- Speaker #0
Flamme des années 80.
- Speaker #1
Le podcast qui allume la femme.
- Speaker #0
Bonjour, donc on est toujours au mois d'octobre et on parle toujours de nutrition. Et aujourd'hui, on a la chance de recevoir Marie qui va nous parler des troubles du comportement alimentaire.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Donc, merci d'être là,
- Speaker #1
Marie. Merci à vous de me recevoir.
- Speaker #0
Est-ce que tu veux te présenter en quelques mots ?
- Speaker #1
Je suis comédienne. J'ai vécu dans le Sud. Je suis montée à Paris quand j'avais 20 ans. Je viens d'une famille bourgeoise. Comment te dire ? Qu'est-ce que tu veux que je te dise de plus ?
- Speaker #0
C'est arrivé à quel âge justement tes problèmes de troubles alimentaires ?
- Speaker #1
Moi, c'est plutôt particulier parce que je viens d'une famille où il y a eu pas mal de troubles alimentaires. J'ai vécu dans une famille où ma sœur a été anorexique à l'âge de 13 ans. C'est une maladie que j'ai côtoyée de près. J'étais... complice de ma sœur aussi à surveiller les toilettes quand elle se faisait vomir. C'est une maladie que je connaissais très bien à la maison, qui a créé des complications aussi pour moi, parce que j'étais celle qui allait bien. Mais t'es la petite sœur ? Voilà, je suis la petite sœur.
- Speaker #2
Et pendant que tu la protégeais, qu'elle vomissait, tu comprenais ce qui se passait ?
- Speaker #1
Oui, je comprenais que ça n'allait pas. Ma sœur a commencé à devenir très maigre, vraiment dans ce besoin de minceur extrême. En effet, quand j'étais plus petite qu'elle, ça me choquait un peu de la voir d'un coup s'amaigrir comme ça. C'était quelque chose qui me faisait un peu de mal pour elle. T'avais quel âge toi ?
- Speaker #0
Elle avait 13 ans et tout ?
- Speaker #1
Moi, j'avais 12 ans.
- Speaker #0
Ah oui, d'accord, vous avez vraiment peu d'écart.
- Speaker #1
Peu d'écart. C'est quand elle est revenue de Londres, en fait. C'est vraiment le retour de Londres où elle est partie trois semaines à Londres. Donc, elle était en quatrième, moi j'étais en sixième. Et on est allé la chercher au train. Et là, j'ai vu ma sœur hyper amaigrie, transformée. Ça m'a vraiment choquée. C'était un choc un peu. Et puis, c'est une maladie qui nous a accompagnés, mes parents et moi, et surtout elle, pendant un bon moment. Et tout était autour de la maladie. C'est-à-dire que quand une maladie comme ça arrive, tout se fait autour de quelqu'un qui ne veut pas manger, qui ne veut manger que ça. C'est très autoritaire. Et puis après, selon les familles, tu as aussi une famille qui se dit, enfin mes parents se disent, on va s'en sortir sans... On va y arriver, on va la coacher, on va y arriver. Et donc, tout tourner autour de ça, les repas, les voyages, rendre, redonner vie, redonner l'envie à cet enfant de vivre. Parce qu'en fait, c'est ça, l'anorexie aussi, il y a quelque chose d'un petit peu suicidaire aussi là-dedans. On ne se nourrit plus, donc on ne veut pas vivre. Enfin, si on ne se nourrit plus, au bout d'un moment, on meurt.
- Speaker #0
Et toi, tu regardais ça avec tes yeux d'enfant ?
- Speaker #1
Ben... Moi, je voyais ça... Alors au départ, je pense que je ne comprenais pas très bien. Mais au fur et à mesure, j'étais celle qui coachait ma sœur, qui avait envie que ça aille bien pour elle, qui disait allez, vas-y, la vie c'est beau, de toute façon, t'es gros, t'es maigre, c'est pas ça l'important. J'étais la gamine pleine de vie, pleine d'envie. Et puis, j'ai pris le rôle de la sauveuse, et puis j'ai pris le rôle de celle qui allait bien.
- Speaker #0
Et à l'époque, tu avais des rondeurs en plus,
- Speaker #1
toi ? Oui, en fait, on nous comparait souvent. Moi, j'étais la pomme et il y avait la tige. Tu vois, j'étais vraiment une pomme. J'étais tout en rondeur. Et il ne me semblait pas que j'avais des problèmes d'alimentation. Mais vraiment, je ne me vois pas me poser une question sur ce que je mange, comment je le mange, est-ce que je suis grosse, maigre ? Mais c'est venu par le regard aussi de ma sœur. Je pense qu'insidieusement, il y a quelque chose qui s'est passé aussi. C'est-à-dire que... Quand on a quelqu'un qui a cette vision-là, ah ok, alors est-ce que moi, c'est normal que je sois si ronde ? Est-ce que c'est normal ? Ah oui, d'accord, il faudrait peut-être que je sois... Ça vient aussi forcément m'impacter. Ce qui impacte, c'est aussi... Moi, j'avais moins mes parents pour moi. Cette maladie, elle prend vraiment toute la place. Et puis, je prends le rôle de celle qui va bien. Et puis moi, je n'ai pas de problème. Et puis alors, surtout pas. Il ne faut pas en avoir. Non, mais surtout de ne pas en avoir. Et puis, je ne vais pas poser de problème non plus. En fait, je ne me rends pas compte. De toute façon, c'est quelque chose qui se fait naturellement. Je ne sais pas, moi, je pense que j'ai dû sauver ma peau aussi. Après, j'étais dans un contexte familial qui n'était pas forcément évident aussi. Il y a ça aussi, il y a des terreaux pour que ces choses aillent.
- Speaker #0
Il y avait déjà eu de l'anorexie dans ta famille ?
- Speaker #1
Oui, il y avait de l'anorexie dans d'autres... Je ne vais pas les citer ici parce qu'elles ne sont pas forcément... pas forcément d'être citée, mais j'avais dans ma famille d'autres personnes qui étaient bien malades, dont une très très malade. Ma mère, je pense qu'elle a fait de l'anorexie aussi. C'est toujours quelqu'un qui a contrôlé son poids. Après, je ne voudrais pas parler pour elle, mais je pense que c'est quelqu'un qui a aussi été dans ce truc-là. Et puis, oui, je pense qu'elle a, malgré elle, insufflé quelque chose comme ça, de il faut manger comme ci, il faut... ne pas manger comme ça, attention là, tu as tes règles, tu vas commencer à grossir. Donc d'un coup, l'alimentation a changé à la maison, on ne mangeait que des graines ou on ne mangeait plus de gluten. Il y avait des choses comme ça où en effet, il y avait quand même... quelque chose au niveau de l'alimentation, tu vois, de...
- Speaker #0
De contrôlant.
- Speaker #1
De contrôlant.
- Speaker #0
C'est quelque chose qui ressort dans la maladie, justement, le contrôle ?
- Speaker #1
Ah ben, c'est que du contrôle. Enfin, c'est surtout aussi, il y a aussi beaucoup de hors contrôle. Mais au départ, c'est que du contrôle. En fait, pour parler juste de mon expérience, c'est que moi, j'étais une gosse qui paraissait totalement saine avec ça. Je suis partie très vite de chez moi parce que justement, je crois que... C'était très anxiogène aussi d'avoir quelqu'un de malade. Ma place était compliquée à trouver. Et puis, je pars à Paris, je suis comédienne. J'ai tracé, j'ai fui. C'est vraiment inconscient, c'est que j'ai fui. Je n'ai surtout pas voulu voir ce qui pouvait se passer pour moi. Je pense que... Après, je ne sais pas comment c'est arrivé exactement. Je pense que moi, j'ai fait une anorexie tardive. J'ai fait une anorexie, j'avais 23 ans. C'est arrivé, je pense, parce que je pouvais la faire. Je pense que sinon, je serais peut-être morte. Je pense que c'est peut-être là où j'ai eu de la chance. C'est que j'ai pu la faire. J'ai pu la faire et j'ai pu la vivre. Peut-être que si j'avais eu à 14 ou 15 ans, déjà, il y avait la place qui était prise. Et je pense que je n'aurais peut-être pas pu la combattre, enfin en tout cas m'en sortir. Donc c'est arrivé comme ça, et c'est arrivé bizarrement, c'est-à-dire que j'ai connu la minceur. Vu que j'étais une ancienne, j'étais très ronde, enfin très ronde, j'étais une belle boulangerie. J'ai connu la minceur, d'un coup, je ne sais pas ce qui s'est passé. Alors peut-être que j'étais déjà malade, ça c'est vraiment, je ne sais pas comment l'expliquer, mais j'ai connu, voilà, j'ai minci.
- Speaker #2
Tu ne te souviens pas d'un élément déclencheur, un truc ?
- Speaker #1
Un chagrin d'amour ? Oui, un chagrin d'amour, une rencontre d'un nouvel amoureux. Et peut-être qu'il y a quelque chose qui s'est allégé. Mais peut-être que déjà, je me rendais compte que ça n'allait pas. Je n'allais pas bien, en fait. Je n'allais pas bien, c'est certain. J'allais mal. Puisqu'il s'est avéré qu'après, je suis quand même tombée dans quelque chose d'hyper violent. Donc, il y a une sorte de... Je pense qu'il y a chez moi, il y a eu quelque chose de voilé, d'être celle qui est solaire, qui est toujours de bonne humeur, qui va bien, celle qui va bien prendre cette place-là. Puis en fait, je n'allais pas bien. Je n'allais pas bien du tout. Voilà, et puis cette minceur arrivant, waouh ! Alors ça, c'est un truc. Tu vois, quand tu n'as jamais été mince, tu es mince. Tu es mince et le regard des autres aussi change. C'est-à-dire que d'un coup, c'est mais dis donc, tu es vachement belle ! Tu as ta mince, le regard des femmes. Les femmes, je pense que vraiment, je crois que c'est les femmes entre elles qui sont le plus… C'est les femmes qui aiment la minceur. C'est les femmes… On se regarde beaucoup quand même. On est quand même… C'est les femmes. Je ne sais pas comment expliquer.
- Speaker #0
C'est toujours très valorisant de se dire que tu as minciille. Alors que toi, tu peux mincir,
- Speaker #1
mais ça ne va pas du tout. Non, ça ne va pas du tout. Et puis, en plus, ça te creuse, ça te vieillit. Ce n'est pas forcément là où tu es la plus belle, mais du tout. Tu n'as plus de seins. Ta peau, elle est plus tonique. Parce que c'est le maigrelet quand même. Mais bon, il s'avère que... je ressens ce truc-là. Et puis, j'arrête de fumer. J'arrête de fumer à cette époque-là et je regrossis. Et je regrossis sans me rendre compte. Et je regrossis. Et là, on va savoir ce qui se passe. On me dit, il suffit de faire un régime. Moi, j'avais jamais fait de régime de ma vie. Et puis surtout, d'où je viens, les régimes. Et donc, j'ai arrêté de manger.
- Speaker #0
Super régime.
- Speaker #1
Oui, j'ai arrêté. Et là, vraiment, j'ai arrêté de manger. Mais j'ai arrêté de manger. Et là, j'étais malade. Mais là, pour le coup, peut-être que ça a commencé avant. Mais en tout cas, là, j'étais malade. J'ai arrêté du jour au lendemain. Vraiment, ça a été...
- Speaker #2
Tu n'as pas repris la clope ?
- Speaker #1
Non, non, non, je n'ai pas repris la clope. Là, je refume un peu. Mais je ne suis plus du tout malade. Et ça n'a plus... Voilà, ce n'est pas... Mais en tout cas, c'est vrai que, mine de rien, l'arrêt de la cigarette, c'était certainement aussi mon voile. C'est-à-dire que tu ingères quelque chose, ta tétine, ça a à voir aussi avec une destruction, quelque part, de fumer, de t'ingérer quelque chose dans ton corps. Comme, c'était pas... inintéressant. Je pense qu'il y avait du lien aussi là-dessus.
- Speaker #2
Ce qui est intéressant, c'est que souvent, quand tu arrêtes de fumer, tu grossis. Et les trois quarts des femmes qui reprennent, c'est parce que justement, elles grossissent. Oui. Donc en fait, c'est pour remégrer. Remégrer. Elles refument. Oui. Et toi, tu choisis de continuer ta lignée d'arrêter de fumer. Et du coup, tu continues d'arrêter de manger.
- Speaker #1
De manger. Oui, tout à fait. Tu arrêtes tout. J'arrête tout. Oui. J'arrête tout. Mais alors, je ne me rends pas compte que je suis malade. Moi, c'est hyper bien pour moi. J'arrête de manger. Je suis hyper mince. Un truc qui ne m'est jamais arrivé. Je mets du 34. Je suis hyper contrôlante, je contrôle tout. Tout le monde trouve que je suis... T'es vachement changée.
- Speaker #0
Et tu étais comédienne à l'époque ? Oui,
- Speaker #1
j'étais comédienne. Et puis, j'avais l'impression d'être vraiment très puissante. L'anorexie, elle te rend... Je ne sais pas, ça me rendait puissante. Quelque chose comme ça, où d'un coup... Et puis même, ton corps, tes os, c'est très étrange. Mais tu sens tes os, tu vois tes côtes. C'est beau, quoi. Mais il y a quelque chose comme ça qui est... Je ne sais pas comment vous expliquer. C'est... Ouais, mon jean qui tombe, tu vois, mon petit ventre à l'air. Mais il y a un truc très enfantin aussi. Tu vois, d'un coup, tu n'es plus une femme, quoi. Tu es un corps de gosse. Parce qu'une femme, en fait, c'est des hanches, c'est des seins, c'est ça, être une femme. Ce n'est pas être un bâton.
- Speaker #0
À quel moment tu as commencé à t'inquiéter ?
- Speaker #1
La première fois où je me suis fait vomir. Je ne me suis pas rendu compte que j'étais malade avant la première fois où je me faisais vomir.
- Speaker #0
Et ça a duré longtemps avant que tu me fasses ?
- Speaker #1
Je pense que j'ai commencé à me faire vomir au bout d'un an et demi. Pendant un an et demi.
- Speaker #2
Du coup, le chemin, c'est quoi ? C'est t'arrêtes de manger, mais c'est-à-dire que tu es obligée de te nourrir sans rêve ?
- Speaker #1
Je me nourris un peu de temps en temps de salade. Ou quand je suis à l'extérieur. À l'extérieur, il y a des cacahuètes, je vais manger des cacahuètes. Après, je mange des pommes, je mange des choses qui sont... Il faut se nourrir quand même un petit peu, mais...
- Speaker #0
Un peu de malaise, tout ça ?
- Speaker #1
Non, mais parce qu'en fait, moi, je ne suis jamais tombée dans un truc non plus comme certaines, où il a fallu... Parce que je suis tombée dans la boulimie assez vite, en fait. Après, une fois que tu tombes dans la boulimie, en fait, tu te nourris. Tu te fais vomir souvent, mais en fait, ça ne se voit plus. Ça se voit quand tu es maigre. Ça se voit quand tu maigris. Ça se voit qu'il y a du changement. Mais une fois que tu finis par être boulimique, ça ne se voit pas. Il y a plein de gens, je pense, qu'on ne les voit pas, mais moi, je les vois. Moi, je vois des gens qui ont des problèmes alimentaires. Je les vois. Tu vois ça comme ça ? Oui, je les vois au choix de la carte. Quand elles vont garder une carte pour manger, je les vois trier leurs assiettes. Je les vois. On se reconnaît. Je vois quelqu'un qui a un problème alimentaire, je le vois. Je le vois parce que je me vois quand j'étais dans ça. Donc, oui, je les vois.
- Speaker #0
C'est une grande souffrance quand même.
- Speaker #1
Quand t'es dedans, c'est horrible. C'est juste horrible. C'est horrible. C'est horrible parce que... En plus, le truc était vraiment le plus horrible pour moi. C'est-à-dire que c'est une maladie que je connaissais tellement bien que qu'est-ce que je fous dedans ? Il y avait quelque chose de complètement dingue. Je me disais, mais attends, mais qu'est-ce que tu fais là, Marie ? Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Je veux dire, elle m'a accompagnée tout le temps. Je la connais, je sais ce que ça fait. Comme en moi, là, c'est le jour où vraiment je me suis retrouvée dans ma cuvette à me faire vomir, à mettre mes doigts dans ma bouche et à me faire vomir. Là, je me suis vraiment aperçue que ça n'allait pas du tout. Et comment je pouvais faire ça alors que j'étais moi à garder la paix. porte des toilettes de ma sœur, à lui dire mais arrête de vomir, mais non, enfin c'est rien, le coach ! Et d'un coup, de me retrouver là-dedans, c'est hyper violent. C'est hyper violent.
- Speaker #0
Et ta famille, ils ont réagi comment ?
- Speaker #1
Ben non, mais t'en parles pas tout de suite.
- Speaker #2
Mais ils voient quand même que tu mincies,
- Speaker #1
ça c'est pas... Ouais, mais en fait, tu sais, vu que j'étais une gamine qui a tracé, Et mes parents étaient dans le sud, moi j'étais à Paris. J'étais très secrète, par le fait que j'étais celle qui allait bien, j'ai tout fait dans mon coin. Ça a été aussi ma façon de m'en sortir, d'être en survie. Et non, ils ne s'en rendaient pas compte. Ils ne s'en rendaient pas compte, je crois que personne ne s'en rendait compte. C'est ça qui était un peu... Personne ne m'a dit, waouh, là... Non, non, non, j'étais extrêmement seule dans ce truc-là. Et certainement que quand je m'insissais comme ça, dans l'anorexie, je te dis, c'est plus... Vu que tu contrôles, et puis même autour de toi, si on te dit, ouh là... Non, mais tout va bien, en fait. Tout va bien, et surtout, tais-toi. tais-toi, enfin ça va, t'as un truc comme ça qui peut être très rigide, j'étais très dure très rigide, très...
- Speaker #0
Et ta soeur elle a réagi comment ?
- Speaker #1
Ah oui, bah ouais en fait là, et en effet après il y a une année de boulimie où là tu te tais parce que tu as honte moi j'ai eu une honte, mais une honte énorme, c'est honteux enfin pour moi c'était honteux t'as retrouvé On va te faire vomir 3 fois, 4 fois, 5 fois, 10 fois par jour.
- Speaker #2
C'est quoi ? C'est un abus de nourriture ? Tout derrière, tu te fais vomir. C'est le contraire. C'est-à-dire que tu manges, tu manges,
- Speaker #1
tu manges. Tu manges très vite. Tu manges très, très vite. Ça peut être une crise en une heure. Tu vas ingérer tout ce qui te passe par là. Et puis, tu as beau te dire qu'il n'y aura rien chez moi, tu n'auras toujours moyen de trouver quelque chose. Mais ça peut être... Ça peut jusqu'à la farine et du sucre. Tu mets de la farine pas cuite, tu t'es débrouillée avec du sucre et tu vas te l'ingérer. Ça peut aller dans des endroits très... En fait, c'est... Ça commence à aller mieux le jour où je suis allée voir un hypnothérapeute où je voulais évidemment combattre tout le temps. ses comportements compulsifs, mes doigts dans la bouche, mes comportements alimentaires compulsifs. Et qui m'a dit quelque chose qui m'a... C'était, je crois, le début de la guérison. Qui m'a dit, mais en fait, vous connaissez les gens qui ont des TOC ? Je dis, bah oui, oui, voilà, syndrome de la tourette, des gens qui ne peuvent pas contrôler quelque chose, des merdes et putains, ou ils changent de trottoir et ils ne peuvent pas s'en empêcher. Les TOC. Je dis, oui, oui. En fait, vous avez un tac, c'est pareil. Et à partir de ce jour-là, parce que je voulais lutter contre ça, j'étais tout le temps en lutte, je me disais, il faut que j'arrête, il faut que j'arrête, il faut que j'arrête. Mais en fait, tu ne peux pas arrêter. Tu ne peux pas. C'est comme un toc. Tu ne peux pas. Donc, il faut arrêter de se dire, je vais arrêter de mettre des œufs dans ma bouche. Je vais arrêter d'avoir envie d'acheter des... J'avais un sac à dos toute la journée avec des aliments bien précis que j'allais chercher dans des endroits bien précis. En fait, je vais arrêter parce qu'en fait, ça, ça ne va pas passer comme ça. C'est un toc, c'est un tac-toc. Et à partir de là, j'ai commencé à me dire, OK, en fait, c'est pas... Il faut que j'arrête de lutter contre ça. Et ça m'a permis d'aller me soigner autrement ou en tout cas d'arrêter de lutter contre quelque chose que je ne pouvais rien faire. J'allais continuer à mettre les doigts dans la bouche. J'allais continuer. Et en fait, donc, ce n'est pas ça qu'il faut soigner, en fait.
- Speaker #0
Et c'est quoi qu'il faut soigner, alors ?
- Speaker #1
La confiance en soi, l'amour de soi, l'acceptation de soi, parler avec les gens qu'on aime, arriver à dire qu'on est malade, que ça ne va pas, qu'on a besoin d'aide. Surtout parler. À partir du moment où tu commences à ne plus avoir honte, Et puis à te dire, voilà, là, en fait, je ne vais pas bien. Et voilà ce que je fais. Et voilà ce qui se passe. Et déjà, les gens te comprennent mieux. Parce qu'en fait, tu n'as pas un comportement non plus avec les autres qui est hyper agréable. Puisque tu es tout le temps en lutte perpétuelle. Donc forcément, il y a des moments où tu es très énervé. Il y a des moments où tu parles mal. Il y a des moments où tu ne t'aimes pas du tout. Donc forcément, tu n'es pas en accueil de l'autre non plus. Puisque tu n'es pas en accueil de toi. Donc tu peux passer vraiment pour quelqu'un de pénible. Oui, parce que tu ne vas pas à une pizzeria, tu comprends. Ce n'est pas possible d'aller à une pizzeria quand tu es malade. Tu ne manges pas de pizza, tu ne veux pas ci, tu ne veux pas là. Tu es relou, tu es vraiment relou.
- Speaker #0
Et tu culpabilises de la tête.
- Speaker #1
C'est grave, mais bien sûr, tu culpabilises. Et qu'est-ce que tu fais ? Tu vas bouffer, tu vas te refaire une petite crise. Donc en fait, c'est tout un... Ouais, c'est toute une... Un moment d'être doux avec soi-même, mais c'est long. Ça, c'est tout le travail. C'est facile à dire comme ça. D'être doux avec soi-même, de s'accepter. C'est simple. Ça paraît simple, mais ça les part.
- Speaker #0
Et tu as fait comment ? Tu as trouvé des gens ?
- Speaker #1
Oui, oui. On ne fait pas ça tout seul. Oui, oui. On fait des thérapies. On fait des groupes de paroles. Il y a plein, plein d'endroits. Tu peux aller aussi au... aux anorexies anonymes, comme les alcooliques anonymes, de discuter aussi avec d'autres qui ont vécu les mêmes choses que toi, ça aide, ça pèse.
- Speaker #0
Et tu arrives à faire le pain ?
- Speaker #1
Oui, pas tout le temps, mais si. Peut-être que j'ai eu la chance, justement parce que je la connaissais bien, de vite me rendre compte qu'il fallait faire quelque chose. Donc moi, je suis arrivée aux urgences. Je suis allée aux urgences. Je suis arrivée aux urgences psychiatriques. Je ne savais pas où me diriger, j'ai appelé les urgences. En disant, voilà, ça ne va pas du tout, ça ne va pas du tout, je vais devenir folle, là, je suis en train de faire des trucs complètement fous. Et puis après, aux urgences psychiatriques, on m'a dit, mais ce n'est pas du tout là où il faut aller, ça va, madame. Et donc, après, on m'a dirigée vers... Alors là, je trouve que j'ai perdu du temps. On m'a dirigée en premier vers une lacanienne. Et lacanien, c'est quand tu vas bien. C'est quand tu as le temps. C'est vrai que c'est super le lacanien, mais c'est quand tu vas bien. C'est quand tu as vraiment bien ignoré plein de choses, que tu as réglé tes problèmes. Après, tu parles au lacanien, puis vraiment réfléchir. Donc là, je suis arrivée. J'ai un peu perdu du temps, mais en même temps, j'ai appris plein de trucs. Ça m'a fait... Mais c'était long. Je pense que j'aurais pu aller plus vite. Je pense que j'aurais pu aller plus vite.
- Speaker #0
Puis c'était une époque, parce que c'était pas aujourd'hui. Aujourd'hui, je pense qu'on a beaucoup plus de thérapies et de choses qui sont beaucoup plus connues, qui vont plus rapidement. À l'époque, il y avait moins de possibilités, on connaissait moins de choses. Oui. Les gens étaient moins développés aussi. Oui,
- Speaker #1
oui. Et puis c'est vrai qu'on dirige là, alors toi, tu vas là.
- Speaker #2
Et puis il y a les Freudiens et les Lacaniens. Lui, il n'existe pas grand-chose.
- Speaker #1
Oui. Non, après, j'ai fait de l'hypnose, j'ai fait de l'acupuncture, j'ai fait... Oui, thérapie de groupe, je suis partie dans l'Ardèche faire des stages pour s'aimer soi-même, pour s'aimer l'accueil de soi. Ça passe par plein de choses et puis après, ça passe aussi, je ne sais pas comment expliquer, je ne sais pas. Il y a un moment…
- Speaker #0
Tu en as marre d'en avoir marre ?
- Speaker #1
Oui, et puis en fait, au fur et à mesure, ça s'éloigne, mais je ne pourrais pas te dire à quel moment ça s'est arrêté. Et ça, c'est vraiment hyper bizarre. Ça s'est arrêté. Mais je ne peux pas te dire, ah, mais c'est parce que j'ai compris ci, ah, mais c'est parce que j'ai compris ça.
- Speaker #2
Il n'y a pas un déclic.
- Speaker #1
Non. C'est tout ce travail. C'est tout ce travail. Et à un moment...
- Speaker #0
Tu as lâché.
- Speaker #1
Tu lâches. Oui, tu lâches. Tu es en accord quand tu reprends du poids, tu es en accord quand tu ne reprends pas. Tu es en accord. Tu es en accord. Puis après, moi, j'ai fait une aménorée aussi. Ça aussi, c'est sûr qu'une fois que j'ai retrouvé mes règles aussi, ça aussi, ça...
- Speaker #2
C'est ça l'aménorée pour expliquer ?
- Speaker #1
L'aménorée, c'est le fait de ne plus s'alimenter. Tu mets à mal ton corps quand même beaucoup. Tu te fais vomir, ton estomac travaille beaucoup. Ton cœur aussi, ça peut... Et en fait, c'est comme un... L'aménorée, c'est soit un gros choc émotionnel. Et je pense que c'est ce qui s'est passé aussi pour moi. C'est-à-dire que quand je me suis retrouvée dans cette situation-là, j'ai été choquée. Mais vraiment choquée. Plus de... de ne pas s'alimenter. En fait, ça fait un dérèglement hormonal et c'est un arrêt de règles. Donc, tu as une aménorée. Et souvent, les anorexiques ont une aménorée. Ça arrive régulièrement.
- Speaker #0
Et ça t'a fait prendre conscience ?
- Speaker #1
En fait, l'aménorée, ça n'aide pas. C'est-à-dire que vu que hormonalement, tu n'as pas bien, tu n'as plus tes règles. Donc, tes hormones, c'est n'importe quoi. Ça n'aide pas à guérir. pas à relativiser les choses. En fait, tout ça, ça aide en rien. Il n'y a plus rien qui t'aide. Gratuitement, moi, j'ai retrouvé aussi mes hormones, mon horloge biologique. Déjà, ça veut dire que ça allait beaucoup mieux.
- Speaker #0
Et ça a pris combien de temps,
- Speaker #1
ça ? 10 ans. J'étais 10 ans sans... 10 ans sans règles ? Ouais, 10 ans sans règles. Et ça, je pense que de retrouver aussi mes règles, ça m'a aussi... Ça veut dire que ça allait déjà mieux. J'imagine, puisque ça a permis...
- Speaker #0
Et tu as pris un traitement ?
- Speaker #1
Non, pareil, beaucoup de gens, beaucoup d'ostéos, énergéticiens, acupunctures. J'en ai fait tellement des...
- Speaker #0
Et ça devenait une obsession de retrouver tes règles ? Ah oui.
- Speaker #1
Oui, parce que je savais aussi que tant que je ne les retrouvais pas, mon système interne n'allait pas, mon orge interne n'allait pas. C'est ton horloge quand même. Donc, c'était important de retrouver ça pour que ça fonctionne mieux dans mon cerveau. Ça me paraissait évident qu'on est lié tellement à notre horloge biologique, qu'on est tellement lié à ça que j'étais coupée de ton corps. à un endroit. Donc à partir du moment où déjà ton corps se réveille, ou d'un coup tu reprends. Couper de la femme, en fait, t'es une enfant. Tu peux plus avoir d'enfant. Tu veux absolument être mince, mais comme un corps d'enfant. Donc ça raconte beaucoup sur l'enfance, sur s'effacer et revenir à l'enfant. Comme ça.
- Speaker #0
Et c'est l'ostéopathe qui t'a fait du bien ? Ah oui,
- Speaker #1
j'ai eu un ostéo pendant neuf mois, un ostéo incroyable. Et on a travaillé neuf mois comme un homme.
- Speaker #2
J'ai une nouvelle naissance quoi.
- Speaker #1
Neuf mois. Deux fois par semaine, j'allais voir cet homme-là et on a travaillé. énormément. J'avais envie de taper dessus parfois, parce que ça me tapait beaucoup sur le système. Ça m'était très dans la colère parfois, les séances.
- Speaker #0
Et vous faisiez quoi ? Le bassin ?
- Speaker #1
Le bassin, en interne, beaucoup de gynéco aussi. Est-ce qu'il fallait réactiver ? Mais on ne peut plus faire ça maintenant. Ça aussi, c'est triste. Maintenant, la gynécologie, c'est très compliqué. Avec tout ce qui se passe aujourd'hui, on ne peut plus soigner les femmes. comme on pourrait, parce qu'on peut être aussi sujet à des attouchements. C'est tellement compliqué qu'il y a plein de choses. D'ailleurs, moi, quand il m'a soignée, j'ai fait un papier en délivrant que j'étais OK.
- Speaker #0
Est-ce qu'il devait être intérieurement réactif ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr.
- Speaker #0
Ça devait être intrusif ?
- Speaker #1
Oui, intrusif. Alors non, parce que ce n'était pas évident pour lui non plus. Je ne crois pas que c'était un petit peu difficile.
- Speaker #0
C'est quoi ?
- Speaker #2
C'est l'ostéopelpine ? Non,
- Speaker #0
ce n'est pas ça ?
- Speaker #1
Oui, l'ostéo. Et il a fallu travailler en gynéco beaucoup pour aller réactiver tout ce qui était...
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #2
mais il y a pas mal de femmes aussi qui le font.
- Speaker #1
Mais c'est vrai que quand tu le fais par une...
- Speaker #2
Du coup, tu as l'impression que ce n'est plus... Non, c'est du soin.
- Speaker #1
C'est du soin. J'ai très confiance dans son travail et j'ai bien fait parce que c'est le seul qui a réussi à... à faire quelque chose de concret.
- Speaker #0
Et tu as réussi à avoir deux enfants.
- Speaker #1
Et j'ai eu un enfant. Alors ça aussi, ça c'est sûr. L'arrivée d'un enfant, ça te remplit. J'étais plus malade avant d'avoir mon enfant. Mais il est certain que l'arrivée d'un enfant, ça change tout. Enfin, ça change tout. Ça te décentre et ça te recentre. T'es forcément moins... T'es plus une enfant aussi. Mais je n'étais plus malade avant. Mais je crois que ça a complètement permis aussi, certainement, que cette phase-là de ma vie soit vraiment derrière moi. C'était là, d'un coup, on passait à autre chose. C'est pour ça que pour moi, quand j'en parle aujourd'hui, j'ai l'impression que ce n'est plus moi. Tu vois que c'est une autre peau. C'était une peau comme un serpent qui passe d'une autre peau. J'ai eu cette peau-là, et puis cette peau-là, elle est partie. J'ai mué. Ça fait partie de ma mue.
- Speaker #0
C'est encourageant pour les auditrices qui nous écoutent et qui ont des problèmes alimentaires, en se disant qu'à un moment donné,
- Speaker #1
ça peut s'arrêter. Mais ça, ça arrête. Ça, ça arrête. Après, c'est un parcours, mais en fait, il n'est pas inintéressant.
- Speaker #0
En fait, c'est hyper intéressant aussi. C'est-à-dire que ça t'éveille sur plein de choses. Je n'aurais jamais rencontré tous les gens que j'ai rencontrés. Je ne me serais jamais éveillée au spirituel comme je l'ai fait. Je ne serais pas la femme d'aujourd'hui sans avoir eu ce parcours-là.
- Speaker #1
C'est une forme de résilience. Oui,
- Speaker #0
et puis ça m'a appris à m'aimer, en fait. Donc, quelque part, il a fallu cette expérience-là pour... Pour que je m'aime. Et puis pour que je puisse dire aussi aux gens autour de moi, vous avez vu, je ne suis pas que la fille géniale. Non, pas tout va bien pour moi. De baisser les armes. D'être vulnérable. Parce que j'ai des... Voilà. Donc voilà, ça permet aussi de montrer ta vulnérabilité. De dire, non, ce n'est pas OK.
- Speaker #1
Le parcours, il a duré une dizaine d'années, c'est ça ?
- Speaker #0
Oui, oui, oui. Oui, c'est ça. Un peu plus. 11-12 ans. Ouais. Mais je ne regrette pas. Après, ce que je regrette de temps en temps, c'est de te dire putain, tout ce temps, tout ce temps, tout ce temps d'isolement, de journée entière chez toi, à te faire vomir, à te refaire vomir et à manger, à te refaire dégueuler. temps perdu ou d'isolement ou de solitude.
- Speaker #1
Et par rapport à l'entourage, par rapport à tes parents, ta sœur, les autres personnes qui faisaient partie de ta vie, est-ce qu'ils prenaient attention ? Comment ça se passait ? Non,
- Speaker #0
je trouve qu'on n'y fait pas assez attention. Alors encore une fois, je parle de boulimie. L'anorexie, on la voit plus parce qu'on voit vraiment quelqu'un s'amégrir, qui peut perdre ses cheveux, qui peut se retrouver à plus alimenter, à finir à l'hôpital parce qu'il faut la mettre sous perf. Je pense que la boulimie, je trouve que c'est plus sournois. La boulimie, ça ne se voit pas. Il y a des gens, ils sont hyper vivants. Ça ne se voit pas forcément.
- Speaker #1
On maigrit quand même. Mais ouais, tu maigris quand même.
- Speaker #0
Tu maigris, mais non. En fait, le fait de vomir, ça aussi te fait gonfler. C'est-à-dire que tu dérègles tout. Tout est déréglé à l'intérieur. Ton estomac, déjà, tu le fais travailler beaucoup plus. Tu fais de la rétention d'eau. Parce qu'en fait, ton corps, il est en guerre. Et en fait, tu peux gonfler aussi, parce que tu fais de la rétention. Et puis, la boulémie, il y a des moments où tu arrêtes de te faire vomir, où tu n'arrives plus à te faire vomir. Tu te fais vomir, ton corps, il ne peut même plus. Il n'est plus OK même pour se faire vomir. Et ça se voit moins. Ça se voit moins. Après, au niveau santé, c'est hyper chaud comme maladie, parce que ça peut être mortel. Ton cœur, tu le mets à mal. Tes dents, tu fais de l'acidité dans tes dents en permanence. Ça te fait que tes dents deviennent hypersensibles. Ton estomac, en fait, est tout le temps en train de faire travailler. Il est tout le temps en rétraction.
- Speaker #1
Tu peux avoir de l'ostéoporose aussi.
- Speaker #0
Tu peux avoir de l'ostéoporose. Le fait de perdre tes règles, ça crée plein de problématiques. Oui, c'est dangereux, en fait. C'est dangereux. Ce n'est pas anodin, c'est suicidaire. c'est quelqu'un qui va mal, t'as des gens, ça raconte beaucoup de choses psychologiquement. Après, j'ai lu un truc aujourd'hui parce que, vu que je venais vous voir, et je disais quelque chose que je ne savais pas ou en tout cas qu'on ne disait pas à l'époque, c'est qu'il y avait aussi quelque chose qui n'était pas forcément uniquement psychologique, qui avait aussi dans les chromosomes, les gènes, aussi les vies avant,
- Speaker #1
enfin les choses transgénérationnelles qui faisaient que
- Speaker #0
En fait, il y avait des choses qui ne t'appartenaient pas totalement. C'est-à-dire qu'il y avait aussi un terrain, qu'il y avait aussi au niveau des choses... Et ça, je trouve ça, en même temps, hyper déculpabilisant. Parce qu'en effet, après, il y a forcément peut-être, je ne sais pas, mais peut-être que... Après, voilà, où tu vis, l'environnement dans lequel tu vis, ça va peut-être plus ou moins s'activer, se déclencher. Mais il y a quelque chose qui ne t'appartient pas, en fait.
- Speaker #1
On a fait une émission, d'ailleurs, qu'on vous invite à réécouter. écouter ou à écouter si vous ne l'avez pas encore fait, sur le transgénérationnel et les constellations familiales. Et ce qui me revient en tête de ces émissions, c'est quand on dit à un moment donné, c'est plus fort que toi, c'est plus fort que moi, et alors que c'est quelque chose qu'on peut travailler ou qu'on en a conscience, souvent, c'est du transgénérationnel, il faudrait peut-être aller voir de ce côté-là, parce que quand on dit c'est plus fort que moi, et que même si tu sais que c'est pas bien, même si tu vas au-delà, c'est que peut-être justement ce que tu racontes sur les jeunes, et ça c'est hyper important de le mettre en avant, parce que c'est des choses qu'on savait... qu'on n'avait pas trop entendu parler d'ici il y a 10 ans.
- Speaker #0
Et c'est hyper intéressant, les constellations. Je trouve ça hyper intéressant aussi comme travail. Ça aussi, j'ai fait. Je fais constellations, j'ai fait EMDR. Hyper intéressant.
- Speaker #2
On a fait une émission sur le
- Speaker #0
MDR. Pour les maladies, pour les mylanorexies, parce que le MDR te réapprend avant la crise. Ça te permet quand même de dire, OK, là, il m'arrive quelque chose. Ça te donne des solutions, des petites...
- Speaker #2
Des pistes.
- Speaker #0
Mais de toute façon, il faut travailler sur soi. C'est sûr, tu ne peux pas t'en sortir tout seul et en parler, en parler avec sa maman, son papa, en parler, se faire entourer, même si parfois, l'entourage ne se rend pas toujours compte et n'y croit pas ou voit ça avec un peu de légèreté, de continuer à... à leur dire qu'en fait, ça ne va pas et qu'on a besoin d'eux.
- Speaker #2
C'est une vraie maladie psychologique, puisqu'on en parlait avec Victoire, qu'on a reçue aussi. C'est vrai que c'est une maladie qui se voit principalement physiquement, mais ça reste à la base une maladie psychologique, en fait. Comme de la bipolarité, de la scolizophrénie, des choses comme ça. Et donc, forcément,
- Speaker #1
c'est qu'il y a un mal-être,
- Speaker #2
mais oui, beaucoup plus profond et qu'il faut creuser. C'est pour ça que c'est important d'en parler.
- Speaker #0
Oui, c'est soit tu t'effaces, mais en même temps, c'est pour qu'on te voit. C'est quand même fou. Tu t'effaces physiquement, mais c'est pour qu'on te voit. C'est pour qu'on te voit, quelque part, parce que tu traduis quelque chose.
- Speaker #1
Et puis, si on te voit, on te dit qu'on ne veut pas te voir. Du coup, c'est très pertinent.
- Speaker #0
Ce qui est certain, c'est que... Ça parle d'amour, quoi. Ça parle de l'amour de soi. Ce qui est bizarre, enfin, ce qui est bizarre, c'est que ça vient de... Encore une fois, il n'y a pas de... Il n'y a pas de type. Ça peut arriver dans toute famille, dans des gens très entourés, très aimés, comme des gens qui se sont faits tout seuls, enfin, où... C'est... Il y a... Alors, je disais ça aussi, parce que... C'est bête, mais je lis aussi... Ça vient aussi... C'est aussi beaucoup de gens qui viennent de l'image. C'est vrai, c'est sûr que... Les chanteurs, les sportifs, les gens aussi qui travaillent avec leur image.
- Speaker #1
C'est ce qu'on disait avec Victoire, les jeunes, de plus en plus, ont un rapport à l'image qui est très particulier avec les Instagram, les choses qui se passent sur les réseaux sociaux, Internet. Et ils ont envie d'être comme les gens de l'image. Donc... Une petite prévention pour les jeunes ou les moins jeunes qui nous écoutent ?
- Speaker #0
Ça sert encore une fois, c'est aussi la société, elle est responsable de ça. Donc on ne mettra pas à l'honneur les ronds, les petits, les moches. On est tout le temps dans ce stéréotype. Mais moi, c'est ce que je me suis dit après, quand je suis sortie de là. Je me suis dit, mais c'est la lutte en fait. C'est une lutte. Il faut qu'on lutte là-dessus. C'est difficile, mais il faut qu'on lutte. Il faut qu'on garde nos rites, il faut qu'on garde nos formes. Il faut qu'on lutte à ne pas se faire avoir. Mais c'est difficile. C'est vrai que pour les jeunes, ça l'est d'autant plus. Mais je n'ai pas, j'ai de l'espoir. J'ai quand même l'impression que... qu'on en parle plus. Oui,
- Speaker #2
on parle de santé mentale, on parle de tout ça, de maladies de plus en plus. Est-ce que tu as un petit conseil pour finir à donner une petite alerte ou je ne sais pas ?
- Speaker #0
À partir du moment où tu vois que ça te pose problème, c'est que ça ne va pas. Fais gaffe, quoi. À partir du moment où tu commences à faire des régimes et que ça devient obsessionnel. et que tu te mets sur ta balance et que t'as 500 grammes de plus, tu deviens hystérique et malheureuse, c'est que tu as un problème. Et il faut... Enfin, il faut. C'est un problème et ça te va te rendre malheureuse ou malheureux. Et tu mérites mieux.
- Speaker #1
Ça me donne des frissons. On arrive à la fin, du coup, de l'émission.
- Speaker #2
Ouais. Merci Marie.
- Speaker #0
Merci à vous. On partage. J'espère que j'ai pas dit trop connerie.
- Speaker #2
Non, pas du tout.
- Speaker #1
Non, je pense que c'était super et surtout c'est agréable de pouvoir en discuter parce que c'est un sujet dont les gens même qui ont été touchés par ces troubles alimentaires du comportement n'ont pas forcément envie d'en parler. donc c'est assez rare de pouvoir trouver des gens qui en parlent on a la chance parce qu'on a trois émissions sur le sujet et c'est vrai que ça reste tabou j'ai l'impression que quand j'en parle même parfois je
- Speaker #0
peux choquer mais quand je dis ouais j'étais une cochonne j'ai été une cochonne à manger n'importe comment à me faire vomir dans tes toilettes c'est de l'animalité c'est plus humain, t'es plus humaine enfin t'sais C'est de la folie. Mais je trouve que ça fait aussi partie de ce qu'on peut être, nous les humains. Et je ne suis pas la seule, je le sais. Donc, il ne faut pas qu'on soit choqués de ça. Il faut que ça devienne normal de dire, en fait, Ah ouais, t'es dans ta cuvette, ma pauvre, putain, ça va. Et puis même de dire, Ouais, tu vois, hier... putain, cinq fois encore, Coralie, oh ce pauvre, cinq fois, de dédramatiser.
- Speaker #1
Oui, pour que les gens n'en parlent pas.
- Speaker #0
Oui, d'en parler, dédramatiser, comme quelqu'un qui a... De dédramatiser, c'est pas grave.
- Speaker #2
Et ça, on y arrivera avec des partages, comme celui de l'histoire. C'est hyper précieux. Ce que vous nous donnez, parce que c'est ce qui fait qu'au bout d'un moment, ça peut rentrer dans les mœurs. C'est qu'au bout d'un moment, on peut dédramatiser, on peut en parler facilement. C'est ça. Et du coup, soigner la maladie.
- Speaker #1
Et s'en sortir, surtout. Mais oui.
- Speaker #0
Mais on s'en sort. On s'en sort. Après, je ne dis pas, on s'en sort, mais ça fait partie de ton chemin. Donc, forcément. Alors... C'est vrai que moi, j'y pense plus du tout. Même quand j'ai un rapport à la nourriture qui a complètement changé. Je mange quand j'ai faim, je ne mange pas quand je n'ai pas faim. Ce n'est pas quelque chose, alors que j'ai tellement été... Donc, c'est vrai que j'y pense plus du tout. Mais après, je ne me pèse plus. Alors que je me pesais tout le temps, j'ai enlevé la balance chez moi. Après, c'est sûr que, comme n'importe quelle meuf, je pense que quand tu mets ton jean et qu'il te sert un peu, ça te fait chier. Mais ça ne va pas devenir un truc. Ça,
- Speaker #2
c'est classique.
- Speaker #0
Mais c'est classique. Et en même temps, maintenant, quand je me vois... Même quand je me vois quand j'étais jeune et que j'étais ronde et tout, je me dis mais j'étais jolie. Qu'est-ce que j'étais jolie. J'étais vraiment une jolie gamine. Et qu'est-ce qui m'a pris ? D'un coup, je me suis... Et ça, on ne se voit pas aussi. Il y a une disproportion entre ce qu'on veut être et ce qu'on est qui est tellement beau. On est tellement parfait.
- Speaker #1
On va finir là-dessus. On va souhaiter à nos auditrices de continuer à voir qu'elles sont parfaites et au moins à s'en apercevoir.
- Speaker #0
Oui, mais parfaites.
- Speaker #1
Et merci beaucoup pour ce partage très généreux. Merci à vous. Merci Marie. Merci. Et à la semaine prochaine. Flamme des années 80.
- Speaker #2
Le podcast qui allume la femme.