Speaker #1On va parler d'un film sorti en 2024 que j'ai eu la chance de voir dans une salle de cinéma. Et croyez-moi, ça en valait la peine car l'image était sublime. Ce film, c'est En attendant la nuit, réalisé par Céline Rousset, qui est un mélange de cinéma fantastique avec du sang, mais sans être un film d'horreur, et un peu un teen movie. Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'aimerais d'abord vous planter le décor. Le générique de début et de fin m'a forcément rappelé Greg Araki, avec une bande-son très rock qui vous plonge direct dans l'ambiance, et des titres très gros et colorés. J'ai tout de suite accroché. Le film dispose d'un casting vraiment intéressant. Elodie Boucher et Jean-Charles Cliché, qu'on a déjà vu dans la série OVNI et dans beaucoup d'autres films, forment ici un couple de parents à l'écran. Leur fils, Philemon, est interprété par Mathias Legault-Hamon, une véritable révélation dont on reparlera. Il est juste touchant, habité par ce rôle d'adolescent tiraillé entre sa différence et son désir d'être comme les autres, de s'intégrer. Dès le début du film, on comprend que Philemon n'est pas un adolescent comme les autres. Dès sa naissance, ses parents découvrent qu'il ne peut se nourrir que de sang. Mais en attendant la nuit, ne fait pas de lui un vampire, au sens classique du terme. Au contraire, tout est présenté comme une pathologie rare, une sorte de maladie qu'il faut gérer au quotidien. Sa mère, infirmière, se fait embaucher dans un centre de dons du sang, afin de subtiliser discrètement des poches de sang pour son fils. Mais ce fragile équilibre est constamment menacé, et la famille vit dans une forme de clandestinité permanente. déménageant de ville en ville, vivant dans des maisons où la lumière n'entre pas, et attirant forcément les rumeurs et les doutes du voisinage. Ce n'est jamais clairement dit, mais on devine qu'à chaque fois qu'ils sont découverts, la famille déménage. Ce qui rend cette approche si intéressante, c'est qu'en refusant de nommer Philemon comme un vampire, le film évite tous les clichés, et toute comparaison avec les sagas de vampires adolescents qu'on a pu voir ces dernières années. Je pense que je n'ai pas besoin de vous citer les noms. Ici, la différence de Philemon... est une métaphore de l'altérité, du handicap invisible, de ces réalités qu'on cache pour essayer de se fondre dans la norme. Et en même temps, dans le choix des vêtements, des goûts de Philemon, il a tout d'un ado de son âge. L'action du film se déroule dans les années 90. Il y a une scène particulièrement marquante qui se passe dans un vidéoclub. Ah, la nostalgie de ces endroits où les gens pouvaient parler des films et se rencontrer en vrai. C'est un mélange IRL, des réseaux sociaux et des plateformes de streaming. Mais malgré ce retour dans le temps, les dialogues, les interactions, les problèmes sont très actuels. L'histoire pourrait totalement se dérouler aujourd'hui. La mise en scène est superbe, la lumière souvent tamisée renforce cette idée d'un monde entre deux, un monde où Philemon ne peut jamais être pleinement exposé. La dynamique familiale est incroyablement bien rendue, chaque parent soutient son fils à sa manière, la mère est un peu plus pragmatique et cherche des solutions concrètes, le père plus dans la protection ou l'acceptation. On sent aussi parfois la peur chez ses parents. qui voient leur fils grandir et qui, parfois, ont du mal à le reconnaître, comme tous les adolescents, en fait. Sauf que lui, il pourrait presque devenir dangereux. Et on sent cette peur omniprésente et palpable dans la tête des parents. Et puis, il y a sa petite sœur. Un personnage génial, une actrice impressionnante, qui apporte beaucoup de fraîcheur et d'humour au film. C'est un point important. En attendant, la nuit n'est pas un film pesant. Il y a de l'émotion, du drame, mais aussi de la légèreté. L'humour, notamment à travers la relation entre Philemon et sa sœur, ou ses déboires d'adolescent, allègent le récit et renforcent cette idée d'une famille profondément unie, malgré les épreuves. Donc, plus qu'un film fantastique, En attendant la nuit, pour moi, parle avant tout de l'adolescence. De ce moment où l'on se sent différent, où l'on aimerait être comme les autres, alors qu'on se sent étranger à son propre corps. C'est ce que Mathias Legault a montré à merveille à travers son jeu. Il incarne un adolescent en quête de normalité, et il est un homme qui a été élu par son père, en 1936, qui est aussi entre frustration, résignation et espoir, et qui connaît ses premiers émois amoureux. Parce que, qu'on se le dise, un film d'adolescent sans histoire d'amour impossible, ce n'est pas un vrai film d'adolescent. Et c'est peut-être là la plus grande force du film. Il utilise le genre pour raconter quelque chose d'universel. Ce n'est pas un film d'horreur, pas vraiment un drame, ni un simple teen movie. C'est une oeuvre qui navigue entre les genres, entre les références, et qui nous touche par sa sincérité. En attendant la nuit, c'était vraiment une belle surprise pour moi. Une oeuvre intrigante, touchante, et qui mérite vraiment d'être vue sur grand écran. C'est aussi un film qui prouve, encore une fois, que le cinéma de genre français est en train de prendre une nouvelle direction. avec des réalisatrices comme Céline Rousset qui apportent un regard neuf et personnel sur ces récits. Si vous avez vu le film, dites-moi ce que vous en avez pensé et si vous avez été aussi touché par cette histoire. En attendant vos retours, je vous dis à très bientôt pour un prochain épisode. Voilà,