- Speaker #0
Je veux faire que du bon, du fait maison, et ça marche. Après, il ne faut pas être grossette aussi. Il faut s'adapter à la clientèle. Il ne faut pas commencer à dire « je suis le meilleur » et tout. Ça ne marche pas, ça. On est dans l'Aveyron, on a les pieds sur terre et voilà.
- Speaker #1
Explorer les basculements d'une époque, sentir frémir des énergies. Voir les ruralités se transformer avec celles et ceux qui les provoquent, les repensent et les bousculent. Finta, c'est le podcast qui nourrit les esprits, les envies d'agir et des espoirs très concrets, à l'échelle locale. Finta donne à entendre l'Aveyron à travers celles et ceux qui ont choisi d'habiter, ici et maintenant. Je suis Lola Cross et j'arpente ce bout de campagne depuis 12 ans comme journaliste. Avec Finta, je vous invite à pousser la porte de vos voisins, à croiser des regards, Affinité de plus près. Et ça commence tout de suite. Sur ses étiquettes, dans sa vitrine, son estampille mentionne qu'il est un artisan passionné. Quand il parle de son métier, Johan Roumieux a les yeux qui brillent, littéralement. Il a dans son regard la fougue d'un jeune prodige. Et s'il est déjà fier du chemin parcouru à tout juste 26 ans, il a aussi la sagesse de ne pas fanfaronner pour autant. Quand il est revenu en Aveyron pour s'installer à son compte, En 2022, Johan Rumiö a choisi Pont-de-Salard, s'inscrivant dans la lignée de la boulangerie centenaire de la famille Saret. C'est d'abord son petit budget qu'il a mené là, loin de sa vallée du Lot natale. Trois ans après, ils sont quatorze à travailler dans sa pâtisserie-boulangerie, qui alimente les 1600 habitants de Pont-de-Salard mais rayonne bien au-delà. Très attaché à l'idée de faire vivre un cœur de village, Johan Rumiö ferait palliaire d'envie plus d'une commune aux alentours. De lui, Je ne savais pas grand-chose avant de le rencontrer. Alors, de notre échange, j'ai appris qu'il n'était pas prêt de quitter Pont-de-Sala, c'est une première bonne nouvelle, mais aussi qu'il ne sera jamais un vieux boulanger aigri et menotté à double tour dans son fournil. Il m'a partagé ce qui, selon lui, fait la recette de son succès si fulgurant, et ses projets à venir. Bonne écoute.
- Speaker #0
Du coup, on se trouve à Flavin, là où j'habite. Voilà. Mon petit appartement où je me sens super bien, ça permet de couper du travail. Et franchement, avant j'habitais au-dessus de la boulangerie et j'ai trouvé cet appartement. Et franchement, c'est top de couper, c'est ça qui est bien.
- Speaker #1
Donc Flavin Ponsalar, mais toi tu es originaire de Port d'Agresse.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Dans quelle famille est-ce que tu as grandi ? Qu'est-ce que tu retiens de ton enfance ?
- Speaker #0
En fait, j'ai grandi dans une famille toute simple. Mon père, il travaillait à Comcom de Decazeville, ma mère cuisinière à maison de retraite. J'ai toujours été très très proche de ma sœur, on a 5 ans d'écart. J'ai toujours été très famille avec mes grands-parents, mes cousins, mes cousines. J'ai toujours été très très familier.
- Speaker #1
À quand remonte ta passion, en tout cas ton attirance pour la pâtisserie ? Est-ce que tu as des souvenirs particuliers qui te ramènent à cette passion ?
- Speaker #0
Ouais ! En fait, j'ai plusieurs souvenirs. En premier, j'ai le souvenir de mon grand-père et de ma grand-mère, les gâteaux à la broche. Ça, je trouve ça formidable. Les moments où on faisait le gâteau à la broche en famille. Mon grand-père en faisait beaucoup pour les amis. C'était quelqu'un de très jovial. Et en fait, je trouve le gâteau à la broche, c'est des bons souvenirs. Et après, celui de ma mère. Toujours faire des crêpes à la maison, des gaufres, des fondants. On n'allait jamais chez un pâtissier acheter des gâteaux.
- Speaker #1
Donc toi tu participais ?
- Speaker #0
Oui, c'est ça, toujours je participais. Et ça m'est venu vraiment à l'âge de 10-12 ans de faire ce métier. C'était un peu une évidence. En plus, c'était un peu la période de top chef. Et quand t'es enfant, t'as un rêve. C'est un peu la période où Cyril Lignac a mis le métier en avant. Et t'as un rêve.
- Speaker #1
Moi, je vois les étoiles. T'as les yeux qui brillent quand t'en parles. Les auditeurs ne le rendent pas. Qu'est-ce qui te fait rêver ? Est-ce que t'arrives à mettre des mots sur ça ? Qu'est-ce qui te faisait rêver quand tu voyais Cyril Lignac à la télé ou des top chefs ?
- Speaker #0
En fait, moi, j'ai... Comme je t'ai dit, j'ai toujours aimé... Être proche de ma mère, être proche de mon grand-père. Et en fait, quand je voyais les émissions à la télé et tout, je me dis mais putain, au final, eux, j'en suis sûr, ils sont comme moi. C'est que quand ils étaient gamins, ils étaient comme moi. Peut-être, leurs parents et tout, ils étaient du métier. Et je me suis toujours dit, mais un jour, j'aimerais ouvrir ma pâtisserie-blangerie ou être doué.
- Speaker #1
Ça s'apprend ou c'est inné ?
- Speaker #0
Ça s'apprend, ça s'apprend. Il y a toujours des hauts et des bas. J'ai fait mon apprentissage, j'ai eu la chance de rencontrer des bonnes personnes, et ça s'apprend. Au final, on s'aperçoit que la télé, c'est la télé. Et la vraie vie, c'est différent.
- Speaker #1
En quoi ?
- Speaker #0
La télé, on montre le côté un peu création. On s'amuse à la télé, mais en vrai, quand tu arrives, première entreprise, tu arrives chez ton premier patron, en premier, tu n'apprends pas ça, tu apprends à nettoyer les casseroles, tu apprends la rigueur, comment être au travail, vous voyez le patron, on l'appelle le chef. Et au début, quand tu n'as pas forcément de formation sur ça, parce qu'à la télé, on ne le voit pas ça. C'est ça.
- Speaker #1
Alors ton parcours justement d'études, tu es parti, si mes infos sont bonnes, à 15 ans pour commencer tes études de pâtissier. Quel a été ton parcours ? Quelles ont été les grandes étapes ?
- Speaker #0
En fait, moi j'ai commencé à 15 ans par un serpé pâtissier à la maison Cruzel à Bagnac-sur-Selay. En fait, c'était la pâtisserie-boulangerie la plus proche de chez mes parents. En fait, mes parents sont frontaliers lot et cantal. Et du coup, j'ai commencé par un CAP pâtissier que je passais à l'IFPP d'Auriac. Et après, j'ai fait une mention complémentaire pâtisserie et un CAP boulanger dans la même boîte. Et M. Cruzel, c'est quelqu'un, il m'a appris toutes les bases du métier en fait. Il m'a appris comment fausser une tarte, mais toutes les bases. Comment se comporter au travail. C'était quelqu'un d'assez strict. Et toutes ces bases, c'est lui qui me les a apprises. Et après avoir validé ces diplômes-là, je suis parti dans le Pays Basque. En fait, j'ai envoyé deux CV, un sur Rodès et un au Pays Basque. En plus, là où j'ai envoyé dans le Pays Basque, c'était quand même une pointure. Ils venaient de former Vincent Vallée, champion du monde de chocolat. C'était une grosse pointure. Et j'ai dit, mais jamais je ne serai pris là-bas. Et il m'a appelé deux jours après. Et franchement, j'ai eu un entretien une semaine après. J'y suis allé. Et là, j'ai vraiment appris le métier de pâtissier.
- Speaker #1
Pourquoi tu l'avais identifié, lui ?
- Speaker #0
C'était M. Babas. Il venait de former Vincent Vallée. Il est meilleur ouvrier de France. Il est champion du monde de glace. En concours, c'est une bête. Franchement. C'est une machine en fait. Tout le monde parlait de lui un peu dans le métier. Et un très bon formateur. Alors ça a été très très très dur. Mais par contre, je me suis perfectionné dans la pâtisserie en fait.
- Speaker #1
C'est-à-dire qu'à n'en choisir qu'un, tu voulais le meilleur ?
- Speaker #0
Ouais, c'est ça. Et franchement, quand il m'a appelé, j'en revenais pas en fait. Je me rappelle, j'avais direct appelé ma mère et tout. Je sais même où j'étais quand il m'a appelé. J'étais chez mes grands-parents. Mais j'ai dit, mais non, mais pas possible. C'était lui. C'est comme en cuisine. Un grand chef t'appelle et tout. Quand tu as toujours rêvé d'aller travailler chez Bocuse. En fait, moi, j'adorais. J'ai adoré.
- Speaker #1
Est-ce que tu as su après coup pourquoi il avait retenu ton C2 ?
- Speaker #0
Oui. En fait, c'est quelqu'un, il est très difficile au travail. Et comme je venais de la campagne, en fait, il savait que si je venais en ville, au Pays Basque et tout, c'était pour apprendre. Et du coup, j'allais serrer les dents. Et ça, il savait, quoi. Il prenait que des personnes un peu de mon profil, en fait. Parce qu'il ne prenait pas les grosses têtes qui sortaient déjà de grosses maisons, en fait. Au contraire, il aimait les personnes comme moi, en fait. Un parcours très banal et au final, ça l'a fait.
- Speaker #1
Après le Pays Basque, tu es parti à Annecy.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Là, c'était quoi comme maison ?
- Speaker #0
Alors, j'ai travaillé chez Patrick Annulé. C'est un relais dessert, très très belle maison. Ce que j'ai vraiment aimé de la maison Annulé, c'est que les gâteaux, je les trouvais gourmands. En fait, c'était une pâtisserie chocolaterie, ça faisait gourmand, chaleureux. C'était une belle équipe, on travaillait au milieu de la montagne, c'était sympa. Les conditions de travail étaient quand même très dures, on tapait beaucoup d'heures. J'ai vachement appris en fait. Ces trois patrons-là, ils m'ont énormément servi pour aujourd'hui.
- Speaker #1
Quand tu en parles, c'est le cas aussi dans la restauration, on entend que c'est dur, tu viens de le dire, de ces trois patrons qui étaient rigoureux, qui étaient exigeants. À aucun moment ça t'a découragé ? Qu'est-ce qui te fait tenir à ce moment-là ? Qu'est-ce qui fait qu'on continue ?
- Speaker #0
Là où je l'ai vraiment eu dur, c'est au Pays Basque. T'es loin de tes parents en fait. J'étais jeune, j'avais 18 ans. Je suis encore jeune, mais c'est dur parce qu'en fait, tu te remets tous les jours en question. Tu te mets tous les jours en question, tu te dis, en fait, ce métier n'est pas fait pour moi. C'est pour ça que quand je reviens sur la télé, la télé ne montre pas ça. Aujourd'hui, ils montrent le côté créatif. A aucun moment, ils parlent des coups durs, des grosses tensions. Je passais les six premiers mois, j'étais au poste macaron. J'ai fait des macarons les six premiers mois, tous les jours en fait. Macaron, macaron, macaron. Et maintenant, je sais faire des macarons en fait.
- Speaker #1
Mais t'en manges plus.
- Speaker #0
C'est ça. Et voilà, après, il fallait que ça se passe bien. J'avais pas intérêt de louper des macarons, sinon tu recommençais les après-midi. Non, c'était... Mais au final... J'ai serré les dents et maintenant je suis content au final. Et on retient, dans les moments durs, on retient que les bons moments en fait. Heureusement, on avait une super équipe. On aimait faire la fête aussi et ça aide. Ça aide dans ces moments-là.
- Speaker #1
Mais est-ce que tu avais une pression particulière de tes parents pour réussir à tout prix ? Est-ce que tu aurais pu arrêter si vraiment ça devenait invivable ? Non, non. C'était une option ?
- Speaker #0
Non, en fait, j'ai toujours serré les dents. Après, Mes parents m'ont toujours dit, si demain ça se passe mal, on viendra, tu reviens chez nous. Mais j'ai toujours voulu montrer de quoi j'étais capable. Et mon père, quand je lui ai raconté que j'allais au Pays-Bas, parce que lui il pensait que c'était pour aller faire la fête, parce que mon père il n'est pas du tout du métier, il ne comprenait pas tout en fait. Mais en fait, je travaillais pour Thierry Bamas. C'était une fierté même pour moi, c'est trop bien.
- Speaker #1
Hop, je vous arrête là un instant. Si vous avez envie d'écouter d'autres podcasts de Finta sur le Lévesou au cœur de l'Aveyron, je vous invite à remonter un peu le temps jusqu'au chef de Ségur, Sébastien Gache, dans l'épisode 6, jusqu'à la pionnière de l'horticulture en Aveyron, Camille Senglage-Alibert, dans l'épisode 14, et jusqu'à l'ingénieux Vincent Benoît dans l'épisode 3. artisans de la dynamique villageoise d'art vieux. Et si c'est la pâtisserie qui vous a mis l'eau à la bouche, je vous invite à écouter tous les épisodes avec les grands chefs avéronnés que j'ai pu rencontrer jusqu'à présent. Je pense à Nicole Fagegaltier, à Michel Brasse, à Hervé Busset, à Quentin Bourdi. Et puis, pour questionner le renouveau des commerces de village, je vous envoie dans les bras de Rachel Girbel, à l'épicerie du Trou de Beausoul. C'est l'épisode 39 de Finta. Mais reprenons-là notre conversation. Avec Johan Romieux. Et donc, après Annecy, pour le coup, là, tu choisis de revenir à Navéron. Ouais. Est-ce que tu reviens avec l'idée tout de suite d'ouvrir ta propre boutique ?
- Speaker #0
Même quand je suis allé à Annecy, c'était la première chose que j'avais dit à ma famille, c'est que c'est mon dernier patron. En fait, j'avais vraiment envie d'ouvrir ma boutique. En fait, c'était une évidence de revenir dans l'Aveyron. J'ai mes amis qui sont sur ODS, j'ai toute ma famille qui est sur l'Aveyron. Et franchement, en fait, c'était une évidence.
- Speaker #1
Mais tu aurais pu revenir en étant salarié. Pourquoi être ton propre patron alors ?
- Speaker #0
J'avais pas mal d'expérience quand même. Et ça faisait... Ouais, j'ai travaillé cinq ans entre Annecy et le Pays Basque. Et franchement, je voulais vraiment revenir d'Aveyron pour m'installer. C'était une évidence pour moi.
- Speaker #1
Et t'installer seul ou tu savais déjà que tu voulais avoir des salariés pour le coup et devenir le chef de quelqu'un ?
- Speaker #0
Au début, tu ne te poses pas cette question. Au début, je pensais commencer tout seul, avoir ma petite affaire. Au final, oui. Ce qui s'est passé réellement, ça a très bien marché dès le début. Et voilà.
- Speaker #1
Alors pour le coup, quand on... Quand tu reviens, on est entre 2021 et 2022 ? Oui. En tout cas, tu ouvres la boulangerie en 2022. Oui, c'est ça, c'est en 2022.
- Speaker #0
En fait, je reviens pile à... Je n'ai pas fait de coupure. J'ai monté mon projet quand j'étais à Annecy, en fait. Tout en travaillant à Annecy, des fois, je revenais pour le projet, la reprise, en fait. Et j'ai fini en mars et j'ai commencé en avril, quoi, avec les anciens, avec la famille Saët. Et j'ai repris officiellement en mai 2022.
- Speaker #1
Donc pour comprendre, comment est-ce que tu atterris à Ponsalard et quelle était l'histoire de cette boulangerie ?
- Speaker #0
En fait, je me suis intéressé sur les affaires dans l'Aveyron, celles qui étaient en vente. Et en fait, je n'avais pas grand argent. Et Pont Salard, en fait, ça rentrait dans mon budget. J'en ai visité d'autres. Et Pont Salard, en fait, j'étais proche de Rodez. Je trouve le cadre est sympa avec les lacs et ça m'a plu, en fait, ça a matché.
- Speaker #1
Et donc, l'histoire de cette boulangerie, c'était quoi ?
- Speaker #0
En fait, j'ai visité l'entreprise avec ma sœur. Parce qu'avec ma sœur, on est très proches. Et c'était un peu une évidence de prendre ma sœur. En plus, comme elle est un peu plus grande que moi, elle m'a donné deux, trois conseils. Et du coup, ça appartenait à la famille Saré. C'était cinq générations, une vieille maison qui avait plus de 100 ans. Et quand je suis rentré dans la boulangerie, ça dirait le match. Avec les proprios, on s'est super bien entendus, on s'entend super bien. Ils ont été là pour m'accompagner et franchement c'est top.
- Speaker #1
C'est-à-dire que tu avais tout de suite envie d'avoir une affaire de village, tu ne te serais pas imaginé au cœur de Rodez par exemple ?
- Speaker #0
Je ne me suis jamais trop posé cette question en fait. Si ça aurait été au cœur de Rodez, ça aurait été au cœur de Rodez. C'était question de budget, je voulais vraiment entreprendre et en fait c'était le point de salaire. Ça s'est fait comme ça, naturellement.
- Speaker #1
Après, tu le dis souvent, tu es très attaché au village, à cette image-là du village. Pourquoi ?
- Speaker #0
En fait, une boulangerie dans un village, c'est sacré. Une boulangerie, c'est comme un café. T'enlèves ça du village, je trouve que c'est compliqué.
- Speaker #1
Parce que c'est quoi ? C'est un lieu de rencontre ? Oui,
- Speaker #0
c'est un lieu de rencontre. Les gens viennent, il y a ce côté chaleureux. On discute avec les clients, il n'y a pas de prise de tête, on n'est pas dans une grande ville où les gens sont pressés. Les gens viennent chez moi le matin, ils ne sont pas pressés, ils parlent avec ma vendeuse, ils parlent avec moi. Je suis dérangé peut-être 5-6 fois par jour pour aller boire un café, comme je n'ai pas beaucoup de mental à chaque fois que j'y vais. Et en fait c'est ce côté-là que j'aime bien, c'est top. Moi j'adore ce côté village. C'est beaucoup moins stressant que la ville.
- Speaker #1
Combien vous êtes aujourd'hui dans l'entreprise ?
- Speaker #0
Dans l'entreprise, aujourd'hui, on est 14. Dans les 14, il y a 6 apprentis. J'aime former. Je suis jeune. C'est plus facile pour moi aussi de former des jeunes. J'aime transmettre ce que j'ai appris. Je suis quelqu'un... J'aime faire découvrir ma passion avec des apprentis de 15-16 ans, c'est sympa.
- Speaker #1
Et tu tiens toujours à ce qu'on dise d'abord pâtisserie puis boulangerie ?
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
C'est encore le cas, pourquoi ?
- Speaker #0
En fait, comme je suis pâtissier, alors même si j'ai un CAP en boulangerie, mais j'ai appris la pâtisserie et j'aime bien parler de la pâtisserie en premier. Et la boulangerie dans un second temps, je suis pâtissier-boulanger. Et on voit trop le boulanger d'une façon en fait. Non, moi je suis pâtissier.
- Speaker #1
C'est-à-dire, il est comment le boulanger ?
- Speaker #0
Non, mais le boulanger, c'est celui qui se lève tôt, qui est un peu aigri, qui ne sort jamais trop de son fournil. Mais moi, je suis tout l'inverse en fait. J'aime sortir, j'aime... Non, moi, mon pâtissier, c'est ce que j'aime en fait.
- Speaker #1
Et est-ce que maintenant, il faut rajouter le chocolatier aussi ?
- Speaker #0
Ouais, en fait, je ne suis pas chocolatier, mais par contre, ce que j'aime, en fait, c'est... Ce que je propose en chocolaterie, c'est que les choses que j'aime en fait. Les oursons guimauves. Tout le monde raffole des oursons guimauves, les enfants et tout. Et j'aime ça. Pareil, les petits pavés qu'on fait sur une base de gianduja, de noisettes. En fait, moi ce que je fais en chocolaterie, c'est des choses hyper simples. Mais en fait, c'est ce que les gens recherchent en campagne en fait. Aujourd'hui... Les truffes, les oursons, des tablettes au chocolat au lait, les sucettes en période de Noël ou en période de Pâques. Je trouve que ce sont des choses simples, mais c'est ce qu'on recherche.
- Speaker #1
Tu le disais tout à l'heure, la boulangerie dans le village, ce qu'elle représente, c'est souvent le dernier commerce. Quand il faut s'accrocher à un, c'est celui-là qu'on essaie de sauver. Je pense que Ponsalard rend jaloux. Pas mal de maires et de communes alentours du fait de t'avoir. C'est quoi la recette pour tenir et pour que ça fonctionne dans des petits villages ?
- Speaker #0
En fait, déjà, je pense que la recette majeure, c'est d'être commerçant. C'est aujourd'hui, moi, comme je te dis, je vais boire le café au café, pile en face de la boulangerie. Je ne vends pas de café à la boulangerie. Pourtant, on m'en demande énormément. Les touristes m'en demandent, mais non, je ne vends pas de café parce qu'il y a un café juste en face. Il faut aussi proposer du bon. Il faut s'adapter à la clientèle aussi. On ne peut pas se permettre de vendre à des prix exorbitants. Il faut vraiment s'adapter à la clientèle. Il faut s'adapter à la demande. Des gens. Moi, aujourd'hui, je sers la maison de retraite, je sers le foyer de vie de Ponsalard, le collège. En fait, je les sers parce que je me sens obligé. Pourtant, c'est des fournitures. Il y a plus intéressant, en fait. Il y a vendre des gâteaux. Mais en fait, il faut... Il faut être à l'écoute des gens.
- Speaker #1
Est-ce qu'on t'a déjà dit, est-ce que tu as d'autres jeunes par exemple, à qui tu as ouvert la voie, qui t'ont dit que tu les avais inspirés et qui ont envie de reproduire ton schéma ailleurs ?
- Speaker #0
Non, même pas. Après, ça ne fait pas longtemps que je suis installé, mais dans tous les cas, je pense qu'aujourd'hui, les affaires de campagne, c'est les plus belles affaires qui puissent exister en fait. Aujourd'hui, on ne prend pas trop de risques, c'est que les gens seront fidèles. Les gens, demain, je pars en vacances 15 jours, je reviens des vacances, ils seront là, en fait. Et que je trouve en ville, c'est différent, en fait. En campagne, c'est plus simple.
- Speaker #1
Parce que c'est bon quand même, je crois.
- Speaker #0
Ouais, on essaye de se démarquer après. Mais voilà, j'ai cette exigence. Je veux faire que du bon, du fait maison. Et ça marche. Après, il ne faut pas être grossette aussi. Il faut s'adapter à la clientèle. Il ne faut pas commencer à dire « je suis le meilleur » . Ça ne marche pas, ça. On est dans l'Aveyron, on a les pieds sur terre et voilà.
- Speaker #1
Tu dis que tu as ce rôle un peu social, mine de rien, d'alimenter le village et ses lieux de vie. Mais tu es aussi très attendu des touristes l'été puisque tu livres les campings alentours. Et en fait, ce qui est vraiment impressionnant, vu de l'extérieur, dans ton parcours, c'est qu'au-delà du commerce de village que tu as réussi à relancer, tu attires bien au-delà.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Moi, je fais partie de ceux qui retraversent Ponsalard pour m'arrêter chez toi.
- Speaker #0
Oui, ça en fait, comme le dit, ça me fait trop plaisir. En termes de compliments, il n'y a pas mieux. À la base, moi, je voulais juste proposer ce que je savais faire. En fait, je me suis aperçu que c'est parti dans une autre dimension en fait.
- Speaker #1
Que tu n'avais pas du tout imaginé ?
- Speaker #0
Pas du tout, pas du tout. Moi, je pensais vraiment, à la base, je m'étais dit, j'aurais une petite boulangerie, je vais travailler seul avec mon boulanger, ma vendeuse. Mais au final, il y a eu vraiment la demande. Et plus avant, c'était... Plus les clients sont là, ils font le détour. Ça, ça me fait plaisir quand les gens me disent « mais on ne s'arrêtait plus à Ponsalard avec la déviation » et maintenant les gens, ils reviennent, ils s'arrêtent. Mais c'est trop satisfaisant en fait.
- Speaker #1
Oui, important de rappeler pour ceux qui ne connaîtraient pas que Ponsalard a sa déviation qui contourne le village désormais, que la majorité des commerces sont montés pour se rapprocher de la déviation, être en bordure de route, et que donc le village était de moins en moins traversé. C'est ça.
- Speaker #0
En fait, c'était un petit peu le risque quand j'ai repris. C'est qu'en fait, les banques, elles étaient frileuses. Déjà, je n'avais pas beaucoup d'apports. et Et deuxièmement, c'est qu'en fait, une grosse partie des commerces du village montaient en haut dans la zone commerciale. Il fallait que j'arrive à me démarquer de suite, en fait, et que je m'adapte au village. Et ça, au début, ça a été un peu... Ben voilà, c'était un challenge, en fait. Et au final, défi réussi, quoi.
- Speaker #1
Et comment tu expliques, je te fais revenir juste à la question d'avant, comment tu expliques que des gens d'Orodès viennent, de Millau, font le détour ? Qu'est-ce qui te démarque ? Est-ce que tu arrives à le savoir ?
- Speaker #0
Je pense qu'aujourd'hui, dans la restauration, que ce soit la boulangerie, un restaurant, qu'on essaye de se démarquer avec notre qualité, ça ne peut que marcher. Les gens, surtout dans l'Aveyron, on est quand même un département où c'est important de bien manger. On a une attache à ça. On a le bœuf, la race au braque. On a la Ligo, on aime bien manger en fait dans l'Aveyron. Et je pense qu'aujourd'hui, les Aveyronais, ils aiment ça en fait.
- Speaker #1
Donc ils font des détours, ils mettent le fric quand il faut ?
- Speaker #0
C'est ça, ils font des détours. Moi quand je vois pour Noël le nombre de personnes qui viennent de Rodez pour acheter mes bûches, ça me fait trop plaisir en fait. Même la viennoiserie, j'ai énormément de personnes qui me disent mais t'as l'innoiserie, c'est... Elle est trop bonne, on sent le beurre et tout. Mais ouais, parce qu'aujourd'hui, la viennoiserie, le problème, c'est que la plupart des viennoiseries que l'on achète, il y a 80% de la viennoiserie que l'on achète, elle n'est pas faite maison. Et moi, j'ai voulu vraiment faire du 100% maison, en fait. Et après, je me forme énormément. Je fais des... Tous les ans, je fais des formations, je fais venir des personnes. On se forme auprès des moulins, il y a des moulins maintenant. Ils proposent des formations et ça coûte, au final, ça coûte rien parce que tu apprends tout le temps et au final, plus tu te formes, il ne faut pas avoir peur de se former dans notre métier. On apprend tout le temps. Je pense que dans 15-20 ans, je continuerai à me former. Parce que la consommation, les années changent. Et il faut être toujours au goût du jour, en fait.
- Speaker #1
Donc, ouverture en 2022, tu avais 23 ans. J'ai peut-être oublié de préciser ton âge. J'avais 22 ans.
- Speaker #0
22 ans,
- Speaker #1
tu en as 25 aujourd'hui ?
- Speaker #0
26.
- Speaker #1
Pourquoi je suis décalé ?
- Speaker #0
Non, mais...
- Speaker #1
Donc, 26 ans aujourd'hui.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Si j'entends ce que tu es en train de dire, c'est que... tu n'avais pas imaginé un développement comme celui-là, un succès aussi soudain. J'imagine que ça donne des idées. Est-ce que tu as des projets d'agrandissement, d'ouvrir ailleurs ? Est-ce que ça, ça fait partie de ton chemin naturel, un peu de ce qui s'ouvre à toi ? Ou est-ce que tu temporises et tu préfères consolider l'existant ?
- Speaker #0
En fait, moi, je ne suis vraiment pas fermé à l'idée. Après, demain, il y a une proposition qui s'offre à moi. mais Je vais y réfléchir. Mais par contre, ce qui est sûr, c'est que je me plais énormément à Ponsalar. C'est que tant que je me sens bien à Ponsalar, c'est le principal. Aujourd'hui, j'ai une belle arme de guerre à Ponsalar. J'en ai sous le coude. Et mes gars avec qui je travaille, ils sont tous passionnés. Et je pense qu'au final, des fois... Il ne faut pas aller chercher la folie des grandeurs. Donc tu temporises plutôt,
- Speaker #1
mais on ne sait jamais. Exactement. Pour ça, je temporise. Je ne suis pas quelqu'un, même dans mon tempérament, faire mal idée. Aujourd'hui, je suis allé apprendre ça. Le but, on a une ligne à tenir, c'est la qualité, la remise en question tous les jours. Et tant qu'on suit cette ligne, c'est le principal.
- Speaker #0
Maintenant que tu as coché ce rêve-là, Sur ta liste des rêves, d'avoir ta propre boutique, quel serait le prochain ? De quoi tu rêves, toi ?
- Speaker #1
Je rêve... Je n'ai pas forcément de rêve. Mon but, c'est de proposer le meilleur. Je veux que les gens, quand ils disent qu'on va chez Romieux, qu'on dise du bien de moi.
- Speaker #0
Là, entre pâtissier qui était ton rêve, mais aujourd'hui pâtissier, boulanger, chocolatier, si on peut dire ça... Chef d'entreprise, c'est encore un autre rôle. Tu t'endosses plusieurs rôles à la fois. Est-ce que tu t'épanouis ?
- Speaker #1
Oui, en fait, j'adore entrepreneur. Franchement, je ne connaissais pas, mais j'adore faire des rencontres. Je ne suis pas le pâtissier qui est toujours dans le labo à travailler, à être fermé. Au contraire, je suis vachement ouvert. J'aime... aller à la chambre des métiers, faire des examens, corriger les examens. En fait, j'adore ce côté-là, entreprendre. C'est trop bien, je trouve. Bien plus que d'être pâtissier, en fait.
- Speaker #0
Et puis après, il y a peut-être encore une brique de plus, qui est celle de la communication, parce qu'il ne suffit pas parfois de faire des bonnes choses. Il faut encore le faire savoir. En cela, tu as fait un passage télé qui a été remarqué en 2024 dans l'émission d'M6. la meilleure boulangerie.
- Speaker #1
Oui, c'est ça, tout à fait.
- Speaker #0
Qu'est-ce que ça t'a apporté, cette expérience-là ?
- Speaker #1
En fait, quand ils m'ont contacté, je me suis dit, vas-y, ça peut être une expérience. Moi, j'adore les challenges, en fait. Et franchement, ça a mis un bon coup de buzz parce qu'aujourd'hui, on a une chance. C'est que dans l'Aveyron, il y a Centre Presse. Centre Presse joue énormément le jeu. C'est quand même... Un petit peu regardé quand même sur l'Aveyron et les réseaux sociaux, ils sont présents aussi. Du coup, ça partage et au final, le bouche à oreille se fait rapidement, je trouve, dans l'Aveyron.
- Speaker #0
Et la télé, qu'est-ce que ça t'a apporté ? C'est de la notoriété pure ?
- Speaker #1
Oui, la télé, c'est de la notoriété. Après, c'est surtout un challenge. On va essayer de découvrir ce monde, celui que j'ai regardé il y a dix ans en arrière. Et franchement, c'était une super expérience.
- Speaker #0
C'est des émissions qui sont relativement récentes par rapport à des top chefs, notamment.
- Speaker #1
Oui, après la meilleure boulangerie de France, c'est la treizième saison.
- Speaker #0
Il y avait besoin de valoriser ce métier-là ?
- Speaker #1
Je pense. Je pense qu'il y avait besoin parce qu'aujourd'hui, la boulangerie... Comme je t'ai parlé tout à l'heure, en fait, on voit trop la boulangerie, le boulanger aigri dans son fournil qui ne sort pas du fournil. Mais en fait, aujourd'hui, la boulangerie, c'est classe quand même. Je trouve maintenant le métier de pâtissier boulanger, c'est comme le métier de restaurateur. C'est un métier classe.
- Speaker #0
J'ai une dernière question. Je la pose à tous les invités de Finta. C'est en quoi est-ce que tu crois ?
- Speaker #1
Moi, je crois à la réussite. Je suis persuadé d'une chose, c'est qu'aujourd'hui, quand tu fais du bon, quand tu te démarques, tu ne peux que réussir. Même si c'est des risques, tous les jours, il y a des risques. Entreprendre, c'est un risque. Mais par contre, quand tu fais du bon, tu ne peux que réussir. Je ne vois pas comment tu peux te planter.
- Speaker #0
Et la question bonus, parce que... Même avec cette question, tu me réponds un peu du côté pro peut-être. Tu fais quoi de tes journées quand tu ne travailles pas ?
- Speaker #1
Moi, en vrai, je suis toujours... Alors, j'aime bien sortir. J'aime bien le dimanche après-midi aller au rugby à Rodez ou à Decazeville. Parce que j'ai mon cousin qui joue à Decazeville. J'aime bien aller voir les matchs de foot à Rodez. J'aime bien me faire voir. mais... J'aime bien sortir, aller au resto avec les amis. Après, j'aime profiter aussi de ma compagne. On a plus ou moins le même métier. Et du coup, on aime découvrir des belles adresses.
- Speaker #0
Je rajoute encore une question bonus. Est-ce que c'est important aussi de montrer et d'incarner le fait que tu n'es pas esclave de ton métier ? Parce qu'on peut avoir cette idée-là des boulangers, des pâtissiers, comme des agriculteurs et d'autres professions, où en fait c'est du 7 sur 7, jour et nuit. Est-ce que tu as besoin de montrer que ce n'est pas le cas ?
- Speaker #1
Oui, en fait, moi, j'ai vraiment besoin de couper du fournil. Je suis quelqu'un, mais je ne me lève pas à une heure du matin. Je me lève à 6h, j'ai mon équipe qui commence à 5h, les pâtissiers commencent à 5h, j'ai mon boulanger qui commence à 1h. Mais en fait, j'arrive, je suis de bonne humeur, je travaille avec eux tout le matin, l'après-midi, j'ai pas besoin de faire de sieste. En fait, moi je suis... quand tu fais une sieste et tout, la journée elle est morte en fait. Mais moi j'ai pas besoin de faire de sieste parce que quand je commence plus tard... J'ai l'impression d'être beaucoup plus efficace au travail. Je peux prendre des rendez-vous l'après-midi, les fournisseurs, je peux travailler. J'ai une personne qui travaille l'après-midi, du coup, on travaille ensemble. Et franchement, quand tu ne te réveilles pas à 1h du matin, ça fait du bien aussi. Il faut couper, parce que si tu ne coupes pas après... Je pense que tu peux perdre cette passion. Il faut vraiment couper et prendre soin de soi aussi. Je pense que c'est très important. Aller courir, aller... En vrai, il ne faut pas être menotté avec ce métier-là. C'est ma vision.
- Speaker #0
Merci beaucoup, Johan.
- Speaker #1
Merci à toi. C'était un grand plaisir.
- Speaker #0
Merci d'avoir écouté ce nouvel épisode de Finta jusqu'au bout. J'espère qu'il vous a plu, inspiré, questionné et fait voyager peut-être. Viens me dire sur Instagram ou sur fintapodcast.fr ce que tu en as pensé. Je suis toujours curieuse de vous lire pour faire grandir Finta. Si tu fais partie de ceux qui apprécient le podcast et qui veulent continuer à cheminer avec moi dans les contrées avéronaises, tu peux désormais soutenir financièrement le podcast en donnant quelques euros par mois ou en faisant un don ponctuel. Tu participes à renforcer l'indépendance éditoriale de Finta et tu valorises, par la même occasion, le temps que j'y consacre chaque semaine. Figure-toi que si chaque auditeur donne un euro par mois, Finta peut vivre sans publicité dès aujourd'hui. Le lien de la cagnotte est disponible en description de cet épisode. Pour que Finta vive, partage-le autour de toi, parle-en à tes amis, laisse-lui des étoiles et des commentaires sur toutes les applis d'écoute. C'est vraiment le meilleur soutien que tu puisses nous apporter. À très bientôt.