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Grand témoin

Philippe Bihouix : "On utilise mal les ressources de la planète car on a longtemps été peu contraints"

Philippe Bihouix : "On utilise mal les ressources de la planète car on a longtemps été peu contraints"

05min |27/05/2025|

2

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05min |27/05/2025|

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Description

Philippe Bihouix, ingénieur et président de l'Arep, spécialiste des ressources minérales et promoteur des low-tech. Il est le co-auteur avec Vincent Perriot de la bande dessinée "Ressources - un défi pour l'humanité", dans laquelle il explore les limites planétaires qui se rapprochent dangereusement. Consommation effrénée, intelligence artificielle, robots et autres voitures électriques peuvent-ils réellement maintenir notre niveau de vie en poursuivant la croissance économique ? Lorsque les contraintes pèsent sur les ressources matérielles de la planète, quelles sont les pistes pour une transition écologique et énergétique et un avenir durable ?


Philippe Bihouix est le Grand témoin du Grand dossier du groupe Caisse des Dépôts consacré à l'énergie. Tous les deux mois, le Grand dossier s'intéresse à une thématique d'actualité qui concerne les Français, et sur lequel le Groupe et ses entités jouent un rôle actif. Les Grands témoins sont des experts français ou des personnalités inspirantes sur le sujet du moment.


Pour aller plus loin, découvrez le Grand dossier complet : Chère énergie !
Trois ans après la hausse brutale des prix de l’énergie observée en France à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, les prix de l’énergie restent élevés. La facture est salée pour les particuliers comme pour les entreprises. Les hausses des prix ont ont profondément bouleversé nos habitudes en termes de production, de consommation et d’importation d’énergie. Gaz, électricité, carburants, énergies renouvelables... quelles sont nos sources d'énergies, et pour quels besoins ? Comment tendre vers une sobriété choisie ? Comment la France a-t-elle pris le virage (ou accéléré) pour s’adapter à ce contexte, tout en continuant à décarboner sa production d'énergie ? Quels sont les leviers pour assurer notre souveraineté énergétique ?


Retrouvez également tous les Grands dossiers de la Caisse des Dépôts et consignations. A lire d'urgence !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Que se passe-t-il lorsqu'une demande illimitée se heurte à des ressources finies ? La réponse de Jeff Bezos, c'est le rationnement. La croissance illimitée, c'est un truc qui peut aller très très vite. En réalité, les ressources sont toujours limitées. Il ne faut pas fantasmer sur des ressources extraterrestres, dans le système solaire ou je ne sais pas quoi, parce que de toute manière, la croissance en finit par être attrapée. Donc il y a toujours une limitée. On ne va pas aller dans les étoiles comme dans les films de science-fiction. C'est un plongeon dans le vide à la fois philosophique et moral, de se dire que peut-être chaque smartphone qu'on fabrique aujourd'hui, ce sont des équipements de chirurgien, de radiologue, de dentiste qui ne seront pas disponibles dans les siècles futurs. donc la vraie question en fait c'est le bon usage de ces ressources. Et là, il y a des pistes formidables un peu partout, parce que le constat sur les ressources, c'est d'abord un constat de gâchis phénoménal. Dans nos modes de fonctionnement, dans nos modes de conception, dans nos modes de production et de consommation, on utilise très très mal les ressources, parce qu'on n'a longtemps pas été trop contraints. D'abord, dans les solutions, c'est l'action de la sobriété, c'est-à-dire comment est-ce qu'on réduit notre besoin en ressources à la base. Et ça, ce n'est pas forcément juste en se serrant la ceinture et en retournant l'âge de pierre ou en renonçant à un certain nombre, évidemment, de gains et de progrès. évident, ne serait-ce que sur les questions médicales, les questions d'hygiène. En fait, il y a des moyens d'économiser des ressources qui sont des logiques de sobriété systémique, c'est-à-dire qu'en s'organisant différemment, on peut réduire considérablement les quantités sans forcément tout de suite réduire les biens et les services qu'on peut avoir à disposition. Et puis la deuxième piste, c'est une piste plutôt de faire durer nos objets et nos infrastructures, C'est-à-dire que... Une fois qu'on a incorporé nos ressources dans des objets, est-ce que ces objets vont durer 6 mois, 1 an, 2 ans, 10 ans, 50 ans ? Par exemple, sur le passage à la mobilité électrique, que tout le monde appelle de ses voeux pour ne plus avoir des véhicules motorisés individuels qui soient dépendants des énergies fossiles d'une part, et évidemment très émetteurs de gaz à effet de serre, on peut d'abord imaginer c'est quoi les voitures de demain ? Est-ce que ce sont des SUV ? de 2 tonnes qui ont 800 km d'autonomie pour pouvoir partir en vacances sans avoir besoin de les recharger ? Est-ce qu'on est dans des petits véhicules qui feront une grande partie du boulot, de la mobilité quotidienne ? Ensuite, on peut se dire, mais est-ce que ces véhicules, on aura besoin d'en construire ? autant ou est-ce qu'on pourra mieux les partager, intensifier les usages et ça ça peut être vrai pour une voiture mais ça peut être vrai pour une perceuse, pour une tondeuse à gazon, que sais-je, on sait que la perceuse elle sert quelques minutes par an et qu'il y en a au moins une ou deux dans chaque foyer français et c'est vrai pour les jouets, c'est vrai pour plein de choses, on pourrait intensifier des circuits de réparation une seconde main. Donc on voit qu'en agissant sur ces deux leviers, la sobriété systémique et la durée de vie, donc rentrer dans une logique de de l'économie de la maintenance, de la refabrication, c'est-à-dire de reprendre des composants qui s'usent moins vite que d'autres pour les réincorporer dans des produits neufs sans aucune perte de qualité, de fiabilité, de sécurité, et bien en fait à ce moment-là, on voit que les marges de manœuvre pour les ressources sont considérables. La sobriété s'est installée quand même essentiellement, je dirais, dans quelques pays européens dépendants du gaz russe pour les process industriels ou la production électrique par la force des choses, avec effectivement la guerre en Ukraine depuis trois ans. Hélas, comme tous ces mots, comme... transition, comme résilience, comme développement durable. Ils sont polysémiques. Donc chacun voit un peu la sobriété qu'il souhaite à sa porte. D'ailleurs, cette sobriété qui a été réelle, et notamment pendant le premier hiver, qui a été évidemment très dur. avec l'augmentation des coûts d'énergie, c'était une sobriété très subie par des gens qui étaient en précarité énergétique, voire quand c'était au niveau industriel, des gens qui ont juste arrêté leur four ou mis la clé sous la porte parce qu'ils ne pouvaient plus se permettre de payer le prix du gaz ou de l'électricité. Donc c'est vrai que ce n'est pas forcément cette sobriété-là qui est la plus agréable. Il y a aussi une question de justice sociale, d'équité, d'efforts apportés par les uns ou par les autres. En réalité, il y a tout un pan de la sobriété qui doit être beaucoup plus organisé, systémique. il va y avoir Si on veut aller vers des systèmes de transports mieux organisés, avec des plus petites voitures, plus de transports en commun, plus de vélos, plus d'intermodalités, c'est forcément la puissance publique qui doit orchestrer ça. Parfois, écolo veut dire plus cher, mais parfois, écolo peut vouloir dire moins cher aussi, parce que justement, on réfléchit au juste dimensionnement, on réfléchit à nos besoins, à ne pas être forcément dans l'inflation technologique et l'effet de mode permanent, parce que la technologie et les machines, ça coûte aussi de l'argent. Ce n'est pas pour rien qu'il y a moins d'argent à l'hôpital, parce qu'il y a des machines plus coûteuse, il y a moins d'argent dans l'agriculture, on pourrait réfléchir aussi à des modèles économiques complets.

Chapters

  • Demande illimitée versus ressources finies

    00:02

  • Réduire notre besoin en ressources

    01:09

  • Réparer pour faire durer

    01:47

  • Sobriété subie ou choisie

    03:23

Description

Philippe Bihouix, ingénieur et président de l'Arep, spécialiste des ressources minérales et promoteur des low-tech. Il est le co-auteur avec Vincent Perriot de la bande dessinée "Ressources - un défi pour l'humanité", dans laquelle il explore les limites planétaires qui se rapprochent dangereusement. Consommation effrénée, intelligence artificielle, robots et autres voitures électriques peuvent-ils réellement maintenir notre niveau de vie en poursuivant la croissance économique ? Lorsque les contraintes pèsent sur les ressources matérielles de la planète, quelles sont les pistes pour une transition écologique et énergétique et un avenir durable ?


Philippe Bihouix est le Grand témoin du Grand dossier du groupe Caisse des Dépôts consacré à l'énergie. Tous les deux mois, le Grand dossier s'intéresse à une thématique d'actualité qui concerne les Français, et sur lequel le Groupe et ses entités jouent un rôle actif. Les Grands témoins sont des experts français ou des personnalités inspirantes sur le sujet du moment.


Pour aller plus loin, découvrez le Grand dossier complet : Chère énergie !
Trois ans après la hausse brutale des prix de l’énergie observée en France à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, les prix de l’énergie restent élevés. La facture est salée pour les particuliers comme pour les entreprises. Les hausses des prix ont ont profondément bouleversé nos habitudes en termes de production, de consommation et d’importation d’énergie. Gaz, électricité, carburants, énergies renouvelables... quelles sont nos sources d'énergies, et pour quels besoins ? Comment tendre vers une sobriété choisie ? Comment la France a-t-elle pris le virage (ou accéléré) pour s’adapter à ce contexte, tout en continuant à décarboner sa production d'énergie ? Quels sont les leviers pour assurer notre souveraineté énergétique ?


Retrouvez également tous les Grands dossiers de la Caisse des Dépôts et consignations. A lire d'urgence !


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  • Speaker #0

    Que se passe-t-il lorsqu'une demande illimitée se heurte à des ressources finies ? La réponse de Jeff Bezos, c'est le rationnement. La croissance illimitée, c'est un truc qui peut aller très très vite. En réalité, les ressources sont toujours limitées. Il ne faut pas fantasmer sur des ressources extraterrestres, dans le système solaire ou je ne sais pas quoi, parce que de toute manière, la croissance en finit par être attrapée. Donc il y a toujours une limitée. On ne va pas aller dans les étoiles comme dans les films de science-fiction. C'est un plongeon dans le vide à la fois philosophique et moral, de se dire que peut-être chaque smartphone qu'on fabrique aujourd'hui, ce sont des équipements de chirurgien, de radiologue, de dentiste qui ne seront pas disponibles dans les siècles futurs. donc la vraie question en fait c'est le bon usage de ces ressources. Et là, il y a des pistes formidables un peu partout, parce que le constat sur les ressources, c'est d'abord un constat de gâchis phénoménal. Dans nos modes de fonctionnement, dans nos modes de conception, dans nos modes de production et de consommation, on utilise très très mal les ressources, parce qu'on n'a longtemps pas été trop contraints. D'abord, dans les solutions, c'est l'action de la sobriété, c'est-à-dire comment est-ce qu'on réduit notre besoin en ressources à la base. Et ça, ce n'est pas forcément juste en se serrant la ceinture et en retournant l'âge de pierre ou en renonçant à un certain nombre, évidemment, de gains et de progrès. évident, ne serait-ce que sur les questions médicales, les questions d'hygiène. En fait, il y a des moyens d'économiser des ressources qui sont des logiques de sobriété systémique, c'est-à-dire qu'en s'organisant différemment, on peut réduire considérablement les quantités sans forcément tout de suite réduire les biens et les services qu'on peut avoir à disposition. Et puis la deuxième piste, c'est une piste plutôt de faire durer nos objets et nos infrastructures, C'est-à-dire que... Une fois qu'on a incorporé nos ressources dans des objets, est-ce que ces objets vont durer 6 mois, 1 an, 2 ans, 10 ans, 50 ans ? Par exemple, sur le passage à la mobilité électrique, que tout le monde appelle de ses voeux pour ne plus avoir des véhicules motorisés individuels qui soient dépendants des énergies fossiles d'une part, et évidemment très émetteurs de gaz à effet de serre, on peut d'abord imaginer c'est quoi les voitures de demain ? Est-ce que ce sont des SUV ? de 2 tonnes qui ont 800 km d'autonomie pour pouvoir partir en vacances sans avoir besoin de les recharger ? Est-ce qu'on est dans des petits véhicules qui feront une grande partie du boulot, de la mobilité quotidienne ? Ensuite, on peut se dire, mais est-ce que ces véhicules, on aura besoin d'en construire ? autant ou est-ce qu'on pourra mieux les partager, intensifier les usages et ça ça peut être vrai pour une voiture mais ça peut être vrai pour une perceuse, pour une tondeuse à gazon, que sais-je, on sait que la perceuse elle sert quelques minutes par an et qu'il y en a au moins une ou deux dans chaque foyer français et c'est vrai pour les jouets, c'est vrai pour plein de choses, on pourrait intensifier des circuits de réparation une seconde main. Donc on voit qu'en agissant sur ces deux leviers, la sobriété systémique et la durée de vie, donc rentrer dans une logique de de l'économie de la maintenance, de la refabrication, c'est-à-dire de reprendre des composants qui s'usent moins vite que d'autres pour les réincorporer dans des produits neufs sans aucune perte de qualité, de fiabilité, de sécurité, et bien en fait à ce moment-là, on voit que les marges de manœuvre pour les ressources sont considérables. La sobriété s'est installée quand même essentiellement, je dirais, dans quelques pays européens dépendants du gaz russe pour les process industriels ou la production électrique par la force des choses, avec effectivement la guerre en Ukraine depuis trois ans. Hélas, comme tous ces mots, comme... transition, comme résilience, comme développement durable. Ils sont polysémiques. Donc chacun voit un peu la sobriété qu'il souhaite à sa porte. D'ailleurs, cette sobriété qui a été réelle, et notamment pendant le premier hiver, qui a été évidemment très dur. avec l'augmentation des coûts d'énergie, c'était une sobriété très subie par des gens qui étaient en précarité énergétique, voire quand c'était au niveau industriel, des gens qui ont juste arrêté leur four ou mis la clé sous la porte parce qu'ils ne pouvaient plus se permettre de payer le prix du gaz ou de l'électricité. Donc c'est vrai que ce n'est pas forcément cette sobriété-là qui est la plus agréable. Il y a aussi une question de justice sociale, d'équité, d'efforts apportés par les uns ou par les autres. En réalité, il y a tout un pan de la sobriété qui doit être beaucoup plus organisé, systémique. il va y avoir Si on veut aller vers des systèmes de transports mieux organisés, avec des plus petites voitures, plus de transports en commun, plus de vélos, plus d'intermodalités, c'est forcément la puissance publique qui doit orchestrer ça. Parfois, écolo veut dire plus cher, mais parfois, écolo peut vouloir dire moins cher aussi, parce que justement, on réfléchit au juste dimensionnement, on réfléchit à nos besoins, à ne pas être forcément dans l'inflation technologique et l'effet de mode permanent, parce que la technologie et les machines, ça coûte aussi de l'argent. Ce n'est pas pour rien qu'il y a moins d'argent à l'hôpital, parce qu'il y a des machines plus coûteuse, il y a moins d'argent dans l'agriculture, on pourrait réfléchir aussi à des modèles économiques complets.

Chapters

  • Demande illimitée versus ressources finies

    00:02

  • Réduire notre besoin en ressources

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  • Réparer pour faire durer

    01:47

  • Sobriété subie ou choisie

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Philippe Bihouix, ingénieur et président de l'Arep, spécialiste des ressources minérales et promoteur des low-tech. Il est le co-auteur avec Vincent Perriot de la bande dessinée "Ressources - un défi pour l'humanité", dans laquelle il explore les limites planétaires qui se rapprochent dangereusement. Consommation effrénée, intelligence artificielle, robots et autres voitures électriques peuvent-ils réellement maintenir notre niveau de vie en poursuivant la croissance économique ? Lorsque les contraintes pèsent sur les ressources matérielles de la planète, quelles sont les pistes pour une transition écologique et énergétique et un avenir durable ?


Philippe Bihouix est le Grand témoin du Grand dossier du groupe Caisse des Dépôts consacré à l'énergie. Tous les deux mois, le Grand dossier s'intéresse à une thématique d'actualité qui concerne les Français, et sur lequel le Groupe et ses entités jouent un rôle actif. Les Grands témoins sont des experts français ou des personnalités inspirantes sur le sujet du moment.


Pour aller plus loin, découvrez le Grand dossier complet : Chère énergie !
Trois ans après la hausse brutale des prix de l’énergie observée en France à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, les prix de l’énergie restent élevés. La facture est salée pour les particuliers comme pour les entreprises. Les hausses des prix ont ont profondément bouleversé nos habitudes en termes de production, de consommation et d’importation d’énergie. Gaz, électricité, carburants, énergies renouvelables... quelles sont nos sources d'énergies, et pour quels besoins ? Comment tendre vers une sobriété choisie ? Comment la France a-t-elle pris le virage (ou accéléré) pour s’adapter à ce contexte, tout en continuant à décarboner sa production d'énergie ? Quels sont les leviers pour assurer notre souveraineté énergétique ?


Retrouvez également tous les Grands dossiers de la Caisse des Dépôts et consignations. A lire d'urgence !


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  • Speaker #0

    Que se passe-t-il lorsqu'une demande illimitée se heurte à des ressources finies ? La réponse de Jeff Bezos, c'est le rationnement. La croissance illimitée, c'est un truc qui peut aller très très vite. En réalité, les ressources sont toujours limitées. Il ne faut pas fantasmer sur des ressources extraterrestres, dans le système solaire ou je ne sais pas quoi, parce que de toute manière, la croissance en finit par être attrapée. Donc il y a toujours une limitée. On ne va pas aller dans les étoiles comme dans les films de science-fiction. C'est un plongeon dans le vide à la fois philosophique et moral, de se dire que peut-être chaque smartphone qu'on fabrique aujourd'hui, ce sont des équipements de chirurgien, de radiologue, de dentiste qui ne seront pas disponibles dans les siècles futurs. donc la vraie question en fait c'est le bon usage de ces ressources. Et là, il y a des pistes formidables un peu partout, parce que le constat sur les ressources, c'est d'abord un constat de gâchis phénoménal. Dans nos modes de fonctionnement, dans nos modes de conception, dans nos modes de production et de consommation, on utilise très très mal les ressources, parce qu'on n'a longtemps pas été trop contraints. D'abord, dans les solutions, c'est l'action de la sobriété, c'est-à-dire comment est-ce qu'on réduit notre besoin en ressources à la base. Et ça, ce n'est pas forcément juste en se serrant la ceinture et en retournant l'âge de pierre ou en renonçant à un certain nombre, évidemment, de gains et de progrès. évident, ne serait-ce que sur les questions médicales, les questions d'hygiène. En fait, il y a des moyens d'économiser des ressources qui sont des logiques de sobriété systémique, c'est-à-dire qu'en s'organisant différemment, on peut réduire considérablement les quantités sans forcément tout de suite réduire les biens et les services qu'on peut avoir à disposition. Et puis la deuxième piste, c'est une piste plutôt de faire durer nos objets et nos infrastructures, C'est-à-dire que... Une fois qu'on a incorporé nos ressources dans des objets, est-ce que ces objets vont durer 6 mois, 1 an, 2 ans, 10 ans, 50 ans ? Par exemple, sur le passage à la mobilité électrique, que tout le monde appelle de ses voeux pour ne plus avoir des véhicules motorisés individuels qui soient dépendants des énergies fossiles d'une part, et évidemment très émetteurs de gaz à effet de serre, on peut d'abord imaginer c'est quoi les voitures de demain ? Est-ce que ce sont des SUV ? de 2 tonnes qui ont 800 km d'autonomie pour pouvoir partir en vacances sans avoir besoin de les recharger ? Est-ce qu'on est dans des petits véhicules qui feront une grande partie du boulot, de la mobilité quotidienne ? Ensuite, on peut se dire, mais est-ce que ces véhicules, on aura besoin d'en construire ? autant ou est-ce qu'on pourra mieux les partager, intensifier les usages et ça ça peut être vrai pour une voiture mais ça peut être vrai pour une perceuse, pour une tondeuse à gazon, que sais-je, on sait que la perceuse elle sert quelques minutes par an et qu'il y en a au moins une ou deux dans chaque foyer français et c'est vrai pour les jouets, c'est vrai pour plein de choses, on pourrait intensifier des circuits de réparation une seconde main. Donc on voit qu'en agissant sur ces deux leviers, la sobriété systémique et la durée de vie, donc rentrer dans une logique de de l'économie de la maintenance, de la refabrication, c'est-à-dire de reprendre des composants qui s'usent moins vite que d'autres pour les réincorporer dans des produits neufs sans aucune perte de qualité, de fiabilité, de sécurité, et bien en fait à ce moment-là, on voit que les marges de manœuvre pour les ressources sont considérables. La sobriété s'est installée quand même essentiellement, je dirais, dans quelques pays européens dépendants du gaz russe pour les process industriels ou la production électrique par la force des choses, avec effectivement la guerre en Ukraine depuis trois ans. Hélas, comme tous ces mots, comme... transition, comme résilience, comme développement durable. Ils sont polysémiques. Donc chacun voit un peu la sobriété qu'il souhaite à sa porte. D'ailleurs, cette sobriété qui a été réelle, et notamment pendant le premier hiver, qui a été évidemment très dur. avec l'augmentation des coûts d'énergie, c'était une sobriété très subie par des gens qui étaient en précarité énergétique, voire quand c'était au niveau industriel, des gens qui ont juste arrêté leur four ou mis la clé sous la porte parce qu'ils ne pouvaient plus se permettre de payer le prix du gaz ou de l'électricité. Donc c'est vrai que ce n'est pas forcément cette sobriété-là qui est la plus agréable. Il y a aussi une question de justice sociale, d'équité, d'efforts apportés par les uns ou par les autres. En réalité, il y a tout un pan de la sobriété qui doit être beaucoup plus organisé, systémique. il va y avoir Si on veut aller vers des systèmes de transports mieux organisés, avec des plus petites voitures, plus de transports en commun, plus de vélos, plus d'intermodalités, c'est forcément la puissance publique qui doit orchestrer ça. Parfois, écolo veut dire plus cher, mais parfois, écolo peut vouloir dire moins cher aussi, parce que justement, on réfléchit au juste dimensionnement, on réfléchit à nos besoins, à ne pas être forcément dans l'inflation technologique et l'effet de mode permanent, parce que la technologie et les machines, ça coûte aussi de l'argent. Ce n'est pas pour rien qu'il y a moins d'argent à l'hôpital, parce qu'il y a des machines plus coûteuse, il y a moins d'argent dans l'agriculture, on pourrait réfléchir aussi à des modèles économiques complets.

Chapters

  • Demande illimitée versus ressources finies

    00:02

  • Réduire notre besoin en ressources

    01:09

  • Réparer pour faire durer

    01:47

  • Sobriété subie ou choisie

    03:23

Description

Philippe Bihouix, ingénieur et président de l'Arep, spécialiste des ressources minérales et promoteur des low-tech. Il est le co-auteur avec Vincent Perriot de la bande dessinée "Ressources - un défi pour l'humanité", dans laquelle il explore les limites planétaires qui se rapprochent dangereusement. Consommation effrénée, intelligence artificielle, robots et autres voitures électriques peuvent-ils réellement maintenir notre niveau de vie en poursuivant la croissance économique ? Lorsque les contraintes pèsent sur les ressources matérielles de la planète, quelles sont les pistes pour une transition écologique et énergétique et un avenir durable ?


Philippe Bihouix est le Grand témoin du Grand dossier du groupe Caisse des Dépôts consacré à l'énergie. Tous les deux mois, le Grand dossier s'intéresse à une thématique d'actualité qui concerne les Français, et sur lequel le Groupe et ses entités jouent un rôle actif. Les Grands témoins sont des experts français ou des personnalités inspirantes sur le sujet du moment.


Pour aller plus loin, découvrez le Grand dossier complet : Chère énergie !
Trois ans après la hausse brutale des prix de l’énergie observée en France à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine, les prix de l’énergie restent élevés. La facture est salée pour les particuliers comme pour les entreprises. Les hausses des prix ont ont profondément bouleversé nos habitudes en termes de production, de consommation et d’importation d’énergie. Gaz, électricité, carburants, énergies renouvelables... quelles sont nos sources d'énergies, et pour quels besoins ? Comment tendre vers une sobriété choisie ? Comment la France a-t-elle pris le virage (ou accéléré) pour s’adapter à ce contexte, tout en continuant à décarboner sa production d'énergie ? Quels sont les leviers pour assurer notre souveraineté énergétique ?


Retrouvez également tous les Grands dossiers de la Caisse des Dépôts et consignations. A lire d'urgence !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Que se passe-t-il lorsqu'une demande illimitée se heurte à des ressources finies ? La réponse de Jeff Bezos, c'est le rationnement. La croissance illimitée, c'est un truc qui peut aller très très vite. En réalité, les ressources sont toujours limitées. Il ne faut pas fantasmer sur des ressources extraterrestres, dans le système solaire ou je ne sais pas quoi, parce que de toute manière, la croissance en finit par être attrapée. Donc il y a toujours une limitée. On ne va pas aller dans les étoiles comme dans les films de science-fiction. C'est un plongeon dans le vide à la fois philosophique et moral, de se dire que peut-être chaque smartphone qu'on fabrique aujourd'hui, ce sont des équipements de chirurgien, de radiologue, de dentiste qui ne seront pas disponibles dans les siècles futurs. donc la vraie question en fait c'est le bon usage de ces ressources. Et là, il y a des pistes formidables un peu partout, parce que le constat sur les ressources, c'est d'abord un constat de gâchis phénoménal. Dans nos modes de fonctionnement, dans nos modes de conception, dans nos modes de production et de consommation, on utilise très très mal les ressources, parce qu'on n'a longtemps pas été trop contraints. D'abord, dans les solutions, c'est l'action de la sobriété, c'est-à-dire comment est-ce qu'on réduit notre besoin en ressources à la base. Et ça, ce n'est pas forcément juste en se serrant la ceinture et en retournant l'âge de pierre ou en renonçant à un certain nombre, évidemment, de gains et de progrès. évident, ne serait-ce que sur les questions médicales, les questions d'hygiène. En fait, il y a des moyens d'économiser des ressources qui sont des logiques de sobriété systémique, c'est-à-dire qu'en s'organisant différemment, on peut réduire considérablement les quantités sans forcément tout de suite réduire les biens et les services qu'on peut avoir à disposition. Et puis la deuxième piste, c'est une piste plutôt de faire durer nos objets et nos infrastructures, C'est-à-dire que... Une fois qu'on a incorporé nos ressources dans des objets, est-ce que ces objets vont durer 6 mois, 1 an, 2 ans, 10 ans, 50 ans ? Par exemple, sur le passage à la mobilité électrique, que tout le monde appelle de ses voeux pour ne plus avoir des véhicules motorisés individuels qui soient dépendants des énergies fossiles d'une part, et évidemment très émetteurs de gaz à effet de serre, on peut d'abord imaginer c'est quoi les voitures de demain ? Est-ce que ce sont des SUV ? de 2 tonnes qui ont 800 km d'autonomie pour pouvoir partir en vacances sans avoir besoin de les recharger ? Est-ce qu'on est dans des petits véhicules qui feront une grande partie du boulot, de la mobilité quotidienne ? Ensuite, on peut se dire, mais est-ce que ces véhicules, on aura besoin d'en construire ? autant ou est-ce qu'on pourra mieux les partager, intensifier les usages et ça ça peut être vrai pour une voiture mais ça peut être vrai pour une perceuse, pour une tondeuse à gazon, que sais-je, on sait que la perceuse elle sert quelques minutes par an et qu'il y en a au moins une ou deux dans chaque foyer français et c'est vrai pour les jouets, c'est vrai pour plein de choses, on pourrait intensifier des circuits de réparation une seconde main. Donc on voit qu'en agissant sur ces deux leviers, la sobriété systémique et la durée de vie, donc rentrer dans une logique de de l'économie de la maintenance, de la refabrication, c'est-à-dire de reprendre des composants qui s'usent moins vite que d'autres pour les réincorporer dans des produits neufs sans aucune perte de qualité, de fiabilité, de sécurité, et bien en fait à ce moment-là, on voit que les marges de manœuvre pour les ressources sont considérables. La sobriété s'est installée quand même essentiellement, je dirais, dans quelques pays européens dépendants du gaz russe pour les process industriels ou la production électrique par la force des choses, avec effectivement la guerre en Ukraine depuis trois ans. Hélas, comme tous ces mots, comme... transition, comme résilience, comme développement durable. Ils sont polysémiques. Donc chacun voit un peu la sobriété qu'il souhaite à sa porte. D'ailleurs, cette sobriété qui a été réelle, et notamment pendant le premier hiver, qui a été évidemment très dur. avec l'augmentation des coûts d'énergie, c'était une sobriété très subie par des gens qui étaient en précarité énergétique, voire quand c'était au niveau industriel, des gens qui ont juste arrêté leur four ou mis la clé sous la porte parce qu'ils ne pouvaient plus se permettre de payer le prix du gaz ou de l'électricité. Donc c'est vrai que ce n'est pas forcément cette sobriété-là qui est la plus agréable. Il y a aussi une question de justice sociale, d'équité, d'efforts apportés par les uns ou par les autres. En réalité, il y a tout un pan de la sobriété qui doit être beaucoup plus organisé, systémique. il va y avoir Si on veut aller vers des systèmes de transports mieux organisés, avec des plus petites voitures, plus de transports en commun, plus de vélos, plus d'intermodalités, c'est forcément la puissance publique qui doit orchestrer ça. Parfois, écolo veut dire plus cher, mais parfois, écolo peut vouloir dire moins cher aussi, parce que justement, on réfléchit au juste dimensionnement, on réfléchit à nos besoins, à ne pas être forcément dans l'inflation technologique et l'effet de mode permanent, parce que la technologie et les machines, ça coûte aussi de l'argent. Ce n'est pas pour rien qu'il y a moins d'argent à l'hôpital, parce qu'il y a des machines plus coûteuse, il y a moins d'argent dans l'agriculture, on pourrait réfléchir aussi à des modèles économiques complets.

Chapters

  • Demande illimitée versus ressources finies

    00:02

  • Réduire notre besoin en ressources

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  • Réparer pour faire durer

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