Speaker #0La vieillesse, c'est pas pour les mauvaises, Pat Davis. Laurence Bizan, Dans Génération. Pour marquer une certaine évolution dans le temps, on dit avec l'âge, ceci, cela. Avec l'âge, c'est-à-dire, en prenant de l'âge, tout simplement, en cumulant les années. Avec l'âge, mais alors, à partir duquel on compte ? À partir de quel âge compte-t-on ? Je pense que c'est bien avant celui de la copulation, de la retraite, n'est-ce pas ? Il paraît que jusqu'à 20 ans, on monte, on grandit, on se construit. Et à partir de 20 ans déjà, on commence à dégringoler. Jusqu'où ? Si on grimpe pendant nos 20 premières années de vie, on redescend en principe plus longuement. Alors peut-être plus bas que la naissance. Et alors, que se passe-t-il avec l'âge ? Devient-on plus prudent, plus prudente, plus attentive, plus flippée, plus trouillon ? Ou au contraire, plus allègre ? Vous connaissez peut-être les mots d'Oscar Wilde, « Avec l'âge vient la sagesse, mais parfois l'âge vient tout seul » . J'adore. Vieillir n'implique pas du tout d'être plus raisonnable. Au contraire, peut-être. Ose-t-on plus ? Se gêne-t-on moins ? En ce qui me concerne, j'ai plutôt cette impression-là. Ne se moquerait-on pas plus du camp des ratons ? Ben oui, en tout cas personnellement, je pense que je crains moins les jugements. Je me sens peut-être plus libre, en somme. Pas vous ? Pendant nos parcours professionnels, quel que soit le métier et l'engagement, on doit « convenir » , entre guillemets. Entrer dans une ou plusieurs cases, se caler dans un moule, s'adapter, ne pas dépasser, montrer satisfaction, réussir, se faire remarquer mais sans déranger. bosser sagement, se ranger parmi les autres, sans être des moutons, mais quand même avancer avec le troupeau. Je ne me suis jamais sentie coincée par le regard des autres, mais je savais que j'étais observée, appréciée ou détestée pour des raisons très variées et souvent personnelles. Ça, ça fait partie des effets secondaires de mon métier d'animatrice radio dans le service public. Mais ce jugement existe évidemment dans plein d'autres domaines. Les collègues ne sont pas toutes et tous dotés de bienveillance et sympatoches. Et cette « appréciation tacite » sur ce qu'on fait, comment on le fait, qui on est même, génère une atmosphère plus ou moins stressante, malaisante et contraignante qui nous empêche d'être franchement libres. Alors, je pousse un peu le trait, j'exagère un chouïa, c'est pour mettre en évidence la patine du temps qui peut-être nous protège. En tout cas, c'est ce que je pense. Je ne sais pas si vous êtes d'accord. Avec le temps, en prenant de l'âge, nous sommes peut-être moins fragiles face aux avis des autres, moins touchés. On s'en fout en fait, non ? Bon, finalement, avec l'âge, chacune, chacun, ses doutes, ou même à l'inverse, peut-être ses certitudes. Une chose est sûre, comme le souligne ce proverbe canadien, avec l'âge, on vieillit. Bon, voilà, c'est simple, c'est du bon sens, c'est la vie. À nous de nous en arranger, mais en toute liberté, n'est-ce pas ?