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Portrait de Victoire Dauxerre: réussir à se sortir de l'anorexie. cover
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Flammes des années 80. Le podcast qui allume la femme.

Portrait de Victoire Dauxerre: réussir à se sortir de l'anorexie.

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51min |13/10/2024
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Flammes des années 80. Le podcast qui allume la femme.

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Description

La flamme de la Nutrition: Quand une femme nous livre son parcours de guérison face à l'anorexie.


Sara et Angélica ont reçu Victoire Dauxerre actrice, et thérapeute, spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire suite à une longue période d'anorexie dont elle a écrit le livre "Jamais assez maigre".

Elle a créé une méthode d'accompagnement Emopi basée sur la compréhension des émotions.


Elle nous a livré son parcours, ses souvenirs et son combat avec beaucoup de générosité.


Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à l'écouter que nous avons eu à l'accueillir sous notre tente.


Quelques citations de l'épisode:

"L’anorexie mentale c’est une maladie mentale, c’est un trouble psychique, ça peut arriver à n’importe qui, ça se guérit avec des thérapies cognitives et comportementales, avec la mindfulness et la psychologie positive."


"En thérapie il faut trouver des ressources en soi pour avoir une raison valable de s'en sortir car ça devient tellement une identité qu’on s’y accroche et le changement fait peur."


"On ne connaît pas ses émotions la plus part du temps, on confond colère et tristesse, on mélange tout, et ça c’est dramatique  car c’est ce qui crée plein de trouble dans le corps."


"On est le seul à pouvoir faire quelque chose pour soi si on en a envie et on décide de guérir."


"Je suis rentrée dans un truc monstrueux où j’ai commencé à entendre cette petite voix, j’ai eu l’impression de me dissocier et j’ai commencé à avoir peur de toute la nourriture."


"Dans le mannequinat, pour les jeunes filles, on les empêche de devenir des femmes, c’est vraiment une annihilation du corps féminin, on nous fait taire jusque dans notre corps".


"Il faut être dans le moment présent, se rendre compte que mon émotion n’est pas moi, la maladie que j’ai traversé n’est pas moi, la peur que je ressens n’est pas moi…"


On va parler de:

Femmes. Flammes. Allumer. Podcast. Maternité. Amour. Sexe. Psychologie. Témoignages inspirants. Développement personnel. Année 80. Santé. Bien être. Psychologie. Spiritualité. Désirs. Carrières. Naturopathe. Troubles du comportement alimentaire.

Anorexie. Boulimie.



Retrouvez Flammes des années 80, le podcast qui allume la femme, sur toutes les plateformes


D'une petite flamme peut naître un grand feu alors abonnez vous  ! 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Flamme des années 80.

  • Speaker #1

    Le podcast qui allume la femme.

  • Speaker #0

    Bonjour, donc on parle toujours de nutrition et on a la chance de recevoir aujourd'hui Victoire. Est-ce que tu veux te présenter Victoire ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir, bonjour, merci de me recevoir sous cette belle tente. Qu'est-ce que je pourrais dire ? J'ai envie de dire que je suis redevenue une petite fille déjà, mais je m'appelle Victoire Doxer, je suis... Je suis comédienne, auteure de Jamais Assez Maigre et thérapeute aussi. J'ai créé Emopy, qui est ma méthode thérapeutique holistique spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire.

  • Speaker #0

    Super, oui, parce qu'on va parler des troubles de comportement alimentaire aujourd'hui, principalement avec toi. Est-ce que c'est des choses qui sont fréquentes ? Parce que toi, tu reçois justement des femmes, des jeunes femmes, ou des femmes plus âgées et aussi des hommes, j'imagine, qui ont ce genre de comportement. Est-ce que c'est dur à définir ? J'imagine que chaque personne a ses propres façons de... C'est des troubles en fait, donc il n'y a pas un protocole complètement défini par rapport à ce que c'est. Est-ce que toi, tu pourrais nous donner une petite définition par rapport justement à ta position de thérapeute aussi ?

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, il y en a plusieurs. Les plus connus, c'est l'anorexie mentale, la boulimie, l'hyperphagie. Donc l'anorexie, c'est quand on se prive principalement de nourriture. La boulimie, c'est quand on... mange des grandes quantités en très peu de temps et qu'on rend cette nourriture, soit par des vomissements ou des laxatifs. Et l'hyperphagie, c'est le même fonctionnement. Donc on mange beaucoup en très peu de temps, mais on garde cette nourriture. Et il faut savoir que la nourriture mentale, c'est une maladie mentale, ce qu'on appelle aujourd'hui un trouble psychique. Et c'est des troubles qui peuvent arriver à n'importe qui, à plein de moments différents de la vie, principalement effectivement pour des jeunes filles, adolescentes, mais aussi pour des jeunes hommes. également à la ménopause, en fait c'est principalement à des périodes de changement et ce n'est de la faute de personne, c'est quelque chose aussi dont on guérit et effectivement on en guérit aussi avec des thérapies cognitives et comportementales donc moi c'est quelque chose que je fais, que je pratique avec la mindfulness, avec la psychologie positive parce que c'est des troubles, des maladies addictives qui viennent principalement parce qu'on ne sait pas gérer ses émotions. Et malheureusement, beaucoup de personnes aujourd'hui ne savent pas gérer leurs émotions, donc on peut tomber aussi dans d'autres addictions, que ce soit la drogue, la cigarette. Bon ben là, il se trouve qu'on tombe dans la nourriture, un excès ou une rétention de nourriture parce qu'on ne sait pas communiquer autrement. Et donc, en général, ça vient aussi d'une grande sensibilité, d'un certain perfectionnisme, d'une peur de décevoir. C'est des jeunes filles en général qui sont assez bonnes élèves. on retrouve malheureusement des profils types. Donc ce n'est pas du tout une maladie superficielle, c'est juste un mal-être qui se définit avec ces comportements-là. Mais en fait, il faut comprendre que la nourriture, c'est juste le haut de l'iceberg. Et que tout le reste, effectivement, c'est les émotions qu'on a du mal à digérer ou à explorer. Moi, j'aime dire que déjà, on n'est pas anorexique ou boulimique, on souffre de ça parce qu'on ne dit pas à quelqu'un tuer cancer. On va lui dire qu'on souffre d'un cancer. Et il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas en disant mange ou arrête de manger. Mais on ne va pas dire ça à quelqu'un qui s'est cassé une jambe ou à quelqu'un qui, effectivement, sur son scan a un cancer, par exemple. Donc, c'est une maladie du même type. C'est juste que c'est une maladie psychique et non physique, mais malheureusement qui... se définit ensuite et se voit par des troubles physiques. Mais au départ, c'est quelque chose qui vient d'une perte de sens. Et donc, il faut trouver ce sens en soi. Donc moi, je travaille beaucoup sur les émotions, sur trouver effectivement l'origine de ce manque en soi qu'on essaie de combler par quelque chose d'autre. Et donc, je parlais de cette sensibilité, parce que moi, en tout cas, de ce que j'ai vécu. Je pense que l'anorexie, c'était une peur d'être dévorée par mes émotions et un trop-plein de ressentir tout en XXL. Et donc, de ne plus rien manger, c'était une manière de me couper du monde et de me dire, au moins, je ne vais plus être dérangée par telle ou telle émotion, que ce soit, ou même des sentiments, mais l'amour, la colère, la tristesse, quoi que ce soit, je me coupe de tout.

  • Speaker #0

    Et du coup, tu ne ressens plus rien.

  • Speaker #1

    Et je ne ressens plus rien, absolument. Mais quelque part, c'est une bonne défense. C'est assez intelligent. comme maladie. Après, c'est terrible, c'est un mal-être que les gens qui ne le vivent pas ou de très loin ont du mal, effectivement, à comprendre parce que c'est totalement irrationnel. Et même quand on est dedans, ça rend fou parce qu'en fait, c'est comme ce que je décris dans mon livre. C'est une petite voix que j'appelle la connasse parce qu'en fait, elle envahit tout. Et elle dit, alors moi, c'était particulier en plus parce que c'était dans le monde du mannequinat. Et donc c'était une petite voix qui me disait mais t'es trop grosse, tu vas jamais rentrer dans les fringues, t'es bonne à rien, si t'arrives pas à faire ça tu pourras pas correspondre. Parce que moi c'était pour répondre à des dictats de la mode. Donc c'était pour un truc bien spécifique. Et d'ailleurs ces troubles-là en général effectivement viennent de quelque chose. C'est-à-dire qu'on peut avoir une fragilité émotionnelle mais ensuite il faut toujours un déclencheur environnemental. C'est-à-dire que peut-être que j'ai le... le gêne en moi par exemple d'une possibilité de tomber dans la schizophrénie mais rien dans mon environnement ne va faire que ça va se déclencher j'avais le gêne en moi de pouvoir tomber dans l'anorexie c'est la mode qui me l'a déclenché mais peut-être que je ne serais pas tombée dans l'environnement de la mode qui m'a déclenché cette fragilité je ne serais jamais tombée dans l'anorexie ou peut-être que ça aurait été plus tard un chagrin d'amour ou un connard au travail ou j'en sais rien mais il y a toujours... plusieurs facteurs qui font que ça arrive. Il y a aussi effectivement l'entourage, est-ce qu'il y a un soutien ou pas ? En fait, c'est toujours multifactoriel, les troubles psychiques. C'est pour ça que si quelqu'un vous dit c'est de ta faute à toi ou de la faute de ta mère c'est stupide comme argument. Il y a toujours plein de choses. Et ensuite, c'est pour ça qu'en thérapie, il faut trouver aussi plein de ressources en soi pour avoir une raison valable d'en sortir. Parce qu'ensuite, ça devient tellement une identité qu'on s'y accroche et le changement fait aussi peur. Donc quand on connaît quelque chose auquel on est tant habitué, pourquoi aller vers quelque chose d'autre ? Il faut que ça vaille le coup, vraiment, de changer ses habitudes.

  • Speaker #0

    C'est intéressant d'avoir ce point de vue-là sur ces troubles alimentaires. Et toi, par rapport à ton histoire, c'est la mode ? Mais c'est arrivé, t'avais quel âge ? Comment est-ce que ça s'est déclenché ? Comment est-ce qu'on glisse, entre guillemets, je sais pas si c'est un bon terme, mais je sens vraiment qu'on glisse en fait vers cette perte de poids.

  • Speaker #1

    Et très vite malheureusement. En fait, moi c'est arrivé à 17 ans, parce que j'ai été repérée par une très grande agence de mannequins. Je voulais pas du tout faire ça. J'étais en train de préparer Sciences Po, mais j'avais toujours rêvé d'être comédienne. Et mes parents voulaient pas du tout que je fasse ça. Ils voulaient très fortement que je fasse Sciences Po. Et en fait, j'étais à fond dans mes révisions. J'étais très bonne élève, à fond dans tout bien faire, tout préparer. Et ma mère m'a traînée presque de force un week-end en me disant Bon, tu vas quand même faire une pause et on va aller faire du shopping toutes les deux pour te changer les idées. Et en regardant une vitrine, puisque je n'ai jamais aimé faire du shopping, mais elle adore faire ça, donc je l'attendais dehors, dans une rue du Marais. Et un mec, ce qu'on appelle un scout, donc c'est ceux qui cherchent les mannequins pour les agences de mannequins, est venu vers moi en me disant tu as un nez extraordinaire Alors, je me suis dit c'est quand même très, très bizarre comme approche Et donc, moi, 17 ans, je me suis dit mais qui est ce taré ? Et ensuite, il m'a donné sa carte en me disant non, non, mais je travaille pour une grande agence de mode, tu es faite pour devenir mannequin Moi, j'ai dit j'ai. très grande, je faisais presque 1m80 et fine. Oui, je faisais du 36 donc oui, j'étais très fine, mince. Et il m'a dit mais tu es faite pour ça, il faut absolument que tu deviennes mannequin. Alors moi, j'étais là, vraiment pas du tout. Enfin, aucun intérêt pour ça. À part peut-être ce petit truc dans ma tête de me dire bon, cinéma, mode, il y a peut-être un lien. Ce sera peut-être une... passerelle pour passer de l'un à l'autre. Bon, c'était à la limite mon seul truc. Et ensuite, il se trouve que je n'ai pas été prise au concours de Sciences Po. Et alors ça, pour moi, ça a été la honte. C'était un drame absolu de me dire, mais en fait, je suis débile, je vais décevoir mes parents, ils vont être tellement déçus par moi. Ça m'a... Et il fallait, ça a peut-être changé, mais regarder sur Internet pour voir s'il n'y avait pas son nom. et alors moi en plus j'ai un nom double parce que j'ai le nom de mes deux parents donc je suis allée voir aux deux noms et j'y étais pas donc je me suis dit là il faut que je trouve un autre truc à dire à mes parents parce que je peux pas leur dire et pourtant j'étais prise en hippocampe donc j'avais à la limite un mais je sais pas je me disais pour mes parents il faut que je fasse un truc grandiose entre guillemets Et j'ai rappelé ce mec, parce que j'avais sa carte, en lui disant est-ce que tu te souviens de moi ? Et puis alors, ils sont toujours, vous savez, c'est à l'américaine de mais comment pourrais-je t'oublier ? Bon, et puis moi, dans mon égo, sûrement, j'ai été flattée de me dire ah bah oui, alors que, enfin, si ça se trouve, ils ne savaient même pas qui j'étais. Et donc, j'ai dit à mes parents, je suis descendue après avoir pleuré, je pense, deux heures toute seule dans ma chambre, je n'ai pas été prise à Sciences Po. mais je ne veux jamais qu'on m'en parle et je vais devenir top modèle je vais partir à New York en gros vous allez être fiers de moi c'était un truc de... mais donc pour revenir à ce truc des émotions et t'es partie à New York ça ça m'intéresse et ça j'étais trop contente puisque j'étais jamais allée à New York ça c'était ma première erreur que je vois maintenant avec le recul c'est que j'ai totalement alors j'ai quand même pleuré deux heures mais j'ai totalement étouffé le truc de l'échec entre guillemets J'avais quand même bossé pour ce truc. Et je voulais tellement avaler une honte ou une déception d'un truc que je ne voulais même pas faire. C'est ça qui est hallucinant. Tu ne t'es pas laissé le temps de digérer et tu t'es jetée dans autre chose. Exactement. Et je pense que ça, c'est un des principes. Aujourd'hui, je bosse beaucoup aussi sur la prévention et comprendre ces émotions. Mais on ne les connaît pas. La plupart du temps, on se dit Ah, je suis en colère mais en fait, on est triste. Ce n'est pas de la colère. Et on mélange tout. Et en fait, ça, c'est dramatique. Je pense que ce n'est pas un trop gros mot pour ça, parce que c'est ce qui crée plein de troubles dans le corps. Et la maladie, si on décortique, c'est ça, c'est le mal à dire. Donc, au bout d'un moment, le corps parle pour nous mettre sur un autre chemin, parce qu'en fait, on s'est trompé. Et moi, je me suis trompée de chemin, donc mon corps m'a arrêtée pour que j'en reprenne un bon. Alors, effectivement, c'est violent. Mais quelque part, bon. J'avais 18 ans, j'ai eu de la chance, comme maintenant ça va très bien, pour me remettre ensuite sur le bon chemin et prendre le bon cap. Mais à ce moment-là, en tout cas, j'étais tellement dans un truc de il ne faut pas décevoir, il ne faut pas décevoir que je ne vivais que pour les valeurs et les aspirations pour moi de mes parents. Et donc, je ne vivais pas du tout ma vie quelque part. Et donc, ce fameux mec m'a emmenée dans cette agence de mannequins où là, on a pris mes mensurations. Et où j'étais donc trop grosse en faisant du 36 pour 1m79.

  • Speaker #0

    Et tu pesais combien de kilos à l'époque ?

  • Speaker #1

    56 je crois. Et donc là on m'a dit, alors en fait il y a un composite dans les agences de mannequins, donc ça c'est comme une carte de visite, sauf que la carte de visite c'est vos mensurations, vu que votre outil de travail c'est votre corps. Ils m'ont noté d'autres mensurations. Donc pour me faire comprendre que si je voulais travailler à la Fashion Week de New York, qui avait lieu deux mois après, il fallait que je corresponde à ces mensurations-là. Et donc que je perde 3 cm de tour de hanche, en sachant que les hanches, dans la mode, c'est les fesses. C'est le plus gras des fesses, c'est pas au-dessus, les hanches. Mais moi, 17 ans, je me dis, 3 cm de tour de hanche, c'est 3 kg. Enfin, je sais pas à quoi ça correspond vraiment. Donc je me dis, bon, 3 kg, c'est pas dingue. Enfin, ça va, je peux... Et donc très volontaire, je cherche sur Internet. Alors, quand je dis des trucs comme ça, ce n'est pas à faire. C'est justement, c'est un red flag. La fin de mon livre, c'est un spoiler, mais voilà, c'est que j'ai quand même fait une tentative de suicide et que j'ai fini à l'hôpital psy pendant trois mois. Mais parce qu'ensuite, des gens, je sais, ont utilisé mon livre comme, heureusement pas la plupart, mais comme truc pour maigrir. Ça, forcément, je n'y ai pas pensé en l'écrivant. Moi, je l'écrivais comme, voilà la fin, voilà ce qui est arrivé, donc juste ne le faites pas. À moins que vous vouliez vous bousiller la santé. Mais moi, ça m'a bousillé la santé et physique et mentale ensuite pendant dix ans. Donc, ne mangez pas trois pommes par jour. Mais moi, j'ai fait ça. Tu ne mangeais que trois pommes par jour ?

  • Speaker #0

    En même temps, ce n'est pas un très grand secret. Je pense que les gens, s'ils veulent vraiment maigrir et qu'ils mangent trois pommes par jour...

  • Speaker #1

    Oui, mais du coup, quand on est déjà dans un truc où ça ne va pas, on cherche partout où on veut. J'étais comme ça aussi. Oui, toi, tu as cherché sur Internet. J'ai fait, je pense, tous les régimes qui existent. Je n'ai pas fait les trucs les plus tarés parce qu'il y a des gens vraiment malades sur Internet qui vous proposent des choses où vous pouvez, je pense, mourir dans l'instant. C'est terrible. encore plus je pense sur les réseaux sociaux, moi c'était en 2010 ça, il n'y avait pas Instagram, je crois pas, enfin en tout cas j'étais pas dessus, moi je l'ai créé pour mon livre, mais ça c'est vraiment catastrophique les choses qu'on peut trouver pour se faire du mal. Donc, je sais quand on peut être dans un malheur très profond, à quel point on peut chercher des choses pour aller encore plus mal, parce qu'on pense à très court terme. Et moi, j'ai été dans un mal-être si profond que je voulais tuer cette souffrance et ne plus faire partie de ce monde. Donc, je sais. Mais sachez aussi que même si on est dans ce moment le plus noir, on peut ensuite aller bien, parce que c'est mon cas aujourd'hui et je suis très heureuse. Et je sais qu'on peut se dire, ça n'arrive qu'aux autres et c'est faux, mais en tout cas, je suis une preuve vivante que non, parce que je trouvais tout monstrueux. Et aujourd'hui, ça va très bien, je suis hyper heureuse. Donc, on peut vraiment totalement se sortir de ça et se sortir de l'anorexie, se sortir de la boulimie, se sortir de tous les TCA, de la dépression, des envies suicidaires. Il faut juste effectivement trouver les bonnes personnes. et demander de l'aide et ne pas avoir honte d'en parler en fait, parce que c'est ni un choix, ni une faiblesse. Et les gens qui vous disent ça ne l'ont juste pas traversé et ont peur de le traverser. Donc ils le rejettent très loin d'eux. Mais malheureusement, ça peut leur arriver aussi. Ça peut arriver à tout le monde parce qu'on est tous humains. Et une dépression, par exemple, ça touche une personne sur trois. Donc ça touche bien plus de personnes qu'on ne le pense. Et il y a plein de personnes en fait qui se taisent aussi. Parce qu'ils se disent, c'est terrible, j'ai pas le droit d'en parler, mais c'est pas grave. On est tous humains, on est tous vulnérables et il n'y a vraiment pas de honte à parler de ça. C'est vraiment OK, en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses qu'on peut se surestimer des fois et penser que tout seul, on va y arriver ? Puisque tout seul, on a réussi à perdre du poids, donc on peut réussir tout seul à s'en sortir.

  • Speaker #1

    Certainement. Parce que, alors surtout dans ces maladies-là, en fait, c'est tellement une maladie de contrôle qu'il y a un truc aussi de... de... telle volonté, parce qu'il y a une grande, grande volonté. Je pense être d'une volonté et d'une détermination très fortes, mais c'est pas grave, en fait, de demander de l'aide. Je pense pas que ce soit de la faiblesse de demander de l'aide. Parce que, au final, en plus, on ne se sauve toujours que soi-même. Enfin, moi, je le vois aujourd'hui en étant thérapeute. Les personnes que j'aide, je leur montre des pistes et j'écoute ce qu'elles me disent et je rebondis sur des choses qu'elles ne voient peut-être pas, mais elles me le disent. Et moi, je leur renvoie, je suis un effet miroir, mais je ne vais jamais dire à quelqu'un faites-ci, faites-ça C'est en rien mon rôle. Moi, je ne suis qu'un récepteur, un réceptacle, c'est ça. Et je renvoie des choses qu'on me donne. Mais c'est en rien mon rôle de donner une orientation à des gens ou de prendre en charge leur vie. Et surtout que c'est la personne qui choisit de demander de l'aide. Donc c'est son pas à elle d'y aller. C'est pas quelqu'un qui vient la chercher et lui dit je suis là pour vous, je vais vous sauver Je crois pas que personne ne nous sauve. C'est une croyance. C'est comme quand on est en couple, on se dit… Je vais changer telle ou telle personne, mais on ne change jamais quelqu'un. La personne peut s'améliorer et faire des efforts pour l'autre. On évolue avec quelqu'un ou pour l'autre, mais ça vient toujours de nous. On a envie de le faire pour l'autre. Je pense qu'on est le seul et la seule à faire des choses pour soi, si on en a véritablement envie. Et on décide de guérir ou non. Moi, j'ai des patients qui restent des mois au même endroit, qui n'entendent pas ce que je leur dis. Parce qu'ils ne sont pas à cette place-là. Et c'est OK, je ne vais pas les forcer. Et il y en a d'autres qui vont à toute vitesse parce que c'est le bon moment pour eux et c'est leur timing. Et le psychologue est là pour écouter et pour guider au maximum. Mais on ne peut pas forcer la personne. En revanche, ça peut être totalement un accélérateur. Moi, j'ai rencontré un psychiatre. Et d'ailleurs, je disais effectivement ça, qu'il m'avait sauvé la vie. Mais il m'a toujours dit, vous, vous êtes sauvé la vie. mais c'était la en fait c'était vraiment moi je trouve la bonne personne parce qu'il a m'a reconnecté à mon humanité parce qu'après la mode qui est quand même un monde atroce enfin je parle spécifiquement de la haute couture parce que je sais que moi j'ai jamais bossé dans la mode commerciale mais là il n'y a pas du tout de critères de poids ou de Moi, c'était vraiment un truc où... Oui, voilà. La manière dont ça s'est passé ensuite, c'est qu'en mangeant les trois pommes, en fait, l'engrenage a été hyper rapide.

  • Speaker #0

    Tu l'as fait combien de temps, ça ?

  • Speaker #1

    Deux mois. Pendant deux mois, tu t'es nourrie uniquement que de trois pommes par jour ? Oui. Et j'ai perdu 12 kilos.

  • Speaker #0

    Du coup, 12 kilos, c'est 3 centimètres de fête ?

  • Speaker #1

    Absolument. Même si c'était 4.

  • Speaker #0

    C'est énorme.

  • Speaker #1

    J'avais... Ah, mais on m'a applaudie à l'agence. Ah, on t'a applaudie quand même.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    parce que c'est vraiment... On t'encourage... Totalement. Oui. Et là, j'entrais dans, effectivement, tous les vêtements de créateurs. Je faisais du 32. Attends,

  • Speaker #0

    mais du coup, tu faisais 56 kilos. Et là, tu faisais moins 12 kilos. Tu faisais 45 ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    En deux mois ? Oui. Et tes parents, ils n'ont pas...

  • Speaker #1

    C'est ça qui est... Oui, tout le monde m'a demandé ça.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Mes parents, j'étais en vacances avec eux, effectivement, pendant l'été. Alors, mon père, ça l'a rendu... Au départ, je leur ai dit, en fait, je vais manger trois pommes juste pendant une semaine. Bon, déjà, ils n'étaient pas ravis, mais je leur ai dit non, mais c'est juste pour perdre trois centimètres. Et ensuite, c'est comme ça, pour la mode, je pourrais partir dans le truc, partir à New York et machin. Ensuite, j'ai continué le truc. Et c'est là, non, effectivement, qu'au mois d'août, comme on partait en voyage aux États-Unis, mon père ne voulait pas que je mange seulement trois pommes. Et donc, je mangeais du poisson devant lui et je n'avais jamais réussi à me faire vomir. Mais du coup, je prenais des laxatifs. Donc, devant eux, je mangeais des trucs et ensuite, je prenais des trucs et j'ai même fait des lavements. Oui, c'est ça, parce que tu peux faire aussi. Parce qu'ensuite, ça, et puis je prenais au départ deux petits comprimés et puis en fait, je prenais une plaquette de trucs. Parce que ça ne marchait plus. Et c'est là, en fait, que c'est dingue. Quand tu disais, pardon, c'est un truc dans lequel on glisse. C'est ça qui est monstrueux. C'est-à-dire que d'un truc que je pensais faire une semaine, même si c'était quand même assez extrême, je suis tombée dans un truc monstrueux où j'ai commencé à entendre vraiment cette... Petite voix, j'ai eu l'impression de me dissocier et j'ai commencé à avoir peur de toute la nourriture. Parce que je commençais là à me peser tous les jours, à prendre mes mensurations de partout. Parce que je me disais, il faut absolument que j'entre dans ces vêtements, parce que là, ça va être ma seule valeur en fait. Parce que je ne peux pas, après Sciences Po, rater en plus ça.

  • Speaker #0

    Parce que tu vas être bête et moche.

  • Speaker #1

    Voilà. Merde. C'est pas possible. Donc là, c'était l'objectif. C'était impossible de le rater. Et donc, ça devenait un truc terrorisant. Mais j'avais des crises d'angoisse. On était allées justement dans un resto avec mes parents. En plus, on était aux Etats-Unis. Donc bon, bonjour les terras, les burgers. Et donc moi, je commandais des assiettes de légumes, mais ils m'avaient mis de l'huile dedans. J'avais pleuré parce qu'il y avait de l'huile. Oui, tout prend des dispositions. Mais un mois avant... Je n'étais pas comme ça. Je n'avais jamais eu de problème avec la nourriture. Parce que moi, ma seule obsession avant, c'était les notes, mes cours. Je ne m'étais jamais posée de questions sur la nourriture. C'est ça qui est... Donc oui, effectivement, j'ai glissé, mais bien vite et bien profondément dans un truc de contrôle, mais obsessionnel avec ça. Et ensuite, comme en plus j'étais extrêmement encouragée, c'est-à-dire que quand je suis arrivée à New York, j'étais dans ce qui s'appelle les apparts de mannequins, je vivais avec deux autres mannequins, qui étaient considérées trop grosses parce qu'elles faisaient ma taille et mon poids avant, enfin quand j'ai été repérée, donc elles étaient prises à rien. Et donc notre agent débarquait dans l'appart, il fouillait nos placards, les petites culottes, les machins, parce qu'elle planquait des M&M's. Et il disait, mais regardez Victoire, elle ne mange qu'une salade, elle enlève le fromage. Elle prend le poulet sans sauce, machin, nan, nan, nan. Donc, en plus, ses filles me détestaient. Donc, ça créait une ambiance de merde. Oui, puis tu étais devenue une espèce d'exemple horrible.

  • Speaker #0

    La bonne élève, quoi. Bah oui,

  • Speaker #1

    la bonne élève. Il suit bien les règles, c'est ce qu'on lui demande. Et cet agent, à un moment donné, il ne voit pas que tu es en danger. Mais il s'en fiche. totalement. Lui, il veut juste qu'il ait sa commission parce que moi, je fais bien ce qu'on me demande et je les enrichis tellement. Ils prennent 70% de ce que tu gagnes. Donc, ils sont bien contents que tu manges rien. Donc, ils peuvent te regarder dépérir s'il t'arrive quelque chose. Mais totalement. Mais il y a une nana qui a fait une crise cardiaque qui est morte à 19 ans d'anorexie mentale. D'accord. Et c'est pour ça qu'ensuite, moi, je me suis énormément engagée. Avec le ministère de la Santé, parce que je trouve ça honteux qu'en France, on est censé être le pays des droits de l'homme, la santé qui est si importante, pour des raisons économiques, parce que oui, la mode rapporte beaucoup d'argent à la France, mais c'est secondaire. Et là, on parle des mannequins, donc d'un petit groupe de jeunes femmes, mais c'est aussi toute l'influence que ça a sur les jeunes filles qui s'identifient. à ça. Et maintenant, d'autant plus avec les réseaux sociaux. Donc, c'est dramatique, en fait, l'impact que ça a sur la société.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça a un peu évolué depuis ton époque, entre guillemets ? C'était pas il y a si longtemps, c'était en 2016, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Alors, 2016, c'est quand j'ai écrit mon bouquin.

  • Speaker #0

    Ah,

  • Speaker #1

    donc c'était avant encore. Et la mode, enfin, moi, quand j'étais mannequin, c'était en 2010. Le livre, quand je l'ai écrit, c'était en 2016. Et est-ce que ça a évolué ? C'est-à-dire qu'aucune des, comment dire, des réformes qu'Olivier Véran a passées... ne sont appliquées, parce que lui, il voulait que ce soit des majeurs qui soient employés, parce qu'il y en a qui ont quand même 14-15 ans. Donc effectivement, si on emploie des jeunes filles qui ne sont même pas dans leur puberté, oui, il n'y a pas de poitrine, il n'y a pas de hanches, mais en fait, on nous empêche de devenir des femmes. Donc c'est vraiment une annihilation du corps féminin. On nous fait taire jusque dans notre corps. C'est hallucinant. Et il voulait aussi qu'il y ait la mention photo retouchée. Oui, mais ça, parce que ça, ça a été beaucoup parlé à un moment donné. Les magazines n'avaient plus le droit. Et c'est vrai qu'on en a entendu beaucoup parler. Et maintenant, je n'ai pas l'impression d'avoir beaucoup cette mention. Alors, j'ai l'impression que toutes les femmes ne ressemblent pas à des vraies femmes quand même. Alors, soit c'est écrit tellement minuscule que tu dois prendre une loupe pour vraiment vérifier le truc. Mais il faut savoir qu'en fait, pour les défilés, tu dois être totalement décharné. Parce que comme c'est le vêtement roi, il faut qu'il tombe sur toi, comme sur moi, comme sur toi. De la même manière, sauf que... On n'a pas la même poitrine, on n'a pas la même taille. Donc effectivement, ça les fait chier les créateurs de s'adapter à chacune. En fait, c'est un cintre. Totalement. Mais dans ce cas, qui prennent des cintres, en fait. Pas des êtres humains, surtout qu'ensuite, c'est censé aller à des femmes. Donc moi, je pense que l'humain devrait passer avant le tissu. Et j'entends que c'est une œuvre d'art, etc. Mais c'est censé magnifier la femme et pas l'affaiblir. Donc ça, déjà, non. Et ensuite, pour les séances photo. Alors là, comme ils trouvent ça moche quand même de voir les os, ils te photoshoppent. Et puis, ils peuvent te mettre aussi le visage d'une mannequin, le buste d'une autre, les jambes d'une troisième. Et ensuite, ça, c'est le modèle donné aux jeunes filles qui, du coup, ne sont jamais contentes d'elles-mêmes et qui sont comparées les unes aux autres. Et on va se dire, ah, il faut ressembler à ci et à ça et machin. Et comme, en plus, pendant le Covid, la Covid, malheureusement, il y avait, enfin, tout le monde était enfermé. Et avec les masques, alors là, je ne parle même pas des émotions où personne, on était tous totalement coupés de ça. Et donc tous encore plus sur les réseaux sociaux, etc. Maintenant, on parle carrément d'anorexie infantile, où ça commence à partir de 8 ans, parce que tout le monde a accès plus jeune à un téléphone, tout le monde se compare d'autant plus. Essayer de ressembler à une image virtuelle. Et donc, il y a encore moins de... On est beaucoup moins connecté à nos émotions et beaucoup plus à de la fausseté et de la comparaison. Donc c'est dramatique et tout a augmenté, que ce soit les troubles du comportement alimentaire, ou la dépression, ou les addictions, ou les tentatives de suicide. Donc il faut revenir, moi je trouve, le plus possible aux connexions vraies. C'est ce sur quoi je travaille beaucoup avec des associations, que ce soit Nightline ou Imhotep, qui travaillent beaucoup sur la prévention. pour essayer d'avoir des... En fait, il faudrait des groupes de parole dans les écoles pour dire, voilà, quelles sont tes émotions, que ce soit aussi le consentement, qu'il n'y ait aucun tabou, en fait, pour parler de tout ça. Mais c'est tout un travail à faire pour changer la perception, au final, de la santé mentale en France, parce qu'on est très loin de penser comme ça. Et même, comme tu le disais, pour demander de l'aide, de se dire que c'est une faiblesse ou honteux ou qu'on ne le fait pas nous-mêmes, parce qu'aujourd'hui, en France, on est très... Ah, vous souffrez de ça ? Prenez des médicaments et restez chez vous et surtout n'en parlez pas. Alors que si on était très à l'aise de parler de tout ça, en fait, je trouve que dès qu'on est ouvert à sa propre vulnérabilité, les autres se disent aussi Oh, ben ok, je peux en parler. Et justement, moi, le fameux médecin qui m'a aidée, c'est le docteur Vincent Jost. J'étais à la clinique du château de Garches parce qu'on m'avait d'abord emmenée à Saint-Anne. Alors, il y a certainement des médecins très bien à Saint-Anne. Ce n'est pas pour dire que tout le monde est bien dans une clinique, pas dans un hôpital, mais en l'occurrence, le médecin sur lequel j'étais tombée. On m'avait quand même fait un lavage d'estomac parce que j'avais pris absolument tous les médicaments qui m'étaient passés sous la main parce que je n'en pouvais plus du monde de la mode. On me repassait à même la peau, on m'arrachait les ongles, j'avais perdu la moitié de mes cheveux parce que pour un défilé, on m'avait mis de la vraie colle parce que c'était plus pratique pour eux. Descouvrez-vous.

  • Speaker #0

    Vous êtes tellement déshumanisé. Vous êtes un objet. Et c'est ça que j'ai trouvé le plus...

  • Speaker #1

    Violon ?

  • Speaker #0

    Ah ouais. J'ai trouvé ça très dur. Et surtout, effectivement, à 17 ans, il y a plein d'autres choses, on s'en rend compte après. Parce que toute la perte, effectivement, d'estime de soi, de confiance en soi, tout ce qui est attaché à la valeur. Parce que de l'extérieur, il y a plein de gens qui vous disent... T'étais considérée comme une des plus belles filles, t'as voyagé partout, c'est trop bien. Mais la réalité, c'est qu'on vous dit sans cesse que vous avez un défaut. Parce qu'il y a toujours une fille qui a des jambes plus grandes, des cheveux plus beaux, un nez plus fin. Donc, quand vous êtes dans ce milieu-là, personne ne vous dit ça. Et puis en plus, c'est quand même terrible d'être réduite à ça, qui est en plus un truc qui va évoluer, qui va partir. Enfin, c'est... L'intérêt est nul, en fait. Il n'existe pas. Et puis, alors, on vous dit aussi, mais vous avez dû gagner tellement d'argent. Alors, moi, en un an de travail complet, j'ai gagné 10 000 euros. Parce que j'aurais dû gagner 100 000, mais l'agence prend tout et déduit tout. Les avions, les apparts. Alors, je ne dis pas que 10 000 euros n'est pas d'argent, mais en un an où vous bossez tous les jours, je ne me dis pas... Voilà. Et pour, en plus, être... traité comme un objet. C'est pas le... Tout ça pour dire que c'est pas le rêve et l'illusion que les gens pensent que vous êtes en train de vivre. Et donc oui, j'ai eu un moment où effectivement je me suis dit, je pense que j'ai eu trop soif et faim d'humanité, et donc j'ai mangé absolument tous les trucs qui me passaient sous la main, ce qui a fini par me sauver, quelque part. Mais moi, du coup, c'était un dégoût de moi-même. atroce parce que c'est ça qui est terrible aussi, en tout cas dans la société française et certainement dans plein d'autres vivant ici, je l'ai vécu ici, où les gens vous félicitent quand même quand vous êtes mince et maigre. On a toujours ce truc, en tout cas envers les femmes, de Oh mais t'as maigri, ça te va bien, bravo Mais on ne sait pas en fait si c'est bien ou pas. Enfin moi, en l'occurrence, c'était une maladie, donc ce n'était pas du tout bien de me dire ça. Mais alors quand j'ai pris du poids, c'était terrible, là. C'était un truc de... Oh là là ! Le monstre, quoi. Donc, c'est vraiment le rejet.

  • Speaker #2

    Mais ça, c'est dans le monde de ton métier. Parce que j'imagine que tes amis ou tes parents te disaient Ah, c'est super, t'as repris du poids !

  • Speaker #0

    Parce que le problème, c'est que c'était et quand j'ai maigri et quand j'ai grossi, c'était beaucoup d'un coup.

  • Speaker #2

    D'accord, ouais. C'est un gros yo-yo, quoi. Un grand écart.

  • Speaker #0

    Et du coup, c'était pas du... Enfin, en tout cas, moi, dans... Ce que j'ai vécu. Je ne pense pas que c'est comment je l'ai ressenti. C'était la réalité.

  • Speaker #1

    Comment tu l'as ressenti dans la réalité, mais comment toi, en plus, tu l'as pas reçu. Parce que les autres, ils avaient une autre réalité. Ils se disaient, il faut rester dans des espèces de standards. Et là, qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    Et du coup, c'était terrible. Et j'ai vraiment eu un moment où je me suis dit, là, je ne vois pas d'issue. Mais aussi parce que je n'arrivais pas à en parler. Donc, j'étais totalement enfermée dans un désespoir et une honte. Et je voulais faire taire cette souffrance qui était atroce. Donc, encore une fois, je ne me disais pas que cette émotion est tellement énorme et envahissante que je ne sais absolument pas la reconnaître, l'analyser, en parler. C'est atroce. Un sac de nœuds, je ne sais pas faire. Et en arrivant à Saint-Anne, le psychiatre s'est adressé à mes parents et pas à moi. Déjà, j'avais vécu une année déshumanisée. C'est fou ça. Et le mec parle à mes parents en disant Oh, elle fait une crise d'ado Donc là, moi qui suis normalement toujours très bien élevée et tout, j'ai dit C'est un gros con Et je suis partie. Et heureusement, mes parents... sont parties avec moi pour m'emmener ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est quand même chouette,

  • Speaker #0

    ça. Mais c'est ça aussi, c'est qu'effectivement, il y a des médecins top, des psychologues top. Il y en a qui ne le sont pas aussi. Et il faut trouver la bonne personne qui nous correspond. Et donc, quand on est déjà dans une souffrance, ça peut être décourageant de se dire Waouh, il y a encore une personne qui ne me comprend pas. C'est sûr que c'est...

  • Speaker #1

    C'est un long chemin. Oui,

  • Speaker #0

    ça, c'est compliqué. Mais ensuite, quand je... J'ai rencontré donc un autre médecin. Lui, alors c'est des trucs tout bêtes, mais il m'a parlé à moi. Il m'a vouvoyée. Je me suis dit Waouh ! Et il m'a dit Victoire, est-ce que vous voulez que je vous reçoive seule ou avec vos parents ?

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    déjà,

  • Speaker #1

    ça n'avait rien à voir. Oui,

  • Speaker #0

    mais je n'ai même pas su répondre, en fait. Parce que, comme moi, ça faisait un an qu'on ne m'avait pas posé de questions. Et pourtant, à la fin, en plus, dans la mode, je marchais hyper bien. Je faisais toutes les couvertures, tous les trucs. Les photographes m'appelaient par mon prénom, machin, machin, machin. Mais j'étais un bout de viande, quoi. C'est-à-dire que les six premiers mois, c'était... française, 18 ans. C'est sale, vous êtes une marchandise. Et donc, quand il m'a dit ça, j'ai regardé mes parents en mode c'est hyper bizarre, ils s'adressent à moi. Et donc, mes parents m'ont dit, vas-y, toi. Et je n'arrive pas à me souvenir de ce qu'il m'a dit, mais il m'a fait rire et il m'a fait pleurer. Et je me suis dit, lui, il me considère et il me comprend. Enfin, il sait me parler. Et ça m'a... redonner foi en l'humanité. Vraiment, je me suis dit qu'il voit qui je suis. Il ne me considère pas comme un cas, que ce soit dans la mode un bout de bétail ou l'autre mec qui se disait qu'il avait un numéro de dossier comme les autres. Lui, il était là pour moi, ma personne. Il ne voulait pas forcément me sauver parce qu'on se sauve que soi-même, mais il voulait m'aider à aller mieux. Et moi, je trouve que la thérapie, c'est ça. On considère la personne pour ce qu'elle est et on est censé la voir entièrement et l'aider au maximum.

  • Speaker #1

    Puis l'aider à reconnecter avec les émotions. Donc si tu as réussi à rire et à pleurer, peut-être que c'est ça qui manque.

  • Speaker #0

    Et ça m'a énormément aidée. Je suis restée trois mois dans cet hôpital. Et je voulais pas partir. Franchement. Non, mais en fait, je me suis dit... C'était hyper dur pour plein de choses. Mais tous les patients étaient tellement bienveillants. Parce que justement, en fait, là, tout le monde, effectivement, était dans une certaine souffrance. Mais en fait, il y a beaucoup de gens aussi qui sont dans beaucoup de souffrances dans le monde, en dehors des hôpitaux, et qui ne le reconnaissent pas. Et donc là, il n'y avait pas de jugement. Les gens étaient hyper gentils, à l'écoute. Il y avait plus de temps. Alors, bien sûr, quand on est dans une ville, tout le monde est très... Il faut dépêcher. Et c'était dur, du coup, de sortir et de retomber dans la frénésie, dans la folie, en fait. La folie est à l'extérieur.

  • Speaker #2

    Et est-ce que, du coup, comme on dit que c'est un peu comme une addiction, est-ce que tu as... peur ? C'est-à-dire qu'on dit qu'un ancien fumeur restera toujours fumeur. Est-ce que quand tu as été anorexique comme ça, il y a quelque chose qui plane ? Comme quoi, tu peux avoir cette espèce de peur de replonger un jour dedans ?

  • Speaker #0

    Alors moi, c'est resté quand même longtemps après. C'est-à-dire que je n'ai pas passé trois mois à l'hôpital et hop, soudainement, j'étais guérie. Ça m'a guérie des idées suicidaires et de la dépression dans laquelle j'étais, d'être dans cet hôpital. mais ça ne m'a pas guéri des TCA d'être dans cet hôpital. Ensuite, je pense qu'il m'a fallu bien huit ans pour sortir de ça. Maintenant, sincèrement, je ne pense plus du tout avoir de problème avec ça, mais parce que j'ai fait un autre travail après, plus justement avec les émotions et parce que j'ai vécu à Londres et qui sont beaucoup plus dans un travail avec le corps, avec... On ne disait pas qu'est-ce qui s'est passé dans ta petite enfance avec ta mère ? Ça marche peut-être pour certaines personnes, et tant mieux, parce que, encore une fois, je crois que tout le monde est différent et qu'il faut trouver le chemin qui nous convient à nous. Ce n'était pas le mien. Et moi, ce qui m'a vraiment aidée, c'est la mindfulness, la méditation, faire du pilates. Alors tout un travail aussi dans le théâtre, quand même, parce que me reconnecter à mon corps, parce que j'étais beaucoup dans ma tête. Mais plein de lectures aussi spirituelles. Mais vraiment, principalement un truc dans l'émotion. Et un exercice que je peux donner maintenant d'ailleurs. Où au début, je ne voulais pas le faire. J'étais bloquée, bloquée, bloquée. Mais au fur et à mesure. Et c'est un truc qui dure trois minutes. Parce qu'en fait, une émotion peut nous traverser en trois minutes. Et on peut mettre son minuteur sur son téléphone en trois minutes. Et fermer les yeux et visualiser l'émotion dans son corps. Parce qu'en fait, très souvent, on l'intellectualise. Mais ce qui nous fait du bien aussi... pour la digérer, c'est de se dire où est-ce qu'elle est en nous. Et en général, elle est dans le plexus solaire, coincée, dans le ventre. Et vraiment, c'est essayer de la visualiser. Ça peut être une boule, ça peut être un gros bâton, un tuyau. Et se dire, ok, je sais que c'est là, mais je le sens, je la laisse évoluer. Et elle peut monter dans la gorge, ça peut bloquer la gorge, être très désagréable, boucher le nez, piquer les yeux, les oreilles. Oui. On allait sortir. Et alors ça, c'est un truc qui m'a vachement aidée. Ou plein de trucs aussi de visualisation, de voir son émotion, par exemple, dans le ventre, si c'est de la colère ou en tout cas une émotion négative, et de lui associer une couleur. Donc une émotion qu'on n'aime pas. Chacun une couleur qu'il n'aime pas trop. Et ensuite, l'accepter. Parce que... Il ne faut pas rejeter les émotions, mais la vivre. Mais ensuite se dire, ok, elle est là, je l'accepte, mais maintenant je vais la transformer avec de l'apaisement et donc avec une couleur qui nous apaise. Et visualiser dans son ventre l'autre couleur qui envahit tout. Et faire des exercices comme ça, corporels et de mindfulness, ça m'a vachement aidée. Oui, d'être vachement aussi dans des trucs de moments présents. de me rendre compte que mon émotion n'est pas moi. Je parlais d'identité tout à l'heure, mais la maladie que j'ai traversée n'est pas moi. Tout comme la peur que je ressens n'est pas moi. Tout passe en fait. Et avoir des... Je parlais des lectures spirituelles, juste lire Le pouvoir du moment présent. Après, il y a les lire au bon moment et machin. Là, je suis en train de lire Penser comme un moine de Jay Shetty. Et il y a plein de trucs comme ça. Après, il y a la vie qui passe. Forcément, il y a des choses qui... De déménager à Londres aussi, ça m'a beaucoup aidée. Alors certainement juste de partir et donc d'associer des émotions à un autre lieu. J'y allais pour mes études, pour du théâtre. Je faisais enfin ma passion. C'était mon chemin, mon choix, ma vie, ma liberté. Et par exemple, là, pendant un an... J'avais eu aucun souci, aucun trouble du comportement alimentaire. Ensuite, je suis tombée folle amoureuse. Le mec m'a quittée et bim, je suis bien retombée dedans. Donc, je sais que j'avais cette fragilité. Effectivement, sauf qu'ensuite, à chaque fois, j'ai appris. Pendant ces huit ans, oui, j'ai eu des récidives, mais pendant chacune d'entre elles, j'ai pu... construire un peu ma boîte à outils et me dire Ok, je sais que là, ça, ça a marché, ça, ça a marché, ça, ça a marché. Ensuite, pendant la Covid, j'ai repris des études de psycho. Et ça, je pense que ça m'a beaucoup aidée aussi pour moi. Au départ, je l'ai fait parce que j'étais en Angleterre et je n'avais pas de rôle là-bas. Je faisais juste des voix et tout. Mais tous les studios étaient fermés. Et suite à mon livre, en fait, j'avais donné. énormément de conférences, et dans les médias, mais aussi auprès de politiques, et dans des hôpitaux, dans des écoles, et tout ça. Mais c'était à chaque fois basé que sur mon expérience. Et donc je me disais, il y a quand même des jeunes filles qui mettaient leur vie entre mes mains. Il y en avait qui sortaient de l'hôpital avec leur sonde pour venir me voir, et en me disant Vous êtes mon dernier recours, aidez-moi Donc moi j'avais 24 ans. Et là, je me disais, bon, j'ai quand même un peu de pression parce qu'en plus, comme je voulais répondre à chacune de manière personnalisée, en disant... Enfin, je prenais le truc hyper à cœur. Sur Instagram, j'ai mis deux ans à répondre à tous les messages. Mais ça, c'était très dur, le livre, la sortie du livre. Là, c'est le deuxième gros truc où je suis retombée. Là, je suis tombée dans la boulimie. On peut voir au fur et à mesure des interviews que je grossis. Je me suis dit, oh là là, qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi j'ai parlé de ça ? Mais au moins, après ça, j'ai vu une psy et ça, je pense que ça m'a permis de bien clôturer le truc. Et c'est ce qui m'a véritablement soignée. Ça, plus les études de psycho. Et là, vraiment, depuis deux ans ou trois ans, je dirais que je n'ai plus aucun... Je sais qu'à des moments, ça peut...

  • Speaker #1

    Taper à la porte.

  • Speaker #0

    Oui, mais du coup, je me dis, maintenant, j'ai vraiment ce truc de pleine conscience de me dire... Ok, donc là, par exemple, si j'ai quelqu'un de mon entourage qui souffre de ça, là, c'est le dernier truc qui m'est arrivé en date, il y a deux, trois ans, de famille proche. Et donc, j'ai dû passer du temps avec cette personne et partager des repas avec cette personne. Et là, je me disais, oh là là. Donc ça, je voyais que ça faisait un truc en moi, alors que j'y pensais plus jamais. Avant, c'était compliqué pour moi, par exemple. Il fallait checker le resto, la carte du resto, savoir où j'allais déjeuner, avec qui, machin.

  • Speaker #1

    Tu y allais encore déjeuner au restaurant ?

  • Speaker #0

    J'y allais quand même, mais il fallait que je check avant. Alors que là, depuis 2-3 ans, je n'ai plus rien de tous ces trucs. Mais là, d'avoir cette personne qui souffre de ça, qui arrive, et qui du coup regarde ce que je mange, me parle des trucs, je me disais, mon Dieu, compliqué, mais... Ça a réveillé des trucs en moi, mais comme je le sais, je me suis dit ok. Alors, il y a des moments où si je sais que j'ai mes règles, par exemple, donc là je suis dans un état de vulnérabilité, je ne vais pas y aller. Je me choisis. Je sais que pas la peine. Mais sinon, je me dis ok, je sais que je vais déjeuner ou dîner avec cette personne, ou là que je vais passer l'après-midi avec elle. En fait, je n'entre pas dans le discours. Parce que là, en plus, je ne suis pas la thérapeute de ces personnes. Je pense, en fait, d'avoir, au fur et à mesure, acquis des outils qui m'ont aidée et sortie du truc. Je me dis, OK, c'est son problème et ce n'est plus le mien. Donc, je n'ai pas envie de le vivre. Non, c'est sûr. Et d'où le fait qu'on puisse en sortir.

  • Speaker #1

    Ça, c'est vraiment... Une super bonne nouvelle. C'est important aussi de dire qu'on peut s'en sortir parce que c'est quand même une fenêtre d'espoir pour toutes les jeunes filles ou les jeunes hommes, entre guillemets, qui vivent des troubles alimentaires. Et on arrive presque à la fin. Est-ce que tu aurais justement... Tu as déjà beaucoup de choses, mais... conseil ? Je ne sais pas si en tant que thérapeute, on ne donne pas de conseil. Enfin,

  • Speaker #0

    moi, je donne quand même effectivement au maximum le conseil d'essayer de se connecter à ses émotions et ses sens. Quand on est déconnecté du moment présent, moi, j'aime bien l'exercice des cinq sens. De voir cinq choses autour de soi. Quatre choses qu'on entend, trois choses qu'on sent, deux choses qu'on touche. une chose qu'on goûte parce que ça on peut le faire à n'importe quel moment et en fait quand on est hyper stressé enfin je dis on peut même avant une réunion ou un truc aller le faire dans les toilettes c'est pas le mieux parce qu'au niveau des sensations et des odeurs c'est pas dingue qu'est-ce qu'on goûte dans les toilettes mais au moins en fait c'est juste pour dire qu'on a tous en soi les ressources pour s'en sortir s'en connecter après je dis pas ça pour que les gens qui ne vont pas bien s'en veuillent Parce qu'on peut aussi être vraiment dans un moment de désespoir et c'est pas pour dire allez, on se bouge, machin Moi, quand j'étais en dépression, j'étais effectivement au bout de ma vie dans mon lit et lever le bras était un effort surhumain. Donc je dis ça quand on a un petit stress et sinon qu'effectivement, c'est toujours OK de demander de l'aide et d'avoir des gens qui nous mettent sur ce chemin pour s'en sortir. Parce qu'on peut tous en fait avoir des moments où ça va un peu moins bien. Mais ce n'est pas pour ça que le lendemain, ça n'ira pas mieux. Et pour prendre la métaphore des réseaux sociaux, en fait, parfois, c'est juste une question de perception. Donc, on change le filtre et on se dit Ah oui, je voyais la situation comme ça, mais en fait, si je la vois autrement, c'est beaucoup plus sympa. Donc, il y a toujours une manière de voir la vie aussi autrement. C'est comme si, par exemple, on renverse son café le matin et on se dit Putain, ça va être une journée de merde. Et en général, c'est le cas. Est-ce qu'on balance tellement d'ondes négatives ? qu'effectivement, on va enchaîner le truc. Alors que si, là aussi, on se remet en conscience et on se dit Ok, j'ai renversé mon café, mais c'est pas très grave, en fait. Donc, on peut juste se dire Allez, maintenant, je fais un petit truc sympa pour moi. Je vais respirer l'air dehors. Je vais caresser mon chat si j'ai la chance d'en avoir un. Ou je sais pas, lire une page d'un truc sympa. Et je me remets dans une pensée positive. Et c'est ok de faire ça. On peut toujours, je pense, voir le truc autrement. Et en fait, c'est ça qui est merveilleux avec la plasticité neuronale, c'est qu'on peut changer. Parce qu'on se dit souvent, je fonctionne comme ça depuis 20 ans, donc c'est foutu. Mais à tout moment, on peut choisir de changer de chemin. C'est un peu chiant, parce que c'est un exercice et des nouveaux rituels à mettre en place. Mais en fait, c'est un peu comme un... Un exercice de sportif, il faut le refaire et le refaire et le refaire. Le petit challenge pas mal à se mettre, c'est de se dire je le fais pendant 21 jours. Parce que c'est comme ça en général qu'on crée une habitude. Et puis comme ça, ça donne un but, un objectif pas trop lointain pour voir des résultats.

  • Speaker #1

    On espère que nos auditeurs ou auditrices ont plein de tips à mettre en place pendant les prochains 21 jours.

  • Speaker #0

    Voilà. Et puis, j'essaie d'en donner sur... J'ai ma petite page Instagram, Emopy, que j'ai créée, en fait, parce que c'est justement émotions et pilates. Moi, c'est les trucs qui m'ont aidée parce que c'est... Les émotions, c'est quand même ce qui bouge en nous. Et le pilates, c'était aussi le mouvement du corps. Et en fait, c'est pour dire que c'est le... Oui, le mouvement de tout. Enfin, tu vois, c'est de se dire, on peut toujours avoir un impact sur sa vie. Et donc, c'est pour ça que j'avais... que j'ai créé ça.

  • Speaker #2

    On mettra toutes les infos de toute façon, évidemment.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    on va aller voir aussi. En tout cas, merci beaucoup pour ta générosité et ton partage d'expérience.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup et à la semaine prochaine.

  • Speaker #1

    Flamme des années 80.

  • Speaker #2

    Le podcast qui allume la femme.

Description

La flamme de la Nutrition: Quand une femme nous livre son parcours de guérison face à l'anorexie.


Sara et Angélica ont reçu Victoire Dauxerre actrice, et thérapeute, spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire suite à une longue période d'anorexie dont elle a écrit le livre "Jamais assez maigre".

Elle a créé une méthode d'accompagnement Emopi basée sur la compréhension des émotions.


Elle nous a livré son parcours, ses souvenirs et son combat avec beaucoup de générosité.


Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à l'écouter que nous avons eu à l'accueillir sous notre tente.


Quelques citations de l'épisode:

"L’anorexie mentale c’est une maladie mentale, c’est un trouble psychique, ça peut arriver à n’importe qui, ça se guérit avec des thérapies cognitives et comportementales, avec la mindfulness et la psychologie positive."


"En thérapie il faut trouver des ressources en soi pour avoir une raison valable de s'en sortir car ça devient tellement une identité qu’on s’y accroche et le changement fait peur."


"On ne connaît pas ses émotions la plus part du temps, on confond colère et tristesse, on mélange tout, et ça c’est dramatique  car c’est ce qui crée plein de trouble dans le corps."


"On est le seul à pouvoir faire quelque chose pour soi si on en a envie et on décide de guérir."


"Je suis rentrée dans un truc monstrueux où j’ai commencé à entendre cette petite voix, j’ai eu l’impression de me dissocier et j’ai commencé à avoir peur de toute la nourriture."


"Dans le mannequinat, pour les jeunes filles, on les empêche de devenir des femmes, c’est vraiment une annihilation du corps féminin, on nous fait taire jusque dans notre corps".


"Il faut être dans le moment présent, se rendre compte que mon émotion n’est pas moi, la maladie que j’ai traversé n’est pas moi, la peur que je ressens n’est pas moi…"


On va parler de:

Femmes. Flammes. Allumer. Podcast. Maternité. Amour. Sexe. Psychologie. Témoignages inspirants. Développement personnel. Année 80. Santé. Bien être. Psychologie. Spiritualité. Désirs. Carrières. Naturopathe. Troubles du comportement alimentaire.

Anorexie. Boulimie.



Retrouvez Flammes des années 80, le podcast qui allume la femme, sur toutes les plateformes


D'une petite flamme peut naître un grand feu alors abonnez vous  ! 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Flamme des années 80.

  • Speaker #1

    Le podcast qui allume la femme.

  • Speaker #0

    Bonjour, donc on parle toujours de nutrition et on a la chance de recevoir aujourd'hui Victoire. Est-ce que tu veux te présenter Victoire ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir, bonjour, merci de me recevoir sous cette belle tente. Qu'est-ce que je pourrais dire ? J'ai envie de dire que je suis redevenue une petite fille déjà, mais je m'appelle Victoire Doxer, je suis... Je suis comédienne, auteure de Jamais Assez Maigre et thérapeute aussi. J'ai créé Emopy, qui est ma méthode thérapeutique holistique spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire.

  • Speaker #0

    Super, oui, parce qu'on va parler des troubles de comportement alimentaire aujourd'hui, principalement avec toi. Est-ce que c'est des choses qui sont fréquentes ? Parce que toi, tu reçois justement des femmes, des jeunes femmes, ou des femmes plus âgées et aussi des hommes, j'imagine, qui ont ce genre de comportement. Est-ce que c'est dur à définir ? J'imagine que chaque personne a ses propres façons de... C'est des troubles en fait, donc il n'y a pas un protocole complètement défini par rapport à ce que c'est. Est-ce que toi, tu pourrais nous donner une petite définition par rapport justement à ta position de thérapeute aussi ?

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, il y en a plusieurs. Les plus connus, c'est l'anorexie mentale, la boulimie, l'hyperphagie. Donc l'anorexie, c'est quand on se prive principalement de nourriture. La boulimie, c'est quand on... mange des grandes quantités en très peu de temps et qu'on rend cette nourriture, soit par des vomissements ou des laxatifs. Et l'hyperphagie, c'est le même fonctionnement. Donc on mange beaucoup en très peu de temps, mais on garde cette nourriture. Et il faut savoir que la nourriture mentale, c'est une maladie mentale, ce qu'on appelle aujourd'hui un trouble psychique. Et c'est des troubles qui peuvent arriver à n'importe qui, à plein de moments différents de la vie, principalement effectivement pour des jeunes filles, adolescentes, mais aussi pour des jeunes hommes. également à la ménopause, en fait c'est principalement à des périodes de changement et ce n'est de la faute de personne, c'est quelque chose aussi dont on guérit et effectivement on en guérit aussi avec des thérapies cognitives et comportementales donc moi c'est quelque chose que je fais, que je pratique avec la mindfulness, avec la psychologie positive parce que c'est des troubles, des maladies addictives qui viennent principalement parce qu'on ne sait pas gérer ses émotions. Et malheureusement, beaucoup de personnes aujourd'hui ne savent pas gérer leurs émotions, donc on peut tomber aussi dans d'autres addictions, que ce soit la drogue, la cigarette. Bon ben là, il se trouve qu'on tombe dans la nourriture, un excès ou une rétention de nourriture parce qu'on ne sait pas communiquer autrement. Et donc, en général, ça vient aussi d'une grande sensibilité, d'un certain perfectionnisme, d'une peur de décevoir. C'est des jeunes filles en général qui sont assez bonnes élèves. on retrouve malheureusement des profils types. Donc ce n'est pas du tout une maladie superficielle, c'est juste un mal-être qui se définit avec ces comportements-là. Mais en fait, il faut comprendre que la nourriture, c'est juste le haut de l'iceberg. Et que tout le reste, effectivement, c'est les émotions qu'on a du mal à digérer ou à explorer. Moi, j'aime dire que déjà, on n'est pas anorexique ou boulimique, on souffre de ça parce qu'on ne dit pas à quelqu'un tuer cancer. On va lui dire qu'on souffre d'un cancer. Et il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas en disant mange ou arrête de manger. Mais on ne va pas dire ça à quelqu'un qui s'est cassé une jambe ou à quelqu'un qui, effectivement, sur son scan a un cancer, par exemple. Donc, c'est une maladie du même type. C'est juste que c'est une maladie psychique et non physique, mais malheureusement qui... se définit ensuite et se voit par des troubles physiques. Mais au départ, c'est quelque chose qui vient d'une perte de sens. Et donc, il faut trouver ce sens en soi. Donc moi, je travaille beaucoup sur les émotions, sur trouver effectivement l'origine de ce manque en soi qu'on essaie de combler par quelque chose d'autre. Et donc, je parlais de cette sensibilité, parce que moi, en tout cas, de ce que j'ai vécu. Je pense que l'anorexie, c'était une peur d'être dévorée par mes émotions et un trop-plein de ressentir tout en XXL. Et donc, de ne plus rien manger, c'était une manière de me couper du monde et de me dire, au moins, je ne vais plus être dérangée par telle ou telle émotion, que ce soit, ou même des sentiments, mais l'amour, la colère, la tristesse, quoi que ce soit, je me coupe de tout.

  • Speaker #0

    Et du coup, tu ne ressens plus rien.

  • Speaker #1

    Et je ne ressens plus rien, absolument. Mais quelque part, c'est une bonne défense. C'est assez intelligent. comme maladie. Après, c'est terrible, c'est un mal-être que les gens qui ne le vivent pas ou de très loin ont du mal, effectivement, à comprendre parce que c'est totalement irrationnel. Et même quand on est dedans, ça rend fou parce qu'en fait, c'est comme ce que je décris dans mon livre. C'est une petite voix que j'appelle la connasse parce qu'en fait, elle envahit tout. Et elle dit, alors moi, c'était particulier en plus parce que c'était dans le monde du mannequinat. Et donc c'était une petite voix qui me disait mais t'es trop grosse, tu vas jamais rentrer dans les fringues, t'es bonne à rien, si t'arrives pas à faire ça tu pourras pas correspondre. Parce que moi c'était pour répondre à des dictats de la mode. Donc c'était pour un truc bien spécifique. Et d'ailleurs ces troubles-là en général effectivement viennent de quelque chose. C'est-à-dire qu'on peut avoir une fragilité émotionnelle mais ensuite il faut toujours un déclencheur environnemental. C'est-à-dire que peut-être que j'ai le... le gêne en moi par exemple d'une possibilité de tomber dans la schizophrénie mais rien dans mon environnement ne va faire que ça va se déclencher j'avais le gêne en moi de pouvoir tomber dans l'anorexie c'est la mode qui me l'a déclenché mais peut-être que je ne serais pas tombée dans l'environnement de la mode qui m'a déclenché cette fragilité je ne serais jamais tombée dans l'anorexie ou peut-être que ça aurait été plus tard un chagrin d'amour ou un connard au travail ou j'en sais rien mais il y a toujours... plusieurs facteurs qui font que ça arrive. Il y a aussi effectivement l'entourage, est-ce qu'il y a un soutien ou pas ? En fait, c'est toujours multifactoriel, les troubles psychiques. C'est pour ça que si quelqu'un vous dit c'est de ta faute à toi ou de la faute de ta mère c'est stupide comme argument. Il y a toujours plein de choses. Et ensuite, c'est pour ça qu'en thérapie, il faut trouver aussi plein de ressources en soi pour avoir une raison valable d'en sortir. Parce qu'ensuite, ça devient tellement une identité qu'on s'y accroche et le changement fait aussi peur. Donc quand on connaît quelque chose auquel on est tant habitué, pourquoi aller vers quelque chose d'autre ? Il faut que ça vaille le coup, vraiment, de changer ses habitudes.

  • Speaker #0

    C'est intéressant d'avoir ce point de vue-là sur ces troubles alimentaires. Et toi, par rapport à ton histoire, c'est la mode ? Mais c'est arrivé, t'avais quel âge ? Comment est-ce que ça s'est déclenché ? Comment est-ce qu'on glisse, entre guillemets, je sais pas si c'est un bon terme, mais je sens vraiment qu'on glisse en fait vers cette perte de poids.

  • Speaker #1

    Et très vite malheureusement. En fait, moi c'est arrivé à 17 ans, parce que j'ai été repérée par une très grande agence de mannequins. Je voulais pas du tout faire ça. J'étais en train de préparer Sciences Po, mais j'avais toujours rêvé d'être comédienne. Et mes parents voulaient pas du tout que je fasse ça. Ils voulaient très fortement que je fasse Sciences Po. Et en fait, j'étais à fond dans mes révisions. J'étais très bonne élève, à fond dans tout bien faire, tout préparer. Et ma mère m'a traînée presque de force un week-end en me disant Bon, tu vas quand même faire une pause et on va aller faire du shopping toutes les deux pour te changer les idées. Et en regardant une vitrine, puisque je n'ai jamais aimé faire du shopping, mais elle adore faire ça, donc je l'attendais dehors, dans une rue du Marais. Et un mec, ce qu'on appelle un scout, donc c'est ceux qui cherchent les mannequins pour les agences de mannequins, est venu vers moi en me disant tu as un nez extraordinaire Alors, je me suis dit c'est quand même très, très bizarre comme approche Et donc, moi, 17 ans, je me suis dit mais qui est ce taré ? Et ensuite, il m'a donné sa carte en me disant non, non, mais je travaille pour une grande agence de mode, tu es faite pour devenir mannequin Moi, j'ai dit j'ai. très grande, je faisais presque 1m80 et fine. Oui, je faisais du 36 donc oui, j'étais très fine, mince. Et il m'a dit mais tu es faite pour ça, il faut absolument que tu deviennes mannequin. Alors moi, j'étais là, vraiment pas du tout. Enfin, aucun intérêt pour ça. À part peut-être ce petit truc dans ma tête de me dire bon, cinéma, mode, il y a peut-être un lien. Ce sera peut-être une... passerelle pour passer de l'un à l'autre. Bon, c'était à la limite mon seul truc. Et ensuite, il se trouve que je n'ai pas été prise au concours de Sciences Po. Et alors ça, pour moi, ça a été la honte. C'était un drame absolu de me dire, mais en fait, je suis débile, je vais décevoir mes parents, ils vont être tellement déçus par moi. Ça m'a... Et il fallait, ça a peut-être changé, mais regarder sur Internet pour voir s'il n'y avait pas son nom. et alors moi en plus j'ai un nom double parce que j'ai le nom de mes deux parents donc je suis allée voir aux deux noms et j'y étais pas donc je me suis dit là il faut que je trouve un autre truc à dire à mes parents parce que je peux pas leur dire et pourtant j'étais prise en hippocampe donc j'avais à la limite un mais je sais pas je me disais pour mes parents il faut que je fasse un truc grandiose entre guillemets Et j'ai rappelé ce mec, parce que j'avais sa carte, en lui disant est-ce que tu te souviens de moi ? Et puis alors, ils sont toujours, vous savez, c'est à l'américaine de mais comment pourrais-je t'oublier ? Bon, et puis moi, dans mon égo, sûrement, j'ai été flattée de me dire ah bah oui, alors que, enfin, si ça se trouve, ils ne savaient même pas qui j'étais. Et donc, j'ai dit à mes parents, je suis descendue après avoir pleuré, je pense, deux heures toute seule dans ma chambre, je n'ai pas été prise à Sciences Po. mais je ne veux jamais qu'on m'en parle et je vais devenir top modèle je vais partir à New York en gros vous allez être fiers de moi c'était un truc de... mais donc pour revenir à ce truc des émotions et t'es partie à New York ça ça m'intéresse et ça j'étais trop contente puisque j'étais jamais allée à New York ça c'était ma première erreur que je vois maintenant avec le recul c'est que j'ai totalement alors j'ai quand même pleuré deux heures mais j'ai totalement étouffé le truc de l'échec entre guillemets J'avais quand même bossé pour ce truc. Et je voulais tellement avaler une honte ou une déception d'un truc que je ne voulais même pas faire. C'est ça qui est hallucinant. Tu ne t'es pas laissé le temps de digérer et tu t'es jetée dans autre chose. Exactement. Et je pense que ça, c'est un des principes. Aujourd'hui, je bosse beaucoup aussi sur la prévention et comprendre ces émotions. Mais on ne les connaît pas. La plupart du temps, on se dit Ah, je suis en colère mais en fait, on est triste. Ce n'est pas de la colère. Et on mélange tout. Et en fait, ça, c'est dramatique. Je pense que ce n'est pas un trop gros mot pour ça, parce que c'est ce qui crée plein de troubles dans le corps. Et la maladie, si on décortique, c'est ça, c'est le mal à dire. Donc, au bout d'un moment, le corps parle pour nous mettre sur un autre chemin, parce qu'en fait, on s'est trompé. Et moi, je me suis trompée de chemin, donc mon corps m'a arrêtée pour que j'en reprenne un bon. Alors, effectivement, c'est violent. Mais quelque part, bon. J'avais 18 ans, j'ai eu de la chance, comme maintenant ça va très bien, pour me remettre ensuite sur le bon chemin et prendre le bon cap. Mais à ce moment-là, en tout cas, j'étais tellement dans un truc de il ne faut pas décevoir, il ne faut pas décevoir que je ne vivais que pour les valeurs et les aspirations pour moi de mes parents. Et donc, je ne vivais pas du tout ma vie quelque part. Et donc, ce fameux mec m'a emmenée dans cette agence de mannequins où là, on a pris mes mensurations. Et où j'étais donc trop grosse en faisant du 36 pour 1m79.

  • Speaker #0

    Et tu pesais combien de kilos à l'époque ?

  • Speaker #1

    56 je crois. Et donc là on m'a dit, alors en fait il y a un composite dans les agences de mannequins, donc ça c'est comme une carte de visite, sauf que la carte de visite c'est vos mensurations, vu que votre outil de travail c'est votre corps. Ils m'ont noté d'autres mensurations. Donc pour me faire comprendre que si je voulais travailler à la Fashion Week de New York, qui avait lieu deux mois après, il fallait que je corresponde à ces mensurations-là. Et donc que je perde 3 cm de tour de hanche, en sachant que les hanches, dans la mode, c'est les fesses. C'est le plus gras des fesses, c'est pas au-dessus, les hanches. Mais moi, 17 ans, je me dis, 3 cm de tour de hanche, c'est 3 kg. Enfin, je sais pas à quoi ça correspond vraiment. Donc je me dis, bon, 3 kg, c'est pas dingue. Enfin, ça va, je peux... Et donc très volontaire, je cherche sur Internet. Alors, quand je dis des trucs comme ça, ce n'est pas à faire. C'est justement, c'est un red flag. La fin de mon livre, c'est un spoiler, mais voilà, c'est que j'ai quand même fait une tentative de suicide et que j'ai fini à l'hôpital psy pendant trois mois. Mais parce qu'ensuite, des gens, je sais, ont utilisé mon livre comme, heureusement pas la plupart, mais comme truc pour maigrir. Ça, forcément, je n'y ai pas pensé en l'écrivant. Moi, je l'écrivais comme, voilà la fin, voilà ce qui est arrivé, donc juste ne le faites pas. À moins que vous vouliez vous bousiller la santé. Mais moi, ça m'a bousillé la santé et physique et mentale ensuite pendant dix ans. Donc, ne mangez pas trois pommes par jour. Mais moi, j'ai fait ça. Tu ne mangeais que trois pommes par jour ?

  • Speaker #0

    En même temps, ce n'est pas un très grand secret. Je pense que les gens, s'ils veulent vraiment maigrir et qu'ils mangent trois pommes par jour...

  • Speaker #1

    Oui, mais du coup, quand on est déjà dans un truc où ça ne va pas, on cherche partout où on veut. J'étais comme ça aussi. Oui, toi, tu as cherché sur Internet. J'ai fait, je pense, tous les régimes qui existent. Je n'ai pas fait les trucs les plus tarés parce qu'il y a des gens vraiment malades sur Internet qui vous proposent des choses où vous pouvez, je pense, mourir dans l'instant. C'est terrible. encore plus je pense sur les réseaux sociaux, moi c'était en 2010 ça, il n'y avait pas Instagram, je crois pas, enfin en tout cas j'étais pas dessus, moi je l'ai créé pour mon livre, mais ça c'est vraiment catastrophique les choses qu'on peut trouver pour se faire du mal. Donc, je sais quand on peut être dans un malheur très profond, à quel point on peut chercher des choses pour aller encore plus mal, parce qu'on pense à très court terme. Et moi, j'ai été dans un mal-être si profond que je voulais tuer cette souffrance et ne plus faire partie de ce monde. Donc, je sais. Mais sachez aussi que même si on est dans ce moment le plus noir, on peut ensuite aller bien, parce que c'est mon cas aujourd'hui et je suis très heureuse. Et je sais qu'on peut se dire, ça n'arrive qu'aux autres et c'est faux, mais en tout cas, je suis une preuve vivante que non, parce que je trouvais tout monstrueux. Et aujourd'hui, ça va très bien, je suis hyper heureuse. Donc, on peut vraiment totalement se sortir de ça et se sortir de l'anorexie, se sortir de la boulimie, se sortir de tous les TCA, de la dépression, des envies suicidaires. Il faut juste effectivement trouver les bonnes personnes. et demander de l'aide et ne pas avoir honte d'en parler en fait, parce que c'est ni un choix, ni une faiblesse. Et les gens qui vous disent ça ne l'ont juste pas traversé et ont peur de le traverser. Donc ils le rejettent très loin d'eux. Mais malheureusement, ça peut leur arriver aussi. Ça peut arriver à tout le monde parce qu'on est tous humains. Et une dépression, par exemple, ça touche une personne sur trois. Donc ça touche bien plus de personnes qu'on ne le pense. Et il y a plein de personnes en fait qui se taisent aussi. Parce qu'ils se disent, c'est terrible, j'ai pas le droit d'en parler, mais c'est pas grave. On est tous humains, on est tous vulnérables et il n'y a vraiment pas de honte à parler de ça. C'est vraiment OK, en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses qu'on peut se surestimer des fois et penser que tout seul, on va y arriver ? Puisque tout seul, on a réussi à perdre du poids, donc on peut réussir tout seul à s'en sortir.

  • Speaker #1

    Certainement. Parce que, alors surtout dans ces maladies-là, en fait, c'est tellement une maladie de contrôle qu'il y a un truc aussi de... de... telle volonté, parce qu'il y a une grande, grande volonté. Je pense être d'une volonté et d'une détermination très fortes, mais c'est pas grave, en fait, de demander de l'aide. Je pense pas que ce soit de la faiblesse de demander de l'aide. Parce que, au final, en plus, on ne se sauve toujours que soi-même. Enfin, moi, je le vois aujourd'hui en étant thérapeute. Les personnes que j'aide, je leur montre des pistes et j'écoute ce qu'elles me disent et je rebondis sur des choses qu'elles ne voient peut-être pas, mais elles me le disent. Et moi, je leur renvoie, je suis un effet miroir, mais je ne vais jamais dire à quelqu'un faites-ci, faites-ça C'est en rien mon rôle. Moi, je ne suis qu'un récepteur, un réceptacle, c'est ça. Et je renvoie des choses qu'on me donne. Mais c'est en rien mon rôle de donner une orientation à des gens ou de prendre en charge leur vie. Et surtout que c'est la personne qui choisit de demander de l'aide. Donc c'est son pas à elle d'y aller. C'est pas quelqu'un qui vient la chercher et lui dit je suis là pour vous, je vais vous sauver Je crois pas que personne ne nous sauve. C'est une croyance. C'est comme quand on est en couple, on se dit… Je vais changer telle ou telle personne, mais on ne change jamais quelqu'un. La personne peut s'améliorer et faire des efforts pour l'autre. On évolue avec quelqu'un ou pour l'autre, mais ça vient toujours de nous. On a envie de le faire pour l'autre. Je pense qu'on est le seul et la seule à faire des choses pour soi, si on en a véritablement envie. Et on décide de guérir ou non. Moi, j'ai des patients qui restent des mois au même endroit, qui n'entendent pas ce que je leur dis. Parce qu'ils ne sont pas à cette place-là. Et c'est OK, je ne vais pas les forcer. Et il y en a d'autres qui vont à toute vitesse parce que c'est le bon moment pour eux et c'est leur timing. Et le psychologue est là pour écouter et pour guider au maximum. Mais on ne peut pas forcer la personne. En revanche, ça peut être totalement un accélérateur. Moi, j'ai rencontré un psychiatre. Et d'ailleurs, je disais effectivement ça, qu'il m'avait sauvé la vie. Mais il m'a toujours dit, vous, vous êtes sauvé la vie. mais c'était la en fait c'était vraiment moi je trouve la bonne personne parce qu'il a m'a reconnecté à mon humanité parce qu'après la mode qui est quand même un monde atroce enfin je parle spécifiquement de la haute couture parce que je sais que moi j'ai jamais bossé dans la mode commerciale mais là il n'y a pas du tout de critères de poids ou de Moi, c'était vraiment un truc où... Oui, voilà. La manière dont ça s'est passé ensuite, c'est qu'en mangeant les trois pommes, en fait, l'engrenage a été hyper rapide.

  • Speaker #0

    Tu l'as fait combien de temps, ça ?

  • Speaker #1

    Deux mois. Pendant deux mois, tu t'es nourrie uniquement que de trois pommes par jour ? Oui. Et j'ai perdu 12 kilos.

  • Speaker #0

    Du coup, 12 kilos, c'est 3 centimètres de fête ?

  • Speaker #1

    Absolument. Même si c'était 4.

  • Speaker #0

    C'est énorme.

  • Speaker #1

    J'avais... Ah, mais on m'a applaudie à l'agence. Ah, on t'a applaudie quand même.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    parce que c'est vraiment... On t'encourage... Totalement. Oui. Et là, j'entrais dans, effectivement, tous les vêtements de créateurs. Je faisais du 32. Attends,

  • Speaker #0

    mais du coup, tu faisais 56 kilos. Et là, tu faisais moins 12 kilos. Tu faisais 45 ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    En deux mois ? Oui. Et tes parents, ils n'ont pas...

  • Speaker #1

    C'est ça qui est... Oui, tout le monde m'a demandé ça.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Mes parents, j'étais en vacances avec eux, effectivement, pendant l'été. Alors, mon père, ça l'a rendu... Au départ, je leur ai dit, en fait, je vais manger trois pommes juste pendant une semaine. Bon, déjà, ils n'étaient pas ravis, mais je leur ai dit non, mais c'est juste pour perdre trois centimètres. Et ensuite, c'est comme ça, pour la mode, je pourrais partir dans le truc, partir à New York et machin. Ensuite, j'ai continué le truc. Et c'est là, non, effectivement, qu'au mois d'août, comme on partait en voyage aux États-Unis, mon père ne voulait pas que je mange seulement trois pommes. Et donc, je mangeais du poisson devant lui et je n'avais jamais réussi à me faire vomir. Mais du coup, je prenais des laxatifs. Donc, devant eux, je mangeais des trucs et ensuite, je prenais des trucs et j'ai même fait des lavements. Oui, c'est ça, parce que tu peux faire aussi. Parce qu'ensuite, ça, et puis je prenais au départ deux petits comprimés et puis en fait, je prenais une plaquette de trucs. Parce que ça ne marchait plus. Et c'est là, en fait, que c'est dingue. Quand tu disais, pardon, c'est un truc dans lequel on glisse. C'est ça qui est monstrueux. C'est-à-dire que d'un truc que je pensais faire une semaine, même si c'était quand même assez extrême, je suis tombée dans un truc monstrueux où j'ai commencé à entendre vraiment cette... Petite voix, j'ai eu l'impression de me dissocier et j'ai commencé à avoir peur de toute la nourriture. Parce que je commençais là à me peser tous les jours, à prendre mes mensurations de partout. Parce que je me disais, il faut absolument que j'entre dans ces vêtements, parce que là, ça va être ma seule valeur en fait. Parce que je ne peux pas, après Sciences Po, rater en plus ça.

  • Speaker #0

    Parce que tu vas être bête et moche.

  • Speaker #1

    Voilà. Merde. C'est pas possible. Donc là, c'était l'objectif. C'était impossible de le rater. Et donc, ça devenait un truc terrorisant. Mais j'avais des crises d'angoisse. On était allées justement dans un resto avec mes parents. En plus, on était aux Etats-Unis. Donc bon, bonjour les terras, les burgers. Et donc moi, je commandais des assiettes de légumes, mais ils m'avaient mis de l'huile dedans. J'avais pleuré parce qu'il y avait de l'huile. Oui, tout prend des dispositions. Mais un mois avant... Je n'étais pas comme ça. Je n'avais jamais eu de problème avec la nourriture. Parce que moi, ma seule obsession avant, c'était les notes, mes cours. Je ne m'étais jamais posée de questions sur la nourriture. C'est ça qui est... Donc oui, effectivement, j'ai glissé, mais bien vite et bien profondément dans un truc de contrôle, mais obsessionnel avec ça. Et ensuite, comme en plus j'étais extrêmement encouragée, c'est-à-dire que quand je suis arrivée à New York, j'étais dans ce qui s'appelle les apparts de mannequins, je vivais avec deux autres mannequins, qui étaient considérées trop grosses parce qu'elles faisaient ma taille et mon poids avant, enfin quand j'ai été repérée, donc elles étaient prises à rien. Et donc notre agent débarquait dans l'appart, il fouillait nos placards, les petites culottes, les machins, parce qu'elle planquait des M&M's. Et il disait, mais regardez Victoire, elle ne mange qu'une salade, elle enlève le fromage. Elle prend le poulet sans sauce, machin, nan, nan, nan. Donc, en plus, ses filles me détestaient. Donc, ça créait une ambiance de merde. Oui, puis tu étais devenue une espèce d'exemple horrible.

  • Speaker #0

    La bonne élève, quoi. Bah oui,

  • Speaker #1

    la bonne élève. Il suit bien les règles, c'est ce qu'on lui demande. Et cet agent, à un moment donné, il ne voit pas que tu es en danger. Mais il s'en fiche. totalement. Lui, il veut juste qu'il ait sa commission parce que moi, je fais bien ce qu'on me demande et je les enrichis tellement. Ils prennent 70% de ce que tu gagnes. Donc, ils sont bien contents que tu manges rien. Donc, ils peuvent te regarder dépérir s'il t'arrive quelque chose. Mais totalement. Mais il y a une nana qui a fait une crise cardiaque qui est morte à 19 ans d'anorexie mentale. D'accord. Et c'est pour ça qu'ensuite, moi, je me suis énormément engagée. Avec le ministère de la Santé, parce que je trouve ça honteux qu'en France, on est censé être le pays des droits de l'homme, la santé qui est si importante, pour des raisons économiques, parce que oui, la mode rapporte beaucoup d'argent à la France, mais c'est secondaire. Et là, on parle des mannequins, donc d'un petit groupe de jeunes femmes, mais c'est aussi toute l'influence que ça a sur les jeunes filles qui s'identifient. à ça. Et maintenant, d'autant plus avec les réseaux sociaux. Donc, c'est dramatique, en fait, l'impact que ça a sur la société.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça a un peu évolué depuis ton époque, entre guillemets ? C'était pas il y a si longtemps, c'était en 2016, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Alors, 2016, c'est quand j'ai écrit mon bouquin.

  • Speaker #0

    Ah,

  • Speaker #1

    donc c'était avant encore. Et la mode, enfin, moi, quand j'étais mannequin, c'était en 2010. Le livre, quand je l'ai écrit, c'était en 2016. Et est-ce que ça a évolué ? C'est-à-dire qu'aucune des, comment dire, des réformes qu'Olivier Véran a passées... ne sont appliquées, parce que lui, il voulait que ce soit des majeurs qui soient employés, parce qu'il y en a qui ont quand même 14-15 ans. Donc effectivement, si on emploie des jeunes filles qui ne sont même pas dans leur puberté, oui, il n'y a pas de poitrine, il n'y a pas de hanches, mais en fait, on nous empêche de devenir des femmes. Donc c'est vraiment une annihilation du corps féminin. On nous fait taire jusque dans notre corps. C'est hallucinant. Et il voulait aussi qu'il y ait la mention photo retouchée. Oui, mais ça, parce que ça, ça a été beaucoup parlé à un moment donné. Les magazines n'avaient plus le droit. Et c'est vrai qu'on en a entendu beaucoup parler. Et maintenant, je n'ai pas l'impression d'avoir beaucoup cette mention. Alors, j'ai l'impression que toutes les femmes ne ressemblent pas à des vraies femmes quand même. Alors, soit c'est écrit tellement minuscule que tu dois prendre une loupe pour vraiment vérifier le truc. Mais il faut savoir qu'en fait, pour les défilés, tu dois être totalement décharné. Parce que comme c'est le vêtement roi, il faut qu'il tombe sur toi, comme sur moi, comme sur toi. De la même manière, sauf que... On n'a pas la même poitrine, on n'a pas la même taille. Donc effectivement, ça les fait chier les créateurs de s'adapter à chacune. En fait, c'est un cintre. Totalement. Mais dans ce cas, qui prennent des cintres, en fait. Pas des êtres humains, surtout qu'ensuite, c'est censé aller à des femmes. Donc moi, je pense que l'humain devrait passer avant le tissu. Et j'entends que c'est une œuvre d'art, etc. Mais c'est censé magnifier la femme et pas l'affaiblir. Donc ça, déjà, non. Et ensuite, pour les séances photo. Alors là, comme ils trouvent ça moche quand même de voir les os, ils te photoshoppent. Et puis, ils peuvent te mettre aussi le visage d'une mannequin, le buste d'une autre, les jambes d'une troisième. Et ensuite, ça, c'est le modèle donné aux jeunes filles qui, du coup, ne sont jamais contentes d'elles-mêmes et qui sont comparées les unes aux autres. Et on va se dire, ah, il faut ressembler à ci et à ça et machin. Et comme, en plus, pendant le Covid, la Covid, malheureusement, il y avait, enfin, tout le monde était enfermé. Et avec les masques, alors là, je ne parle même pas des émotions où personne, on était tous totalement coupés de ça. Et donc tous encore plus sur les réseaux sociaux, etc. Maintenant, on parle carrément d'anorexie infantile, où ça commence à partir de 8 ans, parce que tout le monde a accès plus jeune à un téléphone, tout le monde se compare d'autant plus. Essayer de ressembler à une image virtuelle. Et donc, il y a encore moins de... On est beaucoup moins connecté à nos émotions et beaucoup plus à de la fausseté et de la comparaison. Donc c'est dramatique et tout a augmenté, que ce soit les troubles du comportement alimentaire, ou la dépression, ou les addictions, ou les tentatives de suicide. Donc il faut revenir, moi je trouve, le plus possible aux connexions vraies. C'est ce sur quoi je travaille beaucoup avec des associations, que ce soit Nightline ou Imhotep, qui travaillent beaucoup sur la prévention. pour essayer d'avoir des... En fait, il faudrait des groupes de parole dans les écoles pour dire, voilà, quelles sont tes émotions, que ce soit aussi le consentement, qu'il n'y ait aucun tabou, en fait, pour parler de tout ça. Mais c'est tout un travail à faire pour changer la perception, au final, de la santé mentale en France, parce qu'on est très loin de penser comme ça. Et même, comme tu le disais, pour demander de l'aide, de se dire que c'est une faiblesse ou honteux ou qu'on ne le fait pas nous-mêmes, parce qu'aujourd'hui, en France, on est très... Ah, vous souffrez de ça ? Prenez des médicaments et restez chez vous et surtout n'en parlez pas. Alors que si on était très à l'aise de parler de tout ça, en fait, je trouve que dès qu'on est ouvert à sa propre vulnérabilité, les autres se disent aussi Oh, ben ok, je peux en parler. Et justement, moi, le fameux médecin qui m'a aidée, c'est le docteur Vincent Jost. J'étais à la clinique du château de Garches parce qu'on m'avait d'abord emmenée à Saint-Anne. Alors, il y a certainement des médecins très bien à Saint-Anne. Ce n'est pas pour dire que tout le monde est bien dans une clinique, pas dans un hôpital, mais en l'occurrence, le médecin sur lequel j'étais tombée. On m'avait quand même fait un lavage d'estomac parce que j'avais pris absolument tous les médicaments qui m'étaient passés sous la main parce que je n'en pouvais plus du monde de la mode. On me repassait à même la peau, on m'arrachait les ongles, j'avais perdu la moitié de mes cheveux parce que pour un défilé, on m'avait mis de la vraie colle parce que c'était plus pratique pour eux. Descouvrez-vous.

  • Speaker #0

    Vous êtes tellement déshumanisé. Vous êtes un objet. Et c'est ça que j'ai trouvé le plus...

  • Speaker #1

    Violon ?

  • Speaker #0

    Ah ouais. J'ai trouvé ça très dur. Et surtout, effectivement, à 17 ans, il y a plein d'autres choses, on s'en rend compte après. Parce que toute la perte, effectivement, d'estime de soi, de confiance en soi, tout ce qui est attaché à la valeur. Parce que de l'extérieur, il y a plein de gens qui vous disent... T'étais considérée comme une des plus belles filles, t'as voyagé partout, c'est trop bien. Mais la réalité, c'est qu'on vous dit sans cesse que vous avez un défaut. Parce qu'il y a toujours une fille qui a des jambes plus grandes, des cheveux plus beaux, un nez plus fin. Donc, quand vous êtes dans ce milieu-là, personne ne vous dit ça. Et puis en plus, c'est quand même terrible d'être réduite à ça, qui est en plus un truc qui va évoluer, qui va partir. Enfin, c'est... L'intérêt est nul, en fait. Il n'existe pas. Et puis, alors, on vous dit aussi, mais vous avez dû gagner tellement d'argent. Alors, moi, en un an de travail complet, j'ai gagné 10 000 euros. Parce que j'aurais dû gagner 100 000, mais l'agence prend tout et déduit tout. Les avions, les apparts. Alors, je ne dis pas que 10 000 euros n'est pas d'argent, mais en un an où vous bossez tous les jours, je ne me dis pas... Voilà. Et pour, en plus, être... traité comme un objet. C'est pas le... Tout ça pour dire que c'est pas le rêve et l'illusion que les gens pensent que vous êtes en train de vivre. Et donc oui, j'ai eu un moment où effectivement je me suis dit, je pense que j'ai eu trop soif et faim d'humanité, et donc j'ai mangé absolument tous les trucs qui me passaient sous la main, ce qui a fini par me sauver, quelque part. Mais moi, du coup, c'était un dégoût de moi-même. atroce parce que c'est ça qui est terrible aussi, en tout cas dans la société française et certainement dans plein d'autres vivant ici, je l'ai vécu ici, où les gens vous félicitent quand même quand vous êtes mince et maigre. On a toujours ce truc, en tout cas envers les femmes, de Oh mais t'as maigri, ça te va bien, bravo Mais on ne sait pas en fait si c'est bien ou pas. Enfin moi, en l'occurrence, c'était une maladie, donc ce n'était pas du tout bien de me dire ça. Mais alors quand j'ai pris du poids, c'était terrible, là. C'était un truc de... Oh là là ! Le monstre, quoi. Donc, c'est vraiment le rejet.

  • Speaker #2

    Mais ça, c'est dans le monde de ton métier. Parce que j'imagine que tes amis ou tes parents te disaient Ah, c'est super, t'as repris du poids !

  • Speaker #0

    Parce que le problème, c'est que c'était et quand j'ai maigri et quand j'ai grossi, c'était beaucoup d'un coup.

  • Speaker #2

    D'accord, ouais. C'est un gros yo-yo, quoi. Un grand écart.

  • Speaker #0

    Et du coup, c'était pas du... Enfin, en tout cas, moi, dans... Ce que j'ai vécu. Je ne pense pas que c'est comment je l'ai ressenti. C'était la réalité.

  • Speaker #1

    Comment tu l'as ressenti dans la réalité, mais comment toi, en plus, tu l'as pas reçu. Parce que les autres, ils avaient une autre réalité. Ils se disaient, il faut rester dans des espèces de standards. Et là, qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    Et du coup, c'était terrible. Et j'ai vraiment eu un moment où je me suis dit, là, je ne vois pas d'issue. Mais aussi parce que je n'arrivais pas à en parler. Donc, j'étais totalement enfermée dans un désespoir et une honte. Et je voulais faire taire cette souffrance qui était atroce. Donc, encore une fois, je ne me disais pas que cette émotion est tellement énorme et envahissante que je ne sais absolument pas la reconnaître, l'analyser, en parler. C'est atroce. Un sac de nœuds, je ne sais pas faire. Et en arrivant à Saint-Anne, le psychiatre s'est adressé à mes parents et pas à moi. Déjà, j'avais vécu une année déshumanisée. C'est fou ça. Et le mec parle à mes parents en disant Oh, elle fait une crise d'ado Donc là, moi qui suis normalement toujours très bien élevée et tout, j'ai dit C'est un gros con Et je suis partie. Et heureusement, mes parents... sont parties avec moi pour m'emmener ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est quand même chouette,

  • Speaker #0

    ça. Mais c'est ça aussi, c'est qu'effectivement, il y a des médecins top, des psychologues top. Il y en a qui ne le sont pas aussi. Et il faut trouver la bonne personne qui nous correspond. Et donc, quand on est déjà dans une souffrance, ça peut être décourageant de se dire Waouh, il y a encore une personne qui ne me comprend pas. C'est sûr que c'est...

  • Speaker #1

    C'est un long chemin. Oui,

  • Speaker #0

    ça, c'est compliqué. Mais ensuite, quand je... J'ai rencontré donc un autre médecin. Lui, alors c'est des trucs tout bêtes, mais il m'a parlé à moi. Il m'a vouvoyée. Je me suis dit Waouh ! Et il m'a dit Victoire, est-ce que vous voulez que je vous reçoive seule ou avec vos parents ?

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    déjà,

  • Speaker #1

    ça n'avait rien à voir. Oui,

  • Speaker #0

    mais je n'ai même pas su répondre, en fait. Parce que, comme moi, ça faisait un an qu'on ne m'avait pas posé de questions. Et pourtant, à la fin, en plus, dans la mode, je marchais hyper bien. Je faisais toutes les couvertures, tous les trucs. Les photographes m'appelaient par mon prénom, machin, machin, machin. Mais j'étais un bout de viande, quoi. C'est-à-dire que les six premiers mois, c'était... française, 18 ans. C'est sale, vous êtes une marchandise. Et donc, quand il m'a dit ça, j'ai regardé mes parents en mode c'est hyper bizarre, ils s'adressent à moi. Et donc, mes parents m'ont dit, vas-y, toi. Et je n'arrive pas à me souvenir de ce qu'il m'a dit, mais il m'a fait rire et il m'a fait pleurer. Et je me suis dit, lui, il me considère et il me comprend. Enfin, il sait me parler. Et ça m'a... redonner foi en l'humanité. Vraiment, je me suis dit qu'il voit qui je suis. Il ne me considère pas comme un cas, que ce soit dans la mode un bout de bétail ou l'autre mec qui se disait qu'il avait un numéro de dossier comme les autres. Lui, il était là pour moi, ma personne. Il ne voulait pas forcément me sauver parce qu'on se sauve que soi-même, mais il voulait m'aider à aller mieux. Et moi, je trouve que la thérapie, c'est ça. On considère la personne pour ce qu'elle est et on est censé la voir entièrement et l'aider au maximum.

  • Speaker #1

    Puis l'aider à reconnecter avec les émotions. Donc si tu as réussi à rire et à pleurer, peut-être que c'est ça qui manque.

  • Speaker #0

    Et ça m'a énormément aidée. Je suis restée trois mois dans cet hôpital. Et je voulais pas partir. Franchement. Non, mais en fait, je me suis dit... C'était hyper dur pour plein de choses. Mais tous les patients étaient tellement bienveillants. Parce que justement, en fait, là, tout le monde, effectivement, était dans une certaine souffrance. Mais en fait, il y a beaucoup de gens aussi qui sont dans beaucoup de souffrances dans le monde, en dehors des hôpitaux, et qui ne le reconnaissent pas. Et donc là, il n'y avait pas de jugement. Les gens étaient hyper gentils, à l'écoute. Il y avait plus de temps. Alors, bien sûr, quand on est dans une ville, tout le monde est très... Il faut dépêcher. Et c'était dur, du coup, de sortir et de retomber dans la frénésie, dans la folie, en fait. La folie est à l'extérieur.

  • Speaker #2

    Et est-ce que, du coup, comme on dit que c'est un peu comme une addiction, est-ce que tu as... peur ? C'est-à-dire qu'on dit qu'un ancien fumeur restera toujours fumeur. Est-ce que quand tu as été anorexique comme ça, il y a quelque chose qui plane ? Comme quoi, tu peux avoir cette espèce de peur de replonger un jour dedans ?

  • Speaker #0

    Alors moi, c'est resté quand même longtemps après. C'est-à-dire que je n'ai pas passé trois mois à l'hôpital et hop, soudainement, j'étais guérie. Ça m'a guérie des idées suicidaires et de la dépression dans laquelle j'étais, d'être dans cet hôpital. mais ça ne m'a pas guéri des TCA d'être dans cet hôpital. Ensuite, je pense qu'il m'a fallu bien huit ans pour sortir de ça. Maintenant, sincèrement, je ne pense plus du tout avoir de problème avec ça, mais parce que j'ai fait un autre travail après, plus justement avec les émotions et parce que j'ai vécu à Londres et qui sont beaucoup plus dans un travail avec le corps, avec... On ne disait pas qu'est-ce qui s'est passé dans ta petite enfance avec ta mère ? Ça marche peut-être pour certaines personnes, et tant mieux, parce que, encore une fois, je crois que tout le monde est différent et qu'il faut trouver le chemin qui nous convient à nous. Ce n'était pas le mien. Et moi, ce qui m'a vraiment aidée, c'est la mindfulness, la méditation, faire du pilates. Alors tout un travail aussi dans le théâtre, quand même, parce que me reconnecter à mon corps, parce que j'étais beaucoup dans ma tête. Mais plein de lectures aussi spirituelles. Mais vraiment, principalement un truc dans l'émotion. Et un exercice que je peux donner maintenant d'ailleurs. Où au début, je ne voulais pas le faire. J'étais bloquée, bloquée, bloquée. Mais au fur et à mesure. Et c'est un truc qui dure trois minutes. Parce qu'en fait, une émotion peut nous traverser en trois minutes. Et on peut mettre son minuteur sur son téléphone en trois minutes. Et fermer les yeux et visualiser l'émotion dans son corps. Parce qu'en fait, très souvent, on l'intellectualise. Mais ce qui nous fait du bien aussi... pour la digérer, c'est de se dire où est-ce qu'elle est en nous. Et en général, elle est dans le plexus solaire, coincée, dans le ventre. Et vraiment, c'est essayer de la visualiser. Ça peut être une boule, ça peut être un gros bâton, un tuyau. Et se dire, ok, je sais que c'est là, mais je le sens, je la laisse évoluer. Et elle peut monter dans la gorge, ça peut bloquer la gorge, être très désagréable, boucher le nez, piquer les yeux, les oreilles. Oui. On allait sortir. Et alors ça, c'est un truc qui m'a vachement aidée. Ou plein de trucs aussi de visualisation, de voir son émotion, par exemple, dans le ventre, si c'est de la colère ou en tout cas une émotion négative, et de lui associer une couleur. Donc une émotion qu'on n'aime pas. Chacun une couleur qu'il n'aime pas trop. Et ensuite, l'accepter. Parce que... Il ne faut pas rejeter les émotions, mais la vivre. Mais ensuite se dire, ok, elle est là, je l'accepte, mais maintenant je vais la transformer avec de l'apaisement et donc avec une couleur qui nous apaise. Et visualiser dans son ventre l'autre couleur qui envahit tout. Et faire des exercices comme ça, corporels et de mindfulness, ça m'a vachement aidée. Oui, d'être vachement aussi dans des trucs de moments présents. de me rendre compte que mon émotion n'est pas moi. Je parlais d'identité tout à l'heure, mais la maladie que j'ai traversée n'est pas moi. Tout comme la peur que je ressens n'est pas moi. Tout passe en fait. Et avoir des... Je parlais des lectures spirituelles, juste lire Le pouvoir du moment présent. Après, il y a les lire au bon moment et machin. Là, je suis en train de lire Penser comme un moine de Jay Shetty. Et il y a plein de trucs comme ça. Après, il y a la vie qui passe. Forcément, il y a des choses qui... De déménager à Londres aussi, ça m'a beaucoup aidée. Alors certainement juste de partir et donc d'associer des émotions à un autre lieu. J'y allais pour mes études, pour du théâtre. Je faisais enfin ma passion. C'était mon chemin, mon choix, ma vie, ma liberté. Et par exemple, là, pendant un an... J'avais eu aucun souci, aucun trouble du comportement alimentaire. Ensuite, je suis tombée folle amoureuse. Le mec m'a quittée et bim, je suis bien retombée dedans. Donc, je sais que j'avais cette fragilité. Effectivement, sauf qu'ensuite, à chaque fois, j'ai appris. Pendant ces huit ans, oui, j'ai eu des récidives, mais pendant chacune d'entre elles, j'ai pu... construire un peu ma boîte à outils et me dire Ok, je sais que là, ça, ça a marché, ça, ça a marché, ça, ça a marché. Ensuite, pendant la Covid, j'ai repris des études de psycho. Et ça, je pense que ça m'a beaucoup aidée aussi pour moi. Au départ, je l'ai fait parce que j'étais en Angleterre et je n'avais pas de rôle là-bas. Je faisais juste des voix et tout. Mais tous les studios étaient fermés. Et suite à mon livre, en fait, j'avais donné. énormément de conférences, et dans les médias, mais aussi auprès de politiques, et dans des hôpitaux, dans des écoles, et tout ça. Mais c'était à chaque fois basé que sur mon expérience. Et donc je me disais, il y a quand même des jeunes filles qui mettaient leur vie entre mes mains. Il y en avait qui sortaient de l'hôpital avec leur sonde pour venir me voir, et en me disant Vous êtes mon dernier recours, aidez-moi Donc moi j'avais 24 ans. Et là, je me disais, bon, j'ai quand même un peu de pression parce qu'en plus, comme je voulais répondre à chacune de manière personnalisée, en disant... Enfin, je prenais le truc hyper à cœur. Sur Instagram, j'ai mis deux ans à répondre à tous les messages. Mais ça, c'était très dur, le livre, la sortie du livre. Là, c'est le deuxième gros truc où je suis retombée. Là, je suis tombée dans la boulimie. On peut voir au fur et à mesure des interviews que je grossis. Je me suis dit, oh là là, qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi j'ai parlé de ça ? Mais au moins, après ça, j'ai vu une psy et ça, je pense que ça m'a permis de bien clôturer le truc. Et c'est ce qui m'a véritablement soignée. Ça, plus les études de psycho. Et là, vraiment, depuis deux ans ou trois ans, je dirais que je n'ai plus aucun... Je sais qu'à des moments, ça peut...

  • Speaker #1

    Taper à la porte.

  • Speaker #0

    Oui, mais du coup, je me dis, maintenant, j'ai vraiment ce truc de pleine conscience de me dire... Ok, donc là, par exemple, si j'ai quelqu'un de mon entourage qui souffre de ça, là, c'est le dernier truc qui m'est arrivé en date, il y a deux, trois ans, de famille proche. Et donc, j'ai dû passer du temps avec cette personne et partager des repas avec cette personne. Et là, je me disais, oh là là. Donc ça, je voyais que ça faisait un truc en moi, alors que j'y pensais plus jamais. Avant, c'était compliqué pour moi, par exemple. Il fallait checker le resto, la carte du resto, savoir où j'allais déjeuner, avec qui, machin.

  • Speaker #1

    Tu y allais encore déjeuner au restaurant ?

  • Speaker #0

    J'y allais quand même, mais il fallait que je check avant. Alors que là, depuis 2-3 ans, je n'ai plus rien de tous ces trucs. Mais là, d'avoir cette personne qui souffre de ça, qui arrive, et qui du coup regarde ce que je mange, me parle des trucs, je me disais, mon Dieu, compliqué, mais... Ça a réveillé des trucs en moi, mais comme je le sais, je me suis dit ok. Alors, il y a des moments où si je sais que j'ai mes règles, par exemple, donc là je suis dans un état de vulnérabilité, je ne vais pas y aller. Je me choisis. Je sais que pas la peine. Mais sinon, je me dis ok, je sais que je vais déjeuner ou dîner avec cette personne, ou là que je vais passer l'après-midi avec elle. En fait, je n'entre pas dans le discours. Parce que là, en plus, je ne suis pas la thérapeute de ces personnes. Je pense, en fait, d'avoir, au fur et à mesure, acquis des outils qui m'ont aidée et sortie du truc. Je me dis, OK, c'est son problème et ce n'est plus le mien. Donc, je n'ai pas envie de le vivre. Non, c'est sûr. Et d'où le fait qu'on puisse en sortir.

  • Speaker #1

    Ça, c'est vraiment... Une super bonne nouvelle. C'est important aussi de dire qu'on peut s'en sortir parce que c'est quand même une fenêtre d'espoir pour toutes les jeunes filles ou les jeunes hommes, entre guillemets, qui vivent des troubles alimentaires. Et on arrive presque à la fin. Est-ce que tu aurais justement... Tu as déjà beaucoup de choses, mais... conseil ? Je ne sais pas si en tant que thérapeute, on ne donne pas de conseil. Enfin,

  • Speaker #0

    moi, je donne quand même effectivement au maximum le conseil d'essayer de se connecter à ses émotions et ses sens. Quand on est déconnecté du moment présent, moi, j'aime bien l'exercice des cinq sens. De voir cinq choses autour de soi. Quatre choses qu'on entend, trois choses qu'on sent, deux choses qu'on touche. une chose qu'on goûte parce que ça on peut le faire à n'importe quel moment et en fait quand on est hyper stressé enfin je dis on peut même avant une réunion ou un truc aller le faire dans les toilettes c'est pas le mieux parce qu'au niveau des sensations et des odeurs c'est pas dingue qu'est-ce qu'on goûte dans les toilettes mais au moins en fait c'est juste pour dire qu'on a tous en soi les ressources pour s'en sortir s'en connecter après je dis pas ça pour que les gens qui ne vont pas bien s'en veuillent Parce qu'on peut aussi être vraiment dans un moment de désespoir et c'est pas pour dire allez, on se bouge, machin Moi, quand j'étais en dépression, j'étais effectivement au bout de ma vie dans mon lit et lever le bras était un effort surhumain. Donc je dis ça quand on a un petit stress et sinon qu'effectivement, c'est toujours OK de demander de l'aide et d'avoir des gens qui nous mettent sur ce chemin pour s'en sortir. Parce qu'on peut tous en fait avoir des moments où ça va un peu moins bien. Mais ce n'est pas pour ça que le lendemain, ça n'ira pas mieux. Et pour prendre la métaphore des réseaux sociaux, en fait, parfois, c'est juste une question de perception. Donc, on change le filtre et on se dit Ah oui, je voyais la situation comme ça, mais en fait, si je la vois autrement, c'est beaucoup plus sympa. Donc, il y a toujours une manière de voir la vie aussi autrement. C'est comme si, par exemple, on renverse son café le matin et on se dit Putain, ça va être une journée de merde. Et en général, c'est le cas. Est-ce qu'on balance tellement d'ondes négatives ? qu'effectivement, on va enchaîner le truc. Alors que si, là aussi, on se remet en conscience et on se dit Ok, j'ai renversé mon café, mais c'est pas très grave, en fait. Donc, on peut juste se dire Allez, maintenant, je fais un petit truc sympa pour moi. Je vais respirer l'air dehors. Je vais caresser mon chat si j'ai la chance d'en avoir un. Ou je sais pas, lire une page d'un truc sympa. Et je me remets dans une pensée positive. Et c'est ok de faire ça. On peut toujours, je pense, voir le truc autrement. Et en fait, c'est ça qui est merveilleux avec la plasticité neuronale, c'est qu'on peut changer. Parce qu'on se dit souvent, je fonctionne comme ça depuis 20 ans, donc c'est foutu. Mais à tout moment, on peut choisir de changer de chemin. C'est un peu chiant, parce que c'est un exercice et des nouveaux rituels à mettre en place. Mais en fait, c'est un peu comme un... Un exercice de sportif, il faut le refaire et le refaire et le refaire. Le petit challenge pas mal à se mettre, c'est de se dire je le fais pendant 21 jours. Parce que c'est comme ça en général qu'on crée une habitude. Et puis comme ça, ça donne un but, un objectif pas trop lointain pour voir des résultats.

  • Speaker #1

    On espère que nos auditeurs ou auditrices ont plein de tips à mettre en place pendant les prochains 21 jours.

  • Speaker #0

    Voilà. Et puis, j'essaie d'en donner sur... J'ai ma petite page Instagram, Emopy, que j'ai créée, en fait, parce que c'est justement émotions et pilates. Moi, c'est les trucs qui m'ont aidée parce que c'est... Les émotions, c'est quand même ce qui bouge en nous. Et le pilates, c'était aussi le mouvement du corps. Et en fait, c'est pour dire que c'est le... Oui, le mouvement de tout. Enfin, tu vois, c'est de se dire, on peut toujours avoir un impact sur sa vie. Et donc, c'est pour ça que j'avais... que j'ai créé ça.

  • Speaker #2

    On mettra toutes les infos de toute façon, évidemment.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    on va aller voir aussi. En tout cas, merci beaucoup pour ta générosité et ton partage d'expérience.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup et à la semaine prochaine.

  • Speaker #1

    Flamme des années 80.

  • Speaker #2

    Le podcast qui allume la femme.

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Description

La flamme de la Nutrition: Quand une femme nous livre son parcours de guérison face à l'anorexie.


Sara et Angélica ont reçu Victoire Dauxerre actrice, et thérapeute, spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire suite à une longue période d'anorexie dont elle a écrit le livre "Jamais assez maigre".

Elle a créé une méthode d'accompagnement Emopi basée sur la compréhension des émotions.


Elle nous a livré son parcours, ses souvenirs et son combat avec beaucoup de générosité.


Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à l'écouter que nous avons eu à l'accueillir sous notre tente.


Quelques citations de l'épisode:

"L’anorexie mentale c’est une maladie mentale, c’est un trouble psychique, ça peut arriver à n’importe qui, ça se guérit avec des thérapies cognitives et comportementales, avec la mindfulness et la psychologie positive."


"En thérapie il faut trouver des ressources en soi pour avoir une raison valable de s'en sortir car ça devient tellement une identité qu’on s’y accroche et le changement fait peur."


"On ne connaît pas ses émotions la plus part du temps, on confond colère et tristesse, on mélange tout, et ça c’est dramatique  car c’est ce qui crée plein de trouble dans le corps."


"On est le seul à pouvoir faire quelque chose pour soi si on en a envie et on décide de guérir."


"Je suis rentrée dans un truc monstrueux où j’ai commencé à entendre cette petite voix, j’ai eu l’impression de me dissocier et j’ai commencé à avoir peur de toute la nourriture."


"Dans le mannequinat, pour les jeunes filles, on les empêche de devenir des femmes, c’est vraiment une annihilation du corps féminin, on nous fait taire jusque dans notre corps".


"Il faut être dans le moment présent, se rendre compte que mon émotion n’est pas moi, la maladie que j’ai traversé n’est pas moi, la peur que je ressens n’est pas moi…"


On va parler de:

Femmes. Flammes. Allumer. Podcast. Maternité. Amour. Sexe. Psychologie. Témoignages inspirants. Développement personnel. Année 80. Santé. Bien être. Psychologie. Spiritualité. Désirs. Carrières. Naturopathe. Troubles du comportement alimentaire.

Anorexie. Boulimie.



Retrouvez Flammes des années 80, le podcast qui allume la femme, sur toutes les plateformes


D'une petite flamme peut naître un grand feu alors abonnez vous  ! 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Flamme des années 80.

  • Speaker #1

    Le podcast qui allume la femme.

  • Speaker #0

    Bonjour, donc on parle toujours de nutrition et on a la chance de recevoir aujourd'hui Victoire. Est-ce que tu veux te présenter Victoire ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir, bonjour, merci de me recevoir sous cette belle tente. Qu'est-ce que je pourrais dire ? J'ai envie de dire que je suis redevenue une petite fille déjà, mais je m'appelle Victoire Doxer, je suis... Je suis comédienne, auteure de Jamais Assez Maigre et thérapeute aussi. J'ai créé Emopy, qui est ma méthode thérapeutique holistique spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire.

  • Speaker #0

    Super, oui, parce qu'on va parler des troubles de comportement alimentaire aujourd'hui, principalement avec toi. Est-ce que c'est des choses qui sont fréquentes ? Parce que toi, tu reçois justement des femmes, des jeunes femmes, ou des femmes plus âgées et aussi des hommes, j'imagine, qui ont ce genre de comportement. Est-ce que c'est dur à définir ? J'imagine que chaque personne a ses propres façons de... C'est des troubles en fait, donc il n'y a pas un protocole complètement défini par rapport à ce que c'est. Est-ce que toi, tu pourrais nous donner une petite définition par rapport justement à ta position de thérapeute aussi ?

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, il y en a plusieurs. Les plus connus, c'est l'anorexie mentale, la boulimie, l'hyperphagie. Donc l'anorexie, c'est quand on se prive principalement de nourriture. La boulimie, c'est quand on... mange des grandes quantités en très peu de temps et qu'on rend cette nourriture, soit par des vomissements ou des laxatifs. Et l'hyperphagie, c'est le même fonctionnement. Donc on mange beaucoup en très peu de temps, mais on garde cette nourriture. Et il faut savoir que la nourriture mentale, c'est une maladie mentale, ce qu'on appelle aujourd'hui un trouble psychique. Et c'est des troubles qui peuvent arriver à n'importe qui, à plein de moments différents de la vie, principalement effectivement pour des jeunes filles, adolescentes, mais aussi pour des jeunes hommes. également à la ménopause, en fait c'est principalement à des périodes de changement et ce n'est de la faute de personne, c'est quelque chose aussi dont on guérit et effectivement on en guérit aussi avec des thérapies cognitives et comportementales donc moi c'est quelque chose que je fais, que je pratique avec la mindfulness, avec la psychologie positive parce que c'est des troubles, des maladies addictives qui viennent principalement parce qu'on ne sait pas gérer ses émotions. Et malheureusement, beaucoup de personnes aujourd'hui ne savent pas gérer leurs émotions, donc on peut tomber aussi dans d'autres addictions, que ce soit la drogue, la cigarette. Bon ben là, il se trouve qu'on tombe dans la nourriture, un excès ou une rétention de nourriture parce qu'on ne sait pas communiquer autrement. Et donc, en général, ça vient aussi d'une grande sensibilité, d'un certain perfectionnisme, d'une peur de décevoir. C'est des jeunes filles en général qui sont assez bonnes élèves. on retrouve malheureusement des profils types. Donc ce n'est pas du tout une maladie superficielle, c'est juste un mal-être qui se définit avec ces comportements-là. Mais en fait, il faut comprendre que la nourriture, c'est juste le haut de l'iceberg. Et que tout le reste, effectivement, c'est les émotions qu'on a du mal à digérer ou à explorer. Moi, j'aime dire que déjà, on n'est pas anorexique ou boulimique, on souffre de ça parce qu'on ne dit pas à quelqu'un tuer cancer. On va lui dire qu'on souffre d'un cancer. Et il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas en disant mange ou arrête de manger. Mais on ne va pas dire ça à quelqu'un qui s'est cassé une jambe ou à quelqu'un qui, effectivement, sur son scan a un cancer, par exemple. Donc, c'est une maladie du même type. C'est juste que c'est une maladie psychique et non physique, mais malheureusement qui... se définit ensuite et se voit par des troubles physiques. Mais au départ, c'est quelque chose qui vient d'une perte de sens. Et donc, il faut trouver ce sens en soi. Donc moi, je travaille beaucoup sur les émotions, sur trouver effectivement l'origine de ce manque en soi qu'on essaie de combler par quelque chose d'autre. Et donc, je parlais de cette sensibilité, parce que moi, en tout cas, de ce que j'ai vécu. Je pense que l'anorexie, c'était une peur d'être dévorée par mes émotions et un trop-plein de ressentir tout en XXL. Et donc, de ne plus rien manger, c'était une manière de me couper du monde et de me dire, au moins, je ne vais plus être dérangée par telle ou telle émotion, que ce soit, ou même des sentiments, mais l'amour, la colère, la tristesse, quoi que ce soit, je me coupe de tout.

  • Speaker #0

    Et du coup, tu ne ressens plus rien.

  • Speaker #1

    Et je ne ressens plus rien, absolument. Mais quelque part, c'est une bonne défense. C'est assez intelligent. comme maladie. Après, c'est terrible, c'est un mal-être que les gens qui ne le vivent pas ou de très loin ont du mal, effectivement, à comprendre parce que c'est totalement irrationnel. Et même quand on est dedans, ça rend fou parce qu'en fait, c'est comme ce que je décris dans mon livre. C'est une petite voix que j'appelle la connasse parce qu'en fait, elle envahit tout. Et elle dit, alors moi, c'était particulier en plus parce que c'était dans le monde du mannequinat. Et donc c'était une petite voix qui me disait mais t'es trop grosse, tu vas jamais rentrer dans les fringues, t'es bonne à rien, si t'arrives pas à faire ça tu pourras pas correspondre. Parce que moi c'était pour répondre à des dictats de la mode. Donc c'était pour un truc bien spécifique. Et d'ailleurs ces troubles-là en général effectivement viennent de quelque chose. C'est-à-dire qu'on peut avoir une fragilité émotionnelle mais ensuite il faut toujours un déclencheur environnemental. C'est-à-dire que peut-être que j'ai le... le gêne en moi par exemple d'une possibilité de tomber dans la schizophrénie mais rien dans mon environnement ne va faire que ça va se déclencher j'avais le gêne en moi de pouvoir tomber dans l'anorexie c'est la mode qui me l'a déclenché mais peut-être que je ne serais pas tombée dans l'environnement de la mode qui m'a déclenché cette fragilité je ne serais jamais tombée dans l'anorexie ou peut-être que ça aurait été plus tard un chagrin d'amour ou un connard au travail ou j'en sais rien mais il y a toujours... plusieurs facteurs qui font que ça arrive. Il y a aussi effectivement l'entourage, est-ce qu'il y a un soutien ou pas ? En fait, c'est toujours multifactoriel, les troubles psychiques. C'est pour ça que si quelqu'un vous dit c'est de ta faute à toi ou de la faute de ta mère c'est stupide comme argument. Il y a toujours plein de choses. Et ensuite, c'est pour ça qu'en thérapie, il faut trouver aussi plein de ressources en soi pour avoir une raison valable d'en sortir. Parce qu'ensuite, ça devient tellement une identité qu'on s'y accroche et le changement fait aussi peur. Donc quand on connaît quelque chose auquel on est tant habitué, pourquoi aller vers quelque chose d'autre ? Il faut que ça vaille le coup, vraiment, de changer ses habitudes.

  • Speaker #0

    C'est intéressant d'avoir ce point de vue-là sur ces troubles alimentaires. Et toi, par rapport à ton histoire, c'est la mode ? Mais c'est arrivé, t'avais quel âge ? Comment est-ce que ça s'est déclenché ? Comment est-ce qu'on glisse, entre guillemets, je sais pas si c'est un bon terme, mais je sens vraiment qu'on glisse en fait vers cette perte de poids.

  • Speaker #1

    Et très vite malheureusement. En fait, moi c'est arrivé à 17 ans, parce que j'ai été repérée par une très grande agence de mannequins. Je voulais pas du tout faire ça. J'étais en train de préparer Sciences Po, mais j'avais toujours rêvé d'être comédienne. Et mes parents voulaient pas du tout que je fasse ça. Ils voulaient très fortement que je fasse Sciences Po. Et en fait, j'étais à fond dans mes révisions. J'étais très bonne élève, à fond dans tout bien faire, tout préparer. Et ma mère m'a traînée presque de force un week-end en me disant Bon, tu vas quand même faire une pause et on va aller faire du shopping toutes les deux pour te changer les idées. Et en regardant une vitrine, puisque je n'ai jamais aimé faire du shopping, mais elle adore faire ça, donc je l'attendais dehors, dans une rue du Marais. Et un mec, ce qu'on appelle un scout, donc c'est ceux qui cherchent les mannequins pour les agences de mannequins, est venu vers moi en me disant tu as un nez extraordinaire Alors, je me suis dit c'est quand même très, très bizarre comme approche Et donc, moi, 17 ans, je me suis dit mais qui est ce taré ? Et ensuite, il m'a donné sa carte en me disant non, non, mais je travaille pour une grande agence de mode, tu es faite pour devenir mannequin Moi, j'ai dit j'ai. très grande, je faisais presque 1m80 et fine. Oui, je faisais du 36 donc oui, j'étais très fine, mince. Et il m'a dit mais tu es faite pour ça, il faut absolument que tu deviennes mannequin. Alors moi, j'étais là, vraiment pas du tout. Enfin, aucun intérêt pour ça. À part peut-être ce petit truc dans ma tête de me dire bon, cinéma, mode, il y a peut-être un lien. Ce sera peut-être une... passerelle pour passer de l'un à l'autre. Bon, c'était à la limite mon seul truc. Et ensuite, il se trouve que je n'ai pas été prise au concours de Sciences Po. Et alors ça, pour moi, ça a été la honte. C'était un drame absolu de me dire, mais en fait, je suis débile, je vais décevoir mes parents, ils vont être tellement déçus par moi. Ça m'a... Et il fallait, ça a peut-être changé, mais regarder sur Internet pour voir s'il n'y avait pas son nom. et alors moi en plus j'ai un nom double parce que j'ai le nom de mes deux parents donc je suis allée voir aux deux noms et j'y étais pas donc je me suis dit là il faut que je trouve un autre truc à dire à mes parents parce que je peux pas leur dire et pourtant j'étais prise en hippocampe donc j'avais à la limite un mais je sais pas je me disais pour mes parents il faut que je fasse un truc grandiose entre guillemets Et j'ai rappelé ce mec, parce que j'avais sa carte, en lui disant est-ce que tu te souviens de moi ? Et puis alors, ils sont toujours, vous savez, c'est à l'américaine de mais comment pourrais-je t'oublier ? Bon, et puis moi, dans mon égo, sûrement, j'ai été flattée de me dire ah bah oui, alors que, enfin, si ça se trouve, ils ne savaient même pas qui j'étais. Et donc, j'ai dit à mes parents, je suis descendue après avoir pleuré, je pense, deux heures toute seule dans ma chambre, je n'ai pas été prise à Sciences Po. mais je ne veux jamais qu'on m'en parle et je vais devenir top modèle je vais partir à New York en gros vous allez être fiers de moi c'était un truc de... mais donc pour revenir à ce truc des émotions et t'es partie à New York ça ça m'intéresse et ça j'étais trop contente puisque j'étais jamais allée à New York ça c'était ma première erreur que je vois maintenant avec le recul c'est que j'ai totalement alors j'ai quand même pleuré deux heures mais j'ai totalement étouffé le truc de l'échec entre guillemets J'avais quand même bossé pour ce truc. Et je voulais tellement avaler une honte ou une déception d'un truc que je ne voulais même pas faire. C'est ça qui est hallucinant. Tu ne t'es pas laissé le temps de digérer et tu t'es jetée dans autre chose. Exactement. Et je pense que ça, c'est un des principes. Aujourd'hui, je bosse beaucoup aussi sur la prévention et comprendre ces émotions. Mais on ne les connaît pas. La plupart du temps, on se dit Ah, je suis en colère mais en fait, on est triste. Ce n'est pas de la colère. Et on mélange tout. Et en fait, ça, c'est dramatique. Je pense que ce n'est pas un trop gros mot pour ça, parce que c'est ce qui crée plein de troubles dans le corps. Et la maladie, si on décortique, c'est ça, c'est le mal à dire. Donc, au bout d'un moment, le corps parle pour nous mettre sur un autre chemin, parce qu'en fait, on s'est trompé. Et moi, je me suis trompée de chemin, donc mon corps m'a arrêtée pour que j'en reprenne un bon. Alors, effectivement, c'est violent. Mais quelque part, bon. J'avais 18 ans, j'ai eu de la chance, comme maintenant ça va très bien, pour me remettre ensuite sur le bon chemin et prendre le bon cap. Mais à ce moment-là, en tout cas, j'étais tellement dans un truc de il ne faut pas décevoir, il ne faut pas décevoir que je ne vivais que pour les valeurs et les aspirations pour moi de mes parents. Et donc, je ne vivais pas du tout ma vie quelque part. Et donc, ce fameux mec m'a emmenée dans cette agence de mannequins où là, on a pris mes mensurations. Et où j'étais donc trop grosse en faisant du 36 pour 1m79.

  • Speaker #0

    Et tu pesais combien de kilos à l'époque ?

  • Speaker #1

    56 je crois. Et donc là on m'a dit, alors en fait il y a un composite dans les agences de mannequins, donc ça c'est comme une carte de visite, sauf que la carte de visite c'est vos mensurations, vu que votre outil de travail c'est votre corps. Ils m'ont noté d'autres mensurations. Donc pour me faire comprendre que si je voulais travailler à la Fashion Week de New York, qui avait lieu deux mois après, il fallait que je corresponde à ces mensurations-là. Et donc que je perde 3 cm de tour de hanche, en sachant que les hanches, dans la mode, c'est les fesses. C'est le plus gras des fesses, c'est pas au-dessus, les hanches. Mais moi, 17 ans, je me dis, 3 cm de tour de hanche, c'est 3 kg. Enfin, je sais pas à quoi ça correspond vraiment. Donc je me dis, bon, 3 kg, c'est pas dingue. Enfin, ça va, je peux... Et donc très volontaire, je cherche sur Internet. Alors, quand je dis des trucs comme ça, ce n'est pas à faire. C'est justement, c'est un red flag. La fin de mon livre, c'est un spoiler, mais voilà, c'est que j'ai quand même fait une tentative de suicide et que j'ai fini à l'hôpital psy pendant trois mois. Mais parce qu'ensuite, des gens, je sais, ont utilisé mon livre comme, heureusement pas la plupart, mais comme truc pour maigrir. Ça, forcément, je n'y ai pas pensé en l'écrivant. Moi, je l'écrivais comme, voilà la fin, voilà ce qui est arrivé, donc juste ne le faites pas. À moins que vous vouliez vous bousiller la santé. Mais moi, ça m'a bousillé la santé et physique et mentale ensuite pendant dix ans. Donc, ne mangez pas trois pommes par jour. Mais moi, j'ai fait ça. Tu ne mangeais que trois pommes par jour ?

  • Speaker #0

    En même temps, ce n'est pas un très grand secret. Je pense que les gens, s'ils veulent vraiment maigrir et qu'ils mangent trois pommes par jour...

  • Speaker #1

    Oui, mais du coup, quand on est déjà dans un truc où ça ne va pas, on cherche partout où on veut. J'étais comme ça aussi. Oui, toi, tu as cherché sur Internet. J'ai fait, je pense, tous les régimes qui existent. Je n'ai pas fait les trucs les plus tarés parce qu'il y a des gens vraiment malades sur Internet qui vous proposent des choses où vous pouvez, je pense, mourir dans l'instant. C'est terrible. encore plus je pense sur les réseaux sociaux, moi c'était en 2010 ça, il n'y avait pas Instagram, je crois pas, enfin en tout cas j'étais pas dessus, moi je l'ai créé pour mon livre, mais ça c'est vraiment catastrophique les choses qu'on peut trouver pour se faire du mal. Donc, je sais quand on peut être dans un malheur très profond, à quel point on peut chercher des choses pour aller encore plus mal, parce qu'on pense à très court terme. Et moi, j'ai été dans un mal-être si profond que je voulais tuer cette souffrance et ne plus faire partie de ce monde. Donc, je sais. Mais sachez aussi que même si on est dans ce moment le plus noir, on peut ensuite aller bien, parce que c'est mon cas aujourd'hui et je suis très heureuse. Et je sais qu'on peut se dire, ça n'arrive qu'aux autres et c'est faux, mais en tout cas, je suis une preuve vivante que non, parce que je trouvais tout monstrueux. Et aujourd'hui, ça va très bien, je suis hyper heureuse. Donc, on peut vraiment totalement se sortir de ça et se sortir de l'anorexie, se sortir de la boulimie, se sortir de tous les TCA, de la dépression, des envies suicidaires. Il faut juste effectivement trouver les bonnes personnes. et demander de l'aide et ne pas avoir honte d'en parler en fait, parce que c'est ni un choix, ni une faiblesse. Et les gens qui vous disent ça ne l'ont juste pas traversé et ont peur de le traverser. Donc ils le rejettent très loin d'eux. Mais malheureusement, ça peut leur arriver aussi. Ça peut arriver à tout le monde parce qu'on est tous humains. Et une dépression, par exemple, ça touche une personne sur trois. Donc ça touche bien plus de personnes qu'on ne le pense. Et il y a plein de personnes en fait qui se taisent aussi. Parce qu'ils se disent, c'est terrible, j'ai pas le droit d'en parler, mais c'est pas grave. On est tous humains, on est tous vulnérables et il n'y a vraiment pas de honte à parler de ça. C'est vraiment OK, en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses qu'on peut se surestimer des fois et penser que tout seul, on va y arriver ? Puisque tout seul, on a réussi à perdre du poids, donc on peut réussir tout seul à s'en sortir.

  • Speaker #1

    Certainement. Parce que, alors surtout dans ces maladies-là, en fait, c'est tellement une maladie de contrôle qu'il y a un truc aussi de... de... telle volonté, parce qu'il y a une grande, grande volonté. Je pense être d'une volonté et d'une détermination très fortes, mais c'est pas grave, en fait, de demander de l'aide. Je pense pas que ce soit de la faiblesse de demander de l'aide. Parce que, au final, en plus, on ne se sauve toujours que soi-même. Enfin, moi, je le vois aujourd'hui en étant thérapeute. Les personnes que j'aide, je leur montre des pistes et j'écoute ce qu'elles me disent et je rebondis sur des choses qu'elles ne voient peut-être pas, mais elles me le disent. Et moi, je leur renvoie, je suis un effet miroir, mais je ne vais jamais dire à quelqu'un faites-ci, faites-ça C'est en rien mon rôle. Moi, je ne suis qu'un récepteur, un réceptacle, c'est ça. Et je renvoie des choses qu'on me donne. Mais c'est en rien mon rôle de donner une orientation à des gens ou de prendre en charge leur vie. Et surtout que c'est la personne qui choisit de demander de l'aide. Donc c'est son pas à elle d'y aller. C'est pas quelqu'un qui vient la chercher et lui dit je suis là pour vous, je vais vous sauver Je crois pas que personne ne nous sauve. C'est une croyance. C'est comme quand on est en couple, on se dit… Je vais changer telle ou telle personne, mais on ne change jamais quelqu'un. La personne peut s'améliorer et faire des efforts pour l'autre. On évolue avec quelqu'un ou pour l'autre, mais ça vient toujours de nous. On a envie de le faire pour l'autre. Je pense qu'on est le seul et la seule à faire des choses pour soi, si on en a véritablement envie. Et on décide de guérir ou non. Moi, j'ai des patients qui restent des mois au même endroit, qui n'entendent pas ce que je leur dis. Parce qu'ils ne sont pas à cette place-là. Et c'est OK, je ne vais pas les forcer. Et il y en a d'autres qui vont à toute vitesse parce que c'est le bon moment pour eux et c'est leur timing. Et le psychologue est là pour écouter et pour guider au maximum. Mais on ne peut pas forcer la personne. En revanche, ça peut être totalement un accélérateur. Moi, j'ai rencontré un psychiatre. Et d'ailleurs, je disais effectivement ça, qu'il m'avait sauvé la vie. Mais il m'a toujours dit, vous, vous êtes sauvé la vie. mais c'était la en fait c'était vraiment moi je trouve la bonne personne parce qu'il a m'a reconnecté à mon humanité parce qu'après la mode qui est quand même un monde atroce enfin je parle spécifiquement de la haute couture parce que je sais que moi j'ai jamais bossé dans la mode commerciale mais là il n'y a pas du tout de critères de poids ou de Moi, c'était vraiment un truc où... Oui, voilà. La manière dont ça s'est passé ensuite, c'est qu'en mangeant les trois pommes, en fait, l'engrenage a été hyper rapide.

  • Speaker #0

    Tu l'as fait combien de temps, ça ?

  • Speaker #1

    Deux mois. Pendant deux mois, tu t'es nourrie uniquement que de trois pommes par jour ? Oui. Et j'ai perdu 12 kilos.

  • Speaker #0

    Du coup, 12 kilos, c'est 3 centimètres de fête ?

  • Speaker #1

    Absolument. Même si c'était 4.

  • Speaker #0

    C'est énorme.

  • Speaker #1

    J'avais... Ah, mais on m'a applaudie à l'agence. Ah, on t'a applaudie quand même.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    parce que c'est vraiment... On t'encourage... Totalement. Oui. Et là, j'entrais dans, effectivement, tous les vêtements de créateurs. Je faisais du 32. Attends,

  • Speaker #0

    mais du coup, tu faisais 56 kilos. Et là, tu faisais moins 12 kilos. Tu faisais 45 ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    En deux mois ? Oui. Et tes parents, ils n'ont pas...

  • Speaker #1

    C'est ça qui est... Oui, tout le monde m'a demandé ça.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Mes parents, j'étais en vacances avec eux, effectivement, pendant l'été. Alors, mon père, ça l'a rendu... Au départ, je leur ai dit, en fait, je vais manger trois pommes juste pendant une semaine. Bon, déjà, ils n'étaient pas ravis, mais je leur ai dit non, mais c'est juste pour perdre trois centimètres. Et ensuite, c'est comme ça, pour la mode, je pourrais partir dans le truc, partir à New York et machin. Ensuite, j'ai continué le truc. Et c'est là, non, effectivement, qu'au mois d'août, comme on partait en voyage aux États-Unis, mon père ne voulait pas que je mange seulement trois pommes. Et donc, je mangeais du poisson devant lui et je n'avais jamais réussi à me faire vomir. Mais du coup, je prenais des laxatifs. Donc, devant eux, je mangeais des trucs et ensuite, je prenais des trucs et j'ai même fait des lavements. Oui, c'est ça, parce que tu peux faire aussi. Parce qu'ensuite, ça, et puis je prenais au départ deux petits comprimés et puis en fait, je prenais une plaquette de trucs. Parce que ça ne marchait plus. Et c'est là, en fait, que c'est dingue. Quand tu disais, pardon, c'est un truc dans lequel on glisse. C'est ça qui est monstrueux. C'est-à-dire que d'un truc que je pensais faire une semaine, même si c'était quand même assez extrême, je suis tombée dans un truc monstrueux où j'ai commencé à entendre vraiment cette... Petite voix, j'ai eu l'impression de me dissocier et j'ai commencé à avoir peur de toute la nourriture. Parce que je commençais là à me peser tous les jours, à prendre mes mensurations de partout. Parce que je me disais, il faut absolument que j'entre dans ces vêtements, parce que là, ça va être ma seule valeur en fait. Parce que je ne peux pas, après Sciences Po, rater en plus ça.

  • Speaker #0

    Parce que tu vas être bête et moche.

  • Speaker #1

    Voilà. Merde. C'est pas possible. Donc là, c'était l'objectif. C'était impossible de le rater. Et donc, ça devenait un truc terrorisant. Mais j'avais des crises d'angoisse. On était allées justement dans un resto avec mes parents. En plus, on était aux Etats-Unis. Donc bon, bonjour les terras, les burgers. Et donc moi, je commandais des assiettes de légumes, mais ils m'avaient mis de l'huile dedans. J'avais pleuré parce qu'il y avait de l'huile. Oui, tout prend des dispositions. Mais un mois avant... Je n'étais pas comme ça. Je n'avais jamais eu de problème avec la nourriture. Parce que moi, ma seule obsession avant, c'était les notes, mes cours. Je ne m'étais jamais posée de questions sur la nourriture. C'est ça qui est... Donc oui, effectivement, j'ai glissé, mais bien vite et bien profondément dans un truc de contrôle, mais obsessionnel avec ça. Et ensuite, comme en plus j'étais extrêmement encouragée, c'est-à-dire que quand je suis arrivée à New York, j'étais dans ce qui s'appelle les apparts de mannequins, je vivais avec deux autres mannequins, qui étaient considérées trop grosses parce qu'elles faisaient ma taille et mon poids avant, enfin quand j'ai été repérée, donc elles étaient prises à rien. Et donc notre agent débarquait dans l'appart, il fouillait nos placards, les petites culottes, les machins, parce qu'elle planquait des M&M's. Et il disait, mais regardez Victoire, elle ne mange qu'une salade, elle enlève le fromage. Elle prend le poulet sans sauce, machin, nan, nan, nan. Donc, en plus, ses filles me détestaient. Donc, ça créait une ambiance de merde. Oui, puis tu étais devenue une espèce d'exemple horrible.

  • Speaker #0

    La bonne élève, quoi. Bah oui,

  • Speaker #1

    la bonne élève. Il suit bien les règles, c'est ce qu'on lui demande. Et cet agent, à un moment donné, il ne voit pas que tu es en danger. Mais il s'en fiche. totalement. Lui, il veut juste qu'il ait sa commission parce que moi, je fais bien ce qu'on me demande et je les enrichis tellement. Ils prennent 70% de ce que tu gagnes. Donc, ils sont bien contents que tu manges rien. Donc, ils peuvent te regarder dépérir s'il t'arrive quelque chose. Mais totalement. Mais il y a une nana qui a fait une crise cardiaque qui est morte à 19 ans d'anorexie mentale. D'accord. Et c'est pour ça qu'ensuite, moi, je me suis énormément engagée. Avec le ministère de la Santé, parce que je trouve ça honteux qu'en France, on est censé être le pays des droits de l'homme, la santé qui est si importante, pour des raisons économiques, parce que oui, la mode rapporte beaucoup d'argent à la France, mais c'est secondaire. Et là, on parle des mannequins, donc d'un petit groupe de jeunes femmes, mais c'est aussi toute l'influence que ça a sur les jeunes filles qui s'identifient. à ça. Et maintenant, d'autant plus avec les réseaux sociaux. Donc, c'est dramatique, en fait, l'impact que ça a sur la société.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça a un peu évolué depuis ton époque, entre guillemets ? C'était pas il y a si longtemps, c'était en 2016, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Alors, 2016, c'est quand j'ai écrit mon bouquin.

  • Speaker #0

    Ah,

  • Speaker #1

    donc c'était avant encore. Et la mode, enfin, moi, quand j'étais mannequin, c'était en 2010. Le livre, quand je l'ai écrit, c'était en 2016. Et est-ce que ça a évolué ? C'est-à-dire qu'aucune des, comment dire, des réformes qu'Olivier Véran a passées... ne sont appliquées, parce que lui, il voulait que ce soit des majeurs qui soient employés, parce qu'il y en a qui ont quand même 14-15 ans. Donc effectivement, si on emploie des jeunes filles qui ne sont même pas dans leur puberté, oui, il n'y a pas de poitrine, il n'y a pas de hanches, mais en fait, on nous empêche de devenir des femmes. Donc c'est vraiment une annihilation du corps féminin. On nous fait taire jusque dans notre corps. C'est hallucinant. Et il voulait aussi qu'il y ait la mention photo retouchée. Oui, mais ça, parce que ça, ça a été beaucoup parlé à un moment donné. Les magazines n'avaient plus le droit. Et c'est vrai qu'on en a entendu beaucoup parler. Et maintenant, je n'ai pas l'impression d'avoir beaucoup cette mention. Alors, j'ai l'impression que toutes les femmes ne ressemblent pas à des vraies femmes quand même. Alors, soit c'est écrit tellement minuscule que tu dois prendre une loupe pour vraiment vérifier le truc. Mais il faut savoir qu'en fait, pour les défilés, tu dois être totalement décharné. Parce que comme c'est le vêtement roi, il faut qu'il tombe sur toi, comme sur moi, comme sur toi. De la même manière, sauf que... On n'a pas la même poitrine, on n'a pas la même taille. Donc effectivement, ça les fait chier les créateurs de s'adapter à chacune. En fait, c'est un cintre. Totalement. Mais dans ce cas, qui prennent des cintres, en fait. Pas des êtres humains, surtout qu'ensuite, c'est censé aller à des femmes. Donc moi, je pense que l'humain devrait passer avant le tissu. Et j'entends que c'est une œuvre d'art, etc. Mais c'est censé magnifier la femme et pas l'affaiblir. Donc ça, déjà, non. Et ensuite, pour les séances photo. Alors là, comme ils trouvent ça moche quand même de voir les os, ils te photoshoppent. Et puis, ils peuvent te mettre aussi le visage d'une mannequin, le buste d'une autre, les jambes d'une troisième. Et ensuite, ça, c'est le modèle donné aux jeunes filles qui, du coup, ne sont jamais contentes d'elles-mêmes et qui sont comparées les unes aux autres. Et on va se dire, ah, il faut ressembler à ci et à ça et machin. Et comme, en plus, pendant le Covid, la Covid, malheureusement, il y avait, enfin, tout le monde était enfermé. Et avec les masques, alors là, je ne parle même pas des émotions où personne, on était tous totalement coupés de ça. Et donc tous encore plus sur les réseaux sociaux, etc. Maintenant, on parle carrément d'anorexie infantile, où ça commence à partir de 8 ans, parce que tout le monde a accès plus jeune à un téléphone, tout le monde se compare d'autant plus. Essayer de ressembler à une image virtuelle. Et donc, il y a encore moins de... On est beaucoup moins connecté à nos émotions et beaucoup plus à de la fausseté et de la comparaison. Donc c'est dramatique et tout a augmenté, que ce soit les troubles du comportement alimentaire, ou la dépression, ou les addictions, ou les tentatives de suicide. Donc il faut revenir, moi je trouve, le plus possible aux connexions vraies. C'est ce sur quoi je travaille beaucoup avec des associations, que ce soit Nightline ou Imhotep, qui travaillent beaucoup sur la prévention. pour essayer d'avoir des... En fait, il faudrait des groupes de parole dans les écoles pour dire, voilà, quelles sont tes émotions, que ce soit aussi le consentement, qu'il n'y ait aucun tabou, en fait, pour parler de tout ça. Mais c'est tout un travail à faire pour changer la perception, au final, de la santé mentale en France, parce qu'on est très loin de penser comme ça. Et même, comme tu le disais, pour demander de l'aide, de se dire que c'est une faiblesse ou honteux ou qu'on ne le fait pas nous-mêmes, parce qu'aujourd'hui, en France, on est très... Ah, vous souffrez de ça ? Prenez des médicaments et restez chez vous et surtout n'en parlez pas. Alors que si on était très à l'aise de parler de tout ça, en fait, je trouve que dès qu'on est ouvert à sa propre vulnérabilité, les autres se disent aussi Oh, ben ok, je peux en parler. Et justement, moi, le fameux médecin qui m'a aidée, c'est le docteur Vincent Jost. J'étais à la clinique du château de Garches parce qu'on m'avait d'abord emmenée à Saint-Anne. Alors, il y a certainement des médecins très bien à Saint-Anne. Ce n'est pas pour dire que tout le monde est bien dans une clinique, pas dans un hôpital, mais en l'occurrence, le médecin sur lequel j'étais tombée. On m'avait quand même fait un lavage d'estomac parce que j'avais pris absolument tous les médicaments qui m'étaient passés sous la main parce que je n'en pouvais plus du monde de la mode. On me repassait à même la peau, on m'arrachait les ongles, j'avais perdu la moitié de mes cheveux parce que pour un défilé, on m'avait mis de la vraie colle parce que c'était plus pratique pour eux. Descouvrez-vous.

  • Speaker #0

    Vous êtes tellement déshumanisé. Vous êtes un objet. Et c'est ça que j'ai trouvé le plus...

  • Speaker #1

    Violon ?

  • Speaker #0

    Ah ouais. J'ai trouvé ça très dur. Et surtout, effectivement, à 17 ans, il y a plein d'autres choses, on s'en rend compte après. Parce que toute la perte, effectivement, d'estime de soi, de confiance en soi, tout ce qui est attaché à la valeur. Parce que de l'extérieur, il y a plein de gens qui vous disent... T'étais considérée comme une des plus belles filles, t'as voyagé partout, c'est trop bien. Mais la réalité, c'est qu'on vous dit sans cesse que vous avez un défaut. Parce qu'il y a toujours une fille qui a des jambes plus grandes, des cheveux plus beaux, un nez plus fin. Donc, quand vous êtes dans ce milieu-là, personne ne vous dit ça. Et puis en plus, c'est quand même terrible d'être réduite à ça, qui est en plus un truc qui va évoluer, qui va partir. Enfin, c'est... L'intérêt est nul, en fait. Il n'existe pas. Et puis, alors, on vous dit aussi, mais vous avez dû gagner tellement d'argent. Alors, moi, en un an de travail complet, j'ai gagné 10 000 euros. Parce que j'aurais dû gagner 100 000, mais l'agence prend tout et déduit tout. Les avions, les apparts. Alors, je ne dis pas que 10 000 euros n'est pas d'argent, mais en un an où vous bossez tous les jours, je ne me dis pas... Voilà. Et pour, en plus, être... traité comme un objet. C'est pas le... Tout ça pour dire que c'est pas le rêve et l'illusion que les gens pensent que vous êtes en train de vivre. Et donc oui, j'ai eu un moment où effectivement je me suis dit, je pense que j'ai eu trop soif et faim d'humanité, et donc j'ai mangé absolument tous les trucs qui me passaient sous la main, ce qui a fini par me sauver, quelque part. Mais moi, du coup, c'était un dégoût de moi-même. atroce parce que c'est ça qui est terrible aussi, en tout cas dans la société française et certainement dans plein d'autres vivant ici, je l'ai vécu ici, où les gens vous félicitent quand même quand vous êtes mince et maigre. On a toujours ce truc, en tout cas envers les femmes, de Oh mais t'as maigri, ça te va bien, bravo Mais on ne sait pas en fait si c'est bien ou pas. Enfin moi, en l'occurrence, c'était une maladie, donc ce n'était pas du tout bien de me dire ça. Mais alors quand j'ai pris du poids, c'était terrible, là. C'était un truc de... Oh là là ! Le monstre, quoi. Donc, c'est vraiment le rejet.

  • Speaker #2

    Mais ça, c'est dans le monde de ton métier. Parce que j'imagine que tes amis ou tes parents te disaient Ah, c'est super, t'as repris du poids !

  • Speaker #0

    Parce que le problème, c'est que c'était et quand j'ai maigri et quand j'ai grossi, c'était beaucoup d'un coup.

  • Speaker #2

    D'accord, ouais. C'est un gros yo-yo, quoi. Un grand écart.

  • Speaker #0

    Et du coup, c'était pas du... Enfin, en tout cas, moi, dans... Ce que j'ai vécu. Je ne pense pas que c'est comment je l'ai ressenti. C'était la réalité.

  • Speaker #1

    Comment tu l'as ressenti dans la réalité, mais comment toi, en plus, tu l'as pas reçu. Parce que les autres, ils avaient une autre réalité. Ils se disaient, il faut rester dans des espèces de standards. Et là, qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    Et du coup, c'était terrible. Et j'ai vraiment eu un moment où je me suis dit, là, je ne vois pas d'issue. Mais aussi parce que je n'arrivais pas à en parler. Donc, j'étais totalement enfermée dans un désespoir et une honte. Et je voulais faire taire cette souffrance qui était atroce. Donc, encore une fois, je ne me disais pas que cette émotion est tellement énorme et envahissante que je ne sais absolument pas la reconnaître, l'analyser, en parler. C'est atroce. Un sac de nœuds, je ne sais pas faire. Et en arrivant à Saint-Anne, le psychiatre s'est adressé à mes parents et pas à moi. Déjà, j'avais vécu une année déshumanisée. C'est fou ça. Et le mec parle à mes parents en disant Oh, elle fait une crise d'ado Donc là, moi qui suis normalement toujours très bien élevée et tout, j'ai dit C'est un gros con Et je suis partie. Et heureusement, mes parents... sont parties avec moi pour m'emmener ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est quand même chouette,

  • Speaker #0

    ça. Mais c'est ça aussi, c'est qu'effectivement, il y a des médecins top, des psychologues top. Il y en a qui ne le sont pas aussi. Et il faut trouver la bonne personne qui nous correspond. Et donc, quand on est déjà dans une souffrance, ça peut être décourageant de se dire Waouh, il y a encore une personne qui ne me comprend pas. C'est sûr que c'est...

  • Speaker #1

    C'est un long chemin. Oui,

  • Speaker #0

    ça, c'est compliqué. Mais ensuite, quand je... J'ai rencontré donc un autre médecin. Lui, alors c'est des trucs tout bêtes, mais il m'a parlé à moi. Il m'a vouvoyée. Je me suis dit Waouh ! Et il m'a dit Victoire, est-ce que vous voulez que je vous reçoive seule ou avec vos parents ?

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    déjà,

  • Speaker #1

    ça n'avait rien à voir. Oui,

  • Speaker #0

    mais je n'ai même pas su répondre, en fait. Parce que, comme moi, ça faisait un an qu'on ne m'avait pas posé de questions. Et pourtant, à la fin, en plus, dans la mode, je marchais hyper bien. Je faisais toutes les couvertures, tous les trucs. Les photographes m'appelaient par mon prénom, machin, machin, machin. Mais j'étais un bout de viande, quoi. C'est-à-dire que les six premiers mois, c'était... française, 18 ans. C'est sale, vous êtes une marchandise. Et donc, quand il m'a dit ça, j'ai regardé mes parents en mode c'est hyper bizarre, ils s'adressent à moi. Et donc, mes parents m'ont dit, vas-y, toi. Et je n'arrive pas à me souvenir de ce qu'il m'a dit, mais il m'a fait rire et il m'a fait pleurer. Et je me suis dit, lui, il me considère et il me comprend. Enfin, il sait me parler. Et ça m'a... redonner foi en l'humanité. Vraiment, je me suis dit qu'il voit qui je suis. Il ne me considère pas comme un cas, que ce soit dans la mode un bout de bétail ou l'autre mec qui se disait qu'il avait un numéro de dossier comme les autres. Lui, il était là pour moi, ma personne. Il ne voulait pas forcément me sauver parce qu'on se sauve que soi-même, mais il voulait m'aider à aller mieux. Et moi, je trouve que la thérapie, c'est ça. On considère la personne pour ce qu'elle est et on est censé la voir entièrement et l'aider au maximum.

  • Speaker #1

    Puis l'aider à reconnecter avec les émotions. Donc si tu as réussi à rire et à pleurer, peut-être que c'est ça qui manque.

  • Speaker #0

    Et ça m'a énormément aidée. Je suis restée trois mois dans cet hôpital. Et je voulais pas partir. Franchement. Non, mais en fait, je me suis dit... C'était hyper dur pour plein de choses. Mais tous les patients étaient tellement bienveillants. Parce que justement, en fait, là, tout le monde, effectivement, était dans une certaine souffrance. Mais en fait, il y a beaucoup de gens aussi qui sont dans beaucoup de souffrances dans le monde, en dehors des hôpitaux, et qui ne le reconnaissent pas. Et donc là, il n'y avait pas de jugement. Les gens étaient hyper gentils, à l'écoute. Il y avait plus de temps. Alors, bien sûr, quand on est dans une ville, tout le monde est très... Il faut dépêcher. Et c'était dur, du coup, de sortir et de retomber dans la frénésie, dans la folie, en fait. La folie est à l'extérieur.

  • Speaker #2

    Et est-ce que, du coup, comme on dit que c'est un peu comme une addiction, est-ce que tu as... peur ? C'est-à-dire qu'on dit qu'un ancien fumeur restera toujours fumeur. Est-ce que quand tu as été anorexique comme ça, il y a quelque chose qui plane ? Comme quoi, tu peux avoir cette espèce de peur de replonger un jour dedans ?

  • Speaker #0

    Alors moi, c'est resté quand même longtemps après. C'est-à-dire que je n'ai pas passé trois mois à l'hôpital et hop, soudainement, j'étais guérie. Ça m'a guérie des idées suicidaires et de la dépression dans laquelle j'étais, d'être dans cet hôpital. mais ça ne m'a pas guéri des TCA d'être dans cet hôpital. Ensuite, je pense qu'il m'a fallu bien huit ans pour sortir de ça. Maintenant, sincèrement, je ne pense plus du tout avoir de problème avec ça, mais parce que j'ai fait un autre travail après, plus justement avec les émotions et parce que j'ai vécu à Londres et qui sont beaucoup plus dans un travail avec le corps, avec... On ne disait pas qu'est-ce qui s'est passé dans ta petite enfance avec ta mère ? Ça marche peut-être pour certaines personnes, et tant mieux, parce que, encore une fois, je crois que tout le monde est différent et qu'il faut trouver le chemin qui nous convient à nous. Ce n'était pas le mien. Et moi, ce qui m'a vraiment aidée, c'est la mindfulness, la méditation, faire du pilates. Alors tout un travail aussi dans le théâtre, quand même, parce que me reconnecter à mon corps, parce que j'étais beaucoup dans ma tête. Mais plein de lectures aussi spirituelles. Mais vraiment, principalement un truc dans l'émotion. Et un exercice que je peux donner maintenant d'ailleurs. Où au début, je ne voulais pas le faire. J'étais bloquée, bloquée, bloquée. Mais au fur et à mesure. Et c'est un truc qui dure trois minutes. Parce qu'en fait, une émotion peut nous traverser en trois minutes. Et on peut mettre son minuteur sur son téléphone en trois minutes. Et fermer les yeux et visualiser l'émotion dans son corps. Parce qu'en fait, très souvent, on l'intellectualise. Mais ce qui nous fait du bien aussi... pour la digérer, c'est de se dire où est-ce qu'elle est en nous. Et en général, elle est dans le plexus solaire, coincée, dans le ventre. Et vraiment, c'est essayer de la visualiser. Ça peut être une boule, ça peut être un gros bâton, un tuyau. Et se dire, ok, je sais que c'est là, mais je le sens, je la laisse évoluer. Et elle peut monter dans la gorge, ça peut bloquer la gorge, être très désagréable, boucher le nez, piquer les yeux, les oreilles. Oui. On allait sortir. Et alors ça, c'est un truc qui m'a vachement aidée. Ou plein de trucs aussi de visualisation, de voir son émotion, par exemple, dans le ventre, si c'est de la colère ou en tout cas une émotion négative, et de lui associer une couleur. Donc une émotion qu'on n'aime pas. Chacun une couleur qu'il n'aime pas trop. Et ensuite, l'accepter. Parce que... Il ne faut pas rejeter les émotions, mais la vivre. Mais ensuite se dire, ok, elle est là, je l'accepte, mais maintenant je vais la transformer avec de l'apaisement et donc avec une couleur qui nous apaise. Et visualiser dans son ventre l'autre couleur qui envahit tout. Et faire des exercices comme ça, corporels et de mindfulness, ça m'a vachement aidée. Oui, d'être vachement aussi dans des trucs de moments présents. de me rendre compte que mon émotion n'est pas moi. Je parlais d'identité tout à l'heure, mais la maladie que j'ai traversée n'est pas moi. Tout comme la peur que je ressens n'est pas moi. Tout passe en fait. Et avoir des... Je parlais des lectures spirituelles, juste lire Le pouvoir du moment présent. Après, il y a les lire au bon moment et machin. Là, je suis en train de lire Penser comme un moine de Jay Shetty. Et il y a plein de trucs comme ça. Après, il y a la vie qui passe. Forcément, il y a des choses qui... De déménager à Londres aussi, ça m'a beaucoup aidée. Alors certainement juste de partir et donc d'associer des émotions à un autre lieu. J'y allais pour mes études, pour du théâtre. Je faisais enfin ma passion. C'était mon chemin, mon choix, ma vie, ma liberté. Et par exemple, là, pendant un an... J'avais eu aucun souci, aucun trouble du comportement alimentaire. Ensuite, je suis tombée folle amoureuse. Le mec m'a quittée et bim, je suis bien retombée dedans. Donc, je sais que j'avais cette fragilité. Effectivement, sauf qu'ensuite, à chaque fois, j'ai appris. Pendant ces huit ans, oui, j'ai eu des récidives, mais pendant chacune d'entre elles, j'ai pu... construire un peu ma boîte à outils et me dire Ok, je sais que là, ça, ça a marché, ça, ça a marché, ça, ça a marché. Ensuite, pendant la Covid, j'ai repris des études de psycho. Et ça, je pense que ça m'a beaucoup aidée aussi pour moi. Au départ, je l'ai fait parce que j'étais en Angleterre et je n'avais pas de rôle là-bas. Je faisais juste des voix et tout. Mais tous les studios étaient fermés. Et suite à mon livre, en fait, j'avais donné. énormément de conférences, et dans les médias, mais aussi auprès de politiques, et dans des hôpitaux, dans des écoles, et tout ça. Mais c'était à chaque fois basé que sur mon expérience. Et donc je me disais, il y a quand même des jeunes filles qui mettaient leur vie entre mes mains. Il y en avait qui sortaient de l'hôpital avec leur sonde pour venir me voir, et en me disant Vous êtes mon dernier recours, aidez-moi Donc moi j'avais 24 ans. Et là, je me disais, bon, j'ai quand même un peu de pression parce qu'en plus, comme je voulais répondre à chacune de manière personnalisée, en disant... Enfin, je prenais le truc hyper à cœur. Sur Instagram, j'ai mis deux ans à répondre à tous les messages. Mais ça, c'était très dur, le livre, la sortie du livre. Là, c'est le deuxième gros truc où je suis retombée. Là, je suis tombée dans la boulimie. On peut voir au fur et à mesure des interviews que je grossis. Je me suis dit, oh là là, qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi j'ai parlé de ça ? Mais au moins, après ça, j'ai vu une psy et ça, je pense que ça m'a permis de bien clôturer le truc. Et c'est ce qui m'a véritablement soignée. Ça, plus les études de psycho. Et là, vraiment, depuis deux ans ou trois ans, je dirais que je n'ai plus aucun... Je sais qu'à des moments, ça peut...

  • Speaker #1

    Taper à la porte.

  • Speaker #0

    Oui, mais du coup, je me dis, maintenant, j'ai vraiment ce truc de pleine conscience de me dire... Ok, donc là, par exemple, si j'ai quelqu'un de mon entourage qui souffre de ça, là, c'est le dernier truc qui m'est arrivé en date, il y a deux, trois ans, de famille proche. Et donc, j'ai dû passer du temps avec cette personne et partager des repas avec cette personne. Et là, je me disais, oh là là. Donc ça, je voyais que ça faisait un truc en moi, alors que j'y pensais plus jamais. Avant, c'était compliqué pour moi, par exemple. Il fallait checker le resto, la carte du resto, savoir où j'allais déjeuner, avec qui, machin.

  • Speaker #1

    Tu y allais encore déjeuner au restaurant ?

  • Speaker #0

    J'y allais quand même, mais il fallait que je check avant. Alors que là, depuis 2-3 ans, je n'ai plus rien de tous ces trucs. Mais là, d'avoir cette personne qui souffre de ça, qui arrive, et qui du coup regarde ce que je mange, me parle des trucs, je me disais, mon Dieu, compliqué, mais... Ça a réveillé des trucs en moi, mais comme je le sais, je me suis dit ok. Alors, il y a des moments où si je sais que j'ai mes règles, par exemple, donc là je suis dans un état de vulnérabilité, je ne vais pas y aller. Je me choisis. Je sais que pas la peine. Mais sinon, je me dis ok, je sais que je vais déjeuner ou dîner avec cette personne, ou là que je vais passer l'après-midi avec elle. En fait, je n'entre pas dans le discours. Parce que là, en plus, je ne suis pas la thérapeute de ces personnes. Je pense, en fait, d'avoir, au fur et à mesure, acquis des outils qui m'ont aidée et sortie du truc. Je me dis, OK, c'est son problème et ce n'est plus le mien. Donc, je n'ai pas envie de le vivre. Non, c'est sûr. Et d'où le fait qu'on puisse en sortir.

  • Speaker #1

    Ça, c'est vraiment... Une super bonne nouvelle. C'est important aussi de dire qu'on peut s'en sortir parce que c'est quand même une fenêtre d'espoir pour toutes les jeunes filles ou les jeunes hommes, entre guillemets, qui vivent des troubles alimentaires. Et on arrive presque à la fin. Est-ce que tu aurais justement... Tu as déjà beaucoup de choses, mais... conseil ? Je ne sais pas si en tant que thérapeute, on ne donne pas de conseil. Enfin,

  • Speaker #0

    moi, je donne quand même effectivement au maximum le conseil d'essayer de se connecter à ses émotions et ses sens. Quand on est déconnecté du moment présent, moi, j'aime bien l'exercice des cinq sens. De voir cinq choses autour de soi. Quatre choses qu'on entend, trois choses qu'on sent, deux choses qu'on touche. une chose qu'on goûte parce que ça on peut le faire à n'importe quel moment et en fait quand on est hyper stressé enfin je dis on peut même avant une réunion ou un truc aller le faire dans les toilettes c'est pas le mieux parce qu'au niveau des sensations et des odeurs c'est pas dingue qu'est-ce qu'on goûte dans les toilettes mais au moins en fait c'est juste pour dire qu'on a tous en soi les ressources pour s'en sortir s'en connecter après je dis pas ça pour que les gens qui ne vont pas bien s'en veuillent Parce qu'on peut aussi être vraiment dans un moment de désespoir et c'est pas pour dire allez, on se bouge, machin Moi, quand j'étais en dépression, j'étais effectivement au bout de ma vie dans mon lit et lever le bras était un effort surhumain. Donc je dis ça quand on a un petit stress et sinon qu'effectivement, c'est toujours OK de demander de l'aide et d'avoir des gens qui nous mettent sur ce chemin pour s'en sortir. Parce qu'on peut tous en fait avoir des moments où ça va un peu moins bien. Mais ce n'est pas pour ça que le lendemain, ça n'ira pas mieux. Et pour prendre la métaphore des réseaux sociaux, en fait, parfois, c'est juste une question de perception. Donc, on change le filtre et on se dit Ah oui, je voyais la situation comme ça, mais en fait, si je la vois autrement, c'est beaucoup plus sympa. Donc, il y a toujours une manière de voir la vie aussi autrement. C'est comme si, par exemple, on renverse son café le matin et on se dit Putain, ça va être une journée de merde. Et en général, c'est le cas. Est-ce qu'on balance tellement d'ondes négatives ? qu'effectivement, on va enchaîner le truc. Alors que si, là aussi, on se remet en conscience et on se dit Ok, j'ai renversé mon café, mais c'est pas très grave, en fait. Donc, on peut juste se dire Allez, maintenant, je fais un petit truc sympa pour moi. Je vais respirer l'air dehors. Je vais caresser mon chat si j'ai la chance d'en avoir un. Ou je sais pas, lire une page d'un truc sympa. Et je me remets dans une pensée positive. Et c'est ok de faire ça. On peut toujours, je pense, voir le truc autrement. Et en fait, c'est ça qui est merveilleux avec la plasticité neuronale, c'est qu'on peut changer. Parce qu'on se dit souvent, je fonctionne comme ça depuis 20 ans, donc c'est foutu. Mais à tout moment, on peut choisir de changer de chemin. C'est un peu chiant, parce que c'est un exercice et des nouveaux rituels à mettre en place. Mais en fait, c'est un peu comme un... Un exercice de sportif, il faut le refaire et le refaire et le refaire. Le petit challenge pas mal à se mettre, c'est de se dire je le fais pendant 21 jours. Parce que c'est comme ça en général qu'on crée une habitude. Et puis comme ça, ça donne un but, un objectif pas trop lointain pour voir des résultats.

  • Speaker #1

    On espère que nos auditeurs ou auditrices ont plein de tips à mettre en place pendant les prochains 21 jours.

  • Speaker #0

    Voilà. Et puis, j'essaie d'en donner sur... J'ai ma petite page Instagram, Emopy, que j'ai créée, en fait, parce que c'est justement émotions et pilates. Moi, c'est les trucs qui m'ont aidée parce que c'est... Les émotions, c'est quand même ce qui bouge en nous. Et le pilates, c'était aussi le mouvement du corps. Et en fait, c'est pour dire que c'est le... Oui, le mouvement de tout. Enfin, tu vois, c'est de se dire, on peut toujours avoir un impact sur sa vie. Et donc, c'est pour ça que j'avais... que j'ai créé ça.

  • Speaker #2

    On mettra toutes les infos de toute façon, évidemment.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    on va aller voir aussi. En tout cas, merci beaucoup pour ta générosité et ton partage d'expérience.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup et à la semaine prochaine.

  • Speaker #1

    Flamme des années 80.

  • Speaker #2

    Le podcast qui allume la femme.

Description

La flamme de la Nutrition: Quand une femme nous livre son parcours de guérison face à l'anorexie.


Sara et Angélica ont reçu Victoire Dauxerre actrice, et thérapeute, spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire suite à une longue période d'anorexie dont elle a écrit le livre "Jamais assez maigre".

Elle a créé une méthode d'accompagnement Emopi basée sur la compréhension des émotions.


Elle nous a livré son parcours, ses souvenirs et son combat avec beaucoup de générosité.


Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à l'écouter que nous avons eu à l'accueillir sous notre tente.


Quelques citations de l'épisode:

"L’anorexie mentale c’est une maladie mentale, c’est un trouble psychique, ça peut arriver à n’importe qui, ça se guérit avec des thérapies cognitives et comportementales, avec la mindfulness et la psychologie positive."


"En thérapie il faut trouver des ressources en soi pour avoir une raison valable de s'en sortir car ça devient tellement une identité qu’on s’y accroche et le changement fait peur."


"On ne connaît pas ses émotions la plus part du temps, on confond colère et tristesse, on mélange tout, et ça c’est dramatique  car c’est ce qui crée plein de trouble dans le corps."


"On est le seul à pouvoir faire quelque chose pour soi si on en a envie et on décide de guérir."


"Je suis rentrée dans un truc monstrueux où j’ai commencé à entendre cette petite voix, j’ai eu l’impression de me dissocier et j’ai commencé à avoir peur de toute la nourriture."


"Dans le mannequinat, pour les jeunes filles, on les empêche de devenir des femmes, c’est vraiment une annihilation du corps féminin, on nous fait taire jusque dans notre corps".


"Il faut être dans le moment présent, se rendre compte que mon émotion n’est pas moi, la maladie que j’ai traversé n’est pas moi, la peur que je ressens n’est pas moi…"


On va parler de:

Femmes. Flammes. Allumer. Podcast. Maternité. Amour. Sexe. Psychologie. Témoignages inspirants. Développement personnel. Année 80. Santé. Bien être. Psychologie. Spiritualité. Désirs. Carrières. Naturopathe. Troubles du comportement alimentaire.

Anorexie. Boulimie.



Retrouvez Flammes des années 80, le podcast qui allume la femme, sur toutes les plateformes


D'une petite flamme peut naître un grand feu alors abonnez vous  ! 



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Flamme des années 80.

  • Speaker #1

    Le podcast qui allume la femme.

  • Speaker #0

    Bonjour, donc on parle toujours de nutrition et on a la chance de recevoir aujourd'hui Victoire. Est-ce que tu veux te présenter Victoire ?

  • Speaker #1

    Avec plaisir, bonjour, merci de me recevoir sous cette belle tente. Qu'est-ce que je pourrais dire ? J'ai envie de dire que je suis redevenue une petite fille déjà, mais je m'appelle Victoire Doxer, je suis... Je suis comédienne, auteure de Jamais Assez Maigre et thérapeute aussi. J'ai créé Emopy, qui est ma méthode thérapeutique holistique spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire.

  • Speaker #0

    Super, oui, parce qu'on va parler des troubles de comportement alimentaire aujourd'hui, principalement avec toi. Est-ce que c'est des choses qui sont fréquentes ? Parce que toi, tu reçois justement des femmes, des jeunes femmes, ou des femmes plus âgées et aussi des hommes, j'imagine, qui ont ce genre de comportement. Est-ce que c'est dur à définir ? J'imagine que chaque personne a ses propres façons de... C'est des troubles en fait, donc il n'y a pas un protocole complètement défini par rapport à ce que c'est. Est-ce que toi, tu pourrais nous donner une petite définition par rapport justement à ta position de thérapeute aussi ?

  • Speaker #1

    Oui, effectivement, il y en a plusieurs. Les plus connus, c'est l'anorexie mentale, la boulimie, l'hyperphagie. Donc l'anorexie, c'est quand on se prive principalement de nourriture. La boulimie, c'est quand on... mange des grandes quantités en très peu de temps et qu'on rend cette nourriture, soit par des vomissements ou des laxatifs. Et l'hyperphagie, c'est le même fonctionnement. Donc on mange beaucoup en très peu de temps, mais on garde cette nourriture. Et il faut savoir que la nourriture mentale, c'est une maladie mentale, ce qu'on appelle aujourd'hui un trouble psychique. Et c'est des troubles qui peuvent arriver à n'importe qui, à plein de moments différents de la vie, principalement effectivement pour des jeunes filles, adolescentes, mais aussi pour des jeunes hommes. également à la ménopause, en fait c'est principalement à des périodes de changement et ce n'est de la faute de personne, c'est quelque chose aussi dont on guérit et effectivement on en guérit aussi avec des thérapies cognitives et comportementales donc moi c'est quelque chose que je fais, que je pratique avec la mindfulness, avec la psychologie positive parce que c'est des troubles, des maladies addictives qui viennent principalement parce qu'on ne sait pas gérer ses émotions. Et malheureusement, beaucoup de personnes aujourd'hui ne savent pas gérer leurs émotions, donc on peut tomber aussi dans d'autres addictions, que ce soit la drogue, la cigarette. Bon ben là, il se trouve qu'on tombe dans la nourriture, un excès ou une rétention de nourriture parce qu'on ne sait pas communiquer autrement. Et donc, en général, ça vient aussi d'une grande sensibilité, d'un certain perfectionnisme, d'une peur de décevoir. C'est des jeunes filles en général qui sont assez bonnes élèves. on retrouve malheureusement des profils types. Donc ce n'est pas du tout une maladie superficielle, c'est juste un mal-être qui se définit avec ces comportements-là. Mais en fait, il faut comprendre que la nourriture, c'est juste le haut de l'iceberg. Et que tout le reste, effectivement, c'est les émotions qu'on a du mal à digérer ou à explorer. Moi, j'aime dire que déjà, on n'est pas anorexique ou boulimique, on souffre de ça parce qu'on ne dit pas à quelqu'un tuer cancer. On va lui dire qu'on souffre d'un cancer. Et il y a beaucoup de gens qui ne comprennent pas en disant mange ou arrête de manger. Mais on ne va pas dire ça à quelqu'un qui s'est cassé une jambe ou à quelqu'un qui, effectivement, sur son scan a un cancer, par exemple. Donc, c'est une maladie du même type. C'est juste que c'est une maladie psychique et non physique, mais malheureusement qui... se définit ensuite et se voit par des troubles physiques. Mais au départ, c'est quelque chose qui vient d'une perte de sens. Et donc, il faut trouver ce sens en soi. Donc moi, je travaille beaucoup sur les émotions, sur trouver effectivement l'origine de ce manque en soi qu'on essaie de combler par quelque chose d'autre. Et donc, je parlais de cette sensibilité, parce que moi, en tout cas, de ce que j'ai vécu. Je pense que l'anorexie, c'était une peur d'être dévorée par mes émotions et un trop-plein de ressentir tout en XXL. Et donc, de ne plus rien manger, c'était une manière de me couper du monde et de me dire, au moins, je ne vais plus être dérangée par telle ou telle émotion, que ce soit, ou même des sentiments, mais l'amour, la colère, la tristesse, quoi que ce soit, je me coupe de tout.

  • Speaker #0

    Et du coup, tu ne ressens plus rien.

  • Speaker #1

    Et je ne ressens plus rien, absolument. Mais quelque part, c'est une bonne défense. C'est assez intelligent. comme maladie. Après, c'est terrible, c'est un mal-être que les gens qui ne le vivent pas ou de très loin ont du mal, effectivement, à comprendre parce que c'est totalement irrationnel. Et même quand on est dedans, ça rend fou parce qu'en fait, c'est comme ce que je décris dans mon livre. C'est une petite voix que j'appelle la connasse parce qu'en fait, elle envahit tout. Et elle dit, alors moi, c'était particulier en plus parce que c'était dans le monde du mannequinat. Et donc c'était une petite voix qui me disait mais t'es trop grosse, tu vas jamais rentrer dans les fringues, t'es bonne à rien, si t'arrives pas à faire ça tu pourras pas correspondre. Parce que moi c'était pour répondre à des dictats de la mode. Donc c'était pour un truc bien spécifique. Et d'ailleurs ces troubles-là en général effectivement viennent de quelque chose. C'est-à-dire qu'on peut avoir une fragilité émotionnelle mais ensuite il faut toujours un déclencheur environnemental. C'est-à-dire que peut-être que j'ai le... le gêne en moi par exemple d'une possibilité de tomber dans la schizophrénie mais rien dans mon environnement ne va faire que ça va se déclencher j'avais le gêne en moi de pouvoir tomber dans l'anorexie c'est la mode qui me l'a déclenché mais peut-être que je ne serais pas tombée dans l'environnement de la mode qui m'a déclenché cette fragilité je ne serais jamais tombée dans l'anorexie ou peut-être que ça aurait été plus tard un chagrin d'amour ou un connard au travail ou j'en sais rien mais il y a toujours... plusieurs facteurs qui font que ça arrive. Il y a aussi effectivement l'entourage, est-ce qu'il y a un soutien ou pas ? En fait, c'est toujours multifactoriel, les troubles psychiques. C'est pour ça que si quelqu'un vous dit c'est de ta faute à toi ou de la faute de ta mère c'est stupide comme argument. Il y a toujours plein de choses. Et ensuite, c'est pour ça qu'en thérapie, il faut trouver aussi plein de ressources en soi pour avoir une raison valable d'en sortir. Parce qu'ensuite, ça devient tellement une identité qu'on s'y accroche et le changement fait aussi peur. Donc quand on connaît quelque chose auquel on est tant habitué, pourquoi aller vers quelque chose d'autre ? Il faut que ça vaille le coup, vraiment, de changer ses habitudes.

  • Speaker #0

    C'est intéressant d'avoir ce point de vue-là sur ces troubles alimentaires. Et toi, par rapport à ton histoire, c'est la mode ? Mais c'est arrivé, t'avais quel âge ? Comment est-ce que ça s'est déclenché ? Comment est-ce qu'on glisse, entre guillemets, je sais pas si c'est un bon terme, mais je sens vraiment qu'on glisse en fait vers cette perte de poids.

  • Speaker #1

    Et très vite malheureusement. En fait, moi c'est arrivé à 17 ans, parce que j'ai été repérée par une très grande agence de mannequins. Je voulais pas du tout faire ça. J'étais en train de préparer Sciences Po, mais j'avais toujours rêvé d'être comédienne. Et mes parents voulaient pas du tout que je fasse ça. Ils voulaient très fortement que je fasse Sciences Po. Et en fait, j'étais à fond dans mes révisions. J'étais très bonne élève, à fond dans tout bien faire, tout préparer. Et ma mère m'a traînée presque de force un week-end en me disant Bon, tu vas quand même faire une pause et on va aller faire du shopping toutes les deux pour te changer les idées. Et en regardant une vitrine, puisque je n'ai jamais aimé faire du shopping, mais elle adore faire ça, donc je l'attendais dehors, dans une rue du Marais. Et un mec, ce qu'on appelle un scout, donc c'est ceux qui cherchent les mannequins pour les agences de mannequins, est venu vers moi en me disant tu as un nez extraordinaire Alors, je me suis dit c'est quand même très, très bizarre comme approche Et donc, moi, 17 ans, je me suis dit mais qui est ce taré ? Et ensuite, il m'a donné sa carte en me disant non, non, mais je travaille pour une grande agence de mode, tu es faite pour devenir mannequin Moi, j'ai dit j'ai. très grande, je faisais presque 1m80 et fine. Oui, je faisais du 36 donc oui, j'étais très fine, mince. Et il m'a dit mais tu es faite pour ça, il faut absolument que tu deviennes mannequin. Alors moi, j'étais là, vraiment pas du tout. Enfin, aucun intérêt pour ça. À part peut-être ce petit truc dans ma tête de me dire bon, cinéma, mode, il y a peut-être un lien. Ce sera peut-être une... passerelle pour passer de l'un à l'autre. Bon, c'était à la limite mon seul truc. Et ensuite, il se trouve que je n'ai pas été prise au concours de Sciences Po. Et alors ça, pour moi, ça a été la honte. C'était un drame absolu de me dire, mais en fait, je suis débile, je vais décevoir mes parents, ils vont être tellement déçus par moi. Ça m'a... Et il fallait, ça a peut-être changé, mais regarder sur Internet pour voir s'il n'y avait pas son nom. et alors moi en plus j'ai un nom double parce que j'ai le nom de mes deux parents donc je suis allée voir aux deux noms et j'y étais pas donc je me suis dit là il faut que je trouve un autre truc à dire à mes parents parce que je peux pas leur dire et pourtant j'étais prise en hippocampe donc j'avais à la limite un mais je sais pas je me disais pour mes parents il faut que je fasse un truc grandiose entre guillemets Et j'ai rappelé ce mec, parce que j'avais sa carte, en lui disant est-ce que tu te souviens de moi ? Et puis alors, ils sont toujours, vous savez, c'est à l'américaine de mais comment pourrais-je t'oublier ? Bon, et puis moi, dans mon égo, sûrement, j'ai été flattée de me dire ah bah oui, alors que, enfin, si ça se trouve, ils ne savaient même pas qui j'étais. Et donc, j'ai dit à mes parents, je suis descendue après avoir pleuré, je pense, deux heures toute seule dans ma chambre, je n'ai pas été prise à Sciences Po. mais je ne veux jamais qu'on m'en parle et je vais devenir top modèle je vais partir à New York en gros vous allez être fiers de moi c'était un truc de... mais donc pour revenir à ce truc des émotions et t'es partie à New York ça ça m'intéresse et ça j'étais trop contente puisque j'étais jamais allée à New York ça c'était ma première erreur que je vois maintenant avec le recul c'est que j'ai totalement alors j'ai quand même pleuré deux heures mais j'ai totalement étouffé le truc de l'échec entre guillemets J'avais quand même bossé pour ce truc. Et je voulais tellement avaler une honte ou une déception d'un truc que je ne voulais même pas faire. C'est ça qui est hallucinant. Tu ne t'es pas laissé le temps de digérer et tu t'es jetée dans autre chose. Exactement. Et je pense que ça, c'est un des principes. Aujourd'hui, je bosse beaucoup aussi sur la prévention et comprendre ces émotions. Mais on ne les connaît pas. La plupart du temps, on se dit Ah, je suis en colère mais en fait, on est triste. Ce n'est pas de la colère. Et on mélange tout. Et en fait, ça, c'est dramatique. Je pense que ce n'est pas un trop gros mot pour ça, parce que c'est ce qui crée plein de troubles dans le corps. Et la maladie, si on décortique, c'est ça, c'est le mal à dire. Donc, au bout d'un moment, le corps parle pour nous mettre sur un autre chemin, parce qu'en fait, on s'est trompé. Et moi, je me suis trompée de chemin, donc mon corps m'a arrêtée pour que j'en reprenne un bon. Alors, effectivement, c'est violent. Mais quelque part, bon. J'avais 18 ans, j'ai eu de la chance, comme maintenant ça va très bien, pour me remettre ensuite sur le bon chemin et prendre le bon cap. Mais à ce moment-là, en tout cas, j'étais tellement dans un truc de il ne faut pas décevoir, il ne faut pas décevoir que je ne vivais que pour les valeurs et les aspirations pour moi de mes parents. Et donc, je ne vivais pas du tout ma vie quelque part. Et donc, ce fameux mec m'a emmenée dans cette agence de mannequins où là, on a pris mes mensurations. Et où j'étais donc trop grosse en faisant du 36 pour 1m79.

  • Speaker #0

    Et tu pesais combien de kilos à l'époque ?

  • Speaker #1

    56 je crois. Et donc là on m'a dit, alors en fait il y a un composite dans les agences de mannequins, donc ça c'est comme une carte de visite, sauf que la carte de visite c'est vos mensurations, vu que votre outil de travail c'est votre corps. Ils m'ont noté d'autres mensurations. Donc pour me faire comprendre que si je voulais travailler à la Fashion Week de New York, qui avait lieu deux mois après, il fallait que je corresponde à ces mensurations-là. Et donc que je perde 3 cm de tour de hanche, en sachant que les hanches, dans la mode, c'est les fesses. C'est le plus gras des fesses, c'est pas au-dessus, les hanches. Mais moi, 17 ans, je me dis, 3 cm de tour de hanche, c'est 3 kg. Enfin, je sais pas à quoi ça correspond vraiment. Donc je me dis, bon, 3 kg, c'est pas dingue. Enfin, ça va, je peux... Et donc très volontaire, je cherche sur Internet. Alors, quand je dis des trucs comme ça, ce n'est pas à faire. C'est justement, c'est un red flag. La fin de mon livre, c'est un spoiler, mais voilà, c'est que j'ai quand même fait une tentative de suicide et que j'ai fini à l'hôpital psy pendant trois mois. Mais parce qu'ensuite, des gens, je sais, ont utilisé mon livre comme, heureusement pas la plupart, mais comme truc pour maigrir. Ça, forcément, je n'y ai pas pensé en l'écrivant. Moi, je l'écrivais comme, voilà la fin, voilà ce qui est arrivé, donc juste ne le faites pas. À moins que vous vouliez vous bousiller la santé. Mais moi, ça m'a bousillé la santé et physique et mentale ensuite pendant dix ans. Donc, ne mangez pas trois pommes par jour. Mais moi, j'ai fait ça. Tu ne mangeais que trois pommes par jour ?

  • Speaker #0

    En même temps, ce n'est pas un très grand secret. Je pense que les gens, s'ils veulent vraiment maigrir et qu'ils mangent trois pommes par jour...

  • Speaker #1

    Oui, mais du coup, quand on est déjà dans un truc où ça ne va pas, on cherche partout où on veut. J'étais comme ça aussi. Oui, toi, tu as cherché sur Internet. J'ai fait, je pense, tous les régimes qui existent. Je n'ai pas fait les trucs les plus tarés parce qu'il y a des gens vraiment malades sur Internet qui vous proposent des choses où vous pouvez, je pense, mourir dans l'instant. C'est terrible. encore plus je pense sur les réseaux sociaux, moi c'était en 2010 ça, il n'y avait pas Instagram, je crois pas, enfin en tout cas j'étais pas dessus, moi je l'ai créé pour mon livre, mais ça c'est vraiment catastrophique les choses qu'on peut trouver pour se faire du mal. Donc, je sais quand on peut être dans un malheur très profond, à quel point on peut chercher des choses pour aller encore plus mal, parce qu'on pense à très court terme. Et moi, j'ai été dans un mal-être si profond que je voulais tuer cette souffrance et ne plus faire partie de ce monde. Donc, je sais. Mais sachez aussi que même si on est dans ce moment le plus noir, on peut ensuite aller bien, parce que c'est mon cas aujourd'hui et je suis très heureuse. Et je sais qu'on peut se dire, ça n'arrive qu'aux autres et c'est faux, mais en tout cas, je suis une preuve vivante que non, parce que je trouvais tout monstrueux. Et aujourd'hui, ça va très bien, je suis hyper heureuse. Donc, on peut vraiment totalement se sortir de ça et se sortir de l'anorexie, se sortir de la boulimie, se sortir de tous les TCA, de la dépression, des envies suicidaires. Il faut juste effectivement trouver les bonnes personnes. et demander de l'aide et ne pas avoir honte d'en parler en fait, parce que c'est ni un choix, ni une faiblesse. Et les gens qui vous disent ça ne l'ont juste pas traversé et ont peur de le traverser. Donc ils le rejettent très loin d'eux. Mais malheureusement, ça peut leur arriver aussi. Ça peut arriver à tout le monde parce qu'on est tous humains. Et une dépression, par exemple, ça touche une personne sur trois. Donc ça touche bien plus de personnes qu'on ne le pense. Et il y a plein de personnes en fait qui se taisent aussi. Parce qu'ils se disent, c'est terrible, j'ai pas le droit d'en parler, mais c'est pas grave. On est tous humains, on est tous vulnérables et il n'y a vraiment pas de honte à parler de ça. C'est vraiment OK, en fait.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu penses qu'on peut se surestimer des fois et penser que tout seul, on va y arriver ? Puisque tout seul, on a réussi à perdre du poids, donc on peut réussir tout seul à s'en sortir.

  • Speaker #1

    Certainement. Parce que, alors surtout dans ces maladies-là, en fait, c'est tellement une maladie de contrôle qu'il y a un truc aussi de... de... telle volonté, parce qu'il y a une grande, grande volonté. Je pense être d'une volonté et d'une détermination très fortes, mais c'est pas grave, en fait, de demander de l'aide. Je pense pas que ce soit de la faiblesse de demander de l'aide. Parce que, au final, en plus, on ne se sauve toujours que soi-même. Enfin, moi, je le vois aujourd'hui en étant thérapeute. Les personnes que j'aide, je leur montre des pistes et j'écoute ce qu'elles me disent et je rebondis sur des choses qu'elles ne voient peut-être pas, mais elles me le disent. Et moi, je leur renvoie, je suis un effet miroir, mais je ne vais jamais dire à quelqu'un faites-ci, faites-ça C'est en rien mon rôle. Moi, je ne suis qu'un récepteur, un réceptacle, c'est ça. Et je renvoie des choses qu'on me donne. Mais c'est en rien mon rôle de donner une orientation à des gens ou de prendre en charge leur vie. Et surtout que c'est la personne qui choisit de demander de l'aide. Donc c'est son pas à elle d'y aller. C'est pas quelqu'un qui vient la chercher et lui dit je suis là pour vous, je vais vous sauver Je crois pas que personne ne nous sauve. C'est une croyance. C'est comme quand on est en couple, on se dit… Je vais changer telle ou telle personne, mais on ne change jamais quelqu'un. La personne peut s'améliorer et faire des efforts pour l'autre. On évolue avec quelqu'un ou pour l'autre, mais ça vient toujours de nous. On a envie de le faire pour l'autre. Je pense qu'on est le seul et la seule à faire des choses pour soi, si on en a véritablement envie. Et on décide de guérir ou non. Moi, j'ai des patients qui restent des mois au même endroit, qui n'entendent pas ce que je leur dis. Parce qu'ils ne sont pas à cette place-là. Et c'est OK, je ne vais pas les forcer. Et il y en a d'autres qui vont à toute vitesse parce que c'est le bon moment pour eux et c'est leur timing. Et le psychologue est là pour écouter et pour guider au maximum. Mais on ne peut pas forcer la personne. En revanche, ça peut être totalement un accélérateur. Moi, j'ai rencontré un psychiatre. Et d'ailleurs, je disais effectivement ça, qu'il m'avait sauvé la vie. Mais il m'a toujours dit, vous, vous êtes sauvé la vie. mais c'était la en fait c'était vraiment moi je trouve la bonne personne parce qu'il a m'a reconnecté à mon humanité parce qu'après la mode qui est quand même un monde atroce enfin je parle spécifiquement de la haute couture parce que je sais que moi j'ai jamais bossé dans la mode commerciale mais là il n'y a pas du tout de critères de poids ou de Moi, c'était vraiment un truc où... Oui, voilà. La manière dont ça s'est passé ensuite, c'est qu'en mangeant les trois pommes, en fait, l'engrenage a été hyper rapide.

  • Speaker #0

    Tu l'as fait combien de temps, ça ?

  • Speaker #1

    Deux mois. Pendant deux mois, tu t'es nourrie uniquement que de trois pommes par jour ? Oui. Et j'ai perdu 12 kilos.

  • Speaker #0

    Du coup, 12 kilos, c'est 3 centimètres de fête ?

  • Speaker #1

    Absolument. Même si c'était 4.

  • Speaker #0

    C'est énorme.

  • Speaker #1

    J'avais... Ah, mais on m'a applaudie à l'agence. Ah, on t'a applaudie quand même.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    parce que c'est vraiment... On t'encourage... Totalement. Oui. Et là, j'entrais dans, effectivement, tous les vêtements de créateurs. Je faisais du 32. Attends,

  • Speaker #0

    mais du coup, tu faisais 56 kilos. Et là, tu faisais moins 12 kilos. Tu faisais 45 ?

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    En deux mois ? Oui. Et tes parents, ils n'ont pas...

  • Speaker #1

    C'est ça qui est... Oui, tout le monde m'a demandé ça.

  • Speaker #0

    J'imagine.

  • Speaker #1

    Mes parents, j'étais en vacances avec eux, effectivement, pendant l'été. Alors, mon père, ça l'a rendu... Au départ, je leur ai dit, en fait, je vais manger trois pommes juste pendant une semaine. Bon, déjà, ils n'étaient pas ravis, mais je leur ai dit non, mais c'est juste pour perdre trois centimètres. Et ensuite, c'est comme ça, pour la mode, je pourrais partir dans le truc, partir à New York et machin. Ensuite, j'ai continué le truc. Et c'est là, non, effectivement, qu'au mois d'août, comme on partait en voyage aux États-Unis, mon père ne voulait pas que je mange seulement trois pommes. Et donc, je mangeais du poisson devant lui et je n'avais jamais réussi à me faire vomir. Mais du coup, je prenais des laxatifs. Donc, devant eux, je mangeais des trucs et ensuite, je prenais des trucs et j'ai même fait des lavements. Oui, c'est ça, parce que tu peux faire aussi. Parce qu'ensuite, ça, et puis je prenais au départ deux petits comprimés et puis en fait, je prenais une plaquette de trucs. Parce que ça ne marchait plus. Et c'est là, en fait, que c'est dingue. Quand tu disais, pardon, c'est un truc dans lequel on glisse. C'est ça qui est monstrueux. C'est-à-dire que d'un truc que je pensais faire une semaine, même si c'était quand même assez extrême, je suis tombée dans un truc monstrueux où j'ai commencé à entendre vraiment cette... Petite voix, j'ai eu l'impression de me dissocier et j'ai commencé à avoir peur de toute la nourriture. Parce que je commençais là à me peser tous les jours, à prendre mes mensurations de partout. Parce que je me disais, il faut absolument que j'entre dans ces vêtements, parce que là, ça va être ma seule valeur en fait. Parce que je ne peux pas, après Sciences Po, rater en plus ça.

  • Speaker #0

    Parce que tu vas être bête et moche.

  • Speaker #1

    Voilà. Merde. C'est pas possible. Donc là, c'était l'objectif. C'était impossible de le rater. Et donc, ça devenait un truc terrorisant. Mais j'avais des crises d'angoisse. On était allées justement dans un resto avec mes parents. En plus, on était aux Etats-Unis. Donc bon, bonjour les terras, les burgers. Et donc moi, je commandais des assiettes de légumes, mais ils m'avaient mis de l'huile dedans. J'avais pleuré parce qu'il y avait de l'huile. Oui, tout prend des dispositions. Mais un mois avant... Je n'étais pas comme ça. Je n'avais jamais eu de problème avec la nourriture. Parce que moi, ma seule obsession avant, c'était les notes, mes cours. Je ne m'étais jamais posée de questions sur la nourriture. C'est ça qui est... Donc oui, effectivement, j'ai glissé, mais bien vite et bien profondément dans un truc de contrôle, mais obsessionnel avec ça. Et ensuite, comme en plus j'étais extrêmement encouragée, c'est-à-dire que quand je suis arrivée à New York, j'étais dans ce qui s'appelle les apparts de mannequins, je vivais avec deux autres mannequins, qui étaient considérées trop grosses parce qu'elles faisaient ma taille et mon poids avant, enfin quand j'ai été repérée, donc elles étaient prises à rien. Et donc notre agent débarquait dans l'appart, il fouillait nos placards, les petites culottes, les machins, parce qu'elle planquait des M&M's. Et il disait, mais regardez Victoire, elle ne mange qu'une salade, elle enlève le fromage. Elle prend le poulet sans sauce, machin, nan, nan, nan. Donc, en plus, ses filles me détestaient. Donc, ça créait une ambiance de merde. Oui, puis tu étais devenue une espèce d'exemple horrible.

  • Speaker #0

    La bonne élève, quoi. Bah oui,

  • Speaker #1

    la bonne élève. Il suit bien les règles, c'est ce qu'on lui demande. Et cet agent, à un moment donné, il ne voit pas que tu es en danger. Mais il s'en fiche. totalement. Lui, il veut juste qu'il ait sa commission parce que moi, je fais bien ce qu'on me demande et je les enrichis tellement. Ils prennent 70% de ce que tu gagnes. Donc, ils sont bien contents que tu manges rien. Donc, ils peuvent te regarder dépérir s'il t'arrive quelque chose. Mais totalement. Mais il y a une nana qui a fait une crise cardiaque qui est morte à 19 ans d'anorexie mentale. D'accord. Et c'est pour ça qu'ensuite, moi, je me suis énormément engagée. Avec le ministère de la Santé, parce que je trouve ça honteux qu'en France, on est censé être le pays des droits de l'homme, la santé qui est si importante, pour des raisons économiques, parce que oui, la mode rapporte beaucoup d'argent à la France, mais c'est secondaire. Et là, on parle des mannequins, donc d'un petit groupe de jeunes femmes, mais c'est aussi toute l'influence que ça a sur les jeunes filles qui s'identifient. à ça. Et maintenant, d'autant plus avec les réseaux sociaux. Donc, c'est dramatique, en fait, l'impact que ça a sur la société.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça a un peu évolué depuis ton époque, entre guillemets ? C'était pas il y a si longtemps, c'était en 2016, c'est ça ?

  • Speaker #1

    Alors, 2016, c'est quand j'ai écrit mon bouquin.

  • Speaker #0

    Ah,

  • Speaker #1

    donc c'était avant encore. Et la mode, enfin, moi, quand j'étais mannequin, c'était en 2010. Le livre, quand je l'ai écrit, c'était en 2016. Et est-ce que ça a évolué ? C'est-à-dire qu'aucune des, comment dire, des réformes qu'Olivier Véran a passées... ne sont appliquées, parce que lui, il voulait que ce soit des majeurs qui soient employés, parce qu'il y en a qui ont quand même 14-15 ans. Donc effectivement, si on emploie des jeunes filles qui ne sont même pas dans leur puberté, oui, il n'y a pas de poitrine, il n'y a pas de hanches, mais en fait, on nous empêche de devenir des femmes. Donc c'est vraiment une annihilation du corps féminin. On nous fait taire jusque dans notre corps. C'est hallucinant. Et il voulait aussi qu'il y ait la mention photo retouchée. Oui, mais ça, parce que ça, ça a été beaucoup parlé à un moment donné. Les magazines n'avaient plus le droit. Et c'est vrai qu'on en a entendu beaucoup parler. Et maintenant, je n'ai pas l'impression d'avoir beaucoup cette mention. Alors, j'ai l'impression que toutes les femmes ne ressemblent pas à des vraies femmes quand même. Alors, soit c'est écrit tellement minuscule que tu dois prendre une loupe pour vraiment vérifier le truc. Mais il faut savoir qu'en fait, pour les défilés, tu dois être totalement décharné. Parce que comme c'est le vêtement roi, il faut qu'il tombe sur toi, comme sur moi, comme sur toi. De la même manière, sauf que... On n'a pas la même poitrine, on n'a pas la même taille. Donc effectivement, ça les fait chier les créateurs de s'adapter à chacune. En fait, c'est un cintre. Totalement. Mais dans ce cas, qui prennent des cintres, en fait. Pas des êtres humains, surtout qu'ensuite, c'est censé aller à des femmes. Donc moi, je pense que l'humain devrait passer avant le tissu. Et j'entends que c'est une œuvre d'art, etc. Mais c'est censé magnifier la femme et pas l'affaiblir. Donc ça, déjà, non. Et ensuite, pour les séances photo. Alors là, comme ils trouvent ça moche quand même de voir les os, ils te photoshoppent. Et puis, ils peuvent te mettre aussi le visage d'une mannequin, le buste d'une autre, les jambes d'une troisième. Et ensuite, ça, c'est le modèle donné aux jeunes filles qui, du coup, ne sont jamais contentes d'elles-mêmes et qui sont comparées les unes aux autres. Et on va se dire, ah, il faut ressembler à ci et à ça et machin. Et comme, en plus, pendant le Covid, la Covid, malheureusement, il y avait, enfin, tout le monde était enfermé. Et avec les masques, alors là, je ne parle même pas des émotions où personne, on était tous totalement coupés de ça. Et donc tous encore plus sur les réseaux sociaux, etc. Maintenant, on parle carrément d'anorexie infantile, où ça commence à partir de 8 ans, parce que tout le monde a accès plus jeune à un téléphone, tout le monde se compare d'autant plus. Essayer de ressembler à une image virtuelle. Et donc, il y a encore moins de... On est beaucoup moins connecté à nos émotions et beaucoup plus à de la fausseté et de la comparaison. Donc c'est dramatique et tout a augmenté, que ce soit les troubles du comportement alimentaire, ou la dépression, ou les addictions, ou les tentatives de suicide. Donc il faut revenir, moi je trouve, le plus possible aux connexions vraies. C'est ce sur quoi je travaille beaucoup avec des associations, que ce soit Nightline ou Imhotep, qui travaillent beaucoup sur la prévention. pour essayer d'avoir des... En fait, il faudrait des groupes de parole dans les écoles pour dire, voilà, quelles sont tes émotions, que ce soit aussi le consentement, qu'il n'y ait aucun tabou, en fait, pour parler de tout ça. Mais c'est tout un travail à faire pour changer la perception, au final, de la santé mentale en France, parce qu'on est très loin de penser comme ça. Et même, comme tu le disais, pour demander de l'aide, de se dire que c'est une faiblesse ou honteux ou qu'on ne le fait pas nous-mêmes, parce qu'aujourd'hui, en France, on est très... Ah, vous souffrez de ça ? Prenez des médicaments et restez chez vous et surtout n'en parlez pas. Alors que si on était très à l'aise de parler de tout ça, en fait, je trouve que dès qu'on est ouvert à sa propre vulnérabilité, les autres se disent aussi Oh, ben ok, je peux en parler. Et justement, moi, le fameux médecin qui m'a aidée, c'est le docteur Vincent Jost. J'étais à la clinique du château de Garches parce qu'on m'avait d'abord emmenée à Saint-Anne. Alors, il y a certainement des médecins très bien à Saint-Anne. Ce n'est pas pour dire que tout le monde est bien dans une clinique, pas dans un hôpital, mais en l'occurrence, le médecin sur lequel j'étais tombée. On m'avait quand même fait un lavage d'estomac parce que j'avais pris absolument tous les médicaments qui m'étaient passés sous la main parce que je n'en pouvais plus du monde de la mode. On me repassait à même la peau, on m'arrachait les ongles, j'avais perdu la moitié de mes cheveux parce que pour un défilé, on m'avait mis de la vraie colle parce que c'était plus pratique pour eux. Descouvrez-vous.

  • Speaker #0

    Vous êtes tellement déshumanisé. Vous êtes un objet. Et c'est ça que j'ai trouvé le plus...

  • Speaker #1

    Violon ?

  • Speaker #0

    Ah ouais. J'ai trouvé ça très dur. Et surtout, effectivement, à 17 ans, il y a plein d'autres choses, on s'en rend compte après. Parce que toute la perte, effectivement, d'estime de soi, de confiance en soi, tout ce qui est attaché à la valeur. Parce que de l'extérieur, il y a plein de gens qui vous disent... T'étais considérée comme une des plus belles filles, t'as voyagé partout, c'est trop bien. Mais la réalité, c'est qu'on vous dit sans cesse que vous avez un défaut. Parce qu'il y a toujours une fille qui a des jambes plus grandes, des cheveux plus beaux, un nez plus fin. Donc, quand vous êtes dans ce milieu-là, personne ne vous dit ça. Et puis en plus, c'est quand même terrible d'être réduite à ça, qui est en plus un truc qui va évoluer, qui va partir. Enfin, c'est... L'intérêt est nul, en fait. Il n'existe pas. Et puis, alors, on vous dit aussi, mais vous avez dû gagner tellement d'argent. Alors, moi, en un an de travail complet, j'ai gagné 10 000 euros. Parce que j'aurais dû gagner 100 000, mais l'agence prend tout et déduit tout. Les avions, les apparts. Alors, je ne dis pas que 10 000 euros n'est pas d'argent, mais en un an où vous bossez tous les jours, je ne me dis pas... Voilà. Et pour, en plus, être... traité comme un objet. C'est pas le... Tout ça pour dire que c'est pas le rêve et l'illusion que les gens pensent que vous êtes en train de vivre. Et donc oui, j'ai eu un moment où effectivement je me suis dit, je pense que j'ai eu trop soif et faim d'humanité, et donc j'ai mangé absolument tous les trucs qui me passaient sous la main, ce qui a fini par me sauver, quelque part. Mais moi, du coup, c'était un dégoût de moi-même. atroce parce que c'est ça qui est terrible aussi, en tout cas dans la société française et certainement dans plein d'autres vivant ici, je l'ai vécu ici, où les gens vous félicitent quand même quand vous êtes mince et maigre. On a toujours ce truc, en tout cas envers les femmes, de Oh mais t'as maigri, ça te va bien, bravo Mais on ne sait pas en fait si c'est bien ou pas. Enfin moi, en l'occurrence, c'était une maladie, donc ce n'était pas du tout bien de me dire ça. Mais alors quand j'ai pris du poids, c'était terrible, là. C'était un truc de... Oh là là ! Le monstre, quoi. Donc, c'est vraiment le rejet.

  • Speaker #2

    Mais ça, c'est dans le monde de ton métier. Parce que j'imagine que tes amis ou tes parents te disaient Ah, c'est super, t'as repris du poids !

  • Speaker #0

    Parce que le problème, c'est que c'était et quand j'ai maigri et quand j'ai grossi, c'était beaucoup d'un coup.

  • Speaker #2

    D'accord, ouais. C'est un gros yo-yo, quoi. Un grand écart.

  • Speaker #0

    Et du coup, c'était pas du... Enfin, en tout cas, moi, dans... Ce que j'ai vécu. Je ne pense pas que c'est comment je l'ai ressenti. C'était la réalité.

  • Speaker #1

    Comment tu l'as ressenti dans la réalité, mais comment toi, en plus, tu l'as pas reçu. Parce que les autres, ils avaient une autre réalité. Ils se disaient, il faut rester dans des espèces de standards. Et là, qu'est-ce qui se passe ?

  • Speaker #0

    Et du coup, c'était terrible. Et j'ai vraiment eu un moment où je me suis dit, là, je ne vois pas d'issue. Mais aussi parce que je n'arrivais pas à en parler. Donc, j'étais totalement enfermée dans un désespoir et une honte. Et je voulais faire taire cette souffrance qui était atroce. Donc, encore une fois, je ne me disais pas que cette émotion est tellement énorme et envahissante que je ne sais absolument pas la reconnaître, l'analyser, en parler. C'est atroce. Un sac de nœuds, je ne sais pas faire. Et en arrivant à Saint-Anne, le psychiatre s'est adressé à mes parents et pas à moi. Déjà, j'avais vécu une année déshumanisée. C'est fou ça. Et le mec parle à mes parents en disant Oh, elle fait une crise d'ado Donc là, moi qui suis normalement toujours très bien élevée et tout, j'ai dit C'est un gros con Et je suis partie. Et heureusement, mes parents... sont parties avec moi pour m'emmener ailleurs.

  • Speaker #1

    C'est quand même chouette,

  • Speaker #0

    ça. Mais c'est ça aussi, c'est qu'effectivement, il y a des médecins top, des psychologues top. Il y en a qui ne le sont pas aussi. Et il faut trouver la bonne personne qui nous correspond. Et donc, quand on est déjà dans une souffrance, ça peut être décourageant de se dire Waouh, il y a encore une personne qui ne me comprend pas. C'est sûr que c'est...

  • Speaker #1

    C'est un long chemin. Oui,

  • Speaker #0

    ça, c'est compliqué. Mais ensuite, quand je... J'ai rencontré donc un autre médecin. Lui, alors c'est des trucs tout bêtes, mais il m'a parlé à moi. Il m'a vouvoyée. Je me suis dit Waouh ! Et il m'a dit Victoire, est-ce que vous voulez que je vous reçoive seule ou avec vos parents ?

  • Speaker #1

    Oui,

  • Speaker #0

    déjà,

  • Speaker #1

    ça n'avait rien à voir. Oui,

  • Speaker #0

    mais je n'ai même pas su répondre, en fait. Parce que, comme moi, ça faisait un an qu'on ne m'avait pas posé de questions. Et pourtant, à la fin, en plus, dans la mode, je marchais hyper bien. Je faisais toutes les couvertures, tous les trucs. Les photographes m'appelaient par mon prénom, machin, machin, machin. Mais j'étais un bout de viande, quoi. C'est-à-dire que les six premiers mois, c'était... française, 18 ans. C'est sale, vous êtes une marchandise. Et donc, quand il m'a dit ça, j'ai regardé mes parents en mode c'est hyper bizarre, ils s'adressent à moi. Et donc, mes parents m'ont dit, vas-y, toi. Et je n'arrive pas à me souvenir de ce qu'il m'a dit, mais il m'a fait rire et il m'a fait pleurer. Et je me suis dit, lui, il me considère et il me comprend. Enfin, il sait me parler. Et ça m'a... redonner foi en l'humanité. Vraiment, je me suis dit qu'il voit qui je suis. Il ne me considère pas comme un cas, que ce soit dans la mode un bout de bétail ou l'autre mec qui se disait qu'il avait un numéro de dossier comme les autres. Lui, il était là pour moi, ma personne. Il ne voulait pas forcément me sauver parce qu'on se sauve que soi-même, mais il voulait m'aider à aller mieux. Et moi, je trouve que la thérapie, c'est ça. On considère la personne pour ce qu'elle est et on est censé la voir entièrement et l'aider au maximum.

  • Speaker #1

    Puis l'aider à reconnecter avec les émotions. Donc si tu as réussi à rire et à pleurer, peut-être que c'est ça qui manque.

  • Speaker #0

    Et ça m'a énormément aidée. Je suis restée trois mois dans cet hôpital. Et je voulais pas partir. Franchement. Non, mais en fait, je me suis dit... C'était hyper dur pour plein de choses. Mais tous les patients étaient tellement bienveillants. Parce que justement, en fait, là, tout le monde, effectivement, était dans une certaine souffrance. Mais en fait, il y a beaucoup de gens aussi qui sont dans beaucoup de souffrances dans le monde, en dehors des hôpitaux, et qui ne le reconnaissent pas. Et donc là, il n'y avait pas de jugement. Les gens étaient hyper gentils, à l'écoute. Il y avait plus de temps. Alors, bien sûr, quand on est dans une ville, tout le monde est très... Il faut dépêcher. Et c'était dur, du coup, de sortir et de retomber dans la frénésie, dans la folie, en fait. La folie est à l'extérieur.

  • Speaker #2

    Et est-ce que, du coup, comme on dit que c'est un peu comme une addiction, est-ce que tu as... peur ? C'est-à-dire qu'on dit qu'un ancien fumeur restera toujours fumeur. Est-ce que quand tu as été anorexique comme ça, il y a quelque chose qui plane ? Comme quoi, tu peux avoir cette espèce de peur de replonger un jour dedans ?

  • Speaker #0

    Alors moi, c'est resté quand même longtemps après. C'est-à-dire que je n'ai pas passé trois mois à l'hôpital et hop, soudainement, j'étais guérie. Ça m'a guérie des idées suicidaires et de la dépression dans laquelle j'étais, d'être dans cet hôpital. mais ça ne m'a pas guéri des TCA d'être dans cet hôpital. Ensuite, je pense qu'il m'a fallu bien huit ans pour sortir de ça. Maintenant, sincèrement, je ne pense plus du tout avoir de problème avec ça, mais parce que j'ai fait un autre travail après, plus justement avec les émotions et parce que j'ai vécu à Londres et qui sont beaucoup plus dans un travail avec le corps, avec... On ne disait pas qu'est-ce qui s'est passé dans ta petite enfance avec ta mère ? Ça marche peut-être pour certaines personnes, et tant mieux, parce que, encore une fois, je crois que tout le monde est différent et qu'il faut trouver le chemin qui nous convient à nous. Ce n'était pas le mien. Et moi, ce qui m'a vraiment aidée, c'est la mindfulness, la méditation, faire du pilates. Alors tout un travail aussi dans le théâtre, quand même, parce que me reconnecter à mon corps, parce que j'étais beaucoup dans ma tête. Mais plein de lectures aussi spirituelles. Mais vraiment, principalement un truc dans l'émotion. Et un exercice que je peux donner maintenant d'ailleurs. Où au début, je ne voulais pas le faire. J'étais bloquée, bloquée, bloquée. Mais au fur et à mesure. Et c'est un truc qui dure trois minutes. Parce qu'en fait, une émotion peut nous traverser en trois minutes. Et on peut mettre son minuteur sur son téléphone en trois minutes. Et fermer les yeux et visualiser l'émotion dans son corps. Parce qu'en fait, très souvent, on l'intellectualise. Mais ce qui nous fait du bien aussi... pour la digérer, c'est de se dire où est-ce qu'elle est en nous. Et en général, elle est dans le plexus solaire, coincée, dans le ventre. Et vraiment, c'est essayer de la visualiser. Ça peut être une boule, ça peut être un gros bâton, un tuyau. Et se dire, ok, je sais que c'est là, mais je le sens, je la laisse évoluer. Et elle peut monter dans la gorge, ça peut bloquer la gorge, être très désagréable, boucher le nez, piquer les yeux, les oreilles. Oui. On allait sortir. Et alors ça, c'est un truc qui m'a vachement aidée. Ou plein de trucs aussi de visualisation, de voir son émotion, par exemple, dans le ventre, si c'est de la colère ou en tout cas une émotion négative, et de lui associer une couleur. Donc une émotion qu'on n'aime pas. Chacun une couleur qu'il n'aime pas trop. Et ensuite, l'accepter. Parce que... Il ne faut pas rejeter les émotions, mais la vivre. Mais ensuite se dire, ok, elle est là, je l'accepte, mais maintenant je vais la transformer avec de l'apaisement et donc avec une couleur qui nous apaise. Et visualiser dans son ventre l'autre couleur qui envahit tout. Et faire des exercices comme ça, corporels et de mindfulness, ça m'a vachement aidée. Oui, d'être vachement aussi dans des trucs de moments présents. de me rendre compte que mon émotion n'est pas moi. Je parlais d'identité tout à l'heure, mais la maladie que j'ai traversée n'est pas moi. Tout comme la peur que je ressens n'est pas moi. Tout passe en fait. Et avoir des... Je parlais des lectures spirituelles, juste lire Le pouvoir du moment présent. Après, il y a les lire au bon moment et machin. Là, je suis en train de lire Penser comme un moine de Jay Shetty. Et il y a plein de trucs comme ça. Après, il y a la vie qui passe. Forcément, il y a des choses qui... De déménager à Londres aussi, ça m'a beaucoup aidée. Alors certainement juste de partir et donc d'associer des émotions à un autre lieu. J'y allais pour mes études, pour du théâtre. Je faisais enfin ma passion. C'était mon chemin, mon choix, ma vie, ma liberté. Et par exemple, là, pendant un an... J'avais eu aucun souci, aucun trouble du comportement alimentaire. Ensuite, je suis tombée folle amoureuse. Le mec m'a quittée et bim, je suis bien retombée dedans. Donc, je sais que j'avais cette fragilité. Effectivement, sauf qu'ensuite, à chaque fois, j'ai appris. Pendant ces huit ans, oui, j'ai eu des récidives, mais pendant chacune d'entre elles, j'ai pu... construire un peu ma boîte à outils et me dire Ok, je sais que là, ça, ça a marché, ça, ça a marché, ça, ça a marché. Ensuite, pendant la Covid, j'ai repris des études de psycho. Et ça, je pense que ça m'a beaucoup aidée aussi pour moi. Au départ, je l'ai fait parce que j'étais en Angleterre et je n'avais pas de rôle là-bas. Je faisais juste des voix et tout. Mais tous les studios étaient fermés. Et suite à mon livre, en fait, j'avais donné. énormément de conférences, et dans les médias, mais aussi auprès de politiques, et dans des hôpitaux, dans des écoles, et tout ça. Mais c'était à chaque fois basé que sur mon expérience. Et donc je me disais, il y a quand même des jeunes filles qui mettaient leur vie entre mes mains. Il y en avait qui sortaient de l'hôpital avec leur sonde pour venir me voir, et en me disant Vous êtes mon dernier recours, aidez-moi Donc moi j'avais 24 ans. Et là, je me disais, bon, j'ai quand même un peu de pression parce qu'en plus, comme je voulais répondre à chacune de manière personnalisée, en disant... Enfin, je prenais le truc hyper à cœur. Sur Instagram, j'ai mis deux ans à répondre à tous les messages. Mais ça, c'était très dur, le livre, la sortie du livre. Là, c'est le deuxième gros truc où je suis retombée. Là, je suis tombée dans la boulimie. On peut voir au fur et à mesure des interviews que je grossis. Je me suis dit, oh là là, qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi j'ai parlé de ça ? Mais au moins, après ça, j'ai vu une psy et ça, je pense que ça m'a permis de bien clôturer le truc. Et c'est ce qui m'a véritablement soignée. Ça, plus les études de psycho. Et là, vraiment, depuis deux ans ou trois ans, je dirais que je n'ai plus aucun... Je sais qu'à des moments, ça peut...

  • Speaker #1

    Taper à la porte.

  • Speaker #0

    Oui, mais du coup, je me dis, maintenant, j'ai vraiment ce truc de pleine conscience de me dire... Ok, donc là, par exemple, si j'ai quelqu'un de mon entourage qui souffre de ça, là, c'est le dernier truc qui m'est arrivé en date, il y a deux, trois ans, de famille proche. Et donc, j'ai dû passer du temps avec cette personne et partager des repas avec cette personne. Et là, je me disais, oh là là. Donc ça, je voyais que ça faisait un truc en moi, alors que j'y pensais plus jamais. Avant, c'était compliqué pour moi, par exemple. Il fallait checker le resto, la carte du resto, savoir où j'allais déjeuner, avec qui, machin.

  • Speaker #1

    Tu y allais encore déjeuner au restaurant ?

  • Speaker #0

    J'y allais quand même, mais il fallait que je check avant. Alors que là, depuis 2-3 ans, je n'ai plus rien de tous ces trucs. Mais là, d'avoir cette personne qui souffre de ça, qui arrive, et qui du coup regarde ce que je mange, me parle des trucs, je me disais, mon Dieu, compliqué, mais... Ça a réveillé des trucs en moi, mais comme je le sais, je me suis dit ok. Alors, il y a des moments où si je sais que j'ai mes règles, par exemple, donc là je suis dans un état de vulnérabilité, je ne vais pas y aller. Je me choisis. Je sais que pas la peine. Mais sinon, je me dis ok, je sais que je vais déjeuner ou dîner avec cette personne, ou là que je vais passer l'après-midi avec elle. En fait, je n'entre pas dans le discours. Parce que là, en plus, je ne suis pas la thérapeute de ces personnes. Je pense, en fait, d'avoir, au fur et à mesure, acquis des outils qui m'ont aidée et sortie du truc. Je me dis, OK, c'est son problème et ce n'est plus le mien. Donc, je n'ai pas envie de le vivre. Non, c'est sûr. Et d'où le fait qu'on puisse en sortir.

  • Speaker #1

    Ça, c'est vraiment... Une super bonne nouvelle. C'est important aussi de dire qu'on peut s'en sortir parce que c'est quand même une fenêtre d'espoir pour toutes les jeunes filles ou les jeunes hommes, entre guillemets, qui vivent des troubles alimentaires. Et on arrive presque à la fin. Est-ce que tu aurais justement... Tu as déjà beaucoup de choses, mais... conseil ? Je ne sais pas si en tant que thérapeute, on ne donne pas de conseil. Enfin,

  • Speaker #0

    moi, je donne quand même effectivement au maximum le conseil d'essayer de se connecter à ses émotions et ses sens. Quand on est déconnecté du moment présent, moi, j'aime bien l'exercice des cinq sens. De voir cinq choses autour de soi. Quatre choses qu'on entend, trois choses qu'on sent, deux choses qu'on touche. une chose qu'on goûte parce que ça on peut le faire à n'importe quel moment et en fait quand on est hyper stressé enfin je dis on peut même avant une réunion ou un truc aller le faire dans les toilettes c'est pas le mieux parce qu'au niveau des sensations et des odeurs c'est pas dingue qu'est-ce qu'on goûte dans les toilettes mais au moins en fait c'est juste pour dire qu'on a tous en soi les ressources pour s'en sortir s'en connecter après je dis pas ça pour que les gens qui ne vont pas bien s'en veuillent Parce qu'on peut aussi être vraiment dans un moment de désespoir et c'est pas pour dire allez, on se bouge, machin Moi, quand j'étais en dépression, j'étais effectivement au bout de ma vie dans mon lit et lever le bras était un effort surhumain. Donc je dis ça quand on a un petit stress et sinon qu'effectivement, c'est toujours OK de demander de l'aide et d'avoir des gens qui nous mettent sur ce chemin pour s'en sortir. Parce qu'on peut tous en fait avoir des moments où ça va un peu moins bien. Mais ce n'est pas pour ça que le lendemain, ça n'ira pas mieux. Et pour prendre la métaphore des réseaux sociaux, en fait, parfois, c'est juste une question de perception. Donc, on change le filtre et on se dit Ah oui, je voyais la situation comme ça, mais en fait, si je la vois autrement, c'est beaucoup plus sympa. Donc, il y a toujours une manière de voir la vie aussi autrement. C'est comme si, par exemple, on renverse son café le matin et on se dit Putain, ça va être une journée de merde. Et en général, c'est le cas. Est-ce qu'on balance tellement d'ondes négatives ? qu'effectivement, on va enchaîner le truc. Alors que si, là aussi, on se remet en conscience et on se dit Ok, j'ai renversé mon café, mais c'est pas très grave, en fait. Donc, on peut juste se dire Allez, maintenant, je fais un petit truc sympa pour moi. Je vais respirer l'air dehors. Je vais caresser mon chat si j'ai la chance d'en avoir un. Ou je sais pas, lire une page d'un truc sympa. Et je me remets dans une pensée positive. Et c'est ok de faire ça. On peut toujours, je pense, voir le truc autrement. Et en fait, c'est ça qui est merveilleux avec la plasticité neuronale, c'est qu'on peut changer. Parce qu'on se dit souvent, je fonctionne comme ça depuis 20 ans, donc c'est foutu. Mais à tout moment, on peut choisir de changer de chemin. C'est un peu chiant, parce que c'est un exercice et des nouveaux rituels à mettre en place. Mais en fait, c'est un peu comme un... Un exercice de sportif, il faut le refaire et le refaire et le refaire. Le petit challenge pas mal à se mettre, c'est de se dire je le fais pendant 21 jours. Parce que c'est comme ça en général qu'on crée une habitude. Et puis comme ça, ça donne un but, un objectif pas trop lointain pour voir des résultats.

  • Speaker #1

    On espère que nos auditeurs ou auditrices ont plein de tips à mettre en place pendant les prochains 21 jours.

  • Speaker #0

    Voilà. Et puis, j'essaie d'en donner sur... J'ai ma petite page Instagram, Emopy, que j'ai créée, en fait, parce que c'est justement émotions et pilates. Moi, c'est les trucs qui m'ont aidée parce que c'est... Les émotions, c'est quand même ce qui bouge en nous. Et le pilates, c'était aussi le mouvement du corps. Et en fait, c'est pour dire que c'est le... Oui, le mouvement de tout. Enfin, tu vois, c'est de se dire, on peut toujours avoir un impact sur sa vie. Et donc, c'est pour ça que j'avais... que j'ai créé ça.

  • Speaker #2

    On mettra toutes les infos de toute façon, évidemment.

  • Speaker #0

    Oui,

  • Speaker #1

    on va aller voir aussi. En tout cas, merci beaucoup pour ta générosité et ton partage d'expérience.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup et à la semaine prochaine.

  • Speaker #1

    Flamme des années 80.

  • Speaker #2

    Le podcast qui allume la femme.

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