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Frédéric Soussin, un apôtre du numérique devenu lanceur d'alerte.  29/06 16:20 cover
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"Et main-tenant...?"

Frédéric Soussin, un apôtre du numérique devenu lanceur d'alerte. 29/06 16:20

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53min |29/06/2024|

137

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Description

Les  sportifs raccrochent les crampons lorsque l’heure de la retraite sonne.

Si ce qui vous accroche, vous passionne, ce pourquoi vous vous battez, ce qui contribue à donner un sens à votre vie  doit s’interrompre  brutalement lors de la retraite, que faites-vous de cette expertise acquise au fil des ans  ?  comment faites-vous le deuil de ces plaisirs intellectuels et relationnels , comment abandonnez-vous la partie ? « Et Main-tenant .. ?»

C’est à cette questionne j’aimerais consacrer une nouvelles série dans le cadre ce podcast « Et Main-tenant …? »

Mon premier invité est Frédéric Soussin, il est consultant « en fluidité numérique », il a consacré sa vie professionnelle à accompagner ses clients afin qu’ils se saisissent de l’énergie que portait en elle  la vague internet, vous allez le découvrir aujourd'hui "lanceur d'alerte".


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, je suis Patrice Marcadé, vous écoutez Et maintenant le podcast qui donne la parole comme on donne la main. Dans les six précédents épisodes, nous étions sur la question Je suis vieux, et maintenant ? Je vous ai proposé six témoignages, parcours de vie, qui donnaient des couleurs au continent gris de la vieillesse. Aujourd'hui, je voudrais vous proposer d'envisager cet aspect particulier du fait de prendre de l'âge, c'est l'invitation au bilan. Et la question corollaire est maintenant. Je remercie mon ami Frédéric Soussin, consultant spécialisé dans les nouveaux usages du numérique, d'avoir accepté de se prêter à l'exercice. Lorsque notre amie commune Elisabeth nous a mis en contact, ça a tout de suite matché entre nous. J'ai eu le sentiment de retrouver un frère. Nous semblions avoir un patrimoine génétique commun. un intérêt et une curiosité pour les technologies permettant de favoriser la communication, la relation entre les hommes, les groupes et les groupes entre eux. Étant de 12 ans plus âgé que Frédéric, mon aventure audiovisuelle s'est centrée sur la vidéo et celle de Frédéric sur l'Internet. La vidéo légère dans les années 80, c'était le grand rêve de la caméra stylo, comme disait Godard. Chacun allait pouvoir prendre la parole, pour peu qu'il ait accès aux outils et en maîtrise un minimum le mode d'emploi. Le son, l'image et leur diffusion étaient à l'époque le monopole des chaînes de télévision, donc hors de portée. C'est pourquoi... Mes camarades du CREAV, Association Rochelaise qui faisait de la formation à l'audiovisuel et moi-même, avons défendu en 1983 l'idée de créer un service écrivain public audiovisuel pour favoriser cette appropriation, cet accès à l'image. Mettre en forme la parole des autres pour en favoriser l'échange, le partage, renforcer le lien social, ce fut une idée qui retint l'attention des pouvoirs publics et nous fûmes aidés pour acquérir du matériel. Et maintenant, la suite de l'histoire fut plus compliquée et j'ai découvert que faire appel à une technologie pour communiquer C'est à la fois extrêmement puissant, délicat, voire explosif. Et pour toi Frédéric, ton histoire avec l'informatique, les réseaux, ça a commencé comment ?

  • Speaker #1

    L'histoire a commencé juste à la fin de mes études. Je faisais une école de commerce et je me baladais dans la rue et je suis tombé devant une vitrine dans laquelle était exposé un ordinateur. Je ne l'ai jamais vu de cette manière-là. C'était un... un ordinateur Apple, un Apple II.

  • Speaker #0

    Comme par hasard.

  • Speaker #1

    Déjà. Et j'étais tellement sidéré que je suis rentré, je me suis fait expliquer, et bon, je vous passe les détails, mais... Je crois qu'un mois après, j'avais créé une boîte. C'est-à-dire que j'étais en train de faire mes études, mais je venais de créer une boîte autour de ça, parce que tout d'un coup, cette chose-là, cet objet, a fait jaillir en moi tout un tas de possibles tellement incroyables. que j'ai tout de suite créé une boîte. Pour la petite histoire, d'ailleurs, cette boîte, plus de 50 ans après, existe encore. Elle a été, bien sûr, reprise par des gens beaucoup plus brillants que moi, et qui en ont fait une super boîte qui a eu beaucoup de succès, etc. Mais quelque part, voilà. Donc c'est seulement pour dire que au départ, c'est une espèce de vision absolument incroyable, d'impossible absolument inouïe, que j'ai vue dans cette espèce d'ordinateur, en disant ça, c'est le début d'un monde hallucinant qui va tout changer, qui va changer ma vie, qui va changer la vie de tout le monde, etc. Et donc pour moi, je suis tombé en amour, comme ils disent au Québec, et je me suis intéressé à ça. Donc ça, pendant quelques années, je me suis intéressé bien sûr à ça. L'Apple II a généré... le Mac, etc. Donc tout un tas de choses. Et donc, bien sûr, cette aventure avec les nouvelles machines m'a permis d'avancer. Mais par contre, la vraie révolution dans ma tête s'est faite un peu plus tard, c'est-à-dire au début des années 90, où là, j'ai été confronté à un logiciel qui était un logiciel d'entreprise très, très cher, etc. Pour la petite histoire qui s'appelait Lotus Notes. Et ce logiciel permettait de créer des groupes. et de leur permettre de travailler ensemble à distance, en différé, donc pas en asynchrone comme on dit, pas en temps réel, mais chacun mettait de l'information quand il pouvait, et ils répondaient quand ils pouvaient, et donc ça permettait de créer des groupes de travail, des groupes d'échange, etc. Et là, il y a eu le deuxième effet Big Bang, comme le premier qui avait eu lieu avec l'Apple II, et là je me suis dit, ça y est, là cette fois, La société de demain, elle est là, elle est en train de se réinventer. À l'époque, bien sûr, il n'y avait pas Internet, il n'y avait pas tout ça, mais c'était exactement la préconfiguration de ce qu'allait être Internet grand public, bien entendu. Donc, cette espèce de possibilité de créer des liens permanents entre les gens, de leur permettre d'échanger, d'enrichir leurs idées, etc., et de le faire au fil de l'eau, sans contrainte, et de manière, je dirais, la plus souple et la plus agréable possible. Et ça m'a entraîné à faire un changement dans ma vie radicale, puisque là, tout de suite, pour moi, ce qui m'est apparu, c'est de dire, ben voilà, on peut se libérer du bureau, on peut se libérer de la contrainte, on peut se mettre à... télétravailler. C'était ça le réflexe que j'ai eu. Et j'ai dit, pour faire ça, je vais non pas le penser, mais je vais le démontrer. Et pour le démontrer, je vais partir de la fantastique région parisienne dans laquelle j'habite pour aller dans la non moins fantastique région alpine qui était la Chartreuse et me mettre en plein milieu des montagnes et démontrer qu'en plein milieu des montagnes, on peut arriver à vivre de son cerveau, de ses activités intellectuelles, etc. grâce à la technologie, et que le télétravail en milieu montagnard peut tout à fait exister, parce que si j'étais capable de le démontrer là, c'était capable dans n'importe quel type de circonstance.

  • Speaker #0

    Tu étais terriblement en avance.

  • Speaker #1

    Alors moi, je n'avais pas conscience d'être en avance. J'avais conscience d'avoir été exposé à un possible et de réagir par rapport à ce possible en disant il faut inventer quelque chose de nouveau et quelque chose d'extraordinaire. Et donc, un an et demi plus tard, en l'occurrence, je suis parti pour la chartreuse avec Femmes et Enfants. Et je me suis installé avec deux copains qui avaient été sensibles aussi à cette réflexion, à cette possibilité. Et dès qu'on est arrivé, qu'on a commencé à installer ce qu'on appelait à l'époque un serveur de groupware, donc de travail en groupe, on a commencé à jouer avec. Et là, on s'est rendu compte que c'était encore plus explosif que ce qu'on avait imaginé. Et on a invité un certain nombre de copains et on a créé une espèce de bande de gens qui se sont intéressés à ce sujet-là. Ce qui a amené d'ailleurs à beaucoup d'émigration de gens qui venaient de la région parisienne et qui sont venus s'installer dans les Alpes. Et là donc on a développé des activités autour du être ensemble, du échanger ensemble, du vivre ensemble autour des technologies. Et on l'a fait pour nous, bien entendu, on l'a fait pour des gens qui habitaient dans le coin, on l'a fait peut-être la chose dont j'étais le plus heureux à l'époque au milieu des années 90, on l'a fait pour les écoles qui se trouvaient dans le massif voisin qui était le massif du Vercors. où on a réuni des écoles sur le plateau du Vercors, on leur a mis un ordinateur dans chaque classe, et ils se sont mis à travailler ensemble, à échanger ensemble, ils créaient des textes et ils les tapaient sur les ordinateurs dans certaines classes, ils les lisaient dans d'autres, ils parlaient dans certaines classes, ils les écoutaient dans les autres. Donc il y avait un travail absolument incroyable qui a été fait avec des gosses, des gamins qui avaient 7, 8, 9 ans, donc une génération qui n'avait jamais été touchée par ces choses-là. Et donc là... On a pris conscience de l'infini du possible qui s'ouvrait à nous. Parce qu'on était, une fois de plus, avant l'irruption de l'Internet grand public tel qu'il est sorti, deuxième moitié des années 90, et où là, on s'est rendu compte que cette chose-là allait devenir massive. Donc là, on était un petit peu avant l'heure, mais l'inconvénient et l'avantage d'avoir été un peu avant l'heure, c'est que, l'avantage, c'est qu'on a vu les choses arriver. L'inconvénient, c'est qu'on s'est vite rendu compte après, quand c'est arrivé, qu'il y avait des risques de déviation et d'utilisation, je dirais, à mauvais escient, de toutes ces technologies pour en faire des choses qui n'étaient pas forcément ce pour quoi elles étaient envisagées au départ. Voilà, donc ça, ça a été le début de la surprise, je dirais, quand Internet est arrivé. On aurait pu se dire, c'est génial, ça va continuer encore plus qu'avant. On commençait à se dire à ce moment-là, c'est génial, mais attention parce que ça va partir dans tous les sens. C'était ça un petit peu la réflexion qu'on s'est faite à l'époque, parce que bien sûr, l'environnement dans lequel on travaillait avant était un environnement parfaitement maîtrisé, tout le monde se connaissait, tout le monde était identifié, tout le monde était responsable de ce qu'il disait, de ce qu'il faisait, tout le monde connaissait les autres, donc respecté aussi, etc. Donc il y avait une énorme responsabilité des uns et des autres pour ce qu'on faisait. Il n'y avait pas le début de ce qui est arrivé après, c'est-à-dire de l'anonymat, de la multiplicité, etc. Donc des utilisations un petit peu différentes qui sont arrivées.

  • Speaker #0

    Prenons un point de repère, ça a commencé en quelle année cette affaire ?

  • Speaker #1

    Ça a commencé en 1992 très exactement, avec des années absolument incroyables. On a développé des stratégies de télétravail, pour la petite histoire d'ailleurs, donc quelques années plus tard, en 1995-1996, on créait ce qu'on appelait à l'époque un téléscentre, le premier téléscentre qui est arrivé à côté de Villars-de-Lens, et qui a donné la possibilité à des gens qui travaillaient à Grenoble. de rester sur le plateau et de continuer à travailler depuis ce téléscentre avec leur ordinateur. Donc déjà, à l'époque, il y avait les germes de tout un tas de choses dont on a beaucoup parlé 20 ans ou 25 ans plus tard. Mais c'est normal, puisqu'on avait eu la chance de tomber sur cette technologie. Les gens qui maîtrisaient cette technologie avaient eu la gentillesse d'être très généreux vis-à-vis de nous, nous avoir donné tous les moyens pour pouvoir l'utiliser, l'expérimenter, etc. Donc sans avoir à investir les sommes folles que ça coûtait à l'époque. Donc quelque part, c'était début des années 90, on a pu... commencer à toucher du doigt la réalité numérique telle qu'elle est aujourd'hui généralisée dans nos sociétés.

  • Speaker #0

    Et donc, Internet, à proprement parler, est arrivé en quelle année ?

  • Speaker #1

    Il est arrivé, je dirais, fin des années 90. Ça a commencé vraiment à se répandre à ce moment-là. Donc, il y a eu l'Internet, je dirais, qui est arrivé fin des années 90. Mais on peut dire, d'une certaine manière, que le vrai Internet, à grande échelle, a commencé à exister quand les terminaux ont été à la hauteur. Parce que l'Internet de l'époque, l'informatique qu'on avait à l'époque, c'était des ordinateurs. Et tout le monde n'avait pas un ordinateur, donc il fallait avoir un ordinateur pour plusieurs personnes, dans certains cas quand c'était dans les classes par exemple. Alors qu'après, au début des années 2000, dès que sont arrivés les téléphones, à ce moment-là, il y a eu des téléphones qui permettaient de faire autre chose que téléphoner, donc qui permettaient d'être branchés. Sur le net, à ce moment-là, il y a eu une expansion extraordinaire de toutes les possibilités d'échange au travers de ces différents outils. Donc pour moi, l'Internet, je dirais, grand public a démarré à la fin des années 90, mais le vrai Internet à grande échelle, je dirais, à son maximum, ça a commencé avec l'arrivée des vrais téléphones polyvalents et avec l'arrivée de l'iPhone. D'une certaine manière, c'est l'iPhone qui a inauguré en... 2007, autant que je me souvienne, qui a inauguré vraiment l'arrivée d'une nouvelle façon d'envisager un terminal numérique qui était devenu un terminal numérique qui nous accompagnait 24h sur 24, de certaine manière.

  • Speaker #0

    Vos outils étaient centrés sur des applications professionnelles, là tu as parlé pour l'école c'était la pédagogie freinée en fait, l'échange de les correspondances scolaires etc. Et pour le monde de l'entreprise c'était quel genre de boîte qui se sont investies là-dedans ?

  • Speaker #1

    C'était essentiellement professionnel, c'est-à-dire que nous ce qu'on avait envie de démontrer aux boîtes c'est il est grand temps que vous arriviez à libérer... du temps à vos salariés pour qu'ils puissent fonctionner autrement. Et donc, quelque part, on a essayé de démontrer que beaucoup de boulots pouvaient se faire avec une partie télétravaillée, avec une partie faite à distance, avec une partie faite avec d'autres personnes. Ne serait-ce qu'éventuellement de se mettre au milieu des fournisseurs, au milieu des sous-traitants pour pouvoir travailler avec eux et rester en contact avec sa propre entreprise. Donc, c'était plutôt des entreprises qui étaient, à l'époque, c'était... EDF qui était une entreprise qui jouait le truc, c'était Schneider, c'était des entreprises comme ça, qui étaient toujours à la recherche des choses nouvelles, des choses intelligentes, etc. et qui ont voulu expérimenter ces types d'approches à grande échelle pour pouvoir justement en faire des nouvelles pratiques d'entreprises qui puissent fonctionner.

  • Speaker #0

    Donc ça a été bien reçu et soutenu par l'encadrement des entreprises ?

  • Speaker #1

    Ah oui, bien sûr, mais il faut savoir que ça a été bien soutenu, pas a priori, ça a été bien soutenu a posteriori, parce qu'il y avait un grand travail de réflexion et d'évolution, ne serait-ce que du management. Quand vous managez quelqu'un qui est à côté de vous et quand vous ne l'avez plus à côté de vous, comment vous faites pour le manager efficacement ? Donc c'était tout ça la réflexion. La réflexion, ce n'était pas seulement de mettre une technologie pour travailler à distance, C'était une réflexion, c'est comment créer une relation différente, malgré ou avec la distance. Ma conviction personnelle était que justement, la distance pouvait peut-être amener encore un plus, c'est-à-dire que la distance, elle n'enlevait pas du potentiel dans la relation, elle en rajoutait, puisqu'elle donnait du temps à la personne, elle donnait du recul à la personne, elle donnait une espèce de réflexion maturée, pas toujours sur l'événement et pas toujours sur l'humeur, etc. Et donc c'est de ça qu'était intéressant, c'était d'arriver à créer un nouveau possible en créant des nouveaux comportements. Mais... Au fond, moi, ce qui me passionnait, c'était la relation. Mais la relation, pas forcément la relation de face à face. la relation, je dirais, permanente. Cette espèce de possibilité de se dire Mais je ne serai jamais séparé de l'autre. Je ne serai jamais séparé de cette pensée. Je ne serai jamais séparé de ce travail qui va permettre d'avancer, etc. On aura toujours une espèce de fil qui sera entre nous et qui nous permettra de toujours avancer. Chacun à son rythme. Chacun suivant ses possibilités. Mais les choses continueront à avancer, même quand on ne sera pas ensemble. Et ça, cette notion de relation permanente, forte et qui se nourrit, était quelque chose qui moi me passionnait et me paraissait être un truc inouï en termes de fonctionnement.

  • Speaker #0

    C'est une relation... dans laquelle la vie professionnelle et la vie personnelle sont fortement imbriquées.

  • Speaker #1

    Ne serait-ce que parce que dans cette relation, quand elle est bien faite, elle respecte vachement les deux aspects. Elle respecte l'aspect professionnel parce qu'elle permet de donner toute sa rigueur, mais elle respecte l'aspect personnel parce qu'elle permet de donner du temps aussi, de donner du recul, etc. Donc quelque part, c'était ça qui était intéressant. C'était cette espèce de... de façon de remaitriser ses actes, de remaitriser son activité, de remaitriser sa profession, de ne plus être, je dirais, sous l'emprise du quotidien tel qu'on l'avait vécu pendant 30, 40 ou 50 ans précédemment.

  • Speaker #0

    Il y a eu des réserves de la part des utilisateurs.

  • Speaker #1

    Par définition, les réserves, elles venaient surtout de gens qui ne l'avaient jamais fait. Donc, quelque part, on a eu des réserves et puis on testait avec eux et on voyait très, très vite que les gens tombaient dans le jeu, retrouvaient leur marque. Par contre, bien entendu, on s'est confronté à des problèmes de managers qui étaient des managers qui n'auraient pas dû l'être et qui, du fait de la distance, étaient encore moins managers que quand ils étaient en présentiel, puisque quelque part, pour eux, ils étaient dans le vide. Et puis, bien sûr, comme c'était des gens qui avaient... plutôt tendance à projeter le négatif sur le comportement de leurs subordonnés, ils imaginaient que quand ils n'étaient pas là, ils foutaient rien. Alors qu'en fait, quand ils n'étaient pas là, c'est là où ils foutaient le maximum, puisque quelque part, ils étaient totalement en train de digérer, en train d'incuber un certain nombre de choses pour pouvoir les restituer à leur équipe au moment où les choses avaient bien mûri, d'une certaine manière. Donc, bien entendu, ce qui était intéressant, c'est qu'il y avait des échanges, il y avait des oppositions, etc. Mais le juge de paix, c'était l'action. On disait, écoute, c'est pas compliqué, on l'installe. on regarde et on le fait. Et donc à l'époque, on recevait, on organisait des séminaires en plein milieu de la montagne pour démontrer aussi qu'on était capable de former dans des lieux qui étaient précédemment pas forcément tout à fait adaptés à des formations technologiques. Et ils venaient et on se formait, puis on échangeait, etc. Et on leur faisait franchir un cap. C'était ça qui était intéressant. Mais ce qui était intéressant surtout, c'était de se dire que on voyait là naître un nouveau monde. On voyait là naître une nouvelle façon de fonctionner, une nouvelle façon de, je dirais... d'avoir le plaisir d'être en phase avec les autres, d'avoir le plaisir de coopérer avec les autres, d'avoir le plaisir de coopérer avec des gens qui ne fonctionnent pas à la même vitesse que nous. Il y avait des gens qui fonctionnaient plus vite que nous, il y avait des gens qui fonctionnaient moins vite que nous, mais tous arrivaient à trouver leur vitesse grâce à l'outil, et donc chacun contribuait dans la mesure de ses possibilités, et à la fin on avait un ensemble qui était autrement plus conséquent que les choses qu'on avait précédemment dans des réunions de groupe, ou certaines fois c'était des réunions de groupe où c'était le plus bavard ou le plus rapide qui gagnait. et les autres, ils se taisaient et puis ils attendaient que ça se passe. Alors que là, il y avait vraiment une façon de permettre de restituer un droit à la parole à tout le monde. Et chacun pouvait en profiter différemment, parce qu'il y a des individus qui sont assez au premier degré, ou assez primaires, et d'autres individus assez secondarisés. Chacun avait la possibilité de gérer ça dans un espace-temps qui était élargi, et qui était beaucoup plus tolérant pour les différents comportements.

  • Speaker #0

    Bien. Donc, cette expérimentation, elle a duré combien de temps ?

  • Speaker #1

    L'expérimentation a commencé au début des années 90, elle a continué assez longtemps, puis après c'est devenu une profession. Moi, c'était le début de ma profession. Je suis devenu consultant en relations numériques, d'une certaine manière. À ce moment-là, je n'appelais pas ça comme ça, mais je n'appelais pas ça comme ça à l'époque, mais aujourd'hui c'est comme ça que je l'aurais appelé, en relations numériques. Et donc après, ça s'est étendu dans les années 2000 à 2020. D'une autre façon, c'est-à-dire que, bien sûr, Internet étant arrivé, on avait beaucoup plus de possibilités, le téléphone étant arrivé, on avait beaucoup plus de possibilités. Et je dois dire que vraiment, il y a des gens qui peuvent dire qu'ils font leur métier par passion ou par amour. Moi, ça a été mon cas parce que quelque part, il y avait toujours des trucs nouveaux à démarrer, toujours des trucs nouveaux à imaginer, à tester, etc. Et comme les technologies n'arrêtaient pas d'avancer, il y avait toujours quelque chose de nouveau qui permettait, je dirais, d'inventer quelque chose qui puisse encore plus coller à la problématique de la personne, à la problématique du groupe, etc. Ça a continué jusqu'à la fin de ma carrière, en l'occurrence, qui m'a permis justement d'expérimenter tout au long. C'est-à-dire qu'on était en expérimentation permanente d'une certaine manière, puisque les technologies changeaient en tout le temps. Même si la base était une base assez commune, il y avait toujours des choses à réinventer, à réimaginer et à refaire.

  • Speaker #0

    Et la découverte de l'iPhone, ça a été, j'imagine, le graal. L'arrivée de l'iPhone en 2007.

  • Speaker #1

    2007, oui. Je dois dire qu'il y a eu, je crois que c'était 75-76, le premier choc qui a été l'Apple II. 1991-92, qui est la découverte de Lotus Notes, qui est le logiciel. Et puis 2007, la découverte de l'iPhone et de l'iPod, d'ailleurs, à l'époque, qui avaient été lancés en même temps avec pratiquement les mêmes fonctionnalités. Pour moi, ça y est, tout était là. Toutes les pièces. Rêver. était là, c'est-à-dire qu'il y avait quoi à fabriquer une humanité heureuse et épanouie pour au moins 3 ou 4 siècles, c'était pas la peine d'en inventer plus, on aurait pu s'arrêter là, c'était vraiment largement suffisant, on avait tout ce qu'il fallait pour arriver à trouver les outils pour nous permettre de nous exprimer, d'échanger d'inventer, de dialoguer etc. de manière efficace donc là vraiment c'était c'était carrément le rêve éveillé d'une certaine manière

  • Speaker #0

    Donc on en arrive à la question, comment se fait-il qu'en 2024 nous soyons arrivés à quelques jours de... Une éventuelle arrivée de l'extrême droite en France, comment se fait-il ? Qu'est-ce que c'est qui a foiré ? Qu'est-ce que c'est qui a fait que les relations se sont détériorées, que les haines se sont exacerbées, se sont autorisées à s'exprimer ? Qu'est-ce qui a fait que cette puissante technologie... n'a pas donné les résultats espérés, que tu espérais à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors oui, bien sûr, ça c'est une question qui mériterait peut-être éventuellement, je dirais, trois ans de discussion, parce que c'est un gros, gros sujet, mais bon, pour le faire rapide, ce qu'on pourrait dire, c'est que la technologie en elle-même, elle n'est pas bonne ou mauvaise. Je dirais, je ne sais pas, la découverte de l'énergie atomique, ça peut donner une centrale nucléaire ou ça peut donner une bombe atomique. Donc ce n'est pas exactement les mêmes finalités. L'une c'est de faire vivre, l'autre c'est de faire mourir. Donc quelque part la technologie n'est pas bonne ou pas bonne. Elle est ambivalente d'une certaine manière. Et donc tout dépend des gens qui vont l'utiliser, de la finalité des gens qui l'utilisent. Et je dirais même plus largement de la société qui va les héberger. et de l'état de la société qui va les héberger. Dans une société qui serait tournée à une époque, peut-être, bien que ça n'ait jamais existé, qui est tournée vers le bien, vers le fait que les autres aillent bien, etc., la technologie, elle peut être un outil pour améliorer le bien, pour augmenter le bien, pour, je dirais, augmenter le bien-être, etc. Dans une société qui est tournée autour de la possession, de la domination et de l'argent, ce qui est à peu près la société dans laquelle nous vivons, la technologie, elle a été dévoyée pour être utilisée dans ces finalités-là. Et donc, quelque part... les technologies ont été détournées d'une certaine manière. Et les technologies telles que moi j'ai utilisées au début des années 90, qui étaient pour arriver à être plus libres, sont devenues très vite des technologies qui ont été utilisées pour aliéner encore plus ou pour, je dirais, conditionner encore plus. Et c'est là où il y a eu quelque chose qui a loupé, d'une certaine manière. C'était prévisible. Mais n'empêche que je n'imaginais pas personnellement que ça descendrait aussi bas. C'est-à-dire que les choses seraient aussi navrantes, aussi désespérantes. que celle que l'on voit aujourd'hui. C'est-à-dire que la technologie aujourd'hui est devenue une technologie, excuse-moi du terme, qui rends con, quoi. C'est-à-dire que, quelque part, le nombre de bêtises qui peuvent être véhiculées grâce à la technologie, par la technologie, pour amener à l'asservissement intellectuel de l'autre, c'est hallucinant, quoi. Je dirais, l'exemple le plus visible de cet abêtissement collectif, c'était l'héritage, justement, de l'Internet, du Web, etc. Ça a été les réseaux sociaux. C'est-à-dire que les réseaux sociaux, ça a été l'art de... d'arriver à mettre des paroles mineures en avant. L'arrivée de mettre en avant des paroles méchantes ou malfaisantes en avant. Et donc l'art d'arriver à créer des troupeaux de gens qui suivent des abrutis. Donc quelque part, une façon d'arriver à remettre les gens par silos. Plutôt que de les réunir, on les a mis par silos de haine. Chacun s'enferme dans sa haine de quelque chose. Alors bien entendu, il y a eu des choses extraordinaires qui ont été faites. Pour en prendre une extraordinaire, la permaculture doit sa réussite actuelle. et son évolution à la technologie. C'est-à-dire, en gros, on peut dire que sans YouTube, la permaculture n'existerait pas aujourd'hui. Parce qu'il y a eu YouTube, il y a eu la permaculture, parce que chacun a pu y aller de sa contribution, de son exemple, etc. Mais pour une opération bénéfique comme celle-là, il y a des millions d'opérations maléfiques qui ont été faites en même temps. Or, malheureusement, les forces du mal sont beaucoup plus importantes et ont beaucoup plus de succès que les forces du bien. À preuve, je dirais, je ne sais pas, quand on regarde le niveau moyen des influenceurs sur la planète, je veux dire, on ne peut être que consterné quand même sur le fait que la bêtise engendre énormément de suiveurs. Il y a quand même des millions de gens qui aiment bien regarder tous les jours de la bêtise. Donc c'est ça qui est un problème. Et donc là, je dois dire que pour quelqu'un comme moi qui avait imaginé le paradis avec la technologie, tout d'un coup... je me trouve plongé dans l'enfer avec la technologie, en disant mais attends, mais c'est impossible, c'est-à-dire qu'une société comme celle-là, on est capable de faire croire n'importe quoi à n'importe qui, on est capable d'arriver à changer les mentalités, on est capable d'arriver à asservir un certain nombre de personnes, et ça sans que personne ne s'en rende compte. Je vais prendre un exemple encore plus précis pour dire ça. Je dirais, depuis le début de l'humanité, depuis le début de l'humanité, il se trouve que les parents, savent à peu près ce que leurs enfants reçoivent, puisque c'est eux qui leur donnent, leur famille et éventuellement leurs enseignants. Donc ils arrivent à peu près à comprendre ce qui se passe dans la tête de leurs enfants parce qu'ils sont la principale source d'informations ou la principale source de conditionnement, toujours d'ailleurs idéal, enfin en tout cas, ils se divertent de leur mieux. Depuis le début de l'humanité, ça a été comme ça. Eh bien maintenant, ce n'est plus comme ça. On peut dire au moins aujourd'hui... Je dirais depuis moins de dix ans, c'est plus comme ça. C'est-à-dire que les parents ont des enfants, leurs enfants ont des téléphones, outil extraordinaire mais qui est devenu un outil détestable dans les mains des enfants, et puis les téléphones véhiculent des réseaux sociaux, lesquels réseaux sociaux permettent à des gens mal intentionnés de venir mettre dans les cerveaux pas encore tout à fait formés des choses qui ne sont pas tout à fait idéales. Et donc aujourd'hui on a... des parents qui n'imaginent pas le nombre de choses hallucinantes qu'ingurgitent leurs enfants tous les jours et qui sont des nouveaux conditionnements qui vont changer leur façon de fonctionner et qui vont les éloigner d'eux d'une certaine manière parce que quelque part les parents ne connaissent pas ces outils-là. J'en prendrais un pour arriver à donner un exemple précis parce que moi-même j'avoue que j'ai été piégé par cette technologie-là. Parce que moi, j'étais dans les réseaux sociaux, donc je croyais que je connaissais les réseaux sociaux, je connaissais Twitter, je connaissais Facebook, etc. Mais tout d'un coup... est apparu un outil qui me paraissait totalement secondaire, TikTok. Et cet outil-là, je lui ai dit, c'est un outil pour diffuser des conneries. C'est des trucs un peu mineurs, des gens qui dansent n'importe comment, qui font de la musique n'importe comment, etc. Ça, c'était vrai au début. Et puis aujourd'hui, je dirais qu'on voit bien que cet outil-là est devenu le cœur de quelque chose. profondément maléfique pour tout un tas de générations qui sont en train d'arriver. Mais comme les parents ou comme les grands-parents comme moi n'y sont pas, ils ne peuvent pas comprendre ce qui est en train de se passer, qui est en train d'être véhiculé dans la tête des enfants, dans la tête des jeunes. Et ça, c'est un sacré problème. Et je crois que ce simple exemple de TikTok permet de comprendre à quel point actuellement, bien sûr qu'un outil comme celui-là peut véhiculer des choses très positives, il n'y a pas de doute qu'il y a des choses géniales qui se racontent là-dedans, qu'il y a de la cuisine, des trucs, etc. Mais il est évident, et alors là depuis je me suis renseigné, et surtout j'ai fréquenté de façon à comprendre ce qui se passait, mais le nombre, le pourcentage de vidéos de haine, vraiment des pires qu'on puisse imaginer, elles sont là. elles ne sont même pas écrêtées, etc. On laisse les choses se déverser dans la tête des gosses sans rien faire. Et là, on se dit, alors là, on a loupé une étape. C'est-à-dire qu'on est parti d'un outil qui permettait de véhiculer le mieux de la planète et on est en train de déverser le pire de la planète dans la tête des enfants, c'est-à-dire la population la plus fragile. Ce qui veut donc dire qu'avant 10 ans, avant 15 ans, nos sociétés seront totalement intoxiquées au travers de ces outils-là. C'est pour ça qu'il y a aujourd'hui des réflexions qui se font. Sur le fait dans certains pays d'interdire cet outil-là ? Même en France, d'une certaine manière, il y a peu de temps, en Nouvelle-Calédonie, quand il y a eu des incidents, le gouvernement a décidé de l'interdire pendant la durée des difficultés. C'est bien la preuve qu'ils ont compris, eux aussi, qu'il y avait un danger. Et je crois que vraiment, il est urgent aujourd'hui qu'on se pose la question de... Mais il y a un moment où il faut arrêter les technologies, c'est-à-dire qu'on ne peut pas les laisser faire tout et n'importe quoi, sinon on est fichu, d'une certaine manière. Et là, je suis très inquiet. Aujourd'hui, autant j'ai été enthousiaste, amoureux des technologies, autant aujourd'hui je suis inquiet. Et... Et je dirais dérouté par l'environnement maléfique dans lequel on est rentré depuis.

  • Speaker #0

    Donc là on arrive à aujourd'hui, ici maintenant on arrive sur un constat extrêmement alarmant, extrêmement... dramatique et ce que tu dis ça me fait penser à la tentative de salma sam altman le l'inventeur de fin l'un des leaders de l'ia de l'intelligence artificielle qui avec d'autres ont demandé l'arrêt momentané une pause dans le développement de l'intelligence artificielle sentant que cette technologie allait prendre le, je ne dirais pas prendre le pouvoir, mais encore que, mais au moins échapper à ses créateurs. Et cette pause qui a été demandée, qui a été acceptée dans un premier temps, a été refusée dans un deuxième temps, et la fuite en avant a repris de plus belle. Donc maintenant on se retrouve avec un système d'Internet, qui se développe et qui échappe un peu à ses propres créateurs. Et donc, une personne comme toi qui en a été, un propagateur, un agent de... Un missionnaire, je dirais, oui, un missionnaire. Moi, je t'ai toujours vécu un peu comme un missionnaire. Je me souviens de t'avoir fait intervenir auprès d'amis, etc. Et tu avais un pouvoir de conviction, un pouvoir d'entraînement qui fait que les plus rétifs à l'informatique, ceux qui disaient ne pas vouloir y mettre les doigts, se sont pris d'intérêt et quelquefois d'amour pour cette technologie. Et de voir maintenant... pousser ce cri d'alarme, ça, ça m'intrigue parce que je me dis, bon, et maintenant, qu'est-ce qui va se passer ? Et toi, en tant qu'homme qui a encore de l'influence et qui peut en avoir, comment vas-tu vivre ce choc et cette situation de paroxysme ?

  • Speaker #1

    C'est très exactement la question que je me pose actuellement. C'est-à-dire qu'actuellement, vraiment, je me pose la question, et c'est pour ça que ton podcast m'interpelle. C'est-à-dire que si je me dis, et maintenant, que j'ai vécu la phase amoureuse de quelque chose, je suis en train de vivre la phase effrayée de cette même chose, mais qu'est-ce que je fais de ce que j'ai compris ? Qu'est-ce que je peux faire de ce que j'ai compris ? Qu'est-ce que je peux faire de cette sensation-là ? Est-ce que je dois me retirer dans un espace non alimenté par Internet ? Est-ce que je dois me battre contre ce truc-là ? C'est vrai que c'est une sacrée question, parce que c'est une responsabilité. Quand on comprend l'effet nocif de ces choses-là... Tu évoquais l'intelligence artificielle. L'intelligence artificielle, ça a aussi une très forte ambivalence. On a tendance à toujours vouloir tout mettre dans le même panier. Mais l'intelligence artificielle, quand elle agit en accompagnement du travail des médecins pour arriver à faire un diagnostic, c'est la plus fantastique des choses qui puisse exister. Mais quand l'intelligence artificielle est au cœur des algorithmes, de TikTok notamment, pour arriver à nous enfermer dans une prison qui consiste à nous faire penser de plus en plus ce qu'on ne doit pas penser, là je dis que non, l'intelligence artificielle est en train de nous... de nous altérer, elle est en train de nous nuire. Donc c'est pour ça que là aussi, il y a cette ambivalence qui peut exister. Alors là, le problème, c'est de dire, quand on comprend ça, qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on peut faire ? Est-ce qu'il faut... Faire comme on a fait, c'est-à-dire qu'est-ce qu'il faut faire des conférences pour le dire ? Franchement, je pense que si c'était des conférences, ça ne serait même plus la peine de le faire. Donc quelque part, ce sera trop poussif par rapport à ça. Est-ce qu'il faut l'écrire ? Il y a 350 bouquins inutiles qui sortent tous les jours, on ne va pas en sortir un de plus. Donc je veux dire, il y a un vrai problème de dire, mais est-ce qu'il y a encore quelque chose à faire ? Ou est-ce que le chaos nous permettra éventuellement de sortir de cette impasse dans laquelle nous sommes ? C'est vraiment une question que je me pose. Et actuellement, bien sûr, la grande différence par rapport à il y a 10 ou 15 ans, il y a 10 ou 15 ans, j'étais dans le monde professionnel. J'étais dans des groupes, j'étais dans des dynamiques qui permettaient d'envisager des actions, voire les plus insensées, pour essayer de faire avancer des choses. Alors qu'aujourd'hui, je suis dans un nouvel état qui est l'état de retraité. Et l'état de retraité est un état, entre guillemets, pour beaucoup. moi en l'occurrence, qui est un État beaucoup plus solitaire, dans lequel il n'y a pas forcément de groupe, au sens de gens qui agissent ensemble, il y a peut-être des groupes de belotes ou des groupes de trucs, pas pour moi, mais en tout cas pour certains, ou de groupes de pétanques, mais il n'y a pas forcément de groupe qui ont envie d'agir sur la société, on considère que voilà, t'es à la retraite, tu te tiens au calme et tu nous fous la paix, nous pendant ce temps-là on bosse. Donc quelque part, aujourd'hui la question que je me pose c'est de dire, mais... L'avantage qu'on peut avoir en ayant vécu le meilleur et maintenant le pire de ce qu'on peut faire de la technologie, c'est peut-être qu'on peut essayer d'éviter que l'incendie ne dévaste tout. Comment faire quand on est dans une position de retraité et de retraité entre guillemets plutôt isolée ? Ça, c'est la vraie question. C'est la question que je me pose, sur laquelle, bien entendu, si je me la pose, c'est que je n'ai pas la réponse. Qui peut-être sont dans cette même interrogation et se disent, essayons de grouper nos actions. Peut-être qu'on va se donner... de la force et de l'envie d'y aller pour essayer de se battre contre les moulins, parce que quelque part, c'est un immense travail à faire. Mais aujourd'hui, ce n'est vraiment pas simple quand on comprend. le péril qui est devant nous, et le péril est un terme simple et net par rapport à ce qui est là, et je dirais que les élections dans lesquelles nous vivons actuellement ne sont pas... entre autres, que le résultat de ces actions souterraines qui existent dans le numérique et qui permettent de fonctionner comme un système de conditionnement de masse. Je voyais récemment une photo où il y avait Orwell qui était en train de regarder un livre qui s'appelait 2024 et qui était totalement effaré, tellement il trouvait que c'était hallucinant ce qu'il était en train de voir dans ce qui était en train de se passer en 2024. Je pense que nous sommes à un moment crucial de l'évolution de l'humanité. Que le numérique, le digital est au cœur de ce moment crucial, que le péril n'a jamais été aussi important et qu'il est vraiment urgent qu'on agisse par rapport à ça. Il y a bien sûr beaucoup d'autres problèmes, les problèmes écologiques, etc. Mais ce problème numérique, c'est un problème de la santé mentale des populations. Et il ne faut quand même pas être très fort pour comprendre que la santé mentale des populations n'est pas top actuellement, qu'on ne réfléchit pas comme il faut, qu'on n'a plus tous nos moyens. Il faudrait se poser la question de savoir si toutes les conneries qu'on écoute... ou dans lesquels on est englué, ne sont pas quand même la base de cet état-là. Donc aujourd'hui, je me dis, et maintenant, qu'est-ce que je fais de tout ça ? Qu'est-ce que je peux faire ? Est-ce qu'il faut que j'agisse ? Est-ce qu'il faut que je me batte ? Est-ce qu'il faut que j'ose me battre ? Ou est-ce que je dois dire, écoute, bon, espérons que d'autres le feront, et qu'ils se battront, et qu'ils arriveront à des résultats ? C'est un sacré problème, c'est un sacré problème difficile à résoudre.

  • Speaker #0

    Et quand on dit se battre, ça veut dire quoi ? On peut se battre sur les technologies en fixant des limites, en fixant des limites à la recherche, des limites à la diffusion, une loi pour interdire aux enfants avant 15 ans d'avoir un téléphone portable, ça c'est une défense juridique. On peut se battre aussi vis-à-vis des utilisateurs et moi mon vieux fond de formateur, d'animateur, moi j'ai toujours... Je me dis que ce qui serait important, c'est de se battre sur la formation des gens à l'utilisation de ça, c'est-à-dire leur permettre de faire le pas de côté qui les inviterait à réfléchir sur leurs propres pratiques. Là, je sens que je peux encore faire quelque chose, mais c'est très difficile.

  • Speaker #1

    Alors justement, moi je crois que quelque part... Je ne crois pas que le combat législatif, etc., soit une voie possible compte tenu de... Je dirais, on va dire de l'érosion de la qualité des politiques, etc., qui ne sont pas prêts à faire ça, il y a tellement d'intérêts qui font qu'ils ne le feront pas, c'est pas ça. La formation, bien sûr, peut être quelque chose de très tentant, mais la formation, c'est très long. Donc, il faut du temps pour arriver à le faire. Je crois qu'aujourd'hui, la démarche prioritaire à laquelle il faudrait qu'on arrive, c'est une démarche d'information, uniquement d'information. C'est d'arriver à dire à... tous les parents, mais bon Dieu, faites vachement attention. Votre gosse est en train de vous échapper, est en train de rentrer entre les mains de personnes que vous ne connaissez pas et qui sont en train de le foutre en l'air. Donc quelque part, il me semble aujourd'hui qu'il y a un défi, qui est un défi d'informer, d'informer les parents. Attention, allez regarder, regardez par-dessus l'épaule de votre enfant et regardez ce qui lui arrive dans la tête. et vous allez voir que vous allez être sidérés. C'est à vous de comprendre, c'est à vous de surveiller, c'est à vous de limiter, c'est à vous de faire en sorte de le sauver. Donc je pense qu'aujourd'hui, la vraie démarche, c'est une information vis-à-vis des parents pour sauver leurs enfants. Parce qu'il s'agit ni plus ni moins de ça. Je veux dire, aujourd'hui, si je devais conseiller, ce que je ne ferais jamais, bien entendu, les grands dictateurs de ce monde que sont Poutine, que sont l'autre en Iran ou que sont le troisième en Chine, sur comment détruire l'Occident, je leur dirais mais c'est pas compliqué, mais c'est vraiment simple. Vous devriez mettre un outil de type TikTok, vous voyez ce que je veux dire TikTok, vous mettez un outil de type TikTok et puis vous arrangez que les gens les plus dépravés et les plus salopards de la planète puissent en vivre. Et à partir de là, vous inquiétez pas, vous allez détruire tous les enfants de l'Occident. Et une fois que vous aurez détruit tous les enfants de l'Occident, parce que bien sûr, j'oublie pas, il faut que cet outil-là, vous le rendiez inopérant dans vos propres pays, parce que sinon, ça va détruire aussi vos propres jeunes, si tant est qu'il y en a encore, parce qu'il n'y en a pas beaucoup dans vos pays qui naissent. Mais en tout cas, si vous voulez détruire l'Occident, faites-le uniquement avec un outil numérique. des gens qui sont mal intentionnés, qui vont en vivre, des influenceurs, je dirais, idéologiques, et là, vous allez voir que vous allez les détruire, vous n'avez pas besoin de sortir un canon, vous n'avez pas besoin de sortir une fusée, ça va se détruire tout seul. Ça mettra 5 ou 10 ans ou 15 ans, mais vous êtes sûr du résultat, il n'y aura plus de société derrière. Donc c'est ça qui est un problème, c'est qu'aujourd'hui, la guerre telle que nous l'avons connue n'existera plus. d'une certaine manière, mais une guerre d'un type totalement nouveau est en train de naître, qui est une guerre qui consiste à bousiller des générations. Et on bousille des générations, comment ? Avec les outils numériques. Et ça, c'est un sacré défi, et ça, il n'y a que les parents qui peuvent en protéger les enfants. Et donc je crois que c'est vraiment par l'information qu'on arrivera, mais en disant ça, j'ai bien conscience qu'il va falloir qu'il y ait de l'information, on le fasse bien pour que ça arrive le plus rapidement possible, auprès du plus possible d'oreilles.

  • Speaker #0

    Je t'écoute en repensant à tout ce qu'on disait sur la télévision dans les années 70, tout ce qu'on disait sur la télévision et les enfants, que la télévision allait leur donner accès, que c'était la facilité parce que c'était l'image, que ça allait leur donner accès à des images licencieuses au sexe, au vice. On tenait toujours les mêmes arguments, tu sais. Donc on va faire de la formation pour que les parents, on faisait des écoles de parents pour réglementer, régulariser un peu l'accès à la télévision. Nous, notre credo au CREAP, c'était de dire, on va leur donner la possibilité d'écrire des choses en images et en son, et puis s'ils sont actifs, ils seront moins passifs devant les écrans. Bon, ça c'était notre... notre notre volonté là maintenant ce qui est frappant c'est que la possibilité d'écrire avec des images et des sons tout le monde là la possibilité de diffuser sur toute la planète tout le monde là ça c'est extraordinaire comme changement comme saut c'est un saut quantitatif mais je trouve que c'est presque un saut qualitatif certes devient d'une autre d'une autre nature et Oui, je voulais dire que l'avantage de ces outils, c'est qu'ils donnent un certain plaisir sans effort. Et que le plaisir... Et l'homme est ainsi fait qu'il va rechercher son plaisir. La boucle du plaisir, il va aller le chercher. Et regarder des, on appelle ça sur Internet, regarder des réels sans arrêt, où il y a des situations paroxysiques, des situations de déséquilibre, des situations humoristiques, des situations qui font peur, etc. Ça procure un plaisir fabuleux. Et donc... Quand tu dis qu'il faudrait que les parents interviennent, les parents vont se retrouver dans un rôle beaucoup plus castrateur qu'autrefois. Ils vont se retrouver en butte à la colère des enfants. Moi, j'ai droit à voir ça puisque mes amis le voient et puisque tout le monde trouve ça super.

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai que les parents vont se trouver confrontés à un problème de colère peut-être pendant trois jours, mais pas plus parce que quelque part, le problème, c'est que... Le défi auquel on est confronté, c'est un défi de la télévision à la puissance sans. C'est-à-dire que la télévision était un défi parce qu'elle menaçait de conditionner des populations. Elle l'a fait d'ailleurs, parce que je dirais qu'une grande partie de la crétinerie actuelle est liée à ce qui passe à la télé. Mais quelque part, c'était fait de manière assez contrôlée, générique, etc. Mais là, attention, c'est que... on enferme chaque personne dans une chaîne de télévision qui est la sienne. L'association du réseau social TikTok et de l'intelligence artificielle fait qu'il y a une chaîne de télévision par personne, puisque là, bien sûr, c'est que de la vidéo, et finalement, elle va totalement prendre le contrôle de la tête de la personne qui est là. Donc c'est autrement plus menaçant en termes de fonctionnement. On n'a jamais connu un système d'emprisonnement individuel aussi sophistiqué. Donc ça, c'est le gros changement. C'est-à-dire que les menaces qui étaient là depuis très longtemps se sont accrues à un niveau qui est inimaginable. Et ça, c'est vraiment effrayant. Et ça m'effraie dix fois plus que le reste. Bien sûr que je suis effrayé par la fonte d'épaule. Mais je me dis que les pôles n'auront pas fondu que déjà la société aura été détruite par d'autres choses. Et ces autres choses, c'est la crétinisation globale. des populations. Ça, c'est vraiment la menace qui nous pend au nez et qui ne met pas longtemps, ces quelques années, pour arriver à déruire une société. Donc, ce n'est pas très positif et pas très optimiste, surtout pour quelqu'un qui est un amoureux de la technologie. Mais quelque part, c'est peut-être parce que je suis un amoureux de la technologie que je me permets de le dire, parce que je n'ai jamais été réticent par rapport à la technologie. Je n'ai jamais dit ça. Mais par contre... Il faut bien le reconnaître, l'être humain a une capacité à détourner les belles choses de leurs beaux objectifs qui est absolument extraordinaire. L'être humain, c'est quelqu'un qui malheureusement a toujours la tentation de pervertir les progrès et d'en faire un usage qui n'est absolument pas adapté. Et aujourd'hui, on est à un moment critique et il y a urgence, il y a vraiment urgence. On n'a pas dix ans devant nous.

  • Speaker #0

    L'être humain recherche le plaisir.

  • Speaker #1

    Il recherche la dopamine. Parce qu'une fois de plus, TikTok, c'est un phénomène dopamine. C'est-à-dire que plus je regarde TikTok, plus j'ai de la dopamine, plus je suis heureux. Même si je sors des conneries après. Je suis heureux quand même parce que j'ai vécu quelque chose qui était, pour mon cerveau, qui lui a apporté du plaisir. Donc voilà, le secret de la domination de la planète, c'est la dopamine.

  • Speaker #0

    Oui, on est un peu comme dans une secte. C'est un enfermement dans lequel on a ses certitudes, dans lequel on a son plaisir, dans lequel on a le sentiment d'appartenir. C'est-à-dire que les besoins essentiels sont contenus dans la technologie.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Je dirais que ça ne va pas faire plaisir aux complotistes, mais quelque part, il s'agit d'un phénomène de destruction massive, mais qui n'est dirigé par personne. Il y a des millions d'acteurs qui sont fédérés pour arriver à fabriquer cette décadence numérique dans laquelle nous sommes actuellement. Il n'y a pas un chef d'orchestre. Il y aurait un chef d'orchestre, on le nommerait, on le tuerait éventuellement. Mais là, il n'y a même pas ça. C'est-à-dire qu'il y a seulement des millions de personnes qui, au nom du fait de vouloir gagner de l'argent, gagner de la célébrité, travailler sur le rubris, etc., vont finalement arriver à fabriquer des prisons individuelles pour les individus, pour arriver à les transformer d'êtres humains ouverts. en être humain buté, en être humain réduit à des pensées qui ne sont pas forcément les meilleures pour leur permettre de survivre. Donc là, vraiment, c'est un changement radical. Et malheureusement, il n'y a pas de comploteur central. Ça serait très agréable si on arrivait à définir un comploteur central. Il n'y en a pas. Il y a des alliés. J'ai cité la Chine, l'Iran ou la Russie. C'est sûr que ce sont des alliés objectifs de ces choses-là. Ils nourrissent en partie les choses, mais ils ont tellement de collaborateurs gratuits qui sont autour d'eux, mais c'est magnifique. C'est-à-dire que tout le monde y va, dans cette partie absolument incroyable de destruction massive de l'humanité.

  • Speaker #0

    Frédéric, alors pour conclure, on en arrive à la question de départ, et maintenant. J'ai bien conscience de la dangerosité de TikTok vis-à-vis des enfants et ça me fait frémir vis-à-vis de mes petits-enfants parce que s'ils tombent dans les pattes de cette machine, c'est une machine à broyer. Alors nous, avec le temps qui nous reste, et maintenant qu'est-ce qu'on fait ?

  • Speaker #1

    Alors moi je serais bien en peine de dire ce qu'il faut faire, mais en tout cas, moi ce à quoi je suis prêt à faire, c'est de dire, s'il y a des gens qui... Comme moi, on fait cette analyse ou sont dans cette logique de réflexion et comme moi pense qu'il y a peut-être quelque chose à faire, parlons-nous, réfléchissons. Je dirais qu'il faut 10 ou 20 personnes autour d'une table ou autour d'un logiciel pour arriver à peut-être formaliser des solutions, pour arriver à faire ce travail d'information urgente sur ces périls qui nous menacent. Donc je veux dire, moi aujourd'hui, je ferais plutôt un appel à, voilà, essayons de réunir nos maigres forces. pour arriver à agir. On pourra utiliser d'ailleurs les réseaux... éventuellement pour faire ce genre de choses-là parce qu'il y a des choses à faire, mais il faut qu'il y ait une envie collective de quelque chose. Ça ne peut pas être un individu héroïque qui va arriver dans un coin et qui va faire quelque chose. Je pense que ça, il s'autodétruira ou il sera détruit avant que ça ne puisse fonctionner. Il faut trouver cette dynamique. Il faut créer cette dynamique. Donc voilà, moi je fais un appel à cette dynamique. S'il y a des gens qui ont envie de faire ça, je suis prêt à parler avec vous d'ailleurs et à échanger et à voir comment on peut faire parce que c'est vraiment crucial et urgent. On n'a pas trop de temps devant nous.

  • Speaker #0

    Je pense que cette proposition que tu fais peut être entendue et peut retenir l'attention. Je pense que ce qui est important c'est que tu mettes l'accent sur le collectif, c'est-à-dire qu'aucun d'entre nous seul ne pourra trouver la solution. C'est quelque chose que l'on peut vivre ensemble. parents, enseignants, éducateurs, pédopsychiatres, je ne sais pas, mais tous les gens qui travaillent avec les enfants, pour les enfants, peuvent mettre ensemble leurs perceptions, leurs aspirations, leurs désirs, leurs peurs, et essayer de voir chacun où il est, comment il peut... Garder la lumière allumée.

  • Speaker #1

    Absolument, parce que je crois qu'il y a un très bon livre que je vous recommande, qui a été écrit en 2019, qui s'appelle Les ingénieurs du chaos Et on voit très bien qu'à chaque fois que des gens arrivent au pouvoir, que ce soit aux États-Unis, en Hongrie, en Argentine, etc., il n'y a pas beaucoup de personnes qui le font. Mais il y a une petite équipe de gens très malfaisants. qui arrivent à faire en sorte que des idées absolument pourries arrivent à prendre le pouvoir. Donc ça veut dire qu'il ne faut pas forcément un très grand nombre de personnes, mais il faut un certain nombre de personnes, et aucun individu ne peut le faire. Il n'y a que des collectifs qui peuvent y arriver, même de petite taille, ils peuvent arriver à avoir des résultats stupéfiants.

  • Speaker #0

    Sortons de la logique du jeu, ce qu'on appelle le jeu de cet affreux. Parce qu'on peut dire pendant des heures, c'est affreux ce qui nous arrive. Maintenant, ce qui est important, maintenant, c'est de mettre en place des choses qui nous aident à dépasser cette sidération devant l'accélération de tout ça.

  • Speaker #1

    Ce qui serait affreux, ce serait vraiment de ne rien faire.

  • Speaker #0

    Oui. Eh bien, écoute Frédéric, je te remercie beaucoup pour cet échange. Je pense que tu as fait un appel qui peut être entendu. Et si, vraiment, si vous partagez l'inquiétude qu'a exprimée Frédéric, je vous invite à prendre contact avec moi. Je lui transmettrai et... Nous essaierons de constituer des cellules d'échange, de réflexion autour de ça. Vous pouvez m'écrire patricemarcade.com et puis je vous tiendrai au courant de la suite de ce front anti- abêtissement. C'est pas très fort comme nom.

  • Speaker #1

    C'est bien, mais on doit pouvoir trouver mieux, mais c'est déjà pas mal pour un début.

  • Speaker #0

    Merci. Merci. Merci. Vous venez d'écouter Frédéric Soussin, où comment un apôtre du numérique peut devenir lanceur d'alerte. Si comme lui, en tant que parent, grand-parent, éducateur, vous partagez la même inquiétude sur le développement de ces outils de TikTok en particulier, Frédéric vous invite à partager vos réflexions. apportez votre contribution à notre croisade pour la défense de la santé mentale de nos enfants je transmettrai un dernier mot si vous aussi tel frédéric et tel sisyphe nous poussez votre rocher et que vous avez besoin de petites mains pour vous aider, je ne saurais trop vous conseiller de témoigner. A bientôt !

Description

Les  sportifs raccrochent les crampons lorsque l’heure de la retraite sonne.

Si ce qui vous accroche, vous passionne, ce pourquoi vous vous battez, ce qui contribue à donner un sens à votre vie  doit s’interrompre  brutalement lors de la retraite, que faites-vous de cette expertise acquise au fil des ans  ?  comment faites-vous le deuil de ces plaisirs intellectuels et relationnels , comment abandonnez-vous la partie ? « Et Main-tenant .. ?»

C’est à cette questionne j’aimerais consacrer une nouvelles série dans le cadre ce podcast « Et Main-tenant …? »

Mon premier invité est Frédéric Soussin, il est consultant « en fluidité numérique », il a consacré sa vie professionnelle à accompagner ses clients afin qu’ils se saisissent de l’énergie que portait en elle  la vague internet, vous allez le découvrir aujourd'hui "lanceur d'alerte".


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, je suis Patrice Marcadé, vous écoutez Et maintenant le podcast qui donne la parole comme on donne la main. Dans les six précédents épisodes, nous étions sur la question Je suis vieux, et maintenant ? Je vous ai proposé six témoignages, parcours de vie, qui donnaient des couleurs au continent gris de la vieillesse. Aujourd'hui, je voudrais vous proposer d'envisager cet aspect particulier du fait de prendre de l'âge, c'est l'invitation au bilan. Et la question corollaire est maintenant. Je remercie mon ami Frédéric Soussin, consultant spécialisé dans les nouveaux usages du numérique, d'avoir accepté de se prêter à l'exercice. Lorsque notre amie commune Elisabeth nous a mis en contact, ça a tout de suite matché entre nous. J'ai eu le sentiment de retrouver un frère. Nous semblions avoir un patrimoine génétique commun. un intérêt et une curiosité pour les technologies permettant de favoriser la communication, la relation entre les hommes, les groupes et les groupes entre eux. Étant de 12 ans plus âgé que Frédéric, mon aventure audiovisuelle s'est centrée sur la vidéo et celle de Frédéric sur l'Internet. La vidéo légère dans les années 80, c'était le grand rêve de la caméra stylo, comme disait Godard. Chacun allait pouvoir prendre la parole, pour peu qu'il ait accès aux outils et en maîtrise un minimum le mode d'emploi. Le son, l'image et leur diffusion étaient à l'époque le monopole des chaînes de télévision, donc hors de portée. C'est pourquoi... Mes camarades du CREAV, Association Rochelaise qui faisait de la formation à l'audiovisuel et moi-même, avons défendu en 1983 l'idée de créer un service écrivain public audiovisuel pour favoriser cette appropriation, cet accès à l'image. Mettre en forme la parole des autres pour en favoriser l'échange, le partage, renforcer le lien social, ce fut une idée qui retint l'attention des pouvoirs publics et nous fûmes aidés pour acquérir du matériel. Et maintenant, la suite de l'histoire fut plus compliquée et j'ai découvert que faire appel à une technologie pour communiquer C'est à la fois extrêmement puissant, délicat, voire explosif. Et pour toi Frédéric, ton histoire avec l'informatique, les réseaux, ça a commencé comment ?

  • Speaker #1

    L'histoire a commencé juste à la fin de mes études. Je faisais une école de commerce et je me baladais dans la rue et je suis tombé devant une vitrine dans laquelle était exposé un ordinateur. Je ne l'ai jamais vu de cette manière-là. C'était un... un ordinateur Apple, un Apple II.

  • Speaker #0

    Comme par hasard.

  • Speaker #1

    Déjà. Et j'étais tellement sidéré que je suis rentré, je me suis fait expliquer, et bon, je vous passe les détails, mais... Je crois qu'un mois après, j'avais créé une boîte. C'est-à-dire que j'étais en train de faire mes études, mais je venais de créer une boîte autour de ça, parce que tout d'un coup, cette chose-là, cet objet, a fait jaillir en moi tout un tas de possibles tellement incroyables. que j'ai tout de suite créé une boîte. Pour la petite histoire, d'ailleurs, cette boîte, plus de 50 ans après, existe encore. Elle a été, bien sûr, reprise par des gens beaucoup plus brillants que moi, et qui en ont fait une super boîte qui a eu beaucoup de succès, etc. Mais quelque part, voilà. Donc c'est seulement pour dire que au départ, c'est une espèce de vision absolument incroyable, d'impossible absolument inouïe, que j'ai vue dans cette espèce d'ordinateur, en disant ça, c'est le début d'un monde hallucinant qui va tout changer, qui va changer ma vie, qui va changer la vie de tout le monde, etc. Et donc pour moi, je suis tombé en amour, comme ils disent au Québec, et je me suis intéressé à ça. Donc ça, pendant quelques années, je me suis intéressé bien sûr à ça. L'Apple II a généré... le Mac, etc. Donc tout un tas de choses. Et donc, bien sûr, cette aventure avec les nouvelles machines m'a permis d'avancer. Mais par contre, la vraie révolution dans ma tête s'est faite un peu plus tard, c'est-à-dire au début des années 90, où là, j'ai été confronté à un logiciel qui était un logiciel d'entreprise très, très cher, etc. Pour la petite histoire qui s'appelait Lotus Notes. Et ce logiciel permettait de créer des groupes. et de leur permettre de travailler ensemble à distance, en différé, donc pas en asynchrone comme on dit, pas en temps réel, mais chacun mettait de l'information quand il pouvait, et ils répondaient quand ils pouvaient, et donc ça permettait de créer des groupes de travail, des groupes d'échange, etc. Et là, il y a eu le deuxième effet Big Bang, comme le premier qui avait eu lieu avec l'Apple II, et là je me suis dit, ça y est, là cette fois, La société de demain, elle est là, elle est en train de se réinventer. À l'époque, bien sûr, il n'y avait pas Internet, il n'y avait pas tout ça, mais c'était exactement la préconfiguration de ce qu'allait être Internet grand public, bien entendu. Donc, cette espèce de possibilité de créer des liens permanents entre les gens, de leur permettre d'échanger, d'enrichir leurs idées, etc., et de le faire au fil de l'eau, sans contrainte, et de manière, je dirais, la plus souple et la plus agréable possible. Et ça m'a entraîné à faire un changement dans ma vie radicale, puisque là, tout de suite, pour moi, ce qui m'est apparu, c'est de dire, ben voilà, on peut se libérer du bureau, on peut se libérer de la contrainte, on peut se mettre à... télétravailler. C'était ça le réflexe que j'ai eu. Et j'ai dit, pour faire ça, je vais non pas le penser, mais je vais le démontrer. Et pour le démontrer, je vais partir de la fantastique région parisienne dans laquelle j'habite pour aller dans la non moins fantastique région alpine qui était la Chartreuse et me mettre en plein milieu des montagnes et démontrer qu'en plein milieu des montagnes, on peut arriver à vivre de son cerveau, de ses activités intellectuelles, etc. grâce à la technologie, et que le télétravail en milieu montagnard peut tout à fait exister, parce que si j'étais capable de le démontrer là, c'était capable dans n'importe quel type de circonstance.

  • Speaker #0

    Tu étais terriblement en avance.

  • Speaker #1

    Alors moi, je n'avais pas conscience d'être en avance. J'avais conscience d'avoir été exposé à un possible et de réagir par rapport à ce possible en disant il faut inventer quelque chose de nouveau et quelque chose d'extraordinaire. Et donc, un an et demi plus tard, en l'occurrence, je suis parti pour la chartreuse avec Femmes et Enfants. Et je me suis installé avec deux copains qui avaient été sensibles aussi à cette réflexion, à cette possibilité. Et dès qu'on est arrivé, qu'on a commencé à installer ce qu'on appelait à l'époque un serveur de groupware, donc de travail en groupe, on a commencé à jouer avec. Et là, on s'est rendu compte que c'était encore plus explosif que ce qu'on avait imaginé. Et on a invité un certain nombre de copains et on a créé une espèce de bande de gens qui se sont intéressés à ce sujet-là. Ce qui a amené d'ailleurs à beaucoup d'émigration de gens qui venaient de la région parisienne et qui sont venus s'installer dans les Alpes. Et là donc on a développé des activités autour du être ensemble, du échanger ensemble, du vivre ensemble autour des technologies. Et on l'a fait pour nous, bien entendu, on l'a fait pour des gens qui habitaient dans le coin, on l'a fait peut-être la chose dont j'étais le plus heureux à l'époque au milieu des années 90, on l'a fait pour les écoles qui se trouvaient dans le massif voisin qui était le massif du Vercors. où on a réuni des écoles sur le plateau du Vercors, on leur a mis un ordinateur dans chaque classe, et ils se sont mis à travailler ensemble, à échanger ensemble, ils créaient des textes et ils les tapaient sur les ordinateurs dans certaines classes, ils les lisaient dans d'autres, ils parlaient dans certaines classes, ils les écoutaient dans les autres. Donc il y avait un travail absolument incroyable qui a été fait avec des gosses, des gamins qui avaient 7, 8, 9 ans, donc une génération qui n'avait jamais été touchée par ces choses-là. Et donc là... On a pris conscience de l'infini du possible qui s'ouvrait à nous. Parce qu'on était, une fois de plus, avant l'irruption de l'Internet grand public tel qu'il est sorti, deuxième moitié des années 90, et où là, on s'est rendu compte que cette chose-là allait devenir massive. Donc là, on était un petit peu avant l'heure, mais l'inconvénient et l'avantage d'avoir été un peu avant l'heure, c'est que, l'avantage, c'est qu'on a vu les choses arriver. L'inconvénient, c'est qu'on s'est vite rendu compte après, quand c'est arrivé, qu'il y avait des risques de déviation et d'utilisation, je dirais, à mauvais escient, de toutes ces technologies pour en faire des choses qui n'étaient pas forcément ce pour quoi elles étaient envisagées au départ. Voilà, donc ça, ça a été le début de la surprise, je dirais, quand Internet est arrivé. On aurait pu se dire, c'est génial, ça va continuer encore plus qu'avant. On commençait à se dire à ce moment-là, c'est génial, mais attention parce que ça va partir dans tous les sens. C'était ça un petit peu la réflexion qu'on s'est faite à l'époque, parce que bien sûr, l'environnement dans lequel on travaillait avant était un environnement parfaitement maîtrisé, tout le monde se connaissait, tout le monde était identifié, tout le monde était responsable de ce qu'il disait, de ce qu'il faisait, tout le monde connaissait les autres, donc respecté aussi, etc. Donc il y avait une énorme responsabilité des uns et des autres pour ce qu'on faisait. Il n'y avait pas le début de ce qui est arrivé après, c'est-à-dire de l'anonymat, de la multiplicité, etc. Donc des utilisations un petit peu différentes qui sont arrivées.

  • Speaker #0

    Prenons un point de repère, ça a commencé en quelle année cette affaire ?

  • Speaker #1

    Ça a commencé en 1992 très exactement, avec des années absolument incroyables. On a développé des stratégies de télétravail, pour la petite histoire d'ailleurs, donc quelques années plus tard, en 1995-1996, on créait ce qu'on appelait à l'époque un téléscentre, le premier téléscentre qui est arrivé à côté de Villars-de-Lens, et qui a donné la possibilité à des gens qui travaillaient à Grenoble. de rester sur le plateau et de continuer à travailler depuis ce téléscentre avec leur ordinateur. Donc déjà, à l'époque, il y avait les germes de tout un tas de choses dont on a beaucoup parlé 20 ans ou 25 ans plus tard. Mais c'est normal, puisqu'on avait eu la chance de tomber sur cette technologie. Les gens qui maîtrisaient cette technologie avaient eu la gentillesse d'être très généreux vis-à-vis de nous, nous avoir donné tous les moyens pour pouvoir l'utiliser, l'expérimenter, etc. Donc sans avoir à investir les sommes folles que ça coûtait à l'époque. Donc quelque part, c'était début des années 90, on a pu... commencer à toucher du doigt la réalité numérique telle qu'elle est aujourd'hui généralisée dans nos sociétés.

  • Speaker #0

    Et donc, Internet, à proprement parler, est arrivé en quelle année ?

  • Speaker #1

    Il est arrivé, je dirais, fin des années 90. Ça a commencé vraiment à se répandre à ce moment-là. Donc, il y a eu l'Internet, je dirais, qui est arrivé fin des années 90. Mais on peut dire, d'une certaine manière, que le vrai Internet, à grande échelle, a commencé à exister quand les terminaux ont été à la hauteur. Parce que l'Internet de l'époque, l'informatique qu'on avait à l'époque, c'était des ordinateurs. Et tout le monde n'avait pas un ordinateur, donc il fallait avoir un ordinateur pour plusieurs personnes, dans certains cas quand c'était dans les classes par exemple. Alors qu'après, au début des années 2000, dès que sont arrivés les téléphones, à ce moment-là, il y a eu des téléphones qui permettaient de faire autre chose que téléphoner, donc qui permettaient d'être branchés. Sur le net, à ce moment-là, il y a eu une expansion extraordinaire de toutes les possibilités d'échange au travers de ces différents outils. Donc pour moi, l'Internet, je dirais, grand public a démarré à la fin des années 90, mais le vrai Internet à grande échelle, je dirais, à son maximum, ça a commencé avec l'arrivée des vrais téléphones polyvalents et avec l'arrivée de l'iPhone. D'une certaine manière, c'est l'iPhone qui a inauguré en... 2007, autant que je me souvienne, qui a inauguré vraiment l'arrivée d'une nouvelle façon d'envisager un terminal numérique qui était devenu un terminal numérique qui nous accompagnait 24h sur 24, de certaine manière.

  • Speaker #0

    Vos outils étaient centrés sur des applications professionnelles, là tu as parlé pour l'école c'était la pédagogie freinée en fait, l'échange de les correspondances scolaires etc. Et pour le monde de l'entreprise c'était quel genre de boîte qui se sont investies là-dedans ?

  • Speaker #1

    C'était essentiellement professionnel, c'est-à-dire que nous ce qu'on avait envie de démontrer aux boîtes c'est il est grand temps que vous arriviez à libérer... du temps à vos salariés pour qu'ils puissent fonctionner autrement. Et donc, quelque part, on a essayé de démontrer que beaucoup de boulots pouvaient se faire avec une partie télétravaillée, avec une partie faite à distance, avec une partie faite avec d'autres personnes. Ne serait-ce qu'éventuellement de se mettre au milieu des fournisseurs, au milieu des sous-traitants pour pouvoir travailler avec eux et rester en contact avec sa propre entreprise. Donc, c'était plutôt des entreprises qui étaient, à l'époque, c'était... EDF qui était une entreprise qui jouait le truc, c'était Schneider, c'était des entreprises comme ça, qui étaient toujours à la recherche des choses nouvelles, des choses intelligentes, etc. et qui ont voulu expérimenter ces types d'approches à grande échelle pour pouvoir justement en faire des nouvelles pratiques d'entreprises qui puissent fonctionner.

  • Speaker #0

    Donc ça a été bien reçu et soutenu par l'encadrement des entreprises ?

  • Speaker #1

    Ah oui, bien sûr, mais il faut savoir que ça a été bien soutenu, pas a priori, ça a été bien soutenu a posteriori, parce qu'il y avait un grand travail de réflexion et d'évolution, ne serait-ce que du management. Quand vous managez quelqu'un qui est à côté de vous et quand vous ne l'avez plus à côté de vous, comment vous faites pour le manager efficacement ? Donc c'était tout ça la réflexion. La réflexion, ce n'était pas seulement de mettre une technologie pour travailler à distance, C'était une réflexion, c'est comment créer une relation différente, malgré ou avec la distance. Ma conviction personnelle était que justement, la distance pouvait peut-être amener encore un plus, c'est-à-dire que la distance, elle n'enlevait pas du potentiel dans la relation, elle en rajoutait, puisqu'elle donnait du temps à la personne, elle donnait du recul à la personne, elle donnait une espèce de réflexion maturée, pas toujours sur l'événement et pas toujours sur l'humeur, etc. Et donc c'est de ça qu'était intéressant, c'était d'arriver à créer un nouveau possible en créant des nouveaux comportements. Mais... Au fond, moi, ce qui me passionnait, c'était la relation. Mais la relation, pas forcément la relation de face à face. la relation, je dirais, permanente. Cette espèce de possibilité de se dire Mais je ne serai jamais séparé de l'autre. Je ne serai jamais séparé de cette pensée. Je ne serai jamais séparé de ce travail qui va permettre d'avancer, etc. On aura toujours une espèce de fil qui sera entre nous et qui nous permettra de toujours avancer. Chacun à son rythme. Chacun suivant ses possibilités. Mais les choses continueront à avancer, même quand on ne sera pas ensemble. Et ça, cette notion de relation permanente, forte et qui se nourrit, était quelque chose qui moi me passionnait et me paraissait être un truc inouï en termes de fonctionnement.

  • Speaker #0

    C'est une relation... dans laquelle la vie professionnelle et la vie personnelle sont fortement imbriquées.

  • Speaker #1

    Ne serait-ce que parce que dans cette relation, quand elle est bien faite, elle respecte vachement les deux aspects. Elle respecte l'aspect professionnel parce qu'elle permet de donner toute sa rigueur, mais elle respecte l'aspect personnel parce qu'elle permet de donner du temps aussi, de donner du recul, etc. Donc quelque part, c'était ça qui était intéressant. C'était cette espèce de... de façon de remaitriser ses actes, de remaitriser son activité, de remaitriser sa profession, de ne plus être, je dirais, sous l'emprise du quotidien tel qu'on l'avait vécu pendant 30, 40 ou 50 ans précédemment.

  • Speaker #0

    Il y a eu des réserves de la part des utilisateurs.

  • Speaker #1

    Par définition, les réserves, elles venaient surtout de gens qui ne l'avaient jamais fait. Donc, quelque part, on a eu des réserves et puis on testait avec eux et on voyait très, très vite que les gens tombaient dans le jeu, retrouvaient leur marque. Par contre, bien entendu, on s'est confronté à des problèmes de managers qui étaient des managers qui n'auraient pas dû l'être et qui, du fait de la distance, étaient encore moins managers que quand ils étaient en présentiel, puisque quelque part, pour eux, ils étaient dans le vide. Et puis, bien sûr, comme c'était des gens qui avaient... plutôt tendance à projeter le négatif sur le comportement de leurs subordonnés, ils imaginaient que quand ils n'étaient pas là, ils foutaient rien. Alors qu'en fait, quand ils n'étaient pas là, c'est là où ils foutaient le maximum, puisque quelque part, ils étaient totalement en train de digérer, en train d'incuber un certain nombre de choses pour pouvoir les restituer à leur équipe au moment où les choses avaient bien mûri, d'une certaine manière. Donc, bien entendu, ce qui était intéressant, c'est qu'il y avait des échanges, il y avait des oppositions, etc. Mais le juge de paix, c'était l'action. On disait, écoute, c'est pas compliqué, on l'installe. on regarde et on le fait. Et donc à l'époque, on recevait, on organisait des séminaires en plein milieu de la montagne pour démontrer aussi qu'on était capable de former dans des lieux qui étaient précédemment pas forcément tout à fait adaptés à des formations technologiques. Et ils venaient et on se formait, puis on échangeait, etc. Et on leur faisait franchir un cap. C'était ça qui était intéressant. Mais ce qui était intéressant surtout, c'était de se dire que on voyait là naître un nouveau monde. On voyait là naître une nouvelle façon de fonctionner, une nouvelle façon de, je dirais... d'avoir le plaisir d'être en phase avec les autres, d'avoir le plaisir de coopérer avec les autres, d'avoir le plaisir de coopérer avec des gens qui ne fonctionnent pas à la même vitesse que nous. Il y avait des gens qui fonctionnaient plus vite que nous, il y avait des gens qui fonctionnaient moins vite que nous, mais tous arrivaient à trouver leur vitesse grâce à l'outil, et donc chacun contribuait dans la mesure de ses possibilités, et à la fin on avait un ensemble qui était autrement plus conséquent que les choses qu'on avait précédemment dans des réunions de groupe, ou certaines fois c'était des réunions de groupe où c'était le plus bavard ou le plus rapide qui gagnait. et les autres, ils se taisaient et puis ils attendaient que ça se passe. Alors que là, il y avait vraiment une façon de permettre de restituer un droit à la parole à tout le monde. Et chacun pouvait en profiter différemment, parce qu'il y a des individus qui sont assez au premier degré, ou assez primaires, et d'autres individus assez secondarisés. Chacun avait la possibilité de gérer ça dans un espace-temps qui était élargi, et qui était beaucoup plus tolérant pour les différents comportements.

  • Speaker #0

    Bien. Donc, cette expérimentation, elle a duré combien de temps ?

  • Speaker #1

    L'expérimentation a commencé au début des années 90, elle a continué assez longtemps, puis après c'est devenu une profession. Moi, c'était le début de ma profession. Je suis devenu consultant en relations numériques, d'une certaine manière. À ce moment-là, je n'appelais pas ça comme ça, mais je n'appelais pas ça comme ça à l'époque, mais aujourd'hui c'est comme ça que je l'aurais appelé, en relations numériques. Et donc après, ça s'est étendu dans les années 2000 à 2020. D'une autre façon, c'est-à-dire que, bien sûr, Internet étant arrivé, on avait beaucoup plus de possibilités, le téléphone étant arrivé, on avait beaucoup plus de possibilités. Et je dois dire que vraiment, il y a des gens qui peuvent dire qu'ils font leur métier par passion ou par amour. Moi, ça a été mon cas parce que quelque part, il y avait toujours des trucs nouveaux à démarrer, toujours des trucs nouveaux à imaginer, à tester, etc. Et comme les technologies n'arrêtaient pas d'avancer, il y avait toujours quelque chose de nouveau qui permettait, je dirais, d'inventer quelque chose qui puisse encore plus coller à la problématique de la personne, à la problématique du groupe, etc. Ça a continué jusqu'à la fin de ma carrière, en l'occurrence, qui m'a permis justement d'expérimenter tout au long. C'est-à-dire qu'on était en expérimentation permanente d'une certaine manière, puisque les technologies changeaient en tout le temps. Même si la base était une base assez commune, il y avait toujours des choses à réinventer, à réimaginer et à refaire.

  • Speaker #0

    Et la découverte de l'iPhone, ça a été, j'imagine, le graal. L'arrivée de l'iPhone en 2007.

  • Speaker #1

    2007, oui. Je dois dire qu'il y a eu, je crois que c'était 75-76, le premier choc qui a été l'Apple II. 1991-92, qui est la découverte de Lotus Notes, qui est le logiciel. Et puis 2007, la découverte de l'iPhone et de l'iPod, d'ailleurs, à l'époque, qui avaient été lancés en même temps avec pratiquement les mêmes fonctionnalités. Pour moi, ça y est, tout était là. Toutes les pièces. Rêver. était là, c'est-à-dire qu'il y avait quoi à fabriquer une humanité heureuse et épanouie pour au moins 3 ou 4 siècles, c'était pas la peine d'en inventer plus, on aurait pu s'arrêter là, c'était vraiment largement suffisant, on avait tout ce qu'il fallait pour arriver à trouver les outils pour nous permettre de nous exprimer, d'échanger d'inventer, de dialoguer etc. de manière efficace donc là vraiment c'était c'était carrément le rêve éveillé d'une certaine manière

  • Speaker #0

    Donc on en arrive à la question, comment se fait-il qu'en 2024 nous soyons arrivés à quelques jours de... Une éventuelle arrivée de l'extrême droite en France, comment se fait-il ? Qu'est-ce que c'est qui a foiré ? Qu'est-ce que c'est qui a fait que les relations se sont détériorées, que les haines se sont exacerbées, se sont autorisées à s'exprimer ? Qu'est-ce qui a fait que cette puissante technologie... n'a pas donné les résultats espérés, que tu espérais à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors oui, bien sûr, ça c'est une question qui mériterait peut-être éventuellement, je dirais, trois ans de discussion, parce que c'est un gros, gros sujet, mais bon, pour le faire rapide, ce qu'on pourrait dire, c'est que la technologie en elle-même, elle n'est pas bonne ou mauvaise. Je dirais, je ne sais pas, la découverte de l'énergie atomique, ça peut donner une centrale nucléaire ou ça peut donner une bombe atomique. Donc ce n'est pas exactement les mêmes finalités. L'une c'est de faire vivre, l'autre c'est de faire mourir. Donc quelque part la technologie n'est pas bonne ou pas bonne. Elle est ambivalente d'une certaine manière. Et donc tout dépend des gens qui vont l'utiliser, de la finalité des gens qui l'utilisent. Et je dirais même plus largement de la société qui va les héberger. et de l'état de la société qui va les héberger. Dans une société qui serait tournée à une époque, peut-être, bien que ça n'ait jamais existé, qui est tournée vers le bien, vers le fait que les autres aillent bien, etc., la technologie, elle peut être un outil pour améliorer le bien, pour augmenter le bien, pour, je dirais, augmenter le bien-être, etc. Dans une société qui est tournée autour de la possession, de la domination et de l'argent, ce qui est à peu près la société dans laquelle nous vivons, la technologie, elle a été dévoyée pour être utilisée dans ces finalités-là. Et donc, quelque part... les technologies ont été détournées d'une certaine manière. Et les technologies telles que moi j'ai utilisées au début des années 90, qui étaient pour arriver à être plus libres, sont devenues très vite des technologies qui ont été utilisées pour aliéner encore plus ou pour, je dirais, conditionner encore plus. Et c'est là où il y a eu quelque chose qui a loupé, d'une certaine manière. C'était prévisible. Mais n'empêche que je n'imaginais pas personnellement que ça descendrait aussi bas. C'est-à-dire que les choses seraient aussi navrantes, aussi désespérantes. que celle que l'on voit aujourd'hui. C'est-à-dire que la technologie aujourd'hui est devenue une technologie, excuse-moi du terme, qui rends con, quoi. C'est-à-dire que, quelque part, le nombre de bêtises qui peuvent être véhiculées grâce à la technologie, par la technologie, pour amener à l'asservissement intellectuel de l'autre, c'est hallucinant, quoi. Je dirais, l'exemple le plus visible de cet abêtissement collectif, c'était l'héritage, justement, de l'Internet, du Web, etc. Ça a été les réseaux sociaux. C'est-à-dire que les réseaux sociaux, ça a été l'art de... d'arriver à mettre des paroles mineures en avant. L'arrivée de mettre en avant des paroles méchantes ou malfaisantes en avant. Et donc l'art d'arriver à créer des troupeaux de gens qui suivent des abrutis. Donc quelque part, une façon d'arriver à remettre les gens par silos. Plutôt que de les réunir, on les a mis par silos de haine. Chacun s'enferme dans sa haine de quelque chose. Alors bien entendu, il y a eu des choses extraordinaires qui ont été faites. Pour en prendre une extraordinaire, la permaculture doit sa réussite actuelle. et son évolution à la technologie. C'est-à-dire, en gros, on peut dire que sans YouTube, la permaculture n'existerait pas aujourd'hui. Parce qu'il y a eu YouTube, il y a eu la permaculture, parce que chacun a pu y aller de sa contribution, de son exemple, etc. Mais pour une opération bénéfique comme celle-là, il y a des millions d'opérations maléfiques qui ont été faites en même temps. Or, malheureusement, les forces du mal sont beaucoup plus importantes et ont beaucoup plus de succès que les forces du bien. À preuve, je dirais, je ne sais pas, quand on regarde le niveau moyen des influenceurs sur la planète, je veux dire, on ne peut être que consterné quand même sur le fait que la bêtise engendre énormément de suiveurs. Il y a quand même des millions de gens qui aiment bien regarder tous les jours de la bêtise. Donc c'est ça qui est un problème. Et donc là, je dois dire que pour quelqu'un comme moi qui avait imaginé le paradis avec la technologie, tout d'un coup... je me trouve plongé dans l'enfer avec la technologie, en disant mais attends, mais c'est impossible, c'est-à-dire qu'une société comme celle-là, on est capable de faire croire n'importe quoi à n'importe qui, on est capable d'arriver à changer les mentalités, on est capable d'arriver à asservir un certain nombre de personnes, et ça sans que personne ne s'en rende compte. Je vais prendre un exemple encore plus précis pour dire ça. Je dirais, depuis le début de l'humanité, depuis le début de l'humanité, il se trouve que les parents, savent à peu près ce que leurs enfants reçoivent, puisque c'est eux qui leur donnent, leur famille et éventuellement leurs enseignants. Donc ils arrivent à peu près à comprendre ce qui se passe dans la tête de leurs enfants parce qu'ils sont la principale source d'informations ou la principale source de conditionnement, toujours d'ailleurs idéal, enfin en tout cas, ils se divertent de leur mieux. Depuis le début de l'humanité, ça a été comme ça. Eh bien maintenant, ce n'est plus comme ça. On peut dire au moins aujourd'hui... Je dirais depuis moins de dix ans, c'est plus comme ça. C'est-à-dire que les parents ont des enfants, leurs enfants ont des téléphones, outil extraordinaire mais qui est devenu un outil détestable dans les mains des enfants, et puis les téléphones véhiculent des réseaux sociaux, lesquels réseaux sociaux permettent à des gens mal intentionnés de venir mettre dans les cerveaux pas encore tout à fait formés des choses qui ne sont pas tout à fait idéales. Et donc aujourd'hui on a... des parents qui n'imaginent pas le nombre de choses hallucinantes qu'ingurgitent leurs enfants tous les jours et qui sont des nouveaux conditionnements qui vont changer leur façon de fonctionner et qui vont les éloigner d'eux d'une certaine manière parce que quelque part les parents ne connaissent pas ces outils-là. J'en prendrais un pour arriver à donner un exemple précis parce que moi-même j'avoue que j'ai été piégé par cette technologie-là. Parce que moi, j'étais dans les réseaux sociaux, donc je croyais que je connaissais les réseaux sociaux, je connaissais Twitter, je connaissais Facebook, etc. Mais tout d'un coup... est apparu un outil qui me paraissait totalement secondaire, TikTok. Et cet outil-là, je lui ai dit, c'est un outil pour diffuser des conneries. C'est des trucs un peu mineurs, des gens qui dansent n'importe comment, qui font de la musique n'importe comment, etc. Ça, c'était vrai au début. Et puis aujourd'hui, je dirais qu'on voit bien que cet outil-là est devenu le cœur de quelque chose. profondément maléfique pour tout un tas de générations qui sont en train d'arriver. Mais comme les parents ou comme les grands-parents comme moi n'y sont pas, ils ne peuvent pas comprendre ce qui est en train de se passer, qui est en train d'être véhiculé dans la tête des enfants, dans la tête des jeunes. Et ça, c'est un sacré problème. Et je crois que ce simple exemple de TikTok permet de comprendre à quel point actuellement, bien sûr qu'un outil comme celui-là peut véhiculer des choses très positives, il n'y a pas de doute qu'il y a des choses géniales qui se racontent là-dedans, qu'il y a de la cuisine, des trucs, etc. Mais il est évident, et alors là depuis je me suis renseigné, et surtout j'ai fréquenté de façon à comprendre ce qui se passait, mais le nombre, le pourcentage de vidéos de haine, vraiment des pires qu'on puisse imaginer, elles sont là. elles ne sont même pas écrêtées, etc. On laisse les choses se déverser dans la tête des gosses sans rien faire. Et là, on se dit, alors là, on a loupé une étape. C'est-à-dire qu'on est parti d'un outil qui permettait de véhiculer le mieux de la planète et on est en train de déverser le pire de la planète dans la tête des enfants, c'est-à-dire la population la plus fragile. Ce qui veut donc dire qu'avant 10 ans, avant 15 ans, nos sociétés seront totalement intoxiquées au travers de ces outils-là. C'est pour ça qu'il y a aujourd'hui des réflexions qui se font. Sur le fait dans certains pays d'interdire cet outil-là ? Même en France, d'une certaine manière, il y a peu de temps, en Nouvelle-Calédonie, quand il y a eu des incidents, le gouvernement a décidé de l'interdire pendant la durée des difficultés. C'est bien la preuve qu'ils ont compris, eux aussi, qu'il y avait un danger. Et je crois que vraiment, il est urgent aujourd'hui qu'on se pose la question de... Mais il y a un moment où il faut arrêter les technologies, c'est-à-dire qu'on ne peut pas les laisser faire tout et n'importe quoi, sinon on est fichu, d'une certaine manière. Et là, je suis très inquiet. Aujourd'hui, autant j'ai été enthousiaste, amoureux des technologies, autant aujourd'hui je suis inquiet. Et... Et je dirais dérouté par l'environnement maléfique dans lequel on est rentré depuis.

  • Speaker #0

    Donc là on arrive à aujourd'hui, ici maintenant on arrive sur un constat extrêmement alarmant, extrêmement... dramatique et ce que tu dis ça me fait penser à la tentative de salma sam altman le l'inventeur de fin l'un des leaders de l'ia de l'intelligence artificielle qui avec d'autres ont demandé l'arrêt momentané une pause dans le développement de l'intelligence artificielle sentant que cette technologie allait prendre le, je ne dirais pas prendre le pouvoir, mais encore que, mais au moins échapper à ses créateurs. Et cette pause qui a été demandée, qui a été acceptée dans un premier temps, a été refusée dans un deuxième temps, et la fuite en avant a repris de plus belle. Donc maintenant on se retrouve avec un système d'Internet, qui se développe et qui échappe un peu à ses propres créateurs. Et donc, une personne comme toi qui en a été, un propagateur, un agent de... Un missionnaire, je dirais, oui, un missionnaire. Moi, je t'ai toujours vécu un peu comme un missionnaire. Je me souviens de t'avoir fait intervenir auprès d'amis, etc. Et tu avais un pouvoir de conviction, un pouvoir d'entraînement qui fait que les plus rétifs à l'informatique, ceux qui disaient ne pas vouloir y mettre les doigts, se sont pris d'intérêt et quelquefois d'amour pour cette technologie. Et de voir maintenant... pousser ce cri d'alarme, ça, ça m'intrigue parce que je me dis, bon, et maintenant, qu'est-ce qui va se passer ? Et toi, en tant qu'homme qui a encore de l'influence et qui peut en avoir, comment vas-tu vivre ce choc et cette situation de paroxysme ?

  • Speaker #1

    C'est très exactement la question que je me pose actuellement. C'est-à-dire qu'actuellement, vraiment, je me pose la question, et c'est pour ça que ton podcast m'interpelle. C'est-à-dire que si je me dis, et maintenant, que j'ai vécu la phase amoureuse de quelque chose, je suis en train de vivre la phase effrayée de cette même chose, mais qu'est-ce que je fais de ce que j'ai compris ? Qu'est-ce que je peux faire de ce que j'ai compris ? Qu'est-ce que je peux faire de cette sensation-là ? Est-ce que je dois me retirer dans un espace non alimenté par Internet ? Est-ce que je dois me battre contre ce truc-là ? C'est vrai que c'est une sacrée question, parce que c'est une responsabilité. Quand on comprend l'effet nocif de ces choses-là... Tu évoquais l'intelligence artificielle. L'intelligence artificielle, ça a aussi une très forte ambivalence. On a tendance à toujours vouloir tout mettre dans le même panier. Mais l'intelligence artificielle, quand elle agit en accompagnement du travail des médecins pour arriver à faire un diagnostic, c'est la plus fantastique des choses qui puisse exister. Mais quand l'intelligence artificielle est au cœur des algorithmes, de TikTok notamment, pour arriver à nous enfermer dans une prison qui consiste à nous faire penser de plus en plus ce qu'on ne doit pas penser, là je dis que non, l'intelligence artificielle est en train de nous... de nous altérer, elle est en train de nous nuire. Donc c'est pour ça que là aussi, il y a cette ambivalence qui peut exister. Alors là, le problème, c'est de dire, quand on comprend ça, qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on peut faire ? Est-ce qu'il faut... Faire comme on a fait, c'est-à-dire qu'est-ce qu'il faut faire des conférences pour le dire ? Franchement, je pense que si c'était des conférences, ça ne serait même plus la peine de le faire. Donc quelque part, ce sera trop poussif par rapport à ça. Est-ce qu'il faut l'écrire ? Il y a 350 bouquins inutiles qui sortent tous les jours, on ne va pas en sortir un de plus. Donc je veux dire, il y a un vrai problème de dire, mais est-ce qu'il y a encore quelque chose à faire ? Ou est-ce que le chaos nous permettra éventuellement de sortir de cette impasse dans laquelle nous sommes ? C'est vraiment une question que je me pose. Et actuellement, bien sûr, la grande différence par rapport à il y a 10 ou 15 ans, il y a 10 ou 15 ans, j'étais dans le monde professionnel. J'étais dans des groupes, j'étais dans des dynamiques qui permettaient d'envisager des actions, voire les plus insensées, pour essayer de faire avancer des choses. Alors qu'aujourd'hui, je suis dans un nouvel état qui est l'état de retraité. Et l'état de retraité est un état, entre guillemets, pour beaucoup. moi en l'occurrence, qui est un État beaucoup plus solitaire, dans lequel il n'y a pas forcément de groupe, au sens de gens qui agissent ensemble, il y a peut-être des groupes de belotes ou des groupes de trucs, pas pour moi, mais en tout cas pour certains, ou de groupes de pétanques, mais il n'y a pas forcément de groupe qui ont envie d'agir sur la société, on considère que voilà, t'es à la retraite, tu te tiens au calme et tu nous fous la paix, nous pendant ce temps-là on bosse. Donc quelque part, aujourd'hui la question que je me pose c'est de dire, mais... L'avantage qu'on peut avoir en ayant vécu le meilleur et maintenant le pire de ce qu'on peut faire de la technologie, c'est peut-être qu'on peut essayer d'éviter que l'incendie ne dévaste tout. Comment faire quand on est dans une position de retraité et de retraité entre guillemets plutôt isolée ? Ça, c'est la vraie question. C'est la question que je me pose, sur laquelle, bien entendu, si je me la pose, c'est que je n'ai pas la réponse. Qui peut-être sont dans cette même interrogation et se disent, essayons de grouper nos actions. Peut-être qu'on va se donner... de la force et de l'envie d'y aller pour essayer de se battre contre les moulins, parce que quelque part, c'est un immense travail à faire. Mais aujourd'hui, ce n'est vraiment pas simple quand on comprend. le péril qui est devant nous, et le péril est un terme simple et net par rapport à ce qui est là, et je dirais que les élections dans lesquelles nous vivons actuellement ne sont pas... entre autres, que le résultat de ces actions souterraines qui existent dans le numérique et qui permettent de fonctionner comme un système de conditionnement de masse. Je voyais récemment une photo où il y avait Orwell qui était en train de regarder un livre qui s'appelait 2024 et qui était totalement effaré, tellement il trouvait que c'était hallucinant ce qu'il était en train de voir dans ce qui était en train de se passer en 2024. Je pense que nous sommes à un moment crucial de l'évolution de l'humanité. Que le numérique, le digital est au cœur de ce moment crucial, que le péril n'a jamais été aussi important et qu'il est vraiment urgent qu'on agisse par rapport à ça. Il y a bien sûr beaucoup d'autres problèmes, les problèmes écologiques, etc. Mais ce problème numérique, c'est un problème de la santé mentale des populations. Et il ne faut quand même pas être très fort pour comprendre que la santé mentale des populations n'est pas top actuellement, qu'on ne réfléchit pas comme il faut, qu'on n'a plus tous nos moyens. Il faudrait se poser la question de savoir si toutes les conneries qu'on écoute... ou dans lesquels on est englué, ne sont pas quand même la base de cet état-là. Donc aujourd'hui, je me dis, et maintenant, qu'est-ce que je fais de tout ça ? Qu'est-ce que je peux faire ? Est-ce qu'il faut que j'agisse ? Est-ce qu'il faut que je me batte ? Est-ce qu'il faut que j'ose me battre ? Ou est-ce que je dois dire, écoute, bon, espérons que d'autres le feront, et qu'ils se battront, et qu'ils arriveront à des résultats ? C'est un sacré problème, c'est un sacré problème difficile à résoudre.

  • Speaker #0

    Et quand on dit se battre, ça veut dire quoi ? On peut se battre sur les technologies en fixant des limites, en fixant des limites à la recherche, des limites à la diffusion, une loi pour interdire aux enfants avant 15 ans d'avoir un téléphone portable, ça c'est une défense juridique. On peut se battre aussi vis-à-vis des utilisateurs et moi mon vieux fond de formateur, d'animateur, moi j'ai toujours... Je me dis que ce qui serait important, c'est de se battre sur la formation des gens à l'utilisation de ça, c'est-à-dire leur permettre de faire le pas de côté qui les inviterait à réfléchir sur leurs propres pratiques. Là, je sens que je peux encore faire quelque chose, mais c'est très difficile.

  • Speaker #1

    Alors justement, moi je crois que quelque part... Je ne crois pas que le combat législatif, etc., soit une voie possible compte tenu de... Je dirais, on va dire de l'érosion de la qualité des politiques, etc., qui ne sont pas prêts à faire ça, il y a tellement d'intérêts qui font qu'ils ne le feront pas, c'est pas ça. La formation, bien sûr, peut être quelque chose de très tentant, mais la formation, c'est très long. Donc, il faut du temps pour arriver à le faire. Je crois qu'aujourd'hui, la démarche prioritaire à laquelle il faudrait qu'on arrive, c'est une démarche d'information, uniquement d'information. C'est d'arriver à dire à... tous les parents, mais bon Dieu, faites vachement attention. Votre gosse est en train de vous échapper, est en train de rentrer entre les mains de personnes que vous ne connaissez pas et qui sont en train de le foutre en l'air. Donc quelque part, il me semble aujourd'hui qu'il y a un défi, qui est un défi d'informer, d'informer les parents. Attention, allez regarder, regardez par-dessus l'épaule de votre enfant et regardez ce qui lui arrive dans la tête. et vous allez voir que vous allez être sidérés. C'est à vous de comprendre, c'est à vous de surveiller, c'est à vous de limiter, c'est à vous de faire en sorte de le sauver. Donc je pense qu'aujourd'hui, la vraie démarche, c'est une information vis-à-vis des parents pour sauver leurs enfants. Parce qu'il s'agit ni plus ni moins de ça. Je veux dire, aujourd'hui, si je devais conseiller, ce que je ne ferais jamais, bien entendu, les grands dictateurs de ce monde que sont Poutine, que sont l'autre en Iran ou que sont le troisième en Chine, sur comment détruire l'Occident, je leur dirais mais c'est pas compliqué, mais c'est vraiment simple. Vous devriez mettre un outil de type TikTok, vous voyez ce que je veux dire TikTok, vous mettez un outil de type TikTok et puis vous arrangez que les gens les plus dépravés et les plus salopards de la planète puissent en vivre. Et à partir de là, vous inquiétez pas, vous allez détruire tous les enfants de l'Occident. Et une fois que vous aurez détruit tous les enfants de l'Occident, parce que bien sûr, j'oublie pas, il faut que cet outil-là, vous le rendiez inopérant dans vos propres pays, parce que sinon, ça va détruire aussi vos propres jeunes, si tant est qu'il y en a encore, parce qu'il n'y en a pas beaucoup dans vos pays qui naissent. Mais en tout cas, si vous voulez détruire l'Occident, faites-le uniquement avec un outil numérique. des gens qui sont mal intentionnés, qui vont en vivre, des influenceurs, je dirais, idéologiques, et là, vous allez voir que vous allez les détruire, vous n'avez pas besoin de sortir un canon, vous n'avez pas besoin de sortir une fusée, ça va se détruire tout seul. Ça mettra 5 ou 10 ans ou 15 ans, mais vous êtes sûr du résultat, il n'y aura plus de société derrière. Donc c'est ça qui est un problème, c'est qu'aujourd'hui, la guerre telle que nous l'avons connue n'existera plus. d'une certaine manière, mais une guerre d'un type totalement nouveau est en train de naître, qui est une guerre qui consiste à bousiller des générations. Et on bousille des générations, comment ? Avec les outils numériques. Et ça, c'est un sacré défi, et ça, il n'y a que les parents qui peuvent en protéger les enfants. Et donc je crois que c'est vraiment par l'information qu'on arrivera, mais en disant ça, j'ai bien conscience qu'il va falloir qu'il y ait de l'information, on le fasse bien pour que ça arrive le plus rapidement possible, auprès du plus possible d'oreilles.

  • Speaker #0

    Je t'écoute en repensant à tout ce qu'on disait sur la télévision dans les années 70, tout ce qu'on disait sur la télévision et les enfants, que la télévision allait leur donner accès, que c'était la facilité parce que c'était l'image, que ça allait leur donner accès à des images licencieuses au sexe, au vice. On tenait toujours les mêmes arguments, tu sais. Donc on va faire de la formation pour que les parents, on faisait des écoles de parents pour réglementer, régulariser un peu l'accès à la télévision. Nous, notre credo au CREAP, c'était de dire, on va leur donner la possibilité d'écrire des choses en images et en son, et puis s'ils sont actifs, ils seront moins passifs devant les écrans. Bon, ça c'était notre... notre notre volonté là maintenant ce qui est frappant c'est que la possibilité d'écrire avec des images et des sons tout le monde là la possibilité de diffuser sur toute la planète tout le monde là ça c'est extraordinaire comme changement comme saut c'est un saut quantitatif mais je trouve que c'est presque un saut qualitatif certes devient d'une autre d'une autre nature et Oui, je voulais dire que l'avantage de ces outils, c'est qu'ils donnent un certain plaisir sans effort. Et que le plaisir... Et l'homme est ainsi fait qu'il va rechercher son plaisir. La boucle du plaisir, il va aller le chercher. Et regarder des, on appelle ça sur Internet, regarder des réels sans arrêt, où il y a des situations paroxysiques, des situations de déséquilibre, des situations humoristiques, des situations qui font peur, etc. Ça procure un plaisir fabuleux. Et donc... Quand tu dis qu'il faudrait que les parents interviennent, les parents vont se retrouver dans un rôle beaucoup plus castrateur qu'autrefois. Ils vont se retrouver en butte à la colère des enfants. Moi, j'ai droit à voir ça puisque mes amis le voient et puisque tout le monde trouve ça super.

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai que les parents vont se trouver confrontés à un problème de colère peut-être pendant trois jours, mais pas plus parce que quelque part, le problème, c'est que... Le défi auquel on est confronté, c'est un défi de la télévision à la puissance sans. C'est-à-dire que la télévision était un défi parce qu'elle menaçait de conditionner des populations. Elle l'a fait d'ailleurs, parce que je dirais qu'une grande partie de la crétinerie actuelle est liée à ce qui passe à la télé. Mais quelque part, c'était fait de manière assez contrôlée, générique, etc. Mais là, attention, c'est que... on enferme chaque personne dans une chaîne de télévision qui est la sienne. L'association du réseau social TikTok et de l'intelligence artificielle fait qu'il y a une chaîne de télévision par personne, puisque là, bien sûr, c'est que de la vidéo, et finalement, elle va totalement prendre le contrôle de la tête de la personne qui est là. Donc c'est autrement plus menaçant en termes de fonctionnement. On n'a jamais connu un système d'emprisonnement individuel aussi sophistiqué. Donc ça, c'est le gros changement. C'est-à-dire que les menaces qui étaient là depuis très longtemps se sont accrues à un niveau qui est inimaginable. Et ça, c'est vraiment effrayant. Et ça m'effraie dix fois plus que le reste. Bien sûr que je suis effrayé par la fonte d'épaule. Mais je me dis que les pôles n'auront pas fondu que déjà la société aura été détruite par d'autres choses. Et ces autres choses, c'est la crétinisation globale. des populations. Ça, c'est vraiment la menace qui nous pend au nez et qui ne met pas longtemps, ces quelques années, pour arriver à déruire une société. Donc, ce n'est pas très positif et pas très optimiste, surtout pour quelqu'un qui est un amoureux de la technologie. Mais quelque part, c'est peut-être parce que je suis un amoureux de la technologie que je me permets de le dire, parce que je n'ai jamais été réticent par rapport à la technologie. Je n'ai jamais dit ça. Mais par contre... Il faut bien le reconnaître, l'être humain a une capacité à détourner les belles choses de leurs beaux objectifs qui est absolument extraordinaire. L'être humain, c'est quelqu'un qui malheureusement a toujours la tentation de pervertir les progrès et d'en faire un usage qui n'est absolument pas adapté. Et aujourd'hui, on est à un moment critique et il y a urgence, il y a vraiment urgence. On n'a pas dix ans devant nous.

  • Speaker #0

    L'être humain recherche le plaisir.

  • Speaker #1

    Il recherche la dopamine. Parce qu'une fois de plus, TikTok, c'est un phénomène dopamine. C'est-à-dire que plus je regarde TikTok, plus j'ai de la dopamine, plus je suis heureux. Même si je sors des conneries après. Je suis heureux quand même parce que j'ai vécu quelque chose qui était, pour mon cerveau, qui lui a apporté du plaisir. Donc voilà, le secret de la domination de la planète, c'est la dopamine.

  • Speaker #0

    Oui, on est un peu comme dans une secte. C'est un enfermement dans lequel on a ses certitudes, dans lequel on a son plaisir, dans lequel on a le sentiment d'appartenir. C'est-à-dire que les besoins essentiels sont contenus dans la technologie.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Je dirais que ça ne va pas faire plaisir aux complotistes, mais quelque part, il s'agit d'un phénomène de destruction massive, mais qui n'est dirigé par personne. Il y a des millions d'acteurs qui sont fédérés pour arriver à fabriquer cette décadence numérique dans laquelle nous sommes actuellement. Il n'y a pas un chef d'orchestre. Il y aurait un chef d'orchestre, on le nommerait, on le tuerait éventuellement. Mais là, il n'y a même pas ça. C'est-à-dire qu'il y a seulement des millions de personnes qui, au nom du fait de vouloir gagner de l'argent, gagner de la célébrité, travailler sur le rubris, etc., vont finalement arriver à fabriquer des prisons individuelles pour les individus, pour arriver à les transformer d'êtres humains ouverts. en être humain buté, en être humain réduit à des pensées qui ne sont pas forcément les meilleures pour leur permettre de survivre. Donc là, vraiment, c'est un changement radical. Et malheureusement, il n'y a pas de comploteur central. Ça serait très agréable si on arrivait à définir un comploteur central. Il n'y en a pas. Il y a des alliés. J'ai cité la Chine, l'Iran ou la Russie. C'est sûr que ce sont des alliés objectifs de ces choses-là. Ils nourrissent en partie les choses, mais ils ont tellement de collaborateurs gratuits qui sont autour d'eux, mais c'est magnifique. C'est-à-dire que tout le monde y va, dans cette partie absolument incroyable de destruction massive de l'humanité.

  • Speaker #0

    Frédéric, alors pour conclure, on en arrive à la question de départ, et maintenant. J'ai bien conscience de la dangerosité de TikTok vis-à-vis des enfants et ça me fait frémir vis-à-vis de mes petits-enfants parce que s'ils tombent dans les pattes de cette machine, c'est une machine à broyer. Alors nous, avec le temps qui nous reste, et maintenant qu'est-ce qu'on fait ?

  • Speaker #1

    Alors moi je serais bien en peine de dire ce qu'il faut faire, mais en tout cas, moi ce à quoi je suis prêt à faire, c'est de dire, s'il y a des gens qui... Comme moi, on fait cette analyse ou sont dans cette logique de réflexion et comme moi pense qu'il y a peut-être quelque chose à faire, parlons-nous, réfléchissons. Je dirais qu'il faut 10 ou 20 personnes autour d'une table ou autour d'un logiciel pour arriver à peut-être formaliser des solutions, pour arriver à faire ce travail d'information urgente sur ces périls qui nous menacent. Donc je veux dire, moi aujourd'hui, je ferais plutôt un appel à, voilà, essayons de réunir nos maigres forces. pour arriver à agir. On pourra utiliser d'ailleurs les réseaux... éventuellement pour faire ce genre de choses-là parce qu'il y a des choses à faire, mais il faut qu'il y ait une envie collective de quelque chose. Ça ne peut pas être un individu héroïque qui va arriver dans un coin et qui va faire quelque chose. Je pense que ça, il s'autodétruira ou il sera détruit avant que ça ne puisse fonctionner. Il faut trouver cette dynamique. Il faut créer cette dynamique. Donc voilà, moi je fais un appel à cette dynamique. S'il y a des gens qui ont envie de faire ça, je suis prêt à parler avec vous d'ailleurs et à échanger et à voir comment on peut faire parce que c'est vraiment crucial et urgent. On n'a pas trop de temps devant nous.

  • Speaker #0

    Je pense que cette proposition que tu fais peut être entendue et peut retenir l'attention. Je pense que ce qui est important c'est que tu mettes l'accent sur le collectif, c'est-à-dire qu'aucun d'entre nous seul ne pourra trouver la solution. C'est quelque chose que l'on peut vivre ensemble. parents, enseignants, éducateurs, pédopsychiatres, je ne sais pas, mais tous les gens qui travaillent avec les enfants, pour les enfants, peuvent mettre ensemble leurs perceptions, leurs aspirations, leurs désirs, leurs peurs, et essayer de voir chacun où il est, comment il peut... Garder la lumière allumée.

  • Speaker #1

    Absolument, parce que je crois qu'il y a un très bon livre que je vous recommande, qui a été écrit en 2019, qui s'appelle Les ingénieurs du chaos Et on voit très bien qu'à chaque fois que des gens arrivent au pouvoir, que ce soit aux États-Unis, en Hongrie, en Argentine, etc., il n'y a pas beaucoup de personnes qui le font. Mais il y a une petite équipe de gens très malfaisants. qui arrivent à faire en sorte que des idées absolument pourries arrivent à prendre le pouvoir. Donc ça veut dire qu'il ne faut pas forcément un très grand nombre de personnes, mais il faut un certain nombre de personnes, et aucun individu ne peut le faire. Il n'y a que des collectifs qui peuvent y arriver, même de petite taille, ils peuvent arriver à avoir des résultats stupéfiants.

  • Speaker #0

    Sortons de la logique du jeu, ce qu'on appelle le jeu de cet affreux. Parce qu'on peut dire pendant des heures, c'est affreux ce qui nous arrive. Maintenant, ce qui est important, maintenant, c'est de mettre en place des choses qui nous aident à dépasser cette sidération devant l'accélération de tout ça.

  • Speaker #1

    Ce qui serait affreux, ce serait vraiment de ne rien faire.

  • Speaker #0

    Oui. Eh bien, écoute Frédéric, je te remercie beaucoup pour cet échange. Je pense que tu as fait un appel qui peut être entendu. Et si, vraiment, si vous partagez l'inquiétude qu'a exprimée Frédéric, je vous invite à prendre contact avec moi. Je lui transmettrai et... Nous essaierons de constituer des cellules d'échange, de réflexion autour de ça. Vous pouvez m'écrire patricemarcade.com et puis je vous tiendrai au courant de la suite de ce front anti- abêtissement. C'est pas très fort comme nom.

  • Speaker #1

    C'est bien, mais on doit pouvoir trouver mieux, mais c'est déjà pas mal pour un début.

  • Speaker #0

    Merci. Merci. Merci. Vous venez d'écouter Frédéric Soussin, où comment un apôtre du numérique peut devenir lanceur d'alerte. Si comme lui, en tant que parent, grand-parent, éducateur, vous partagez la même inquiétude sur le développement de ces outils de TikTok en particulier, Frédéric vous invite à partager vos réflexions. apportez votre contribution à notre croisade pour la défense de la santé mentale de nos enfants je transmettrai un dernier mot si vous aussi tel frédéric et tel sisyphe nous poussez votre rocher et que vous avez besoin de petites mains pour vous aider, je ne saurais trop vous conseiller de témoigner. A bientôt !

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Description

Les  sportifs raccrochent les crampons lorsque l’heure de la retraite sonne.

Si ce qui vous accroche, vous passionne, ce pourquoi vous vous battez, ce qui contribue à donner un sens à votre vie  doit s’interrompre  brutalement lors de la retraite, que faites-vous de cette expertise acquise au fil des ans  ?  comment faites-vous le deuil de ces plaisirs intellectuels et relationnels , comment abandonnez-vous la partie ? « Et Main-tenant .. ?»

C’est à cette questionne j’aimerais consacrer une nouvelles série dans le cadre ce podcast « Et Main-tenant …? »

Mon premier invité est Frédéric Soussin, il est consultant « en fluidité numérique », il a consacré sa vie professionnelle à accompagner ses clients afin qu’ils se saisissent de l’énergie que portait en elle  la vague internet, vous allez le découvrir aujourd'hui "lanceur d'alerte".


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, je suis Patrice Marcadé, vous écoutez Et maintenant le podcast qui donne la parole comme on donne la main. Dans les six précédents épisodes, nous étions sur la question Je suis vieux, et maintenant ? Je vous ai proposé six témoignages, parcours de vie, qui donnaient des couleurs au continent gris de la vieillesse. Aujourd'hui, je voudrais vous proposer d'envisager cet aspect particulier du fait de prendre de l'âge, c'est l'invitation au bilan. Et la question corollaire est maintenant. Je remercie mon ami Frédéric Soussin, consultant spécialisé dans les nouveaux usages du numérique, d'avoir accepté de se prêter à l'exercice. Lorsque notre amie commune Elisabeth nous a mis en contact, ça a tout de suite matché entre nous. J'ai eu le sentiment de retrouver un frère. Nous semblions avoir un patrimoine génétique commun. un intérêt et une curiosité pour les technologies permettant de favoriser la communication, la relation entre les hommes, les groupes et les groupes entre eux. Étant de 12 ans plus âgé que Frédéric, mon aventure audiovisuelle s'est centrée sur la vidéo et celle de Frédéric sur l'Internet. La vidéo légère dans les années 80, c'était le grand rêve de la caméra stylo, comme disait Godard. Chacun allait pouvoir prendre la parole, pour peu qu'il ait accès aux outils et en maîtrise un minimum le mode d'emploi. Le son, l'image et leur diffusion étaient à l'époque le monopole des chaînes de télévision, donc hors de portée. C'est pourquoi... Mes camarades du CREAV, Association Rochelaise qui faisait de la formation à l'audiovisuel et moi-même, avons défendu en 1983 l'idée de créer un service écrivain public audiovisuel pour favoriser cette appropriation, cet accès à l'image. Mettre en forme la parole des autres pour en favoriser l'échange, le partage, renforcer le lien social, ce fut une idée qui retint l'attention des pouvoirs publics et nous fûmes aidés pour acquérir du matériel. Et maintenant, la suite de l'histoire fut plus compliquée et j'ai découvert que faire appel à une technologie pour communiquer C'est à la fois extrêmement puissant, délicat, voire explosif. Et pour toi Frédéric, ton histoire avec l'informatique, les réseaux, ça a commencé comment ?

  • Speaker #1

    L'histoire a commencé juste à la fin de mes études. Je faisais une école de commerce et je me baladais dans la rue et je suis tombé devant une vitrine dans laquelle était exposé un ordinateur. Je ne l'ai jamais vu de cette manière-là. C'était un... un ordinateur Apple, un Apple II.

  • Speaker #0

    Comme par hasard.

  • Speaker #1

    Déjà. Et j'étais tellement sidéré que je suis rentré, je me suis fait expliquer, et bon, je vous passe les détails, mais... Je crois qu'un mois après, j'avais créé une boîte. C'est-à-dire que j'étais en train de faire mes études, mais je venais de créer une boîte autour de ça, parce que tout d'un coup, cette chose-là, cet objet, a fait jaillir en moi tout un tas de possibles tellement incroyables. que j'ai tout de suite créé une boîte. Pour la petite histoire, d'ailleurs, cette boîte, plus de 50 ans après, existe encore. Elle a été, bien sûr, reprise par des gens beaucoup plus brillants que moi, et qui en ont fait une super boîte qui a eu beaucoup de succès, etc. Mais quelque part, voilà. Donc c'est seulement pour dire que au départ, c'est une espèce de vision absolument incroyable, d'impossible absolument inouïe, que j'ai vue dans cette espèce d'ordinateur, en disant ça, c'est le début d'un monde hallucinant qui va tout changer, qui va changer ma vie, qui va changer la vie de tout le monde, etc. Et donc pour moi, je suis tombé en amour, comme ils disent au Québec, et je me suis intéressé à ça. Donc ça, pendant quelques années, je me suis intéressé bien sûr à ça. L'Apple II a généré... le Mac, etc. Donc tout un tas de choses. Et donc, bien sûr, cette aventure avec les nouvelles machines m'a permis d'avancer. Mais par contre, la vraie révolution dans ma tête s'est faite un peu plus tard, c'est-à-dire au début des années 90, où là, j'ai été confronté à un logiciel qui était un logiciel d'entreprise très, très cher, etc. Pour la petite histoire qui s'appelait Lotus Notes. Et ce logiciel permettait de créer des groupes. et de leur permettre de travailler ensemble à distance, en différé, donc pas en asynchrone comme on dit, pas en temps réel, mais chacun mettait de l'information quand il pouvait, et ils répondaient quand ils pouvaient, et donc ça permettait de créer des groupes de travail, des groupes d'échange, etc. Et là, il y a eu le deuxième effet Big Bang, comme le premier qui avait eu lieu avec l'Apple II, et là je me suis dit, ça y est, là cette fois, La société de demain, elle est là, elle est en train de se réinventer. À l'époque, bien sûr, il n'y avait pas Internet, il n'y avait pas tout ça, mais c'était exactement la préconfiguration de ce qu'allait être Internet grand public, bien entendu. Donc, cette espèce de possibilité de créer des liens permanents entre les gens, de leur permettre d'échanger, d'enrichir leurs idées, etc., et de le faire au fil de l'eau, sans contrainte, et de manière, je dirais, la plus souple et la plus agréable possible. Et ça m'a entraîné à faire un changement dans ma vie radicale, puisque là, tout de suite, pour moi, ce qui m'est apparu, c'est de dire, ben voilà, on peut se libérer du bureau, on peut se libérer de la contrainte, on peut se mettre à... télétravailler. C'était ça le réflexe que j'ai eu. Et j'ai dit, pour faire ça, je vais non pas le penser, mais je vais le démontrer. Et pour le démontrer, je vais partir de la fantastique région parisienne dans laquelle j'habite pour aller dans la non moins fantastique région alpine qui était la Chartreuse et me mettre en plein milieu des montagnes et démontrer qu'en plein milieu des montagnes, on peut arriver à vivre de son cerveau, de ses activités intellectuelles, etc. grâce à la technologie, et que le télétravail en milieu montagnard peut tout à fait exister, parce que si j'étais capable de le démontrer là, c'était capable dans n'importe quel type de circonstance.

  • Speaker #0

    Tu étais terriblement en avance.

  • Speaker #1

    Alors moi, je n'avais pas conscience d'être en avance. J'avais conscience d'avoir été exposé à un possible et de réagir par rapport à ce possible en disant il faut inventer quelque chose de nouveau et quelque chose d'extraordinaire. Et donc, un an et demi plus tard, en l'occurrence, je suis parti pour la chartreuse avec Femmes et Enfants. Et je me suis installé avec deux copains qui avaient été sensibles aussi à cette réflexion, à cette possibilité. Et dès qu'on est arrivé, qu'on a commencé à installer ce qu'on appelait à l'époque un serveur de groupware, donc de travail en groupe, on a commencé à jouer avec. Et là, on s'est rendu compte que c'était encore plus explosif que ce qu'on avait imaginé. Et on a invité un certain nombre de copains et on a créé une espèce de bande de gens qui se sont intéressés à ce sujet-là. Ce qui a amené d'ailleurs à beaucoup d'émigration de gens qui venaient de la région parisienne et qui sont venus s'installer dans les Alpes. Et là donc on a développé des activités autour du être ensemble, du échanger ensemble, du vivre ensemble autour des technologies. Et on l'a fait pour nous, bien entendu, on l'a fait pour des gens qui habitaient dans le coin, on l'a fait peut-être la chose dont j'étais le plus heureux à l'époque au milieu des années 90, on l'a fait pour les écoles qui se trouvaient dans le massif voisin qui était le massif du Vercors. où on a réuni des écoles sur le plateau du Vercors, on leur a mis un ordinateur dans chaque classe, et ils se sont mis à travailler ensemble, à échanger ensemble, ils créaient des textes et ils les tapaient sur les ordinateurs dans certaines classes, ils les lisaient dans d'autres, ils parlaient dans certaines classes, ils les écoutaient dans les autres. Donc il y avait un travail absolument incroyable qui a été fait avec des gosses, des gamins qui avaient 7, 8, 9 ans, donc une génération qui n'avait jamais été touchée par ces choses-là. Et donc là... On a pris conscience de l'infini du possible qui s'ouvrait à nous. Parce qu'on était, une fois de plus, avant l'irruption de l'Internet grand public tel qu'il est sorti, deuxième moitié des années 90, et où là, on s'est rendu compte que cette chose-là allait devenir massive. Donc là, on était un petit peu avant l'heure, mais l'inconvénient et l'avantage d'avoir été un peu avant l'heure, c'est que, l'avantage, c'est qu'on a vu les choses arriver. L'inconvénient, c'est qu'on s'est vite rendu compte après, quand c'est arrivé, qu'il y avait des risques de déviation et d'utilisation, je dirais, à mauvais escient, de toutes ces technologies pour en faire des choses qui n'étaient pas forcément ce pour quoi elles étaient envisagées au départ. Voilà, donc ça, ça a été le début de la surprise, je dirais, quand Internet est arrivé. On aurait pu se dire, c'est génial, ça va continuer encore plus qu'avant. On commençait à se dire à ce moment-là, c'est génial, mais attention parce que ça va partir dans tous les sens. C'était ça un petit peu la réflexion qu'on s'est faite à l'époque, parce que bien sûr, l'environnement dans lequel on travaillait avant était un environnement parfaitement maîtrisé, tout le monde se connaissait, tout le monde était identifié, tout le monde était responsable de ce qu'il disait, de ce qu'il faisait, tout le monde connaissait les autres, donc respecté aussi, etc. Donc il y avait une énorme responsabilité des uns et des autres pour ce qu'on faisait. Il n'y avait pas le début de ce qui est arrivé après, c'est-à-dire de l'anonymat, de la multiplicité, etc. Donc des utilisations un petit peu différentes qui sont arrivées.

  • Speaker #0

    Prenons un point de repère, ça a commencé en quelle année cette affaire ?

  • Speaker #1

    Ça a commencé en 1992 très exactement, avec des années absolument incroyables. On a développé des stratégies de télétravail, pour la petite histoire d'ailleurs, donc quelques années plus tard, en 1995-1996, on créait ce qu'on appelait à l'époque un téléscentre, le premier téléscentre qui est arrivé à côté de Villars-de-Lens, et qui a donné la possibilité à des gens qui travaillaient à Grenoble. de rester sur le plateau et de continuer à travailler depuis ce téléscentre avec leur ordinateur. Donc déjà, à l'époque, il y avait les germes de tout un tas de choses dont on a beaucoup parlé 20 ans ou 25 ans plus tard. Mais c'est normal, puisqu'on avait eu la chance de tomber sur cette technologie. Les gens qui maîtrisaient cette technologie avaient eu la gentillesse d'être très généreux vis-à-vis de nous, nous avoir donné tous les moyens pour pouvoir l'utiliser, l'expérimenter, etc. Donc sans avoir à investir les sommes folles que ça coûtait à l'époque. Donc quelque part, c'était début des années 90, on a pu... commencer à toucher du doigt la réalité numérique telle qu'elle est aujourd'hui généralisée dans nos sociétés.

  • Speaker #0

    Et donc, Internet, à proprement parler, est arrivé en quelle année ?

  • Speaker #1

    Il est arrivé, je dirais, fin des années 90. Ça a commencé vraiment à se répandre à ce moment-là. Donc, il y a eu l'Internet, je dirais, qui est arrivé fin des années 90. Mais on peut dire, d'une certaine manière, que le vrai Internet, à grande échelle, a commencé à exister quand les terminaux ont été à la hauteur. Parce que l'Internet de l'époque, l'informatique qu'on avait à l'époque, c'était des ordinateurs. Et tout le monde n'avait pas un ordinateur, donc il fallait avoir un ordinateur pour plusieurs personnes, dans certains cas quand c'était dans les classes par exemple. Alors qu'après, au début des années 2000, dès que sont arrivés les téléphones, à ce moment-là, il y a eu des téléphones qui permettaient de faire autre chose que téléphoner, donc qui permettaient d'être branchés. Sur le net, à ce moment-là, il y a eu une expansion extraordinaire de toutes les possibilités d'échange au travers de ces différents outils. Donc pour moi, l'Internet, je dirais, grand public a démarré à la fin des années 90, mais le vrai Internet à grande échelle, je dirais, à son maximum, ça a commencé avec l'arrivée des vrais téléphones polyvalents et avec l'arrivée de l'iPhone. D'une certaine manière, c'est l'iPhone qui a inauguré en... 2007, autant que je me souvienne, qui a inauguré vraiment l'arrivée d'une nouvelle façon d'envisager un terminal numérique qui était devenu un terminal numérique qui nous accompagnait 24h sur 24, de certaine manière.

  • Speaker #0

    Vos outils étaient centrés sur des applications professionnelles, là tu as parlé pour l'école c'était la pédagogie freinée en fait, l'échange de les correspondances scolaires etc. Et pour le monde de l'entreprise c'était quel genre de boîte qui se sont investies là-dedans ?

  • Speaker #1

    C'était essentiellement professionnel, c'est-à-dire que nous ce qu'on avait envie de démontrer aux boîtes c'est il est grand temps que vous arriviez à libérer... du temps à vos salariés pour qu'ils puissent fonctionner autrement. Et donc, quelque part, on a essayé de démontrer que beaucoup de boulots pouvaient se faire avec une partie télétravaillée, avec une partie faite à distance, avec une partie faite avec d'autres personnes. Ne serait-ce qu'éventuellement de se mettre au milieu des fournisseurs, au milieu des sous-traitants pour pouvoir travailler avec eux et rester en contact avec sa propre entreprise. Donc, c'était plutôt des entreprises qui étaient, à l'époque, c'était... EDF qui était une entreprise qui jouait le truc, c'était Schneider, c'était des entreprises comme ça, qui étaient toujours à la recherche des choses nouvelles, des choses intelligentes, etc. et qui ont voulu expérimenter ces types d'approches à grande échelle pour pouvoir justement en faire des nouvelles pratiques d'entreprises qui puissent fonctionner.

  • Speaker #0

    Donc ça a été bien reçu et soutenu par l'encadrement des entreprises ?

  • Speaker #1

    Ah oui, bien sûr, mais il faut savoir que ça a été bien soutenu, pas a priori, ça a été bien soutenu a posteriori, parce qu'il y avait un grand travail de réflexion et d'évolution, ne serait-ce que du management. Quand vous managez quelqu'un qui est à côté de vous et quand vous ne l'avez plus à côté de vous, comment vous faites pour le manager efficacement ? Donc c'était tout ça la réflexion. La réflexion, ce n'était pas seulement de mettre une technologie pour travailler à distance, C'était une réflexion, c'est comment créer une relation différente, malgré ou avec la distance. Ma conviction personnelle était que justement, la distance pouvait peut-être amener encore un plus, c'est-à-dire que la distance, elle n'enlevait pas du potentiel dans la relation, elle en rajoutait, puisqu'elle donnait du temps à la personne, elle donnait du recul à la personne, elle donnait une espèce de réflexion maturée, pas toujours sur l'événement et pas toujours sur l'humeur, etc. Et donc c'est de ça qu'était intéressant, c'était d'arriver à créer un nouveau possible en créant des nouveaux comportements. Mais... Au fond, moi, ce qui me passionnait, c'était la relation. Mais la relation, pas forcément la relation de face à face. la relation, je dirais, permanente. Cette espèce de possibilité de se dire Mais je ne serai jamais séparé de l'autre. Je ne serai jamais séparé de cette pensée. Je ne serai jamais séparé de ce travail qui va permettre d'avancer, etc. On aura toujours une espèce de fil qui sera entre nous et qui nous permettra de toujours avancer. Chacun à son rythme. Chacun suivant ses possibilités. Mais les choses continueront à avancer, même quand on ne sera pas ensemble. Et ça, cette notion de relation permanente, forte et qui se nourrit, était quelque chose qui moi me passionnait et me paraissait être un truc inouï en termes de fonctionnement.

  • Speaker #0

    C'est une relation... dans laquelle la vie professionnelle et la vie personnelle sont fortement imbriquées.

  • Speaker #1

    Ne serait-ce que parce que dans cette relation, quand elle est bien faite, elle respecte vachement les deux aspects. Elle respecte l'aspect professionnel parce qu'elle permet de donner toute sa rigueur, mais elle respecte l'aspect personnel parce qu'elle permet de donner du temps aussi, de donner du recul, etc. Donc quelque part, c'était ça qui était intéressant. C'était cette espèce de... de façon de remaitriser ses actes, de remaitriser son activité, de remaitriser sa profession, de ne plus être, je dirais, sous l'emprise du quotidien tel qu'on l'avait vécu pendant 30, 40 ou 50 ans précédemment.

  • Speaker #0

    Il y a eu des réserves de la part des utilisateurs.

  • Speaker #1

    Par définition, les réserves, elles venaient surtout de gens qui ne l'avaient jamais fait. Donc, quelque part, on a eu des réserves et puis on testait avec eux et on voyait très, très vite que les gens tombaient dans le jeu, retrouvaient leur marque. Par contre, bien entendu, on s'est confronté à des problèmes de managers qui étaient des managers qui n'auraient pas dû l'être et qui, du fait de la distance, étaient encore moins managers que quand ils étaient en présentiel, puisque quelque part, pour eux, ils étaient dans le vide. Et puis, bien sûr, comme c'était des gens qui avaient... plutôt tendance à projeter le négatif sur le comportement de leurs subordonnés, ils imaginaient que quand ils n'étaient pas là, ils foutaient rien. Alors qu'en fait, quand ils n'étaient pas là, c'est là où ils foutaient le maximum, puisque quelque part, ils étaient totalement en train de digérer, en train d'incuber un certain nombre de choses pour pouvoir les restituer à leur équipe au moment où les choses avaient bien mûri, d'une certaine manière. Donc, bien entendu, ce qui était intéressant, c'est qu'il y avait des échanges, il y avait des oppositions, etc. Mais le juge de paix, c'était l'action. On disait, écoute, c'est pas compliqué, on l'installe. on regarde et on le fait. Et donc à l'époque, on recevait, on organisait des séminaires en plein milieu de la montagne pour démontrer aussi qu'on était capable de former dans des lieux qui étaient précédemment pas forcément tout à fait adaptés à des formations technologiques. Et ils venaient et on se formait, puis on échangeait, etc. Et on leur faisait franchir un cap. C'était ça qui était intéressant. Mais ce qui était intéressant surtout, c'était de se dire que on voyait là naître un nouveau monde. On voyait là naître une nouvelle façon de fonctionner, une nouvelle façon de, je dirais... d'avoir le plaisir d'être en phase avec les autres, d'avoir le plaisir de coopérer avec les autres, d'avoir le plaisir de coopérer avec des gens qui ne fonctionnent pas à la même vitesse que nous. Il y avait des gens qui fonctionnaient plus vite que nous, il y avait des gens qui fonctionnaient moins vite que nous, mais tous arrivaient à trouver leur vitesse grâce à l'outil, et donc chacun contribuait dans la mesure de ses possibilités, et à la fin on avait un ensemble qui était autrement plus conséquent que les choses qu'on avait précédemment dans des réunions de groupe, ou certaines fois c'était des réunions de groupe où c'était le plus bavard ou le plus rapide qui gagnait. et les autres, ils se taisaient et puis ils attendaient que ça se passe. Alors que là, il y avait vraiment une façon de permettre de restituer un droit à la parole à tout le monde. Et chacun pouvait en profiter différemment, parce qu'il y a des individus qui sont assez au premier degré, ou assez primaires, et d'autres individus assez secondarisés. Chacun avait la possibilité de gérer ça dans un espace-temps qui était élargi, et qui était beaucoup plus tolérant pour les différents comportements.

  • Speaker #0

    Bien. Donc, cette expérimentation, elle a duré combien de temps ?

  • Speaker #1

    L'expérimentation a commencé au début des années 90, elle a continué assez longtemps, puis après c'est devenu une profession. Moi, c'était le début de ma profession. Je suis devenu consultant en relations numériques, d'une certaine manière. À ce moment-là, je n'appelais pas ça comme ça, mais je n'appelais pas ça comme ça à l'époque, mais aujourd'hui c'est comme ça que je l'aurais appelé, en relations numériques. Et donc après, ça s'est étendu dans les années 2000 à 2020. D'une autre façon, c'est-à-dire que, bien sûr, Internet étant arrivé, on avait beaucoup plus de possibilités, le téléphone étant arrivé, on avait beaucoup plus de possibilités. Et je dois dire que vraiment, il y a des gens qui peuvent dire qu'ils font leur métier par passion ou par amour. Moi, ça a été mon cas parce que quelque part, il y avait toujours des trucs nouveaux à démarrer, toujours des trucs nouveaux à imaginer, à tester, etc. Et comme les technologies n'arrêtaient pas d'avancer, il y avait toujours quelque chose de nouveau qui permettait, je dirais, d'inventer quelque chose qui puisse encore plus coller à la problématique de la personne, à la problématique du groupe, etc. Ça a continué jusqu'à la fin de ma carrière, en l'occurrence, qui m'a permis justement d'expérimenter tout au long. C'est-à-dire qu'on était en expérimentation permanente d'une certaine manière, puisque les technologies changeaient en tout le temps. Même si la base était une base assez commune, il y avait toujours des choses à réinventer, à réimaginer et à refaire.

  • Speaker #0

    Et la découverte de l'iPhone, ça a été, j'imagine, le graal. L'arrivée de l'iPhone en 2007.

  • Speaker #1

    2007, oui. Je dois dire qu'il y a eu, je crois que c'était 75-76, le premier choc qui a été l'Apple II. 1991-92, qui est la découverte de Lotus Notes, qui est le logiciel. Et puis 2007, la découverte de l'iPhone et de l'iPod, d'ailleurs, à l'époque, qui avaient été lancés en même temps avec pratiquement les mêmes fonctionnalités. Pour moi, ça y est, tout était là. Toutes les pièces. Rêver. était là, c'est-à-dire qu'il y avait quoi à fabriquer une humanité heureuse et épanouie pour au moins 3 ou 4 siècles, c'était pas la peine d'en inventer plus, on aurait pu s'arrêter là, c'était vraiment largement suffisant, on avait tout ce qu'il fallait pour arriver à trouver les outils pour nous permettre de nous exprimer, d'échanger d'inventer, de dialoguer etc. de manière efficace donc là vraiment c'était c'était carrément le rêve éveillé d'une certaine manière

  • Speaker #0

    Donc on en arrive à la question, comment se fait-il qu'en 2024 nous soyons arrivés à quelques jours de... Une éventuelle arrivée de l'extrême droite en France, comment se fait-il ? Qu'est-ce que c'est qui a foiré ? Qu'est-ce que c'est qui a fait que les relations se sont détériorées, que les haines se sont exacerbées, se sont autorisées à s'exprimer ? Qu'est-ce qui a fait que cette puissante technologie... n'a pas donné les résultats espérés, que tu espérais à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors oui, bien sûr, ça c'est une question qui mériterait peut-être éventuellement, je dirais, trois ans de discussion, parce que c'est un gros, gros sujet, mais bon, pour le faire rapide, ce qu'on pourrait dire, c'est que la technologie en elle-même, elle n'est pas bonne ou mauvaise. Je dirais, je ne sais pas, la découverte de l'énergie atomique, ça peut donner une centrale nucléaire ou ça peut donner une bombe atomique. Donc ce n'est pas exactement les mêmes finalités. L'une c'est de faire vivre, l'autre c'est de faire mourir. Donc quelque part la technologie n'est pas bonne ou pas bonne. Elle est ambivalente d'une certaine manière. Et donc tout dépend des gens qui vont l'utiliser, de la finalité des gens qui l'utilisent. Et je dirais même plus largement de la société qui va les héberger. et de l'état de la société qui va les héberger. Dans une société qui serait tournée à une époque, peut-être, bien que ça n'ait jamais existé, qui est tournée vers le bien, vers le fait que les autres aillent bien, etc., la technologie, elle peut être un outil pour améliorer le bien, pour augmenter le bien, pour, je dirais, augmenter le bien-être, etc. Dans une société qui est tournée autour de la possession, de la domination et de l'argent, ce qui est à peu près la société dans laquelle nous vivons, la technologie, elle a été dévoyée pour être utilisée dans ces finalités-là. Et donc, quelque part... les technologies ont été détournées d'une certaine manière. Et les technologies telles que moi j'ai utilisées au début des années 90, qui étaient pour arriver à être plus libres, sont devenues très vite des technologies qui ont été utilisées pour aliéner encore plus ou pour, je dirais, conditionner encore plus. Et c'est là où il y a eu quelque chose qui a loupé, d'une certaine manière. C'était prévisible. Mais n'empêche que je n'imaginais pas personnellement que ça descendrait aussi bas. C'est-à-dire que les choses seraient aussi navrantes, aussi désespérantes. que celle que l'on voit aujourd'hui. C'est-à-dire que la technologie aujourd'hui est devenue une technologie, excuse-moi du terme, qui rends con, quoi. C'est-à-dire que, quelque part, le nombre de bêtises qui peuvent être véhiculées grâce à la technologie, par la technologie, pour amener à l'asservissement intellectuel de l'autre, c'est hallucinant, quoi. Je dirais, l'exemple le plus visible de cet abêtissement collectif, c'était l'héritage, justement, de l'Internet, du Web, etc. Ça a été les réseaux sociaux. C'est-à-dire que les réseaux sociaux, ça a été l'art de... d'arriver à mettre des paroles mineures en avant. L'arrivée de mettre en avant des paroles méchantes ou malfaisantes en avant. Et donc l'art d'arriver à créer des troupeaux de gens qui suivent des abrutis. Donc quelque part, une façon d'arriver à remettre les gens par silos. Plutôt que de les réunir, on les a mis par silos de haine. Chacun s'enferme dans sa haine de quelque chose. Alors bien entendu, il y a eu des choses extraordinaires qui ont été faites. Pour en prendre une extraordinaire, la permaculture doit sa réussite actuelle. et son évolution à la technologie. C'est-à-dire, en gros, on peut dire que sans YouTube, la permaculture n'existerait pas aujourd'hui. Parce qu'il y a eu YouTube, il y a eu la permaculture, parce que chacun a pu y aller de sa contribution, de son exemple, etc. Mais pour une opération bénéfique comme celle-là, il y a des millions d'opérations maléfiques qui ont été faites en même temps. Or, malheureusement, les forces du mal sont beaucoup plus importantes et ont beaucoup plus de succès que les forces du bien. À preuve, je dirais, je ne sais pas, quand on regarde le niveau moyen des influenceurs sur la planète, je veux dire, on ne peut être que consterné quand même sur le fait que la bêtise engendre énormément de suiveurs. Il y a quand même des millions de gens qui aiment bien regarder tous les jours de la bêtise. Donc c'est ça qui est un problème. Et donc là, je dois dire que pour quelqu'un comme moi qui avait imaginé le paradis avec la technologie, tout d'un coup... je me trouve plongé dans l'enfer avec la technologie, en disant mais attends, mais c'est impossible, c'est-à-dire qu'une société comme celle-là, on est capable de faire croire n'importe quoi à n'importe qui, on est capable d'arriver à changer les mentalités, on est capable d'arriver à asservir un certain nombre de personnes, et ça sans que personne ne s'en rende compte. Je vais prendre un exemple encore plus précis pour dire ça. Je dirais, depuis le début de l'humanité, depuis le début de l'humanité, il se trouve que les parents, savent à peu près ce que leurs enfants reçoivent, puisque c'est eux qui leur donnent, leur famille et éventuellement leurs enseignants. Donc ils arrivent à peu près à comprendre ce qui se passe dans la tête de leurs enfants parce qu'ils sont la principale source d'informations ou la principale source de conditionnement, toujours d'ailleurs idéal, enfin en tout cas, ils se divertent de leur mieux. Depuis le début de l'humanité, ça a été comme ça. Eh bien maintenant, ce n'est plus comme ça. On peut dire au moins aujourd'hui... Je dirais depuis moins de dix ans, c'est plus comme ça. C'est-à-dire que les parents ont des enfants, leurs enfants ont des téléphones, outil extraordinaire mais qui est devenu un outil détestable dans les mains des enfants, et puis les téléphones véhiculent des réseaux sociaux, lesquels réseaux sociaux permettent à des gens mal intentionnés de venir mettre dans les cerveaux pas encore tout à fait formés des choses qui ne sont pas tout à fait idéales. Et donc aujourd'hui on a... des parents qui n'imaginent pas le nombre de choses hallucinantes qu'ingurgitent leurs enfants tous les jours et qui sont des nouveaux conditionnements qui vont changer leur façon de fonctionner et qui vont les éloigner d'eux d'une certaine manière parce que quelque part les parents ne connaissent pas ces outils-là. J'en prendrais un pour arriver à donner un exemple précis parce que moi-même j'avoue que j'ai été piégé par cette technologie-là. Parce que moi, j'étais dans les réseaux sociaux, donc je croyais que je connaissais les réseaux sociaux, je connaissais Twitter, je connaissais Facebook, etc. Mais tout d'un coup... est apparu un outil qui me paraissait totalement secondaire, TikTok. Et cet outil-là, je lui ai dit, c'est un outil pour diffuser des conneries. C'est des trucs un peu mineurs, des gens qui dansent n'importe comment, qui font de la musique n'importe comment, etc. Ça, c'était vrai au début. Et puis aujourd'hui, je dirais qu'on voit bien que cet outil-là est devenu le cœur de quelque chose. profondément maléfique pour tout un tas de générations qui sont en train d'arriver. Mais comme les parents ou comme les grands-parents comme moi n'y sont pas, ils ne peuvent pas comprendre ce qui est en train de se passer, qui est en train d'être véhiculé dans la tête des enfants, dans la tête des jeunes. Et ça, c'est un sacré problème. Et je crois que ce simple exemple de TikTok permet de comprendre à quel point actuellement, bien sûr qu'un outil comme celui-là peut véhiculer des choses très positives, il n'y a pas de doute qu'il y a des choses géniales qui se racontent là-dedans, qu'il y a de la cuisine, des trucs, etc. Mais il est évident, et alors là depuis je me suis renseigné, et surtout j'ai fréquenté de façon à comprendre ce qui se passait, mais le nombre, le pourcentage de vidéos de haine, vraiment des pires qu'on puisse imaginer, elles sont là. elles ne sont même pas écrêtées, etc. On laisse les choses se déverser dans la tête des gosses sans rien faire. Et là, on se dit, alors là, on a loupé une étape. C'est-à-dire qu'on est parti d'un outil qui permettait de véhiculer le mieux de la planète et on est en train de déverser le pire de la planète dans la tête des enfants, c'est-à-dire la population la plus fragile. Ce qui veut donc dire qu'avant 10 ans, avant 15 ans, nos sociétés seront totalement intoxiquées au travers de ces outils-là. C'est pour ça qu'il y a aujourd'hui des réflexions qui se font. Sur le fait dans certains pays d'interdire cet outil-là ? Même en France, d'une certaine manière, il y a peu de temps, en Nouvelle-Calédonie, quand il y a eu des incidents, le gouvernement a décidé de l'interdire pendant la durée des difficultés. C'est bien la preuve qu'ils ont compris, eux aussi, qu'il y avait un danger. Et je crois que vraiment, il est urgent aujourd'hui qu'on se pose la question de... Mais il y a un moment où il faut arrêter les technologies, c'est-à-dire qu'on ne peut pas les laisser faire tout et n'importe quoi, sinon on est fichu, d'une certaine manière. Et là, je suis très inquiet. Aujourd'hui, autant j'ai été enthousiaste, amoureux des technologies, autant aujourd'hui je suis inquiet. Et... Et je dirais dérouté par l'environnement maléfique dans lequel on est rentré depuis.

  • Speaker #0

    Donc là on arrive à aujourd'hui, ici maintenant on arrive sur un constat extrêmement alarmant, extrêmement... dramatique et ce que tu dis ça me fait penser à la tentative de salma sam altman le l'inventeur de fin l'un des leaders de l'ia de l'intelligence artificielle qui avec d'autres ont demandé l'arrêt momentané une pause dans le développement de l'intelligence artificielle sentant que cette technologie allait prendre le, je ne dirais pas prendre le pouvoir, mais encore que, mais au moins échapper à ses créateurs. Et cette pause qui a été demandée, qui a été acceptée dans un premier temps, a été refusée dans un deuxième temps, et la fuite en avant a repris de plus belle. Donc maintenant on se retrouve avec un système d'Internet, qui se développe et qui échappe un peu à ses propres créateurs. Et donc, une personne comme toi qui en a été, un propagateur, un agent de... Un missionnaire, je dirais, oui, un missionnaire. Moi, je t'ai toujours vécu un peu comme un missionnaire. Je me souviens de t'avoir fait intervenir auprès d'amis, etc. Et tu avais un pouvoir de conviction, un pouvoir d'entraînement qui fait que les plus rétifs à l'informatique, ceux qui disaient ne pas vouloir y mettre les doigts, se sont pris d'intérêt et quelquefois d'amour pour cette technologie. Et de voir maintenant... pousser ce cri d'alarme, ça, ça m'intrigue parce que je me dis, bon, et maintenant, qu'est-ce qui va se passer ? Et toi, en tant qu'homme qui a encore de l'influence et qui peut en avoir, comment vas-tu vivre ce choc et cette situation de paroxysme ?

  • Speaker #1

    C'est très exactement la question que je me pose actuellement. C'est-à-dire qu'actuellement, vraiment, je me pose la question, et c'est pour ça que ton podcast m'interpelle. C'est-à-dire que si je me dis, et maintenant, que j'ai vécu la phase amoureuse de quelque chose, je suis en train de vivre la phase effrayée de cette même chose, mais qu'est-ce que je fais de ce que j'ai compris ? Qu'est-ce que je peux faire de ce que j'ai compris ? Qu'est-ce que je peux faire de cette sensation-là ? Est-ce que je dois me retirer dans un espace non alimenté par Internet ? Est-ce que je dois me battre contre ce truc-là ? C'est vrai que c'est une sacrée question, parce que c'est une responsabilité. Quand on comprend l'effet nocif de ces choses-là... Tu évoquais l'intelligence artificielle. L'intelligence artificielle, ça a aussi une très forte ambivalence. On a tendance à toujours vouloir tout mettre dans le même panier. Mais l'intelligence artificielle, quand elle agit en accompagnement du travail des médecins pour arriver à faire un diagnostic, c'est la plus fantastique des choses qui puisse exister. Mais quand l'intelligence artificielle est au cœur des algorithmes, de TikTok notamment, pour arriver à nous enfermer dans une prison qui consiste à nous faire penser de plus en plus ce qu'on ne doit pas penser, là je dis que non, l'intelligence artificielle est en train de nous... de nous altérer, elle est en train de nous nuire. Donc c'est pour ça que là aussi, il y a cette ambivalence qui peut exister. Alors là, le problème, c'est de dire, quand on comprend ça, qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on peut faire ? Est-ce qu'il faut... Faire comme on a fait, c'est-à-dire qu'est-ce qu'il faut faire des conférences pour le dire ? Franchement, je pense que si c'était des conférences, ça ne serait même plus la peine de le faire. Donc quelque part, ce sera trop poussif par rapport à ça. Est-ce qu'il faut l'écrire ? Il y a 350 bouquins inutiles qui sortent tous les jours, on ne va pas en sortir un de plus. Donc je veux dire, il y a un vrai problème de dire, mais est-ce qu'il y a encore quelque chose à faire ? Ou est-ce que le chaos nous permettra éventuellement de sortir de cette impasse dans laquelle nous sommes ? C'est vraiment une question que je me pose. Et actuellement, bien sûr, la grande différence par rapport à il y a 10 ou 15 ans, il y a 10 ou 15 ans, j'étais dans le monde professionnel. J'étais dans des groupes, j'étais dans des dynamiques qui permettaient d'envisager des actions, voire les plus insensées, pour essayer de faire avancer des choses. Alors qu'aujourd'hui, je suis dans un nouvel état qui est l'état de retraité. Et l'état de retraité est un état, entre guillemets, pour beaucoup. moi en l'occurrence, qui est un État beaucoup plus solitaire, dans lequel il n'y a pas forcément de groupe, au sens de gens qui agissent ensemble, il y a peut-être des groupes de belotes ou des groupes de trucs, pas pour moi, mais en tout cas pour certains, ou de groupes de pétanques, mais il n'y a pas forcément de groupe qui ont envie d'agir sur la société, on considère que voilà, t'es à la retraite, tu te tiens au calme et tu nous fous la paix, nous pendant ce temps-là on bosse. Donc quelque part, aujourd'hui la question que je me pose c'est de dire, mais... L'avantage qu'on peut avoir en ayant vécu le meilleur et maintenant le pire de ce qu'on peut faire de la technologie, c'est peut-être qu'on peut essayer d'éviter que l'incendie ne dévaste tout. Comment faire quand on est dans une position de retraité et de retraité entre guillemets plutôt isolée ? Ça, c'est la vraie question. C'est la question que je me pose, sur laquelle, bien entendu, si je me la pose, c'est que je n'ai pas la réponse. Qui peut-être sont dans cette même interrogation et se disent, essayons de grouper nos actions. Peut-être qu'on va se donner... de la force et de l'envie d'y aller pour essayer de se battre contre les moulins, parce que quelque part, c'est un immense travail à faire. Mais aujourd'hui, ce n'est vraiment pas simple quand on comprend. le péril qui est devant nous, et le péril est un terme simple et net par rapport à ce qui est là, et je dirais que les élections dans lesquelles nous vivons actuellement ne sont pas... entre autres, que le résultat de ces actions souterraines qui existent dans le numérique et qui permettent de fonctionner comme un système de conditionnement de masse. Je voyais récemment une photo où il y avait Orwell qui était en train de regarder un livre qui s'appelait 2024 et qui était totalement effaré, tellement il trouvait que c'était hallucinant ce qu'il était en train de voir dans ce qui était en train de se passer en 2024. Je pense que nous sommes à un moment crucial de l'évolution de l'humanité. Que le numérique, le digital est au cœur de ce moment crucial, que le péril n'a jamais été aussi important et qu'il est vraiment urgent qu'on agisse par rapport à ça. Il y a bien sûr beaucoup d'autres problèmes, les problèmes écologiques, etc. Mais ce problème numérique, c'est un problème de la santé mentale des populations. Et il ne faut quand même pas être très fort pour comprendre que la santé mentale des populations n'est pas top actuellement, qu'on ne réfléchit pas comme il faut, qu'on n'a plus tous nos moyens. Il faudrait se poser la question de savoir si toutes les conneries qu'on écoute... ou dans lesquels on est englué, ne sont pas quand même la base de cet état-là. Donc aujourd'hui, je me dis, et maintenant, qu'est-ce que je fais de tout ça ? Qu'est-ce que je peux faire ? Est-ce qu'il faut que j'agisse ? Est-ce qu'il faut que je me batte ? Est-ce qu'il faut que j'ose me battre ? Ou est-ce que je dois dire, écoute, bon, espérons que d'autres le feront, et qu'ils se battront, et qu'ils arriveront à des résultats ? C'est un sacré problème, c'est un sacré problème difficile à résoudre.

  • Speaker #0

    Et quand on dit se battre, ça veut dire quoi ? On peut se battre sur les technologies en fixant des limites, en fixant des limites à la recherche, des limites à la diffusion, une loi pour interdire aux enfants avant 15 ans d'avoir un téléphone portable, ça c'est une défense juridique. On peut se battre aussi vis-à-vis des utilisateurs et moi mon vieux fond de formateur, d'animateur, moi j'ai toujours... Je me dis que ce qui serait important, c'est de se battre sur la formation des gens à l'utilisation de ça, c'est-à-dire leur permettre de faire le pas de côté qui les inviterait à réfléchir sur leurs propres pratiques. Là, je sens que je peux encore faire quelque chose, mais c'est très difficile.

  • Speaker #1

    Alors justement, moi je crois que quelque part... Je ne crois pas que le combat législatif, etc., soit une voie possible compte tenu de... Je dirais, on va dire de l'érosion de la qualité des politiques, etc., qui ne sont pas prêts à faire ça, il y a tellement d'intérêts qui font qu'ils ne le feront pas, c'est pas ça. La formation, bien sûr, peut être quelque chose de très tentant, mais la formation, c'est très long. Donc, il faut du temps pour arriver à le faire. Je crois qu'aujourd'hui, la démarche prioritaire à laquelle il faudrait qu'on arrive, c'est une démarche d'information, uniquement d'information. C'est d'arriver à dire à... tous les parents, mais bon Dieu, faites vachement attention. Votre gosse est en train de vous échapper, est en train de rentrer entre les mains de personnes que vous ne connaissez pas et qui sont en train de le foutre en l'air. Donc quelque part, il me semble aujourd'hui qu'il y a un défi, qui est un défi d'informer, d'informer les parents. Attention, allez regarder, regardez par-dessus l'épaule de votre enfant et regardez ce qui lui arrive dans la tête. et vous allez voir que vous allez être sidérés. C'est à vous de comprendre, c'est à vous de surveiller, c'est à vous de limiter, c'est à vous de faire en sorte de le sauver. Donc je pense qu'aujourd'hui, la vraie démarche, c'est une information vis-à-vis des parents pour sauver leurs enfants. Parce qu'il s'agit ni plus ni moins de ça. Je veux dire, aujourd'hui, si je devais conseiller, ce que je ne ferais jamais, bien entendu, les grands dictateurs de ce monde que sont Poutine, que sont l'autre en Iran ou que sont le troisième en Chine, sur comment détruire l'Occident, je leur dirais mais c'est pas compliqué, mais c'est vraiment simple. Vous devriez mettre un outil de type TikTok, vous voyez ce que je veux dire TikTok, vous mettez un outil de type TikTok et puis vous arrangez que les gens les plus dépravés et les plus salopards de la planète puissent en vivre. Et à partir de là, vous inquiétez pas, vous allez détruire tous les enfants de l'Occident. Et une fois que vous aurez détruit tous les enfants de l'Occident, parce que bien sûr, j'oublie pas, il faut que cet outil-là, vous le rendiez inopérant dans vos propres pays, parce que sinon, ça va détruire aussi vos propres jeunes, si tant est qu'il y en a encore, parce qu'il n'y en a pas beaucoup dans vos pays qui naissent. Mais en tout cas, si vous voulez détruire l'Occident, faites-le uniquement avec un outil numérique. des gens qui sont mal intentionnés, qui vont en vivre, des influenceurs, je dirais, idéologiques, et là, vous allez voir que vous allez les détruire, vous n'avez pas besoin de sortir un canon, vous n'avez pas besoin de sortir une fusée, ça va se détruire tout seul. Ça mettra 5 ou 10 ans ou 15 ans, mais vous êtes sûr du résultat, il n'y aura plus de société derrière. Donc c'est ça qui est un problème, c'est qu'aujourd'hui, la guerre telle que nous l'avons connue n'existera plus. d'une certaine manière, mais une guerre d'un type totalement nouveau est en train de naître, qui est une guerre qui consiste à bousiller des générations. Et on bousille des générations, comment ? Avec les outils numériques. Et ça, c'est un sacré défi, et ça, il n'y a que les parents qui peuvent en protéger les enfants. Et donc je crois que c'est vraiment par l'information qu'on arrivera, mais en disant ça, j'ai bien conscience qu'il va falloir qu'il y ait de l'information, on le fasse bien pour que ça arrive le plus rapidement possible, auprès du plus possible d'oreilles.

  • Speaker #0

    Je t'écoute en repensant à tout ce qu'on disait sur la télévision dans les années 70, tout ce qu'on disait sur la télévision et les enfants, que la télévision allait leur donner accès, que c'était la facilité parce que c'était l'image, que ça allait leur donner accès à des images licencieuses au sexe, au vice. On tenait toujours les mêmes arguments, tu sais. Donc on va faire de la formation pour que les parents, on faisait des écoles de parents pour réglementer, régulariser un peu l'accès à la télévision. Nous, notre credo au CREAP, c'était de dire, on va leur donner la possibilité d'écrire des choses en images et en son, et puis s'ils sont actifs, ils seront moins passifs devant les écrans. Bon, ça c'était notre... notre notre volonté là maintenant ce qui est frappant c'est que la possibilité d'écrire avec des images et des sons tout le monde là la possibilité de diffuser sur toute la planète tout le monde là ça c'est extraordinaire comme changement comme saut c'est un saut quantitatif mais je trouve que c'est presque un saut qualitatif certes devient d'une autre d'une autre nature et Oui, je voulais dire que l'avantage de ces outils, c'est qu'ils donnent un certain plaisir sans effort. Et que le plaisir... Et l'homme est ainsi fait qu'il va rechercher son plaisir. La boucle du plaisir, il va aller le chercher. Et regarder des, on appelle ça sur Internet, regarder des réels sans arrêt, où il y a des situations paroxysiques, des situations de déséquilibre, des situations humoristiques, des situations qui font peur, etc. Ça procure un plaisir fabuleux. Et donc... Quand tu dis qu'il faudrait que les parents interviennent, les parents vont se retrouver dans un rôle beaucoup plus castrateur qu'autrefois. Ils vont se retrouver en butte à la colère des enfants. Moi, j'ai droit à voir ça puisque mes amis le voient et puisque tout le monde trouve ça super.

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai que les parents vont se trouver confrontés à un problème de colère peut-être pendant trois jours, mais pas plus parce que quelque part, le problème, c'est que... Le défi auquel on est confronté, c'est un défi de la télévision à la puissance sans. C'est-à-dire que la télévision était un défi parce qu'elle menaçait de conditionner des populations. Elle l'a fait d'ailleurs, parce que je dirais qu'une grande partie de la crétinerie actuelle est liée à ce qui passe à la télé. Mais quelque part, c'était fait de manière assez contrôlée, générique, etc. Mais là, attention, c'est que... on enferme chaque personne dans une chaîne de télévision qui est la sienne. L'association du réseau social TikTok et de l'intelligence artificielle fait qu'il y a une chaîne de télévision par personne, puisque là, bien sûr, c'est que de la vidéo, et finalement, elle va totalement prendre le contrôle de la tête de la personne qui est là. Donc c'est autrement plus menaçant en termes de fonctionnement. On n'a jamais connu un système d'emprisonnement individuel aussi sophistiqué. Donc ça, c'est le gros changement. C'est-à-dire que les menaces qui étaient là depuis très longtemps se sont accrues à un niveau qui est inimaginable. Et ça, c'est vraiment effrayant. Et ça m'effraie dix fois plus que le reste. Bien sûr que je suis effrayé par la fonte d'épaule. Mais je me dis que les pôles n'auront pas fondu que déjà la société aura été détruite par d'autres choses. Et ces autres choses, c'est la crétinisation globale. des populations. Ça, c'est vraiment la menace qui nous pend au nez et qui ne met pas longtemps, ces quelques années, pour arriver à déruire une société. Donc, ce n'est pas très positif et pas très optimiste, surtout pour quelqu'un qui est un amoureux de la technologie. Mais quelque part, c'est peut-être parce que je suis un amoureux de la technologie que je me permets de le dire, parce que je n'ai jamais été réticent par rapport à la technologie. Je n'ai jamais dit ça. Mais par contre... Il faut bien le reconnaître, l'être humain a une capacité à détourner les belles choses de leurs beaux objectifs qui est absolument extraordinaire. L'être humain, c'est quelqu'un qui malheureusement a toujours la tentation de pervertir les progrès et d'en faire un usage qui n'est absolument pas adapté. Et aujourd'hui, on est à un moment critique et il y a urgence, il y a vraiment urgence. On n'a pas dix ans devant nous.

  • Speaker #0

    L'être humain recherche le plaisir.

  • Speaker #1

    Il recherche la dopamine. Parce qu'une fois de plus, TikTok, c'est un phénomène dopamine. C'est-à-dire que plus je regarde TikTok, plus j'ai de la dopamine, plus je suis heureux. Même si je sors des conneries après. Je suis heureux quand même parce que j'ai vécu quelque chose qui était, pour mon cerveau, qui lui a apporté du plaisir. Donc voilà, le secret de la domination de la planète, c'est la dopamine.

  • Speaker #0

    Oui, on est un peu comme dans une secte. C'est un enfermement dans lequel on a ses certitudes, dans lequel on a son plaisir, dans lequel on a le sentiment d'appartenir. C'est-à-dire que les besoins essentiels sont contenus dans la technologie.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Je dirais que ça ne va pas faire plaisir aux complotistes, mais quelque part, il s'agit d'un phénomène de destruction massive, mais qui n'est dirigé par personne. Il y a des millions d'acteurs qui sont fédérés pour arriver à fabriquer cette décadence numérique dans laquelle nous sommes actuellement. Il n'y a pas un chef d'orchestre. Il y aurait un chef d'orchestre, on le nommerait, on le tuerait éventuellement. Mais là, il n'y a même pas ça. C'est-à-dire qu'il y a seulement des millions de personnes qui, au nom du fait de vouloir gagner de l'argent, gagner de la célébrité, travailler sur le rubris, etc., vont finalement arriver à fabriquer des prisons individuelles pour les individus, pour arriver à les transformer d'êtres humains ouverts. en être humain buté, en être humain réduit à des pensées qui ne sont pas forcément les meilleures pour leur permettre de survivre. Donc là, vraiment, c'est un changement radical. Et malheureusement, il n'y a pas de comploteur central. Ça serait très agréable si on arrivait à définir un comploteur central. Il n'y en a pas. Il y a des alliés. J'ai cité la Chine, l'Iran ou la Russie. C'est sûr que ce sont des alliés objectifs de ces choses-là. Ils nourrissent en partie les choses, mais ils ont tellement de collaborateurs gratuits qui sont autour d'eux, mais c'est magnifique. C'est-à-dire que tout le monde y va, dans cette partie absolument incroyable de destruction massive de l'humanité.

  • Speaker #0

    Frédéric, alors pour conclure, on en arrive à la question de départ, et maintenant. J'ai bien conscience de la dangerosité de TikTok vis-à-vis des enfants et ça me fait frémir vis-à-vis de mes petits-enfants parce que s'ils tombent dans les pattes de cette machine, c'est une machine à broyer. Alors nous, avec le temps qui nous reste, et maintenant qu'est-ce qu'on fait ?

  • Speaker #1

    Alors moi je serais bien en peine de dire ce qu'il faut faire, mais en tout cas, moi ce à quoi je suis prêt à faire, c'est de dire, s'il y a des gens qui... Comme moi, on fait cette analyse ou sont dans cette logique de réflexion et comme moi pense qu'il y a peut-être quelque chose à faire, parlons-nous, réfléchissons. Je dirais qu'il faut 10 ou 20 personnes autour d'une table ou autour d'un logiciel pour arriver à peut-être formaliser des solutions, pour arriver à faire ce travail d'information urgente sur ces périls qui nous menacent. Donc je veux dire, moi aujourd'hui, je ferais plutôt un appel à, voilà, essayons de réunir nos maigres forces. pour arriver à agir. On pourra utiliser d'ailleurs les réseaux... éventuellement pour faire ce genre de choses-là parce qu'il y a des choses à faire, mais il faut qu'il y ait une envie collective de quelque chose. Ça ne peut pas être un individu héroïque qui va arriver dans un coin et qui va faire quelque chose. Je pense que ça, il s'autodétruira ou il sera détruit avant que ça ne puisse fonctionner. Il faut trouver cette dynamique. Il faut créer cette dynamique. Donc voilà, moi je fais un appel à cette dynamique. S'il y a des gens qui ont envie de faire ça, je suis prêt à parler avec vous d'ailleurs et à échanger et à voir comment on peut faire parce que c'est vraiment crucial et urgent. On n'a pas trop de temps devant nous.

  • Speaker #0

    Je pense que cette proposition que tu fais peut être entendue et peut retenir l'attention. Je pense que ce qui est important c'est que tu mettes l'accent sur le collectif, c'est-à-dire qu'aucun d'entre nous seul ne pourra trouver la solution. C'est quelque chose que l'on peut vivre ensemble. parents, enseignants, éducateurs, pédopsychiatres, je ne sais pas, mais tous les gens qui travaillent avec les enfants, pour les enfants, peuvent mettre ensemble leurs perceptions, leurs aspirations, leurs désirs, leurs peurs, et essayer de voir chacun où il est, comment il peut... Garder la lumière allumée.

  • Speaker #1

    Absolument, parce que je crois qu'il y a un très bon livre que je vous recommande, qui a été écrit en 2019, qui s'appelle Les ingénieurs du chaos Et on voit très bien qu'à chaque fois que des gens arrivent au pouvoir, que ce soit aux États-Unis, en Hongrie, en Argentine, etc., il n'y a pas beaucoup de personnes qui le font. Mais il y a une petite équipe de gens très malfaisants. qui arrivent à faire en sorte que des idées absolument pourries arrivent à prendre le pouvoir. Donc ça veut dire qu'il ne faut pas forcément un très grand nombre de personnes, mais il faut un certain nombre de personnes, et aucun individu ne peut le faire. Il n'y a que des collectifs qui peuvent y arriver, même de petite taille, ils peuvent arriver à avoir des résultats stupéfiants.

  • Speaker #0

    Sortons de la logique du jeu, ce qu'on appelle le jeu de cet affreux. Parce qu'on peut dire pendant des heures, c'est affreux ce qui nous arrive. Maintenant, ce qui est important, maintenant, c'est de mettre en place des choses qui nous aident à dépasser cette sidération devant l'accélération de tout ça.

  • Speaker #1

    Ce qui serait affreux, ce serait vraiment de ne rien faire.

  • Speaker #0

    Oui. Eh bien, écoute Frédéric, je te remercie beaucoup pour cet échange. Je pense que tu as fait un appel qui peut être entendu. Et si, vraiment, si vous partagez l'inquiétude qu'a exprimée Frédéric, je vous invite à prendre contact avec moi. Je lui transmettrai et... Nous essaierons de constituer des cellules d'échange, de réflexion autour de ça. Vous pouvez m'écrire patricemarcade.com et puis je vous tiendrai au courant de la suite de ce front anti- abêtissement. C'est pas très fort comme nom.

  • Speaker #1

    C'est bien, mais on doit pouvoir trouver mieux, mais c'est déjà pas mal pour un début.

  • Speaker #0

    Merci. Merci. Merci. Vous venez d'écouter Frédéric Soussin, où comment un apôtre du numérique peut devenir lanceur d'alerte. Si comme lui, en tant que parent, grand-parent, éducateur, vous partagez la même inquiétude sur le développement de ces outils de TikTok en particulier, Frédéric vous invite à partager vos réflexions. apportez votre contribution à notre croisade pour la défense de la santé mentale de nos enfants je transmettrai un dernier mot si vous aussi tel frédéric et tel sisyphe nous poussez votre rocher et que vous avez besoin de petites mains pour vous aider, je ne saurais trop vous conseiller de témoigner. A bientôt !

Description

Les  sportifs raccrochent les crampons lorsque l’heure de la retraite sonne.

Si ce qui vous accroche, vous passionne, ce pourquoi vous vous battez, ce qui contribue à donner un sens à votre vie  doit s’interrompre  brutalement lors de la retraite, que faites-vous de cette expertise acquise au fil des ans  ?  comment faites-vous le deuil de ces plaisirs intellectuels et relationnels , comment abandonnez-vous la partie ? « Et Main-tenant .. ?»

C’est à cette questionne j’aimerais consacrer une nouvelles série dans le cadre ce podcast « Et Main-tenant …? »

Mon premier invité est Frédéric Soussin, il est consultant « en fluidité numérique », il a consacré sa vie professionnelle à accompagner ses clients afin qu’ils se saisissent de l’énergie que portait en elle  la vague internet, vous allez le découvrir aujourd'hui "lanceur d'alerte".


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, je suis Patrice Marcadé, vous écoutez Et maintenant le podcast qui donne la parole comme on donne la main. Dans les six précédents épisodes, nous étions sur la question Je suis vieux, et maintenant ? Je vous ai proposé six témoignages, parcours de vie, qui donnaient des couleurs au continent gris de la vieillesse. Aujourd'hui, je voudrais vous proposer d'envisager cet aspect particulier du fait de prendre de l'âge, c'est l'invitation au bilan. Et la question corollaire est maintenant. Je remercie mon ami Frédéric Soussin, consultant spécialisé dans les nouveaux usages du numérique, d'avoir accepté de se prêter à l'exercice. Lorsque notre amie commune Elisabeth nous a mis en contact, ça a tout de suite matché entre nous. J'ai eu le sentiment de retrouver un frère. Nous semblions avoir un patrimoine génétique commun. un intérêt et une curiosité pour les technologies permettant de favoriser la communication, la relation entre les hommes, les groupes et les groupes entre eux. Étant de 12 ans plus âgé que Frédéric, mon aventure audiovisuelle s'est centrée sur la vidéo et celle de Frédéric sur l'Internet. La vidéo légère dans les années 80, c'était le grand rêve de la caméra stylo, comme disait Godard. Chacun allait pouvoir prendre la parole, pour peu qu'il ait accès aux outils et en maîtrise un minimum le mode d'emploi. Le son, l'image et leur diffusion étaient à l'époque le monopole des chaînes de télévision, donc hors de portée. C'est pourquoi... Mes camarades du CREAV, Association Rochelaise qui faisait de la formation à l'audiovisuel et moi-même, avons défendu en 1983 l'idée de créer un service écrivain public audiovisuel pour favoriser cette appropriation, cet accès à l'image. Mettre en forme la parole des autres pour en favoriser l'échange, le partage, renforcer le lien social, ce fut une idée qui retint l'attention des pouvoirs publics et nous fûmes aidés pour acquérir du matériel. Et maintenant, la suite de l'histoire fut plus compliquée et j'ai découvert que faire appel à une technologie pour communiquer C'est à la fois extrêmement puissant, délicat, voire explosif. Et pour toi Frédéric, ton histoire avec l'informatique, les réseaux, ça a commencé comment ?

  • Speaker #1

    L'histoire a commencé juste à la fin de mes études. Je faisais une école de commerce et je me baladais dans la rue et je suis tombé devant une vitrine dans laquelle était exposé un ordinateur. Je ne l'ai jamais vu de cette manière-là. C'était un... un ordinateur Apple, un Apple II.

  • Speaker #0

    Comme par hasard.

  • Speaker #1

    Déjà. Et j'étais tellement sidéré que je suis rentré, je me suis fait expliquer, et bon, je vous passe les détails, mais... Je crois qu'un mois après, j'avais créé une boîte. C'est-à-dire que j'étais en train de faire mes études, mais je venais de créer une boîte autour de ça, parce que tout d'un coup, cette chose-là, cet objet, a fait jaillir en moi tout un tas de possibles tellement incroyables. que j'ai tout de suite créé une boîte. Pour la petite histoire, d'ailleurs, cette boîte, plus de 50 ans après, existe encore. Elle a été, bien sûr, reprise par des gens beaucoup plus brillants que moi, et qui en ont fait une super boîte qui a eu beaucoup de succès, etc. Mais quelque part, voilà. Donc c'est seulement pour dire que au départ, c'est une espèce de vision absolument incroyable, d'impossible absolument inouïe, que j'ai vue dans cette espèce d'ordinateur, en disant ça, c'est le début d'un monde hallucinant qui va tout changer, qui va changer ma vie, qui va changer la vie de tout le monde, etc. Et donc pour moi, je suis tombé en amour, comme ils disent au Québec, et je me suis intéressé à ça. Donc ça, pendant quelques années, je me suis intéressé bien sûr à ça. L'Apple II a généré... le Mac, etc. Donc tout un tas de choses. Et donc, bien sûr, cette aventure avec les nouvelles machines m'a permis d'avancer. Mais par contre, la vraie révolution dans ma tête s'est faite un peu plus tard, c'est-à-dire au début des années 90, où là, j'ai été confronté à un logiciel qui était un logiciel d'entreprise très, très cher, etc. Pour la petite histoire qui s'appelait Lotus Notes. Et ce logiciel permettait de créer des groupes. et de leur permettre de travailler ensemble à distance, en différé, donc pas en asynchrone comme on dit, pas en temps réel, mais chacun mettait de l'information quand il pouvait, et ils répondaient quand ils pouvaient, et donc ça permettait de créer des groupes de travail, des groupes d'échange, etc. Et là, il y a eu le deuxième effet Big Bang, comme le premier qui avait eu lieu avec l'Apple II, et là je me suis dit, ça y est, là cette fois, La société de demain, elle est là, elle est en train de se réinventer. À l'époque, bien sûr, il n'y avait pas Internet, il n'y avait pas tout ça, mais c'était exactement la préconfiguration de ce qu'allait être Internet grand public, bien entendu. Donc, cette espèce de possibilité de créer des liens permanents entre les gens, de leur permettre d'échanger, d'enrichir leurs idées, etc., et de le faire au fil de l'eau, sans contrainte, et de manière, je dirais, la plus souple et la plus agréable possible. Et ça m'a entraîné à faire un changement dans ma vie radicale, puisque là, tout de suite, pour moi, ce qui m'est apparu, c'est de dire, ben voilà, on peut se libérer du bureau, on peut se libérer de la contrainte, on peut se mettre à... télétravailler. C'était ça le réflexe que j'ai eu. Et j'ai dit, pour faire ça, je vais non pas le penser, mais je vais le démontrer. Et pour le démontrer, je vais partir de la fantastique région parisienne dans laquelle j'habite pour aller dans la non moins fantastique région alpine qui était la Chartreuse et me mettre en plein milieu des montagnes et démontrer qu'en plein milieu des montagnes, on peut arriver à vivre de son cerveau, de ses activités intellectuelles, etc. grâce à la technologie, et que le télétravail en milieu montagnard peut tout à fait exister, parce que si j'étais capable de le démontrer là, c'était capable dans n'importe quel type de circonstance.

  • Speaker #0

    Tu étais terriblement en avance.

  • Speaker #1

    Alors moi, je n'avais pas conscience d'être en avance. J'avais conscience d'avoir été exposé à un possible et de réagir par rapport à ce possible en disant il faut inventer quelque chose de nouveau et quelque chose d'extraordinaire. Et donc, un an et demi plus tard, en l'occurrence, je suis parti pour la chartreuse avec Femmes et Enfants. Et je me suis installé avec deux copains qui avaient été sensibles aussi à cette réflexion, à cette possibilité. Et dès qu'on est arrivé, qu'on a commencé à installer ce qu'on appelait à l'époque un serveur de groupware, donc de travail en groupe, on a commencé à jouer avec. Et là, on s'est rendu compte que c'était encore plus explosif que ce qu'on avait imaginé. Et on a invité un certain nombre de copains et on a créé une espèce de bande de gens qui se sont intéressés à ce sujet-là. Ce qui a amené d'ailleurs à beaucoup d'émigration de gens qui venaient de la région parisienne et qui sont venus s'installer dans les Alpes. Et là donc on a développé des activités autour du être ensemble, du échanger ensemble, du vivre ensemble autour des technologies. Et on l'a fait pour nous, bien entendu, on l'a fait pour des gens qui habitaient dans le coin, on l'a fait peut-être la chose dont j'étais le plus heureux à l'époque au milieu des années 90, on l'a fait pour les écoles qui se trouvaient dans le massif voisin qui était le massif du Vercors. où on a réuni des écoles sur le plateau du Vercors, on leur a mis un ordinateur dans chaque classe, et ils se sont mis à travailler ensemble, à échanger ensemble, ils créaient des textes et ils les tapaient sur les ordinateurs dans certaines classes, ils les lisaient dans d'autres, ils parlaient dans certaines classes, ils les écoutaient dans les autres. Donc il y avait un travail absolument incroyable qui a été fait avec des gosses, des gamins qui avaient 7, 8, 9 ans, donc une génération qui n'avait jamais été touchée par ces choses-là. Et donc là... On a pris conscience de l'infini du possible qui s'ouvrait à nous. Parce qu'on était, une fois de plus, avant l'irruption de l'Internet grand public tel qu'il est sorti, deuxième moitié des années 90, et où là, on s'est rendu compte que cette chose-là allait devenir massive. Donc là, on était un petit peu avant l'heure, mais l'inconvénient et l'avantage d'avoir été un peu avant l'heure, c'est que, l'avantage, c'est qu'on a vu les choses arriver. L'inconvénient, c'est qu'on s'est vite rendu compte après, quand c'est arrivé, qu'il y avait des risques de déviation et d'utilisation, je dirais, à mauvais escient, de toutes ces technologies pour en faire des choses qui n'étaient pas forcément ce pour quoi elles étaient envisagées au départ. Voilà, donc ça, ça a été le début de la surprise, je dirais, quand Internet est arrivé. On aurait pu se dire, c'est génial, ça va continuer encore plus qu'avant. On commençait à se dire à ce moment-là, c'est génial, mais attention parce que ça va partir dans tous les sens. C'était ça un petit peu la réflexion qu'on s'est faite à l'époque, parce que bien sûr, l'environnement dans lequel on travaillait avant était un environnement parfaitement maîtrisé, tout le monde se connaissait, tout le monde était identifié, tout le monde était responsable de ce qu'il disait, de ce qu'il faisait, tout le monde connaissait les autres, donc respecté aussi, etc. Donc il y avait une énorme responsabilité des uns et des autres pour ce qu'on faisait. Il n'y avait pas le début de ce qui est arrivé après, c'est-à-dire de l'anonymat, de la multiplicité, etc. Donc des utilisations un petit peu différentes qui sont arrivées.

  • Speaker #0

    Prenons un point de repère, ça a commencé en quelle année cette affaire ?

  • Speaker #1

    Ça a commencé en 1992 très exactement, avec des années absolument incroyables. On a développé des stratégies de télétravail, pour la petite histoire d'ailleurs, donc quelques années plus tard, en 1995-1996, on créait ce qu'on appelait à l'époque un téléscentre, le premier téléscentre qui est arrivé à côté de Villars-de-Lens, et qui a donné la possibilité à des gens qui travaillaient à Grenoble. de rester sur le plateau et de continuer à travailler depuis ce téléscentre avec leur ordinateur. Donc déjà, à l'époque, il y avait les germes de tout un tas de choses dont on a beaucoup parlé 20 ans ou 25 ans plus tard. Mais c'est normal, puisqu'on avait eu la chance de tomber sur cette technologie. Les gens qui maîtrisaient cette technologie avaient eu la gentillesse d'être très généreux vis-à-vis de nous, nous avoir donné tous les moyens pour pouvoir l'utiliser, l'expérimenter, etc. Donc sans avoir à investir les sommes folles que ça coûtait à l'époque. Donc quelque part, c'était début des années 90, on a pu... commencer à toucher du doigt la réalité numérique telle qu'elle est aujourd'hui généralisée dans nos sociétés.

  • Speaker #0

    Et donc, Internet, à proprement parler, est arrivé en quelle année ?

  • Speaker #1

    Il est arrivé, je dirais, fin des années 90. Ça a commencé vraiment à se répandre à ce moment-là. Donc, il y a eu l'Internet, je dirais, qui est arrivé fin des années 90. Mais on peut dire, d'une certaine manière, que le vrai Internet, à grande échelle, a commencé à exister quand les terminaux ont été à la hauteur. Parce que l'Internet de l'époque, l'informatique qu'on avait à l'époque, c'était des ordinateurs. Et tout le monde n'avait pas un ordinateur, donc il fallait avoir un ordinateur pour plusieurs personnes, dans certains cas quand c'était dans les classes par exemple. Alors qu'après, au début des années 2000, dès que sont arrivés les téléphones, à ce moment-là, il y a eu des téléphones qui permettaient de faire autre chose que téléphoner, donc qui permettaient d'être branchés. Sur le net, à ce moment-là, il y a eu une expansion extraordinaire de toutes les possibilités d'échange au travers de ces différents outils. Donc pour moi, l'Internet, je dirais, grand public a démarré à la fin des années 90, mais le vrai Internet à grande échelle, je dirais, à son maximum, ça a commencé avec l'arrivée des vrais téléphones polyvalents et avec l'arrivée de l'iPhone. D'une certaine manière, c'est l'iPhone qui a inauguré en... 2007, autant que je me souvienne, qui a inauguré vraiment l'arrivée d'une nouvelle façon d'envisager un terminal numérique qui était devenu un terminal numérique qui nous accompagnait 24h sur 24, de certaine manière.

  • Speaker #0

    Vos outils étaient centrés sur des applications professionnelles, là tu as parlé pour l'école c'était la pédagogie freinée en fait, l'échange de les correspondances scolaires etc. Et pour le monde de l'entreprise c'était quel genre de boîte qui se sont investies là-dedans ?

  • Speaker #1

    C'était essentiellement professionnel, c'est-à-dire que nous ce qu'on avait envie de démontrer aux boîtes c'est il est grand temps que vous arriviez à libérer... du temps à vos salariés pour qu'ils puissent fonctionner autrement. Et donc, quelque part, on a essayé de démontrer que beaucoup de boulots pouvaient se faire avec une partie télétravaillée, avec une partie faite à distance, avec une partie faite avec d'autres personnes. Ne serait-ce qu'éventuellement de se mettre au milieu des fournisseurs, au milieu des sous-traitants pour pouvoir travailler avec eux et rester en contact avec sa propre entreprise. Donc, c'était plutôt des entreprises qui étaient, à l'époque, c'était... EDF qui était une entreprise qui jouait le truc, c'était Schneider, c'était des entreprises comme ça, qui étaient toujours à la recherche des choses nouvelles, des choses intelligentes, etc. et qui ont voulu expérimenter ces types d'approches à grande échelle pour pouvoir justement en faire des nouvelles pratiques d'entreprises qui puissent fonctionner.

  • Speaker #0

    Donc ça a été bien reçu et soutenu par l'encadrement des entreprises ?

  • Speaker #1

    Ah oui, bien sûr, mais il faut savoir que ça a été bien soutenu, pas a priori, ça a été bien soutenu a posteriori, parce qu'il y avait un grand travail de réflexion et d'évolution, ne serait-ce que du management. Quand vous managez quelqu'un qui est à côté de vous et quand vous ne l'avez plus à côté de vous, comment vous faites pour le manager efficacement ? Donc c'était tout ça la réflexion. La réflexion, ce n'était pas seulement de mettre une technologie pour travailler à distance, C'était une réflexion, c'est comment créer une relation différente, malgré ou avec la distance. Ma conviction personnelle était que justement, la distance pouvait peut-être amener encore un plus, c'est-à-dire que la distance, elle n'enlevait pas du potentiel dans la relation, elle en rajoutait, puisqu'elle donnait du temps à la personne, elle donnait du recul à la personne, elle donnait une espèce de réflexion maturée, pas toujours sur l'événement et pas toujours sur l'humeur, etc. Et donc c'est de ça qu'était intéressant, c'était d'arriver à créer un nouveau possible en créant des nouveaux comportements. Mais... Au fond, moi, ce qui me passionnait, c'était la relation. Mais la relation, pas forcément la relation de face à face. la relation, je dirais, permanente. Cette espèce de possibilité de se dire Mais je ne serai jamais séparé de l'autre. Je ne serai jamais séparé de cette pensée. Je ne serai jamais séparé de ce travail qui va permettre d'avancer, etc. On aura toujours une espèce de fil qui sera entre nous et qui nous permettra de toujours avancer. Chacun à son rythme. Chacun suivant ses possibilités. Mais les choses continueront à avancer, même quand on ne sera pas ensemble. Et ça, cette notion de relation permanente, forte et qui se nourrit, était quelque chose qui moi me passionnait et me paraissait être un truc inouï en termes de fonctionnement.

  • Speaker #0

    C'est une relation... dans laquelle la vie professionnelle et la vie personnelle sont fortement imbriquées.

  • Speaker #1

    Ne serait-ce que parce que dans cette relation, quand elle est bien faite, elle respecte vachement les deux aspects. Elle respecte l'aspect professionnel parce qu'elle permet de donner toute sa rigueur, mais elle respecte l'aspect personnel parce qu'elle permet de donner du temps aussi, de donner du recul, etc. Donc quelque part, c'était ça qui était intéressant. C'était cette espèce de... de façon de remaitriser ses actes, de remaitriser son activité, de remaitriser sa profession, de ne plus être, je dirais, sous l'emprise du quotidien tel qu'on l'avait vécu pendant 30, 40 ou 50 ans précédemment.

  • Speaker #0

    Il y a eu des réserves de la part des utilisateurs.

  • Speaker #1

    Par définition, les réserves, elles venaient surtout de gens qui ne l'avaient jamais fait. Donc, quelque part, on a eu des réserves et puis on testait avec eux et on voyait très, très vite que les gens tombaient dans le jeu, retrouvaient leur marque. Par contre, bien entendu, on s'est confronté à des problèmes de managers qui étaient des managers qui n'auraient pas dû l'être et qui, du fait de la distance, étaient encore moins managers que quand ils étaient en présentiel, puisque quelque part, pour eux, ils étaient dans le vide. Et puis, bien sûr, comme c'était des gens qui avaient... plutôt tendance à projeter le négatif sur le comportement de leurs subordonnés, ils imaginaient que quand ils n'étaient pas là, ils foutaient rien. Alors qu'en fait, quand ils n'étaient pas là, c'est là où ils foutaient le maximum, puisque quelque part, ils étaient totalement en train de digérer, en train d'incuber un certain nombre de choses pour pouvoir les restituer à leur équipe au moment où les choses avaient bien mûri, d'une certaine manière. Donc, bien entendu, ce qui était intéressant, c'est qu'il y avait des échanges, il y avait des oppositions, etc. Mais le juge de paix, c'était l'action. On disait, écoute, c'est pas compliqué, on l'installe. on regarde et on le fait. Et donc à l'époque, on recevait, on organisait des séminaires en plein milieu de la montagne pour démontrer aussi qu'on était capable de former dans des lieux qui étaient précédemment pas forcément tout à fait adaptés à des formations technologiques. Et ils venaient et on se formait, puis on échangeait, etc. Et on leur faisait franchir un cap. C'était ça qui était intéressant. Mais ce qui était intéressant surtout, c'était de se dire que on voyait là naître un nouveau monde. On voyait là naître une nouvelle façon de fonctionner, une nouvelle façon de, je dirais... d'avoir le plaisir d'être en phase avec les autres, d'avoir le plaisir de coopérer avec les autres, d'avoir le plaisir de coopérer avec des gens qui ne fonctionnent pas à la même vitesse que nous. Il y avait des gens qui fonctionnaient plus vite que nous, il y avait des gens qui fonctionnaient moins vite que nous, mais tous arrivaient à trouver leur vitesse grâce à l'outil, et donc chacun contribuait dans la mesure de ses possibilités, et à la fin on avait un ensemble qui était autrement plus conséquent que les choses qu'on avait précédemment dans des réunions de groupe, ou certaines fois c'était des réunions de groupe où c'était le plus bavard ou le plus rapide qui gagnait. et les autres, ils se taisaient et puis ils attendaient que ça se passe. Alors que là, il y avait vraiment une façon de permettre de restituer un droit à la parole à tout le monde. Et chacun pouvait en profiter différemment, parce qu'il y a des individus qui sont assez au premier degré, ou assez primaires, et d'autres individus assez secondarisés. Chacun avait la possibilité de gérer ça dans un espace-temps qui était élargi, et qui était beaucoup plus tolérant pour les différents comportements.

  • Speaker #0

    Bien. Donc, cette expérimentation, elle a duré combien de temps ?

  • Speaker #1

    L'expérimentation a commencé au début des années 90, elle a continué assez longtemps, puis après c'est devenu une profession. Moi, c'était le début de ma profession. Je suis devenu consultant en relations numériques, d'une certaine manière. À ce moment-là, je n'appelais pas ça comme ça, mais je n'appelais pas ça comme ça à l'époque, mais aujourd'hui c'est comme ça que je l'aurais appelé, en relations numériques. Et donc après, ça s'est étendu dans les années 2000 à 2020. D'une autre façon, c'est-à-dire que, bien sûr, Internet étant arrivé, on avait beaucoup plus de possibilités, le téléphone étant arrivé, on avait beaucoup plus de possibilités. Et je dois dire que vraiment, il y a des gens qui peuvent dire qu'ils font leur métier par passion ou par amour. Moi, ça a été mon cas parce que quelque part, il y avait toujours des trucs nouveaux à démarrer, toujours des trucs nouveaux à imaginer, à tester, etc. Et comme les technologies n'arrêtaient pas d'avancer, il y avait toujours quelque chose de nouveau qui permettait, je dirais, d'inventer quelque chose qui puisse encore plus coller à la problématique de la personne, à la problématique du groupe, etc. Ça a continué jusqu'à la fin de ma carrière, en l'occurrence, qui m'a permis justement d'expérimenter tout au long. C'est-à-dire qu'on était en expérimentation permanente d'une certaine manière, puisque les technologies changeaient en tout le temps. Même si la base était une base assez commune, il y avait toujours des choses à réinventer, à réimaginer et à refaire.

  • Speaker #0

    Et la découverte de l'iPhone, ça a été, j'imagine, le graal. L'arrivée de l'iPhone en 2007.

  • Speaker #1

    2007, oui. Je dois dire qu'il y a eu, je crois que c'était 75-76, le premier choc qui a été l'Apple II. 1991-92, qui est la découverte de Lotus Notes, qui est le logiciel. Et puis 2007, la découverte de l'iPhone et de l'iPod, d'ailleurs, à l'époque, qui avaient été lancés en même temps avec pratiquement les mêmes fonctionnalités. Pour moi, ça y est, tout était là. Toutes les pièces. Rêver. était là, c'est-à-dire qu'il y avait quoi à fabriquer une humanité heureuse et épanouie pour au moins 3 ou 4 siècles, c'était pas la peine d'en inventer plus, on aurait pu s'arrêter là, c'était vraiment largement suffisant, on avait tout ce qu'il fallait pour arriver à trouver les outils pour nous permettre de nous exprimer, d'échanger d'inventer, de dialoguer etc. de manière efficace donc là vraiment c'était c'était carrément le rêve éveillé d'une certaine manière

  • Speaker #0

    Donc on en arrive à la question, comment se fait-il qu'en 2024 nous soyons arrivés à quelques jours de... Une éventuelle arrivée de l'extrême droite en France, comment se fait-il ? Qu'est-ce que c'est qui a foiré ? Qu'est-ce que c'est qui a fait que les relations se sont détériorées, que les haines se sont exacerbées, se sont autorisées à s'exprimer ? Qu'est-ce qui a fait que cette puissante technologie... n'a pas donné les résultats espérés, que tu espérais à ce moment-là ?

  • Speaker #1

    Alors oui, bien sûr, ça c'est une question qui mériterait peut-être éventuellement, je dirais, trois ans de discussion, parce que c'est un gros, gros sujet, mais bon, pour le faire rapide, ce qu'on pourrait dire, c'est que la technologie en elle-même, elle n'est pas bonne ou mauvaise. Je dirais, je ne sais pas, la découverte de l'énergie atomique, ça peut donner une centrale nucléaire ou ça peut donner une bombe atomique. Donc ce n'est pas exactement les mêmes finalités. L'une c'est de faire vivre, l'autre c'est de faire mourir. Donc quelque part la technologie n'est pas bonne ou pas bonne. Elle est ambivalente d'une certaine manière. Et donc tout dépend des gens qui vont l'utiliser, de la finalité des gens qui l'utilisent. Et je dirais même plus largement de la société qui va les héberger. et de l'état de la société qui va les héberger. Dans une société qui serait tournée à une époque, peut-être, bien que ça n'ait jamais existé, qui est tournée vers le bien, vers le fait que les autres aillent bien, etc., la technologie, elle peut être un outil pour améliorer le bien, pour augmenter le bien, pour, je dirais, augmenter le bien-être, etc. Dans une société qui est tournée autour de la possession, de la domination et de l'argent, ce qui est à peu près la société dans laquelle nous vivons, la technologie, elle a été dévoyée pour être utilisée dans ces finalités-là. Et donc, quelque part... les technologies ont été détournées d'une certaine manière. Et les technologies telles que moi j'ai utilisées au début des années 90, qui étaient pour arriver à être plus libres, sont devenues très vite des technologies qui ont été utilisées pour aliéner encore plus ou pour, je dirais, conditionner encore plus. Et c'est là où il y a eu quelque chose qui a loupé, d'une certaine manière. C'était prévisible. Mais n'empêche que je n'imaginais pas personnellement que ça descendrait aussi bas. C'est-à-dire que les choses seraient aussi navrantes, aussi désespérantes. que celle que l'on voit aujourd'hui. C'est-à-dire que la technologie aujourd'hui est devenue une technologie, excuse-moi du terme, qui rends con, quoi. C'est-à-dire que, quelque part, le nombre de bêtises qui peuvent être véhiculées grâce à la technologie, par la technologie, pour amener à l'asservissement intellectuel de l'autre, c'est hallucinant, quoi. Je dirais, l'exemple le plus visible de cet abêtissement collectif, c'était l'héritage, justement, de l'Internet, du Web, etc. Ça a été les réseaux sociaux. C'est-à-dire que les réseaux sociaux, ça a été l'art de... d'arriver à mettre des paroles mineures en avant. L'arrivée de mettre en avant des paroles méchantes ou malfaisantes en avant. Et donc l'art d'arriver à créer des troupeaux de gens qui suivent des abrutis. Donc quelque part, une façon d'arriver à remettre les gens par silos. Plutôt que de les réunir, on les a mis par silos de haine. Chacun s'enferme dans sa haine de quelque chose. Alors bien entendu, il y a eu des choses extraordinaires qui ont été faites. Pour en prendre une extraordinaire, la permaculture doit sa réussite actuelle. et son évolution à la technologie. C'est-à-dire, en gros, on peut dire que sans YouTube, la permaculture n'existerait pas aujourd'hui. Parce qu'il y a eu YouTube, il y a eu la permaculture, parce que chacun a pu y aller de sa contribution, de son exemple, etc. Mais pour une opération bénéfique comme celle-là, il y a des millions d'opérations maléfiques qui ont été faites en même temps. Or, malheureusement, les forces du mal sont beaucoup plus importantes et ont beaucoup plus de succès que les forces du bien. À preuve, je dirais, je ne sais pas, quand on regarde le niveau moyen des influenceurs sur la planète, je veux dire, on ne peut être que consterné quand même sur le fait que la bêtise engendre énormément de suiveurs. Il y a quand même des millions de gens qui aiment bien regarder tous les jours de la bêtise. Donc c'est ça qui est un problème. Et donc là, je dois dire que pour quelqu'un comme moi qui avait imaginé le paradis avec la technologie, tout d'un coup... je me trouve plongé dans l'enfer avec la technologie, en disant mais attends, mais c'est impossible, c'est-à-dire qu'une société comme celle-là, on est capable de faire croire n'importe quoi à n'importe qui, on est capable d'arriver à changer les mentalités, on est capable d'arriver à asservir un certain nombre de personnes, et ça sans que personne ne s'en rende compte. Je vais prendre un exemple encore plus précis pour dire ça. Je dirais, depuis le début de l'humanité, depuis le début de l'humanité, il se trouve que les parents, savent à peu près ce que leurs enfants reçoivent, puisque c'est eux qui leur donnent, leur famille et éventuellement leurs enseignants. Donc ils arrivent à peu près à comprendre ce qui se passe dans la tête de leurs enfants parce qu'ils sont la principale source d'informations ou la principale source de conditionnement, toujours d'ailleurs idéal, enfin en tout cas, ils se divertent de leur mieux. Depuis le début de l'humanité, ça a été comme ça. Eh bien maintenant, ce n'est plus comme ça. On peut dire au moins aujourd'hui... Je dirais depuis moins de dix ans, c'est plus comme ça. C'est-à-dire que les parents ont des enfants, leurs enfants ont des téléphones, outil extraordinaire mais qui est devenu un outil détestable dans les mains des enfants, et puis les téléphones véhiculent des réseaux sociaux, lesquels réseaux sociaux permettent à des gens mal intentionnés de venir mettre dans les cerveaux pas encore tout à fait formés des choses qui ne sont pas tout à fait idéales. Et donc aujourd'hui on a... des parents qui n'imaginent pas le nombre de choses hallucinantes qu'ingurgitent leurs enfants tous les jours et qui sont des nouveaux conditionnements qui vont changer leur façon de fonctionner et qui vont les éloigner d'eux d'une certaine manière parce que quelque part les parents ne connaissent pas ces outils-là. J'en prendrais un pour arriver à donner un exemple précis parce que moi-même j'avoue que j'ai été piégé par cette technologie-là. Parce que moi, j'étais dans les réseaux sociaux, donc je croyais que je connaissais les réseaux sociaux, je connaissais Twitter, je connaissais Facebook, etc. Mais tout d'un coup... est apparu un outil qui me paraissait totalement secondaire, TikTok. Et cet outil-là, je lui ai dit, c'est un outil pour diffuser des conneries. C'est des trucs un peu mineurs, des gens qui dansent n'importe comment, qui font de la musique n'importe comment, etc. Ça, c'était vrai au début. Et puis aujourd'hui, je dirais qu'on voit bien que cet outil-là est devenu le cœur de quelque chose. profondément maléfique pour tout un tas de générations qui sont en train d'arriver. Mais comme les parents ou comme les grands-parents comme moi n'y sont pas, ils ne peuvent pas comprendre ce qui est en train de se passer, qui est en train d'être véhiculé dans la tête des enfants, dans la tête des jeunes. Et ça, c'est un sacré problème. Et je crois que ce simple exemple de TikTok permet de comprendre à quel point actuellement, bien sûr qu'un outil comme celui-là peut véhiculer des choses très positives, il n'y a pas de doute qu'il y a des choses géniales qui se racontent là-dedans, qu'il y a de la cuisine, des trucs, etc. Mais il est évident, et alors là depuis je me suis renseigné, et surtout j'ai fréquenté de façon à comprendre ce qui se passait, mais le nombre, le pourcentage de vidéos de haine, vraiment des pires qu'on puisse imaginer, elles sont là. elles ne sont même pas écrêtées, etc. On laisse les choses se déverser dans la tête des gosses sans rien faire. Et là, on se dit, alors là, on a loupé une étape. C'est-à-dire qu'on est parti d'un outil qui permettait de véhiculer le mieux de la planète et on est en train de déverser le pire de la planète dans la tête des enfants, c'est-à-dire la population la plus fragile. Ce qui veut donc dire qu'avant 10 ans, avant 15 ans, nos sociétés seront totalement intoxiquées au travers de ces outils-là. C'est pour ça qu'il y a aujourd'hui des réflexions qui se font. Sur le fait dans certains pays d'interdire cet outil-là ? Même en France, d'une certaine manière, il y a peu de temps, en Nouvelle-Calédonie, quand il y a eu des incidents, le gouvernement a décidé de l'interdire pendant la durée des difficultés. C'est bien la preuve qu'ils ont compris, eux aussi, qu'il y avait un danger. Et je crois que vraiment, il est urgent aujourd'hui qu'on se pose la question de... Mais il y a un moment où il faut arrêter les technologies, c'est-à-dire qu'on ne peut pas les laisser faire tout et n'importe quoi, sinon on est fichu, d'une certaine manière. Et là, je suis très inquiet. Aujourd'hui, autant j'ai été enthousiaste, amoureux des technologies, autant aujourd'hui je suis inquiet. Et... Et je dirais dérouté par l'environnement maléfique dans lequel on est rentré depuis.

  • Speaker #0

    Donc là on arrive à aujourd'hui, ici maintenant on arrive sur un constat extrêmement alarmant, extrêmement... dramatique et ce que tu dis ça me fait penser à la tentative de salma sam altman le l'inventeur de fin l'un des leaders de l'ia de l'intelligence artificielle qui avec d'autres ont demandé l'arrêt momentané une pause dans le développement de l'intelligence artificielle sentant que cette technologie allait prendre le, je ne dirais pas prendre le pouvoir, mais encore que, mais au moins échapper à ses créateurs. Et cette pause qui a été demandée, qui a été acceptée dans un premier temps, a été refusée dans un deuxième temps, et la fuite en avant a repris de plus belle. Donc maintenant on se retrouve avec un système d'Internet, qui se développe et qui échappe un peu à ses propres créateurs. Et donc, une personne comme toi qui en a été, un propagateur, un agent de... Un missionnaire, je dirais, oui, un missionnaire. Moi, je t'ai toujours vécu un peu comme un missionnaire. Je me souviens de t'avoir fait intervenir auprès d'amis, etc. Et tu avais un pouvoir de conviction, un pouvoir d'entraînement qui fait que les plus rétifs à l'informatique, ceux qui disaient ne pas vouloir y mettre les doigts, se sont pris d'intérêt et quelquefois d'amour pour cette technologie. Et de voir maintenant... pousser ce cri d'alarme, ça, ça m'intrigue parce que je me dis, bon, et maintenant, qu'est-ce qui va se passer ? Et toi, en tant qu'homme qui a encore de l'influence et qui peut en avoir, comment vas-tu vivre ce choc et cette situation de paroxysme ?

  • Speaker #1

    C'est très exactement la question que je me pose actuellement. C'est-à-dire qu'actuellement, vraiment, je me pose la question, et c'est pour ça que ton podcast m'interpelle. C'est-à-dire que si je me dis, et maintenant, que j'ai vécu la phase amoureuse de quelque chose, je suis en train de vivre la phase effrayée de cette même chose, mais qu'est-ce que je fais de ce que j'ai compris ? Qu'est-ce que je peux faire de ce que j'ai compris ? Qu'est-ce que je peux faire de cette sensation-là ? Est-ce que je dois me retirer dans un espace non alimenté par Internet ? Est-ce que je dois me battre contre ce truc-là ? C'est vrai que c'est une sacrée question, parce que c'est une responsabilité. Quand on comprend l'effet nocif de ces choses-là... Tu évoquais l'intelligence artificielle. L'intelligence artificielle, ça a aussi une très forte ambivalence. On a tendance à toujours vouloir tout mettre dans le même panier. Mais l'intelligence artificielle, quand elle agit en accompagnement du travail des médecins pour arriver à faire un diagnostic, c'est la plus fantastique des choses qui puisse exister. Mais quand l'intelligence artificielle est au cœur des algorithmes, de TikTok notamment, pour arriver à nous enfermer dans une prison qui consiste à nous faire penser de plus en plus ce qu'on ne doit pas penser, là je dis que non, l'intelligence artificielle est en train de nous... de nous altérer, elle est en train de nous nuire. Donc c'est pour ça que là aussi, il y a cette ambivalence qui peut exister. Alors là, le problème, c'est de dire, quand on comprend ça, qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on peut faire ? Est-ce qu'il faut... Faire comme on a fait, c'est-à-dire qu'est-ce qu'il faut faire des conférences pour le dire ? Franchement, je pense que si c'était des conférences, ça ne serait même plus la peine de le faire. Donc quelque part, ce sera trop poussif par rapport à ça. Est-ce qu'il faut l'écrire ? Il y a 350 bouquins inutiles qui sortent tous les jours, on ne va pas en sortir un de plus. Donc je veux dire, il y a un vrai problème de dire, mais est-ce qu'il y a encore quelque chose à faire ? Ou est-ce que le chaos nous permettra éventuellement de sortir de cette impasse dans laquelle nous sommes ? C'est vraiment une question que je me pose. Et actuellement, bien sûr, la grande différence par rapport à il y a 10 ou 15 ans, il y a 10 ou 15 ans, j'étais dans le monde professionnel. J'étais dans des groupes, j'étais dans des dynamiques qui permettaient d'envisager des actions, voire les plus insensées, pour essayer de faire avancer des choses. Alors qu'aujourd'hui, je suis dans un nouvel état qui est l'état de retraité. Et l'état de retraité est un état, entre guillemets, pour beaucoup. moi en l'occurrence, qui est un État beaucoup plus solitaire, dans lequel il n'y a pas forcément de groupe, au sens de gens qui agissent ensemble, il y a peut-être des groupes de belotes ou des groupes de trucs, pas pour moi, mais en tout cas pour certains, ou de groupes de pétanques, mais il n'y a pas forcément de groupe qui ont envie d'agir sur la société, on considère que voilà, t'es à la retraite, tu te tiens au calme et tu nous fous la paix, nous pendant ce temps-là on bosse. Donc quelque part, aujourd'hui la question que je me pose c'est de dire, mais... L'avantage qu'on peut avoir en ayant vécu le meilleur et maintenant le pire de ce qu'on peut faire de la technologie, c'est peut-être qu'on peut essayer d'éviter que l'incendie ne dévaste tout. Comment faire quand on est dans une position de retraité et de retraité entre guillemets plutôt isolée ? Ça, c'est la vraie question. C'est la question que je me pose, sur laquelle, bien entendu, si je me la pose, c'est que je n'ai pas la réponse. Qui peut-être sont dans cette même interrogation et se disent, essayons de grouper nos actions. Peut-être qu'on va se donner... de la force et de l'envie d'y aller pour essayer de se battre contre les moulins, parce que quelque part, c'est un immense travail à faire. Mais aujourd'hui, ce n'est vraiment pas simple quand on comprend. le péril qui est devant nous, et le péril est un terme simple et net par rapport à ce qui est là, et je dirais que les élections dans lesquelles nous vivons actuellement ne sont pas... entre autres, que le résultat de ces actions souterraines qui existent dans le numérique et qui permettent de fonctionner comme un système de conditionnement de masse. Je voyais récemment une photo où il y avait Orwell qui était en train de regarder un livre qui s'appelait 2024 et qui était totalement effaré, tellement il trouvait que c'était hallucinant ce qu'il était en train de voir dans ce qui était en train de se passer en 2024. Je pense que nous sommes à un moment crucial de l'évolution de l'humanité. Que le numérique, le digital est au cœur de ce moment crucial, que le péril n'a jamais été aussi important et qu'il est vraiment urgent qu'on agisse par rapport à ça. Il y a bien sûr beaucoup d'autres problèmes, les problèmes écologiques, etc. Mais ce problème numérique, c'est un problème de la santé mentale des populations. Et il ne faut quand même pas être très fort pour comprendre que la santé mentale des populations n'est pas top actuellement, qu'on ne réfléchit pas comme il faut, qu'on n'a plus tous nos moyens. Il faudrait se poser la question de savoir si toutes les conneries qu'on écoute... ou dans lesquels on est englué, ne sont pas quand même la base de cet état-là. Donc aujourd'hui, je me dis, et maintenant, qu'est-ce que je fais de tout ça ? Qu'est-ce que je peux faire ? Est-ce qu'il faut que j'agisse ? Est-ce qu'il faut que je me batte ? Est-ce qu'il faut que j'ose me battre ? Ou est-ce que je dois dire, écoute, bon, espérons que d'autres le feront, et qu'ils se battront, et qu'ils arriveront à des résultats ? C'est un sacré problème, c'est un sacré problème difficile à résoudre.

  • Speaker #0

    Et quand on dit se battre, ça veut dire quoi ? On peut se battre sur les technologies en fixant des limites, en fixant des limites à la recherche, des limites à la diffusion, une loi pour interdire aux enfants avant 15 ans d'avoir un téléphone portable, ça c'est une défense juridique. On peut se battre aussi vis-à-vis des utilisateurs et moi mon vieux fond de formateur, d'animateur, moi j'ai toujours... Je me dis que ce qui serait important, c'est de se battre sur la formation des gens à l'utilisation de ça, c'est-à-dire leur permettre de faire le pas de côté qui les inviterait à réfléchir sur leurs propres pratiques. Là, je sens que je peux encore faire quelque chose, mais c'est très difficile.

  • Speaker #1

    Alors justement, moi je crois que quelque part... Je ne crois pas que le combat législatif, etc., soit une voie possible compte tenu de... Je dirais, on va dire de l'érosion de la qualité des politiques, etc., qui ne sont pas prêts à faire ça, il y a tellement d'intérêts qui font qu'ils ne le feront pas, c'est pas ça. La formation, bien sûr, peut être quelque chose de très tentant, mais la formation, c'est très long. Donc, il faut du temps pour arriver à le faire. Je crois qu'aujourd'hui, la démarche prioritaire à laquelle il faudrait qu'on arrive, c'est une démarche d'information, uniquement d'information. C'est d'arriver à dire à... tous les parents, mais bon Dieu, faites vachement attention. Votre gosse est en train de vous échapper, est en train de rentrer entre les mains de personnes que vous ne connaissez pas et qui sont en train de le foutre en l'air. Donc quelque part, il me semble aujourd'hui qu'il y a un défi, qui est un défi d'informer, d'informer les parents. Attention, allez regarder, regardez par-dessus l'épaule de votre enfant et regardez ce qui lui arrive dans la tête. et vous allez voir que vous allez être sidérés. C'est à vous de comprendre, c'est à vous de surveiller, c'est à vous de limiter, c'est à vous de faire en sorte de le sauver. Donc je pense qu'aujourd'hui, la vraie démarche, c'est une information vis-à-vis des parents pour sauver leurs enfants. Parce qu'il s'agit ni plus ni moins de ça. Je veux dire, aujourd'hui, si je devais conseiller, ce que je ne ferais jamais, bien entendu, les grands dictateurs de ce monde que sont Poutine, que sont l'autre en Iran ou que sont le troisième en Chine, sur comment détruire l'Occident, je leur dirais mais c'est pas compliqué, mais c'est vraiment simple. Vous devriez mettre un outil de type TikTok, vous voyez ce que je veux dire TikTok, vous mettez un outil de type TikTok et puis vous arrangez que les gens les plus dépravés et les plus salopards de la planète puissent en vivre. Et à partir de là, vous inquiétez pas, vous allez détruire tous les enfants de l'Occident. Et une fois que vous aurez détruit tous les enfants de l'Occident, parce que bien sûr, j'oublie pas, il faut que cet outil-là, vous le rendiez inopérant dans vos propres pays, parce que sinon, ça va détruire aussi vos propres jeunes, si tant est qu'il y en a encore, parce qu'il n'y en a pas beaucoup dans vos pays qui naissent. Mais en tout cas, si vous voulez détruire l'Occident, faites-le uniquement avec un outil numérique. des gens qui sont mal intentionnés, qui vont en vivre, des influenceurs, je dirais, idéologiques, et là, vous allez voir que vous allez les détruire, vous n'avez pas besoin de sortir un canon, vous n'avez pas besoin de sortir une fusée, ça va se détruire tout seul. Ça mettra 5 ou 10 ans ou 15 ans, mais vous êtes sûr du résultat, il n'y aura plus de société derrière. Donc c'est ça qui est un problème, c'est qu'aujourd'hui, la guerre telle que nous l'avons connue n'existera plus. d'une certaine manière, mais une guerre d'un type totalement nouveau est en train de naître, qui est une guerre qui consiste à bousiller des générations. Et on bousille des générations, comment ? Avec les outils numériques. Et ça, c'est un sacré défi, et ça, il n'y a que les parents qui peuvent en protéger les enfants. Et donc je crois que c'est vraiment par l'information qu'on arrivera, mais en disant ça, j'ai bien conscience qu'il va falloir qu'il y ait de l'information, on le fasse bien pour que ça arrive le plus rapidement possible, auprès du plus possible d'oreilles.

  • Speaker #0

    Je t'écoute en repensant à tout ce qu'on disait sur la télévision dans les années 70, tout ce qu'on disait sur la télévision et les enfants, que la télévision allait leur donner accès, que c'était la facilité parce que c'était l'image, que ça allait leur donner accès à des images licencieuses au sexe, au vice. On tenait toujours les mêmes arguments, tu sais. Donc on va faire de la formation pour que les parents, on faisait des écoles de parents pour réglementer, régulariser un peu l'accès à la télévision. Nous, notre credo au CREAP, c'était de dire, on va leur donner la possibilité d'écrire des choses en images et en son, et puis s'ils sont actifs, ils seront moins passifs devant les écrans. Bon, ça c'était notre... notre notre volonté là maintenant ce qui est frappant c'est que la possibilité d'écrire avec des images et des sons tout le monde là la possibilité de diffuser sur toute la planète tout le monde là ça c'est extraordinaire comme changement comme saut c'est un saut quantitatif mais je trouve que c'est presque un saut qualitatif certes devient d'une autre d'une autre nature et Oui, je voulais dire que l'avantage de ces outils, c'est qu'ils donnent un certain plaisir sans effort. Et que le plaisir... Et l'homme est ainsi fait qu'il va rechercher son plaisir. La boucle du plaisir, il va aller le chercher. Et regarder des, on appelle ça sur Internet, regarder des réels sans arrêt, où il y a des situations paroxysiques, des situations de déséquilibre, des situations humoristiques, des situations qui font peur, etc. Ça procure un plaisir fabuleux. Et donc... Quand tu dis qu'il faudrait que les parents interviennent, les parents vont se retrouver dans un rôle beaucoup plus castrateur qu'autrefois. Ils vont se retrouver en butte à la colère des enfants. Moi, j'ai droit à voir ça puisque mes amis le voient et puisque tout le monde trouve ça super.

  • Speaker #1

    Mais c'est vrai que les parents vont se trouver confrontés à un problème de colère peut-être pendant trois jours, mais pas plus parce que quelque part, le problème, c'est que... Le défi auquel on est confronté, c'est un défi de la télévision à la puissance sans. C'est-à-dire que la télévision était un défi parce qu'elle menaçait de conditionner des populations. Elle l'a fait d'ailleurs, parce que je dirais qu'une grande partie de la crétinerie actuelle est liée à ce qui passe à la télé. Mais quelque part, c'était fait de manière assez contrôlée, générique, etc. Mais là, attention, c'est que... on enferme chaque personne dans une chaîne de télévision qui est la sienne. L'association du réseau social TikTok et de l'intelligence artificielle fait qu'il y a une chaîne de télévision par personne, puisque là, bien sûr, c'est que de la vidéo, et finalement, elle va totalement prendre le contrôle de la tête de la personne qui est là. Donc c'est autrement plus menaçant en termes de fonctionnement. On n'a jamais connu un système d'emprisonnement individuel aussi sophistiqué. Donc ça, c'est le gros changement. C'est-à-dire que les menaces qui étaient là depuis très longtemps se sont accrues à un niveau qui est inimaginable. Et ça, c'est vraiment effrayant. Et ça m'effraie dix fois plus que le reste. Bien sûr que je suis effrayé par la fonte d'épaule. Mais je me dis que les pôles n'auront pas fondu que déjà la société aura été détruite par d'autres choses. Et ces autres choses, c'est la crétinisation globale. des populations. Ça, c'est vraiment la menace qui nous pend au nez et qui ne met pas longtemps, ces quelques années, pour arriver à déruire une société. Donc, ce n'est pas très positif et pas très optimiste, surtout pour quelqu'un qui est un amoureux de la technologie. Mais quelque part, c'est peut-être parce que je suis un amoureux de la technologie que je me permets de le dire, parce que je n'ai jamais été réticent par rapport à la technologie. Je n'ai jamais dit ça. Mais par contre... Il faut bien le reconnaître, l'être humain a une capacité à détourner les belles choses de leurs beaux objectifs qui est absolument extraordinaire. L'être humain, c'est quelqu'un qui malheureusement a toujours la tentation de pervertir les progrès et d'en faire un usage qui n'est absolument pas adapté. Et aujourd'hui, on est à un moment critique et il y a urgence, il y a vraiment urgence. On n'a pas dix ans devant nous.

  • Speaker #0

    L'être humain recherche le plaisir.

  • Speaker #1

    Il recherche la dopamine. Parce qu'une fois de plus, TikTok, c'est un phénomène dopamine. C'est-à-dire que plus je regarde TikTok, plus j'ai de la dopamine, plus je suis heureux. Même si je sors des conneries après. Je suis heureux quand même parce que j'ai vécu quelque chose qui était, pour mon cerveau, qui lui a apporté du plaisir. Donc voilà, le secret de la domination de la planète, c'est la dopamine.

  • Speaker #0

    Oui, on est un peu comme dans une secte. C'est un enfermement dans lequel on a ses certitudes, dans lequel on a son plaisir, dans lequel on a le sentiment d'appartenir. C'est-à-dire que les besoins essentiels sont contenus dans la technologie.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Je dirais que ça ne va pas faire plaisir aux complotistes, mais quelque part, il s'agit d'un phénomène de destruction massive, mais qui n'est dirigé par personne. Il y a des millions d'acteurs qui sont fédérés pour arriver à fabriquer cette décadence numérique dans laquelle nous sommes actuellement. Il n'y a pas un chef d'orchestre. Il y aurait un chef d'orchestre, on le nommerait, on le tuerait éventuellement. Mais là, il n'y a même pas ça. C'est-à-dire qu'il y a seulement des millions de personnes qui, au nom du fait de vouloir gagner de l'argent, gagner de la célébrité, travailler sur le rubris, etc., vont finalement arriver à fabriquer des prisons individuelles pour les individus, pour arriver à les transformer d'êtres humains ouverts. en être humain buté, en être humain réduit à des pensées qui ne sont pas forcément les meilleures pour leur permettre de survivre. Donc là, vraiment, c'est un changement radical. Et malheureusement, il n'y a pas de comploteur central. Ça serait très agréable si on arrivait à définir un comploteur central. Il n'y en a pas. Il y a des alliés. J'ai cité la Chine, l'Iran ou la Russie. C'est sûr que ce sont des alliés objectifs de ces choses-là. Ils nourrissent en partie les choses, mais ils ont tellement de collaborateurs gratuits qui sont autour d'eux, mais c'est magnifique. C'est-à-dire que tout le monde y va, dans cette partie absolument incroyable de destruction massive de l'humanité.

  • Speaker #0

    Frédéric, alors pour conclure, on en arrive à la question de départ, et maintenant. J'ai bien conscience de la dangerosité de TikTok vis-à-vis des enfants et ça me fait frémir vis-à-vis de mes petits-enfants parce que s'ils tombent dans les pattes de cette machine, c'est une machine à broyer. Alors nous, avec le temps qui nous reste, et maintenant qu'est-ce qu'on fait ?

  • Speaker #1

    Alors moi je serais bien en peine de dire ce qu'il faut faire, mais en tout cas, moi ce à quoi je suis prêt à faire, c'est de dire, s'il y a des gens qui... Comme moi, on fait cette analyse ou sont dans cette logique de réflexion et comme moi pense qu'il y a peut-être quelque chose à faire, parlons-nous, réfléchissons. Je dirais qu'il faut 10 ou 20 personnes autour d'une table ou autour d'un logiciel pour arriver à peut-être formaliser des solutions, pour arriver à faire ce travail d'information urgente sur ces périls qui nous menacent. Donc je veux dire, moi aujourd'hui, je ferais plutôt un appel à, voilà, essayons de réunir nos maigres forces. pour arriver à agir. On pourra utiliser d'ailleurs les réseaux... éventuellement pour faire ce genre de choses-là parce qu'il y a des choses à faire, mais il faut qu'il y ait une envie collective de quelque chose. Ça ne peut pas être un individu héroïque qui va arriver dans un coin et qui va faire quelque chose. Je pense que ça, il s'autodétruira ou il sera détruit avant que ça ne puisse fonctionner. Il faut trouver cette dynamique. Il faut créer cette dynamique. Donc voilà, moi je fais un appel à cette dynamique. S'il y a des gens qui ont envie de faire ça, je suis prêt à parler avec vous d'ailleurs et à échanger et à voir comment on peut faire parce que c'est vraiment crucial et urgent. On n'a pas trop de temps devant nous.

  • Speaker #0

    Je pense que cette proposition que tu fais peut être entendue et peut retenir l'attention. Je pense que ce qui est important c'est que tu mettes l'accent sur le collectif, c'est-à-dire qu'aucun d'entre nous seul ne pourra trouver la solution. C'est quelque chose que l'on peut vivre ensemble. parents, enseignants, éducateurs, pédopsychiatres, je ne sais pas, mais tous les gens qui travaillent avec les enfants, pour les enfants, peuvent mettre ensemble leurs perceptions, leurs aspirations, leurs désirs, leurs peurs, et essayer de voir chacun où il est, comment il peut... Garder la lumière allumée.

  • Speaker #1

    Absolument, parce que je crois qu'il y a un très bon livre que je vous recommande, qui a été écrit en 2019, qui s'appelle Les ingénieurs du chaos Et on voit très bien qu'à chaque fois que des gens arrivent au pouvoir, que ce soit aux États-Unis, en Hongrie, en Argentine, etc., il n'y a pas beaucoup de personnes qui le font. Mais il y a une petite équipe de gens très malfaisants. qui arrivent à faire en sorte que des idées absolument pourries arrivent à prendre le pouvoir. Donc ça veut dire qu'il ne faut pas forcément un très grand nombre de personnes, mais il faut un certain nombre de personnes, et aucun individu ne peut le faire. Il n'y a que des collectifs qui peuvent y arriver, même de petite taille, ils peuvent arriver à avoir des résultats stupéfiants.

  • Speaker #0

    Sortons de la logique du jeu, ce qu'on appelle le jeu de cet affreux. Parce qu'on peut dire pendant des heures, c'est affreux ce qui nous arrive. Maintenant, ce qui est important, maintenant, c'est de mettre en place des choses qui nous aident à dépasser cette sidération devant l'accélération de tout ça.

  • Speaker #1

    Ce qui serait affreux, ce serait vraiment de ne rien faire.

  • Speaker #0

    Oui. Eh bien, écoute Frédéric, je te remercie beaucoup pour cet échange. Je pense que tu as fait un appel qui peut être entendu. Et si, vraiment, si vous partagez l'inquiétude qu'a exprimée Frédéric, je vous invite à prendre contact avec moi. Je lui transmettrai et... Nous essaierons de constituer des cellules d'échange, de réflexion autour de ça. Vous pouvez m'écrire patricemarcade.com et puis je vous tiendrai au courant de la suite de ce front anti- abêtissement. C'est pas très fort comme nom.

  • Speaker #1

    C'est bien, mais on doit pouvoir trouver mieux, mais c'est déjà pas mal pour un début.

  • Speaker #0

    Merci. Merci. Merci. Vous venez d'écouter Frédéric Soussin, où comment un apôtre du numérique peut devenir lanceur d'alerte. Si comme lui, en tant que parent, grand-parent, éducateur, vous partagez la même inquiétude sur le développement de ces outils de TikTok en particulier, Frédéric vous invite à partager vos réflexions. apportez votre contribution à notre croisade pour la défense de la santé mentale de nos enfants je transmettrai un dernier mot si vous aussi tel frédéric et tel sisyphe nous poussez votre rocher et que vous avez besoin de petites mains pour vous aider, je ne saurais trop vous conseiller de témoigner. A bientôt !

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