84. Humanitaire, Armée, Qatar : le parcours incroyable d’Oriane Ginies cover
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84. Humanitaire, Armée, Qatar : le parcours incroyable d’Oriane Ginies

84. Humanitaire, Armée, Qatar : le parcours incroyable d’Oriane Ginies

50min |23/04/2024
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50min |23/04/2024
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Description

🎁 Profite de mon offre exceptionnelle sur mes formations : https://smileatjob.fr/formations


Oriane fait partie des femmes les plus inspirantes que je connaisse.


Son expérience dans la Cybersécurité, son choix d’intégrer l’Armée, son expatriation au Qatar, son retour en France et ses nouvelles aventures entrepreneuriales.

Des histoires comme on en voit peu 😇


Et comme je sais que tu apprécies ce type de parcours inspirants, j’ai décidé de l’inviter sur le podcast !


Dans cet épisode, Oriane nous raconte son parcours, ses expériences, sa vision de la place de la femme dans le monde du travail et bien d'autres sujets...



🔥 Si tu veux aider à faire connaitre Feedback, le meilleur moyen est de me laisser une note et un commentaire, cela me fera ultra plaisir !


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🦋 Je suis Elodie, coach et formatrice en management et leadership : j'aide les managers débordées à devenir des leaders inspirantes et organisées avec mes conseils issus de 14 ans de management et ma bonne humeur


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #0

    S

  • #1

    Bienvenue sur Feedback, le podcast autour du management et du leadership. Je suis Élodie, manager depuis 14 ans, et ma mission, c'est d'aider les salariés et entrepreneurs à prendre confiance en elles pour manager sereinement leur équipe. Alors si toi aussi tu es convaincu qu'on peut avoir un management bienveillant et un leadership affirmé sans écraser les autres, abonne-toi ! Tu trouveras ici tous mes conseils et retours d'expérience pour t'aider à devenir une des leaders de demain. Je te souhaite une agréable écoute. Hello à toi, et on se retrouve aujourd'hui pour une interview exceptionnelle. Franchement, je suis tellement contente de te proposer cet échange que j'ai eu avec Oriane, car Oriane a eu un parcours incroyable, il n'y a pas d'autre mot, et elle le raconte tellement bien. Oriane, en fait, c'est une amie d'enfance, on a fait le collège et le lycée ensemble, puis on s'est perdu du, pendant à peu près 20 ans, et on s'est retrouvés il y a un ou deux ans. les hasards de Facebook et d'Instagram. Et je tenais vraiment à l'inviter ici dans le podcast pour parler de son parcours, parce que Oriane, elle a une base juridique, elle est à la base juriste. Elle s'est retrouvée à travailler dans l'armée, dans la cybersécurité, pour au final finir par travailler pour BeinSport, qui est une chaîne de télévision. Elle s'est expatriée 8 ans au Qatar. Et du coup, je voulais qu'elle nous parle un petit peu de son parcours. Je sais que c'est très inspirant pour toi qui m'écoutes chaque semaine d'avoir ce genre de partage sur le podcast, ce genre de témoignages. Je lui ai donc posé quelques questions sur l'expatriation. Qu'est-ce que ça lui a amené ? Quelles leçons elle en tire ? Quels conseils aussi elle donne aux personnes qui veulent s'expatrier ? Et on a conclu par sa vision du rôle de la femme dans le monde professionnel. et vraiment le discours d'Oriane est ultra impactant, ultra inspirant et j'espère vraiment que ça va te donner un coup de boost un coup d'inspiration pour ton quotidien de manager car vraiment, moi j'ai adoré enregistrer cette interview avec elle j'ai bu toutes ses paroles et j'espère que ça va être pareil pour toi je te souhaite une très bonne écoute Bonjour Oriane, je suis ravie de t'accueillir aujourd'hui au micro de Feedback pour nous partager ton parcours qui est somme toute exceptionnelle. Je n'ai pas envie de spoiler la suite, mais c'est quand même un parcours assez incroyable que tu as eu dans ta carrière. Je voulais t'inviter aujourd'hui pour nous parler notamment d'expatriation, parce que ça a été une grande partie de ta vie. Et je voulais aussi t'inviter parce qu'on se connaît depuis l'enfance quand même. On a été au collège et au lycée ensemble et on s'est retrouvés après 20 ans d'absence, enfin de non-connexion comme par hasard, limite sur Facebook ou Instagram, donc c'était assez drôle. Et je vais te laisser peut-être te présenter au début avant de rentrer un petit peu plus dans le détail dans ton parcours professionnel et l'évolution de ta carrière, notamment via l'expatriation.

  • #2

    Merci Elodie pour ton invitation. C'est vrai qu'on a une belle histoire de jeunesse ensemble et je suis très heureuse d'intervenir dans le cadre de ton podcast Feedback. Merci pour cette invitation. Tu me connais bien quand même de mon enfance, tu sais que je suis une grande bavarde et donc je suis aussi très heureuse de partager mon expérience, d'apporter un peu ma touche à ton podcast. Donc c'est un vrai honneur. Et puis pour répondre... Tout simplement à ta question, je suis Montpellier-Reyne, d'origine comme toi, je suis maman de deux enfants et j'ai été pendant les 15 dernières années juriste, spécialisée plutôt sur les problématiques de droit international. de cybersécurité et d'antipiratage. J'ai travaillé dans l'armée en France et aussi à l'étranger. Et puis, j'ai effectué un virage 360 il y a à peu près 4-5 ans pour devenir coach professionnel, expert et consultante en transition de carrière, principalement pour les femmes, les professionnelles qui cherchent aussi à écrire une nouvelle page de leur vie professionnelle. Et je suis maintenant basée de nouveau à Montpellier, notre ville natale.

  • #1

    C'est ça. Et effectivement, tu as bougé un petit peu partout. Et je sais que ce sujet, l'expatriation, était quelque chose qui te tenait à cœur pendant longtemps. Tu en as pas mal parlé sur les réseaux. Ma première question, alors moi j'ai un bout de ton histoire par rapport à ça, mais j'aimerais quand même que tu la partages. Qu'est-ce qui t'a poussé dans cette voie du droit, déjà ? parce que c'est pas juste du droit, c'est droit international, cybersécurité, dans l'armée plus spécifiquement. Et qu'est-ce qui t'a poussé aussi dans ce chemin-là à t'expatrier ?

  • #2

    Alors, tu aurais pu répondre pourquoi j'ai choisi le droit à ma place, puisque tu sais très bien que j'étais une catastrophe dans mon bac scientifique. Tu as d'ailleurs beaucoup contribué à m'aider et à essayer bon an mal an d'arriver à mon bac sans trop de casse. Donc effectivement, quand j'ai terminé mon bac S, un peu imposé par ma famille, parce que mes parents sont des grands scientifiques. et que moi je n'avais absolument pas cette bosse des maths, je n'avais pas beaucoup de choix après un bac aussi terrible que de prendre des études plutôt dans le monde des sciences sociales, des sciences humaines. Et pour moi, la faculté de droit représentait tous les principes de justice, d'équité. Et j'avais à cette époque-là, ça a duré quelques années, l'envie de contribuer d'une manière ou d'une autre à des causes ou à des personnes qui étaient dans le besoin. J'étais dans cette volonté-là très humaniste. Et donc, la fac de droit, ça représentait aussi ces principes. de justice. Et donc, je me voyais bien défenseuse des droits de l'homme, des droits de l'enfant, peut-être magistrate ou juge pour enfants. C'était l'idée au départ. Et surtout, très heureuse de troquer ma calculatrice pour le code civil. J'avoue, je me vois encore acheter mon premier code civil en me disant Ouf, je n'ai plus affaire aux maths Et vraiment, c'est un vrai bonheur. Trois ans plus tard, j'ai déchanté parce que j'ai intégré un magistère droit des affaires où le tableau de l'amphithéâtre s'est rempli de chiffres sur le code des impôts et la fiscalité. Et là, de nouveau, je me suis effondrée comme un château de cartes. Et j'ai donc effectivement choisi plutôt le droit international parce que j'avais cette envie d'ailleurs, sortir un peu du microcosme provincial, découvrir d'autres manières de... d'argumenter, d'appréhender le juridique, toujours dans cette ambition d'être avocate internationale ou juste pour enfants. Donc ça, c'était plutôt les années études.

  • #1

    Oui, c'est ça, parce que c'est vrai que je me souviens, tu étais très dans l'humanitaire, etc. C'était quelque chose qui te tenait énormément à cœur quand on était au lycée ensemble. Ça, je m'en souviens très bien. Par contre, tu vois, j'avais complètement oublié ta phobie des chiffres. Je sais que j'aidais beaucoup en maths, en sciences et tout à l'école, ça je m'en souviens, mais tu n'étais pas la pire, donc tu vois, ça ne m'a pas marquée plus que ça. Et effectivement, ton côté humanitaire, je sais qu'il était très marqué, et tu étais, dans mes souvenirs, quelqu'un campé sur ses valeurs de justice et de défense, effectivement, des enfants et des personnes qui étaient dans le besoin. Ça, je m'en souviens très, très bien. Mais il y a un petit peu quand même un grand écart entre ça et la cybersécurité. Oui,

  • #2

    tout à fait. La carrière, comme la vie, n'est pas un long fleuve tranquille. Et en fait, quand je t'entendais rediscuter sur notre histoire d'étudiante ou de jeune fille, parce qu'on était petite à l'époque, finalement, ma carrière a été pavée de portes qui se ferment et donc d'opportunités qui s'ouvrent. Et... Jusqu'à la fin de mes études, j'étais attachée réellement à intégrer une organisation humanitaire. C'était vraiment le droit humanitaire, c'était ce qui m'animait le plus. J'avais suivi un magistère, un DESS, un Master 1 à l'époque de droit humanitaire à Aix-en-Provence. Et puis j'étais montée à Paris, à la Sorbonne, pour continuer en droit international et administration publique, pour éventuellement rejoindre l'ONU. Et en fait, quand j'ai commencé à candidater, Tout simplement pour trouver mon premier job, j'ai peut-être envoyé 150-200 candidatures pour des ONG, des grosses organisations humanitaires, et je n'ai eu que des portes qui se sont fermées. Et la seule qui s'est ouverte et qui, d'une manière ou d'une autre, répondait aussi à ces principes de justice, de défense et d'équité, c'était l'Arbée. J'avais fait un stage à l'époque en sortant de mon stage à l'ONU à Vienne à l'école militaire et j'ai donc décidé d'attaquer le marché de l'école militaire et du monde de la défense. Et là, pour le coup, j'ai eu mes premières opportunités professionnelles dans des centres de recherche militaire, à l'Institut des hautes études de la défense nationale et puis ensuite à l'IRSEM, qui est un institut stratégique. Et j'ai commencé à découvrir un autre aspect de l'humanitaire qui est... le monde de la défense, de la sécurité nationale et internationale par le biais militaire. Alors pour certains, ça peut paraître un opposé, mais pour moi, ça répondait, voire même un peu mieux, à mon envie d'évoluer dans ce cadre-là. Ça représentait des... ...valeurs de sécurité, de respect de l'État et puis des organisations dans lesquelles la France participe. Et puis, j'ai découvert un monde très hiérarchisé, mais aussi tourné vers la défense des civils. La guerre d'aujourd'hui n'est pas celle... que nos grands-parents ont connus. Et donc, les techniques évoluent, les guerres sont beaucoup plus urbaines, et donc les militaires ont dû évoluer vers la protection des civils sur les théâtres d'opération, beaucoup plus. Et se dessiner, à l'époque, beaucoup d'enjeux au niveau du conflit en Afghanistan, qui a duré 12 ans. Et j'étais au cœur de ce milieu-là, puisque je m'occupais des retours d'expérience des militaires sur le terrain. C'est un sujet qui m'a passionnée parce que je voyais à quel point ces militaires, avec la technique qu'ils avaient évoluée, qui avait été leur formation, comment ils géraient la complexité du terrain, tout en ayant cette obligation de suivre aussi les enjeux politiques définis par l'État et les quinquennats de nos présidents. Donc le temps politique n'était pas celui... du théâtre d'opération. Et donc, quelque part, le soldat était infusible entre ces deux milieux-là. J'en ai d'ailleurs écrit un livre, tellement ça m'a passionnée. C'est l'engagement militaire français en Afghanistan. Et j'ai continué d'ailleurs sur une thèse de doctorat. Je m'ennuyais peut-être à l'époque, le soir et le week-end. Et donc, j'en ai fait une thèse de doctorat. Et puis, la France a évolué sur une volonté de définir une stratégie de cybersécurité. Et donc j'ai commencé à plonger mon nez dans tout ce qui était cyberdéfense au niveau militaire et au niveau national. Donc ça m'a emmenée à voyager en Estonie, qui est un haut lieu du centre de cyberdéfense de l'OTAN, et puis aussi à appréhender ces nouveaux sujets que j'ai aussi intégrés à la fin de mon doctorat. Et en juin 2013, j'ai passé cette thèse de doctorat que j'ai réussie. et ce doctorat en poche je me suis dit ok alors maintenant qu'est-ce que tu en fais ? J'avais quitté à l'époque Paris parce que j'étais enceinte de mon premier enfant et j'avais un dilemme à régler qui était je cherche un environnement de vie agréable Paris ne faisait pas partie de cette liste

  • #1

    Désolée pour les parisiens qui nous écoutent. Exactement. Quand on a vécu et grandi dans le Sud, c'est compliqué d'imaginer une vie à Paris.

  • #2

    Tout à fait. Pour les Méditerranéens, c'est vraiment violent. Et en même temps, le gros enjeu, c'était d'avoir une carrière et une vie professionnelle épanouissante. Et à Montpellier, il faut dire ce qui est, le médecin économique est quand même très limité. Et mon mari a eu à cette époque... l'opportunité de partir vivre au Qatar pour un projet de construction. Et donc, je me suis dit, bingo, ça répond à trois enjeux. Ma thèse de doctorat va être valorisée différemment qu'en France. Je vais changer d'environnement. Alors, est-ce qu'il est plus agréable que Montpellier ? Je ne sais pas, je ne vais pas me prononcer parce qu'on est quand même au milieu du désert. Et peut-être qu'une belle carrière professionnelle m'attend. Et donc, c'est comme ça que j'ai sauté le pas de partir vivre pendant huit ans au Qatar.

  • #1

    Ok, pendant huit ans quand même. Tu vois, je pensais que c'était 4 ou 5 ans, mais non, en fait, c'était pendant 8 ans. Déjà, moi, je suis fascinée de ton parcours parce que j'ai appris des choses que je ne savais pas sur toi. Parce que c'est vrai que quand on déjeune ensemble, on ne parle pas forcément de tout ça. Mais du coup, tu as rejoint le Qatar. Tu es partie avec quels sentiments ? Donc là, on sent de l'excitation dans ce changement. Je pense que tu en avais vraiment envie. Quels sont un peu les étapes par lesquelles tu es passée psychologiquement, mentalement ? dans la préparation de cette expatriation, mais à mon avis, tu as déjà voyagé, travaillé un peu partout, tu as parlé de Vienne, je crois que tu es partie aussi à Montréal, tu as été un petit peu partout pour travailler ou vivre, donc je pense que c'était surtout de l'excitation qu'il y avait au départ, mais au fil du temps, par 15 étapes, tu es passée mentalement, psychologiquement, déjà au niveau professionnel, mais aussi en tant que femme, mère. Dans ce pays-là, qui a quand même une réputation en France, c'est pas Dubaï, c'est pas pareil encore, mais c'est plutôt particulier dans l'image qu'il y a en France. Donc comment tu as vécu, toi, mentalement, d'un point de vue professionnel et aussi d'un point de vue personnel, cette expatriation ?

  • #2

    Alors, au départ, effectivement, il y avait beaucoup d'excitation. Je ne me suis pas beaucoup posé de questions. On a pris nos valises, les quelques jouets de ma fille et on est parti découvrir ce nouveau monde. Et les six premiers mois, très clairement, ça a été une douche froide. L'enfer sur terre. Je crois que tous les jours, je pleurais, j'avais envie de rentrer chez moi parce que je crois que le choc culturel est tellement immense que... Voilà ! Passer le fantasme de je change de vie, je m'installe et je découvre autre chose eh bien, on se dit comment je vais réécrire une nouvelle identité ? Me trouver, me retrouver. Et puis, moi, j'ai un côté un peu féministe, battante, ça va tant guère, et je me retrouvais femme 2. ce qui était totalement insupportable pour moi à l'époque. Et puis maman, ce qui était aussi quelque chose d'assez insupportable à certains moments. Et donc très vite, je me suis dit, si je veux rebondir et vraiment écrire aussi, avoir une carrière, il faut que j'investisse financièrement avec mon mari pour caser ma fille à la crèche et me dire que mon temps alloué est un temps... pour la recherche d'emploi, pour exister en fait dans ce pays, ne pas juste être dans l'ombre de mon conjoint femme d'expat. C'était vraiment quelque chose, c'était un no-go, ça c'était absolument pas négociable. Et donc au bout de six mois, j'ai bataillé, mais j'ai trouvé un premier petit job, grâce d'ailleurs à mon réseau de l'armée chez Thalès. Et donc là, j'ai un peu remis le pied à l'étrier. Et de cette première expérience, on dit toujours qu'il faut avoir un job pour en trouver un, de cette première expérience-là, j'ai eu la chance de rencontrer, et ça, ça a été, je pense, la chance d'une vie, de rencontrer la première ministre femme du Qatar, Dr Essa Al-Jaber, qui était ministre en charge des télécoms et des nouvelles technologies, et qui avait comme mandat... de remettre en place tout le système législatif au niveau e-commerce, télécom, postal et cyber du pays. Et cette ministre était fan de l'ANSI en France, donc l'Agence Nationale de Sécurité et de Système d'Information, et elle était fan du système de sécurité mis en place par la France. Il faut savoir qu'au Qatar, la famille royale et les tribus autour sont... francophiles, voire francophones. On a une relation historique qui date de 50 ans avec le Qatar. Et donc, les personnes de la famille royale, les membres de la famille royale sont très attachés à la France, à son histoire et aussi à sa culture. Donc, j'ai réussi à intégrer le cabinet ministériel de cette ministre pour l'épauler dans tout ce refond du système législatif. Et là... C'était la rampe de lancement pour moi parce qu'entre-temps, mon mari, son entreprise lui a demandé de rentrer en France. Et donc là, j'ai dit non, mon coco, ça ne va pas se passer comme ça. Moi, je venais juste de finir de ramer, d'avoir vraiment saigné corps et âme pour trouver une activité qui correspondait vraiment à mon ambition. Donc, il était hors de question qu'on reparte. Et donc, je crois que le jour où il a démissionné ou rompu son contrat, c'était le jour où je signais avec ce nouveau projet. Et donc, j'ai travaillé pendant plus de quatre ans, presque cinq ans, auprès de cette ministre-là, qui entre-temps avait été remplacée par un autre ministre. Homme, cette fois-ci, en fusionnant les transports et les communications, finalement, ils m'ont gardée, parce que le deuxième ministre était aussi francophone. Et il avait même fait ses classes à l'armée, je crois, à côté de Saint-Provence en pilote de Mirage. Et donc, il m'a gardée et j'ai continué à travailler encore deux ans auprès d'eux, en charge de tout ce qui était contrat physique. Pour ceux qui ne connaissent pas, ce sont des contrats de construction. Au Qatar, tout le monde le sait, c'est un pays qui est en perpétuelle rénovation, construction. Donc, il y avait beaucoup à faire. Et donc là, j'ai connu des années vraiment extraordinaires. Je crois que là, c'était une ascension incroyable, tant au niveau professionnel, parce que j'ai tendance à dire que j'avais atteint financièrement. professionnellement en termes de management, de responsabilité et tout simplement de titre, de promotion, ce que j'aurais peut-être éventuellement acquis en fin de carrière, en me battant encore en France avec multiples burn-out et je ne sais pas si j'aurais atteint ça aussi en étant mère. Donc, à 30 ans, 35 ans, je me retrouvais vraiment avec un salaire incroyablement incroyablement... haut, mais il faut dire qu'au Qatar, la vie est chère, et des responsabilités que je n'aurais jamais eues ailleurs, et un équilibre de vie plus que parfait, parce qu'il faut savoir qu'au Qatar, on est souvent aidé par du personnel, et on avait la chance d'avoir une nounou à la maison, à temps plein, qui s'occupait des enfants, qui s'occupait de la maison, et qui me permettait, moi, quand je rentrais de ma journée de travail, de profiter tout simplement. juste, des bons côtés de la maternité, on va dire. Et même de pouvoir repartir en soirée si j'avais des rendez-vous le soir, l'esprit tranquille en sachant que mes enfants étaient aussi bien encadrés et soutenus par quelqu'un à la maison, en plus de mon conjoint. C'est un peu le paradoxe du Qatar et des pays du Moyen-Orient, c'est que dans l'esprit des gens, on baigne dans une culture traditionnaliste. Ça, c'est une réalité où les droits de la femme sont limités. De mon côté, j'ai travaillé avec beaucoup de femmes qatariennes au plus haut niveau. Certes, celles au plus haut niveau choisissaient souvent de ne pas avoir de mari. pour pouvoir garder une certaine autonomie et une liberté d'action. Mais je n'ai jamais été aussi bien traitée en termes d'expertise professionnelle ailleurs qu'au Qatar. Donc, en tant que femme, blanche, catholique, experte dans un domaine qu'ils recherchaient, j'ai été entièrement respectée et finalement payée et responsabilisée pour ça. Donc pour moi, c'est un énorme paradoxe par rapport à la France, pays des droits de l'homme, de la démocratie, où je me rends compte, et encore aujourd'hui, à quel point le système est tourné très masculin et où les promotions des femmes restent encore très, très limitées au bord des conseils d'administration, tout simplement. Pourquoi ? Pas parce qu'elle manque de volonté, mais parce que le système autour n'est pas aussi... protecteur, structurant que ce qu'il a pu être pour moi dans le cas très spécifique du Qatar, encore une fois. Et ça n'engage que moi. Mais j'ai vraiment vécu cette liberté d'entreprendre professionnellement grâce à cet équilibre et bien sûr au staff et au système logistique qu'il y avait aussi à la maison qui me permettait de vivre toutes mes identités de femme.

  • #1

    Alors moi je bois tes paroles, je suis en mode, là personne me voit, mais je suis captivée par ce que tu racontes. Et j'ai envie de te demander la suite.

  • #2

    Alors, la suite. Alors, il y a eu un moment, et c'est en comment on dit cette expression qui dit on donne du caviar au cochon. Il y a eu une période où je me suis retrouvée dans... Entre-temps, j'ai eu un deuxième enfant. Alors, il faut savoir qu'au Qatar, tout n'est pas rose. Par exemple, le congé maternité se limite à deux mois. et il n'y a pas de pré-congé maternité. Donc, j'ai travaillé jusqu'au dernier jour de ma grossesse. J'ai même accouché 24 heures après mon entrée à la maternité, ce qui a compté comme un jour de vacances, parce que ce n'était pas considéré comme un jour de maternité. Donc, il faut mettre les choses dans son contexte aussi. Et j'ai eu que deux mois de congé maternité. Donc, j'ai accouché le 4 octobre. Le 4 décembre, j'étais de nouveau au travail à pomper mon lait dans les toilettes. Donc, j'ai eu beaucoup de mal à me remettre de cette grossesse parce que j'étais très contente de reprendre mon travail. J'étais passionnée. Mais mon enfant n'a pas dormi pendant trois ans. Ce qui a beaucoup atteint mon équilibre personnel, mon couple aussi, et le temps que je pouvais passer avec mon aîné. Et je pense que ça, ça a aussi conduit à un essoufflement. et en même temps, dans cet essoufflement-là, cette perte un petit peu de sens, je n'arrivais pas à bouger, parce que j'étais trop bien payée et trop confortablement installée dans ce que j'avais construit. Et à ce moment-là, j'ai une amie au Qatar qui m'a dit Pourquoi tu ne te ferais pas coacher ? C'est intéressant, ça te permettra peut-être de bouger, de réfléchir un peu et de mettre un peu de clarté dans ce brouillage que tu as mental. et moi, j'étais née dans le guidon à bosser, à mettre mon argent de côté, à assurer, à payer les meilleures écoles pour mes enfants. Donc, j'ai dit non, je n'ai pas d'argent à dépenser pour ça, pas d'argent à dépenser pour moi. Oh non, grand Dieu, je n'en ai pas besoin. Et elle me dit, c'est une coach qui est en formation. Donc franchement, elle prend une somme vraiment minime. Elle cherche juste à engranger des heures. Donc, j'ai dit, je ne peux pas refuser. et j'ai eu la chance de me faire coacher par cette jeune nouvellement certifiée coach et au bout de 5 séances, je lui dis merci, franchement c'était super j'ai mis les choses au clair, au top et voilà, je te paye ce que je te dois et à bientôt au revoir et bonne continuation 3 mois plus tard, tout, littéralement tout ce que j'avais ambitionné, mis en place dans mon coaching, arrivait sur un plateau d'argent. Je souhaitais investir dans un petit lieu, un havre de paix à Montpellier pour quand je rentre, que je puisse me reconnecter à mes racines. Pof, j'ai eu une offre, quelque chose vraiment où je ne pouvais pas refuser à un prix vraiment ridicule. je voulais me reconnecter avec mon mari. Je suis très attachée à l'Inde et à toute l'histoire indienne. Un ami qui a installé une maison là-bas me propose de venir tester ses retraites de yoga et de méditation. Donc, pof, on y va. Et puis, enfin, je tournais en rond dans mon job. Je n'arrivais pas à mettre un petit coup de pied aux fesses de peur, de tout déséquilibrer. et puis là une offre m'arrive de Beansport qui est une boîte catharienne aussi on a des studios en France mais une boîte qui cherchait quelqu'un justement spécialisé dans le contrat et la sécurité, l'anti-piratage pour toutes les problématiques qu'ils avaient d'anti-piratage, donc je l'ai rappelé en lui disant je te le dis merci, mais en fait je dois juste te dire que ce que tu as fait avec moi est tout simplement magique et donc j'étais vraiment subjuguée par cet alignement des planètes comme si j'avais travaillé pendant, juste différé pendant quelques mois ce travail que nous avions fourni ensemble et là tout arrivait, simplement sans forcer, sans chercher et je me suis dit Oriane, ce que tu viens de vivre c'est assez exceptionnel dans ta vie dans ta carrière ce qu'elle a fait avec toi Tu ne peux pas passer à côté. Ça a réveillé en moi quelque chose de l'ordre de j'ai quelque chose à transmettre, ce qu'elle a fait avec moi, c'est quelque chose que je veux pouvoir faire avec les autres. Et donc, je me suis dit, je commence un nouveau job, je vais aussi commencer une nouvelle formation. Et donc, j'ai commencé, en parallèle de cette nouvelle prise de poste, à me former pour devenir coach professionnel et être magicienne. Vraiment, c'est cette sensation que j'avais eue avec elle, pouvoir transmettre cette magie-là et pouvoir porter d'autres femmes dans ces transitions-là. Pendant deux ans et demi, j'ai travaillé comme senior counsel auprès de BeinSport. Et puis est arrivé le Covid qui a bouleversé la vie de beaucoup de personnes. Et je pensais que j'allais passer, on va dire, sous le radar. Et finalement, je me suis pris le radar en plein fouet différemment. C'est-à-dire qu'à l'époque au Qatar, vraiment, on licenciait à tour de bras, partout. Dans mon compound, qui était ma résidence, je voyais vraiment les camions passer de déménagement. C'était assez traumatique pour les gens. Ceux qui avaient l'habitude de beaucoup voyager, comme c'était mon cas, se retrouvaient un petit peu enfermés. Ça a été le cas de tout le monde. Mais en tant que Montpellierienne sudiste, je ne supportais pas. Personnellement, de ne plus avoir cette liberté de retourner voir ma famille, ça me crée des angoisses très fortes. Et puis, je me suis retrouvée assez seule dans mon département. Il y a eu beaucoup de départs, donc beaucoup plus de travail. Des enfants qui se retrouvent à la maison où il faut suivre l'école. Et peu de télétravail pour moi parce que j'étais dans un... dans un système et sur des dossiers assez confidentiels et spécifiques. Donc, je faisais partie du pourcentage des entreprises qui devaient toujours rester présentes physiquement et encore plus qu'avant. Et donc, ça commençait à monter là. Et on touchait un petit peu à mes libertés, aux principes de liberté. Mon état de fatigue était en train de croître. Je perdais un peu le sens de tout ce que je faisais. et les seuls moments d'ailleurs c'est une question que j'invite tous les auditeurs à se poser c'était une question qui m'a un peu envoyé un électrochoc c'est dans ta journée c'est quoi le moment que tu kiffes le plus et le premier qui venait c'était quand tu retournes dans ton lit le soir et le deuxième c'était les jours où tu coaches

  • #0

    parce que du coup, j'étais devenue coach entre temps et je coachais gratuitement tous ceux qui voulaient bien se faire coacher, du petit Bob, des amis, je coachais à tout va. Et les moments où je vivais vraiment un état un peu de flot, c'était ces moments où je coachais. Et là, je me suis dit, mais merde, Riane, tu ne vas pas rester comme ça longtemps. Tu es en train d'étouffer. J'avais cette sensation d'être la grenouille où on commence à bouillir l'eau. Et puis, elle reste, c'est inconfortable, mais elle reste, elle reste. et en fait comme ça n'a pas été bouillie tout de suite elle ne sort pas en fait de la marmite mais j'avais vraiment cette sensation de me noyer et puis il y a eu un coup de grâce un été j'ai décidé de rentrer avec mes enfants et mon mari en France et c'était à mes risques et périls. Et entre-temps, le pays a changé ses lois, et le retour au Qatar devenait plus difficile. Il fallait mettre en place tout un protocole d'autorisation, et c'est long story short, comme on dit. Je suis rentrée au Qatar, sauf que mon mari et mes enfants sont restés coincés en France. On n'avait pas le même sponsor, donc c'était beaucoup plus compliqué pour eux de rentrer. Et je me suis retrouvée au Qatar, seule, dans ma grande maison. avec mon job qui ne me nourrissait plus, avec ce sentiment d'étouffement. Et là, je me suis dit... tu es en train d'aller lentement vers une certaine folie ou dépression, mais ça ne peut pas continuer comme ça. Même ma raison de vivre, en fait, était loin de moi. Et même si j'avais espoir qu'il rentrerait, et ça a mis deux mois pour qu'il rentre, c'était trop pour moi. C'était la cerise sur le gâteau. Donc, un soir, j'ai écrit ma lettre de démission, j'ai envoyé une photo à mon conjoint par WhatsApp, qui n'a pas beaucoup apprécié, et le lendemain, je déposais ma démission sans plan. sans visibilité future, mais en me disant tu as là sauvé ta peau et tu as voulu suivre tes principes. Tu sais que ça ne tourne plus rond, ça ne fait plus sens et il faut que tu te protèges toi parce que si toi et ton système ne fonctionnent pas, personne dans la famille ne fonctionnera. Donc sauve-toi et puis ensuite, on mettra le masque à oxygène aux autres. Et donc, les enfants et le mari sont rentrés. Il y avait trois mois de préavis, donc on n'est partis qu'en janvier. C'était en septembre que je démissionnais, mais on a pris ces trois derniers mois pour profiter, pour dire au revoir, pour tourner cette magnifique page au Qatar et rentrer. ensemble en France pour écrire une nouvelle histoire dans le Sud, toujours, proche des racines. Et c'est comme ça qu'on s'est retrouvés.

  • #1

    C'est comme ça qu'on s'est retrouvés, tout à fait. Alors, avant de plonger dans la nouvelle page, moi, je suis devant un film Netflix, en fait. Carrément, mais... T'as un don pour raconter les histoires, Auréane, c'est incroyable. Donc, je vais essayer de ne pas perdre le fil de l'interview. Si on revient sur ces phases d'expatriation, il y a des personnes qui veulent tenter l'aventure, c'est un projet certainement qu'elles ont en tête. Quels sont les conseils que tu donnerais aux femmes qui ont des responsabilités pour préparer leur expatriation pour que ça se passe au mieux. Donc là, je fais un petit retour en arrière, on rembobine la cassette, la petite VHS là, on revient un petit peu au début quand t'es parti au Qatar ou même dans d'autres pays que t'as pu faire. Quels sont les conseils que tu donnerais pour que l'expatriation se passe au mieux et qu'elle ne vive peut-être pas comme toi tu as vécu les premiers mois en mode c'est un enfer ? Enfin, c'est clairement les mots que tu as utilisés au tout début de ta vie là-bas.

  • #0

    Alors, je pense qu'il faut déjà se dire que ça va être compliqué et difficile, parce que c'est une réalité, on ne va pas se mentir. On a beau être très bien préparé, c'est difficile. C'est un changement total pour tous les membres de la famille. Et chaque membre de la famille le vit différemment, selon son âge, son histoire et sa capacité d'adaptabilité et de résilience. Donc, quand on part en famille, déjà, je pense que pour bien se préparer, Il faut que ce soit un choix voulu et accepté par tous les membres de la famille et que chacun en prenne conscience de ce choix-là, de l'avantage et aussi des responsabilités, des inconvénients qui vont peser sur ce choix-là. C'est une aventure. En général, elle se vit à plusieurs et donc forcément, on monte tous dans le même bateau, mais tout le monde ne va pas réagir de la même façon au mal de mer. Donc, une bonne préparation, ça c'est évident. Des discussions longues, structurées. avec ces enfants pour leur permettre d'appréhender, de comprendre où ils vont aller, éventuellement faire un repérage avec eux avant. Selon leur âge, ça peut être aussi important. Se connecter rapidement avec des personnes sur place, c'est l'avantage de l'expatriation, c'est que les réseaux d'expatriés sont très performants. Et donc, on trouve très vite un Doha Accueil, un Lisbonne Accueil, une association d'accueil qui permet à chaque personne, conjoint, expatrié, de s'intégrer facilement. d'aider aussi pour tout ce qui est administratif, parce qu'il y a cette partie-là qui est non négligeable. Et puis, je dirais prendre le temps. Moi, j'ai été très rapidement dans cette volonté de trouver un poste et je n'ai pas pris le temps. Or, les six premiers mois, surtout quand on est le conjoint suiveur, sont nécessaires pour intégrer tout le monde. Parce que celui qui va travailler, forcément lui aussi, son nouveau système n'est pas facile à appréhender, à absorber. Mais pour les enfants, c'est un choc, selon le pays qu'on a choisi, c'est un choc parfois très, très difficile. Et plus les enfants sont grands, plus je pense que c'est difficile. D'ailleurs, quand on voyage et qu'on s'exprime avec des petits, c'est beaucoup plus crème que quand c'est des ados qu'on doit déraciner. Donc ça, c'est la première chose. Bien préparer son départ par des discussions, prendre attache sur place avec des associations d'accueil et prendre le temps de cette intégration pour tout le monde, que chacun connaisse en fait son rôle, son nouveau rôle. Et chacun ait le temps d'intégrer et d'absorber ce choc. Parce que c'est un choc. Franchement, c'est un choc traumatique. Et d'ailleurs, le retour est un choc aussi traumatique que l'aller. C'est un aller-retour.

  • #1

    Oui, c'est ce que j'allais dire par rapport à des proches que j'ai qui sont rentrés d'une vie aux États-Unis pour revenir en France. Oui, c'est un choc d'y aller, mais le choc retour est aussi compliqué pour les enfants comme pour les adultes.

  • #0

    C'est une nouvelle expatriation. Le retour est une nouvelle expatriation.

  • #1

    Tu retrouves un pays que tu as quitté X années avant et qui a forcément changé et évolué depuis. dans plein d'aspects positifs comme dans plein d'aspects négatifs. Et effectivement, ça ne se fait pas les deux doigts dans le nez. Non, non. Comme tu dis, c'est une vraie ré-expatriation, le fait de revenir dans son pays d'origine quelques années après. Complètement.

  • #0

    C'est exactement ça. Tu disais, le pays a changé. En revanche, notre regard aussi a changé. Notre identité a évolué. Moi, ça a été aussi une découverte, c'est de relire ma région natale, de la revoir sous un angle totalement différent. Et ce nouvel angle, c'est un peu le petit cadeau de chaque expatrié, c'est pouvoir voir le monde sous plusieurs dimensions. et savoir que la dimension de vie dans laquelle on est aujourd'hui, en fait, elle peut demain changer, si on le souhaite. C'est un avantage parce que ça nous donne une ouverture d'esprit incroyable et une possibilité de choix de vie infinie. Et en même temps, c'est un inconvénient, parce que quand on a goûté à autre chose, il y a ce sentiment de never satisfied, d'être jamais satisfait totalement, finalement, de ce qu'on a. Et ça, c'est un travail introspectif que je partage, mais qui est une réalité. C'est se réintégrer, c'est aussi choisir, donc renoncer à toutes les autres opportunités et possibilités.

  • #1

    Est-ce que tu as un autre conseil à partager pour celles qui souhaitent s'expatrier ?

  • #0

    Je crois qu'on a fait le tour des conseils. En plus, je ne suis pas la meilleure placée, je pense, parce que je pense qu'il y a des expatriations qui se passent différemment. Je crois que c'est très, très personnel, parce qu'on dit souvent que c'est la femme qui suit le conjoint expatrié. Donc, cette femme-là va avoir un âge particulier, des attentes particulières. Moi, j'étais jeune et je sortais de mon doctorat. J'avais déjà plusieurs années d'expérience professionnelle. Je voulais travailler. Mais il y a certaines femmes qui vont s'expatrier à 40 ans et qui vont utiliser l'excuse de l'expatriation pour prendre un temps de pause et prendre le temps aussi avec ses enfants et donc vont accepter là de jouer le rôle de mère au foyer pendant certaines années. Certaines vont s'expatrier juste trois ans parce que c'est l'entreprise qui envoie le mari ou elle-même pendant trois ans. Donc, elles savent déjà qu'elles vont revenir au même endroit. Et donc, ce n'est pas la même histoire. Moi, j'étais en contrat local, donc c'est un peu cow-boy. Je pouvais y passer ma vie là-bas. Il y a des gens qui sont depuis 20 ans, 25 ans, qui ne rentreront jamais en France, ou peut-être que pour la retraite. Donc, tout dépend aussi de son statut et de ce que chaque membre du couple et de la famille en attend. Donc, bonne préparation des enfants. Il y a des avantages incroyables à envoyer ses enfants dans des structures internationales. C'est l'anglais, l'ouverture vers d'autres systèmes éducatifs que celui français. On voit la différence et on voit ce qu'on peut offrir aussi comme chance d'éducation pour ses enfants. Savoir combien de temps ça dure ou pas, c'est aussi un enjeu. Quel impact ça va avoir sur sa carrière, si on en a une. Que ce soit un choix conscient et familial. pour que ce soit le mieux vécu possible, le moins pire possible.

  • #1

    Pendant toutes ces années où tu as été expatriée, donc loin de la France, loin de notre chère ville de Montpellier, non j'exagère, je plaisante, mais qu'est-ce que ça t'a appris sur toi que tu ne savais pas ? Est-ce que ça t'a permis de découvrir une nouvelle Auréane, de découvrir certaines choses sur ta personnalité, ta vision des choses, ton caractère, que tu ne savais pas ?

  • #0

    Alors, ça a permis de confirmer que j'étais quelqu'un d'extrêmement adaptable, de résilient et que je ne lâchais pas l'os. Parce qu'on est passé sur comment j'ai trouvé mes jobs, mais j'ai dû vraiment me battre, vraiment bec et ongles. Je me suis dit, waouh, quelle capacité de... Voilà, tu ne vas pas lâcher et tu vas trouver. et tu vas y aller et ça va être difficile mais c'est ta détermination, c'est ce que tu veux. Donc, j'ai confirmé que j'étais quand même très tenace.

  • #1

    Alors ça, moi, personnellement, je le savais déjà. Oui,

  • #0

    je le savais déjà. Mais là, j'ai un peu confirmé. Enfin, ça allait pousser mes limites, je pense. Ça allait vraiment pousser mes limites. Ça a confirmé aussi que j'étais quelqu'un d'extrêmement sociable. J'avais une de mes chefs qui n'arrêtait pas de me dire Stop socializing, Oriane Stop socializing parce qu'elle me voyait toujours en communication, à échanger avec les autres, et elle voulait que je reste derrière mon écran à faire les contrats. Or, moi, ce que j'appréciais le plus, c'était les pauses à la machine à café et à discuter et à voir comment je pouvais aider certains collaborateurs dans leur mission. Ce que j'ai profondément... découvert, pas forcément sur moi, mais sur le système dans lequel j'évolue en France, c'est cette... Et j'espère que ça va faire écho chez tes auditrices et auditeurs. C'est ce sentiment, en France, d'avoir été en perpétuel surchauffe pour toutes les missions qu'on me demandait, mais en fait, totalement en sous-régime sur mes compétences. C'est ce sentiment de devoir jouer petit et d'être épuisée à jouer petit en France, dans ma case, dans mon petit contrat, avec mon petit salaire, sans promotion, sans évolution, avec du management parfois pas forcément bienveillant. Et donc avoir ce sentiment d'être en surchauffe totale parce que devoir être dans la suradaptabilité pour fit in. pour rentrer dans la case et en fait faire une croix, le deuil, sur son énorme potentiel, sur son énorme capacité en fait. et le Qatar, c'était l'inverse. C'était, ah, tu es docteur, ah, tu as tant d'années en cyber, ah, tu as travaillé pour l'armée. En fait, voilà le champ des possibles. Voilà ce qu'on t'ouvre. Voilà le salaire qu'on te donne. Voilà les responsabilités. Vas-y, t'as faim ? Prends, mange, vas-y. Casse-toi la tête sur tout ça. Refonds du système, les échecs natifs du pays ? Mais vas-y, ma grande, prends tout ça. Allez, bouffe tout ça. Et là, je me suis dit Wow ! On me donne le titre, on me donne le fric, on me donne la responsabilité, et j'ai plus qu'à... déployer ce potentiel, en fait. Je n'ai plus qu'à aller explorer, en fait. Et il n'y a plus cette histoire de petite case. Tu es ça à cet âge-là. Tu es juriste, tu gagnes ça et tu ne sors pas de ça. Mais c'est, tu veux monter une équipe ? Prends une équipe. Tu veux aller chercher les meilleurs cabinets d'avocats pour t'aider ? Prends ces cabinets d'avocats. Tu veux 15 personnes ? Prends ces 15 personnes. Tu as besoin de partir en France, là et là, pour aller chercher le système qu'il faut ? Mais vas-y. on t'attend juste sur l'objectif. Mais waouh, waouh ! Et c'est ça en fait que maintenant j'essaie de faire naître chez les femmes que j'accompagne. C'est, ok, on sort de cette surchauffe-là. on se repose, on fait un step back, et on regarde de quoi tu es capable, de quoi tu as envie de te nourrir, c'est quoi qui t'alimente, c'est quoi qui te donne vraiment cette foi en toi, cette flamme, et on va chercher ça, merde ! Pourquoi rester dans cette petite case ? Ce n'est pas normal, et tu n'es pas obligé d'y rester. Si ça ne te convient pas, si ça ne répond pas à ton ambition, à tes intentes et tout simplement juste à ta joie de vivre. Ça n'a rien à voir avec la prétention. Ça n'a rien à voir avec l'égoïsme. Ça n'a rien à voir avec elle est dans l'ongle, elle est carriériste Non, ça a à voir à comment tous les jours tu vis et tu te connectes à ce qui fait que tu as cette flamme et ce potentiel. et ne pas laisser ce potentiel et cette flamme diminuer juste parce qu'il faut payer son loyer, avoir son petit job et répondre à l'injonction sociétale qu'on a fixée un peu pour nous ou de notre histoire familiale. C'est peut-être un peu violent ce que je dis, mais je suis désolée, ça sort un peu du cœur.

  • #1

    Ça s'est vu et tu as vu, je ne t'ai pas interrompu. En plus, à un moment donné, j'allais te dire et du coup, comment ça se traduit aujourd'hui dans ton activité ? Mais en fait, tu as fait la liaison, tu as même anticipé ma question puisque... Je pense que t'es tellement animée par ta mission que ça a été une telle révélation pour toi que tu as à cœur de transmettre ça aujourd'hui aux femmes que tu accompagnes. Et je pense que ça t'a tellement marquée. que, ben voilà, tu vois, t'as déroulé tout ça devant nous, alors dans nos oreilles, du coup, avec conviction. Et non, c'est pas dur, c'est la réalité. C'est que la société... Alors, on va pas taper que sur la France. Je pense qu'il y a plein d'autres pays aussi où ça se passe comme ça. Oui, effectivement, comme tu dis, on a encore un long chemin pour nous autoriser à jouer grand. et à prendre notre place comme on la mérite. Moi aussi, c'est un peu une mission que j'ai, c'est que les femmes osent prendre leur place dans leur rôle de manager, dans leur métier, parce qu'on a besoin de nous, on a besoin d'elles pour transformer le monde qu'on a, transformer les entreprises. Le monde a besoin de notre impact, en fait. Et effectivement, il y a des gens qui tentent de nous limiter là-dedans, et ce n'est pas une fatalité. on a les ressources en nous pour y arriver et pour oser prendre notre place et je pense que tu l'as très bien transmis donc non c'est pas dur, c'est pas violent ce que t'as dit c'est la réalité et tu l'as juste porté avec ta mission et ta conviction comme il faut et je pense qu'il y a plein de personnes qui sont d'accord avec toi et qui se sont reconnues dans le message que t'as donné dans ton histoire donc Donc, non, non, au contraire. Exprime-toi, c'est là pour ça.

  • #0

    Et merci de me donner cet espace pour le faire.

  • #1

    Tu l'as exprimé avec tes mots et avec ton impact. Donc, au contraire, moi, j'adore. Je pense que tu devrais te lancer dans la politique, peut-être, à terme.

  • #0

    Prochaine étape, la politique. Non, mais c'est un vrai sujet parce que beaucoup de femmes que j'accompagne, qu'elles soient toutes jeunes dans la maternité ou qu'au contraire, elles atteignent les 50 ans et qu'elles soient aussi dans des transitions, nos identités, notre identité de femme évolue au fil du temps. C'est chimique, c'est hormonal et c'est aussi lié à notre carrière, à nos fluctuations. et donc il faut arriver à trouver ce tempo-là pour faire évoluer sa carrière au regard de ces nouvelles identités que nous avons ou que nous souhaitons porter. Et donc ça, c'est difficile à faire. Ce n'est pas quelque chose de toujours évident. Et c'est encore moins évident quand on est sous le coup de la fatigue, quand on s'est aussi beaucoup battu pour arriver là où on en est. On n'a pas envie de jeter l'éponge et changer de cap comme ça, envers et contre tout, non. On veut capitaliser sur ce qu'on a réussi pour pouvoir encore progresser. Et donc tout ça, c'est un jeu subtil. Et pour pouvoir le maîtriser et avancer plus sereinement que ce que j'ai fait quand j'ai claqué la porte du Qatar, c'est d'avoir le courage de prendre un peu de recul, de prendre le temps de se reposer. C'est très basique, mais d'abord, on se repose. avant de se reconnecter à ce dont on a réellement besoin et envie. Et s'autoriser à avoir besoin et envie. Parce qu'on a quelque chose en nous, mais on referme le clapet très rapidement parce qu'il y a les enfants, il y a le mari, il y a les traites à payer. Et puis, je suis quand même déjà bien contente dans ce milieu en pleine crise d'avoir mon salaire, ma voiture et mon job. Et ce n'est pas si mal. Ce n'est pas si mal. donc ça demande du courage un peu de temps pour travailler ça moi je travaille que sur 6 mois minimum sur 6 mois avec mes clientes pour vraiment vivre une transformation et leur permettre d'endosser cette nouvelle identité entièrement sur tous leurs prismes familiaux sociétaux,

  • #1

    amicaux et professionnels mais écoute je crois que ça fera une excellente conclusion Surtout que je veux qu'on finisse sur ça pour faire le lien. Où est-ce qu'on peut te retrouver ? Puisque je pense qu'il y a beaucoup de femmes qui ont dû se reconnaître dans tout ce que tu as partagé aujourd'hui. Je suis ravie de tout ce que tu as partagé aujourd'hui. Vraiment, tu as un parcours exceptionnel. Et on voit que c'est vraiment une mission qui te porte au plus profond de toi. Du coup, je pense qu'il y a beaucoup de personnes chez qui ça a résonné. Donc, où est-ce qu'on peut te suivre ? Où est-ce qu'on peut te échanger avec toi ? Peut-être qu'il y a des personnes qui sont d'accord ou pas d'accord avec ce que tu as partagé aussi. Où est-ce qu'on peut te retrouver sur les réseaux ?

  • #0

    Alors, je suis très active sur LinkedIn. Donc, en tapant Dr. D.R. Oriane Gignes, G-I-N-I-E-S, vous me trouvez et vous pouvez m'envoyer, bien sûr, un message directement sur mes posts ou en privé. Et j'ai un site Internet, bien sûr, coachoriginesenseux.com. Origines pour Oriane Gignes, mais aussi pour se connecter à ses origines. coachorigin.com je suis également aussi sur Instagram un peu moins active que sur LinkedIn mais voilà principalement mon site internet et

  • #1

    LinkedIn. Il y aura de toute façon toutes les infos sur la description de cet épisode directement les liens vous avez juste à cliquer dessus, les liens sont directement dedans. Merci beaucoup Auriane pour tout ce que tu as partagé c'était passionnant, vraiment et j'espère que ça a résonné chez beaucoup de personnes et à toutes les auditrices et bien tout simplement on se retrouve ensemble la semaine prochaine pour un nouvel épisode en solo cette fois-ci merci à toutes pour votre écoute merci Elodie à bientôt je te remercie d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout si tu l'as apprécié je t'invite à t'abonner sur ta plateforme préférée et à me laisser un commentaire 5 étoiles on se retrouve au prochain épisode pour parler management et leadership

Chapters

  • Introduction

    00:37

  • Le parcours pro d'Oriane

    01:13

  • De l'armée à la cybersécurité

    07:48

  • S'expatrier au Qatar

    12:56

  • Le paradoxe de la place de la femme aux EAU

    20:50

  • L’impact du coaching

    23:11

  • Pourquoi devenir Coach ?

    26:51

  • Le retour en France

    28:03

  • Comment réussir son expatriation ?

    32:52

  • La place des femmes dans le monde pro. en France

    40:59

  • Conclusion

    48:24

Description

🎁 Profite de mon offre exceptionnelle sur mes formations : https://smileatjob.fr/formations


Oriane fait partie des femmes les plus inspirantes que je connaisse.


Son expérience dans la Cybersécurité, son choix d’intégrer l’Armée, son expatriation au Qatar, son retour en France et ses nouvelles aventures entrepreneuriales.

Des histoires comme on en voit peu 😇


Et comme je sais que tu apprécies ce type de parcours inspirants, j’ai décidé de l’inviter sur le podcast !


Dans cet épisode, Oriane nous raconte son parcours, ses expériences, sa vision de la place de la femme dans le monde du travail et bien d'autres sujets...



🔥 Si tu veux aider à faire connaitre Feedback, le meilleur moyen est de me laisser une note et un commentaire, cela me fera ultra plaisir !


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🦋 Je suis Elodie, coach et formatrice en management et leadership : j'aide les managers débordées à devenir des leaders inspirantes et organisées avec mes conseils issus de 14 ans de management et ma bonne humeur


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

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    S

  • #1

    Bienvenue sur Feedback, le podcast autour du management et du leadership. Je suis Élodie, manager depuis 14 ans, et ma mission, c'est d'aider les salariés et entrepreneurs à prendre confiance en elles pour manager sereinement leur équipe. Alors si toi aussi tu es convaincu qu'on peut avoir un management bienveillant et un leadership affirmé sans écraser les autres, abonne-toi ! Tu trouveras ici tous mes conseils et retours d'expérience pour t'aider à devenir une des leaders de demain. Je te souhaite une agréable écoute. Hello à toi, et on se retrouve aujourd'hui pour une interview exceptionnelle. Franchement, je suis tellement contente de te proposer cet échange que j'ai eu avec Oriane, car Oriane a eu un parcours incroyable, il n'y a pas d'autre mot, et elle le raconte tellement bien. Oriane, en fait, c'est une amie d'enfance, on a fait le collège et le lycée ensemble, puis on s'est perdu du, pendant à peu près 20 ans, et on s'est retrouvés il y a un ou deux ans. les hasards de Facebook et d'Instagram. Et je tenais vraiment à l'inviter ici dans le podcast pour parler de son parcours, parce que Oriane, elle a une base juridique, elle est à la base juriste. Elle s'est retrouvée à travailler dans l'armée, dans la cybersécurité, pour au final finir par travailler pour BeinSport, qui est une chaîne de télévision. Elle s'est expatriée 8 ans au Qatar. Et du coup, je voulais qu'elle nous parle un petit peu de son parcours. Je sais que c'est très inspirant pour toi qui m'écoutes chaque semaine d'avoir ce genre de partage sur le podcast, ce genre de témoignages. Je lui ai donc posé quelques questions sur l'expatriation. Qu'est-ce que ça lui a amené ? Quelles leçons elle en tire ? Quels conseils aussi elle donne aux personnes qui veulent s'expatrier ? Et on a conclu par sa vision du rôle de la femme dans le monde professionnel. et vraiment le discours d'Oriane est ultra impactant, ultra inspirant et j'espère vraiment que ça va te donner un coup de boost un coup d'inspiration pour ton quotidien de manager car vraiment, moi j'ai adoré enregistrer cette interview avec elle j'ai bu toutes ses paroles et j'espère que ça va être pareil pour toi je te souhaite une très bonne écoute Bonjour Oriane, je suis ravie de t'accueillir aujourd'hui au micro de Feedback pour nous partager ton parcours qui est somme toute exceptionnelle. Je n'ai pas envie de spoiler la suite, mais c'est quand même un parcours assez incroyable que tu as eu dans ta carrière. Je voulais t'inviter aujourd'hui pour nous parler notamment d'expatriation, parce que ça a été une grande partie de ta vie. Et je voulais aussi t'inviter parce qu'on se connaît depuis l'enfance quand même. On a été au collège et au lycée ensemble et on s'est retrouvés après 20 ans d'absence, enfin de non-connexion comme par hasard, limite sur Facebook ou Instagram, donc c'était assez drôle. Et je vais te laisser peut-être te présenter au début avant de rentrer un petit peu plus dans le détail dans ton parcours professionnel et l'évolution de ta carrière, notamment via l'expatriation.

  • #2

    Merci Elodie pour ton invitation. C'est vrai qu'on a une belle histoire de jeunesse ensemble et je suis très heureuse d'intervenir dans le cadre de ton podcast Feedback. Merci pour cette invitation. Tu me connais bien quand même de mon enfance, tu sais que je suis une grande bavarde et donc je suis aussi très heureuse de partager mon expérience, d'apporter un peu ma touche à ton podcast. Donc c'est un vrai honneur. Et puis pour répondre... Tout simplement à ta question, je suis Montpellier-Reyne, d'origine comme toi, je suis maman de deux enfants et j'ai été pendant les 15 dernières années juriste, spécialisée plutôt sur les problématiques de droit international. de cybersécurité et d'antipiratage. J'ai travaillé dans l'armée en France et aussi à l'étranger. Et puis, j'ai effectué un virage 360 il y a à peu près 4-5 ans pour devenir coach professionnel, expert et consultante en transition de carrière, principalement pour les femmes, les professionnelles qui cherchent aussi à écrire une nouvelle page de leur vie professionnelle. Et je suis maintenant basée de nouveau à Montpellier, notre ville natale.

  • #1

    C'est ça. Et effectivement, tu as bougé un petit peu partout. Et je sais que ce sujet, l'expatriation, était quelque chose qui te tenait à cœur pendant longtemps. Tu en as pas mal parlé sur les réseaux. Ma première question, alors moi j'ai un bout de ton histoire par rapport à ça, mais j'aimerais quand même que tu la partages. Qu'est-ce qui t'a poussé dans cette voie du droit, déjà ? parce que c'est pas juste du droit, c'est droit international, cybersécurité, dans l'armée plus spécifiquement. Et qu'est-ce qui t'a poussé aussi dans ce chemin-là à t'expatrier ?

  • #2

    Alors, tu aurais pu répondre pourquoi j'ai choisi le droit à ma place, puisque tu sais très bien que j'étais une catastrophe dans mon bac scientifique. Tu as d'ailleurs beaucoup contribué à m'aider et à essayer bon an mal an d'arriver à mon bac sans trop de casse. Donc effectivement, quand j'ai terminé mon bac S, un peu imposé par ma famille, parce que mes parents sont des grands scientifiques. et que moi je n'avais absolument pas cette bosse des maths, je n'avais pas beaucoup de choix après un bac aussi terrible que de prendre des études plutôt dans le monde des sciences sociales, des sciences humaines. Et pour moi, la faculté de droit représentait tous les principes de justice, d'équité. Et j'avais à cette époque-là, ça a duré quelques années, l'envie de contribuer d'une manière ou d'une autre à des causes ou à des personnes qui étaient dans le besoin. J'étais dans cette volonté-là très humaniste. Et donc, la fac de droit, ça représentait aussi ces principes. de justice. Et donc, je me voyais bien défenseuse des droits de l'homme, des droits de l'enfant, peut-être magistrate ou juge pour enfants. C'était l'idée au départ. Et surtout, très heureuse de troquer ma calculatrice pour le code civil. J'avoue, je me vois encore acheter mon premier code civil en me disant Ouf, je n'ai plus affaire aux maths Et vraiment, c'est un vrai bonheur. Trois ans plus tard, j'ai déchanté parce que j'ai intégré un magistère droit des affaires où le tableau de l'amphithéâtre s'est rempli de chiffres sur le code des impôts et la fiscalité. Et là, de nouveau, je me suis effondrée comme un château de cartes. Et j'ai donc effectivement choisi plutôt le droit international parce que j'avais cette envie d'ailleurs, sortir un peu du microcosme provincial, découvrir d'autres manières de... d'argumenter, d'appréhender le juridique, toujours dans cette ambition d'être avocate internationale ou juste pour enfants. Donc ça, c'était plutôt les années études.

  • #1

    Oui, c'est ça, parce que c'est vrai que je me souviens, tu étais très dans l'humanitaire, etc. C'était quelque chose qui te tenait énormément à cœur quand on était au lycée ensemble. Ça, je m'en souviens très bien. Par contre, tu vois, j'avais complètement oublié ta phobie des chiffres. Je sais que j'aidais beaucoup en maths, en sciences et tout à l'école, ça je m'en souviens, mais tu n'étais pas la pire, donc tu vois, ça ne m'a pas marquée plus que ça. Et effectivement, ton côté humanitaire, je sais qu'il était très marqué, et tu étais, dans mes souvenirs, quelqu'un campé sur ses valeurs de justice et de défense, effectivement, des enfants et des personnes qui étaient dans le besoin. Ça, je m'en souviens très, très bien. Mais il y a un petit peu quand même un grand écart entre ça et la cybersécurité. Oui,

  • #2

    tout à fait. La carrière, comme la vie, n'est pas un long fleuve tranquille. Et en fait, quand je t'entendais rediscuter sur notre histoire d'étudiante ou de jeune fille, parce qu'on était petite à l'époque, finalement, ma carrière a été pavée de portes qui se ferment et donc d'opportunités qui s'ouvrent. Et... Jusqu'à la fin de mes études, j'étais attachée réellement à intégrer une organisation humanitaire. C'était vraiment le droit humanitaire, c'était ce qui m'animait le plus. J'avais suivi un magistère, un DESS, un Master 1 à l'époque de droit humanitaire à Aix-en-Provence. Et puis j'étais montée à Paris, à la Sorbonne, pour continuer en droit international et administration publique, pour éventuellement rejoindre l'ONU. Et en fait, quand j'ai commencé à candidater, Tout simplement pour trouver mon premier job, j'ai peut-être envoyé 150-200 candidatures pour des ONG, des grosses organisations humanitaires, et je n'ai eu que des portes qui se sont fermées. Et la seule qui s'est ouverte et qui, d'une manière ou d'une autre, répondait aussi à ces principes de justice, de défense et d'équité, c'était l'Arbée. J'avais fait un stage à l'époque en sortant de mon stage à l'ONU à Vienne à l'école militaire et j'ai donc décidé d'attaquer le marché de l'école militaire et du monde de la défense. Et là, pour le coup, j'ai eu mes premières opportunités professionnelles dans des centres de recherche militaire, à l'Institut des hautes études de la défense nationale et puis ensuite à l'IRSEM, qui est un institut stratégique. Et j'ai commencé à découvrir un autre aspect de l'humanitaire qui est... le monde de la défense, de la sécurité nationale et internationale par le biais militaire. Alors pour certains, ça peut paraître un opposé, mais pour moi, ça répondait, voire même un peu mieux, à mon envie d'évoluer dans ce cadre-là. Ça représentait des... ...valeurs de sécurité, de respect de l'État et puis des organisations dans lesquelles la France participe. Et puis, j'ai découvert un monde très hiérarchisé, mais aussi tourné vers la défense des civils. La guerre d'aujourd'hui n'est pas celle... que nos grands-parents ont connus. Et donc, les techniques évoluent, les guerres sont beaucoup plus urbaines, et donc les militaires ont dû évoluer vers la protection des civils sur les théâtres d'opération, beaucoup plus. Et se dessiner, à l'époque, beaucoup d'enjeux au niveau du conflit en Afghanistan, qui a duré 12 ans. Et j'étais au cœur de ce milieu-là, puisque je m'occupais des retours d'expérience des militaires sur le terrain. C'est un sujet qui m'a passionnée parce que je voyais à quel point ces militaires, avec la technique qu'ils avaient évoluée, qui avait été leur formation, comment ils géraient la complexité du terrain, tout en ayant cette obligation de suivre aussi les enjeux politiques définis par l'État et les quinquennats de nos présidents. Donc le temps politique n'était pas celui... du théâtre d'opération. Et donc, quelque part, le soldat était infusible entre ces deux milieux-là. J'en ai d'ailleurs écrit un livre, tellement ça m'a passionnée. C'est l'engagement militaire français en Afghanistan. Et j'ai continué d'ailleurs sur une thèse de doctorat. Je m'ennuyais peut-être à l'époque, le soir et le week-end. Et donc, j'en ai fait une thèse de doctorat. Et puis, la France a évolué sur une volonté de définir une stratégie de cybersécurité. Et donc j'ai commencé à plonger mon nez dans tout ce qui était cyberdéfense au niveau militaire et au niveau national. Donc ça m'a emmenée à voyager en Estonie, qui est un haut lieu du centre de cyberdéfense de l'OTAN, et puis aussi à appréhender ces nouveaux sujets que j'ai aussi intégrés à la fin de mon doctorat. Et en juin 2013, j'ai passé cette thèse de doctorat que j'ai réussie. et ce doctorat en poche je me suis dit ok alors maintenant qu'est-ce que tu en fais ? J'avais quitté à l'époque Paris parce que j'étais enceinte de mon premier enfant et j'avais un dilemme à régler qui était je cherche un environnement de vie agréable Paris ne faisait pas partie de cette liste

  • #1

    Désolée pour les parisiens qui nous écoutent. Exactement. Quand on a vécu et grandi dans le Sud, c'est compliqué d'imaginer une vie à Paris.

  • #2

    Tout à fait. Pour les Méditerranéens, c'est vraiment violent. Et en même temps, le gros enjeu, c'était d'avoir une carrière et une vie professionnelle épanouissante. Et à Montpellier, il faut dire ce qui est, le médecin économique est quand même très limité. Et mon mari a eu à cette époque... l'opportunité de partir vivre au Qatar pour un projet de construction. Et donc, je me suis dit, bingo, ça répond à trois enjeux. Ma thèse de doctorat va être valorisée différemment qu'en France. Je vais changer d'environnement. Alors, est-ce qu'il est plus agréable que Montpellier ? Je ne sais pas, je ne vais pas me prononcer parce qu'on est quand même au milieu du désert. Et peut-être qu'une belle carrière professionnelle m'attend. Et donc, c'est comme ça que j'ai sauté le pas de partir vivre pendant huit ans au Qatar.

  • #1

    Ok, pendant huit ans quand même. Tu vois, je pensais que c'était 4 ou 5 ans, mais non, en fait, c'était pendant 8 ans. Déjà, moi, je suis fascinée de ton parcours parce que j'ai appris des choses que je ne savais pas sur toi. Parce que c'est vrai que quand on déjeune ensemble, on ne parle pas forcément de tout ça. Mais du coup, tu as rejoint le Qatar. Tu es partie avec quels sentiments ? Donc là, on sent de l'excitation dans ce changement. Je pense que tu en avais vraiment envie. Quels sont un peu les étapes par lesquelles tu es passée psychologiquement, mentalement ? dans la préparation de cette expatriation, mais à mon avis, tu as déjà voyagé, travaillé un peu partout, tu as parlé de Vienne, je crois que tu es partie aussi à Montréal, tu as été un petit peu partout pour travailler ou vivre, donc je pense que c'était surtout de l'excitation qu'il y avait au départ, mais au fil du temps, par 15 étapes, tu es passée mentalement, psychologiquement, déjà au niveau professionnel, mais aussi en tant que femme, mère. Dans ce pays-là, qui a quand même une réputation en France, c'est pas Dubaï, c'est pas pareil encore, mais c'est plutôt particulier dans l'image qu'il y a en France. Donc comment tu as vécu, toi, mentalement, d'un point de vue professionnel et aussi d'un point de vue personnel, cette expatriation ?

  • #2

    Alors, au départ, effectivement, il y avait beaucoup d'excitation. Je ne me suis pas beaucoup posé de questions. On a pris nos valises, les quelques jouets de ma fille et on est parti découvrir ce nouveau monde. Et les six premiers mois, très clairement, ça a été une douche froide. L'enfer sur terre. Je crois que tous les jours, je pleurais, j'avais envie de rentrer chez moi parce que je crois que le choc culturel est tellement immense que... Voilà ! Passer le fantasme de je change de vie, je m'installe et je découvre autre chose eh bien, on se dit comment je vais réécrire une nouvelle identité ? Me trouver, me retrouver. Et puis, moi, j'ai un côté un peu féministe, battante, ça va tant guère, et je me retrouvais femme 2. ce qui était totalement insupportable pour moi à l'époque. Et puis maman, ce qui était aussi quelque chose d'assez insupportable à certains moments. Et donc très vite, je me suis dit, si je veux rebondir et vraiment écrire aussi, avoir une carrière, il faut que j'investisse financièrement avec mon mari pour caser ma fille à la crèche et me dire que mon temps alloué est un temps... pour la recherche d'emploi, pour exister en fait dans ce pays, ne pas juste être dans l'ombre de mon conjoint femme d'expat. C'était vraiment quelque chose, c'était un no-go, ça c'était absolument pas négociable. Et donc au bout de six mois, j'ai bataillé, mais j'ai trouvé un premier petit job, grâce d'ailleurs à mon réseau de l'armée chez Thalès. Et donc là, j'ai un peu remis le pied à l'étrier. Et de cette première expérience, on dit toujours qu'il faut avoir un job pour en trouver un, de cette première expérience-là, j'ai eu la chance de rencontrer, et ça, ça a été, je pense, la chance d'une vie, de rencontrer la première ministre femme du Qatar, Dr Essa Al-Jaber, qui était ministre en charge des télécoms et des nouvelles technologies, et qui avait comme mandat... de remettre en place tout le système législatif au niveau e-commerce, télécom, postal et cyber du pays. Et cette ministre était fan de l'ANSI en France, donc l'Agence Nationale de Sécurité et de Système d'Information, et elle était fan du système de sécurité mis en place par la France. Il faut savoir qu'au Qatar, la famille royale et les tribus autour sont... francophiles, voire francophones. On a une relation historique qui date de 50 ans avec le Qatar. Et donc, les personnes de la famille royale, les membres de la famille royale sont très attachés à la France, à son histoire et aussi à sa culture. Donc, j'ai réussi à intégrer le cabinet ministériel de cette ministre pour l'épauler dans tout ce refond du système législatif. Et là... C'était la rampe de lancement pour moi parce qu'entre-temps, mon mari, son entreprise lui a demandé de rentrer en France. Et donc là, j'ai dit non, mon coco, ça ne va pas se passer comme ça. Moi, je venais juste de finir de ramer, d'avoir vraiment saigné corps et âme pour trouver une activité qui correspondait vraiment à mon ambition. Donc, il était hors de question qu'on reparte. Et donc, je crois que le jour où il a démissionné ou rompu son contrat, c'était le jour où je signais avec ce nouveau projet. Et donc, j'ai travaillé pendant plus de quatre ans, presque cinq ans, auprès de cette ministre-là, qui entre-temps avait été remplacée par un autre ministre. Homme, cette fois-ci, en fusionnant les transports et les communications, finalement, ils m'ont gardée, parce que le deuxième ministre était aussi francophone. Et il avait même fait ses classes à l'armée, je crois, à côté de Saint-Provence en pilote de Mirage. Et donc, il m'a gardée et j'ai continué à travailler encore deux ans auprès d'eux, en charge de tout ce qui était contrat physique. Pour ceux qui ne connaissent pas, ce sont des contrats de construction. Au Qatar, tout le monde le sait, c'est un pays qui est en perpétuelle rénovation, construction. Donc, il y avait beaucoup à faire. Et donc là, j'ai connu des années vraiment extraordinaires. Je crois que là, c'était une ascension incroyable, tant au niveau professionnel, parce que j'ai tendance à dire que j'avais atteint financièrement. professionnellement en termes de management, de responsabilité et tout simplement de titre, de promotion, ce que j'aurais peut-être éventuellement acquis en fin de carrière, en me battant encore en France avec multiples burn-out et je ne sais pas si j'aurais atteint ça aussi en étant mère. Donc, à 30 ans, 35 ans, je me retrouvais vraiment avec un salaire incroyablement incroyablement... haut, mais il faut dire qu'au Qatar, la vie est chère, et des responsabilités que je n'aurais jamais eues ailleurs, et un équilibre de vie plus que parfait, parce qu'il faut savoir qu'au Qatar, on est souvent aidé par du personnel, et on avait la chance d'avoir une nounou à la maison, à temps plein, qui s'occupait des enfants, qui s'occupait de la maison, et qui me permettait, moi, quand je rentrais de ma journée de travail, de profiter tout simplement. juste, des bons côtés de la maternité, on va dire. Et même de pouvoir repartir en soirée si j'avais des rendez-vous le soir, l'esprit tranquille en sachant que mes enfants étaient aussi bien encadrés et soutenus par quelqu'un à la maison, en plus de mon conjoint. C'est un peu le paradoxe du Qatar et des pays du Moyen-Orient, c'est que dans l'esprit des gens, on baigne dans une culture traditionnaliste. Ça, c'est une réalité où les droits de la femme sont limités. De mon côté, j'ai travaillé avec beaucoup de femmes qatariennes au plus haut niveau. Certes, celles au plus haut niveau choisissaient souvent de ne pas avoir de mari. pour pouvoir garder une certaine autonomie et une liberté d'action. Mais je n'ai jamais été aussi bien traitée en termes d'expertise professionnelle ailleurs qu'au Qatar. Donc, en tant que femme, blanche, catholique, experte dans un domaine qu'ils recherchaient, j'ai été entièrement respectée et finalement payée et responsabilisée pour ça. Donc pour moi, c'est un énorme paradoxe par rapport à la France, pays des droits de l'homme, de la démocratie, où je me rends compte, et encore aujourd'hui, à quel point le système est tourné très masculin et où les promotions des femmes restent encore très, très limitées au bord des conseils d'administration, tout simplement. Pourquoi ? Pas parce qu'elle manque de volonté, mais parce que le système autour n'est pas aussi... protecteur, structurant que ce qu'il a pu être pour moi dans le cas très spécifique du Qatar, encore une fois. Et ça n'engage que moi. Mais j'ai vraiment vécu cette liberté d'entreprendre professionnellement grâce à cet équilibre et bien sûr au staff et au système logistique qu'il y avait aussi à la maison qui me permettait de vivre toutes mes identités de femme.

  • #1

    Alors moi je bois tes paroles, je suis en mode, là personne me voit, mais je suis captivée par ce que tu racontes. Et j'ai envie de te demander la suite.

  • #2

    Alors, la suite. Alors, il y a eu un moment, et c'est en comment on dit cette expression qui dit on donne du caviar au cochon. Il y a eu une période où je me suis retrouvée dans... Entre-temps, j'ai eu un deuxième enfant. Alors, il faut savoir qu'au Qatar, tout n'est pas rose. Par exemple, le congé maternité se limite à deux mois. et il n'y a pas de pré-congé maternité. Donc, j'ai travaillé jusqu'au dernier jour de ma grossesse. J'ai même accouché 24 heures après mon entrée à la maternité, ce qui a compté comme un jour de vacances, parce que ce n'était pas considéré comme un jour de maternité. Donc, il faut mettre les choses dans son contexte aussi. Et j'ai eu que deux mois de congé maternité. Donc, j'ai accouché le 4 octobre. Le 4 décembre, j'étais de nouveau au travail à pomper mon lait dans les toilettes. Donc, j'ai eu beaucoup de mal à me remettre de cette grossesse parce que j'étais très contente de reprendre mon travail. J'étais passionnée. Mais mon enfant n'a pas dormi pendant trois ans. Ce qui a beaucoup atteint mon équilibre personnel, mon couple aussi, et le temps que je pouvais passer avec mon aîné. Et je pense que ça, ça a aussi conduit à un essoufflement. et en même temps, dans cet essoufflement-là, cette perte un petit peu de sens, je n'arrivais pas à bouger, parce que j'étais trop bien payée et trop confortablement installée dans ce que j'avais construit. Et à ce moment-là, j'ai une amie au Qatar qui m'a dit Pourquoi tu ne te ferais pas coacher ? C'est intéressant, ça te permettra peut-être de bouger, de réfléchir un peu et de mettre un peu de clarté dans ce brouillage que tu as mental. et moi, j'étais née dans le guidon à bosser, à mettre mon argent de côté, à assurer, à payer les meilleures écoles pour mes enfants. Donc, j'ai dit non, je n'ai pas d'argent à dépenser pour ça, pas d'argent à dépenser pour moi. Oh non, grand Dieu, je n'en ai pas besoin. Et elle me dit, c'est une coach qui est en formation. Donc franchement, elle prend une somme vraiment minime. Elle cherche juste à engranger des heures. Donc, j'ai dit, je ne peux pas refuser. et j'ai eu la chance de me faire coacher par cette jeune nouvellement certifiée coach et au bout de 5 séances, je lui dis merci, franchement c'était super j'ai mis les choses au clair, au top et voilà, je te paye ce que je te dois et à bientôt au revoir et bonne continuation 3 mois plus tard, tout, littéralement tout ce que j'avais ambitionné, mis en place dans mon coaching, arrivait sur un plateau d'argent. Je souhaitais investir dans un petit lieu, un havre de paix à Montpellier pour quand je rentre, que je puisse me reconnecter à mes racines. Pof, j'ai eu une offre, quelque chose vraiment où je ne pouvais pas refuser à un prix vraiment ridicule. je voulais me reconnecter avec mon mari. Je suis très attachée à l'Inde et à toute l'histoire indienne. Un ami qui a installé une maison là-bas me propose de venir tester ses retraites de yoga et de méditation. Donc, pof, on y va. Et puis, enfin, je tournais en rond dans mon job. Je n'arrivais pas à mettre un petit coup de pied aux fesses de peur, de tout déséquilibrer. et puis là une offre m'arrive de Beansport qui est une boîte catharienne aussi on a des studios en France mais une boîte qui cherchait quelqu'un justement spécialisé dans le contrat et la sécurité, l'anti-piratage pour toutes les problématiques qu'ils avaient d'anti-piratage, donc je l'ai rappelé en lui disant je te le dis merci, mais en fait je dois juste te dire que ce que tu as fait avec moi est tout simplement magique et donc j'étais vraiment subjuguée par cet alignement des planètes comme si j'avais travaillé pendant, juste différé pendant quelques mois ce travail que nous avions fourni ensemble et là tout arrivait, simplement sans forcer, sans chercher et je me suis dit Oriane, ce que tu viens de vivre c'est assez exceptionnel dans ta vie dans ta carrière ce qu'elle a fait avec toi Tu ne peux pas passer à côté. Ça a réveillé en moi quelque chose de l'ordre de j'ai quelque chose à transmettre, ce qu'elle a fait avec moi, c'est quelque chose que je veux pouvoir faire avec les autres. Et donc, je me suis dit, je commence un nouveau job, je vais aussi commencer une nouvelle formation. Et donc, j'ai commencé, en parallèle de cette nouvelle prise de poste, à me former pour devenir coach professionnel et être magicienne. Vraiment, c'est cette sensation que j'avais eue avec elle, pouvoir transmettre cette magie-là et pouvoir porter d'autres femmes dans ces transitions-là. Pendant deux ans et demi, j'ai travaillé comme senior counsel auprès de BeinSport. Et puis est arrivé le Covid qui a bouleversé la vie de beaucoup de personnes. Et je pensais que j'allais passer, on va dire, sous le radar. Et finalement, je me suis pris le radar en plein fouet différemment. C'est-à-dire qu'à l'époque au Qatar, vraiment, on licenciait à tour de bras, partout. Dans mon compound, qui était ma résidence, je voyais vraiment les camions passer de déménagement. C'était assez traumatique pour les gens. Ceux qui avaient l'habitude de beaucoup voyager, comme c'était mon cas, se retrouvaient un petit peu enfermés. Ça a été le cas de tout le monde. Mais en tant que Montpellierienne sudiste, je ne supportais pas. Personnellement, de ne plus avoir cette liberté de retourner voir ma famille, ça me crée des angoisses très fortes. Et puis, je me suis retrouvée assez seule dans mon département. Il y a eu beaucoup de départs, donc beaucoup plus de travail. Des enfants qui se retrouvent à la maison où il faut suivre l'école. Et peu de télétravail pour moi parce que j'étais dans un... dans un système et sur des dossiers assez confidentiels et spécifiques. Donc, je faisais partie du pourcentage des entreprises qui devaient toujours rester présentes physiquement et encore plus qu'avant. Et donc, ça commençait à monter là. Et on touchait un petit peu à mes libertés, aux principes de liberté. Mon état de fatigue était en train de croître. Je perdais un peu le sens de tout ce que je faisais. et les seuls moments d'ailleurs c'est une question que j'invite tous les auditeurs à se poser c'était une question qui m'a un peu envoyé un électrochoc c'est dans ta journée c'est quoi le moment que tu kiffes le plus et le premier qui venait c'était quand tu retournes dans ton lit le soir et le deuxième c'était les jours où tu coaches

  • #0

    parce que du coup, j'étais devenue coach entre temps et je coachais gratuitement tous ceux qui voulaient bien se faire coacher, du petit Bob, des amis, je coachais à tout va. Et les moments où je vivais vraiment un état un peu de flot, c'était ces moments où je coachais. Et là, je me suis dit, mais merde, Riane, tu ne vas pas rester comme ça longtemps. Tu es en train d'étouffer. J'avais cette sensation d'être la grenouille où on commence à bouillir l'eau. Et puis, elle reste, c'est inconfortable, mais elle reste, elle reste. et en fait comme ça n'a pas été bouillie tout de suite elle ne sort pas en fait de la marmite mais j'avais vraiment cette sensation de me noyer et puis il y a eu un coup de grâce un été j'ai décidé de rentrer avec mes enfants et mon mari en France et c'était à mes risques et périls. Et entre-temps, le pays a changé ses lois, et le retour au Qatar devenait plus difficile. Il fallait mettre en place tout un protocole d'autorisation, et c'est long story short, comme on dit. Je suis rentrée au Qatar, sauf que mon mari et mes enfants sont restés coincés en France. On n'avait pas le même sponsor, donc c'était beaucoup plus compliqué pour eux de rentrer. Et je me suis retrouvée au Qatar, seule, dans ma grande maison. avec mon job qui ne me nourrissait plus, avec ce sentiment d'étouffement. Et là, je me suis dit... tu es en train d'aller lentement vers une certaine folie ou dépression, mais ça ne peut pas continuer comme ça. Même ma raison de vivre, en fait, était loin de moi. Et même si j'avais espoir qu'il rentrerait, et ça a mis deux mois pour qu'il rentre, c'était trop pour moi. C'était la cerise sur le gâteau. Donc, un soir, j'ai écrit ma lettre de démission, j'ai envoyé une photo à mon conjoint par WhatsApp, qui n'a pas beaucoup apprécié, et le lendemain, je déposais ma démission sans plan. sans visibilité future, mais en me disant tu as là sauvé ta peau et tu as voulu suivre tes principes. Tu sais que ça ne tourne plus rond, ça ne fait plus sens et il faut que tu te protèges toi parce que si toi et ton système ne fonctionnent pas, personne dans la famille ne fonctionnera. Donc sauve-toi et puis ensuite, on mettra le masque à oxygène aux autres. Et donc, les enfants et le mari sont rentrés. Il y avait trois mois de préavis, donc on n'est partis qu'en janvier. C'était en septembre que je démissionnais, mais on a pris ces trois derniers mois pour profiter, pour dire au revoir, pour tourner cette magnifique page au Qatar et rentrer. ensemble en France pour écrire une nouvelle histoire dans le Sud, toujours, proche des racines. Et c'est comme ça qu'on s'est retrouvés.

  • #1

    C'est comme ça qu'on s'est retrouvés, tout à fait. Alors, avant de plonger dans la nouvelle page, moi, je suis devant un film Netflix, en fait. Carrément, mais... T'as un don pour raconter les histoires, Auréane, c'est incroyable. Donc, je vais essayer de ne pas perdre le fil de l'interview. Si on revient sur ces phases d'expatriation, il y a des personnes qui veulent tenter l'aventure, c'est un projet certainement qu'elles ont en tête. Quels sont les conseils que tu donnerais aux femmes qui ont des responsabilités pour préparer leur expatriation pour que ça se passe au mieux. Donc là, je fais un petit retour en arrière, on rembobine la cassette, la petite VHS là, on revient un petit peu au début quand t'es parti au Qatar ou même dans d'autres pays que t'as pu faire. Quels sont les conseils que tu donnerais pour que l'expatriation se passe au mieux et qu'elle ne vive peut-être pas comme toi tu as vécu les premiers mois en mode c'est un enfer ? Enfin, c'est clairement les mots que tu as utilisés au tout début de ta vie là-bas.

  • #0

    Alors, je pense qu'il faut déjà se dire que ça va être compliqué et difficile, parce que c'est une réalité, on ne va pas se mentir. On a beau être très bien préparé, c'est difficile. C'est un changement total pour tous les membres de la famille. Et chaque membre de la famille le vit différemment, selon son âge, son histoire et sa capacité d'adaptabilité et de résilience. Donc, quand on part en famille, déjà, je pense que pour bien se préparer, Il faut que ce soit un choix voulu et accepté par tous les membres de la famille et que chacun en prenne conscience de ce choix-là, de l'avantage et aussi des responsabilités, des inconvénients qui vont peser sur ce choix-là. C'est une aventure. En général, elle se vit à plusieurs et donc forcément, on monte tous dans le même bateau, mais tout le monde ne va pas réagir de la même façon au mal de mer. Donc, une bonne préparation, ça c'est évident. Des discussions longues, structurées. avec ces enfants pour leur permettre d'appréhender, de comprendre où ils vont aller, éventuellement faire un repérage avec eux avant. Selon leur âge, ça peut être aussi important. Se connecter rapidement avec des personnes sur place, c'est l'avantage de l'expatriation, c'est que les réseaux d'expatriés sont très performants. Et donc, on trouve très vite un Doha Accueil, un Lisbonne Accueil, une association d'accueil qui permet à chaque personne, conjoint, expatrié, de s'intégrer facilement. d'aider aussi pour tout ce qui est administratif, parce qu'il y a cette partie-là qui est non négligeable. Et puis, je dirais prendre le temps. Moi, j'ai été très rapidement dans cette volonté de trouver un poste et je n'ai pas pris le temps. Or, les six premiers mois, surtout quand on est le conjoint suiveur, sont nécessaires pour intégrer tout le monde. Parce que celui qui va travailler, forcément lui aussi, son nouveau système n'est pas facile à appréhender, à absorber. Mais pour les enfants, c'est un choc, selon le pays qu'on a choisi, c'est un choc parfois très, très difficile. Et plus les enfants sont grands, plus je pense que c'est difficile. D'ailleurs, quand on voyage et qu'on s'exprime avec des petits, c'est beaucoup plus crème que quand c'est des ados qu'on doit déraciner. Donc ça, c'est la première chose. Bien préparer son départ par des discussions, prendre attache sur place avec des associations d'accueil et prendre le temps de cette intégration pour tout le monde, que chacun connaisse en fait son rôle, son nouveau rôle. Et chacun ait le temps d'intégrer et d'absorber ce choc. Parce que c'est un choc. Franchement, c'est un choc traumatique. Et d'ailleurs, le retour est un choc aussi traumatique que l'aller. C'est un aller-retour.

  • #1

    Oui, c'est ce que j'allais dire par rapport à des proches que j'ai qui sont rentrés d'une vie aux États-Unis pour revenir en France. Oui, c'est un choc d'y aller, mais le choc retour est aussi compliqué pour les enfants comme pour les adultes.

  • #0

    C'est une nouvelle expatriation. Le retour est une nouvelle expatriation.

  • #1

    Tu retrouves un pays que tu as quitté X années avant et qui a forcément changé et évolué depuis. dans plein d'aspects positifs comme dans plein d'aspects négatifs. Et effectivement, ça ne se fait pas les deux doigts dans le nez. Non, non. Comme tu dis, c'est une vraie ré-expatriation, le fait de revenir dans son pays d'origine quelques années après. Complètement.

  • #0

    C'est exactement ça. Tu disais, le pays a changé. En revanche, notre regard aussi a changé. Notre identité a évolué. Moi, ça a été aussi une découverte, c'est de relire ma région natale, de la revoir sous un angle totalement différent. Et ce nouvel angle, c'est un peu le petit cadeau de chaque expatrié, c'est pouvoir voir le monde sous plusieurs dimensions. et savoir que la dimension de vie dans laquelle on est aujourd'hui, en fait, elle peut demain changer, si on le souhaite. C'est un avantage parce que ça nous donne une ouverture d'esprit incroyable et une possibilité de choix de vie infinie. Et en même temps, c'est un inconvénient, parce que quand on a goûté à autre chose, il y a ce sentiment de never satisfied, d'être jamais satisfait totalement, finalement, de ce qu'on a. Et ça, c'est un travail introspectif que je partage, mais qui est une réalité. C'est se réintégrer, c'est aussi choisir, donc renoncer à toutes les autres opportunités et possibilités.

  • #1

    Est-ce que tu as un autre conseil à partager pour celles qui souhaitent s'expatrier ?

  • #0

    Je crois qu'on a fait le tour des conseils. En plus, je ne suis pas la meilleure placée, je pense, parce que je pense qu'il y a des expatriations qui se passent différemment. Je crois que c'est très, très personnel, parce qu'on dit souvent que c'est la femme qui suit le conjoint expatrié. Donc, cette femme-là va avoir un âge particulier, des attentes particulières. Moi, j'étais jeune et je sortais de mon doctorat. J'avais déjà plusieurs années d'expérience professionnelle. Je voulais travailler. Mais il y a certaines femmes qui vont s'expatrier à 40 ans et qui vont utiliser l'excuse de l'expatriation pour prendre un temps de pause et prendre le temps aussi avec ses enfants et donc vont accepter là de jouer le rôle de mère au foyer pendant certaines années. Certaines vont s'expatrier juste trois ans parce que c'est l'entreprise qui envoie le mari ou elle-même pendant trois ans. Donc, elles savent déjà qu'elles vont revenir au même endroit. Et donc, ce n'est pas la même histoire. Moi, j'étais en contrat local, donc c'est un peu cow-boy. Je pouvais y passer ma vie là-bas. Il y a des gens qui sont depuis 20 ans, 25 ans, qui ne rentreront jamais en France, ou peut-être que pour la retraite. Donc, tout dépend aussi de son statut et de ce que chaque membre du couple et de la famille en attend. Donc, bonne préparation des enfants. Il y a des avantages incroyables à envoyer ses enfants dans des structures internationales. C'est l'anglais, l'ouverture vers d'autres systèmes éducatifs que celui français. On voit la différence et on voit ce qu'on peut offrir aussi comme chance d'éducation pour ses enfants. Savoir combien de temps ça dure ou pas, c'est aussi un enjeu. Quel impact ça va avoir sur sa carrière, si on en a une. Que ce soit un choix conscient et familial. pour que ce soit le mieux vécu possible, le moins pire possible.

  • #1

    Pendant toutes ces années où tu as été expatriée, donc loin de la France, loin de notre chère ville de Montpellier, non j'exagère, je plaisante, mais qu'est-ce que ça t'a appris sur toi que tu ne savais pas ? Est-ce que ça t'a permis de découvrir une nouvelle Auréane, de découvrir certaines choses sur ta personnalité, ta vision des choses, ton caractère, que tu ne savais pas ?

  • #0

    Alors, ça a permis de confirmer que j'étais quelqu'un d'extrêmement adaptable, de résilient et que je ne lâchais pas l'os. Parce qu'on est passé sur comment j'ai trouvé mes jobs, mais j'ai dû vraiment me battre, vraiment bec et ongles. Je me suis dit, waouh, quelle capacité de... Voilà, tu ne vas pas lâcher et tu vas trouver. et tu vas y aller et ça va être difficile mais c'est ta détermination, c'est ce que tu veux. Donc, j'ai confirmé que j'étais quand même très tenace.

  • #1

    Alors ça, moi, personnellement, je le savais déjà. Oui,

  • #0

    je le savais déjà. Mais là, j'ai un peu confirmé. Enfin, ça allait pousser mes limites, je pense. Ça allait vraiment pousser mes limites. Ça a confirmé aussi que j'étais quelqu'un d'extrêmement sociable. J'avais une de mes chefs qui n'arrêtait pas de me dire Stop socializing, Oriane Stop socializing parce qu'elle me voyait toujours en communication, à échanger avec les autres, et elle voulait que je reste derrière mon écran à faire les contrats. Or, moi, ce que j'appréciais le plus, c'était les pauses à la machine à café et à discuter et à voir comment je pouvais aider certains collaborateurs dans leur mission. Ce que j'ai profondément... découvert, pas forcément sur moi, mais sur le système dans lequel j'évolue en France, c'est cette... Et j'espère que ça va faire écho chez tes auditrices et auditeurs. C'est ce sentiment, en France, d'avoir été en perpétuel surchauffe pour toutes les missions qu'on me demandait, mais en fait, totalement en sous-régime sur mes compétences. C'est ce sentiment de devoir jouer petit et d'être épuisée à jouer petit en France, dans ma case, dans mon petit contrat, avec mon petit salaire, sans promotion, sans évolution, avec du management parfois pas forcément bienveillant. Et donc avoir ce sentiment d'être en surchauffe totale parce que devoir être dans la suradaptabilité pour fit in. pour rentrer dans la case et en fait faire une croix, le deuil, sur son énorme potentiel, sur son énorme capacité en fait. et le Qatar, c'était l'inverse. C'était, ah, tu es docteur, ah, tu as tant d'années en cyber, ah, tu as travaillé pour l'armée. En fait, voilà le champ des possibles. Voilà ce qu'on t'ouvre. Voilà le salaire qu'on te donne. Voilà les responsabilités. Vas-y, t'as faim ? Prends, mange, vas-y. Casse-toi la tête sur tout ça. Refonds du système, les échecs natifs du pays ? Mais vas-y, ma grande, prends tout ça. Allez, bouffe tout ça. Et là, je me suis dit Wow ! On me donne le titre, on me donne le fric, on me donne la responsabilité, et j'ai plus qu'à... déployer ce potentiel, en fait. Je n'ai plus qu'à aller explorer, en fait. Et il n'y a plus cette histoire de petite case. Tu es ça à cet âge-là. Tu es juriste, tu gagnes ça et tu ne sors pas de ça. Mais c'est, tu veux monter une équipe ? Prends une équipe. Tu veux aller chercher les meilleurs cabinets d'avocats pour t'aider ? Prends ces cabinets d'avocats. Tu veux 15 personnes ? Prends ces 15 personnes. Tu as besoin de partir en France, là et là, pour aller chercher le système qu'il faut ? Mais vas-y. on t'attend juste sur l'objectif. Mais waouh, waouh ! Et c'est ça en fait que maintenant j'essaie de faire naître chez les femmes que j'accompagne. C'est, ok, on sort de cette surchauffe-là. on se repose, on fait un step back, et on regarde de quoi tu es capable, de quoi tu as envie de te nourrir, c'est quoi qui t'alimente, c'est quoi qui te donne vraiment cette foi en toi, cette flamme, et on va chercher ça, merde ! Pourquoi rester dans cette petite case ? Ce n'est pas normal, et tu n'es pas obligé d'y rester. Si ça ne te convient pas, si ça ne répond pas à ton ambition, à tes intentes et tout simplement juste à ta joie de vivre. Ça n'a rien à voir avec la prétention. Ça n'a rien à voir avec l'égoïsme. Ça n'a rien à voir avec elle est dans l'ongle, elle est carriériste Non, ça a à voir à comment tous les jours tu vis et tu te connectes à ce qui fait que tu as cette flamme et ce potentiel. et ne pas laisser ce potentiel et cette flamme diminuer juste parce qu'il faut payer son loyer, avoir son petit job et répondre à l'injonction sociétale qu'on a fixée un peu pour nous ou de notre histoire familiale. C'est peut-être un peu violent ce que je dis, mais je suis désolée, ça sort un peu du cœur.

  • #1

    Ça s'est vu et tu as vu, je ne t'ai pas interrompu. En plus, à un moment donné, j'allais te dire et du coup, comment ça se traduit aujourd'hui dans ton activité ? Mais en fait, tu as fait la liaison, tu as même anticipé ma question puisque... Je pense que t'es tellement animée par ta mission que ça a été une telle révélation pour toi que tu as à cœur de transmettre ça aujourd'hui aux femmes que tu accompagnes. Et je pense que ça t'a tellement marquée. que, ben voilà, tu vois, t'as déroulé tout ça devant nous, alors dans nos oreilles, du coup, avec conviction. Et non, c'est pas dur, c'est la réalité. C'est que la société... Alors, on va pas taper que sur la France. Je pense qu'il y a plein d'autres pays aussi où ça se passe comme ça. Oui, effectivement, comme tu dis, on a encore un long chemin pour nous autoriser à jouer grand. et à prendre notre place comme on la mérite. Moi aussi, c'est un peu une mission que j'ai, c'est que les femmes osent prendre leur place dans leur rôle de manager, dans leur métier, parce qu'on a besoin de nous, on a besoin d'elles pour transformer le monde qu'on a, transformer les entreprises. Le monde a besoin de notre impact, en fait. Et effectivement, il y a des gens qui tentent de nous limiter là-dedans, et ce n'est pas une fatalité. on a les ressources en nous pour y arriver et pour oser prendre notre place et je pense que tu l'as très bien transmis donc non c'est pas dur, c'est pas violent ce que t'as dit c'est la réalité et tu l'as juste porté avec ta mission et ta conviction comme il faut et je pense qu'il y a plein de personnes qui sont d'accord avec toi et qui se sont reconnues dans le message que t'as donné dans ton histoire donc Donc, non, non, au contraire. Exprime-toi, c'est là pour ça.

  • #0

    Et merci de me donner cet espace pour le faire.

  • #1

    Tu l'as exprimé avec tes mots et avec ton impact. Donc, au contraire, moi, j'adore. Je pense que tu devrais te lancer dans la politique, peut-être, à terme.

  • #0

    Prochaine étape, la politique. Non, mais c'est un vrai sujet parce que beaucoup de femmes que j'accompagne, qu'elles soient toutes jeunes dans la maternité ou qu'au contraire, elles atteignent les 50 ans et qu'elles soient aussi dans des transitions, nos identités, notre identité de femme évolue au fil du temps. C'est chimique, c'est hormonal et c'est aussi lié à notre carrière, à nos fluctuations. et donc il faut arriver à trouver ce tempo-là pour faire évoluer sa carrière au regard de ces nouvelles identités que nous avons ou que nous souhaitons porter. Et donc ça, c'est difficile à faire. Ce n'est pas quelque chose de toujours évident. Et c'est encore moins évident quand on est sous le coup de la fatigue, quand on s'est aussi beaucoup battu pour arriver là où on en est. On n'a pas envie de jeter l'éponge et changer de cap comme ça, envers et contre tout, non. On veut capitaliser sur ce qu'on a réussi pour pouvoir encore progresser. Et donc tout ça, c'est un jeu subtil. Et pour pouvoir le maîtriser et avancer plus sereinement que ce que j'ai fait quand j'ai claqué la porte du Qatar, c'est d'avoir le courage de prendre un peu de recul, de prendre le temps de se reposer. C'est très basique, mais d'abord, on se repose. avant de se reconnecter à ce dont on a réellement besoin et envie. Et s'autoriser à avoir besoin et envie. Parce qu'on a quelque chose en nous, mais on referme le clapet très rapidement parce qu'il y a les enfants, il y a le mari, il y a les traites à payer. Et puis, je suis quand même déjà bien contente dans ce milieu en pleine crise d'avoir mon salaire, ma voiture et mon job. Et ce n'est pas si mal. Ce n'est pas si mal. donc ça demande du courage un peu de temps pour travailler ça moi je travaille que sur 6 mois minimum sur 6 mois avec mes clientes pour vraiment vivre une transformation et leur permettre d'endosser cette nouvelle identité entièrement sur tous leurs prismes familiaux sociétaux,

  • #1

    amicaux et professionnels mais écoute je crois que ça fera une excellente conclusion Surtout que je veux qu'on finisse sur ça pour faire le lien. Où est-ce qu'on peut te retrouver ? Puisque je pense qu'il y a beaucoup de femmes qui ont dû se reconnaître dans tout ce que tu as partagé aujourd'hui. Je suis ravie de tout ce que tu as partagé aujourd'hui. Vraiment, tu as un parcours exceptionnel. Et on voit que c'est vraiment une mission qui te porte au plus profond de toi. Du coup, je pense qu'il y a beaucoup de personnes chez qui ça a résonné. Donc, où est-ce qu'on peut te suivre ? Où est-ce qu'on peut te échanger avec toi ? Peut-être qu'il y a des personnes qui sont d'accord ou pas d'accord avec ce que tu as partagé aussi. Où est-ce qu'on peut te retrouver sur les réseaux ?

  • #0

    Alors, je suis très active sur LinkedIn. Donc, en tapant Dr. D.R. Oriane Gignes, G-I-N-I-E-S, vous me trouvez et vous pouvez m'envoyer, bien sûr, un message directement sur mes posts ou en privé. Et j'ai un site Internet, bien sûr, coachoriginesenseux.com. Origines pour Oriane Gignes, mais aussi pour se connecter à ses origines. coachorigin.com je suis également aussi sur Instagram un peu moins active que sur LinkedIn mais voilà principalement mon site internet et

  • #1

    LinkedIn. Il y aura de toute façon toutes les infos sur la description de cet épisode directement les liens vous avez juste à cliquer dessus, les liens sont directement dedans. Merci beaucoup Auriane pour tout ce que tu as partagé c'était passionnant, vraiment et j'espère que ça a résonné chez beaucoup de personnes et à toutes les auditrices et bien tout simplement on se retrouve ensemble la semaine prochaine pour un nouvel épisode en solo cette fois-ci merci à toutes pour votre écoute merci Elodie à bientôt je te remercie d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout si tu l'as apprécié je t'invite à t'abonner sur ta plateforme préférée et à me laisser un commentaire 5 étoiles on se retrouve au prochain épisode pour parler management et leadership

Chapters

  • Introduction

    00:37

  • Le parcours pro d'Oriane

    01:13

  • De l'armée à la cybersécurité

    07:48

  • S'expatrier au Qatar

    12:56

  • Le paradoxe de la place de la femme aux EAU

    20:50

  • L’impact du coaching

    23:11

  • Pourquoi devenir Coach ?

    26:51

  • Le retour en France

    28:03

  • Comment réussir son expatriation ?

    32:52

  • La place des femmes dans le monde pro. en France

    40:59

  • Conclusion

    48:24

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Description

🎁 Profite de mon offre exceptionnelle sur mes formations : https://smileatjob.fr/formations


Oriane fait partie des femmes les plus inspirantes que je connaisse.


Son expérience dans la Cybersécurité, son choix d’intégrer l’Armée, son expatriation au Qatar, son retour en France et ses nouvelles aventures entrepreneuriales.

Des histoires comme on en voit peu 😇


Et comme je sais que tu apprécies ce type de parcours inspirants, j’ai décidé de l’inviter sur le podcast !


Dans cet épisode, Oriane nous raconte son parcours, ses expériences, sa vision de la place de la femme dans le monde du travail et bien d'autres sujets...



🔥 Si tu veux aider à faire connaitre Feedback, le meilleur moyen est de me laisser une note et un commentaire, cela me fera ultra plaisir !


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🦋 Je suis Elodie, coach et formatrice en management et leadership : j'aide les managers débordées à devenir des leaders inspirantes et organisées avec mes conseils issus de 14 ans de management et ma bonne humeur


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • #0

    S

  • #1

    Bienvenue sur Feedback, le podcast autour du management et du leadership. Je suis Élodie, manager depuis 14 ans, et ma mission, c'est d'aider les salariés et entrepreneurs à prendre confiance en elles pour manager sereinement leur équipe. Alors si toi aussi tu es convaincu qu'on peut avoir un management bienveillant et un leadership affirmé sans écraser les autres, abonne-toi ! Tu trouveras ici tous mes conseils et retours d'expérience pour t'aider à devenir une des leaders de demain. Je te souhaite une agréable écoute. Hello à toi, et on se retrouve aujourd'hui pour une interview exceptionnelle. Franchement, je suis tellement contente de te proposer cet échange que j'ai eu avec Oriane, car Oriane a eu un parcours incroyable, il n'y a pas d'autre mot, et elle le raconte tellement bien. Oriane, en fait, c'est une amie d'enfance, on a fait le collège et le lycée ensemble, puis on s'est perdu du, pendant à peu près 20 ans, et on s'est retrouvés il y a un ou deux ans. les hasards de Facebook et d'Instagram. Et je tenais vraiment à l'inviter ici dans le podcast pour parler de son parcours, parce que Oriane, elle a une base juridique, elle est à la base juriste. Elle s'est retrouvée à travailler dans l'armée, dans la cybersécurité, pour au final finir par travailler pour BeinSport, qui est une chaîne de télévision. Elle s'est expatriée 8 ans au Qatar. Et du coup, je voulais qu'elle nous parle un petit peu de son parcours. Je sais que c'est très inspirant pour toi qui m'écoutes chaque semaine d'avoir ce genre de partage sur le podcast, ce genre de témoignages. Je lui ai donc posé quelques questions sur l'expatriation. Qu'est-ce que ça lui a amené ? Quelles leçons elle en tire ? Quels conseils aussi elle donne aux personnes qui veulent s'expatrier ? Et on a conclu par sa vision du rôle de la femme dans le monde professionnel. et vraiment le discours d'Oriane est ultra impactant, ultra inspirant et j'espère vraiment que ça va te donner un coup de boost un coup d'inspiration pour ton quotidien de manager car vraiment, moi j'ai adoré enregistrer cette interview avec elle j'ai bu toutes ses paroles et j'espère que ça va être pareil pour toi je te souhaite une très bonne écoute Bonjour Oriane, je suis ravie de t'accueillir aujourd'hui au micro de Feedback pour nous partager ton parcours qui est somme toute exceptionnelle. Je n'ai pas envie de spoiler la suite, mais c'est quand même un parcours assez incroyable que tu as eu dans ta carrière. Je voulais t'inviter aujourd'hui pour nous parler notamment d'expatriation, parce que ça a été une grande partie de ta vie. Et je voulais aussi t'inviter parce qu'on se connaît depuis l'enfance quand même. On a été au collège et au lycée ensemble et on s'est retrouvés après 20 ans d'absence, enfin de non-connexion comme par hasard, limite sur Facebook ou Instagram, donc c'était assez drôle. Et je vais te laisser peut-être te présenter au début avant de rentrer un petit peu plus dans le détail dans ton parcours professionnel et l'évolution de ta carrière, notamment via l'expatriation.

  • #2

    Merci Elodie pour ton invitation. C'est vrai qu'on a une belle histoire de jeunesse ensemble et je suis très heureuse d'intervenir dans le cadre de ton podcast Feedback. Merci pour cette invitation. Tu me connais bien quand même de mon enfance, tu sais que je suis une grande bavarde et donc je suis aussi très heureuse de partager mon expérience, d'apporter un peu ma touche à ton podcast. Donc c'est un vrai honneur. Et puis pour répondre... Tout simplement à ta question, je suis Montpellier-Reyne, d'origine comme toi, je suis maman de deux enfants et j'ai été pendant les 15 dernières années juriste, spécialisée plutôt sur les problématiques de droit international. de cybersécurité et d'antipiratage. J'ai travaillé dans l'armée en France et aussi à l'étranger. Et puis, j'ai effectué un virage 360 il y a à peu près 4-5 ans pour devenir coach professionnel, expert et consultante en transition de carrière, principalement pour les femmes, les professionnelles qui cherchent aussi à écrire une nouvelle page de leur vie professionnelle. Et je suis maintenant basée de nouveau à Montpellier, notre ville natale.

  • #1

    C'est ça. Et effectivement, tu as bougé un petit peu partout. Et je sais que ce sujet, l'expatriation, était quelque chose qui te tenait à cœur pendant longtemps. Tu en as pas mal parlé sur les réseaux. Ma première question, alors moi j'ai un bout de ton histoire par rapport à ça, mais j'aimerais quand même que tu la partages. Qu'est-ce qui t'a poussé dans cette voie du droit, déjà ? parce que c'est pas juste du droit, c'est droit international, cybersécurité, dans l'armée plus spécifiquement. Et qu'est-ce qui t'a poussé aussi dans ce chemin-là à t'expatrier ?

  • #2

    Alors, tu aurais pu répondre pourquoi j'ai choisi le droit à ma place, puisque tu sais très bien que j'étais une catastrophe dans mon bac scientifique. Tu as d'ailleurs beaucoup contribué à m'aider et à essayer bon an mal an d'arriver à mon bac sans trop de casse. Donc effectivement, quand j'ai terminé mon bac S, un peu imposé par ma famille, parce que mes parents sont des grands scientifiques. et que moi je n'avais absolument pas cette bosse des maths, je n'avais pas beaucoup de choix après un bac aussi terrible que de prendre des études plutôt dans le monde des sciences sociales, des sciences humaines. Et pour moi, la faculté de droit représentait tous les principes de justice, d'équité. Et j'avais à cette époque-là, ça a duré quelques années, l'envie de contribuer d'une manière ou d'une autre à des causes ou à des personnes qui étaient dans le besoin. J'étais dans cette volonté-là très humaniste. Et donc, la fac de droit, ça représentait aussi ces principes. de justice. Et donc, je me voyais bien défenseuse des droits de l'homme, des droits de l'enfant, peut-être magistrate ou juge pour enfants. C'était l'idée au départ. Et surtout, très heureuse de troquer ma calculatrice pour le code civil. J'avoue, je me vois encore acheter mon premier code civil en me disant Ouf, je n'ai plus affaire aux maths Et vraiment, c'est un vrai bonheur. Trois ans plus tard, j'ai déchanté parce que j'ai intégré un magistère droit des affaires où le tableau de l'amphithéâtre s'est rempli de chiffres sur le code des impôts et la fiscalité. Et là, de nouveau, je me suis effondrée comme un château de cartes. Et j'ai donc effectivement choisi plutôt le droit international parce que j'avais cette envie d'ailleurs, sortir un peu du microcosme provincial, découvrir d'autres manières de... d'argumenter, d'appréhender le juridique, toujours dans cette ambition d'être avocate internationale ou juste pour enfants. Donc ça, c'était plutôt les années études.

  • #1

    Oui, c'est ça, parce que c'est vrai que je me souviens, tu étais très dans l'humanitaire, etc. C'était quelque chose qui te tenait énormément à cœur quand on était au lycée ensemble. Ça, je m'en souviens très bien. Par contre, tu vois, j'avais complètement oublié ta phobie des chiffres. Je sais que j'aidais beaucoup en maths, en sciences et tout à l'école, ça je m'en souviens, mais tu n'étais pas la pire, donc tu vois, ça ne m'a pas marquée plus que ça. Et effectivement, ton côté humanitaire, je sais qu'il était très marqué, et tu étais, dans mes souvenirs, quelqu'un campé sur ses valeurs de justice et de défense, effectivement, des enfants et des personnes qui étaient dans le besoin. Ça, je m'en souviens très, très bien. Mais il y a un petit peu quand même un grand écart entre ça et la cybersécurité. Oui,

  • #2

    tout à fait. La carrière, comme la vie, n'est pas un long fleuve tranquille. Et en fait, quand je t'entendais rediscuter sur notre histoire d'étudiante ou de jeune fille, parce qu'on était petite à l'époque, finalement, ma carrière a été pavée de portes qui se ferment et donc d'opportunités qui s'ouvrent. Et... Jusqu'à la fin de mes études, j'étais attachée réellement à intégrer une organisation humanitaire. C'était vraiment le droit humanitaire, c'était ce qui m'animait le plus. J'avais suivi un magistère, un DESS, un Master 1 à l'époque de droit humanitaire à Aix-en-Provence. Et puis j'étais montée à Paris, à la Sorbonne, pour continuer en droit international et administration publique, pour éventuellement rejoindre l'ONU. Et en fait, quand j'ai commencé à candidater, Tout simplement pour trouver mon premier job, j'ai peut-être envoyé 150-200 candidatures pour des ONG, des grosses organisations humanitaires, et je n'ai eu que des portes qui se sont fermées. Et la seule qui s'est ouverte et qui, d'une manière ou d'une autre, répondait aussi à ces principes de justice, de défense et d'équité, c'était l'Arbée. J'avais fait un stage à l'époque en sortant de mon stage à l'ONU à Vienne à l'école militaire et j'ai donc décidé d'attaquer le marché de l'école militaire et du monde de la défense. Et là, pour le coup, j'ai eu mes premières opportunités professionnelles dans des centres de recherche militaire, à l'Institut des hautes études de la défense nationale et puis ensuite à l'IRSEM, qui est un institut stratégique. Et j'ai commencé à découvrir un autre aspect de l'humanitaire qui est... le monde de la défense, de la sécurité nationale et internationale par le biais militaire. Alors pour certains, ça peut paraître un opposé, mais pour moi, ça répondait, voire même un peu mieux, à mon envie d'évoluer dans ce cadre-là. Ça représentait des... ...valeurs de sécurité, de respect de l'État et puis des organisations dans lesquelles la France participe. Et puis, j'ai découvert un monde très hiérarchisé, mais aussi tourné vers la défense des civils. La guerre d'aujourd'hui n'est pas celle... que nos grands-parents ont connus. Et donc, les techniques évoluent, les guerres sont beaucoup plus urbaines, et donc les militaires ont dû évoluer vers la protection des civils sur les théâtres d'opération, beaucoup plus. Et se dessiner, à l'époque, beaucoup d'enjeux au niveau du conflit en Afghanistan, qui a duré 12 ans. Et j'étais au cœur de ce milieu-là, puisque je m'occupais des retours d'expérience des militaires sur le terrain. C'est un sujet qui m'a passionnée parce que je voyais à quel point ces militaires, avec la technique qu'ils avaient évoluée, qui avait été leur formation, comment ils géraient la complexité du terrain, tout en ayant cette obligation de suivre aussi les enjeux politiques définis par l'État et les quinquennats de nos présidents. Donc le temps politique n'était pas celui... du théâtre d'opération. Et donc, quelque part, le soldat était infusible entre ces deux milieux-là. J'en ai d'ailleurs écrit un livre, tellement ça m'a passionnée. C'est l'engagement militaire français en Afghanistan. Et j'ai continué d'ailleurs sur une thèse de doctorat. Je m'ennuyais peut-être à l'époque, le soir et le week-end. Et donc, j'en ai fait une thèse de doctorat. Et puis, la France a évolué sur une volonté de définir une stratégie de cybersécurité. Et donc j'ai commencé à plonger mon nez dans tout ce qui était cyberdéfense au niveau militaire et au niveau national. Donc ça m'a emmenée à voyager en Estonie, qui est un haut lieu du centre de cyberdéfense de l'OTAN, et puis aussi à appréhender ces nouveaux sujets que j'ai aussi intégrés à la fin de mon doctorat. Et en juin 2013, j'ai passé cette thèse de doctorat que j'ai réussie. et ce doctorat en poche je me suis dit ok alors maintenant qu'est-ce que tu en fais ? J'avais quitté à l'époque Paris parce que j'étais enceinte de mon premier enfant et j'avais un dilemme à régler qui était je cherche un environnement de vie agréable Paris ne faisait pas partie de cette liste

  • #1

    Désolée pour les parisiens qui nous écoutent. Exactement. Quand on a vécu et grandi dans le Sud, c'est compliqué d'imaginer une vie à Paris.

  • #2

    Tout à fait. Pour les Méditerranéens, c'est vraiment violent. Et en même temps, le gros enjeu, c'était d'avoir une carrière et une vie professionnelle épanouissante. Et à Montpellier, il faut dire ce qui est, le médecin économique est quand même très limité. Et mon mari a eu à cette époque... l'opportunité de partir vivre au Qatar pour un projet de construction. Et donc, je me suis dit, bingo, ça répond à trois enjeux. Ma thèse de doctorat va être valorisée différemment qu'en France. Je vais changer d'environnement. Alors, est-ce qu'il est plus agréable que Montpellier ? Je ne sais pas, je ne vais pas me prononcer parce qu'on est quand même au milieu du désert. Et peut-être qu'une belle carrière professionnelle m'attend. Et donc, c'est comme ça que j'ai sauté le pas de partir vivre pendant huit ans au Qatar.

  • #1

    Ok, pendant huit ans quand même. Tu vois, je pensais que c'était 4 ou 5 ans, mais non, en fait, c'était pendant 8 ans. Déjà, moi, je suis fascinée de ton parcours parce que j'ai appris des choses que je ne savais pas sur toi. Parce que c'est vrai que quand on déjeune ensemble, on ne parle pas forcément de tout ça. Mais du coup, tu as rejoint le Qatar. Tu es partie avec quels sentiments ? Donc là, on sent de l'excitation dans ce changement. Je pense que tu en avais vraiment envie. Quels sont un peu les étapes par lesquelles tu es passée psychologiquement, mentalement ? dans la préparation de cette expatriation, mais à mon avis, tu as déjà voyagé, travaillé un peu partout, tu as parlé de Vienne, je crois que tu es partie aussi à Montréal, tu as été un petit peu partout pour travailler ou vivre, donc je pense que c'était surtout de l'excitation qu'il y avait au départ, mais au fil du temps, par 15 étapes, tu es passée mentalement, psychologiquement, déjà au niveau professionnel, mais aussi en tant que femme, mère. Dans ce pays-là, qui a quand même une réputation en France, c'est pas Dubaï, c'est pas pareil encore, mais c'est plutôt particulier dans l'image qu'il y a en France. Donc comment tu as vécu, toi, mentalement, d'un point de vue professionnel et aussi d'un point de vue personnel, cette expatriation ?

  • #2

    Alors, au départ, effectivement, il y avait beaucoup d'excitation. Je ne me suis pas beaucoup posé de questions. On a pris nos valises, les quelques jouets de ma fille et on est parti découvrir ce nouveau monde. Et les six premiers mois, très clairement, ça a été une douche froide. L'enfer sur terre. Je crois que tous les jours, je pleurais, j'avais envie de rentrer chez moi parce que je crois que le choc culturel est tellement immense que... Voilà ! Passer le fantasme de je change de vie, je m'installe et je découvre autre chose eh bien, on se dit comment je vais réécrire une nouvelle identité ? Me trouver, me retrouver. Et puis, moi, j'ai un côté un peu féministe, battante, ça va tant guère, et je me retrouvais femme 2. ce qui était totalement insupportable pour moi à l'époque. Et puis maman, ce qui était aussi quelque chose d'assez insupportable à certains moments. Et donc très vite, je me suis dit, si je veux rebondir et vraiment écrire aussi, avoir une carrière, il faut que j'investisse financièrement avec mon mari pour caser ma fille à la crèche et me dire que mon temps alloué est un temps... pour la recherche d'emploi, pour exister en fait dans ce pays, ne pas juste être dans l'ombre de mon conjoint femme d'expat. C'était vraiment quelque chose, c'était un no-go, ça c'était absolument pas négociable. Et donc au bout de six mois, j'ai bataillé, mais j'ai trouvé un premier petit job, grâce d'ailleurs à mon réseau de l'armée chez Thalès. Et donc là, j'ai un peu remis le pied à l'étrier. Et de cette première expérience, on dit toujours qu'il faut avoir un job pour en trouver un, de cette première expérience-là, j'ai eu la chance de rencontrer, et ça, ça a été, je pense, la chance d'une vie, de rencontrer la première ministre femme du Qatar, Dr Essa Al-Jaber, qui était ministre en charge des télécoms et des nouvelles technologies, et qui avait comme mandat... de remettre en place tout le système législatif au niveau e-commerce, télécom, postal et cyber du pays. Et cette ministre était fan de l'ANSI en France, donc l'Agence Nationale de Sécurité et de Système d'Information, et elle était fan du système de sécurité mis en place par la France. Il faut savoir qu'au Qatar, la famille royale et les tribus autour sont... francophiles, voire francophones. On a une relation historique qui date de 50 ans avec le Qatar. Et donc, les personnes de la famille royale, les membres de la famille royale sont très attachés à la France, à son histoire et aussi à sa culture. Donc, j'ai réussi à intégrer le cabinet ministériel de cette ministre pour l'épauler dans tout ce refond du système législatif. Et là... C'était la rampe de lancement pour moi parce qu'entre-temps, mon mari, son entreprise lui a demandé de rentrer en France. Et donc là, j'ai dit non, mon coco, ça ne va pas se passer comme ça. Moi, je venais juste de finir de ramer, d'avoir vraiment saigné corps et âme pour trouver une activité qui correspondait vraiment à mon ambition. Donc, il était hors de question qu'on reparte. Et donc, je crois que le jour où il a démissionné ou rompu son contrat, c'était le jour où je signais avec ce nouveau projet. Et donc, j'ai travaillé pendant plus de quatre ans, presque cinq ans, auprès de cette ministre-là, qui entre-temps avait été remplacée par un autre ministre. Homme, cette fois-ci, en fusionnant les transports et les communications, finalement, ils m'ont gardée, parce que le deuxième ministre était aussi francophone. Et il avait même fait ses classes à l'armée, je crois, à côté de Saint-Provence en pilote de Mirage. Et donc, il m'a gardée et j'ai continué à travailler encore deux ans auprès d'eux, en charge de tout ce qui était contrat physique. Pour ceux qui ne connaissent pas, ce sont des contrats de construction. Au Qatar, tout le monde le sait, c'est un pays qui est en perpétuelle rénovation, construction. Donc, il y avait beaucoup à faire. Et donc là, j'ai connu des années vraiment extraordinaires. Je crois que là, c'était une ascension incroyable, tant au niveau professionnel, parce que j'ai tendance à dire que j'avais atteint financièrement. professionnellement en termes de management, de responsabilité et tout simplement de titre, de promotion, ce que j'aurais peut-être éventuellement acquis en fin de carrière, en me battant encore en France avec multiples burn-out et je ne sais pas si j'aurais atteint ça aussi en étant mère. Donc, à 30 ans, 35 ans, je me retrouvais vraiment avec un salaire incroyablement incroyablement... haut, mais il faut dire qu'au Qatar, la vie est chère, et des responsabilités que je n'aurais jamais eues ailleurs, et un équilibre de vie plus que parfait, parce qu'il faut savoir qu'au Qatar, on est souvent aidé par du personnel, et on avait la chance d'avoir une nounou à la maison, à temps plein, qui s'occupait des enfants, qui s'occupait de la maison, et qui me permettait, moi, quand je rentrais de ma journée de travail, de profiter tout simplement. juste, des bons côtés de la maternité, on va dire. Et même de pouvoir repartir en soirée si j'avais des rendez-vous le soir, l'esprit tranquille en sachant que mes enfants étaient aussi bien encadrés et soutenus par quelqu'un à la maison, en plus de mon conjoint. C'est un peu le paradoxe du Qatar et des pays du Moyen-Orient, c'est que dans l'esprit des gens, on baigne dans une culture traditionnaliste. Ça, c'est une réalité où les droits de la femme sont limités. De mon côté, j'ai travaillé avec beaucoup de femmes qatariennes au plus haut niveau. Certes, celles au plus haut niveau choisissaient souvent de ne pas avoir de mari. pour pouvoir garder une certaine autonomie et une liberté d'action. Mais je n'ai jamais été aussi bien traitée en termes d'expertise professionnelle ailleurs qu'au Qatar. Donc, en tant que femme, blanche, catholique, experte dans un domaine qu'ils recherchaient, j'ai été entièrement respectée et finalement payée et responsabilisée pour ça. Donc pour moi, c'est un énorme paradoxe par rapport à la France, pays des droits de l'homme, de la démocratie, où je me rends compte, et encore aujourd'hui, à quel point le système est tourné très masculin et où les promotions des femmes restent encore très, très limitées au bord des conseils d'administration, tout simplement. Pourquoi ? Pas parce qu'elle manque de volonté, mais parce que le système autour n'est pas aussi... protecteur, structurant que ce qu'il a pu être pour moi dans le cas très spécifique du Qatar, encore une fois. Et ça n'engage que moi. Mais j'ai vraiment vécu cette liberté d'entreprendre professionnellement grâce à cet équilibre et bien sûr au staff et au système logistique qu'il y avait aussi à la maison qui me permettait de vivre toutes mes identités de femme.

  • #1

    Alors moi je bois tes paroles, je suis en mode, là personne me voit, mais je suis captivée par ce que tu racontes. Et j'ai envie de te demander la suite.

  • #2

    Alors, la suite. Alors, il y a eu un moment, et c'est en comment on dit cette expression qui dit on donne du caviar au cochon. Il y a eu une période où je me suis retrouvée dans... Entre-temps, j'ai eu un deuxième enfant. Alors, il faut savoir qu'au Qatar, tout n'est pas rose. Par exemple, le congé maternité se limite à deux mois. et il n'y a pas de pré-congé maternité. Donc, j'ai travaillé jusqu'au dernier jour de ma grossesse. J'ai même accouché 24 heures après mon entrée à la maternité, ce qui a compté comme un jour de vacances, parce que ce n'était pas considéré comme un jour de maternité. Donc, il faut mettre les choses dans son contexte aussi. Et j'ai eu que deux mois de congé maternité. Donc, j'ai accouché le 4 octobre. Le 4 décembre, j'étais de nouveau au travail à pomper mon lait dans les toilettes. Donc, j'ai eu beaucoup de mal à me remettre de cette grossesse parce que j'étais très contente de reprendre mon travail. J'étais passionnée. Mais mon enfant n'a pas dormi pendant trois ans. Ce qui a beaucoup atteint mon équilibre personnel, mon couple aussi, et le temps que je pouvais passer avec mon aîné. Et je pense que ça, ça a aussi conduit à un essoufflement. et en même temps, dans cet essoufflement-là, cette perte un petit peu de sens, je n'arrivais pas à bouger, parce que j'étais trop bien payée et trop confortablement installée dans ce que j'avais construit. Et à ce moment-là, j'ai une amie au Qatar qui m'a dit Pourquoi tu ne te ferais pas coacher ? C'est intéressant, ça te permettra peut-être de bouger, de réfléchir un peu et de mettre un peu de clarté dans ce brouillage que tu as mental. et moi, j'étais née dans le guidon à bosser, à mettre mon argent de côté, à assurer, à payer les meilleures écoles pour mes enfants. Donc, j'ai dit non, je n'ai pas d'argent à dépenser pour ça, pas d'argent à dépenser pour moi. Oh non, grand Dieu, je n'en ai pas besoin. Et elle me dit, c'est une coach qui est en formation. Donc franchement, elle prend une somme vraiment minime. Elle cherche juste à engranger des heures. Donc, j'ai dit, je ne peux pas refuser. et j'ai eu la chance de me faire coacher par cette jeune nouvellement certifiée coach et au bout de 5 séances, je lui dis merci, franchement c'était super j'ai mis les choses au clair, au top et voilà, je te paye ce que je te dois et à bientôt au revoir et bonne continuation 3 mois plus tard, tout, littéralement tout ce que j'avais ambitionné, mis en place dans mon coaching, arrivait sur un plateau d'argent. Je souhaitais investir dans un petit lieu, un havre de paix à Montpellier pour quand je rentre, que je puisse me reconnecter à mes racines. Pof, j'ai eu une offre, quelque chose vraiment où je ne pouvais pas refuser à un prix vraiment ridicule. je voulais me reconnecter avec mon mari. Je suis très attachée à l'Inde et à toute l'histoire indienne. Un ami qui a installé une maison là-bas me propose de venir tester ses retraites de yoga et de méditation. Donc, pof, on y va. Et puis, enfin, je tournais en rond dans mon job. Je n'arrivais pas à mettre un petit coup de pied aux fesses de peur, de tout déséquilibrer. et puis là une offre m'arrive de Beansport qui est une boîte catharienne aussi on a des studios en France mais une boîte qui cherchait quelqu'un justement spécialisé dans le contrat et la sécurité, l'anti-piratage pour toutes les problématiques qu'ils avaient d'anti-piratage, donc je l'ai rappelé en lui disant je te le dis merci, mais en fait je dois juste te dire que ce que tu as fait avec moi est tout simplement magique et donc j'étais vraiment subjuguée par cet alignement des planètes comme si j'avais travaillé pendant, juste différé pendant quelques mois ce travail que nous avions fourni ensemble et là tout arrivait, simplement sans forcer, sans chercher et je me suis dit Oriane, ce que tu viens de vivre c'est assez exceptionnel dans ta vie dans ta carrière ce qu'elle a fait avec toi Tu ne peux pas passer à côté. Ça a réveillé en moi quelque chose de l'ordre de j'ai quelque chose à transmettre, ce qu'elle a fait avec moi, c'est quelque chose que je veux pouvoir faire avec les autres. Et donc, je me suis dit, je commence un nouveau job, je vais aussi commencer une nouvelle formation. Et donc, j'ai commencé, en parallèle de cette nouvelle prise de poste, à me former pour devenir coach professionnel et être magicienne. Vraiment, c'est cette sensation que j'avais eue avec elle, pouvoir transmettre cette magie-là et pouvoir porter d'autres femmes dans ces transitions-là. Pendant deux ans et demi, j'ai travaillé comme senior counsel auprès de BeinSport. Et puis est arrivé le Covid qui a bouleversé la vie de beaucoup de personnes. Et je pensais que j'allais passer, on va dire, sous le radar. Et finalement, je me suis pris le radar en plein fouet différemment. C'est-à-dire qu'à l'époque au Qatar, vraiment, on licenciait à tour de bras, partout. Dans mon compound, qui était ma résidence, je voyais vraiment les camions passer de déménagement. C'était assez traumatique pour les gens. Ceux qui avaient l'habitude de beaucoup voyager, comme c'était mon cas, se retrouvaient un petit peu enfermés. Ça a été le cas de tout le monde. Mais en tant que Montpellierienne sudiste, je ne supportais pas. Personnellement, de ne plus avoir cette liberté de retourner voir ma famille, ça me crée des angoisses très fortes. Et puis, je me suis retrouvée assez seule dans mon département. Il y a eu beaucoup de départs, donc beaucoup plus de travail. Des enfants qui se retrouvent à la maison où il faut suivre l'école. Et peu de télétravail pour moi parce que j'étais dans un... dans un système et sur des dossiers assez confidentiels et spécifiques. Donc, je faisais partie du pourcentage des entreprises qui devaient toujours rester présentes physiquement et encore plus qu'avant. Et donc, ça commençait à monter là. Et on touchait un petit peu à mes libertés, aux principes de liberté. Mon état de fatigue était en train de croître. Je perdais un peu le sens de tout ce que je faisais. et les seuls moments d'ailleurs c'est une question que j'invite tous les auditeurs à se poser c'était une question qui m'a un peu envoyé un électrochoc c'est dans ta journée c'est quoi le moment que tu kiffes le plus et le premier qui venait c'était quand tu retournes dans ton lit le soir et le deuxième c'était les jours où tu coaches

  • #0

    parce que du coup, j'étais devenue coach entre temps et je coachais gratuitement tous ceux qui voulaient bien se faire coacher, du petit Bob, des amis, je coachais à tout va. Et les moments où je vivais vraiment un état un peu de flot, c'était ces moments où je coachais. Et là, je me suis dit, mais merde, Riane, tu ne vas pas rester comme ça longtemps. Tu es en train d'étouffer. J'avais cette sensation d'être la grenouille où on commence à bouillir l'eau. Et puis, elle reste, c'est inconfortable, mais elle reste, elle reste. et en fait comme ça n'a pas été bouillie tout de suite elle ne sort pas en fait de la marmite mais j'avais vraiment cette sensation de me noyer et puis il y a eu un coup de grâce un été j'ai décidé de rentrer avec mes enfants et mon mari en France et c'était à mes risques et périls. Et entre-temps, le pays a changé ses lois, et le retour au Qatar devenait plus difficile. Il fallait mettre en place tout un protocole d'autorisation, et c'est long story short, comme on dit. Je suis rentrée au Qatar, sauf que mon mari et mes enfants sont restés coincés en France. On n'avait pas le même sponsor, donc c'était beaucoup plus compliqué pour eux de rentrer. Et je me suis retrouvée au Qatar, seule, dans ma grande maison. avec mon job qui ne me nourrissait plus, avec ce sentiment d'étouffement. Et là, je me suis dit... tu es en train d'aller lentement vers une certaine folie ou dépression, mais ça ne peut pas continuer comme ça. Même ma raison de vivre, en fait, était loin de moi. Et même si j'avais espoir qu'il rentrerait, et ça a mis deux mois pour qu'il rentre, c'était trop pour moi. C'était la cerise sur le gâteau. Donc, un soir, j'ai écrit ma lettre de démission, j'ai envoyé une photo à mon conjoint par WhatsApp, qui n'a pas beaucoup apprécié, et le lendemain, je déposais ma démission sans plan. sans visibilité future, mais en me disant tu as là sauvé ta peau et tu as voulu suivre tes principes. Tu sais que ça ne tourne plus rond, ça ne fait plus sens et il faut que tu te protèges toi parce que si toi et ton système ne fonctionnent pas, personne dans la famille ne fonctionnera. Donc sauve-toi et puis ensuite, on mettra le masque à oxygène aux autres. Et donc, les enfants et le mari sont rentrés. Il y avait trois mois de préavis, donc on n'est partis qu'en janvier. C'était en septembre que je démissionnais, mais on a pris ces trois derniers mois pour profiter, pour dire au revoir, pour tourner cette magnifique page au Qatar et rentrer. ensemble en France pour écrire une nouvelle histoire dans le Sud, toujours, proche des racines. Et c'est comme ça qu'on s'est retrouvés.

  • #1

    C'est comme ça qu'on s'est retrouvés, tout à fait. Alors, avant de plonger dans la nouvelle page, moi, je suis devant un film Netflix, en fait. Carrément, mais... T'as un don pour raconter les histoires, Auréane, c'est incroyable. Donc, je vais essayer de ne pas perdre le fil de l'interview. Si on revient sur ces phases d'expatriation, il y a des personnes qui veulent tenter l'aventure, c'est un projet certainement qu'elles ont en tête. Quels sont les conseils que tu donnerais aux femmes qui ont des responsabilités pour préparer leur expatriation pour que ça se passe au mieux. Donc là, je fais un petit retour en arrière, on rembobine la cassette, la petite VHS là, on revient un petit peu au début quand t'es parti au Qatar ou même dans d'autres pays que t'as pu faire. Quels sont les conseils que tu donnerais pour que l'expatriation se passe au mieux et qu'elle ne vive peut-être pas comme toi tu as vécu les premiers mois en mode c'est un enfer ? Enfin, c'est clairement les mots que tu as utilisés au tout début de ta vie là-bas.

  • #0

    Alors, je pense qu'il faut déjà se dire que ça va être compliqué et difficile, parce que c'est une réalité, on ne va pas se mentir. On a beau être très bien préparé, c'est difficile. C'est un changement total pour tous les membres de la famille. Et chaque membre de la famille le vit différemment, selon son âge, son histoire et sa capacité d'adaptabilité et de résilience. Donc, quand on part en famille, déjà, je pense que pour bien se préparer, Il faut que ce soit un choix voulu et accepté par tous les membres de la famille et que chacun en prenne conscience de ce choix-là, de l'avantage et aussi des responsabilités, des inconvénients qui vont peser sur ce choix-là. C'est une aventure. En général, elle se vit à plusieurs et donc forcément, on monte tous dans le même bateau, mais tout le monde ne va pas réagir de la même façon au mal de mer. Donc, une bonne préparation, ça c'est évident. Des discussions longues, structurées. avec ces enfants pour leur permettre d'appréhender, de comprendre où ils vont aller, éventuellement faire un repérage avec eux avant. Selon leur âge, ça peut être aussi important. Se connecter rapidement avec des personnes sur place, c'est l'avantage de l'expatriation, c'est que les réseaux d'expatriés sont très performants. Et donc, on trouve très vite un Doha Accueil, un Lisbonne Accueil, une association d'accueil qui permet à chaque personne, conjoint, expatrié, de s'intégrer facilement. d'aider aussi pour tout ce qui est administratif, parce qu'il y a cette partie-là qui est non négligeable. Et puis, je dirais prendre le temps. Moi, j'ai été très rapidement dans cette volonté de trouver un poste et je n'ai pas pris le temps. Or, les six premiers mois, surtout quand on est le conjoint suiveur, sont nécessaires pour intégrer tout le monde. Parce que celui qui va travailler, forcément lui aussi, son nouveau système n'est pas facile à appréhender, à absorber. Mais pour les enfants, c'est un choc, selon le pays qu'on a choisi, c'est un choc parfois très, très difficile. Et plus les enfants sont grands, plus je pense que c'est difficile. D'ailleurs, quand on voyage et qu'on s'exprime avec des petits, c'est beaucoup plus crème que quand c'est des ados qu'on doit déraciner. Donc ça, c'est la première chose. Bien préparer son départ par des discussions, prendre attache sur place avec des associations d'accueil et prendre le temps de cette intégration pour tout le monde, que chacun connaisse en fait son rôle, son nouveau rôle. Et chacun ait le temps d'intégrer et d'absorber ce choc. Parce que c'est un choc. Franchement, c'est un choc traumatique. Et d'ailleurs, le retour est un choc aussi traumatique que l'aller. C'est un aller-retour.

  • #1

    Oui, c'est ce que j'allais dire par rapport à des proches que j'ai qui sont rentrés d'une vie aux États-Unis pour revenir en France. Oui, c'est un choc d'y aller, mais le choc retour est aussi compliqué pour les enfants comme pour les adultes.

  • #0

    C'est une nouvelle expatriation. Le retour est une nouvelle expatriation.

  • #1

    Tu retrouves un pays que tu as quitté X années avant et qui a forcément changé et évolué depuis. dans plein d'aspects positifs comme dans plein d'aspects négatifs. Et effectivement, ça ne se fait pas les deux doigts dans le nez. Non, non. Comme tu dis, c'est une vraie ré-expatriation, le fait de revenir dans son pays d'origine quelques années après. Complètement.

  • #0

    C'est exactement ça. Tu disais, le pays a changé. En revanche, notre regard aussi a changé. Notre identité a évolué. Moi, ça a été aussi une découverte, c'est de relire ma région natale, de la revoir sous un angle totalement différent. Et ce nouvel angle, c'est un peu le petit cadeau de chaque expatrié, c'est pouvoir voir le monde sous plusieurs dimensions. et savoir que la dimension de vie dans laquelle on est aujourd'hui, en fait, elle peut demain changer, si on le souhaite. C'est un avantage parce que ça nous donne une ouverture d'esprit incroyable et une possibilité de choix de vie infinie. Et en même temps, c'est un inconvénient, parce que quand on a goûté à autre chose, il y a ce sentiment de never satisfied, d'être jamais satisfait totalement, finalement, de ce qu'on a. Et ça, c'est un travail introspectif que je partage, mais qui est une réalité. C'est se réintégrer, c'est aussi choisir, donc renoncer à toutes les autres opportunités et possibilités.

  • #1

    Est-ce que tu as un autre conseil à partager pour celles qui souhaitent s'expatrier ?

  • #0

    Je crois qu'on a fait le tour des conseils. En plus, je ne suis pas la meilleure placée, je pense, parce que je pense qu'il y a des expatriations qui se passent différemment. Je crois que c'est très, très personnel, parce qu'on dit souvent que c'est la femme qui suit le conjoint expatrié. Donc, cette femme-là va avoir un âge particulier, des attentes particulières. Moi, j'étais jeune et je sortais de mon doctorat. J'avais déjà plusieurs années d'expérience professionnelle. Je voulais travailler. Mais il y a certaines femmes qui vont s'expatrier à 40 ans et qui vont utiliser l'excuse de l'expatriation pour prendre un temps de pause et prendre le temps aussi avec ses enfants et donc vont accepter là de jouer le rôle de mère au foyer pendant certaines années. Certaines vont s'expatrier juste trois ans parce que c'est l'entreprise qui envoie le mari ou elle-même pendant trois ans. Donc, elles savent déjà qu'elles vont revenir au même endroit. Et donc, ce n'est pas la même histoire. Moi, j'étais en contrat local, donc c'est un peu cow-boy. Je pouvais y passer ma vie là-bas. Il y a des gens qui sont depuis 20 ans, 25 ans, qui ne rentreront jamais en France, ou peut-être que pour la retraite. Donc, tout dépend aussi de son statut et de ce que chaque membre du couple et de la famille en attend. Donc, bonne préparation des enfants. Il y a des avantages incroyables à envoyer ses enfants dans des structures internationales. C'est l'anglais, l'ouverture vers d'autres systèmes éducatifs que celui français. On voit la différence et on voit ce qu'on peut offrir aussi comme chance d'éducation pour ses enfants. Savoir combien de temps ça dure ou pas, c'est aussi un enjeu. Quel impact ça va avoir sur sa carrière, si on en a une. Que ce soit un choix conscient et familial. pour que ce soit le mieux vécu possible, le moins pire possible.

  • #1

    Pendant toutes ces années où tu as été expatriée, donc loin de la France, loin de notre chère ville de Montpellier, non j'exagère, je plaisante, mais qu'est-ce que ça t'a appris sur toi que tu ne savais pas ? Est-ce que ça t'a permis de découvrir une nouvelle Auréane, de découvrir certaines choses sur ta personnalité, ta vision des choses, ton caractère, que tu ne savais pas ?

  • #0

    Alors, ça a permis de confirmer que j'étais quelqu'un d'extrêmement adaptable, de résilient et que je ne lâchais pas l'os. Parce qu'on est passé sur comment j'ai trouvé mes jobs, mais j'ai dû vraiment me battre, vraiment bec et ongles. Je me suis dit, waouh, quelle capacité de... Voilà, tu ne vas pas lâcher et tu vas trouver. et tu vas y aller et ça va être difficile mais c'est ta détermination, c'est ce que tu veux. Donc, j'ai confirmé que j'étais quand même très tenace.

  • #1

    Alors ça, moi, personnellement, je le savais déjà. Oui,

  • #0

    je le savais déjà. Mais là, j'ai un peu confirmé. Enfin, ça allait pousser mes limites, je pense. Ça allait vraiment pousser mes limites. Ça a confirmé aussi que j'étais quelqu'un d'extrêmement sociable. J'avais une de mes chefs qui n'arrêtait pas de me dire Stop socializing, Oriane Stop socializing parce qu'elle me voyait toujours en communication, à échanger avec les autres, et elle voulait que je reste derrière mon écran à faire les contrats. Or, moi, ce que j'appréciais le plus, c'était les pauses à la machine à café et à discuter et à voir comment je pouvais aider certains collaborateurs dans leur mission. Ce que j'ai profondément... découvert, pas forcément sur moi, mais sur le système dans lequel j'évolue en France, c'est cette... Et j'espère que ça va faire écho chez tes auditrices et auditeurs. C'est ce sentiment, en France, d'avoir été en perpétuel surchauffe pour toutes les missions qu'on me demandait, mais en fait, totalement en sous-régime sur mes compétences. C'est ce sentiment de devoir jouer petit et d'être épuisée à jouer petit en France, dans ma case, dans mon petit contrat, avec mon petit salaire, sans promotion, sans évolution, avec du management parfois pas forcément bienveillant. Et donc avoir ce sentiment d'être en surchauffe totale parce que devoir être dans la suradaptabilité pour fit in. pour rentrer dans la case et en fait faire une croix, le deuil, sur son énorme potentiel, sur son énorme capacité en fait. et le Qatar, c'était l'inverse. C'était, ah, tu es docteur, ah, tu as tant d'années en cyber, ah, tu as travaillé pour l'armée. En fait, voilà le champ des possibles. Voilà ce qu'on t'ouvre. Voilà le salaire qu'on te donne. Voilà les responsabilités. Vas-y, t'as faim ? Prends, mange, vas-y. Casse-toi la tête sur tout ça. Refonds du système, les échecs natifs du pays ? Mais vas-y, ma grande, prends tout ça. Allez, bouffe tout ça. Et là, je me suis dit Wow ! On me donne le titre, on me donne le fric, on me donne la responsabilité, et j'ai plus qu'à... déployer ce potentiel, en fait. Je n'ai plus qu'à aller explorer, en fait. Et il n'y a plus cette histoire de petite case. Tu es ça à cet âge-là. Tu es juriste, tu gagnes ça et tu ne sors pas de ça. Mais c'est, tu veux monter une équipe ? Prends une équipe. Tu veux aller chercher les meilleurs cabinets d'avocats pour t'aider ? Prends ces cabinets d'avocats. Tu veux 15 personnes ? Prends ces 15 personnes. Tu as besoin de partir en France, là et là, pour aller chercher le système qu'il faut ? Mais vas-y. on t'attend juste sur l'objectif. Mais waouh, waouh ! Et c'est ça en fait que maintenant j'essaie de faire naître chez les femmes que j'accompagne. C'est, ok, on sort de cette surchauffe-là. on se repose, on fait un step back, et on regarde de quoi tu es capable, de quoi tu as envie de te nourrir, c'est quoi qui t'alimente, c'est quoi qui te donne vraiment cette foi en toi, cette flamme, et on va chercher ça, merde ! Pourquoi rester dans cette petite case ? Ce n'est pas normal, et tu n'es pas obligé d'y rester. Si ça ne te convient pas, si ça ne répond pas à ton ambition, à tes intentes et tout simplement juste à ta joie de vivre. Ça n'a rien à voir avec la prétention. Ça n'a rien à voir avec l'égoïsme. Ça n'a rien à voir avec elle est dans l'ongle, elle est carriériste Non, ça a à voir à comment tous les jours tu vis et tu te connectes à ce qui fait que tu as cette flamme et ce potentiel. et ne pas laisser ce potentiel et cette flamme diminuer juste parce qu'il faut payer son loyer, avoir son petit job et répondre à l'injonction sociétale qu'on a fixée un peu pour nous ou de notre histoire familiale. C'est peut-être un peu violent ce que je dis, mais je suis désolée, ça sort un peu du cœur.

  • #1

    Ça s'est vu et tu as vu, je ne t'ai pas interrompu. En plus, à un moment donné, j'allais te dire et du coup, comment ça se traduit aujourd'hui dans ton activité ? Mais en fait, tu as fait la liaison, tu as même anticipé ma question puisque... Je pense que t'es tellement animée par ta mission que ça a été une telle révélation pour toi que tu as à cœur de transmettre ça aujourd'hui aux femmes que tu accompagnes. Et je pense que ça t'a tellement marquée. que, ben voilà, tu vois, t'as déroulé tout ça devant nous, alors dans nos oreilles, du coup, avec conviction. Et non, c'est pas dur, c'est la réalité. C'est que la société... Alors, on va pas taper que sur la France. Je pense qu'il y a plein d'autres pays aussi où ça se passe comme ça. Oui, effectivement, comme tu dis, on a encore un long chemin pour nous autoriser à jouer grand. et à prendre notre place comme on la mérite. Moi aussi, c'est un peu une mission que j'ai, c'est que les femmes osent prendre leur place dans leur rôle de manager, dans leur métier, parce qu'on a besoin de nous, on a besoin d'elles pour transformer le monde qu'on a, transformer les entreprises. Le monde a besoin de notre impact, en fait. Et effectivement, il y a des gens qui tentent de nous limiter là-dedans, et ce n'est pas une fatalité. on a les ressources en nous pour y arriver et pour oser prendre notre place et je pense que tu l'as très bien transmis donc non c'est pas dur, c'est pas violent ce que t'as dit c'est la réalité et tu l'as juste porté avec ta mission et ta conviction comme il faut et je pense qu'il y a plein de personnes qui sont d'accord avec toi et qui se sont reconnues dans le message que t'as donné dans ton histoire donc Donc, non, non, au contraire. Exprime-toi, c'est là pour ça.

  • #0

    Et merci de me donner cet espace pour le faire.

  • #1

    Tu l'as exprimé avec tes mots et avec ton impact. Donc, au contraire, moi, j'adore. Je pense que tu devrais te lancer dans la politique, peut-être, à terme.

  • #0

    Prochaine étape, la politique. Non, mais c'est un vrai sujet parce que beaucoup de femmes que j'accompagne, qu'elles soient toutes jeunes dans la maternité ou qu'au contraire, elles atteignent les 50 ans et qu'elles soient aussi dans des transitions, nos identités, notre identité de femme évolue au fil du temps. C'est chimique, c'est hormonal et c'est aussi lié à notre carrière, à nos fluctuations. et donc il faut arriver à trouver ce tempo-là pour faire évoluer sa carrière au regard de ces nouvelles identités que nous avons ou que nous souhaitons porter. Et donc ça, c'est difficile à faire. Ce n'est pas quelque chose de toujours évident. Et c'est encore moins évident quand on est sous le coup de la fatigue, quand on s'est aussi beaucoup battu pour arriver là où on en est. On n'a pas envie de jeter l'éponge et changer de cap comme ça, envers et contre tout, non. On veut capitaliser sur ce qu'on a réussi pour pouvoir encore progresser. Et donc tout ça, c'est un jeu subtil. Et pour pouvoir le maîtriser et avancer plus sereinement que ce que j'ai fait quand j'ai claqué la porte du Qatar, c'est d'avoir le courage de prendre un peu de recul, de prendre le temps de se reposer. C'est très basique, mais d'abord, on se repose. avant de se reconnecter à ce dont on a réellement besoin et envie. Et s'autoriser à avoir besoin et envie. Parce qu'on a quelque chose en nous, mais on referme le clapet très rapidement parce qu'il y a les enfants, il y a le mari, il y a les traites à payer. Et puis, je suis quand même déjà bien contente dans ce milieu en pleine crise d'avoir mon salaire, ma voiture et mon job. Et ce n'est pas si mal. Ce n'est pas si mal. donc ça demande du courage un peu de temps pour travailler ça moi je travaille que sur 6 mois minimum sur 6 mois avec mes clientes pour vraiment vivre une transformation et leur permettre d'endosser cette nouvelle identité entièrement sur tous leurs prismes familiaux sociétaux,

  • #1

    amicaux et professionnels mais écoute je crois que ça fera une excellente conclusion Surtout que je veux qu'on finisse sur ça pour faire le lien. Où est-ce qu'on peut te retrouver ? Puisque je pense qu'il y a beaucoup de femmes qui ont dû se reconnaître dans tout ce que tu as partagé aujourd'hui. Je suis ravie de tout ce que tu as partagé aujourd'hui. Vraiment, tu as un parcours exceptionnel. Et on voit que c'est vraiment une mission qui te porte au plus profond de toi. Du coup, je pense qu'il y a beaucoup de personnes chez qui ça a résonné. Donc, où est-ce qu'on peut te suivre ? Où est-ce qu'on peut te échanger avec toi ? Peut-être qu'il y a des personnes qui sont d'accord ou pas d'accord avec ce que tu as partagé aussi. Où est-ce qu'on peut te retrouver sur les réseaux ?

  • #0

    Alors, je suis très active sur LinkedIn. Donc, en tapant Dr. D.R. Oriane Gignes, G-I-N-I-E-S, vous me trouvez et vous pouvez m'envoyer, bien sûr, un message directement sur mes posts ou en privé. Et j'ai un site Internet, bien sûr, coachoriginesenseux.com. Origines pour Oriane Gignes, mais aussi pour se connecter à ses origines. coachorigin.com je suis également aussi sur Instagram un peu moins active que sur LinkedIn mais voilà principalement mon site internet et

  • #1

    LinkedIn. Il y aura de toute façon toutes les infos sur la description de cet épisode directement les liens vous avez juste à cliquer dessus, les liens sont directement dedans. Merci beaucoup Auriane pour tout ce que tu as partagé c'était passionnant, vraiment et j'espère que ça a résonné chez beaucoup de personnes et à toutes les auditrices et bien tout simplement on se retrouve ensemble la semaine prochaine pour un nouvel épisode en solo cette fois-ci merci à toutes pour votre écoute merci Elodie à bientôt je te remercie d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout si tu l'as apprécié je t'invite à t'abonner sur ta plateforme préférée et à me laisser un commentaire 5 étoiles on se retrouve au prochain épisode pour parler management et leadership

Chapters

  • Introduction

    00:37

  • Le parcours pro d'Oriane

    01:13

  • De l'armée à la cybersécurité

    07:48

  • S'expatrier au Qatar

    12:56

  • Le paradoxe de la place de la femme aux EAU

    20:50

  • L’impact du coaching

    23:11

  • Pourquoi devenir Coach ?

    26:51

  • Le retour en France

    28:03

  • Comment réussir son expatriation ?

    32:52

  • La place des femmes dans le monde pro. en France

    40:59

  • Conclusion

    48:24

Description

🎁 Profite de mon offre exceptionnelle sur mes formations : https://smileatjob.fr/formations


Oriane fait partie des femmes les plus inspirantes que je connaisse.


Son expérience dans la Cybersécurité, son choix d’intégrer l’Armée, son expatriation au Qatar, son retour en France et ses nouvelles aventures entrepreneuriales.

Des histoires comme on en voit peu 😇


Et comme je sais que tu apprécies ce type de parcours inspirants, j’ai décidé de l’inviter sur le podcast !


Dans cet épisode, Oriane nous raconte son parcours, ses expériences, sa vision de la place de la femme dans le monde du travail et bien d'autres sujets...



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🦋 Je suis Elodie, coach et formatrice en management et leadership : j'aide les managers débordées à devenir des leaders inspirantes et organisées avec mes conseils issus de 14 ans de management et ma bonne humeur


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Transcription

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    Bienvenue sur Feedback, le podcast autour du management et du leadership. Je suis Élodie, manager depuis 14 ans, et ma mission, c'est d'aider les salariés et entrepreneurs à prendre confiance en elles pour manager sereinement leur équipe. Alors si toi aussi tu es convaincu qu'on peut avoir un management bienveillant et un leadership affirmé sans écraser les autres, abonne-toi ! Tu trouveras ici tous mes conseils et retours d'expérience pour t'aider à devenir une des leaders de demain. Je te souhaite une agréable écoute. Hello à toi, et on se retrouve aujourd'hui pour une interview exceptionnelle. Franchement, je suis tellement contente de te proposer cet échange que j'ai eu avec Oriane, car Oriane a eu un parcours incroyable, il n'y a pas d'autre mot, et elle le raconte tellement bien. Oriane, en fait, c'est une amie d'enfance, on a fait le collège et le lycée ensemble, puis on s'est perdu du, pendant à peu près 20 ans, et on s'est retrouvés il y a un ou deux ans. les hasards de Facebook et d'Instagram. Et je tenais vraiment à l'inviter ici dans le podcast pour parler de son parcours, parce que Oriane, elle a une base juridique, elle est à la base juriste. Elle s'est retrouvée à travailler dans l'armée, dans la cybersécurité, pour au final finir par travailler pour BeinSport, qui est une chaîne de télévision. Elle s'est expatriée 8 ans au Qatar. Et du coup, je voulais qu'elle nous parle un petit peu de son parcours. Je sais que c'est très inspirant pour toi qui m'écoutes chaque semaine d'avoir ce genre de partage sur le podcast, ce genre de témoignages. Je lui ai donc posé quelques questions sur l'expatriation. Qu'est-ce que ça lui a amené ? Quelles leçons elle en tire ? Quels conseils aussi elle donne aux personnes qui veulent s'expatrier ? Et on a conclu par sa vision du rôle de la femme dans le monde professionnel. et vraiment le discours d'Oriane est ultra impactant, ultra inspirant et j'espère vraiment que ça va te donner un coup de boost un coup d'inspiration pour ton quotidien de manager car vraiment, moi j'ai adoré enregistrer cette interview avec elle j'ai bu toutes ses paroles et j'espère que ça va être pareil pour toi je te souhaite une très bonne écoute Bonjour Oriane, je suis ravie de t'accueillir aujourd'hui au micro de Feedback pour nous partager ton parcours qui est somme toute exceptionnelle. Je n'ai pas envie de spoiler la suite, mais c'est quand même un parcours assez incroyable que tu as eu dans ta carrière. Je voulais t'inviter aujourd'hui pour nous parler notamment d'expatriation, parce que ça a été une grande partie de ta vie. Et je voulais aussi t'inviter parce qu'on se connaît depuis l'enfance quand même. On a été au collège et au lycée ensemble et on s'est retrouvés après 20 ans d'absence, enfin de non-connexion comme par hasard, limite sur Facebook ou Instagram, donc c'était assez drôle. Et je vais te laisser peut-être te présenter au début avant de rentrer un petit peu plus dans le détail dans ton parcours professionnel et l'évolution de ta carrière, notamment via l'expatriation.

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    Merci Elodie pour ton invitation. C'est vrai qu'on a une belle histoire de jeunesse ensemble et je suis très heureuse d'intervenir dans le cadre de ton podcast Feedback. Merci pour cette invitation. Tu me connais bien quand même de mon enfance, tu sais que je suis une grande bavarde et donc je suis aussi très heureuse de partager mon expérience, d'apporter un peu ma touche à ton podcast. Donc c'est un vrai honneur. Et puis pour répondre... Tout simplement à ta question, je suis Montpellier-Reyne, d'origine comme toi, je suis maman de deux enfants et j'ai été pendant les 15 dernières années juriste, spécialisée plutôt sur les problématiques de droit international. de cybersécurité et d'antipiratage. J'ai travaillé dans l'armée en France et aussi à l'étranger. Et puis, j'ai effectué un virage 360 il y a à peu près 4-5 ans pour devenir coach professionnel, expert et consultante en transition de carrière, principalement pour les femmes, les professionnelles qui cherchent aussi à écrire une nouvelle page de leur vie professionnelle. Et je suis maintenant basée de nouveau à Montpellier, notre ville natale.

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    C'est ça. Et effectivement, tu as bougé un petit peu partout. Et je sais que ce sujet, l'expatriation, était quelque chose qui te tenait à cœur pendant longtemps. Tu en as pas mal parlé sur les réseaux. Ma première question, alors moi j'ai un bout de ton histoire par rapport à ça, mais j'aimerais quand même que tu la partages. Qu'est-ce qui t'a poussé dans cette voie du droit, déjà ? parce que c'est pas juste du droit, c'est droit international, cybersécurité, dans l'armée plus spécifiquement. Et qu'est-ce qui t'a poussé aussi dans ce chemin-là à t'expatrier ?

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    Alors, tu aurais pu répondre pourquoi j'ai choisi le droit à ma place, puisque tu sais très bien que j'étais une catastrophe dans mon bac scientifique. Tu as d'ailleurs beaucoup contribué à m'aider et à essayer bon an mal an d'arriver à mon bac sans trop de casse. Donc effectivement, quand j'ai terminé mon bac S, un peu imposé par ma famille, parce que mes parents sont des grands scientifiques. et que moi je n'avais absolument pas cette bosse des maths, je n'avais pas beaucoup de choix après un bac aussi terrible que de prendre des études plutôt dans le monde des sciences sociales, des sciences humaines. Et pour moi, la faculté de droit représentait tous les principes de justice, d'équité. Et j'avais à cette époque-là, ça a duré quelques années, l'envie de contribuer d'une manière ou d'une autre à des causes ou à des personnes qui étaient dans le besoin. J'étais dans cette volonté-là très humaniste. Et donc, la fac de droit, ça représentait aussi ces principes. de justice. Et donc, je me voyais bien défenseuse des droits de l'homme, des droits de l'enfant, peut-être magistrate ou juge pour enfants. C'était l'idée au départ. Et surtout, très heureuse de troquer ma calculatrice pour le code civil. J'avoue, je me vois encore acheter mon premier code civil en me disant Ouf, je n'ai plus affaire aux maths Et vraiment, c'est un vrai bonheur. Trois ans plus tard, j'ai déchanté parce que j'ai intégré un magistère droit des affaires où le tableau de l'amphithéâtre s'est rempli de chiffres sur le code des impôts et la fiscalité. Et là, de nouveau, je me suis effondrée comme un château de cartes. Et j'ai donc effectivement choisi plutôt le droit international parce que j'avais cette envie d'ailleurs, sortir un peu du microcosme provincial, découvrir d'autres manières de... d'argumenter, d'appréhender le juridique, toujours dans cette ambition d'être avocate internationale ou juste pour enfants. Donc ça, c'était plutôt les années études.

  • #1

    Oui, c'est ça, parce que c'est vrai que je me souviens, tu étais très dans l'humanitaire, etc. C'était quelque chose qui te tenait énormément à cœur quand on était au lycée ensemble. Ça, je m'en souviens très bien. Par contre, tu vois, j'avais complètement oublié ta phobie des chiffres. Je sais que j'aidais beaucoup en maths, en sciences et tout à l'école, ça je m'en souviens, mais tu n'étais pas la pire, donc tu vois, ça ne m'a pas marquée plus que ça. Et effectivement, ton côté humanitaire, je sais qu'il était très marqué, et tu étais, dans mes souvenirs, quelqu'un campé sur ses valeurs de justice et de défense, effectivement, des enfants et des personnes qui étaient dans le besoin. Ça, je m'en souviens très, très bien. Mais il y a un petit peu quand même un grand écart entre ça et la cybersécurité. Oui,

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    tout à fait. La carrière, comme la vie, n'est pas un long fleuve tranquille. Et en fait, quand je t'entendais rediscuter sur notre histoire d'étudiante ou de jeune fille, parce qu'on était petite à l'époque, finalement, ma carrière a été pavée de portes qui se ferment et donc d'opportunités qui s'ouvrent. Et... Jusqu'à la fin de mes études, j'étais attachée réellement à intégrer une organisation humanitaire. C'était vraiment le droit humanitaire, c'était ce qui m'animait le plus. J'avais suivi un magistère, un DESS, un Master 1 à l'époque de droit humanitaire à Aix-en-Provence. Et puis j'étais montée à Paris, à la Sorbonne, pour continuer en droit international et administration publique, pour éventuellement rejoindre l'ONU. Et en fait, quand j'ai commencé à candidater, Tout simplement pour trouver mon premier job, j'ai peut-être envoyé 150-200 candidatures pour des ONG, des grosses organisations humanitaires, et je n'ai eu que des portes qui se sont fermées. Et la seule qui s'est ouverte et qui, d'une manière ou d'une autre, répondait aussi à ces principes de justice, de défense et d'équité, c'était l'Arbée. J'avais fait un stage à l'époque en sortant de mon stage à l'ONU à Vienne à l'école militaire et j'ai donc décidé d'attaquer le marché de l'école militaire et du monde de la défense. Et là, pour le coup, j'ai eu mes premières opportunités professionnelles dans des centres de recherche militaire, à l'Institut des hautes études de la défense nationale et puis ensuite à l'IRSEM, qui est un institut stratégique. Et j'ai commencé à découvrir un autre aspect de l'humanitaire qui est... le monde de la défense, de la sécurité nationale et internationale par le biais militaire. Alors pour certains, ça peut paraître un opposé, mais pour moi, ça répondait, voire même un peu mieux, à mon envie d'évoluer dans ce cadre-là. Ça représentait des... ...valeurs de sécurité, de respect de l'État et puis des organisations dans lesquelles la France participe. Et puis, j'ai découvert un monde très hiérarchisé, mais aussi tourné vers la défense des civils. La guerre d'aujourd'hui n'est pas celle... que nos grands-parents ont connus. Et donc, les techniques évoluent, les guerres sont beaucoup plus urbaines, et donc les militaires ont dû évoluer vers la protection des civils sur les théâtres d'opération, beaucoup plus. Et se dessiner, à l'époque, beaucoup d'enjeux au niveau du conflit en Afghanistan, qui a duré 12 ans. Et j'étais au cœur de ce milieu-là, puisque je m'occupais des retours d'expérience des militaires sur le terrain. C'est un sujet qui m'a passionnée parce que je voyais à quel point ces militaires, avec la technique qu'ils avaient évoluée, qui avait été leur formation, comment ils géraient la complexité du terrain, tout en ayant cette obligation de suivre aussi les enjeux politiques définis par l'État et les quinquennats de nos présidents. Donc le temps politique n'était pas celui... du théâtre d'opération. Et donc, quelque part, le soldat était infusible entre ces deux milieux-là. J'en ai d'ailleurs écrit un livre, tellement ça m'a passionnée. C'est l'engagement militaire français en Afghanistan. Et j'ai continué d'ailleurs sur une thèse de doctorat. Je m'ennuyais peut-être à l'époque, le soir et le week-end. Et donc, j'en ai fait une thèse de doctorat. Et puis, la France a évolué sur une volonté de définir une stratégie de cybersécurité. Et donc j'ai commencé à plonger mon nez dans tout ce qui était cyberdéfense au niveau militaire et au niveau national. Donc ça m'a emmenée à voyager en Estonie, qui est un haut lieu du centre de cyberdéfense de l'OTAN, et puis aussi à appréhender ces nouveaux sujets que j'ai aussi intégrés à la fin de mon doctorat. Et en juin 2013, j'ai passé cette thèse de doctorat que j'ai réussie. et ce doctorat en poche je me suis dit ok alors maintenant qu'est-ce que tu en fais ? J'avais quitté à l'époque Paris parce que j'étais enceinte de mon premier enfant et j'avais un dilemme à régler qui était je cherche un environnement de vie agréable Paris ne faisait pas partie de cette liste

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    Désolée pour les parisiens qui nous écoutent. Exactement. Quand on a vécu et grandi dans le Sud, c'est compliqué d'imaginer une vie à Paris.

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    Tout à fait. Pour les Méditerranéens, c'est vraiment violent. Et en même temps, le gros enjeu, c'était d'avoir une carrière et une vie professionnelle épanouissante. Et à Montpellier, il faut dire ce qui est, le médecin économique est quand même très limité. Et mon mari a eu à cette époque... l'opportunité de partir vivre au Qatar pour un projet de construction. Et donc, je me suis dit, bingo, ça répond à trois enjeux. Ma thèse de doctorat va être valorisée différemment qu'en France. Je vais changer d'environnement. Alors, est-ce qu'il est plus agréable que Montpellier ? Je ne sais pas, je ne vais pas me prononcer parce qu'on est quand même au milieu du désert. Et peut-être qu'une belle carrière professionnelle m'attend. Et donc, c'est comme ça que j'ai sauté le pas de partir vivre pendant huit ans au Qatar.

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    Ok, pendant huit ans quand même. Tu vois, je pensais que c'était 4 ou 5 ans, mais non, en fait, c'était pendant 8 ans. Déjà, moi, je suis fascinée de ton parcours parce que j'ai appris des choses que je ne savais pas sur toi. Parce que c'est vrai que quand on déjeune ensemble, on ne parle pas forcément de tout ça. Mais du coup, tu as rejoint le Qatar. Tu es partie avec quels sentiments ? Donc là, on sent de l'excitation dans ce changement. Je pense que tu en avais vraiment envie. Quels sont un peu les étapes par lesquelles tu es passée psychologiquement, mentalement ? dans la préparation de cette expatriation, mais à mon avis, tu as déjà voyagé, travaillé un peu partout, tu as parlé de Vienne, je crois que tu es partie aussi à Montréal, tu as été un petit peu partout pour travailler ou vivre, donc je pense que c'était surtout de l'excitation qu'il y avait au départ, mais au fil du temps, par 15 étapes, tu es passée mentalement, psychologiquement, déjà au niveau professionnel, mais aussi en tant que femme, mère. Dans ce pays-là, qui a quand même une réputation en France, c'est pas Dubaï, c'est pas pareil encore, mais c'est plutôt particulier dans l'image qu'il y a en France. Donc comment tu as vécu, toi, mentalement, d'un point de vue professionnel et aussi d'un point de vue personnel, cette expatriation ?

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    Alors, au départ, effectivement, il y avait beaucoup d'excitation. Je ne me suis pas beaucoup posé de questions. On a pris nos valises, les quelques jouets de ma fille et on est parti découvrir ce nouveau monde. Et les six premiers mois, très clairement, ça a été une douche froide. L'enfer sur terre. Je crois que tous les jours, je pleurais, j'avais envie de rentrer chez moi parce que je crois que le choc culturel est tellement immense que... Voilà ! Passer le fantasme de je change de vie, je m'installe et je découvre autre chose eh bien, on se dit comment je vais réécrire une nouvelle identité ? Me trouver, me retrouver. Et puis, moi, j'ai un côté un peu féministe, battante, ça va tant guère, et je me retrouvais femme 2. ce qui était totalement insupportable pour moi à l'époque. Et puis maman, ce qui était aussi quelque chose d'assez insupportable à certains moments. Et donc très vite, je me suis dit, si je veux rebondir et vraiment écrire aussi, avoir une carrière, il faut que j'investisse financièrement avec mon mari pour caser ma fille à la crèche et me dire que mon temps alloué est un temps... pour la recherche d'emploi, pour exister en fait dans ce pays, ne pas juste être dans l'ombre de mon conjoint femme d'expat. C'était vraiment quelque chose, c'était un no-go, ça c'était absolument pas négociable. Et donc au bout de six mois, j'ai bataillé, mais j'ai trouvé un premier petit job, grâce d'ailleurs à mon réseau de l'armée chez Thalès. Et donc là, j'ai un peu remis le pied à l'étrier. Et de cette première expérience, on dit toujours qu'il faut avoir un job pour en trouver un, de cette première expérience-là, j'ai eu la chance de rencontrer, et ça, ça a été, je pense, la chance d'une vie, de rencontrer la première ministre femme du Qatar, Dr Essa Al-Jaber, qui était ministre en charge des télécoms et des nouvelles technologies, et qui avait comme mandat... de remettre en place tout le système législatif au niveau e-commerce, télécom, postal et cyber du pays. Et cette ministre était fan de l'ANSI en France, donc l'Agence Nationale de Sécurité et de Système d'Information, et elle était fan du système de sécurité mis en place par la France. Il faut savoir qu'au Qatar, la famille royale et les tribus autour sont... francophiles, voire francophones. On a une relation historique qui date de 50 ans avec le Qatar. Et donc, les personnes de la famille royale, les membres de la famille royale sont très attachés à la France, à son histoire et aussi à sa culture. Donc, j'ai réussi à intégrer le cabinet ministériel de cette ministre pour l'épauler dans tout ce refond du système législatif. Et là... C'était la rampe de lancement pour moi parce qu'entre-temps, mon mari, son entreprise lui a demandé de rentrer en France. Et donc là, j'ai dit non, mon coco, ça ne va pas se passer comme ça. Moi, je venais juste de finir de ramer, d'avoir vraiment saigné corps et âme pour trouver une activité qui correspondait vraiment à mon ambition. Donc, il était hors de question qu'on reparte. Et donc, je crois que le jour où il a démissionné ou rompu son contrat, c'était le jour où je signais avec ce nouveau projet. Et donc, j'ai travaillé pendant plus de quatre ans, presque cinq ans, auprès de cette ministre-là, qui entre-temps avait été remplacée par un autre ministre. Homme, cette fois-ci, en fusionnant les transports et les communications, finalement, ils m'ont gardée, parce que le deuxième ministre était aussi francophone. Et il avait même fait ses classes à l'armée, je crois, à côté de Saint-Provence en pilote de Mirage. Et donc, il m'a gardée et j'ai continué à travailler encore deux ans auprès d'eux, en charge de tout ce qui était contrat physique. Pour ceux qui ne connaissent pas, ce sont des contrats de construction. Au Qatar, tout le monde le sait, c'est un pays qui est en perpétuelle rénovation, construction. Donc, il y avait beaucoup à faire. Et donc là, j'ai connu des années vraiment extraordinaires. Je crois que là, c'était une ascension incroyable, tant au niveau professionnel, parce que j'ai tendance à dire que j'avais atteint financièrement. professionnellement en termes de management, de responsabilité et tout simplement de titre, de promotion, ce que j'aurais peut-être éventuellement acquis en fin de carrière, en me battant encore en France avec multiples burn-out et je ne sais pas si j'aurais atteint ça aussi en étant mère. Donc, à 30 ans, 35 ans, je me retrouvais vraiment avec un salaire incroyablement incroyablement... haut, mais il faut dire qu'au Qatar, la vie est chère, et des responsabilités que je n'aurais jamais eues ailleurs, et un équilibre de vie plus que parfait, parce qu'il faut savoir qu'au Qatar, on est souvent aidé par du personnel, et on avait la chance d'avoir une nounou à la maison, à temps plein, qui s'occupait des enfants, qui s'occupait de la maison, et qui me permettait, moi, quand je rentrais de ma journée de travail, de profiter tout simplement. juste, des bons côtés de la maternité, on va dire. Et même de pouvoir repartir en soirée si j'avais des rendez-vous le soir, l'esprit tranquille en sachant que mes enfants étaient aussi bien encadrés et soutenus par quelqu'un à la maison, en plus de mon conjoint. C'est un peu le paradoxe du Qatar et des pays du Moyen-Orient, c'est que dans l'esprit des gens, on baigne dans une culture traditionnaliste. Ça, c'est une réalité où les droits de la femme sont limités. De mon côté, j'ai travaillé avec beaucoup de femmes qatariennes au plus haut niveau. Certes, celles au plus haut niveau choisissaient souvent de ne pas avoir de mari. pour pouvoir garder une certaine autonomie et une liberté d'action. Mais je n'ai jamais été aussi bien traitée en termes d'expertise professionnelle ailleurs qu'au Qatar. Donc, en tant que femme, blanche, catholique, experte dans un domaine qu'ils recherchaient, j'ai été entièrement respectée et finalement payée et responsabilisée pour ça. Donc pour moi, c'est un énorme paradoxe par rapport à la France, pays des droits de l'homme, de la démocratie, où je me rends compte, et encore aujourd'hui, à quel point le système est tourné très masculin et où les promotions des femmes restent encore très, très limitées au bord des conseils d'administration, tout simplement. Pourquoi ? Pas parce qu'elle manque de volonté, mais parce que le système autour n'est pas aussi... protecteur, structurant que ce qu'il a pu être pour moi dans le cas très spécifique du Qatar, encore une fois. Et ça n'engage que moi. Mais j'ai vraiment vécu cette liberté d'entreprendre professionnellement grâce à cet équilibre et bien sûr au staff et au système logistique qu'il y avait aussi à la maison qui me permettait de vivre toutes mes identités de femme.

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    Alors moi je bois tes paroles, je suis en mode, là personne me voit, mais je suis captivée par ce que tu racontes. Et j'ai envie de te demander la suite.

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    Alors, la suite. Alors, il y a eu un moment, et c'est en comment on dit cette expression qui dit on donne du caviar au cochon. Il y a eu une période où je me suis retrouvée dans... Entre-temps, j'ai eu un deuxième enfant. Alors, il faut savoir qu'au Qatar, tout n'est pas rose. Par exemple, le congé maternité se limite à deux mois. et il n'y a pas de pré-congé maternité. Donc, j'ai travaillé jusqu'au dernier jour de ma grossesse. J'ai même accouché 24 heures après mon entrée à la maternité, ce qui a compté comme un jour de vacances, parce que ce n'était pas considéré comme un jour de maternité. Donc, il faut mettre les choses dans son contexte aussi. Et j'ai eu que deux mois de congé maternité. Donc, j'ai accouché le 4 octobre. Le 4 décembre, j'étais de nouveau au travail à pomper mon lait dans les toilettes. Donc, j'ai eu beaucoup de mal à me remettre de cette grossesse parce que j'étais très contente de reprendre mon travail. J'étais passionnée. Mais mon enfant n'a pas dormi pendant trois ans. Ce qui a beaucoup atteint mon équilibre personnel, mon couple aussi, et le temps que je pouvais passer avec mon aîné. Et je pense que ça, ça a aussi conduit à un essoufflement. et en même temps, dans cet essoufflement-là, cette perte un petit peu de sens, je n'arrivais pas à bouger, parce que j'étais trop bien payée et trop confortablement installée dans ce que j'avais construit. Et à ce moment-là, j'ai une amie au Qatar qui m'a dit Pourquoi tu ne te ferais pas coacher ? C'est intéressant, ça te permettra peut-être de bouger, de réfléchir un peu et de mettre un peu de clarté dans ce brouillage que tu as mental. et moi, j'étais née dans le guidon à bosser, à mettre mon argent de côté, à assurer, à payer les meilleures écoles pour mes enfants. Donc, j'ai dit non, je n'ai pas d'argent à dépenser pour ça, pas d'argent à dépenser pour moi. Oh non, grand Dieu, je n'en ai pas besoin. Et elle me dit, c'est une coach qui est en formation. Donc franchement, elle prend une somme vraiment minime. Elle cherche juste à engranger des heures. Donc, j'ai dit, je ne peux pas refuser. et j'ai eu la chance de me faire coacher par cette jeune nouvellement certifiée coach et au bout de 5 séances, je lui dis merci, franchement c'était super j'ai mis les choses au clair, au top et voilà, je te paye ce que je te dois et à bientôt au revoir et bonne continuation 3 mois plus tard, tout, littéralement tout ce que j'avais ambitionné, mis en place dans mon coaching, arrivait sur un plateau d'argent. Je souhaitais investir dans un petit lieu, un havre de paix à Montpellier pour quand je rentre, que je puisse me reconnecter à mes racines. Pof, j'ai eu une offre, quelque chose vraiment où je ne pouvais pas refuser à un prix vraiment ridicule. je voulais me reconnecter avec mon mari. Je suis très attachée à l'Inde et à toute l'histoire indienne. Un ami qui a installé une maison là-bas me propose de venir tester ses retraites de yoga et de méditation. Donc, pof, on y va. Et puis, enfin, je tournais en rond dans mon job. Je n'arrivais pas à mettre un petit coup de pied aux fesses de peur, de tout déséquilibrer. et puis là une offre m'arrive de Beansport qui est une boîte catharienne aussi on a des studios en France mais une boîte qui cherchait quelqu'un justement spécialisé dans le contrat et la sécurité, l'anti-piratage pour toutes les problématiques qu'ils avaient d'anti-piratage, donc je l'ai rappelé en lui disant je te le dis merci, mais en fait je dois juste te dire que ce que tu as fait avec moi est tout simplement magique et donc j'étais vraiment subjuguée par cet alignement des planètes comme si j'avais travaillé pendant, juste différé pendant quelques mois ce travail que nous avions fourni ensemble et là tout arrivait, simplement sans forcer, sans chercher et je me suis dit Oriane, ce que tu viens de vivre c'est assez exceptionnel dans ta vie dans ta carrière ce qu'elle a fait avec toi Tu ne peux pas passer à côté. Ça a réveillé en moi quelque chose de l'ordre de j'ai quelque chose à transmettre, ce qu'elle a fait avec moi, c'est quelque chose que je veux pouvoir faire avec les autres. Et donc, je me suis dit, je commence un nouveau job, je vais aussi commencer une nouvelle formation. Et donc, j'ai commencé, en parallèle de cette nouvelle prise de poste, à me former pour devenir coach professionnel et être magicienne. Vraiment, c'est cette sensation que j'avais eue avec elle, pouvoir transmettre cette magie-là et pouvoir porter d'autres femmes dans ces transitions-là. Pendant deux ans et demi, j'ai travaillé comme senior counsel auprès de BeinSport. Et puis est arrivé le Covid qui a bouleversé la vie de beaucoup de personnes. Et je pensais que j'allais passer, on va dire, sous le radar. Et finalement, je me suis pris le radar en plein fouet différemment. C'est-à-dire qu'à l'époque au Qatar, vraiment, on licenciait à tour de bras, partout. Dans mon compound, qui était ma résidence, je voyais vraiment les camions passer de déménagement. C'était assez traumatique pour les gens. Ceux qui avaient l'habitude de beaucoup voyager, comme c'était mon cas, se retrouvaient un petit peu enfermés. Ça a été le cas de tout le monde. Mais en tant que Montpellierienne sudiste, je ne supportais pas. Personnellement, de ne plus avoir cette liberté de retourner voir ma famille, ça me crée des angoisses très fortes. Et puis, je me suis retrouvée assez seule dans mon département. Il y a eu beaucoup de départs, donc beaucoup plus de travail. Des enfants qui se retrouvent à la maison où il faut suivre l'école. Et peu de télétravail pour moi parce que j'étais dans un... dans un système et sur des dossiers assez confidentiels et spécifiques. Donc, je faisais partie du pourcentage des entreprises qui devaient toujours rester présentes physiquement et encore plus qu'avant. Et donc, ça commençait à monter là. Et on touchait un petit peu à mes libertés, aux principes de liberté. Mon état de fatigue était en train de croître. Je perdais un peu le sens de tout ce que je faisais. et les seuls moments d'ailleurs c'est une question que j'invite tous les auditeurs à se poser c'était une question qui m'a un peu envoyé un électrochoc c'est dans ta journée c'est quoi le moment que tu kiffes le plus et le premier qui venait c'était quand tu retournes dans ton lit le soir et le deuxième c'était les jours où tu coaches

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    parce que du coup, j'étais devenue coach entre temps et je coachais gratuitement tous ceux qui voulaient bien se faire coacher, du petit Bob, des amis, je coachais à tout va. Et les moments où je vivais vraiment un état un peu de flot, c'était ces moments où je coachais. Et là, je me suis dit, mais merde, Riane, tu ne vas pas rester comme ça longtemps. Tu es en train d'étouffer. J'avais cette sensation d'être la grenouille où on commence à bouillir l'eau. Et puis, elle reste, c'est inconfortable, mais elle reste, elle reste. et en fait comme ça n'a pas été bouillie tout de suite elle ne sort pas en fait de la marmite mais j'avais vraiment cette sensation de me noyer et puis il y a eu un coup de grâce un été j'ai décidé de rentrer avec mes enfants et mon mari en France et c'était à mes risques et périls. Et entre-temps, le pays a changé ses lois, et le retour au Qatar devenait plus difficile. Il fallait mettre en place tout un protocole d'autorisation, et c'est long story short, comme on dit. Je suis rentrée au Qatar, sauf que mon mari et mes enfants sont restés coincés en France. On n'avait pas le même sponsor, donc c'était beaucoup plus compliqué pour eux de rentrer. Et je me suis retrouvée au Qatar, seule, dans ma grande maison. avec mon job qui ne me nourrissait plus, avec ce sentiment d'étouffement. Et là, je me suis dit... tu es en train d'aller lentement vers une certaine folie ou dépression, mais ça ne peut pas continuer comme ça. Même ma raison de vivre, en fait, était loin de moi. Et même si j'avais espoir qu'il rentrerait, et ça a mis deux mois pour qu'il rentre, c'était trop pour moi. C'était la cerise sur le gâteau. Donc, un soir, j'ai écrit ma lettre de démission, j'ai envoyé une photo à mon conjoint par WhatsApp, qui n'a pas beaucoup apprécié, et le lendemain, je déposais ma démission sans plan. sans visibilité future, mais en me disant tu as là sauvé ta peau et tu as voulu suivre tes principes. Tu sais que ça ne tourne plus rond, ça ne fait plus sens et il faut que tu te protèges toi parce que si toi et ton système ne fonctionnent pas, personne dans la famille ne fonctionnera. Donc sauve-toi et puis ensuite, on mettra le masque à oxygène aux autres. Et donc, les enfants et le mari sont rentrés. Il y avait trois mois de préavis, donc on n'est partis qu'en janvier. C'était en septembre que je démissionnais, mais on a pris ces trois derniers mois pour profiter, pour dire au revoir, pour tourner cette magnifique page au Qatar et rentrer. ensemble en France pour écrire une nouvelle histoire dans le Sud, toujours, proche des racines. Et c'est comme ça qu'on s'est retrouvés.

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    C'est comme ça qu'on s'est retrouvés, tout à fait. Alors, avant de plonger dans la nouvelle page, moi, je suis devant un film Netflix, en fait. Carrément, mais... T'as un don pour raconter les histoires, Auréane, c'est incroyable. Donc, je vais essayer de ne pas perdre le fil de l'interview. Si on revient sur ces phases d'expatriation, il y a des personnes qui veulent tenter l'aventure, c'est un projet certainement qu'elles ont en tête. Quels sont les conseils que tu donnerais aux femmes qui ont des responsabilités pour préparer leur expatriation pour que ça se passe au mieux. Donc là, je fais un petit retour en arrière, on rembobine la cassette, la petite VHS là, on revient un petit peu au début quand t'es parti au Qatar ou même dans d'autres pays que t'as pu faire. Quels sont les conseils que tu donnerais pour que l'expatriation se passe au mieux et qu'elle ne vive peut-être pas comme toi tu as vécu les premiers mois en mode c'est un enfer ? Enfin, c'est clairement les mots que tu as utilisés au tout début de ta vie là-bas.

  • #0

    Alors, je pense qu'il faut déjà se dire que ça va être compliqué et difficile, parce que c'est une réalité, on ne va pas se mentir. On a beau être très bien préparé, c'est difficile. C'est un changement total pour tous les membres de la famille. Et chaque membre de la famille le vit différemment, selon son âge, son histoire et sa capacité d'adaptabilité et de résilience. Donc, quand on part en famille, déjà, je pense que pour bien se préparer, Il faut que ce soit un choix voulu et accepté par tous les membres de la famille et que chacun en prenne conscience de ce choix-là, de l'avantage et aussi des responsabilités, des inconvénients qui vont peser sur ce choix-là. C'est une aventure. En général, elle se vit à plusieurs et donc forcément, on monte tous dans le même bateau, mais tout le monde ne va pas réagir de la même façon au mal de mer. Donc, une bonne préparation, ça c'est évident. Des discussions longues, structurées. avec ces enfants pour leur permettre d'appréhender, de comprendre où ils vont aller, éventuellement faire un repérage avec eux avant. Selon leur âge, ça peut être aussi important. Se connecter rapidement avec des personnes sur place, c'est l'avantage de l'expatriation, c'est que les réseaux d'expatriés sont très performants. Et donc, on trouve très vite un Doha Accueil, un Lisbonne Accueil, une association d'accueil qui permet à chaque personne, conjoint, expatrié, de s'intégrer facilement. d'aider aussi pour tout ce qui est administratif, parce qu'il y a cette partie-là qui est non négligeable. Et puis, je dirais prendre le temps. Moi, j'ai été très rapidement dans cette volonté de trouver un poste et je n'ai pas pris le temps. Or, les six premiers mois, surtout quand on est le conjoint suiveur, sont nécessaires pour intégrer tout le monde. Parce que celui qui va travailler, forcément lui aussi, son nouveau système n'est pas facile à appréhender, à absorber. Mais pour les enfants, c'est un choc, selon le pays qu'on a choisi, c'est un choc parfois très, très difficile. Et plus les enfants sont grands, plus je pense que c'est difficile. D'ailleurs, quand on voyage et qu'on s'exprime avec des petits, c'est beaucoup plus crème que quand c'est des ados qu'on doit déraciner. Donc ça, c'est la première chose. Bien préparer son départ par des discussions, prendre attache sur place avec des associations d'accueil et prendre le temps de cette intégration pour tout le monde, que chacun connaisse en fait son rôle, son nouveau rôle. Et chacun ait le temps d'intégrer et d'absorber ce choc. Parce que c'est un choc. Franchement, c'est un choc traumatique. Et d'ailleurs, le retour est un choc aussi traumatique que l'aller. C'est un aller-retour.

  • #1

    Oui, c'est ce que j'allais dire par rapport à des proches que j'ai qui sont rentrés d'une vie aux États-Unis pour revenir en France. Oui, c'est un choc d'y aller, mais le choc retour est aussi compliqué pour les enfants comme pour les adultes.

  • #0

    C'est une nouvelle expatriation. Le retour est une nouvelle expatriation.

  • #1

    Tu retrouves un pays que tu as quitté X années avant et qui a forcément changé et évolué depuis. dans plein d'aspects positifs comme dans plein d'aspects négatifs. Et effectivement, ça ne se fait pas les deux doigts dans le nez. Non, non. Comme tu dis, c'est une vraie ré-expatriation, le fait de revenir dans son pays d'origine quelques années après. Complètement.

  • #0

    C'est exactement ça. Tu disais, le pays a changé. En revanche, notre regard aussi a changé. Notre identité a évolué. Moi, ça a été aussi une découverte, c'est de relire ma région natale, de la revoir sous un angle totalement différent. Et ce nouvel angle, c'est un peu le petit cadeau de chaque expatrié, c'est pouvoir voir le monde sous plusieurs dimensions. et savoir que la dimension de vie dans laquelle on est aujourd'hui, en fait, elle peut demain changer, si on le souhaite. C'est un avantage parce que ça nous donne une ouverture d'esprit incroyable et une possibilité de choix de vie infinie. Et en même temps, c'est un inconvénient, parce que quand on a goûté à autre chose, il y a ce sentiment de never satisfied, d'être jamais satisfait totalement, finalement, de ce qu'on a. Et ça, c'est un travail introspectif que je partage, mais qui est une réalité. C'est se réintégrer, c'est aussi choisir, donc renoncer à toutes les autres opportunités et possibilités.

  • #1

    Est-ce que tu as un autre conseil à partager pour celles qui souhaitent s'expatrier ?

  • #0

    Je crois qu'on a fait le tour des conseils. En plus, je ne suis pas la meilleure placée, je pense, parce que je pense qu'il y a des expatriations qui se passent différemment. Je crois que c'est très, très personnel, parce qu'on dit souvent que c'est la femme qui suit le conjoint expatrié. Donc, cette femme-là va avoir un âge particulier, des attentes particulières. Moi, j'étais jeune et je sortais de mon doctorat. J'avais déjà plusieurs années d'expérience professionnelle. Je voulais travailler. Mais il y a certaines femmes qui vont s'expatrier à 40 ans et qui vont utiliser l'excuse de l'expatriation pour prendre un temps de pause et prendre le temps aussi avec ses enfants et donc vont accepter là de jouer le rôle de mère au foyer pendant certaines années. Certaines vont s'expatrier juste trois ans parce que c'est l'entreprise qui envoie le mari ou elle-même pendant trois ans. Donc, elles savent déjà qu'elles vont revenir au même endroit. Et donc, ce n'est pas la même histoire. Moi, j'étais en contrat local, donc c'est un peu cow-boy. Je pouvais y passer ma vie là-bas. Il y a des gens qui sont depuis 20 ans, 25 ans, qui ne rentreront jamais en France, ou peut-être que pour la retraite. Donc, tout dépend aussi de son statut et de ce que chaque membre du couple et de la famille en attend. Donc, bonne préparation des enfants. Il y a des avantages incroyables à envoyer ses enfants dans des structures internationales. C'est l'anglais, l'ouverture vers d'autres systèmes éducatifs que celui français. On voit la différence et on voit ce qu'on peut offrir aussi comme chance d'éducation pour ses enfants. Savoir combien de temps ça dure ou pas, c'est aussi un enjeu. Quel impact ça va avoir sur sa carrière, si on en a une. Que ce soit un choix conscient et familial. pour que ce soit le mieux vécu possible, le moins pire possible.

  • #1

    Pendant toutes ces années où tu as été expatriée, donc loin de la France, loin de notre chère ville de Montpellier, non j'exagère, je plaisante, mais qu'est-ce que ça t'a appris sur toi que tu ne savais pas ? Est-ce que ça t'a permis de découvrir une nouvelle Auréane, de découvrir certaines choses sur ta personnalité, ta vision des choses, ton caractère, que tu ne savais pas ?

  • #0

    Alors, ça a permis de confirmer que j'étais quelqu'un d'extrêmement adaptable, de résilient et que je ne lâchais pas l'os. Parce qu'on est passé sur comment j'ai trouvé mes jobs, mais j'ai dû vraiment me battre, vraiment bec et ongles. Je me suis dit, waouh, quelle capacité de... Voilà, tu ne vas pas lâcher et tu vas trouver. et tu vas y aller et ça va être difficile mais c'est ta détermination, c'est ce que tu veux. Donc, j'ai confirmé que j'étais quand même très tenace.

  • #1

    Alors ça, moi, personnellement, je le savais déjà. Oui,

  • #0

    je le savais déjà. Mais là, j'ai un peu confirmé. Enfin, ça allait pousser mes limites, je pense. Ça allait vraiment pousser mes limites. Ça a confirmé aussi que j'étais quelqu'un d'extrêmement sociable. J'avais une de mes chefs qui n'arrêtait pas de me dire Stop socializing, Oriane Stop socializing parce qu'elle me voyait toujours en communication, à échanger avec les autres, et elle voulait que je reste derrière mon écran à faire les contrats. Or, moi, ce que j'appréciais le plus, c'était les pauses à la machine à café et à discuter et à voir comment je pouvais aider certains collaborateurs dans leur mission. Ce que j'ai profondément... découvert, pas forcément sur moi, mais sur le système dans lequel j'évolue en France, c'est cette... Et j'espère que ça va faire écho chez tes auditrices et auditeurs. C'est ce sentiment, en France, d'avoir été en perpétuel surchauffe pour toutes les missions qu'on me demandait, mais en fait, totalement en sous-régime sur mes compétences. C'est ce sentiment de devoir jouer petit et d'être épuisée à jouer petit en France, dans ma case, dans mon petit contrat, avec mon petit salaire, sans promotion, sans évolution, avec du management parfois pas forcément bienveillant. Et donc avoir ce sentiment d'être en surchauffe totale parce que devoir être dans la suradaptabilité pour fit in. pour rentrer dans la case et en fait faire une croix, le deuil, sur son énorme potentiel, sur son énorme capacité en fait. et le Qatar, c'était l'inverse. C'était, ah, tu es docteur, ah, tu as tant d'années en cyber, ah, tu as travaillé pour l'armée. En fait, voilà le champ des possibles. Voilà ce qu'on t'ouvre. Voilà le salaire qu'on te donne. Voilà les responsabilités. Vas-y, t'as faim ? Prends, mange, vas-y. Casse-toi la tête sur tout ça. Refonds du système, les échecs natifs du pays ? Mais vas-y, ma grande, prends tout ça. Allez, bouffe tout ça. Et là, je me suis dit Wow ! On me donne le titre, on me donne le fric, on me donne la responsabilité, et j'ai plus qu'à... déployer ce potentiel, en fait. Je n'ai plus qu'à aller explorer, en fait. Et il n'y a plus cette histoire de petite case. Tu es ça à cet âge-là. Tu es juriste, tu gagnes ça et tu ne sors pas de ça. Mais c'est, tu veux monter une équipe ? Prends une équipe. Tu veux aller chercher les meilleurs cabinets d'avocats pour t'aider ? Prends ces cabinets d'avocats. Tu veux 15 personnes ? Prends ces 15 personnes. Tu as besoin de partir en France, là et là, pour aller chercher le système qu'il faut ? Mais vas-y. on t'attend juste sur l'objectif. Mais waouh, waouh ! Et c'est ça en fait que maintenant j'essaie de faire naître chez les femmes que j'accompagne. C'est, ok, on sort de cette surchauffe-là. on se repose, on fait un step back, et on regarde de quoi tu es capable, de quoi tu as envie de te nourrir, c'est quoi qui t'alimente, c'est quoi qui te donne vraiment cette foi en toi, cette flamme, et on va chercher ça, merde ! Pourquoi rester dans cette petite case ? Ce n'est pas normal, et tu n'es pas obligé d'y rester. Si ça ne te convient pas, si ça ne répond pas à ton ambition, à tes intentes et tout simplement juste à ta joie de vivre. Ça n'a rien à voir avec la prétention. Ça n'a rien à voir avec l'égoïsme. Ça n'a rien à voir avec elle est dans l'ongle, elle est carriériste Non, ça a à voir à comment tous les jours tu vis et tu te connectes à ce qui fait que tu as cette flamme et ce potentiel. et ne pas laisser ce potentiel et cette flamme diminuer juste parce qu'il faut payer son loyer, avoir son petit job et répondre à l'injonction sociétale qu'on a fixée un peu pour nous ou de notre histoire familiale. C'est peut-être un peu violent ce que je dis, mais je suis désolée, ça sort un peu du cœur.

  • #1

    Ça s'est vu et tu as vu, je ne t'ai pas interrompu. En plus, à un moment donné, j'allais te dire et du coup, comment ça se traduit aujourd'hui dans ton activité ? Mais en fait, tu as fait la liaison, tu as même anticipé ma question puisque... Je pense que t'es tellement animée par ta mission que ça a été une telle révélation pour toi que tu as à cœur de transmettre ça aujourd'hui aux femmes que tu accompagnes. Et je pense que ça t'a tellement marquée. que, ben voilà, tu vois, t'as déroulé tout ça devant nous, alors dans nos oreilles, du coup, avec conviction. Et non, c'est pas dur, c'est la réalité. C'est que la société... Alors, on va pas taper que sur la France. Je pense qu'il y a plein d'autres pays aussi où ça se passe comme ça. Oui, effectivement, comme tu dis, on a encore un long chemin pour nous autoriser à jouer grand. et à prendre notre place comme on la mérite. Moi aussi, c'est un peu une mission que j'ai, c'est que les femmes osent prendre leur place dans leur rôle de manager, dans leur métier, parce qu'on a besoin de nous, on a besoin d'elles pour transformer le monde qu'on a, transformer les entreprises. Le monde a besoin de notre impact, en fait. Et effectivement, il y a des gens qui tentent de nous limiter là-dedans, et ce n'est pas une fatalité. on a les ressources en nous pour y arriver et pour oser prendre notre place et je pense que tu l'as très bien transmis donc non c'est pas dur, c'est pas violent ce que t'as dit c'est la réalité et tu l'as juste porté avec ta mission et ta conviction comme il faut et je pense qu'il y a plein de personnes qui sont d'accord avec toi et qui se sont reconnues dans le message que t'as donné dans ton histoire donc Donc, non, non, au contraire. Exprime-toi, c'est là pour ça.

  • #0

    Et merci de me donner cet espace pour le faire.

  • #1

    Tu l'as exprimé avec tes mots et avec ton impact. Donc, au contraire, moi, j'adore. Je pense que tu devrais te lancer dans la politique, peut-être, à terme.

  • #0

    Prochaine étape, la politique. Non, mais c'est un vrai sujet parce que beaucoup de femmes que j'accompagne, qu'elles soient toutes jeunes dans la maternité ou qu'au contraire, elles atteignent les 50 ans et qu'elles soient aussi dans des transitions, nos identités, notre identité de femme évolue au fil du temps. C'est chimique, c'est hormonal et c'est aussi lié à notre carrière, à nos fluctuations. et donc il faut arriver à trouver ce tempo-là pour faire évoluer sa carrière au regard de ces nouvelles identités que nous avons ou que nous souhaitons porter. Et donc ça, c'est difficile à faire. Ce n'est pas quelque chose de toujours évident. Et c'est encore moins évident quand on est sous le coup de la fatigue, quand on s'est aussi beaucoup battu pour arriver là où on en est. On n'a pas envie de jeter l'éponge et changer de cap comme ça, envers et contre tout, non. On veut capitaliser sur ce qu'on a réussi pour pouvoir encore progresser. Et donc tout ça, c'est un jeu subtil. Et pour pouvoir le maîtriser et avancer plus sereinement que ce que j'ai fait quand j'ai claqué la porte du Qatar, c'est d'avoir le courage de prendre un peu de recul, de prendre le temps de se reposer. C'est très basique, mais d'abord, on se repose. avant de se reconnecter à ce dont on a réellement besoin et envie. Et s'autoriser à avoir besoin et envie. Parce qu'on a quelque chose en nous, mais on referme le clapet très rapidement parce qu'il y a les enfants, il y a le mari, il y a les traites à payer. Et puis, je suis quand même déjà bien contente dans ce milieu en pleine crise d'avoir mon salaire, ma voiture et mon job. Et ce n'est pas si mal. Ce n'est pas si mal. donc ça demande du courage un peu de temps pour travailler ça moi je travaille que sur 6 mois minimum sur 6 mois avec mes clientes pour vraiment vivre une transformation et leur permettre d'endosser cette nouvelle identité entièrement sur tous leurs prismes familiaux sociétaux,

  • #1

    amicaux et professionnels mais écoute je crois que ça fera une excellente conclusion Surtout que je veux qu'on finisse sur ça pour faire le lien. Où est-ce qu'on peut te retrouver ? Puisque je pense qu'il y a beaucoup de femmes qui ont dû se reconnaître dans tout ce que tu as partagé aujourd'hui. Je suis ravie de tout ce que tu as partagé aujourd'hui. Vraiment, tu as un parcours exceptionnel. Et on voit que c'est vraiment une mission qui te porte au plus profond de toi. Du coup, je pense qu'il y a beaucoup de personnes chez qui ça a résonné. Donc, où est-ce qu'on peut te suivre ? Où est-ce qu'on peut te échanger avec toi ? Peut-être qu'il y a des personnes qui sont d'accord ou pas d'accord avec ce que tu as partagé aussi. Où est-ce qu'on peut te retrouver sur les réseaux ?

  • #0

    Alors, je suis très active sur LinkedIn. Donc, en tapant Dr. D.R. Oriane Gignes, G-I-N-I-E-S, vous me trouvez et vous pouvez m'envoyer, bien sûr, un message directement sur mes posts ou en privé. Et j'ai un site Internet, bien sûr, coachoriginesenseux.com. Origines pour Oriane Gignes, mais aussi pour se connecter à ses origines. coachorigin.com je suis également aussi sur Instagram un peu moins active que sur LinkedIn mais voilà principalement mon site internet et

  • #1

    LinkedIn. Il y aura de toute façon toutes les infos sur la description de cet épisode directement les liens vous avez juste à cliquer dessus, les liens sont directement dedans. Merci beaucoup Auriane pour tout ce que tu as partagé c'était passionnant, vraiment et j'espère que ça a résonné chez beaucoup de personnes et à toutes les auditrices et bien tout simplement on se retrouve ensemble la semaine prochaine pour un nouvel épisode en solo cette fois-ci merci à toutes pour votre écoute merci Elodie à bientôt je te remercie d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout si tu l'as apprécié je t'invite à t'abonner sur ta plateforme préférée et à me laisser un commentaire 5 étoiles on se retrouve au prochain épisode pour parler management et leadership

Chapters

  • Introduction

    00:37

  • Le parcours pro d'Oriane

    01:13

  • De l'armée à la cybersécurité

    07:48

  • S'expatrier au Qatar

    12:56

  • Le paradoxe de la place de la femme aux EAU

    20:50

  • L’impact du coaching

    23:11

  • Pourquoi devenir Coach ?

    26:51

  • Le retour en France

    28:03

  • Comment réussir son expatriation ?

    32:52

  • La place des femmes dans le monde pro. en France

    40:59

  • Conclusion

    48:24

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