- Speaker #0
Bienvenue sur Good Visa, le podcast voyage et bien-être pour s'évader et se ressourcer. Aujourd'hui, je vous propose d'aller à la rencontre d'Angélique, journaliste. En 2016, elle part en sac à dos pour découvrir l'Amérique du Sud. Son voyage devait durer 9 mois et pourtant, elle va y rester 3 ans. Dans cette première partie, Angélique va vous parler de son aventure en Uruguay, au Chine et en Bolivie. Cet épisode est une invitation à s'ouvrir au monde et à reconnecter avec la nature. Je m'appelle Camille et je vous souhaite une bonne écoute, ou plutôt un bon voyage. Bonjour à tous, bonjour à toutes, bonjour Angélique.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Comment te sens-tu aujourd'hui ?
- Speaker #1
Très bien, je suis ravie d'être avec toi pour partager ce moment.
- Speaker #0
Super, écoute, je te remercie encore pour ta participation, ça fait un moment qu'on échange, j'ai découvert et dévoré même ton livre sur la route de la Pachamama aux éditions Géorama. Donc avant qu'on commence, qu'on se lance dans le vif du sujet, est-ce que tu veux bien commencer par te présenter, nous dire qui tu es, où tu habites, ce que tu fais dans la vie et surtout ce qui te fait vibrer ?
- Speaker #1
Ok. Donc je m'appelle Angélique Mangon, je vis vers Clermont-Ferrand maintenant depuis presque 5 ans. Et je me suis installée là justement après mon retour d'Amérique du Sud, donc de ce long voyage de 3 ans dont on va parler maintenant. Et à la base, moi, je suis journaliste. Donc aujourd'hui, je continue à écrire des articles pour certains magazines sur des thématiques qui m'intéressent, surtout liées à l'environnement ou aux initiatives durables, etc. Et je fais pas mal d'ateliers d'intervention, d'éducation en médias à l'information dans les classes. Voilà. Et là, j'aimerais bien me lancer dans l'écriture de biographies de gens. Voilà. Donc c'est un peu varié. J'aime pas faire tout le temps la même chose. Et c'est justement ça qui m'intéresse, de ne pas faire... tout le temps les mêmes choses, de changer un petit peu de... Voilà, j'ai pas une semaine qui se ressemble et ça c'est chouette. Et sinon ce qui me fait vibrer aussi, à côté de ça c'est aller mettre les mains dans la terre, dans mon jardin, descendre au bord de la rivière et toutes ces petites choses-là qui me reconnectent à la nature et qui font du bien.
- Speaker #0
Oui, parce qu'on va revenir sur cette fameuse Pachamama, on va beaucoup en parler et je suis aussi super contente de pouvoir te recevoir parce que récemment j'ai interviewé beaucoup d'hommes, beaucoup d'aventuriers donc ça fait plaisir de pouvoir avoir à nouveau une femme au micro. Donc effectivement, tu le mentionnais, trois ans en Amérique du Sud. On va revenir un petit peu sur la genèse de ce projet. Est-ce que tu peux nous expliquer peut-être aussi quel était ton lien avec les voyages ? Est-ce que tu as grandi dans un environnement où le voyage était assez présent ? Si tu avais des inspirations d'aventuriers, aventurières ?
- Speaker #1
Alors, je n'ai pas du tout grandi dans un monde où le... Le voyage était présent, mes parents étaient agriculteurs, donc autant dire qu'on partait un petit peu en vacances, mais on n'a jamais fait ensemble des grands voyages et surtout pas à l'étranger. Et du coup, mon lien avec le voyage, il a commencé quand j'ai des amis qui ont commencé à partir faire des stages ou des Erasmus et que j'en ai profité pour aller les voir un petit peu. Donc ça a commencé comme ça, par des petits voyages en Europe. Et puis après, avec ma plus vieille amie, on va dire des voyages un petit peu plus loin. On est allés déjà au Chili. une première fois, puis au Cap Vert, puis dans plusieurs pays. Donc ça a commencé comme ça par des petites bribes. Et en parallèle, j'ai lu quelques livres dont celui de Ludovic Hoebler qui est aussi publié chez Géorama, Le Mont d'Anse Top et puis plusieurs autres comme ça qui sont venus un peu comme amener des petites étincelles en fait. Et je pense que c'est comme ça que petit à petit a germé l'idée de me dire un jour je ferai un voyage long, qui aura un objectif. Au début j'imaginais des missions humanitaires ou des choses comme ça et puis en fait je me suis rendu compte que c'était pas tellement ça que je voulais faire. Et je pense que finalement le fait d'être journaliste déjà à l'époque, je me suis dit que ce que j'avais envie de faire c'était de questionner une thématique. Et du coup c'est comme ça qu'est né un peu ce projet-là.
- Speaker #0
Et ce projet est né aussi au départ avec une invitation à un mariage au Chili. Et initialement tu te disais voilà je vais peut-être partir trois mois. En fait petit à petit ça s'est transformé en neuf mois. Et en fait tu es partie trois ans.
- Speaker #1
Oui ben voilà donc c'est... Je pense que je la remercierai jamais assez, mon amie Fanny. Donc, on était à la fac ensemble et elle, elle vit au Chili maintenant. Elle est mariée, elle a trois petites filles depuis. Mais au départ, elle m'invite à son mariage. Donc, évidemment, je lui dis que je vais venir. Enfin, ça, c'est même pas évident. Mais après, je me dis, tiens, c'est peut-être ça qui vient réveiller ce rêve endormi, on va dire, de faire un long voyage. Et je me dis, je vais en profiter pour... faire quelque chose et construire un projet. Et en plus à ce moment là à Paris c'est la COP 21, on est en 2015, fin 2015 et... Il y a plein de jeunes qui se lancent dans des projets de voyage, on va dire engagés. Et à ce moment-là, je rejoins un mouvement, une asso, et notre but, c'est de mettre en relation des jeunes qui partent faire des voyages engagés, comme ça, qui ont des objectifs, on va dire, de questionner des choses sur le monde. Et là, vraiment, je construis mon projet à ce moment-là. Et en effet, au départ, je me dis, deux, trois mois, ça suffit, parce que ça me faisait peur, en fait. Et plus ça allait, plus je me rendais compte que si je voulais prendre vraiment le temps, ce n'était pas suffisant. Et je m'en rappellerai toujours, j'ai rencontré un homme qui avait écrit un livre, qui avait traduit un recueil de poèmes d'un poète mapuche. Donc il y avait eu un article sur lui dans Libération et il avait accepté de me rencontrer. Et quand on s'est rencontrés dans un café, il me dit « Non mais Angélique, ton projet c'est super, mais neuf mois ce ne sera jamais suffisant en fait » . Et du coup je repense toujours à cette petite phrase, parce qu'au final il avait raison, ça n'a pas été suffisant et ça a duré trois ans.
- Speaker #0
Et j'aime bien ça, cette idée où en fait, avant même que tu partes, tu savais qu'il allait y avoir une dimension engagée, que tu voulais vraiment creuser en fait, rencontrer en tout cas des hommes et des femmes qui ont ce lien fort à la nature et qui travaillent pour préserver la terre, où tu te donnes en objectif d'aller rencontrer des communautés indigènes, des agriculteurs, des éco-constructeurs, des citoyens engagés, même en apprendre sur les plantes médicinales. J'ai l'impression que tu es partie avec une liste immense. et tu le dis à un moment dans le livre, on va revenir dessus, que plus ton voyage avance, plus tu te rends compte que tu peux réaliser les rêves que tu t'étais fixés, les objectifs que tu t'étais fixés. Donc là, si je me rappelle bien, tu es partie en octobre 2016 où tu as commencé avec l'Uruguay.
- Speaker #1
Oui, exactement. Et vraiment, peut-être juste pour revenir sur cette thématique du lien à la nature, en fait... C'est arrivé un peu comme ça. Je me suis renseignée sur l'Amérique du Sud et je me suis rendue compte qu'il y avait là-bas ces peuples qui avaient ce lien fort, cette connexion avec la nature, cette connaissance des plantes médicinales. Et là, je pense que pour le coup, peut-être mes racines de paysanne, on va dire, sont venues réveiller ça et ça m'a parlé. Et du coup, c'est pour ça que je me suis lancée sur ce thème-là. Ce que je pense, enfin vraiment ce qui était hors de question et ce que je ne voulais vraiment pas, c'était juste partir et cocher des listes dans une case pour dire que j'avais vu telle, telle, telle chose. Je voulais vraiment pas que ce soit un voyage juste touristique. Alors il y a eu des parenthèses touristiques, évidemment, à certains moments je suis allée visiter des incontournables, et voilà, et j'ai pris des tours pour aller dans des endroits, mais c'était vraiment pas le but principal, quoi.
- Speaker #0
Oui, et ça je me rappelle, c'est avec Sébastien Destremot, un skipper français que j'avais interviewé, il disait ça, que maintenant le voyage c'était un peu ça, c'était... juste pour aller dire bah oui j'ai pris ma photo à tel endroit, je l'ai posté sur Instagram, mais non il y a toute cette dimension autour. Donc pour cet épisode qui va être un petit peu différent des autres, où c'est vrai que pour mes invités on focalise sur un pays en particulier, là Angélique tu vas nous parler de plein de pays, donc on va faire des mini-focus à chaque fois. Donc avant que je te pose quelques questions sur ton séjour en Uruguay, est-ce que tu pourrais nous partager, c'est une question que je pose en général à la fin d'un épisode, mais Trois mots pour toi qui résumeraient l'Uruguay ?
- Speaker #1
Oh wow ! Plein ! Ok ! Parce que le plus haut sommet de l'Uruguay, je crois que c'est 400 mètres et des brouettes, donc voilà. Le maté et la plage.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux expliquer peut-être aux auditeurs et auditrices le maté ?
- Speaker #1
Alors le maté, c'est cette boison typique qu'on boit en Argentine, au Chili, en Uruguay, qui se boit dans une petite bombilla, une petite tasse un peu... Et on met les feuilles directement de maté, l'eau chaude par-dessus, et on boit ça grâce à une paille métallique. Et c'est vraiment un objet du quotidien et un objet de partage et de rencontre. Enfin, je ne sais pas, vous attendez un bus, un arrêt de bus, quelqu'un arrive avec son maté, vous échangez trois mots, il va vous proposer de partager, quoi. Donc c'est vraiment un outil de sociabilisation aussi.
- Speaker #0
Et en parlant de sociabilisation, comment tu décrirais les personnes que tu as rencontrées en Uruguay ?
- Speaker #1
hyper chouette et chaleureuse. Alors, il y a deux types de personnes, parce que du coup, je suis allée déjà là-bas rencontrer des personnes dont on m'avait donné les contacts parce qu'ils avaient un lien avec mon sujet de prédilection, on va dire, qui était donc ce thème du lire à la nature. Donc, il y a eu Miguel, qui était cet homme, un ingénieur agronome incroyable et passionnant et qui m'a transmis énormément de choses, de sa connaissance des plantes, comment les associer entre elles, etc., comment les transformer pour se soigner. Après, j'ai rencontré aussi des jeunes qui avaient... construit une école autonome en énergie, donc c'était des gens hyper passionnés. Et après, il y a aussi des gens trop chouettes qui m'ont pris en stop, qui m'ont hibergée. Mais en fait, ouais, en Uruguay, j'ai rencontré beaucoup de gens engagés. Même une hôte de coach surfing que j'avais contactée un peu par hasard parce qu'elle vivait pas loin de cette école où j'allais aller faire le reportage. Elle aussi, en fait, elle était hyper engagée. Elle faisait ses petits semis qu'elle partageait avec ses voisines. Elle allait lancer un projet pour défendre une zone où des promoteurs immobiliers voulaient construire et du coup il y a... Ouais, j'ai rencontré plein de gens engagés en Uruguay.
- Speaker #0
Et tu vois, tu parles de Miguel, j'allais te parler de lui parce que tu nous expliques qu'il cultive ses plantes, ses herbes médicinales et surtout que tu lui dédies ce livre. C'était une de tes premières rencontres et même dans ton livre, tu nous expliques ce premier séjour. Tu sens que voilà, ça annonce un bon présage pour la suite de ton aventure. Et là, tu nous expliquais que c'était plat, donc le rugueux. Si les auditeurs et auditrices ont envie de se projeter un petit peu, toi quand tu repenses à l'Uruguay en termes de paysages, qu'est-ce que tu visualises ?
- Speaker #1
Bah du coup c'est grandes routes plates un peu qui traversent, qui sont entourées de forêts et les plages. Je me rappelle de cette plage de Cabo Polonio qui est vraiment tout au bout de l'Uruguay, qui est une plage un peu comme coupée du monde. Et où les gens vivent sans, enfin avec des panneaux solaires etc, ils sont pas raccordés. Donc on est sur un espèce de village où il n'y a pas de câbles électriques. C'est assez étonnant finalement. Et où il y a plein de gens qui viennent, plus ou moins hippies, passer un peu de temps ici. Et là, j'ai rencontré aussi des voyageurs très chouettes. Et voilà, ça c'est ce qui m'a marquée. C'est comme ça que je retiens l'Uruguay et les grandes rues pleines de vent de Montevideo aussi.
- Speaker #0
Et tu nous expliques aussi dans le livre que tu sens dans ce pays l'influence de l'Argentine par rapport à la nourriture. Parce que dans Good Visa, on aime bien parler aussi de nourriture. Tu nous parles par exemple de dulce de leche. Peut-être que tu peux nous en dire un petit peu plus sur cette nourriture. On la sentait bien présente dans ce chapitre sur le rugue.
- Speaker #1
Oui, c'est le début. Peut-être que je découvrais plein de saveurs. Je découvre le maté, je découvre l'assado, le poisson au barbecue aussi. Enfin, un retour de pêche justement chez... Chez Nadia là qui m'a vu aussi en couchsurfing. Et oui et la dulce de leche aussi oui c'est là où je la découpe finalement. Bon on la trouve aussi pas mal en Argentine. Des empanadas aussi j'ai un souvenir d'empanadas hyper bonnes en Uruguay.
- Speaker #0
Tu fais un passage rapide ensuite en Argentine. Ça on reviendra peut-être un petit peu plus loin sur ce pays. Là j'aimerais bien que tu nous parles du Chili parce que... J'ai l'impression que voilà, là le Chili c'est une belle entrée en matière encore plus dans ton voyage. Donc est-ce que tu peux nous dire peut-être si c'était tes contacts qui t'ont amené au Chili, donc tu connaissais déjà un petit peu ?
- Speaker #1
Donc oui, le Chili, j'y suis allée une première fois en 2014, mais du coup dans la partie nord plutôt. Et là je suis allée directement en Patagonie parce que j'avais pris contact avec un anthropologue qui devait m'accompagner dans des communautés du peuple Mapuche. qui est le peuple natif du Chili et de l'Argentine. Et donc grâce à lui, j'ai vraiment touché du doigt et découvert cette autre manière de percevoir le monde. On appelle ça la cosmovision. C'est-à-dire que les Mapuche considèrent qu'ils font partie de la nature, comme tous les éléments qui sont dans la nature, les arbres, les plantes, etc., qui ne sont pas supérieurs à cette nature, que vraiment ils en font partie. Et du coup, eux, ils vont aussi dire, utiliser le terme de terre-mer, donc ils vont pas dire la Pachamama, parce qu'on va le voir plus tard, mais Pachamama, c'est du Quechua, mais eux, ils vont dire New Kemapu, et donc c'était très marquant, parce que j'ai rencontré Carlos Payamanque, qui était le chef d'une communauté, qui était un homme un peu, au départ, rustre, on va dire, de premier abord, qui comprenait pas très bien d'abord qu'est-ce qu'une occidentale venait faire chez lui. En fait, pour lui... sa manière de voir le monde, c'est LA manière de voir le monde, il imagine pas qu'on puisse voir différemment. Et du coup, quand on lui dit « Je veux comprendre votre manière de voir le monde » , il comprend pas, en fait, au départ. Et ensuite, après, j'ai dit que mes parents étaient agriculteurs, et là, il s'est mis à sourire, et il a débloqué un truc, et il m'a dit « Ok, tu peux rester » . Et en fait, pendant plusieurs jours, on a régulièrement eu des conversations assez profondes, où il me transmettait vraiment tout son savoir, et sa sagesse, quoi. Donc là, c'était vraiment marquant, parce que je pense que c'est ça qui m'a mis Merci.
- Speaker #0
le pied vraiment à l'étrier on va dire et dans sur le premier pavé du chemin quoi donc voilà c'est effectivement là que tu rentres encore plus dans le vif du sujet et j'ai noté un petit passage coup de coeur où tu expliques et ça commence déjà à se ressentir alors tu n'en es qu'au début de ton aventure que tu aimerais qu'il y ait deux vies enfin qu'on ait deux vies en fait la première pour faire le tour du monde lentement au gré des rencontres et la seconde en fait pour rendre à à de nouvelles visites. tous ces gens que tu rencontres, qui ouvrent des portes aux voyageurs, qui partagent sans compter. Et tu vois, c'était au début du livre, mais cette phrase, elle ne m'a vraiment pas quittée, parce que je pense qu'aussi les auditeurs et auditrices qui aiment bien voyager, qui ont fait des rencontres au fil de leur voyage, se retrouveront peut-être là-dedans aussi. Ça serait tellement magique de se dire, ok, je reviens dans tous les endroits que j'ai déjà visités, juste pour revoir les personnes extraordinaires que j'ai rencontrées, parce qu'il y a même certaines personnes... Tu les rencontres juste quelques jours, certaines un petit peu plus longtemps. Et voilà, j'imagine que tu es toujours d'accord avec cette citation, même après la fin de ton voyage.
- Speaker #1
Ouais, alors déjà je suis hyper émue, parce que ça me fait toujours un petit truc quand on lit des citations de mon livre comme ça. Mais oui, oui, complètement, je suis complètement d'accord. Et c'est vrai que souvent on me demande est-ce que je vais retourner en Amérique du Sud, etc. Et je sens que là j'avais l'appel de m'enraciner un peu quelque part, de prendre le temps d'écrire le livre. Et là je bouge beaucoup pour aller le promouvoir à droite à gauche. Et je sens que j'ai aussi l'appel d'aller ailleurs, sur d'autres continents, à découvrir d'autres pays. mais que quand même des fois j'aimerais aussi retourner en Amérique du Sud pour revoir toutes ces personnes quoi.
- Speaker #0
Et si tu me permets, tu vois en termes de passage, j'avais noté aussi sur le Chili ta rencontre avec Don Eric. Donc déjà en plus j'ai l'impression que c'est le personnage qui sort vraiment toutes ces phrases qui restent ancrées où il te dit que rien n'est un hasard, que tout arrive pour une raison précise, mais il te parle aussi du temps parce qu'il te dit quoi que tu fasses dans la vie ne lutte pas contre le temps, au contraire prends le temps de vivre les choses. À la fin d'en tirer le meilleur, même les événements négatifs ont une raison d'être. Ne garde pas de peine ni de rancœur et pose-toi toujours la question, quel enseignement dois-je tirer de ce qu'il m'arrive ?
- Speaker #1
C'était assez incroyable cette rencontre. Surtout que ce monsieur, je l'avais rencontré grâce à Don Carlos dans un rassemblement de village. Et donc Don Carlos me donne son numéro, je continue mon voyage et je me dis mais je ne vais pas l'appeler, il aura autre chose à faire le mec que de... parler avec moi quoi. Du coup j'ose pas l'appeler et je suis à Puerto Varas donc pas très loin de Puerto Montt, au nord de la Patagonie on va dire. Et là je fais un petit détour pour rentrer à mon auberge pour aller voir le volcan qui est là-bas. Et j'ai le papier dans ma poche où je me dis non mais je vais pas l'appeler quand même. Et là bim, qui c'est que je vois dans la rue ? Lui. Et lui il me reconnaît en fait j'aurais pu faire style, je l'avais pas vu mais en fait il me reconnaît, il sait plus très bien d'où il m'a vu mais il sait qu'il m'a vu. Et donc on se met à discuter, nanana, et je lui dis, voilà, j'allais vous appeler, il me dit, passe ce soir chez moi, pas de problème et tout. Et voilà, à la vie des fois, elle nous donne des petits coups de main, on va dire, et je pense que c'était un coup de main pour aller parler avec cet homme. Et en fait, on a passé toute la soirée à discuter, et voilà, je sais pas, c'était une bible un peu, c'était ce genre de personnes sages qu'on a envie de rencontrer dans sa vie, parce qu'on va parler avec lui, et il va nous nourrir de plein de savoirs et de plein de choses. qui peuvent être utiles. Et cette phrase là, ne lutte pas contre le temps, dès que je me sens dans une course rattrapée par la course de la vie, j'essaye de penser à lui et de dire ok vas-y retrouve la puissance de ses mots et mets-les en action en fait, ralentis. Et ouais, donc ouais c'est vraiment une personne incroyable que je suis vraiment très heureuse d'avoir rencontré et où là j'ai vraiment senti lui c'était le deuxième pavé sur le chemin quoi. Et vraiment un grand bond finalement, une grande avancée dans toutes mes réflexions. Et c'est lui qui m'a dit tu devrais te rapprocher de la spiritualité et je pense que ça aussi ça a été un autre pas vers la suite.
- Speaker #0
Et c'est là aussi, si je me rappelle bien, que tu te rends compte que ta mission sur Terre, et en tout cas à travers ce voyage, même si tu le sentais déjà un petit peu au début, c'est que ça va être d'inspirer les autres. avec ces modes de vie que tu es en train d'explorer, de semer au vent des petites graines de changement. Et là, tu vas encore plus découvrir sur ces médecins, ces guérisseurs traditionnels. J'ai noté aussi ta rencontre avec Ginette, qui t'explique qu'avant de cueillir une plante, elle demande toujours la permission à la nature de l'offrir, afin qu'elle remplisse la fonction pour laquelle elle récolte. et en fait Tu vois, en te rapportant ces passages du livre, je me dis mais ça devait être incroyable en fait, même peut-être des fois trop de tous les jours, tu te prends des prises de conscience où tu te dis mais ils ont tout compris en fait. Enfin c'est... Ouais. Voilà, tu prenais tous ces enseignements.
- Speaker #1
Alors après, c'est vrai que le livre il donne l'impression de condenser mais ça s'étale quand même sur plusieurs semaines ou par mois. Donc c'est vrai que c'est pas non plus tous les jours un enseignement quoi. Ok. Mais par exemple Ginette, elle ça a été aussi une femme incroyable. Plusieurs personnes m'avaient parlé d'elle en fait et quand je l'ai contactée, elle me dit « Ah mais t'es journaliste donc t'as un appareil photo, est-ce que tu pourrais faire un film sur le projet qu'on fait avec les enfants là pour leur transmettre notre langue, notre culture, etc. » Du coup c'était genre en fait merveilleux. Elle avait un besoin, moi j'avais un besoin et toutes les deux on pouvait répondre à notre besoin en simultané quoi, ce qui arrive quand même. peu souvent dans la vie finalement. Et voilà, et du coup, elle m'appelait la periodista, la journaliste tombée du ciel, parce que du coup, j'étais arrivée comme ça dans sa vie, et c'est vrai. Et elle aussi était arrivée dans la mine pour le meilleur, parce que, vraiment, pareil, avec elle, on a pris des heures et des heures à parler, à ce qu'elle me transmette plein de choses sur sa culture, ses traditions, et notamment cette petite phrase-là, sur la manière de cueillir les plantes. Juste le fait qu'elle prenne ce temps de demander la permission, ça montre tout son respect et tout son lien à la nature. Donc voilà, c'est plein de petits apprentissages comme ça qui sont vraiment précieux les uns mis derrière les autres.
- Speaker #0
Et là, si tu te prêtes à nouveau à l'exercice pour trois mots pour définir le Chili.
- Speaker #1
Mapuche, je dirais le premier mot. Patagonie et tempête. Parce que je me suis retrouvée plusieurs fois dans des tempêtes.
- Speaker #0
Ah ouais ?
- Speaker #1
Oui, tempête qui empêche un bateau de partir, tempête avec la soute du bus qui s'ouvre, voilà, ce genre de tempête.
- Speaker #0
Je le vois. Et est-ce que tu retiens, alors, il y a eu tous ces enseignements par rapport à tes échanges avec les Chiliens, mais peut-être quelque chose qui les différencie des autres communautés en Amérique latine ?
- Speaker #1
Si on compare par exemple avec la Bolivie, on est quand même dans un pays qui est beaucoup plus développé et où il y a plus de contacts avec la modernité. Et du coup, je pense que c'est ça un peu qui va différencier. Et les enjeux aussi, par exemple, pour les communautés Mapuche sont assez différents que c'est en Bolivie. Parce que par exemple, chez les Mapuche, il y a beaucoup d'enjeux liés à la lutte pour la préservation du territoire, avec des conflits, avec des... multinationales ou l'État chilien avec l'application régulière de la loi antiterroriste. Donc il y a quand même ça, tous ces enjeux-là aussi de préservation du territoire qui sont souvent des territoires pleins de ressources et donc c'est pour ça qu'il y a plein d'entreprises ou d'États qui souhaitent se les accaparer. Mais chez les Mapuches, c'est vraiment très important, ce problème-là. Et aussi, il y a le fait qu'ils ne sont pas reconnus en tant que nation, en tant que Mapuche, ils sont chiliens au regard de l'État, mais l'État ne dit pas ... Ils n'ont un peu rien à faire des Mapuche et de leur culture. Alors qu'en Bolivie, par exemple, l'État reconnaît qu'il est composé d'une trentaine de nations différentes, donc les Quechua, les Aymara, etc. Et du coup, même s'il y a plein de choses à retirer dans la manière dont l'État bolivien va gérer ça, mais il y a quand même une meilleure reconnaissance des peuples qu'au Chili. Et ça, ça se joue aussi dans le moral des peuples, dans leur manière d'être, etc. Leurs revendications et tout ça.
- Speaker #0
Ok. Merci pour cette précision. Et pour terminer sur le Chili, parce que tu vois, c'est vrai que c'est un petit peu le deal avec cet épisode. Tu vas nous parler de plein de pays et on aimerait bien parler encore plus longtemps du Chili et ainsi de suite. Mais peut-être terminer en nous décrivant un petit peu le Chili dans ses paysages, même si c'est immense, pour donner quelques images aux auditeurs et aux auditrices.
- Speaker #1
Je décrirais plutôt le sud parce que je ne suis pas retournée dans le nord du Chili à l'occasion de ce voyage vu que j'y étais allée déjà en 2014. J'ai des souvenirs de la Carité Austral, cette route qui s'élance vraiment à travers le sud, la Patagonie, qui est une toute petite route qui par moments est vraiment en gravier et sur lesquelles pour faire du stop il n'y a pas grand monde qui passe et on est rentouré par des sommets enneigés, il y a tous les glaciers, des lacs d'eau bleu turquoise, des rivières d'eau bleu turquoise. Donc c'est vraiment un pays aussi... qui est vraiment magnifique. Ça, vraiment le détour.
- Speaker #0
Et après, là, tu refais un petit stop en Argentine pour ton sixième mois. Mais là, si c'est évoqué pour toi, on va focaliser un peu plus sur la Bolivie où tu as passé quand même pas mal de temps. Donc là... En Bolivie, en plus, je garde le suspense pour celles et ceux qui liront ton livre, il y a une entrée assez fracassante en Bolivie avec une rencontre assez particulière avec une dame qui t'en fait voir de toutes les couleurs. Mais voilà, on garde un peu de suspense pour les lecteurs. Et donc là, en fait, tu vas découvrir les mamitas, même les colites, je crois.
- Speaker #1
Colites, oui.
- Speaker #0
Colites, pardon, qui sont vêtues de jupes. aux mille jupons, bouffantes, colorées, avec les chapeaux plats, les hommes ont des ponchos rouges, parce que ça aussi tout le textile en Amérique latine, si j'ai bien compris, voilà, c'est plein de couleurs, ça varie beaucoup suivant les pays que tu vas traverser. Et là tu vas en apprendre un petit peu plus aussi sur les conditions de vie de certains ouvriers qui travaillent dans les montagnes, dans les mines. Et un passage qui m'a assez bluffée, c'est qu'un moment On t'apprend qu'il y a peu de femmes en fait qui travaillent dans la mine parce que ça rendrait la Pachamama jalouse.
- Speaker #1
Oui alors ouais oui juste pour revenir sur l'entrée fracassante je vais pas dévoiler mais à ce moment là je me suis dit je vais pas rester longtemps dans ce pays de façon je attendais une amie qui me rejoignait je me dis je fais le séjour avec elle je reste un mois et je m'en vais parce que je sais pas j'ai été trop enfin je sais pas ça m'a tellement un peu effrayé cette entrée bon au final je suis restée je crois 4 5 6 mois je sais même plus mais longtemps donc bon voilà rien comme quoi Elle se fie à sa première impression parfois. Et oui, en fait, il y a quand même beaucoup de croyances dans cette forme de spiritualité liée à la nature. Donc des croyances qui peuvent paraître un peu saugrenues et d'autres qui sont un petit peu plus fondées peut-être, si tant est qu'une croyance puisse être fondée. Mais en effet, dans la mine, il y a ces hôtels à la Pachamama, il y a aussi plusieurs divinités de la mine protectrice, on va dire. Et en effet, ce que nous raconte la personne qui nous emmène dans la mine, c'est que la Pachamama pourrait être jalouse. Alors après, je n'ai pas beaucoup plus d'explications. Ça a fait souvent sourire et peut-être que c'est juste une justification des hommes pour ne pas laisser les femmes entrer dans la mine. Et dans ce cas, c'est un peu abusé, mais on ne sait pas.
- Speaker #0
En tout cas, ça m'a fait sourire. Il y a des croyances qui sont nouvelles, qui peuvent surprendre. Et là aussi, un moment dans ton séjour en Bolivie, tu sens quand même un premier coup de mou, tu te sens peut-être pas forcément à ta place. Et ça, sur un voyage au long cours, surtout quand on parle en tant que femme seule, est-ce que tu peux nous dire peut-être ce que tu as mis en place, justement, pour pas te laisser abattre par ce coup de mou ?
- Speaker #1
Oui, là, vraiment, ouais. En fait, je suis à ce moment-là reçue dans une famille qui est pourtant hyper chouette. Enfin déjà ils sont pas du tout obligés de me recevoir donc c'est déjà hyper généreux de leur part et ça se passe pas mal en fait mais juste ils ont... c'est différent, ça répond pas exactement à ce que je suis venue chercher, ils ont une religion assez particulière à laquelle ils essaient un peu de me...
- Speaker #0
Convertir ?
- Speaker #1
De me convertir ouais, plus le frère de la dame serait super comme mari pour moi, enfin bref tout ça au bout d'un moment j'en peux plus en fait j'ai l'impression d'être... d'avoir plus du tout cette liberté et aussi d'être à côté du truc et puis peut-être mon ami est parti il y a pas longtemps, on en a à peu près 6 mois de voyage donc peut-être il y a aussi une fatigue qui s'est mise en place en fait ce serait un peu trop facile de dire que tout va toujours bien, en fait il y a plein de moments où ça n'en va pas et à ce moment-là en fait j'ai envie d'appeler ma mère j'ai envie d'appeler mes amis mais bon c'est pas forcément évident et puis en plus les gens ils s'imaginent que vous êtes en train de filer le parfait bonheur donc ils vont pas comprendre que vous puissiez être pas bien Donc la méthode, c'est de pleurer beaucoup, accepter que ça va pas en fait je crois, écrire, moi j'écris beaucoup quand ça va pas et ça me fait souvent du bien, et marcher. Et du coup ce jour-là, j'étais sur la place d'un village, donc je suis rentrée à pied jusque là où j'étais hébergée. Et puis en fait j'ai fait des rencontres sur le bord du chemin dont un mec qui s'appelait Victor Hugo Cervantes, enfin c'était quand même trop marrant.
- Speaker #0
C'était son vrai nom ?
- Speaker #1
Ouais ouais, il s'appelait vraiment Victor Hugo et Cervantes. son nom de famille. Incroyable. Il n'avait aucune idée de qui était Victor Hugo et de qui était Sarantes mais du coup, on a papoté autour de ça et il m'a refait ma journée en fait, ce mec. Et en fait, se dire aussi, je pense que le petit secret, c'est de se dire que ok, on est en train de traverser une phase difficile mais ça va revenir. Ça aussi, c'est quelque chose que j'ai appris dans la cosmovision de ces peuples, c'est qu'eux, ils voient la vie beaucoup plus comme un cycle et de manière moins linéaire que nous. Et ça, ça m'aide vachement même dans ma vie d'aujourd'hui quand je traverse quelque chose de dire ok en fait ça va pas durer C'est un moment à traverser, il y a quelque chose à vivre là, à apprendre, et en fait plus tard ça ira mieux, et j'aurai grandi, j'aurai appris, j'aurai évolué, et ça fait écho à ce que disait Eric Vargas aussi au départ, de qu'est-ce que j'apprends finalement de cette épreuve que je traverse.
- Speaker #0
Oui parce qu'aussi tu te rends compte, tu vas un petit peu plus dans cette Bolivie intérieure j'ai envie de dire, avec 32% de la population qui vit de l'agriculture, que tu découvres aussi qui sont seulement aux prémices de l'agriculture biologique. tu te rends compte même aussi que certaines familles dans lesquelles tu vas être hébergé ont des conditions de vie vraiment rudes même s'ils font preuve d'une extrême générosité tu... Tu le prends un petit peu comme un coup dans la figure, j'ai l'impression, et tu te dis, ah oui, on n'est vraiment pas tous avec les mêmes cartes en main dans le jeu de la vie. Je crois que c'est cette petite métaphore que tu faisais. Je trouve ça important aussi de le mentionner sur ce long voyage, comme tu le disais, que tout le monde se dise, ah bah voilà, tout va bien, tout est parfait. Non, tu vois aussi des familles pour qui c'est vraiment difficile. Tu ne passes pas tes nuits dans des auberges de jeunesse constamment de luxe ou quoi que ce soit. T'es hébergé aussi parfois dans des conditions difficiles, mais tu sens que t'es accueilli avec toute la générosité du monde.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Et d'un autre côté, des fois, ça me fait un peu me sentir coupable parce que je me dis, moi, j'ai quand même cette chance d'avoir un passeport français. Et ça, c'est un truc qu'on oublie un peu souvent, mais on a vraiment une énorme chance d'avoir un passeport français parce qu'on peut voyager dans plus d'une centaine de pays, alors qu'un Bolivien, déjà, il faut qu'il en ait les moyens. Et en plus, son passeport ne lui permet pas de voyager dans autant de pays. Et donc ça c'est quand même quelque chose, des fois je me dis c'est injuste quoi. Pourquoi en fait moi parce que je suis française j'ai le droit de voyager partout alors que quelqu'un qui vient d'un autre pays il n'a pas ce même droit. Et du coup je pense que c'est important de garder ça en tête qu'on a vraiment ce privilège en fait. C'est pas juste hop pim on va voyager, on va voir, on observe, on regarde et on revient et on fait des photos. Non en fait il faut quand même se rendre compte que c'est un privilège. Et du coup des fois quand je pars de la maison de chez quelqu'un, qui est une maison en terre où on m'a laissé le lit et les gens ils ont dormi par terre, et après je vais chez une autre femme qui vit en haut d'une tour magnifique avec une vue splendide sur la passe, je me dis bah en fait moi j'ai cette chance de pouvoir faire ça et eux ils sont restés là-bas. Et du coup à la fois ça me rend triste et en fait ça questionne aussi de manière plus générale pourquoi on voyage, qu'est-ce qu'on va voir, etc. Enfin du coup ça pose plein plein de questions. Et donc ce que j'en retire je crois que c'est que faut pas arrêter de voyager. Parce que c'est un privilège, mais il faut l'utiliser correctement.
- Speaker #0
Et super, merci beaucoup d'en profiter pour faire ce rappel. Et je fais aussi un clin d'œil à l'audience de ce podcast, parce que ça m'étonne toutes les semaines. Il y a des gens qui écoutent le podcast partout dans le monde. Des fois, il y a des pays, je me dis, mais comment ça se fait que le podcast aille jusque-là ? Donc voilà, c'est un petit clin d'œil aux auditeurs du monde entier du podcast. Et aussi pendant ton séjour en Bolivie, tu vas faire une expédition dans la jungle. Donc est-ce que tu peux nous en dire plus parce que tu as découvert cette faune et cette flore incroyable ?
- Speaker #1
Ça c'est vraiment quelque chose qui m'intrigue et que j'ai envie d'explorer. Je n'ai pas envie d'aller réserver un tour et aller dans un écologe alimenté par un groupe électrogène où je vais être avec un groupe de touristes pendant cinq jours. Donc je me dis comment je vais faire en fait. Donc il y a deux choses qui se sont présentées à moi à des moments différents. Je suis allée faire un reportage, ça c'était dans un deuxième temps, dans une communauté qui était menacée par la construction d'un barrage hydroélectrique. Donc ça, ça m'avait remis de rester vraiment dans cette communauté du peuple mossétaine pendant plusieurs semaines et de vraiment être en immersion dans la jungle et partager avec eux et écrire un article sur la situation qu'ils traversaient. Et avant ça, par... Les hasards des réseaux sociaux, la magie, j'ai été mise en contact avec un copain d'une copine qui était bolivien. Et lui, il vivait vers la Paz, plutôt en altitude, mais il avait un ami de la fac qui était le maire d'un petit village aux portes de l'Amazonie. Et c'était la fête anniversaire de ce petit village. Donc il me dit, vas-y, si tu veux, on se retrouve là-bas. Et mon ami, c'est l'adjoint au maire, donc il aura un plan pour nous pour qu'on soit logé, etc. Donc on débarque là-bas et pendant plusieurs jours, c'est la fête, on se fait inviter chez des gens, on dort dans la mairie. Déjà, c'est assez magique comme moment. Puis après, moi, je me dis, bon, ça va bien la fête, maintenant j'ai envie vraiment d'aller dans la forêt. Et alors là, comment on fait ? Parce qu'on n'y va pas tout seul, c'est hyper dangereux. Enfin, voilà, on peut se faire mordre par tout un tas de trucs, manger tout un tas de trucs. qui sont toxiques, etc. Mon but, c'est d'apprendre, c'est pas d'aller faire une aventure toute seule où je serai en contact de personne. Et donc, on en parle un peu autour de nous et là, des gens nous disent vous devriez aller rencontrer Don Negro Baradas. Lui, il a une cabane au bord du fleuve, au bord du parc Madidi et en fait, il va avec des pêcheurs là-bas régulièrement pour ravitailler son restaurant en poisson. Donc peut-être, il peut vous emmener. On va négocier avec ce mec, c'est un grand gars très costaud qui a un peu de pouvoir en fait dans la ville parce qu'il est propriétaire de restaurant, il emploie des gens, du coup il en joue un petit peu de sa notoriété et tout ça. Et du coup au début il se moque un peu de nous et de nos... notre envie d'aller dans la forêt. Et au final, il finit par accepter et dire « Ok, rendez-vous lundi, on ira, etc. » Et donc au final, on est allés, mon ami Milton et moi, avec lui, son fils, des pêcheurs, on est restés une semaine avec eux là-bas, dans ce petit village qu'ils ont construit au bord de la rivière, et à découvrir vraiment comment vivent les pêcheurs quand ils vont là-bas pour quelques jours pêcher plein de poissons. allez écouter les singes hurleur le matin avant même de sortir de sa toile de tente, observer tout un tas d'animaux etc et c'était vraiment quelque chose d'assez magique.
- Speaker #0
Oui parce que je crois que tu parles aussi des perroquets rouges, les papillons multicolores et c'est assez émouvant ce passage parce que on sent que tu es dans ce bonheur intense et c'est là aussi peut-être parce que là on en est quoi à peu près bientôt un an ?
- Speaker #1
Ouais ouais.
- Speaker #0
Donc voilà, ça fait quand même plusieurs mois que tu voyages et là tu sens que ça y est, tu commences à évoluer, à te sentir un peu changée, à être plus sensible aussi à tout ce qui t'entoure, ce que tu ressens. Et j'imagine que ces premières étapes, que ce soit en Uruguay, au Chili, là la Bolivie, ça t'aide à avoir toutes ces prises de conscience. voilà tu te sens complètement transformé et il y a aussi cette vision du peuple des Andes donc là peuple plus large des gens, pardon, entre Bolivie, Argentine, Pérou et Équateur, où ça revient beaucoup cette idée de vivre dans le moment présent, où il y a même ce terme, alors pour la prononciation, le Kunan Pacha ? Oui, Kunan Pacha, oui. Ça ressort beaucoup et tu sens que tu arrives à un peu plus le mettre en pratique ?
- Speaker #1
Oui, un peu. Ouais, en fait, je crois que c'est vraiment un truc très occidental de se poser autant de questions sur l'avenir. Ce que j'ai un peu observé, enfin, et ce que les gens m'ont confié, c'est que, en effet, ils vivent beaucoup plus dans le moment présent, et beaucoup moins dans... même s'ils se projettent quand même, parce qu'ils... mais ils vont se projeter sur les cycles, un peu des saisons, plutôt que sur... dans 10 ans, je ferai ci, dans 50 ans, je ferai ça, quoi. Et, au final, le voyage, il invite aussi à cette temporalité-là, d'être dans le moment présent, parce qu'en fait, moi, assez vite, je planifie un peu des petits trucs. mais pas trop non plus et j'ai aussi envie de laisser la place à ce qui peut arriver quand je sors au coin de la rue quoi. Et ça, c'est assez subtil cet équilibre entre eux parce que vu que mon objectif c'est quand même aussi d'aller rencontrer des gens et de faire des reportages etc. donc il faut quand même que je les cherche un petit peu mais aussi je me rends compte que finalement ils arrivent aussi à moi parce que je reste ouverte à ça.
- Speaker #0
Oui et puis c'était l'avantage d'avoir ce voyage au long cours où t'avais pas vraiment de date de fin, enfin si. Un petit peu un moment, il y a ce moment où tu t'es dit voilà je vais pas faire que neuf mois, tu déchires ton billet du retour, où là tu sais que tu n'as plus de date de retour et donc tu peux te permettre de passer plus de temps. Si tu te sens bien dans une famille, tu vas y rester plus longtemps. Là voilà, vous vouliez aller explorer un petit peu plus cette jungle, tu prends le temps de le faire. Donc c'est vrai que c'est chouette de ne pas avoir constamment cette projection de je rentre dans deux semaines, donc il faut vite que je fasse ça, que je fasse ci et ainsi de suite. C'est un vrai luxe. ça change complètement le rapport au temps finalement et c'est hyper précieux et là donc on va conclure rapidement ce petit extrait avec la Bolivie là qu'est-ce que tu nous dirais en trois mots pour résumer la Bolivie je
- Speaker #1
dirais Altiplano donc c'est les hauts plateaux vraiment là où on manque d'air parce qu'on est à 3000-4000 et on galère à respirer je dirais Aguayo c'est ce tissu coloré que les femmes ont tout le temps dans le dos dans lequel elles vont porter leurs enfants et plein d'autres choses et je dirais marché parce que les marchés en Bolivie sont aussi hyper colorés on peut aller manger là-bas il y a toujours le passage un peu des sorcières avec toutes ces femmes qui vendent des plantes médicinales voilà,
- Speaker #0
trop bien et là donc on va passer au Pérou donc on est à peu près à ton onzième mois ... Là, tu vas faire... J'ai l'impression que c'est un petit peu plus sportif aussi, cette partie du voyage, où on reviendra dessus après, que tu te fais plein d'amis en route, que tu vas faire un petit peu de bivouac, à un moment, vous tombez un petit peu malade, parce que ça aussi, il faut le dire, en voyage, surtout qu'en aussi long cours, ça peut arriver malheureusement en voyage, encore plus avec ces histoires d'altitude aussi, comme tu l'expliques dans le livre. donc là il y a Machoupichou, voilà on va pas s'étaler dessus non plus mais tu fais une... si c'est ok pour toi d'en parler avec nous moi j'ai bien aimé sur le... Perroux, tu nous parles d'une rencontre avec Philippe, où si je ne me trompe pas, c'est un petit peu la petite romance, même si tu ne rentres pas dans les détails dans le livre. Mais je me posais beaucoup la question sur justement quand on est dans un long voyage comme ça, quand on fait une rencontre où on sent qu'il y a quelque chose en plus et que ce n'est pas simplement de l'amitié, ça a dû être challenging quand même. Si tu veux bien nous en dire quelques mots.
- Speaker #2
Et malheureusement c'est tout pour aujourd'hui puisque je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour la deuxième partie de cet épisode spécial Amérique du Sud. Angélique vous partagera la suite de ses aventures au Pérou et elle vous parlera également de l'Équateur, là où elle a pu rester plus d'un an. Elle sera l'occasion également de faire un bilan après ses trois années de voyage. Elle vous partagera ses questions, parlera d'intuition, de voyage solo. Je vous dis à la semaine prochaine et je vous remercie encore un nouveau pour votre fidélité, votre écoute et à très bientôt.