- Speaker #0
Flamme des années 80.
- Speaker #1
Le podcast qui allume la femme.
- Speaker #0
Bonjour, donc nous sommes toujours au mois d'octobre, on parle toujours de nutrition et on a la chance de recevoir aujourd'hui Joséphine Drahi.
- Speaker #1
Bonjour déjà. Bonjour.
- Speaker #0
Est-ce que tu veux te présenter pour les peu de gens qui ne te connaissent pas ?
- Speaker #1
Oh oui, les peu de gens qui ne te connaissent pas. Non, je vais plutôt te présenter pour tout le monde à part ma famille qui me connaît. Je m'appelle Joséphine Drahi, je suis comédienne avant tout, mais... Je suis aussi auteur et je n'ai pas fait beaucoup de choses dans ma vie que je fais toujours aussi à différents degrés. J'ai longtemps fait de la musique, auteur, compositeur de chansons, chanteuse aussi. Et j'ai longtemps été aussi humoriste et chroniqueuse, radio, télé. Voilà à peu près tout l'éventail des choses que j'ai pas mal fait dans ma vie. En ce moment, je fais beaucoup plus de comédie et d'écriture. Mais j'essaie de remettre aussi mes passions un peu plus lointaines comme la musique sur le devant de la scène.
- Speaker #0
Super. Et on t'a invité aujourd'hui pour parler de la nutrition.
- Speaker #1
Exact.
- Speaker #0
Et donc des troubles alimentaires du comportement.
- Speaker #1
Vaste sujet dont on ne guérit jamais, d'ailleurs. C'est une entrée un peu fracassante de dire ça. Je sais que ça peut être terrible de voir les choses comme ça, mais c'est pour ça que c'est un sujet, on va dire, éternel. Moi, quand on parle de ça, pour moi, c'est un éternel conflit, problème. Et surtout, c'est surtout un combat de l'apprivoiser et de l'intégrer. Parce que pour moi, les problèmes alimentaires... Je pense que tous les gens qui en ont diront la même chose. On n'en guérit jamais, mais on apprend sincèrement à vivre avec. Comme une maladie, par exemple, une maladie, j'en sais rien, qui est incurable, où on a un traitement éventuellement, mais on apprend à la dompter, à la lisser, à l'intégrer dans sa vie, à faire la paix, mais ça ne s'en va pas. Ça ne s'en ira jamais. Et ça, c'était aussi un grand challenge pour moi, j'ai 40 ans, avec le temps qu'on peut prendre et accepter. Je pense que plus j'ai appris à accepter que ça fera partie de moi toute ma vie, Et moins c'est difficile, et moins c'est un combat, et moins je cherche à tout prix l'évacuer, justement faire un fameux régime miracle qui va faire que, enfin, je serai... Non, je serai que toute ma vie, je vais être dans un contrôle, justement, à plus ou moins des latitudes et des amplitudes différentes. Mais c'est vraiment un des sujets, je pense que c'est quelque chose, quand on en est marqué, on est marqué au fer de ce truc-là. comme peut-être d'autres addictions. D'ailleurs, moi, je n'en ai pas d'autres foncièrement que l'addiction justement à la nourriture. Mais je pense que ça peut... parler pour d'autres addictions. Ce principe de dire ben voilà, on n'en guérit jamais vraiment. Mais ça, ça me fait penser aux anciennes alcooliques genre il ne faut plus qu'ils reboivent un verre parce que sinon... Pareil, moi j'étais fumeuse et tu ne seras jamais non-fumeuse, tu seras toujours une ancienne fumeuse. Exactement, mais c'est ça. En fait, je pense que c'est ce principe même de l'addiction. Et c'est vrai que les troubles de l'anorexie et la boulimie, ce sont des troubles obsessionnels compulsifs, donc qui sont vraiment liés à un principe d'addiction, de pulsion. inarrêtable, quoi.
- Speaker #0
Et plus on accepte qu'on ne va pas guérir, peut-être plus qu'on guérisse.
- Speaker #1
C'est ça. C'est ce que moi, en tout cas pour moi, avec l'expérience, avec le temps qui passe, avec aussi, je dis souvent, c'est aussi une forme de fatigue à force de retomber toujours dans les mêmes cycles, dans les mêmes schémas. Ah bah oui, je vais prendre 5 kilos, après je vais m'affamer pour en perdre 6, puis après je vais en prendre 8 parce qu'en fait, j'aurais tellement été frustrée que je vais bouffer 3 fois plus. Mais je sais déjà qu'après, Je connais déjà tellement comment ça va se terminer que parfois, ça me fatigue d'avance. Et tellement ça me fatigue d'avance que ça me donne moins envie d'aller loin dans mes excès. Parce que je sais déjà comment ça va se terminer, la ritournelle. Et c'est aussi en ça que la maturité et l'expérience me permettent d'être plus en paix avec ces problèmes. C'est parce que je n'ai plus l'énergie de partir dans les pics et après de redescendre. Parce que moi, il y a 15 ans, je me faisais des yo-yos fous. Déjà, par rapport à mon historique sur les addictions et sur le comportement alimentaire, moi, quand je suis devenue anorexique, à 17 ans, je suis devenue anorexique en très peu de temps. D'ailleurs, c'est parti d'un banal régime comme je pense beaucoup de... de jeunes filles qui basculent dans l'anorexie, ça se part.
- Speaker #0
Tu voulais perdre du poids ?
- Speaker #1
Oui, voilà, je voulais perdre du poids parce qu'à l'époque, j'avais commencé à faire des photos de mannequinat et le mec qui m'avait fait faire des photos m'avait dit « Tu sais, si tu veux rentrer en agence de mannequin, il suffit que tu perdes 4-5 kilos et tu seras dans les mensurations et tu pourras faire plein de castings de mannequins. » Et moi, à 17 ans, je me dis « Attends, opportunité de gagner du blé, etc. » Je dirais que ce n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde, j'ai pris un banal régime de magazine. Vraiment, régime protéiné, l'ancêtre des régimes protéinés. Le fameux. Le fameux, tu vois, vieux Thomas. Sauf que quand tu as 16 ans et demi, tu perds en un clin d'œil. Ton métabolisme est complètement neuf, tellement pas abîmé par des problèmes que j'ai perdu, si tu veux, en 15 jours au moins les 5 kilos que je devais perdre. Et j'ai fait genre, ah, mais en fait, c'était hyper simple. Et en fait, je me suis trouvée tellement bien. J'ai fait, oh, ben, t'as moins faim parce que t'as fait ton régime, donc t'es moins affamée. J'ai fait, ah, ben, ouais, je vais peut-être continuer. et puis tu commences aussi à avoir un peu la... peur qui s'installe. Parce que quand t'es arrivé à un point où tu te dis, hé, je suis bien là, le but maintenant, c'est de rester comme ça. Donc du coup, tu commences à cristalliser un contrôle. Parce que tu te dis, ben, il va falloir que je régule ce truc-là. Et donc, comme mon naturel depuis toujours, c'est d'être très gourmande et d'adorer manger, d'adorer la nourriture, c'est fondamentalement qui je suis. Je commençais à avoir peur de moi-même. Et à me dire, ben non, maintenant, il faut que tu restes comme ça. Et en fait, à force de vouloir justement me contrôler, ça a fait que j'ai continué en fait de maigrir. sans forcément le vouloir, sans forcément m'en rendre compte. Et c'est là que la spirale s'est installée, c' de moins en moins, avoir peur de manger. Et dès que la peur de manger s'installe, c'est terminé. Les aliments deviennent des ennemis. Ils sont plus ou moins dissociés d'un rapport sain et qu'on devrait tous avoir à la nourriture qui est, oui, on se nourrit pour être en forme, mais aussi pour avoir du plaisir. Et moi, j'avais coupé toutes ces notions-là de ma vie. Je me suis mise à diaboliser toute nourriture. Et à partir de là, j'ai perdu. Donc, pour répondre à ta question, j'ai dû perdre, je ne sais pas, peut-être... Au plus bas, j'ai fait 44 kilos pour 1,69 m. C'est-à-dire, j'ai dû perdre au moins 20 kilos, peut-être. Ouais, peut-être, ouais, entre 15 et 20 kilos, en un temps record. Tu ne te nourrissais plus du tout ? Je mangeais, j'en étais arrivée à la fin à manger une pomme par jour, quoi. Donc, c'était terrible parce qu'en plus, j'étais très affaiblie physiquement. Au début, je commençais, je faisais du sport pour continuer, en plus, de pouvoir produire des calories si possible. Mais à la fin, je ne pouvais même plus faire de sport. J'étais juste en fonctionnement en pilote automatique et à tenir uniquement sur les nerfs et sur le mental. Parce que l'anorexie, c'est dans la tête. dans le pouvoir et le contrôle qu'on a sur son corps et qui est grisant. Les anciennes anorexiques le disent aussi. Quand on peut contrôler quelque chose, c'est quand même un pouvoir suprême d'avoir un contrôle. Comme on sait qu'on n'a pas le contrôle sur les événements parfois de la vie, quand tu dis « je peux contrôler exactement ce que je fais de moi » , il y a quand même un truc un peu de pouvoir suprême. Et je pense que j'ai aussi été addicte à ça, au fait de contrôler mon image. Et en plus, je me plaisais comme ça, je me trouvais canon. on passe toujours un peu... Si on peut ne pas affronter le sujet, on le fera toujours. C'est très rare qu'on prenne notre casio un peu, on est d'accord avec le côté alcoolique, c'est pour ça que tout fait cette boucle. Non, on ne le fera jamais. On va attendre jusqu'à un moment où le mec va être tellement mal que peut-être on va commencer à dire mettre un lapin. Et par là, c'est pareil. Quand je suis devenue anorexique, d'abord, ta famille ne veut pas se rendre compte que tu as un problème. Donc, il y a tout un temps où on fait semblant. Puis moi, je me cachais aussi. C'est très important dans l'anorexie, le principe de se cacher, le principe de trouver des mille et une parades. qui te demandent parfois vraiment du jus de cerveau pour expliquer pourquoi tu ne vas pas venir à dîner, pourquoi tu ne vas pas manger ce gâteau, pourquoi tu vas venir plus tard parce que tu as un truc à vendre, mais c'est juste parce que tu ne veux pas te mettre à table avec les autres, pourquoi tu vas t'enfermer aux toilettes parce que tu as pris des laxatifs. Moi, je ne me faisais pas vomir. J'ai eu la chance d'ailleurs pour ma santé d'être phobique du vomi depuis toujours. J'ai une phobie, ça s'appelle héméthophobe d'ailleurs, je me suis renseignée. Et donc, je ne mangeais pas certes, mais je ne me faisais pas vomir et je prenais des laxatifs qui me faisaient des douleurs monumentales au ventre, qui faisaient que je me vidais. Donc parfois tu dois... D'un coup, pourquoi tu disparais cinq fois d'affilée ? Donc, c'est que des stratagèmes. C'est de la fatigue mentale. Et donc, c'est beaucoup de secrets. Et donc, les gens jouent ce jeu-là. Ils font semblant qu'ils ne voient pas qu'il y a un souci. Et jusqu'au moment où, au bout de très longtemps, c'est ma maman qui, un jour, a mis une sorte de stop en disant qu'elle a vu que là, ça me rendait... Déjà, j'étais arrivée à un point où je faisais en effet peur. Et elle m'a dit de manière... Certes, pas très diplomate. Ma mère n'est pas forcément, ce n'est pas sa première qualité d'être très diplomate. Donc, elle l'a dit telle qu'elle l'a ressortie sur le moment. Mais il n'empêche, ça a été un électrochoc pour moi. Un soir, elle m'a dit, on était en vacances au Maroc. Elle m'a dit, Joséphine, c'est simple, si demain matin, tu ne te remets pas à manger, on rentre à Paris, je t'emmène à l'hôpital. Tout de suite. Et je sais qu'elle ne plaisantait pas parce qu'en plus, ma mère étant aussi hypochondriaque chose que moi j'ai aussi je savais que c'était vraiment pas une menace en l'air et en fait ça m'a fait une forme de ça m'a saisi et je me suis dit ah mais elle va pas en fait d'un coup Ça m'a fait une sorte d'électrojet qui m'a fait lâcher le... C'est pas le rôle ? Ouais, voilà. En fait, je pense qu'inconsciemment, c'était un appel aussi à l'aide. Je pense que quand on va aussi loin dans ça, c'est pas juste parce qu'on se trouve magnifique avec les os sur la peau. C'était aussi peut-être une forme d'appel à l'aide à mon entourage. Et le fait qu'elle voit enfin ce mal-être, finalement, ça m'a fait me dire, ah, ça y est, on me tend la main. En fait, je suis prise en charge. Et donc, l'idée juste qu'elle dise, maintenant, moi, je te lâche pas. et on va s'occuper de ça. Et bien, dès le lendemain matin, je me suis remise à manger. Dès le lendemain matin. Après deux ans à rien, à n'ingurgiter. Le lendemain matin, au petit déjeuner de l'hôtel, je me suis fait une baffrée. Ce qui est terrible, et c'est là aussi, plus largement sur le mois de la nutrition, c'est pour ça que c'est très important d'alerter les jeunes aujourd'hui ou les jeunes ou n'importe qui qui pourraient avoir envie d'être anorexique, même à n'importe quel âge. c'est qu'à quel point Ça te flingue le métabolisme et d'une violence. C'est-à-dire que je me suis tellement mise à manger d'un coup après avoir été privée qu'en fait, ton corps, il est comme en période comme si j'étais vraiment sortie d'un camp de réfugiés. Et ton corps qui a été tant privé de toute une gamme d'aliments, il se dit « Oh mon Dieu, c'était la famine ! » maintenant qu'il y a de nouveau ça, on va le stocker. Parce que si de nouveau il y a une famine, on ne peut pas se permettre. Donc qu'est-ce qui s'est passé ? Je me suis mise, il a pris chaque gramme de sucre de chaque truc que j'ai mangé, il l'a pris fois mille. Alors qu'une personne normale, je sais rien, qui a une amium d'activité, il va le reperdre et ça. Mais moi, depuis, c'est resté. Je ne stocke pas le sucre et la graisse comme une personne normale. Et ça vient de là. Si j'avais su à l'époque, si on m'avait dit, regarde, Pend toute ta vie à cause de ça. Dès que tu vas bouffer une madeleine, tu vas prendre un kilo, alors qu'une personne normale, non, je ne serais même pas allée, je pense. Parce qu'en fait, on n'est pas au courant de ça. On imagine que dans l'instant, on veut le résultat. On veut ce qu'on veut maintenant. On veut être maigre parce qu'on est focus. Mais si on savait les dégâts irréversibles, parce que c'est vraiment irréversible. Moi, maintenant, j'apprends à composer avec cette transformation de mon... Je ne sais même pas comment on dit, c'est mon ADN, je ne sais rien, mais ça m'a complètement transfigurée. Ton corps, il a gardé la mémoire de ça. Complètement. Il se dit toujours que s'il mange, c'est pour stocker, parce qu'il pourrait se repasser à un moment où il n'y a plus rien. Et d'ailleurs, le yo-yo, parce qu'après, du coup, l'histoire est assez longue, mais j'ai dû, du coup, après, quand je me suis mise, du coup, je suis devenue boulimique. D'un coup, c'était tellement fou et grisant d'avoir enfin accès à tous ces aliments que je m'étais interdite, que je suis passée dans l'extrême inverse, à 180 degrés, avec des crises de boulimie phénoménales. Encore une fois, ne me faisant pas vomir, je me rendais malade de manger. sans évacuer, on va dire, trop plein de nourriture. Dans les moments où je ne peux même plus respirer, je suis allongée comme ça. Quand tu as le diaphragme qui remonte tellement, tu t'es remplie, remplie, remplie. C'était aussi d'autres douleurs. J'ai découvert encore d'autres souffrances. Et tu te sens tellement mal après la culpabilité de se dire « je suis une merde » et j'ai cédé à ça comme une addiction. Quand tu t'es droguée, tu te dis « mais putain, pourquoi je l'ai fait ? » Plus jamais. Donc tu repars pour te punir dans un truc extrême, dans l'autre sens, tu te remets à ne pas manger. Et donc ça, ça crée des yo-yos infernaux. où tu prends énormément de poids parce que tu as fait une crise et tu repères parce que tu te dis non, je suis dégueulasse comme ça parce que je me détestais de reprendre du poids. Donc, je voulais revenir comme avant. Mais c'était trop tard. J'avais mis le doigt dans la prise et du coup, la boulimie l'a emporté. Ce qui a fait que je suis montée en flèche. J'ai pris 30 kilos en, je ne sais pas, deux, trois mois. Même pour mon corps, le choc pour mon corps, c'était foudroyant. Et je me suis retrouvée à faire plus de 80 kilos, à me doubler. Je me suis dit, je me suis dédoublée. Et du coup, ça a été tellement terrible de faire ce yo-yo-là pendant des années que mon corps, il en garde les stigmates. C'est-à-dire que quand je me faisais une crise de Wimmy, que je disais maintenant pendant une semaine, tu ne manges rien, je repartais dans une anorexie comme ça, hyper féroce pour me rattraper. Et de nouveau, mon corps, quand il mangeait, il a dit pendant une semaine, il n'a rien eu. Hop, rebelote. En fait, c'était idiot quand il pense. T'as 18 ans, 19 ans, je ne comprenais même pas. J'étais en train de fabriquer mon propre piège, en fait.
- Speaker #0
Et tu n'étais pas suivie psychologiquement ?
- Speaker #1
Mais pas du tout. Et d'ailleurs, c'est pour ça que ma mère m'a dit, si demain matin, tu ne remanges pas, je t'emmène à l'hôpital. Quand j'y repense, elle aurait dû m'emmener à l'hôpital. Mais pour ma tête, pas pour être guérie et me remettre à manger. Parce qu'en fait, j'aurais dû ici être accompagnée, psychologiquement et nutritionnellement, avec un programme de réintroduction progressive d'aliments dont je m'étais privée pendant deux ans. Des pâtes, du riz, des ficulants, principalement. Et donc ça, ça aurait dû être cadré. et ça peut amener peut-être... te permis de prendre un autre chemin. On ne saura jamais. Mais en tout cas, je n'ai pas été accompagnée. Et donc, ça a été ma propre tambouille terrible.
- Speaker #0
Parce que oui, on imagine souvent que la nourriture, ce n'est pas si compliqué. Il faut juste manger sainement et tout le machin. Mais en fait, il y a tellement de détails à l'intérieur.
- Speaker #1
Et l'émotionnel est tellement énorme. Je ne dirais pas, tu vois, pour le coup, ce qu'on appelle, parce que moi, j'entends beaucoup de gens qui disent, peut-être que c'est votre cas, que quand tu sais le côté comfort food, quand tu manges des trucs réconfortants, de sucre, parce que ça te remplit de quelque chose pour que tu sois... Moi, j'ai jamais associé ça à quelque chose. Par exemple, moi, quand je ne suis pas bien, je ne mange pas. Au contraire, ça me bloque.
- Speaker #0
Je suis comme toi, moi.
- Speaker #1
Et moi, plutôt, la nourriture, c'est quelque chose qui est lié à la joie. Quand j'ai une bonne nouvelle, je vais avoir envie d'aller manger pour festoyer, pour célébrer. Donc, c'est marrant parce qu'il y a beaucoup ce truc de dire, ce n'est pas ce que je vais aller émotionnellement chercher un réconfort. Moi, quand je ne vais pas bien, je mange. Mais du coup, moi, je n'arrivais même pas à me dire, attends... À quoi ça répond finalement ?
- Speaker #0
Mais c'est pareil, c'est l'émotionnel, quoi qu'il arrive, sauf qu'on est dans l'autre sens. Quand j'ai une grosse émotion, j'ai tellement de choses à digérer que je ne vais pas manger. Et quand je vais bien, je vais manger plus. On est vraiment hyper opposés avec Angelica dans ça. On n'est pas du tout... Mais alors que c'est la même chose, en fait. Oui,
- Speaker #1
en tout cas, ce sur quoi moi, je ne me suis jamais arrêtée, c'est sur le côté équilibre. C'est-à-dire que dans tous les cas, je suis... J'étais, moi maintenant, dans un extrême. Parce que j'avais... L'impression, c'est moins le cas, mais je te parle sur 20 ans. Avant, j'avais l'impression que pour apprécier quelque chose, il fallait que ce soit trop. Ça peut être dans d'autres choses dans la vie d'ailleurs. Ça dépasse la nourriture. Il fallait que je sois trop. Donc moi, si tu me disais, tu as dit de goûter un petit carré de cet excellent chocolat ? Comme je savais qu'il fallait que je fasse attention et qu'il fallait que j'entre dans l'absolu, que j'en prenne qu'un petit carré, sinon non, je préfère dire non. Parce qu'il fallait que je me mange la tablette, en fait. Et je trouvais ça complètement normal. L'idée de manger juste un carré, je trouvais ça décevant. Donc je me suis dit, ben non, je préfère rester sur ma ligne de ne pas manger. Alors que, d'un coup, si je mangeais, c'était pour me baffrer. Et je trouvais le plaisir dans l'excès. Et ça, c'est quelque chose qui met beaucoup de temps à se lisser, mais que j'arrive maintenant à lisser. Maintenant, je peux apprécier juste parce que j'ai envie de découvrir un aliment pour une raison saine. et qui est que je suis gourmande et que j'aime découvrir des choses. Et donc, ça se redonne quelque chose de beaucoup plus sensé. Mais avant, c'était « Ah ben non, je ne préfère pas toucher à ça, parce que si je fais quelque chose, c'est forcément une crise de boulimie. »
- Speaker #0
Donc, c'est une punition de tu t'infliger aussi, je ne vais pas manger du tout de chocolat.
- Speaker #1
Oui, mais ça me semblait être plus cohérent à ce moment-là que de me dire « Je vais en manger qu'un petit bout, c'est nul. » Alors, en fait, maintenant, je suis ravie de pouvoir me dire « Tiens, je vais goûter ce petit morceau, j'aurai le goût, je suis curieuse, je ne serai pas frustrée, mais je ne suis pas obligée de me rendre malade pour que ça me rende heureuse. C'est des années, ça, de travail. Et encore aujourd'hui, ça m'arrive d'avoir ce truc de lâcher. Parce qu'en fait, le rapport à la nourriture, c'est un contrôle. C'est un contrôle permanent. Moi, aujourd'hui encore, j'estime que ça va incroyablement mieux que mes années d'énormes crises à me rendre complètement malade et à faire des yo-yos dingues. Ce n'est plus ma vie, ça, aujourd'hui. Ça, on va dire, ça a été 15 ans de ma vie. Là, on va dire, si je devais... interroger, ça doit bien faire un peu moins de... Entre 5 et 10 ans que c'est vraiment plus du tout ce paradigme-là. Mais en revanche, ce qui reste toujours, c'est que je me suis recréé un équilibre pour faire fonctionner ma vie, aussi par rapport à mon métier, mon travail qui est un métier d'image, et où forcément ça a tout de suite une corrélation immédiate qui est que pour travailler, à moins de décider d'être la prochaine Marie Louberry, t'as pas beaucoup d'autres options. C'est une réalité aussi de notre métier. Pendant très longtemps, j'ai aussi souffert d'être... de ne pas pouvoir jouer les jeunes premières. C'était une réalité. Je joue la copine rigolote. Parce que sinon, qui d'autre pouvait être ronde ? C'est la copine rigolote. C'est en train de changer, ça c'est cool. Toi qui fais aussi du casting, tu dois commencer à voir qu'il y a des physiques plus atypiques pour des rôles de meufs qui ne peuvent être attirantes. Avant, tu voulais être la meuf attirante, il fallait que tu fasses 45 kilos. Franchement, c'était aussi simple que ça, pendant des années. Et maintenant, on voit que ça bouge, qu'il y a des femmes avec. des formes, tu vois, des Camilla Jordana, les Chirine Boutella, c'est des enjeux amoureux de comédies romantiques alors qu'elles ont des formes. Je trouve que c'est super encourageant.
- Speaker #0
On a invité Lola Devers qui nous a... Voilà,
- Speaker #1
Lola, voilà. Et qui sont, qui font des comédies romantiques, qui sont des enjeux amoureux. Avant, c'était inenvisageable. Il y a 15 ans, tu ne pouvais pas mettre Chirine Boutella en enjeux amoureux. Telle qu'elle est gaulée aujourd'hui, en tout cas. que je trouve magnifique, parce qu'ils auraient dit « Ah ben non, si elle perdait 10 kilos, peut-être. » Alors que, ben non. Non seulement non, non seulement c'est une vraie femme et qu'elle est extrêmement bien comme ça et qu'il n'y a aucune raison qu'elle ne soit pas l'enjeu amoureux d'un film. Moi, j'étais quand même dans des années où, quand j'ai commencé à travailler, c'était hors de question que je puisse... Et ça m'a beaucoup frustrée. Et donc, je me battais aussi pour avoir une image qui puisse coller au maximum de rôles et au champ d'activité. Et du coup, c'est vrai que c'est aussi une réalité qui fait qu'aujourd'hui, je contrôle toujours mon alimentation et mon nouvel équilibre que je me suis créé en faisant beaucoup de sport pour pouvoir m'autoriser à être gourmande. Ça fait partie de mon équilibre. Et aussi, en comptant toujours mes calories, en fait. Pas parce que je veux manger une pomme par jour et maigrir. Parce que j'ai besoin d'avoir toujours une boussole pour être sûre que je vais avoir quand même une ligne. Donc, j'ai toujours une sorte de calculatrice intégrée dans ma tête. Ou même ma vraie calculatrice. Et je compte mes calories. Juste pour que le soir, quand je m'endors dans mon lit, je suis tranquille. On va dire, quand je fais du sport, je sais que ça me rajoute, on va dire... 400 calories de rabe pour pouvoir me faire un plaisir. Quand je n'en fais pas, je ne sais pas, imaginez que c'est 1800, 1900 calories pour une journée un peu type. Eh bien, si je m'endors en sachant que j'ai 1800, je ne cherche pas du tout à maigrir. Quand je m'endors et que j'ai 1900 calories, je suis très, très OK avec moi-même. Mais il faut que je l'ai. Sinon, je vais me dire « Ah mince, tu as dépassé. Demain, tu feras attention. » Il faut quand même toujours... C'est minuscule, mais le système, il est toujours là et je pense qu'il le sera toujours toujours et là c'est triste Tu crois que si, par exemple, tu décidais, tu disais, ah non, mais en fait, j'en ai marre de jouer, je veux juste être auteur, réaliser machin et tout. Est-ce que, du coup, tu aurais un peu moins cette pression s'il n'y avait pas le métier de l'image ? Souvent, j'en parle avec une... Je suis très amie avec, vous devez connaître, Élodie Frégé, qui est une de mes meilleures amies depuis 20 ans et qui a aussi... Comme moi, on s'est un peu rejoints sur ces thématiques-là et souvent, on se dit, encore aujourd'hui en rigolant, nous, quand on aura, lâché la rampe de vouloir, pour nos métiers d'image, être au top, on sera... On sera... deux obèses avec des Ausha et on mangera juste tous les trucs qu'on n'a pas mangé toute notre vie. Et donc, c'est vrai que ce que tu dis, c'est un peu juste que j'ai ce fantasme de me dire, il y a un jour, j'en aurai juste rien à foutre de plaire à quiconque. Et oui, mais bon, c'est pas demain la veille. J'ai 40, on va dire qu'on va aller entre 60 et 70 ans, il faut que ça arrivera. Un jour, ça arriverait.
- Speaker #0
Mais peut-être que vous ne serez pas avec un chant d'être devenir obèse, est-ce que ça se sera régulé ?
- Speaker #1
Ouais, peut-être que je n'y penserai plus, que ce ne sera plus un problème. Mais si c'est toujours un problème, en tout cas, on aura décidé que oui, ce sera moins grave. Si d'un coup, on n'est plus dans un truc où on a besoin de séduire, quand tu arrives aussi à 70 ans, même si tu as envie d'être... Et qu'il y a des mêmes 70 ans qui sont canonissimes et qui ont des vies géniales. Peut-être que je serai moins dans l'injonction de me dire, pour tel rôle ou pour tel mec ou j'en sais rien, tu vois, à ce moment-là, de ce que sera ma vie. Et que oui, je m'autoriserai peut-être plus encore d'être moins dans ce contrôle. Mais pour l'instant, j'ai toujours besoin, ça me rassure, ça me calme. de calculer, d'être dans une ligne de conduite. Et ça m'arrive encore d'avoir des jours où je décide. Parce que quand je faisais des crises de boulimie, à l'époque des grosses, grosses crises, elles étaient donc calculées. C'est-à-dire que je faisais une crise, donc j'étais, on va dire, malheureusement, je perdais le contrôle. Et pour me rattraper pendant un nombre de jours, je ne mangeais plus pour que ça éponge ma crise. Donc c'était un système de... Et après... Pendant les jours où je ne mangeais rien, évidemment, une frustration incroyable s'installe. Donc, tu ne fais qu'une chose, c'est quoi ? Programmer ta prochaine crise. Donc, ça devenait un jeu où je me mettais à ne faire que rêver et noter tout ce que j'allais. Donc, j'emmagasinais dans ma tête, comme les enfants à Noël qui me font leur liste au Père Noël et qui collent les jouets en disant « moi, je veux ça » . Je regardais tout ce qui me faisait envie et dans ma tête, je dis « voilà, tout ça, tout ça que je ne peux pas manger, je vais le manger ce jour-là » . Je mettais tout sur un jour et du matin au soir, je repartais dans une crise. pour absorber tout ce qui m'avait frustrée pendant, on va dire, les nombres de jours où je repardais. Et donc, c'était des jours de lâchage complet. Et hop, je repartais sur un cycle pour reperdre, etc. Aujourd'hui, de ça, il me reste quand même quelque chose. C'est-à-dire que je ne vais plus jamais dans le bafrage comme ça toute une journée. Mais j'ai encore des jours que j'appelle des jours off. Tu vois, des jours où, c'est un jour où on compte rien. Je me fais plaisir. Je peux boire beaucoup d'alcool si je veux. Alors, c'est souvent des jours que je planifie parce que je sais que par exemple je vais être invitée à un truc où il y aura un mariage, un truc où tu sais qu'il va y avoir beaucoup de nourriture, ou un réveillon, ou quelqu'un qui fait des gros dîners, où je sais qu'il va y avoir ça, je me dis, ce jour-là, un peu foutu pour foutu, je peux m'autoriser ce que je veux. J'ai encore ce truc de remettre tout sur un endroit, mais en beaucoup plus petit. À ne pas me rendre mal au point de finir la journée à ne plus pouvoir parler. Mais dans l'idée, j'ai quand même toujours ce reliquat de, je vais tout miser sur un truc et ensuite, je vais être dans le reste des jours un peu en rétention pour... me rattraper. Ça, ça part pas, tu vois. C'est des trucs qui restent. En tout cas, pour moi, c'est quelque chose qui fait encore partie vraiment de mon quotidien, quoi.
- Speaker #0
Oui, de ton équilibre.
- Speaker #1
Ouais, c'est mon équilibre. Mais il est quand même sacrément plus sain. Parce que déjà, il est plus dans les extrêmes. Il inclut quand même le sport qui est aussi une bonne façon de se réguler et qui est bonne pour plein d'autres choses. Et surtout, il est moins obsédant socialement aussi. Parce que ça, c'est un grand problème. C'est un autre sujet. C'est que t'es tellement coupé de la sociabilité quand t'es anorexique. Alors, moins boulimique, ce boulimique, quand tu es dans des endroits où tu peux avoir des trucs de table, tu es plus avec les gens. Mais quand tu es anorexique, tu es très seule. Quand tu ne peux pas sortir un livre, pas faire un dîner, pas boire un verre, tu es juste tout seule chez toi. C'est très, très pauvre socialement. Et ça, je me suis toujours jurée, depuis que ça va mieux, que jamais je ne ferai passer ma vie, la vie, avant mes obsessions de nourriture. Et donc ça, c'est aussi quelque chose que je me suis promise, parce que c'est tellement triste. de finir seule pour quelque chose qui est censé justement te rendre attirant et tu te dis mais à la fin t'as tout perdu parce que moi j'ai jamais aussi peu eu de succès avec les mecs que quand j'étais maigre donc en plus si tu te dis que tu vas être bien pour potentiellement attirer mais en fait non, t'es hyper seule t'es toi tout seul dans ta névrose en fait justement comment ça se passait du coup avec les ta vie amoureuse pareil pour le même rapport que qu'on peut avoir avec sa famille, c'est que c'est que des mensonges, des secrets. Et Dieu sait que ce n'est pas forcément sain dans une relation. Je ne dis pas qu'il faut tous dire. Moi, je ne crois pas du tout à ça dans les couples, de tous se partager. Je ne suis pas comme ça. Je n'ai jamais été comme ça. Mais en revanche, d'enlever cette partie tellement obsédante et tellement gigantesque de soi, de la cacher à ce point-là à l'autre, ce n'est pas sain. C'est malsain de toute façon. Parce que c'est tellement un tabou. Il y a beaucoup de honte. Tu vois, j'avais énormément honte après mes crises. Donc moi, les années où j'ai été polémique, les relations que j'ai eues, c'était des relations d'énormes secrets, de dissimulation. Quand j'avais des crises, parce que du coup, évidemment, les gens ne sont pas bêtes. Mais toi, quand tu es dans ta névrose, en fait, je pense que tu deviens con, en fait. Parce que moi, j'imaginais que mes petits mensonges, ça passait crème. Mais en fait, les gars, ils ne sont pas débiles. Quand tu vois une meuf qui mange des haricots verts, qui dit non un peu à tout, et que tu la vois bien, qu'elle n'est pas clairement dans un truc sain avec la bouffe toute la semaine, et que tu ne sais pas pourquoi un matin, elle se réveille, elle part... du matin avec un pain au chocolat, pizza, toute la journée, tu dis, c'est bizarre, c'est pas la même meuf qui était quand même avec moi toute la semaine et qui a mangé de la salade verte. Et que le lendemain, il te dit, tiens, ce soir, on peut se faire pizza. Ah non, ah non, non. Moi, il m'a dit, attends, il y a un problème. C'était clairement bipolaire. Il devait dire, elle est schizo, la meuf. Et moi, j'avais l'impression que j'arrivais, tu vois, pareil, à inventer un petit truc de, ah non, non, là, tu vois, je mentais pour qu'on ne puisse pas penser que j'avais fait des crises. Parce que je me cachais, évidemment, pour manger. Je mangeais avec la personne. éventuellement au restaurant, un repas, pizza, un truc normal. Mais avant et après d'avoir été avec la personne, j'avais fait déjà trois boulangeries. Et après, si je pouvais me cacher dans mon sac, j'avais un truc à bouffer, puis je remangeais. Tu vois, après, c'était que une petite partie de ce qu'était en réalité ce dans quoi j'étais. Et donc ça, j'ai réussi à cacher des mensonges pendant très longtemps à des mecs. Et des trucs, parfois, c'était comique. J'ai déjà raconté ça dans un autre... J'ai déjà inventé des trucs fous. Une fois, j'ai mangé un... Je ne vais jamais avouer d'ailleurs, parce que peut-être qu'il écoute. Une fois, j'étais avec un mec, je suis restée presque un an pendant une période assez critique, c'était vraiment les premières années de lâchage dans la boulimie. Et sa tante lui avait fait, ou sa grand-mère, je ne sais plus, un cake. Un cake pour six ou huit personnes, un gros truc. Et le soir, il l'avait ramené, on avait dormi chez lui, et il l'avait mis dans le placard. Et le lendemain matin, il était parti, il m'a dit, tu claques la porte, je pars avant toi. Et le matin, j'avais pris le cake en me disant, je vais me couper. Je m'étais coupée, tu sais, une petite part normale avec mon café. Et en fait, une sorte de crise de compulsion. Et j'ai mangé le cake entier. Le mec n'avait pas touché au cake de sa grand-mère. Il parle le matin et je me retrouve avec le truc vide. Tu sais, comme si j'avais été... En blackout. Ouais, en blackout. Et là, tu dis, là, il va falloir trouver un narratif. Parce que tu ne peux pas expliquer. Il dit, claque la porte en partant, il n'y a plus le gâteau pour 8. Tu vois ce que je veux dire ? Quand il pense, c'est comique. Et sur le moment, c'était une tueur. Et j'étais là, mais qu'est-ce que je vais faire ? Faut que j'invente quoi ? Et donc, j'avais inventé que j'avais pris une part pour la donner à Mas. Que j'allais à un endroit où je m'étais dit, c'est sympa, il fallait que je ramène un truc. J'avais inventé un truc pour dire, j'ai dû en ramener parce que j'avais oublié que j'avais un truc. Ou il fallait ramener un truc. Et donc, je me suis permise de le ramener. J'avais vraiment un truc à dormir debout. Je ne suis même pas sûre qu'il l'ait acheté à l'époque, mais moi, c'est le seul truc que j'avais trouvé pour lui dire le truc a disparu. Parce que c'était trop la honte. Et donc, tu te retrouves dans des trucs où tu ne peux pas... C'était ça ou lui dire la vérité. Je suis boulimique et c'est pour ça que je fais une crise de boulimie. Et c'était impossible pour moi de le dire. Et aujourd'hui, pour revenir, ça fait 13 ans que je suis avec mon mari. Et pendant très longtemps, j'étais comme ça dans un truc où il voyait bien qu'il y a un truc qui clochait. Il ne l'adressait pas parce qu'il se disait que c'était tabou. Donc, peut-être qu'il ne voulait pas me mettre mal à l'aise. donc il y a tout un truc où il faisait un peu sans mentir passer outre etc Et il y a quelques années, donc maintenant, peut-être ça doit faire 3-4 ans, donc quand même sur 13 ans, c'est pas non plus... Il y a quand même de nombreuses années où il y avait un tabou et un secret. J'ai abordé le sujet de manière détournée pour lui faire comprendre finalement ce dans quoi j'étais grâce à une figure un peu d'alter ego, mais c'est parce que pour moi, c'est comme ça que je le vis, d'alter ego que j'ai nommé la grosse dame. C'est rigolo sur le papier, mais en fait, c'est vraiment un peu ça. C'est comme si c'était... C'est l'entité compulsionnelle, c'est l'entité qui, elle, est capable de te manger le cake parce qu'elle prend possession, si tu veux, de ta tête à ce moment-là. Et donc, j'ai commencé un jour à dire, un jour, je me souviens qu'un jour, la première fois, c'était un jour où justement, je mangeais un peu n'importe quoi un jour. Il a dû dire, bah dis donc, toi hier, t'étais en salle verte, puis là, n'importe quoi. Et tu te sens con parce que tu ne sais pas comment le justifier. Et j'avais dû dire, oui, bah voilà, je suis en journée grosse dame. Voilà, c'est comme ça. Il y a des jours, je dis un peu, voilà, il y a des jours comme ça. la grosse dame est là et quand elle est là, il ne faut pas poser de questions. Et puis après, par contre, quand elle n'est plus là, il ne faut pas poser de questions non plus. Quand elle est là, elle est là et puis quand elle disparaît, c'est une façon de dire, quand elle sera là, je serai dans un excès. Et quand j'aurai décidé de me reprendre, il ne faudra pas me demander pourquoi elle est partie, la grosse dame. Et j'ai dit ce truc-là. Et en fait, il n'a pas compris psychologiquement comment j'en étais arrivée là, etc. Mais il a compris que c'était mon système. Et donc depuis, je n'ai pas honte. De lui dire, genre, ah je te préviens, je suis en grosse dame aujourd'hui. Donc ça veut dire qu'il sait qu'on va se commander un truc de porc le soir et qu'on va être dans ce truc-là parce que je le préviens que je suis dans cette zone-là.
- Speaker #0
Et parfois, je dis, on est parti. Demain, je te préviens, si on ne mange pas ce soir, demain. Et donc, ça me permet de l'intégrer dans notre vie de manière un peu rigolote. Et d'ailleurs, lui, c'est marrant parce que lui-même, parfois, il peut avoir des excès. Il est beaucoup plus OK et normal avec la nourriture. Mais parfois, lui, il me dit, parfois, ça lui est arrivé de me dire, aujourd'hui, j'étais en grosse dame lui-même. Il se l'applique à lui parfois et il dit, il faut que je me reprenne. J'étais trop en grosse dame. donc c'est devenu un truc un peu entre nous qui m'a enlevé une grosse pression parce que du coup j'ai plus à me... cachée comme avant quand il y a des journées où je vais dans des excès.
- Speaker #1
Et puis il n'y a pas de jugement non plus. Du coup,
- Speaker #0
il n'y a pas de jugement parce qu'il voit bien que c'est mon équilibre qu'après je me rattrape en faisant du sport, en étant dans un truc d'alimentation saine et non pas en mangeant une pomme. Parce que voilà, maintenant quand je me reprends, c'est pas en faisant n'importe quoi. Quand je me reprends, c'est en mangeant des choses bonnes pour moi, dans un truc plus raisonné. Donc il ne se dit pas que je suis en train de me mettre en danger. Il se dit juste que c'est sa régulation personnelle. Et on a tous finalement des béquilles. et je pense que chaque personne qui a des troubles alimentaires dont il se sort a... sa recette personnelle. C'est la mienne. Mais je pense qu'il y a autant de recettes que de gens, quoi.
- Speaker #2
Ah oui, c'est sûr. Voilà.
- Speaker #0
C'est ça qui est incroyable. C'est que c'est des choses qui te marquent. Mais les dégâts et la façon dont on se les trimballe, elles s'ancrent différemment pour chacun, je pense.
- Speaker #2
Et puis émotionnellement, maintenant, comme c'est quelque chose qui... Tu te connais mieux aussi, j'imagine, émotionnellement et t'es plus stable émotionnellement. Donc ça fait moins peur déjà de le partager. voilà et du coup t'es plus stable aussi dans tes troubles alimentaires c'est juste Ça paraît plus simple, plus sain.
- Speaker #0
Oui, c'est moins une montagne pour moi. Quand je l'envisage avant, ça me semblait infranchissable. Et puis surtout, le fait d'en parler aussi. C'est aussi pour ça que je me suis mise à beaucoup plus ouvrir la parole sur ces sujets-là et moins m'en cacher. Parce que c'est aussi une façon de normaliser ces problèmes. Et plus on les normalise, moins ça devient des fantômes énormes. Plus on les rend au cœur de nos vies, parce que ça fait partie intégrante de notre vie, la nourriture, c'est quand même le truc. Ça et respirer et boire. C'est quand même tous les jours au cœur de notre vie. On ne peut pas le mettre de côté. Donc, c'est tellement au cœur de nos vies que d'en parler et de rendre ces problèmes-là plus tangibles, plus concrets, plus réels, ça nous donne aussi un pouvoir dessus. Et ça, c'est pour ça que c'est bien de continuer d'en parler, de se sentir moins seule. À chaque fois que j'en parle, ça peut être un podcast ou dans la vie, même en partageant avec une copine ou quelqu'un ou quoi de mon passé, eh bien, deux fois sur trois, la personne, elle est concernée déjà. Tu découvres des trucs incroyables sur les gens qui n'osaient pas t'en parler, tout comme les violences ou des trucs de viol. Mais comment ça ? Pourquoi on a abusé ? Parce qu'en fait, toi, tu as ouvert la voie. Et quand moi, j'en parle, je me rends compte que ça touche 90% des gens et que souvent, on me dit, putain, mais je me pensais être la seule folle à être comme ça. Et en fait, je me rends compte que je ne suis pas seule. Et ça enlève un truc aussi de se sentir dans une solitude. Quand tu dis, putain, mais toi aussi, tu fais ça. Toi aussi, tu es intégrée. toi aussi tu peux d'un coup te dire du matin au soir que tu as bouffé n'importe quoi etc Et en fait, ça participe justement à moins diaboliser tout ça. C'est pour ça que je suis assez contente de continuer cette voie-là, soit pour éviter que d'autres commencent, malheureusement, tombent dans ce travers. Si c'est possible, c'est bien. Et puis sinon, pouvoir aider à se sentir moins isolée.
- Speaker #1
Est-ce que tu as eu un suivi un peu psychologique pour remettre sur les rails ? Parce que ça, c'est conseillé ?
- Speaker #0
C'est bien sûr conseillé. Moi, j'ai vu, j'ai plusieurs fois, j'ai fait plein de thérapies, d'ailleurs, pas que de la psy, j'ai fait de la psychanalyse, mais j'ai fait aussi pour les addictions alimentaires, d'autres thérapies, l'hypnose, la kinésiologie. Moi, je crois pas mal aussi aux thérapies un peu alternatives, etc. Sur la mémoire cellulaire, tu vois, le fait que ton corps garde tout. Et pendant ça, ça c'est sûr, de toute façon, c'est prouvé, le corps est dans le ventre de ta mère. Tu as des choses qui sont imprimés. Du coup, il fallait aussi déprogrammer plein de choses. différentes thérapies plus ou moins courtes. de thérapie plutôt courte pour décocher des liens, des schémas. Ça m'a beaucoup aidée à l'époque. La kinésiologie, j'avais déjà vachement aimé à déprogrammer la compulsion, le principe de compulsion extrême comme ça. Et après, plus tard, j'ai fait différentes techniques autour du principe de reprogrammation cellulaire de ton cerveau. Tu reprogrammes des choses positives à la place de choses névrotiques. Et ça, ça m'a pas mal aidée dans mon chemin au-delà de la thérapie classique. T'analyses de pourquoi est amère et si et ça. Et ça, c'est sûr. Moi, tous mes problèmes aussi liés à la nourriture, ils viennent aussi de ma maman. C'est un fait. Mais ça m'a vachement aidée à les réguler aussi. C'est toujours bien d'être accompagnée pour tout.
- Speaker #2
C'est aussi pas mal de transgénérationnel.
- Speaker #0
Oui, ça, c'est sûr. En tout cas, moi, je sais que de ma mère, ça vient de ma mère qui, elle-même, elle a des problèmes alimentaires. Elle en a toujours eu. On l'a toujours vu. Nous aussi, on s'est toujours interrogés avec une relation sur le fait de pourquoi elle mange rien là puis... elle mange rien de la journée, puis d'un coup on la voyait beaucoup manger le soir. déjà j'ai des souvenirs d'enfants de me dire ah c'est pas comme toutes les mamans tu vois T'as un truc où tu te dis, mais sauf que tu mets pas de motu, elle non plus n'en met pas. Après, ma mère, elle a toujours travaillé dans la mode, c'est un milieu aussi où c'est beaucoup sur l'esthétique de la minceur. Donc, elle-même, c'est quelque chose qu'elle aime. Elle a des corps minces, donc c'était ce que je la voyais trouver beau. Donc, c'est aussi forcément, inconsciemment, elle ne me l'a jamais dit. On ne m'a jamais dit à Joséphine, dis donc, tu serais bien si t'étais mince. Mais, je le sentais que finalement, si j'ai voulu qu'elle me trouve belle, peut-être que je serais... qu'elle me trouve magnifique. Tu vois, ce n'est pas que la société, le fait que je voulais faire du mannequin à l'époque. C'était aussi parce que je me disais que ma mère, qui elle-même étant entourée de mannequins toute la journée, c'était son travail, me trouverait aussi magnifique si j'étais mince. Donc, c'est tout ce truc-là qui se joue derrière, je pense.
- Speaker #2
Et même dans ta famille, il y avait beaucoup de gens qui ont été touchés.
- Speaker #0
Alors du coup, oui, mais moi, j'ai un frère, du coup, de ma maman, j'ai un frère et une sœur, et les trois, on avait des problèmes alimentaires. donc tu vois c'est quand même pas un hasard quand t'es 3 sur 3 c'est qu'il y a forcément un noyau, c'est notre mère. On n'a pas les mêmes papas avec mes frères et soeurs, on a notre mère en commun. Et c'est marrant, on a tous ce problème-là différent. Ma soeur, elle a été dans l'autre sens. Ma soeur a été depuis tout bébé boulimique, obèse, obèse morbide, carrément, obèse américaine. Pendant 16 ans, mais vraiment les caricatures aux States, ce level de gros. Et elle est devenue anorexique dans l'autre sens. C'est-à-dire qu'un jour, je ne sais plus exactement, je ne pourrais pas te dire le déclic, mais elle a eu un déclic. Elle est devenue anorexique et elle s'est mise à... Elle non plus ne vomissait pas. Elle partageait la même phobie que moi du vomi. Donc, elle l'a fait finalement comme moi, sauf que pas dans le même ordre, parce que moi, je n'ai jamais été grosse avant de... Et elle est devenue anorexique quasi du jour au lendemain. Elle est devenue très, très maigre. Alors, elle, pour le coup, beaucoup plus longtemps que moi. Moi, ça a duré à peu près deux ans. Et bien, ça n'a pas eu des années. Aujourd'hui, elle a dix ans de moins que moi, elle a trente ans. Donc, on va dire qu'elle a eu… presque dix ans d'anorexie totale. Elle est repassée par une phase. Elle, c'est très émotionnel, pour le coup. C'est la nourriture qui va compenser et apaiser quelque chose lors du mal-être, etc. Et en fait, depuis, elle me dit, c'est marrant, parce qu'elle a eu une phase où elle a repris du poids, parce qu'elle était avec un homme et qu'elle se passait bien et qu'elle était bien heureuse dans un truc. Elle avait trouvé une voie de quelque chose qui la nourrissait autrement. récemment, je l'ai revue, parce qu'on ne voit pas non plus énormément, et elle avait remécrit, j'ai retrouvé qu'elle... Et d'un coup, j'ai fait, ah, là de nouveau. Et elle me dit, elle avait un projet qui était tombé à l'eau, et elle était dans une mauvaise période par rapport au fait que son projet n'avait pas abouti, qu'elle n'était plus portée par quelque chose, et plus, on va dire, nourrie par un projet. Et elle m'a dit, cette fois-là, elle m'a dit, écoute, je me rends compte que je rebascule dans des crises d'anorexie quand ça ne va pas, quand je ne suis pas épanouie, c'est assez classique au final, elle fluctue selon. son épanouissement personnel dans des périodes de plus ou moins d'anorexie. Et peut-être que si d'un coup, un truc se fait positif pour elle, elle va peut-être, je lui souhaite, repartir vers un équilibre. On n'est pas dans un équilibre, dans tous les cas, c'est encore problématique, mais je lui souhaite de pouvoir être nourrie par d'autres choses, parce que c'est très important aussi, symboliquement. Moi aussi, pourquoi j'ai moins de problèmes aujourd'hui ? Parce que je m'épanouis extrêmement professionnellement, personnellement, en tant que femme et en tant qu'artiste. Je pense que si j'étais sur le bon chemin, en tout cas de là où je veux aller, je serais peut-être encore vachement plus dans un truc aigu, je pense.
- Speaker #2
Oui, c'est sûr, entre l'émotionnel et l'appréhension.
- Speaker #0
Oui, quand on dit qu'on est nourri par des choses, c'est aussi ça. Ça me remplit des endroits qui me donnent tellement d'apaisement que j'ai moins besoin de me réfugier dans ces problèmes.
- Speaker #2
Est-ce que tu aurais un conseil ou quelque chose à donner à des jeunes filles ? plus ou moins jeunes, mais des femmes qui sentent qu'il y a quelque chose qui est un peu déréglé avec la nourriture.
- Speaker #0
Mais déjà, est-ce que là, c'est une question que je vous pose, mais est-ce que vous ne trouvez pas, parce que moi, j'étais la génération où j'ai commencé à avoir des problèmes, c'était la génération Kate Moss, tu vois, c'était la génération, les mannequins brindilles, etc. Maintenant, depuis quelques années, on a quand même d'accord, je parle quand même d'une boumeuse, mais que maintenant, c'est vachement les femmes qui sont valorisées dans la société. Depuis les Kim Kardashian, etc. Beaucoup les nids criminels, peut-être toutes ces femmes qui sont powerfull, même les Beyoncé, etc. Aujourd'hui, je vois vachement plus de jeunes filles qui ont des formes et qui les mettent en valeur. Vraiment, tu vois, des leggings, des trucs où elles vont mettre leur volume en valeur, alors qu'avant, il ne fallait complètement pas du tout les cacher. Est-ce que ça, ça n'aide pas déjà la société, de manière plus large, à valoriser au contraire les formes ? Hormis le côté body positive, c'est qu'il y a quelques années, qui est encore un peu hypocrite, des trucs un peu marketing, du genre on met une grosse dans la pub pour faire genre on aime tout le monde. Ça, je suis toujours un peu sceptique, moi, avec tout ça. Je trouve que... Tu vois qu'il y a marqué opération de com, on veut vendre plus de produits, tu vois. C'est rarement... Il y a des marques pour qui c'est sincère, je trouve, mais pas toutes. Donc, il y a ce truc-là, mais c'est toujours mieux. Au moins, c'est bien, parce que ça veut dire Ça montre dans le paysage que toutes les femmes, les vraies femmes, elles sont comme ça. Mais... Est-ce que tout ça, ça n'aide pas déjà aujourd'hui la société et les jeunes filles à avoir moins de la corde sensible sur « putain, il faut que je sois maigre parce que c'est la fille de cette pub qui incarne la beauté absolue » . Je ne me rends pas compte, tu vois. On en parlait avec
- Speaker #1
Lola et elle disait que le truc, c'est qu'effectivement, c'est toujours des modes. Tu vois, tu vas passer de Twiggy à Marilyn Monroe,
- Speaker #0
après un jour.
- Speaker #1
Et là, on redescend quand même un peu dans la maigreur. On retourne un peu.
- Speaker #0
Parce qu'il y a eu quand même un peu un âge d'or. Et puis de toute façon, quand le moment où c'est les gros culs qui sont à coup sur la mode, les meufs qui n'ont pas de cul, elles sont du coup complexées aussi. Dans les deux cas, tu as des perdantes dans les deux sens.
- Speaker #2
C'est surtout le problème à l'image. Aujourd'hui, le rapport à l'image est très fort et de plus en plus jeune.
- Speaker #0
C'est ça qui est un problème. Je pense que le conseil que je donnerais aux jeunes, c'est justement de s'éloigner du contenu qui va les rendre de toute façon malheureuses. Parce qu'à la fin de la fin, je suis désolée, mais tous ces réseaux sociaux, et même pour nous, pas que pour les jeunes, ça nous met plutôt dans le mal que dans le bien à la fin. Ah bah oui, clairement. C'est très très rare que tu ressortes d'une session de binge-watching de réseau et que tu te sentes hyper bien dans ta vie. Il y a toujours un truc qui va te faire te dire que t'es moins bien, que t'es une merde, que pourquoi t'as pas fait ça, pourquoi toi t'es pas là, c'est quand même toujours fait pour nous foutre dans le puits. Donc moi ce que je donnerais comme conseil aux jeunes déjà, c'est de s'éloigner au maximum de cette sphère-là. Au maximum, parce qu'on sait que c'est impossible d'en être complètement... si jamais tu es détaché, d'un coup, tu es... ou aussi le weirdo du groupe parce que personne n'a pas de réseau non plus. Donc, il y a un équilibre à trouver. Tu vas dire, ben non, moi, j'ai pas de téléphone. On va te regarder comme si t'étais un débile. Donc, tu peux pas rien, mais de ne pas être dans ce truc de tous ces filtres, de tous ces retouches, de tous ces trucs qui te dévoilent de la vraie vie. Tu vois, c'est être dans le vrai, être dans la réalité, être avec les gens, en fait, parler avec les gens, être dans des vrais rapports, pas être que dans des trucs contrôlés, pas calibrés, coupés, illuminés dans un truc où tu te dis à la fin, ce n'est plus la réalité. Moi, je pense que je conseillerais aux autres de se voir entre eux, de parler, d'être dans des vrais moments et de se rendre compte que dans la vraie vie, on n'est tous vraiment pas pareil que derrière nos écrans. Ça, c'est un truc de base déjà que je conseillerais si je devais avoir d'un coup une petite sœur ou un enfant de l'âge d'un adolescent. Ça, c'est sûr. Et après, je pense que je reconsidérerais ce que je vous ai dit tout à l'heure sur le fait de faire très attention parce que les conséquences sont lourdes. Peu importe chaque choix, chaque action faite, de se rendre compte que si on l'a fait, ce n'est pas pour le résultat immédiat, mais il faut se penser à... C'est quoi le boulet que tu vas traîner toute ta vie ? Quand tu reprends chaque action en disant chaque action, elle compte pour toute ta vie, tu réfléchis peut-être deux fois avant de la faire. Donc je leur dis, je les mettrais en garde sur le fait de ça ne sera pas sans conséquence. Est-ce que vous voulez les prendre ? Est-ce que vous êtes prête à les prendre pour votre vie ? Est-ce que vous êtes prête à signer pour toute une vie de conflits, de souffrances, de fatigues ? Si tu veux, ok, mais tu sais. Moi, si j'avais su, je ne l'aurais pas fait. Donc c'est aussi informer pour dire, vous le faites en pleine conscience. Tu veux être maigre ? À quel prix ?
- Speaker #2
Après, c'est marrant, ça me fait penser comme quand on dit la cigarette, même si t'es jeune,
- Speaker #0
tu sais que c'est pas bon.
- Speaker #2
Mais est-ce que tu t'empêches de le faire aussi ?
- Speaker #0
Ça dépend pour quelle raison. Tu vois, moi, à l'époque, la cigarette, moi, j'ai jamais fumé. Enfin, j'ai fumé justement une clope parce que je voulais évidemment faire comme tout le monde et essayer. J'ai détesté, j'ai eu la nausée, je me suis allongée, j'avais crevé, j'ai plus jamais touché une cigarette de ma vie, point barre. Ça m'a pas pu, j'ai arrêté parce que je ne me sentais pas à ce moment-là prise dans l'injonction pour faire comme les autres et être cool et être accepté par ce groupe-là. Ce n'est pas passé par là pour moi. Donc, j'ai eu la chance. sinon j'aurais continué jusqu'à temps que ça ne me dégoûte plus et que je fume comme tout le monde pour être accepté c'est toujours pareil, c'est des dynamiques d'acceptation être accepté par l'autre, c'est à dire que oui tu sais que c'est pas bon mais si tu sais que si t'es mince, le mec que t'aimes bien c'est là qu'il va vouloir te pécho, bah tu vas quand même y aller parce que tu veux le mec, il y aura toujours un lien de causalité avec autre chose à ce moment là, mais c'est pour ça c'est là où il faut se dire, attends mais pause dézoome, est-ce que vraiment de vouloir pécho ce mec-là, ça vaut le coup pour après tout ça, en fait. Et c'est là où il faut avoir un peu la tête froide, parce que quand t'es à chaud, tu te dis toujours « Oui, moi je veux le gars, c'est pas grave » . Je vais perdre 10 kilos pour qu'il veuille de moi. Imaginons. Même si c'est vraiment un sale raisonnement. Mais on a pu, tu vois, pour avoir ça. Je ne sais même pas, pour avoir ce rôle, je veux ce rôle-là. Et tu le fais. Mais OK, est-ce que ça, ça vaut vraiment le coup de toute ta vie derrière que tu te flingues ? La santé, le mental et tout ? À la fin, franchement, ça ne les vaut pas, tu vois. Mais pour ça, il faut avoir la tête rouge pour raisonner comme ça. Et quand tu es jeune, en effet, tu n'es pas non plus dans une sorte de sagesse. Comme j'aurais aimé me parler à 16 ans, mais est-ce que j'avais la maturité émotionnelle de l'entendre comme ça à 16 ans ? Je ne sais pas. Je ne sais pas. C'est pour ça aussi qu'il faut se faire accompagner par des thérapies. Aussi, si on sent qu'on est fragile, tout de suite, consulter peut-être quelqu'un pour être accompagné et exorciser aussi tout de suite peut-être des névroses qui s'installent. Ça, c'est sûr.
- Speaker #2
On arrive à la fin déjà.
- Speaker #0
Oh là là ! Allez les jeunes ! Je suis sûre que ce n'est pas que des... C'est plutôt... Je pense que c'est des gens de tous âges qui se sont concernés.
- Speaker #1
Oui, il n'y a pas d'âge. On l'a déjà dit. Il y a beaucoup de femmes pour qui ça arrive à la ménopause,
- Speaker #0
à l'anorexie. J'entends beaucoup parler en ce moment de femmes qui traversent ça. Deux, trois fois à la réception, j'ai été coincée avec des femmes qui sont en train de l'expérimenter. Et franchement, ces traumatismes, moi ça m'a fait ça a commencé à me foutre les jetons
- Speaker #2
On a fait une émission sur la médecine.
- Speaker #0
Ah ouais. Il faut que tu écoutes la dose. Il y a mille façons de le traverser. J'ai des histoires comme une grossesse. Il n'y a pas deux histoires pareilles. Mais il y a des trucs qui se recouvrent. Tu te dis, c'est le moment où tu peux aussi parler. Tu n'as plus le contrôle, en fait, sur ce que devient ton corps. Et donc, évidemment, peut-être que la seule manière d'espérer regagner un contrôle, c'est de passer dans l'anorexie. C'est horrible, mais je peux comprendre aussi. Je peux tout à fait comprendre le lien. C'est terrible parce que c'est toujours un truc d'extrême. Dans les tendances, on pouvait arriver à faire un truc un peu en... paix, un peu sage, un peu ordeuil. Parfois, tu as tellement une peur ou un truc, tu es obligé d'être dans un truc le plus...
- Speaker #2
Après, dans l'émission, ça se préparait vachement en amont et pas que quand ça tombe de plus, c'est beaucoup plus compliqué comme tout. Mais là, si le préparer en amont, même à partir de la fin de la trentaine, début 40 ans, se dire même si ça arrive à 50, en se préparant, il y a plein de petits conseils, il y a plein de choses à revoir, à aller chercher.
- Speaker #0
Quand tu commence à sentir des symptômes, tu veux dire ?
- Speaker #1
non pas forcément même avant parce que t'as la préménopause où t'as quasiment pas de symptômes en fait et ça arriverait longtemps d'ailleurs ça arrive une dizaine d'années quoi ?
- Speaker #0
si ça se trouve on est tous en préménopause bien sûr mais oui oui mais c'est pas grave en même temps non mais si on peut appliquer déjà des choses qui permettent d'y arriver plus doucement c'est clair que c'est hyper positif ouais t'écouteras l'épisode je te jure à la fin tu diras vivement
- Speaker #1
la ménopause c'est ok C'est vrai,
- Speaker #0
c'est court après.
- Speaker #2
C'est le mot de printemps.
- Speaker #0
Trop bien.
- Speaker #1
Elle appelle ça le nouveau printemps, la middle life.
- Speaker #0
Et elle adore. Parce qu'elle l'a su aussi le prendre justement dans le bon... Exactement. C'est sûr que je vais m'en inspirer parce que je le conseillerais à des gens aussi qui le prennent un peu tard.
- Speaker #2
Elle a écrit un super bouquin qui s'appelle Ménopause métamorphose.
- Speaker #0
Il est vachement bien.
- Speaker #1
Merci Joséphine en tout cas.
- Speaker #0
Merci à vous.
- Speaker #1
Merci beaucoup. Et puis nous on se dit à très vite.
- Speaker #0
Voilà.
- Speaker #2
Flamme des années 80
- Speaker #1
Le podcast qui allume la femme