Speaker #1Et tu peux simplement t'inscrire à la newsletter grâce aux liens en description de ce podcast. Très bonne écoute et très bon visionnage de films et de séries Cette semaine, je vous emmène à la découverte d'un cinéma très français, avec le film Je ne me laisserai plus faire dernier projet de Gustave Carverne. Si son nom ne vous est pas inconnu, c'est que vous connaissez bien la culture française. Carverne, c'est un artiste multifacette, acteur, scénariste, réalisateur, et une véritable figure de la culture française contemporaine. Il a su se tailler une place unique dans le paysage cinématographique en explorant des thématiques profondes et souvent négligées, mettant en scène les oubliés, les laissés pour compte, les luttes silencieuses du quotidien. Depuis ses débuts, notamment avec le projet du Groland et aux côtés de Benoît Délépine, il n'a cessé de donner une voix à ceux qu'on n'écoute jamais. Et dans ce film, disponible directement sur Arte, il s'attaque à une question universelle, la vengeance. Non sans humour et nuances, mais il nous force à nous poser quelques questions. Qu'est-ce qu'on ferait si on pouvait faire payer à ceux qui nous ont fait du mal ? Jusqu'où irait-on ? Et surtout, à quel prix ? Est-ce que ce serait vraiment libérateur ? Il nous ouvre donc des portes de pensée philosophique à travers ce revenge movie des oubliés. Dans Je ne me laisserai plus faire, on retrouve Violande Moreau qui incarne Émilie, une femme brisée à l'air tendre, comme si rien ne lui faisait plus ni chaud ni froid, mais avec des valeurs et une mission. Après avoir perdu son fils, Émilie n'a plus rien à perdre. Ce vide laissé par son fils agit comme un déclencheur et la pousse à affronter son passé et les figures qui, d'une manière ou d'une autre, ont impacté sa vie de manière négative. Et elle décide. de leur rendre visite. Elle a sa petite liste, à la manière de Arya Stark, dédicace aux fans de Game of Thrones. Sa petite liste de têtes à faire tomber. Elle ne cherche pas vraiment à les blesser physiquement, mais surtout elle veut leur faire comprendre, ressentir physiquement l'impact de leurs actions. Alors elle rend visite à cet ancien camarade de classe grossier, et qui ne comprend pas comment une petite agression au collège a pu laisser un souvenir. si terrible, et à l'employeur sans cœur qui l'a renvoyée quand elle est tombée enceinte. Et cette revanche d'Emily fonctionne aussi sur nous comme une libération. On ne peut pas s'empêcher de penser à tous ces gens qui ont laissé une trace sur nos vies. Au fil de son périple, elle croise le personnage de Laure Calami, Linda, une femme de ménage qui n'a pas non plus eu une vie des plus faciles. Elle vit avec un homme violent, elle enchaîne les petits boulots avec des patrons ingrats. Mais Linda va se lier d'amitié avec Emily, qu'elle a rencontrée dans l'EHPAD où elle séjournait avant la mort de son fils, et dans lequel Linda fait le ménage. Linda va entrer dans son jeu car elle comprend les motivations d'Emily et trouve dans cette alliance une libération. Ensemble, elles forment un tandem imprévu et touchant, décidés à reprendre le contrôle de leurs existences. Leur quête commune n'est pas seulement une histoire de vengeance. C'est aussi, et surtout, une recherche de dignité. Un cri silencieux pour dire qu'on existe. Le film se distingue par son équilibre subtil entre gravité et légèreté. Si le thème de la vengeance aurait pu sombrer dans un déluge de violence, Gustave Caverne choisit une approche différente, presque poétique. Les actes de revanche passent par des confrontations psychologiques, des échanges de regards ou encore des mots cinglants, mais justes, Tous ces mots qu'on ne dira jamais. La peur, l'humiliation, la confrontation et l'introspection deviennent des outils plus puissants que la force ou la violence physique. Côté casting, Gustave Carverne s'entoure d'une troupe d'acteurs impressionnantes. Yolande Moreau, magistrale, donne au personnage d'Emilie une vraie profondeur. Laure Calami, quant à elle, livre une prestation poignante et ce duo fonctionne à merveille. J'ai presque envie de remercier Gustave Carverne de nous avoir offert la possibilité de voir jouer ensemble ces deux grandes actrices. Mais le film brille aussi par ses seconds rôles. Raphaël Quenard et Anna Mouglalis incarnent un duo de policiers désordonnés, pataux mais attachants. Et puis on retrouve aussi Alison Wheeler, au top de sa forme et de son talent. Hilarante dans le rôle de la directrice de l'EHPAD, elle ajoute une touche d'humour noir à mourir de rire. C'est drôle parce que c'est tellement ridicule et en même temps pas si loin de la réalité. Et même si ce n'est pas le sujet principal du film, On ne manquera pas de remarquer la justesse et l'ironie dans ces scènes qui ont lieu dans cet EHPAD. Mention spéciale aux dialogues. Ils sont drôles, incisifs, importants et justes. Chaque phrase semble pesée, chaque silence raconte une histoire. Et c'est là toute la force de Carverne, mêlée des scènes tragicomiques à une réflexion sociale et philosophique. Regardez, je ne me laisserai plus faire, c'est souffrir une expérience cathartique, vraiment. Une plongée dans les méandres des relations humaines. dans les non-dits qui nous hantent et les blessures que le temps ne parvient pas à refermer. Est-ce que la vengeance les refermera vraiment, ces blessures ? C'est aussi une réflexion sur le pardon, finalement. Vaut-il mieux se venger ou apprendre à laisser le passé derrière soi, laisser faire la justice ? Kervern ne nous donne pas de réponse tranchée, mais il nous pousse à réfléchir, à interroger nos propres limites et l'impact de nos propres traumatismes. Disponible sur arte.tv, ce film est une véritable p... pépites que je vous recommande chaudement. Entre rire et larmes, il vous fera passer par une palette d'émotions et vous fera peut-être voir les choses sous un autre angle.