« Hey, Finta ! » « Finta ! » Explorer les basculements d'une époque, sentir frémir des énergies, voir les ruralités se transformer avec celles et ceux qui les provoquent, les repensent et les bousculent. Finta, c'est le podcast qui nourrit les esprits, les envies d'agir et des espoirs très concrets, à l'échelle locale. Finta donne à entendre l'Aveyron à travers celles et ceux qui ont choisi d'habiter, ici et maintenant. Je suis Lola Cross et j'arpente ce bout de campagne depuis 12 ans comme journaliste. Avec Finta, je vous invite à pousser la porte de vos voisins, à croiser des regards, à Finter de plus près. Et ça commence tout de suite. Moi c'est Oli et l'artiste c'est Dark Pipou. Je fais de la couture, de l'illustration, des badges, des boucles d'oreilles, des vêtements. Je suis un peu mes envies, je teste plein de choses, je touche à tout. Pour moi, quand t'es queer en milieu rural, c'est un peu comme si on était tous voisins, même si on habite à 6h de route. Parce qu'il y a un truc vraiment de... Même si chaque territoire a ses spécificités, il y a quand même un truc de se sentir proche d'une certaine manière par nos expériences de... En fait, on doit prendre la voiture pour se retrouver chez des gens, ou des fois dans un petit café, ou parce qu'il y a des trucs à l'assaut. Le truc de voir expérimenter le fait d'être queer, mais en n'étant pas dans des milieux très fermés, comme ça peut être le cas en ville. Et du coup, de voir aussi un deal avec tous les gens très différents qui composent nos villages ou nos hameaux. Et ça, c'est vraiment spécial. Et j'adore ça, parce que du coup, ça crée des collectifs. Parce que pour moi, vraiment, les voisinages, c'est des collectifs qui sont... vraiment particulier. Moi, je m'appelle Marguerin. J'ai grandi en ruralité, mais quand même dans une petite ville de Creuse. Et après, j'ai beaucoup vécu dans des grandes villes. Et c'est vrai que j'ai beaucoup construit mon identité queer plutôt en ville. C'est ça qui me rassurait. En tout cas, c'est là que je trouvais des espèces de sociabilité qui me parlaient. Ces dernières années, j'ai aussi découvert qu'il y avait plein de queers à la campagne. Et c'est aussi pour ça que je me suis sentie courageuse de pouvoir revenir. J'ai aussi de la famille qui n'est pas très loin. Et en fait, de pouvoir leur dire, je fais ce marché-là. En fait, c'est un marché d'artisans, d'artisanes LGBTQ. Et en fait, c'était aussi une manière de visibiliser qui j'étais par un autre biais. Ça fait des points intéressants. Raconter les ruralités dans leur pluralisme. Avec toutes leurs identités, leurs paradoxes, leur beauté aussi. Dire le queer là où il est, dire qu'il existe ici, dire l'amour que les gens se portent, les espaces qu'il crée. Quel meilleur moyen que de raconter ensemble les territoires ? Derrière le champ queer, il y a Élodie Potente. Élodie ne connaît aucune frontière pour documenter ses enjeux queer dans toutes les campagnes françaises. Derrière Finta, il y a Lola Cross. Lola, elle, arpente l'Aveyron. En quête de celles et ceux qui ont choisi d'habiter ici. Et, à travers leur voix, de dessiner un nouveau récit de cette ruralité, vivante, vibrante, discordante, engagée et fière. Et c'est en alliant nos voix, nos regards et nos micros que nous avons construit cet épisode. D'abord, pour être sûr que nous parlons de la même chose, nous utilisons le mot queer pour désigner l'ensemble des identités LGBT+, lesbiennes, gays, bi, trans et plus. A moi de vous planter le décor de cet épisode. On dit souvent de l'Aveyron qu'il est coincé, géographiquement j'entends, dans un triangle qui relierait Montpellier à Toulouse et Clermont-Ferrand. Il s'étend des cosses de l'Aubrac au nord jusqu'aux fameux cosses du Larzac au sud. Rodèze, son chef lieu est au centre, tandis que l'ouest du département, Villefranche et surtout deux cases de ville ont un passé industriel plus marqué. Mais c'est à Sainte-Afrique, au sud, pas si loin du Larzac, un territoire marqué par ces luttes que nous nous sommes retrouvés. C'est dans cette ville de 8000 habitants qu'a été organisé le tout premier festival Queeralité. Depuis quelques années, les marches des fiertés, les prides, se sont fait une place dans Navéron. On pense à celles de Villefranche de Rouergue et celles de Rodez. Des associations comme Alertes ou les Bonnes et Broussailleuses ont créé des espaces localement. Mais ce jour-là d'octobre 2024, c'est la première édition du festival Queeralité. Le samedi, c'est jour de marché à Sainte-Afrique. Et ce samedi-là en particulier, son foireil s'est réveillé sous l'arc-en-ciel de Quiralité. De tout le département et bien au-delà, on est venu à Sainte-Afrique comme un ralliement. C'était là que nous aussi, nous voulions être. Parce que Quiralité, c'est un joli néologisme qui dit tout, avec toutes les nuances et toutes les complexités. Queeralité, c'est comme le résumé des questions qui traversent notre travail au quotidien. Comment visibiliser toutes nos vies, toutes nos identités, tous nos récits ? Comment les mêler à ceux des autres ? Comment faire territoire ensemble et transmettre toutes les histoires ? Je m'appelle Elsa Souchet, je suis journaliste indépendante ici en Aveyron et je suis une personne trans, une femme trans. Il y a beaucoup de récits, il y a beaucoup de choses qu'on dit sur les personnes trans, sauf qu'en fait, on n'a pas des parcours qui se ressemblent tant. C'est assez singulier. Moi, je n'ai pas un vécu de personne qui, depuis toute petite, je voulais mettre des robes, etc. On le tend parfois chez les psychiatres aussi. Moi, j'ai découvert ma transidentité il y a deux ans et demi, trois ans. J'ai toujours... J'ai eu une impression de décalage, ça oui, ça c'est certain. Et en avançant dans le parcours, je vois qu'il y avait des signaux, il y avait des choses qui existaient, l'impression de vivre à côté de ces pompes. Vraiment, moi c'était ça cette impression, et de me voir en décalé, de ne pas vivre en moi les choses, mais de voir quelqu'un qui vivait quelque chose à ma place. Et il m'a fallu attendre l'hiver 2021-2022 pour... Avoir d'un coup un intérêt intellectuel très très très très fort pour ces sujets. Mais à ce moment-là, pas du tout conscience que j'étais concerné. Et puis à un moment donné, ça m'a rattrapé complètement. Ça m'a pris par les tripes, par le cœur. Et en fait, j'ai plus trop contrôlé ce qui s'est passé. Ah mais en fait, je ne suis pas un homme, mais du coup, est-ce que je suis non-binaire ? Ah mais en fait, c'est... pas si non-binaire que ça, et du coup, est-ce que je suis une femme ? Mais je suis une femme trans, mais oulala, mais qu'est-ce qui m'arrive ? Et puis, en fait, c'est démarré plein de choses, et puis j'ai d'abord eu le soutien d'amis lointains, quand même, parisiens, des copains et copines journalistes. Et après, j'en ai parlé à ma compagne avec qui je suis mariée depuis 4 ans. Ça n'a pas été simple, clairement, au début. Puis comme plein de gens, elle s'est formée, elle l'a appris, ça a pris du temps. Ça a été difficile, ça a été émouvant. Parce qu'une personne qui transitionne, en fait, bien sûr que c'est quelque chose de très personnel, très identitaire, mais... On ne peut pas nier que ça n'embarque pas tout l'entourage. Et je pense que c'est aussi la même chose pour des personnes LGBT, peut-être à un degré moindre, parce que quelque part, la sexualité de l'autre, on peut plus être soi-même. Mais quand on dit que le genre, c'est une construction sociale et qu'il peut changer au cours d'une vie, waouh, ça secoue. Donc je comprends que plein de gens soient secoués, etc. Je ne comprends pas la violence. Je ne comprends pas le rejet, même si je vois d'où elle peut venir. Et puis, je suis rural et je sais que les choses prennent du temps. Je n'ai pas transitionné à 20 ans, tout feu, tout flamme. J'ai transitionné aussi à un moment où j'étais sorti de la précarité dans mon métier, où j'avais une maison, où j'étais marié, j'étais posé. Et je pense que c'est aussi ça qui fait que j'ai attendu, sans le consavoir aussi longtemps, c'est qu'il y a des gens qui transitionnent parce qu'ils n'ont plus le choix, parce que c'est une urgence vitale. Et moi, je n'ai pas eu cet empêchement dans mon enfance. Je ne savais pas que ça existait, comme plein de gens. Et je n'ai pu le vivre qu'à partir du moment où j'avais du temps et de l'énergie pour ça. Parce que qu'est-ce que c'est crevant. Il faut le dire et le redire. C'est un boulot de transitionner, peut-être pas à temps plein, mais pas loin. La première chose qui est arrivée, c'est quand même me dire les témoignages que j'avais à la fois me permettaient de m'identifier et en même temps, c'était quand même des gens qui en chiaient, vraiment. C'était dur. Et j'ai beaucoup entendu de parcours de personnes trans et quand j'ai rencontré des femmes trans, notamment à Toulouse, j'ai des vies terribles. parfois vraiment, et des gens qui malgré perdre leur boulot perdre leur maison, couper avec leurs parents, etc et j'ai quelque part un petit privilège d'être autonome dans ma vie d'être dans un secteur journalisme ou dans la rédac et dans les rédacs avec qui je bosse, ça n'a pas posé de soucis et je pense que du coup je m'étais beaucoup préparé à ce que ce soit difficile Et aussi ici, à me dire, waouh, comment je vais faire avec mes voisins, comment je vais faire autour de moi. Et un peu fatigué d'avance, quoi. Et en fait, c'est un truc qui a aidé ma compagne quand elle commençait à se faire des films. Et voilà, c'est rester là où j'en suis, au moment où j'en suis, et être connecté à ce qui se vit à ce moment-là. Oui, peut-être un jour, t'apprendras à te maquiller, mais là, aujourd'hui, l'expérience que tu fais, c'est pour la première fois de ta vie, mettre une barrette. Voilà, et tu testes. Et c'est vrai qu'au début, j'étais propriétaire de ma maison, mais j'étais dans mes volets clos, dans mes rideaux fermés. Et j'avais peur du regard autour de moi, là-dessus. Et en fait, c'est assez récemment, c'est là, un peu avant les élections, que... J'ai commencé à en parler aux voisins, et ce qui était drôle c'est que certains voisins le savaient déjà, parce qu'ils avaient croisé quelqu'un avec qui ils bossent au travail, qui connaît les voisins de mes parents, qui leur avaient dit... Enfin voilà, l'information en milieu rural, elle ne circule pas par les canaux traditionnels. Et des fois les choses se savent sans se savoir. J'ai souvenir aussi d'être allé dans un supermarché ou une petite épicerie du coin et il y avait quelqu'un qui me faisait un énorme sourire en me disant « ça va ? ça va ? » Et moi j'étais là pour acheter du pain ou du fromage et j'avais pas compris. Et le soir, mon frère me dit « ah bah oui j'en ai parlé à machine-machine à la soirée, ils qui en ont parlé à machin » . Et en fait... Je savais qu'à partir du moment où j'en parlerais à mes parents et à mes frères, grosso modo, plein de gens seraient au courant. Et donc, j'ai eu cette peur initiale. Et puis, en fait, je n'ai pas choisi. C'est-à-dire qu'à l'automne dernier, j'avais besoin de le dire. Et donc, j'ai fait une soixantaine de coming out en trois mois. Je préviens, c'est beaucoup. Ne faites pas ça si vous le pouvez. Ou prévoyez-vous juste du temps de récupération. Parce que c'est épuisant les coming-outs. Mais ça, je ne le savais pas avant. Ça demande un temps de digestion à chaque fois, à chaque étape. Mais je n'avais pas le choix. Et puis il y a un côté où à un moment donné, il faut un peu déchirer quelque chose de... Allez, maintenant on y va. Et en fait, les voisins, il y avait un peu le truc de... Bon, j'espère juste qu'il n'y aura pas de violence. Il y avait un peu ça. Et effectivement, j'ai été étonné de voir qu'il y avait beaucoup de bienveillance, globalement. Pour les plus vieux, il y avait un truc obscur pour eux, très clairement. Les codes de la féminité rurale, c'est pas les codes urbains. Et du coup... Moi dans mes propres images je me dis mais du coup il va falloir... Pour être reconnue comme femme, même pas forcément que pour moi, mais il va falloir que je mette des talons, du baccal, machin... Mais en fait toutes mes voisines elles sont en jogging, elles sont en survêt, elles bossent au jardin... Et puis il y a un rapport... Voilà où... On s'en fout un peu en fait des habits, de tout ça... Et donc... Des fois, j'ai l'impression d'avoir une tenue hyper féminine ici, et quand je me pointais à Toulouse, je me dis, mais qu'est-ce que c'est que ces habits ? Ça fait pas du tout femme, ça fait pas du tout meuf. Et du coup, ça, c'était assez marrant. Et puis aussi, ce qui m'a aidé, c'est de savoir que, dès le départ, j'étais pas la première. qu'il y avait déjà des personnes qui ont ouvert le chemin. Eléana, ici, qui est une femme trans, qui était une des premières à avoir son article dans le journal, comme moi je viens d'avoir un là, c'est assez drôle. Et elle, elle était championne de KISS 2.8, sport typiquement véronais, et du coup, elle était dans la catégorie masculine avant, et maintenant catégorie féminine, et puis elle a eu le champ, le directeur de la fédération de KISS 2.8, qui a dit, mais nous, ça ne nous pose aucun problème. elle est bienvenue, etc. Et de sentir qu'en fait, c'était pas nécessairement hostile, c'était très touchant et très beau, et en fait, ça a cassé ce récit que la transition c'est dur, la transition c'est violent. En fait, non, la transition ça peut être pas si dur, ça peut être bien accompagné, on peut avoir du soutien, parce qu'en fait, les gens, ils sont moins fascistes. qu'AC News et qu'ici on vit ensemble comme on le disait tout à l'heure à la conférence les gens vivent ensemble et d'autres façons on est là et puis tant que tu es là que tu fais ta part au comité des fêtes que tu mets la main à la pâte il y a des gens bizarres ici il y a des gens qui ont des parcours de vie étonnants il y a gens qui ont voyagé il y a des gens qui sont donc Est-ce qu'une personne trans est si étonnant ? On est déjà tous des ploucs, entre guillemets. Il y a un peu un truc de ça, de solidarité des minorités. Avec quand même une différence, c'est que les Aveyronais ne sont pas opprimés de manière systémique. Ils ont plutôt des bons avantages et ils sont bien reconnus dans la société. Une diaspora qui est aussi très soutenante partout en France et dans le monde. Voilà, il y a ce côté un peu de... On vient d'un coin et on sait ce que c'est quand même d'être un peu en marge. Bon bah moi j'ai aussi une expérience de marge à l'égard de la société entière quoi. Et aussi à l'égard de vous. Mais au moins il y a quelque chose auquel on peut se relier. Ce qui n'est peut-être pas si simple quand tu te confrontes à des milieux urbains parfaitement insérés quoi. C'est un peu un travail invisible quoi. Et du coup pour les autres c'est... Ah ouais attends il faut le temps d'adaptation. Et en fait bon... On dit souvent que pour les proches, il faut du temps, etc. Bon, en fait, nous aussi, ça nous bouleverse. Nous aussi, les personnes LGBT, les personnes trans particulièrement, nous aussi, ça nous fait drôle de devoir se représenter à chaque personne qu'on croise. Et en fait, il faut juste prendre en compte qu'il y a ce temps. Et du coup, quand la personne trans arrive à une soirée par une heure après... Pas lui dire mais t'es sûr tu veux pas rester plus longtemps on s'éclate vraiment alors qu'elle est épuisée parce qu'il y a vu 15 interactions et quasiment 15 coming out parce que tu recroises le copain qui t'étais au lycée tu croises le copain de machin qui était avec ton frère à la fac j'en sais rien et en fait à chaque fois ah bah oui parce qu'en fait maintenant c'est Elsa oui et donc du coup le féminin ah mais je suis pas sûr de pas y arriver c'est pas grave t'inquiète pas mais je te reprendrai mais tu t'informalises pas. Il y a vraiment ce truc de il faut que t'aies des alliés. Je pense que c'est vraiment important des alliés et pas que de la commu. Moi, typiquement, j'ai fait mon coming out à trois couples de voisins, dont le co-sémincipal du village, qui est aussi l'agriculteur du village, et qui est quelqu'un d'aimé de tout le monde. Et qui m'a dit « Bon, il n'y a pas de soucis, t'inquiète pas, très bien, ok. » Et d'autres voisins qui ont des enfants et tout. Et en fait, le fait d'avoir trois familles de base, Ça fait que du coup, pour les autres, tu dis ah bah oui, il m'a dit que machin. Et voilà, ils ont fait le travail, eux, de le dire, de commencer et de me dire quand est-ce qu'on peut en le dire et tout. Ils le disaient à notre voisine. La voisine me dit ah bon, d'accord, mais est-ce qu'on peut en parler ? Oui, ah ok. Et en fait, ils font ce taf là. Et merci à elles et à eux. Et je trouve que si on peut trouver quelques alliés qui vont pas forcément tout comprendre. Mais c'est pas grave, on ne demande pas de comprendre, on demande juste d'accompagner. Eh ben, moi, ça me facilite la vie, quoi. Après, certains voisins, voilà, parmi eux, m'ont dit, bon, par contre, effectivement, le jour où il y a telle belle famille, qui sont des ultra-catholiques, machin, etc., on ne va pas t'inviter à la maison. Comme ça, il n'y aura pas de souci. Et donc, ils ont commencé à avoir un peu conscience de ça. Pour beaucoup, en fait, la transidentité, ils l'assimilent à l'homosexualité parce que c'est ce qui est le plus proche. Ils ne voient pas trop la nuance. Et du coup, ils connaissent quelqu'un qui est homosexuel. Et ils commencent, du coup, maintenant, à connaître quelqu'un qui est trans. Et c'est pas non plus... On n'est plus à une époque où c'est une anomalie totale dans le paysage. Donc, voilà, on a entendu parler un peu à la télé, on a entendu parler un peu autour de soi, un coussin loin... Voilà, il y a des choses lointaines, mais voilà. donc le fait que ça arrive là Ça va, et puis je suis pas non plus dans ce hameau depuis si longtemps, donc y'a pas ce truc de ça fait 20 ans qu'ils me connaissent, et il faut changer le prénom. C'est fou de se dire que Sainte-Afrique, avec toutes ses alternatives, qui est reputée terre de gauchos, d'alter-mondialistes, y'avait pas les queers, quoi. Ça existait pas visiblement ici. Et là, t'en as deux qui débarquent, qui choppent un service civique. pour faire un projet et qui crée ce festival d'artisanat queer. Et en six mois, il rallie 20, 25, 30, je ne sais plus combien d'artistes de toute la région. Et ça le défait. De l'Amérique et pas spécialement à gauche en plus en ce moment. Et au Cavo, le Cavo où il y a eu tous les premiers concerts de tous les ados du coin. Il y a un truc, moi je trouve vraiment émouvant de me dire, bon bah ouais l'époque elle n'est pas fou, il y a du fascisme. Il y a plein de choses, mais en fait, il y a nous, il y a nous qui avançons. Et en fait, à pas nombreux, ça change vite. Et c'est vrai que comme en ruralité, il n'y a pas tant de choses. Il y a des choses, il y a une vie, mais il n'y a pas tant de choses. Il suffit que quelques personnes arrivent, se disent, vas-y, on fait un truc. Et qu'il n'y ait pas... un terrain d'empêchement de base, comme dans certaines terres d'extrême droite, etc. Ici, on n'est pas là-dedans. Pas encore. Du coup, ça se développe très facilement. Et ce que j'aime bien avec cette question des questions queer, c'est que par rapport à des questions écologistes ou militantes, en fait, même des personnes cis, des personnes hétéros, des personnes pas du tout là-dedans, peuvent se dire, tiens, mais c'est joli ce truc, en fait. Moi, j'aime bien. Et goûter à ça. Et c'est un peu ce que je faisais entendre avec l'extrait de Léa Rivière, cette autrice vraiment qui m'a beaucoup ému et marqué quand je l'ai lu, dans son livre L'odeur des pierres mouillées. On n'est pas là pour faire la communauté du trauma, des gens qui ont vécu des atrocités et vivent dans un hameau autogéré. Non, on est là en fait, on est dans le village. Et en fait, le village va se nourrir de tout ça, ça va lui faire du bien, ça amène de la couleur, ça amène de la joie, ça amène d'autres manières de regarder le monde, des artistes qui racontent d'autres choses. Oh, ça fait du bien à tout le monde ! Là, on va avoir un spectacle de drague à Saint-Aff, c'est incroyable, c'est beau, c'est magique. Et vive les queers, vive ces gens qui... Enfin, on traverse tout ça... C'est épuisant, c'est éprouvant, on est... Et malgré tout, on a encore l'énergie de dire mais on s'en fout, on est vivante et vivant et rien ne nous empêchera de vivre jusqu'à notre mort. Et en fait, on va faire des trucs de ouf ou des tout petits trucs, mais on sera là. Et voilà, ce festival, la queeralité, peut-être qu'il sera encore là l'année prochaine, ça va devenir une institution en Occitanie, j'en sais rien. Ou peut-être juste que ce sera une fois, mais ça a eu lieu, ça a existé. Et ce ne sera plus pareil qu'avant. Donc bravo et merci, immense merci, de créer des espaces comme ça. On en a tellement besoin. Et il y en aura d'autres. Et on y prendra notre part. Salut, moi c'est Ems. Ça fait deux ans que j'habite à Cent-Afrique. Et je n'étais pas du tout de l'Aveyron de base. Je venais du sud de la France, de Marseille. Et on est arrivés un petit peu ensemble avec Achille, mais en décalé. Il est arrivé juste avant moi et trois mois après j'ai débarqué. Je suis arrivée là parce que ma mère avait emménagé il y a cinq ans et du coup je venais la voir l'été et j'aimais beaucoup Sainte-Afrique. Et je crois que je suis vraiment tombée amoureuse des paysages de l'Aveyron. Du coup c'est un peu ça qui m'a fait venir, l'envie de nature et de changer de la grande ville. Bonjour, moi c'est Achille. Je viens... Pas de Sainte-Afrique de base, donc là j'habite à Sainte-Afrique depuis deux ans aussi. Je viens du coup d'Avinon, aussi du sud de la France du coup. Et ce qui m'a fait bouger ici, c'est l'envie de campagne, tout en étant proche de Montpellier, Marseille, Toulouse, dans des territoires ruraux qui sont accessibles et qui ne sont pas loin de mes amis, ma famille, voilà. Alors l'envie de lancer ce festival, c'était une opportunité. En fait, on a tous les deux en binôme fait un service civique d'initiative au bureau de ID. Et du coup, c'était pendant huit mois. Et notre super tutrice, Lara, nous a proposé de lancer des projets qu'on aimerait faire dans notre vie et de les mettre en œuvre. Et en fait, on a fait des gros brainstormings. Il y a plein de choses qui sont sorties. Et les deux choses qui sont restées, c'était faire un festival artisanat queer. parce qu'en fait, nous deux, on est des artisans et que on avait envie de regrouper plein de copains ensemble et de les faire vivre et de les faire se rencontrer. Et pourquoi ici ? En fait, vu que c'était la suite de notre service civique d'initiative, on a eu un gros réseau qui s'est ouvert et du coup, ça a facilité grave les échanges et on avait envie de faire quelque chose très proche de chez nous, vu que c'était le lieu qu'on habitait. on a eu Une seule intermédiaire, c'est la personne qui loue la salle et qui a été hyper honnête au tout début quand on s'est pointé dans son bureau la première fois, qui nous a dit, écoutez, moi, je ne sais pas du tout ce que ça veut dire LGBT. Du coup, on a commencé à lui expliquer. Et de là, elle nous a juste dit, écoutez, moi, je ne comprends pas trop. S'il y a des gens qui ont besoin d'étiquettes. Du coup, ça a ouvert une discussion. Et après, depuis, à chaque fois qu'elle nous croise, elle nous dit qu'en fait, elle va venir et qu'elle va venir avec tous ses amis, qu'elle en a parlé à tout le monde et que c'est génial et qu'il faut faire ça et il faut que ça existe qu'une seule personne, mais en vrai, l'accueil, je pense qu'il y a eu divergence d'accueil. Il y a eu beaucoup d'accueil du milieu associatif de Sainte-Afrique, un gros soutien. Toutes les personnes queer rurales, gros soutien. Mais après, je pense que dans les médias, on s'est pris quelques petites remarques assez trash, mais on s'y attendait. Donc c'est divergent, mais on a quand même pas mal de soutien pour tenir ça. Il y a cet aspect, envie de regrouper communautairement toutes les personnes qui sont assez isolées et qui justement sentent cet isolement et ont envie de créer du lien qui soit proche, pas loin. Mais il y a vraiment ce truc, cette envie de rendre visible toutes ces personnes queer isolées pour montrer que nos identités existent, on est là. Mais qu'aussi il y a des liens à faire avec des personnes qui ne sont pas LGBT pour cette journée et de venir se rendre compte des enjeux de... Que vivent nos communautés, des luttes qui se passent, à quel point on peut être alliés, à quel point il y a des portes qui peuvent s'ouvrir, que la peur des autres, elle peut être dépassée en se retrouvant dans un moment aussi festif et aussi créatif. Moi, il y a une réaction d'une personne qui est au festival, qui participe, qui m'a beaucoup touchée. C'est une personne qui a grandi ici, qui a notre âge à peu près. et qui maintenant est à Toulouse et qui a grandi du coup à Sainte-Afrique et a très mal vécu en fait son adolescence parce qu'elle se sentait seule. Elle n'avait pas de représentation rurale, de lieu où elle pouvait se sentir pleinement elle-même. Et moi je trouve ça touchant, surtout qu'on ne l'a pas contactée, parce que c'est elle qui est venue vers nous en nous disant « mais c'est génial d'avoir fait ça » . Il y en a beaucoup eu ce retour-là de personnes. d'à peu près notre âge qui sont venus vers nous pour nous dire mais c'est super d'avoir fait ça en ruralité. Et même des personnes auxquelles on ne s'y attendrait pas. Moi, ce matin, je suis allé chercher des croissants et le boulanger... Non mais c'est vrai ! Le boulanger ! Le boulanger ! Mais tous les jours, on nous arrête pour nous dire mais en fait, c'est génial ce que vous faites. À Sainte-Afrique, il n'y a pas ça. Et c'est cool de voir la jeunesse se motiver à faire des choses en ruralité et des minorités faire des choses... pour se regrouper et montrer qu'elles existent. Mais il y a des personnes qu'on n'est jamais amenées à rencontrer, à parler, se poser autour d'un verre ou quoi. Et ces personnes-là, en fait, on les invite à être curieuses et de bonnes intentions, bien évidemment. Et c'est pour ça aussi qu'on a fait ce mélange-là de nous, ce qu'on sait faire, l'artisanat, le milieu festif de DJ Set, etc. En amenant le bal trad. qui est classique ici, j'ai envie de dire. Et de même qu'on a fait un kine aussi, en soutien au festival juste avant. Donc on essaie de s'intégrer, tout comme un néo-ruraux montrant pas de blanche. C'est un peu triste, mais... Moi c'est Rizzo Boring. J'ai grandi à la campagne et que je pensais devoir fuir à la ville et ne jamais pouvoir revenir à la campagne. Je ne suis pas revenue dans ma campagne, mais en tout cas ça me fait trop plaisir de pouvoir exister quand même à la campagne. Et voilà que j'ai l'impression que dans les années 70, il fallait monter à Paris, parce qu'il n'y avait que Paris où on pouvait exister. Après, il fallait aller à la ville, la grande ville. Et là, maintenant, il y a quand même des endroits où on peut exister en campagne, et du coup, ça me fait vraiment plaisir. Il y a des événements à Mande. en Lauser, il y a un collectif à Villefranche de Rouergue aussi et du coup c'est des événements que je préfère plutôt que d'aller à Toulouse après je vais des fois quand même à Toulouse, à Paris ou quoi mais j'adore ce truc d'être dans des petites villes ou dans des milieux ruraux Non mais je suis vraiment contente que ça marche, que ça prenne. Et après il y a les enjeux de se rencontrer, puis après qu'est-ce qu'on va faire ensemble, et comment on va vivre ensemble en milieu rural, et aussi comment on ne va pas participer à la gentrification. Je pense qu'après il y a plein d'autres choses plus complexes qui arrivent derrière. Mais voilà, je suis quand même contente. Queeralité, ça veut dire moi en fait, puisque je suis queer et j'habite à la campagne, donc dans la ruralité. Donc ça représente ma vie en fait, ce que je suis au quotidien et ce que je vis. Alors du coup je m'appelle Laurie et mon nom d'artiste c'est Kamp Liure, Kamp Liure, un occitan. Je suis née, j'ai grandi en Aveyron et en Sainte-Afrique, notamment au sud d'Aveyron. Et puis maintenant je suis revenue en Aveyron après être partie et je suis plutôt du côté de, entre Millau et Rodes, dans un petit village. Alors ouais, moi en fait je fais principalement des choses en occitan. et notamment sur l'identité queer ou des créations féministes en langue occitane. Donc oui, c'est quand même une identité que je représente en tout cas ou que je visibilise ou en tout cas que j'essaie de donner une visibilité à ça. Moi, c'est une manière aussi, ce genre d'événement ou ce que je fais dans ma création, de faire connaître, de montrer ce qu'on est et d'exister à travers tout ça. Et l'occitan, je l'ai appris quand j'étais enfant, à l'école et au collège. Donc j'avais quelques bases, mais je l'ai vraiment mieux appris il y a trois ans à peu près à Toulouse, dans une formation pendant cinq mois intensif. Donc j'avais quand même des bases et des racines occitanes, mais qui ne s'étaient pas forcément transmises beaucoup. Et puis là, je l'ai réappris, je me le suis réapproprié. Et je l'ai mis dans mes créations parce que ça me paraît quand même faire partie de mon identité. et ça, c'est... une de mes langues. Et voilà, ça me paraît... Ça fait du sens pour moi de parler dans cette langue et de faire mes créations dans cette langue. C'est un peu une des premières fois, finalement, que je suis dans un événement ruralité et queer, parce que j'ai été dans des événements queers, j'ai été dans des événements occitans, mais finalement, des événements qui sont dans les deux... même si ruralité n'égale pas forcément occitan, mais en tout cas, c'est une langue qui est présente sur le territoire, notamment en Aveyron. Et du coup, c'est assez étonnant de discuter avec les gens autour de ça et de voir les ponts qui peuvent se faire entre les différents milieux et finalement le milieu queer qui s'intéresse à une culture minorisée, à l'occitan, à une langue qui n'est pas forcément représentée et vue dans l'espace public, etc. Et inversement, dans le milieu occitan, les gens me posent des questions sur qu'est-ce que ça veut dire queer, donc j'ai toujours l'impression de devoir expliquer, faire de la pédagogie, donc ça peut être parfois fatigant, mais à la fois c'est aussi pour ça que je le fais, c'est une question de faire connaître et d'exister, et de dire je peux être lesbienne et occitane, les deux ne sont pas opposés, on peut être les deux. Et finalement pour moi il y a quand même en priorité la question de... se rassembler, notamment dans les ruralités, en campagne, de se rassembler avec des gens qui sont comme nous, ou dans lesquels on se sent bien, même si je me sens bien aussi dans d'autres cercles, au travail, en famille, etc. Mais en tout cas, c'est vrai que c'est... Quand je suis revenue en Aveyron, finalement, j'ai eu ce besoin-là de pouvoir aussi avoir des espaces avec des endroits où, en fait, on n'a pas besoin de se justifier, on est comme on est, on est nous-mêmes, et il n'y a pas besoin d'expliquer qu'est-ce que ça veut dire queer, d'expliquer... pourquoi on n'est pas épilé, de se justifier ou d'être gêné ou d'être toujours à la marge et de se sentir plus comme les autres. Pour moi, c'est un peu la première raison pour laquelle je fais ça. Et puis finalement, après, je me rends compte qu'il y a quand même un deuxième... Quelque chose qui découle de ça, c'est que ça permet à des gens qui ne connaissent pas aussi de normaliser, d'exister et de dire on est là aussi, nous aussi on habite à la campagne et on est là. Et puis ce n'est pas nous et vous, c'est tout le monde ensemble et en fait chacun a le droit d'être comme il veut. C'est la fin de ce podcast à deux voix, deux micros et quatre mains. Si vous avez aimé cet épisode, venez nous en parler. On se retrouve sur les comptes Instagram de Chancouir et Finta à tout moment. Nous, on est déjà très curieuses de vous lire, de vous entendre et d'échanger avec vous. Et si vous voulez aller plus loin, on ne peut que vous inviter à découvrir notre travail. Retrouvez Chancouir et Finta gratuitement sur toutes les applications de podcast habituelles, Spotify, Deezer, Apple Podcasts et compagnie. Nous sommes toutes les deux journalistes indépendantes, membres du collectif de pigistes rural Chant Libre. 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