de cette expérience un rite initiatique pour entrer en Vieillesse. et d'envisager ce que cela pose comme questions pour le reste du parcours, ainsi "clairement "annoncé.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous écoutez, et maintenant, le podcast qui donne la parole comme on donne la main. Je suis Patrice Marcadé. Dans ce cinquième épisode de notre enquête sur la vieillesse, mon histoire personnelle m'autorise à prendre la parole et à apporter mon modeste témoignage. Dans les épisodes précédents, nous avons rencontré des personnes, des personnalités, qui étaient en avance sur moi dans l'exploration du continent gris de la vieillesse. Je leur avais confié le micro sûr de leur expertise. Leurs témoignages m'ont donné envie d'en savoir plus et de m'aventurer plus avant dans ce nouveau territoire. Et c'est là que, quoi qu'on en dise, J'ai pu vérifier que le monde était tout de même bien fait. Un professionnel clairvoyant a repéré chez moi les premiers signes indiscutables attestant mon entrée à bas bruit mais effective dans le nouveau monde de la vieillesse. Il va falloir envisager une opération de la cataracte. Et maintenant ? J'hésite. Parmi les rites de passage, avoir subi une intervention chirurgicale de la cataracte ne pourrait que faciliter mon inclusion dans le collectif des vieux. De plus, je me suis dit que pour faire avancer mon enquête, je ne pouvais refuser cette opportunité d'immersion dans le continent gris, ici plutôt flou. et j'envisage d'accepter la proposition. En avant pour la cataracte. Pour savoir de quoi on parle, il faut toujours revenir à l'étymologie. Sur le conseil de ma femme professeure de grec, j'ai consulté un dictionnaire et j'ai pu avoir la preuve dévisue que le préfixe kata signifiant de haut en bas sert bien à former les mots avec l'idée de déchéance, de résorption. J'ai poursuivi ma recherche. Cataracta en latin, mot issu du grec, signifie cataracte, chute d'eau. Le malade a l'impression de regarder les objets au travers d'une chute d'eau ou d'un voile qui descend devant l'œil. Le pire n'étant pas toujours sûr, je suis allé consulter internet pour avoir un éclairage plus moderne, plus scientifique. La cataracte est une opacification de tout le cristallin ou d'une partie de celui-ci, altérant la vision et responsable d'une diminution de la qualité de la vie. Une fois de plus, Je vérifie ma conviction que plus que chercher à apprendre inconsciemment, mais sûrement, on cherche à vérifier ce que l'on croit. Ainsi, de cette information, je ne retiens que ce qui justifie ma crainte, opacification, altération de la qualité de la vie. Et j'écarte même toute possibilité d'une coquille entre vie et vue. Tout se ligue contre moi, la culture classique et les nouvelles technologies. Bon, il ne me reste plus qu'à faire confiance à la science et à l'État. Si les implants sont en vente libre et qui plus est, emboursés par la sécurité sociale, c'est qu'ils présentent statistiquement plus d'avantages que d'inconvénients. Et maintenant... Je décide donc d'aller à l'opération les yeux fermés. La cataracte, anatomie d'une chute. Entre la vue et moi, tout avait bien commencé. Bébé, enfant, adolescent, adulte, de près, de loin, je voyais bien. Vers 40 ans, le recours aux lunettes, l'adaptation aux verres progressifs, fut une étape vers le look de la maturité franchie haut la main. Et puis, plus rien. Des visites, des routines chez l'Oftalmo, ajustement des verres aux modifications de ma vision, on fait le point tous les deux ans. J'imaginais que ça allait continuer comme ça, un peu comme on taille un crayon de papier dont la mine, petit à petit, s'use. En fait, la mine se régénère, mais le crayon va vers sa fin. En octobre, comme d'habitude, décontracté, je pose mon menton sur le support de la machine, je serre les poignées pour viser juste comme un artilleur sur son canon César, et brusquement, je réalise que je ne parviens plus à faire le point sur le i ni ailleurs. Inquiet, je questionne du regard la dame en blouse blanche, La cataracte de l'œil droit est avérée. Il va falloir envisager l'intervention. Pour l'œil gauche, ça peut attendre. Moi qui avais eu le privilège de tenir à distance mon corps de contact avec le tranchant du bistouri, il me faut soudain envisager qu'il s'attaque à la prunelle de mes yeux, à laquelle je tiens beaucoup. Je serre les fesses et les dents et je m'entends dire Et maintenant, on pourrait faire ça quand ? Pas la moindre question pour contester le diagnostic. Instantanément, je suis du côté de mon persécuteur et lui attribue toutes les vertus du sauveteur. Cette docilité du malade me fait un peu honte. Et pour me re-narcissiser, je me raconte que dans la grande tradition des philosophes stoïciens, je fais face à l'épreuve sans sourciller, sans un mot, sans un cri. La cataracte va chuter, c'est dans sa nature, il faut faire le clair sur tout ça.

  • Speaker #1

    Alors,

  • Speaker #0

    cette fameuse impression d'un rideau d'eau entre le monde et nous, Ne serait-elle pas la métaphore visuelle de ce que nous ressentons chacun au cours du vieillissement ? Après la présbicie de la cinquantaine qui m'a invité à prendre un peu de distance par rapport aux affaires courantes, c'est lorsque je finis de larguer les amarres qui me rattachaient à la vie professionnelle, et donc... Au continent de M. Tout-le-Monde, que survient la cataracte, le rideau qu'il convient de tirer lorsque le spectacle est fini ? Ne me resterait-il plus que l'option de regagner la coulisse ? Le passage par la case hôpital ouvre d'autres perspectives. Le rideau semble pouvoir se relever, mais sur quel dernier acte ? Où est le texte ? Qui a écrit les dialogues ? Y a-t-il un souffleur ? Une seule chose est très claire, connue du public comme des protagonistes. À la fin, le personnage, Patrice Marcadé, ne se relèvera pas et, malgré sa bonne éducation, ne saluera personne. cette absence de suspense quant à l'issue m'oblige à rechercher l'intérêt ailleurs ce dernier acte se doit être intéressant de retenir l'attention pour ne pas donner aux acteurs l'envie de quitter le plateau prématurément cette pression dramatique donne à ce dernier acte une saveur particulière et une exigence de créativité C'est sans doute là que se tient tout l'intérêt de vieillir. On connaît la fin, on ignore le moyen qui la justifiera ou non. Il peut être tentant de recourir aux effets spéciaux. Un plan capillaire, teinture des cheveux, prothèse dentaire, lifting des paupières. C'est onéreux et ça ne trompe personne. A commencer par l'intéressé. Un deus ex machina relance souvent artificiellement l'intérêt. Je pourrais être touché par la grâce et entrer à la trappe. Avoir un coup de foudre pour une jeunesse et l'épouser à Las Vegas. Madame ! Gagner au casino à deux pas de chez moi et partir au volant de ma Bentley. Changer de décor, voyager, aller vivre au Portugal, au Maroc, est une solution retenue par des dramaturges sponsorisés par des agences. Les personnages emportent avec eux les problèmes qui rendaient le dénouement prévisible dès le premier acte. Et maintenant ? Et maintenant que je suis en mesure de voir clairement que je tiens dans ma main l'essentiel de ma vie, que vais-je décider ? Durant toute ma carrière professionnelle de formateur, de coach, j'ai posé des questions et j'ai invité mes interlocuteurs à reprendre à leur compte la question du philosophe Michel Serres et maintenant. Quel est mon désir ? Qu'ai-je en main pour l'atteindre ? Et c'est ainsi que m'est venue l'idée de faire ce podcast. Je ne suis pas certain que terminer la pièce sur un point d'interrogation ne soit pas un peu frustrant. L'on peut à raison me demander Mais alors, où est la chute ? Mon histoire de cataracte est faible, même si pour faire bonne mesure, j'offre de main mon œil gauche au scalpel de mon ophtalmologiste. Cet acte chirurgical est dramatiquement pauvre et ne comble pas l'invacuité de mon dernier acte, celui de la vieillesse. Et si l'éclaircissement attendu grâce à l'implant ne me soufflait pas l'idée directrice pour le cinquième acte après laquelle je cours ? Et si vieillir, ça n'était pas précisément chercher à faire le clair sur notre vie, notre enfance ? Comme dit Edgar Morin, l'adulte et le vieillard contiennent en eux les âges précédents. parfois atrophiée ou réduite. Le mieux serait que l'enfance et l'adolescence soient présentes chez l'adulte et le vieillard. Chacun peut vivifier en lui les âges qu'il a conservés en les dépassant. Il met la barre haut. La tâche est ambitieuse. Il faudra bien quelques années de plus pour y parvenir. Voilà enfin l'action de mon cinquième acte relancé. S'il faut être centenaire, justement, comme Edgar Morin, qui a franchi ce seuil critique depuis longtemps, eh bien, nous le serons. Et maintenant, tenons-nous la main, plus que jamais nous aurons besoin les uns des autres. Ainsi se termine le cinquième épisode de notre enquête sur la vieillesse. Je suis ouvert à toutes vos remarques et suggestions. Si à votre tour vous souhaitez témoigner sur la vieillesse ou sur simplement le fait de vieillir, qui nous concerne tous quel que soit notre âge, contactez-moi patricemarcade.com Je vous embrasse, à bientôt, Patrice Marcadé.

Description

Dans ce 5ème épisode de notre enquête sur la Vieillesse, mon histoire personnelle m’autorise à prendre la parole et à apporter mon modeste témoignage. Confronté à la nécessité de me faire opérer de la cataracte, ce qui est de la plus grande banalité, je décide de faire de cette expérience un rite initiatique pour entrer en Vieillesse. et d'envisager ce que cela pose comme questions pour le reste du parcours, ainsi "clairement "annoncé.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous écoutez, et maintenant, le podcast qui donne la parole comme on donne la main. Je suis Patrice Marcadé. Dans ce cinquième épisode de notre enquête sur la vieillesse, mon histoire personnelle m'autorise à prendre la parole et à apporter mon modeste témoignage. Dans les épisodes précédents, nous avons rencontré des personnes, des personnalités, qui étaient en avance sur moi dans l'exploration du continent gris de la vieillesse. Je leur avais confié le micro sûr de leur expertise. Leurs témoignages m'ont donné envie d'en savoir plus et de m'aventurer plus avant dans ce nouveau territoire. Et c'est là que, quoi qu'on en dise, J'ai pu vérifier que le monde était tout de même bien fait. Un professionnel clairvoyant a repéré chez moi les premiers signes indiscutables attestant mon entrée à bas bruit mais effective dans le nouveau monde de la vieillesse. Il va falloir envisager une opération de la cataracte. Et maintenant ? J'hésite. Parmi les rites de passage, avoir subi une intervention chirurgicale de la cataracte ne pourrait que faciliter mon inclusion dans le collectif des vieux. De plus, je me suis dit que pour faire avancer mon enquête, je ne pouvais refuser cette opportunité d'immersion dans le continent gris, ici plutôt flou. et j'envisage d'accepter la proposition. En avant pour la cataracte. Pour savoir de quoi on parle, il faut toujours revenir à l'étymologie. Sur le conseil de ma femme professeure de grec, j'ai consulté un dictionnaire et j'ai pu avoir la preuve dévisue que le préfixe kata signifiant de haut en bas sert bien à former les mots avec l'idée de déchéance, de résorption. J'ai poursuivi ma recherche. Cataracta en latin, mot issu du grec, signifie cataracte, chute d'eau. Le malade a l'impression de regarder les objets au travers d'une chute d'eau ou d'un voile qui descend devant l'œil. Le pire n'étant pas toujours sûr, je suis allé consulter internet pour avoir un éclairage plus moderne, plus scientifique. La cataracte est une opacification de tout le cristallin ou d'une partie de celui-ci, altérant la vision et responsable d'une diminution de la qualité de la vie. Une fois de plus, Je vérifie ma conviction que plus que chercher à apprendre inconsciemment, mais sûrement, on cherche à vérifier ce que l'on croit. Ainsi, de cette information, je ne retiens que ce qui justifie ma crainte, opacification, altération de la qualité de la vie. Et j'écarte même toute possibilité d'une coquille entre vie et vue. Tout se ligue contre moi, la culture classique et les nouvelles technologies. Bon, il ne me reste plus qu'à faire confiance à la science et à l'État. Si les implants sont en vente libre et qui plus est, emboursés par la sécurité sociale, c'est qu'ils présentent statistiquement plus d'avantages que d'inconvénients. Et maintenant... Je décide donc d'aller à l'opération les yeux fermés. La cataracte, anatomie d'une chute. Entre la vue et moi, tout avait bien commencé. Bébé, enfant, adolescent, adulte, de près, de loin, je voyais bien. Vers 40 ans, le recours aux lunettes, l'adaptation aux verres progressifs, fut une étape vers le look de la maturité franchie haut la main. Et puis, plus rien. Des visites, des routines chez l'Oftalmo, ajustement des verres aux modifications de ma vision, on fait le point tous les deux ans. J'imaginais que ça allait continuer comme ça, un peu comme on taille un crayon de papier dont la mine, petit à petit, s'use. En fait, la mine se régénère, mais le crayon va vers sa fin. En octobre, comme d'habitude, décontracté, je pose mon menton sur le support de la machine, je serre les poignées pour viser juste comme un artilleur sur son canon César, et brusquement, je réalise que je ne parviens plus à faire le point sur le i ni ailleurs. Inquiet, je questionne du regard la dame en blouse blanche, La cataracte de l'œil droit est avérée. Il va falloir envisager l'intervention. Pour l'œil gauche, ça peut attendre. Moi qui avais eu le privilège de tenir à distance mon corps de contact avec le tranchant du bistouri, il me faut soudain envisager qu'il s'attaque à la prunelle de mes yeux, à laquelle je tiens beaucoup. Je serre les fesses et les dents et je m'entends dire Et maintenant, on pourrait faire ça quand ? Pas la moindre question pour contester le diagnostic. Instantanément, je suis du côté de mon persécuteur et lui attribue toutes les vertus du sauveteur. Cette docilité du malade me fait un peu honte. Et pour me re-narcissiser, je me raconte que dans la grande tradition des philosophes stoïciens, je fais face à l'épreuve sans sourciller, sans un mot, sans un cri. La cataracte va chuter, c'est dans sa nature, il faut faire le clair sur tout ça.

  • Speaker #1

    Alors,

  • Speaker #0

    cette fameuse impression d'un rideau d'eau entre le monde et nous, Ne serait-elle pas la métaphore visuelle de ce que nous ressentons chacun au cours du vieillissement ? Après la présbicie de la cinquantaine qui m'a invité à prendre un peu de distance par rapport aux affaires courantes, c'est lorsque je finis de larguer les amarres qui me rattachaient à la vie professionnelle, et donc... Au continent de M. Tout-le-Monde, que survient la cataracte, le rideau qu'il convient de tirer lorsque le spectacle est fini ? Ne me resterait-il plus que l'option de regagner la coulisse ? Le passage par la case hôpital ouvre d'autres perspectives. Le rideau semble pouvoir se relever, mais sur quel dernier acte ? Où est le texte ? Qui a écrit les dialogues ? Y a-t-il un souffleur ? Une seule chose est très claire, connue du public comme des protagonistes. À la fin, le personnage, Patrice Marcadé, ne se relèvera pas et, malgré sa bonne éducation, ne saluera personne. cette absence de suspense quant à l'issue m'oblige à rechercher l'intérêt ailleurs ce dernier acte se doit être intéressant de retenir l'attention pour ne pas donner aux acteurs l'envie de quitter le plateau prématurément cette pression dramatique donne à ce dernier acte une saveur particulière et une exigence de créativité C'est sans doute là que se tient tout l'intérêt de vieillir. On connaît la fin, on ignore le moyen qui la justifiera ou non. Il peut être tentant de recourir aux effets spéciaux. Un plan capillaire, teinture des cheveux, prothèse dentaire, lifting des paupières. C'est onéreux et ça ne trompe personne. A commencer par l'intéressé. Un deus ex machina relance souvent artificiellement l'intérêt. Je pourrais être touché par la grâce et entrer à la trappe. Avoir un coup de foudre pour une jeunesse et l'épouser à Las Vegas. Madame ! Gagner au casino à deux pas de chez moi et partir au volant de ma Bentley. Changer de décor, voyager, aller vivre au Portugal, au Maroc, est une solution retenue par des dramaturges sponsorisés par des agences. Les personnages emportent avec eux les problèmes qui rendaient le dénouement prévisible dès le premier acte. Et maintenant ? Et maintenant que je suis en mesure de voir clairement que je tiens dans ma main l'essentiel de ma vie, que vais-je décider ? Durant toute ma carrière professionnelle de formateur, de coach, j'ai posé des questions et j'ai invité mes interlocuteurs à reprendre à leur compte la question du philosophe Michel Serres et maintenant. Quel est mon désir ? Qu'ai-je en main pour l'atteindre ? Et c'est ainsi que m'est venue l'idée de faire ce podcast. Je ne suis pas certain que terminer la pièce sur un point d'interrogation ne soit pas un peu frustrant. L'on peut à raison me demander Mais alors, où est la chute ? Mon histoire de cataracte est faible, même si pour faire bonne mesure, j'offre de main mon œil gauche au scalpel de mon ophtalmologiste. Cet acte chirurgical est dramatiquement pauvre et ne comble pas l'invacuité de mon dernier acte, celui de la vieillesse. Et si l'éclaircissement attendu grâce à l'implant ne me soufflait pas l'idée directrice pour le cinquième acte après laquelle je cours ? Et si vieillir, ça n'était pas précisément chercher à faire le clair sur notre vie, notre enfance ? Comme dit Edgar Morin, l'adulte et le vieillard contiennent en eux les âges précédents. parfois atrophiée ou réduite. Le mieux serait que l'enfance et l'adolescence soient présentes chez l'adulte et le vieillard. Chacun peut vivifier en lui les âges qu'il a conservés en les dépassant. Il met la barre haut. La tâche est ambitieuse. Il faudra bien quelques années de plus pour y parvenir. Voilà enfin l'action de mon cinquième acte relancé. S'il faut être centenaire, justement, comme Edgar Morin, qui a franchi ce seuil critique depuis longtemps, eh bien, nous le serons. Et maintenant, tenons-nous la main, plus que jamais nous aurons besoin les uns des autres. Ainsi se termine le cinquième épisode de notre enquête sur la vieillesse. Je suis ouvert à toutes vos remarques et suggestions. Si à votre tour vous souhaitez témoigner sur la vieillesse ou sur simplement le fait de vieillir, qui nous concerne tous quel que soit notre âge, contactez-moi patricemarcade.com Je vous embrasse, à bientôt, Patrice Marcadé.

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Dans ce 5ème épisode de notre enquête sur la Vieillesse, mon histoire personnelle m’autorise à prendre la parole et à apporter mon modeste témoignage. Confronté à la nécessité de me faire opérer de la cataracte, ce qui est de la plus grande banalité, je décide de faire de cette expérience un rite initiatique pour entrer en Vieillesse. et d'envisager ce que cela pose comme questions pour le reste du parcours, ainsi "clairement "annoncé.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous écoutez, et maintenant, le podcast qui donne la parole comme on donne la main. Je suis Patrice Marcadé. Dans ce cinquième épisode de notre enquête sur la vieillesse, mon histoire personnelle m'autorise à prendre la parole et à apporter mon modeste témoignage. Dans les épisodes précédents, nous avons rencontré des personnes, des personnalités, qui étaient en avance sur moi dans l'exploration du continent gris de la vieillesse. Je leur avais confié le micro sûr de leur expertise. Leurs témoignages m'ont donné envie d'en savoir plus et de m'aventurer plus avant dans ce nouveau territoire. Et c'est là que, quoi qu'on en dise, J'ai pu vérifier que le monde était tout de même bien fait. Un professionnel clairvoyant a repéré chez moi les premiers signes indiscutables attestant mon entrée à bas bruit mais effective dans le nouveau monde de la vieillesse. Il va falloir envisager une opération de la cataracte. Et maintenant ? J'hésite. Parmi les rites de passage, avoir subi une intervention chirurgicale de la cataracte ne pourrait que faciliter mon inclusion dans le collectif des vieux. De plus, je me suis dit que pour faire avancer mon enquête, je ne pouvais refuser cette opportunité d'immersion dans le continent gris, ici plutôt flou. et j'envisage d'accepter la proposition. En avant pour la cataracte. Pour savoir de quoi on parle, il faut toujours revenir à l'étymologie. Sur le conseil de ma femme professeure de grec, j'ai consulté un dictionnaire et j'ai pu avoir la preuve dévisue que le préfixe kata signifiant de haut en bas sert bien à former les mots avec l'idée de déchéance, de résorption. J'ai poursuivi ma recherche. Cataracta en latin, mot issu du grec, signifie cataracte, chute d'eau. Le malade a l'impression de regarder les objets au travers d'une chute d'eau ou d'un voile qui descend devant l'œil. Le pire n'étant pas toujours sûr, je suis allé consulter internet pour avoir un éclairage plus moderne, plus scientifique. La cataracte est une opacification de tout le cristallin ou d'une partie de celui-ci, altérant la vision et responsable d'une diminution de la qualité de la vie. Une fois de plus, Je vérifie ma conviction que plus que chercher à apprendre inconsciemment, mais sûrement, on cherche à vérifier ce que l'on croit. Ainsi, de cette information, je ne retiens que ce qui justifie ma crainte, opacification, altération de la qualité de la vie. Et j'écarte même toute possibilité d'une coquille entre vie et vue. Tout se ligue contre moi, la culture classique et les nouvelles technologies. Bon, il ne me reste plus qu'à faire confiance à la science et à l'État. Si les implants sont en vente libre et qui plus est, emboursés par la sécurité sociale, c'est qu'ils présentent statistiquement plus d'avantages que d'inconvénients. Et maintenant... Je décide donc d'aller à l'opération les yeux fermés. La cataracte, anatomie d'une chute. Entre la vue et moi, tout avait bien commencé. Bébé, enfant, adolescent, adulte, de près, de loin, je voyais bien. Vers 40 ans, le recours aux lunettes, l'adaptation aux verres progressifs, fut une étape vers le look de la maturité franchie haut la main. Et puis, plus rien. Des visites, des routines chez l'Oftalmo, ajustement des verres aux modifications de ma vision, on fait le point tous les deux ans. J'imaginais que ça allait continuer comme ça, un peu comme on taille un crayon de papier dont la mine, petit à petit, s'use. En fait, la mine se régénère, mais le crayon va vers sa fin. En octobre, comme d'habitude, décontracté, je pose mon menton sur le support de la machine, je serre les poignées pour viser juste comme un artilleur sur son canon César, et brusquement, je réalise que je ne parviens plus à faire le point sur le i ni ailleurs. Inquiet, je questionne du regard la dame en blouse blanche, La cataracte de l'œil droit est avérée. Il va falloir envisager l'intervention. Pour l'œil gauche, ça peut attendre. Moi qui avais eu le privilège de tenir à distance mon corps de contact avec le tranchant du bistouri, il me faut soudain envisager qu'il s'attaque à la prunelle de mes yeux, à laquelle je tiens beaucoup. Je serre les fesses et les dents et je m'entends dire Et maintenant, on pourrait faire ça quand ? Pas la moindre question pour contester le diagnostic. Instantanément, je suis du côté de mon persécuteur et lui attribue toutes les vertus du sauveteur. Cette docilité du malade me fait un peu honte. Et pour me re-narcissiser, je me raconte que dans la grande tradition des philosophes stoïciens, je fais face à l'épreuve sans sourciller, sans un mot, sans un cri. La cataracte va chuter, c'est dans sa nature, il faut faire le clair sur tout ça.

  • Speaker #1

    Alors,

  • Speaker #0

    cette fameuse impression d'un rideau d'eau entre le monde et nous, Ne serait-elle pas la métaphore visuelle de ce que nous ressentons chacun au cours du vieillissement ? Après la présbicie de la cinquantaine qui m'a invité à prendre un peu de distance par rapport aux affaires courantes, c'est lorsque je finis de larguer les amarres qui me rattachaient à la vie professionnelle, et donc... Au continent de M. Tout-le-Monde, que survient la cataracte, le rideau qu'il convient de tirer lorsque le spectacle est fini ? Ne me resterait-il plus que l'option de regagner la coulisse ? Le passage par la case hôpital ouvre d'autres perspectives. Le rideau semble pouvoir se relever, mais sur quel dernier acte ? Où est le texte ? Qui a écrit les dialogues ? Y a-t-il un souffleur ? Une seule chose est très claire, connue du public comme des protagonistes. À la fin, le personnage, Patrice Marcadé, ne se relèvera pas et, malgré sa bonne éducation, ne saluera personne. cette absence de suspense quant à l'issue m'oblige à rechercher l'intérêt ailleurs ce dernier acte se doit être intéressant de retenir l'attention pour ne pas donner aux acteurs l'envie de quitter le plateau prématurément cette pression dramatique donne à ce dernier acte une saveur particulière et une exigence de créativité C'est sans doute là que se tient tout l'intérêt de vieillir. On connaît la fin, on ignore le moyen qui la justifiera ou non. Il peut être tentant de recourir aux effets spéciaux. Un plan capillaire, teinture des cheveux, prothèse dentaire, lifting des paupières. C'est onéreux et ça ne trompe personne. A commencer par l'intéressé. Un deus ex machina relance souvent artificiellement l'intérêt. Je pourrais être touché par la grâce et entrer à la trappe. Avoir un coup de foudre pour une jeunesse et l'épouser à Las Vegas. Madame ! Gagner au casino à deux pas de chez moi et partir au volant de ma Bentley. Changer de décor, voyager, aller vivre au Portugal, au Maroc, est une solution retenue par des dramaturges sponsorisés par des agences. Les personnages emportent avec eux les problèmes qui rendaient le dénouement prévisible dès le premier acte. Et maintenant ? Et maintenant que je suis en mesure de voir clairement que je tiens dans ma main l'essentiel de ma vie, que vais-je décider ? Durant toute ma carrière professionnelle de formateur, de coach, j'ai posé des questions et j'ai invité mes interlocuteurs à reprendre à leur compte la question du philosophe Michel Serres et maintenant. Quel est mon désir ? Qu'ai-je en main pour l'atteindre ? Et c'est ainsi que m'est venue l'idée de faire ce podcast. Je ne suis pas certain que terminer la pièce sur un point d'interrogation ne soit pas un peu frustrant. L'on peut à raison me demander Mais alors, où est la chute ? Mon histoire de cataracte est faible, même si pour faire bonne mesure, j'offre de main mon œil gauche au scalpel de mon ophtalmologiste. Cet acte chirurgical est dramatiquement pauvre et ne comble pas l'invacuité de mon dernier acte, celui de la vieillesse. Et si l'éclaircissement attendu grâce à l'implant ne me soufflait pas l'idée directrice pour le cinquième acte après laquelle je cours ? Et si vieillir, ça n'était pas précisément chercher à faire le clair sur notre vie, notre enfance ? Comme dit Edgar Morin, l'adulte et le vieillard contiennent en eux les âges précédents. parfois atrophiée ou réduite. Le mieux serait que l'enfance et l'adolescence soient présentes chez l'adulte et le vieillard. Chacun peut vivifier en lui les âges qu'il a conservés en les dépassant. Il met la barre haut. La tâche est ambitieuse. Il faudra bien quelques années de plus pour y parvenir. Voilà enfin l'action de mon cinquième acte relancé. S'il faut être centenaire, justement, comme Edgar Morin, qui a franchi ce seuil critique depuis longtemps, eh bien, nous le serons. Et maintenant, tenons-nous la main, plus que jamais nous aurons besoin les uns des autres. Ainsi se termine le cinquième épisode de notre enquête sur la vieillesse. Je suis ouvert à toutes vos remarques et suggestions. Si à votre tour vous souhaitez témoigner sur la vieillesse ou sur simplement le fait de vieillir, qui nous concerne tous quel que soit notre âge, contactez-moi patricemarcade.com Je vous embrasse, à bientôt, Patrice Marcadé.

Description

Dans ce 5ème épisode de notre enquête sur la Vieillesse, mon histoire personnelle m’autorise à prendre la parole et à apporter mon modeste témoignage. Confronté à la nécessité de me faire opérer de la cataracte, ce qui est de la plus grande banalité, je décide de faire de cette expérience un rite initiatique pour entrer en Vieillesse. et d'envisager ce que cela pose comme questions pour le reste du parcours, ainsi "clairement "annoncé.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Bonjour à tous, vous écoutez, et maintenant, le podcast qui donne la parole comme on donne la main. Je suis Patrice Marcadé. Dans ce cinquième épisode de notre enquête sur la vieillesse, mon histoire personnelle m'autorise à prendre la parole et à apporter mon modeste témoignage. Dans les épisodes précédents, nous avons rencontré des personnes, des personnalités, qui étaient en avance sur moi dans l'exploration du continent gris de la vieillesse. Je leur avais confié le micro sûr de leur expertise. Leurs témoignages m'ont donné envie d'en savoir plus et de m'aventurer plus avant dans ce nouveau territoire. Et c'est là que, quoi qu'on en dise, J'ai pu vérifier que le monde était tout de même bien fait. Un professionnel clairvoyant a repéré chez moi les premiers signes indiscutables attestant mon entrée à bas bruit mais effective dans le nouveau monde de la vieillesse. Il va falloir envisager une opération de la cataracte. Et maintenant ? J'hésite. Parmi les rites de passage, avoir subi une intervention chirurgicale de la cataracte ne pourrait que faciliter mon inclusion dans le collectif des vieux. De plus, je me suis dit que pour faire avancer mon enquête, je ne pouvais refuser cette opportunité d'immersion dans le continent gris, ici plutôt flou. et j'envisage d'accepter la proposition. En avant pour la cataracte. Pour savoir de quoi on parle, il faut toujours revenir à l'étymologie. Sur le conseil de ma femme professeure de grec, j'ai consulté un dictionnaire et j'ai pu avoir la preuve dévisue que le préfixe kata signifiant de haut en bas sert bien à former les mots avec l'idée de déchéance, de résorption. J'ai poursuivi ma recherche. Cataracta en latin, mot issu du grec, signifie cataracte, chute d'eau. Le malade a l'impression de regarder les objets au travers d'une chute d'eau ou d'un voile qui descend devant l'œil. Le pire n'étant pas toujours sûr, je suis allé consulter internet pour avoir un éclairage plus moderne, plus scientifique. La cataracte est une opacification de tout le cristallin ou d'une partie de celui-ci, altérant la vision et responsable d'une diminution de la qualité de la vie. Une fois de plus, Je vérifie ma conviction que plus que chercher à apprendre inconsciemment, mais sûrement, on cherche à vérifier ce que l'on croit. Ainsi, de cette information, je ne retiens que ce qui justifie ma crainte, opacification, altération de la qualité de la vie. Et j'écarte même toute possibilité d'une coquille entre vie et vue. Tout se ligue contre moi, la culture classique et les nouvelles technologies. Bon, il ne me reste plus qu'à faire confiance à la science et à l'État. Si les implants sont en vente libre et qui plus est, emboursés par la sécurité sociale, c'est qu'ils présentent statistiquement plus d'avantages que d'inconvénients. Et maintenant... Je décide donc d'aller à l'opération les yeux fermés. La cataracte, anatomie d'une chute. Entre la vue et moi, tout avait bien commencé. Bébé, enfant, adolescent, adulte, de près, de loin, je voyais bien. Vers 40 ans, le recours aux lunettes, l'adaptation aux verres progressifs, fut une étape vers le look de la maturité franchie haut la main. Et puis, plus rien. Des visites, des routines chez l'Oftalmo, ajustement des verres aux modifications de ma vision, on fait le point tous les deux ans. J'imaginais que ça allait continuer comme ça, un peu comme on taille un crayon de papier dont la mine, petit à petit, s'use. En fait, la mine se régénère, mais le crayon va vers sa fin. En octobre, comme d'habitude, décontracté, je pose mon menton sur le support de la machine, je serre les poignées pour viser juste comme un artilleur sur son canon César, et brusquement, je réalise que je ne parviens plus à faire le point sur le i ni ailleurs. Inquiet, je questionne du regard la dame en blouse blanche, La cataracte de l'œil droit est avérée. Il va falloir envisager l'intervention. Pour l'œil gauche, ça peut attendre. Moi qui avais eu le privilège de tenir à distance mon corps de contact avec le tranchant du bistouri, il me faut soudain envisager qu'il s'attaque à la prunelle de mes yeux, à laquelle je tiens beaucoup. Je serre les fesses et les dents et je m'entends dire Et maintenant, on pourrait faire ça quand ? Pas la moindre question pour contester le diagnostic. Instantanément, je suis du côté de mon persécuteur et lui attribue toutes les vertus du sauveteur. Cette docilité du malade me fait un peu honte. Et pour me re-narcissiser, je me raconte que dans la grande tradition des philosophes stoïciens, je fais face à l'épreuve sans sourciller, sans un mot, sans un cri. La cataracte va chuter, c'est dans sa nature, il faut faire le clair sur tout ça.

  • Speaker #1

    Alors,

  • Speaker #0

    cette fameuse impression d'un rideau d'eau entre le monde et nous, Ne serait-elle pas la métaphore visuelle de ce que nous ressentons chacun au cours du vieillissement ? Après la présbicie de la cinquantaine qui m'a invité à prendre un peu de distance par rapport aux affaires courantes, c'est lorsque je finis de larguer les amarres qui me rattachaient à la vie professionnelle, et donc... Au continent de M. Tout-le-Monde, que survient la cataracte, le rideau qu'il convient de tirer lorsque le spectacle est fini ? Ne me resterait-il plus que l'option de regagner la coulisse ? Le passage par la case hôpital ouvre d'autres perspectives. Le rideau semble pouvoir se relever, mais sur quel dernier acte ? Où est le texte ? Qui a écrit les dialogues ? Y a-t-il un souffleur ? Une seule chose est très claire, connue du public comme des protagonistes. À la fin, le personnage, Patrice Marcadé, ne se relèvera pas et, malgré sa bonne éducation, ne saluera personne. cette absence de suspense quant à l'issue m'oblige à rechercher l'intérêt ailleurs ce dernier acte se doit être intéressant de retenir l'attention pour ne pas donner aux acteurs l'envie de quitter le plateau prématurément cette pression dramatique donne à ce dernier acte une saveur particulière et une exigence de créativité C'est sans doute là que se tient tout l'intérêt de vieillir. On connaît la fin, on ignore le moyen qui la justifiera ou non. Il peut être tentant de recourir aux effets spéciaux. Un plan capillaire, teinture des cheveux, prothèse dentaire, lifting des paupières. C'est onéreux et ça ne trompe personne. A commencer par l'intéressé. Un deus ex machina relance souvent artificiellement l'intérêt. Je pourrais être touché par la grâce et entrer à la trappe. Avoir un coup de foudre pour une jeunesse et l'épouser à Las Vegas. Madame ! Gagner au casino à deux pas de chez moi et partir au volant de ma Bentley. Changer de décor, voyager, aller vivre au Portugal, au Maroc, est une solution retenue par des dramaturges sponsorisés par des agences. Les personnages emportent avec eux les problèmes qui rendaient le dénouement prévisible dès le premier acte. Et maintenant ? Et maintenant que je suis en mesure de voir clairement que je tiens dans ma main l'essentiel de ma vie, que vais-je décider ? Durant toute ma carrière professionnelle de formateur, de coach, j'ai posé des questions et j'ai invité mes interlocuteurs à reprendre à leur compte la question du philosophe Michel Serres et maintenant. Quel est mon désir ? Qu'ai-je en main pour l'atteindre ? Et c'est ainsi que m'est venue l'idée de faire ce podcast. Je ne suis pas certain que terminer la pièce sur un point d'interrogation ne soit pas un peu frustrant. L'on peut à raison me demander Mais alors, où est la chute ? Mon histoire de cataracte est faible, même si pour faire bonne mesure, j'offre de main mon œil gauche au scalpel de mon ophtalmologiste. Cet acte chirurgical est dramatiquement pauvre et ne comble pas l'invacuité de mon dernier acte, celui de la vieillesse. Et si l'éclaircissement attendu grâce à l'implant ne me soufflait pas l'idée directrice pour le cinquième acte après laquelle je cours ? Et si vieillir, ça n'était pas précisément chercher à faire le clair sur notre vie, notre enfance ? Comme dit Edgar Morin, l'adulte et le vieillard contiennent en eux les âges précédents. parfois atrophiée ou réduite. Le mieux serait que l'enfance et l'adolescence soient présentes chez l'adulte et le vieillard. Chacun peut vivifier en lui les âges qu'il a conservés en les dépassant. Il met la barre haut. La tâche est ambitieuse. Il faudra bien quelques années de plus pour y parvenir. Voilà enfin l'action de mon cinquième acte relancé. S'il faut être centenaire, justement, comme Edgar Morin, qui a franchi ce seuil critique depuis longtemps, eh bien, nous le serons. Et maintenant, tenons-nous la main, plus que jamais nous aurons besoin les uns des autres. Ainsi se termine le cinquième épisode de notre enquête sur la vieillesse. Je suis ouvert à toutes vos remarques et suggestions. Si à votre tour vous souhaitez témoigner sur la vieillesse ou sur simplement le fait de vieillir, qui nous concerne tous quel que soit notre âge, contactez-moi patricemarcade.com Je vous embrasse, à bientôt, Patrice Marcadé.

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