- Speaker #0
Les gens ici ont tellement d'argent, c'est que si c'est pas assez cher, c'est pas assez bien. Donc si c'est trop cher, les français vont dire « ah c'est trop cher, donc je devrais presque faire un tarif français » . Les français sont très radins, parce qu'en fait ils n'ont pas l'habitude ici, les kinés, ils sont très hands-off, ils font des diagnostics, ils font 2-3 papouilles et puis ils envoient vers l'assistant qui fait faire des exercices. Les Kirôs ici ont très mauvaise presse parce qu'en fait ils sont trop craqueurs, ils font craquer craquer craquer. Donc c'est à un moment donné, il faut arrêter quoi ? Il faut arrêter de dire qu'on est des gourous. Non ! On se base sur une pratique issue de damnés et damnés et damnés de praticiens.
- Speaker #1
Salut à tous et à toutes, je suis William Chalmandrier. kinésithérapeute et ostéopathe. Curieux de nature, passionné par une foule de sujets, je suis toujours en quête de découvertes nouvelles, riches et variées. Avec Hands On, on part ensemble à la rencontre de celles et ceux qui bougent, qui soignent, explorent et qui inspirent. Entre épisodes solos ou interviews, les minutes passées ensemble tourneront autour de la santé, du sport, du bien-être, ou plutôt même du mieux-être. Ici, on ouvre grand les oreilles pour enrichir nos connaissances autour d'histoires hors du commun. Je te souhaite une très bonne écoute.
- Speaker #0
Eh bien, du coup, aujourd'hui, on est avec Marie. On est dans un endroit original parce qu'on est loin de nos terres respectives de base, on va dire. Mais on est à Chicago. Est-ce que tu pourrais te présenter, s'il te plaît, Marie ? Oui.
- Speaker #1
Donc, tout d'abord, je te remercie de m'avoir contactée. Donc, je m'appelle Marie Leblanc. Je suis française. Je suis arrivée aux États-Unis il y a 13 ans. En fait, je suis donc kiné-ostéopathe. Je suis arrivée à Chicago, aux Etats-Unis, il y a 13 ans pour le travail de mon mari qui était muté donc à Chicago et voilà. Et donc, je devais rester deux ans et ça fait 13 ans et nous allons donc continuer notre parcours américain. Donc voilà, nous, on va bientôt devenir américain. Donc voilà, on reste ici.
- Speaker #0
Ok, top ! Et quel a été ton parcours du coup ? Du coup, avant ça ?
- Speaker #1
Alors, j'ai grandi en Afrique. Une fois que j'ai eu mon bac, je suis rentrée en France à Toulouse. J'ai fait deux ans de première année de médecine. Et la deuxième année, j'ai fait une grosse dépression puisque j'étais loin de mes racines, puisque j'ai grandi en Afrique. Et j'ai décidé de changer de parcours. J'ai pris un été pour réfléchir et en revenant de mon été, je me suis dit le papa de ma meilleure amie était kiné. Il m'a dit, il m'a convaincu, il était kiné-ostéopathe, il m'a convaincu que kiné c'était une bonne voie parce que ça remplissait mes attentes en termes de médecine, de diagnostic, du contact avec le patient, de soins. Et malgré tout, l'accès était quand même différent. Donc à ce moment-là, c'était un peu l'époque où tous les numéros exclusivistes étaient fermés, les concours étaient difficiles, moi je n'avais aucun soutien familial sur place. Il se trouve que moi, mon mari est belge et j'ai de la famille en Belgique. Et donc je suis partie à Bruxelles pour me rapprocher d'une partie de ma famille. Et donc j'ai fait l'université libre de Bruxelles où je suis rentrée sans concours. Et je me souviens encore du premier jour où ma tante, ma marraine qui m'a inscrite, qui me dit qu'est-ce que je fais, je t'inscris en quoi ? Tu veux reprendre médecine ? Tu veux faire kiné ? Tu veux faire sage-femme ? Tu veux faire du droit ? Elle est avocate. Je dis non, non, je veux faire kiné, je suis vraiment décidée à reprendre kiné. Et enfin, à reprendre, à commencer kiné. Et donc, j'ai commencé et j'ai vraiment aimé. J'ai adoré mes études de kiné qui étaient très axées sur le sport. Et il n'y avait pas de censure comme on peut l'avoir en France, pas de stress, hormis le fait qu'il fallait vraiment étudier fort. Mais j'ai vraiment aimé l'ambiance, les gens. J'ai beaucoup aimé mes études. À l'issue des quatre années, J'ai eu mon diplôme et là, on m'a proposé, donc on fait un mémoire en Belgique, on m'a proposé, comme mon mémoire était assez poussée en cardiologie, on m'a proposé de continuer et de passer, de faire un point en médecine en quatrième année. Et puis, j'ai appelé mes parents, je leur ai dit « voilà, je peux continuer médecine, qu'est-ce que vous en pensez ? » Ah non, non, non, ça suffit, on a payé assez d'études, maintenant c'est bon, tu commences à bosser, t'es kiné, j'avais fini majeur de la promo, tout allait bien, tu vas réussir, ok, bon. J'ai commencé à bosser, comme toi j'ai fait des remplacements, et puis au bout d'un an, j'ai dit je vais m'installer, et en fait très très vite, j'ai senti que j'avais fait une erreur, qu'il me manquait vraiment toute une dimension diagnostique, qu'il me manquait... manqué une compréhension plus profonde de l'origine des problématiques de mes patients et notamment cette approche holistique où on se dit « bon ben ok, il a mal à l'épaule, son problème est chronique, qu'est-ce qui se passe ? » Donc j'ai décidé, j'ai beaucoup hésité à retourner à Bruxelles, mais si je retournais et que je passais en médecine, je ne gagnais plus ma vie. Donc là, il fallait trouver des solutions. pour financer mes études. Alors à l'époque, je n'avais pas les moyens, je n'avais pas l'énergie. Donc j'ai rediscuté avec le papa de mon ami qui m'a convaincue que l'ostéo était la solution et que ça allait m'apporter cette dimension qui me manquait. Et donc au bout de la deuxième année, je me suis inscrite au CSO, Conservatoire Supérieur Ostéopathique à Paris. Et j'ai commencé et c'était... À l'époque, quatre jours par mois, puis je me suis inscrite à Toulouse parce que c'était plus proche de chez moi, j'exerçais à Bordeaux. Et donc j'ai exercé, j'ai fait ça pendant cinq ans. Entre-temps, j'ai changé de ville, j'ai habité à Toulouse. Et voilà, et donc j'ai eu mon diplôme d'ostéo. Ce que j'aimais beaucoup avec cette école, c'est qu'on allait à Medstone, en Angleterre, à l'école européenne d'ostéopathie, et je trouvais que c'était the most valuable trip. C'était ce qui m'a apporté le plus, c'était d'aller en Angleterre, parce qu'en fait, l'ostéopathie en France, on est quand même assez brimé dans le sens où on n'est pas des médecins. Les gens trouvent que c'est un peu de la magie noire, et en Angleterre, c'est un vrai statut. L'ostéopathe est un médecin qu'on va voir pour être soigné, et il a le droit au respect des autres praticiens. Et je trouve qu'en France, il y a... Un statut qui est assez particulier de l'ostéopathe, c'est un peu le gourou. Or, l'ostéopathe se base sur des faits scientifiques, sur des recherches scientifiques. Et je trouve qu'il y a un manque parfois de compréhension de la part du grand public sur notre pratique. Donc j'aimais bien aller en Angleterre pour ça. Et aussi parce qu'on rencontrait des gens d'éminents ostéopathes d'Europe, qui venaient de Scandinavie, Norvège, Suède, Angleterre. Beaucoup, France évidemment, et puis même Pays de l'Est. Donc ça, j'aimais bien cette dimension déjà un peu plus internationale. Et puis, j'étais dans mon cabinet, j'ai commencé par faire une demi-journée d'ostéo, deux demi-journées, une journée, deux journées, et après j'avais vraiment beaucoup de boulot. Mes collègues en kiné me donnaient beaucoup de place, ils appréciaient vraiment ma présence et ma pratique. Donc voilà, et puis très vite, mon mari m'a dit, on va devoir quitter la France, on va devoir venir aux US. Donc ça a été pour moi une grande rupture dans mon activité, puisque quand je suis arrivée aux Etats-Unis, je ne pouvais pas exercer ni la kiné, ni l'ostéopathie. Mon anglais était limité à de l'anglais médical, puisque quand j'allais en Angleterre, on parlait anglais, mais ce n'était pas l'anglais de tous les jours. Donc pendant trois ans... J'ai fait des démarches d'équivalence de mon diplôme et qui ont été vraiment laborieuses puisque donc il y a évidemment beaucoup de demandes de la part d'étrangers pour s'installer aux US. Moi, je n'avais pas le problème du visa qui est quand même le premier pas. Moi, j'avais un visa par l'intermédiaire de la boîte de mon mari mais par contre, je devais faire tout le processus d'équivalence de diplôme. Donc la première étape, c'était ça. Donc il a fallu que je traduise tous les cours, je traduise tout, je fasse tout à sermenter par des juges ici aux Etats-Unis, des juges bilingues. Et ça m'a coûté énormément d'argent. Une fois que j'ai fait ça, je suis passée devant une commission qui a décrété que mon diplôme était excellent et que j'avais le droit d'exercer, que j'avais le droit de passer un concours qui me permettait d'obtenir ma licence pour travailler. Donc j'avais en fait deux fois plus d'éducation. J'ai deux fois plus d'enseignement qu'un étudiant américain qui a un diplôme de kiné, aussi par rapport à l'OCO. Donc j'ai un master 2 en physical therapy, et ils me proposaient de suivre d'autres cours pour obtenir mon doctorat en physical therapy. Et sauf que c'était encore 50 000 dollars, que c'était encore deux ans. Donc moi, je dis non. Est-ce qu'on peut pratiquer avec ce master ? Oui. Donc j'arrête au master Physical Therapy. C'est très bien. Je vais maintenant m'atteler au concours. Donc il y a un concours à la sortie ici de l'université pour toutes les professions médicales et paramédicales. Parce que là,
- Speaker #0
du coup, je te coupe juste deux secondes. Mais là, il faut que tu fasses valider les deux diplômes au moment où tu arrives.
- Speaker #1
Oui. J'ai juste fait valider mon diplôme de kiné. Parce que le diplôme de stéo, il fallait que je reprenne médecine.
- Speaker #0
OK.
- Speaker #1
Ici, il fallait que je retourne à l'université d'ostéopathie. En fait, ici, aux États-Unis, les ostéopathes sont médecins. Donc, ils sont physicians. Ils peuvent prescrire des médicaments. Ils sont, au-delà d'être docteurs en ostéo, ils ont le statut de médecins. Donc là, je ne pouvais pas faire ça. J'ai deux petits-enfants, ça coûte une fortune. Je ne pouvais pas, je n'avais pas l'argent et le temps. J'ai juste fait la démarche de kinèse, déjà ça c'était possible, sans avoir à retourner à l'université. J'ai juste eu quelques cours de state law, ethics, pharmacologie, déontologie, des choses comme ça, mais c'était pas non plus incroyable. Donc j'ai fait ça. J'ai obtenu le droit et donc j'ai obtenu le droit de passer ce concours. Ce concours, je l'ai fait une fois sans me préparer et je dis « Oh, c'était 5 heures, 250 questions, ça va, je vais réussir » . En fait, j'ai réussi mais je n'ai pas réussi suffisamment bien pour obtenir la licence. Donc là, la deuxième fois, je dis « Bon, je travaillais dans une boulangerie pour parfaire mon anglais, pour gagner un peu d'argent et je préparais mon concours » . concours. La deuxième fois, je l'ai préparé. J'ai réussi de... J'ai raté de très peu encore. Le Covid est arrivé. Et là, j'ai dit, bon, ben, je fais une pause. Donc, j'arrête tout.
- Speaker #0
Parce qu'il y a un délai entre le moment où tu peux le faire, j'imagine, et le refaire.
- Speaker #1
Oui, il y a six mois. Et donc là, j'ai fait une pause. Finalement, je l'ai repassé une troisième fois. Et là, j'ai raté à un point. Donc là, je me suis dit, bon, maintenant, Il m'impose, donc à l'issue de trois, on a le droit à cinq tentatives. À l'issue des trois tentatives, en fait, quand je passe le concours, c'est avec des jeunes qui ont 25 ans, moi j'en avais 35. Donc, je ne suis pas anglophone, de native. Donc, c'était quand même un challenge avec deux enfants. Donc là, je dis bon, on va arrêter, je vais le préparer sérieusement. Non, il me demandait, pardon, six mois de pratique, d'observation chez un kiné. Et donc là, j'ai fait les six mois. Et à l'issue de six mois, j'ai dit, je vais préparer déjà un petit concours de massage therapy. Et donc là, c'était même pas six mois. Pour essayer de faire un petit break avec ce concours, améliorer mon anglais de technique, d'anatomie, de physiologie. De façon à ce que vraiment la quatrième fois, je l'ai. Et donc là, c'est ce que j'ai fait. J'ai fait cette massage therapy. Donc j'ai passé l'examen, le concours. j'ai eu ma licence de massage therapy, puisqu'en anglais, aux US, il y a des thérapeutes juste pour le massage. Et donc là, j'ai eu ce concours-là, et j'ai ensuite préparé mon concours de kiné, et là, je l'ai eu. Et j'ai eu ma licence, donc on a un papier qui dit qu'on peut exercer dans tel état. C'est vraiment précis à un état. Si maintenant, je veux aller dans un autre état, je dois faire un transfert. Ah, tu ne dois pas repasser un concours spécifique. Je dois faire un transfert, mais ça coûte de l'argent. Voilà, donc, et suite à ça, j'ai ouvert mon cabinet. Et pardon, c'était bien avant, j'ai confondu avec le... C'était bien avant le Covid. J'ai ouvert mon cabinet deux ans avant le Covid. Donc, entre-temps, il y a eu une pause, je ne sais plus ce que c'était, mais ce n'était pas le Covid. Et donc, j'ai ouvert mon cabinet, c'est ma huitième année. Et voilà, ça se passe très bien. Je fais de la kiné. Mais au tout début, j'ai ouvert mon cabinet et j'ai travaillé dans une clinique. Je faisais mi-temps dans une clinique, mi-temps au cabinet, de façon à construire ma clientèle, ma patientèle. Et en fait, petit à petit, j'ai commencé à avoir de plus en plus de boulot, et à la clinique, et ici, au cabinet. J'ai tenu quatre ans comme ça, et au bout de quatre ans, j'ai arrêté à la clinique. Et je ne suis qu'au cabinet maintenant. Et au cabinet, j'ai une massage therapist qui travaille, à qui je réfère des patients juste en massage. J'ai deux pilates instructors qui font du pilates pour les patients, pour la rééducation, et elles font du renforcement profond. Et on a une psychologue, et moi en ostéo et en kiné. Pour les Américains, c'est très particulier ce que je fais. Parce qu'en fait, ils n'ont pas l'habitude ici, les kinés, ils sont très hands-off, ils font le diagnostic, ils font deux, trois papouilles et puis ils envoient vers l'assistant qui fait faire des exercices. Ils sont très peu à faire de manipulation manuelle. Donc, ils aiment bien venir me voir. J'ai des joueurs de hockey professionnels de la NFL, j'ai eu des WNBA players. Des Sky, des Chicago Sky. Les filles, du coup ? Oui, voilà, des basketballeuses, des professionnelles. Je n'ai pas eu encore de basketballeur pro de Chicago, des Bulls, mais voilà, donc mon nom circule, que je fais de l'ostéo et que c'est différent de ce qu'ils trouvent ici et ils aiment bien. Donc j'ai souvent des gens de l'Europe qui connaissent. qui savent et qui viennent me voir et donc voilà. Donc je ne prends pas les assurances américaines parce que ça c'est un casse-tête chinois, je ne veux pas, j'en ai très mal payé, très mal remboursé, je prends, les gens me payent, ce qu'on appelle le self-pay, ils me payent et ils se débrouillent, je leur fais une facture et ils se débrouillent.
- Speaker #0
Ouais, ok. Comme nous, on peut avoir un peu en France, quand on fait justement avec la casquette, tout ce qui va passer, ouais. Ok. Et les gens... Alors attends, je vais déjà commencer par la première. Une semaine type, une de tes semaines type, là, ici à Chicago,
- Speaker #1
en ce moment ? Alors, les semaines, les journées sont assez efficaces. Les gens commencent très tôt. Ici à Chicago, avec le Board of Trade, donc il y a beaucoup de gens dans la finance, donc à 7h, tout le monde... Et déjà au boulot parce que la bourse de New York a déjà commencé. Il y a du décalage avec New York. Donc, en général, moi, je commence à 8 heures et je finis à 3 heures tous les jours. Le jeudi, off. Le mardi, parfois après-midi, off. Et donc, en gros, je fais 8 heures, 3 heures. Et puis, parfois, je peux rester plus tard, exceptionnellement. Et je prends à peu près 6 à 8 semaines l'été parce que je rentre en France. France. Je prends deux semaines à Noël.
- Speaker #0
Et les patients, tu les vois une heure, du coup ?
- Speaker #1
Une heure. Toujours une heure. Donc, je fais... Je les vois en kiné-ostéo une heure. Parfois, je les vois un peu plus longtemps, une heure et demie, parce que j'enchaîne avec des exercices. J'aime beaucoup le pilates. Donc, j'enchaîne avec des exercices de body awareness, qu'on appelle body awareness, et du re... Neurological rewiring, c'est-à-dire qu'en anglais on appelle ça le rewiring, c'est-à-dire que des muscles qui ne sont plus vraiment engagés et stimulés ont besoin d'être réactivés de façon à ce que le câblage neurologique soit restimulé, de façon à ce que le muscle soit réveillé et le seuil d'activation, le tonus soit plus élevé. Et donc ça aide à... voilà, donc j'aide. Je fais ça. Et une fois qu'ils ont compris, soit je les rends très autonomes, soit ils reviennent me voir, ils reviennent voir une de mes collègues, ou en massage, ou en pilates. Voilà.
- Speaker #0
Bien, ça fait une vraie organisation. Ah oui.
- Speaker #1
Tu as des temps pour la vie perso. C'est ça.
- Speaker #0
Et tu passes du temps avec les gens.
- Speaker #1
Oui, je passe du temps avec les gens. beaucoup, je passe... 20 minutes une demi-heure les écouter. Et je suis vraiment... C'était pour ça qu'à la clinique, ils ne voulaient pas que je parte. Parce qu'en fait, les gens arrivaient chez moi un peu après avoir fait plein de kinés. Et en fait, j'ai une qualité de diagnostic assez forte, en toute humilité. Et c'est parce que j'ai eu des années de compréhension de la douleur. Et je peux facilement dire, malade. C'est une douleur qui est d'origine ligamentaire. Vous avez étiré un ligament. Ça, c'est une douleur qui est d'origine organique, avec sous-jacent un problème organique du foie, rénal ou machin. J'ai vraiment maintenant un problème thyroïdien, ou un problème... J'ai vraiment une compréhension du seuil de l'inflammation. J'ai... Voilà. Je pense que c'est toutes ces années d'ostéo où on porte un regard. Je pense toujours à ce patient qui est venu me voir il y a plusieurs années et qui avait une douleur au niveau du pubis avec des douleurs transfixantes au niveau de la vessie, des testicules. Moi, je faisais du pelvic floor parce qu'en France, j'avais été intéressée, j'avais été formée à la rééducation périnéale. Et en fait, je ne faisais pas que ça, mais ça m'intéressait. Et donc ici, je le faisais. Et ce gars est arrivé, il avait fait un nombre d'examens avec un urologue, mais incroyable. Il avait eu des antibiotiques, des anti-inflammatoires, des myorlaxants, des antidouleurs. Et en fait, il est arrivé et il me dit, j'ai un problème de périnée, voilà. Bon, ok, un jeune qui franchement n'avait pas de signes de problématique. Il avait fait tous les urogrammes, urographie, tous les échos de vessie possible, imaginable. Vraiment, tout ça, c'était « ruled out » , il n'y avait aucun problème. Et puis, en discutant avec lui, en faisant tous mes tests, je me rends compte qu'il y a quand même une vraie inflammation au niveau de l'os, au niveau du pubis, et puis l'origine, le tendon, des adducteurs. Et puis, je commence à l'interroger sur sa vie, sur ses habitudes et tout. Puis en fait, en l'interrogeant, Il m'avoue qu'il prend le skateboard tous les jours pour aller au boulot. Pendant une demi-heure, il fait du skateboard. Tous les jours. Bon, ben voilà, je dis moi le mouvement, quelle jambe ? Ok, bon ben voilà, t'interroges pas, arrête le skateboard. À force de faire du skateboard tous les jours, tu t'es mais irrité. Le tendon, la jonction entre ton tendon et ton os, t'as une hyper-inflammation, ça doit être complètement démassié, autour tous les tissus doivent plus savoir comment faire pour soulager. Arrête ! Et il était anglais et il avait confiance en moi parce que j'avais fait le Maidstone dans le Kent. Je me souviens, il me disait « je crois, je vais arrêter » . Il a arrêté pendant une semaine, au bout d'une semaine il est revenu me voir. Il m'a dit « j'ai quasiment le seuil de la douleur, il est baissé de moitié, déjà j'ai plus les fourmillements, les piconnements la nuit, machin. Et puis je lui ai dit « ok, on se revoit dans 15 jours » . Et il est revenu 15 jours après, il n'avait plus du tout mal. Et il avait fait tous les examens in imagino. Il y a 15 jours, un autre gars qui vient me voir, pareil, une douleur dans le dos. Et pareil, il est allé voir son médecin. Son médecin, je ne sais pas, je vais vous prescrire de la kiné. Il dit, mais non, ne me prescrivez pas de la kiné, je vais aller voir mon ostéo. Il est venu me voir et voilà. Et pour moi, il a un bulging disc, enfin un débord discal qu'il titille et puis voilà. probablement à un certain niveau, à objectiver avec un IRM. Mais voilà, donc c'est à un moment donné, il faut arrêter quoi ? Il faut arrêter de dire qu'on est des gros ? Non ! On se base sur une pratique issue d'années et d'années et d'années de praticiens qui quand même, je veux dire, à un moment donné, il faut arrêter. Alors moi, mon intelligence, elle est dans les doigts, mais elle est aussi dans mes bouquins. Quand j'ai l'humilité de parfois sortir mes livres d'un mat devant mes patients et de dire attendez, ok, remontrez-moi le trajet où vous avez des picotements, remontrez-moi. À un moment donné, on ne le sort pas du chapeau, quoi, tu vois.
- Speaker #0
Je vois très bien, et c'est génial de le entendre. Du coup, tu vois, toi, une différence. Les patients, tu as la sensation que les patients voient une différence entre venir te voir, toi, Toi qui es française, on va dire européenne, même pour certains qui, eux, connaissent le système américain depuis longtemps, ils préfèrent quand même venir te voir, toi, que d'aller voir un chiro, un ostéo ou un médecin.
- Speaker #1
Oui, alors les chiros ici ont très mauvaise presse parce qu'en fait, ils sont trop craqueurs. Ils font craquer, craquer, craquer. Vous allez chez eux, vous avez mal en bas du dos, une sciatique, ils vont quand même vous craquer C0C1. Donc, c'est... Voilà. Et puis, à chaque fois, il vous propose de revenir. C'est un peu le super marché du craquage, quoi.
- Speaker #0
C'est ce que m'a dit Jason avant-hier. Il me disait que pour lui, c'était un peu business à ce jour-là.
- Speaker #1
Donc, vous prenez un rendez-vous, vous en donne quatre en partant. C'est un peu... Non.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Puis, ça dure cinq minutes chrono, 85 dollars. Voilà. Bon, moi je prends 185, mais les gens à son temps, c'est différent, il y a de l'écoute. Enfin, ici, une psychologue, c'est 250, donc ils prennent une heure aussi. Enfin, à un moment donné,
- Speaker #0
il faut... Ah oui, mais ici, c'est... Par rapport à ��a, c'est sûr que ceux qui vont écouter, ou quand moi j'ai découvert, c'est sûr que si on voit avec les yeux de ce que nous, on peut connaître en Europe, en France, on va dire, c'est... Il ne faut même pas vous comparer, c'est un autre monde. Et 185 dollars pour une heure, ce n'est pas si cher.
- Speaker #1
Non, je connaissais un ostéo downtown, mais un médecin ostéo, lui, prenait 450 dollars. Donc voilà, mais le problème c'est ça aussi, c'est que les gens ici ont tellement d'argent, c'est que si ce n'est pas assez cher, ce n'est pas assez bien. Et si c'est trop cher, les Français vendent, c'est trop cher. Donc je devrais presque faire un tarif français. Les français sont très radins, même s'ils s'équilibrent aux US, alors qu'ils gagnent bien leur vie. Et les américains, par contre, sont plus généreux.
- Speaker #0
Ok. Et un français qui vit aux Etats-Unis, il n'a plus du tout le système sécu ?
- Speaker #1
Ça dépend, en fait. Ça dépend. Par exemple, moi, mon mari qui bosse pour une société française... Oui, si vous voulez. qui bosse pour une société française, lui, on dépend de la sécurité sociale et de la caisse des Français de l'étranger et d'une mutuelle française ou européenne en tous les cas. D'accord. Et par contre, il y en a d'autres qui sont en contrat loco et alors eux, ils sont affiliés à une assurance américaine.
- Speaker #0
Ok. Et Wattop, ça donne déjà une bonne vision d'ensemble. Donc on peut mieux comprendre pourquoi... C'est un peu la sensation que j'avais eue quand on en a parlé à Kirksville, le fait que des patients, des ostéos on va dire, qui sortent de l'école d'ostéopathie ici, donc médecins ostéos, ils ont des dettes tellement énormes en tant qu'étudiants que le jour où ils s'installent, ils ne peuvent pas prendre le temps avec la personne parce qu'il faut que...
- Speaker #1
L'université ici c'est entre 40 000 et 80 000 l'année.
- Speaker #0
Oui, l'année parce que je vais dire là-bas c'était entre 70 et 80. L'année, c'était ça.
- Speaker #1
En fonction de ce que vous voulez faire.
- Speaker #0
Oui, c'est ça.
- Speaker #1
Donc quand ils finissent leurs études, ils ont énormément d'aides. Bon, parfois ils ont des scholarships, donc c'est des aides financières, mais non, c'est très très cher.
- Speaker #0
Oui, et donc après forcément, de ce qu'on a pu en discuter, c'est que... Entre voir un patient une heure, même 45 minutes, à 200 ou 250 dollars, plutôt que d'en voir un toutes les 10 minutes avec ma prescription, c'est ça, on se revoit dans 15 jours, 3 semaines, t'en vois 5, 6 en une heure. C'est un peu dommage parce que du coup, ils apprennent super bien, ils sont formés de manière très honnête et à l'arrivée, ils ne peuvent pas mettre en pratique ce qu'ils ont appris. C'est un peu justement le propos qu'on peut avoir sur le hands-off aussi, et la difficulté à ce jour. Si on revient à la France, sur la pratique de la kiné en France, si tu restes sur le système sécu, que sécu, t'es obligé pareil d'avoir soit un temps limité avec la personne, soit d'avoir plus de gens en même temps, et c'est ce qui peut... C'est une des raisons, suite à mon mémoire, qui a fait que les gens vont vers l'ostéopathie, c'est aussi ça.
- Speaker #1
Avoir du qualitatif.
- Speaker #0
C'est ça. pour avoir du temps, choisir ton tarif et voilà et pas être toujours en train de regarder ta montre et te dire attends 10 minutes il y en a encore un autre, 10 minutes il y en a encore un autre donc franchement c'est déjà top comme... et est-ce que tu te verrais à ce jour travailler en France ? non ouais non non c'est fini tu vois une vraie différence entre bosser ici et ce que...
- Speaker #1
en France... Même dans la compréhension des problématiques ici aux États-Unis, les gens sont beaucoup plus indépendants. C'est-à-dire qu'en fait, dans leurs problématiques, comme ils n'ont pas cette structure de santé qu'on a en France, ils doivent se débrouiller. En tous les cas, dans les grandes villes, je parle. Les grandes villes, les gens ont... Ils ont une culture, une culture de vie. Donc ils prennent soin d'eux, ils font beaucoup de sport. Et en fait, ils comprennent, ils sont très éduqués, ils vont très vite comprendre ce dont ils doivent changer. Et en fait, même en kiné, ils viennent deux, trois fois et puis c'est tout. Et très vite, c'est bon, ils veulent avancer, évoluer, grandir de leur expérience de traumatisme ou de blessure. Alors, sauf si évidemment, ils se sont cassés un bras, parce que j'en ai eu des comme ça où on les voit longtemps. Mais très vite, il y a une demande à être autonome. Qu'est-ce que je peux faire pour avancer, aller plus vite et raccourcir mon temps de récupération ? Ok.
- Speaker #0
Il y a moins cet aspect chronicité dans le soin. Alors on prend 10 rendez-vous en avance, c'est bon quoi. Non, ça je pourrais plus en fait, cette mentalité. Et puis par contre, est-ce que vous pouvez faire quelques exercices ? Ben non, les gens ne les font pas. Vous pouvez marcher un peu plus ? Ben non, c'est trop dur. Mon mari, il a 5 km tous les jours, il le fait en marchant. Tous les jours il marche. Il marche une heure le matin et une heure le soir pour aller au boulot. Il pourrait prendre le métro, il pourrait prendre le bus,
- Speaker #1
mais non.
- Speaker #0
Alors le problème des US, c'est aussi que, donc là, moi je suis dans une grande ville, je ne pourrais pas vivre en dehors dans les suburbs, dans les périphéries, parce qu'alors les gens sont beaucoup plus lazy quand même. C'est vraiment l'Amérique profonde, là je parle de l'Amérique des grandes villes.
- Speaker #2
Oui, il y a quand même une différence qui peut être assez vite.
- Speaker #0
Où les gens sont hyper actifs. Ils bougent, ils sont cuvres. C'est une autre mentalité, ça avance. C'est toute une autre mentalité.
- Speaker #2
Oui, ça c'est assez cher.
- Speaker #0
Je ne suis pas sûre que je pourrais avoir mon cabinet au fin fond du Midwest. Non, ça non. Alors, on va changer ce qu'on va manger. Parce que là, le burger et les hot dogs, et la sauce barbecue, les chicken wings, on va arrêter là. Il faut peut-être comprendre que... Peut-être en Californie,
- Speaker #2
ça irait, mais... Ouais, c'est sûr que tu ne peux pas forcément faire ça partout. Non. Et c'est ce que c'est d'ailleurs ce qu'on s'est dit tout à l'heure en arrivant dans le quartier, on s'est dit, ah oui, forcément, on est obligé d'avoir des cabinets de ce style dans certains endroits, et après les gens se déplacent, mais c'est sûr que tu imagines moins ça dans d'autres endroits, notamment là où on était. même autour de Kirsville quand tu te déplaces il y a certains endroits où tu te dis il y aurait besoin de soins à fond mais si les gens ne sont pas prêts à changer non,
- Speaker #0
non, non, on voit surtout ici en France aussi les gens ne sont pas prêts à changer je vois le je passe,
- Speaker #2
dis-moi c'était une dernière question on va arriver vite à la dernière question est-ce que maintenant que tu connais ton chemin de vie qu'est-ce que tu dirais à à Marie de 15-18 ans ?
- Speaker #0
Continue médecine.
- Speaker #2
Ok.
- Speaker #0
Continue médecine, t'arrêtes pas en quatrième année de kiné, continue médecine et après, faire ostéo. Ok. Voilà. Alors, mon prof, j'ai le directeur de l'école du conservatoire de Paris qui a fait Medstone. Lui, il était kiné. Il est devenu ostéopathe et après, il a fait médecine avec son fils. Ok. André Ratio professeur André Ratio et son fils c'est Philippe Ratio ils sont tous les deux médecins et tous les deux ostéos et ça ça je pense que si je devais refaire je continuerais la médecine et je ferais ostéo après genre je ferais gastro-entérologue ostéo quoi ok ou alors neurologue ostéo un truc comme ça ok ouais sur Ou orthopédiste OCO. Ça leur servirait un peu l'ostéo à ces heures-là.
- Speaker #2
Bien sûr, j'ai découvert qu'ici, aux Etats-Unis, tu pouvais être chirurgien et OCO. Pour nous, ça paraît impensable. Un chirurgo qui fait de l'ostéopathie, on est tellement dans un grand égard.
- Speaker #0
Mais bien sûr. C'est pour ça, je trouve qu'en France, vraiment, il faut se battre. Il faut continuer. Il faut vraiment continuer à... Voilà, faire perdurer notre savoir, bien, je dirais, pour moi ce qui est vraiment important, c'est se désolidariser de la kinésithérapie. Je pense que la kinésithérapie devrait être uniquement en centre de rééducation, et non pas en libéral, parce que ça demande un matériel important, et parfois je trouve qu'il y a un manque de délègue. Il faudrait déléguer un peu plus et dire, là, je ne pourrais pas. Je pense parfois, si les gens étaient dans des centres, ils ne resteraient pas aussi longtemps. Dans un centre, il y a tout un univers qui fait que vous êtes motivé pour aller mieux. Et vraiment, être dans un hôpital de rééducation, ici, c'est ce qu'il y a, Shirley Ryan Lab. Et par contre, l'ostéo, pourquoi pas devenir un médecin aussi. En association avec les orthos, je trouve qu'il y a beaucoup de réflexions à faire là-dessus.
- Speaker #2
Eh bien, on va réfléchir là-dessus, c'est super. Je te remercie grandement pour le temps accordé, pour l'accueil. Et puis, le micro est ouvert si tu veux rajouter quelque chose. Tu peux finir là-dessus, c'est toi qui boucle.
- Speaker #0
Je te remercie en tous les cas pour ta curiosité d'esprit. Je pense que tu seras un grand ostéopathe. Tu es allée sur les traces d'Andrew Taylor Steele donc je trouve ça absolument génial. Je n'ai jamais eu moi-même l'idée de le faire. Je vais le faire, je vais aller à Kirksville au musée. C'est vraiment bien, continue.
- Speaker #2
Bravo,
- Speaker #1
tu es arrivé au bout de cet épisode. Merci pour ton écoute, j'espère qu'il t'a appris quelque chose, éveillé une nouvelle curiosité, ou simplement donné envie d'explorer plus loin. Si le projet te plaît, fais-le voyager. Parles-en autour de toi à une, deux, trois personnes ou plus si le cœur t'en dit. Et si tu veux vraiment m'aider, un commentaire, 5 étoiles sur ta plateforme de podcast préférée, Apple Podcasts, Spotify ou autre, ça fait vraiment la différence. Je t'en remercie par avance, à très vite pour de nouvelles aventures, A bientôt, ciao !