Speaker #0La vieillesse, c'est pas pour les mauvaises. Pat Davis. Laurence Bizan, Dans Génération. Santé ! Alors vous n'écoutez peut-être pas cette chronique dans un moment apéritif. On dit santé en général en trinquant autant de l'apéro, dont le moment peut varier, c'est vrai. On se souhaite souvent la bonne santé avec un truc qui n'est pas bon pour elle, l'alcool. L'alcool, c'est mal. On nous le dit, redit régulièrement. Il ne faudrait pas consommer d'alcool, en fait. Ou alors, très modérément, une à deux fois par semaine et deux verres max. En outre, tout récemment, j'ai capté que les catégories de personnes pour lesquelles l'alcool est le plus nocif étaient les femmes et les personnes de plus de 65 ans. Bim ! Je cumule. L'idée à tout âge, et je ne vois vraiment pas pourquoi me priver dans le troisième, c'est quand même de boire... Par plaisir et non habitude ou pire, par besoin. Le plaisir, notion importante. Je déguste une coupette avec mon époux tous les soirs. What ? Quoi ? Oui, mais oui, mais vous savez, à la fin de la journée, on discute, on se détend en cuisinant et on trinque. Voilà, et alors à propos de ce verbe, il est à double tranchant. Trinquer, qui vient de l'allemand trinken, boire, c'est entrechoquer, clink, clink. de verre en se souhaitant la bonne santé. Mais trinquer, c'est boire la tasse aussi, sur un ton plus familier. Trinquer, c'est subir une contrariété. On est d'accord. Revenons-en à nos bulles, le champagne, le noble breuvage. Ce qui compte, notamment à mon âge, vu que l'alcool est encore plus dangereux, semble-t-il, c'est d'apprécier le goût. Les bulinettes, la volupté, le partage. Ah bah oui, je ne bois jamais seule. Une flûte ou une coupe, que préférez-vous ? Pour moi, c'est la coupe. Mais, comme le disait Alfred de Musset, qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse. Et tiens, justement, des scientifiques de l'EPFZ, vous avez peut-être vu ça, ont mis au point un gel pour réduire les effets nocifs et enivrants de l'alcool. Oui mais, sans un peu d'ivresse, sans cette griserie, le verre de vin est-il aussi bon ? Cet effet secondaire est quand même un peu délicieux, non ? Tant qu'il est maîtrisé, ben voilà, voilà. Savoir s'arrêter, tout est là. Freiner avant de noyer et saboter ce doux état euphorique. Alors une coupe par soir, disais-je, on a toujours quelque chose à saluer, à célébrer, même dans cette période très inquiétante pour différentes raisons. Qui peut d'ailleurs nous amener à boire. Oui, mais alors voilà, justement, l'idée n'est en aucun cas de boire pour oublier, mais pour fêter et savourer. Importantissime, vraiment. Le plaisir, j'y reviens toujours. En avoir conscience. Je goûte cette gorgée. Je me régale. Ce n'est pas juste un geste, une habitude. Se faire du bien, en essayant de ne pas se faire trop de mal. Aïe, aïe, aïe, oui, on y revient toujours. Et sans se frustrer non plus. J'ai plus l'âge de me frustrer. D'ailleurs, il faut, je pense, autant que faire se peut, éviter la frustration à tout âge. Et je conclue justement avec ce dicton d'une tribu d'Indiens d'Amérique. « Ça n'est pas ce que tu fais qui te tue, c'est ce que tu ne fais pas. » Ah, est-ce que ça vous parle, ça ?