- Speaker #0
Aujourd'hui je passe un nouvel IRM et j'ai décidé de vous emmener avec moi. Il est 6h du matin, je fais attention à ne pas réveiller mes filles qui dorment encore. Je marche doucement, j'attrape mon sac, je vérifie une dernière fois si j'ai rien oublié. En vrai c'est une routine pour moi, j'en ai déjà passé tellement. Mais depuis que je suis maman, je trouve que quelque chose a changé. Avant, c'était juste un examen parmi tant d'autres, un passage obligé pour surveiller ma santé. Et maintenant, j'appréhende plus. Pas l'examen en lui-même, bon en vrai je déteste ça, ça me paraît une éternité là-dedans, mais surtout ce qui pourrait rêver. Parce que quand on devient mère, on ne pense plus seulement à soi, on pense à ceux qui nous attendent à la maison. Ce matin, en refermant la porte derrière moi, j'ai cette sensation étrange, un poids léger, mais qui est bien présent. Un peu comme une eau qui plane au-dessus de mon épaule. Et je me dis que je vais partager ce moment avec vous. Parce que même si c'est devenu une habitude, il y a toujours cette petite part de mystère, cette petite incertitude qui ne disparaît jamais vraiment. Dans le train, je regarde les paysages défiler. Mais en vrai, ma tête est là ailleurs. J'essaie de penser à autre chose. Mais évidemment, mon cerveau ne veut pas. Et si ma tumeur rare de l'ovaire, ce fameux stroma Ausha, était revenue une troisième fois ? Et si cette fois-ci, ça me coûte mon dernier ovaire et ma dernière tombe ? Et si c'était déjà trop tard ? Avant, ces questions, bah, ça ne me hantait pas autant. Mais maintenant, ça tourne en boucle. Parce que je veux être là pour mes enfants. Longtemps. Mon cerveau s'emballe en quelques secondes. Et je sais que, quoi qu'il arrive, tout ne se passera pas comme prévu. Je me raccroche au bruit autour de moi. Le train, c'est un bon moyen de se perdre dans ses pensées sans trop les écouter. Je regarde les gens. Certains dorment. D'autres scrollent sur leur téléphone. Maintenant, c'est les métros. L'ambiance est assez différente. Plus de bruit, plus de monde. Et moi, je suis toujours dans ma bulle. La salle d'attente. Un drôle d'endroit. C'est un cesse entre deux mondes. Et de tout. Des jeunes, des personnes âgées, des gens tenus de sport, d'autres en costard. Et tout le monde s'observe discrètement. Moi, j'adore deviner pourquoi ils sont là. Certains ont l'air détendus, d'autres fixent le sol ou font son monde lire. Puis il y a ceux qui pianotent frénétiquement sur leur téléphone. Et ceux qui regardent dans le vide, déjà ailleurs. Bon, c'est mon tour. Vous êtes prêts ? Allez, je vous emmène. Je connais l'interrogatoire par cœur, alors j'ai déjà anticipé. Aucun bijou, pas de métal sur moi. C'est bon, je suis prête.
- Speaker #1
Alors, vous me reposez rapidement les questions. Vous n'avez jamais été opérée du cœur ? Pas de face maker, valve cardiaque, stène. Jamais opéré de la tête. jamais opéré des yeux, des oreilles, pas d'avoir les dentaires,
- Speaker #0
qui reste de l'oeil,
- Speaker #1
pas d'avoir l'auditif, pas de prothèse orthopédique, pas de risque d'avoir reçu des éclats métalliques dans les yeux ou dans le camp, pas d'allergie particulière, pas de problème de reins connu, aucun risque de grossesse sur certaines personnes. Votre taille s'il vous plaît ?
- Speaker #0
1m61.
- Speaker #1
Elle était bonne ?
- Speaker #0
Non.
- Speaker #1
Alors, vous avez déjà fait ici,
- Speaker #0
ok. Oui.
- Speaker #1
Vous avez des cycles pas réguliers, c'est ça ? Oui.
- Speaker #0
Ok. Mais voilà.
- Speaker #1
Ok, ça marche. Donc, folie RM, je vous amène une petite blouse. Vous savez, vous pouvez garder t-shirt, clôture, chaussette, vous enlevez le sotia-gorge, vous enlevez le piercing, bijoux, si vous voulez. D'accord ?
- Speaker #0
Je m'installe sur la table. Perfusion posée pour l'injection du produit de contraste. Et là, on met un socle autour du bassin pour éviter que je bouge. Et que les images soient floues. Je sais, j'ai déjà fait, mais à chaque fois, ce moment où une petite mobilise, c'est un peu perturbant. On me dit « si vous avez un souci, ça c'est une poire d'appel » . Eh bien bien sûr. Si j'appuie, je dois tout recommencer. Donc autant tenir bon. Bien évidemment, je leur dis pas ça, je le pense. Puis on me demande « est-ce que je veux de la musique dans le casque ? » . Ils posent cette question à chaque fois. Je dis oui, mais en vrai, la musique qui passe, elle est presque inaudible, tellement les bruits de la machine sont forts. Alors maintenant, j'ai ma propre technique. Je ferme les yeux et je me m'en sois et déclenche. Les basses qui résonnent dans tout le corps, les lumières bleues qui clignotent. Je suis là, au milieu de la foule, à danser. Dans ma tête, je suis en trance. Et franchement, c'est beaucoup plus supportable comme ça. Les premiers bruits commencent. Toujours un peu surprenant. C'est des séries de claquements, des bourdonnements, un rythme saccadé. J'ai appris à ne pas les subir, je les écoute autrement. Il n'y a rien à faire d'autre qu'attendre, respirer. Sortir de cette machine, c'est toujours un soulagement. Mais je le sais, le plus dur, c'est ce qui vient après, l'attente des résultats. Elle regarde les images en silence, longtemps, peut-être un peu trop longtemps. Puis il fronce les sourcils. Il me dit qu'il va demander un avis complémentaire à mon confrère. Ça ne peut pas être normal, sérieux. Juste une fois. Là je suis en train de penser direct au kyste, je me dis mais c'est quoi comme kyste encore ? Mais non, le professeur ne semble pas inquiet pour ça. Il a vu autre chose. Quelque chose qui pourrait enfin expliquer mes douleurs.
- Speaker #2
Je veux juste que tu me dises si par ailleurs il n'y a pas d'autres causes de douleurs. Tu veux un IPV ? Oui, j'arrive. J-A-R-I-L-I-Q-U-S-T-E-T-A-N-I-Q. Regarde l'image clé. Ils ont bien montré l'embrouille. Je vais missionner une DBH pour quelle œuvre ? Peut-être embolisation du côté droit. Ah bon ? J'ai l'axiale. Alors, moi, c'est de mon côté gauche, donc du côté droit de la patiente que je vois. Oui, sur l'image clé, je suis d'accord, c'est à gauche. Mais moi, je… Oui, c'est à gauche, celle-ci. Oui, elle s'est dit. Ok, donc c'est à Ausha thrombose. C'était ça, les deux côtés. La thrombose est à gauche, je suis d'accord. Oui, oui, oui. Bon, j'envoie la bascule. Merci, madame. Bon, à vivre un des radios embolisateurs. Parce que si c'est ça qui vous fait mal, ça peut s'emboliser. Une plante est prise en charge par un biologue personnel. Et je ne crois pas. Bon,
- Speaker #0
écoutez, pas mal.
- Speaker #3
Déjà avec l'instrument varié.
- Speaker #2
À vous, vous nous faites toujours des bizarreries là.
- Speaker #0
Vous l'aurez compris, IRM pour un kyste est finalement un tout autre diagnostic. Intervention programmée. Affaire à suivre. Je suis Stéphanie Jarry, réalisatrice d'État d'homme. Et voici une partie de mon quotidien.