#39 Rachel Girbelle : comment réinventer l’épicerie du village ? cover
#39 Rachel Girbelle : comment réinventer l’épicerie du village ? cover
Finta! L'Aveyron par ses voix

#39 Rachel Girbelle : comment réinventer l’épicerie du village ?

#39 Rachel Girbelle : comment réinventer l’épicerie du village ?

38min |23/11/2024
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#39 Rachel Girbelle : comment réinventer l’épicerie du village ? cover
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Finta! L'Aveyron par ses voix

#39 Rachel Girbelle : comment réinventer l’épicerie du village ?

#39 Rachel Girbelle : comment réinventer l’épicerie du village ?

38min |23/11/2024
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Description

C’est l’histoire d’une épicerie qui renaît de ses cendres, là, au milieu de la place du village. A Bozouls, à quelques pas du précipice qui fait la notoriété du village, l’Epicerie du Trou a ressuscité il y a dix ans, quand un trio d’amis, attablés à la terrasse d’en face, s’est lancé le défi de raviver la flamme. Mais si l’on s’arrête sur les belles renaissances, en creux, ce sont toutes les disparitions des commerces de proximité que l’on devine. 


Aujourd’hui, l’Epicerie du Trou emploie cinq personnes, pour un seul équivalent temps plein. Il y a donc Rachel Girbelle, sa sœur Claire Marlet, qui a relancé l’épicerie en 2014, leurs parents, et Hélène. Une affaire de famille dans laquelle chacun peaufine son rayon. Si bien que l’Epicerie du Trou déborde largement de l’épicerie de village que l’on imagine. Elle est à la fois crèmerie, librairie, boutique de cadeaux, lieu de vie et de rencontres, en relevant le défi d’une sélection fine de produits sourcés localement tout en assurant un service de proximité précieux pour les voisins.


Alors avec Rachel, on a causé du défi que cela représente, de faire vivre un commerce de village toute l’année, d’amener à changer des habitudes de consommation pour ne pas regretter que les petites échoppes baissent le rideau, et de prendre conscience que nos choix de consommation sont toujours des choix politiques et engagés.


Bonne écoute !


🧡 Si vous aimez Finta! partagez-le! Finta est un podcast écrit, réalisé et produit par Lola Cros. Il est mixé par le studio Qude. Retrouvez tous les épisodes de Finta! gratuitement sur les applis de podcasts. Plus d'infos sur www.fintapodcast.fr


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    de s'engager, aujourd'hui pour demain. Je suis Lola Cross et j'arpente ce bout de campagne depuis dix ans comme journaliste. Avec Finta, je vous invite à croiser des regards, à Finter de plus près. Et ça commence tout de suite. C'est l'histoire d'une épicerie qui renaît de ses cendres, là, au milieu de la place. A Beausoul, à quelques pas du précipice qui a fait la notoriété du village, l'épicerie du Trou a ressuscité il y a dix ans, quand un trio d'amis, attablés à la terrasse d'en face, s'est lancé le défi de raviver la flamme. Mais si l'on s'arrête sur les belles renaissances, en creux, ce sont toutes les disparitions des commerces de proximité que l'on devine. Aujourd'hui, l'épicerie du Trou emploie 5 personnes, pour un seul équivalent temps plein. Il y a donc Rachel Gerbel, sa sœur Claire Marlet, qui a relancé l'épicerie en 2014, leurs parents et Hélène. Une affaire de famille dans laquelle chacun peaufine son rayon, si bien que l'épicerie du Trou déborde largement. de l'épicerie de village que l'on imagine. Elle est à la fois crèmerie, librairie, boutique de cadeaux, lieu de vie et de rencontres, avec la prouesse de concilier une sélection fine de produits sourcés localement, tout en assurant un service de proximité précieux pour ses voisins. Alors, avec Rachel, on a causé du défi que cela représente de faire vivre un commerce de village toute l'année, d'amener à changer les habitudes de consommation pour ne pas faire que regretter. les petites échoppes quand elles viennent t'abaisser le rideau et de prendre conscience que Ausha de consommation sont toujours des choix politiques et engagés. Bonne écoute.

  • Speaker #1

    Alors nous sommes dans ma maison, notre maison, je vis là avec mon mari Philippe et ma fille Horoz, dans le trou de Bozouls, au bord de la rivière. Et ici on dit le pont, le quartier c'est le quartier du pont en fait.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'il dit de toi ce lieu ?

  • Speaker #1

    C'est un endroit que j'aime beaucoup. J'y ai passé une partie de mon enfance puisque mes grands-parents avaient une ferme qui est aujourd'hui habitée par mon cousin. Donc là, j'y ai passé de bons moments. Et puis, c'est le cœur du vieux village aussi. Voilà, donc c'est des maisons en pierre, la nature, tout ce qui me plaît. Et il y a ma sœur Claire qui est un petit peu plus loin, juste quand on arrive. Et après, ce qui est chouette aujourd'hui, par rapport à l'époque où moi je l'ai connue, c'est que toutes les maisons sont habitées à l'année. Donc c'est un lieu qui est vivant, qui est chouette, qui est habité. Et c'est aussi un lieu de passage et de promenade. Donc voilà, il y a beaucoup de monde.

  • Speaker #0

    Toi, tu as grandi où ?

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai grandi à Bozouls, mais dans un lotissement à la sortie du village, quand on prend la direction de Gabriac.

  • Speaker #0

    Et tu as... Toujours vécue à Bozouls alors ? Oui. Tu en es partie ?

  • Speaker #1

    Alors j'en suis partie pour mes études. J'ai fait mes études à Toulouse. Mais mes amis, ma famille, ce mois comme peu de mois, j'ai du mal à partir. Ils me disent, ça y est, il n'y a plus le panneau à Véron, tu n'es pas trop perdue. J'ai un attachement au village. Alors mes parents rigolent parce que quand j'étais jeune et ado, je disais que je partirais, jamais je ne ferais ma vie ici. Mais j'ai décidé assez tôt. Vers 22-23 ans, j'ai décidé de venir à Brazoul.

  • Speaker #0

    Pourquoi alors ? C'est intéressant parce que c'est parfois difficile de décrire un lien aux racines, de l'expliquer. Je crois qu'on a été nombreux à vouloir en partir quand on était jeunes. Ici plus qu'ailleurs, on est dans un trou. Et donc, comment tu expliques ?

  • Speaker #1

    Je crois que je me sens bien, en fait, tout simplement. Et que je suis toujours... émerveillée par l'endroit où je vis. C'est-à-dire, tu vois, je sors, je suis immédiatement dans le site, je fais la balade. Je suis toujours émerveillée, je trouve ça beau, je peux me poser n'importe où. Et donc, je me suis dit assez tôt que c'était précieux. Et justement, je rencontrais plein de gens qui voyageaient ou qui cherchaient des endroits. Et je me suis dit, ne te pose pas 50 questions, c'est là que tu es bien. Et donc, autant y rester et essayer de faire quelque chose ici.

  • Speaker #0

    Et donc, quand tu choisis de t'installer ici, 22-23 ans, qu'est-ce que tu fais ? Tu en es où de ta vie, de ton parcours ?

  • Speaker #1

    Alors, à ce moment-là, je finis mes études de lettres modernes. Et j'ai commencé l'enseignement à 23 ans. Donc c'est le moment, je suis retournée vivre chez mes parents, je cherche un endroit à acheter en fait. Et j'achète ici en 2004, donc c'est ça à peu près. Donc j'achète une grange, une étable. Et j'habite ici depuis 2006, le temps de faire les travaux.

  • Speaker #0

    Donc ta première vie professionnelle, c'est celle de professeure ? Oui,

  • Speaker #1

    oui, professeure de français. et latin, essentiellement en collège.

  • Speaker #0

    Et comment on en arrive à devenir épicière alors ? Est-ce que tu as toujours rêvé d'être épicière ? Moi, c'était mon rêve.

  • Speaker #1

    Alors, épicière, non. Mais quand j'ai choisi de faire des études de lettres, il n'y a pas 50 000 débouchés. Donc, c'était l'enseignement. J'ai passé suite à l'enseignement. Mais le métier de libraire m'aurait plu aussi. seulement voilà quand tu as fini tes études tu n'as pas les moyens encore financiers d'acheter une librairie ou de créer tout ça donc j'avais déjà j'avais pensé à la librairie pas vraiment à l'épicerie j'avais travaillé dans une maroquinerie à rhodes donc j'avais vu ce que c'était tenir un commerce et puis bon donc j'ai adoré mon premier métier ma première carrière professionnelle pour moi ça a été Hyper épanouissant, je pense que je peux dire que j'avais ce qu'on appelle une vocation. J'ai beaucoup aimé ça. Et j'ai rencontré mon mari qui lui avait une carrière de son côté, il est boulanger. Et à un moment de notre vie commune, on a été confrontés à une difficulté. Et on s'est dit, si on n'arrive pas à la dépasser, on fera quelque chose ensemble. On mêlera nos vies professionnelles, on aura un projet, et pourquoi pas un restaurant. Puisque lui, ses parents, en fait, ils étaient restaurateurs. Et puis, bon, les choses ont avancé, c'était très bien, etc. On a gardé, enfin voilà, on a continué nos vies, tout se passait bien. Mais cette idée qu'on a eue là, à un moment, elle a ressurgi. Merci. Donc on a créé un restaurant qui s'appelait La Maison Bouteille. Et puis après, mon mari a eu quelques soucis de santé. On a laissé le restaurant et ma sœur qui travaillait à l'épicerie, qui gérait l'épicerie depuis plusieurs années, m'a dit à ce moment-là, si tu veux, il y a une place pour toi à l'épicerie. Je l'ai aidée depuis un moment en off. Je lui avais proposé de créer un rayon librairie dans l'épicerie. Donc je m'en occupais et je me suis dit, allez, je pars dans l'épicerie, je vais essayer de développer ce rayon-là et puis travailler avec elle et découvrir ce métier. Ce qui m'intéressait, c'est que l'épicerie, elle est au cœur du village et que ça m'intéressait d'essayer de faire vivre ce lieu aussi avec elle.

  • Speaker #0

    Parce qu'elle, au moment où elle l'a gérée, c'était une épicerie alimentaire, un commerce alimentaire de proximité dans la définition la plus classique qu'on peut en avoir ?

  • Speaker #1

    Alors elle en fait, à la base, c'est elle qui a repris l'épicerie avec deux copains à elle en 2004. En 2004, ça faisait un an que l'épicerie était fermée. Donc avant, elle était sous enseigne. Et elle était fermée, personne ne la reprenait. Ma soeur, elle bossait déjà, elle avait un boulot dans le commerce international. Et elle le raconte elle-même, elle était sur la place un soir avec deux copains en face, elle buvait un coup. Ils se sont dit que c'était dommage, parce que c'était notre village et qu'il y avait déjà un commerce qui ferme. Pourquoi on ne le reprendrait pas en mettant quelqu'un à le gérer, puisqu'ils avaient tous des boulots. Ma soeur, ils étaient trois au départ. Et puis après, sur les trois, il y en a un qui est parti à Paris. L'autre qui a repris une entreprise ici. Donc elle a continué à le gérer avec une employée. Et mon papa, qui était rentré dans l'affaire entre-temps, en tant qu'employé aussi. Et donc moi, j'ai intégré l'épicerie il y a deux ans. Et elle, c'est devenu son métier depuis un an. Elle a laissé sa première carrière pour intégrer l'épicerie, pour que ça devienne son travail à elle aussi.

  • Speaker #0

    J'ai lu de vous que vous vouliez attirer à l'épicerie autant les mamies du village que les bobos. En tout cas, que votre clientèle semble ressembler à la fois les mamies et les bobos. Qu'est-ce que ça veut dire et qu'est-ce que ça dit du lieu ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est clair qu'il avait dit dans une interview, c'est ma sœur. Ce que ça veut dire, c'est que c'est un commerce, on voulait être ouvert à tout le monde, mais on tenait vraiment à avoir cette notion de rendre service. Ce qu'elle veut dire par attirer les mamies, c'est qu'il y a une clientèle de personnes âgées qui ne sont pas forcément véhiculées. Pour qui c'est important le commerce de proximité ? Donc on est heureux d'accueillir cette clientèle-là, de pouvoir les livrer, d'être dans la notion vraiment de service. Mais on a besoin de tout le monde, notamment d'une clientèle quotidienne, d'une clientèle des fois plus aisée, qui va pouvoir faire travailler l'épicerie aussi sur du cadeau, sur une autre offre que purement alimentaire. On a besoin du tourisme aussi, pour pouvoir faire le pari d'être ouvert toute l'année. Là par exemple, on est en novembre, c'est sûr qu'on n'est pas sur le rythme du mois d'août. C'est un pari d'être ouvert à l'année dans un village. Ce qu'elle voulait dire, c'est qu'on a besoin de différents types de clientèles pour être viable à l'année.

  • Speaker #0

    Ça veut dire que vous l'avez réfléchi pour avoir des rayons qui répondent à ces trois clientèles-là. Ça fait vraiment partie de la stratégie initiale ou tu es venue sur le tas ?

  • Speaker #1

    Non, je crois que la volonté d'ouverture, elle était parce qu'on voulait qu'il y ait du lien social. et que le lien social soit large. Et c'était un peu dans nos rêves, on a envie que se rencontrent différents types de gens, parce qu'on l'a conçu comme un lieu aussi où on va peut-être prendre son temps, échanger, discuter, et nous ça nous intéressait qu'il n'y ait pas un entre-soi, que ce soit assez divers. Mais la réflexion première, quand ma sœur a ouvert l'épicerie, quand elle l'a repris, c'était de travailler. en direct le plus possible avec des locaux. C'était d'abord le produit qui a amené notre réflexion. Elle, ce qui l'intéressait, c'est l'agriculture. Elle aime beaucoup ça, donc c'était vraiment trouver des agriculteurs, des producteurs du coin, travailler avec eux directement. On a d'abord réfléchi à ce qu'on voulait proposer et à qui on voulait permettre de vivre derrière, à ce qu'on voulait mettre en valeur. Et après, on a essayé de penser l'endroit pour qu'il soit... beau et atriable, mais pour que les gens aient envie de venir, les gens en général.

  • Speaker #0

    Donc c'est à la fois, tu le disais, une épicerie, une librairie, une papeterie, une boutique de cadeaux, on trouve tout ça. Est-ce que c'est ta définition, toi, de ce que doit être une épicerie de village en 2024 ?

  • Speaker #1

    Non, pas forcément. Nous, en fait, on essaie chacun de se faire plaisir dans notre domaine. Aujourd'hui, on est cinq à travailler à l'épicerie. Il y a un seul emploi à plein temps, mais en fait on est cinq en tout. Et l'idée c'est que chacun se fasse plaisir dans son domaine, donc c'est venu un peu comme ça. Mon papa, il a deux frères, il a deux grands frères qui étaient primeurs, et c'est ce qui les intéresse, les fruits et légumes, donc il se fait plaisir là-dessus. Claire, ma sœur, c'est plutôt la crèmerie, le fromage, donc elle a développé ce rayon-là parce que c'est ce qui lui plaît. Et moi j'aime les livres, donc j'ai développé ce rayon-là parce qu'il me plaît. On a plutôt essayé de... de développer des choses qu'on aime et auxquelles on croit, plutôt que de réfléchir à ce que ce soit équilibré, ou que ce soit un concept store, des choses comme ça. C'est plutôt... Il y a une offre dans l'artisanat aussi qui est intéressante. Donc, on va proposer le travail d'artisan ou de créatrice avéronnaise. Sur l'alimentaire, on fait ce choix. 80% du magasin sont des produits avéronnés. Et après, par conviction, tout ce qui est épicerie de dépannage, c'est du bio. Mais c'est plutôt... On l'a plutôt réfléchi quand j'y pense, à partir de nous, se faire plaisir en proposant ce qui nous semblait beau, bon et juste aussi dans la proposition.

  • Speaker #0

    Quel est l'accueil des gens du village ?

  • Speaker #1

    Il est bon, franchement, on a une clientèle super sympa. Le défi, c'est toujours de se faire reconnaître et ce terme épicerie, il est un peu générique en fait. Là, les prochains projets, c'est de travailler un peu plus la signalisation pour expliquer tout ce qu'on fait, tout ce qu'on propose et donner l'envie aux gens de pousser la porte, tout simplement. Parce que je crois qu'on a des habitudes de consommation, que c'est difficile d'en changer. Et voilà, il faut donner l'envie de pousser la porte. On a la chance d'habiter dans un village qui se développe. Ça, c'est un défi. Comment ? communiquer efficacement, donner l'envie de venir. C'est vraiment notre questionnement aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Puis on est dans un moment, ça commence à se voir sur le territoire où les enseignes nationales mettent le grappin, y compris sur les petites villes, je pense à l'agglomération de Rodez, mais aussi les gros villages comme Bozouls peut-être.

  • Speaker #1

    On ne se place pas en concurrence d'eux, parce que c'est David contre Goliath, c'est autre chose. Moi j'estime que dans ce monde, il y a de la place pour tout le monde. Et en tout cas, on lutte pour exister comme ça et pour proposer autre chose. C'est un idéal qu'on défend. Franchement, c'est un rêve qu'on a à cœur. Moi, quand je vais visiter un endroit, c'est une des choses qui m'intéresse. De voir des commerces indépendants, l'offre qu'ils ont, qui justement va refléter une personnalité, un caractère, va être atypique. C'est ce qui m'intéresse et je ne voudrais pas que ça disparaisse. Donc on ne s'inscrit pas contre eux ou en lutte, mais on veut proposer autre chose et on espère que ça existera toujours, que ces deux offres pourront exister. Voilà, l'une à côté de l'autre. Qu'il n'y en a pas une qui va écraser l'autre vraiment définitivement. Ça, ce serait triste. Mais ce que tu dis sur les villes, c'est... Quand tu arrives dans une ville et que tu vois les mêmes enseignes que dans la ville qui est à 600 kilomètres, c'est dommage. Il y a une espèce d'uniformisation contre laquelle je pense qu'il faut lutter. Je ne pense pas que ce soit la bonne direction.

  • Speaker #0

    Et quand tu dis que vous réfléchissez à la signalétique, à faire rentrer les gens dans l'épicerie, quels sont les arguments d'après ton expérience qui fonctionnent auprès des consommateurs ? Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ?

  • Speaker #1

    Alors nous, ce qu'on a envie de leur dire, c'est déjà qu'on travaille avec des agriculteurs, des producteurs, des artisans avéronnés. Donc on a la chance d'avoir un département riche avec une offre qualitative et hyper intéressante. Donc on leur dit, venir chez nous, c'est non seulement consommer français, mais ultra local. Donc c'est ça, c'est faire ce choix-là. Et c'est aussi faire le choix de faire vivre les centres-villages. Et le commerce, justement, indépendant et libre. On a une partie de la clientèle qui est sensible à ces arguments, je pense. Après, il y a des gens qui viennent par commodité aussi ou par plaisir et c'est encore mieux. Mais ce qu'on essaie d'expliquer dans notre communication, mais de façon légère, c'est de leur dire, voilà, venir chez nous, c'est aussi permettre à des petits producteurs de travailler. On est l'intermédiaire avec eux ou de vous les présenter. Mettre en avant ces gens-là et aussi permettre que dans un village, il n'y ait pas de devantures fermées, ce qui arrive dans d'autres villages, ce qu'on voit, des commerces fermés. Ça, c'est super triste, mais il ne faut pas juste le déplorer. Ça, c'est une démarche au quotidien, c'est se dire, tu parlais des livres, on le sait, le prix des livres, il est le même en France, partout. Donc, commander son livre ou venir l'acheter dans une librairie indépendante. il y a peut-être juste un petit délai, tu ne vas pas le recevoir chez toi directement. Mais bon, c'est un acte quelque part militant, c'est sûr, mais c'est important.

  • Speaker #0

    Oui, les choix de consommateur. Oui. Chaque euro dépensé pour le consommateur est un choix militant, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, et je crois que tout le monde n'est pas dans cette démarche, il faut le conscientiser aussi, il faut réfléchir. Ça, c'est quelque chose aussi qu'on espère insuffler à la jeunesse. Parce que l'essentiel de notre clientèle, on a des jeunes qui viennent de plus en plus, mais ce n'est pas l'essentiel de notre clientèle. Je comprends que c'est facile de commander un drive à 11h du soir depuis son téléphone et d'aller le récupérer le lendemain. Ça m'aime passer par la caisse. C'est un autre monde de vie, c'est une autre façon de faire. Maintenant, tu n'es même plus obligé de passer à la caisse et de dire bonjour à la caissière si tu n'as pas envie. De même que je pense qu'il est important de se rencontrer au café, au restaurant. Aujourd'hui, c'est un choix, je pense. Ce n'est plus forcément un mode de vie comme l'ont connu nos grands-parents. Il n'y avait que ça. Maintenant, on a une offre pléthorique et d'autres modes de consommation. Bon, c'est un modèle de société aussi. Mais nous, on vit à la campagne. Je pense qu'il faut le réfléchir aussi. Il ne faut pas juste déplorer. Puis à partir du moment où on vit dans un endroit, où on fait le choix de s'installer quelque part, c'est bien de participer à la vie du village, de quelque façon que ce soit. Ça peut être par le milieu associatif, ça peut être... Bon, si on a envie que l'endroit où on vit soit vivant, justement. Voilà, autant... Mettre son pouvoir d'achat là, son énergie, partager ensemble. C'est vivre ensemble aussi. C'est ça qui est important.

  • Speaker #0

    Peut-être pour donner quelques chiffres sur les commerces de proximité, justement se rendre compte de tous les villages qui en sont privés aujourd'hui. Entre les années 1980 et 1990, juste dans cette décennie-là, il y a 30% des commerces alimentaires de proximité qui ont disparu dans les villages. 1980, ce sont les chiffres de l'INSEE. 25% des communes françaises n'avaient pas de commerce, absolument aucun commerce dans leurs communes. Aujourd'hui, c'est 62% des communes françaises qui n'en ont plus. Donc la disparition des commerces de proximité, on le voit sur les graphiques, va de pair avec l'explosion des supermarchés justement. Donc on va plus loin faire ces courses dans des centres. Ça va aussi peut-être avec un programme politique qui est en cours de reconquête du commerce rural. Je ne sais pas si tu en as entendu parler. 36 millions d'euros qui sont sur la table pour aider des commerces, en tout cas des porteurs de projets, �� relancer des commerces dans des villages qui en sont privés. Est-ce que vous, vous avez été aidée ?

  • Speaker #1

    Alors, on a été aidée, je crois, fiscalement au début, parce qu'on était classée zone de revitalisation rurale.

  • Speaker #0

    Tout l'Aveyron est en zone de revitalisation.

  • Speaker #1

    Ça, ça a été l'aide. La première année, je sais qu'on a pu avoir... Enfin, on a été présenté... Ma sœur a été présentée le projet à la mairie qui l'a aidée à négocier le loyer pour qu'on y arrive, quoi, en fait, à faire face à un loyer. Ça, voilà.

  • Speaker #0

    Et juste pour fermer ce côté politique, il y avait donc un député... Monsieur Maquet, député de Seine-Maritime, de mémoire, qui a fait un rapport en 2022 sur les commerces de proximité, et il a cette phrase pour introduire son rapport qui dit que la question même du commerce de proximité revêt d'autant plus d'importance que si le commerce est une activité privée, il est inconsciemment perçu par les Français comme un service public.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu le ressens ? Oui, ça je pense que je le ressens. Par exemple, c'est tout bête, mais au niveau des heures d'ouverture, quand tu as un commerce, ce qui est compliqué, c'est qu'il faut être ouvert le plus souvent possible avec une amplitude horaire vraiment large. Parce que oui, pour les gens, c'est compliqué si tu réduis. Il faut presque être disponible à tout moment de la journée. C'est vrai que oui, ça a une utilité. Il n'y a pas longtemps, ça me... fait sourire, là on vient de passer Toussaint et il y a un élu qui est passé à l'épicerie et qui m'a dit ah quand même c'est bien d'avoir quelqu'un ouvert un jour férié pour pouvoir se dépanner tu vois cette notion de service oui c'est en tout cas, oui je pense qu'on joue ce rôle là aussi je ne savais pas que ce député l'avait dit mais oui oui c'est vrai que c'est un commerce privé mais qui a un rôle vraiment dans le village je pense oui

  • Speaker #0

    Oui, puis je crois que ça rejoint des questions politiques, dans le sens où on voit prospérer le vote extrême aussi, quand on se sent oublié, qu'on a l'impression que tout fout le camp des campagnes. C'est beaucoup ce qui est ressorti sur les derniers scrutins. Et ça tient beaucoup à l'existence ou pas de commerce dans les villages aussi, ce sentiment que tout fout le camp. Quand on n'a plus de commerce dans le village, je crois qu'on... On le met dans le lot avec le bureau de poste qui a fermé. Je crois qu'il peut y avoir aussi ce sentiment d'abandon quand les commerces ferment.

  • Speaker #1

    Oui, et puis en plus, je crois que les Français, ils ont un peu une image d'épinal du village. Ça, c'est super. On boit son café en terrasse, on va à la petite épicerie, on a un petit truc. Il y a quand même cet attachement et un peu cette nostalgie. Et c'est vrai que quand ça fonctionne, c'est vraiment un art de vivre qui est hyper agréable, qui est à défendre et qui est menacé. comme tu le disais. Oui, c'est sûr que c'est une question politique, politique au sens large. Mais tout ce qu'on fait dans la vie est politique. À partir du moment où on fait quelque chose, on s'engage. Ce qu'on disait un petit peu tout à l'heure, choisir où on fait ses courses, quelque part, oui, c'est un engagement, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Tu parlais tout à l'heure de village vivant. Bozoul a cette image-là, quand même, d'un village vivant. Mais parce qu'il y a un tourisme qui est très important, grandissant autour du patrimoine, du canyon. Il y a les séries télévisées qui ont jeté comme ça une lumière un peu brute peut-être sur le village. Mais est-ce qu'il vit bien ce village ?

  • Speaker #1

    Ça dépend. Alors oui, il mange, il vit, il fait bon, il vit, etc. Mais moi, quand j'étais jeune, j'ai connu une vie plus importante dans les cafés. Il y avait des concerts presque tous les week-ends. Ça, c'est quelque chose qui s'est un peu perdu. C'est plus habité, il y a vraiment une dynamique, puis il y a un bassin d'emploi à Bouzoul qui est important. Le risque, ce serait que ça devienne à un moment donné un village dortoir. C'est un pari et c'est une volonté de maintenir des choses en centre-ville. D'où l'importance de continuer à organiser des événements aussi en centre-ville. Moi je pense aussi...... qu'il ne faut pas toujours, pour une question de place et de parking, faire les choses loin, parce que du coup, après, c'est compliqué pour le centre du village.

  • Speaker #0

    Donc ce serait quoi la recette d'un village vivant ? Il faut recentrer, retrouver des lieux de vie, de circulation, de permettre de se croiser dans des...

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'il faut... De toute façon, plus on est... Plus on est nombreux à un endroit, plus ça va attirer du monde. À partir du moment, enfin la Véronie se déplace beaucoup en voiture, à partir du moment où il est garé, tu vois, il faut qu'à pied, il puisse avoir accès à différentes choses, différents commerces, différents endroits. Je pense que pour que ce soit réussi, oui, il faut... Il faut arriver à avoir une offre vraie et pérenne à l'année, c'est-à-dire ne pas tomber dans le cliché du village qui devient uniquement touristique avec des boutiques que pour les touristes, etc. Ça, c'est un risque qu'il faut avoir en tête. Il ne faut pas penser que tourisme. Le tourisme, on en a besoin, donc c'est important, mais il faut que les choses soient équilibrées, que l'offre soit pour tout le monde. C'est un paramètre important, ce n'est pas le seul. Et il faut avoir des politiques qui pensent l'aménagement du centre-village, pas juste pour que ce soit joli, mais pour qu'il vive, pour qu'il y ait des choses qui s'y tiennent, qui s'y passent.

  • Speaker #0

    Donc là, toi, tu es épicière, libraire, crémière, ton époux boulanger. Bon, on a quand même des métiers qui contribuent à faire vivre, justement, qui sont... Parmi les premiers auxquels on pense quand on pense à commerces et services de proximité en tout cas. Et tu rajoutes là en ce moment une nouvelle casquette puisque tu fais partie d'un noyau dur d'amis je crois, qui lance une association culturelle sur Beaux-Auls. Avec quelle envie ? Qu'est-ce que vous voulez faire ? Avec qui ? Pour qui ?

  • Speaker #1

    Alors bon c'est tout, on a déposé les statuts en préfecture la semaine dernière. Dans le cadre de l'épicerie. J'ai commencé à organiser, il y a deux ans je crois, des rencontres littéraires, soit autour d'un écrivain, soit des lectures à vote, etc. Et puis l'année dernière, on a proposé au printemps, on a eu l'opportunité, c'est le réseau Aveyroné, par connaissance, de recevoir Sylvie Gracia, qui est... qui est autrice et qui est aussi responsable d'édition à l'Iconoclast, qui est la maison d'édition qui avait reçu l'année dernière le Goncourt. Donc on l'a invitée, elle était OK pour venir. Et on a fait venir aussi un peintre. On a demandé la galerie à la mairie, elle était disponible, ils étaient OK. On a organisé une exposition sur 15 jours avec une rencontre. Ça a bien fonctionné, c'était très enthousiasmant pour nous. Puis on a eu de super retours des artistes. Et de là, on s'est dit, bon, c'est chouette, il y a peut-être quelque chose à faire pour amener la culture en milieu rural. Donc, notre ambition, c'est de proposer un festival annuel sur Beaux-Oûles, la communauté de communes et éventuellement l'Aveyron, qui regroupe différents artistes intervenants, tous domaines confondus, que ce soit la peinture, la musique, le textile. Enfin, on a des envies larges. Et proposer des interactions aussi avec la population, notamment les deux écoles, l'EHPAD et la médiathèque. Et on aimerait, si possible, déboucher sur de la co-création, de la résidence d'artistes. Enfin, voilà, on a plein de rêves. On a baptisé l'association Yvonne. Donc voilà, Yvonne sera bientôt officiellement baptisée, elle sera immatriculée.

  • Speaker #0

    Pourquoi Yvonne ?

  • Speaker #1

    Parce que le premier festival aura lieu au mois de mai. Le 19 mai, c'est la Sainte Yvonne. Que Yvonne dans le canyon, ça nous fait rire. Voilà, donc ce sera Yvonne, tout simplement.

  • Speaker #0

    Parce que ça manquait, est-ce que c'est ça qui est à la base de la réflexion aussi ? De se dire que les moments que vous avez vécu de rencontre à l'épicerie méritaient de s'installer un peu plus durablement ?

  • Speaker #1

    Alors je trouve que c'est dynamique. Quand on s'y intéresse, il se passe plein de choses en Aveyron. Au niveau même de Bozouls, oui, peut-être que ce souffle-là, il n'y est pas encore vraiment tout à fait. En tout cas, là, nous, on veut se faire plaisir. Il y en a qui sont plutôt intéressés par la photographie, par d'autres choses. On a le lieu qui existe, donc ce lieu qui est quand même chouette, sans compter qu'on peut délocaliser plein de choses. Ça nous intéresserait d'être dans le trou, dans des jardins. Pourquoi pas bouger à plein d'endroits ? On a la médiathèque qui est super dans le village aussi, on a cette Ausha d'avoir vraiment des lieux intéressants. Et oui, du coup, ça nous donne envie d'offrir des choses. De partager autour de ça, de proposer des rencontres vraiment inattendues. Et en fait, parfois, on se met des barrières. On imagine que tout se passe à Paris, mais ce n'est pas vrai. En fait, il se passe plein de choses partout. Et des fois, il suffit de lancer une invitation pour qu'elle rebondisse. Et ça, c'est génial.

  • Speaker #0

    On sent en toi l'envie de créer des connexions, de faire vivre. Tu parlais déjà de l'épicerie comme un lieu de vie.

  • Speaker #1

    Oui. Ça fait partie de toi ? J'étais enseignante, oui, donc je pense que ça doit être à moi, effectivement. Oui, je pense qu'il y a... En tout cas, là, pour le projet d'Yvonne, il y a des artistes, il y a des gens qui font des choses géniales, mais qui ont besoin aussi de passeurs. Et nous, je pense qu'on s'inscrit un peu dans ce Ausha. Je pense qu'il faut aussi faire ce lien-là. Je pense que c'est un petit peu là-dedans qu'on s'inscrit. Et oui, j'adore faire se rencontrer des gens. C'est vrai, quand il y a plein de connexions qui s'établissent comme ça, c'est génial. Oui, oui, c'est vrai que ça me plaît.

  • Speaker #0

    Et tu n'as jamais senti que tu étais empêchée, en étant à Beausole, de faire tout ça ? C'est ce qui ressort quand même de ton message.

  • Speaker #1

    Mais oui, oui, complètement. Alors, tu m'aurais dit il y a 20 ans, un jour il y aura une librairie à Beaux-Ouls. J'aurais rigolé, je pense. Mais je crois que dans la vie, à partir du moment où tu as quelque chose qui te fait rêver, dont tu as envie, peu importe le lieu où tu es. Si vraiment tu fais... Les choses, sincèrement, bon, après, de toute façon, si ça doit arriver, ça arrive. Si ça ne peut pas, c'est que ce n'était pas le moment ou l'endroit, ce n'est pas grave. Mais je ne crois pas que le lieu soit un frein, en fait. C'est vrai. Non, je ne me suis jamais mise de barrière pour ça. Oui. Je crois que, peu importe l'endroit où tu es, si toi, il te fait vibrer, il en fera vibrer d'autres. Ça peut marcher, quoi.

  • Speaker #0

    Oui. Moi, je trouve l'image géniale. Le trou de Beaujeu, on a l'habitude d'entendre parler de ça, ce serait un oeuf, mais du trou du cul du monde, on a toujours cette image-là. Là, il y a vraiment cette idée d'encaissement, et pourtant...

  • Speaker #1

    Oui, mais ça, plus jeune, je me suis fait chambrer, parce qu'en plus, moi, en habitant là, dans le trou, je le disais spontanément, si tu veux, sans me rendre compte même de ce que ça pouvait vouloir signifier. Aujourd'hui, on a un jour à l'épicerie, on a plein de jeux de mots là-dessus, parce que... Parce qu'il faut en rire, et d'ailleurs on sent qu'il y a une volonté de ne plus parler de trône et de canyon, sauf que quand tu l'as depuis toujours, toi tu dis le trou de Beausoul, voilà, et que je pense qu'il faut en rire. Mais c'est vrai que les lieux évoluent, moi je l'ai vu en travaillant, quand j'étais enseignante, il y a des villages que j'ai connus très vivants et puis qui peu à peu s'éteignent. En ce moment, il fait vraiment bon vivre ici, on est en train de... C'est une période pleine d'une super énergie. Et le lieu aussi est porteur. Mais franchement, moi, quand j'étais petite, personne ne se promenait ici. Enfin, même les Beausoulés, je veux dire, personne ne descendait dans le trou. Il y a eu une volonté, des choses qui se sont alignées. On parlait tout à l'heure de politique. Il y a eu cette envie politique de faire vivre le cœur du village. Je pense qu'avant la manature de M. Calméli, on a eu un autre maire qui a plus travaillé à développer... la zone artisanale, un bassin d'emploi, etc. Et c'était important. Et puis, c'était un choix aussi de développer ça.

  • Speaker #0

    Rappelons que Jean-Luc Calméli, maire de Bozouls, est aussi vice-président au département de l'Aveyron et président de l'agence d'attractivité et du tourisme de l'Aveyron. Rachel, peut-être pour terminer notre conversation, est-ce que tu pourrais répondre à cette question que tu connais, je crois, la dernière que je pose à tous ? tant aux invités de Finta. En quoi est-ce que tu crois ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais te le dire simplement parce que c'est vraiment une devise qui est affichée sur mon bureau depuis longtemps. Je crois aux rêves. Vraiment, je crois au pouvoir des rêves, de la rêverie. Je pense que c'est très important des fois de se poser soi et de réfléchir à ce qui nous fait vibrer, ce qui nous fait rêver en fait. Et c'est ce que tu me disais tout à l'heure, où qu'on soit, tout peut advenir. Il faut nourrir cet espace-là en soi. Il faut le dire aux gens. On ne mise pas assez sur la rêverie, ça c'est sûr. Oui, c'est important et on peut accomplir plein de choses.

  • Speaker #0

    C'est indiscret de te demander quel est ton rêve en ce moment, celui qui t'occupe toi ou pas ?

  • Speaker #1

    Alors en ce moment, évidemment je suis tournée vers Yvonne. Ce matin, on le présentait justement à la mairie, on présentait notre ambition. Donc mon rêve vraiment, ce serait de pouvoir accueillir des artistes en résidence, de construire quelque chose sur le territoire, une œuvre, que ce soit vraiment... Je dis un livre forcément parce que c'est mon domaine, mais mon rêve, ça serait de pouvoir accueillir des artistes ici et de créer avec les gens d'ici, non seulement des échanges, mais aussi quelque chose qui reste. Ça, c'est mon rêve pour l'avenir. De partir d'ici et d'être peut-être itinérant aussi sur le territoire, ça me plairait beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Rachel.

  • Speaker #1

    Merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Finta jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu, inspiré, questionné et fait voyager peut-être. Si vous souhaitez continuer la discussion, je suis toujours curieuse de vous lire et d'échanger. Je vous propose que l'on se retrouve sur Facebook, sur Instagram ou sur le site fintapodcast.fr. Vous pouvez retrouver tous les précédents épisodes de Finta gratuitement sur les applications de podcast et pour recevoir chaque nouvel épisode directement dans votre boîte mail, Vous pouvez aussi vous abonner à la newsletter. Et pour que Finta vive, si vous appréciez le podcast et que vous souhaitez soutenir ce travail indépendant, partagez-le autour de vous. Transférez-le à vos amis, parlez-en. C'est le meilleur soutien que vous puissiez nous apporter. A très bientôt.

  • Speaker #1

    Peut-être que ce que je n'ai pas dit par rapport à faire vivre une épicerie, c'est que ce qui était hyper important aussi, c'est... C'est l'équipe, quoi. Tu vois, c'est de... Enfin, on ne fait rien seul, tu vois, d'être... Voilà, on est une équipe de cinq, on a chacun un peu des rôles. Je n'ai pas évoqué Hélène, qui travaille avec nous, qui est la personne qui fait le ménage, mais aussi qui propose des animations le dimanche. Il y a vraiment... cette notion de... On se fait plaisir dans nos pôles d'activité, mais aussi on a des compétences différentes. C'est ce qui nous permet aussi, je pense, à la fois d'être solides, d'être force de proposition et que le lieu fonctionne aussi. Je ne sais pas si j'ai assez parlé du travail d'équipe.

Description

C’est l’histoire d’une épicerie qui renaît de ses cendres, là, au milieu de la place du village. A Bozouls, à quelques pas du précipice qui fait la notoriété du village, l’Epicerie du Trou a ressuscité il y a dix ans, quand un trio d’amis, attablés à la terrasse d’en face, s’est lancé le défi de raviver la flamme. Mais si l’on s’arrête sur les belles renaissances, en creux, ce sont toutes les disparitions des commerces de proximité que l’on devine. 


Aujourd’hui, l’Epicerie du Trou emploie cinq personnes, pour un seul équivalent temps plein. Il y a donc Rachel Girbelle, sa sœur Claire Marlet, qui a relancé l’épicerie en 2014, leurs parents, et Hélène. Une affaire de famille dans laquelle chacun peaufine son rayon. Si bien que l’Epicerie du Trou déborde largement de l’épicerie de village que l’on imagine. Elle est à la fois crèmerie, librairie, boutique de cadeaux, lieu de vie et de rencontres, en relevant le défi d’une sélection fine de produits sourcés localement tout en assurant un service de proximité précieux pour les voisins.


Alors avec Rachel, on a causé du défi que cela représente, de faire vivre un commerce de village toute l’année, d’amener à changer des habitudes de consommation pour ne pas regretter que les petites échoppes baissent le rideau, et de prendre conscience que nos choix de consommation sont toujours des choix politiques et engagés.


Bonne écoute !


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Transcription

  • Speaker #0

    de s'engager, aujourd'hui pour demain. Je suis Lola Cross et j'arpente ce bout de campagne depuis dix ans comme journaliste. Avec Finta, je vous invite à croiser des regards, à Finter de plus près. Et ça commence tout de suite. C'est l'histoire d'une épicerie qui renaît de ses cendres, là, au milieu de la place. A Beausoul, à quelques pas du précipice qui a fait la notoriété du village, l'épicerie du Trou a ressuscité il y a dix ans, quand un trio d'amis, attablés à la terrasse d'en face, s'est lancé le défi de raviver la flamme. Mais si l'on s'arrête sur les belles renaissances, en creux, ce sont toutes les disparitions des commerces de proximité que l'on devine. Aujourd'hui, l'épicerie du Trou emploie 5 personnes, pour un seul équivalent temps plein. Il y a donc Rachel Gerbel, sa sœur Claire Marlet, qui a relancé l'épicerie en 2014, leurs parents et Hélène. Une affaire de famille dans laquelle chacun peaufine son rayon, si bien que l'épicerie du Trou déborde largement. de l'épicerie de village que l'on imagine. Elle est à la fois crèmerie, librairie, boutique de cadeaux, lieu de vie et de rencontres, avec la prouesse de concilier une sélection fine de produits sourcés localement, tout en assurant un service de proximité précieux pour ses voisins. Alors, avec Rachel, on a causé du défi que cela représente de faire vivre un commerce de village toute l'année, d'amener à changer les habitudes de consommation pour ne pas faire que regretter. les petites échoppes quand elles viennent t'abaisser le rideau et de prendre conscience que Ausha de consommation sont toujours des choix politiques et engagés. Bonne écoute.

  • Speaker #1

    Alors nous sommes dans ma maison, notre maison, je vis là avec mon mari Philippe et ma fille Horoz, dans le trou de Bozouls, au bord de la rivière. Et ici on dit le pont, le quartier c'est le quartier du pont en fait.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'il dit de toi ce lieu ?

  • Speaker #1

    C'est un endroit que j'aime beaucoup. J'y ai passé une partie de mon enfance puisque mes grands-parents avaient une ferme qui est aujourd'hui habitée par mon cousin. Donc là, j'y ai passé de bons moments. Et puis, c'est le cœur du vieux village aussi. Voilà, donc c'est des maisons en pierre, la nature, tout ce qui me plaît. Et il y a ma sœur Claire qui est un petit peu plus loin, juste quand on arrive. Et après, ce qui est chouette aujourd'hui, par rapport à l'époque où moi je l'ai connue, c'est que toutes les maisons sont habitées à l'année. Donc c'est un lieu qui est vivant, qui est chouette, qui est habité. Et c'est aussi un lieu de passage et de promenade. Donc voilà, il y a beaucoup de monde.

  • Speaker #0

    Toi, tu as grandi où ?

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai grandi à Bozouls, mais dans un lotissement à la sortie du village, quand on prend la direction de Gabriac.

  • Speaker #0

    Et tu as... Toujours vécue à Bozouls alors ? Oui. Tu en es partie ?

  • Speaker #1

    Alors j'en suis partie pour mes études. J'ai fait mes études à Toulouse. Mais mes amis, ma famille, ce mois comme peu de mois, j'ai du mal à partir. Ils me disent, ça y est, il n'y a plus le panneau à Véron, tu n'es pas trop perdue. J'ai un attachement au village. Alors mes parents rigolent parce que quand j'étais jeune et ado, je disais que je partirais, jamais je ne ferais ma vie ici. Mais j'ai décidé assez tôt. Vers 22-23 ans, j'ai décidé de venir à Brazoul.

  • Speaker #0

    Pourquoi alors ? C'est intéressant parce que c'est parfois difficile de décrire un lien aux racines, de l'expliquer. Je crois qu'on a été nombreux à vouloir en partir quand on était jeunes. Ici plus qu'ailleurs, on est dans un trou. Et donc, comment tu expliques ?

  • Speaker #1

    Je crois que je me sens bien, en fait, tout simplement. Et que je suis toujours... émerveillée par l'endroit où je vis. C'est-à-dire, tu vois, je sors, je suis immédiatement dans le site, je fais la balade. Je suis toujours émerveillée, je trouve ça beau, je peux me poser n'importe où. Et donc, je me suis dit assez tôt que c'était précieux. Et justement, je rencontrais plein de gens qui voyageaient ou qui cherchaient des endroits. Et je me suis dit, ne te pose pas 50 questions, c'est là que tu es bien. Et donc, autant y rester et essayer de faire quelque chose ici.

  • Speaker #0

    Et donc, quand tu choisis de t'installer ici, 22-23 ans, qu'est-ce que tu fais ? Tu en es où de ta vie, de ton parcours ?

  • Speaker #1

    Alors, à ce moment-là, je finis mes études de lettres modernes. Et j'ai commencé l'enseignement à 23 ans. Donc c'est le moment, je suis retournée vivre chez mes parents, je cherche un endroit à acheter en fait. Et j'achète ici en 2004, donc c'est ça à peu près. Donc j'achète une grange, une étable. Et j'habite ici depuis 2006, le temps de faire les travaux.

  • Speaker #0

    Donc ta première vie professionnelle, c'est celle de professeure ? Oui,

  • Speaker #1

    oui, professeure de français. et latin, essentiellement en collège.

  • Speaker #0

    Et comment on en arrive à devenir épicière alors ? Est-ce que tu as toujours rêvé d'être épicière ? Moi, c'était mon rêve.

  • Speaker #1

    Alors, épicière, non. Mais quand j'ai choisi de faire des études de lettres, il n'y a pas 50 000 débouchés. Donc, c'était l'enseignement. J'ai passé suite à l'enseignement. Mais le métier de libraire m'aurait plu aussi. seulement voilà quand tu as fini tes études tu n'as pas les moyens encore financiers d'acheter une librairie ou de créer tout ça donc j'avais déjà j'avais pensé à la librairie pas vraiment à l'épicerie j'avais travaillé dans une maroquinerie à rhodes donc j'avais vu ce que c'était tenir un commerce et puis bon donc j'ai adoré mon premier métier ma première carrière professionnelle pour moi ça a été Hyper épanouissant, je pense que je peux dire que j'avais ce qu'on appelle une vocation. J'ai beaucoup aimé ça. Et j'ai rencontré mon mari qui lui avait une carrière de son côté, il est boulanger. Et à un moment de notre vie commune, on a été confrontés à une difficulté. Et on s'est dit, si on n'arrive pas à la dépasser, on fera quelque chose ensemble. On mêlera nos vies professionnelles, on aura un projet, et pourquoi pas un restaurant. Puisque lui, ses parents, en fait, ils étaient restaurateurs. Et puis, bon, les choses ont avancé, c'était très bien, etc. On a gardé, enfin voilà, on a continué nos vies, tout se passait bien. Mais cette idée qu'on a eue là, à un moment, elle a ressurgi. Merci. Donc on a créé un restaurant qui s'appelait La Maison Bouteille. Et puis après, mon mari a eu quelques soucis de santé. On a laissé le restaurant et ma sœur qui travaillait à l'épicerie, qui gérait l'épicerie depuis plusieurs années, m'a dit à ce moment-là, si tu veux, il y a une place pour toi à l'épicerie. Je l'ai aidée depuis un moment en off. Je lui avais proposé de créer un rayon librairie dans l'épicerie. Donc je m'en occupais et je me suis dit, allez, je pars dans l'épicerie, je vais essayer de développer ce rayon-là et puis travailler avec elle et découvrir ce métier. Ce qui m'intéressait, c'est que l'épicerie, elle est au cœur du village et que ça m'intéressait d'essayer de faire vivre ce lieu aussi avec elle.

  • Speaker #0

    Parce qu'elle, au moment où elle l'a gérée, c'était une épicerie alimentaire, un commerce alimentaire de proximité dans la définition la plus classique qu'on peut en avoir ?

  • Speaker #1

    Alors elle en fait, à la base, c'est elle qui a repris l'épicerie avec deux copains à elle en 2004. En 2004, ça faisait un an que l'épicerie était fermée. Donc avant, elle était sous enseigne. Et elle était fermée, personne ne la reprenait. Ma soeur, elle bossait déjà, elle avait un boulot dans le commerce international. Et elle le raconte elle-même, elle était sur la place un soir avec deux copains en face, elle buvait un coup. Ils se sont dit que c'était dommage, parce que c'était notre village et qu'il y avait déjà un commerce qui ferme. Pourquoi on ne le reprendrait pas en mettant quelqu'un à le gérer, puisqu'ils avaient tous des boulots. Ma soeur, ils étaient trois au départ. Et puis après, sur les trois, il y en a un qui est parti à Paris. L'autre qui a repris une entreprise ici. Donc elle a continué à le gérer avec une employée. Et mon papa, qui était rentré dans l'affaire entre-temps, en tant qu'employé aussi. Et donc moi, j'ai intégré l'épicerie il y a deux ans. Et elle, c'est devenu son métier depuis un an. Elle a laissé sa première carrière pour intégrer l'épicerie, pour que ça devienne son travail à elle aussi.

  • Speaker #0

    J'ai lu de vous que vous vouliez attirer à l'épicerie autant les mamies du village que les bobos. En tout cas, que votre clientèle semble ressembler à la fois les mamies et les bobos. Qu'est-ce que ça veut dire et qu'est-ce que ça dit du lieu ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est clair qu'il avait dit dans une interview, c'est ma sœur. Ce que ça veut dire, c'est que c'est un commerce, on voulait être ouvert à tout le monde, mais on tenait vraiment à avoir cette notion de rendre service. Ce qu'elle veut dire par attirer les mamies, c'est qu'il y a une clientèle de personnes âgées qui ne sont pas forcément véhiculées. Pour qui c'est important le commerce de proximité ? Donc on est heureux d'accueillir cette clientèle-là, de pouvoir les livrer, d'être dans la notion vraiment de service. Mais on a besoin de tout le monde, notamment d'une clientèle quotidienne, d'une clientèle des fois plus aisée, qui va pouvoir faire travailler l'épicerie aussi sur du cadeau, sur une autre offre que purement alimentaire. On a besoin du tourisme aussi, pour pouvoir faire le pari d'être ouvert toute l'année. Là par exemple, on est en novembre, c'est sûr qu'on n'est pas sur le rythme du mois d'août. C'est un pari d'être ouvert à l'année dans un village. Ce qu'elle voulait dire, c'est qu'on a besoin de différents types de clientèles pour être viable à l'année.

  • Speaker #0

    Ça veut dire que vous l'avez réfléchi pour avoir des rayons qui répondent à ces trois clientèles-là. Ça fait vraiment partie de la stratégie initiale ou tu es venue sur le tas ?

  • Speaker #1

    Non, je crois que la volonté d'ouverture, elle était parce qu'on voulait qu'il y ait du lien social. et que le lien social soit large. Et c'était un peu dans nos rêves, on a envie que se rencontrent différents types de gens, parce qu'on l'a conçu comme un lieu aussi où on va peut-être prendre son temps, échanger, discuter, et nous ça nous intéressait qu'il n'y ait pas un entre-soi, que ce soit assez divers. Mais la réflexion première, quand ma sœur a ouvert l'épicerie, quand elle l'a repris, c'était de travailler. en direct le plus possible avec des locaux. C'était d'abord le produit qui a amené notre réflexion. Elle, ce qui l'intéressait, c'est l'agriculture. Elle aime beaucoup ça, donc c'était vraiment trouver des agriculteurs, des producteurs du coin, travailler avec eux directement. On a d'abord réfléchi à ce qu'on voulait proposer et à qui on voulait permettre de vivre derrière, à ce qu'on voulait mettre en valeur. Et après, on a essayé de penser l'endroit pour qu'il soit... beau et atriable, mais pour que les gens aient envie de venir, les gens en général.

  • Speaker #0

    Donc c'est à la fois, tu le disais, une épicerie, une librairie, une papeterie, une boutique de cadeaux, on trouve tout ça. Est-ce que c'est ta définition, toi, de ce que doit être une épicerie de village en 2024 ?

  • Speaker #1

    Non, pas forcément. Nous, en fait, on essaie chacun de se faire plaisir dans notre domaine. Aujourd'hui, on est cinq à travailler à l'épicerie. Il y a un seul emploi à plein temps, mais en fait on est cinq en tout. Et l'idée c'est que chacun se fasse plaisir dans son domaine, donc c'est venu un peu comme ça. Mon papa, il a deux frères, il a deux grands frères qui étaient primeurs, et c'est ce qui les intéresse, les fruits et légumes, donc il se fait plaisir là-dessus. Claire, ma sœur, c'est plutôt la crèmerie, le fromage, donc elle a développé ce rayon-là parce que c'est ce qui lui plaît. Et moi j'aime les livres, donc j'ai développé ce rayon-là parce qu'il me plaît. On a plutôt essayé de... de développer des choses qu'on aime et auxquelles on croit, plutôt que de réfléchir à ce que ce soit équilibré, ou que ce soit un concept store, des choses comme ça. C'est plutôt... Il y a une offre dans l'artisanat aussi qui est intéressante. Donc, on va proposer le travail d'artisan ou de créatrice avéronnaise. Sur l'alimentaire, on fait ce choix. 80% du magasin sont des produits avéronnés. Et après, par conviction, tout ce qui est épicerie de dépannage, c'est du bio. Mais c'est plutôt... On l'a plutôt réfléchi quand j'y pense, à partir de nous, se faire plaisir en proposant ce qui nous semblait beau, bon et juste aussi dans la proposition.

  • Speaker #0

    Quel est l'accueil des gens du village ?

  • Speaker #1

    Il est bon, franchement, on a une clientèle super sympa. Le défi, c'est toujours de se faire reconnaître et ce terme épicerie, il est un peu générique en fait. Là, les prochains projets, c'est de travailler un peu plus la signalisation pour expliquer tout ce qu'on fait, tout ce qu'on propose et donner l'envie aux gens de pousser la porte, tout simplement. Parce que je crois qu'on a des habitudes de consommation, que c'est difficile d'en changer. Et voilà, il faut donner l'envie de pousser la porte. On a la chance d'habiter dans un village qui se développe. Ça, c'est un défi. Comment ? communiquer efficacement, donner l'envie de venir. C'est vraiment notre questionnement aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Puis on est dans un moment, ça commence à se voir sur le territoire où les enseignes nationales mettent le grappin, y compris sur les petites villes, je pense à l'agglomération de Rodez, mais aussi les gros villages comme Bozouls peut-être.

  • Speaker #1

    On ne se place pas en concurrence d'eux, parce que c'est David contre Goliath, c'est autre chose. Moi j'estime que dans ce monde, il y a de la place pour tout le monde. Et en tout cas, on lutte pour exister comme ça et pour proposer autre chose. C'est un idéal qu'on défend. Franchement, c'est un rêve qu'on a à cœur. Moi, quand je vais visiter un endroit, c'est une des choses qui m'intéresse. De voir des commerces indépendants, l'offre qu'ils ont, qui justement va refléter une personnalité, un caractère, va être atypique. C'est ce qui m'intéresse et je ne voudrais pas que ça disparaisse. Donc on ne s'inscrit pas contre eux ou en lutte, mais on veut proposer autre chose et on espère que ça existera toujours, que ces deux offres pourront exister. Voilà, l'une à côté de l'autre. Qu'il n'y en a pas une qui va écraser l'autre vraiment définitivement. Ça, ce serait triste. Mais ce que tu dis sur les villes, c'est... Quand tu arrives dans une ville et que tu vois les mêmes enseignes que dans la ville qui est à 600 kilomètres, c'est dommage. Il y a une espèce d'uniformisation contre laquelle je pense qu'il faut lutter. Je ne pense pas que ce soit la bonne direction.

  • Speaker #0

    Et quand tu dis que vous réfléchissez à la signalétique, à faire rentrer les gens dans l'épicerie, quels sont les arguments d'après ton expérience qui fonctionnent auprès des consommateurs ? Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ?

  • Speaker #1

    Alors nous, ce qu'on a envie de leur dire, c'est déjà qu'on travaille avec des agriculteurs, des producteurs, des artisans avéronnés. Donc on a la chance d'avoir un département riche avec une offre qualitative et hyper intéressante. Donc on leur dit, venir chez nous, c'est non seulement consommer français, mais ultra local. Donc c'est ça, c'est faire ce choix-là. Et c'est aussi faire le choix de faire vivre les centres-villages. Et le commerce, justement, indépendant et libre. On a une partie de la clientèle qui est sensible à ces arguments, je pense. Après, il y a des gens qui viennent par commodité aussi ou par plaisir et c'est encore mieux. Mais ce qu'on essaie d'expliquer dans notre communication, mais de façon légère, c'est de leur dire, voilà, venir chez nous, c'est aussi permettre à des petits producteurs de travailler. On est l'intermédiaire avec eux ou de vous les présenter. Mettre en avant ces gens-là et aussi permettre que dans un village, il n'y ait pas de devantures fermées, ce qui arrive dans d'autres villages, ce qu'on voit, des commerces fermés. Ça, c'est super triste, mais il ne faut pas juste le déplorer. Ça, c'est une démarche au quotidien, c'est se dire, tu parlais des livres, on le sait, le prix des livres, il est le même en France, partout. Donc, commander son livre ou venir l'acheter dans une librairie indépendante. il y a peut-être juste un petit délai, tu ne vas pas le recevoir chez toi directement. Mais bon, c'est un acte quelque part militant, c'est sûr, mais c'est important.

  • Speaker #0

    Oui, les choix de consommateur. Oui. Chaque euro dépensé pour le consommateur est un choix militant, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, et je crois que tout le monde n'est pas dans cette démarche, il faut le conscientiser aussi, il faut réfléchir. Ça, c'est quelque chose aussi qu'on espère insuffler à la jeunesse. Parce que l'essentiel de notre clientèle, on a des jeunes qui viennent de plus en plus, mais ce n'est pas l'essentiel de notre clientèle. Je comprends que c'est facile de commander un drive à 11h du soir depuis son téléphone et d'aller le récupérer le lendemain. Ça m'aime passer par la caisse. C'est un autre monde de vie, c'est une autre façon de faire. Maintenant, tu n'es même plus obligé de passer à la caisse et de dire bonjour à la caissière si tu n'as pas envie. De même que je pense qu'il est important de se rencontrer au café, au restaurant. Aujourd'hui, c'est un choix, je pense. Ce n'est plus forcément un mode de vie comme l'ont connu nos grands-parents. Il n'y avait que ça. Maintenant, on a une offre pléthorique et d'autres modes de consommation. Bon, c'est un modèle de société aussi. Mais nous, on vit à la campagne. Je pense qu'il faut le réfléchir aussi. Il ne faut pas juste déplorer. Puis à partir du moment où on vit dans un endroit, où on fait le choix de s'installer quelque part, c'est bien de participer à la vie du village, de quelque façon que ce soit. Ça peut être par le milieu associatif, ça peut être... Bon, si on a envie que l'endroit où on vit soit vivant, justement. Voilà, autant... Mettre son pouvoir d'achat là, son énergie, partager ensemble. C'est vivre ensemble aussi. C'est ça qui est important.

  • Speaker #0

    Peut-être pour donner quelques chiffres sur les commerces de proximité, justement se rendre compte de tous les villages qui en sont privés aujourd'hui. Entre les années 1980 et 1990, juste dans cette décennie-là, il y a 30% des commerces alimentaires de proximité qui ont disparu dans les villages. 1980, ce sont les chiffres de l'INSEE. 25% des communes françaises n'avaient pas de commerce, absolument aucun commerce dans leurs communes. Aujourd'hui, c'est 62% des communes françaises qui n'en ont plus. Donc la disparition des commerces de proximité, on le voit sur les graphiques, va de pair avec l'explosion des supermarchés justement. Donc on va plus loin faire ces courses dans des centres. Ça va aussi peut-être avec un programme politique qui est en cours de reconquête du commerce rural. Je ne sais pas si tu en as entendu parler. 36 millions d'euros qui sont sur la table pour aider des commerces, en tout cas des porteurs de projets, �� relancer des commerces dans des villages qui en sont privés. Est-ce que vous, vous avez été aidée ?

  • Speaker #1

    Alors, on a été aidée, je crois, fiscalement au début, parce qu'on était classée zone de revitalisation rurale.

  • Speaker #0

    Tout l'Aveyron est en zone de revitalisation.

  • Speaker #1

    Ça, ça a été l'aide. La première année, je sais qu'on a pu avoir... Enfin, on a été présenté... Ma sœur a été présentée le projet à la mairie qui l'a aidée à négocier le loyer pour qu'on y arrive, quoi, en fait, à faire face à un loyer. Ça, voilà.

  • Speaker #0

    Et juste pour fermer ce côté politique, il y avait donc un député... Monsieur Maquet, député de Seine-Maritime, de mémoire, qui a fait un rapport en 2022 sur les commerces de proximité, et il a cette phrase pour introduire son rapport qui dit que la question même du commerce de proximité revêt d'autant plus d'importance que si le commerce est une activité privée, il est inconsciemment perçu par les Français comme un service public.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu le ressens ? Oui, ça je pense que je le ressens. Par exemple, c'est tout bête, mais au niveau des heures d'ouverture, quand tu as un commerce, ce qui est compliqué, c'est qu'il faut être ouvert le plus souvent possible avec une amplitude horaire vraiment large. Parce que oui, pour les gens, c'est compliqué si tu réduis. Il faut presque être disponible à tout moment de la journée. C'est vrai que oui, ça a une utilité. Il n'y a pas longtemps, ça me... fait sourire, là on vient de passer Toussaint et il y a un élu qui est passé à l'épicerie et qui m'a dit ah quand même c'est bien d'avoir quelqu'un ouvert un jour férié pour pouvoir se dépanner tu vois cette notion de service oui c'est en tout cas, oui je pense qu'on joue ce rôle là aussi je ne savais pas que ce député l'avait dit mais oui oui c'est vrai que c'est un commerce privé mais qui a un rôle vraiment dans le village je pense oui

  • Speaker #0

    Oui, puis je crois que ça rejoint des questions politiques, dans le sens où on voit prospérer le vote extrême aussi, quand on se sent oublié, qu'on a l'impression que tout fout le camp des campagnes. C'est beaucoup ce qui est ressorti sur les derniers scrutins. Et ça tient beaucoup à l'existence ou pas de commerce dans les villages aussi, ce sentiment que tout fout le camp. Quand on n'a plus de commerce dans le village, je crois qu'on... On le met dans le lot avec le bureau de poste qui a fermé. Je crois qu'il peut y avoir aussi ce sentiment d'abandon quand les commerces ferment.

  • Speaker #1

    Oui, et puis en plus, je crois que les Français, ils ont un peu une image d'épinal du village. Ça, c'est super. On boit son café en terrasse, on va à la petite épicerie, on a un petit truc. Il y a quand même cet attachement et un peu cette nostalgie. Et c'est vrai que quand ça fonctionne, c'est vraiment un art de vivre qui est hyper agréable, qui est à défendre et qui est menacé. comme tu le disais. Oui, c'est sûr que c'est une question politique, politique au sens large. Mais tout ce qu'on fait dans la vie est politique. À partir du moment où on fait quelque chose, on s'engage. Ce qu'on disait un petit peu tout à l'heure, choisir où on fait ses courses, quelque part, oui, c'est un engagement, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Tu parlais tout à l'heure de village vivant. Bozoul a cette image-là, quand même, d'un village vivant. Mais parce qu'il y a un tourisme qui est très important, grandissant autour du patrimoine, du canyon. Il y a les séries télévisées qui ont jeté comme ça une lumière un peu brute peut-être sur le village. Mais est-ce qu'il vit bien ce village ?

  • Speaker #1

    Ça dépend. Alors oui, il mange, il vit, il fait bon, il vit, etc. Mais moi, quand j'étais jeune, j'ai connu une vie plus importante dans les cafés. Il y avait des concerts presque tous les week-ends. Ça, c'est quelque chose qui s'est un peu perdu. C'est plus habité, il y a vraiment une dynamique, puis il y a un bassin d'emploi à Bouzoul qui est important. Le risque, ce serait que ça devienne à un moment donné un village dortoir. C'est un pari et c'est une volonté de maintenir des choses en centre-ville. D'où l'importance de continuer à organiser des événements aussi en centre-ville. Moi je pense aussi...... qu'il ne faut pas toujours, pour une question de place et de parking, faire les choses loin, parce que du coup, après, c'est compliqué pour le centre du village.

  • Speaker #0

    Donc ce serait quoi la recette d'un village vivant ? Il faut recentrer, retrouver des lieux de vie, de circulation, de permettre de se croiser dans des...

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'il faut... De toute façon, plus on est... Plus on est nombreux à un endroit, plus ça va attirer du monde. À partir du moment, enfin la Véronie se déplace beaucoup en voiture, à partir du moment où il est garé, tu vois, il faut qu'à pied, il puisse avoir accès à différentes choses, différents commerces, différents endroits. Je pense que pour que ce soit réussi, oui, il faut... Il faut arriver à avoir une offre vraie et pérenne à l'année, c'est-à-dire ne pas tomber dans le cliché du village qui devient uniquement touristique avec des boutiques que pour les touristes, etc. Ça, c'est un risque qu'il faut avoir en tête. Il ne faut pas penser que tourisme. Le tourisme, on en a besoin, donc c'est important, mais il faut que les choses soient équilibrées, que l'offre soit pour tout le monde. C'est un paramètre important, ce n'est pas le seul. Et il faut avoir des politiques qui pensent l'aménagement du centre-village, pas juste pour que ce soit joli, mais pour qu'il vive, pour qu'il y ait des choses qui s'y tiennent, qui s'y passent.

  • Speaker #0

    Donc là, toi, tu es épicière, libraire, crémière, ton époux boulanger. Bon, on a quand même des métiers qui contribuent à faire vivre, justement, qui sont... Parmi les premiers auxquels on pense quand on pense à commerces et services de proximité en tout cas. Et tu rajoutes là en ce moment une nouvelle casquette puisque tu fais partie d'un noyau dur d'amis je crois, qui lance une association culturelle sur Beaux-Auls. Avec quelle envie ? Qu'est-ce que vous voulez faire ? Avec qui ? Pour qui ?

  • Speaker #1

    Alors bon c'est tout, on a déposé les statuts en préfecture la semaine dernière. Dans le cadre de l'épicerie. J'ai commencé à organiser, il y a deux ans je crois, des rencontres littéraires, soit autour d'un écrivain, soit des lectures à vote, etc. Et puis l'année dernière, on a proposé au printemps, on a eu l'opportunité, c'est le réseau Aveyroné, par connaissance, de recevoir Sylvie Gracia, qui est... qui est autrice et qui est aussi responsable d'édition à l'Iconoclast, qui est la maison d'édition qui avait reçu l'année dernière le Goncourt. Donc on l'a invitée, elle était OK pour venir. Et on a fait venir aussi un peintre. On a demandé la galerie à la mairie, elle était disponible, ils étaient OK. On a organisé une exposition sur 15 jours avec une rencontre. Ça a bien fonctionné, c'était très enthousiasmant pour nous. Puis on a eu de super retours des artistes. Et de là, on s'est dit, bon, c'est chouette, il y a peut-être quelque chose à faire pour amener la culture en milieu rural. Donc, notre ambition, c'est de proposer un festival annuel sur Beaux-Oûles, la communauté de communes et éventuellement l'Aveyron, qui regroupe différents artistes intervenants, tous domaines confondus, que ce soit la peinture, la musique, le textile. Enfin, on a des envies larges. Et proposer des interactions aussi avec la population, notamment les deux écoles, l'EHPAD et la médiathèque. Et on aimerait, si possible, déboucher sur de la co-création, de la résidence d'artistes. Enfin, voilà, on a plein de rêves. On a baptisé l'association Yvonne. Donc voilà, Yvonne sera bientôt officiellement baptisée, elle sera immatriculée.

  • Speaker #0

    Pourquoi Yvonne ?

  • Speaker #1

    Parce que le premier festival aura lieu au mois de mai. Le 19 mai, c'est la Sainte Yvonne. Que Yvonne dans le canyon, ça nous fait rire. Voilà, donc ce sera Yvonne, tout simplement.

  • Speaker #0

    Parce que ça manquait, est-ce que c'est ça qui est à la base de la réflexion aussi ? De se dire que les moments que vous avez vécu de rencontre à l'épicerie méritaient de s'installer un peu plus durablement ?

  • Speaker #1

    Alors je trouve que c'est dynamique. Quand on s'y intéresse, il se passe plein de choses en Aveyron. Au niveau même de Bozouls, oui, peut-être que ce souffle-là, il n'y est pas encore vraiment tout à fait. En tout cas, là, nous, on veut se faire plaisir. Il y en a qui sont plutôt intéressés par la photographie, par d'autres choses. On a le lieu qui existe, donc ce lieu qui est quand même chouette, sans compter qu'on peut délocaliser plein de choses. Ça nous intéresserait d'être dans le trou, dans des jardins. Pourquoi pas bouger à plein d'endroits ? On a la médiathèque qui est super dans le village aussi, on a cette Ausha d'avoir vraiment des lieux intéressants. Et oui, du coup, ça nous donne envie d'offrir des choses. De partager autour de ça, de proposer des rencontres vraiment inattendues. Et en fait, parfois, on se met des barrières. On imagine que tout se passe à Paris, mais ce n'est pas vrai. En fait, il se passe plein de choses partout. Et des fois, il suffit de lancer une invitation pour qu'elle rebondisse. Et ça, c'est génial.

  • Speaker #0

    On sent en toi l'envie de créer des connexions, de faire vivre. Tu parlais déjà de l'épicerie comme un lieu de vie.

  • Speaker #1

    Oui. Ça fait partie de toi ? J'étais enseignante, oui, donc je pense que ça doit être à moi, effectivement. Oui, je pense qu'il y a... En tout cas, là, pour le projet d'Yvonne, il y a des artistes, il y a des gens qui font des choses géniales, mais qui ont besoin aussi de passeurs. Et nous, je pense qu'on s'inscrit un peu dans ce Ausha. Je pense qu'il faut aussi faire ce lien-là. Je pense que c'est un petit peu là-dedans qu'on s'inscrit. Et oui, j'adore faire se rencontrer des gens. C'est vrai, quand il y a plein de connexions qui s'établissent comme ça, c'est génial. Oui, oui, c'est vrai que ça me plaît.

  • Speaker #0

    Et tu n'as jamais senti que tu étais empêchée, en étant à Beausole, de faire tout ça ? C'est ce qui ressort quand même de ton message.

  • Speaker #1

    Mais oui, oui, complètement. Alors, tu m'aurais dit il y a 20 ans, un jour il y aura une librairie à Beaux-Ouls. J'aurais rigolé, je pense. Mais je crois que dans la vie, à partir du moment où tu as quelque chose qui te fait rêver, dont tu as envie, peu importe le lieu où tu es. Si vraiment tu fais... Les choses, sincèrement, bon, après, de toute façon, si ça doit arriver, ça arrive. Si ça ne peut pas, c'est que ce n'était pas le moment ou l'endroit, ce n'est pas grave. Mais je ne crois pas que le lieu soit un frein, en fait. C'est vrai. Non, je ne me suis jamais mise de barrière pour ça. Oui. Je crois que, peu importe l'endroit où tu es, si toi, il te fait vibrer, il en fera vibrer d'autres. Ça peut marcher, quoi.

  • Speaker #0

    Oui. Moi, je trouve l'image géniale. Le trou de Beaujeu, on a l'habitude d'entendre parler de ça, ce serait un oeuf, mais du trou du cul du monde, on a toujours cette image-là. Là, il y a vraiment cette idée d'encaissement, et pourtant...

  • Speaker #1

    Oui, mais ça, plus jeune, je me suis fait chambrer, parce qu'en plus, moi, en habitant là, dans le trou, je le disais spontanément, si tu veux, sans me rendre compte même de ce que ça pouvait vouloir signifier. Aujourd'hui, on a un jour à l'épicerie, on a plein de jeux de mots là-dessus, parce que... Parce qu'il faut en rire, et d'ailleurs on sent qu'il y a une volonté de ne plus parler de trône et de canyon, sauf que quand tu l'as depuis toujours, toi tu dis le trou de Beausoul, voilà, et que je pense qu'il faut en rire. Mais c'est vrai que les lieux évoluent, moi je l'ai vu en travaillant, quand j'étais enseignante, il y a des villages que j'ai connus très vivants et puis qui peu à peu s'éteignent. En ce moment, il fait vraiment bon vivre ici, on est en train de... C'est une période pleine d'une super énergie. Et le lieu aussi est porteur. Mais franchement, moi, quand j'étais petite, personne ne se promenait ici. Enfin, même les Beausoulés, je veux dire, personne ne descendait dans le trou. Il y a eu une volonté, des choses qui se sont alignées. On parlait tout à l'heure de politique. Il y a eu cette envie politique de faire vivre le cœur du village. Je pense qu'avant la manature de M. Calméli, on a eu un autre maire qui a plus travaillé à développer... la zone artisanale, un bassin d'emploi, etc. Et c'était important. Et puis, c'était un choix aussi de développer ça.

  • Speaker #0

    Rappelons que Jean-Luc Calméli, maire de Bozouls, est aussi vice-président au département de l'Aveyron et président de l'agence d'attractivité et du tourisme de l'Aveyron. Rachel, peut-être pour terminer notre conversation, est-ce que tu pourrais répondre à cette question que tu connais, je crois, la dernière que je pose à tous ? tant aux invités de Finta. En quoi est-ce que tu crois ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais te le dire simplement parce que c'est vraiment une devise qui est affichée sur mon bureau depuis longtemps. Je crois aux rêves. Vraiment, je crois au pouvoir des rêves, de la rêverie. Je pense que c'est très important des fois de se poser soi et de réfléchir à ce qui nous fait vibrer, ce qui nous fait rêver en fait. Et c'est ce que tu me disais tout à l'heure, où qu'on soit, tout peut advenir. Il faut nourrir cet espace-là en soi. Il faut le dire aux gens. On ne mise pas assez sur la rêverie, ça c'est sûr. Oui, c'est important et on peut accomplir plein de choses.

  • Speaker #0

    C'est indiscret de te demander quel est ton rêve en ce moment, celui qui t'occupe toi ou pas ?

  • Speaker #1

    Alors en ce moment, évidemment je suis tournée vers Yvonne. Ce matin, on le présentait justement à la mairie, on présentait notre ambition. Donc mon rêve vraiment, ce serait de pouvoir accueillir des artistes en résidence, de construire quelque chose sur le territoire, une œuvre, que ce soit vraiment... Je dis un livre forcément parce que c'est mon domaine, mais mon rêve, ça serait de pouvoir accueillir des artistes ici et de créer avec les gens d'ici, non seulement des échanges, mais aussi quelque chose qui reste. Ça, c'est mon rêve pour l'avenir. De partir d'ici et d'être peut-être itinérant aussi sur le territoire, ça me plairait beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Rachel.

  • Speaker #1

    Merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Finta jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu, inspiré, questionné et fait voyager peut-être. Si vous souhaitez continuer la discussion, je suis toujours curieuse de vous lire et d'échanger. Je vous propose que l'on se retrouve sur Facebook, sur Instagram ou sur le site fintapodcast.fr. Vous pouvez retrouver tous les précédents épisodes de Finta gratuitement sur les applications de podcast et pour recevoir chaque nouvel épisode directement dans votre boîte mail, Vous pouvez aussi vous abonner à la newsletter. Et pour que Finta vive, si vous appréciez le podcast et que vous souhaitez soutenir ce travail indépendant, partagez-le autour de vous. Transférez-le à vos amis, parlez-en. C'est le meilleur soutien que vous puissiez nous apporter. A très bientôt.

  • Speaker #1

    Peut-être que ce que je n'ai pas dit par rapport à faire vivre une épicerie, c'est que ce qui était hyper important aussi, c'est... C'est l'équipe, quoi. Tu vois, c'est de... Enfin, on ne fait rien seul, tu vois, d'être... Voilà, on est une équipe de cinq, on a chacun un peu des rôles. Je n'ai pas évoqué Hélène, qui travaille avec nous, qui est la personne qui fait le ménage, mais aussi qui propose des animations le dimanche. Il y a vraiment... cette notion de... On se fait plaisir dans nos pôles d'activité, mais aussi on a des compétences différentes. C'est ce qui nous permet aussi, je pense, à la fois d'être solides, d'être force de proposition et que le lieu fonctionne aussi. Je ne sais pas si j'ai assez parlé du travail d'équipe.

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Description

C’est l’histoire d’une épicerie qui renaît de ses cendres, là, au milieu de la place du village. A Bozouls, à quelques pas du précipice qui fait la notoriété du village, l’Epicerie du Trou a ressuscité il y a dix ans, quand un trio d’amis, attablés à la terrasse d’en face, s’est lancé le défi de raviver la flamme. Mais si l’on s’arrête sur les belles renaissances, en creux, ce sont toutes les disparitions des commerces de proximité que l’on devine. 


Aujourd’hui, l’Epicerie du Trou emploie cinq personnes, pour un seul équivalent temps plein. Il y a donc Rachel Girbelle, sa sœur Claire Marlet, qui a relancé l’épicerie en 2014, leurs parents, et Hélène. Une affaire de famille dans laquelle chacun peaufine son rayon. Si bien que l’Epicerie du Trou déborde largement de l’épicerie de village que l’on imagine. Elle est à la fois crèmerie, librairie, boutique de cadeaux, lieu de vie et de rencontres, en relevant le défi d’une sélection fine de produits sourcés localement tout en assurant un service de proximité précieux pour les voisins.


Alors avec Rachel, on a causé du défi que cela représente, de faire vivre un commerce de village toute l’année, d’amener à changer des habitudes de consommation pour ne pas regretter que les petites échoppes baissent le rideau, et de prendre conscience que nos choix de consommation sont toujours des choix politiques et engagés.


Bonne écoute !


🧡 Si vous aimez Finta! partagez-le! Finta est un podcast écrit, réalisé et produit par Lola Cros. Il est mixé par le studio Qude. Retrouvez tous les épisodes de Finta! gratuitement sur les applis de podcasts. Plus d'infos sur www.fintapodcast.fr


🔅 On se retrouve dès maintenant sur Instagram!


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    de s'engager, aujourd'hui pour demain. Je suis Lola Cross et j'arpente ce bout de campagne depuis dix ans comme journaliste. Avec Finta, je vous invite à croiser des regards, à Finter de plus près. Et ça commence tout de suite. C'est l'histoire d'une épicerie qui renaît de ses cendres, là, au milieu de la place. A Beausoul, à quelques pas du précipice qui a fait la notoriété du village, l'épicerie du Trou a ressuscité il y a dix ans, quand un trio d'amis, attablés à la terrasse d'en face, s'est lancé le défi de raviver la flamme. Mais si l'on s'arrête sur les belles renaissances, en creux, ce sont toutes les disparitions des commerces de proximité que l'on devine. Aujourd'hui, l'épicerie du Trou emploie 5 personnes, pour un seul équivalent temps plein. Il y a donc Rachel Gerbel, sa sœur Claire Marlet, qui a relancé l'épicerie en 2014, leurs parents et Hélène. Une affaire de famille dans laquelle chacun peaufine son rayon, si bien que l'épicerie du Trou déborde largement. de l'épicerie de village que l'on imagine. Elle est à la fois crèmerie, librairie, boutique de cadeaux, lieu de vie et de rencontres, avec la prouesse de concilier une sélection fine de produits sourcés localement, tout en assurant un service de proximité précieux pour ses voisins. Alors, avec Rachel, on a causé du défi que cela représente de faire vivre un commerce de village toute l'année, d'amener à changer les habitudes de consommation pour ne pas faire que regretter. les petites échoppes quand elles viennent t'abaisser le rideau et de prendre conscience que Ausha de consommation sont toujours des choix politiques et engagés. Bonne écoute.

  • Speaker #1

    Alors nous sommes dans ma maison, notre maison, je vis là avec mon mari Philippe et ma fille Horoz, dans le trou de Bozouls, au bord de la rivière. Et ici on dit le pont, le quartier c'est le quartier du pont en fait.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'il dit de toi ce lieu ?

  • Speaker #1

    C'est un endroit que j'aime beaucoup. J'y ai passé une partie de mon enfance puisque mes grands-parents avaient une ferme qui est aujourd'hui habitée par mon cousin. Donc là, j'y ai passé de bons moments. Et puis, c'est le cœur du vieux village aussi. Voilà, donc c'est des maisons en pierre, la nature, tout ce qui me plaît. Et il y a ma sœur Claire qui est un petit peu plus loin, juste quand on arrive. Et après, ce qui est chouette aujourd'hui, par rapport à l'époque où moi je l'ai connue, c'est que toutes les maisons sont habitées à l'année. Donc c'est un lieu qui est vivant, qui est chouette, qui est habité. Et c'est aussi un lieu de passage et de promenade. Donc voilà, il y a beaucoup de monde.

  • Speaker #0

    Toi, tu as grandi où ?

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai grandi à Bozouls, mais dans un lotissement à la sortie du village, quand on prend la direction de Gabriac.

  • Speaker #0

    Et tu as... Toujours vécue à Bozouls alors ? Oui. Tu en es partie ?

  • Speaker #1

    Alors j'en suis partie pour mes études. J'ai fait mes études à Toulouse. Mais mes amis, ma famille, ce mois comme peu de mois, j'ai du mal à partir. Ils me disent, ça y est, il n'y a plus le panneau à Véron, tu n'es pas trop perdue. J'ai un attachement au village. Alors mes parents rigolent parce que quand j'étais jeune et ado, je disais que je partirais, jamais je ne ferais ma vie ici. Mais j'ai décidé assez tôt. Vers 22-23 ans, j'ai décidé de venir à Brazoul.

  • Speaker #0

    Pourquoi alors ? C'est intéressant parce que c'est parfois difficile de décrire un lien aux racines, de l'expliquer. Je crois qu'on a été nombreux à vouloir en partir quand on était jeunes. Ici plus qu'ailleurs, on est dans un trou. Et donc, comment tu expliques ?

  • Speaker #1

    Je crois que je me sens bien, en fait, tout simplement. Et que je suis toujours... émerveillée par l'endroit où je vis. C'est-à-dire, tu vois, je sors, je suis immédiatement dans le site, je fais la balade. Je suis toujours émerveillée, je trouve ça beau, je peux me poser n'importe où. Et donc, je me suis dit assez tôt que c'était précieux. Et justement, je rencontrais plein de gens qui voyageaient ou qui cherchaient des endroits. Et je me suis dit, ne te pose pas 50 questions, c'est là que tu es bien. Et donc, autant y rester et essayer de faire quelque chose ici.

  • Speaker #0

    Et donc, quand tu choisis de t'installer ici, 22-23 ans, qu'est-ce que tu fais ? Tu en es où de ta vie, de ton parcours ?

  • Speaker #1

    Alors, à ce moment-là, je finis mes études de lettres modernes. Et j'ai commencé l'enseignement à 23 ans. Donc c'est le moment, je suis retournée vivre chez mes parents, je cherche un endroit à acheter en fait. Et j'achète ici en 2004, donc c'est ça à peu près. Donc j'achète une grange, une étable. Et j'habite ici depuis 2006, le temps de faire les travaux.

  • Speaker #0

    Donc ta première vie professionnelle, c'est celle de professeure ? Oui,

  • Speaker #1

    oui, professeure de français. et latin, essentiellement en collège.

  • Speaker #0

    Et comment on en arrive à devenir épicière alors ? Est-ce que tu as toujours rêvé d'être épicière ? Moi, c'était mon rêve.

  • Speaker #1

    Alors, épicière, non. Mais quand j'ai choisi de faire des études de lettres, il n'y a pas 50 000 débouchés. Donc, c'était l'enseignement. J'ai passé suite à l'enseignement. Mais le métier de libraire m'aurait plu aussi. seulement voilà quand tu as fini tes études tu n'as pas les moyens encore financiers d'acheter une librairie ou de créer tout ça donc j'avais déjà j'avais pensé à la librairie pas vraiment à l'épicerie j'avais travaillé dans une maroquinerie à rhodes donc j'avais vu ce que c'était tenir un commerce et puis bon donc j'ai adoré mon premier métier ma première carrière professionnelle pour moi ça a été Hyper épanouissant, je pense que je peux dire que j'avais ce qu'on appelle une vocation. J'ai beaucoup aimé ça. Et j'ai rencontré mon mari qui lui avait une carrière de son côté, il est boulanger. Et à un moment de notre vie commune, on a été confrontés à une difficulté. Et on s'est dit, si on n'arrive pas à la dépasser, on fera quelque chose ensemble. On mêlera nos vies professionnelles, on aura un projet, et pourquoi pas un restaurant. Puisque lui, ses parents, en fait, ils étaient restaurateurs. Et puis, bon, les choses ont avancé, c'était très bien, etc. On a gardé, enfin voilà, on a continué nos vies, tout se passait bien. Mais cette idée qu'on a eue là, à un moment, elle a ressurgi. Merci. Donc on a créé un restaurant qui s'appelait La Maison Bouteille. Et puis après, mon mari a eu quelques soucis de santé. On a laissé le restaurant et ma sœur qui travaillait à l'épicerie, qui gérait l'épicerie depuis plusieurs années, m'a dit à ce moment-là, si tu veux, il y a une place pour toi à l'épicerie. Je l'ai aidée depuis un moment en off. Je lui avais proposé de créer un rayon librairie dans l'épicerie. Donc je m'en occupais et je me suis dit, allez, je pars dans l'épicerie, je vais essayer de développer ce rayon-là et puis travailler avec elle et découvrir ce métier. Ce qui m'intéressait, c'est que l'épicerie, elle est au cœur du village et que ça m'intéressait d'essayer de faire vivre ce lieu aussi avec elle.

  • Speaker #0

    Parce qu'elle, au moment où elle l'a gérée, c'était une épicerie alimentaire, un commerce alimentaire de proximité dans la définition la plus classique qu'on peut en avoir ?

  • Speaker #1

    Alors elle en fait, à la base, c'est elle qui a repris l'épicerie avec deux copains à elle en 2004. En 2004, ça faisait un an que l'épicerie était fermée. Donc avant, elle était sous enseigne. Et elle était fermée, personne ne la reprenait. Ma soeur, elle bossait déjà, elle avait un boulot dans le commerce international. Et elle le raconte elle-même, elle était sur la place un soir avec deux copains en face, elle buvait un coup. Ils se sont dit que c'était dommage, parce que c'était notre village et qu'il y avait déjà un commerce qui ferme. Pourquoi on ne le reprendrait pas en mettant quelqu'un à le gérer, puisqu'ils avaient tous des boulots. Ma soeur, ils étaient trois au départ. Et puis après, sur les trois, il y en a un qui est parti à Paris. L'autre qui a repris une entreprise ici. Donc elle a continué à le gérer avec une employée. Et mon papa, qui était rentré dans l'affaire entre-temps, en tant qu'employé aussi. Et donc moi, j'ai intégré l'épicerie il y a deux ans. Et elle, c'est devenu son métier depuis un an. Elle a laissé sa première carrière pour intégrer l'épicerie, pour que ça devienne son travail à elle aussi.

  • Speaker #0

    J'ai lu de vous que vous vouliez attirer à l'épicerie autant les mamies du village que les bobos. En tout cas, que votre clientèle semble ressembler à la fois les mamies et les bobos. Qu'est-ce que ça veut dire et qu'est-ce que ça dit du lieu ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est clair qu'il avait dit dans une interview, c'est ma sœur. Ce que ça veut dire, c'est que c'est un commerce, on voulait être ouvert à tout le monde, mais on tenait vraiment à avoir cette notion de rendre service. Ce qu'elle veut dire par attirer les mamies, c'est qu'il y a une clientèle de personnes âgées qui ne sont pas forcément véhiculées. Pour qui c'est important le commerce de proximité ? Donc on est heureux d'accueillir cette clientèle-là, de pouvoir les livrer, d'être dans la notion vraiment de service. Mais on a besoin de tout le monde, notamment d'une clientèle quotidienne, d'une clientèle des fois plus aisée, qui va pouvoir faire travailler l'épicerie aussi sur du cadeau, sur une autre offre que purement alimentaire. On a besoin du tourisme aussi, pour pouvoir faire le pari d'être ouvert toute l'année. Là par exemple, on est en novembre, c'est sûr qu'on n'est pas sur le rythme du mois d'août. C'est un pari d'être ouvert à l'année dans un village. Ce qu'elle voulait dire, c'est qu'on a besoin de différents types de clientèles pour être viable à l'année.

  • Speaker #0

    Ça veut dire que vous l'avez réfléchi pour avoir des rayons qui répondent à ces trois clientèles-là. Ça fait vraiment partie de la stratégie initiale ou tu es venue sur le tas ?

  • Speaker #1

    Non, je crois que la volonté d'ouverture, elle était parce qu'on voulait qu'il y ait du lien social. et que le lien social soit large. Et c'était un peu dans nos rêves, on a envie que se rencontrent différents types de gens, parce qu'on l'a conçu comme un lieu aussi où on va peut-être prendre son temps, échanger, discuter, et nous ça nous intéressait qu'il n'y ait pas un entre-soi, que ce soit assez divers. Mais la réflexion première, quand ma sœur a ouvert l'épicerie, quand elle l'a repris, c'était de travailler. en direct le plus possible avec des locaux. C'était d'abord le produit qui a amené notre réflexion. Elle, ce qui l'intéressait, c'est l'agriculture. Elle aime beaucoup ça, donc c'était vraiment trouver des agriculteurs, des producteurs du coin, travailler avec eux directement. On a d'abord réfléchi à ce qu'on voulait proposer et à qui on voulait permettre de vivre derrière, à ce qu'on voulait mettre en valeur. Et après, on a essayé de penser l'endroit pour qu'il soit... beau et atriable, mais pour que les gens aient envie de venir, les gens en général.

  • Speaker #0

    Donc c'est à la fois, tu le disais, une épicerie, une librairie, une papeterie, une boutique de cadeaux, on trouve tout ça. Est-ce que c'est ta définition, toi, de ce que doit être une épicerie de village en 2024 ?

  • Speaker #1

    Non, pas forcément. Nous, en fait, on essaie chacun de se faire plaisir dans notre domaine. Aujourd'hui, on est cinq à travailler à l'épicerie. Il y a un seul emploi à plein temps, mais en fait on est cinq en tout. Et l'idée c'est que chacun se fasse plaisir dans son domaine, donc c'est venu un peu comme ça. Mon papa, il a deux frères, il a deux grands frères qui étaient primeurs, et c'est ce qui les intéresse, les fruits et légumes, donc il se fait plaisir là-dessus. Claire, ma sœur, c'est plutôt la crèmerie, le fromage, donc elle a développé ce rayon-là parce que c'est ce qui lui plaît. Et moi j'aime les livres, donc j'ai développé ce rayon-là parce qu'il me plaît. On a plutôt essayé de... de développer des choses qu'on aime et auxquelles on croit, plutôt que de réfléchir à ce que ce soit équilibré, ou que ce soit un concept store, des choses comme ça. C'est plutôt... Il y a une offre dans l'artisanat aussi qui est intéressante. Donc, on va proposer le travail d'artisan ou de créatrice avéronnaise. Sur l'alimentaire, on fait ce choix. 80% du magasin sont des produits avéronnés. Et après, par conviction, tout ce qui est épicerie de dépannage, c'est du bio. Mais c'est plutôt... On l'a plutôt réfléchi quand j'y pense, à partir de nous, se faire plaisir en proposant ce qui nous semblait beau, bon et juste aussi dans la proposition.

  • Speaker #0

    Quel est l'accueil des gens du village ?

  • Speaker #1

    Il est bon, franchement, on a une clientèle super sympa. Le défi, c'est toujours de se faire reconnaître et ce terme épicerie, il est un peu générique en fait. Là, les prochains projets, c'est de travailler un peu plus la signalisation pour expliquer tout ce qu'on fait, tout ce qu'on propose et donner l'envie aux gens de pousser la porte, tout simplement. Parce que je crois qu'on a des habitudes de consommation, que c'est difficile d'en changer. Et voilà, il faut donner l'envie de pousser la porte. On a la chance d'habiter dans un village qui se développe. Ça, c'est un défi. Comment ? communiquer efficacement, donner l'envie de venir. C'est vraiment notre questionnement aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Puis on est dans un moment, ça commence à se voir sur le territoire où les enseignes nationales mettent le grappin, y compris sur les petites villes, je pense à l'agglomération de Rodez, mais aussi les gros villages comme Bozouls peut-être.

  • Speaker #1

    On ne se place pas en concurrence d'eux, parce que c'est David contre Goliath, c'est autre chose. Moi j'estime que dans ce monde, il y a de la place pour tout le monde. Et en tout cas, on lutte pour exister comme ça et pour proposer autre chose. C'est un idéal qu'on défend. Franchement, c'est un rêve qu'on a à cœur. Moi, quand je vais visiter un endroit, c'est une des choses qui m'intéresse. De voir des commerces indépendants, l'offre qu'ils ont, qui justement va refléter une personnalité, un caractère, va être atypique. C'est ce qui m'intéresse et je ne voudrais pas que ça disparaisse. Donc on ne s'inscrit pas contre eux ou en lutte, mais on veut proposer autre chose et on espère que ça existera toujours, que ces deux offres pourront exister. Voilà, l'une à côté de l'autre. Qu'il n'y en a pas une qui va écraser l'autre vraiment définitivement. Ça, ce serait triste. Mais ce que tu dis sur les villes, c'est... Quand tu arrives dans une ville et que tu vois les mêmes enseignes que dans la ville qui est à 600 kilomètres, c'est dommage. Il y a une espèce d'uniformisation contre laquelle je pense qu'il faut lutter. Je ne pense pas que ce soit la bonne direction.

  • Speaker #0

    Et quand tu dis que vous réfléchissez à la signalétique, à faire rentrer les gens dans l'épicerie, quels sont les arguments d'après ton expérience qui fonctionnent auprès des consommateurs ? Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ?

  • Speaker #1

    Alors nous, ce qu'on a envie de leur dire, c'est déjà qu'on travaille avec des agriculteurs, des producteurs, des artisans avéronnés. Donc on a la chance d'avoir un département riche avec une offre qualitative et hyper intéressante. Donc on leur dit, venir chez nous, c'est non seulement consommer français, mais ultra local. Donc c'est ça, c'est faire ce choix-là. Et c'est aussi faire le choix de faire vivre les centres-villages. Et le commerce, justement, indépendant et libre. On a une partie de la clientèle qui est sensible à ces arguments, je pense. Après, il y a des gens qui viennent par commodité aussi ou par plaisir et c'est encore mieux. Mais ce qu'on essaie d'expliquer dans notre communication, mais de façon légère, c'est de leur dire, voilà, venir chez nous, c'est aussi permettre à des petits producteurs de travailler. On est l'intermédiaire avec eux ou de vous les présenter. Mettre en avant ces gens-là et aussi permettre que dans un village, il n'y ait pas de devantures fermées, ce qui arrive dans d'autres villages, ce qu'on voit, des commerces fermés. Ça, c'est super triste, mais il ne faut pas juste le déplorer. Ça, c'est une démarche au quotidien, c'est se dire, tu parlais des livres, on le sait, le prix des livres, il est le même en France, partout. Donc, commander son livre ou venir l'acheter dans une librairie indépendante. il y a peut-être juste un petit délai, tu ne vas pas le recevoir chez toi directement. Mais bon, c'est un acte quelque part militant, c'est sûr, mais c'est important.

  • Speaker #0

    Oui, les choix de consommateur. Oui. Chaque euro dépensé pour le consommateur est un choix militant, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, et je crois que tout le monde n'est pas dans cette démarche, il faut le conscientiser aussi, il faut réfléchir. Ça, c'est quelque chose aussi qu'on espère insuffler à la jeunesse. Parce que l'essentiel de notre clientèle, on a des jeunes qui viennent de plus en plus, mais ce n'est pas l'essentiel de notre clientèle. Je comprends que c'est facile de commander un drive à 11h du soir depuis son téléphone et d'aller le récupérer le lendemain. Ça m'aime passer par la caisse. C'est un autre monde de vie, c'est une autre façon de faire. Maintenant, tu n'es même plus obligé de passer à la caisse et de dire bonjour à la caissière si tu n'as pas envie. De même que je pense qu'il est important de se rencontrer au café, au restaurant. Aujourd'hui, c'est un choix, je pense. Ce n'est plus forcément un mode de vie comme l'ont connu nos grands-parents. Il n'y avait que ça. Maintenant, on a une offre pléthorique et d'autres modes de consommation. Bon, c'est un modèle de société aussi. Mais nous, on vit à la campagne. Je pense qu'il faut le réfléchir aussi. Il ne faut pas juste déplorer. Puis à partir du moment où on vit dans un endroit, où on fait le choix de s'installer quelque part, c'est bien de participer à la vie du village, de quelque façon que ce soit. Ça peut être par le milieu associatif, ça peut être... Bon, si on a envie que l'endroit où on vit soit vivant, justement. Voilà, autant... Mettre son pouvoir d'achat là, son énergie, partager ensemble. C'est vivre ensemble aussi. C'est ça qui est important.

  • Speaker #0

    Peut-être pour donner quelques chiffres sur les commerces de proximité, justement se rendre compte de tous les villages qui en sont privés aujourd'hui. Entre les années 1980 et 1990, juste dans cette décennie-là, il y a 30% des commerces alimentaires de proximité qui ont disparu dans les villages. 1980, ce sont les chiffres de l'INSEE. 25% des communes françaises n'avaient pas de commerce, absolument aucun commerce dans leurs communes. Aujourd'hui, c'est 62% des communes françaises qui n'en ont plus. Donc la disparition des commerces de proximité, on le voit sur les graphiques, va de pair avec l'explosion des supermarchés justement. Donc on va plus loin faire ces courses dans des centres. Ça va aussi peut-être avec un programme politique qui est en cours de reconquête du commerce rural. Je ne sais pas si tu en as entendu parler. 36 millions d'euros qui sont sur la table pour aider des commerces, en tout cas des porteurs de projets, �� relancer des commerces dans des villages qui en sont privés. Est-ce que vous, vous avez été aidée ?

  • Speaker #1

    Alors, on a été aidée, je crois, fiscalement au début, parce qu'on était classée zone de revitalisation rurale.

  • Speaker #0

    Tout l'Aveyron est en zone de revitalisation.

  • Speaker #1

    Ça, ça a été l'aide. La première année, je sais qu'on a pu avoir... Enfin, on a été présenté... Ma sœur a été présentée le projet à la mairie qui l'a aidée à négocier le loyer pour qu'on y arrive, quoi, en fait, à faire face à un loyer. Ça, voilà.

  • Speaker #0

    Et juste pour fermer ce côté politique, il y avait donc un député... Monsieur Maquet, député de Seine-Maritime, de mémoire, qui a fait un rapport en 2022 sur les commerces de proximité, et il a cette phrase pour introduire son rapport qui dit que la question même du commerce de proximité revêt d'autant plus d'importance que si le commerce est une activité privée, il est inconsciemment perçu par les Français comme un service public.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu le ressens ? Oui, ça je pense que je le ressens. Par exemple, c'est tout bête, mais au niveau des heures d'ouverture, quand tu as un commerce, ce qui est compliqué, c'est qu'il faut être ouvert le plus souvent possible avec une amplitude horaire vraiment large. Parce que oui, pour les gens, c'est compliqué si tu réduis. Il faut presque être disponible à tout moment de la journée. C'est vrai que oui, ça a une utilité. Il n'y a pas longtemps, ça me... fait sourire, là on vient de passer Toussaint et il y a un élu qui est passé à l'épicerie et qui m'a dit ah quand même c'est bien d'avoir quelqu'un ouvert un jour férié pour pouvoir se dépanner tu vois cette notion de service oui c'est en tout cas, oui je pense qu'on joue ce rôle là aussi je ne savais pas que ce député l'avait dit mais oui oui c'est vrai que c'est un commerce privé mais qui a un rôle vraiment dans le village je pense oui

  • Speaker #0

    Oui, puis je crois que ça rejoint des questions politiques, dans le sens où on voit prospérer le vote extrême aussi, quand on se sent oublié, qu'on a l'impression que tout fout le camp des campagnes. C'est beaucoup ce qui est ressorti sur les derniers scrutins. Et ça tient beaucoup à l'existence ou pas de commerce dans les villages aussi, ce sentiment que tout fout le camp. Quand on n'a plus de commerce dans le village, je crois qu'on... On le met dans le lot avec le bureau de poste qui a fermé. Je crois qu'il peut y avoir aussi ce sentiment d'abandon quand les commerces ferment.

  • Speaker #1

    Oui, et puis en plus, je crois que les Français, ils ont un peu une image d'épinal du village. Ça, c'est super. On boit son café en terrasse, on va à la petite épicerie, on a un petit truc. Il y a quand même cet attachement et un peu cette nostalgie. Et c'est vrai que quand ça fonctionne, c'est vraiment un art de vivre qui est hyper agréable, qui est à défendre et qui est menacé. comme tu le disais. Oui, c'est sûr que c'est une question politique, politique au sens large. Mais tout ce qu'on fait dans la vie est politique. À partir du moment où on fait quelque chose, on s'engage. Ce qu'on disait un petit peu tout à l'heure, choisir où on fait ses courses, quelque part, oui, c'est un engagement, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Tu parlais tout à l'heure de village vivant. Bozoul a cette image-là, quand même, d'un village vivant. Mais parce qu'il y a un tourisme qui est très important, grandissant autour du patrimoine, du canyon. Il y a les séries télévisées qui ont jeté comme ça une lumière un peu brute peut-être sur le village. Mais est-ce qu'il vit bien ce village ?

  • Speaker #1

    Ça dépend. Alors oui, il mange, il vit, il fait bon, il vit, etc. Mais moi, quand j'étais jeune, j'ai connu une vie plus importante dans les cafés. Il y avait des concerts presque tous les week-ends. Ça, c'est quelque chose qui s'est un peu perdu. C'est plus habité, il y a vraiment une dynamique, puis il y a un bassin d'emploi à Bouzoul qui est important. Le risque, ce serait que ça devienne à un moment donné un village dortoir. C'est un pari et c'est une volonté de maintenir des choses en centre-ville. D'où l'importance de continuer à organiser des événements aussi en centre-ville. Moi je pense aussi...... qu'il ne faut pas toujours, pour une question de place et de parking, faire les choses loin, parce que du coup, après, c'est compliqué pour le centre du village.

  • Speaker #0

    Donc ce serait quoi la recette d'un village vivant ? Il faut recentrer, retrouver des lieux de vie, de circulation, de permettre de se croiser dans des...

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'il faut... De toute façon, plus on est... Plus on est nombreux à un endroit, plus ça va attirer du monde. À partir du moment, enfin la Véronie se déplace beaucoup en voiture, à partir du moment où il est garé, tu vois, il faut qu'à pied, il puisse avoir accès à différentes choses, différents commerces, différents endroits. Je pense que pour que ce soit réussi, oui, il faut... Il faut arriver à avoir une offre vraie et pérenne à l'année, c'est-à-dire ne pas tomber dans le cliché du village qui devient uniquement touristique avec des boutiques que pour les touristes, etc. Ça, c'est un risque qu'il faut avoir en tête. Il ne faut pas penser que tourisme. Le tourisme, on en a besoin, donc c'est important, mais il faut que les choses soient équilibrées, que l'offre soit pour tout le monde. C'est un paramètre important, ce n'est pas le seul. Et il faut avoir des politiques qui pensent l'aménagement du centre-village, pas juste pour que ce soit joli, mais pour qu'il vive, pour qu'il y ait des choses qui s'y tiennent, qui s'y passent.

  • Speaker #0

    Donc là, toi, tu es épicière, libraire, crémière, ton époux boulanger. Bon, on a quand même des métiers qui contribuent à faire vivre, justement, qui sont... Parmi les premiers auxquels on pense quand on pense à commerces et services de proximité en tout cas. Et tu rajoutes là en ce moment une nouvelle casquette puisque tu fais partie d'un noyau dur d'amis je crois, qui lance une association culturelle sur Beaux-Auls. Avec quelle envie ? Qu'est-ce que vous voulez faire ? Avec qui ? Pour qui ?

  • Speaker #1

    Alors bon c'est tout, on a déposé les statuts en préfecture la semaine dernière. Dans le cadre de l'épicerie. J'ai commencé à organiser, il y a deux ans je crois, des rencontres littéraires, soit autour d'un écrivain, soit des lectures à vote, etc. Et puis l'année dernière, on a proposé au printemps, on a eu l'opportunité, c'est le réseau Aveyroné, par connaissance, de recevoir Sylvie Gracia, qui est... qui est autrice et qui est aussi responsable d'édition à l'Iconoclast, qui est la maison d'édition qui avait reçu l'année dernière le Goncourt. Donc on l'a invitée, elle était OK pour venir. Et on a fait venir aussi un peintre. On a demandé la galerie à la mairie, elle était disponible, ils étaient OK. On a organisé une exposition sur 15 jours avec une rencontre. Ça a bien fonctionné, c'était très enthousiasmant pour nous. Puis on a eu de super retours des artistes. Et de là, on s'est dit, bon, c'est chouette, il y a peut-être quelque chose à faire pour amener la culture en milieu rural. Donc, notre ambition, c'est de proposer un festival annuel sur Beaux-Oûles, la communauté de communes et éventuellement l'Aveyron, qui regroupe différents artistes intervenants, tous domaines confondus, que ce soit la peinture, la musique, le textile. Enfin, on a des envies larges. Et proposer des interactions aussi avec la population, notamment les deux écoles, l'EHPAD et la médiathèque. Et on aimerait, si possible, déboucher sur de la co-création, de la résidence d'artistes. Enfin, voilà, on a plein de rêves. On a baptisé l'association Yvonne. Donc voilà, Yvonne sera bientôt officiellement baptisée, elle sera immatriculée.

  • Speaker #0

    Pourquoi Yvonne ?

  • Speaker #1

    Parce que le premier festival aura lieu au mois de mai. Le 19 mai, c'est la Sainte Yvonne. Que Yvonne dans le canyon, ça nous fait rire. Voilà, donc ce sera Yvonne, tout simplement.

  • Speaker #0

    Parce que ça manquait, est-ce que c'est ça qui est à la base de la réflexion aussi ? De se dire que les moments que vous avez vécu de rencontre à l'épicerie méritaient de s'installer un peu plus durablement ?

  • Speaker #1

    Alors je trouve que c'est dynamique. Quand on s'y intéresse, il se passe plein de choses en Aveyron. Au niveau même de Bozouls, oui, peut-être que ce souffle-là, il n'y est pas encore vraiment tout à fait. En tout cas, là, nous, on veut se faire plaisir. Il y en a qui sont plutôt intéressés par la photographie, par d'autres choses. On a le lieu qui existe, donc ce lieu qui est quand même chouette, sans compter qu'on peut délocaliser plein de choses. Ça nous intéresserait d'être dans le trou, dans des jardins. Pourquoi pas bouger à plein d'endroits ? On a la médiathèque qui est super dans le village aussi, on a cette Ausha d'avoir vraiment des lieux intéressants. Et oui, du coup, ça nous donne envie d'offrir des choses. De partager autour de ça, de proposer des rencontres vraiment inattendues. Et en fait, parfois, on se met des barrières. On imagine que tout se passe à Paris, mais ce n'est pas vrai. En fait, il se passe plein de choses partout. Et des fois, il suffit de lancer une invitation pour qu'elle rebondisse. Et ça, c'est génial.

  • Speaker #0

    On sent en toi l'envie de créer des connexions, de faire vivre. Tu parlais déjà de l'épicerie comme un lieu de vie.

  • Speaker #1

    Oui. Ça fait partie de toi ? J'étais enseignante, oui, donc je pense que ça doit être à moi, effectivement. Oui, je pense qu'il y a... En tout cas, là, pour le projet d'Yvonne, il y a des artistes, il y a des gens qui font des choses géniales, mais qui ont besoin aussi de passeurs. Et nous, je pense qu'on s'inscrit un peu dans ce Ausha. Je pense qu'il faut aussi faire ce lien-là. Je pense que c'est un petit peu là-dedans qu'on s'inscrit. Et oui, j'adore faire se rencontrer des gens. C'est vrai, quand il y a plein de connexions qui s'établissent comme ça, c'est génial. Oui, oui, c'est vrai que ça me plaît.

  • Speaker #0

    Et tu n'as jamais senti que tu étais empêchée, en étant à Beausole, de faire tout ça ? C'est ce qui ressort quand même de ton message.

  • Speaker #1

    Mais oui, oui, complètement. Alors, tu m'aurais dit il y a 20 ans, un jour il y aura une librairie à Beaux-Ouls. J'aurais rigolé, je pense. Mais je crois que dans la vie, à partir du moment où tu as quelque chose qui te fait rêver, dont tu as envie, peu importe le lieu où tu es. Si vraiment tu fais... Les choses, sincèrement, bon, après, de toute façon, si ça doit arriver, ça arrive. Si ça ne peut pas, c'est que ce n'était pas le moment ou l'endroit, ce n'est pas grave. Mais je ne crois pas que le lieu soit un frein, en fait. C'est vrai. Non, je ne me suis jamais mise de barrière pour ça. Oui. Je crois que, peu importe l'endroit où tu es, si toi, il te fait vibrer, il en fera vibrer d'autres. Ça peut marcher, quoi.

  • Speaker #0

    Oui. Moi, je trouve l'image géniale. Le trou de Beaujeu, on a l'habitude d'entendre parler de ça, ce serait un oeuf, mais du trou du cul du monde, on a toujours cette image-là. Là, il y a vraiment cette idée d'encaissement, et pourtant...

  • Speaker #1

    Oui, mais ça, plus jeune, je me suis fait chambrer, parce qu'en plus, moi, en habitant là, dans le trou, je le disais spontanément, si tu veux, sans me rendre compte même de ce que ça pouvait vouloir signifier. Aujourd'hui, on a un jour à l'épicerie, on a plein de jeux de mots là-dessus, parce que... Parce qu'il faut en rire, et d'ailleurs on sent qu'il y a une volonté de ne plus parler de trône et de canyon, sauf que quand tu l'as depuis toujours, toi tu dis le trou de Beausoul, voilà, et que je pense qu'il faut en rire. Mais c'est vrai que les lieux évoluent, moi je l'ai vu en travaillant, quand j'étais enseignante, il y a des villages que j'ai connus très vivants et puis qui peu à peu s'éteignent. En ce moment, il fait vraiment bon vivre ici, on est en train de... C'est une période pleine d'une super énergie. Et le lieu aussi est porteur. Mais franchement, moi, quand j'étais petite, personne ne se promenait ici. Enfin, même les Beausoulés, je veux dire, personne ne descendait dans le trou. Il y a eu une volonté, des choses qui se sont alignées. On parlait tout à l'heure de politique. Il y a eu cette envie politique de faire vivre le cœur du village. Je pense qu'avant la manature de M. Calméli, on a eu un autre maire qui a plus travaillé à développer... la zone artisanale, un bassin d'emploi, etc. Et c'était important. Et puis, c'était un choix aussi de développer ça.

  • Speaker #0

    Rappelons que Jean-Luc Calméli, maire de Bozouls, est aussi vice-président au département de l'Aveyron et président de l'agence d'attractivité et du tourisme de l'Aveyron. Rachel, peut-être pour terminer notre conversation, est-ce que tu pourrais répondre à cette question que tu connais, je crois, la dernière que je pose à tous ? tant aux invités de Finta. En quoi est-ce que tu crois ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais te le dire simplement parce que c'est vraiment une devise qui est affichée sur mon bureau depuis longtemps. Je crois aux rêves. Vraiment, je crois au pouvoir des rêves, de la rêverie. Je pense que c'est très important des fois de se poser soi et de réfléchir à ce qui nous fait vibrer, ce qui nous fait rêver en fait. Et c'est ce que tu me disais tout à l'heure, où qu'on soit, tout peut advenir. Il faut nourrir cet espace-là en soi. Il faut le dire aux gens. On ne mise pas assez sur la rêverie, ça c'est sûr. Oui, c'est important et on peut accomplir plein de choses.

  • Speaker #0

    C'est indiscret de te demander quel est ton rêve en ce moment, celui qui t'occupe toi ou pas ?

  • Speaker #1

    Alors en ce moment, évidemment je suis tournée vers Yvonne. Ce matin, on le présentait justement à la mairie, on présentait notre ambition. Donc mon rêve vraiment, ce serait de pouvoir accueillir des artistes en résidence, de construire quelque chose sur le territoire, une œuvre, que ce soit vraiment... Je dis un livre forcément parce que c'est mon domaine, mais mon rêve, ça serait de pouvoir accueillir des artistes ici et de créer avec les gens d'ici, non seulement des échanges, mais aussi quelque chose qui reste. Ça, c'est mon rêve pour l'avenir. De partir d'ici et d'être peut-être itinérant aussi sur le territoire, ça me plairait beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Rachel.

  • Speaker #1

    Merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Finta jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu, inspiré, questionné et fait voyager peut-être. Si vous souhaitez continuer la discussion, je suis toujours curieuse de vous lire et d'échanger. Je vous propose que l'on se retrouve sur Facebook, sur Instagram ou sur le site fintapodcast.fr. Vous pouvez retrouver tous les précédents épisodes de Finta gratuitement sur les applications de podcast et pour recevoir chaque nouvel épisode directement dans votre boîte mail, Vous pouvez aussi vous abonner à la newsletter. Et pour que Finta vive, si vous appréciez le podcast et que vous souhaitez soutenir ce travail indépendant, partagez-le autour de vous. Transférez-le à vos amis, parlez-en. C'est le meilleur soutien que vous puissiez nous apporter. A très bientôt.

  • Speaker #1

    Peut-être que ce que je n'ai pas dit par rapport à faire vivre une épicerie, c'est que ce qui était hyper important aussi, c'est... C'est l'équipe, quoi. Tu vois, c'est de... Enfin, on ne fait rien seul, tu vois, d'être... Voilà, on est une équipe de cinq, on a chacun un peu des rôles. Je n'ai pas évoqué Hélène, qui travaille avec nous, qui est la personne qui fait le ménage, mais aussi qui propose des animations le dimanche. Il y a vraiment... cette notion de... On se fait plaisir dans nos pôles d'activité, mais aussi on a des compétences différentes. C'est ce qui nous permet aussi, je pense, à la fois d'être solides, d'être force de proposition et que le lieu fonctionne aussi. Je ne sais pas si j'ai assez parlé du travail d'équipe.

Description

C’est l’histoire d’une épicerie qui renaît de ses cendres, là, au milieu de la place du village. A Bozouls, à quelques pas du précipice qui fait la notoriété du village, l’Epicerie du Trou a ressuscité il y a dix ans, quand un trio d’amis, attablés à la terrasse d’en face, s’est lancé le défi de raviver la flamme. Mais si l’on s’arrête sur les belles renaissances, en creux, ce sont toutes les disparitions des commerces de proximité que l’on devine. 


Aujourd’hui, l’Epicerie du Trou emploie cinq personnes, pour un seul équivalent temps plein. Il y a donc Rachel Girbelle, sa sœur Claire Marlet, qui a relancé l’épicerie en 2014, leurs parents, et Hélène. Une affaire de famille dans laquelle chacun peaufine son rayon. Si bien que l’Epicerie du Trou déborde largement de l’épicerie de village que l’on imagine. Elle est à la fois crèmerie, librairie, boutique de cadeaux, lieu de vie et de rencontres, en relevant le défi d’une sélection fine de produits sourcés localement tout en assurant un service de proximité précieux pour les voisins.


Alors avec Rachel, on a causé du défi que cela représente, de faire vivre un commerce de village toute l’année, d’amener à changer des habitudes de consommation pour ne pas regretter que les petites échoppes baissent le rideau, et de prendre conscience que nos choix de consommation sont toujours des choix politiques et engagés.


Bonne écoute !


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    de s'engager, aujourd'hui pour demain. Je suis Lola Cross et j'arpente ce bout de campagne depuis dix ans comme journaliste. Avec Finta, je vous invite à croiser des regards, à Finter de plus près. Et ça commence tout de suite. C'est l'histoire d'une épicerie qui renaît de ses cendres, là, au milieu de la place. A Beausoul, à quelques pas du précipice qui a fait la notoriété du village, l'épicerie du Trou a ressuscité il y a dix ans, quand un trio d'amis, attablés à la terrasse d'en face, s'est lancé le défi de raviver la flamme. Mais si l'on s'arrête sur les belles renaissances, en creux, ce sont toutes les disparitions des commerces de proximité que l'on devine. Aujourd'hui, l'épicerie du Trou emploie 5 personnes, pour un seul équivalent temps plein. Il y a donc Rachel Gerbel, sa sœur Claire Marlet, qui a relancé l'épicerie en 2014, leurs parents et Hélène. Une affaire de famille dans laquelle chacun peaufine son rayon, si bien que l'épicerie du Trou déborde largement. de l'épicerie de village que l'on imagine. Elle est à la fois crèmerie, librairie, boutique de cadeaux, lieu de vie et de rencontres, avec la prouesse de concilier une sélection fine de produits sourcés localement, tout en assurant un service de proximité précieux pour ses voisins. Alors, avec Rachel, on a causé du défi que cela représente de faire vivre un commerce de village toute l'année, d'amener à changer les habitudes de consommation pour ne pas faire que regretter. les petites échoppes quand elles viennent t'abaisser le rideau et de prendre conscience que Ausha de consommation sont toujours des choix politiques et engagés. Bonne écoute.

  • Speaker #1

    Alors nous sommes dans ma maison, notre maison, je vis là avec mon mari Philippe et ma fille Horoz, dans le trou de Bozouls, au bord de la rivière. Et ici on dit le pont, le quartier c'est le quartier du pont en fait.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qu'il dit de toi ce lieu ?

  • Speaker #1

    C'est un endroit que j'aime beaucoup. J'y ai passé une partie de mon enfance puisque mes grands-parents avaient une ferme qui est aujourd'hui habitée par mon cousin. Donc là, j'y ai passé de bons moments. Et puis, c'est le cœur du vieux village aussi. Voilà, donc c'est des maisons en pierre, la nature, tout ce qui me plaît. Et il y a ma sœur Claire qui est un petit peu plus loin, juste quand on arrive. Et après, ce qui est chouette aujourd'hui, par rapport à l'époque où moi je l'ai connue, c'est que toutes les maisons sont habitées à l'année. Donc c'est un lieu qui est vivant, qui est chouette, qui est habité. Et c'est aussi un lieu de passage et de promenade. Donc voilà, il y a beaucoup de monde.

  • Speaker #0

    Toi, tu as grandi où ?

  • Speaker #1

    Alors moi, j'ai grandi à Bozouls, mais dans un lotissement à la sortie du village, quand on prend la direction de Gabriac.

  • Speaker #0

    Et tu as... Toujours vécue à Bozouls alors ? Oui. Tu en es partie ?

  • Speaker #1

    Alors j'en suis partie pour mes études. J'ai fait mes études à Toulouse. Mais mes amis, ma famille, ce mois comme peu de mois, j'ai du mal à partir. Ils me disent, ça y est, il n'y a plus le panneau à Véron, tu n'es pas trop perdue. J'ai un attachement au village. Alors mes parents rigolent parce que quand j'étais jeune et ado, je disais que je partirais, jamais je ne ferais ma vie ici. Mais j'ai décidé assez tôt. Vers 22-23 ans, j'ai décidé de venir à Brazoul.

  • Speaker #0

    Pourquoi alors ? C'est intéressant parce que c'est parfois difficile de décrire un lien aux racines, de l'expliquer. Je crois qu'on a été nombreux à vouloir en partir quand on était jeunes. Ici plus qu'ailleurs, on est dans un trou. Et donc, comment tu expliques ?

  • Speaker #1

    Je crois que je me sens bien, en fait, tout simplement. Et que je suis toujours... émerveillée par l'endroit où je vis. C'est-à-dire, tu vois, je sors, je suis immédiatement dans le site, je fais la balade. Je suis toujours émerveillée, je trouve ça beau, je peux me poser n'importe où. Et donc, je me suis dit assez tôt que c'était précieux. Et justement, je rencontrais plein de gens qui voyageaient ou qui cherchaient des endroits. Et je me suis dit, ne te pose pas 50 questions, c'est là que tu es bien. Et donc, autant y rester et essayer de faire quelque chose ici.

  • Speaker #0

    Et donc, quand tu choisis de t'installer ici, 22-23 ans, qu'est-ce que tu fais ? Tu en es où de ta vie, de ton parcours ?

  • Speaker #1

    Alors, à ce moment-là, je finis mes études de lettres modernes. Et j'ai commencé l'enseignement à 23 ans. Donc c'est le moment, je suis retournée vivre chez mes parents, je cherche un endroit à acheter en fait. Et j'achète ici en 2004, donc c'est ça à peu près. Donc j'achète une grange, une étable. Et j'habite ici depuis 2006, le temps de faire les travaux.

  • Speaker #0

    Donc ta première vie professionnelle, c'est celle de professeure ? Oui,

  • Speaker #1

    oui, professeure de français. et latin, essentiellement en collège.

  • Speaker #0

    Et comment on en arrive à devenir épicière alors ? Est-ce que tu as toujours rêvé d'être épicière ? Moi, c'était mon rêve.

  • Speaker #1

    Alors, épicière, non. Mais quand j'ai choisi de faire des études de lettres, il n'y a pas 50 000 débouchés. Donc, c'était l'enseignement. J'ai passé suite à l'enseignement. Mais le métier de libraire m'aurait plu aussi. seulement voilà quand tu as fini tes études tu n'as pas les moyens encore financiers d'acheter une librairie ou de créer tout ça donc j'avais déjà j'avais pensé à la librairie pas vraiment à l'épicerie j'avais travaillé dans une maroquinerie à rhodes donc j'avais vu ce que c'était tenir un commerce et puis bon donc j'ai adoré mon premier métier ma première carrière professionnelle pour moi ça a été Hyper épanouissant, je pense que je peux dire que j'avais ce qu'on appelle une vocation. J'ai beaucoup aimé ça. Et j'ai rencontré mon mari qui lui avait une carrière de son côté, il est boulanger. Et à un moment de notre vie commune, on a été confrontés à une difficulté. Et on s'est dit, si on n'arrive pas à la dépasser, on fera quelque chose ensemble. On mêlera nos vies professionnelles, on aura un projet, et pourquoi pas un restaurant. Puisque lui, ses parents, en fait, ils étaient restaurateurs. Et puis, bon, les choses ont avancé, c'était très bien, etc. On a gardé, enfin voilà, on a continué nos vies, tout se passait bien. Mais cette idée qu'on a eue là, à un moment, elle a ressurgi. Merci. Donc on a créé un restaurant qui s'appelait La Maison Bouteille. Et puis après, mon mari a eu quelques soucis de santé. On a laissé le restaurant et ma sœur qui travaillait à l'épicerie, qui gérait l'épicerie depuis plusieurs années, m'a dit à ce moment-là, si tu veux, il y a une place pour toi à l'épicerie. Je l'ai aidée depuis un moment en off. Je lui avais proposé de créer un rayon librairie dans l'épicerie. Donc je m'en occupais et je me suis dit, allez, je pars dans l'épicerie, je vais essayer de développer ce rayon-là et puis travailler avec elle et découvrir ce métier. Ce qui m'intéressait, c'est que l'épicerie, elle est au cœur du village et que ça m'intéressait d'essayer de faire vivre ce lieu aussi avec elle.

  • Speaker #0

    Parce qu'elle, au moment où elle l'a gérée, c'était une épicerie alimentaire, un commerce alimentaire de proximité dans la définition la plus classique qu'on peut en avoir ?

  • Speaker #1

    Alors elle en fait, à la base, c'est elle qui a repris l'épicerie avec deux copains à elle en 2004. En 2004, ça faisait un an que l'épicerie était fermée. Donc avant, elle était sous enseigne. Et elle était fermée, personne ne la reprenait. Ma soeur, elle bossait déjà, elle avait un boulot dans le commerce international. Et elle le raconte elle-même, elle était sur la place un soir avec deux copains en face, elle buvait un coup. Ils se sont dit que c'était dommage, parce que c'était notre village et qu'il y avait déjà un commerce qui ferme. Pourquoi on ne le reprendrait pas en mettant quelqu'un à le gérer, puisqu'ils avaient tous des boulots. Ma soeur, ils étaient trois au départ. Et puis après, sur les trois, il y en a un qui est parti à Paris. L'autre qui a repris une entreprise ici. Donc elle a continué à le gérer avec une employée. Et mon papa, qui était rentré dans l'affaire entre-temps, en tant qu'employé aussi. Et donc moi, j'ai intégré l'épicerie il y a deux ans. Et elle, c'est devenu son métier depuis un an. Elle a laissé sa première carrière pour intégrer l'épicerie, pour que ça devienne son travail à elle aussi.

  • Speaker #0

    J'ai lu de vous que vous vouliez attirer à l'épicerie autant les mamies du village que les bobos. En tout cas, que votre clientèle semble ressembler à la fois les mamies et les bobos. Qu'est-ce que ça veut dire et qu'est-ce que ça dit du lieu ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est clair qu'il avait dit dans une interview, c'est ma sœur. Ce que ça veut dire, c'est que c'est un commerce, on voulait être ouvert à tout le monde, mais on tenait vraiment à avoir cette notion de rendre service. Ce qu'elle veut dire par attirer les mamies, c'est qu'il y a une clientèle de personnes âgées qui ne sont pas forcément véhiculées. Pour qui c'est important le commerce de proximité ? Donc on est heureux d'accueillir cette clientèle-là, de pouvoir les livrer, d'être dans la notion vraiment de service. Mais on a besoin de tout le monde, notamment d'une clientèle quotidienne, d'une clientèle des fois plus aisée, qui va pouvoir faire travailler l'épicerie aussi sur du cadeau, sur une autre offre que purement alimentaire. On a besoin du tourisme aussi, pour pouvoir faire le pari d'être ouvert toute l'année. Là par exemple, on est en novembre, c'est sûr qu'on n'est pas sur le rythme du mois d'août. C'est un pari d'être ouvert à l'année dans un village. Ce qu'elle voulait dire, c'est qu'on a besoin de différents types de clientèles pour être viable à l'année.

  • Speaker #0

    Ça veut dire que vous l'avez réfléchi pour avoir des rayons qui répondent à ces trois clientèles-là. Ça fait vraiment partie de la stratégie initiale ou tu es venue sur le tas ?

  • Speaker #1

    Non, je crois que la volonté d'ouverture, elle était parce qu'on voulait qu'il y ait du lien social. et que le lien social soit large. Et c'était un peu dans nos rêves, on a envie que se rencontrent différents types de gens, parce qu'on l'a conçu comme un lieu aussi où on va peut-être prendre son temps, échanger, discuter, et nous ça nous intéressait qu'il n'y ait pas un entre-soi, que ce soit assez divers. Mais la réflexion première, quand ma sœur a ouvert l'épicerie, quand elle l'a repris, c'était de travailler. en direct le plus possible avec des locaux. C'était d'abord le produit qui a amené notre réflexion. Elle, ce qui l'intéressait, c'est l'agriculture. Elle aime beaucoup ça, donc c'était vraiment trouver des agriculteurs, des producteurs du coin, travailler avec eux directement. On a d'abord réfléchi à ce qu'on voulait proposer et à qui on voulait permettre de vivre derrière, à ce qu'on voulait mettre en valeur. Et après, on a essayé de penser l'endroit pour qu'il soit... beau et atriable, mais pour que les gens aient envie de venir, les gens en général.

  • Speaker #0

    Donc c'est à la fois, tu le disais, une épicerie, une librairie, une papeterie, une boutique de cadeaux, on trouve tout ça. Est-ce que c'est ta définition, toi, de ce que doit être une épicerie de village en 2024 ?

  • Speaker #1

    Non, pas forcément. Nous, en fait, on essaie chacun de se faire plaisir dans notre domaine. Aujourd'hui, on est cinq à travailler à l'épicerie. Il y a un seul emploi à plein temps, mais en fait on est cinq en tout. Et l'idée c'est que chacun se fasse plaisir dans son domaine, donc c'est venu un peu comme ça. Mon papa, il a deux frères, il a deux grands frères qui étaient primeurs, et c'est ce qui les intéresse, les fruits et légumes, donc il se fait plaisir là-dessus. Claire, ma sœur, c'est plutôt la crèmerie, le fromage, donc elle a développé ce rayon-là parce que c'est ce qui lui plaît. Et moi j'aime les livres, donc j'ai développé ce rayon-là parce qu'il me plaît. On a plutôt essayé de... de développer des choses qu'on aime et auxquelles on croit, plutôt que de réfléchir à ce que ce soit équilibré, ou que ce soit un concept store, des choses comme ça. C'est plutôt... Il y a une offre dans l'artisanat aussi qui est intéressante. Donc, on va proposer le travail d'artisan ou de créatrice avéronnaise. Sur l'alimentaire, on fait ce choix. 80% du magasin sont des produits avéronnés. Et après, par conviction, tout ce qui est épicerie de dépannage, c'est du bio. Mais c'est plutôt... On l'a plutôt réfléchi quand j'y pense, à partir de nous, se faire plaisir en proposant ce qui nous semblait beau, bon et juste aussi dans la proposition.

  • Speaker #0

    Quel est l'accueil des gens du village ?

  • Speaker #1

    Il est bon, franchement, on a une clientèle super sympa. Le défi, c'est toujours de se faire reconnaître et ce terme épicerie, il est un peu générique en fait. Là, les prochains projets, c'est de travailler un peu plus la signalisation pour expliquer tout ce qu'on fait, tout ce qu'on propose et donner l'envie aux gens de pousser la porte, tout simplement. Parce que je crois qu'on a des habitudes de consommation, que c'est difficile d'en changer. Et voilà, il faut donner l'envie de pousser la porte. On a la chance d'habiter dans un village qui se développe. Ça, c'est un défi. Comment ? communiquer efficacement, donner l'envie de venir. C'est vraiment notre questionnement aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Puis on est dans un moment, ça commence à se voir sur le territoire où les enseignes nationales mettent le grappin, y compris sur les petites villes, je pense à l'agglomération de Rodez, mais aussi les gros villages comme Bozouls peut-être.

  • Speaker #1

    On ne se place pas en concurrence d'eux, parce que c'est David contre Goliath, c'est autre chose. Moi j'estime que dans ce monde, il y a de la place pour tout le monde. Et en tout cas, on lutte pour exister comme ça et pour proposer autre chose. C'est un idéal qu'on défend. Franchement, c'est un rêve qu'on a à cœur. Moi, quand je vais visiter un endroit, c'est une des choses qui m'intéresse. De voir des commerces indépendants, l'offre qu'ils ont, qui justement va refléter une personnalité, un caractère, va être atypique. C'est ce qui m'intéresse et je ne voudrais pas que ça disparaisse. Donc on ne s'inscrit pas contre eux ou en lutte, mais on veut proposer autre chose et on espère que ça existera toujours, que ces deux offres pourront exister. Voilà, l'une à côté de l'autre. Qu'il n'y en a pas une qui va écraser l'autre vraiment définitivement. Ça, ce serait triste. Mais ce que tu dis sur les villes, c'est... Quand tu arrives dans une ville et que tu vois les mêmes enseignes que dans la ville qui est à 600 kilomètres, c'est dommage. Il y a une espèce d'uniformisation contre laquelle je pense qu'il faut lutter. Je ne pense pas que ce soit la bonne direction.

  • Speaker #0

    Et quand tu dis que vous réfléchissez à la signalétique, à faire rentrer les gens dans l'épicerie, quels sont les arguments d'après ton expérience qui fonctionnent auprès des consommateurs ? Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire ?

  • Speaker #1

    Alors nous, ce qu'on a envie de leur dire, c'est déjà qu'on travaille avec des agriculteurs, des producteurs, des artisans avéronnés. Donc on a la chance d'avoir un département riche avec une offre qualitative et hyper intéressante. Donc on leur dit, venir chez nous, c'est non seulement consommer français, mais ultra local. Donc c'est ça, c'est faire ce choix-là. Et c'est aussi faire le choix de faire vivre les centres-villages. Et le commerce, justement, indépendant et libre. On a une partie de la clientèle qui est sensible à ces arguments, je pense. Après, il y a des gens qui viennent par commodité aussi ou par plaisir et c'est encore mieux. Mais ce qu'on essaie d'expliquer dans notre communication, mais de façon légère, c'est de leur dire, voilà, venir chez nous, c'est aussi permettre à des petits producteurs de travailler. On est l'intermédiaire avec eux ou de vous les présenter. Mettre en avant ces gens-là et aussi permettre que dans un village, il n'y ait pas de devantures fermées, ce qui arrive dans d'autres villages, ce qu'on voit, des commerces fermés. Ça, c'est super triste, mais il ne faut pas juste le déplorer. Ça, c'est une démarche au quotidien, c'est se dire, tu parlais des livres, on le sait, le prix des livres, il est le même en France, partout. Donc, commander son livre ou venir l'acheter dans une librairie indépendante. il y a peut-être juste un petit délai, tu ne vas pas le recevoir chez toi directement. Mais bon, c'est un acte quelque part militant, c'est sûr, mais c'est important.

  • Speaker #0

    Oui, les choix de consommateur. Oui. Chaque euro dépensé pour le consommateur est un choix militant, en fait.

  • Speaker #1

    Oui, et je crois que tout le monde n'est pas dans cette démarche, il faut le conscientiser aussi, il faut réfléchir. Ça, c'est quelque chose aussi qu'on espère insuffler à la jeunesse. Parce que l'essentiel de notre clientèle, on a des jeunes qui viennent de plus en plus, mais ce n'est pas l'essentiel de notre clientèle. Je comprends que c'est facile de commander un drive à 11h du soir depuis son téléphone et d'aller le récupérer le lendemain. Ça m'aime passer par la caisse. C'est un autre monde de vie, c'est une autre façon de faire. Maintenant, tu n'es même plus obligé de passer à la caisse et de dire bonjour à la caissière si tu n'as pas envie. De même que je pense qu'il est important de se rencontrer au café, au restaurant. Aujourd'hui, c'est un choix, je pense. Ce n'est plus forcément un mode de vie comme l'ont connu nos grands-parents. Il n'y avait que ça. Maintenant, on a une offre pléthorique et d'autres modes de consommation. Bon, c'est un modèle de société aussi. Mais nous, on vit à la campagne. Je pense qu'il faut le réfléchir aussi. Il ne faut pas juste déplorer. Puis à partir du moment où on vit dans un endroit, où on fait le choix de s'installer quelque part, c'est bien de participer à la vie du village, de quelque façon que ce soit. Ça peut être par le milieu associatif, ça peut être... Bon, si on a envie que l'endroit où on vit soit vivant, justement. Voilà, autant... Mettre son pouvoir d'achat là, son énergie, partager ensemble. C'est vivre ensemble aussi. C'est ça qui est important.

  • Speaker #0

    Peut-être pour donner quelques chiffres sur les commerces de proximité, justement se rendre compte de tous les villages qui en sont privés aujourd'hui. Entre les années 1980 et 1990, juste dans cette décennie-là, il y a 30% des commerces alimentaires de proximité qui ont disparu dans les villages. 1980, ce sont les chiffres de l'INSEE. 25% des communes françaises n'avaient pas de commerce, absolument aucun commerce dans leurs communes. Aujourd'hui, c'est 62% des communes françaises qui n'en ont plus. Donc la disparition des commerces de proximité, on le voit sur les graphiques, va de pair avec l'explosion des supermarchés justement. Donc on va plus loin faire ces courses dans des centres. Ça va aussi peut-être avec un programme politique qui est en cours de reconquête du commerce rural. Je ne sais pas si tu en as entendu parler. 36 millions d'euros qui sont sur la table pour aider des commerces, en tout cas des porteurs de projets, �� relancer des commerces dans des villages qui en sont privés. Est-ce que vous, vous avez été aidée ?

  • Speaker #1

    Alors, on a été aidée, je crois, fiscalement au début, parce qu'on était classée zone de revitalisation rurale.

  • Speaker #0

    Tout l'Aveyron est en zone de revitalisation.

  • Speaker #1

    Ça, ça a été l'aide. La première année, je sais qu'on a pu avoir... Enfin, on a été présenté... Ma sœur a été présentée le projet à la mairie qui l'a aidée à négocier le loyer pour qu'on y arrive, quoi, en fait, à faire face à un loyer. Ça, voilà.

  • Speaker #0

    Et juste pour fermer ce côté politique, il y avait donc un député... Monsieur Maquet, député de Seine-Maritime, de mémoire, qui a fait un rapport en 2022 sur les commerces de proximité, et il a cette phrase pour introduire son rapport qui dit que la question même du commerce de proximité revêt d'autant plus d'importance que si le commerce est une activité privée, il est inconsciemment perçu par les Français comme un service public.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu le ressens ? Oui, ça je pense que je le ressens. Par exemple, c'est tout bête, mais au niveau des heures d'ouverture, quand tu as un commerce, ce qui est compliqué, c'est qu'il faut être ouvert le plus souvent possible avec une amplitude horaire vraiment large. Parce que oui, pour les gens, c'est compliqué si tu réduis. Il faut presque être disponible à tout moment de la journée. C'est vrai que oui, ça a une utilité. Il n'y a pas longtemps, ça me... fait sourire, là on vient de passer Toussaint et il y a un élu qui est passé à l'épicerie et qui m'a dit ah quand même c'est bien d'avoir quelqu'un ouvert un jour férié pour pouvoir se dépanner tu vois cette notion de service oui c'est en tout cas, oui je pense qu'on joue ce rôle là aussi je ne savais pas que ce député l'avait dit mais oui oui c'est vrai que c'est un commerce privé mais qui a un rôle vraiment dans le village je pense oui

  • Speaker #0

    Oui, puis je crois que ça rejoint des questions politiques, dans le sens où on voit prospérer le vote extrême aussi, quand on se sent oublié, qu'on a l'impression que tout fout le camp des campagnes. C'est beaucoup ce qui est ressorti sur les derniers scrutins. Et ça tient beaucoup à l'existence ou pas de commerce dans les villages aussi, ce sentiment que tout fout le camp. Quand on n'a plus de commerce dans le village, je crois qu'on... On le met dans le lot avec le bureau de poste qui a fermé. Je crois qu'il peut y avoir aussi ce sentiment d'abandon quand les commerces ferment.

  • Speaker #1

    Oui, et puis en plus, je crois que les Français, ils ont un peu une image d'épinal du village. Ça, c'est super. On boit son café en terrasse, on va à la petite épicerie, on a un petit truc. Il y a quand même cet attachement et un peu cette nostalgie. Et c'est vrai que quand ça fonctionne, c'est vraiment un art de vivre qui est hyper agréable, qui est à défendre et qui est menacé. comme tu le disais. Oui, c'est sûr que c'est une question politique, politique au sens large. Mais tout ce qu'on fait dans la vie est politique. À partir du moment où on fait quelque chose, on s'engage. Ce qu'on disait un petit peu tout à l'heure, choisir où on fait ses courses, quelque part, oui, c'est un engagement, c'est sûr.

  • Speaker #0

    Tu parlais tout à l'heure de village vivant. Bozoul a cette image-là, quand même, d'un village vivant. Mais parce qu'il y a un tourisme qui est très important, grandissant autour du patrimoine, du canyon. Il y a les séries télévisées qui ont jeté comme ça une lumière un peu brute peut-être sur le village. Mais est-ce qu'il vit bien ce village ?

  • Speaker #1

    Ça dépend. Alors oui, il mange, il vit, il fait bon, il vit, etc. Mais moi, quand j'étais jeune, j'ai connu une vie plus importante dans les cafés. Il y avait des concerts presque tous les week-ends. Ça, c'est quelque chose qui s'est un peu perdu. C'est plus habité, il y a vraiment une dynamique, puis il y a un bassin d'emploi à Bouzoul qui est important. Le risque, ce serait que ça devienne à un moment donné un village dortoir. C'est un pari et c'est une volonté de maintenir des choses en centre-ville. D'où l'importance de continuer à organiser des événements aussi en centre-ville. Moi je pense aussi...... qu'il ne faut pas toujours, pour une question de place et de parking, faire les choses loin, parce que du coup, après, c'est compliqué pour le centre du village.

  • Speaker #0

    Donc ce serait quoi la recette d'un village vivant ? Il faut recentrer, retrouver des lieux de vie, de circulation, de permettre de se croiser dans des...

  • Speaker #1

    Oui, je pense qu'il faut... De toute façon, plus on est... Plus on est nombreux à un endroit, plus ça va attirer du monde. À partir du moment, enfin la Véronie se déplace beaucoup en voiture, à partir du moment où il est garé, tu vois, il faut qu'à pied, il puisse avoir accès à différentes choses, différents commerces, différents endroits. Je pense que pour que ce soit réussi, oui, il faut... Il faut arriver à avoir une offre vraie et pérenne à l'année, c'est-à-dire ne pas tomber dans le cliché du village qui devient uniquement touristique avec des boutiques que pour les touristes, etc. Ça, c'est un risque qu'il faut avoir en tête. Il ne faut pas penser que tourisme. Le tourisme, on en a besoin, donc c'est important, mais il faut que les choses soient équilibrées, que l'offre soit pour tout le monde. C'est un paramètre important, ce n'est pas le seul. Et il faut avoir des politiques qui pensent l'aménagement du centre-village, pas juste pour que ce soit joli, mais pour qu'il vive, pour qu'il y ait des choses qui s'y tiennent, qui s'y passent.

  • Speaker #0

    Donc là, toi, tu es épicière, libraire, crémière, ton époux boulanger. Bon, on a quand même des métiers qui contribuent à faire vivre, justement, qui sont... Parmi les premiers auxquels on pense quand on pense à commerces et services de proximité en tout cas. Et tu rajoutes là en ce moment une nouvelle casquette puisque tu fais partie d'un noyau dur d'amis je crois, qui lance une association culturelle sur Beaux-Auls. Avec quelle envie ? Qu'est-ce que vous voulez faire ? Avec qui ? Pour qui ?

  • Speaker #1

    Alors bon c'est tout, on a déposé les statuts en préfecture la semaine dernière. Dans le cadre de l'épicerie. J'ai commencé à organiser, il y a deux ans je crois, des rencontres littéraires, soit autour d'un écrivain, soit des lectures à vote, etc. Et puis l'année dernière, on a proposé au printemps, on a eu l'opportunité, c'est le réseau Aveyroné, par connaissance, de recevoir Sylvie Gracia, qui est... qui est autrice et qui est aussi responsable d'édition à l'Iconoclast, qui est la maison d'édition qui avait reçu l'année dernière le Goncourt. Donc on l'a invitée, elle était OK pour venir. Et on a fait venir aussi un peintre. On a demandé la galerie à la mairie, elle était disponible, ils étaient OK. On a organisé une exposition sur 15 jours avec une rencontre. Ça a bien fonctionné, c'était très enthousiasmant pour nous. Puis on a eu de super retours des artistes. Et de là, on s'est dit, bon, c'est chouette, il y a peut-être quelque chose à faire pour amener la culture en milieu rural. Donc, notre ambition, c'est de proposer un festival annuel sur Beaux-Oûles, la communauté de communes et éventuellement l'Aveyron, qui regroupe différents artistes intervenants, tous domaines confondus, que ce soit la peinture, la musique, le textile. Enfin, on a des envies larges. Et proposer des interactions aussi avec la population, notamment les deux écoles, l'EHPAD et la médiathèque. Et on aimerait, si possible, déboucher sur de la co-création, de la résidence d'artistes. Enfin, voilà, on a plein de rêves. On a baptisé l'association Yvonne. Donc voilà, Yvonne sera bientôt officiellement baptisée, elle sera immatriculée.

  • Speaker #0

    Pourquoi Yvonne ?

  • Speaker #1

    Parce que le premier festival aura lieu au mois de mai. Le 19 mai, c'est la Sainte Yvonne. Que Yvonne dans le canyon, ça nous fait rire. Voilà, donc ce sera Yvonne, tout simplement.

  • Speaker #0

    Parce que ça manquait, est-ce que c'est ça qui est à la base de la réflexion aussi ? De se dire que les moments que vous avez vécu de rencontre à l'épicerie méritaient de s'installer un peu plus durablement ?

  • Speaker #1

    Alors je trouve que c'est dynamique. Quand on s'y intéresse, il se passe plein de choses en Aveyron. Au niveau même de Bozouls, oui, peut-être que ce souffle-là, il n'y est pas encore vraiment tout à fait. En tout cas, là, nous, on veut se faire plaisir. Il y en a qui sont plutôt intéressés par la photographie, par d'autres choses. On a le lieu qui existe, donc ce lieu qui est quand même chouette, sans compter qu'on peut délocaliser plein de choses. Ça nous intéresserait d'être dans le trou, dans des jardins. Pourquoi pas bouger à plein d'endroits ? On a la médiathèque qui est super dans le village aussi, on a cette Ausha d'avoir vraiment des lieux intéressants. Et oui, du coup, ça nous donne envie d'offrir des choses. De partager autour de ça, de proposer des rencontres vraiment inattendues. Et en fait, parfois, on se met des barrières. On imagine que tout se passe à Paris, mais ce n'est pas vrai. En fait, il se passe plein de choses partout. Et des fois, il suffit de lancer une invitation pour qu'elle rebondisse. Et ça, c'est génial.

  • Speaker #0

    On sent en toi l'envie de créer des connexions, de faire vivre. Tu parlais déjà de l'épicerie comme un lieu de vie.

  • Speaker #1

    Oui. Ça fait partie de toi ? J'étais enseignante, oui, donc je pense que ça doit être à moi, effectivement. Oui, je pense qu'il y a... En tout cas, là, pour le projet d'Yvonne, il y a des artistes, il y a des gens qui font des choses géniales, mais qui ont besoin aussi de passeurs. Et nous, je pense qu'on s'inscrit un peu dans ce Ausha. Je pense qu'il faut aussi faire ce lien-là. Je pense que c'est un petit peu là-dedans qu'on s'inscrit. Et oui, j'adore faire se rencontrer des gens. C'est vrai, quand il y a plein de connexions qui s'établissent comme ça, c'est génial. Oui, oui, c'est vrai que ça me plaît.

  • Speaker #0

    Et tu n'as jamais senti que tu étais empêchée, en étant à Beausole, de faire tout ça ? C'est ce qui ressort quand même de ton message.

  • Speaker #1

    Mais oui, oui, complètement. Alors, tu m'aurais dit il y a 20 ans, un jour il y aura une librairie à Beaux-Ouls. J'aurais rigolé, je pense. Mais je crois que dans la vie, à partir du moment où tu as quelque chose qui te fait rêver, dont tu as envie, peu importe le lieu où tu es. Si vraiment tu fais... Les choses, sincèrement, bon, après, de toute façon, si ça doit arriver, ça arrive. Si ça ne peut pas, c'est que ce n'était pas le moment ou l'endroit, ce n'est pas grave. Mais je ne crois pas que le lieu soit un frein, en fait. C'est vrai. Non, je ne me suis jamais mise de barrière pour ça. Oui. Je crois que, peu importe l'endroit où tu es, si toi, il te fait vibrer, il en fera vibrer d'autres. Ça peut marcher, quoi.

  • Speaker #0

    Oui. Moi, je trouve l'image géniale. Le trou de Beaujeu, on a l'habitude d'entendre parler de ça, ce serait un oeuf, mais du trou du cul du monde, on a toujours cette image-là. Là, il y a vraiment cette idée d'encaissement, et pourtant...

  • Speaker #1

    Oui, mais ça, plus jeune, je me suis fait chambrer, parce qu'en plus, moi, en habitant là, dans le trou, je le disais spontanément, si tu veux, sans me rendre compte même de ce que ça pouvait vouloir signifier. Aujourd'hui, on a un jour à l'épicerie, on a plein de jeux de mots là-dessus, parce que... Parce qu'il faut en rire, et d'ailleurs on sent qu'il y a une volonté de ne plus parler de trône et de canyon, sauf que quand tu l'as depuis toujours, toi tu dis le trou de Beausoul, voilà, et que je pense qu'il faut en rire. Mais c'est vrai que les lieux évoluent, moi je l'ai vu en travaillant, quand j'étais enseignante, il y a des villages que j'ai connus très vivants et puis qui peu à peu s'éteignent. En ce moment, il fait vraiment bon vivre ici, on est en train de... C'est une période pleine d'une super énergie. Et le lieu aussi est porteur. Mais franchement, moi, quand j'étais petite, personne ne se promenait ici. Enfin, même les Beausoulés, je veux dire, personne ne descendait dans le trou. Il y a eu une volonté, des choses qui se sont alignées. On parlait tout à l'heure de politique. Il y a eu cette envie politique de faire vivre le cœur du village. Je pense qu'avant la manature de M. Calméli, on a eu un autre maire qui a plus travaillé à développer... la zone artisanale, un bassin d'emploi, etc. Et c'était important. Et puis, c'était un choix aussi de développer ça.

  • Speaker #0

    Rappelons que Jean-Luc Calméli, maire de Bozouls, est aussi vice-président au département de l'Aveyron et président de l'agence d'attractivité et du tourisme de l'Aveyron. Rachel, peut-être pour terminer notre conversation, est-ce que tu pourrais répondre à cette question que tu connais, je crois, la dernière que je pose à tous ? tant aux invités de Finta. En quoi est-ce que tu crois ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais te le dire simplement parce que c'est vraiment une devise qui est affichée sur mon bureau depuis longtemps. Je crois aux rêves. Vraiment, je crois au pouvoir des rêves, de la rêverie. Je pense que c'est très important des fois de se poser soi et de réfléchir à ce qui nous fait vibrer, ce qui nous fait rêver en fait. Et c'est ce que tu me disais tout à l'heure, où qu'on soit, tout peut advenir. Il faut nourrir cet espace-là en soi. Il faut le dire aux gens. On ne mise pas assez sur la rêverie, ça c'est sûr. Oui, c'est important et on peut accomplir plein de choses.

  • Speaker #0

    C'est indiscret de te demander quel est ton rêve en ce moment, celui qui t'occupe toi ou pas ?

  • Speaker #1

    Alors en ce moment, évidemment je suis tournée vers Yvonne. Ce matin, on le présentait justement à la mairie, on présentait notre ambition. Donc mon rêve vraiment, ce serait de pouvoir accueillir des artistes en résidence, de construire quelque chose sur le territoire, une œuvre, que ce soit vraiment... Je dis un livre forcément parce que c'est mon domaine, mais mon rêve, ça serait de pouvoir accueillir des artistes ici et de créer avec les gens d'ici, non seulement des échanges, mais aussi quelque chose qui reste. Ça, c'est mon rêve pour l'avenir. De partir d'ici et d'être peut-être itinérant aussi sur le territoire, ça me plairait beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Rachel.

  • Speaker #1

    Merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Finta jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu, inspiré, questionné et fait voyager peut-être. Si vous souhaitez continuer la discussion, je suis toujours curieuse de vous lire et d'échanger. Je vous propose que l'on se retrouve sur Facebook, sur Instagram ou sur le site fintapodcast.fr. Vous pouvez retrouver tous les précédents épisodes de Finta gratuitement sur les applications de podcast et pour recevoir chaque nouvel épisode directement dans votre boîte mail, Vous pouvez aussi vous abonner à la newsletter. Et pour que Finta vive, si vous appréciez le podcast et que vous souhaitez soutenir ce travail indépendant, partagez-le autour de vous. Transférez-le à vos amis, parlez-en. C'est le meilleur soutien que vous puissiez nous apporter. A très bientôt.

  • Speaker #1

    Peut-être que ce que je n'ai pas dit par rapport à faire vivre une épicerie, c'est que ce qui était hyper important aussi, c'est... C'est l'équipe, quoi. Tu vois, c'est de... Enfin, on ne fait rien seul, tu vois, d'être... Voilà, on est une équipe de cinq, on a chacun un peu des rôles. Je n'ai pas évoqué Hélène, qui travaille avec nous, qui est la personne qui fait le ménage, mais aussi qui propose des animations le dimanche. Il y a vraiment... cette notion de... On se fait plaisir dans nos pôles d'activité, mais aussi on a des compétences différentes. C'est ce qui nous permet aussi, je pense, à la fois d'être solides, d'être force de proposition et que le lieu fonctionne aussi. Je ne sais pas si j'ai assez parlé du travail d'équipe.

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