- Speaker #0
Bon, comment vas-tu déjà ?
- Speaker #1
Ăa va super, et toi ?
- Speaker #0
Ăa va, ça va. Tu ne te perturbes pas trop dans ton organisation ?
- Speaker #1
Non, pas du tout.
- Speaker #0
Tu ne savais pas trop, du coup, oĂč est-ce que tu en Ă©tais en ce moment ?
- Speaker #1
Là , je suis en train de faire le Q&A, donc ça va. Ok, c'est tranquille.
- Speaker #0
Bon, écoute, on se donne une petite heure d'enregistrement, ça te va ?
- Speaker #1
Oui, nickel.
- Speaker #0
Bah Ă©coute, l'idĂ©e, c'est de parler de ton parcours, bien sĂ»r de Pita, hein ? Sinon, ce n'est pas drĂŽle. Et puis, que tu me racontes un petit peu comment... Donc, mon temps est arrivĂ©. Salut, c'est Estelle, et vous Ă©coutez Futur Shanguide, le podcast sur l'univers mĂ©connu des Shanguides d'aveugles. Chaque mois, je vous invite Ă dĂ©couvrir les aventures de celles et ceux qui vivent cet univers au quotidien. et ce lien si prĂ©cieux qui les unit Ă leurs chiens. PassionnĂ©s et bĂ©nĂ©voles depuis des annĂ©es, d'abord Ă Paris et aujourd'hui Ă Lyon, je suis persuadĂ©e que leurs histoires pourront vous toucher, vous informer et peut-ĂȘtre mĂȘme vous donner envie de vous engager. Savez-vous justement que seuls 1% des dĂ©ficients visuels sont accompagnĂ©s d'un chien guide ? Alors, si vous voulez en savoir plus sur l'actualitĂ© des chiens guides et les coulisses du podcast, inscrivez-vous sans tarder Ă ma newsletter mensuelle. Avant de passer Ă l'Ă©pisode du jour, je laisse mon micro Ă Ălodie qui m'a laissĂ© un petit message il y a quelques temps.
- Speaker #2
Hello Estelle ! Et bonjour Ă tous et Ă toutes. DĂ©jĂ , merci Estelle de nous donner la possibilitĂ© de nous exprimer en tant qu'auditeur. Alors, j'ai connu ton podcast Futur Chien Guide par le biais de la maman d'un bĂ©nĂ©ficiaire de la Fondation FrĂ©dĂ©ric Gaillanne oĂč je suis famille d'accueil depuis avril 2023. Mon podcast m'a permis de voir une autre vision des chiens guides que je n'avais pas, Ă travers des bĂ©nĂ©ficiaires, mais aussi des Ă©ducateurs, des familles d'accueil. Et plus particuliĂšrement, ton dernier podcast avec Ciao Paris m'a Ă©normĂ©ment touchĂ©e. La vision et le fait que Christian n'acceptait pas d'avoir un chien guide pendant un long moment m'ont fait prendre conscience que certains malvoyants ne veulent pas. pas deux suites de chiens guides mais quand ils en ont un ça leur apporte du bonheur et de la lumiĂšre un petit peu sous leurs pas. Donc Ă travers ce petit message je voulais te remercier toi Estelle d'avoir créé ce podcast Futur Chien Guide mais Ă©galement Ă tous tes invitĂ©s pour faire dĂ©couvrir le monde du chien guide Ă des familles d'accueil des bĂ©nĂ©ficiaires, des Ă©ducateurs mais aussi Ă des personnes qui ne connaissent pas encore le le monde du chien guide ou du chien d'assistance. Et j'espĂšre vraiment que tu continueras encore un long moment tes podcasts sur les chiens guides ou les chiens d'assistance.
- Speaker #0
Dans cet épisode, je vous emmÚne à la rencontre de Lou, championne de parasseurs, mais aussi bénéficiaire de la Fondation Frédéric Gaillanne, la seule en France à remettre des chiens guides à des enfants de 12 à 18 ans. Malgré son engagement dans le sport de haut niveau, Lou a longtemps eu du mal à accepter son handicap. Et c'est finalement l'arrivée de Pita. son chien guide qui va tout changer. Un déclic, une nouvelle confiance et l'envie de ne plus se cacher. Aujourd'hui, Lou est fier de Pita, fier de ce qu'ils vivent ensemble et déterminé à le faire savoir. Un témoignage puissant sur l'acceptation de soi, la visibilité du handicap et le rÎle transformateur d'un chien guide. Et maintenant, place à l'épisode. Bonjour Lou.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Merci d'avoir acceptĂ© mon invitation et d'avoir trouvĂ© un crĂ©neau dans ton emploi du temps assez chargĂ© pour mon podcast du coup Future Shine Guide. Tu vas ĂȘtre le dernier Ă©pisode de cette saison puisque c'est le 99e et le prochain, je serai solo Ă mon micro. Donc voilĂ , j'Ă©tais super contente qu'on puisse trouver un crĂ©neau ensemble. Est-ce que pour commencer, tu peux nous raconter un petit peu toi, ta vie d'aujourd'hui, qu'est-ce que tu faisais cette semaine ? Comment s'organise tes journĂ©es ? Parce qu'il me semble que tu as plein d'activitĂ©s sportives. Pita, des petits mots qui vont jalonner un petit peu notre interview.
- Speaker #1
Moi, du coup, je suis athlÚte de haut niveau en parasurf. Donc, c'est du surf adapté pour les personnes en situation de handicap. Du coup, moi, pour surfer, je suis accompagnée de mon coach qui est à 3 mÚtres de moi et qui me décrit tout, mais il n'y a zéro contact physique.
- Speaker #0
Tu surfes aussi ou pas forcément ?
- Speaker #1
Je surf sur une planche, avec des palmes, ça dépend de lui et des conditions. Et du coup, je suis triple championne du monde. Bon, deux fois... en équipe avec l'équipe de France.
- Speaker #0
Félicitations !
- Speaker #1
Et aussi, j'ai eu l'honneur de porter la flamme avec Pita, la flamme olympique. Ă Bordeaux.
- Speaker #0
à Bordeaux, on a vu ça. Pour cette flamme olympique, tu étais donc accompagnée de Pita. Pita, c'est ta chien guide ?
- Speaker #1
C'est un chien guide, oui.
- Speaker #0
C'est ton chien guide, pardon.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Comment t'en es arrivée, toi, à tout mener de front, à demander un chien guide ? Est-ce que c'est une déficience que tu as depuis la naissance ou pas du tout ?
- Speaker #1
Alors moi, en fait, c'est à mes deux ans et demi qu'on a découvert que j'étais malvoyante, due à une tumeur cérébrale, une éroptique.
- Speaker #0
D'accord.
- Speaker #1
Et du coup, j'ai des chimiothĂ©rapies de mes deux ans et demi jusqu'Ă mes sept ans pour la stabiliser. Donc, elle est toujours bien lĂ , mais stable. Et du coup, oui, moi, ça m'a toujours grandi avec des animaux, en fait. Quand j'ai appris qu'on pouvait ĂȘtre accompagnĂ© par un chien plutĂŽt qu'une canne, la canne, c'est trĂšs... ça met de la distance avec les autres. Et c'est vrai que directement, moi, je me suis dit, oui, ça doit ĂȘtre tellement mieux d'avoir un chien qui nous accompagne partout. On doit se sentir plus en sĂ©curitĂ©, plus en confiance. parce que c'est difficile de faire confiance en notre canne. Alors qu'en notre chien, ma canne, je n'ai jamais fait confiance, mĂȘme Ă 10%, alors que mon chien fait confiance Ă 100%. J'ai vite fait les dĂ©marches pour avoir ce chien, Pita. Du coup, j'ai fait les dĂ©marches prĂšs de la Fondation FrĂ©dĂ©ric Gaillane, qui est la seule Ă©cole en Europe Ă remettre des chiens guides aux mineurs.
- Speaker #0
Parce que toi, tu as appris l'existence de la Fondation des chiens guides ? trĂšs tĂŽt ou plutĂŽt sur le tard ?
- Speaker #1
Assez tĂŽt.
- Speaker #0
Par rapport à ta démarche.
- Speaker #1
Ouais. Donc, moi, c'Ă©tait vers mes 8-9 ans. On m'a dit que c'Ă©tait possible, mais il fallait que j'attende mes 11-12 ans, je crois qu'on m'avait dit. Et donc, j'en pouvais plus. J'avais qu'une hĂąte. J'avais prĂ©parĂ© comme une lettre de motivation pour leur envoyer, de pourquoi je voulais un chien guide. Et du coup, une fois arrivĂ©e mes 12 ans, je leur ai envoyĂ© cette fameuse lettre. Et puis aprĂšs, tout a commencĂ©. Ăa a pris pas mal de temps parce que vu le Covid, ça a pris 3-4 ans. Avant, c'Ă©tait trĂšs compliquĂ©. Quand on m'appelait, on me disait « c'est pas pour tout de suite » . Je m'effondrais. J'avais les harnais de prĂ©parer, les colliers roses-bleus pour au cas oĂč c'est une fille ou un mĂąle, les lĂšces de prĂȘte, tapis d'hiver, tapis d'Ă©tĂ© prĂȘt. J'avais vraiment tout prĂ©parĂ© et je n'en pouvais plus. trĂšs dur. Et ça,
- Speaker #0
c'était le premier contact ou la premiÚre classe découverte,
- Speaker #1
par exemple ? D'abord, il y a eu le premier stage de dĂ©couverte. LĂ , j'Ă©tais tombĂ©e malade Ă 42 fiĂšvres, donc impossible de bouger. J'ai dĂ» revenir un an aprĂšs, du coup. Et aprĂšs, ça a Ă©tĂ© le Covid. Donc, on a rĂ©ussi Ă un moment donnĂ© Ă placer une semaine de stage. Donc lĂ , j'Ă©tais trop contente. Je me disais c'est bon, on avance. Et ce qui Ă©tait dur, c'est que pendant ces semaines, on s'attachait aux chiens. C'est des chiens pour tester, entre guillemets, pour voir qu'est-ce que ça fait d'avoir un chien guide. Et on s'y rattache. Moi, les animaux, en 30 secondes, je suis dĂ©jĂ attachĂ©e. Donc lĂ , une semaine, c'Ă©tait super compliquĂ©. Et on repartait avec Ă la fois des Ă©toiles dans les yeux, mais Ă la fois la boule au ventre, parce qu'on repart sans notre petit loulou, pour se rĂ©cupĂ©rer. Et quelques temps aprĂšs... on me semble que c'est un an ou deux aprĂšs on m'a contactĂ© pour me dire que ça y est, c'est la remise c'est mon tour alors lĂ , j'en pouvais plus, j'avais qu'une hĂąte c'Ă©tait d'y aller et quand on est arrivĂ©s les deux premiers jours on voyait avec quel chien on matchait le plus et ils nous ont dit aprĂšs quel chien on avait et donc le jour oĂč on me l'a annoncĂ© Paul sortait de sa de son enclos tout content c'Ă©tait magique et franchement au final de maintenant je me dis j'ai attendu des annĂ©es, c'Ă©tait compliquĂ© mais c'est parce qu'il me fallait Pita
- Speaker #0
Pita tu l'avais rencontré juste pour la classe de remise ou un petit peu avant ?
- Speaker #1
Ah non, je l'avais rencontrĂ© Ă la classe de remise ça a Ă©tĂ© un coup de coeur ou pas du tout ? En fait, coup de coeur oui parce qu'on ne peut pas ne pas l'aimer sous l'objectivitĂ© du trĂšs calme, trĂšs doux. Il a plein d'amour Ă donner. C'est un chien peluche, quoi. C'est vraiment le chien de rĂȘve, quoi. En toute objectivitĂ©, bien sĂ»r. Mais je ne pensais pas qu'on allait ĂȘtre ensemble pour un petit bout de chemin parce que Pita est trĂšs lent, marche trĂšs lentement. Il aime prendre son temps. Et moi, je trace. Donc, au dĂ©but, il est trĂšs calme. Moi, j'ai beaucoup d'Ă©nergie. Et au final, les Ă©ducateurs ont dit que justement, ça permettait d'avoir un Ă©quilibre. Moi, je me dĂ©tends et puis il s'active un petit peu quand mĂȘme. Et effectivement, il s'active un petit peu maintenant. Et moi, il m'a beaucoup calmĂ©e, franchement. Il m'a beaucoup aidĂ©e.
- Speaker #0
Pour le bon, du coup,
- Speaker #1
pour le positif. Ah oui, clairement.
- Speaker #0
Tu peux dire trois mots qui te représentent, toi, si tu devais te décrire un peu dans ton caractÚre, des choses comme ça ?
- Speaker #1
Impulsive, sociable et je ne sais pas trop comment dire, mais je suis trĂšs... Un peu prendre tout Ă la rigolade. Je rigole souvent. J'essaie de toujours tourner les choses de maniĂšre drĂŽle, de maniĂšre positive, etc.
- Speaker #0
Et quand tu parles d'impulsivité, qu'est-ce que tu mets derriÚre ce mot-là ?
- Speaker #1
Moi, je le vois pas forcément en négatif. Tout le temps, en fait, c'est que juste mes émotions sont là . Donc, je suis toujours à 100% dans mes émotions. C'est dans ce sens-là .
- Speaker #0
Et puis sociable, on le voit un peu aujourd'hui. C'est vrai que tu communiques beaucoup au final sur l'handicap, sur ton activité de parasurfeuse. Et tu sensibilises beaucoup aussi, c'est quelque chose qui te touche. J'ai l'impression de partager encore plus ce que toi tu apprends et ce que tu as appris.
- Speaker #1
Alors, je trouve ça super important.
- Speaker #0
C'est moi qui vais dire le contraire.
- Speaker #1
Justement, c'est qu'on est riche de nos diffĂ©rences et c'est important qu'on apprenne des diffĂ©rences des autres. Et par exemple, moi, j'aime beaucoup faire des sensibilisations auprĂšs des Ă©coles, parce que j'ai subi du harcĂšlement. Donc, ça me paraĂźt important d'aller en parler et de montrer que c'est la norme, en fait. La norme, c'est de ne pas ĂȘtre comme les autres. Et du coup, je trouve ça important. Aussi, j'aime beaucoup aller en parler auprĂšs de certaines entreprises, pour leur expliquer aussi comment ne pas paraĂźtre maladroit. face Ă une personne qui a une diffĂ©rence, quelle qu'elle soit, et comment aider sans offusquer la personne. Ce n'est pas toujours facile.
- Speaker #0
Et ça, c'est quelque chose que tu envisageais de faire avant d'avoir un chien guide, ou c'est venu avec la vie, avec le chien guide ?
- Speaker #1
Pita m'a beaucoup aidĂ©e. Il m'a aidĂ©e Ă accepter mon handicap. Avant, j'en avais honte, au point oĂč je me mettais en danger. Pour donner une idĂ©e, mon oeil gauche ne voit rien Ă part la lumiĂšre, et mon oeil droit, j'ai un vingtiĂšme sur une partie de mon oeil. donc je vois pas grand chose et des fois j'avais tellement honte que je pliais ma canne je la mettais dans mon sac et je me disais si je tombe je tombe, je prĂ©fĂšre tomber devant les gens qu'ils sachent que je suis handicapĂ©e en fait et combien de fois j'ai failli me faire renverser j'ai eu beaucoup de chance je faisais que tomber tout le temps je ratais des marches ou des choses comme ça j'avais pas envie de le cacher parce que je suis fiĂšre il est trĂšs beau l'objectivitĂ© c'est le plus beau dĂ©chet au monde Merci. J'ai envie que tout le monde le voit. Si je pouvais le porter et le mettre en hauteur pour que tout le monde le voit, je le ferais. MĂȘme si, grĂące Ă sa beautĂ©, je n'ai pas besoin de faire ça. Maintenant, l'approche des gens, quand j'avais la canne blanche, c'Ă©tait plus des regards que je sentais trĂšs lourds, trĂšs pesants. Ils n'osaient pas poser leurs questions. Ils avaient peur de poser les questions et de tenter une approche. Alors que maintenant, avec Pita, c'est « Oh lĂ lĂ , mais il est super beau, c'est quelle race, etc. » Et puis aprĂšs, ça va trĂšs vite. Des questions sans aucun tabou sur mon handicap. Et c'est tellement plus agrĂ©able parce que je me sens normale. Je me sens comme les autres. Et ça m'a beaucoup aidĂ©e, mĂȘme Ă l'Ă©cole. Alors oui, il y a quelques personnes qui ont voulu se rapprocher, etc. Mais ils n'Ă©taient toujours pas trĂšs gentils avec moi. C'Ă©tait plus Pita qu'ils aimaient, mais moi, non. Donc, je n'avais pas d'amis, mais j'avais Pita. C'Ă©tait le meilleur des amis que je pouvais avoir, en fait. Donc, quand je n'allais pas bien, hop, j'allais m'enfermer dans les toilettes avec lui, dans un coin de camp, qu'il n'y avait personne. J'ai eu des gros cĂąlins, des bisous. Et puis aprĂšs, hop, ça allait mieux. Et oui, on repartait de plus belle avec Pita. C'est vrai qu'il est de toutes les occasions,
- Speaker #0
au final.
- Speaker #1
C'est ça. C'est vraiment, au-delĂ d'ĂȘtre un chien guide, Il m'a aidĂ©e mentalement, il m'a aidĂ©e... professionnellement, il m'a aidĂ©e sportivement, il m'a aidĂ©e vraiment dans tout, dans tout, dans tout. Il m'aide beaucoup. C'est mon sauveur. VoilĂ .
- Speaker #0
Et comment tu as fait la transition avec le monde étudiant et ton monde parasurfeux et tu es déjà bien imbriquée, je pense, avant. Tu n'étais pas mise du jour au lendemain à devenir championne aussi talentueuse que tu es. Comment tu en es venue au surf déjà , au parasurf ? Et comment tu as connu la discipline ? Est-ce que tu as testé d'autres disciplines sportives ou pas du tout ?
- Speaker #1
Alors oui. J'adore le sport, donc oui. Moi, j'ai testĂ© la danse en tout premier. Je n'avais pas eu un gros coup de cĆur sur la danse. Je ne me sentais pas bien. Je ne me sentais pas comme libĂ©rĂ©e Ă la fin. C'Ă©tait vraiment cette recherche-lĂ que j'avais en faisant du sport. Et mon frĂšre me parlait souvent de surf, de la libertĂ©, justement, qu'on ressentait, l'Ă©panouissement dans l'eau, etc. Et je me suis dit, OK, il faut que je teste. Sauf qu'Ă ce moment-lĂ , j'Ă©tais sous chimiothĂ©rapie, donc beaucoup trop faible pour aller me battre contre les vagues. Et du coup, j'ai dĂ» attendre la fin. Et Ă mes 7 ans, directement, je suis allĂ©e surfer. Alors, au tout dĂ©but, j'ai demandĂ© au coach de mon frĂšre si c'Ă©tait possible. Parce que le para-surfer, c'est trĂšs rĂ©cent. En France, il arrive en 2012. Et le premier championnat du monde, c'Ă©tait en 2015. Donc, voilĂ . C'est tout jeune. Et il m'a dit, Ă©coute, je ne sais pas. Je n'ai jamais vu, jamais entendu parler. Mais on va trouver. On ne sait pas, mais il faut qu'on trouve comment, en fait. C'est tout. Et du coup, aprĂšs, il m'a fait surfer. Quelques temps aprĂšs, j'ai pris contact avec une association qui s'appelle Seesir, qui fait surfer des personnes individuelles. Et j'ai imaginĂ©, mais oui, c'est totalement possible, tout ça. Et donc, c'Ă©tait parti. Moi, j'Ă©tais folle amoureuse de ce sport dĂ©jĂ . Ăa y est, c'Ă©tait fini. J'Ă©tais dĂ©jĂ tout le temps dans l'eau Ă©tant petite, donc ça me semblait assez logique que je fasse un sport dans l'eau. Si je n'Ă©tais pas dans la mer, j'Ă©tais dans mon bain. donc il fallait tout le temps que je sois dans l'eau et puis aprĂšs oui j'ai essayĂ© d'autres sports lĂ je suis en ce moment bon mon Ă©paule est un peu blessĂ©e donc je fais une petite pause mais je fais du Jiu-Jitsu et du Krav Maga que j'aime beaucoup et oui j'ai essayĂ© le skate j'essaye un peu de sport Ă Ausha droite mais sans forcĂ©ment prendre des cours voilĂ c'est pour m'amuser de temps en temps et oui c'est vrai que ça arrivait quand mĂȘme assez d'un seul coup les compĂ©titions moi c'est assez Et... rapidement que je voulais faire des compĂ©titions. Parce que depuis petite, je m'Ă©tais battue. Je m'Ă©tais battue contre ma maladie pour vivre. Et d'un seul coup, Ă mes 7 ans, j'avais l'impression que je n'avais plus de combat. J'avais l'impression que ma vie n'avait plus vraiment de sens, parce que ça ne me paraissait pas normal de vivre pour vivre, comme ça. Et du coup, je me suis dit, cette fois-ci, je veux un combat, mais positif. Et je me suis dit, je vais faire des compĂ©titions. Moi, j'adore la compĂ©tition. En plus, il y a l'air d'avoir une ambiance de dingue. On rencontre des gens, c'est trop bien. Et du coup, assez vite, on m'a proposĂ© les championnats de Gironde. J'avais 13 ans, je suis directement acceptĂ©e. Et aprĂšs, ça a Ă©tĂ© les France et aprĂšs les Mondiaux. On m'a annoncĂ© que j'Ă©tais prise dans l'Ă©quipe de France pour faire les championnats du monde Ă 13 ans. Donc, c'Ă©tait juste... Waouh ! J'Ă©tais la premiĂšre mineure Ă avoir intĂ©grĂ© Ă l'Ă©quipe de France de paracer.
- Speaker #0
Oui, ça a été super rapide du coup pour toi.
- Speaker #1
Et franchement, je ne rĂ©alisais pas. J'Ă©tais arrivĂ©e en Californie, je ne rĂ©alisais pas. Tant que je n'avais pas vu de palmier, je n'arrivais pas Ă croire que j'Ă©tais en Californie. Donc c'Ă©tait un rĂȘve Ă©veillĂ©. Franchement, je crois qu'il m'a fallu quelques mois, une fois que j'Ă©tais rentrĂ©e pour rĂ©aliser. Il y avait le confinement juste aprĂšs, donc ça nous a permis de s'en rendre compte. Et Ă ce moment-lĂ , je n'avais pas encore Pita. Donc c'Ă©tait encore un peu compliquĂ©. Et c'est vraiment Pita qui m'a permis de me dĂ©bloquer et vraiment de me lĂącher Ă fond, d'ĂȘtre Ă fond, Ă 100%. J'Ă©tais heureuse de reprĂ©senter la France, mais j'avais honte de dire que je faisais du para-surf au collĂšge. Je disais que je faisais du surf, comme disait Para-surf. Ou alors, je ne me sentais pas comme... Comme disait les athlĂštes de haut niveau, t'es quatriĂšme mondiale, je me sentais... Je trouvais ça pas fou, parce que je me disais, ouais, mais je suis handicapĂ©e. Donc, vu que c'est en para, c'est moins impressionnant. Enfin, voilĂ , quoi. c'est vraiment Pita qui est venu remettre du peps dans ma vie et quand il est arrivĂ©, mĂȘme mes championnats du monde se sont dĂ©roulĂ©s de maniĂšre beaucoup plus positive on va dire Oui ça a vraiment apportĂ© de la confiance en toi et une vision diffĂ©rente du handicap du coup Ouais mais clairement et ce qui est bien c'est que vraiment la vision du handicap je l'avais que sur moi une autre personne en situation de handicap je me disais bah ouais non c'est quelqu'un comme tout le monde en fait mais sur moi, vu qu'on m'avait rĂ©pĂ©tĂ© sans cesse que bah c'Ă©tait horrible, j'Ă©tais une handicapĂ©e Berk, tout ça dans ma tĂȘte c'Ă©tait moi en fait vraiment moi, je reprĂ©sentais le mauvais handicap et je me suis dit justement pourquoi pas reprĂ©senter le handicap mais de maniĂšre positive parce que moi petite j'aurais bien aimĂ© qu'il y ait une personne qui ait le mĂȘme handicap que moi ou un handicap et qui dise bah non, c'est une force en fait tu peux en faire une force donc ouais, je trouve ça important d'en parler
- Speaker #0
Et Pita, si tu peux nous le présenter, tu as dit que si tu devais donner trois mots, à l'instar des deux mots que tu as donnés pour toi, je crois que j'en ai deviné quelques-uns avec la présentation que tu nous as faite depuis le début, mais tes trois mots pour décrire Pita, ce serait quoi ?
- Speaker #1
Trois mots, c'est tellement peu pour dĂ©crire. Amour. C'est une boule d'amour. Tendresse et trĂšs sensible. TrĂšs Ă l'Ă©coute. C'est une Ă©ponge. Vraiment, tous les animaux, c'est un peu des Ă©ponges. Ils freinent nos Ă©motions. Mais c'est vrai que vraiment, si je suis mal, il ne va pas ĂȘtre bien. Et ça m'a aussi beaucoup aidĂ©e Ă gĂ©rer mes Ă©motions. Parce que je fais attention Ă ne pas montrer que je ne suis pas bien, Ă me dĂ©tendre pour que mon chien ne soit pas stressĂ©. Parce que sinon, je vais culpabiliser. Je vais me dire, oh non, il n'est pas bien Ă cause de moi. C'est compliquĂ©. Donc, oui, il est sensible aussi. C'est un petit cĆur sensible.
- Speaker #0
Est-ce qu'on peut dire aussi que ça t'a donné une responsabilité ?
- Speaker #1
Oui, franchement, je me suis dit, OK, il y a quelqu'un le matin, quand je me rĂ©veille, qui m'attend, qui veut que je m'occupe de lui. Ăa fait du bien en soi. C'est-Ă -dire que le matin, il y a quelqu'un qui vient, qui nous fait la fĂȘte. Il y a mes parents, mes parents me font la fĂȘte quand je me rĂ©veille en gĂ©nĂ©ral.
- Speaker #0
C'est pas des petits petits remue-la-queues.
- Speaker #1
Ouais, non. Quand je propose des gĂąteaux, ils ne sautent pas.
- Speaker #0
Ils t'accompagnent du coup. Comment ça s'organise pour toi les semaines ? Est-ce que tu as des semaines, j'imagine, de compĂ©tition oĂč tu es un petit peu Ă droite, Ă gauche, partout dans le monde, on va dire. J'en ai suivi quelques-unes. Comment ça s'organise ton quotidien avec les entraĂźnements, avec les compĂ©titions et avec ton temps de sensibilisation, justement ?
- Speaker #1
Je veux m'entraßner tous les jours. Je peux avoir un ou deux jours de pause dans la semaine. Mais bon, voilà , c'est une possibilité. AprÚs, je vais avoir de temps en temps des compétitions. On ne sait pas tout le temps. C'est entre mars et novembre déjà . Et donc les sensibilisations, en général, j'essaie de les caler plus entre novembre et mars.
- Speaker #0
Pour avoir vraiment deux temps. Ton temps de sportive, on va dire, et ton temps un peu plus...
- Speaker #1
Voilà . Mais aprÚs, bien sûr, j'en cale aussi sur mes compétitions. Pendant le temps de compétition, quand je n'en ai pas trop, ça va quand c'est un petit temps de plus. AprÚs, oui, c'est répondre aux mails, envoyer des messages un peu tombes pour prendre des nouvelles, pour dire « c'est quand qu'on va surfer ? » . Le premier coach qui m'a dit que c'était possible, d'ailleurs, avec qui je resurfe en ce moment. Les entraßnements, c'est un peu comme les baguevels. Et quand on peut aussi, quand la personne qui m'accompagne peut.
- Speaker #0
Oui, parce que tu ne t'entraĂźnes jamais seule, du coup.
- Speaker #1
C'est ça. Mais du coup, j'ai plein de binĂŽmes pour essayer de multiplier les chances d'aller Ă l'eau. Donc, oui, c'est ça. J'envoie des messages, je les penche. « HĂ©, les conditions, elles sont cool, lĂ ! » AprĂšs, il y a de l'entraĂźnement mental. Aussi, quelque chose qui est un peu tabou, mais le psy. Le psy, c'est trĂšs important, surtout dans ma pĂ©riode oĂč je n'ai pas de surf, enfin de compĂ©tition. C'est un moment de tronc en fait. On pense Ă nos compĂ©titions, aux performances qu'on a pu faire, qu'est-ce qu'on aurait pu faire de mieux, qu'est-ce qu'on aurait pas dĂ» faire. Bref, c'est trĂšs compliquĂ©. C'est ça. Et c'est un moment de flou. C'est un moment oĂč on se dit, est-ce que je continue ? Bah ouais, mais j'aime trop, mais ça me met super mal. Et donc c'est hyper important d'avoir toujours ce suivi-lĂ , tout le long de l'annĂ©e. Ăa fait partie de mon emploi du temps, d'aller voir mon psychiatre. Et puis, il t'aime beaucoup parce qu'il s'endort. Il s'endort direct quand il est lĂ -bas.
- Speaker #0
C'est ce que j'allais dire. Au final, il ne t'accompagne pas Ă l'eau.
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
Pas tout le temps. Il reste plutÎt cÎté sable.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Il joue avec ses copains, s'il en trouve un sur la plage. Et puis aprÚs, il perd son souci et il attend maman. Bien sûr,
- Speaker #0
il t'accompagne. J'ai vu une photo il y a peu de temps, justement, oĂč tu Ă©tais avec Valentine. Oui. Notre Ă©lite de la fondation qui a rĂ©cemment eu son chien Torrent et au Torrent, pardon,
- Speaker #1
je l'ai dit.
- Speaker #0
Torrent.
- Speaker #1
Et du coup,
- Speaker #0
on se croise souvent avec Valentine.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Pendant les compétitions, on se croise. Donc, avec Valentine, on s'entend super bien. Elle est super marrante, adorable. Et oui, on a rencontré Torrent il n'y a pas longtemps, du coup, au stage en Bretagne. Ah bah, alors putain, il a bien joué avec lui quand ils avaient le harnais, les deux, quand ils étaient en détente. Ils ont bien joué entre collÚgues. Ils sont trop mignons ensemble. Je suis super contente aussi que Valentine puisse connaßtre ce bonheur. Et aussi que Pita ait un copain.
- Speaker #0
Oui, c'est la remise de novembre. Parce que là , dans tous tes collÚgues parasurfeurs, c'est tout de la déficience visuelle ?
- Speaker #1
Alors non. Il y a neuf catĂ©gories en tout. Il y a du surf allongĂ©, Ă genoux. debout avec assistance ou non selon les freins rencontrĂ©s. Et en fait, il y a tout type de handicap, il y a quoi ĂȘtre rĂ©amputĂ©, malvoyant, non-voyant. il y a vraiment plein d'handicaps donc tout le monde n'a pas un chinguide c'est ça que je voulais ne peut pas avoir un chinguide on est que deux Ă avoir un chinguide c'est ça les deux stars Pita et Toron j'ai croisĂ© la photo justement ils sont sur la plage en train de de courir tous les deux les oreilles au fond c'est beau c'est cool c'est cool cette vie elle avait adorĂ© la Bretagne Pita elle s'est Ă©clatĂ©e c'est chouette en tout cas ouais elle s'est Ă©clatĂ©e comme ça ah bah c'est clair ça fait plaisir
- Speaker #0
et sur ton temps un peu plus terre Ă terre, lĂ oĂč tu es un peu moins dans l'eau, ta saison un peu off comment ça se passe tes sensibilisations c'est toi qui es en dĂ©marche ou tu es Ă quelqu'un, les gens te contactent parce qu'on te voit quand mĂȘme pas mal diffuser, je sais que tu es trĂšs active aussi sur LinkedIn pour partager justement toutes tes prĂ©sences Ă droite Ă gauche comment ça s'organise, tu es dans un collectif dis-nous tout
- Speaker #1
Euh, ben, non. C'est des personnes qui me démarchent suite au poste LinkedIn, justement. Et je demande qu'est-ce qui les intéresse, quel aspect de mon intervention les intéresse. Et aprÚs, je suis toujours partante pour y aller. Et oui, aprÚs, c'est majoritairement sur LinkedIn.
- Speaker #0
Ce n'est pas forcĂ©ment des rĂ©seaux dans lesquels tu es oĂč ça circule ?
- Speaker #1
Pas spĂ©cialement. AprĂšs, des fois, on va me dire peut-ĂȘtre que... Ou aprĂšs, ça peut ĂȘtre des sponsors aussi, par exemple, des sponsors, des partenaires, Ă qui je vais proposer de venir faire une intervention. Ăa me semble important qu'ils m'apportent beaucoup, donc je veux aussi leur apporter le maximum que je peux. Et du coup, Ă chaque fois, ils proposent des interventions, donc ils acceptent en gĂ©nĂ©ral. C'est chouette.
- Speaker #0
Et oui, parce que dans ta vie de sportive, il y a aussi toutes les gestions des sponsors, les gestions des partenaires, ça c'est des choses que Moi, je connais un petit peu parce que j'ai un cousin qui Ă©tait sportif de haut niveau et du coup, on avait eu l'occasion d'en discuter plusieurs fois. Mais c'est vrai que c'est un peu la face cachĂ©e. Pas si tabou que ça, je pense. Tu parlais des tabous et de la prĂ©paration aussi. Mais je pense que les sponsors, c'est plus quelque chose oĂč on se dit est-ce que tu as un agent qui le fait pour toi ? Est-ce que tu gĂšres tout seul ou pas ?
- Speaker #1
Moi, depuis peu, j'ai un agent d'image qui m'accompagne parce que c'est trĂšs compliquĂ©, honnĂȘtement. Si on se prend un refus un peu violent, des fois, qui pique un peu. AprĂšs, on doit repartir avec le sourire et se dire, allez, c'est bon, c'est pas grave, on y retourne. Et c'est compliquĂ©, c'est pas facile. Des fois, les personnes ne nous disent pas franchement non, donc on continue. Mais c'est pas facile de se dire, la personne nous a dit, rappelle-moi dans un mois, je rappelle un mois aprĂšs, on me rĂ©pond pas. C'est plein de choses un peu compliquĂ©es. Mais au dĂ©but surtout. Maintenant, on a l'habitude, on se dit, allez. De toute façon, eux aussi, ils sont dĂ©bordĂ©s. Donc voilĂ , on n'est pas les seuls Ă aller des marchĂ©s. Donc voilĂ , c'est normal. Donc maintenant, oui, on arrive un peu Ă relativiser. Eux aussi, ils sont dĂ©bordĂ©s, donc c'est rien. Mais c'est vrai que ce n'Ă©tait pas facile, surtout au dĂ©but. Puis avec l'agent d'image, ça facilite beaucoup aussi.
- Speaker #0
Oui, du coup, ça te permet d'avoir un filtre et de moins... C'est ça.
- Speaker #1
Mais aprÚs, c'est vrai qu'aujourd'hui, Une année, pour faire toutes les compétitions que je voudrais faire, pour m'entraßner, ce serait 85 000 euros à l'année. Ok. Voilà . C'est une petite somme. Ce n'est pas complet pour l'instant, le budget, mais c'est important, les sponsors. Clairement, sans sponsor, on ne fait rien. C'est quasi impossible, en tout cas.
- Speaker #0
Et d'ailleurs, pour revenir à Pita, est-ce que ça joue un peu dans tes argumentaires sponsors ou pas du tout ?
- Speaker #1
Oui, forcĂ©ment, ils ont un intĂ©rĂȘt particulier pour les animaux. Par exemple, Pita a reçu une dry-robe, un manteau que tous les surfers adorent, parce que c'est un manteau super chaud. Et Pita, il est fan de ce manteau. Quand il ne fait pas beau dehors, il me regarde, j'attrape la dry-robe, il est tout content. Il n'aime pas trop la pluie, ce chat. Il adore ce manteau. Il est trĂšs frileux, en plus. Il y a plein de choses comme ça. Les gens sont hyper attendus par Pita aussi. Franchement, oui. Je pense que Pita aide beaucoup avec sa petite bouille. Franchement, moi personnellement, si on m'approche avec un Pita, je ne vais pas le refuser. Si c'est Pita qui demande, voyons. Ăa se voit. Rien que dans les magasins, je n'arrive Ă rien lui refuser. Je suis trĂšs faible. TrĂšs trĂšs faible.
- Speaker #0
Pita a mĂȘme son compte Instagram du coup.
- Speaker #1
Oui, mais oui.
- Speaker #0
loupita.6 Je mettrai toutes les petites notes. dans la description de l'épisode.
- Speaker #1
Je suis tellement fan de lui que je le prends tout le temps en photo. Oui, dans ma galerie. Il est partout.
- Speaker #0
En mĂȘme temps, Ă chaque fois, on dirait qu'il fait des poses de mannequin. On dirait qu'il sait qu'il a un compte Insta Ă gĂ©rer. Oui !
- Speaker #1
Donc, toi, tu es le manager de Pita. Et toi, tu es un manager.
- Speaker #0
VoilĂ .
- Speaker #1
Et parmi toutes les choses que tu n'aurais jamais envisagé de faire sans Pita, est-ce qu'il y a un truc que tu te dis, là , franchement, c'est grùce à lui ? Ou grùce à lui, à mes cÎtés, j'ai dit oui ? Ou on m'a demandé, tu vois, ce genre de truc ?
- Speaker #0
Je dirais déjà sortir seule, sans avoir peur. Avant, j'avais trÚs peur. Donc, oui, sortir seule sans avoir peur. Il m'a appris qu'on pouvait m'aimer aussi, malgré mon handicap. Franchement, il y a tellement de choses. La liste, elle est tellement longue. Il m'a appris à avoir conscience en moi et à m'aimer. Et ça a débloqué tellement de choses, du coup, grùce à ce déclic-là . Il m'a fait grandir. C'est mon sauveur, comme je dis. Vraiment, il m'a tendu sa patte.
- Speaker #1
Et toi, quand tu avais ce projet de chien guide, tu pensais aller si loin avec lui ?
- Speaker #0
Ou tu pensais qu'il allait juste guider ? Je savais que ça allait ĂȘtre magique, parce que moi, j'ai toujours Ă©tĂ© gaga des animaux. Une poule, j'en peux plus, je suis gaga. Donc, je savais que ça allait ĂȘtre beau, que ça allait ĂȘtre magique, mais pas Ă ce point-lĂ . Je pense que personne ne peut s'imaginer Ă quel point c'est magique. Et je ne sais mĂȘme pas si, honnĂȘtement, si ce n'est pas juste ça qui est magique, en fait. Je pense que tous les chiens sont magiques, mais Pita, je me dis vraiment, c'est pas un chien comme les autres. Il est pur, quoi. Il est vraiment... C'est dingue. C'est ma moitiĂ©, en fait. C'est vraiment... Je me dis, ça va ĂȘtre mon chien, quoi. Donc, je savais que ça allait ĂȘtre plus qu'un chien guide, bien sĂ»r. Avant d'ĂȘtre un chien guide, c'est un chien. Donc, il a besoin d'amour, il a besoin de jouer, tout ça. Mais je savais pas que ça allait ĂȘtre ma moitiĂ©, que ça allait devenir... Ouais, c'est mon oxygĂšne, quoi. C'est mes poumons, Pita. C'est vraiment toute ma vie. Ah ouais, non, vraiment. Et je n'aurais jamais pu croire qu'une telle relation puisse exister. Au-delĂ d'une telle relation avec un animal, si une telle relation puisse exister, enfin, p'tite heure, je lui fais confiance Ă 1000%, quoi. VoilĂ , vraiment, je lui fais confiance les yeux fermĂ©s.
- Speaker #1
Oui, par rapport au moins de 10% auquel tu faisais confiance à la CAD, ça fait une différence dans ton quotidien.
- Speaker #0
Ah ouais, c'est clair. Il m'a retirĂ© un poids, juste... Ă©norme, une boule au ventre que j'avais tout le temps, un nĆud Ă la gorge que j'avais dĂ©comparĂ© de mon handicap. Il m'a retirĂ© tout ça en positif et il m'a rajoutĂ© le sourire. Donc, franchement, je n'aurais jamais pensĂ© ça. Je me dis, mĂȘme si lĂ , je le raconte, personne ne pourra imaginer Ă quel point c'est fort. C'est impossible. Franchement, c'est magique, honnĂȘtement.
- Speaker #1
Il faut le vivre pour y croire.
- Speaker #0
Ah ouais, c'est clair. Et c'est pour ça qu'aprĂšs, on me dit, ah lĂ lĂ , mais tu n'arrives rien Ă lui refuser. Ben non, mais c'est impossible. Si je pouvais, je ne sais mĂȘme pas, mais je lui achĂšterais un paquet de friandises Ă©normes. Mais bon, il grossirait trop, la vĂ©tĂ©rinaire SMR. DĂ©jĂ que lĂ , il est en rĂ©gime, donc il faut qu'il fasse attention Ă sa vie. Il a pris un kilo en trop, lĂ . Ce n'est pas bon.
- Speaker #1
Il faut préparer le summer body de Pita.
- Speaker #0
C'est ça, lĂ . On le fait courir Ă fond. Donc ouais, on lui a dit non, allez hop. on arrĂȘte de manger et faire la sieste on va courir
- Speaker #1
Bon et quels sont vos prochains projets Ă tous les deux du coup ?
- Speaker #0
Alors il faut multiplier les compĂ©titions et si je suis prise au championnat du monde essayer de grimper sur la deuxiĂšme place et toujours regarder la premiĂšre place en Ă©quipe pour remonter sur ce podium en Californie avec Pita et j'espĂšre aussi qu'on sera Au Jeux 2032. Oui. Parce que notre discipline n'est toujours pas au Jeux paralympique. Il y a le surf aux Jeux olympiques, mais il n'y a pas le parasurf. D'accord. Ah oui. Donc, on croise les doigts pour en Australie. Il n'y aura pas en 2028 Ă Los Angeles, malheureusement. Mais bon, on y croit, on y croit fort. Et peut-ĂȘtre qu'en 2032, on verra Pita, en gros. S'il n'est pas Ă la retraite, d'ailleurs.
- Speaker #1
Oui, parce que ça fait aussi partie...
- Speaker #0
Oui, oui.
- Speaker #1
Des perspectives pour toi, j'imagine.
- Speaker #0
C'est ça. Et puis aussi, on va se faire un... Non, c'est pas un tatouage en commun parce qu'il veut pas se tatouer. Il a dit non. Moi, c'est pas mon délire, mais les tatouages. Mais aussi, l'un de nos projets, c'est de me faire tatouer son empreinte de patte sur moi. Voilà . Pour l'avoir toujours avec moi, mon loulou.
- Speaker #1
C'est génial.
- Speaker #0
MĂȘme quand il sera Ă la retraite, comme ça.
- Speaker #1
Comment tu envisages la retraite ? Tu y as déjà pensé ou pas du tout ?
- Speaker #0
Alors, voilĂ , on va rester Ă la maison. Du coup, il y a des possibilitĂ©s. soit la famille d'accueil, soit des proches Ă nous. Soit on peut le garder. On a la chance de pouvoir le garder. Donc, il pourra gambader tranquille dans le jardin avec ses chien, les Ausha, tout ça. Et du coup, moi, je ferai des dĂ©marches pour avoir un autre chien guide en espĂ©rant que ce soit Ă peu prĂšs aussi intense. C'est vrai que lĂ , j'ai du mal Ă me projeter avec un autre chien, honnĂȘtement.
- Speaker #1
Non,
- Speaker #0
mais ça va se faire de la petite maniĂšre. Mais lĂ , actuellement, il a 6 ans. Il reste encore 3-4 ans de vie active, on va dire. donc bon j'essaie de ne pas penser Ă sa retraite on vit au jour le jour tu as bien raison juste aprĂšs d'ailleurs je vais lui faire un gros cĂąlin et des gros bisous il me manque, ça fait quoi les 30 minutes 40 minutes lĂ que je ne l'ai pas vu il est pas dans la mĂȘme piĂšce que toi ? non il est parti jouer avec le copain chien c'est cool aussi il est avec ses doudous il est tout le temps avec son doudou c'est un grand passionnĂ© de doudou
- Speaker #1
Oui, je vois que tu mets beaucoup de photos. Il a toutes les peluches, les cadeaux.
- Speaker #0
Ah oui, mais les fans, tout le temps, ils me rĂ©clament des doudous. DĂšs qu'on passe devant des rayons doudous, ils me regardent, ils regardent les doudous. Je dis bon, allez, je les aime. Pareil pour les friandises, il est malin. Il sait oĂč est le rayon et il m'y amĂšne. Ah bon ? Oui, oui. Quand j'ai dit cherche maman, parce que du coup, je vais rajouter l'ordre de chercher ma mĂšre quand on fait les courses. Et il est trop fort. En plus, il adore faire ça. Et quand je lui dis « cherche mamie » , parce que c'est sa grand-mĂšre, il me ramĂšne toujours un petit peu discrĂštement, genre elle va remarquer dans le rayon des friandises. Et du coup, moi, je frange « cherche maman, ton petit-fils, il veut ça » . Et aprĂšs, bon, allez. Elle ne rĂ©siste pas non plus.
- Speaker #1
Elle ne dit jamais non non plus, c'est ce que je voulais dire.
- Speaker #0
Non, ce n'est pas facile, franchement. Avec sa petite bouille, on ne peut rien lui refuser. Et puis avec tout ce qu'il fait. On sent comme... C'est naturel, quoi.
- Speaker #1
Oui, je vois que c'est parti du job de mamie.
- Speaker #0
Oui. C'est ça. Et puis, elle Ă©tait trĂšs reconnaissante aussi de ce qu'il fait pour moi. Et puis, mon entourage a vu le changement que Pitta a apportĂ© dans ma vie. Donc, ils sont trĂšs reconnaissants de ça. Enfin, Ă chaque fois, quand elle passe devant Pitta, puis t'as fait « Oh, merci ! » « Merci, mon petit-fils ! » Donc, ouais, ouais, ouais. Vraiment, c'est un lien trĂšs, trĂšs fort. C'est vraiment un membre de la famille, mais vraiment extrĂȘmement... un lien extrĂȘmement fort.
- Speaker #1
En tout cas, moi, je connais bien la fondation maintenant puisque je suis leur community manager, comme j'avais pu le te dire. Mais c'est vrai que c'est touchant. Et le fait de finir cette saison par un épilogue avec toi, c'était un peu la boucle qui est bouclée. aussi de montrer que ces chiens apportent bien plus que ce que vous pouvez penser en étant comme vous faites.
- Speaker #0
Au-delĂ de nos yeux, c'est mes poumons, comme je disais. Au dĂ©but, c'Ă©tait mes yeux et puis c'est devenu mes poumons, mon cĆur. Il commence Ă prendre tous mes organes. Ăa devient inquiĂ©tant. Mais ouais, ouais, c'est vraiment toute ma vie. Quand je dis que c'est toute ma vie, c'est en tout cas mon chien. Mon Dieu ! et quand je fais des cauchemars comme ça c'est horrible,
- Speaker #1
pire cauchemar que je puisse faire en tout cas on te souhaite plein de podiums Ă venir du parasurf en Australie ce serait chouette quand mĂȘme d'ajouter cette petite poutine et de faire des jolies eaux si
- Speaker #0
t'as rĂȘve d'aller en Australie quoi, non mais mince quand mĂȘme faut qu'elle s'y achĂšte un doudou pour...
- Speaker #1
2032, tu m'as dit ?
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Il ira avec son meilleur ami. Vous avez formé un joli trio.
- Speaker #0
VoilĂ , le gang des chiens guides.
- Speaker #1
Et puis, Valentine, j'espÚre aussi à tes cÎtés.
- Speaker #0
Ah oui, c'est clair.
- Speaker #1
Ăa doit ĂȘtre chouette aussi de partager ça avec elle.
- Speaker #0
Oui, franchement, surtout qu'avec Valentine, on est assez proches. On s'entend super bien, sans vouloir offusquer les autres de l'Ă©quipe. Ă peu prĂšs la plus grande date. AprĂšs, maintenant, c'est vrai qu'il commence Ă y avoir de plus en plus de jeunes. On a Ă©tĂ© les premiĂšres plus jeunes dans l'Ă©quipe de France. Le lien s'est créé assez vite. En plus, dĂ©ficience visuelle. Tout le temps, des blagues sur notre handicap. Ăa rapproche. Et puis oui, on rigole ensemble. On rĂąle ensemble. Franchement, maintenant, voir nos chiens jouer ensemble, on adore. On est trop contentes. C'est trop bien. Ouais, on est toujours heureux quand on voit nos chiens bien s'amuser. En plus... Il s'amuse bien avec le chien d'une personne qu'on aime bien. C'est toujours mieux.
- Speaker #1
Bon, mais je vous souhaite en tout cas une bonne continuation, plein de podiums, plein de cùlins. Et merci d'avoir pris du temps bien chargé pour cette petite interview. Et à bientÎt,
- Speaker #0
peut-ĂȘtre. Et Ă bientĂŽt. Et merci beaucoup.
- Speaker #1
Merci,
- Speaker #0
Lou.
- Speaker #2
Et voilĂ , c'est la fin de cet Ă©pisode avec Lou et Peter. Si son tĂ©moignage t'a touchĂ©, je te recommande aussi l'Ă©pisode 71 avec LĂ©ana, elle aussi bĂ©nĂ©ficiaire de la Fondation FrĂ©dĂ©rique Gaillan. Avant de rencontrer Swing, elle avait peur des chiens. Et aujourd'hui, elle lui a mĂȘme dĂ©diĂ© une chanson. Et toi, est-ce que ton engagement dans l'univers des chiens guides a aussi changĂ© ta vie ? Viens m'en parler en vrai au 5 ans du podcast, le samedi 24 mai, au Jardin du Luxembourg Ă Paris. Ce sera de 10h Ă 14h30, avec des Ă©changes, des rencontres, des invitĂ©s du podcast et peut-ĂȘtre des surprises. Alors Ă bientĂŽt, pour un nouvel Ă©pisode sur l'univers mĂ©connu. Des chingudes d'ave