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Good Visa : le podcast voyage et bien-être

#29 - GUYANE : Elle demande sa mutation sur un coup de tête et l’Amazonie française va bouleverser sa vie (Ludivine Labbé)

#29 - GUYANE : Elle demande sa mutation sur un coup de tête et l’Amazonie française va bouleverser sa vie (Ludivine Labbé)

58min |21/01/2025
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58min |21/01/2025
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Description

Ludivine, ancienne CPE, partage son aventure de deux ans en Guyane française : un véritable voyage transformateur.

Cette expérience lui a permis d’explorer la forêt amazonienne et de découvrir une culture locale riche et unique. Mais pas seulement : la Guyane l’a poussée à surmonter ses peurs, à se réinventer, et même… à écrire un roman inspiré de ce territoire fascinant. Découvrez les défis qu’elle a relevés, la richesse culturelle et naturelle de la Guyane, et comment cette expérience a bouleversé sa vie. Cet épisode est une invitation à ralentir, à s’émerveiller et à se dépasser. Je vous souhaite une bonne écoute et surtout, bon voyage !


Les références de l’épisode : 


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Le podcast voyage Good Visa est produit et présenté par Camille Merel. 


Musique : Camille Merel


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_______________________




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur GoodVisa,

  • Speaker #1

    le podcast voyage et bien-être pour s'évader et se ressourcer. Chaque épisode vous invite à découvrir une destination et une histoire de vie inspirante. Aujourd'hui, je vous propose d'aller à la rencontre de Ludivine. Elle a récemment passé deux ans en Guyane française et son expérience l'a transformée. Elle va vous parler de ses rencontres avec les locaux, de la forêt amazonienne et de ses prises de conscience. Je m'appelle Camille et je vous souhaite une bonne écoute, ou plutôt... Un bon voyage !

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, bonjour à toutes, bonjour les divines !

  • Speaker #1

    Salut Camille !

  • Speaker #0

    Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Eh bien ça va, un peu frigorifié, on n'est pas en Guyane, mais on va en parler donc ça va nous réchauffer.

  • Speaker #0

    Exactement ! Alors avant qu'on se lance dans, comme tu l'as mentionné, dans la Guyane, est-ce que tu peux commencer par te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas, nous dire d'où tu viens, ce que tu fais dans la vie et ce qui te passionne ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, j'ai un peu l'impression d'avoir eu 1000 vies en une. Quand j'étais en Guyane, puisqu'on a parlé de cette période-là, j'étais CPE, je travaillais dans un établissement scolaire. En Guyane, du coup, j'ai travaillé avant à la Courneuve où j'ai passé de merveilleuses années avec mes élèves. Et là, j'ai complètement changé de vie après la Guyane, justement. Et je suis autrice de romans et la moitié du temps dans la semaine, je suis aussi serveuse à Barcelone dans un petit café. Donc, voilà.

  • Speaker #0

    Merci encore à toi d'avoir accepté qu'on fasse cette interview. Comme tu le disais, tu écris des romans et c'est comme ça que j'ai pu découvrir ton parcours. On reparlera de ce livre Profite du chemin aux éditions Erol que tu as sorti il me semble en 2023 et qui est sorti format poche en 2024.

  • Speaker #1

    C'est ça exactement.

  • Speaker #0

    Donc un voyage qui se passe en Guyane et ce livre, en fait, je t'ai contacté et je l'ai lu en une journée. Tout simplement, j'ai été... absorbée parce que tu nous fais vraiment découvrir la Guyane sans trop de chichi, j'ai envie de dire. Tu décris énormément ce que tu vois, cette nature que tu ressens dont on va reparler. Et je me suis dit, ça serait génial qu'on puisse échanger ensemble et même pas quelques jours après. Donc voilà, encore merci à toi. Donc là, tu étais en train de nous expliquer comment tu t'es retrouvée en Guyane. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu plus en détail pour que l'audience s'y tue un peu plus ? Comment tu as fait pour te retrouver à l'autre bout du monde ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais essayer de faire cours. Donc, j'étais CPE dans l'éducation nationale. Je travaillais à la Courneuve ou à côté de Paris, où vraiment j'adorais vraiment mon métier, j'adorais mes élèves. Mais j'avais un grand besoin de changer d'air et de voir du pays. J'ai toujours adoré voyager. Et surtout, en fait, j'avais ce besoin de sortir de ma zone de confort. Je sais que c'est un terme qu'on utilise beaucoup, beaucoup. Parfois, on peut en être un peu fatigué de se faire sortir de sa zone de confort, mais c'est vraiment ce que je ressentais. Je me sentais étouffée à Paris alors que j'avais toujours plus ou moins aimé cette ville. Et j'ai saisi cette opportunité de demander ma mutation avec mon ex-conjoint, ensemble, en Guyane. Donc, on a tous les deux eu notre mutation et on est partis vivre comme ça, à Saint-Laurent-du-Mavrigny, sur les rives du Suriname. Et vraiment, c'est... C'est un voyage qui a changé ma vie et qui m'a apporté tellement de belles choses que j'ai fini par en écrire un roman.

  • Speaker #0

    Et donc pour celles et ceux qui ont déjà lu le livre, je pense qu'on commence à comprendre un petit peu plus de choses. On en parlera peut-être plus à la fin sur le détail de l'histoire vraiment du livre. Mais là, on va se focaliser d'abord sur ton expérience, si tu le veux bien. Donc là, on était en quelle année à peu près quand tu es partie avec ton conjoint ?

  • Speaker #1

    Il me semble que je suis partie en Guyane en 2019. Et je suis restée... à peu près deux ans, donc c'est assez récent. Le livre, il est sorti en 2023 et j'ai terminé de l'écrire en Guyane. En fait, je suis revenue pour terminer d'écrire mon roman symboliquement à Saint-Laurent-du-Maroni. J'ai refait des expéditions en forêt, etc. pour vraiment m'imprégner de la Guyane jusqu'à l'écriture des derniers mots et de toute façon, franchement, j'ai pas pu faire autrement que d'y retourner pendant l'écriture du roman parce que je ressentais un peu... quel manque de la Guyane en me replongeant dans l'écriture en Amazonie. Un jour, je me suis dit, il faut que j'y retourne et j'ai retourné deux semaines pour terminer le roman là-bas.

  • Speaker #0

    Et c'est vrai que j'aime bien repréciser un petit peu quand même pour que l'audience se resitue. La Guyane, on va parler de cette Amazonie française, c'est son surnom. C'est donc au nord-est de l'Amérique du Sud. Ça partage ses frontières avec le Suriname que tu mentionnais à l'ouest et le Brésil à l'est. Et le nord est bordé par l'océan Atlantique. Pour les langues parlées, il va y avoir le français en langue officielle. Ça, tu nous en reparleras peut-être un petit peu plus. Il y a beaucoup de langues locales qui coexistent avec le créole guyanais, des langues amérindiennes. Et en termes de superficie, la Guyane, en fait, c'est le plus grand département français. Parce que ça, c'est vrai qu'on a peut-être tendance à l'oublier que c'est un territoire... français. Et la forêt équatoriale recouvre près de 98% du territoire. Et dernier petit fun fact, je ne sais pas si tu le savais, en langue amérindienne, en fait, en Arawak, la Guyane, donc Guyana, ça veut dire terre d'eau abondante.

  • Speaker #1

    Je ne savais pas. Donc je vais apprendre des choses avec ton podcast aujourd'hui et j'en suis vraiment ravie.

  • Speaker #0

    Super, c'est pour ça que j'aime bien avoir des petits fun facts aussi tout le long des épisodes pour que les invités puissent aussi découvrir pourquoi pas quelques... Quelques informations supplémentaires. Est-ce que tu connaissais déjà la Guyane avant ? Est-ce que c'était un territoire qui t'attirait particulièrement ou c'était plutôt, voilà, c'est arrivé comme ça ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne connaissais pas la Guyane en tant que telle. Je m'étais quand même renseignée sur le contexte géographique, on va dire ça comme ça. Honnêtement, j'y suis allée un petit peu pleure au fusil, je pense qu'on peut dire comme ça. Et avec... une forme de naïveté aussi, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Et d'ailleurs, je crois que je ne voulais pas trop en savoir non plus, parce que je me suis dit que j'avais envie d'y aller, avec une espèce de naïveté, d'ouverture d'esprit, d'humilité aussi, par rapport à un territoire que j'allais découvrir. Et pour être tout à fait honnête aussi avec toi, il y a beaucoup de gens qui ont été très surpris de mon choix de partir en Guyane, parce que... Je suis quelqu'un qui était très, très flippée de tout ce qui est insectes, bestioles, qui n'était pas vraiment… Alors, j'étais un peu une baroudeuse parce que j'avais déjà pas mal voyagé en sac à dos, mais dans ma vie quotidienne, un petit peu timourée sur tout cet aspect-là de la nature. Et quand j'ai dit aux gens que je partais vivre en Guyane, tout le monde a ouvert des grands yeux en me disant Mais tu sais que là-bas, il y a des insectes, c'est la forêt, il y a de l'humidité partout. Et en fait, on renvoyait une image tellement effrayante, voire négative de la Guyane que je n'avais même plus envie d'en parler avec les gens, en fait. Et que j'ai décidé de... J'avais acheté le guide du routard, je crois. Et je suis partie comme ça avec mon ex-conjoint, l'esprit ouvert et l'envie de découvrir à fond ce nouveau territoire.

  • Speaker #0

    Super. Et je rejoins ce que tu dis par rapport à tes proches, parce que quand je suis partie vivre au Cambodge, pareil, tout le monde se disait, non, mais elle, avec les bestioles, ça va être une catastrophe. Ça a été un petit peu compliqué, mais je te rejoins complètement sur ce côté de surprendre un petit peu son entourage quand on annonce des départs. Je pense à, par exemple, Nicolas Dubreuil que j'ai reçu. Lui, il a annoncé à son entourage qu'il partait carrément au Groenland. Donc, c'est intéressant aussi de voir les réponses de notre entourage quand on annonce des départs aussi fous que ça. Donc là, tu pars en Guyane parce que c'est vrai que tu aurais pu choisir d'autres territoires d'outre-mer, par exemple dans les Antilles, dont tu t'es dit je veux vraiment quelque chose de dépaysant pour te lancer dans cette nouvelle aventure.

  • Speaker #1

    Alors en fait, pour tout te dire, je n'avais pas vraiment eu un panel de choix énorme parce que par exemple la Réunion ou d'autres territoires comme ça, avec peut-être plus attractif au niveau des plages de sable blanc, etc., c'est des départements qui coûtent beaucoup plus cher en termes de nombre de points. quand on veut faire une mutation. Donc avec mon expérience et mon ancienneté dans l'éducation nationale, je pouvais aller à Mayotte ou en Guyane. Et de toute façon, je ne me suis vraiment pas posé la question très longtemps. Dans ma tête, c'était clair dès le départ, c'était la Guyane. Je ne saurais pas te dire pourquoi, mais vraiment, j'ai ressenti un espèce d'appel, ce que je n'ai pas vraiment rationalisé, où je me suis dit, il faut que j'aille là-bas en fait. Mais sans vraiment trop le penser, je n'ai pas fait de grande théorie sur le moment de je ressens un aspect mystique pas du tout. Je me suis juste dit j'ai envie d'aller en Guyane, j'y vais Et il faut savoir aussi que je suis du genre à prendre des décisions un peu radicales et un peu instinctives et assez rapides. Je suis quelqu'un de très impatient, qui aime bien prendre des virages dans sa vie de manière un peu épidermique. Donc là, j'ai senti qu'il fallait que j'y aille. On a demandé notre mutation. Parce que j'ai eu la chance aussi que mon ex-conjoint, à ce moment-là, avait la même envie que moi. Et on est partis vivre ensemble là-bas.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup. Et du coup, ça me fait penser aussi, tu vois, à ce que tu disais par rapport à l'île de la Réunion et ainsi de suite. J'ai regardé quelques reportages avant qu'on fasse cet enregistrement, qui disaient qu'en fait, la Guyane, ce n'est pas si touristique que ça, par rapport à justement les Antignes ou d'autres territoires d'outre-mer. toi tu as trouvé que c'était assez touristique ?

  • Speaker #1

    Alors c'est pas touristique du tout la Guyane et c'est super qu'on en parle parce qu'on me demande souvent surtout les gens qui ont lu mon roman Profite du chemin et qui me disent j'ai regardé le prix des billets d'avion parce que j'avais trop envie d'y aller et c'est vrai que c'est une destination évidemment que je recommande parce que C'est une destination magnifique qui a des trésors insoupçonnés en Guyane, que la forêt, la culture guyanaise, la gentillesse des gens. Pour moi, c'est un endroit où il faut aller une fois dans sa vie, si vraiment on en ressent l'appel. Par contre, c'est un voyage qui se prépare justement parce qu'il y a très peu de structures touristiques. Donc, pour certaines immersions en nature, certaines expéditions, il y a très peu de place. vu qu'il y a peu de guides et peu de structures. Et on a aussi besoin la plupart du temps d'avoir son propre matériel. Donc tout ce qui est vaches, cordes, hamacs, moustiquaires, les toucs qui sont des bidons en plastique qu'on prend pour les expéditions en forêt. Parfois, les prestataires de tourisme les prêtent, mais pas tout le temps. Donc c'est un voyage qui demande de l'investissement financier au niveau du prix du payet, au niveau de l'anticipation, partir sur un coup de tête. en Guyane, c'est-à-dire par exemple la semaine prochaine je vais en Guyane, dans deux semaines je ne le recommanderai pas forcément parce qu'il faut réserver bien à l'avance les aventures en forêt parce que on ne va pas dans la forêt amazonienne comme on va à Fontainebleau donc il faut vraiment être accompagné et il faut avoir des guides agréés qui vont nous amener en toute sûreté découvrir ce magnifique territoire qu'est l'Amazonie. Donc voilà, il faut réserver, il faut prévoir le billet d'avion il faut prévoir le matériel ça s'anticipe. mais en anticipant, on peut faire le plus beau voyage de sa vie.

  • Speaker #0

    Comme tu disais, c'est vrai que moi, après avoir lu le livre, j'avais qu'une envie, c'était partir découvrir ce territoire. Même si j'aime bien que tu rappelles que ça se prévoit. J'ai lu aussi qu'il faut beaucoup d'autorisation dès qu'on voyage en Amazonie, parce qu'il y a des zones à risque, qu'il y a beaucoup de frontières avec les pays autour. Donc ça, c'est bien que tu le précises, que ça ne se fait pas du jour. Au lendemain, donc là justement, tu parlais de l'Amazonie, de toute cette forêt qui recouvre 98% de son territoire. Est-ce que tu peux essayer un petit peu de nous le décrire avec tes propres mots ? Parce que comme tu le racontes un petit peu dans le livre, j'imagine que tu as encore tes premières impressions quand tu as atterri en Guyane. Déjà cette chaleur, il me semble. Est-ce que tu peux nous décrire un petit peu tes sensations quand tu es arrivée là-bas ?

  • Speaker #1

    Alors, moi je suis tombée amoureuse de la Guyane. Et rien que là de t'en parler, j'en ai encore des frissons et je pense que je vais garder à vie une forme de nostalgie qui partira jamais. Quand t'arrives déjà, t'es dans l'avion et tu vois cette espèce de marée verte, une forêt qui s'étend à perte de vue. T'as l'impression d'être au sud de l'océan, mais un océan d'arbres avec ses veines très terreuses de la mangrove, ses grosses artes. terre qui irrigue cette nature, cette jungle, l'Amazonie dans ce qu'elle a de plus sauvage. Et donc, je n'ai pas vraiment eu peur, mais je me suis dit, c'est fascinant. C'est fascinant et j'ai envie de savoir, j'ai envie de connaître, j'ai hâte. En fait, j'avais une forme d'empressement, d'atterrir. Et quand on atterrit, en fait, tu as cette bouffée de chaleur et d'humidité qui te prend, qui vraiment s'embarque partout. dans chaque cellule de ton corps qui irrigue tes poumons presque que tu en as le souffle le temps de t'habituer à cette sensation de chaleur humide et puis ensuite t'arrives en Guyane t'atterris à Cayenne c'est une ville que j'aime beaucoup même si je n'ai pas passé beaucoup de temps mais c'est là que j'ai fait mes premières rencontres en Guyane c'est une ville qui est pleine de multiculturalité mais ce qui m'a frappée c'est que Dès que je suis arrivée, c'est comme je te disais, cette abondance de cultures, de langues, de saveurs qu'on voit tout de suite dès qu'on arrive en fait. Et un des premiers trucs que j'ai fait, c'est le marché. Et pour une grande amoureuse de la bouffe comme moi, ça aussi c'était magique. Et là, on voit tout de suite les influences brésiliennes, les influences hongues, les influences guillennaises, créoles. et bushinengue, donc il y a tous ces plats qui se mélangent dans ce marché aux mille savelles, aux mille couleurs et donc on s'immerge directement là-dedans et on se dit que ça va être une aventure formidable. Ensuite j'ai passé quelques jours à Cayenne et j'ai filmé ensuite avec mon compagnon d'époque vers Saint-Laurent du Maroni et on est parti donc à l'ouest de la Guyane et on est parti dans un endroit qui était encore un... plus reculée que Cayenne, une ville qui est plus petite. C'est encore un peu plus, entre guillemets, un peu plus sauvage. Je ne sais pas si c'est le mot parce que c'est surtout que c'est encore plus dépaysant, en fait, c'est encore plus dépaysant que Cayenne. parce qu'on a aussi une langue qui est différente, qui est une langue locale qui s'appelle le Bushinanguetongo, et qui là aussi nous plonge dans un univers totalement différent, totalement fascinant, qu'on a envie de découvrir. Et voilà, l'aventure commence comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, donc déjà, ça t'a annoncé la couleur de cette expérience qui t'attendait. Et j'aime beaucoup que tu parles de cette mosaïque de cultures, de tout ce métissage qu'il y a. Parce que dans les reportages que j'ai regardés, Arte, Chapébel et ainsi de suite, ce qui ressortait beaucoup des témoignages des locaux, c'était justement cette harmonie entre toutes ces cultures. Que ça soit les Brésiliens avec les Guyanais français. Il y avait vraiment une belle entente entre toutes ces populations. Est-ce que tu es d'accord avec ça ?

  • Speaker #1

    Oui. Franchement, je n'ai jamais ressenti de tension, de problème d'intégration, par exemple, de moi qui venais de métropole. D'ailleurs, les gens qui viennent de métropole, on les appelle les métros. Donc, si je le dis à un moment donné dans le podcast, voilà. Mais en tout cas, moi, je n'ai jamais eu ni de ressenti de tension. Vraiment, j'ai eu l'impression que les gens étaient plutôt contents de faire découvrir leur culture. Comme je te disais, j'ai fait CPE et donc il y avait souvent des familles qui nous apportaient des plats qu'elles avaient cuisinés ou les surveillants du collège qui nous invitaient avec d'autres personnels de l'équipe éducative à partager des repas chez eux. Et donc honnêtement, j'ai senti une forme de bienveillance et d'ouverture qui m'a donné encore plus envie même de découvrir la Guyane.

  • Speaker #0

    Donc en fait ton livre c'est l'histoire de Lou qui est donc professeur de français dans un prestigieux collège parisien et elle voit sa vie basculer du jour au lendemain puisqu'en fait elle va être mutée en Guyane. Donc là contrairement à toi en fait dans le livre ce n'est pas son choix. Et en fait elle se retrouve dans un endroit où elle ne voulait pas être, où il ne lui tarde qu'une seule chose c'est de pouvoir rentrer à Paris. Mais elle va essayer d'apprivoiser au mieux ce nouveau cocon dans lequel elle se retrouve. et d'apprivoiser ses élèves, d'apprendre à communiquer avec eux, à vraiment tisser des liens. Et petit à petit, en fait, et on comprend par rapport à ton histoire aussi, pour ce personnage, ça devient vraiment une quête intérieure, une aventure transformative qui va l'inciter à explorer non seulement la richesse de la Guyane, mais aussi explorer son fort intérieur, j'ai envie de dire. Tu expliques dans le livre, en fait, que les élèves, on leur demande de parler français en classe. parce que justement il y a tout ce métissage de cultures avec différentes langues. Est-ce que ça c'était quelque chose vraiment pour le livre ou que tu as vécu aussi de ton côté en arrivant là-bas ?

  • Speaker #1

    Le livre il est à 80% autobiographique. Donc c'est bien parce que ça me permet de garder une petite part de mystère dans ce qui est vrai et ce qui est faux. C'est le privilège de la fiction. Pour ce que je raconte sur l'établissement scolaire, Il y a du vrai et il y a aussi des choses qu'on m'a racontées d'autres établissements. Et donc, cette histoire d'exiger des élèves qui parlent français, oui, c'était le cas, mais ce n'était pas le cas de manière aussi rigide que dans d'autres établissements où on ne voulait même pas qu'ils parlent leur dialecte, leur langue dans la cour de récréation avec leurs copains, etc. Là où moi, je travaillais, c'était quand même plus...

  • Speaker #0

    Plus soft.

  • Speaker #1

    Plus soft, oui.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tes élèves, du coup, toi aussi, t'ont appris un petit peu de vocabulaire ?

  • Speaker #1

    J'ai essayé d'apprendre le Bushinangé Tongo quand je suis arrivée à Saint-Laurent-du-Mahoni. J'ai fait quelques cours, j'avais acheté des livres de vocabulaire, etc. Très honnêtement, j'aurais dû être plus persévérante parce que je suis lâchée d'affaire un peu vite. C'est un petit regret d'ailleurs, maintenant, de ne pas avoir fait un petit peu plus d'efforts d'apprendre la langue. Donc, je savais dire bonjour, au revoir, merci en Bushinangé Tongo. mais je ne savais pas le parler, je ne peux pas dire que je savais parler. Et d'ailleurs, c'était un handicap en boulot de CPE, puisque les entretiens avec les familles, parfois c'était compliqué, et on avait besoin qu'un surveillant ou qu'un personnel, un médiateur social ou quelqu'un vienne faire la traduction pendant mes entretiens avec les familles et les élèves. Et ce que j'aurais trouvé super chouette, ça aurait été que dans l'emploi du temps, des personnels éducatifs et des profs et des CPE, on ait quelques heures qui soient allouées à l'apprentissage de la langue et où on ait des cours de langue au sein de l'établissement sur notre temps de travail. pour apprendre la langue des parents et des familles. C'est quelque chose qui serait super enrichissant et qui serait un atout considérable dans l'encadrement éducatif des élèves.

  • Speaker #0

    Complètement. Est-ce qu'il y avait aussi la présence du portugais dans tes échanges au quotidien ou un petit peu moins que la langue locale ?

  • Speaker #1

    Non, beaucoup moins. Il faut dire qu'à Saint-Laurent-du-Maroni, il y a eu la... Le dialecte qui est le plus parlé, c'est le bouchinanguetongo, comme je te disais. Ce serait plutôt du côté de Saint-Georges et de l'Oyapoc, en fait, de l'autre côté de la Guyane. Saint-Georges, en fait, c'est à la frontière du Brésil, complètement à l'est de la Guyane. Donc, c'est vraiment à l'opposé quasiment de là où moi j'habitais.

  • Speaker #0

    D'accord. J'aime bien faire aussi un rappel historique à chaque fois. Donc, en fait, la Guyane est première population amérindienne. Indiennes sont arrivées il y a plus de 7000 ans. Ensuite il y a les Européens qui ont débarqué au XVIe siècle et qui étaient attirés par les richesses naturelles de la région et ça on en reparlera après. Ça a été donc colonisé par la France au XVIIe siècle, après c'est devenu une terre d'exploitation, il y a eu malheureusement beaucoup d'esclaves africains pour les plantations de sucre, de café. Il y a ensuite eu l'histoire sombre des bagnes entre les années 1800-1900 avec... des milliers de prisonniers qui étaient envoyés au bagne avec notamment l'île du Diable, on l'appelle comme ça. Et en 1946, la Guyane est devenue un département d'outre-mer français, avec aujourd'hui un statut un petit peu spécial. Donc là, si je faisais ce rappel historique aussi, c'était pour voir avec toi par rapport à l'économie de la Guyane, où ça, je vais être complètement transparente, je n'avais aucune idée qu'il y avait tout cet orpaillage, cette exploitation de l'or. qui a beaucoup façonné la Guyane, on le perçoit un petit peu dans ton livre, avec toutes ces controverses, ces pollutions au mercure, tout ce trafic illégal, j'ai envie de dire. Est-ce que toi, tu l'as ressenti ou dans le livre, c'était plutôt par rapport à tes recherches et ainsi de suite ?

  • Speaker #1

    Déjà, je suis très contente que tu parles de cette histoire de la Guyane. Alors, je vais en profiter pour dire que je ne suis pas du tout une spécialiste de l'histoire de la Guyane. et que ceux qui sont le plus à même de parler du contexte sociopolitique de la Guyane et de ce qu'ils ont envie pour l'avenir de ce territoire, ce sont les Guyanais et ce n'est pas moi. Je vais juste partager comment moi je l'ai ressenti quand je suis partie. Je me souviens avoir dit à ma meilleure amie avant de partir en Guyane, je suis super heureuse de partir, comme je te disais au départ. Je n'ai qu'une hâte, c'est d'être dans l'avion et de m'installer là-bas. Par contre, il y a une forme de culpabilité latente en moi. qui a l'impression d'aller dans un endroit qui a été volé. Je te dis les choses telles que je les ai ressenties. Après, je ne vais pas mettre d'explications sociologiques ou psychologiques derrière. Vraiment, c'est un ressenti que j'ai eu. Je disais à ma meilleure amie, je suis trop contente d'y aller, mais j'ai l'impression de participer à quelque chose historiquement qui n'a pas été juste. Et donc, j'ai une forme de culpabilité en partant. Et je vais prendre… cette immersion Vianne avec humilité, avec ouverture d'esprit et avec la volonté que ça vienne bousculer mes croyances et ce que je pense juste et m'ouvrir à cette possibilité que ça vienne bousculer des choses en moi. Donc je suis partie déjà avec ce truc de me dire j'espère que je vais bien vivre ce sentiment qui m'anime de... J'y vais pour enseigner là-bas, mais quand même, c'est pas très juste parce que historiquement, c'est un territoire qu'on a volé. Et quand je suis arrivée en Guyane, c'est vrai que tout de suite, tu vois des différences entre la population locale, notamment la population bouchinonguée, ou les gens qui sont nés en Guyane, qui sont beaucoup plus pauvres que les gens qui viennent de métropole. Donc, c'est vraiment... choquant et criant d'injustice de voir que les gens qui viennent de métropole, c'est des gens qui ont des postes dans la fonction publique et qui ont parfois des logements de fonction, qui ont plus de facilité, même si se loger en Guyane, c'est toute une histoire. Mais quand on vient de métropole, on a certains privilèges que les locaux n'ont pas. Et donc, il y a les bidonvilles, clairement, qui cohabitent avec les villas, avec les piscines. Et les villas avec piscine, c'est toujours pour les mêmes. Donc, on ne va pas se mentir, il y a de grosses inégalités, affreusement scandaleuses en Guyane. L'état des établissements scolaires, on ne le tolérerait jamais. pour des établissements scolaires de métropole, des établissements sans cantine, où les élèves n'ont pas de quoi, parfois, alors pas tous heureusement, mais parfois n'ont pas de quoi manger le midi, et viennent la mort dans l'âme demander quelques euros au personnel éducatif pour pouvoir aller s'acheter à manger. Vraiment, je pense que c'est impossible de parler de la Guyane, honnêtement, si on ne parle pas du traitement social scandaleux qu'il en est fait.

  • Speaker #0

    Je te remercie de partager ça parce que c'est le but du podcast aussi. Oui, on peut faire comme j'ai fait, c'est-à-dire regarder des échappées belles, des reportages artés et tout ça, mais rien ne vaudra des explications comme les tiennes de personnes qui y sont allées. C'est des informations qu'on ne va pas trouver dans les guides de voyage, ainsi de suite. Donc, merci beaucoup de nous livrer ça.

  • Speaker #1

    Surtout que ça a joué aussi sur mon propre itinéraire parce que pour être totalement transparente, j'étais une piètre CPE en Guyane. Parce que, comme je te disais déjà, on n'avait pas cet apprentissage de la langue. Alors, certes, j'aurais pu faire plus d'efforts par mes propres moyens, mais je pense que c'était aussi la responsabilité de l'éducation nationale de former ces personnels à une langue qui est utilisée par les familles dans un territoire qui, historiquement, n'était pas le nôtre. Et je pense aussi que ces établissements qui accueillent des centaines et des centaines et des centaines d'élèves de trop, parce que normalement, il devrait y avoir beaucoup plus d'établissements pour... le nombre faramineux d'élèves qu'il y a sur ce territoire. Et on a des établissements qui implosent, un manque de personnel éducatif dramatique. Donc vraiment, à un moment donné, je me sentais, comme je te disais, d'être une pied de CPE parce que je n'arrivais pas à remplir mes missions de CPE, de dialoguer avec les familles, d'accorder du temps à chaque élève, etc. Et ça n'a pas été le seul facteur de... du fait que j'ai quitté l'éducation nationale, mais ça a joué aussi dans cette prise de conscience de j'y arrive plus en fait, j'y arrive plus, et je préfère arrêter que faire mal mon travail en fait. Et pour ce qui est de ta question originelle sur l'orpaillage, je n'ai jamais vu d'orpailleurs, à part une fois où j'ai vu des camps d'orpaillage, j'espère qu'on en parlera après, parce que c'est l'expédition en Guyane qui a le plus marqué mon séjour en Guyane, c'est mon séjour, ma tranche de vie en Guyane. c'est l'expédition dans les monts Tumukumak. Je l'ai mis dans le roman d'ailleurs et c'est vraiment extraordinaire. Et c'est tellement reculé qu'en fait, là, j'ai vu des camps d'orpaillage en allant sur le mont Alwaken. Mais sinon, je n'ai jamais vu d'orpailleurs en Guyane. J'ai fait beaucoup d'expéditions en forêt, en carbet, etc. Mais bon, je n'ai jamais croisé d'orpailleurs.

  • Speaker #0

    Et là, tu nous parlais justement d'expédition. Donc, ça tombe bien parce que tu vois, j'avais noté ça pour le mont Tumuc-Umac, donc c'est au sud. Et ça marque un petit peu une transition vers le plateau brésilien, ce mont. Est-ce que tu peux nous raconter ? Donc, apparemment, il y a l'air d'avoir une expédition en particulier qui t'a marqué dans cette Guyane.

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai que la principale activité, c'est d'aller en forêt. Comme tu l'as dit, c'est 90% du territoire. Et on peut faire des expéditions absolument merveilleuses de plusieurs jours avec des guides, etc. Mais on peut tout simplement faire des carbés aussi. Les carbés, c'est vraiment comme on irait peut-être à la campagne ou au bord de la mer quand on est en France. Eh bien, en Guyane, on va en carbé. Les carbés, c'est des petites structures de bois, parfois avec des toits au tol, parfois non. en plein milieu de la forêt. Ça peut être des carvées aménagées avec des petites cuisines, des espaces pour faire des barbecues, etc. Ou alors des trucs complètement roots, complètement sauvages, en plein milieu de la forêt. Et on y va entre amis ou en famille, et on y passe comme ça un jour, deux jours. On fait des balades en forêt, parfois du kayak. Voilà, c'est vraiment super, on est en pleine immersion. En fait, on apprend beaucoup de la nature dans ces moments-là, parce qu'on se rend compte que la nature qu'on craignait tant, et on en revient à notre question du départ de comment j'ai survécu à ma peur des bestioles et des animaux en général et de la nature, c'est qu'en fait, on se rend compte que la nature n'est pas dangereuse.

  • Speaker #0

    et qu'on en a une image dangereuse parce qu'on a l'impression que, comme elle n'est pas domestiquée, elle va nous faire du mal. Alors qu'en fait, la nature, c'est juste partie intégrante de nous. Et quand on prend le temps juste de l'écouter, de ralentir et de ne pas être dans cette forme de suspicion, en fait, pour moi, ça a été une source d'apaisement et de transformation absolument fantastique. Je crois que le son que je me souviendrai toute ma vie... et que j'ai préféré en Vienne, et je sais que je ne suis pas la seule, parce que j'ai eu plein de gens qui disent la même chose, c'est les cris des singes hurleurs en plein milieu de la nuit. Et ça, la première nuit, ça m'a traumatisée, parce que quand on ne connaît pas du tout, on a l'impression que c'est un jaguar qui va nous sauter dessus, parce que c'est un cri qui est vraiment très guttural, en fait. Donc, on a l'impression que c'est presque félin, alors que non, c'est des singes. Et quand ils font ce bruit-là, parfois, ils se battent ou ils se déplacent en... en cortège en fait, en équipe. Donc du coup, ça fait beaucoup de bruit, ça fait trembler les arbres, ils crient, ils passent juste au-dessus de nos têtes, donc ils font tout trembler. Et toi, tu as l'impression que tu vas crever, tu vois, la première nuit. Et le matin, tu te réveilles et tu te demandes aux gens, c'est quoi ce bruit ? Et les gens qui ont de l'expérience, ils disent, mais c'est les singes hurleurs, tu as eu la chance de les entendre, c'est génial. Et en fait, on apprend comme ça, au fur et à mesure, que la nature... À partir du moment où on la respecte et où on ne fait pas n'importe quoi, elle n'est pas dangereuse. Alors évidemment, on ne peut pas partir n'importe où, n'importe comment. Ça, je ne le recommanderais à personne. Mais si on fait les choses dans les règles et avec l'esprit, tout se passe bien. Et effectivement, la plus belle aventure que j'ai faite, c'est ce dont je te parlais, les Montumucumac, donc ce point à la trijonction du Suriname, du Brésil et de la Guyane, où c'est deux semaines d'expédition à peu près, et où là, par titre, on doit faire appel à des associations amérindiennes qui nous guident jusqu'au Montalhuacan, et qui chassent pour nous, pêchent pour nous, parce que les métros ou les gens qui ne sont pas amérindiens, tout simplement, pas le droit d'aller, et à juste titre, d'aller visiter, pêcher ou chasser sur les territoires amérindiens. Et donc, quand on veut faire cette expédition, c'est pour ça que je te disais aussi que le voyage en Guyane, ça s'anticipe parce qu'on doit non seulement réserver pour cette expédition, mais aussi il faut le temps que les prestataires amérindiens demandent des autorisations à tous les chefs de village qu'on va traverser pour que les chefs de village donnent leur autorisation à la pirogue de passer. et qu'on puisse passer la nuit au départ, parce qu'après, tu n'as plus de village. Donc, on dort vraiment en totale immersion dans la jungle. Mais au départ, on fait des escales dans des villages amérindiens. Et là, on doit demander évidemment des autorisations pour pouvoir y séjourner une nuit avec notre hamac. Ensuite, plus on s'enfonce dans la forêt, plus on fait ce qu'on appelle du carbé-bâche. Donc, c'est les carbés que je te disais, les nuits en forêt, mais seulement avec des bâches, des cordes et des hamacs. qu'on installe nous-mêmes. Et là, si tu n'as pas de guide à mer indien pour tes détumeurs, voilà.

  • Speaker #1

    Oui, donc c'est ce que tu disais tout à l'heure, que tu as compris que cette nature ne nous voulait pas du mal, mais que voilà, vu qu'on n'est pas des experts sur tout, il faut vraiment faire attention. Et comme tu dis, si on fait n'importe quoi, c'est vraiment un risque zéperile.

  • Speaker #0

    Voilà, il faut quand même des connaissances. Après, comme je te disais aussi, il y a des carbés qu'on appelle des carbés... aménagé et ça, il n'y a pas besoin de guide pour y aller. Tu peux y aller, comme je te disais, en famille ou entre amis et tu n'as pas besoin d'avoir un prestataire extérieur pour pouvoir y aller. C'est complètement sans risque avec un peu de bon sens. Et après, pour ce qui est des expéditions plus à risque et plus immersives, là oui, évidemment, il faut des gens avec des connaissances solides, la connaissance de la faune, de la flore. pour ce qui est de la chasse, de la pêche, etc. Et ça a été vraiment l'aventure la plus transformatrice de toute ma vie. Et avant de faire le podcast, tu me disais, on parlait un peu de spiritualité, de tout ça. Et en fait, vraiment, j'ai senti, quand j'ai fait cette aventure, qu'il y a quelque chose qui a changé à l'intérieur de moi, un switch qui s'est fait. Je me souviens, je me disais, tu es capable de faire ça, tu es capable de tout. Et donc, ça m'a donné une espèce de confiance en moi, la petite citadine parisienne qui se retrouve à aller dans cet endroit tellement reculé en Amazonie, à y prendre. du plaisir, en forme de fusion avec la nature, de communion, de dépassement de soi, etc. Je me suis dit, mais en fait, c'est bon, toutes les choses que tu pensais ne pas pouvoir faire dans ta vie, tu peux en fait. Et donc, ça m'a donné du courage pour par la suite, relever plein d'autres défis. Donc, ça m'a vraiment changé.

  • Speaker #1

    Et écoute, si tu me permets, j'aimerais bien lire un petit passage que j'ai beaucoup aimé, qui, je trouve, fait assez écho à ce que tu es en train de nous dire. Enfin, c'est même deux passages. Donc le premier, c'est... Cette femme qui peut se sentir à sa place n'importe où parce qu'elle s'habite. Et un petit peu plus loin, je ne savais pas que la forêt avait une âme. À vrai dire, je n'étais pas certaine d'en avoir une non plus. Je n'avais pas idée que dans les profondeurs du fleuve battait un cœur. Et donc je trouve que ça fait écho à ce que tu es en train de nous dire. Est-ce que tu penses que c'est ça qui a été un peu le vecteur de plein de prises de conscience en toi ?

  • Speaker #0

    Franchement, oui. J'ai senti quelque... Enfin, j'espère que je ne vais pas trop partir dans le mystique, mais j'ai senti... Avec cette reliance à la nature, à la forêt, quelque chose qui se réveillait en moi, que je reprenais vie en fait. Et c'est fou parce que ça m'a apporté plus de complétude avec moi-même. C'est un peu bizarre ce que je suis en train de te dire. Mais c'est comme si je me sentais plus complète, plus consciente du monde qui m'entoure, plus consciente de moi-même en étant consciente du monde qui m'entoure. Et c'était... Parce qu'en fait, chaque chapitre, à la fin, tu as une lettre que la protagoniste adresse à sa mère, à sa copine, à son mec, etc. Et à un moment donné, je me suis dit, j'ai envie qu'elle écrive une lettre à l'Amazonie. Et cette lettre à l'Amazonie, je crois que c'est mon passage préféré du roman, parce que c'est ce moment où elle se rend compte que la forêt, c'est elle et qu'elle est une partie de la forêt, en fait. C'est qu'il y a une forme de... de complétude entre la forêt et sa propre intériorité, et que la forêt, c'est quelque chose de vivant. Et donc, on le sait parce qu'on se dit que c'est la nature, bien sûr que c'est vivant. Mais entre le savoir et le sentir, il y a une grosse différence.

  • Speaker #1

    Oui, il faut y aller pour le ressentir au plus profond de nous, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, ça vient nous faire du bouche à bouche quand on se sent mourir, en fait.

  • Speaker #1

    J'en ai les frissons, tu vois, qu'on parle de tout ça. Et donc ça, sur cette expédition, tu as donc été amenée à rencontrer d'encore plus près toute cette faune et cette flore. Parce que la Guyane a une biodiversité qui est apparemment incroyable. Il y a plus de 1200 espèces d'arbres, 700 espèces d'oiseaux. Et il y a des animaux emblématiques comme, tu le citais, le jaguar. Il y a aussi le caïman noir, il y a le célèbre paresseux. Dans le livre, tu nous expliques aussi que l'héroïne, elle rencontre des ibis rouges. Il y a aussi le grage, ce serpent assez massif. Il y a le papillon morpho qui a ce bleu électrique. Et tu nous racontes que c'est le symbole de la Guyane. Il y a beaucoup d'oiseaux, il y a les tortues. Moi, je me rappelle, j'avais regardé... Alors, ce n'était pas Rendez-vous en Terre Inconnue, c'était Nos Terres Inconnues, avec Sabrina Ouazani, qui est comédienne. Donc, elle partait en Guyane. À un moment, ils aperçoivent un anaconda. Je peux te dire que ça m'a bien calmée. Est-ce que tu veux bien nous en dire un petit peu plus sur ces rencontres que tu as peut-être pu faire lors de cette expédition ?

  • Speaker #0

    Alors, sur l'expédition en tant qu'elle, j'ai vu pas mal d'animaux, mais la plupart des animaux se cachent bien quand même. On n'en voit pas tous les quatre matins. Donc, je vais peut-être te parler des animaux que j'ai vus en général. Pendant mon expérience guyanaise, il y aura plus de diversité. J'ai vu beaucoup de serpents. Alors, ce n'est pas tous les jours qu'on en voit des serpents, mais j'en ai quand même vu pas mal, notamment un ou deux directement chez moi, dans mon jardin ou sur mon toit. Et donc, en fait, ça aussi, c'est un gros mythe. Les serpents qui viennent nous tuer, c'est vraiment des gros mythes. Je crois qu'il y a eu… Je ne veux pas dire de bêtises, mais il y a une dizaine d'années, il n'y a pas eu un mort par serpent en Guyane. Il y a des antivenins en plus dans tous les hôpitaux. Tu as un certain délai pour aller à l'hôpital, mais on a une petite cure d'antivenin et tu survis. Et on ne se fait pas mort par les serpents tous les quatre matins non plus. Donc, c'est plutôt fascinant quand on en voit, plutôt qu'effrayant. Après, je ne suis pas non plus du genre à m'approcher trop près. Mais quand j'en voyais, j'étais plutôt curieuse de voir comment ça réagissait, etc. Sauf une fois où j'ai vraiment eu la crème, la trouille, où je ne me suis pas baignée, alors que tout le monde se baignait, moi, je n'ai pas osé. J'étais à l'examen des maris de cause. Pour ma décharge, c'était, je crois, genre les... premières aventures en nature que j'ai faites en Guyane. Les marées de Côte, c'est très, très connu. C'est magnifique. Je le recommande à 100%. Mais petite parenthèse, si jamais vous voulez partir faire des aventures en Guyane, vous pouvez contacter Nature de Guyane, qui est respectueux de l'environnement, qui a des guides super, etc. Donc, Nature de Guyane, vous pouvez y aller les yeux fermés. Et là, pour les marées de Côte, j'avais pris un autre prestataire, mais qui était très, très bien aussi. Et on passait, en fait, la nuit sur les marées où... On fait de l'observation de caillements et l'observation des oiseaux, des volatiles, etc. Et on arrive au moment où c'est baignade pour tout le monde. Moi, j'étais trop contente. Et au moment de sauter dans l'eau, j'étais dans les premières sur le canton. Au moment de sauter dans l'eau, je vois un... Alors, je ne sais pas s'il était un anaconda ou un goa, parce que je ne suis pas devenue spécialiste des cercles entre-temps. Mais en tout cas, je peux te dire qu'il était énorme. Ce n'était pas... Ce n'était pas un petit serpent domestique, c'était vraiment quelque chose qui était vraiment, vraiment, vraiment volumineux. Et là, je t'avoue que j'ai appelé le guide et j'ai dit qu'est-ce qu'on fait ? Il m'a dit non, non, c'est bon, il va faire sa vie, ne t'inquiète pas, ça ne risque rien. Et en fait, la plupart du temps, tu peux te baigner avec soit des caïmans, soit des serpents à bout d'étoiles. Tu ne cours aucun risque parce qu'ils ont plus. peur de toi que toi, tu as peur de normalement. Mais ce jour-là, je ne l'ai pas senti. Le guide, il a plongé pour bien montrer qu'il n'y avait pas de risque. Et ce jour-là, je ne me suis pas jetée à l'eau au sens propre comme au figuré. Et ensuite, j'ai vu des paresseux, évidemment. J'ai vu des morphos. J'ai vu des singes hurleurs, des tamarins. C'est des petits singes. J'adore. Il y a plein de... Il y a plein de petits singes en Guyane et là, avec des saimeries, que j'aime beaucoup ces petits singes aussi, qui sont trop mignons et qu'il y en avait dans mon jardin. Et voilà, donc tu croises beaucoup d'animaux différents et des grosses matoutous aussi. Alors ça aussi, le temps de s'habituer, ça fait bizarre, mais quand on s'y habitue, après ça fait partie… En fait, il y a plein de gens qui les appellent un… peu les araignées domestiques parce qu'il y en a dans les maisons en général des matoutous parce qu'elles vont dans les boiseries et c'est des énormes araignées comme des tarentules avec des poils et les pattes, les bouts des pattes sont orange et quand le bout des pattes est orange et que l'araignée est bien noire, il faut faire un distinguo avec les araignées qui sont bleutées, noires bleutées, c'est pas la même espèce mais les araignées marron ou noires avec les pattes orange sont pas dangereuses et là il y en a vraiment partout en Guyane. Mais voilà, ça surprend quand tu les vois une première fois. Après, eh bien, on s'habitue à les voir, en fait. On est plus chez elles qu'elles sont chez nous, en fait. Et donc, voilà. Après, je n'ai pas tout en tête, mais c'est fascinant. Il y avait pas mal d'iguanes aussi dans mon jardin. Et donc, ça, c'était absolument magnifique. Toute forme d'oiseau. Et... Et c'est surtout les sons qui m'ont marquée. Il y a les animaux, mais il y a les sons de la nature. La nuit, ça m'a bouleversée. C'est pour ça que j'adorais dormir en hamac, en pleine nature. Parce que là, tu es vraiment immergé dans une symphonie. En fait, il n'y a pas d'autre mot. Dans une symphonie naturelle. Et tu as un concert gratuit pendant toute la nuit. Et c'est magnifique et ça me manque de ouf là. Tu vois, rien que de t'en parler, ça me donne envie d'y retourner. Parce que c'est comme je te disais au début du podcast, c'est une nostalgie que je me colle à la peau, que je ne partirai jamais. J'ai l'habitude de dire que j'ai l'impression que j'ai laissé un petit bout d'âme là-bas et que je vais revenir le visiter de temps en temps parce que c'est comme si ça me rappelait en fait. Et que j'ai sans arrêt l'envie d'y retourner. Alors, je ne peux pas y retourner tous les jours, ça c'est sûr. Mais mon grand souhait, c'est là d'y retourner dans les deux prochaines années, quoi. Parce que ça me manque terriblement.

  • Speaker #1

    Alors là, tu as dit plein de choses. Déjà, là, moi, je me remets de mes émotions parce que parler des serpents et des araignées, si l'audience savait les têtes que j'ai faites, quand tu nous racontais tout ça, j'étais en train de me décomposer. Mais comme tu dis, tu vois, je ne suis pas là pour raconter ma vie, mais je me dis que ça pourrait être un exercice hyper intéressant que j'y aille pour justement me confronter à toutes mes peurs des bestioles et ainsi de suite, comme on le disait au début. Et j'aime bien aussi que tu parles de cet aspect-là, de dire qu'en voyage, on laisse un petit peu des bouts de notre âme un petit peu partout. Et c'est peut-être ce côté de... On a l'impression que c'est un peu notre deuxième maison, telle destination, telle destination. Et c'est vrai que je n'avais jamais pensé à ce mot de nostalgie qui va nous coller à la peau. Mais ça ne rend que le retour dans ces destinations encore plus exceptionnel.

  • Speaker #0

    C'est sûr, quand je suis retournée en Guyane pour finir mon roman La Barra, J'ai senti une forme de gratitude, mais tellement forte. Et ce livre, d'ailleurs, que j'ai écrit, c'est vraiment ma déclaration d'amour à la Guyane. C'est une forme d'hommage avec beaucoup d'humilité derrière aussi pour ce territoire qui m'a tellement bouleversée, ces rencontres que j'ai faites qui m'ont tellement, encore plus, j'allais dire redonnée, mais j'ai toujours eu foi en être humain, donc renforcée. plutôt ma foi dans l'être humain. Et c'est un voyage qui gagne à ce qu'on en parle plus que ce qu'on en dit habituellement. Comme tu disais au tout démarrage du podcast, de violences, de drogues, du fait que c'est très humide, etc. Donc, on en parle souvent de manière assez négative. Mais quoi que ça commence, je trouve un petit peu à changer avec les différents documentaires qu'il y a eu sur la Guyane. Et j'ai voulu contribuer par ma petite... touche à partager une autre vision qui n'est pas une vérité puisque chacun a sa vérité et qui me tenait profondément à cœur.

  • Speaker #1

    Et là tu parlais de rencontres, j'aimerais bien qu'on s'attarde un petit peu là-dessus sur tes échanges avec la population locale. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur tes ressentis, sur comment tu as appréhendé leur culture ? Est-ce qu'il y a des façons de penser que tu as trouvées différentes et qui du coup t'ont inspiré, t'ont ouvert un petit peu les yeux ?

  • Speaker #0

    le ralentissement et ça ça m'a fait un bien fou parce que comme je te disais je suis quelqu'un d'assez impatiente et ça ses avantages mais ça aussi ses inconvénients d'avoir un caractère un petit peu je veux tout tout de suite en fait et la Guyane ça m'a appris à ralentir et à prendre chaque jour comme il vient déjà de par cette connexion cette reconnexion à la nature mais aussi par le fait que Tout n'est pas disponible tout le temps. Des fois, on attend des bouteilles de gaz pendant deux jours, trois jours, une semaine, deux semaines, et on n'a pas de gaz, et bien il faut faire avec. Et pareil pour d'autres produits qu'on n'a pas tout de suite, le courrier qui n'arrive pas tout de suite non plus. Certes, au début, peut-être ça agace, on a des réflexes un petit peu de ah, mais c'est pas possible, comment je vais faire ? etc. Et en fait, on apprend à ralentir et à se dire que c'est comme ça qu'il faut accepter. et que ça viendra quand ça viendra. Et ça, ça m'a donné vraiment un petit peu plus de patience. Alors, je ne dirais pas que ça a tout changé, mais ça m'a vraiment apaisée à ce niveau-là. Et donc, voilà, c'est la première chose qui me vient. Et après, quand on parle des rencontres humaines, j'ai vraiment fait de merveilleuses rencontres. Et d'ailleurs, la grande, grande majorité des personnages du roman ont existé, que ce soit les colocataires de la protagoniste, sa voisine Lucia, c'était ma voisine, et j'avais tellement accueilli... de la mettre dans mon roman parce que je me disais voilà j'ai trop envie que cette femme qui avait cette douceur immense et qui illuminait chacune de mes matinées par ses wikis et ses sourires et qui venait m'apporter des gâteaux chez maison quand elle faisait de la pâtisserie, j'avais tellement envie de lui donner une place dans mon roman. Et voilà tous les personnages quasiment qui croisent le chemin de la protagoniste ont croisé aussi mon chemin, Thiago aussi existait etc. Et donc, voilà, c'était aussi une manière à moi de leur faire des petits clins d'œil et de leur dire merci, tout simplement. Et nous, il a tant parlé, pour vrai.

  • Speaker #1

    Oui, j'imagine. Et même, tu vois, ta voisine Lucia, je me doutais qu'il y avait des parts de vérité dans ce livre par rapport à l'histoire de Lou. Mais c'est vrai que la façon que tu avais de raconter... La plupart des rencontres, effectivement, on sentait qu'il y avait quelque chose derrière, donc je suis contente qu'on puisse échanger dessus. Et est-ce que tu dirais que tu as amené avec toi à ton retour une autre leçon, grande leçon de cette Guyane ?

  • Speaker #0

    Franchement, je ne crois pas qu'il y ait une leçon générale que m'ont enseigné les locaux ou la Guyane en général. Je pense que c'est plus un sentiment de renaissance, en fait. Et c'est déjà beaucoup. Ce n'est pas une leçon, mais c'est plus un encouragement à vivre ma vie comme j'ai envie de la vivre. Et ça non plus, on ne peut pas dire que ce soit une leçon, mais c'est plus... Comme je te disais tout à l'heure, le fait de renforcer encore plus la foi que j'ai dans l'humain. Il m'est arrivé pas mal d'aventures en Guyane aussi, où sans l'aide des autres, je ne sais pas comment l'aventure se serait terminée. Il y a une anecdote, je ne sais pas si je la raconte ou pas.

  • Speaker #1

    Ça fait plusieurs fois que je me dis, devine mes questions, ce n'est pas possible. Si tu pouvais nous partager une des aventures les plus folles qui te sont arrivées en Guyane ?

  • Speaker #0

    En fait, si tu veux, ce n'est pas forcément les anecdotes les plus folles, je pourrais dire les expéditions à forêt, les aventures, etc. Elles étaient toutes folles parce que dans le dépassement de soi, on peut aller très très loin. Mais c'est plus des petites choses quotidiennes qui ont fait que... La parenthèse a été transformatrice et magique en fait. Et pour tout te dire, en Guyane, j'ai vécu des épreuves personnelles aussi. Donc déjà, j'ai quitté l'éducation nationale. Et donc, j'étais fonctionnaire, j'avais un salaire plutôt confortable. Et j'ai décidé d'arrêter. Déjà, c'était une grosse décision à vie. Ensuite, ça ne m'aura peut-être pas échappé que je parlais de mon ex-compagnon. Donc, je me suis aussi... séparée en Guyane d'une personne que j'aimais profondément. Et donc cette rupture, elle a été vraiment très difficile à surmonter. Et donc je retiens aussi tous ces gens qui, dans mes épreuves, ont été un appui, un soutien et une source de joie, une source de lumière, une source d'aide dans cette transition de vie qui l'ont peut-être facilité aussi. Par exemple, quand je me suis retrouvée sans logement, sans mon ex-conjoint, presque sans travail, etc., j'ai eu des gens qui ont été là pour me dire j'ai une chambre d'amis, viens chez moi, il n'y a pas de souci, vas-y, on partage un logement ensemble Quand à un moment donné, je me suis perdue, il faisait nuit au quartier haïtien à côté de Saint-Laurent, et il était peut-être deux heures du matin, je rentrais d'une soirée. J'étais avec une copine qui était un peu éméchée, on va dire ça comme ça. On ne retrouvait plus trop notre chemin, on ne pouvait même plus conduire. Et en fait, on est tombé sur un homme qui nous a croisés et qui nous a ramenés en voiture à notre domicile parce qu'il voulait juste nous aider et faire en sorte qu'on rentre en sécurité. Et il y a plein d'anecdotes comme ça où j'ai rencontré des gens formidables, tout simplement. Et il dit... Pour ça, je te dis, ma foi dans l'humain, elle s'est renforcée. Alors déjà, elle était bien présente et s'est renforcée avec cette parenthèse guyanaise. C'est pour ça que je te dis, je ne peux pas te donner une anecdote, une leçon ou quelque chose. C'est plus deux ans, c'est long quand même. Il y a plein de choses qui se passent en deux ans. Et si je devais retenir un truc de ces deux années, ça serait plus la somme de petits gestes quotidiens qui ont fait... que je me sente capable de faire tous ces choix de vie qui ont été les miens et qui font qu'aujourd'hui, je fais ce que j'aime le plus au monde, c'est-à-dire écrire et raconter des histoires.

  • Speaker #1

    Et tu le fais merveilleusement bien. Et je ne dis pas ça juste parce que tu es sur le podcast, mais on en parlait un petit peu en off. Et je le disais au début, c'est vrai que dans ce livre, tu parles beaucoup d'humilité depuis tout à l'heure et on le sent dans ton discours, on le sent dans ton livre. C'est comme si... je pars peut-être un petit peu loin, mais c'était comme un précieux trésor cette Guyane, et que t'as envie d'en prendre soin dans la façon que tu as d'en parler, que ça soit là au micro, que ça soit dans le livre, on sent que c'est vraiment un élément très précieux dans ta vie. Donc merci de partager avec nous, de partager toutes ces réflexions, et puis comme on le comprend, ce livre s'appelle Profite du chemin, certes c'est le chemin de la héroïne du roman, mais on comprend aussi que c'est ton chemin, comme tu le disais, et il y a... plus des trois quarts du livre qui correspondent à des faits que tu as vécu, tes émotions. Donc, c'est vraiment très perçu aussi comme cadeau ce que tu nous fais. Donc, merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci à toi d'avoir invité. C'est toujours un plaisir immense de parler de la Guyane, même si maintenant ça fait... quelques années que je ne suis pas retournée. Ça fait peut-être deux ans que je ne suis pas retournée. Et voilà, c'était vraiment très émouvant pour moi de m'y replonger comme ça grâce à ce podcast.

  • Speaker #1

    Super. Écoute, j'avais encore plein d'autres questions, mais je trouve que c'est bien de s'arrêter sur cette belle conclusion de ce chemin intérieur que tu as fait. Peut-être une question que j'ai envie de poser maintenant à la fin du podcast pour mes invités. Pour toi, tu dirais que c'est quoi le voyage ?

  • Speaker #0

    C'est dur comme question ! Pour moi, le voyage, c'est une forme de spiritualité qu'on vit plutôt qu'on la pense. Et parfois, on cherche de grands... On théorise beaucoup la spiritualité, on se tourne vers les concepts. Mais l'expérience, pour moi, c'est toujours ce qui prévaut dans une transformation. Et le voyage, c'est une expérience. Et c'est une expérience spirituelle qui n'est pas mentalisée. Et pour moi, elle est d'autant plus forte de cette manière-là.

  • Speaker #1

    Et quand on le fait dans une nature aussi explosive et luxuriante que la Guyane, on a en plus ce côté vibrant, j'ai envie de dire. Donc, ça donne envie. Merci à toi encore Ludivine pour ce moment. Je te souhaite d'y retourner au plus rapidement possible parce qu'on sent que ça t'anime énormément. Et tu vois, on n'a pas eu le temps d'en parler. Et puis, c'est ma spécialité de dire, je conclue et on part sur d'autres sujets. Mais voilà, c'est ma nouvelle résolution. J'ai dit qu'on s'arrêtait là, on va s'arrêter là. Mais la Guyane, elle a aussi une culture gastronomique, une richesse dans tout ce qui est les... les plats, les fruits. Donc rien que pour ça, moi j'ai envie de sauter dans un avion même si ce n'est pas du tout le but, ce n'est pas écolo ni quoi que ce soit. Mais voilà, la Guyane a énormément de choses à offrir et je pense que cette transformation, en tout cas je l'espère, ça parlera à beaucoup de personnes.

  • Speaker #0

    Donc encore merci à toi avec l'écrire et à très bientôt. À bientôt.

  • Speaker #2

    Merci à vous. Merci pour votre écoute. J'espère que cet épisode vous a plu, qu'il vous a permis de vous évader et de vous ressourcer. J'ai besoin de vous pour que l'aventure Good Visa continue. Vous pouvez vous abonner sur votre plateforme préférée afin de suivre les nouveaux épisodes. Si ce n'est pas déjà fait, vous pouvez laisser 5 étoiles et un avis, et même en parler autour de vous. Il y a aussi le compte Instagram Good Visa Podcast, tout attaché, que vous pouvez suivre où je poste régulièrement des photos et des vidéos pour illustrer les épisodes. Ça me touche énormément quand je reçois vos retours, alors vraiment n'hésitez pas à me faire un mot. Merci à vous, à bientôt !

Description

Ludivine, ancienne CPE, partage son aventure de deux ans en Guyane française : un véritable voyage transformateur.

Cette expérience lui a permis d’explorer la forêt amazonienne et de découvrir une culture locale riche et unique. Mais pas seulement : la Guyane l’a poussée à surmonter ses peurs, à se réinventer, et même… à écrire un roman inspiré de ce territoire fascinant. Découvrez les défis qu’elle a relevés, la richesse culturelle et naturelle de la Guyane, et comment cette expérience a bouleversé sa vie. Cet épisode est une invitation à ralentir, à s’émerveiller et à se dépasser. Je vous souhaite une bonne écoute et surtout, bon voyage !


Les références de l’épisode : 


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Le podcast voyage Good Visa est produit et présenté par Camille Merel. 


Musique : Camille Merel


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur GoodVisa,

  • Speaker #1

    le podcast voyage et bien-être pour s'évader et se ressourcer. Chaque épisode vous invite à découvrir une destination et une histoire de vie inspirante. Aujourd'hui, je vous propose d'aller à la rencontre de Ludivine. Elle a récemment passé deux ans en Guyane française et son expérience l'a transformée. Elle va vous parler de ses rencontres avec les locaux, de la forêt amazonienne et de ses prises de conscience. Je m'appelle Camille et je vous souhaite une bonne écoute, ou plutôt... Un bon voyage !

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, bonjour à toutes, bonjour les divines !

  • Speaker #1

    Salut Camille !

  • Speaker #0

    Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Eh bien ça va, un peu frigorifié, on n'est pas en Guyane, mais on va en parler donc ça va nous réchauffer.

  • Speaker #0

    Exactement ! Alors avant qu'on se lance dans, comme tu l'as mentionné, dans la Guyane, est-ce que tu peux commencer par te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas, nous dire d'où tu viens, ce que tu fais dans la vie et ce qui te passionne ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, j'ai un peu l'impression d'avoir eu 1000 vies en une. Quand j'étais en Guyane, puisqu'on a parlé de cette période-là, j'étais CPE, je travaillais dans un établissement scolaire. En Guyane, du coup, j'ai travaillé avant à la Courneuve où j'ai passé de merveilleuses années avec mes élèves. Et là, j'ai complètement changé de vie après la Guyane, justement. Et je suis autrice de romans et la moitié du temps dans la semaine, je suis aussi serveuse à Barcelone dans un petit café. Donc, voilà.

  • Speaker #0

    Merci encore à toi d'avoir accepté qu'on fasse cette interview. Comme tu le disais, tu écris des romans et c'est comme ça que j'ai pu découvrir ton parcours. On reparlera de ce livre Profite du chemin aux éditions Erol que tu as sorti il me semble en 2023 et qui est sorti format poche en 2024.

  • Speaker #1

    C'est ça exactement.

  • Speaker #0

    Donc un voyage qui se passe en Guyane et ce livre, en fait, je t'ai contacté et je l'ai lu en une journée. Tout simplement, j'ai été... absorbée parce que tu nous fais vraiment découvrir la Guyane sans trop de chichi, j'ai envie de dire. Tu décris énormément ce que tu vois, cette nature que tu ressens dont on va reparler. Et je me suis dit, ça serait génial qu'on puisse échanger ensemble et même pas quelques jours après. Donc voilà, encore merci à toi. Donc là, tu étais en train de nous expliquer comment tu t'es retrouvée en Guyane. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu plus en détail pour que l'audience s'y tue un peu plus ? Comment tu as fait pour te retrouver à l'autre bout du monde ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais essayer de faire cours. Donc, j'étais CPE dans l'éducation nationale. Je travaillais à la Courneuve ou à côté de Paris, où vraiment j'adorais vraiment mon métier, j'adorais mes élèves. Mais j'avais un grand besoin de changer d'air et de voir du pays. J'ai toujours adoré voyager. Et surtout, en fait, j'avais ce besoin de sortir de ma zone de confort. Je sais que c'est un terme qu'on utilise beaucoup, beaucoup. Parfois, on peut en être un peu fatigué de se faire sortir de sa zone de confort, mais c'est vraiment ce que je ressentais. Je me sentais étouffée à Paris alors que j'avais toujours plus ou moins aimé cette ville. Et j'ai saisi cette opportunité de demander ma mutation avec mon ex-conjoint, ensemble, en Guyane. Donc, on a tous les deux eu notre mutation et on est partis vivre comme ça, à Saint-Laurent-du-Mavrigny, sur les rives du Suriname. Et vraiment, c'est... C'est un voyage qui a changé ma vie et qui m'a apporté tellement de belles choses que j'ai fini par en écrire un roman.

  • Speaker #0

    Et donc pour celles et ceux qui ont déjà lu le livre, je pense qu'on commence à comprendre un petit peu plus de choses. On en parlera peut-être plus à la fin sur le détail de l'histoire vraiment du livre. Mais là, on va se focaliser d'abord sur ton expérience, si tu le veux bien. Donc là, on était en quelle année à peu près quand tu es partie avec ton conjoint ?

  • Speaker #1

    Il me semble que je suis partie en Guyane en 2019. Et je suis restée... à peu près deux ans, donc c'est assez récent. Le livre, il est sorti en 2023 et j'ai terminé de l'écrire en Guyane. En fait, je suis revenue pour terminer d'écrire mon roman symboliquement à Saint-Laurent-du-Maroni. J'ai refait des expéditions en forêt, etc. pour vraiment m'imprégner de la Guyane jusqu'à l'écriture des derniers mots et de toute façon, franchement, j'ai pas pu faire autrement que d'y retourner pendant l'écriture du roman parce que je ressentais un peu... quel manque de la Guyane en me replongeant dans l'écriture en Amazonie. Un jour, je me suis dit, il faut que j'y retourne et j'ai retourné deux semaines pour terminer le roman là-bas.

  • Speaker #0

    Et c'est vrai que j'aime bien repréciser un petit peu quand même pour que l'audience se resitue. La Guyane, on va parler de cette Amazonie française, c'est son surnom. C'est donc au nord-est de l'Amérique du Sud. Ça partage ses frontières avec le Suriname que tu mentionnais à l'ouest et le Brésil à l'est. Et le nord est bordé par l'océan Atlantique. Pour les langues parlées, il va y avoir le français en langue officielle. Ça, tu nous en reparleras peut-être un petit peu plus. Il y a beaucoup de langues locales qui coexistent avec le créole guyanais, des langues amérindiennes. Et en termes de superficie, la Guyane, en fait, c'est le plus grand département français. Parce que ça, c'est vrai qu'on a peut-être tendance à l'oublier que c'est un territoire... français. Et la forêt équatoriale recouvre près de 98% du territoire. Et dernier petit fun fact, je ne sais pas si tu le savais, en langue amérindienne, en fait, en Arawak, la Guyane, donc Guyana, ça veut dire terre d'eau abondante.

  • Speaker #1

    Je ne savais pas. Donc je vais apprendre des choses avec ton podcast aujourd'hui et j'en suis vraiment ravie.

  • Speaker #0

    Super, c'est pour ça que j'aime bien avoir des petits fun facts aussi tout le long des épisodes pour que les invités puissent aussi découvrir pourquoi pas quelques... Quelques informations supplémentaires. Est-ce que tu connaissais déjà la Guyane avant ? Est-ce que c'était un territoire qui t'attirait particulièrement ou c'était plutôt, voilà, c'est arrivé comme ça ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne connaissais pas la Guyane en tant que telle. Je m'étais quand même renseignée sur le contexte géographique, on va dire ça comme ça. Honnêtement, j'y suis allée un petit peu pleure au fusil, je pense qu'on peut dire comme ça. Et avec... une forme de naïveté aussi, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Et d'ailleurs, je crois que je ne voulais pas trop en savoir non plus, parce que je me suis dit que j'avais envie d'y aller, avec une espèce de naïveté, d'ouverture d'esprit, d'humilité aussi, par rapport à un territoire que j'allais découvrir. Et pour être tout à fait honnête aussi avec toi, il y a beaucoup de gens qui ont été très surpris de mon choix de partir en Guyane, parce que... Je suis quelqu'un qui était très, très flippée de tout ce qui est insectes, bestioles, qui n'était pas vraiment… Alors, j'étais un peu une baroudeuse parce que j'avais déjà pas mal voyagé en sac à dos, mais dans ma vie quotidienne, un petit peu timourée sur tout cet aspect-là de la nature. Et quand j'ai dit aux gens que je partais vivre en Guyane, tout le monde a ouvert des grands yeux en me disant Mais tu sais que là-bas, il y a des insectes, c'est la forêt, il y a de l'humidité partout. Et en fait, on renvoyait une image tellement effrayante, voire négative de la Guyane que je n'avais même plus envie d'en parler avec les gens, en fait. Et que j'ai décidé de... J'avais acheté le guide du routard, je crois. Et je suis partie comme ça avec mon ex-conjoint, l'esprit ouvert et l'envie de découvrir à fond ce nouveau territoire.

  • Speaker #0

    Super. Et je rejoins ce que tu dis par rapport à tes proches, parce que quand je suis partie vivre au Cambodge, pareil, tout le monde se disait, non, mais elle, avec les bestioles, ça va être une catastrophe. Ça a été un petit peu compliqué, mais je te rejoins complètement sur ce côté de surprendre un petit peu son entourage quand on annonce des départs. Je pense à, par exemple, Nicolas Dubreuil que j'ai reçu. Lui, il a annoncé à son entourage qu'il partait carrément au Groenland. Donc, c'est intéressant aussi de voir les réponses de notre entourage quand on annonce des départs aussi fous que ça. Donc là, tu pars en Guyane parce que c'est vrai que tu aurais pu choisir d'autres territoires d'outre-mer, par exemple dans les Antilles, dont tu t'es dit je veux vraiment quelque chose de dépaysant pour te lancer dans cette nouvelle aventure.

  • Speaker #1

    Alors en fait, pour tout te dire, je n'avais pas vraiment eu un panel de choix énorme parce que par exemple la Réunion ou d'autres territoires comme ça, avec peut-être plus attractif au niveau des plages de sable blanc, etc., c'est des départements qui coûtent beaucoup plus cher en termes de nombre de points. quand on veut faire une mutation. Donc avec mon expérience et mon ancienneté dans l'éducation nationale, je pouvais aller à Mayotte ou en Guyane. Et de toute façon, je ne me suis vraiment pas posé la question très longtemps. Dans ma tête, c'était clair dès le départ, c'était la Guyane. Je ne saurais pas te dire pourquoi, mais vraiment, j'ai ressenti un espèce d'appel, ce que je n'ai pas vraiment rationalisé, où je me suis dit, il faut que j'aille là-bas en fait. Mais sans vraiment trop le penser, je n'ai pas fait de grande théorie sur le moment de je ressens un aspect mystique pas du tout. Je me suis juste dit j'ai envie d'aller en Guyane, j'y vais Et il faut savoir aussi que je suis du genre à prendre des décisions un peu radicales et un peu instinctives et assez rapides. Je suis quelqu'un de très impatient, qui aime bien prendre des virages dans sa vie de manière un peu épidermique. Donc là, j'ai senti qu'il fallait que j'y aille. On a demandé notre mutation. Parce que j'ai eu la chance aussi que mon ex-conjoint, à ce moment-là, avait la même envie que moi. Et on est partis vivre ensemble là-bas.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup. Et du coup, ça me fait penser aussi, tu vois, à ce que tu disais par rapport à l'île de la Réunion et ainsi de suite. J'ai regardé quelques reportages avant qu'on fasse cet enregistrement, qui disaient qu'en fait, la Guyane, ce n'est pas si touristique que ça, par rapport à justement les Antignes ou d'autres territoires d'outre-mer. toi tu as trouvé que c'était assez touristique ?

  • Speaker #1

    Alors c'est pas touristique du tout la Guyane et c'est super qu'on en parle parce qu'on me demande souvent surtout les gens qui ont lu mon roman Profite du chemin et qui me disent j'ai regardé le prix des billets d'avion parce que j'avais trop envie d'y aller et c'est vrai que c'est une destination évidemment que je recommande parce que C'est une destination magnifique qui a des trésors insoupçonnés en Guyane, que la forêt, la culture guyanaise, la gentillesse des gens. Pour moi, c'est un endroit où il faut aller une fois dans sa vie, si vraiment on en ressent l'appel. Par contre, c'est un voyage qui se prépare justement parce qu'il y a très peu de structures touristiques. Donc, pour certaines immersions en nature, certaines expéditions, il y a très peu de place. vu qu'il y a peu de guides et peu de structures. Et on a aussi besoin la plupart du temps d'avoir son propre matériel. Donc tout ce qui est vaches, cordes, hamacs, moustiquaires, les toucs qui sont des bidons en plastique qu'on prend pour les expéditions en forêt. Parfois, les prestataires de tourisme les prêtent, mais pas tout le temps. Donc c'est un voyage qui demande de l'investissement financier au niveau du prix du payet, au niveau de l'anticipation, partir sur un coup de tête. en Guyane, c'est-à-dire par exemple la semaine prochaine je vais en Guyane, dans deux semaines je ne le recommanderai pas forcément parce qu'il faut réserver bien à l'avance les aventures en forêt parce que on ne va pas dans la forêt amazonienne comme on va à Fontainebleau donc il faut vraiment être accompagné et il faut avoir des guides agréés qui vont nous amener en toute sûreté découvrir ce magnifique territoire qu'est l'Amazonie. Donc voilà, il faut réserver, il faut prévoir le billet d'avion il faut prévoir le matériel ça s'anticipe. mais en anticipant, on peut faire le plus beau voyage de sa vie.

  • Speaker #0

    Comme tu disais, c'est vrai que moi, après avoir lu le livre, j'avais qu'une envie, c'était partir découvrir ce territoire. Même si j'aime bien que tu rappelles que ça se prévoit. J'ai lu aussi qu'il faut beaucoup d'autorisation dès qu'on voyage en Amazonie, parce qu'il y a des zones à risque, qu'il y a beaucoup de frontières avec les pays autour. Donc ça, c'est bien que tu le précises, que ça ne se fait pas du jour. Au lendemain, donc là justement, tu parlais de l'Amazonie, de toute cette forêt qui recouvre 98% de son territoire. Est-ce que tu peux essayer un petit peu de nous le décrire avec tes propres mots ? Parce que comme tu le racontes un petit peu dans le livre, j'imagine que tu as encore tes premières impressions quand tu as atterri en Guyane. Déjà cette chaleur, il me semble. Est-ce que tu peux nous décrire un petit peu tes sensations quand tu es arrivée là-bas ?

  • Speaker #1

    Alors, moi je suis tombée amoureuse de la Guyane. Et rien que là de t'en parler, j'en ai encore des frissons et je pense que je vais garder à vie une forme de nostalgie qui partira jamais. Quand t'arrives déjà, t'es dans l'avion et tu vois cette espèce de marée verte, une forêt qui s'étend à perte de vue. T'as l'impression d'être au sud de l'océan, mais un océan d'arbres avec ses veines très terreuses de la mangrove, ses grosses artes. terre qui irrigue cette nature, cette jungle, l'Amazonie dans ce qu'elle a de plus sauvage. Et donc, je n'ai pas vraiment eu peur, mais je me suis dit, c'est fascinant. C'est fascinant et j'ai envie de savoir, j'ai envie de connaître, j'ai hâte. En fait, j'avais une forme d'empressement, d'atterrir. Et quand on atterrit, en fait, tu as cette bouffée de chaleur et d'humidité qui te prend, qui vraiment s'embarque partout. dans chaque cellule de ton corps qui irrigue tes poumons presque que tu en as le souffle le temps de t'habituer à cette sensation de chaleur humide et puis ensuite t'arrives en Guyane t'atterris à Cayenne c'est une ville que j'aime beaucoup même si je n'ai pas passé beaucoup de temps mais c'est là que j'ai fait mes premières rencontres en Guyane c'est une ville qui est pleine de multiculturalité mais ce qui m'a frappée c'est que Dès que je suis arrivée, c'est comme je te disais, cette abondance de cultures, de langues, de saveurs qu'on voit tout de suite dès qu'on arrive en fait. Et un des premiers trucs que j'ai fait, c'est le marché. Et pour une grande amoureuse de la bouffe comme moi, ça aussi c'était magique. Et là, on voit tout de suite les influences brésiliennes, les influences hongues, les influences guillennaises, créoles. et bushinengue, donc il y a tous ces plats qui se mélangent dans ce marché aux mille savelles, aux mille couleurs et donc on s'immerge directement là-dedans et on se dit que ça va être une aventure formidable. Ensuite j'ai passé quelques jours à Cayenne et j'ai filmé ensuite avec mon compagnon d'époque vers Saint-Laurent du Maroni et on est parti donc à l'ouest de la Guyane et on est parti dans un endroit qui était encore un... plus reculée que Cayenne, une ville qui est plus petite. C'est encore un peu plus, entre guillemets, un peu plus sauvage. Je ne sais pas si c'est le mot parce que c'est surtout que c'est encore plus dépaysant, en fait, c'est encore plus dépaysant que Cayenne. parce qu'on a aussi une langue qui est différente, qui est une langue locale qui s'appelle le Bushinanguetongo, et qui là aussi nous plonge dans un univers totalement différent, totalement fascinant, qu'on a envie de découvrir. Et voilà, l'aventure commence comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, donc déjà, ça t'a annoncé la couleur de cette expérience qui t'attendait. Et j'aime beaucoup que tu parles de cette mosaïque de cultures, de tout ce métissage qu'il y a. Parce que dans les reportages que j'ai regardés, Arte, Chapébel et ainsi de suite, ce qui ressortait beaucoup des témoignages des locaux, c'était justement cette harmonie entre toutes ces cultures. Que ça soit les Brésiliens avec les Guyanais français. Il y avait vraiment une belle entente entre toutes ces populations. Est-ce que tu es d'accord avec ça ?

  • Speaker #1

    Oui. Franchement, je n'ai jamais ressenti de tension, de problème d'intégration, par exemple, de moi qui venais de métropole. D'ailleurs, les gens qui viennent de métropole, on les appelle les métros. Donc, si je le dis à un moment donné dans le podcast, voilà. Mais en tout cas, moi, je n'ai jamais eu ni de ressenti de tension. Vraiment, j'ai eu l'impression que les gens étaient plutôt contents de faire découvrir leur culture. Comme je te disais, j'ai fait CPE et donc il y avait souvent des familles qui nous apportaient des plats qu'elles avaient cuisinés ou les surveillants du collège qui nous invitaient avec d'autres personnels de l'équipe éducative à partager des repas chez eux. Et donc honnêtement, j'ai senti une forme de bienveillance et d'ouverture qui m'a donné encore plus envie même de découvrir la Guyane.

  • Speaker #0

    Donc en fait ton livre c'est l'histoire de Lou qui est donc professeur de français dans un prestigieux collège parisien et elle voit sa vie basculer du jour au lendemain puisqu'en fait elle va être mutée en Guyane. Donc là contrairement à toi en fait dans le livre ce n'est pas son choix. Et en fait elle se retrouve dans un endroit où elle ne voulait pas être, où il ne lui tarde qu'une seule chose c'est de pouvoir rentrer à Paris. Mais elle va essayer d'apprivoiser au mieux ce nouveau cocon dans lequel elle se retrouve. et d'apprivoiser ses élèves, d'apprendre à communiquer avec eux, à vraiment tisser des liens. Et petit à petit, en fait, et on comprend par rapport à ton histoire aussi, pour ce personnage, ça devient vraiment une quête intérieure, une aventure transformative qui va l'inciter à explorer non seulement la richesse de la Guyane, mais aussi explorer son fort intérieur, j'ai envie de dire. Tu expliques dans le livre, en fait, que les élèves, on leur demande de parler français en classe. parce que justement il y a tout ce métissage de cultures avec différentes langues. Est-ce que ça c'était quelque chose vraiment pour le livre ou que tu as vécu aussi de ton côté en arrivant là-bas ?

  • Speaker #1

    Le livre il est à 80% autobiographique. Donc c'est bien parce que ça me permet de garder une petite part de mystère dans ce qui est vrai et ce qui est faux. C'est le privilège de la fiction. Pour ce que je raconte sur l'établissement scolaire, Il y a du vrai et il y a aussi des choses qu'on m'a racontées d'autres établissements. Et donc, cette histoire d'exiger des élèves qui parlent français, oui, c'était le cas, mais ce n'était pas le cas de manière aussi rigide que dans d'autres établissements où on ne voulait même pas qu'ils parlent leur dialecte, leur langue dans la cour de récréation avec leurs copains, etc. Là où moi, je travaillais, c'était quand même plus...

  • Speaker #0

    Plus soft.

  • Speaker #1

    Plus soft, oui.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tes élèves, du coup, toi aussi, t'ont appris un petit peu de vocabulaire ?

  • Speaker #1

    J'ai essayé d'apprendre le Bushinangé Tongo quand je suis arrivée à Saint-Laurent-du-Mahoni. J'ai fait quelques cours, j'avais acheté des livres de vocabulaire, etc. Très honnêtement, j'aurais dû être plus persévérante parce que je suis lâchée d'affaire un peu vite. C'est un petit regret d'ailleurs, maintenant, de ne pas avoir fait un petit peu plus d'efforts d'apprendre la langue. Donc, je savais dire bonjour, au revoir, merci en Bushinangé Tongo. mais je ne savais pas le parler, je ne peux pas dire que je savais parler. Et d'ailleurs, c'était un handicap en boulot de CPE, puisque les entretiens avec les familles, parfois c'était compliqué, et on avait besoin qu'un surveillant ou qu'un personnel, un médiateur social ou quelqu'un vienne faire la traduction pendant mes entretiens avec les familles et les élèves. Et ce que j'aurais trouvé super chouette, ça aurait été que dans l'emploi du temps, des personnels éducatifs et des profs et des CPE, on ait quelques heures qui soient allouées à l'apprentissage de la langue et où on ait des cours de langue au sein de l'établissement sur notre temps de travail. pour apprendre la langue des parents et des familles. C'est quelque chose qui serait super enrichissant et qui serait un atout considérable dans l'encadrement éducatif des élèves.

  • Speaker #0

    Complètement. Est-ce qu'il y avait aussi la présence du portugais dans tes échanges au quotidien ou un petit peu moins que la langue locale ?

  • Speaker #1

    Non, beaucoup moins. Il faut dire qu'à Saint-Laurent-du-Maroni, il y a eu la... Le dialecte qui est le plus parlé, c'est le bouchinanguetongo, comme je te disais. Ce serait plutôt du côté de Saint-Georges et de l'Oyapoc, en fait, de l'autre côté de la Guyane. Saint-Georges, en fait, c'est à la frontière du Brésil, complètement à l'est de la Guyane. Donc, c'est vraiment à l'opposé quasiment de là où moi j'habitais.

  • Speaker #0

    D'accord. J'aime bien faire aussi un rappel historique à chaque fois. Donc, en fait, la Guyane est première population amérindienne. Indiennes sont arrivées il y a plus de 7000 ans. Ensuite il y a les Européens qui ont débarqué au XVIe siècle et qui étaient attirés par les richesses naturelles de la région et ça on en reparlera après. Ça a été donc colonisé par la France au XVIIe siècle, après c'est devenu une terre d'exploitation, il y a eu malheureusement beaucoup d'esclaves africains pour les plantations de sucre, de café. Il y a ensuite eu l'histoire sombre des bagnes entre les années 1800-1900 avec... des milliers de prisonniers qui étaient envoyés au bagne avec notamment l'île du Diable, on l'appelle comme ça. Et en 1946, la Guyane est devenue un département d'outre-mer français, avec aujourd'hui un statut un petit peu spécial. Donc là, si je faisais ce rappel historique aussi, c'était pour voir avec toi par rapport à l'économie de la Guyane, où ça, je vais être complètement transparente, je n'avais aucune idée qu'il y avait tout cet orpaillage, cette exploitation de l'or. qui a beaucoup façonné la Guyane, on le perçoit un petit peu dans ton livre, avec toutes ces controverses, ces pollutions au mercure, tout ce trafic illégal, j'ai envie de dire. Est-ce que toi, tu l'as ressenti ou dans le livre, c'était plutôt par rapport à tes recherches et ainsi de suite ?

  • Speaker #1

    Déjà, je suis très contente que tu parles de cette histoire de la Guyane. Alors, je vais en profiter pour dire que je ne suis pas du tout une spécialiste de l'histoire de la Guyane. et que ceux qui sont le plus à même de parler du contexte sociopolitique de la Guyane et de ce qu'ils ont envie pour l'avenir de ce territoire, ce sont les Guyanais et ce n'est pas moi. Je vais juste partager comment moi je l'ai ressenti quand je suis partie. Je me souviens avoir dit à ma meilleure amie avant de partir en Guyane, je suis super heureuse de partir, comme je te disais au départ. Je n'ai qu'une hâte, c'est d'être dans l'avion et de m'installer là-bas. Par contre, il y a une forme de culpabilité latente en moi. qui a l'impression d'aller dans un endroit qui a été volé. Je te dis les choses telles que je les ai ressenties. Après, je ne vais pas mettre d'explications sociologiques ou psychologiques derrière. Vraiment, c'est un ressenti que j'ai eu. Je disais à ma meilleure amie, je suis trop contente d'y aller, mais j'ai l'impression de participer à quelque chose historiquement qui n'a pas été juste. Et donc, j'ai une forme de culpabilité en partant. Et je vais prendre… cette immersion Vianne avec humilité, avec ouverture d'esprit et avec la volonté que ça vienne bousculer mes croyances et ce que je pense juste et m'ouvrir à cette possibilité que ça vienne bousculer des choses en moi. Donc je suis partie déjà avec ce truc de me dire j'espère que je vais bien vivre ce sentiment qui m'anime de... J'y vais pour enseigner là-bas, mais quand même, c'est pas très juste parce que historiquement, c'est un territoire qu'on a volé. Et quand je suis arrivée en Guyane, c'est vrai que tout de suite, tu vois des différences entre la population locale, notamment la population bouchinonguée, ou les gens qui sont nés en Guyane, qui sont beaucoup plus pauvres que les gens qui viennent de métropole. Donc, c'est vraiment... choquant et criant d'injustice de voir que les gens qui viennent de métropole, c'est des gens qui ont des postes dans la fonction publique et qui ont parfois des logements de fonction, qui ont plus de facilité, même si se loger en Guyane, c'est toute une histoire. Mais quand on vient de métropole, on a certains privilèges que les locaux n'ont pas. Et donc, il y a les bidonvilles, clairement, qui cohabitent avec les villas, avec les piscines. Et les villas avec piscine, c'est toujours pour les mêmes. Donc, on ne va pas se mentir, il y a de grosses inégalités, affreusement scandaleuses en Guyane. L'état des établissements scolaires, on ne le tolérerait jamais. pour des établissements scolaires de métropole, des établissements sans cantine, où les élèves n'ont pas de quoi, parfois, alors pas tous heureusement, mais parfois n'ont pas de quoi manger le midi, et viennent la mort dans l'âme demander quelques euros au personnel éducatif pour pouvoir aller s'acheter à manger. Vraiment, je pense que c'est impossible de parler de la Guyane, honnêtement, si on ne parle pas du traitement social scandaleux qu'il en est fait.

  • Speaker #0

    Je te remercie de partager ça parce que c'est le but du podcast aussi. Oui, on peut faire comme j'ai fait, c'est-à-dire regarder des échappées belles, des reportages artés et tout ça, mais rien ne vaudra des explications comme les tiennes de personnes qui y sont allées. C'est des informations qu'on ne va pas trouver dans les guides de voyage, ainsi de suite. Donc, merci beaucoup de nous livrer ça.

  • Speaker #1

    Surtout que ça a joué aussi sur mon propre itinéraire parce que pour être totalement transparente, j'étais une piètre CPE en Guyane. Parce que, comme je te disais déjà, on n'avait pas cet apprentissage de la langue. Alors, certes, j'aurais pu faire plus d'efforts par mes propres moyens, mais je pense que c'était aussi la responsabilité de l'éducation nationale de former ces personnels à une langue qui est utilisée par les familles dans un territoire qui, historiquement, n'était pas le nôtre. Et je pense aussi que ces établissements qui accueillent des centaines et des centaines et des centaines d'élèves de trop, parce que normalement, il devrait y avoir beaucoup plus d'établissements pour... le nombre faramineux d'élèves qu'il y a sur ce territoire. Et on a des établissements qui implosent, un manque de personnel éducatif dramatique. Donc vraiment, à un moment donné, je me sentais, comme je te disais, d'être une pied de CPE parce que je n'arrivais pas à remplir mes missions de CPE, de dialoguer avec les familles, d'accorder du temps à chaque élève, etc. Et ça n'a pas été le seul facteur de... du fait que j'ai quitté l'éducation nationale, mais ça a joué aussi dans cette prise de conscience de j'y arrive plus en fait, j'y arrive plus, et je préfère arrêter que faire mal mon travail en fait. Et pour ce qui est de ta question originelle sur l'orpaillage, je n'ai jamais vu d'orpailleurs, à part une fois où j'ai vu des camps d'orpaillage, j'espère qu'on en parlera après, parce que c'est l'expédition en Guyane qui a le plus marqué mon séjour en Guyane, c'est mon séjour, ma tranche de vie en Guyane. c'est l'expédition dans les monts Tumukumak. Je l'ai mis dans le roman d'ailleurs et c'est vraiment extraordinaire. Et c'est tellement reculé qu'en fait, là, j'ai vu des camps d'orpaillage en allant sur le mont Alwaken. Mais sinon, je n'ai jamais vu d'orpailleurs en Guyane. J'ai fait beaucoup d'expéditions en forêt, en carbet, etc. Mais bon, je n'ai jamais croisé d'orpailleurs.

  • Speaker #0

    Et là, tu nous parlais justement d'expédition. Donc, ça tombe bien parce que tu vois, j'avais noté ça pour le mont Tumuc-Umac, donc c'est au sud. Et ça marque un petit peu une transition vers le plateau brésilien, ce mont. Est-ce que tu peux nous raconter ? Donc, apparemment, il y a l'air d'avoir une expédition en particulier qui t'a marqué dans cette Guyane.

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai que la principale activité, c'est d'aller en forêt. Comme tu l'as dit, c'est 90% du territoire. Et on peut faire des expéditions absolument merveilleuses de plusieurs jours avec des guides, etc. Mais on peut tout simplement faire des carbés aussi. Les carbés, c'est vraiment comme on irait peut-être à la campagne ou au bord de la mer quand on est en France. Eh bien, en Guyane, on va en carbé. Les carbés, c'est des petites structures de bois, parfois avec des toits au tol, parfois non. en plein milieu de la forêt. Ça peut être des carvées aménagées avec des petites cuisines, des espaces pour faire des barbecues, etc. Ou alors des trucs complètement roots, complètement sauvages, en plein milieu de la forêt. Et on y va entre amis ou en famille, et on y passe comme ça un jour, deux jours. On fait des balades en forêt, parfois du kayak. Voilà, c'est vraiment super, on est en pleine immersion. En fait, on apprend beaucoup de la nature dans ces moments-là, parce qu'on se rend compte que la nature qu'on craignait tant, et on en revient à notre question du départ de comment j'ai survécu à ma peur des bestioles et des animaux en général et de la nature, c'est qu'en fait, on se rend compte que la nature n'est pas dangereuse.

  • Speaker #0

    et qu'on en a une image dangereuse parce qu'on a l'impression que, comme elle n'est pas domestiquée, elle va nous faire du mal. Alors qu'en fait, la nature, c'est juste partie intégrante de nous. Et quand on prend le temps juste de l'écouter, de ralentir et de ne pas être dans cette forme de suspicion, en fait, pour moi, ça a été une source d'apaisement et de transformation absolument fantastique. Je crois que le son que je me souviendrai toute ma vie... et que j'ai préféré en Vienne, et je sais que je ne suis pas la seule, parce que j'ai eu plein de gens qui disent la même chose, c'est les cris des singes hurleurs en plein milieu de la nuit. Et ça, la première nuit, ça m'a traumatisée, parce que quand on ne connaît pas du tout, on a l'impression que c'est un jaguar qui va nous sauter dessus, parce que c'est un cri qui est vraiment très guttural, en fait. Donc, on a l'impression que c'est presque félin, alors que non, c'est des singes. Et quand ils font ce bruit-là, parfois, ils se battent ou ils se déplacent en... en cortège en fait, en équipe. Donc du coup, ça fait beaucoup de bruit, ça fait trembler les arbres, ils crient, ils passent juste au-dessus de nos têtes, donc ils font tout trembler. Et toi, tu as l'impression que tu vas crever, tu vois, la première nuit. Et le matin, tu te réveilles et tu te demandes aux gens, c'est quoi ce bruit ? Et les gens qui ont de l'expérience, ils disent, mais c'est les singes hurleurs, tu as eu la chance de les entendre, c'est génial. Et en fait, on apprend comme ça, au fur et à mesure, que la nature... À partir du moment où on la respecte et où on ne fait pas n'importe quoi, elle n'est pas dangereuse. Alors évidemment, on ne peut pas partir n'importe où, n'importe comment. Ça, je ne le recommanderais à personne. Mais si on fait les choses dans les règles et avec l'esprit, tout se passe bien. Et effectivement, la plus belle aventure que j'ai faite, c'est ce dont je te parlais, les Montumucumac, donc ce point à la trijonction du Suriname, du Brésil et de la Guyane, où c'est deux semaines d'expédition à peu près, et où là, par titre, on doit faire appel à des associations amérindiennes qui nous guident jusqu'au Montalhuacan, et qui chassent pour nous, pêchent pour nous, parce que les métros ou les gens qui ne sont pas amérindiens, tout simplement, pas le droit d'aller, et à juste titre, d'aller visiter, pêcher ou chasser sur les territoires amérindiens. Et donc, quand on veut faire cette expédition, c'est pour ça que je te disais aussi que le voyage en Guyane, ça s'anticipe parce qu'on doit non seulement réserver pour cette expédition, mais aussi il faut le temps que les prestataires amérindiens demandent des autorisations à tous les chefs de village qu'on va traverser pour que les chefs de village donnent leur autorisation à la pirogue de passer. et qu'on puisse passer la nuit au départ, parce qu'après, tu n'as plus de village. Donc, on dort vraiment en totale immersion dans la jungle. Mais au départ, on fait des escales dans des villages amérindiens. Et là, on doit demander évidemment des autorisations pour pouvoir y séjourner une nuit avec notre hamac. Ensuite, plus on s'enfonce dans la forêt, plus on fait ce qu'on appelle du carbé-bâche. Donc, c'est les carbés que je te disais, les nuits en forêt, mais seulement avec des bâches, des cordes et des hamacs. qu'on installe nous-mêmes. Et là, si tu n'as pas de guide à mer indien pour tes détumeurs, voilà.

  • Speaker #1

    Oui, donc c'est ce que tu disais tout à l'heure, que tu as compris que cette nature ne nous voulait pas du mal, mais que voilà, vu qu'on n'est pas des experts sur tout, il faut vraiment faire attention. Et comme tu dis, si on fait n'importe quoi, c'est vraiment un risque zéperile.

  • Speaker #0

    Voilà, il faut quand même des connaissances. Après, comme je te disais aussi, il y a des carbés qu'on appelle des carbés... aménagé et ça, il n'y a pas besoin de guide pour y aller. Tu peux y aller, comme je te disais, en famille ou entre amis et tu n'as pas besoin d'avoir un prestataire extérieur pour pouvoir y aller. C'est complètement sans risque avec un peu de bon sens. Et après, pour ce qui est des expéditions plus à risque et plus immersives, là oui, évidemment, il faut des gens avec des connaissances solides, la connaissance de la faune, de la flore. pour ce qui est de la chasse, de la pêche, etc. Et ça a été vraiment l'aventure la plus transformatrice de toute ma vie. Et avant de faire le podcast, tu me disais, on parlait un peu de spiritualité, de tout ça. Et en fait, vraiment, j'ai senti, quand j'ai fait cette aventure, qu'il y a quelque chose qui a changé à l'intérieur de moi, un switch qui s'est fait. Je me souviens, je me disais, tu es capable de faire ça, tu es capable de tout. Et donc, ça m'a donné une espèce de confiance en moi, la petite citadine parisienne qui se retrouve à aller dans cet endroit tellement reculé en Amazonie, à y prendre. du plaisir, en forme de fusion avec la nature, de communion, de dépassement de soi, etc. Je me suis dit, mais en fait, c'est bon, toutes les choses que tu pensais ne pas pouvoir faire dans ta vie, tu peux en fait. Et donc, ça m'a donné du courage pour par la suite, relever plein d'autres défis. Donc, ça m'a vraiment changé.

  • Speaker #1

    Et écoute, si tu me permets, j'aimerais bien lire un petit passage que j'ai beaucoup aimé, qui, je trouve, fait assez écho à ce que tu es en train de nous dire. Enfin, c'est même deux passages. Donc le premier, c'est... Cette femme qui peut se sentir à sa place n'importe où parce qu'elle s'habite. Et un petit peu plus loin, je ne savais pas que la forêt avait une âme. À vrai dire, je n'étais pas certaine d'en avoir une non plus. Je n'avais pas idée que dans les profondeurs du fleuve battait un cœur. Et donc je trouve que ça fait écho à ce que tu es en train de nous dire. Est-ce que tu penses que c'est ça qui a été un peu le vecteur de plein de prises de conscience en toi ?

  • Speaker #0

    Franchement, oui. J'ai senti quelque... Enfin, j'espère que je ne vais pas trop partir dans le mystique, mais j'ai senti... Avec cette reliance à la nature, à la forêt, quelque chose qui se réveillait en moi, que je reprenais vie en fait. Et c'est fou parce que ça m'a apporté plus de complétude avec moi-même. C'est un peu bizarre ce que je suis en train de te dire. Mais c'est comme si je me sentais plus complète, plus consciente du monde qui m'entoure, plus consciente de moi-même en étant consciente du monde qui m'entoure. Et c'était... Parce qu'en fait, chaque chapitre, à la fin, tu as une lettre que la protagoniste adresse à sa mère, à sa copine, à son mec, etc. Et à un moment donné, je me suis dit, j'ai envie qu'elle écrive une lettre à l'Amazonie. Et cette lettre à l'Amazonie, je crois que c'est mon passage préféré du roman, parce que c'est ce moment où elle se rend compte que la forêt, c'est elle et qu'elle est une partie de la forêt, en fait. C'est qu'il y a une forme de... de complétude entre la forêt et sa propre intériorité, et que la forêt, c'est quelque chose de vivant. Et donc, on le sait parce qu'on se dit que c'est la nature, bien sûr que c'est vivant. Mais entre le savoir et le sentir, il y a une grosse différence.

  • Speaker #1

    Oui, il faut y aller pour le ressentir au plus profond de nous, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, ça vient nous faire du bouche à bouche quand on se sent mourir, en fait.

  • Speaker #1

    J'en ai les frissons, tu vois, qu'on parle de tout ça. Et donc ça, sur cette expédition, tu as donc été amenée à rencontrer d'encore plus près toute cette faune et cette flore. Parce que la Guyane a une biodiversité qui est apparemment incroyable. Il y a plus de 1200 espèces d'arbres, 700 espèces d'oiseaux. Et il y a des animaux emblématiques comme, tu le citais, le jaguar. Il y a aussi le caïman noir, il y a le célèbre paresseux. Dans le livre, tu nous expliques aussi que l'héroïne, elle rencontre des ibis rouges. Il y a aussi le grage, ce serpent assez massif. Il y a le papillon morpho qui a ce bleu électrique. Et tu nous racontes que c'est le symbole de la Guyane. Il y a beaucoup d'oiseaux, il y a les tortues. Moi, je me rappelle, j'avais regardé... Alors, ce n'était pas Rendez-vous en Terre Inconnue, c'était Nos Terres Inconnues, avec Sabrina Ouazani, qui est comédienne. Donc, elle partait en Guyane. À un moment, ils aperçoivent un anaconda. Je peux te dire que ça m'a bien calmée. Est-ce que tu veux bien nous en dire un petit peu plus sur ces rencontres que tu as peut-être pu faire lors de cette expédition ?

  • Speaker #0

    Alors, sur l'expédition en tant qu'elle, j'ai vu pas mal d'animaux, mais la plupart des animaux se cachent bien quand même. On n'en voit pas tous les quatre matins. Donc, je vais peut-être te parler des animaux que j'ai vus en général. Pendant mon expérience guyanaise, il y aura plus de diversité. J'ai vu beaucoup de serpents. Alors, ce n'est pas tous les jours qu'on en voit des serpents, mais j'en ai quand même vu pas mal, notamment un ou deux directement chez moi, dans mon jardin ou sur mon toit. Et donc, en fait, ça aussi, c'est un gros mythe. Les serpents qui viennent nous tuer, c'est vraiment des gros mythes. Je crois qu'il y a eu… Je ne veux pas dire de bêtises, mais il y a une dizaine d'années, il n'y a pas eu un mort par serpent en Guyane. Il y a des antivenins en plus dans tous les hôpitaux. Tu as un certain délai pour aller à l'hôpital, mais on a une petite cure d'antivenin et tu survis. Et on ne se fait pas mort par les serpents tous les quatre matins non plus. Donc, c'est plutôt fascinant quand on en voit, plutôt qu'effrayant. Après, je ne suis pas non plus du genre à m'approcher trop près. Mais quand j'en voyais, j'étais plutôt curieuse de voir comment ça réagissait, etc. Sauf une fois où j'ai vraiment eu la crème, la trouille, où je ne me suis pas baignée, alors que tout le monde se baignait, moi, je n'ai pas osé. J'étais à l'examen des maris de cause. Pour ma décharge, c'était, je crois, genre les... premières aventures en nature que j'ai faites en Guyane. Les marées de Côte, c'est très, très connu. C'est magnifique. Je le recommande à 100%. Mais petite parenthèse, si jamais vous voulez partir faire des aventures en Guyane, vous pouvez contacter Nature de Guyane, qui est respectueux de l'environnement, qui a des guides super, etc. Donc, Nature de Guyane, vous pouvez y aller les yeux fermés. Et là, pour les marées de Côte, j'avais pris un autre prestataire, mais qui était très, très bien aussi. Et on passait, en fait, la nuit sur les marées où... On fait de l'observation de caillements et l'observation des oiseaux, des volatiles, etc. Et on arrive au moment où c'est baignade pour tout le monde. Moi, j'étais trop contente. Et au moment de sauter dans l'eau, j'étais dans les premières sur le canton. Au moment de sauter dans l'eau, je vois un... Alors, je ne sais pas s'il était un anaconda ou un goa, parce que je ne suis pas devenue spécialiste des cercles entre-temps. Mais en tout cas, je peux te dire qu'il était énorme. Ce n'était pas... Ce n'était pas un petit serpent domestique, c'était vraiment quelque chose qui était vraiment, vraiment, vraiment volumineux. Et là, je t'avoue que j'ai appelé le guide et j'ai dit qu'est-ce qu'on fait ? Il m'a dit non, non, c'est bon, il va faire sa vie, ne t'inquiète pas, ça ne risque rien. Et en fait, la plupart du temps, tu peux te baigner avec soit des caïmans, soit des serpents à bout d'étoiles. Tu ne cours aucun risque parce qu'ils ont plus. peur de toi que toi, tu as peur de normalement. Mais ce jour-là, je ne l'ai pas senti. Le guide, il a plongé pour bien montrer qu'il n'y avait pas de risque. Et ce jour-là, je ne me suis pas jetée à l'eau au sens propre comme au figuré. Et ensuite, j'ai vu des paresseux, évidemment. J'ai vu des morphos. J'ai vu des singes hurleurs, des tamarins. C'est des petits singes. J'adore. Il y a plein de... Il y a plein de petits singes en Guyane et là, avec des saimeries, que j'aime beaucoup ces petits singes aussi, qui sont trop mignons et qu'il y en avait dans mon jardin. Et voilà, donc tu croises beaucoup d'animaux différents et des grosses matoutous aussi. Alors ça aussi, le temps de s'habituer, ça fait bizarre, mais quand on s'y habitue, après ça fait partie… En fait, il y a plein de gens qui les appellent un… peu les araignées domestiques parce qu'il y en a dans les maisons en général des matoutous parce qu'elles vont dans les boiseries et c'est des énormes araignées comme des tarentules avec des poils et les pattes, les bouts des pattes sont orange et quand le bout des pattes est orange et que l'araignée est bien noire, il faut faire un distinguo avec les araignées qui sont bleutées, noires bleutées, c'est pas la même espèce mais les araignées marron ou noires avec les pattes orange sont pas dangereuses et là il y en a vraiment partout en Guyane. Mais voilà, ça surprend quand tu les vois une première fois. Après, eh bien, on s'habitue à les voir, en fait. On est plus chez elles qu'elles sont chez nous, en fait. Et donc, voilà. Après, je n'ai pas tout en tête, mais c'est fascinant. Il y avait pas mal d'iguanes aussi dans mon jardin. Et donc, ça, c'était absolument magnifique. Toute forme d'oiseau. Et... Et c'est surtout les sons qui m'ont marquée. Il y a les animaux, mais il y a les sons de la nature. La nuit, ça m'a bouleversée. C'est pour ça que j'adorais dormir en hamac, en pleine nature. Parce que là, tu es vraiment immergé dans une symphonie. En fait, il n'y a pas d'autre mot. Dans une symphonie naturelle. Et tu as un concert gratuit pendant toute la nuit. Et c'est magnifique et ça me manque de ouf là. Tu vois, rien que de t'en parler, ça me donne envie d'y retourner. Parce que c'est comme je te disais au début du podcast, c'est une nostalgie que je me colle à la peau, que je ne partirai jamais. J'ai l'habitude de dire que j'ai l'impression que j'ai laissé un petit bout d'âme là-bas et que je vais revenir le visiter de temps en temps parce que c'est comme si ça me rappelait en fait. Et que j'ai sans arrêt l'envie d'y retourner. Alors, je ne peux pas y retourner tous les jours, ça c'est sûr. Mais mon grand souhait, c'est là d'y retourner dans les deux prochaines années, quoi. Parce que ça me manque terriblement.

  • Speaker #1

    Alors là, tu as dit plein de choses. Déjà, là, moi, je me remets de mes émotions parce que parler des serpents et des araignées, si l'audience savait les têtes que j'ai faites, quand tu nous racontais tout ça, j'étais en train de me décomposer. Mais comme tu dis, tu vois, je ne suis pas là pour raconter ma vie, mais je me dis que ça pourrait être un exercice hyper intéressant que j'y aille pour justement me confronter à toutes mes peurs des bestioles et ainsi de suite, comme on le disait au début. Et j'aime bien aussi que tu parles de cet aspect-là, de dire qu'en voyage, on laisse un petit peu des bouts de notre âme un petit peu partout. Et c'est peut-être ce côté de... On a l'impression que c'est un peu notre deuxième maison, telle destination, telle destination. Et c'est vrai que je n'avais jamais pensé à ce mot de nostalgie qui va nous coller à la peau. Mais ça ne rend que le retour dans ces destinations encore plus exceptionnel.

  • Speaker #0

    C'est sûr, quand je suis retournée en Guyane pour finir mon roman La Barra, J'ai senti une forme de gratitude, mais tellement forte. Et ce livre, d'ailleurs, que j'ai écrit, c'est vraiment ma déclaration d'amour à la Guyane. C'est une forme d'hommage avec beaucoup d'humilité derrière aussi pour ce territoire qui m'a tellement bouleversée, ces rencontres que j'ai faites qui m'ont tellement, encore plus, j'allais dire redonnée, mais j'ai toujours eu foi en être humain, donc renforcée. plutôt ma foi dans l'être humain. Et c'est un voyage qui gagne à ce qu'on en parle plus que ce qu'on en dit habituellement. Comme tu disais au tout démarrage du podcast, de violences, de drogues, du fait que c'est très humide, etc. Donc, on en parle souvent de manière assez négative. Mais quoi que ça commence, je trouve un petit peu à changer avec les différents documentaires qu'il y a eu sur la Guyane. Et j'ai voulu contribuer par ma petite... touche à partager une autre vision qui n'est pas une vérité puisque chacun a sa vérité et qui me tenait profondément à cœur.

  • Speaker #1

    Et là tu parlais de rencontres, j'aimerais bien qu'on s'attarde un petit peu là-dessus sur tes échanges avec la population locale. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur tes ressentis, sur comment tu as appréhendé leur culture ? Est-ce qu'il y a des façons de penser que tu as trouvées différentes et qui du coup t'ont inspiré, t'ont ouvert un petit peu les yeux ?

  • Speaker #0

    le ralentissement et ça ça m'a fait un bien fou parce que comme je te disais je suis quelqu'un d'assez impatiente et ça ses avantages mais ça aussi ses inconvénients d'avoir un caractère un petit peu je veux tout tout de suite en fait et la Guyane ça m'a appris à ralentir et à prendre chaque jour comme il vient déjà de par cette connexion cette reconnexion à la nature mais aussi par le fait que Tout n'est pas disponible tout le temps. Des fois, on attend des bouteilles de gaz pendant deux jours, trois jours, une semaine, deux semaines, et on n'a pas de gaz, et bien il faut faire avec. Et pareil pour d'autres produits qu'on n'a pas tout de suite, le courrier qui n'arrive pas tout de suite non plus. Certes, au début, peut-être ça agace, on a des réflexes un petit peu de ah, mais c'est pas possible, comment je vais faire ? etc. Et en fait, on apprend à ralentir et à se dire que c'est comme ça qu'il faut accepter. et que ça viendra quand ça viendra. Et ça, ça m'a donné vraiment un petit peu plus de patience. Alors, je ne dirais pas que ça a tout changé, mais ça m'a vraiment apaisée à ce niveau-là. Et donc, voilà, c'est la première chose qui me vient. Et après, quand on parle des rencontres humaines, j'ai vraiment fait de merveilleuses rencontres. Et d'ailleurs, la grande, grande majorité des personnages du roman ont existé, que ce soit les colocataires de la protagoniste, sa voisine Lucia, c'était ma voisine, et j'avais tellement accueilli... de la mettre dans mon roman parce que je me disais voilà j'ai trop envie que cette femme qui avait cette douceur immense et qui illuminait chacune de mes matinées par ses wikis et ses sourires et qui venait m'apporter des gâteaux chez maison quand elle faisait de la pâtisserie, j'avais tellement envie de lui donner une place dans mon roman. Et voilà tous les personnages quasiment qui croisent le chemin de la protagoniste ont croisé aussi mon chemin, Thiago aussi existait etc. Et donc, voilà, c'était aussi une manière à moi de leur faire des petits clins d'œil et de leur dire merci, tout simplement. Et nous, il a tant parlé, pour vrai.

  • Speaker #1

    Oui, j'imagine. Et même, tu vois, ta voisine Lucia, je me doutais qu'il y avait des parts de vérité dans ce livre par rapport à l'histoire de Lou. Mais c'est vrai que la façon que tu avais de raconter... La plupart des rencontres, effectivement, on sentait qu'il y avait quelque chose derrière, donc je suis contente qu'on puisse échanger dessus. Et est-ce que tu dirais que tu as amené avec toi à ton retour une autre leçon, grande leçon de cette Guyane ?

  • Speaker #0

    Franchement, je ne crois pas qu'il y ait une leçon générale que m'ont enseigné les locaux ou la Guyane en général. Je pense que c'est plus un sentiment de renaissance, en fait. Et c'est déjà beaucoup. Ce n'est pas une leçon, mais c'est plus un encouragement à vivre ma vie comme j'ai envie de la vivre. Et ça non plus, on ne peut pas dire que ce soit une leçon, mais c'est plus... Comme je te disais tout à l'heure, le fait de renforcer encore plus la foi que j'ai dans l'humain. Il m'est arrivé pas mal d'aventures en Guyane aussi, où sans l'aide des autres, je ne sais pas comment l'aventure se serait terminée. Il y a une anecdote, je ne sais pas si je la raconte ou pas.

  • Speaker #1

    Ça fait plusieurs fois que je me dis, devine mes questions, ce n'est pas possible. Si tu pouvais nous partager une des aventures les plus folles qui te sont arrivées en Guyane ?

  • Speaker #0

    En fait, si tu veux, ce n'est pas forcément les anecdotes les plus folles, je pourrais dire les expéditions à forêt, les aventures, etc. Elles étaient toutes folles parce que dans le dépassement de soi, on peut aller très très loin. Mais c'est plus des petites choses quotidiennes qui ont fait que... La parenthèse a été transformatrice et magique en fait. Et pour tout te dire, en Guyane, j'ai vécu des épreuves personnelles aussi. Donc déjà, j'ai quitté l'éducation nationale. Et donc, j'étais fonctionnaire, j'avais un salaire plutôt confortable. Et j'ai décidé d'arrêter. Déjà, c'était une grosse décision à vie. Ensuite, ça ne m'aura peut-être pas échappé que je parlais de mon ex-compagnon. Donc, je me suis aussi... séparée en Guyane d'une personne que j'aimais profondément. Et donc cette rupture, elle a été vraiment très difficile à surmonter. Et donc je retiens aussi tous ces gens qui, dans mes épreuves, ont été un appui, un soutien et une source de joie, une source de lumière, une source d'aide dans cette transition de vie qui l'ont peut-être facilité aussi. Par exemple, quand je me suis retrouvée sans logement, sans mon ex-conjoint, presque sans travail, etc., j'ai eu des gens qui ont été là pour me dire j'ai une chambre d'amis, viens chez moi, il n'y a pas de souci, vas-y, on partage un logement ensemble Quand à un moment donné, je me suis perdue, il faisait nuit au quartier haïtien à côté de Saint-Laurent, et il était peut-être deux heures du matin, je rentrais d'une soirée. J'étais avec une copine qui était un peu éméchée, on va dire ça comme ça. On ne retrouvait plus trop notre chemin, on ne pouvait même plus conduire. Et en fait, on est tombé sur un homme qui nous a croisés et qui nous a ramenés en voiture à notre domicile parce qu'il voulait juste nous aider et faire en sorte qu'on rentre en sécurité. Et il y a plein d'anecdotes comme ça où j'ai rencontré des gens formidables, tout simplement. Et il dit... Pour ça, je te dis, ma foi dans l'humain, elle s'est renforcée. Alors déjà, elle était bien présente et s'est renforcée avec cette parenthèse guyanaise. C'est pour ça que je te dis, je ne peux pas te donner une anecdote, une leçon ou quelque chose. C'est plus deux ans, c'est long quand même. Il y a plein de choses qui se passent en deux ans. Et si je devais retenir un truc de ces deux années, ça serait plus la somme de petits gestes quotidiens qui ont fait... que je me sente capable de faire tous ces choix de vie qui ont été les miens et qui font qu'aujourd'hui, je fais ce que j'aime le plus au monde, c'est-à-dire écrire et raconter des histoires.

  • Speaker #1

    Et tu le fais merveilleusement bien. Et je ne dis pas ça juste parce que tu es sur le podcast, mais on en parlait un petit peu en off. Et je le disais au début, c'est vrai que dans ce livre, tu parles beaucoup d'humilité depuis tout à l'heure et on le sent dans ton discours, on le sent dans ton livre. C'est comme si... je pars peut-être un petit peu loin, mais c'était comme un précieux trésor cette Guyane, et que t'as envie d'en prendre soin dans la façon que tu as d'en parler, que ça soit là au micro, que ça soit dans le livre, on sent que c'est vraiment un élément très précieux dans ta vie. Donc merci de partager avec nous, de partager toutes ces réflexions, et puis comme on le comprend, ce livre s'appelle Profite du chemin, certes c'est le chemin de la héroïne du roman, mais on comprend aussi que c'est ton chemin, comme tu le disais, et il y a... plus des trois quarts du livre qui correspondent à des faits que tu as vécu, tes émotions. Donc, c'est vraiment très perçu aussi comme cadeau ce que tu nous fais. Donc, merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci à toi d'avoir invité. C'est toujours un plaisir immense de parler de la Guyane, même si maintenant ça fait... quelques années que je ne suis pas retournée. Ça fait peut-être deux ans que je ne suis pas retournée. Et voilà, c'était vraiment très émouvant pour moi de m'y replonger comme ça grâce à ce podcast.

  • Speaker #1

    Super. Écoute, j'avais encore plein d'autres questions, mais je trouve que c'est bien de s'arrêter sur cette belle conclusion de ce chemin intérieur que tu as fait. Peut-être une question que j'ai envie de poser maintenant à la fin du podcast pour mes invités. Pour toi, tu dirais que c'est quoi le voyage ?

  • Speaker #0

    C'est dur comme question ! Pour moi, le voyage, c'est une forme de spiritualité qu'on vit plutôt qu'on la pense. Et parfois, on cherche de grands... On théorise beaucoup la spiritualité, on se tourne vers les concepts. Mais l'expérience, pour moi, c'est toujours ce qui prévaut dans une transformation. Et le voyage, c'est une expérience. Et c'est une expérience spirituelle qui n'est pas mentalisée. Et pour moi, elle est d'autant plus forte de cette manière-là.

  • Speaker #1

    Et quand on le fait dans une nature aussi explosive et luxuriante que la Guyane, on a en plus ce côté vibrant, j'ai envie de dire. Donc, ça donne envie. Merci à toi encore Ludivine pour ce moment. Je te souhaite d'y retourner au plus rapidement possible parce qu'on sent que ça t'anime énormément. Et tu vois, on n'a pas eu le temps d'en parler. Et puis, c'est ma spécialité de dire, je conclue et on part sur d'autres sujets. Mais voilà, c'est ma nouvelle résolution. J'ai dit qu'on s'arrêtait là, on va s'arrêter là. Mais la Guyane, elle a aussi une culture gastronomique, une richesse dans tout ce qui est les... les plats, les fruits. Donc rien que pour ça, moi j'ai envie de sauter dans un avion même si ce n'est pas du tout le but, ce n'est pas écolo ni quoi que ce soit. Mais voilà, la Guyane a énormément de choses à offrir et je pense que cette transformation, en tout cas je l'espère, ça parlera à beaucoup de personnes.

  • Speaker #0

    Donc encore merci à toi avec l'écrire et à très bientôt. À bientôt.

  • Speaker #2

    Merci à vous. Merci pour votre écoute. J'espère que cet épisode vous a plu, qu'il vous a permis de vous évader et de vous ressourcer. J'ai besoin de vous pour que l'aventure Good Visa continue. Vous pouvez vous abonner sur votre plateforme préférée afin de suivre les nouveaux épisodes. Si ce n'est pas déjà fait, vous pouvez laisser 5 étoiles et un avis, et même en parler autour de vous. Il y a aussi le compte Instagram Good Visa Podcast, tout attaché, que vous pouvez suivre où je poste régulièrement des photos et des vidéos pour illustrer les épisodes. Ça me touche énormément quand je reçois vos retours, alors vraiment n'hésitez pas à me faire un mot. Merci à vous, à bientôt !

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Description

Ludivine, ancienne CPE, partage son aventure de deux ans en Guyane française : un véritable voyage transformateur.

Cette expérience lui a permis d’explorer la forêt amazonienne et de découvrir une culture locale riche et unique. Mais pas seulement : la Guyane l’a poussée à surmonter ses peurs, à se réinventer, et même… à écrire un roman inspiré de ce territoire fascinant. Découvrez les défis qu’elle a relevés, la richesse culturelle et naturelle de la Guyane, et comment cette expérience a bouleversé sa vie. Cet épisode est une invitation à ralentir, à s’émerveiller et à se dépasser. Je vous souhaite une bonne écoute et surtout, bon voyage !


Les références de l’épisode : 


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Musique : Camille Merel


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_______________________




Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur GoodVisa,

  • Speaker #1

    le podcast voyage et bien-être pour s'évader et se ressourcer. Chaque épisode vous invite à découvrir une destination et une histoire de vie inspirante. Aujourd'hui, je vous propose d'aller à la rencontre de Ludivine. Elle a récemment passé deux ans en Guyane française et son expérience l'a transformée. Elle va vous parler de ses rencontres avec les locaux, de la forêt amazonienne et de ses prises de conscience. Je m'appelle Camille et je vous souhaite une bonne écoute, ou plutôt... Un bon voyage !

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, bonjour à toutes, bonjour les divines !

  • Speaker #1

    Salut Camille !

  • Speaker #0

    Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Eh bien ça va, un peu frigorifié, on n'est pas en Guyane, mais on va en parler donc ça va nous réchauffer.

  • Speaker #0

    Exactement ! Alors avant qu'on se lance dans, comme tu l'as mentionné, dans la Guyane, est-ce que tu peux commencer par te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas, nous dire d'où tu viens, ce que tu fais dans la vie et ce qui te passionne ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, j'ai un peu l'impression d'avoir eu 1000 vies en une. Quand j'étais en Guyane, puisqu'on a parlé de cette période-là, j'étais CPE, je travaillais dans un établissement scolaire. En Guyane, du coup, j'ai travaillé avant à la Courneuve où j'ai passé de merveilleuses années avec mes élèves. Et là, j'ai complètement changé de vie après la Guyane, justement. Et je suis autrice de romans et la moitié du temps dans la semaine, je suis aussi serveuse à Barcelone dans un petit café. Donc, voilà.

  • Speaker #0

    Merci encore à toi d'avoir accepté qu'on fasse cette interview. Comme tu le disais, tu écris des romans et c'est comme ça que j'ai pu découvrir ton parcours. On reparlera de ce livre Profite du chemin aux éditions Erol que tu as sorti il me semble en 2023 et qui est sorti format poche en 2024.

  • Speaker #1

    C'est ça exactement.

  • Speaker #0

    Donc un voyage qui se passe en Guyane et ce livre, en fait, je t'ai contacté et je l'ai lu en une journée. Tout simplement, j'ai été... absorbée parce que tu nous fais vraiment découvrir la Guyane sans trop de chichi, j'ai envie de dire. Tu décris énormément ce que tu vois, cette nature que tu ressens dont on va reparler. Et je me suis dit, ça serait génial qu'on puisse échanger ensemble et même pas quelques jours après. Donc voilà, encore merci à toi. Donc là, tu étais en train de nous expliquer comment tu t'es retrouvée en Guyane. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu plus en détail pour que l'audience s'y tue un peu plus ? Comment tu as fait pour te retrouver à l'autre bout du monde ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais essayer de faire cours. Donc, j'étais CPE dans l'éducation nationale. Je travaillais à la Courneuve ou à côté de Paris, où vraiment j'adorais vraiment mon métier, j'adorais mes élèves. Mais j'avais un grand besoin de changer d'air et de voir du pays. J'ai toujours adoré voyager. Et surtout, en fait, j'avais ce besoin de sortir de ma zone de confort. Je sais que c'est un terme qu'on utilise beaucoup, beaucoup. Parfois, on peut en être un peu fatigué de se faire sortir de sa zone de confort, mais c'est vraiment ce que je ressentais. Je me sentais étouffée à Paris alors que j'avais toujours plus ou moins aimé cette ville. Et j'ai saisi cette opportunité de demander ma mutation avec mon ex-conjoint, ensemble, en Guyane. Donc, on a tous les deux eu notre mutation et on est partis vivre comme ça, à Saint-Laurent-du-Mavrigny, sur les rives du Suriname. Et vraiment, c'est... C'est un voyage qui a changé ma vie et qui m'a apporté tellement de belles choses que j'ai fini par en écrire un roman.

  • Speaker #0

    Et donc pour celles et ceux qui ont déjà lu le livre, je pense qu'on commence à comprendre un petit peu plus de choses. On en parlera peut-être plus à la fin sur le détail de l'histoire vraiment du livre. Mais là, on va se focaliser d'abord sur ton expérience, si tu le veux bien. Donc là, on était en quelle année à peu près quand tu es partie avec ton conjoint ?

  • Speaker #1

    Il me semble que je suis partie en Guyane en 2019. Et je suis restée... à peu près deux ans, donc c'est assez récent. Le livre, il est sorti en 2023 et j'ai terminé de l'écrire en Guyane. En fait, je suis revenue pour terminer d'écrire mon roman symboliquement à Saint-Laurent-du-Maroni. J'ai refait des expéditions en forêt, etc. pour vraiment m'imprégner de la Guyane jusqu'à l'écriture des derniers mots et de toute façon, franchement, j'ai pas pu faire autrement que d'y retourner pendant l'écriture du roman parce que je ressentais un peu... quel manque de la Guyane en me replongeant dans l'écriture en Amazonie. Un jour, je me suis dit, il faut que j'y retourne et j'ai retourné deux semaines pour terminer le roman là-bas.

  • Speaker #0

    Et c'est vrai que j'aime bien repréciser un petit peu quand même pour que l'audience se resitue. La Guyane, on va parler de cette Amazonie française, c'est son surnom. C'est donc au nord-est de l'Amérique du Sud. Ça partage ses frontières avec le Suriname que tu mentionnais à l'ouest et le Brésil à l'est. Et le nord est bordé par l'océan Atlantique. Pour les langues parlées, il va y avoir le français en langue officielle. Ça, tu nous en reparleras peut-être un petit peu plus. Il y a beaucoup de langues locales qui coexistent avec le créole guyanais, des langues amérindiennes. Et en termes de superficie, la Guyane, en fait, c'est le plus grand département français. Parce que ça, c'est vrai qu'on a peut-être tendance à l'oublier que c'est un territoire... français. Et la forêt équatoriale recouvre près de 98% du territoire. Et dernier petit fun fact, je ne sais pas si tu le savais, en langue amérindienne, en fait, en Arawak, la Guyane, donc Guyana, ça veut dire terre d'eau abondante.

  • Speaker #1

    Je ne savais pas. Donc je vais apprendre des choses avec ton podcast aujourd'hui et j'en suis vraiment ravie.

  • Speaker #0

    Super, c'est pour ça que j'aime bien avoir des petits fun facts aussi tout le long des épisodes pour que les invités puissent aussi découvrir pourquoi pas quelques... Quelques informations supplémentaires. Est-ce que tu connaissais déjà la Guyane avant ? Est-ce que c'était un territoire qui t'attirait particulièrement ou c'était plutôt, voilà, c'est arrivé comme ça ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne connaissais pas la Guyane en tant que telle. Je m'étais quand même renseignée sur le contexte géographique, on va dire ça comme ça. Honnêtement, j'y suis allée un petit peu pleure au fusil, je pense qu'on peut dire comme ça. Et avec... une forme de naïveté aussi, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Et d'ailleurs, je crois que je ne voulais pas trop en savoir non plus, parce que je me suis dit que j'avais envie d'y aller, avec une espèce de naïveté, d'ouverture d'esprit, d'humilité aussi, par rapport à un territoire que j'allais découvrir. Et pour être tout à fait honnête aussi avec toi, il y a beaucoup de gens qui ont été très surpris de mon choix de partir en Guyane, parce que... Je suis quelqu'un qui était très, très flippée de tout ce qui est insectes, bestioles, qui n'était pas vraiment… Alors, j'étais un peu une baroudeuse parce que j'avais déjà pas mal voyagé en sac à dos, mais dans ma vie quotidienne, un petit peu timourée sur tout cet aspect-là de la nature. Et quand j'ai dit aux gens que je partais vivre en Guyane, tout le monde a ouvert des grands yeux en me disant Mais tu sais que là-bas, il y a des insectes, c'est la forêt, il y a de l'humidité partout. Et en fait, on renvoyait une image tellement effrayante, voire négative de la Guyane que je n'avais même plus envie d'en parler avec les gens, en fait. Et que j'ai décidé de... J'avais acheté le guide du routard, je crois. Et je suis partie comme ça avec mon ex-conjoint, l'esprit ouvert et l'envie de découvrir à fond ce nouveau territoire.

  • Speaker #0

    Super. Et je rejoins ce que tu dis par rapport à tes proches, parce que quand je suis partie vivre au Cambodge, pareil, tout le monde se disait, non, mais elle, avec les bestioles, ça va être une catastrophe. Ça a été un petit peu compliqué, mais je te rejoins complètement sur ce côté de surprendre un petit peu son entourage quand on annonce des départs. Je pense à, par exemple, Nicolas Dubreuil que j'ai reçu. Lui, il a annoncé à son entourage qu'il partait carrément au Groenland. Donc, c'est intéressant aussi de voir les réponses de notre entourage quand on annonce des départs aussi fous que ça. Donc là, tu pars en Guyane parce que c'est vrai que tu aurais pu choisir d'autres territoires d'outre-mer, par exemple dans les Antilles, dont tu t'es dit je veux vraiment quelque chose de dépaysant pour te lancer dans cette nouvelle aventure.

  • Speaker #1

    Alors en fait, pour tout te dire, je n'avais pas vraiment eu un panel de choix énorme parce que par exemple la Réunion ou d'autres territoires comme ça, avec peut-être plus attractif au niveau des plages de sable blanc, etc., c'est des départements qui coûtent beaucoup plus cher en termes de nombre de points. quand on veut faire une mutation. Donc avec mon expérience et mon ancienneté dans l'éducation nationale, je pouvais aller à Mayotte ou en Guyane. Et de toute façon, je ne me suis vraiment pas posé la question très longtemps. Dans ma tête, c'était clair dès le départ, c'était la Guyane. Je ne saurais pas te dire pourquoi, mais vraiment, j'ai ressenti un espèce d'appel, ce que je n'ai pas vraiment rationalisé, où je me suis dit, il faut que j'aille là-bas en fait. Mais sans vraiment trop le penser, je n'ai pas fait de grande théorie sur le moment de je ressens un aspect mystique pas du tout. Je me suis juste dit j'ai envie d'aller en Guyane, j'y vais Et il faut savoir aussi que je suis du genre à prendre des décisions un peu radicales et un peu instinctives et assez rapides. Je suis quelqu'un de très impatient, qui aime bien prendre des virages dans sa vie de manière un peu épidermique. Donc là, j'ai senti qu'il fallait que j'y aille. On a demandé notre mutation. Parce que j'ai eu la chance aussi que mon ex-conjoint, à ce moment-là, avait la même envie que moi. Et on est partis vivre ensemble là-bas.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup. Et du coup, ça me fait penser aussi, tu vois, à ce que tu disais par rapport à l'île de la Réunion et ainsi de suite. J'ai regardé quelques reportages avant qu'on fasse cet enregistrement, qui disaient qu'en fait, la Guyane, ce n'est pas si touristique que ça, par rapport à justement les Antignes ou d'autres territoires d'outre-mer. toi tu as trouvé que c'était assez touristique ?

  • Speaker #1

    Alors c'est pas touristique du tout la Guyane et c'est super qu'on en parle parce qu'on me demande souvent surtout les gens qui ont lu mon roman Profite du chemin et qui me disent j'ai regardé le prix des billets d'avion parce que j'avais trop envie d'y aller et c'est vrai que c'est une destination évidemment que je recommande parce que C'est une destination magnifique qui a des trésors insoupçonnés en Guyane, que la forêt, la culture guyanaise, la gentillesse des gens. Pour moi, c'est un endroit où il faut aller une fois dans sa vie, si vraiment on en ressent l'appel. Par contre, c'est un voyage qui se prépare justement parce qu'il y a très peu de structures touristiques. Donc, pour certaines immersions en nature, certaines expéditions, il y a très peu de place. vu qu'il y a peu de guides et peu de structures. Et on a aussi besoin la plupart du temps d'avoir son propre matériel. Donc tout ce qui est vaches, cordes, hamacs, moustiquaires, les toucs qui sont des bidons en plastique qu'on prend pour les expéditions en forêt. Parfois, les prestataires de tourisme les prêtent, mais pas tout le temps. Donc c'est un voyage qui demande de l'investissement financier au niveau du prix du payet, au niveau de l'anticipation, partir sur un coup de tête. en Guyane, c'est-à-dire par exemple la semaine prochaine je vais en Guyane, dans deux semaines je ne le recommanderai pas forcément parce qu'il faut réserver bien à l'avance les aventures en forêt parce que on ne va pas dans la forêt amazonienne comme on va à Fontainebleau donc il faut vraiment être accompagné et il faut avoir des guides agréés qui vont nous amener en toute sûreté découvrir ce magnifique territoire qu'est l'Amazonie. Donc voilà, il faut réserver, il faut prévoir le billet d'avion il faut prévoir le matériel ça s'anticipe. mais en anticipant, on peut faire le plus beau voyage de sa vie.

  • Speaker #0

    Comme tu disais, c'est vrai que moi, après avoir lu le livre, j'avais qu'une envie, c'était partir découvrir ce territoire. Même si j'aime bien que tu rappelles que ça se prévoit. J'ai lu aussi qu'il faut beaucoup d'autorisation dès qu'on voyage en Amazonie, parce qu'il y a des zones à risque, qu'il y a beaucoup de frontières avec les pays autour. Donc ça, c'est bien que tu le précises, que ça ne se fait pas du jour. Au lendemain, donc là justement, tu parlais de l'Amazonie, de toute cette forêt qui recouvre 98% de son territoire. Est-ce que tu peux essayer un petit peu de nous le décrire avec tes propres mots ? Parce que comme tu le racontes un petit peu dans le livre, j'imagine que tu as encore tes premières impressions quand tu as atterri en Guyane. Déjà cette chaleur, il me semble. Est-ce que tu peux nous décrire un petit peu tes sensations quand tu es arrivée là-bas ?

  • Speaker #1

    Alors, moi je suis tombée amoureuse de la Guyane. Et rien que là de t'en parler, j'en ai encore des frissons et je pense que je vais garder à vie une forme de nostalgie qui partira jamais. Quand t'arrives déjà, t'es dans l'avion et tu vois cette espèce de marée verte, une forêt qui s'étend à perte de vue. T'as l'impression d'être au sud de l'océan, mais un océan d'arbres avec ses veines très terreuses de la mangrove, ses grosses artes. terre qui irrigue cette nature, cette jungle, l'Amazonie dans ce qu'elle a de plus sauvage. Et donc, je n'ai pas vraiment eu peur, mais je me suis dit, c'est fascinant. C'est fascinant et j'ai envie de savoir, j'ai envie de connaître, j'ai hâte. En fait, j'avais une forme d'empressement, d'atterrir. Et quand on atterrit, en fait, tu as cette bouffée de chaleur et d'humidité qui te prend, qui vraiment s'embarque partout. dans chaque cellule de ton corps qui irrigue tes poumons presque que tu en as le souffle le temps de t'habituer à cette sensation de chaleur humide et puis ensuite t'arrives en Guyane t'atterris à Cayenne c'est une ville que j'aime beaucoup même si je n'ai pas passé beaucoup de temps mais c'est là que j'ai fait mes premières rencontres en Guyane c'est une ville qui est pleine de multiculturalité mais ce qui m'a frappée c'est que Dès que je suis arrivée, c'est comme je te disais, cette abondance de cultures, de langues, de saveurs qu'on voit tout de suite dès qu'on arrive en fait. Et un des premiers trucs que j'ai fait, c'est le marché. Et pour une grande amoureuse de la bouffe comme moi, ça aussi c'était magique. Et là, on voit tout de suite les influences brésiliennes, les influences hongues, les influences guillennaises, créoles. et bushinengue, donc il y a tous ces plats qui se mélangent dans ce marché aux mille savelles, aux mille couleurs et donc on s'immerge directement là-dedans et on se dit que ça va être une aventure formidable. Ensuite j'ai passé quelques jours à Cayenne et j'ai filmé ensuite avec mon compagnon d'époque vers Saint-Laurent du Maroni et on est parti donc à l'ouest de la Guyane et on est parti dans un endroit qui était encore un... plus reculée que Cayenne, une ville qui est plus petite. C'est encore un peu plus, entre guillemets, un peu plus sauvage. Je ne sais pas si c'est le mot parce que c'est surtout que c'est encore plus dépaysant, en fait, c'est encore plus dépaysant que Cayenne. parce qu'on a aussi une langue qui est différente, qui est une langue locale qui s'appelle le Bushinanguetongo, et qui là aussi nous plonge dans un univers totalement différent, totalement fascinant, qu'on a envie de découvrir. Et voilà, l'aventure commence comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, donc déjà, ça t'a annoncé la couleur de cette expérience qui t'attendait. Et j'aime beaucoup que tu parles de cette mosaïque de cultures, de tout ce métissage qu'il y a. Parce que dans les reportages que j'ai regardés, Arte, Chapébel et ainsi de suite, ce qui ressortait beaucoup des témoignages des locaux, c'était justement cette harmonie entre toutes ces cultures. Que ça soit les Brésiliens avec les Guyanais français. Il y avait vraiment une belle entente entre toutes ces populations. Est-ce que tu es d'accord avec ça ?

  • Speaker #1

    Oui. Franchement, je n'ai jamais ressenti de tension, de problème d'intégration, par exemple, de moi qui venais de métropole. D'ailleurs, les gens qui viennent de métropole, on les appelle les métros. Donc, si je le dis à un moment donné dans le podcast, voilà. Mais en tout cas, moi, je n'ai jamais eu ni de ressenti de tension. Vraiment, j'ai eu l'impression que les gens étaient plutôt contents de faire découvrir leur culture. Comme je te disais, j'ai fait CPE et donc il y avait souvent des familles qui nous apportaient des plats qu'elles avaient cuisinés ou les surveillants du collège qui nous invitaient avec d'autres personnels de l'équipe éducative à partager des repas chez eux. Et donc honnêtement, j'ai senti une forme de bienveillance et d'ouverture qui m'a donné encore plus envie même de découvrir la Guyane.

  • Speaker #0

    Donc en fait ton livre c'est l'histoire de Lou qui est donc professeur de français dans un prestigieux collège parisien et elle voit sa vie basculer du jour au lendemain puisqu'en fait elle va être mutée en Guyane. Donc là contrairement à toi en fait dans le livre ce n'est pas son choix. Et en fait elle se retrouve dans un endroit où elle ne voulait pas être, où il ne lui tarde qu'une seule chose c'est de pouvoir rentrer à Paris. Mais elle va essayer d'apprivoiser au mieux ce nouveau cocon dans lequel elle se retrouve. et d'apprivoiser ses élèves, d'apprendre à communiquer avec eux, à vraiment tisser des liens. Et petit à petit, en fait, et on comprend par rapport à ton histoire aussi, pour ce personnage, ça devient vraiment une quête intérieure, une aventure transformative qui va l'inciter à explorer non seulement la richesse de la Guyane, mais aussi explorer son fort intérieur, j'ai envie de dire. Tu expliques dans le livre, en fait, que les élèves, on leur demande de parler français en classe. parce que justement il y a tout ce métissage de cultures avec différentes langues. Est-ce que ça c'était quelque chose vraiment pour le livre ou que tu as vécu aussi de ton côté en arrivant là-bas ?

  • Speaker #1

    Le livre il est à 80% autobiographique. Donc c'est bien parce que ça me permet de garder une petite part de mystère dans ce qui est vrai et ce qui est faux. C'est le privilège de la fiction. Pour ce que je raconte sur l'établissement scolaire, Il y a du vrai et il y a aussi des choses qu'on m'a racontées d'autres établissements. Et donc, cette histoire d'exiger des élèves qui parlent français, oui, c'était le cas, mais ce n'était pas le cas de manière aussi rigide que dans d'autres établissements où on ne voulait même pas qu'ils parlent leur dialecte, leur langue dans la cour de récréation avec leurs copains, etc. Là où moi, je travaillais, c'était quand même plus...

  • Speaker #0

    Plus soft.

  • Speaker #1

    Plus soft, oui.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tes élèves, du coup, toi aussi, t'ont appris un petit peu de vocabulaire ?

  • Speaker #1

    J'ai essayé d'apprendre le Bushinangé Tongo quand je suis arrivée à Saint-Laurent-du-Mahoni. J'ai fait quelques cours, j'avais acheté des livres de vocabulaire, etc. Très honnêtement, j'aurais dû être plus persévérante parce que je suis lâchée d'affaire un peu vite. C'est un petit regret d'ailleurs, maintenant, de ne pas avoir fait un petit peu plus d'efforts d'apprendre la langue. Donc, je savais dire bonjour, au revoir, merci en Bushinangé Tongo. mais je ne savais pas le parler, je ne peux pas dire que je savais parler. Et d'ailleurs, c'était un handicap en boulot de CPE, puisque les entretiens avec les familles, parfois c'était compliqué, et on avait besoin qu'un surveillant ou qu'un personnel, un médiateur social ou quelqu'un vienne faire la traduction pendant mes entretiens avec les familles et les élèves. Et ce que j'aurais trouvé super chouette, ça aurait été que dans l'emploi du temps, des personnels éducatifs et des profs et des CPE, on ait quelques heures qui soient allouées à l'apprentissage de la langue et où on ait des cours de langue au sein de l'établissement sur notre temps de travail. pour apprendre la langue des parents et des familles. C'est quelque chose qui serait super enrichissant et qui serait un atout considérable dans l'encadrement éducatif des élèves.

  • Speaker #0

    Complètement. Est-ce qu'il y avait aussi la présence du portugais dans tes échanges au quotidien ou un petit peu moins que la langue locale ?

  • Speaker #1

    Non, beaucoup moins. Il faut dire qu'à Saint-Laurent-du-Maroni, il y a eu la... Le dialecte qui est le plus parlé, c'est le bouchinanguetongo, comme je te disais. Ce serait plutôt du côté de Saint-Georges et de l'Oyapoc, en fait, de l'autre côté de la Guyane. Saint-Georges, en fait, c'est à la frontière du Brésil, complètement à l'est de la Guyane. Donc, c'est vraiment à l'opposé quasiment de là où moi j'habitais.

  • Speaker #0

    D'accord. J'aime bien faire aussi un rappel historique à chaque fois. Donc, en fait, la Guyane est première population amérindienne. Indiennes sont arrivées il y a plus de 7000 ans. Ensuite il y a les Européens qui ont débarqué au XVIe siècle et qui étaient attirés par les richesses naturelles de la région et ça on en reparlera après. Ça a été donc colonisé par la France au XVIIe siècle, après c'est devenu une terre d'exploitation, il y a eu malheureusement beaucoup d'esclaves africains pour les plantations de sucre, de café. Il y a ensuite eu l'histoire sombre des bagnes entre les années 1800-1900 avec... des milliers de prisonniers qui étaient envoyés au bagne avec notamment l'île du Diable, on l'appelle comme ça. Et en 1946, la Guyane est devenue un département d'outre-mer français, avec aujourd'hui un statut un petit peu spécial. Donc là, si je faisais ce rappel historique aussi, c'était pour voir avec toi par rapport à l'économie de la Guyane, où ça, je vais être complètement transparente, je n'avais aucune idée qu'il y avait tout cet orpaillage, cette exploitation de l'or. qui a beaucoup façonné la Guyane, on le perçoit un petit peu dans ton livre, avec toutes ces controverses, ces pollutions au mercure, tout ce trafic illégal, j'ai envie de dire. Est-ce que toi, tu l'as ressenti ou dans le livre, c'était plutôt par rapport à tes recherches et ainsi de suite ?

  • Speaker #1

    Déjà, je suis très contente que tu parles de cette histoire de la Guyane. Alors, je vais en profiter pour dire que je ne suis pas du tout une spécialiste de l'histoire de la Guyane. et que ceux qui sont le plus à même de parler du contexte sociopolitique de la Guyane et de ce qu'ils ont envie pour l'avenir de ce territoire, ce sont les Guyanais et ce n'est pas moi. Je vais juste partager comment moi je l'ai ressenti quand je suis partie. Je me souviens avoir dit à ma meilleure amie avant de partir en Guyane, je suis super heureuse de partir, comme je te disais au départ. Je n'ai qu'une hâte, c'est d'être dans l'avion et de m'installer là-bas. Par contre, il y a une forme de culpabilité latente en moi. qui a l'impression d'aller dans un endroit qui a été volé. Je te dis les choses telles que je les ai ressenties. Après, je ne vais pas mettre d'explications sociologiques ou psychologiques derrière. Vraiment, c'est un ressenti que j'ai eu. Je disais à ma meilleure amie, je suis trop contente d'y aller, mais j'ai l'impression de participer à quelque chose historiquement qui n'a pas été juste. Et donc, j'ai une forme de culpabilité en partant. Et je vais prendre… cette immersion Vianne avec humilité, avec ouverture d'esprit et avec la volonté que ça vienne bousculer mes croyances et ce que je pense juste et m'ouvrir à cette possibilité que ça vienne bousculer des choses en moi. Donc je suis partie déjà avec ce truc de me dire j'espère que je vais bien vivre ce sentiment qui m'anime de... J'y vais pour enseigner là-bas, mais quand même, c'est pas très juste parce que historiquement, c'est un territoire qu'on a volé. Et quand je suis arrivée en Guyane, c'est vrai que tout de suite, tu vois des différences entre la population locale, notamment la population bouchinonguée, ou les gens qui sont nés en Guyane, qui sont beaucoup plus pauvres que les gens qui viennent de métropole. Donc, c'est vraiment... choquant et criant d'injustice de voir que les gens qui viennent de métropole, c'est des gens qui ont des postes dans la fonction publique et qui ont parfois des logements de fonction, qui ont plus de facilité, même si se loger en Guyane, c'est toute une histoire. Mais quand on vient de métropole, on a certains privilèges que les locaux n'ont pas. Et donc, il y a les bidonvilles, clairement, qui cohabitent avec les villas, avec les piscines. Et les villas avec piscine, c'est toujours pour les mêmes. Donc, on ne va pas se mentir, il y a de grosses inégalités, affreusement scandaleuses en Guyane. L'état des établissements scolaires, on ne le tolérerait jamais. pour des établissements scolaires de métropole, des établissements sans cantine, où les élèves n'ont pas de quoi, parfois, alors pas tous heureusement, mais parfois n'ont pas de quoi manger le midi, et viennent la mort dans l'âme demander quelques euros au personnel éducatif pour pouvoir aller s'acheter à manger. Vraiment, je pense que c'est impossible de parler de la Guyane, honnêtement, si on ne parle pas du traitement social scandaleux qu'il en est fait.

  • Speaker #0

    Je te remercie de partager ça parce que c'est le but du podcast aussi. Oui, on peut faire comme j'ai fait, c'est-à-dire regarder des échappées belles, des reportages artés et tout ça, mais rien ne vaudra des explications comme les tiennes de personnes qui y sont allées. C'est des informations qu'on ne va pas trouver dans les guides de voyage, ainsi de suite. Donc, merci beaucoup de nous livrer ça.

  • Speaker #1

    Surtout que ça a joué aussi sur mon propre itinéraire parce que pour être totalement transparente, j'étais une piètre CPE en Guyane. Parce que, comme je te disais déjà, on n'avait pas cet apprentissage de la langue. Alors, certes, j'aurais pu faire plus d'efforts par mes propres moyens, mais je pense que c'était aussi la responsabilité de l'éducation nationale de former ces personnels à une langue qui est utilisée par les familles dans un territoire qui, historiquement, n'était pas le nôtre. Et je pense aussi que ces établissements qui accueillent des centaines et des centaines et des centaines d'élèves de trop, parce que normalement, il devrait y avoir beaucoup plus d'établissements pour... le nombre faramineux d'élèves qu'il y a sur ce territoire. Et on a des établissements qui implosent, un manque de personnel éducatif dramatique. Donc vraiment, à un moment donné, je me sentais, comme je te disais, d'être une pied de CPE parce que je n'arrivais pas à remplir mes missions de CPE, de dialoguer avec les familles, d'accorder du temps à chaque élève, etc. Et ça n'a pas été le seul facteur de... du fait que j'ai quitté l'éducation nationale, mais ça a joué aussi dans cette prise de conscience de j'y arrive plus en fait, j'y arrive plus, et je préfère arrêter que faire mal mon travail en fait. Et pour ce qui est de ta question originelle sur l'orpaillage, je n'ai jamais vu d'orpailleurs, à part une fois où j'ai vu des camps d'orpaillage, j'espère qu'on en parlera après, parce que c'est l'expédition en Guyane qui a le plus marqué mon séjour en Guyane, c'est mon séjour, ma tranche de vie en Guyane. c'est l'expédition dans les monts Tumukumak. Je l'ai mis dans le roman d'ailleurs et c'est vraiment extraordinaire. Et c'est tellement reculé qu'en fait, là, j'ai vu des camps d'orpaillage en allant sur le mont Alwaken. Mais sinon, je n'ai jamais vu d'orpailleurs en Guyane. J'ai fait beaucoup d'expéditions en forêt, en carbet, etc. Mais bon, je n'ai jamais croisé d'orpailleurs.

  • Speaker #0

    Et là, tu nous parlais justement d'expédition. Donc, ça tombe bien parce que tu vois, j'avais noté ça pour le mont Tumuc-Umac, donc c'est au sud. Et ça marque un petit peu une transition vers le plateau brésilien, ce mont. Est-ce que tu peux nous raconter ? Donc, apparemment, il y a l'air d'avoir une expédition en particulier qui t'a marqué dans cette Guyane.

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai que la principale activité, c'est d'aller en forêt. Comme tu l'as dit, c'est 90% du territoire. Et on peut faire des expéditions absolument merveilleuses de plusieurs jours avec des guides, etc. Mais on peut tout simplement faire des carbés aussi. Les carbés, c'est vraiment comme on irait peut-être à la campagne ou au bord de la mer quand on est en France. Eh bien, en Guyane, on va en carbé. Les carbés, c'est des petites structures de bois, parfois avec des toits au tol, parfois non. en plein milieu de la forêt. Ça peut être des carvées aménagées avec des petites cuisines, des espaces pour faire des barbecues, etc. Ou alors des trucs complètement roots, complètement sauvages, en plein milieu de la forêt. Et on y va entre amis ou en famille, et on y passe comme ça un jour, deux jours. On fait des balades en forêt, parfois du kayak. Voilà, c'est vraiment super, on est en pleine immersion. En fait, on apprend beaucoup de la nature dans ces moments-là, parce qu'on se rend compte que la nature qu'on craignait tant, et on en revient à notre question du départ de comment j'ai survécu à ma peur des bestioles et des animaux en général et de la nature, c'est qu'en fait, on se rend compte que la nature n'est pas dangereuse.

  • Speaker #0

    et qu'on en a une image dangereuse parce qu'on a l'impression que, comme elle n'est pas domestiquée, elle va nous faire du mal. Alors qu'en fait, la nature, c'est juste partie intégrante de nous. Et quand on prend le temps juste de l'écouter, de ralentir et de ne pas être dans cette forme de suspicion, en fait, pour moi, ça a été une source d'apaisement et de transformation absolument fantastique. Je crois que le son que je me souviendrai toute ma vie... et que j'ai préféré en Vienne, et je sais que je ne suis pas la seule, parce que j'ai eu plein de gens qui disent la même chose, c'est les cris des singes hurleurs en plein milieu de la nuit. Et ça, la première nuit, ça m'a traumatisée, parce que quand on ne connaît pas du tout, on a l'impression que c'est un jaguar qui va nous sauter dessus, parce que c'est un cri qui est vraiment très guttural, en fait. Donc, on a l'impression que c'est presque félin, alors que non, c'est des singes. Et quand ils font ce bruit-là, parfois, ils se battent ou ils se déplacent en... en cortège en fait, en équipe. Donc du coup, ça fait beaucoup de bruit, ça fait trembler les arbres, ils crient, ils passent juste au-dessus de nos têtes, donc ils font tout trembler. Et toi, tu as l'impression que tu vas crever, tu vois, la première nuit. Et le matin, tu te réveilles et tu te demandes aux gens, c'est quoi ce bruit ? Et les gens qui ont de l'expérience, ils disent, mais c'est les singes hurleurs, tu as eu la chance de les entendre, c'est génial. Et en fait, on apprend comme ça, au fur et à mesure, que la nature... À partir du moment où on la respecte et où on ne fait pas n'importe quoi, elle n'est pas dangereuse. Alors évidemment, on ne peut pas partir n'importe où, n'importe comment. Ça, je ne le recommanderais à personne. Mais si on fait les choses dans les règles et avec l'esprit, tout se passe bien. Et effectivement, la plus belle aventure que j'ai faite, c'est ce dont je te parlais, les Montumucumac, donc ce point à la trijonction du Suriname, du Brésil et de la Guyane, où c'est deux semaines d'expédition à peu près, et où là, par titre, on doit faire appel à des associations amérindiennes qui nous guident jusqu'au Montalhuacan, et qui chassent pour nous, pêchent pour nous, parce que les métros ou les gens qui ne sont pas amérindiens, tout simplement, pas le droit d'aller, et à juste titre, d'aller visiter, pêcher ou chasser sur les territoires amérindiens. Et donc, quand on veut faire cette expédition, c'est pour ça que je te disais aussi que le voyage en Guyane, ça s'anticipe parce qu'on doit non seulement réserver pour cette expédition, mais aussi il faut le temps que les prestataires amérindiens demandent des autorisations à tous les chefs de village qu'on va traverser pour que les chefs de village donnent leur autorisation à la pirogue de passer. et qu'on puisse passer la nuit au départ, parce qu'après, tu n'as plus de village. Donc, on dort vraiment en totale immersion dans la jungle. Mais au départ, on fait des escales dans des villages amérindiens. Et là, on doit demander évidemment des autorisations pour pouvoir y séjourner une nuit avec notre hamac. Ensuite, plus on s'enfonce dans la forêt, plus on fait ce qu'on appelle du carbé-bâche. Donc, c'est les carbés que je te disais, les nuits en forêt, mais seulement avec des bâches, des cordes et des hamacs. qu'on installe nous-mêmes. Et là, si tu n'as pas de guide à mer indien pour tes détumeurs, voilà.

  • Speaker #1

    Oui, donc c'est ce que tu disais tout à l'heure, que tu as compris que cette nature ne nous voulait pas du mal, mais que voilà, vu qu'on n'est pas des experts sur tout, il faut vraiment faire attention. Et comme tu dis, si on fait n'importe quoi, c'est vraiment un risque zéperile.

  • Speaker #0

    Voilà, il faut quand même des connaissances. Après, comme je te disais aussi, il y a des carbés qu'on appelle des carbés... aménagé et ça, il n'y a pas besoin de guide pour y aller. Tu peux y aller, comme je te disais, en famille ou entre amis et tu n'as pas besoin d'avoir un prestataire extérieur pour pouvoir y aller. C'est complètement sans risque avec un peu de bon sens. Et après, pour ce qui est des expéditions plus à risque et plus immersives, là oui, évidemment, il faut des gens avec des connaissances solides, la connaissance de la faune, de la flore. pour ce qui est de la chasse, de la pêche, etc. Et ça a été vraiment l'aventure la plus transformatrice de toute ma vie. Et avant de faire le podcast, tu me disais, on parlait un peu de spiritualité, de tout ça. Et en fait, vraiment, j'ai senti, quand j'ai fait cette aventure, qu'il y a quelque chose qui a changé à l'intérieur de moi, un switch qui s'est fait. Je me souviens, je me disais, tu es capable de faire ça, tu es capable de tout. Et donc, ça m'a donné une espèce de confiance en moi, la petite citadine parisienne qui se retrouve à aller dans cet endroit tellement reculé en Amazonie, à y prendre. du plaisir, en forme de fusion avec la nature, de communion, de dépassement de soi, etc. Je me suis dit, mais en fait, c'est bon, toutes les choses que tu pensais ne pas pouvoir faire dans ta vie, tu peux en fait. Et donc, ça m'a donné du courage pour par la suite, relever plein d'autres défis. Donc, ça m'a vraiment changé.

  • Speaker #1

    Et écoute, si tu me permets, j'aimerais bien lire un petit passage que j'ai beaucoup aimé, qui, je trouve, fait assez écho à ce que tu es en train de nous dire. Enfin, c'est même deux passages. Donc le premier, c'est... Cette femme qui peut se sentir à sa place n'importe où parce qu'elle s'habite. Et un petit peu plus loin, je ne savais pas que la forêt avait une âme. À vrai dire, je n'étais pas certaine d'en avoir une non plus. Je n'avais pas idée que dans les profondeurs du fleuve battait un cœur. Et donc je trouve que ça fait écho à ce que tu es en train de nous dire. Est-ce que tu penses que c'est ça qui a été un peu le vecteur de plein de prises de conscience en toi ?

  • Speaker #0

    Franchement, oui. J'ai senti quelque... Enfin, j'espère que je ne vais pas trop partir dans le mystique, mais j'ai senti... Avec cette reliance à la nature, à la forêt, quelque chose qui se réveillait en moi, que je reprenais vie en fait. Et c'est fou parce que ça m'a apporté plus de complétude avec moi-même. C'est un peu bizarre ce que je suis en train de te dire. Mais c'est comme si je me sentais plus complète, plus consciente du monde qui m'entoure, plus consciente de moi-même en étant consciente du monde qui m'entoure. Et c'était... Parce qu'en fait, chaque chapitre, à la fin, tu as une lettre que la protagoniste adresse à sa mère, à sa copine, à son mec, etc. Et à un moment donné, je me suis dit, j'ai envie qu'elle écrive une lettre à l'Amazonie. Et cette lettre à l'Amazonie, je crois que c'est mon passage préféré du roman, parce que c'est ce moment où elle se rend compte que la forêt, c'est elle et qu'elle est une partie de la forêt, en fait. C'est qu'il y a une forme de... de complétude entre la forêt et sa propre intériorité, et que la forêt, c'est quelque chose de vivant. Et donc, on le sait parce qu'on se dit que c'est la nature, bien sûr que c'est vivant. Mais entre le savoir et le sentir, il y a une grosse différence.

  • Speaker #1

    Oui, il faut y aller pour le ressentir au plus profond de nous, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, ça vient nous faire du bouche à bouche quand on se sent mourir, en fait.

  • Speaker #1

    J'en ai les frissons, tu vois, qu'on parle de tout ça. Et donc ça, sur cette expédition, tu as donc été amenée à rencontrer d'encore plus près toute cette faune et cette flore. Parce que la Guyane a une biodiversité qui est apparemment incroyable. Il y a plus de 1200 espèces d'arbres, 700 espèces d'oiseaux. Et il y a des animaux emblématiques comme, tu le citais, le jaguar. Il y a aussi le caïman noir, il y a le célèbre paresseux. Dans le livre, tu nous expliques aussi que l'héroïne, elle rencontre des ibis rouges. Il y a aussi le grage, ce serpent assez massif. Il y a le papillon morpho qui a ce bleu électrique. Et tu nous racontes que c'est le symbole de la Guyane. Il y a beaucoup d'oiseaux, il y a les tortues. Moi, je me rappelle, j'avais regardé... Alors, ce n'était pas Rendez-vous en Terre Inconnue, c'était Nos Terres Inconnues, avec Sabrina Ouazani, qui est comédienne. Donc, elle partait en Guyane. À un moment, ils aperçoivent un anaconda. Je peux te dire que ça m'a bien calmée. Est-ce que tu veux bien nous en dire un petit peu plus sur ces rencontres que tu as peut-être pu faire lors de cette expédition ?

  • Speaker #0

    Alors, sur l'expédition en tant qu'elle, j'ai vu pas mal d'animaux, mais la plupart des animaux se cachent bien quand même. On n'en voit pas tous les quatre matins. Donc, je vais peut-être te parler des animaux que j'ai vus en général. Pendant mon expérience guyanaise, il y aura plus de diversité. J'ai vu beaucoup de serpents. Alors, ce n'est pas tous les jours qu'on en voit des serpents, mais j'en ai quand même vu pas mal, notamment un ou deux directement chez moi, dans mon jardin ou sur mon toit. Et donc, en fait, ça aussi, c'est un gros mythe. Les serpents qui viennent nous tuer, c'est vraiment des gros mythes. Je crois qu'il y a eu… Je ne veux pas dire de bêtises, mais il y a une dizaine d'années, il n'y a pas eu un mort par serpent en Guyane. Il y a des antivenins en plus dans tous les hôpitaux. Tu as un certain délai pour aller à l'hôpital, mais on a une petite cure d'antivenin et tu survis. Et on ne se fait pas mort par les serpents tous les quatre matins non plus. Donc, c'est plutôt fascinant quand on en voit, plutôt qu'effrayant. Après, je ne suis pas non plus du genre à m'approcher trop près. Mais quand j'en voyais, j'étais plutôt curieuse de voir comment ça réagissait, etc. Sauf une fois où j'ai vraiment eu la crème, la trouille, où je ne me suis pas baignée, alors que tout le monde se baignait, moi, je n'ai pas osé. J'étais à l'examen des maris de cause. Pour ma décharge, c'était, je crois, genre les... premières aventures en nature que j'ai faites en Guyane. Les marées de Côte, c'est très, très connu. C'est magnifique. Je le recommande à 100%. Mais petite parenthèse, si jamais vous voulez partir faire des aventures en Guyane, vous pouvez contacter Nature de Guyane, qui est respectueux de l'environnement, qui a des guides super, etc. Donc, Nature de Guyane, vous pouvez y aller les yeux fermés. Et là, pour les marées de Côte, j'avais pris un autre prestataire, mais qui était très, très bien aussi. Et on passait, en fait, la nuit sur les marées où... On fait de l'observation de caillements et l'observation des oiseaux, des volatiles, etc. Et on arrive au moment où c'est baignade pour tout le monde. Moi, j'étais trop contente. Et au moment de sauter dans l'eau, j'étais dans les premières sur le canton. Au moment de sauter dans l'eau, je vois un... Alors, je ne sais pas s'il était un anaconda ou un goa, parce que je ne suis pas devenue spécialiste des cercles entre-temps. Mais en tout cas, je peux te dire qu'il était énorme. Ce n'était pas... Ce n'était pas un petit serpent domestique, c'était vraiment quelque chose qui était vraiment, vraiment, vraiment volumineux. Et là, je t'avoue que j'ai appelé le guide et j'ai dit qu'est-ce qu'on fait ? Il m'a dit non, non, c'est bon, il va faire sa vie, ne t'inquiète pas, ça ne risque rien. Et en fait, la plupart du temps, tu peux te baigner avec soit des caïmans, soit des serpents à bout d'étoiles. Tu ne cours aucun risque parce qu'ils ont plus. peur de toi que toi, tu as peur de normalement. Mais ce jour-là, je ne l'ai pas senti. Le guide, il a plongé pour bien montrer qu'il n'y avait pas de risque. Et ce jour-là, je ne me suis pas jetée à l'eau au sens propre comme au figuré. Et ensuite, j'ai vu des paresseux, évidemment. J'ai vu des morphos. J'ai vu des singes hurleurs, des tamarins. C'est des petits singes. J'adore. Il y a plein de... Il y a plein de petits singes en Guyane et là, avec des saimeries, que j'aime beaucoup ces petits singes aussi, qui sont trop mignons et qu'il y en avait dans mon jardin. Et voilà, donc tu croises beaucoup d'animaux différents et des grosses matoutous aussi. Alors ça aussi, le temps de s'habituer, ça fait bizarre, mais quand on s'y habitue, après ça fait partie… En fait, il y a plein de gens qui les appellent un… peu les araignées domestiques parce qu'il y en a dans les maisons en général des matoutous parce qu'elles vont dans les boiseries et c'est des énormes araignées comme des tarentules avec des poils et les pattes, les bouts des pattes sont orange et quand le bout des pattes est orange et que l'araignée est bien noire, il faut faire un distinguo avec les araignées qui sont bleutées, noires bleutées, c'est pas la même espèce mais les araignées marron ou noires avec les pattes orange sont pas dangereuses et là il y en a vraiment partout en Guyane. Mais voilà, ça surprend quand tu les vois une première fois. Après, eh bien, on s'habitue à les voir, en fait. On est plus chez elles qu'elles sont chez nous, en fait. Et donc, voilà. Après, je n'ai pas tout en tête, mais c'est fascinant. Il y avait pas mal d'iguanes aussi dans mon jardin. Et donc, ça, c'était absolument magnifique. Toute forme d'oiseau. Et... Et c'est surtout les sons qui m'ont marquée. Il y a les animaux, mais il y a les sons de la nature. La nuit, ça m'a bouleversée. C'est pour ça que j'adorais dormir en hamac, en pleine nature. Parce que là, tu es vraiment immergé dans une symphonie. En fait, il n'y a pas d'autre mot. Dans une symphonie naturelle. Et tu as un concert gratuit pendant toute la nuit. Et c'est magnifique et ça me manque de ouf là. Tu vois, rien que de t'en parler, ça me donne envie d'y retourner. Parce que c'est comme je te disais au début du podcast, c'est une nostalgie que je me colle à la peau, que je ne partirai jamais. J'ai l'habitude de dire que j'ai l'impression que j'ai laissé un petit bout d'âme là-bas et que je vais revenir le visiter de temps en temps parce que c'est comme si ça me rappelait en fait. Et que j'ai sans arrêt l'envie d'y retourner. Alors, je ne peux pas y retourner tous les jours, ça c'est sûr. Mais mon grand souhait, c'est là d'y retourner dans les deux prochaines années, quoi. Parce que ça me manque terriblement.

  • Speaker #1

    Alors là, tu as dit plein de choses. Déjà, là, moi, je me remets de mes émotions parce que parler des serpents et des araignées, si l'audience savait les têtes que j'ai faites, quand tu nous racontais tout ça, j'étais en train de me décomposer. Mais comme tu dis, tu vois, je ne suis pas là pour raconter ma vie, mais je me dis que ça pourrait être un exercice hyper intéressant que j'y aille pour justement me confronter à toutes mes peurs des bestioles et ainsi de suite, comme on le disait au début. Et j'aime bien aussi que tu parles de cet aspect-là, de dire qu'en voyage, on laisse un petit peu des bouts de notre âme un petit peu partout. Et c'est peut-être ce côté de... On a l'impression que c'est un peu notre deuxième maison, telle destination, telle destination. Et c'est vrai que je n'avais jamais pensé à ce mot de nostalgie qui va nous coller à la peau. Mais ça ne rend que le retour dans ces destinations encore plus exceptionnel.

  • Speaker #0

    C'est sûr, quand je suis retournée en Guyane pour finir mon roman La Barra, J'ai senti une forme de gratitude, mais tellement forte. Et ce livre, d'ailleurs, que j'ai écrit, c'est vraiment ma déclaration d'amour à la Guyane. C'est une forme d'hommage avec beaucoup d'humilité derrière aussi pour ce territoire qui m'a tellement bouleversée, ces rencontres que j'ai faites qui m'ont tellement, encore plus, j'allais dire redonnée, mais j'ai toujours eu foi en être humain, donc renforcée. plutôt ma foi dans l'être humain. Et c'est un voyage qui gagne à ce qu'on en parle plus que ce qu'on en dit habituellement. Comme tu disais au tout démarrage du podcast, de violences, de drogues, du fait que c'est très humide, etc. Donc, on en parle souvent de manière assez négative. Mais quoi que ça commence, je trouve un petit peu à changer avec les différents documentaires qu'il y a eu sur la Guyane. Et j'ai voulu contribuer par ma petite... touche à partager une autre vision qui n'est pas une vérité puisque chacun a sa vérité et qui me tenait profondément à cœur.

  • Speaker #1

    Et là tu parlais de rencontres, j'aimerais bien qu'on s'attarde un petit peu là-dessus sur tes échanges avec la population locale. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur tes ressentis, sur comment tu as appréhendé leur culture ? Est-ce qu'il y a des façons de penser que tu as trouvées différentes et qui du coup t'ont inspiré, t'ont ouvert un petit peu les yeux ?

  • Speaker #0

    le ralentissement et ça ça m'a fait un bien fou parce que comme je te disais je suis quelqu'un d'assez impatiente et ça ses avantages mais ça aussi ses inconvénients d'avoir un caractère un petit peu je veux tout tout de suite en fait et la Guyane ça m'a appris à ralentir et à prendre chaque jour comme il vient déjà de par cette connexion cette reconnexion à la nature mais aussi par le fait que Tout n'est pas disponible tout le temps. Des fois, on attend des bouteilles de gaz pendant deux jours, trois jours, une semaine, deux semaines, et on n'a pas de gaz, et bien il faut faire avec. Et pareil pour d'autres produits qu'on n'a pas tout de suite, le courrier qui n'arrive pas tout de suite non plus. Certes, au début, peut-être ça agace, on a des réflexes un petit peu de ah, mais c'est pas possible, comment je vais faire ? etc. Et en fait, on apprend à ralentir et à se dire que c'est comme ça qu'il faut accepter. et que ça viendra quand ça viendra. Et ça, ça m'a donné vraiment un petit peu plus de patience. Alors, je ne dirais pas que ça a tout changé, mais ça m'a vraiment apaisée à ce niveau-là. Et donc, voilà, c'est la première chose qui me vient. Et après, quand on parle des rencontres humaines, j'ai vraiment fait de merveilleuses rencontres. Et d'ailleurs, la grande, grande majorité des personnages du roman ont existé, que ce soit les colocataires de la protagoniste, sa voisine Lucia, c'était ma voisine, et j'avais tellement accueilli... de la mettre dans mon roman parce que je me disais voilà j'ai trop envie que cette femme qui avait cette douceur immense et qui illuminait chacune de mes matinées par ses wikis et ses sourires et qui venait m'apporter des gâteaux chez maison quand elle faisait de la pâtisserie, j'avais tellement envie de lui donner une place dans mon roman. Et voilà tous les personnages quasiment qui croisent le chemin de la protagoniste ont croisé aussi mon chemin, Thiago aussi existait etc. Et donc, voilà, c'était aussi une manière à moi de leur faire des petits clins d'œil et de leur dire merci, tout simplement. Et nous, il a tant parlé, pour vrai.

  • Speaker #1

    Oui, j'imagine. Et même, tu vois, ta voisine Lucia, je me doutais qu'il y avait des parts de vérité dans ce livre par rapport à l'histoire de Lou. Mais c'est vrai que la façon que tu avais de raconter... La plupart des rencontres, effectivement, on sentait qu'il y avait quelque chose derrière, donc je suis contente qu'on puisse échanger dessus. Et est-ce que tu dirais que tu as amené avec toi à ton retour une autre leçon, grande leçon de cette Guyane ?

  • Speaker #0

    Franchement, je ne crois pas qu'il y ait une leçon générale que m'ont enseigné les locaux ou la Guyane en général. Je pense que c'est plus un sentiment de renaissance, en fait. Et c'est déjà beaucoup. Ce n'est pas une leçon, mais c'est plus un encouragement à vivre ma vie comme j'ai envie de la vivre. Et ça non plus, on ne peut pas dire que ce soit une leçon, mais c'est plus... Comme je te disais tout à l'heure, le fait de renforcer encore plus la foi que j'ai dans l'humain. Il m'est arrivé pas mal d'aventures en Guyane aussi, où sans l'aide des autres, je ne sais pas comment l'aventure se serait terminée. Il y a une anecdote, je ne sais pas si je la raconte ou pas.

  • Speaker #1

    Ça fait plusieurs fois que je me dis, devine mes questions, ce n'est pas possible. Si tu pouvais nous partager une des aventures les plus folles qui te sont arrivées en Guyane ?

  • Speaker #0

    En fait, si tu veux, ce n'est pas forcément les anecdotes les plus folles, je pourrais dire les expéditions à forêt, les aventures, etc. Elles étaient toutes folles parce que dans le dépassement de soi, on peut aller très très loin. Mais c'est plus des petites choses quotidiennes qui ont fait que... La parenthèse a été transformatrice et magique en fait. Et pour tout te dire, en Guyane, j'ai vécu des épreuves personnelles aussi. Donc déjà, j'ai quitté l'éducation nationale. Et donc, j'étais fonctionnaire, j'avais un salaire plutôt confortable. Et j'ai décidé d'arrêter. Déjà, c'était une grosse décision à vie. Ensuite, ça ne m'aura peut-être pas échappé que je parlais de mon ex-compagnon. Donc, je me suis aussi... séparée en Guyane d'une personne que j'aimais profondément. Et donc cette rupture, elle a été vraiment très difficile à surmonter. Et donc je retiens aussi tous ces gens qui, dans mes épreuves, ont été un appui, un soutien et une source de joie, une source de lumière, une source d'aide dans cette transition de vie qui l'ont peut-être facilité aussi. Par exemple, quand je me suis retrouvée sans logement, sans mon ex-conjoint, presque sans travail, etc., j'ai eu des gens qui ont été là pour me dire j'ai une chambre d'amis, viens chez moi, il n'y a pas de souci, vas-y, on partage un logement ensemble Quand à un moment donné, je me suis perdue, il faisait nuit au quartier haïtien à côté de Saint-Laurent, et il était peut-être deux heures du matin, je rentrais d'une soirée. J'étais avec une copine qui était un peu éméchée, on va dire ça comme ça. On ne retrouvait plus trop notre chemin, on ne pouvait même plus conduire. Et en fait, on est tombé sur un homme qui nous a croisés et qui nous a ramenés en voiture à notre domicile parce qu'il voulait juste nous aider et faire en sorte qu'on rentre en sécurité. Et il y a plein d'anecdotes comme ça où j'ai rencontré des gens formidables, tout simplement. Et il dit... Pour ça, je te dis, ma foi dans l'humain, elle s'est renforcée. Alors déjà, elle était bien présente et s'est renforcée avec cette parenthèse guyanaise. C'est pour ça que je te dis, je ne peux pas te donner une anecdote, une leçon ou quelque chose. C'est plus deux ans, c'est long quand même. Il y a plein de choses qui se passent en deux ans. Et si je devais retenir un truc de ces deux années, ça serait plus la somme de petits gestes quotidiens qui ont fait... que je me sente capable de faire tous ces choix de vie qui ont été les miens et qui font qu'aujourd'hui, je fais ce que j'aime le plus au monde, c'est-à-dire écrire et raconter des histoires.

  • Speaker #1

    Et tu le fais merveilleusement bien. Et je ne dis pas ça juste parce que tu es sur le podcast, mais on en parlait un petit peu en off. Et je le disais au début, c'est vrai que dans ce livre, tu parles beaucoup d'humilité depuis tout à l'heure et on le sent dans ton discours, on le sent dans ton livre. C'est comme si... je pars peut-être un petit peu loin, mais c'était comme un précieux trésor cette Guyane, et que t'as envie d'en prendre soin dans la façon que tu as d'en parler, que ça soit là au micro, que ça soit dans le livre, on sent que c'est vraiment un élément très précieux dans ta vie. Donc merci de partager avec nous, de partager toutes ces réflexions, et puis comme on le comprend, ce livre s'appelle Profite du chemin, certes c'est le chemin de la héroïne du roman, mais on comprend aussi que c'est ton chemin, comme tu le disais, et il y a... plus des trois quarts du livre qui correspondent à des faits que tu as vécu, tes émotions. Donc, c'est vraiment très perçu aussi comme cadeau ce que tu nous fais. Donc, merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci à toi d'avoir invité. C'est toujours un plaisir immense de parler de la Guyane, même si maintenant ça fait... quelques années que je ne suis pas retournée. Ça fait peut-être deux ans que je ne suis pas retournée. Et voilà, c'était vraiment très émouvant pour moi de m'y replonger comme ça grâce à ce podcast.

  • Speaker #1

    Super. Écoute, j'avais encore plein d'autres questions, mais je trouve que c'est bien de s'arrêter sur cette belle conclusion de ce chemin intérieur que tu as fait. Peut-être une question que j'ai envie de poser maintenant à la fin du podcast pour mes invités. Pour toi, tu dirais que c'est quoi le voyage ?

  • Speaker #0

    C'est dur comme question ! Pour moi, le voyage, c'est une forme de spiritualité qu'on vit plutôt qu'on la pense. Et parfois, on cherche de grands... On théorise beaucoup la spiritualité, on se tourne vers les concepts. Mais l'expérience, pour moi, c'est toujours ce qui prévaut dans une transformation. Et le voyage, c'est une expérience. Et c'est une expérience spirituelle qui n'est pas mentalisée. Et pour moi, elle est d'autant plus forte de cette manière-là.

  • Speaker #1

    Et quand on le fait dans une nature aussi explosive et luxuriante que la Guyane, on a en plus ce côté vibrant, j'ai envie de dire. Donc, ça donne envie. Merci à toi encore Ludivine pour ce moment. Je te souhaite d'y retourner au plus rapidement possible parce qu'on sent que ça t'anime énormément. Et tu vois, on n'a pas eu le temps d'en parler. Et puis, c'est ma spécialité de dire, je conclue et on part sur d'autres sujets. Mais voilà, c'est ma nouvelle résolution. J'ai dit qu'on s'arrêtait là, on va s'arrêter là. Mais la Guyane, elle a aussi une culture gastronomique, une richesse dans tout ce qui est les... les plats, les fruits. Donc rien que pour ça, moi j'ai envie de sauter dans un avion même si ce n'est pas du tout le but, ce n'est pas écolo ni quoi que ce soit. Mais voilà, la Guyane a énormément de choses à offrir et je pense que cette transformation, en tout cas je l'espère, ça parlera à beaucoup de personnes.

  • Speaker #0

    Donc encore merci à toi avec l'écrire et à très bientôt. À bientôt.

  • Speaker #2

    Merci à vous. Merci pour votre écoute. J'espère que cet épisode vous a plu, qu'il vous a permis de vous évader et de vous ressourcer. J'ai besoin de vous pour que l'aventure Good Visa continue. Vous pouvez vous abonner sur votre plateforme préférée afin de suivre les nouveaux épisodes. Si ce n'est pas déjà fait, vous pouvez laisser 5 étoiles et un avis, et même en parler autour de vous. Il y a aussi le compte Instagram Good Visa Podcast, tout attaché, que vous pouvez suivre où je poste régulièrement des photos et des vidéos pour illustrer les épisodes. Ça me touche énormément quand je reçois vos retours, alors vraiment n'hésitez pas à me faire un mot. Merci à vous, à bientôt !

Description

Ludivine, ancienne CPE, partage son aventure de deux ans en Guyane française : un véritable voyage transformateur.

Cette expérience lui a permis d’explorer la forêt amazonienne et de découvrir une culture locale riche et unique. Mais pas seulement : la Guyane l’a poussée à surmonter ses peurs, à se réinventer, et même… à écrire un roman inspiré de ce territoire fascinant. Découvrez les défis qu’elle a relevés, la richesse culturelle et naturelle de la Guyane, et comment cette expérience a bouleversé sa vie. Cet épisode est une invitation à ralentir, à s’émerveiller et à se dépasser. Je vous souhaite une bonne écoute et surtout, bon voyage !


Les références de l’épisode : 


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Le podcast voyage Good Visa est produit et présenté par Camille Merel. 


Musique : Camille Merel


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue sur GoodVisa,

  • Speaker #1

    le podcast voyage et bien-être pour s'évader et se ressourcer. Chaque épisode vous invite à découvrir une destination et une histoire de vie inspirante. Aujourd'hui, je vous propose d'aller à la rencontre de Ludivine. Elle a récemment passé deux ans en Guyane française et son expérience l'a transformée. Elle va vous parler de ses rencontres avec les locaux, de la forêt amazonienne et de ses prises de conscience. Je m'appelle Camille et je vous souhaite une bonne écoute, ou plutôt... Un bon voyage !

  • Speaker #0

    Bonjour à tous, bonjour à toutes, bonjour les divines !

  • Speaker #1

    Salut Camille !

  • Speaker #0

    Comment vas-tu ?

  • Speaker #1

    Eh bien ça va, un peu frigorifié, on n'est pas en Guyane, mais on va en parler donc ça va nous réchauffer.

  • Speaker #0

    Exactement ! Alors avant qu'on se lance dans, comme tu l'as mentionné, dans la Guyane, est-ce que tu peux commencer par te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas, nous dire d'où tu viens, ce que tu fais dans la vie et ce qui te passionne ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, j'ai un peu l'impression d'avoir eu 1000 vies en une. Quand j'étais en Guyane, puisqu'on a parlé de cette période-là, j'étais CPE, je travaillais dans un établissement scolaire. En Guyane, du coup, j'ai travaillé avant à la Courneuve où j'ai passé de merveilleuses années avec mes élèves. Et là, j'ai complètement changé de vie après la Guyane, justement. Et je suis autrice de romans et la moitié du temps dans la semaine, je suis aussi serveuse à Barcelone dans un petit café. Donc, voilà.

  • Speaker #0

    Merci encore à toi d'avoir accepté qu'on fasse cette interview. Comme tu le disais, tu écris des romans et c'est comme ça que j'ai pu découvrir ton parcours. On reparlera de ce livre Profite du chemin aux éditions Erol que tu as sorti il me semble en 2023 et qui est sorti format poche en 2024.

  • Speaker #1

    C'est ça exactement.

  • Speaker #0

    Donc un voyage qui se passe en Guyane et ce livre, en fait, je t'ai contacté et je l'ai lu en une journée. Tout simplement, j'ai été... absorbée parce que tu nous fais vraiment découvrir la Guyane sans trop de chichi, j'ai envie de dire. Tu décris énormément ce que tu vois, cette nature que tu ressens dont on va reparler. Et je me suis dit, ça serait génial qu'on puisse échanger ensemble et même pas quelques jours après. Donc voilà, encore merci à toi. Donc là, tu étais en train de nous expliquer comment tu t'es retrouvée en Guyane. Est-ce que tu peux nous expliquer un petit peu plus en détail pour que l'audience s'y tue un peu plus ? Comment tu as fait pour te retrouver à l'autre bout du monde ?

  • Speaker #1

    Alors, je vais essayer de faire cours. Donc, j'étais CPE dans l'éducation nationale. Je travaillais à la Courneuve ou à côté de Paris, où vraiment j'adorais vraiment mon métier, j'adorais mes élèves. Mais j'avais un grand besoin de changer d'air et de voir du pays. J'ai toujours adoré voyager. Et surtout, en fait, j'avais ce besoin de sortir de ma zone de confort. Je sais que c'est un terme qu'on utilise beaucoup, beaucoup. Parfois, on peut en être un peu fatigué de se faire sortir de sa zone de confort, mais c'est vraiment ce que je ressentais. Je me sentais étouffée à Paris alors que j'avais toujours plus ou moins aimé cette ville. Et j'ai saisi cette opportunité de demander ma mutation avec mon ex-conjoint, ensemble, en Guyane. Donc, on a tous les deux eu notre mutation et on est partis vivre comme ça, à Saint-Laurent-du-Mavrigny, sur les rives du Suriname. Et vraiment, c'est... C'est un voyage qui a changé ma vie et qui m'a apporté tellement de belles choses que j'ai fini par en écrire un roman.

  • Speaker #0

    Et donc pour celles et ceux qui ont déjà lu le livre, je pense qu'on commence à comprendre un petit peu plus de choses. On en parlera peut-être plus à la fin sur le détail de l'histoire vraiment du livre. Mais là, on va se focaliser d'abord sur ton expérience, si tu le veux bien. Donc là, on était en quelle année à peu près quand tu es partie avec ton conjoint ?

  • Speaker #1

    Il me semble que je suis partie en Guyane en 2019. Et je suis restée... à peu près deux ans, donc c'est assez récent. Le livre, il est sorti en 2023 et j'ai terminé de l'écrire en Guyane. En fait, je suis revenue pour terminer d'écrire mon roman symboliquement à Saint-Laurent-du-Maroni. J'ai refait des expéditions en forêt, etc. pour vraiment m'imprégner de la Guyane jusqu'à l'écriture des derniers mots et de toute façon, franchement, j'ai pas pu faire autrement que d'y retourner pendant l'écriture du roman parce que je ressentais un peu... quel manque de la Guyane en me replongeant dans l'écriture en Amazonie. Un jour, je me suis dit, il faut que j'y retourne et j'ai retourné deux semaines pour terminer le roman là-bas.

  • Speaker #0

    Et c'est vrai que j'aime bien repréciser un petit peu quand même pour que l'audience se resitue. La Guyane, on va parler de cette Amazonie française, c'est son surnom. C'est donc au nord-est de l'Amérique du Sud. Ça partage ses frontières avec le Suriname que tu mentionnais à l'ouest et le Brésil à l'est. Et le nord est bordé par l'océan Atlantique. Pour les langues parlées, il va y avoir le français en langue officielle. Ça, tu nous en reparleras peut-être un petit peu plus. Il y a beaucoup de langues locales qui coexistent avec le créole guyanais, des langues amérindiennes. Et en termes de superficie, la Guyane, en fait, c'est le plus grand département français. Parce que ça, c'est vrai qu'on a peut-être tendance à l'oublier que c'est un territoire... français. Et la forêt équatoriale recouvre près de 98% du territoire. Et dernier petit fun fact, je ne sais pas si tu le savais, en langue amérindienne, en fait, en Arawak, la Guyane, donc Guyana, ça veut dire terre d'eau abondante.

  • Speaker #1

    Je ne savais pas. Donc je vais apprendre des choses avec ton podcast aujourd'hui et j'en suis vraiment ravie.

  • Speaker #0

    Super, c'est pour ça que j'aime bien avoir des petits fun facts aussi tout le long des épisodes pour que les invités puissent aussi découvrir pourquoi pas quelques... Quelques informations supplémentaires. Est-ce que tu connaissais déjà la Guyane avant ? Est-ce que c'était un territoire qui t'attirait particulièrement ou c'était plutôt, voilà, c'est arrivé comme ça ?

  • Speaker #1

    Alors, je ne connaissais pas la Guyane en tant que telle. Je m'étais quand même renseignée sur le contexte géographique, on va dire ça comme ça. Honnêtement, j'y suis allée un petit peu pleure au fusil, je pense qu'on peut dire comme ça. Et avec... une forme de naïveté aussi, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. Et d'ailleurs, je crois que je ne voulais pas trop en savoir non plus, parce que je me suis dit que j'avais envie d'y aller, avec une espèce de naïveté, d'ouverture d'esprit, d'humilité aussi, par rapport à un territoire que j'allais découvrir. Et pour être tout à fait honnête aussi avec toi, il y a beaucoup de gens qui ont été très surpris de mon choix de partir en Guyane, parce que... Je suis quelqu'un qui était très, très flippée de tout ce qui est insectes, bestioles, qui n'était pas vraiment… Alors, j'étais un peu une baroudeuse parce que j'avais déjà pas mal voyagé en sac à dos, mais dans ma vie quotidienne, un petit peu timourée sur tout cet aspect-là de la nature. Et quand j'ai dit aux gens que je partais vivre en Guyane, tout le monde a ouvert des grands yeux en me disant Mais tu sais que là-bas, il y a des insectes, c'est la forêt, il y a de l'humidité partout. Et en fait, on renvoyait une image tellement effrayante, voire négative de la Guyane que je n'avais même plus envie d'en parler avec les gens, en fait. Et que j'ai décidé de... J'avais acheté le guide du routard, je crois. Et je suis partie comme ça avec mon ex-conjoint, l'esprit ouvert et l'envie de découvrir à fond ce nouveau territoire.

  • Speaker #0

    Super. Et je rejoins ce que tu dis par rapport à tes proches, parce que quand je suis partie vivre au Cambodge, pareil, tout le monde se disait, non, mais elle, avec les bestioles, ça va être une catastrophe. Ça a été un petit peu compliqué, mais je te rejoins complètement sur ce côté de surprendre un petit peu son entourage quand on annonce des départs. Je pense à, par exemple, Nicolas Dubreuil que j'ai reçu. Lui, il a annoncé à son entourage qu'il partait carrément au Groenland. Donc, c'est intéressant aussi de voir les réponses de notre entourage quand on annonce des départs aussi fous que ça. Donc là, tu pars en Guyane parce que c'est vrai que tu aurais pu choisir d'autres territoires d'outre-mer, par exemple dans les Antilles, dont tu t'es dit je veux vraiment quelque chose de dépaysant pour te lancer dans cette nouvelle aventure.

  • Speaker #1

    Alors en fait, pour tout te dire, je n'avais pas vraiment eu un panel de choix énorme parce que par exemple la Réunion ou d'autres territoires comme ça, avec peut-être plus attractif au niveau des plages de sable blanc, etc., c'est des départements qui coûtent beaucoup plus cher en termes de nombre de points. quand on veut faire une mutation. Donc avec mon expérience et mon ancienneté dans l'éducation nationale, je pouvais aller à Mayotte ou en Guyane. Et de toute façon, je ne me suis vraiment pas posé la question très longtemps. Dans ma tête, c'était clair dès le départ, c'était la Guyane. Je ne saurais pas te dire pourquoi, mais vraiment, j'ai ressenti un espèce d'appel, ce que je n'ai pas vraiment rationalisé, où je me suis dit, il faut que j'aille là-bas en fait. Mais sans vraiment trop le penser, je n'ai pas fait de grande théorie sur le moment de je ressens un aspect mystique pas du tout. Je me suis juste dit j'ai envie d'aller en Guyane, j'y vais Et il faut savoir aussi que je suis du genre à prendre des décisions un peu radicales et un peu instinctives et assez rapides. Je suis quelqu'un de très impatient, qui aime bien prendre des virages dans sa vie de manière un peu épidermique. Donc là, j'ai senti qu'il fallait que j'y aille. On a demandé notre mutation. Parce que j'ai eu la chance aussi que mon ex-conjoint, à ce moment-là, avait la même envie que moi. Et on est partis vivre ensemble là-bas.

  • Speaker #0

    J'aime beaucoup. Et du coup, ça me fait penser aussi, tu vois, à ce que tu disais par rapport à l'île de la Réunion et ainsi de suite. J'ai regardé quelques reportages avant qu'on fasse cet enregistrement, qui disaient qu'en fait, la Guyane, ce n'est pas si touristique que ça, par rapport à justement les Antignes ou d'autres territoires d'outre-mer. toi tu as trouvé que c'était assez touristique ?

  • Speaker #1

    Alors c'est pas touristique du tout la Guyane et c'est super qu'on en parle parce qu'on me demande souvent surtout les gens qui ont lu mon roman Profite du chemin et qui me disent j'ai regardé le prix des billets d'avion parce que j'avais trop envie d'y aller et c'est vrai que c'est une destination évidemment que je recommande parce que C'est une destination magnifique qui a des trésors insoupçonnés en Guyane, que la forêt, la culture guyanaise, la gentillesse des gens. Pour moi, c'est un endroit où il faut aller une fois dans sa vie, si vraiment on en ressent l'appel. Par contre, c'est un voyage qui se prépare justement parce qu'il y a très peu de structures touristiques. Donc, pour certaines immersions en nature, certaines expéditions, il y a très peu de place. vu qu'il y a peu de guides et peu de structures. Et on a aussi besoin la plupart du temps d'avoir son propre matériel. Donc tout ce qui est vaches, cordes, hamacs, moustiquaires, les toucs qui sont des bidons en plastique qu'on prend pour les expéditions en forêt. Parfois, les prestataires de tourisme les prêtent, mais pas tout le temps. Donc c'est un voyage qui demande de l'investissement financier au niveau du prix du payet, au niveau de l'anticipation, partir sur un coup de tête. en Guyane, c'est-à-dire par exemple la semaine prochaine je vais en Guyane, dans deux semaines je ne le recommanderai pas forcément parce qu'il faut réserver bien à l'avance les aventures en forêt parce que on ne va pas dans la forêt amazonienne comme on va à Fontainebleau donc il faut vraiment être accompagné et il faut avoir des guides agréés qui vont nous amener en toute sûreté découvrir ce magnifique territoire qu'est l'Amazonie. Donc voilà, il faut réserver, il faut prévoir le billet d'avion il faut prévoir le matériel ça s'anticipe. mais en anticipant, on peut faire le plus beau voyage de sa vie.

  • Speaker #0

    Comme tu disais, c'est vrai que moi, après avoir lu le livre, j'avais qu'une envie, c'était partir découvrir ce territoire. Même si j'aime bien que tu rappelles que ça se prévoit. J'ai lu aussi qu'il faut beaucoup d'autorisation dès qu'on voyage en Amazonie, parce qu'il y a des zones à risque, qu'il y a beaucoup de frontières avec les pays autour. Donc ça, c'est bien que tu le précises, que ça ne se fait pas du jour. Au lendemain, donc là justement, tu parlais de l'Amazonie, de toute cette forêt qui recouvre 98% de son territoire. Est-ce que tu peux essayer un petit peu de nous le décrire avec tes propres mots ? Parce que comme tu le racontes un petit peu dans le livre, j'imagine que tu as encore tes premières impressions quand tu as atterri en Guyane. Déjà cette chaleur, il me semble. Est-ce que tu peux nous décrire un petit peu tes sensations quand tu es arrivée là-bas ?

  • Speaker #1

    Alors, moi je suis tombée amoureuse de la Guyane. Et rien que là de t'en parler, j'en ai encore des frissons et je pense que je vais garder à vie une forme de nostalgie qui partira jamais. Quand t'arrives déjà, t'es dans l'avion et tu vois cette espèce de marée verte, une forêt qui s'étend à perte de vue. T'as l'impression d'être au sud de l'océan, mais un océan d'arbres avec ses veines très terreuses de la mangrove, ses grosses artes. terre qui irrigue cette nature, cette jungle, l'Amazonie dans ce qu'elle a de plus sauvage. Et donc, je n'ai pas vraiment eu peur, mais je me suis dit, c'est fascinant. C'est fascinant et j'ai envie de savoir, j'ai envie de connaître, j'ai hâte. En fait, j'avais une forme d'empressement, d'atterrir. Et quand on atterrit, en fait, tu as cette bouffée de chaleur et d'humidité qui te prend, qui vraiment s'embarque partout. dans chaque cellule de ton corps qui irrigue tes poumons presque que tu en as le souffle le temps de t'habituer à cette sensation de chaleur humide et puis ensuite t'arrives en Guyane t'atterris à Cayenne c'est une ville que j'aime beaucoup même si je n'ai pas passé beaucoup de temps mais c'est là que j'ai fait mes premières rencontres en Guyane c'est une ville qui est pleine de multiculturalité mais ce qui m'a frappée c'est que Dès que je suis arrivée, c'est comme je te disais, cette abondance de cultures, de langues, de saveurs qu'on voit tout de suite dès qu'on arrive en fait. Et un des premiers trucs que j'ai fait, c'est le marché. Et pour une grande amoureuse de la bouffe comme moi, ça aussi c'était magique. Et là, on voit tout de suite les influences brésiliennes, les influences hongues, les influences guillennaises, créoles. et bushinengue, donc il y a tous ces plats qui se mélangent dans ce marché aux mille savelles, aux mille couleurs et donc on s'immerge directement là-dedans et on se dit que ça va être une aventure formidable. Ensuite j'ai passé quelques jours à Cayenne et j'ai filmé ensuite avec mon compagnon d'époque vers Saint-Laurent du Maroni et on est parti donc à l'ouest de la Guyane et on est parti dans un endroit qui était encore un... plus reculée que Cayenne, une ville qui est plus petite. C'est encore un peu plus, entre guillemets, un peu plus sauvage. Je ne sais pas si c'est le mot parce que c'est surtout que c'est encore plus dépaysant, en fait, c'est encore plus dépaysant que Cayenne. parce qu'on a aussi une langue qui est différente, qui est une langue locale qui s'appelle le Bushinanguetongo, et qui là aussi nous plonge dans un univers totalement différent, totalement fascinant, qu'on a envie de découvrir. Et voilà, l'aventure commence comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, donc déjà, ça t'a annoncé la couleur de cette expérience qui t'attendait. Et j'aime beaucoup que tu parles de cette mosaïque de cultures, de tout ce métissage qu'il y a. Parce que dans les reportages que j'ai regardés, Arte, Chapébel et ainsi de suite, ce qui ressortait beaucoup des témoignages des locaux, c'était justement cette harmonie entre toutes ces cultures. Que ça soit les Brésiliens avec les Guyanais français. Il y avait vraiment une belle entente entre toutes ces populations. Est-ce que tu es d'accord avec ça ?

  • Speaker #1

    Oui. Franchement, je n'ai jamais ressenti de tension, de problème d'intégration, par exemple, de moi qui venais de métropole. D'ailleurs, les gens qui viennent de métropole, on les appelle les métros. Donc, si je le dis à un moment donné dans le podcast, voilà. Mais en tout cas, moi, je n'ai jamais eu ni de ressenti de tension. Vraiment, j'ai eu l'impression que les gens étaient plutôt contents de faire découvrir leur culture. Comme je te disais, j'ai fait CPE et donc il y avait souvent des familles qui nous apportaient des plats qu'elles avaient cuisinés ou les surveillants du collège qui nous invitaient avec d'autres personnels de l'équipe éducative à partager des repas chez eux. Et donc honnêtement, j'ai senti une forme de bienveillance et d'ouverture qui m'a donné encore plus envie même de découvrir la Guyane.

  • Speaker #0

    Donc en fait ton livre c'est l'histoire de Lou qui est donc professeur de français dans un prestigieux collège parisien et elle voit sa vie basculer du jour au lendemain puisqu'en fait elle va être mutée en Guyane. Donc là contrairement à toi en fait dans le livre ce n'est pas son choix. Et en fait elle se retrouve dans un endroit où elle ne voulait pas être, où il ne lui tarde qu'une seule chose c'est de pouvoir rentrer à Paris. Mais elle va essayer d'apprivoiser au mieux ce nouveau cocon dans lequel elle se retrouve. et d'apprivoiser ses élèves, d'apprendre à communiquer avec eux, à vraiment tisser des liens. Et petit à petit, en fait, et on comprend par rapport à ton histoire aussi, pour ce personnage, ça devient vraiment une quête intérieure, une aventure transformative qui va l'inciter à explorer non seulement la richesse de la Guyane, mais aussi explorer son fort intérieur, j'ai envie de dire. Tu expliques dans le livre, en fait, que les élèves, on leur demande de parler français en classe. parce que justement il y a tout ce métissage de cultures avec différentes langues. Est-ce que ça c'était quelque chose vraiment pour le livre ou que tu as vécu aussi de ton côté en arrivant là-bas ?

  • Speaker #1

    Le livre il est à 80% autobiographique. Donc c'est bien parce que ça me permet de garder une petite part de mystère dans ce qui est vrai et ce qui est faux. C'est le privilège de la fiction. Pour ce que je raconte sur l'établissement scolaire, Il y a du vrai et il y a aussi des choses qu'on m'a racontées d'autres établissements. Et donc, cette histoire d'exiger des élèves qui parlent français, oui, c'était le cas, mais ce n'était pas le cas de manière aussi rigide que dans d'autres établissements où on ne voulait même pas qu'ils parlent leur dialecte, leur langue dans la cour de récréation avec leurs copains, etc. Là où moi, je travaillais, c'était quand même plus...

  • Speaker #0

    Plus soft.

  • Speaker #1

    Plus soft, oui.

  • Speaker #0

    Et est-ce que tes élèves, du coup, toi aussi, t'ont appris un petit peu de vocabulaire ?

  • Speaker #1

    J'ai essayé d'apprendre le Bushinangé Tongo quand je suis arrivée à Saint-Laurent-du-Mahoni. J'ai fait quelques cours, j'avais acheté des livres de vocabulaire, etc. Très honnêtement, j'aurais dû être plus persévérante parce que je suis lâchée d'affaire un peu vite. C'est un petit regret d'ailleurs, maintenant, de ne pas avoir fait un petit peu plus d'efforts d'apprendre la langue. Donc, je savais dire bonjour, au revoir, merci en Bushinangé Tongo. mais je ne savais pas le parler, je ne peux pas dire que je savais parler. Et d'ailleurs, c'était un handicap en boulot de CPE, puisque les entretiens avec les familles, parfois c'était compliqué, et on avait besoin qu'un surveillant ou qu'un personnel, un médiateur social ou quelqu'un vienne faire la traduction pendant mes entretiens avec les familles et les élèves. Et ce que j'aurais trouvé super chouette, ça aurait été que dans l'emploi du temps, des personnels éducatifs et des profs et des CPE, on ait quelques heures qui soient allouées à l'apprentissage de la langue et où on ait des cours de langue au sein de l'établissement sur notre temps de travail. pour apprendre la langue des parents et des familles. C'est quelque chose qui serait super enrichissant et qui serait un atout considérable dans l'encadrement éducatif des élèves.

  • Speaker #0

    Complètement. Est-ce qu'il y avait aussi la présence du portugais dans tes échanges au quotidien ou un petit peu moins que la langue locale ?

  • Speaker #1

    Non, beaucoup moins. Il faut dire qu'à Saint-Laurent-du-Maroni, il y a eu la... Le dialecte qui est le plus parlé, c'est le bouchinanguetongo, comme je te disais. Ce serait plutôt du côté de Saint-Georges et de l'Oyapoc, en fait, de l'autre côté de la Guyane. Saint-Georges, en fait, c'est à la frontière du Brésil, complètement à l'est de la Guyane. Donc, c'est vraiment à l'opposé quasiment de là où moi j'habitais.

  • Speaker #0

    D'accord. J'aime bien faire aussi un rappel historique à chaque fois. Donc, en fait, la Guyane est première population amérindienne. Indiennes sont arrivées il y a plus de 7000 ans. Ensuite il y a les Européens qui ont débarqué au XVIe siècle et qui étaient attirés par les richesses naturelles de la région et ça on en reparlera après. Ça a été donc colonisé par la France au XVIIe siècle, après c'est devenu une terre d'exploitation, il y a eu malheureusement beaucoup d'esclaves africains pour les plantations de sucre, de café. Il y a ensuite eu l'histoire sombre des bagnes entre les années 1800-1900 avec... des milliers de prisonniers qui étaient envoyés au bagne avec notamment l'île du Diable, on l'appelle comme ça. Et en 1946, la Guyane est devenue un département d'outre-mer français, avec aujourd'hui un statut un petit peu spécial. Donc là, si je faisais ce rappel historique aussi, c'était pour voir avec toi par rapport à l'économie de la Guyane, où ça, je vais être complètement transparente, je n'avais aucune idée qu'il y avait tout cet orpaillage, cette exploitation de l'or. qui a beaucoup façonné la Guyane, on le perçoit un petit peu dans ton livre, avec toutes ces controverses, ces pollutions au mercure, tout ce trafic illégal, j'ai envie de dire. Est-ce que toi, tu l'as ressenti ou dans le livre, c'était plutôt par rapport à tes recherches et ainsi de suite ?

  • Speaker #1

    Déjà, je suis très contente que tu parles de cette histoire de la Guyane. Alors, je vais en profiter pour dire que je ne suis pas du tout une spécialiste de l'histoire de la Guyane. et que ceux qui sont le plus à même de parler du contexte sociopolitique de la Guyane et de ce qu'ils ont envie pour l'avenir de ce territoire, ce sont les Guyanais et ce n'est pas moi. Je vais juste partager comment moi je l'ai ressenti quand je suis partie. Je me souviens avoir dit à ma meilleure amie avant de partir en Guyane, je suis super heureuse de partir, comme je te disais au départ. Je n'ai qu'une hâte, c'est d'être dans l'avion et de m'installer là-bas. Par contre, il y a une forme de culpabilité latente en moi. qui a l'impression d'aller dans un endroit qui a été volé. Je te dis les choses telles que je les ai ressenties. Après, je ne vais pas mettre d'explications sociologiques ou psychologiques derrière. Vraiment, c'est un ressenti que j'ai eu. Je disais à ma meilleure amie, je suis trop contente d'y aller, mais j'ai l'impression de participer à quelque chose historiquement qui n'a pas été juste. Et donc, j'ai une forme de culpabilité en partant. Et je vais prendre… cette immersion Vianne avec humilité, avec ouverture d'esprit et avec la volonté que ça vienne bousculer mes croyances et ce que je pense juste et m'ouvrir à cette possibilité que ça vienne bousculer des choses en moi. Donc je suis partie déjà avec ce truc de me dire j'espère que je vais bien vivre ce sentiment qui m'anime de... J'y vais pour enseigner là-bas, mais quand même, c'est pas très juste parce que historiquement, c'est un territoire qu'on a volé. Et quand je suis arrivée en Guyane, c'est vrai que tout de suite, tu vois des différences entre la population locale, notamment la population bouchinonguée, ou les gens qui sont nés en Guyane, qui sont beaucoup plus pauvres que les gens qui viennent de métropole. Donc, c'est vraiment... choquant et criant d'injustice de voir que les gens qui viennent de métropole, c'est des gens qui ont des postes dans la fonction publique et qui ont parfois des logements de fonction, qui ont plus de facilité, même si se loger en Guyane, c'est toute une histoire. Mais quand on vient de métropole, on a certains privilèges que les locaux n'ont pas. Et donc, il y a les bidonvilles, clairement, qui cohabitent avec les villas, avec les piscines. Et les villas avec piscine, c'est toujours pour les mêmes. Donc, on ne va pas se mentir, il y a de grosses inégalités, affreusement scandaleuses en Guyane. L'état des établissements scolaires, on ne le tolérerait jamais. pour des établissements scolaires de métropole, des établissements sans cantine, où les élèves n'ont pas de quoi, parfois, alors pas tous heureusement, mais parfois n'ont pas de quoi manger le midi, et viennent la mort dans l'âme demander quelques euros au personnel éducatif pour pouvoir aller s'acheter à manger. Vraiment, je pense que c'est impossible de parler de la Guyane, honnêtement, si on ne parle pas du traitement social scandaleux qu'il en est fait.

  • Speaker #0

    Je te remercie de partager ça parce que c'est le but du podcast aussi. Oui, on peut faire comme j'ai fait, c'est-à-dire regarder des échappées belles, des reportages artés et tout ça, mais rien ne vaudra des explications comme les tiennes de personnes qui y sont allées. C'est des informations qu'on ne va pas trouver dans les guides de voyage, ainsi de suite. Donc, merci beaucoup de nous livrer ça.

  • Speaker #1

    Surtout que ça a joué aussi sur mon propre itinéraire parce que pour être totalement transparente, j'étais une piètre CPE en Guyane. Parce que, comme je te disais déjà, on n'avait pas cet apprentissage de la langue. Alors, certes, j'aurais pu faire plus d'efforts par mes propres moyens, mais je pense que c'était aussi la responsabilité de l'éducation nationale de former ces personnels à une langue qui est utilisée par les familles dans un territoire qui, historiquement, n'était pas le nôtre. Et je pense aussi que ces établissements qui accueillent des centaines et des centaines et des centaines d'élèves de trop, parce que normalement, il devrait y avoir beaucoup plus d'établissements pour... le nombre faramineux d'élèves qu'il y a sur ce territoire. Et on a des établissements qui implosent, un manque de personnel éducatif dramatique. Donc vraiment, à un moment donné, je me sentais, comme je te disais, d'être une pied de CPE parce que je n'arrivais pas à remplir mes missions de CPE, de dialoguer avec les familles, d'accorder du temps à chaque élève, etc. Et ça n'a pas été le seul facteur de... du fait que j'ai quitté l'éducation nationale, mais ça a joué aussi dans cette prise de conscience de j'y arrive plus en fait, j'y arrive plus, et je préfère arrêter que faire mal mon travail en fait. Et pour ce qui est de ta question originelle sur l'orpaillage, je n'ai jamais vu d'orpailleurs, à part une fois où j'ai vu des camps d'orpaillage, j'espère qu'on en parlera après, parce que c'est l'expédition en Guyane qui a le plus marqué mon séjour en Guyane, c'est mon séjour, ma tranche de vie en Guyane. c'est l'expédition dans les monts Tumukumak. Je l'ai mis dans le roman d'ailleurs et c'est vraiment extraordinaire. Et c'est tellement reculé qu'en fait, là, j'ai vu des camps d'orpaillage en allant sur le mont Alwaken. Mais sinon, je n'ai jamais vu d'orpailleurs en Guyane. J'ai fait beaucoup d'expéditions en forêt, en carbet, etc. Mais bon, je n'ai jamais croisé d'orpailleurs.

  • Speaker #0

    Et là, tu nous parlais justement d'expédition. Donc, ça tombe bien parce que tu vois, j'avais noté ça pour le mont Tumuc-Umac, donc c'est au sud. Et ça marque un petit peu une transition vers le plateau brésilien, ce mont. Est-ce que tu peux nous raconter ? Donc, apparemment, il y a l'air d'avoir une expédition en particulier qui t'a marqué dans cette Guyane.

  • Speaker #1

    Alors, c'est vrai que la principale activité, c'est d'aller en forêt. Comme tu l'as dit, c'est 90% du territoire. Et on peut faire des expéditions absolument merveilleuses de plusieurs jours avec des guides, etc. Mais on peut tout simplement faire des carbés aussi. Les carbés, c'est vraiment comme on irait peut-être à la campagne ou au bord de la mer quand on est en France. Eh bien, en Guyane, on va en carbé. Les carbés, c'est des petites structures de bois, parfois avec des toits au tol, parfois non. en plein milieu de la forêt. Ça peut être des carvées aménagées avec des petites cuisines, des espaces pour faire des barbecues, etc. Ou alors des trucs complètement roots, complètement sauvages, en plein milieu de la forêt. Et on y va entre amis ou en famille, et on y passe comme ça un jour, deux jours. On fait des balades en forêt, parfois du kayak. Voilà, c'est vraiment super, on est en pleine immersion. En fait, on apprend beaucoup de la nature dans ces moments-là, parce qu'on se rend compte que la nature qu'on craignait tant, et on en revient à notre question du départ de comment j'ai survécu à ma peur des bestioles et des animaux en général et de la nature, c'est qu'en fait, on se rend compte que la nature n'est pas dangereuse.

  • Speaker #0

    et qu'on en a une image dangereuse parce qu'on a l'impression que, comme elle n'est pas domestiquée, elle va nous faire du mal. Alors qu'en fait, la nature, c'est juste partie intégrante de nous. Et quand on prend le temps juste de l'écouter, de ralentir et de ne pas être dans cette forme de suspicion, en fait, pour moi, ça a été une source d'apaisement et de transformation absolument fantastique. Je crois que le son que je me souviendrai toute ma vie... et que j'ai préféré en Vienne, et je sais que je ne suis pas la seule, parce que j'ai eu plein de gens qui disent la même chose, c'est les cris des singes hurleurs en plein milieu de la nuit. Et ça, la première nuit, ça m'a traumatisée, parce que quand on ne connaît pas du tout, on a l'impression que c'est un jaguar qui va nous sauter dessus, parce que c'est un cri qui est vraiment très guttural, en fait. Donc, on a l'impression que c'est presque félin, alors que non, c'est des singes. Et quand ils font ce bruit-là, parfois, ils se battent ou ils se déplacent en... en cortège en fait, en équipe. Donc du coup, ça fait beaucoup de bruit, ça fait trembler les arbres, ils crient, ils passent juste au-dessus de nos têtes, donc ils font tout trembler. Et toi, tu as l'impression que tu vas crever, tu vois, la première nuit. Et le matin, tu te réveilles et tu te demandes aux gens, c'est quoi ce bruit ? Et les gens qui ont de l'expérience, ils disent, mais c'est les singes hurleurs, tu as eu la chance de les entendre, c'est génial. Et en fait, on apprend comme ça, au fur et à mesure, que la nature... À partir du moment où on la respecte et où on ne fait pas n'importe quoi, elle n'est pas dangereuse. Alors évidemment, on ne peut pas partir n'importe où, n'importe comment. Ça, je ne le recommanderais à personne. Mais si on fait les choses dans les règles et avec l'esprit, tout se passe bien. Et effectivement, la plus belle aventure que j'ai faite, c'est ce dont je te parlais, les Montumucumac, donc ce point à la trijonction du Suriname, du Brésil et de la Guyane, où c'est deux semaines d'expédition à peu près, et où là, par titre, on doit faire appel à des associations amérindiennes qui nous guident jusqu'au Montalhuacan, et qui chassent pour nous, pêchent pour nous, parce que les métros ou les gens qui ne sont pas amérindiens, tout simplement, pas le droit d'aller, et à juste titre, d'aller visiter, pêcher ou chasser sur les territoires amérindiens. Et donc, quand on veut faire cette expédition, c'est pour ça que je te disais aussi que le voyage en Guyane, ça s'anticipe parce qu'on doit non seulement réserver pour cette expédition, mais aussi il faut le temps que les prestataires amérindiens demandent des autorisations à tous les chefs de village qu'on va traverser pour que les chefs de village donnent leur autorisation à la pirogue de passer. et qu'on puisse passer la nuit au départ, parce qu'après, tu n'as plus de village. Donc, on dort vraiment en totale immersion dans la jungle. Mais au départ, on fait des escales dans des villages amérindiens. Et là, on doit demander évidemment des autorisations pour pouvoir y séjourner une nuit avec notre hamac. Ensuite, plus on s'enfonce dans la forêt, plus on fait ce qu'on appelle du carbé-bâche. Donc, c'est les carbés que je te disais, les nuits en forêt, mais seulement avec des bâches, des cordes et des hamacs. qu'on installe nous-mêmes. Et là, si tu n'as pas de guide à mer indien pour tes détumeurs, voilà.

  • Speaker #1

    Oui, donc c'est ce que tu disais tout à l'heure, que tu as compris que cette nature ne nous voulait pas du mal, mais que voilà, vu qu'on n'est pas des experts sur tout, il faut vraiment faire attention. Et comme tu dis, si on fait n'importe quoi, c'est vraiment un risque zéperile.

  • Speaker #0

    Voilà, il faut quand même des connaissances. Après, comme je te disais aussi, il y a des carbés qu'on appelle des carbés... aménagé et ça, il n'y a pas besoin de guide pour y aller. Tu peux y aller, comme je te disais, en famille ou entre amis et tu n'as pas besoin d'avoir un prestataire extérieur pour pouvoir y aller. C'est complètement sans risque avec un peu de bon sens. Et après, pour ce qui est des expéditions plus à risque et plus immersives, là oui, évidemment, il faut des gens avec des connaissances solides, la connaissance de la faune, de la flore. pour ce qui est de la chasse, de la pêche, etc. Et ça a été vraiment l'aventure la plus transformatrice de toute ma vie. Et avant de faire le podcast, tu me disais, on parlait un peu de spiritualité, de tout ça. Et en fait, vraiment, j'ai senti, quand j'ai fait cette aventure, qu'il y a quelque chose qui a changé à l'intérieur de moi, un switch qui s'est fait. Je me souviens, je me disais, tu es capable de faire ça, tu es capable de tout. Et donc, ça m'a donné une espèce de confiance en moi, la petite citadine parisienne qui se retrouve à aller dans cet endroit tellement reculé en Amazonie, à y prendre. du plaisir, en forme de fusion avec la nature, de communion, de dépassement de soi, etc. Je me suis dit, mais en fait, c'est bon, toutes les choses que tu pensais ne pas pouvoir faire dans ta vie, tu peux en fait. Et donc, ça m'a donné du courage pour par la suite, relever plein d'autres défis. Donc, ça m'a vraiment changé.

  • Speaker #1

    Et écoute, si tu me permets, j'aimerais bien lire un petit passage que j'ai beaucoup aimé, qui, je trouve, fait assez écho à ce que tu es en train de nous dire. Enfin, c'est même deux passages. Donc le premier, c'est... Cette femme qui peut se sentir à sa place n'importe où parce qu'elle s'habite. Et un petit peu plus loin, je ne savais pas que la forêt avait une âme. À vrai dire, je n'étais pas certaine d'en avoir une non plus. Je n'avais pas idée que dans les profondeurs du fleuve battait un cœur. Et donc je trouve que ça fait écho à ce que tu es en train de nous dire. Est-ce que tu penses que c'est ça qui a été un peu le vecteur de plein de prises de conscience en toi ?

  • Speaker #0

    Franchement, oui. J'ai senti quelque... Enfin, j'espère que je ne vais pas trop partir dans le mystique, mais j'ai senti... Avec cette reliance à la nature, à la forêt, quelque chose qui se réveillait en moi, que je reprenais vie en fait. Et c'est fou parce que ça m'a apporté plus de complétude avec moi-même. C'est un peu bizarre ce que je suis en train de te dire. Mais c'est comme si je me sentais plus complète, plus consciente du monde qui m'entoure, plus consciente de moi-même en étant consciente du monde qui m'entoure. Et c'était... Parce qu'en fait, chaque chapitre, à la fin, tu as une lettre que la protagoniste adresse à sa mère, à sa copine, à son mec, etc. Et à un moment donné, je me suis dit, j'ai envie qu'elle écrive une lettre à l'Amazonie. Et cette lettre à l'Amazonie, je crois que c'est mon passage préféré du roman, parce que c'est ce moment où elle se rend compte que la forêt, c'est elle et qu'elle est une partie de la forêt, en fait. C'est qu'il y a une forme de... de complétude entre la forêt et sa propre intériorité, et que la forêt, c'est quelque chose de vivant. Et donc, on le sait parce qu'on se dit que c'est la nature, bien sûr que c'est vivant. Mais entre le savoir et le sentir, il y a une grosse différence.

  • Speaker #1

    Oui, il faut y aller pour le ressentir au plus profond de nous, en fait.

  • Speaker #0

    Oui, ça vient nous faire du bouche à bouche quand on se sent mourir, en fait.

  • Speaker #1

    J'en ai les frissons, tu vois, qu'on parle de tout ça. Et donc ça, sur cette expédition, tu as donc été amenée à rencontrer d'encore plus près toute cette faune et cette flore. Parce que la Guyane a une biodiversité qui est apparemment incroyable. Il y a plus de 1200 espèces d'arbres, 700 espèces d'oiseaux. Et il y a des animaux emblématiques comme, tu le citais, le jaguar. Il y a aussi le caïman noir, il y a le célèbre paresseux. Dans le livre, tu nous expliques aussi que l'héroïne, elle rencontre des ibis rouges. Il y a aussi le grage, ce serpent assez massif. Il y a le papillon morpho qui a ce bleu électrique. Et tu nous racontes que c'est le symbole de la Guyane. Il y a beaucoup d'oiseaux, il y a les tortues. Moi, je me rappelle, j'avais regardé... Alors, ce n'était pas Rendez-vous en Terre Inconnue, c'était Nos Terres Inconnues, avec Sabrina Ouazani, qui est comédienne. Donc, elle partait en Guyane. À un moment, ils aperçoivent un anaconda. Je peux te dire que ça m'a bien calmée. Est-ce que tu veux bien nous en dire un petit peu plus sur ces rencontres que tu as peut-être pu faire lors de cette expédition ?

  • Speaker #0

    Alors, sur l'expédition en tant qu'elle, j'ai vu pas mal d'animaux, mais la plupart des animaux se cachent bien quand même. On n'en voit pas tous les quatre matins. Donc, je vais peut-être te parler des animaux que j'ai vus en général. Pendant mon expérience guyanaise, il y aura plus de diversité. J'ai vu beaucoup de serpents. Alors, ce n'est pas tous les jours qu'on en voit des serpents, mais j'en ai quand même vu pas mal, notamment un ou deux directement chez moi, dans mon jardin ou sur mon toit. Et donc, en fait, ça aussi, c'est un gros mythe. Les serpents qui viennent nous tuer, c'est vraiment des gros mythes. Je crois qu'il y a eu… Je ne veux pas dire de bêtises, mais il y a une dizaine d'années, il n'y a pas eu un mort par serpent en Guyane. Il y a des antivenins en plus dans tous les hôpitaux. Tu as un certain délai pour aller à l'hôpital, mais on a une petite cure d'antivenin et tu survis. Et on ne se fait pas mort par les serpents tous les quatre matins non plus. Donc, c'est plutôt fascinant quand on en voit, plutôt qu'effrayant. Après, je ne suis pas non plus du genre à m'approcher trop près. Mais quand j'en voyais, j'étais plutôt curieuse de voir comment ça réagissait, etc. Sauf une fois où j'ai vraiment eu la crème, la trouille, où je ne me suis pas baignée, alors que tout le monde se baignait, moi, je n'ai pas osé. J'étais à l'examen des maris de cause. Pour ma décharge, c'était, je crois, genre les... premières aventures en nature que j'ai faites en Guyane. Les marées de Côte, c'est très, très connu. C'est magnifique. Je le recommande à 100%. Mais petite parenthèse, si jamais vous voulez partir faire des aventures en Guyane, vous pouvez contacter Nature de Guyane, qui est respectueux de l'environnement, qui a des guides super, etc. Donc, Nature de Guyane, vous pouvez y aller les yeux fermés. Et là, pour les marées de Côte, j'avais pris un autre prestataire, mais qui était très, très bien aussi. Et on passait, en fait, la nuit sur les marées où... On fait de l'observation de caillements et l'observation des oiseaux, des volatiles, etc. Et on arrive au moment où c'est baignade pour tout le monde. Moi, j'étais trop contente. Et au moment de sauter dans l'eau, j'étais dans les premières sur le canton. Au moment de sauter dans l'eau, je vois un... Alors, je ne sais pas s'il était un anaconda ou un goa, parce que je ne suis pas devenue spécialiste des cercles entre-temps. Mais en tout cas, je peux te dire qu'il était énorme. Ce n'était pas... Ce n'était pas un petit serpent domestique, c'était vraiment quelque chose qui était vraiment, vraiment, vraiment volumineux. Et là, je t'avoue que j'ai appelé le guide et j'ai dit qu'est-ce qu'on fait ? Il m'a dit non, non, c'est bon, il va faire sa vie, ne t'inquiète pas, ça ne risque rien. Et en fait, la plupart du temps, tu peux te baigner avec soit des caïmans, soit des serpents à bout d'étoiles. Tu ne cours aucun risque parce qu'ils ont plus. peur de toi que toi, tu as peur de normalement. Mais ce jour-là, je ne l'ai pas senti. Le guide, il a plongé pour bien montrer qu'il n'y avait pas de risque. Et ce jour-là, je ne me suis pas jetée à l'eau au sens propre comme au figuré. Et ensuite, j'ai vu des paresseux, évidemment. J'ai vu des morphos. J'ai vu des singes hurleurs, des tamarins. C'est des petits singes. J'adore. Il y a plein de... Il y a plein de petits singes en Guyane et là, avec des saimeries, que j'aime beaucoup ces petits singes aussi, qui sont trop mignons et qu'il y en avait dans mon jardin. Et voilà, donc tu croises beaucoup d'animaux différents et des grosses matoutous aussi. Alors ça aussi, le temps de s'habituer, ça fait bizarre, mais quand on s'y habitue, après ça fait partie… En fait, il y a plein de gens qui les appellent un… peu les araignées domestiques parce qu'il y en a dans les maisons en général des matoutous parce qu'elles vont dans les boiseries et c'est des énormes araignées comme des tarentules avec des poils et les pattes, les bouts des pattes sont orange et quand le bout des pattes est orange et que l'araignée est bien noire, il faut faire un distinguo avec les araignées qui sont bleutées, noires bleutées, c'est pas la même espèce mais les araignées marron ou noires avec les pattes orange sont pas dangereuses et là il y en a vraiment partout en Guyane. Mais voilà, ça surprend quand tu les vois une première fois. Après, eh bien, on s'habitue à les voir, en fait. On est plus chez elles qu'elles sont chez nous, en fait. Et donc, voilà. Après, je n'ai pas tout en tête, mais c'est fascinant. Il y avait pas mal d'iguanes aussi dans mon jardin. Et donc, ça, c'était absolument magnifique. Toute forme d'oiseau. Et... Et c'est surtout les sons qui m'ont marquée. Il y a les animaux, mais il y a les sons de la nature. La nuit, ça m'a bouleversée. C'est pour ça que j'adorais dormir en hamac, en pleine nature. Parce que là, tu es vraiment immergé dans une symphonie. En fait, il n'y a pas d'autre mot. Dans une symphonie naturelle. Et tu as un concert gratuit pendant toute la nuit. Et c'est magnifique et ça me manque de ouf là. Tu vois, rien que de t'en parler, ça me donne envie d'y retourner. Parce que c'est comme je te disais au début du podcast, c'est une nostalgie que je me colle à la peau, que je ne partirai jamais. J'ai l'habitude de dire que j'ai l'impression que j'ai laissé un petit bout d'âme là-bas et que je vais revenir le visiter de temps en temps parce que c'est comme si ça me rappelait en fait. Et que j'ai sans arrêt l'envie d'y retourner. Alors, je ne peux pas y retourner tous les jours, ça c'est sûr. Mais mon grand souhait, c'est là d'y retourner dans les deux prochaines années, quoi. Parce que ça me manque terriblement.

  • Speaker #1

    Alors là, tu as dit plein de choses. Déjà, là, moi, je me remets de mes émotions parce que parler des serpents et des araignées, si l'audience savait les têtes que j'ai faites, quand tu nous racontais tout ça, j'étais en train de me décomposer. Mais comme tu dis, tu vois, je ne suis pas là pour raconter ma vie, mais je me dis que ça pourrait être un exercice hyper intéressant que j'y aille pour justement me confronter à toutes mes peurs des bestioles et ainsi de suite, comme on le disait au début. Et j'aime bien aussi que tu parles de cet aspect-là, de dire qu'en voyage, on laisse un petit peu des bouts de notre âme un petit peu partout. Et c'est peut-être ce côté de... On a l'impression que c'est un peu notre deuxième maison, telle destination, telle destination. Et c'est vrai que je n'avais jamais pensé à ce mot de nostalgie qui va nous coller à la peau. Mais ça ne rend que le retour dans ces destinations encore plus exceptionnel.

  • Speaker #0

    C'est sûr, quand je suis retournée en Guyane pour finir mon roman La Barra, J'ai senti une forme de gratitude, mais tellement forte. Et ce livre, d'ailleurs, que j'ai écrit, c'est vraiment ma déclaration d'amour à la Guyane. C'est une forme d'hommage avec beaucoup d'humilité derrière aussi pour ce territoire qui m'a tellement bouleversée, ces rencontres que j'ai faites qui m'ont tellement, encore plus, j'allais dire redonnée, mais j'ai toujours eu foi en être humain, donc renforcée. plutôt ma foi dans l'être humain. Et c'est un voyage qui gagne à ce qu'on en parle plus que ce qu'on en dit habituellement. Comme tu disais au tout démarrage du podcast, de violences, de drogues, du fait que c'est très humide, etc. Donc, on en parle souvent de manière assez négative. Mais quoi que ça commence, je trouve un petit peu à changer avec les différents documentaires qu'il y a eu sur la Guyane. Et j'ai voulu contribuer par ma petite... touche à partager une autre vision qui n'est pas une vérité puisque chacun a sa vérité et qui me tenait profondément à cœur.

  • Speaker #1

    Et là tu parlais de rencontres, j'aimerais bien qu'on s'attarde un petit peu là-dessus sur tes échanges avec la population locale. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur tes ressentis, sur comment tu as appréhendé leur culture ? Est-ce qu'il y a des façons de penser que tu as trouvées différentes et qui du coup t'ont inspiré, t'ont ouvert un petit peu les yeux ?

  • Speaker #0

    le ralentissement et ça ça m'a fait un bien fou parce que comme je te disais je suis quelqu'un d'assez impatiente et ça ses avantages mais ça aussi ses inconvénients d'avoir un caractère un petit peu je veux tout tout de suite en fait et la Guyane ça m'a appris à ralentir et à prendre chaque jour comme il vient déjà de par cette connexion cette reconnexion à la nature mais aussi par le fait que Tout n'est pas disponible tout le temps. Des fois, on attend des bouteilles de gaz pendant deux jours, trois jours, une semaine, deux semaines, et on n'a pas de gaz, et bien il faut faire avec. Et pareil pour d'autres produits qu'on n'a pas tout de suite, le courrier qui n'arrive pas tout de suite non plus. Certes, au début, peut-être ça agace, on a des réflexes un petit peu de ah, mais c'est pas possible, comment je vais faire ? etc. Et en fait, on apprend à ralentir et à se dire que c'est comme ça qu'il faut accepter. et que ça viendra quand ça viendra. Et ça, ça m'a donné vraiment un petit peu plus de patience. Alors, je ne dirais pas que ça a tout changé, mais ça m'a vraiment apaisée à ce niveau-là. Et donc, voilà, c'est la première chose qui me vient. Et après, quand on parle des rencontres humaines, j'ai vraiment fait de merveilleuses rencontres. Et d'ailleurs, la grande, grande majorité des personnages du roman ont existé, que ce soit les colocataires de la protagoniste, sa voisine Lucia, c'était ma voisine, et j'avais tellement accueilli... de la mettre dans mon roman parce que je me disais voilà j'ai trop envie que cette femme qui avait cette douceur immense et qui illuminait chacune de mes matinées par ses wikis et ses sourires et qui venait m'apporter des gâteaux chez maison quand elle faisait de la pâtisserie, j'avais tellement envie de lui donner une place dans mon roman. Et voilà tous les personnages quasiment qui croisent le chemin de la protagoniste ont croisé aussi mon chemin, Thiago aussi existait etc. Et donc, voilà, c'était aussi une manière à moi de leur faire des petits clins d'œil et de leur dire merci, tout simplement. Et nous, il a tant parlé, pour vrai.

  • Speaker #1

    Oui, j'imagine. Et même, tu vois, ta voisine Lucia, je me doutais qu'il y avait des parts de vérité dans ce livre par rapport à l'histoire de Lou. Mais c'est vrai que la façon que tu avais de raconter... La plupart des rencontres, effectivement, on sentait qu'il y avait quelque chose derrière, donc je suis contente qu'on puisse échanger dessus. Et est-ce que tu dirais que tu as amené avec toi à ton retour une autre leçon, grande leçon de cette Guyane ?

  • Speaker #0

    Franchement, je ne crois pas qu'il y ait une leçon générale que m'ont enseigné les locaux ou la Guyane en général. Je pense que c'est plus un sentiment de renaissance, en fait. Et c'est déjà beaucoup. Ce n'est pas une leçon, mais c'est plus un encouragement à vivre ma vie comme j'ai envie de la vivre. Et ça non plus, on ne peut pas dire que ce soit une leçon, mais c'est plus... Comme je te disais tout à l'heure, le fait de renforcer encore plus la foi que j'ai dans l'humain. Il m'est arrivé pas mal d'aventures en Guyane aussi, où sans l'aide des autres, je ne sais pas comment l'aventure se serait terminée. Il y a une anecdote, je ne sais pas si je la raconte ou pas.

  • Speaker #1

    Ça fait plusieurs fois que je me dis, devine mes questions, ce n'est pas possible. Si tu pouvais nous partager une des aventures les plus folles qui te sont arrivées en Guyane ?

  • Speaker #0

    En fait, si tu veux, ce n'est pas forcément les anecdotes les plus folles, je pourrais dire les expéditions à forêt, les aventures, etc. Elles étaient toutes folles parce que dans le dépassement de soi, on peut aller très très loin. Mais c'est plus des petites choses quotidiennes qui ont fait que... La parenthèse a été transformatrice et magique en fait. Et pour tout te dire, en Guyane, j'ai vécu des épreuves personnelles aussi. Donc déjà, j'ai quitté l'éducation nationale. Et donc, j'étais fonctionnaire, j'avais un salaire plutôt confortable. Et j'ai décidé d'arrêter. Déjà, c'était une grosse décision à vie. Ensuite, ça ne m'aura peut-être pas échappé que je parlais de mon ex-compagnon. Donc, je me suis aussi... séparée en Guyane d'une personne que j'aimais profondément. Et donc cette rupture, elle a été vraiment très difficile à surmonter. Et donc je retiens aussi tous ces gens qui, dans mes épreuves, ont été un appui, un soutien et une source de joie, une source de lumière, une source d'aide dans cette transition de vie qui l'ont peut-être facilité aussi. Par exemple, quand je me suis retrouvée sans logement, sans mon ex-conjoint, presque sans travail, etc., j'ai eu des gens qui ont été là pour me dire j'ai une chambre d'amis, viens chez moi, il n'y a pas de souci, vas-y, on partage un logement ensemble Quand à un moment donné, je me suis perdue, il faisait nuit au quartier haïtien à côté de Saint-Laurent, et il était peut-être deux heures du matin, je rentrais d'une soirée. J'étais avec une copine qui était un peu éméchée, on va dire ça comme ça. On ne retrouvait plus trop notre chemin, on ne pouvait même plus conduire. Et en fait, on est tombé sur un homme qui nous a croisés et qui nous a ramenés en voiture à notre domicile parce qu'il voulait juste nous aider et faire en sorte qu'on rentre en sécurité. Et il y a plein d'anecdotes comme ça où j'ai rencontré des gens formidables, tout simplement. Et il dit... Pour ça, je te dis, ma foi dans l'humain, elle s'est renforcée. Alors déjà, elle était bien présente et s'est renforcée avec cette parenthèse guyanaise. C'est pour ça que je te dis, je ne peux pas te donner une anecdote, une leçon ou quelque chose. C'est plus deux ans, c'est long quand même. Il y a plein de choses qui se passent en deux ans. Et si je devais retenir un truc de ces deux années, ça serait plus la somme de petits gestes quotidiens qui ont fait... que je me sente capable de faire tous ces choix de vie qui ont été les miens et qui font qu'aujourd'hui, je fais ce que j'aime le plus au monde, c'est-à-dire écrire et raconter des histoires.

  • Speaker #1

    Et tu le fais merveilleusement bien. Et je ne dis pas ça juste parce que tu es sur le podcast, mais on en parlait un petit peu en off. Et je le disais au début, c'est vrai que dans ce livre, tu parles beaucoup d'humilité depuis tout à l'heure et on le sent dans ton discours, on le sent dans ton livre. C'est comme si... je pars peut-être un petit peu loin, mais c'était comme un précieux trésor cette Guyane, et que t'as envie d'en prendre soin dans la façon que tu as d'en parler, que ça soit là au micro, que ça soit dans le livre, on sent que c'est vraiment un élément très précieux dans ta vie. Donc merci de partager avec nous, de partager toutes ces réflexions, et puis comme on le comprend, ce livre s'appelle Profite du chemin, certes c'est le chemin de la héroïne du roman, mais on comprend aussi que c'est ton chemin, comme tu le disais, et il y a... plus des trois quarts du livre qui correspondent à des faits que tu as vécu, tes émotions. Donc, c'est vraiment très perçu aussi comme cadeau ce que tu nous fais. Donc, merci à toi.

  • Speaker #0

    Merci à toi d'avoir invité. C'est toujours un plaisir immense de parler de la Guyane, même si maintenant ça fait... quelques années que je ne suis pas retournée. Ça fait peut-être deux ans que je ne suis pas retournée. Et voilà, c'était vraiment très émouvant pour moi de m'y replonger comme ça grâce à ce podcast.

  • Speaker #1

    Super. Écoute, j'avais encore plein d'autres questions, mais je trouve que c'est bien de s'arrêter sur cette belle conclusion de ce chemin intérieur que tu as fait. Peut-être une question que j'ai envie de poser maintenant à la fin du podcast pour mes invités. Pour toi, tu dirais que c'est quoi le voyage ?

  • Speaker #0

    C'est dur comme question ! Pour moi, le voyage, c'est une forme de spiritualité qu'on vit plutôt qu'on la pense. Et parfois, on cherche de grands... On théorise beaucoup la spiritualité, on se tourne vers les concepts. Mais l'expérience, pour moi, c'est toujours ce qui prévaut dans une transformation. Et le voyage, c'est une expérience. Et c'est une expérience spirituelle qui n'est pas mentalisée. Et pour moi, elle est d'autant plus forte de cette manière-là.

  • Speaker #1

    Et quand on le fait dans une nature aussi explosive et luxuriante que la Guyane, on a en plus ce côté vibrant, j'ai envie de dire. Donc, ça donne envie. Merci à toi encore Ludivine pour ce moment. Je te souhaite d'y retourner au plus rapidement possible parce qu'on sent que ça t'anime énormément. Et tu vois, on n'a pas eu le temps d'en parler. Et puis, c'est ma spécialité de dire, je conclue et on part sur d'autres sujets. Mais voilà, c'est ma nouvelle résolution. J'ai dit qu'on s'arrêtait là, on va s'arrêter là. Mais la Guyane, elle a aussi une culture gastronomique, une richesse dans tout ce qui est les... les plats, les fruits. Donc rien que pour ça, moi j'ai envie de sauter dans un avion même si ce n'est pas du tout le but, ce n'est pas écolo ni quoi que ce soit. Mais voilà, la Guyane a énormément de choses à offrir et je pense que cette transformation, en tout cas je l'espère, ça parlera à beaucoup de personnes.

  • Speaker #0

    Donc encore merci à toi avec l'écrire et à très bientôt. À bientôt.

  • Speaker #2

    Merci à vous. Merci pour votre écoute. J'espère que cet épisode vous a plu, qu'il vous a permis de vous évader et de vous ressourcer. J'ai besoin de vous pour que l'aventure Good Visa continue. Vous pouvez vous abonner sur votre plateforme préférée afin de suivre les nouveaux épisodes. Si ce n'est pas déjà fait, vous pouvez laisser 5 étoiles et un avis, et même en parler autour de vous. Il y a aussi le compte Instagram Good Visa Podcast, tout attaché, que vous pouvez suivre où je poste régulièrement des photos et des vidéos pour illustrer les épisodes. Ça me touche énormément quand je reçois vos retours, alors vraiment n'hésitez pas à me faire un mot. Merci à vous, à bientôt !

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