Speaker #0La vieillesse, c'est pas pour les mauvaises, Pat Davis. Laurence Bizan, Dans Génération. J'ai appris récemment que l'Office fédéral de la statistique prévoit une Suisse à 10,5 millions d'habitants en 2055. Ah bah oui, tout augmente. Mais on est tout juste 9 millions de personnes résidentes en Suisse aujourd'hui, non ? Et depuis peu. Alors, 10 millions et demi, c'est 1 million et demi de plus en 2055. Un rapide calcul, c'est même à ma portée. 2055, c'est dans 30 ans, waouh ! Ah ouais, dans 30 ans ! Ça fera probablement 10 millions et demi de personnes moins une, moi. J'ai 65 ans et tout va très bien, mais dans 30 ans, j'en aurai 95. Ou pas. Je suis donc dans le troisième âge. qui vient chronologiquement après le premier, c'est-à-dire l'enfance, la jeunesse, la période scolaire, études. Ensuite, le deuxième âge, période de la vie dite d'adulte, vie active, professionnelle. Et alors, voilà le troisième âge, la retraite, qui peut d'ailleurs se continuer sur un quatrième, même un cinquième âge, je crois. J'englobe tout. Disons que c'est la dernière partie de vie, celle qui va forcément déboucher sur la mort. Ça n'est pas une surprise, ça. La retraite, même si je l'appelle plus volontiers « robillation » , aboutit invariablement au trépas. Ça sonne un peu plus désuet ça, trépas. Oui mais ça veut dire la même chose. Fin de l'histoire, terminus. Je reviens sur cette notion de futur de plus en plus incertain avec le temps, flou, de moment qu'on ne vivra pas. On le sait, on ne le sait pas, enfin voilà. Pendant longtemps, on capte des dates au loin mais atteignables, des événements dont on peut se réjouir ou pas mais que, sauf accident, on devrait vivre. Quand on est mioche, on nous parle de faire des études ou un apprentissage, choisir un métier et puis découvrir le monde, l'amour, mener sa vie. Quand on est jeune aux jeunettes, ça paraît loin, mais on y va. Pendant des années, quand on nous parle de certaines échéances, on peut les noter sur un calendrier personnel et cocher les jours, les mois, jusqu'à l'événement. C'est accessible. On sait que si tout va bien, on pourra suivre les prochains Jeux Olympiques, par exemple, ou la prochaine éclipse solaire. Ou l'élaboration longue durée d'un bâtiment architectural, au hasard la rénovation d'une gare. Et puis arrive cette troisième étape de vie, plus ou moins longue, mais la dernière donc, qui ne nous promet plus qu'on verra ces changements, changements climatiques, ou transformations de quartiers qui s'étalent sur de nombreuses années sans compter les retards. On sait que, on verra probablement pas nos petits-enfants adultes. J'ai attaqué ce « stade final » de ma vie, et je ne sais pas. si je ferais partie des 10,5 millions de personnes habitant la Suisse dans 30 ans. L'avenir se raccourcit à mesure que l'âge s'allonge. Voyez ? En vieillissant, nos projets se préparent à courte échéance. Au bout du compte, l'idée c'est de plus en plus de profiter mieux du présent. Le célèbre Carpe Diem, vous savez, qu'on devrait d'ailleurs saluer à tout âge beaucoup plus. Le présent, on y est, on le tient celui-là. Apprécions-le, gratouillons-le. Caressons-le dans le sens du poil s'il en a et faisons-le ronronner. On verra bien ce qui se passera ou pas dans 30 ans. D'accord ?