- Speaker #0
Il y a surtout une opération que j'ai complètement à travers de la gorge, je ne vais pas le dire, c'est une occasion de le dire. C'est la gorge qui se fait à l'âge de 10 ans. Et ça vraiment, c'est vraiment bon. Je me dis que j'aurais dû faire un manœuvre plus. Pourtant j'avais décidé qu'à 70 ans je ne ferais pas comme mon prédécesseur. J'ai arrêté à 70 ans, le mandat est tombé à 72 ans et à 72 ans je me suis retiré. Hey,
- Speaker #1
Finta !
- Speaker #0
Finta !
- Speaker #1
Explorer les basculements d'une époque, sentir frémir des énergies, voir les ruralités se transformer avec celles et ceux qui les provoquent, les repensent et les bousculent. Finta, c'est le podcast qui nourrit les esprits, des envies d'agir et des espoirs très concrets, à l'échelle locale. Finta donne à entendre l'Aveyron à travers celles et ceux qui ont choisi d'habiter, ici et maintenant. Je suis Lola Cros. Et j'arpente ce bout de campagne depuis 12 ans comme journaliste. Avec Finta, je vous invite à pousser la porte de vos voisins, à croiser des regards, à Finter de plus près. Et ça commence tout de suite. Nous voilà sur les rails, en avant pour une nouvelle saison de Finta. Je suis très heureuse de vous retrouver. 3, 2, 1, je lance l'enregistrement. Est-ce que vous êtes prêts ? Il fêtera ses 90 ans en 2026. en est d'élection municipale. Il est né en 1936, année du Front populaire et a grandi à Rodez pendant la guerre et l'occupation allemande. Marc Sansy a traversé un siècle, littéralement, des décennies pendant lesquelles il s'est engagé au service du collectif, guidé par la devise des scouts, servir. Marc Sansy s'est mis en selle avec la jeune chambre économique de Rodez. Élu et réélu maire de Rodez entre 1983 et 2008, Il a aussi été président de l'agglomération du Grand Rodez sur la même période. Marc Sancy a imprimé son nom au-delà des frontières avéronaises, puisqu'il a présidé le Conseil Régional de Midi-Pyrénées de 1987 à 1998. Les Rue Ténois l'associent à ses grands chantiers, le Viaduc de Bouran, le Nouvel Hôpital, le Musée Soulages, mais l'on se souvient moins de celui qui a peut-être été l'un de ses plus grands combats, l'intercommunalité. Alors dit comme ça, j'avoue, ça manque un peu de charme. Disons que Marc Saint-Cy a très tôt cru en la nécessité, pour les communes, de se regrouper pour porter des projets communs, pour collaborer au service d'un territoire et de bassins de vie qui, là encore, ne s'arrêtent pas aux frontières communales. Il n'a cessé dans le même temps de demander à l'État centralisateur des libertés, des largesses, pour faire confiance aux élus locaux, aux particularités locales. En la matière, Rodez a été pionnière dès les années 60 en créant le district, dessinant les fondations de l'actuelle communauté d'agglomération. Que permet l'échelle locale dans un monde globalisé ? Pourquoi les maires échappent plus que les autres élus à la défiance des citoyens ? Comment réenchanter la politique du quotidien ? Et quels sont les enjeux, précisément, en Aveyron ? Ce sont autant de sujets que nous avons parcourus avec Marc Sancy pour lancer cette année d'élections municipales.
- Speaker #0
Bien sûr, nous sommes chez moi, dans la maison familiale, qui est grande parce que j'y ai élevé quatre enfants, et qui est une maison qui date de 1674.
- Speaker #1
Donc on est dans le cœur historique de Rodez ?
- Speaker #0
Parfaitement, oui.
- Speaker #1
À quelques pas de la cathédrale seulement ?
- Speaker #0
On est à l'ombre du clocher, quand le soleil commence à descendre, en septembre, il fait de l'ombre sur la terrasse.
- Speaker #1
Et pourtant... Vous, vous êtes un enfant du Faubourg. Vous êtes né plutôt au Faubourg ?
- Speaker #0
Oui, je suis né au Faubourg. Mon grand-père était filateur au Faubourg. Il avait construit une maison qui fait l'angle entre la venue de Montpellier et l'avenue d'Arrères. Et c'est là que j'ai passé mon enfance.
- Speaker #1
Quels sont vos souvenirs là-bas au Faubourg ?
- Speaker #0
C'était un quartier très laborieux. Il y avait pratiquement tout. tous les commerces, y compris un comptelier, un taillandier. Bon, c'était un quartier très, très animé, qui avait sa personnalité, à tel point qu'à une époque, ils ont fait la commune libre du Faubourg.
- Speaker #1
Qu'est-ce que c'était ?
- Speaker #0
Oh, c'était une association, en fait. qui était présidée par le pharmacien, qui était monsieur Delclos. Mon grand-père était maire adjoint, mais il était en même temps maire adjoint à la commune nord-est. Ça n'a pas fonctionné longtemps, mais on veille à se réunir pour parler, je pense, surtout. Car ils n'avaient pas de moyens d'appliquer leurs décisions, évidemment.
- Speaker #1
Ça veut dire qu'il y avait peut-être pas une rivalité, mais en tout cas des manières de vivre différentes entre le faubourg et le centre-ville ?
- Speaker #0
Oui, le faubourg avait sa personnalité et on montait en ville.
- Speaker #1
Donc vous êtes né en 1936, on est du Front Populaire. Dans ce faubourg, ça veut dire aussi que vous avez traversé la guerre pendant votre enfance. Quels souvenirs vous en avez ?
- Speaker #0
Oh, des souvenirs très précis. Je vous disais, la maison fait l'angle entre deux rues. Et la façade d'homme sur le carrefour. Et il y avait une barricade construite par les Allemands, une barricade empire, de chaque côté de la maison. Et en face, au café maçon, ils avaient salé une grande mitrailleuse qui était dirigée vers les barricades d'homme, vers notre maison. Voilà, et je me souviens qu'une fois... C'était au moment de la défaite de Stalingrad. Mon père avait ouvert la fenêtre et avait dit aux sentinelles qui étaient en bas de la barricade « 500 000 morts ! » Et puis, je ne comprenais pas ce qu'ils disaient. Et à l'intérieur, ma grand-mère et ma femme, et ma mère, étaient complètement affolées. Et oui, c'est des petits souvenirs, mais c'était une époque un peu particulière.
- Speaker #1
Quelle était l'ambiance ? De quoi vous vous souvenez dans les rues pendant l'occupation ?
- Speaker #0
Pour les gosses, ça ne changeait pas grand-chose. On allait même jouer avec les sentinelles.
- Speaker #1
Sans peur ?
- Speaker #0
Sans peur, non. Ils nous montraient les grenades à manches, vous savez. Et oui.
- Speaker #1
Et vous avez un souvenir de la libération, ou pas, de Rodez ? Oui,
- Speaker #0
j'ai un souvenir. D'abord, avant la libération, J'ai le souvenir des fusillés de Sainte-Radegonde. Mon père avait son l'atelier aux quatre saisons. Et on remontait de là-bas par ce qu'on appelle l'avenue des fusillés maintenant. Avec un cousin, on était à pied. C'était pas où on est là à l'époque, le chemin. Et on a vu passer tout un convoi de camions, d'autos, de motos. Et c'était les otages que l'on emmenait à Sainte-Radegonde. Alors, tout le monde était un peu affrôlé, puisqu'on ne savait pas où on était. Quand on est arrivé, on s'est fait enguerrer là-dedans.
- Speaker #1
Et comment vous avez appris que ces otages-là avaient été fusillés quelques minutes après ?
- Speaker #0
Le lendemain, tout le monde le savait. Et peu de temps après, en effet, il y a eu la libération. Et bon, c'est une époque un peu trouble. Je me rappelle des femmes qui étaient accusées d'avoir eu des relations avec les Allemands et qui ont été tendues. Et j'ai vu ça. Tout le monde allait voir Place d'Armes. Triste période, là.
- Speaker #1
Dans quelle famille est-ce que vous avez grandi ? Vous nous avez parlé un petit peu de votre grand-père. Ah oui. Mais que faisaient vos parents ?
- Speaker #0
Alors, le grand-père était filacteur. Il avait un magasin de la filature. C'est ce qu'on appelle la laine de pays. C'est une laine qui donnait un tricot assez rêche. avec lesquelles les femmes dans la campagne à l'époque faisaient leur combinaison et leur dessous. Elles devaient avoir la peau douce parce que c'était un véritable gagne-le-crain. Mes parents, mon père était italien d'origine, il est arrivé en France en 1933, il était vénitien. Et il est parti d'Italie parce que... Il y avait les jeunesses fascistes qui, toutes les semaines, faisaient une réunion des jeunes pour leur apprendre à marcher au pas et la doctrine aussi. Et lui, il s'était absenté plusieurs fois. Ils l'ont coincé, ils lui ont fait boire un litre de ricin. Alors il a compris que le climat était mauvais. Il est parti en France. Il a commencé à travailler dans le Nord. Et puis il a été embauché par une boîte suisse. qui construisait des moulins, la maison Buller. Et cette maison Buller l'a envoyée en plusieurs endroits construire des minotauriques, des monteurs minotauriques. Et un jour, elle l'a envoyée à Rodez pour construire le moulin des Attisales. Je ne sais pas si vous connaissez, qui est au monastère. Mais il n'y a plus de moulin maintenant. Et pendant le montage, il a connu Suzette, ma mère. Et ils se sont mariés, contre l'avis de mon grand-père. Parce qu'à l'époque, les Italiens, surtout sans nos messieurs fixes comme lui, qui parcouraient la France, n'étaient pas nécessairement les bienvenus. Il a essayé de le dissuader alors qu'il arrivait en train à la gare de Rodez. Il y a été, il lui a offert un peu d'argent pour repartir. Et mon père en a profité pour lui demander la main de sa fille. Et ils se sont mariés et ils ont eu des enfants, trois, dont je suis l'aîné.
- Speaker #1
D'accord. Et donc votre père, à ce moment-là, monte son entreprise, c'est ça, pour rester à Rodez ?
- Speaker #0
Alors du coup, mon père monte son entreprise à Rodez, avec l'aide de cette fameuse maison bullaire. Dans les moulins, il y a ce qu'on appelle des appareils à cylindres. Je ne sais pas si vous connaissez.
Non, très peu. Ce sont des gros cylindres en fonte qui écrasent le blé, et qui sont cannelés hélicoïdalement. Et il faut des machines spéciales pour ça. Et tous les... Tous les moulins de l'Aveyron, petit à petit, se transformaient, abandonnaient les meules et accédaient à la minoterie avec des moulins, avec des cylindres. Et pour faire ces cannelures et pour lire les cylindres, il fallait donc des machines bullaires que mon père a achetées. Il s'est installé et petit à petit, il s'est fait une clientèle, à un point qu'on l'appelait le pape des moulins.
- Speaker #1
Et votre maman ?
- Speaker #0
Et ma maman faisait la comptabilité. Le couple type d'artisans.
- Speaker #1
Vos parents, ils ont eu un grand rôle, si j'en crois votre livre, en tout cas, dans vos choix scolaires ? Oui. C'est un regret ?
- Speaker #0
Ma mère avait décidé que je ferais les arts des métiers. Pourquoi pas ? Moi j'avais l'intention de faire l'édard des métiers pour devenir ce qu'on appelle un capitaine mécanicien de la marine marchande. C'était mon idée. J'avais un contrat de prêt d'honneur, je ne sais pas si ça se fait encore, je n'ai pas l'impression. Un contrat de prêt d'honneur avec une société de fabrication de matériel de meunerie qui me payait. À condition que je travaille 5 ans chez eux et qu'ils exigeaient que je fasse l'école de meunerie bien-sûr. Je suis devenu probablement l'un des rares, sinon unique ingénieur en meunerie en France. À l'époque, on partait en Algérie. J'avais déjà deux enfants. On s'est mariés quand j'étais en dernière année des arts des métiers. Donc avec deux enfants, on ne partait plus en Algérie. Et j'ai été envoyé à Rocamadour, dans une base aérienne de Rocamadour, qui n'a rien d'aérien parce que c'est simplement un centre, c'était parce qu'il a disparu, un centre de stockage de munitions. Bon voilà, quand je suis rentré dans les régiments, j'ai été voir à Paris comment je devais remplir mon contrat avec l'associé en question. Alors j'ai demandé à voir le directeur qui m'a reçu, et je lui ai dit, je viens remplir mon contrat. Il m'a dit, mon pauvre ami, c'est inutile parce qu'on a fait faillite. Et donc je me suis retrouvé libre de mes choix. Je suis revenu à Ordès, alors j'ai commencé à travailler un peu avec mon père, il n'avait pas vraiment besoin d'un ingénieur, mais il y a un entrepreneur qui était noir. qui est venu me voir un jour et qui m'a dit c'était un espagnol. Tu connais le bétard-armé toi ? J'ai dit oui, j'en ai fait pas mal. Ça s'est su et petit à petit j'ai eu une clientèle qui a fait que j'ai monté un bureau d'études de bétard-armé qui ensuite est devenu pluridisciplinaire et dans les années 60, dans la fin des années 60, j'avais une trentaine de personnes au bureau d'études, voilà.
- Speaker #1
Si on ouvre un autre chapitre de votre vie, est-ce que vous savez dire à quoi tient votre engagement et votre attachement surtout à la chose publique ?
- Speaker #0
J'étais à la chambre économique. On a lancé à l'époque un travail de réflexion sur l'avenir de Rodez. On appelait ça Rodez 1985. Et on a édité un petit document, Rodez 1985, qui dans tous les domaines proposait des évolutions. Et on a fait un digne débat, je me rappelle, au lycée Monteil d'ailleurs, au réfectoire du lycée Monteil, où on avait invité évidemment le maire, le président du conseil général. Bon, ils nous antoissaient un peu, parce qu'ils trouvaient qu'on était un peu audacieux quand même, dans nos perspectives. Mais, Boscary-Monsservin, à l'époque, qui était maire, s'est souvenu de moi. Et en 1971, il m'a demandé de participer à sa municipalité, en tant que maire adjoint, responsable de l'urbanisme. ça a découlé directement de ce qu'il avait vu aussi de moi et voilà, encore là le fait un peu du hasard c'est pas moi qui ai fait une démarche personnelle,
- Speaker #1
on est venu me chercher et pourquoi vous l'acceptez alors à ce moment là ?
- Speaker #0
parce que c'était intéressant et puis j'avais un grand-père qui était maradjon donc il y avait peut-être une sorte d'ADN qui jouait dans cette décision.
- Speaker #1
Donc vous commencez en 71 jusqu'en 83. Voilà,
- Speaker #0
c'est ça, en tant que maire adjoint.
- Speaker #1
Comme maire adjoint, avant de devenir maire. Peut-être pour revenir, vous parlez de votre grand-père comme une figure d'engagement autour de vous. Est-ce qu'il y en avait d'autres, des modèles comme ça, politiques, autour de vous ?
- Speaker #0
Non, non, non, non, pas précisément. Je m'étais mis un peu dans le sillage de Boscary-Monsservin. qui était député giscardien. Et ça correspondait à ce que je pensais. Et donc, à cette époque-là, déjà, j'étais giscardien.
- Speaker #1
Quelle était votre ligne ? Alors, c'est peut-être dur à résumer, mais quelle était la colonne vertébrale de votre engagement ? Les priorités ? Qu'est-ce qui faisait que vous aviez envie de vous engager ? Quels étaient les sujets ?
- Speaker #0
C'était au service de la cité, imaginer la cité. C'était toujours ce souci. qui venait de la chaîne Chambre économique, qui m'avait fait prendre l'initiative de proposer à la Jeune Chambre ce travail de Rodez dans 20 ans. Tout naturellement, c'était un peu ce qui m'inspirait toujours, une prospective pour avoir une vision de l'avenir de la ville et faire des choix. Et bon, c'est ça qui m'a attiré.
- Speaker #1
Alors si on s'y replace en 64-65, quand vous intégrez la jeune chambre et que vous faites ce document Rodez 1985, à quoi ressemblait la ville à ce moment-là et quels étaient les grands axes de votre projet pour Rodez 85 ?
- Speaker #0
La ville était encore un peu engoncée dans son histoire ancienne. Il n'y avait pas de rues piétonnes. Et alors, dans le document... On prévoyait une liaison aérienne avec Paris, par exemple, entre autres. On prévoyait la construction d'un nouvel abattoir, plus important que celui qui existait alors, qui était un abattoir relativement modeste. On prévoyait le viaduc de bois, ce qui avait fait sourire tout le monde, d'ailleurs, et qui avait provoqué... Un peu d'ironie de la part des journalistes aussi. Là, c'était pour vraiment permettre l'extension de la ville sur Bourgogne. Parce qu'on sentait déjà qu'il y avait pas mal d'activités, de services qui commençaient à s'éparpiller, parce qu'il n'y avait plus de place sur le piton. Bref, on sentait bien qu'il y avait un besoin de donner de l'air à la ville, de donner de l'espace à la ville. Et d'où l'idée de construire un milieu. On aurait pu avoir des détails, refaire le musée Fénaray, ce qui a été fait d'ailleurs, réaménager le tour de ville. Bon, vous voyez, des choses comme ça.
- Speaker #1
Donc, Mouscarie-Monservin, vous débutez votre engagement politique à ses côtés, et puis en fait, en 1983, vous lui succédez.
- Speaker #0
Alors, je lui succède dans des conditions un peu particulières.
- Speaker #1
On a pu vous accuser... La presse, en tout cas, s'est fait l'écho de vous voir tuer le père. C'est ce qui a été dit à l'époque.
- Speaker #0
On a dit ça, oui. En général, à l'inverse, c'était le père qui avait tué le fils. Et ce n'était pas l'inverse. Parce que, bon, j'avais mes idées d'urbanisme, de viaduc, etc. Et il y avait une frange du conseil municipal. Le RPR, on n'en parle pas énormément, c'était pas le RPR à l'époque, c'était le NNR, qui était contre. Or, le maire a concocté sa liste en 1983, dans le secret. Et un jour, il nous réunit en mairie avec ce qui devait être le futur conseil municipal. Et alors là, je m'aperçois qu'on était devenus très minoritaires. Alors je ne sais pas s'il y avait eu... On m'a dit qu'il y avait eu un engagement du maire, qui allait avoir bientôt 80 ans, de se retirer en cours de route et de se faire remplacer. J'ai compris qu'être maire adjoint, dans ces conditions, c'était renoncer pratiquement à beaucoup de projets. Et alors je lève le doigt, un peu timide, je dis, monsieur le maire, il me semble que... La tendance politique à laquelle nous appartenaons tous les deux est très nettement minoritaire. J'insiste, vous n'êtes pas content, vous avez la porte. C'était aussi brutal que ça. C'est pour ça que je dis que c'est le père qui a tué le fils. Et il ne s'est pas rendu compte qu'en faisant ça, il me lâchait dans une carrière politique.
- Speaker #1
Parce que vous décidez finalement de vous présenter face à lui ?
- Speaker #0
Parce que je me suis levé pour sortir. Et seulement, il y a une douzaine de conseillers municipaux qui sont sortis avec moi. Dont le docteur Méladié, qui était une personnalité, l'ABEX, etc. Gavi et bien d'autres. Et une fois dans le gloire, ils m'ont dit, maintenant, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Vraiment, selon moi, je dis non. Et le lendemain, ils sont venus aussi. Et ils m'ont dit, s'il faut y aller. Bon, à contre-cœur, vraiment, vraiment à contre-cœur. Parce que se présenter contre Oscar Riz. J'avais vraiment pas envie. Bon, et puis ça s'est passé comme ça. Et finalement, au premier tour, on avait 42 voix d'avance. C'est pas beaucoup, mais on était devant. Et donc, au deuxième tour, je lui ai proposé de se réunir et je lui avais proposé à l'époque de partager la tâche. Je serais maire de Rodez et lui serait président de la... du district, ce qu'on appelle. C'était pas la communauté d'agglomération à l'époque. Bon, il a pas voulu, lui, non. Mais c'est normal. C'est comme ça que je suis devenu maire.
- Speaker #1
Je m'autorise un petit intermède ici, car si la politique aveyronnaise vous intéresse particulièrement, de précédents épisodes de Finta peuvent vous plaire. Je pense à l'épisode notamment avec Daniele Puech, par exemple, qui figurait parmi les quelques femmes maires en Aveyron dans les mêmes années 70. ou l'épisode avec Emmanuelle Gazel, élu maire de Millau en 2020. Je vous renvoie aussi vers l'épisode 38 de Finta, avec Arnaud Viala, président du département depuis 2021. Je glisse en description de l'épisode tous les liens, pour que vous puissiez les écouter directement. Mais reprenons notre conversation avec Marc Sensier. C'est quoi votre sentiment ce soir-là d'élection ? Parce que vous n'aviez pas passé des années à rêver de ce mandat-là, alors quand il s'ouvre à vous, qu'est-ce qui se passe ?
- Speaker #0
Il se passe que les gens étaient contents, sur ma liste. Moi j'avoue que j'étais un peu partagé, parce que je me rendais compte que ça allait changer ma vie, naturellement, parce que, maire de Rodez, je ne pouvais plus être propriétaire d'un bureau d'études qui dans bien des cas était engagé dans des opérations qui pouvaient dépendre de la ville, sans que les permis de construire.
- Speaker #1
Il y avait des conflits d'intérêts qui allaient se présenter ?
- Speaker #0
Je considérais qu'il y aurait des conflits d'intérêts, évidemment. Et donc, c'est là que j'ai décidé de céder mon bureau d'études à mes collaborateurs.
- Speaker #1
Donc vous, à ce moment-là, vous allez les deux pieds dans la politique. Quel est le regard de votre épouse, de vos enfants, de vos proches sur cette nouvelle vie ?
- Speaker #0
Alors, je dois rendre hommage à ma femme, parce que vraiment... Elle a été l'assistante de tous les assistants. Et ça ne lui a pas posé de problème. Au contraire, elle m'a toujours suivi. Encouragée, je ne dirais pas, parce que peut-être au fond d'elle-même, ça lui posait un problème. Elle travaillait, ma femme. Elle a eu quatre enfants et elle était assistante sociale à la question. Elle m'a encouragée. Voilà, elle m'a aidé, elle a toujours été là, je ne sais pas comment, mais elle a toujours été là, et vraiment, je lui suis très reconnaissant.
- Speaker #1
Vous évoquiez les grands chantiers déjà un peu dessinés avec la Jeune Chambre économique, donc Bouran en premier, mais on retient de vos mandats, puisque vous avez été maire jusqu'en 2008, aussi tout l'amphithéâtre, le musée Soulages évidemment, tous ces grands chantiers-là. Non,
- Speaker #0
non, non, on n'en a fait pas dans 25 ans.
- Speaker #1
Quelle a été votre ligne ? Qu'est-ce qui vous a guidé pendant ces mandats ?
- Speaker #0
C'est toujours une vision de Rodez. Et la notion de projet, si vous avez lu mon livre, vous allez vous en rendre compte. J'ai toujours considéré qu'on devait se prendre en charge, avoir une vision de l'avenir, non pas pour faire de la prospective exactement, mais essayer de comprendre quelle est l'évolution de la ville, qu'est-ce qui lui manque, qu'est-ce qui peut l'améliorer, qu'est-ce qui peut l'ouvrir à l'avenir. Et ça a toujours été ça, mon fil directeur. Bon voilà, alors le premier grand projet, ça a été la construction d'un abattoir. Un abattoir qui fait 30 000 tonnes. Et on voyait bien que si on perdait la première étape de la transformation de la viande en numéro 1, c'était une catastrophe. Et c'était ça l'enjeu. Qui bientôt a attiré des privés. Et on l'a vendu naturellement aux privés parce que c'est pas le rôle de la ville que... que de manager un abattoir. Mais ça a été la première grande opération. Après, il y a eu, en effet, l'amphithéâtre, c'est vrai. Après, il y a eu surtout l'hôpital de Bouran, qui a été un combat de 20 ans pour construire l'hôpital. C'est probablement le plus grand chantier de Rodin de l'histoire, d'ailleurs.
- Speaker #1
parce que c'est quand même important l'hôpital et qui allait avec le viaduc de Bouran il le fallait ce viaduc ça ça a été votre marotte aussi et après Soulages peut-être ?
- Speaker #0
alors ça c'est oui en 80 oui en 80 ans quand j'ai été élu j'avais réuni ce qu'on pourrait appeler des cultureux avec Paul Astruc.
- Speaker #1
Que vous fréquentiez aux Comédiens au chariot ?
- Speaker #0
Que j'ai connu au chariot, on était 6-7 pour essayer de dire qu'est-ce qui manquait à Rodez, qu'est-ce qu'il faudrait faire pour animer la ville. Alors tout de suite, il y a eu la cathédrale qui était vraiment dans un état d'abandon. Alors la cathédrale, il faut faire quelque chose pour la cathédrale. Et puis... Un ami qui s'appelait Delmure, qui m'a dit, tu sais, si on pouvait avoir Soulages à Rodez, ça vaut la Robert Bourg. Je ne sais pas que ce soit vrai. Mais enfin, ça m'avait mis la puce à l'oreille et puis j'avais rencontré Soulages, qui devait germer si vous voulez. J'ai pris rendez-vous avec Pierre Soulages à Paris. Je l'ai rencontré à son atelier et je lui ai passé toute la journée. Et puis, quand je lui ai dit, mais enfin, ça serait bien qu'on vienne à Odesse, est-ce qu'on ne pourrait pas éventuellement faire un... Ah, il m'a dit, mon pauvre, je suis engagé avec le maire de Sète pour construire un musée à Sète. Et puis, quelques temps après, j'ai appris qu'ils étaient fâchés avec le maire de Sète. Et donc, je repars à la charge. Alors là, oui, mais vous savez, musée, c'est cher. Enfin, la discussion était... et ça y est, la porte était un peu ouverte. Et pour la petite histoire, j'étais après président de la région, et il a vu à la télé... Le moment où j'ai démissionné pour cause de Front National. Et à ce moment-là, Soulages a décidé de faire le musée à Rodez, de faire la donation de son œuvre à Rodez, à condition bien sûr qu'on fasse le musée. Donc il y a quelque chose de malheureux. Oui,
- Speaker #1
parce que vous veniez d'être réélu président de la région, réélu.
- Speaker #0
Réélu, oui.
- Speaker #1
Mais vous déposez votre démission dans la foulée en refusant... D'être élu avec les voix du Front National.
- Speaker #0
Avec une voix du
- Speaker #1
Front National.
- Speaker #0
Alors, je l'ai mentionné, pourquoi ? Pour des raisons déontologiques peut-être, ou en tout cas morales, mon père avait connu ce que je vous ai dit tout à l'heure, et donc il y avait dans mon ADN une sorte de répulsion naturelle. Mais surtout, les huit départements de Midi-Périnée, sauf l'Aveyron, étaient de gauche. Et moi j'avais lancé des programmes qu'on appelait les contrats de terroir. qui ne pouvait se faire qu'avec les départements. Donc il y avait une collaboration avec les départements, et c'était tout le fond de ma politique. Et du jour au lendemain, je savais très bien que les départements allaient pousser des cris d'orfraie si la région mettait les pieds chez eux, à cause du Front National. Et donc j'ai compris que ça serait ingérable. Et j'ai préféré abandonner tout de suite. Ça aurait été un très mauvais service à rendre à la région. Pour l'intérêt de la région, ce n'était pas la chose à faire, donc je l'ai missionné.
- Speaker #1
L'un de vos chevaux de bataille, si ce n'est le cheval de bataille, c'est celui de l'intercommunalité. Pourquoi vous y avez cru si tôt ?
- Speaker #0
Quand j'ai été élu en 1983, disparaissait la figure tutélaire de Boscari. quand même, qui était une personnalité qui avait été mise sur la culture. Et donc, il fallait reprendre un peu en main le district du Grand-Rodès, avec des personnalités là aussi. Le maire de Château, il y en avait qui se sentaient démangés. J'ai lancé un audit. Et bon, ils ont fait cet audit, ils ont rencontré les maires. j'ai aperçu que Les maires s'étaient confiés pour dire qu'ils n'étaient pas toujours très favorables à une collaboration avec la commune-centre, qui était un peu en concurrence. Et ils m'ont suggéré de faire à Rodès une réunion de tous les districts de France. Il n'y en avait pas tellement, il y en avait une centaine à peu près. Alors on a lancé cette première réunion des districts, de l'intercommunalité à Rodès. On a été, je ne me rappelle plus, pas tout à fait ça, mais enfin, entre les meilleurs adjoints qui étaient venus, pas loin sans doute, ça a été très intéressant. Et je me suis aperçu que, selon une expression consacrée, quand on se regarde, souvent on s'interroge, on se trouve pas très bien. Mais quand on se compare, les choses s'améliorent. Et en effet, ça a donné une vision globale de l'intercommunalité. On a vu qu'un peu partout, les gens avaient des difficultés à travailler ensemble, à monter des projets. Et donc, on a lancé, à la suite de cette réunion, l'Association des Communautés de France, des Districts de France.
- Speaker #1
Que vous avez présidée.
- Speaker #0
L'Association des Districts de France. que j'ai présidé jusqu'en 2008.
- Speaker #1
Oui, parce qu'avant même les lois de décentralisation de 82, et puis aujourd'hui les communes sont obligées, toutes les communes, de se regrouper, mais là on parle d'un temps où Rodès a plutôt été pionnière en matière de regroupement dans le district.
- Speaker #0
Oui, parce que le district a été créé à Rodès, comme souvent d'ailleurs, je dirais, sur des tuyauteries, les égouts et l'eau.
- Speaker #1
c'était les sujets à mettre en commun c'était bien d'intéresser vraiment les communes qui étaient sans discussion un bien commun et donc on avait été en effet presque des pionniers parce que là on est aussi dans un contexte où l'Aveyron est face à un déclin démographique assez rapide et dans ce moment-là la création du district et puis l'évolution vers la communauté d'agglomération la population de Rodez elle va doubler et c'est le des communes qui l'entourent et qui sont aujourd'hui réunies dans l'agglo de Rodez, vont doubler aussi. Est-ce que ça a été salutaire, en fait, de se réunir à ce moment-là ? Mais au-delà d'accueillir des populations, il fallait réfléchir à tout le reste. Toutes les activités économiques.
- Speaker #0
La boirie, la rocade, une avancée qui a été très importante pour l'agglomération.
- Speaker #1
Et quelles étaient les activités économiques principales ? Où travaillaient toutes ces nouvelles populations ?
- Speaker #0
Il y a eu le hoverwash, naturellement.
- Speaker #1
Et surtout,
- Speaker #0
il y avait un tissu de petites industries ou d'artisanats extrêmement divers, ce qui est encore le cas d'ailleurs aujourd'hui un peu moins peut-être, mais très prospérent. Et des grossistes aussi, notamment dans le matériel électrique, le matériel mélangé, l'agroalimentaire. Il y avait donc un tissu industriel très diversifié, qui fait qu'on ne connaissait pas de crise. Quand ça marchait un peu moins d'un côté, ça marchait un peu mieux de l'autre. Mais je crois que le secret de la réussite de Dordaix, ça a été ça. Ça a été la Robert Bosch, bien sûr. Colombois, Boscari, Montserrat. Ça a été la Robert Bosch. Mais ça a été surtout, et pendant longtemps, cette diversité d'activités qui continue toujours, d'ailleurs.
- Speaker #1
Vous aurez 90 ans en 2026.
- Speaker #0
Je les ai pratiquement.
- Speaker #1
Ça fait bientôt 18 ans que vous avez rendu les clés de la ville, que vous les avez données à Christian Tessèdre. Avec ce recul, quel regard vous portez sur vos mandats, sur vos actions ? Est-ce qu'il reste des dossiers inachevés que vous regrettez ? Ou c'est plutôt le sentiment du devoir accompli ?
- Speaker #0
Je regrette un peu. Je suis regretté, la région, naturellement.
- Speaker #1
Et à l'échelle d'Orodès, alors, quel regard vous portez sur votre action ?
- Speaker #0
À l'échelle de Rodez, je trouve qu'on a fait beaucoup de choses, quand même. C'est reconnu, maintenant. On a fait, en 25 ans de mandat de maire, on avait fait un petit livre d'ailleurs de photos de toutes les opérations qu'on avait réalisées. Je le cherchais en vue de notre rencontre, puis je ne l'ai pas retrouvé. Il y a surtout une opération que j'ai complètement traversé la gorge, je peux le dire, c'est une occasion de le dire. On avait laissé dans les cartons ce que j'appelais notre testament à l'époque. Il y avait un projet qui était important, qui était de transporter le stade Pompidou à Malan et de construire en même temps un centre de congrès quand nous aurons pas Odesse. Alors il y a chaque fois qu'il y a un hall d'exposition, plutôt que centre de congrès. Et ça laissait la possibilité d'une opération. Et c'est ça que je regrette surtout. d'inclure, de retrouver l'ensemble du ténement de la Chartreuse d'Erra, qui part des deux tours que vous avez au fond de l'avenue Victor-Hugo, là où vous l'avez, c'est deux tours qui encadrent la salle des fêtes, et il y a deux autres tours vers l'ouest, vers Pitié, vers la chapelle de Pitié, qui marque, il y a une sorte de rempart là d'ailleurs, qui marque la fin de la Chartreuse. C'est au total 7 hectares, avec au milieu ce joyau de l'ancienne Chartreuse. qui était devenu l'EHARA et qui maintenant est propriété de la ville. Vous imaginez la continuité de ces 7 hectares arborés, la continuité du parc avec l'EHARA au milieu, c'était un rêve. Et vraiment, moi, je souhaitais qu'ils fassent ça. Et puis, ils ont lancé le projet du centre du rôle des expositions. Et ils sont... On leur a fait un projet absolument grandiose, qui était l'architecte, n'est qu'elle était le cahier des charges, mais il était tellement grandiose qu'il a remporté tout le monde. Et qu'ils ont voté contre le hall d'exposition. Alors que nous, pour le hall d'exposition, on avait l'intention de remonter les halls de Charles, qu'on avait un stockage encore, et qui aurait très bien fait pour un hall d'exposition. Ça l'a fait pendant des années à Rondez, pendant le rond de Téléron Charles. Il a décidé aussi de réaménager le stade sur place et il a construit un salle de fête. Et c'est fini. L'idée d'agrandir à l'ouest cette vaste zone forestière, en fait. Oui, j'avoue, on se mit sur ça. Et ça, vraiment, c'est vraiment bon. Je me dis que j'aurais dû faire un manœuvre. Pourtant, j'avais décidé qu'à 70 ans, je ne ferais pas comme mon prédécesseur. J'arrêtais à 70 ans. Le mandat est tombé à 72 ans et à 72 ans, je me suis retiré.
- Speaker #1
2026, c'est évidemment une année d'élection municipale. Oui. Toujours pareil, de votre regard, quels sont les enjeux à Navéron ? Dans le moment politique que l'on traverse aussi, quelle serait la vision la plus pragmatique à l'échelle de Rodez, mais pas que pour les communes qui entourent Rodez ?
- Speaker #0
Vaste question, comme dirait le général. Je ne sais rien. Moi, je sens qu'il y a l'impression qu'il y a besoin de changements quand même.
- Speaker #1
Qu'est-ce qu'on peut attendre des maires ? Qu'est-ce qu'il faut comme vision aujourd'hui dans le monde globalisé ?
- Speaker #0
Je reviens à ma notion de projet. Je crois qu'on doit toujours avoir une réflexion en commun. Sur les 10 ans, les 20 ans qui viennent, si on avait fait Rodès 2025 au lieu de faire Rodès 1985, économique, je ne pense pas qu'on aurait fait les mêmes choses. Je ne sais rien d'ailleurs, parce qu'en 1965, on aurait eu du mal à imaginer 2025. Mais disons, dans les années 2000, au début des années 2000, moi je suis un peu déconnecté maintenant. Mais quand on voit que la Robert Bosch a des interrogations, qu'ont disparu certains grossistes qui ont été récupérés par d'autres, mais je pense que toujours, il faut absolument qu'on sauve l'agroalimentaire. Parce qu'on est un département éleveur d'abord, un essor de bétail, tout le bétail, que ce soit des ovins ou des bovins. Et puis, on a une réputation, c'est le gaz à tromper. Et donc, vraiment, il y a une vocation agroalimentaire qu'il faut absolument favoriser. La Robert-Bosch, je pense qu'il faut travailler à sa reconversion. Ce qu'ils sont en train de faire.
- Speaker #1
Alors, j'ai juste deux, trois petites dernières questions, M. Censi. Vous, vous avez toujours été partisan, quand même, de donner du pouvoir aux élus locaux, aux élus de terrain, de demander à l'État de faire confiance au terrain. Pourquoi ?
- Speaker #0
Parce que l'état régalien est nécessaire, mais quand il rentre dans les détails le coup, ou qu'il prend des décisions qui concernent localement un groupe professionnel, je trouve que souvent, il est à côté de la plaque. Alors ça se produit par trop d'administrations, trop de normes, trop de réglementations, sur lesquelles on pourrait laisser beaucoup plus les collectivités locales à s'adapter. C'est le cas en Allemagne. Les landers, c'est le cas en Espagne, il y en a évidemment encore plus. Les landers et les régions espagnoles, moi je connaissais bien un jour du plus haut de la Catalogne, qui en était ami. Quand je voyais les capacités qu'il avait à décider pour la santé, pour l'éducation, j'en bavais de jalousie. C'était extraordinaire ce qu'il avait fait.
- Speaker #1
Est-ce que ce millefeuille institutionnel en France, il est une des explications de la défiance des citoyens aujourd'hui envers leurs responsables politiques ?
- Speaker #0
Non, je crois que c'était une tendance centralisatrice d'un État régalien. qui a toujours été inspiré du socialisme. Le socialisme a toujours conduit vers beaucoup plus d'État-providence, que ce soit des gens de droite ou de gauche qui soient au pouvoir, et aujourd'hui on est en train de le payer, parce qu'on aperçoit qu'on ne dépense plus qu'on ne gagne, et que par conséquent on ne peut pas continuer comme ça, et il a toujours été centralisateur.
- Speaker #1
Malgré les lois de décentralisation ?
- Speaker #0
Malgré les lois de décentralisation, c'est des lois de décentralisation. de centralisation. Il n'y a pas eu de grève sur notre zone.
- Speaker #1
Et pourquoi, d'après vous, le maire, les maires, échappent plutôt à la défiance ? Pourquoi ce sont eux qui ont encore un peu la confiance des concitoyens ?
- Speaker #0
Parce qu'ils sont sur le terrain, ils ont le contact avec la population. Ils ne peuvent pas rêver. Il faut faire face au quotidien. Et en faisant face au quotidien, tout en imaginant l'avenir, bien sûr. Mais en faisant face au quotidien, vous êtes en contact direct avec la population. Et vous ne pouvez pas aller contre la population. Donc les gens ont confiance au maire. Et on voit maintenant, il y a une rébellion qui est en train de se produire en France contre le trône d'État finalement. Alors le trône d'État, puis quand vous voyez le spectacle actuel, vous vous dites mais enfin ils sont fous, mais qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Speaker #1
Qu'est-ce que vous en attendez vous de la politique aujourd'hui ? Des politiques.
- Speaker #0
La politique est une nécessité de la démocratie. C'est le fondement de la démocratie. mais elle dépend des hommes naturellement. Et donc, je ne sais pas ce qui s'est passé, mais voilà. Donc non, la politique, il ne faut pas rajouter la politique, c'est absolument nécessaire. La politique, c'est d'abord le débat, mais c'est le débat entre des gens raisonnables et qui ne débattent pas leur propre intérêt. Mais qui débattent à l'intérêt de la nation, à l'intérêt des populations. Vous y croyez ? Actuellement, on a l'impression, beaucoup, qu'ils débattent de leur bon intérêt.
- Speaker #1
Mais plus qu'avant ?
- Speaker #0
Plus qu'avant, beaucoup plus qu'avant.
- Speaker #1
Vous arriviez à faire dialoguer, vous, des assemblées régionales ? Oui,
- Speaker #0
écoutez, le district, il y avait le maire socialiste de 4-5 ans. Le docteur Fabrice Geniez, qui a été celui qui m'a le plus aidé pour la musée Soulages, avec son adjoint Drillin, qui était communiste à la région pendant tous mes deux mandats. Le budget a toujours été voté par tout le monde. Franchement... Je crois qu'il y a des méthodes, il faut respecter, il faut se respecter mutuellement. On ne pense pas la même chose, d'accord, mais voilà. On ne s'en va jamais gêner d'avoir à discuter ou à travailler avec un socialiste ou avec un communiste. Bon, ils ont leurs idées, moi je suis les miennes, mais à partir du moment où on arrive à défendre le bien commun, peu importe quelle est l'origine et quelle est la véritable motivation. Par contre, si on sent que quelqu'un défend des intérêts particuliers, alors à ce moment-là, ça devient plus difficile.
- Speaker #1
Peut-être une dernière question, M. Sainci, que je pose à tous les invités et qui s'éloignent de la politique sûrement. En quoi est-ce que vous croyez ?
- Speaker #0
Je crois en l'homme, mais en même temps que je le dis, j'hésite. Parce que ce que l'on voit actuellement... Après des millénaires d'expériences de guerre, de tuerie, je me dis mais enfin, ils n'ont rien appris. Les humains n'ont rien appris. Ils peuvent être formidables de générosité, d'intelligence. Il y a des cas isolés, exceptionnels, que l'on admire tous. Mais en même temps... Ils peuvent être nazis. Enfin, il a fallu attendre le XXe siècle pour avoir la Shoah. Ils sont fous. Et c'est l'humain. Alors je me demande dans quoi je crois. Mais en Dieu, peut-être. J'ai dit peut-être.
- Speaker #1
Merci beaucoup.
- Speaker #0
De rien.
- Speaker #1
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