- Speaker #0
Peut-on vraiment réinventer une ville grâce au skateboard ? Pour répondre à cette question, je pars à la rencontre d'un skater qui fait bouger les lignes. Bienvenue dans FONS, le podcast qui met en lumière celles et ceux qui osent vivre sans regret. Je suis Yves Naud, dans chaque épisode, nous explorons des histoires d'artistes, d'entrepreneurs et d'autodidactes qui ont osé sortir des sentiers battus. Aujourd'hui, j'ai l'honneur de recevoir Léo Valls, un skater visionnaire connu pour son style unique et sa façon de redéfinir l'urbanisme par le skateboard. Au programme, son parcours, sa passion pour le skate, sa vision de l'urbanisme au service des skaters, ainsi que son festival Connect. Installez-vous confortablement et plongeons ensemble dans l'univers de Léo.
- Speaker #1
Bonjour Léo, comment tu vas ?
- Speaker #2
Salut, ça va bien et toi ?
- Speaker #1
Très bien. Tu es né en 1986 à Bordeaux. Tu es skater professionnel, vidéaste, monteur, directeur artistique, papa, aussi le plus illustre ambassadeur du skate de rue à Bordeaux. Qu'est-ce que j'oublie ?
- Speaker #2
Je crois que c'est pas... mal.
- Speaker #1
Donc tu as grandi près de Bordeaux, à Bruges. Comment était ton enfance dans les années 90 ?
- Speaker #2
Écoute, une enfance assez classique. Je n'ai pas à me plaindre avec des parents qui m'ont toujours beaucoup soutenu et je pense élevé correctement. Voilà, avec une enfance plutôt axée sur le monde artistique, avec mes deux parents qui m'ont... Pas mal à emmener, voir des expos, au musée, ou vers au monde de l'art, à la musique, etc. Et puis du coup, grandir à Bordeaux, en tout cas en banlieue de Bordeaux, c'était quelque chose d'assez cool, de plutôt sympa.
- Speaker #1
Tu rêvais de quoi quand t'étais enfant, comme métier, comme voie ?
- Speaker #2
Je t'avoue que j'ai jamais trop su, mais en tout cas je savais que je voulais être le plus libre possible.
- Speaker #1
Ok, déjà. La légende raconte que l'esprit du skateboard est venu te voir un jour sous l'apparence d'un rasta, est-ce que tu peux m'en dire plus ?
- Speaker #2
Ouais en fait c'est vrai que de manière assez classique et puis à la suite de la coupe du monde de foot 1998 j'ai fait du football comme beaucoup de jeunes de ma génération et en fait je me suis... c'était quelque chose qui me plaisait pas forcément en tant que pratique en tout cas personnellement Parce que c'était assez compétitif, parce qu'il y avait un coach, parce qu'il y avait un terrain. Et puis c'est vrai que j'ai découvert le skate. Il y a un jour où je m'ennuyais devant chez moi, je ne savais pas trop quoi faire, je devais avoir 11 ans. Et je glandais un peu devant la maison familiale à Bruges. Et je vois ce Rasta qui débarque du coin de la rue et qui claque un holly par-dessus une plaque d'égout et qui me lance un regard. Voilà, un peu provoque limite, un peu yo, et puis il disparaît. J'ai jamais revu le type de ma vie. Mais en tout cas, quand j'ai vu ce gars, c'est vrai que je me suis dit, waouh, il est au milieu de la route en skate, il est en train de swerver, enfin de carver, tu vois, et je me dis, il a l'air ultra libre. Et ça m'a donné envie de me mettre au skate, et du coup j'ai demandé un skateboard pour Noël. J'ai eu mon skate pour Noël, évidemment je me suis rendu compte que c'était hyper dur. Parce que tu te dis, en fait ça va le faire, je vais monter sur un skate et ça va rouler tout seul. Et puis en fait non, donc tu te rends compte qu'il faut sacrément s'accrocher. En tout cas le truc qui m'a de suite vraiment pris au trip, c'était le fait que je crois avoir assez vite kiffé cet objet parce que c'était juste une excuse pour passer du temps dehors en fait. C'était une excuse pour traîner dans la rue, pour explorer... mon environnement, ce qui était à la base mon quartier, et aller voir ce qui se passait derrière tel bâtiment, ou tel bâtiment, tel coin de rue, tel... Et puis en fait, passer du temps dans la rue, et assez vite, j'ai eu un petit crew de voisins avec qui on skaitait ensemble. Et puis il faut savoir que mon voisin, le plus proche, était un illustre personnage du skateboard de l'Aie, qui s'appelle Grégoire Grange. qui est aussi toujours un activiste dans le monde du skate bordelais, qui a dix ans de plus que moi mais qui assez vite m'a filé mes premières cassettes VHS de skate sur lesquelles il enregistrait un peu tout ce qui se passait à l'époque et du coup ça m'a fait un peu ma culture skate à travers ces images, ces VHS qui au final était pour moi un moyen de voyager déjà avant de pouvoir réellement voyager physiquement. De voir ces vidéos, je me souviens que c'était quelque chose qui me donnait un regard sur le monde parce qu'en fait, évidemment, je regardais le skate, je regardais le skater et les figures, mais je regardais aussi tout particulièrement l'environnement dans lequel se trouvait le skater. Et du coup, je me rendais compte que l'environnement n'était pas le même qu'on soit à Los Angeles, à New York, à Paris, à Londres, au Japon, etc. Et c'est un truc qui m'a, je pense... Peut-être que c'était assez inconscient à l'époque, mais je pense qu'il m'a donné envie de voyager.
- Speaker #1
Effectivement c'est quelque chose dont on parlera tout à l'heure parce que des années plus tard c'est quelque chose qui se retrouve beaucoup dans tes productions vidéo. Ce crew c'était les personnes avec qui tu as, enfin tes voisins, c'est les personnes avec qui tu as commencé. Qu'est-ce qui t'a vraiment donné envie de persévérer ? C'était quoi ? C'était vraiment la découverte d'une passion ? C'était le fait de pouvoir avoir cette liberté avec tes amis ? Le fait de pouvoir avoir un objectif en tant qu'adolescent ?
- Speaker #2
Je pense que ce qui m'a vraiment fait accrocher au skate, c'était le fait de me sentir appartenir à une communauté. Le fait d'avoir l'impression d'appartenir à une tribu. Et je pense que c'est une notion assez forte, qui est presque animale. Les animaux ont besoin, souvent, pas tous les animaux, mais pas mal d'animaux ont besoin d'évoluer en meute, de sentir ce côté un peu tribal, qui, quand on est jeune et quand on est en pleine construction identitaire, est hyper fort. Et du coup... Le fait d'arriver sur la Seine-Bordelaise, de venir, parce qu'on parlait de Bruges, mais assez vite, évidemment, quand j'ai fait le tour de mon quartier à Bruges, j'ai eu envie de venir voir ce qui se passait dans le centre-ville. Et j'ai assez vite débarqué, à l'époque, le spot, c'était André Malraux. J'ai débarqué à Malraux, où il y avait tout un univers que je ne connaissais pas, où le skate était ultra lié à la culture hip-hop et au graffiti, et où j'ai découvert quelque chose qui était, pour moi, magique, avec vraiment... cette sensation d'appartenir à une communauté et d'être accueilli alors que j'avais voilà 13 14 ans d'être accueilli par des gars plus âgés qu'elle est un peu me prendre sous leurs ailes et qu'elle est montré un peu les rouages de de casquette et la culture skate quoi est ce que tu veux m'en dire plus justement sur malraux parce que c'est un mythe bordelais pour les personnes qui peut-être les plus jeunes qui n'ont pas connu les personnes qui sont un peu en dehors du skate et qui connaissent pas justement
- Speaker #1
ce qui s'est passé, ce que c'était, et surtout qu'est-ce que c'est de débarquer dans cet univers quand on a 13-14 ans.
- Speaker #2
Malraux, c'était une grande place publique qui, en fait, était l'arrière du conservatoire de musique, pas loin de la gare Saint-Jean à Bordeaux. Et c'était un immense square en pierre, avec des marches, des gradins, des plans inclinés. Donc c'était un spot de skate incroyable. C'était assez fermé, donc on était... plutôt à l'abri des regards et on pouvait faire du skate de manière plutôt tranquille. Et du coup, c'était un vrai lieu de rencontre où on se retrouvait pour passer des après-midi entiers à faire du skate. Et c'était aussi un vrai lieu social où en fait, les amitiés se créaient. Il y avait également des embrouilles qui se passaient là-bas, des courses-poursuites avec différentes communautés, les skaters versus... Les Kairas peut-être, ou d'autres... Voilà, et ça c'était au final hyper intéressant. Toujours dans cette notion de se sentir appartenir à une tribu et d'évoluer dans une communauté. Et d'ailleurs, je pense qu'aujourd'hui c'est un lieu qui est encore très important pour moi au point où un de mes rêves, je ne sais pas si j'y arriverai un jour, je ne sais pas si on arrivera à faire ça un jour, mais un de mes rêves ça serait de... Parce que Malraux aujourd'hui a été... rasé puisque toute la pierre roulable s'est transformée en gazon. Et ça a été barriéré. Mais un de mes rêves, ça serait de re-rendre Malraux skatable et de redonner aux skaters ce spot légendaire, iconique, symbolique qui a vu de nombreux skaters bordelais grandir.
- Speaker #1
Tu parlais de communauté. Le fait de justement rejoindre une communauté plus grande et plus éduquée avec des personnes qui connaissent le skate à ce moment-là, Est-ce que ça nourrit justement ta culture et ta curiosité ?
- Speaker #2
Bien sûr, c'est-à-dire que déjà tous les échanges, toutes les personnes que j'ai pu rencontrer dans un premier temps localement, avec qui j'ai échangé, avec qui évidemment on s'est échangé de la musique, des vidéos de skate, etc. Et puis après toute la culture skate qui au final motive et aiguise la curiosité, que ce soit en termes de produire nos propres vidéos, s'intéresser aux différents styles musicaux, etc. qui vont être utilisés, montés sur les vidéos de skate. Et puis, en fait, au final, développer un certain sens de l'urbanisme et de l'architecture sans forcément se rendre compte, mais en fait, être constamment à rechercher et à interagir avec l'environnement urbain, évidemment, ça développe une certaine sensibilité pour la ville, pour l'urbain. À cette époque,
- Speaker #1
tu t'entoures de plein de monde, des personnes qui sont un peu plus âgées. Tu as aussi un binôme. qui est quand même assez connu, qui est Sergio Cadare. Comment le fait de justement avoir des personnes de ton âge ou des mentors font que tu te projettes plus dans ce milieu-là ?
- Speaker #2
En fait, un truc qui m'a vachement touché, c'est par exemple, tu fais bien de mentionner Sergio, mais c'est quelqu'un qui m'a beaucoup inspiré et avec qui j'ai développé une relation d'amitié très forte. C'est qu'en fait, on pouvait vraiment être potes à travers cette passion commune qu'est le skate, en ayant des... des backgrounds complètement différents, en venant de cultures complètement différentes. Et c'était le cas avec Sergio. C'est-à-dire que Sergio, quand je l'ai rencontré, il était dans une situation qui n'était pas forcément simple. Et au final, on est devenus hyper copains. Il est venu en vacances avec ma famille. On est devenus très proches. Et il y a Sergio, mais il y en a d'autres. Il y a plein d'autres potes avec qui j'ai grandi avec le skate. C'était assez fort de se dire que c'est des gens avec qui je serais jamais devenu ami si on n'avait pas cette même passion, tout simplement parce qu'en fait ils viennent pas du tout du même milieu.
- Speaker #1
A ce moment là tu es encore à l'école, collège, lycée, là tu te projettes dans quoi ? Qu'est-ce que tu choisis comme style d'étude ? Qu'est-ce que tu as envie de faire ?
- Speaker #2
Donc moi à l'époque je dessinais beaucoup, je dessine toujours mais j'étais vachement dans le dessin et je faisais de la BD. Et du coup je voulais, je faisais une école de BD, je m'intéressais à ça et j'avais envie de produire mes propres BD. Et au final, c'est à ce moment-là où... Moi, je n'avais jamais imaginé vivre du skate, tout simplement parce qu'à cette époque-là, moi, je n'avais pas du tout une pratique du skate qui était compétitive. Je voyais vraiment le skate comme une forme d'expression personnelle, plutôt basée sur l'urbain et puis presque une dimension perso-artistique. Et du coup, le skate a pris le dessus. aux grandes dames de mes parents qui étaient en stress complet à l'époque. Et puis j'ai commencé à pouvoir en vivre et à voyager, surtout. Et c'est ça qui... Le skate, c'est devenu un outil qui m'a permis de découvrir pas mal de pays et de rencontrer plein de communautés à travers le monde. Voilà.
- Speaker #1
Comment ça commence, Uli ? J'ai commencé à pouvoir en vivre. Encore une fois, on parle d'une époque où il n'y avait pas ce... type de modèle, les modèles qu'on pouvait avoir qui étaient connus, alors je pense vraiment pour le grand public, mais on peut penser bien sûr à Tony Hawk, mais qui est dans une pratique qui était très visuelle, sur des rampes, etc., très spectaculaire, et à l'époque il y avait déjà les jeux vidéo, etc., donc les gens pouvaient comprendre cette partie-là du skate professionnel. Toi tu pratiques plus un skate de rue, comme tu dis, quelque chose de très libre. Comment tu développes vraiment ce style-là ? Et surtout, à quel moment ça devient un... un gain plein où tu te rends compte que tu peux un petit peu en vivre en tout cas subvenir à tes besoins grâce à ça.
- Speaker #2
En fait je pense que assez tôt évidemment j'ai skaté dans des skateparks et comme tout le monde j'ai fait du skatepark mais assez tôt j'étais hyper intéressé par le fait de produire des images en skate et évidemment ce qui faisait sens pour moi c'était de communiquer sur le fait que le skate c'est un jeu de rue et c'est basé sur le fait de détourner la ville pour la transformer en espace ludique et pour produire des images. Donc le fait de produire des images en skatepark, ça ne faisait pas sens pour moi. Ce n'était pas logique. C'était vraiment le skate, je le voyais comme un jeu urbain. Et du coup, j'ai produit des images avec mes potes, avec assez vite, vu que je produisais dans mon coin, de fil en aiguille, les médias de skate à l'époque commençaient à me proposer de faire des photos. Je me suis retrouvé avec une couverture du magazine Sugar assez vite. Par chance, c'est un photographe de Sugar qui est passé à Bordeaux. Je suis allé faire des photos avec lui. Et surprise, j'ai eu la couverture du mag. Et après, je faisais beaucoup de skate. Je quittais tout le temps. J'étais vraiment à fond là-dedans. Et en fait, c'est à ce moment-là où il y a des grandes marques qui se sont mis à investir sur le côté... vraiment urbain et culturel du skate et pas que le côté compétitif. Et où j'ai pu avoir mes premiers sponsors, notamment de chaussures, qui me versaient un petit salaire à l'époque pour porter leurs shoes. Et en même temps, j'avais un budget voyage, donc ça me permettait de voyager. Et j'ai été aussi sponsorisé par un magasin de skate local, par une marque de planche française. Et du coup, j'avais un petit... petit salaire et puis surtout une carte pour voyager. Et là, j'ai commencé à... Je m'en suis servi, j'ai arrêté les études que je faisais dans le dessin.
- Speaker #1
Comment ça se passe avec les parents en ce moment-là ?
- Speaker #2
Là, ils ne sont pas chauds. Après, ils sont cools. Mon père est psychosociologue, ma mère est psychologue. J'ai grandi dans un environnement où on respecte le choix des uns et des autres. On est capable de se mettre à la place des différents points de vue. En tout cas, on essaye de le faire. J'ai vraiment grandi dans cette idée-là, qu'il faut être capable d'accepter les choix de chacun. Mais c'est sûr qu'ils étaient en stress parce qu'il n'y avait pas de modèle et le skate c'était vraiment quelque chose de précaire. Et j'ai commencé à bouger et je me suis rendu, il y a un pote de Paris, David Coulio, qui m'a filé une vidéo de skate japonaise qui était incroyable. En fait c'était vraiment exactement ce que j'adorais dans le skate, c'était hyper créatif. Toute la BO, toute la bande-son, c'était du jazz produit par leurs potes, spécifiquement pour cette vidéo. C'était filmé à la VX1000, au Fisheye, c'était en noir et blanc. C'était vraiment hyper underground, hyper codé. Et puis les spots japonais étaient hyper urbains. Toutes les images, tu avais des lumières, des voitures, des néons, etc. La vidéo a été montée de manière hyper dynamique, donc ça, ça m'a fasciné. Et du coup, avec un crew de potes de l'époque, notamment mon pote Masaki qui avait... qui est franco-japonais, qui a de la famille au Japon. On se dit, let's go, on part à Tokyo. Et on commence, voilà, on part un mois et demi à se perdre dans les rues du Japon, de Tokyo, d'Osaka, sans un sou en poche, à se faire virer par la police, à faire des courses-poursuites avec des security guards japonais et à revenir, en fait, avec plein d'images et aussi à connecter avec la communauté skate, Tokyo Heat et japonaise. On est partis à Osaka. en fraudant le train de Tokyo à Osaka avec nos sacs, nos skates, et à se retrouver chez les mecs de Tideboost Productions qui sont aujourd'hui un des crews japonais les plus en vogue, et à créer des super connexions, à travailler sur des projets de skate avec ces gens-là, mais aussi à créer des vrais liens d'amitié, où en fait on n'avait même pas, on parlait pas la même langue, les japonais souvent ils parlent peu anglais, nous à l'époque on parlait peu anglais aussi, mais au final à avoir des vrais échanges et à développer des vraies relations d'amitié avec ces gens-là, juste parce qu'on a cette passion commune et qu'au final, on parle skate avec ces gens-là.
- Speaker #1
Ce voyage, il était en quelle année ?
- Speaker #2
C'était en 2007.
- Speaker #1
Et ça, c'était vraiment ton premier voyage hors de France ?
- Speaker #2
Non, j'ai fait d'autres voyages, j'ai fait... Après, je suis pas très bon en date, je t'avoue que tout se mélange un peu.
- Speaker #1
Mais j'ai eu du mal à savoir si San Francisco était arrivé avant...
- Speaker #2
Je crois que Japon, c'était en premier. Mais je suis vraiment mauvais en date, il y en a eu un paquet des voyages, du coup j'ai du mal à tout replacer dans l'ordre. Mais en tout cas c'est à peu près la même période et c'est là où voilà, en tout cas sur une, à peu près je pense la même année ou sur deux années, il y a eu en effet un voyage qui m'a complètement chamboulé au Japon, qui m'a même vraiment motivé dans l'idée que le skate était infini et que c'était vraiment une pratique qui était basée sur la créa et que c'était beaucoup plus qu'un simple sport. et que c'était toute une culture qui touchait à plein d'aspects de la société et plein de formes artistiques différentes et que du coup il y avait vraiment quelque chose à développer là-dedans.
- Speaker #1
Tu peux développer un tout petit peu ça pour des personnes qui sont extérieures au skate parce qu'il y a cet aspect liberté qu'on comprend assez vite, l'aspect artistique, l'aspect sportif entre guillemets, mais c'est vrai que... toutes les implications qu'il peut y avoir et les différentes formes d'art qui sont autour ?
- Speaker #2
En fait, typiquement, un skater pro, pour moi, c'est quelqu'un qui doit être un autodidacte et qui doit s'intéresser à plein de choses à la fois. C'est-à-dire que le skate doit juste être une porte d'entrée pour t'intéresser clairement à l'image, comment on produit des images, comment on monte, comment on filme, comment on développe un univers aussi autour de son skate, à travers l'image. Pour moi, un skater... Un bon skater pro aujourd'hui, c'est quelqu'un qui te prend et qui t'emmène dans son univers. C'est ça vraiment qui est intéressant. Plutôt que quelqu'un qui essaye de te montrer qu'il est plus fort qu'un autre, tu vois. Et après, ça va évidemment, tu t'intéresses à l'architecture, à l'urbanisme, assez vite, en tout cas moi ça a été le cas, mais tu t'intéresses à la sociologie, à l'anthropologie, à l'histoire, à travers tout ça, tu vois. Le fait de voyager, d'explorer des villes, et puis le fait d'être tout le temps dehors et d'être... constamment en train d'interagir avec des gens de toutes classes sociales différentes. Quand tu fais du skate dans la rue des nuits entières au Japon, tu te mets à interagir avec des clodos japonais, avec des sécurités japonais, avec de la police, avec des bourgeois. Pareil à Bordeaux, tu vois. À Bordeaux, c'était vraiment l'école de la vie, le skate. C'était passer du temps dehors. Et je pense que ça, passer du temps dehors, dans l'espace public, et interagir avec tout type de public, c'est l'école de la vie. C'est ça qui te forge, c'est ça qui te donne un regard. Et c'est ça qui forge ta personnalité aussi, en tout cas moi ça a été le cas. Après pour revenir à la notion d'autodidacte à travers le skate, C'est quelque chose qui est une porte d'entrée et presque une excuse pour s'intéresser à tout un tas de sujets de société ou de formes artistiques ou de formes d'expression. Ça peut être plein de choses, ça peut être le design, ça peut être les vêtements, le style vestimentaire est évidemment très important dans le skate. Ça peut être plein de choses, tu peux imaginer plein de trucs.
- Speaker #1
C'est vrai que dans la façon dont on t'en parle, on comprend quelle place tu as dans le skate, parce que justement, tu t'intéresses à beaucoup de choses différentes et tu arrives à condenser ça dans tes vidéos. On parlera tout à l'heure de tes dernières productions, notamment avec Magenta, Brutalista. J'ai l'impression que ça condense tout ce que tu viens de dire. On en reparlera un petit peu. Est-ce qu'à ce moment-là, tu sais déjà ce que tu veux faire ? À quoi ça ressemble d'être skater pro, passer les premiers contrats, les premiers sponsors, comme on fait pour se professionnaliser ?
- Speaker #2
C'est pas évident, évidemment, c'est précaire, tu sais pas ce qui va se passer, t'as tout le monde autour de toi, les gens qui font pas de skate qui te disent si tu te casses une jambe, qu'est-ce que tu vas faire, etc. Ce qui est assez logique. Et du coup, toi t'y crois parce que tu kiffes ce truc-là et c'est un truc qui te prend aux tripes et que c'est aussi une forme d'addiction. Ça devient vraiment un truc que t'as besoin de skater et de produire du contenu en skate pour être heureux. Donc ouais et puis après c'est vraiment le goût du voyage et de la rencontre je pense qui pousse aussi à jamais lâcher. Mais c'est vrai que ça reste quelque chose d'assez précaire. Et en fait c'est clairement la passion avant tout quoi. C'est clairement la passion avant même le fait d'avoir un plan ou quoi que ce soit. Donc tu y vas un peu à l'aveugle. Et bah évidemment pour moi le second voyage qui m'a vraiment transformé ça a été la Californie, San Francisco. qui est une place très forte du skate depuis longtemps, que je regardais beaucoup dans les vidéos quand j'étais jeune. Et quand je me suis retrouvé à San Francisco sur un terrain complètement nouveau pour moi, avec ces collines, ces downhill, comme on dit, avec l'architecture des maisons victoriennes, etc. Ça a été une révélation. Je me suis dit qu'il fallait carrément réapprendre à faire du skate sur ce terrain-là. Et ça, il y avait aussi cet autre aspect hyper intéressant du skate, qui est l'adaptation, l'adaptation infinie à l'environnement urbain. Et c'est ça qui rend le truc vraiment, je pense, en tout cas dans la pratique, quand tu fais du skate, qui rend le truc personnellement vraiment intéressant, c'est que c'est cool d'apprendre à faire une figure, mais c'est vraiment une autre démarche que d'aller faire cette figure sur le bon spot et adapter cette figure à tel ou tel environnement. En fonction de... ça peut être plein de choses, ça peut être du type de revêtement, de l'inclinaison du spot, de la hauteur, est-ce que tu te fais virer ou non sur ce spot, est-ce que tu vois si c'est devant une baraque, je parlais de San Francisco, mais à San Francisco on connaissait les endroits où on allait filmer, à la fin on connaissait les horaires de travail des gens, tu vois. Tu sais qu'à telle ou telle heure tu vas te faire virer, tu sais qu'à telle ou telle heure c'est ok, ou que t'as pas longtemps, tu vois. Et voilà, tu commences à avoir vraiment une lecture de la ville qui est hyper unique.
- Speaker #1
Tous ces voyages sont passés au milieu des années 2000. Il y a une vidéo qui t'a fait émerger, ou en tout cas bien connaître, c'est celle de Minuit, qui a été faite par Johan Taillandier. A ton avis, pourquoi elle a eu autant d'impact ?
- Speaker #2
Je pense que cette vidéo, elle s'est passée exactement au moment où, en effet, ce dont je te parle, les voyages entre San Francisco, le Japon et Bordeaux, et en fait, je pense que ça a ramené plusieurs univers dans une seule vidéo. Je pense aussi qu'on avait... on avait une thématique, c'était le skate de nuit à l'époque on skatait à Bordeaux la nuit parce qu'on devait s'organiser parce que le skate était interdit en ville on y reviendra sûrement mais voilà, cette vidéo c'était un projet c'était vraiment le premier gros projet où il y avait un crew où il y avait une dimension internationale et où on affirmait vraiment un style, on n'avait pas peur d'affirmer un style et qui était presque en opposition avec tout le mouvement skate compétitif ou plutôt basé sur les stunts ou sur la performance et plus basé sur l'expression personnelle, le style, la vitesse, la recherche esthétique. Et ce qui a été intéressant, c'est que ça, je pense, fait un peu polémique et débat parce que forcément, ça cassait certains codes des vidéos de skate de l'époque, en tout cas en France. Et du coup, il y avait... Plein de gens qui étaient à fond, il y avait des gens qui n'aimaient pas aussi, ce qui était au final très intéressant, parce que ça voulait dire qu'on venait poser des questions. Oui,
- Speaker #1
il y avait une sorte d'intérêt pour ce que vous faisiez.
- Speaker #2
Voilà, et c'est aussi la vidéo qui m'a permis, parce qu'en parallèle de ça, à la sortie de minuit, il y a Magenta qui se crée. C'est Soye Pandé, Vivien Faille et Jean Faille qui lancent ce projet. Et en gros c'est le constat qu'il manque une marque de skate en France, vraiment avec une identité française, plutôt à la base avec une identité française, basée sur le skate de rue, le skate comme jeu urbain, comme je le décrivais. Et moi je suis déjà plutôt copain avec Soye, Vivien et Jean. Et donc ils me proposent de skater pour Magenta, ça c'est en 2010. Et ça c'est le tournant, en gros je me retrouve le premier pro pour Magenta. J'ai un pro modèle, donc une planche à mon nom chez Magenta. Et c'est un gros coup de motivation parce que vraiment je me retrouve à appartenir à un nouveau projet qui porte des valeurs dans le skate, qui a une dimension, une démarche artistique. Et du coup c'est ultra stimulant et ça me met un coup de boost. J'ai envie de tout donner pour Magenta et de m'investir, de faire des projets, d'aller rencontrer des communautés, d'aider la marque à grandir et surtout de produire du contenu pour cette marque et d'aider, de contribuer à développer une image unique autour de cette marque.
- Speaker #1
Quand tu parles d'impliquer, ça passe par quoi ? Tu jongles avec plusieurs métiers, plusieurs fonctions, quelles sont les obligations entre guillemets ?
- Speaker #2
À la base, ça passe par créer des connexions. Je pense que c'est le premier truc qui est hyper important, c'est vraiment développer un réseau international autour du skate underground, on va dire, et du skate urbain. Donc, à cette époque-là, j'ai la chance de pouvoir voyager, parce que comme je te le disais, j'ai un budget voyage, donc je fais ça pas mal, et les années qui suivent, je me retrouve à aller sur la côte Est des US, en Australie, en plein de lieux en Europe. beaucoup de voyages au Japon qui renforcent la connexion avec la scène japonaise. Et à chaque fois que je fais ces voyages, j'en profite pour, avec Soye Vivien, développer des projets, des vidéos, des articles autour de Magenta. Et du coup, on construit une image, on fait un choix en termes d'image, sans non plus que ça soit vraiment écrit. C'est ça qui s'est passé de manière assez naturelle. Un peu comme ce que je disais par rapport à minuit, où on pose des questions, où il y a des gens qui captent, des gens qui ne captent pas. Et au final, c'est ça qui est intéressant, c'est qu'on arrive à un moment... Après, je pense qu'on est arrivé aussi au bon moment. On est arrivé en 2010, c'était vraiment le moment pour faire ça. C'est le moment où le skate commence à être quand même bien populaire et où il commence à être sacrément récupéré aussi. Et c'est important de revenir à la base et de proposer des projets vraiment... qui sont basés sur l'essence du truc, tu vois.
- Speaker #1
Mais justement, c'est quelque chose qui m'intéresse beaucoup. Comment toi tu fais pour justement trouver l'équilibre entre ce côté pratique, strict, on va dire underground, dans la plus pure tradition, et le côté quelque part commercial ou grand public ? Comment t'arrives justement à trouver le juste milieu ?
- Speaker #2
En fait, j'y réfléchis pas vraiment à ça. Et il n'y a pas vraiment de stratégie commerciale ou marketing dans ce que je fais. Je produis vraiment avec le cœur tout ce temps-là. Et évidemment, c'est presque contradictoire de se dire qu'on va faire des projets de skate underground qui sont soutenus par des grandes marques de chaussures qui ne viennent pas du skate. Mais il y a à la fois des compromis à faire pour pouvoir développer des projets et subvenir à nos besoins et en vivre un minimum. Et après, il y a quand même... Je pense, des choix à faire, et c'est des choses que j'ai dû faire, c'est aussi, parfois et souvent, dire non à certains trucs. Pour vraiment, par souci de préservation du propos originel que tu veux développer, t'es obligé, en tout cas pour moi c'était le cas, de refuser certaines offres, certains plans que tu peux avoir, parce que c'est trop récupéré en fait.
- Speaker #1
Ok, tu peux me donner un exemple de choses ? qui t'ont été proposées et où ça cadrait absolument pas avec...
- Speaker #2
Les contrats avec des marques de boissons énergétiques par exemple, où clairement moi c'est des choses que j'ai pas envie de promouvoir parce que je pense pas que ça soit quelque chose de sain pour notamment les jeunes qui vont suivre ce qu'on leur montre. Voilà, tout simple ce genre de truc là quoi.
- Speaker #0
Tu as passé presque 20 ans à côtoyer ce qui se fait de mieux en skater, en vidéaste. Je pense bien sûr à Marc Gonzalez, à Takaïro Morita, Pauline Reed, etc. Comment ces connexions et ces échanges, notamment du côté skate, à la limite c'est assez facile à comprendre, mais comment du côté photographe et vidéaste, ces échanges nourrissent ta vision et ta production audiovisuelle ?
- Speaker #1
En fait, je pense que j'ai eu beaucoup de chance de me retrouver à travailler sur des projets avec certains des meilleurs... vidéaste de skate dans le monde surtout dans un style de vidéo qui peut paraître assez niche mais qui est vraiment je pense assez essentiel à la culture skate c'est les vidéos tournées à la VX1000 qui est cette vieille caméra qui est plus produite depuis 1998 qui a vraiment un rendu entre une VHS et une caméra HD avec un certain grain avec une déformation au fisheye parce qu'on filme beaucoup au fisheye avec ça. et puis un son, un audio hyper sec qui rend le skate très claquant, très popant. Donc ça peut paraître pour les gens qui ne font pas du skate de la geekerie, mais pour nous c'était vraiment important de produire des vidéos et des images à la VX1000. Et je me retrouve un peu dans cette niche de VX1000 à travailler sur des projets avec un peu toute la panoplie des meilleurs filmeurs VX1000 du monde. Que ce soit en effet, tu citais Colin Reed à New York, Zach Chamberlain à San Francisco. Yoann Théandier en France, Josh Roberts en Australie, il y en a pas mal mais ça reste vraiment des légendes de l'utilisation de cette caméra. Et du coup on se retrouve dans cette niche de production et en fait ce qui est intéressant je pense avec cette caméra c'est vu que tu peux filmer super près avec cette caméra, avec ce fisheye notamment. t'as vraiment une relation qui doit se développer entre le skater et le filmeur parce que quand tu fais des images t'es presque en train de danser ensemble t'es presque en train de, tu vois, quand je vais filmer une line à New York avec Colin Reed où en gros je vais m'accrocher à un taxi lui donner la main pour qu'il prenne de la vitesse avec moi qu'on lâche au même moment, que là faut faire un ollie flip au sol sans que lui se... et en même temps faut arriver à carver autour de lui, tourner pour que t'aies les bons effets de caméra, etc etc Quand tu filmes avec un bon filmeur de VX1000, tu dois rentrer vraiment en osmose avec lui. Tu développes des relations vraiment fortes, d'amitié, mais de production aussi.
- Speaker #0
C'est vrai qu'on en parlait tout à l'heure, c'est quelque chose qu'on retrouve énormément dans tes vidéos les plus récentes. Je pensais effectivement à Sony. La vidéo dont on parlait tout à l'heure qui est Brutalista, qui est à mon sens, c'est la dernière qui est sortie Brutalista, qui est vraiment l'essence de tout ce que tu viens de dire, c'est-à-dire à la fois du jeu, à la fois de l'urbanisme, à la fois des gens, des échanges avec les gens. Comment ton style qui était à l'époque, enfin il y a quelques années, était beaucoup plus... on va dire nerveux, en tout cas plus vif dans le film, comment est née cette nouvelle façon de filmer qui est peut-être plus accessible d'ailleurs pour le grand public ? Parce que quand on regarde toutes les vidéos que tu fais, c'est vrai que si on n'est pas très intéressé au skate, il y en a certaines qui sont quand même très pointues. Là, avec toutes ces vidéos, toutes ces dernières vidéos, on a quelque chose de plus ouvert, plus grand public, même si ça s'adresse aussi et surtout à des spécialistes. Comment est né ce style ? Comment tu as fait évoluer ta vision de la vidéo ?
- Speaker #1
Je pense que c'est assez naturel comme évolution, mais c'est vrai qu'au bout d'un moment, tu as envie de tester d'autres trucs aussi. Quand tu as fait 15-20 vidéos à la VX1000, tu as envie d'essayer d'autres formats. Après, il y a aussi Instagram qui est rentré dans le game, quelques années après, parce que là, tout ce dont on parlait, c'était quand même avant 2014-2013. Et je crois qu'à partir de ça, de 2013... Il y a Instagram qui rentre dans le game et ça devient vraiment quelque chose d'important. Tu es quasi obligé de produire du contenu sur Instagram et c'est un autre format, une autre manière de monter des vidéos, beaucoup plus rapide, peut-être moins travaillé, mais au final avec une plus grande force d'expression, parce que tu peux vraiment chaque jour publier un truc avec un message différent. Et du coup, je me mets pas mal à m'intéresser à ça et à monter mes propres images. Je me mets aussi à vraiment faire du montage vidéo parce que je me rends compte que c'est bien sympa d'être devant la caméra. Mais pouvoir monter des projets de A à Z, c'est encore mieux. Surtout quand tu as un propos à raconter, quand tu as quelque chose à dire. Et du coup, il y a un star qui rentre dans la partie. Donc là, on se met à filmer au téléphone. Donc on n'est plus sur du fisheye, on est sur des trucs... plus accessibles, que les gens peuvent plus mieux comprendre, ou qu'on monte nous-mêmes avec des petites apps type iMovie sur iPhone, tu vois. Et voilà, et là, c'est vrai que ça a été une forme aussi de mainstreamisation à travers Instagram, mais qui était logique, parce que tout le monde s'y est mis aussi, et tu vois, t'as ce nouveau format-là. Et puis après aussi, je pense, l'envie de faire des... vidéos avec des thématiques soit des séries par exemple ce que j'ai développé avec Seb Dorel, le Seb Docho qui sont des vidéos plutôt humoristiques parce que je pense que souvent aussi les skaters on se prend trop au sérieux et c'est important de se marrer tout simplement et d'utiliser le skate comme un moyen de faire des blagues quand on a un personnage comme Seb Dorel qui est capable d'imiter à peu près n'importe quel euh... personnages en skate, ce qui est encore plus fou, forcément je me suis dit on va faire une espèce de série sur les réseaux, sur Insta, au format iPhone Insta, et on a fait une trentaine d'épisodes comme ça. Et voilà, de fil en aiguille, après on revient forcément à des projets plus skate, aussi pour des marques comme Agenta, ou aujourd'hui pour mon sponsor principal qui est DC Shoes. Avec des projets vidéo comme en effet Sony ou la Brutalista dont tu parlais qui revient, qui parle toujours du même sujet qui est le lien à l'architecture, le rapport aux gens aussi à travers le skate. Qu'est-ce que le skate vient raconter par rapport à la société ?
- Speaker #0
Pour parler encore d'architecture, ou en tout cas de la ville, avant d'aborder justement une partie essentielle de ce podcast, est-ce que tu peux me parler du projet qui était Contact, qui a fait venir des sculptures skateables dans la ville ?
- Speaker #1
Le projet Contact, c'est le quatrième projet de sculptures skateables que j'ai développé, sur lequel j'ai travaillé, ça s'appelait Play. Pour parler de la place du jeu dans l'espace public, ça s'est venu en lien... la continuité de la médiation qu'on a mis en place avec la mairie de bordeaux et du coup pour moi les installer des sculptures skate up dans la ville c'est avant tout une forme de médiation pour dire à tout le monde que le skate à une dimension culturelle et artistique et l'idée voilà c'est de dessiner de produire et d'installer des objets des sculptures skate qui sont bien cool pour ce qu'elle était mais pas que qui servent aussi à d'autres usages pour expliquer aussi que ces objets on peut les partager, qu'on parle aussi de mixité, de partage. Et donc Contact c'était cette année et j'ai bossé sur ce projet avec l'agence Côte Ouest, qui est une agence bordelaise qui produit de l'événementiel. Et en gros l'idée c'était d'installer des galets skateables qui forment un effet de ricochet sur le parvis du Miroir d'eau, qui est le lieu le plus visité de Bordeaux. Et la spécificité c'était qu'on les a... Faites produites par une boîte qui fait de l'impression 3D. Donc elles étaient imprimées à l'imprimante 3D. Et c'est super cool. Aujourd'hui, pour moi, c'est vraiment un kiff. C'est de pouvoir installer des objets dans la rue. Et je trouve qu'il y a une vraie force. Je ressens un vrai plaisir à pouvoir modifier l'espace public. Modifier des lieux de vie où tout le monde va interagir. Et que ce soit éphémère d'ailleurs, ou que ce soit pérenne. C'est vraiment quelque chose qui me plaît beaucoup. pouvoir travailler sur de l'urbanisme skateable ou en tout cas changer l'espace public et avant tout ça sert à communiquer, c'est des formes de médiation auprès de tout le monde pour rappeler ce qu'est le skate à la base.
- Speaker #0
Justement tu parlais il y a quelques instants de Seb Dorel, de ta relation que... tu as avec lui. Je l'ai reçu dans ce podcast, on a parlé bien sûr de la légende qu'il est, de ce qu'il a apporté au skate à Bordeaux et des différentes époques du skate à Bordeaux. Est-ce que tu pourrais me donner un aperçu de ce qu'était, de l'histoire du skate à Bordeaux, mais plutôt côté pratique skate de rue et notamment forcément de la relation entre les skaters et les forces de l'ordre, en tout cas la ville, à travers ces années de ce que tu as connu et de ce que tu en sais.
- Speaker #1
Yes carrément. En gros le skate est né à Bordeaux dans les années début 70 donc c'est assez vieux. Et ça commence, les premiers skateurs ils vont sur les terrasses de Mariadec. Notamment sur les terrasses Cunning ça s'appelle, pour ceux qui connaissent. Et du coup à la base ils ramènent, le holly n'existait pas donc ils ramènent des rampes qu'ils fabriquent dans leur garage et ils se retrouvent. Il y a une première communauté de skateurs comme ça qui naît. C'est vraiment une culture alternative, c'est ultra underground, ils ne sont pas nombreux. Mais ils produisent déjà des images, ils se prennent en photo, ils se filment, il y a des archives assez cool d'ailleurs. Et puis ça perd un peu en trend dans les années 80, et le skate renaît vraiment dans les années 90 avec, je pense, pas mal autour de la culture hip-hop, notamment à Malraux. dont on parlait tout à l'heure et là il y a vraiment une communauté de skaters une scène qui se redéveloppe à Bordeaux et puis il y a un skatepark qui construit la mairie construit un skatepark parce qu'il y a pas mal de skaters et en parallèle de la construction d'un skatepark erreur classique d'une collectivité ils se disent on leur a fait leur terrain de sport On interdit dans la ville, typiquement les mecs pensent, moi je fais du tennis, je tape pas des balles sur la place publique quoi. Sauf qu'évidemment ça marche pas comme ça. Tu fais un skatepark, bah justement tu vas créer encore plus, tu vas générer encore plus de skateurs de rue, parce que le mec qui a un skatepark à côté de chez lui, il va se mettre au skate parce qu'il a un skatepark, mais au bout d'un an ou deux il va sortir dans la rue, parce que dès qu'il ouvre un magazine, qu'il regarde une vidéo, ça se passe dans la rue quoi. Et puis il aura fait ses armes dans le skatepark, même s'il y retournera tu vois, le skatepark est complémentaire. est nécessaire, c'est évident. Il faut des skateparks, il faut des bons skateparks. C'est aussi des lieux de vie, c'est aussi des lieux avec une dimension sociale et tout ce que tu veux, mais en tout cas le skatepark, il ne peut pas résumer le skate, quoi. Et surtout il est quand même déconnecté de son essence qui est urbaine, libre, voilà. Donc ce qui se passe, c'est que la ville, en même temps qu'ils construisent le skatepark... Déjà, ils voient le skate uniquement à travers le prisme sport, ce qui est une autre erreur classique. Et ils interdisent dans la ville. Donc on se retrouve, moi quand j'ai commencé le skate, au début 2000, il y a déjà les premiers panneaux d'interdiction, les premiers arrêtés, qui sont posés en 1999. Tu sais, sous les panneaux, tu as toujours les dates de pause ou d'arrêté. Et donc tu en retrouves qui datent de 1999. C'est le premier panneau interdisant le skate. Et puis forcément, à l'époque, c'est l'équipe d'Alain Juppé, déjà, qui se dit, on va développer une répression, on va mettre des amendes aux skaters pour qu'ils arrêtent leur skatepark. Et il n'y a aucune communication entre les skaters et la mairie. Et puis les années passent, les années passent. Et puis nous, en skater rebelle, j'ai envie de dire, on continue à skater, on part en courant quand il y a la police qui arrive. presque à l'époque on kiffe ça tu vois ça nous on a l'impression tu vois ce côté tribus communauté ça nous fait nous sentir encore plus appartenir à ça tu vois et Sauf que ça devient de pire en pire et puis c'est vrai que moi je pars pendant quelques années après parce que ben j'ai pas parlé de ça mais c'est vrai quand je suis allé à san francisco j'ai rencontré mon épouse avec qui je suis toujours avec qui on a une petite fille aujourd'hui et c'est vrai que Je me marie avec elle, on s'installe en Californie pendant plusieurs années, après on va vivre au Japon, etc. Et quand on revient s'installer à Bordeaux, il y a une scène qui me culbute, c'est que je vois à Péberland deux gamins de 13-14 ans, un samedi après-midi, qui font du skate au soleil, et les flics arrivent en Segway. Les gamins partent en courant parce qu'ils savent qu'ils risquent une prune et il y a un des gosses qui s'entrave et qui manque de passer sous le tramway. Et donc là je me dis c'est pas possible, vraiment c'est abuser ce qui se passe, on est des vrais acteurs de la ville, on kiffe notre ville, on communique sur Bordeaux constamment, on communique positivement sur la ville constamment, on produit des choses, on s'organise et puis le mec il nous défonce. Et puis aussi ce qui craint c'est que les amendes c'est quand même 135 balles Et c'est souvent des amendes qui seront distribuées à des gamins Ou à des jeunes, ou à des jeunes étudiants, ou à des gens qui n'ont pas d'argent tu vois Donc ça craint, et surtout il n'y a aucune communication Donc ça c'est le constat, et je t'avoue que je commençais à avoir un peu les boules de ça Il n'y a pas de panneau, tu vois, donc on commençait à avoir vraiment une espèce de chasse aux sorcières Voilà, et... Et puis, je suis contacté par France 3 Aquitaine, qui me propose d'aller parler de l'industrie du skate à Bordeaux. Parce qu'évidemment, il y a eu l'industrie du skate, il y a des skate shops, il y a des réseaux de distribution, il y a des marques, il y a des pros, il y a des assos, il y a tout ce qu'ils font. On a un vrai vivier, on a un vrai écosystème local qui est assez incroyable, qui s'est développé au fil de toutes ces années. Dans l'illégalité de la pratique urbaine, tu vois, on est censé faire uniquement du skate dans un skatepark, quoi. Et... Il m'invite sur le plateau pour parler de l'industrie du skate. À l'époque, je leur dis, non, je ne suis pas intéressé. Merci, au revoir. Puis, je réfléchis au truc. Je me dis, mais attends, c'est peut-être l'occasion de pousser un coup de gueule. Donc, je les rappelle. Je leur dis, si vous voulez, je viens sur votre plateau. Mais par contre, je vais casser du sucre sur le dos de la mairie en expliquant qu'on se prend des prunes. Et par contre, la ville, dès qu'ils peuvent, ils disent qu'ils sont une ville jeune, dynamique, qu'ils aiment les sports de glisse.
- Speaker #0
Parce qu'il y a toute une économie autour de ça. Il y a eu un... Il y a aussi une notion d'image, c'est-à-dire qu'à ce moment-là, Bordeaux était déjà perçu en France et aussi à l'étranger comme une vraie ville de skate. Il y a même une tour de tourisme, des personnes qui viennent justement que pour ça.
- Speaker #1
Il y a déjà du tourisme, nous avec notamment Magenta, on fait venir pas mal de monde à Bordeaux. C'est vrai qu'on s'est souvent posé la question de pourquoi le skate s'est autant développé localement. Mais clairement, la réponse, je pense, c'est que la ville se prête au skate. Les revêtements sont lisses, t'as du marbre, t'as de la pierre, il y a plein de spots partout. Et ça, c'est ça qui motive à faire du skate. En fait, les spots, si t'as des endroits pour te retrouver pour skater, ça fout la motif. Et donc, pour venir à France 3 Régions, je vais à France 3 Régions, je pousse mon coup de gueule. Et assez rapidement après, je suis contacté par les élus de l'époque. Qui me propose une rencontre ? Parce qu'évidemment, j'ai pas dit du bien. Donc, Paul, il se dit, oulala, ça craint pour notre image. On va essayer de trouver, d'organiser une première réunion. Les premières réunions sont hyper dures, donc on y va avec quelques représentants du skate de Bordeaux. Tu vois, le magasin Ariadne Skate Shop, Workshop, il y a Vivien de Magenta qui vient aussi. Aurélien Gauchrand qui travaillait à Darwin, qui nous aide, qui est un bon directeur de projet, qui nous aide à organiser un peu tout ça. Et puis les premières réunions sont hyper difficiles, on se fait à moitié insulté par des riverains. Les riverains c'est quasi que des propriétaires assez riches, des places de la ville, style Péberlan, Chapeau Rouge, etc. Et eux clairement, ils n'ont aucune solution. Ce qu'ils veulent c'est que le skate soit anéanti, qu'il n'y ait aucune solution. Ils proposent que les flics confisquent les boards, tu vois. Ah oui,
- Speaker #0
carrément. Et ce qui les gênait c'est quoi ?
- Speaker #1
Le bruit ? Ce qui les gênait principalement c'est le bruit. Ce qu'on peut comprendre aussi, et d'ailleurs c'est ce qu'on a fait, c'est qu'on a fait ce travail de se mettre à leur place et d'être honnête et dire oui le skate fait du bruit. Et c'est pour ça qu'il faut proposer des solutions, c'est pour ça qu'il faut apprendre à partager l'espace public en pemble. Et du coup c'est ce qu'on a fait, c'est ce qu'on a proposé lors des premières réunions, assez vite, même si je t'avoue que ça a été quand même une vraie réflexion. Moi perso j'y ai pas mal réfléchi. Parce que je me disais qu'en faisant ça, on allait institutionnaliser le skate dans un sens. Donc c'était quand même un vrai choix à faire que de partir dans cette direction-là. Mais, et je pense que c'est ça qu'on se soit posé la question, tu vois, mais en toute logique, vu les proportions que ça prenait, vu le fait qu'il y avait à peu près 1000 amendes par an qui étaient distribuées contre les skaters, vu le nombre de skaters en ville... et quand même le fait qu'il y avait des spots qu'on pouvait quasiment plus squatter parce que les flics arrivaient en deux secondes et ils nous mettaient des amendes c'est Goué en plus il y avait même une brigade roller à un moment ben voilà c'était quand même logique de réfléchir à des compromis et puis je discute avec un mec qui s'appelle David Boots à Montréal qui lui a instauré des horaires emménagés sur une place qui s'appelle Peace Park à Montréal Place de la Paix... où il a vachement travaillé notamment sur la question de l'addiction. C'est une place à Montréal où il y a vachement de drogués et où le skate a permis aussi de ramener de la vie, du positif sur cette place-là et où il se prenait des prunes pendant longtemps et où il a proposé des horaires emménagés pour que le skate se partage correctement et les autres usages de la place et carrément faire en sorte que le skate devienne un atout, quelque chose de positif pour cet espace-là. Donc, David, il me fait carrément une lettre. Il écrit une lettre pour expliquer ce qui s'est passé chez eux. Donc, on a un premier exemple de réussite. C'est validé par la ville là-bas, ça marche. Donc, on propose des horaires ménagers. À l'époque, les élus de Juppé, ils n'y croient pas du tout. À part une élue qui s'appelle Ariel Piazza, qui est l'élu au sport de l'époque. qui capte la dimension sociale, urbaine du skate et qui voit qu'il y a un intérêt là-dedans. Et du coup on fait une première expérimentation qui dure trois mois et nous en fait on communique sur ce truc-là auprès de la communauté skate, on leur dit voilà les gars si vous voulez que ça se passe mieux en ville pour nous, respectons les horaires emménagés sur la place Péberland, sur le cours du Chapeau Rouge, sur les quelques sites qui étaient problématiques. Et on n'est pas non plus très gourmand, tu vois, on propose certaines après-midi où on a le droit d'aller skater sans se prendre d'amende.
- Speaker #0
C'était quoi le deal en termes de skate ? C'était,
- Speaker #1
tu vois, Péberlan, Chapeau Rouge qui étaient vraiment les deux spots qui étaient importants sur lesquels on voulait skater et on se prenait des amendes quasiment instantanément. C'était mercredi et samedi toute la journée où on avait le droit de skater, tu vois. Mais dans les faits, quand tu t'es pris des amendes et que tu... que tu skates sur ces spots en regardant par-dessus ton épaule ou avec un pote qui fait le guetteur, tu vois, depuis des années. Tu te retrouves avec deux aprèmes par semaine où tu peux aller skater sans avoir à stresser. En fait, c'est cool, tu vois. Donc voilà, on installe ce truc-là. Et au final, en parallèle, hyper cool, on a Arc en Rêve, le centre d'architecture qui est hébergé par le CAPC, qui organise une expo sur le skate et sur la dimension urbaine du skate. Donc l'expo devient le record d'affluence pour Arc en Rêve, je crois que c'était en 2017. Donc ils hallucinent, tu vois, ils ont un nouveau public qui vient au musée, des jeunes, des moins jeunes, des skaters, etc. Et ça tombe pile avec la démarche de médiation. Et on se retrouve avec les équipes de la ville qui me proposent de débattre face à Alain Juppé, lors d'un débat public, à l'issue de cette expo, tu vois.
- Speaker #0
Et l'expérimentation, ça faisait combien de temps qu'elle était déjà là ?
- Speaker #1
Je dirais que ça faisait... Là, on était dans les trois mois. Il fallait la valider, en gros. Donc, je me retrouve face à Juppé. Je t'avoue, je prépare mon truc quand même pas mal. C'est un peu stressant. Et Juppé, c'est une vraie figure d'autorité, tu vois. Tu sais que tu ne vas pas lui faire à l'envers non plus. Et on se retrouve devant une assemblée de riverains qui n'aiment pas le skate, de skaters. qui défendent leur biftec. On l'a aussi pour dire, les gars, on existe, on veut notre place en ville. Mais c'est positif qu'il dit, le skate est une pratique urbaine, jeune, sociale, culturelle, et c'est pas que du sport, tu vois. Donc ça, ça joue en notre faveur et moi je t'avoue que j'hallucinais un petit peu sur Juppé, le mec il a un petit calepin, il prend des notes et il fait ses équations et à chaque fois qu'il répond, qu'il fait une réponse à quelqu'un, il te sort une réponse impartiale et tout le monde fait bouuuuh tu vois. Et à la fin du débat, il se lève, il dit vive le skate et il dit je me suis trompé en gros, il faut qu'on partage la ville avec la pratique du skate. Et on va vous faire travailler à une étude sur le développement du skate dans l'urbanisme. Voilà, donc ça c'est une grosse étape de franchie. Et c'est ce qui vraiment vient sceller le début de la validation déjà de la médiation, du partage de la ville avec le skate. Donc le skate rentre officiellement, trouve sa place officielle dans la vie de la cité. Et en même temps, il y a cette question d'urbanisme, de comment on intègre, comment on développe le skate dans le développement urbain de la ville.
- Speaker #0
C'est justement ça la question, comment on rend une ville skateable ?
- Speaker #1
On a l'exemple de ce qui se passe en Scandinavie avec des villes comme Copenhague, comme Malmö en Suède, qui ont déjà cette approche depuis quelques années, qui sont connues pour leur haute qualité de vie, qui sont connues pour développer par exemple le vélo, réduire la voiture. et qui intègre le skate dans des projets urbains qu'ils font, dans des places, ils font des petits spots, etc. Et ça marche bien. Donc on se renseigne là-dessus et on s'organise un petit peu avec l'assaut de skate, l'assaut Bordeaux, et puis avec Arnaud De Dieu, qui débarque de Paris, qui vient s'installer à Bordeaux, et qui commence à réfléchir à la question, à comment on peut formaliser, organiser tout ça. Et du coup, je me lance avec Arnaud De Dieu sur le fait de faire du conseil auprès de la ville pour les accompagner sur les emménagements à venir. En plus, on est dans une période où il y a plein de projets urbains vers 2016, 2017, 2018, 2019. Il y a plein de projets en cours. Et du coup, on travaille sur un schéma directeur pour Bordeaux Métropole avec les services de la métropole. Et donc, en gros, pendant six mois, on rencontre... plein de chefs de projet, de services différents en charge. Donc on découvre par exemple que la ville, c'est un gruyère, elle est séparée en plein de petits périmètres qui sont à chaque fois appartiennent à tel ou tel service, telle zone ça appartient aux espaces verts, telle zone c'est au correct territoire. Donc tu découvres tout ça, c'est intéressant. Tu te rencontres aussi qu'une mairie, c'est vraiment, c'est comme une société en fait, il y a plein de services différents. Des fois ils ne communiquent pas du tout entre eux, des fois carrément ils ne s'aiment pas, il y en a qui ont des visions hyper... opposés, tu vois, il y en a qui restent, qui sont vachement progressistes, d'autres qui sont vraiment frileux à développer des projets voilà et pour ne citer personne et et donc on fait ce schéma directeur et donc le schéma directeur en gros c'est c'est un document de route pour les prochaines années qui fait un état des lieux de SkateSkate à Bordeaux qui insiste sur le fait que la médiation c'est vraiment le socle de tout ça et que mettre des amendes à des skateurs c'est contre-productif installer du mobilier des anti-skate tout comme du mobilier anti-SDF ça envoie un message négatif et c'est contre-productif c'est pas bien, il ne faut pas le faire et par contre il y a plein de projets urbains qui pourraient clairement jouir de la présence du skate que ce soit d'un point de vue dynamisme d'un point de vue sécurité naturelle parce que quand tu mets des gens qui jouent dans la ville en fait c'est une forme de sécurité naturelle D'un point de vue image voilà il y a plein d'aspects et en fait je me rends compte que avec notre sujet du skate on vient cocher plein de cases de plein de cases politiques que ce soit voilà on parle de mobilité on parle de culture on parle de sport on parle de social de cohésion de mixité de tourisme Et en fait, ça devient super intéressant.
- Speaker #0
On parle de 35 000 pratiquants de skate à Bordeaux. Je ne sais pas si ce chiffre est très précis. Comment on fait cohabiter les différentes manières de pratiquer le skate, justement avec autant de pratiquants ?
- Speaker #1
Ce chiffre, évidemment, c'est une fourchette. Mais ce qui est sûr, c'est que tu as vraiment des dizaines de milliers de pratiquants sur la métropole, sur le territoire de la métropole. Comment on fait cohabiter les différentes pratiques ? Je pense que déjà, c'est en comprenant l'essence de la pratique du skate, qui est le skate urbain, la rue. Ça, c'est le socle, c'est la base du truc. Et à partir de là, tu peux déployer, évidemment, développer des infrastructures sportives, qui sont des skateparks, qui sont vraiment des lieux d'apprentissage, de perfectionnement, et aussi des lieux culturels, socio-culturels, qui sont importants. Tu peux aussi développer la compétition pour ceux qui veulent faire de la compétition. Mais je pense que voilà, le fait que la ville comprenne et développe l'essence de cette pratique-là, c'est en passant par le côté urbain, le côté rue. Et en fait, je me suis rendu compte que c'était vraiment important, et je pense que c'est le cas sur plein de sujets différents. Mais quand tu peux prendre des décisions publiques, c'est important de revenir à la réalité du terrain, à la réalité des pratiques, et à vraiment comprendre comment les gens pratiquent réellement. telle ou telle activité. J'ai vu dans ce parcours ces dernières années que tu avais plein de manières de travailler politiquement ces sujets-là et que tu as des gens qui fantasment sur les pratiques, qui imaginent des choses et puis tu en as d'autres. J'ai vu des élus, des vrais élus de terrain qui vont sur le terrain, qui vont sur les spots quand on parle de skate, qui vont sur les spots regarder comment ça se passe. Est-ce que ça fait réellement tant de bruit que ça ? Est-ce que c'est dangereux, vraiment ? Est-ce qu'il y a des accidents ? Parce que nous, on nous a beaucoup reproché ça. Au début, on nous disait Ah, le skate est très dangereux On était là, donnez-nous les chiffres. Donc, on est allé voir les services de police municipale, on a demandé les stats sur les accidents. Et il n'y avait quasiment rien. C'était dérisoire comparé au vélo ou à la voiture. Alors qu'il y avait cet a priori que le skate était très dangereux. Donc, je pense que c'est important, cette notion de réalité, tu vois, d'être réaliste par rapport à la pratique.
- Speaker #0
Tu parlais tout à l'heure, justement, d'espace. qui peuvent être dédiées, comme à Bordeaux, un grand skatepark qui a été fait, avec un design qui est complètement différent. Tu as participé à ce design, ou tu as juste donné des conseils, ou pas du tout ?
- Speaker #1
Je n'ai pas participé, parce que je t'avoue que j'étais déjà bien occupé avec tous les projets urbains qu'on a développés. Perso, je trouve que, pour vraiment donner mon avis perso, je pense qu'avec le budget qui a été mis sur le skatepark des Chartrons, il y avait mieux à faire, c'est-à-dire faire plusieurs skateparks disséminés dans la ville. sur les différents quartiers de la ville, plutôt que de tout concentrer au Chartron. Parce qu'il y a du skate partout, parce qu'il y a plein de jeunes qui ne peuvent pas, à la sortie des cours, s'ils habitent à Saint-Augustin ou à Saint-Jeunesse ou je ne sais pas où, aller pratiquer au skate par des Chartrons, tu vois. Donc ça méritait d'avoir, à mon avis, une réflexion plus globale que de tout centraliser. Mais voilà, il y a eu en effet ce skatepark qui est nécessaire, et c'est très bien qu'il y ait un skatepark, un grand skatepark à Bordeaux. Et à côté de ça, à la suite du schéma directeur dont je te parlais, ce qu'on a fait, c'est qu'on a requalifié aussi des espaces publics de la ville. On a notamment un projet symbolique qui nous a vraiment pris à cœur, ça a été de requalifier la terrasse Cunning, qui est la fameuse terrasse dont je te parlais tout à l'heure, où le skate est né dans les années 70. qui avait été anti-skater dans les années 90 avec des stris dans le sol avec des dalles qui étaient enlevées etc aujourd'hui on a pu réaliser une prestat d'assistance à la maîtrise d'ouvrage ça s'appelle de conseil en travaux publics pour requalifier cet espace en skatable sans que ça devienne un terrain barriéré, un terrain fermé mais en faisant en sorte que ça redevienne un lieu cool pour faire du skate mais aussi que ça redevienne un lieu de vie Et ça a marché parce qu'aujourd'hui, on a requalifié ce spot avec peu de moyens parce que c'était des travaux assez légers. C'est juste une réflexion sur la skateabilité des jardinières, le sol, les prises d'élan, les réceptions, où est-ce que les gens vont chiller sur le spot, etc. Et aujourd'hui, c'est un lieu qui revit où on a évidemment le skate à ramener plein d'autres activités. Tu as des gens qui viennent faire de la danse, tu as des gens qui viennent pique-niquer. Donc c'est redevenu un lieu de vie. On a aussi travaillé... Un autre projet ça a été d'installer des bancs skateables. On a bossé avec Bordeaux Métropole sur l'installation de bancs skateables sur plusieurs sites de la ville. Ça c'était intéressant aussi parce que ça c'est un truc qui est... tu peux venir installer des bancs, on leur a fait acheter des bancs en granit à la bonne dimension, les bons matériaux, le bon chanfrein etc. Donc on les a conseillés là dessus et on vient les installer sur des places. Si ça marche, super, si ça marche pas, c'est un projet qui est réversible, on peut les enlever, c'est pas grave. Et... 90% du temps ça a fonctionné et ça se passe bien et les bancs ils sont toujours là aujourd'hui tu vois on les a installés en 2020 je crois donc voilà on a bossé à des projets vraiment urbains complémentaires avec le fait qu'il y ait aussi des skateparks.
- Speaker #0
La dernière fois qu'on s'est vu il y avait ce projet de Bordeaux justement d'enlever les derniers panneaux anti-skate, tu disais que ça a mis à peu près 7 ans pour rendre le skate totalement légal sur Bordeaux déjà félicitations pour ces résultats qui sont vraiment tangibles où ça en est aujourd'hui, entre les riverains, entre la ville, entre les skaters ? Qu'est-ce qu'il reste à faire, selon toi ?
- Speaker #1
C'est vrai que c'était ma volonté depuis le début, depuis 2016-2017, quand on a proposé ces premières horaires aménagées. Le but c'était vraiment de légaliser le skate à Bordeaux et plutôt d'être sur une politique de médiation et de communication pour que ça se passe bien, plutôt que de dire interdit, autorisé. Donc clairement les horaires aménagés qu'on a installés à l'époque, c'était un premier step. Aujourd'hui... Le fait de ce qu'on a fait, on a travaillé avec la nouvelle équipe municipale, c'est vrai qu'il y a eu aussi un changement de maire et d'élu qui a pas forcément été hyper simple à gérer au début mais qui au final s'est bien passé parce qu'ils ont compris que c'était avant tout un projet citoyen et que ça correspondait encore une fois à une réalité de pratique et une réalité de terrain. Et on a travaillé notamment avec les élus, avec Mathieu Azouar qui est élu au sport et notamment en particulier avec Amine Smi. à qui je rends hommage aujourd'hui car il est décédé hier. Très triste d'avoir appris cette nouvelle. Et on lui doit beaucoup parce que c'est grâce en grande partie à Aminsmi qu'on a pu réellement légaliser le skate à Bordeaux. C'était un vrai élu de terrain qui a supporté ce projet politiquement. Et ce qu'il a fait, c'est qu'il nous a fait étudier... Vraiment la question en profondeur et on est allé jusqu'au bout de la démarche avec lui, à savoir totalement légaliser le skate à Bordeaux. Donc on n'a plus aucun arrêté interdisant le skate sur aucun espace public de Bordeaux. Et on a remplacé ces arrêtés par un guide et par une signalétique bienveillante à destination de tous qui communique sur le fait que le skate fait partie de la ville, sur des recommandations d'usage qui sont plutôt du bon sens. pour les skaters, nettoyer les spots quand vous partez, certains endroits t'as à 20h essayer d'aller plutôt ailleurs parce qu'il y a des riverains c'est plutôt du bon sens mais on est plus du tout dans des interdictions et je pense que ça c'est vraiment intéressant parce que d'un point de vue sociologique les gens qui n'aimaient pas le skate, le fait de le remettre officiellement au coeur de la vie de la ville, ça change leur vision clairement, ils voient plus la chose pareil Et les skaters, on était plutôt dans une pratique rebelle, à pratiquer quasiment en rébellion. Là, en fait, on est plus cool. Quand tu es un gosse de 15 ans, que tu es en construction identitaire, que tu as un panneau interdit au skate au-dessus de la tête, tu as envie de faire n'importe quoi. Et quand on te dit, c'est cool, fais du skate, on valorise ce que tu fais, c'est bien. Mais juste, voilà, ici, on te fait des recommandations pour que ça se passe bien, pour toi et aussi pour tous les autres. pour les gens de ta communauté, ça change complètement la donne en fait. Donc aujourd'hui ça se passe bien, évidemment on n'aura jamais l'intégralité des Bordelais, on a toujours des gens qui n'aiment pas le skate, évidemment on se fait toujours virer de certains spots, c'est normal, mais en tout cas, officiellement, il n'y a plus aucun espace public qui est interdit à Bordeaux, et j'ai envie de dire qu'on vient de loin, parce qu'il y a 10 ans, il y en avait une trentaine qui était interdite. Donc pour nous c'est vraiment une... une victoire d'avoir légalisé le skate à Bordeaux Est-ce que cette réussite est-ce qu'elle rayonne au-delà de
- Speaker #0
Bordeaux, de la France, à l'étranger est-ce que tu as des échos justement de villes qui s'inspirent de ce qui a été fait ici est-ce que c'est une sorte de démarche qui se multiplie un petit peu ailleurs ou est-ce que c'est vraiment une spécificité de Bordeaux ou de quelques villes que tu as citées avant ?
- Speaker #1
Alors ouais en effet ce qui est génial aujourd'hui de voir c'est que ça inspire plein d'autres villes plein d'autres pays. Ça inspire des communautés de skaters, ça inspire des architectes, ça inspire des décideurs, des collectivités, des élus, des services techniques de ville. Je suis constamment contacté sur le sujet. Ça inspire aussi beaucoup d'étudiants et de chercheurs qui travaillent sur la démarche, sur comment ça s'est passé, comment est-ce que... Au final, on a réussi à travailler collectivement en prenant en compte un peu toutes les visions pour construire quelque chose qui fonctionne. Je suis très heureux aujourd'hui d'être d'ailleurs invité dans différentes villes, souvent dans des festivals d'architecture. Pour parler de la démarche, récemment j'étais au Japon justement pour inviter par... les architectes de Niken, qui est le second plus gros bureau d'architecture du monde, qui veulent développer le skate-urbanisme au Japon. Il faut savoir qu'au Japon, je parlais des problématiques, des hors-sujets que peuvent faire certaines mairies, mais au Japon, il y a eu les Jeux Olympiques, les premiers Jeux Olympiques de skate au Japon, il y a deux ans, ou trois ans. Et en tout cas...
- Speaker #0
Parce que le Covid, on ne sait plus.
- Speaker #1
On ne sait plus de quoi est le Covid, les années sont mélangées. Mais en tout cas, ce qui s'est passé, c'est que le gouvernement a investi sur des skate-parks, ils ont construit des skate-parks. des skateparks en lien avec les JO. Et en parallèle de ça, ils ont interdit le skate un peu partout dans Tokyo. Donc les skateurs qui sont, en plus, les skateurs japonais, ils sont ultra organisés, ultra respectueux. Aujourd'hui, ils se font défoncer. Ils se prennent des amendes. Parce qu'on a uniquement présenté le skate à travers le prisme sport. Et du coup, ça donne ce genre de choses-là. Donc tu vois, il y a vraiment... constamment besoin de communiquer sur le sujet. Et ouais, aujourd'hui, je suis quand même assez heureux quand on parle du modèle bordelais, tu vois, c'est sympa. Après, ce que je pense, c'est qu'il n'y a pas de copier-coller à faire, et que ce qu'on a mis en place à Bordeaux, on peut le développer ailleurs, mais ça prendra à chaque fois une forme différente en fonction du contexte. En fonction du contexte politique, architectural. Et en fonction aussi de la scène skate, de comment elle est organisée, de à quel point ils sont soudés entre eux. Et c'est ça qui est intéressant aussi. C'est que du coup, la démarche, elle est assez infinie et qu'elle peut prendre plein de formes différentes. En tout cas, aujourd'hui, j'ai vraiment... Parce que j'essaye du coup d'accompagner les skaters et les assos d'autres villes pour développer ça. Parce que ça me tient à cœur, évidemment. Mais j'ai vraiment défini trois axes de développement autour de cette... démarches d'intégration du skate à la ville. La première, pour moi, c'est le socle de tout ça, c'est la médiation, c'est l'autorisation, la légalisation du skate. Pourquoi ? Parce que déjà, je pense que si on crée un spot de skate quelque part pour valider le fait qu'un autre soit interdit, c'est hypocrite. Donc la base, c'est de communiquer positivement et de trouver des compromis pour que ça se passe bien partout. La deuxième phase, c'est des projets culturels pour replacer le skate à travers le prisme culture, art et culture. Parce que je pense que c'est vraiment important de dire que oui, c'est une activité physique, oui, c'est un sport, mais c'est aussi une culture. Et ça l'est réellement. Et le troisième axe, c'est l'intégration à l'urbanisme, c'est-à-dire améliorer l'espace public, améliorer l'urbain, lorsque c'est possible, lorsque c'est bienvenu. pour que le skate devienne un atout aux espaces publics.
- Speaker #0
Du coup, c'est quoi la suite pour toi, à la fois en tant que pro-skater, que vidéaste et que skate architecte ?
- Speaker #1
Continuer à mélanger tout ça. C'est vrai que je pense que tous ces projets-là, ils se nourrissent vachement. À chaque fois que je fais un projet d'urbanisme skateable, on produit des vidéos de skate. Là, on a produit une vidéo, tu parlais du projet Contact, les sculptures sur le miroir d'eau. On a produit une vidéo de skate à la VX1000, comme au début des années 2010. sur ce spot et en fait c'est continuer à voilà à mélanger tout ça à communiquer sur qu'est ce que c'est le skate à préserver cette culture qu'on kiffe vraiment qu'on a dans le sang tu vois et puis j'espère pouvoir continuer d'inspirer et puis continuer de Développer des projets localement à bordeaux évidemment on va continuer de faire des choses à bordeaux et je pense pas avec le
- Speaker #0
Je pense que ce dont je suis le plus fier, c'est d'être resté moi-même. D'être resté moi-même et d'avoir pu m'adapter en fonction de l'évolution du truc et des différents contextes. Ce n'était pas toujours gagné.
- Speaker #1
Tu as beaucoup apporté au skate, peut-être beaucoup rendu. Selon toi, qu'est-ce que le skate t'a apporté ?
- Speaker #0
Tout. Ça m'a apporté une ouverture, ça m'a permis de voyager, ça m'a fait rencontrer ma femme, ça m'a fait devenir papa, ça m'a fait créer des liens d'amitié qui seront là pour toujours. Et puis ça m'a aussi professionnalisé. Je pense qu'il y a beaucoup à apprendre du skate, c'est un super outil d'ouverture. Et c'est marrant de repenser au fait que c'est juste un bout de bois, tu vois, avec des roues, et qu'au final, juste avec cet outil, déjà tu peux parler une langue, et puis tu peux développer des choses, et puis tu peux trouver ta personnalité.
- Speaker #1
Question signature de ce podcast, quel est le pire conseil qu'on t'ait donné ?
- Speaker #0
Putain, j'en ai eu des conseils pourris. Baf ! quand Magenta s'est créé, on m'a écrit pour me dire de surtout pas suivre Magenta. Quand j'ai voulu proposer les horaires emménagés, on m'a dit qu'il faut surtout proposer la médiation à Bordeaux en vue de légaliser le skate. On m'a dit de surtout pas faire ça, que j'allais me faire bouffer par les politiques, etc. Donc oui, tu as toujours quelqu'un qui a trop envie que tu grandisses, que tu développes ce en quoi tu crois. C'est pour ça qu'il faut y croire et il faut écouter son cœur.
- Speaker #1
Toi, celui que tu donnes le plus souvent ?
- Speaker #0
De penser par soi-même. De penser par soi-même et d'arriver à faire la part des choses sur ce qu'on a envie qu'on pense, sur la manière dont on a envie qu'on consomme et de le faire soi-même en fonction de sa personnalité, en fonction de son identité. Et de se rappeler qui on est, tout en prenant de l'influence et de l'inspiration ailleurs. Je pense que le mix, comment faire une bonne sauce personnelle, c'est en toujours se rappelant qui on est, d'où on vient, et en même temps, s'inspirer de ce qui nous fait kiffer ailleurs.
- Speaker #1
Merci beaucoup pour cette heure passée ensemble à parler de ta vie, du skate, de Bordeaux. Est-ce que tu as une actualité ? Est-ce que tu as des choses sur lesquelles tu veux qu'on clique ? Où est-ce qu'on peut retrouver ton travail ?
- Speaker #0
Vous pouvez me trouver sur Instagram à leovalsconnected, vous pouvez regarder les vidéos, notamment les vidéos magenta sur le YouTube de Magenta ou sur le site magentaskateboards.com. Vous pouvez trouver pas mal de photos que je fais sur le site de David Manot, qui est probablement mon photographe de skate préféré avec qui je préfère travailler aujourd'hui.
- Speaker #1
L'insaisissable David Manot, bientôt sur le podcast.
- Speaker #0
Qu'est-ce que je peux faire d'autre comme promo de ouf là ? Ah oui, vous pouvez faire du yoga avec moi et mon épouse sur Namaskate. Il y a une page, on s'intéresse aussi à ça, à la santé, à la longevité dans le skate. Donc, ma nana qui est prof de yoga, on a décidé ensemble de développer des cours et une formation autour du yoga et de la santé dans le skate. Je pense que c'est à peu près tout. Et après, je veux vraiment rendre hommage et dire un grand merci à Amine Smi, qui nous a beaucoup touchés et j'aimerais vraiment que les... Voilà, au moins que la communauté skate bordelaise se souvienne de lui et prenne conscience de ce qu'il a fait. Et que les projets qu'on peut développer à Bordeaux, c'est très bien, mais on ne les fait pas tout seul. Et si on n'a pas des décideurs, des élus, des personnes à la ville qui nous suivent et qui sont prêts à s'engager avec nous, ça ne peut pas se passer. Donc je veux vraiment rendre hommage à Amine, j'ai beaucoup appris avec lui, et je suis très triste aujourd'hui d'apprendre son départ prématuré. Et voilà, je voulais juste lui rendre hommage.
- Speaker #1
Merci beaucoup pour ces mots, à bientôt.
- Speaker #0
A bientôt, merci.
- Speaker #2
Pour conclure cet épisode qui a été enregistré il y a quelques mois, un petit mot sur l'actualité toute fraîche de Léo avec le Festival Connect. Un nouvel événement international dédié à la culture scape, à son lien avec l'urbanisme, et à son évolution artistique. Ce festival se tiendra du 17 au 20 octobre à Bordeaux et propose un programme riche. Exposition, conférences, ateliers et bien plus. Co-organisé par Léo Valls et les acteurs locaux, cet événement promet de faire de Bordeaux un hub pour la culture skate mondiale.