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L'Ecole de Design de Nantes - Former la nouvelle génération de Designer - Florent Michel - Responsable formation Design

L'Ecole de Design de Nantes - Former la nouvelle génération de Designer - Florent Michel - Responsable formation Design

55min |15/04/2025
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Description

Aujourd'hui, je reçois, Florent Michel, responsable pédagogique Majeure UX Design à l’École de Design de Nantes


Ensemble on va répondre à la question suivante : 👉 Comment se construit la nouvelle génération de designers ?


Ainsi, on se nous plonge dans l’univers de la formation en design. Comment l’école évolue-t-elle face aux mutations du marché ? Comment préparer les étudiants aux réalités du terrain ? Et pourquoi le réseau et l’entrepreneuriat sont devenus des éléments clés du parcours d’un designer ?


On parle aussi de Friends of Figma Nantes, du rôle stratégique du design dans les entreprises et des compétences indispensables aux designers d’aujourd’hui.


🎧 Un épisode inspirant pour designers, étudiants et recruteurs qui veulent comprendre les coulisses de la formation et les tendances du design en France !


Vous avez laissé votre manteau au vestiaire… Bienvenue dans le club !


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Paul MenanT, cofondateur de Design Club, un collectif international 100% design et research. Grâce à la force du nombre, on accélère les projets de nos clients et la carrière de nos membres dans le monde entier. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'animer le podcast Head of Design, un podcast qui met en lumière ces personnalités inspirantes qui définissent les tendances du design. Vous découvrirez leur parcours, savoir-faire, et les convictions qui les animent, tout en partageant leurs bonnes pratiques et recommandations. Allez, c'est parti ! Vous avez laissé votre manteau au vestiaire ? Bienvenue dans le club ! Aujourd'hui, nous recevons Florent Michel, tu es responsable pédagogique à l'école de design de Nantes et le nouvel invité de ce podcast. Je te remercie d'être présent. Florent, bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour Paul.

  • Speaker #0

    Merci de me suivre dans cette folie pour la première fois où on fait un podcast en vidéo. L'idée, c'est qu'aujourd'hui, on va discuter de ton parcours, comprendre un peu qui tu es. Et puis, on va faire aussi un gros focus sur l'école de design de Nantes, sur le design de demain et les designers de demain. comment toi, tu vas les aider à aller vers tout ça et comment tu les accompagnes. On va aussi discuter du concept de designer entrepreneur que j'aime bien porter. Et en plus, dans ce podcast, on en a eu trois qui sont passés par l'école de design de Nantes. Pierrick Thébault, Benjamin Berger et Simon Artebis, qui était encore il n'y a pas si longtemps à l'école de design de Nantes. Et voilà, et puis on va aussi discuter de Friends of Figma à Nantes, que t'animes, bref, t'as une vie bien chargée. Et donc, c'est un peu tout ça dont on va discuter. Ça te va ?

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    La première question que j'aime poser à mes invités, c'est à quel moment tu découvres le design dans ta vie et que tu te dis tiens, c'est quelque chose que je vais continuer tout au long de ma carrière.

  • Speaker #1

    C'est assez drôle parce que ce n'était pas forcément la porte d'entrée dans les métiers. Alors moi, je suis vraiment spécialisé dans le domaine numérique. Ce n'était pas le terme design qui m'a accroché au démarrage et je l'ai découvert un peu au fur et à mesure. Moi, je viens plutôt du domaine de l'image. J'ai démarré avec une formation d'InfoCom, une formation en communication. Et donc, sur le média, sur le message à transmettre, etc. J'ai une première formation en InfoCom et j'ai travaillé assez vite en boîte de communication, de publicité. Je suis rentré dans le graphisme, dans l'infographie, pour mettre en pratique la partie communication. Et c'est plus tard que la partie vraiment design, parce que je faisais déjà du design graphique à l'époque, moi, je n'appelais pas ça comme ça. et le sentiment de faire de la communication.

  • Speaker #0

    Et à quel moment tu découvres ces aspects de design thinking, l'UX, l'expérience utilisateur ?

  • Speaker #1

    Si je reprends un peu la notion de dérouler dans ma vie, je suis infographiste en boîte de pub, je fais des visuels de stand, je fais un peu de site web à l'époque, je fais de la mise en page de magazine, et je m'ennuie en fait, parce que ça ne bouge pas, parce que c'est de l'image fixe, et je me dis, il y a des trucs qui existent. Alors là, on est dans le début des années 2000, il y a des trucs qui existent qu'on appelle... web d'une part, puis le multimédia. C'était la grande époque des DVD-ROM, de cette réflexion un peu, le DVD du Louvre, le DVD d'Orsay, ce genre de choses. C'est des ROM à l'époque. Et je me dis, mais il y a quand même des choses à explorer et ça m'intéresse. Et j'arrête ce boulot d'infographiste, je reprends mes études dans le domaine du multimédia. J'ai avancé dans le domaine de l'image, cette fois animée. Et là, j'avais une spécialisation de communication culturelle. Et je trouvais ça passionnant. De me dire, OK, j'ai un groupe de musique, j'ai un musée, et qu'est-ce qu'ils veulent dire ? Quelles sont leurs essences ? La notion du brief évolue sacrément. Être en agence de pub et avoir des briefs vraiment de marketing, en fait, et migrer vers des briefs culturels. De se dire, OK, c'est quoi l'état d'esprit ? C'est quoi que je souhaite transmettre ? Et ça m'a passionné, cette partie-là. Je crois que je suis rentré dans le design à peu près à ce moment-là. À un moment où, là, on est dans les années 2005, donc on ne parlait pas encore du X-Design, on était... sur les balbutiements de ce qui était en train de se formaliser. J'ai continué dans ce domaine-là.

  • Speaker #0

    Donc la notion de design thinking, elle arrive encore un peu plus tard. 2010, j'imagine, c'est un peu la date de naissance qu'on donne en France autour de cette méthodologie.

  • Speaker #1

    Si je déroule mon histoire pour aller jusqu'à 2010, là, j'ai repris des études. Je travaille en parallèle en apprentissage. Je travaille pour une boîte de web, de multimédia, qui fait du site web. Alors, je fais du Flash à l'époque, la belle techno de l'époque. Je fais des sites web dynamiques et je me dis que j'ai encore envie d'aller plus loin. Après cette formation de multimédia, je vais vers une formation de chargé de projet informatique spécialisé dans la réalité virtuelle. De l'image fixe, je passe à l'image animée et de l'image animée, je passe à l'image 3D immersive. J'ai continué jusqu'en master réalité virtuelle. Ma formation académique s'arrête là. Et arrive le moment de savoir quoi faire de ça.

  • Speaker #0

    Ça, c'est un moment, peut-être qu'on en reparlera juste après, mais pour un étudiant, qui n'est pas simple, de rentrer sur le marché de l'emploi avec les compétences qu'on a. Et toi, c'est un de tes gros sujets aujourd'hui, c'est réussir à mettre les designers dans le monde de l'emploi le plus facilement possible.

  • Speaker #1

    Je crois que déjà à l'époque, A la fois, je développe des compétences de concepteur, de designer numérique, et à la fois, je développe une notion de réseau où chacun des profs que j'ai eus, chacune des conférences que j'ai suivies, je suis resté en contact avec les personnes. Et une bonne partie des étudiants qui étaient dans mes classes, l'idée, c'était de garder le réseau et de voir comment eux se débrouillaient et de voir ce qu'ils apprenaient eux-mêmes. Donc, j'étais déjà à cette époque-là dans cette dynamique. Et à la question qu'est-ce qu'on fait de ses compétences à la sortie d'un master, en fait, moi j'ai laissé un peu le destin, le hasard, je ne sais pas, jouer pour moi. J'ai été appelé dans une école parisienne qui avait un master de réalité virtuelle depuis quelques années et dont ce qu'on appelle le référentiel de formation était vieillissant. Globalement, la liste des cours, la liste des profs, le digital en général et la réalité virtuelle à l'époque peut-être en particulier, évoluent super vite en fait. La personne qui se chargeait de ça était en arrêt maladie depuis un bon moment et n'était pas spécialisée en réalité virtuelle. Et donc, on m'a appelé pour une mission courte de « Florent, toi qui sors d'un master, on t'a croisé à plein d'endroits, est-ce que tu pourrais nous filer un peu de main pour mettre à jour un référentiel de formation ? » Moi, ma casquette, elle est pédagogique, mais je suis tombé dedans. Je n'ai pas fait de sciences de l'éducation à la fac. Je n'ai pas travaillé en amont sur cette partie-là.

  • Speaker #0

    Et c'est comme ça que tu arrives aussi à te faire identifier comme quelqu'un de pertinent, justement, par ce réseau et par ses différentes actions pour aller au-devant de certaines conférences, au-devant de certaines personnes. Ce qui fait qu'en fait, souvent, ce dont les étudiants pâtissent, c'est du manque d'expérience. Et donc ? Là, toi, tu avais réussi à voir ce gap-là, à le minimiser de cette façon.

  • Speaker #1

    Oui, sans en prendre forcément conscience à l'époque. Pour moi, c'est naturel, en fait. Je crois que je suis curieux de nature et je crois que j'ai envie d'apprendre tout le temps. Et du coup, aller à des conférences. À l'époque, c'est aussi un moment où j'avais mon blog. C'était la belle époque des blogs. Je crois que j'ai eu un des premiers WordPress. de mes promos d'étudiants, en fait. Et en fait, je faisais la veille et je publiais des articles de blog qui relataient ma veille. Et pour ça, je posais des questions à des gens. Donc, je contactais des éditeurs logiciels, j'allais voir des salons et je posais des questions et je faisais mon petit journaliste, comme d'autres...

  • Speaker #0

    C'est drôle, justement, Benjamin, il s'est fait repérer aussi de cette façon-là, par Atlassian à l'époque. Il l'explique dans son podcast. Et c'est vrai, il créait du contenu à le haut devant. En tout cas, c'est vraiment ce qu'on peut... On peut souhaiter et pousser auprès des étudiants.

  • Speaker #1

    Tu citais Pierrick Thébault, qui est Head of Design chez Shine. Il est de la même génération que moi et je lisais ses articles qui publiaient de la même façon. Et je crois qu'il lisait les miens. On était rentrés en contact, on était encore étudiants l'un comme l'autre. Lui, il venait de l'école de design de Nantes. Moi, j'étais encore au master à Laval avec Harry Métier. Et en fait, on échangeait. Et donc, le réseau, il se fait en partie par curiosité de démarrage.

  • Speaker #0

    Et donc là, tu rentres dans le monde du travail, tout de suite dans le monde de la formation pédagogique. Ça ne va pas te lâcher ?

  • Speaker #1

    Oui, en fait, je suis arrivé pour une mission courte. Et puis, la personne que je remplaçais est restée en Arrima Lady longtemps. Et il y a eu plein d'autres occasions de faire d'autres choses. Je suis venu sur une mission de mise à jour d'un référentiel, puis de recrutement d'enseignants, puis de coaching des enseignants, puis de suivi des étudiants. Après, j'ai monté deux nouvelles formations parce que l'école où j'étais évoluait. Incroyable. J'ai monté un master de jeux vidéo, domaine dans lequel je n'étais pas forcément avec un niveau d'expertise, mais je me suis entouré de personnes.

  • Speaker #0

    Toujours la curiosité.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Et de trouver les bons interlocuteurs et puis d'avancer avec des équipes.

  • Speaker #0

    De toute façon, monter une formation, j'ai l'impression que c'est beaucoup plus du réseau et aller vers les autres et essayer de comprendre qui est un peu quelqu'un qu'on va suivre dans sa pensée et dans sa vision, plutôt que de savoir soi-même comment... Comment bien faire les choses ?

  • Speaker #1

    Je crois qu'identifier des personnes qui ont envie de transmettre. Je crois que c'est une grosse partie de mon boulot, en fait, d'identifier des gens qui, non seulement ont la compétence, mais éventuellement, il y en a beaucoup, y compris des personnes qui ont encore plus de compétences. Bien sûr. Mais surtout, l'envie de faire en sorte que cette compétence soit accessible par des personnes qui sont néophytes. L'envie de transmettre, c'est tout à fait ça.

  • Speaker #0

    Et à quel moment tu rentres dans l'école de design de Nantes alors ?

  • Speaker #1

    Alors là, je travaille depuis cinq ans dans cette école en région parisienne avec une formation de réalité virtuelle, un master, je l'évoquais, centré sur le jeu vidéo. J'ai accompagné d'autres masters de chargé de projet informatique. Et donc, j'avais des étudiants qui avaient des profils d'ingénieurs. Et encore une fois, je me suis mis à m'ennuyer parce que, d'ores les ingénieurs, ce n'est pas le souci, mais moi, ce que je souhaitais, ce que je voulais développer, c'était des choses plus créatives. Et c'est là où j'ai compris que c'est le design d'interaction qui m'intéressait, c'est-à-dire concevoir des expériences nouvelles, innovantes, et par la suite, la notion d'expérience utilisateur. On n'exprimait pas encore, avant 2010, tu l'évoquais, la notion du X-Design, et puis le design thinking était assez balbutiement dans la façon dont c'était formulé, mais c'était déjà, moi, mon envie. Donc, ce que j'ai fait dans cette école, c'est que j'avais fait une association avec l'école des beaux-arts de Cergy. où je faisais travailler des ingénieurs avec des artistes. Ça, je trouvais ça super. On a créé des installations interactives mêlant un peu la folie créative des étudiants de l'école des Beaux-Arts avec la capacité de production et de réflexion.

  • Speaker #0

    Ça s'en fait avec des ingénieurs.

  • Speaker #1

    C'est ça qui m'a motivé en me disant, OK, la techno, oui, mais dans les mains de créatifs. Alors, c'est aussi une période où, dans ma vie perso, j'ai fait des enfants et... J'ai développé un peu cette vision de la famille et je n'avais pas forcément envie de rester en région parisienne à ce moment-là. Et Nantes était... Comme beaucoup de Parisiens,

  • Speaker #0

    tu as élu Nantes.

  • Speaker #1

    J'étais Parisien par erreur dans le sens où...

  • Speaker #0

    D'origine ardue.

  • Speaker #1

    Je suis normand à l'origine. Et donc, je suis arrivé en région parisienne pour une mission de quelques mois et j'y suis resté cinq ans. J'ai beaucoup apprécié ces années. Mais ce n'était pas ma vocation forcément d'y rester à long terme, encore moins avec des enfants. Et donc, je cherchais à bouger et je me suis posé la question, où est-ce que j'ai envie d'aller ? Il y avait deux questions là-dedans, c'est où est-ce que j'ai envie d'aller géographiquement ? Et puis, où est-ce que j'ai envie d'aller professionnellement ?

  • Speaker #0

    C'est quand même sur des compétences qui sont bien spécifiques. Tu ne fais pas du contenu pédagogique, ou en tout cas, tu ne gères pas du contenu pédagogique pour une école de commerce, ou du fait que partout en France, tu trouveras. Là, c'est quand même, tu es quand même dans une spécialité assez forte.

  • Speaker #1

    Pour moi, il y avait deux endroits en France que j'avais identifiés. Il y avait l'école d'art de... d'Aix-en-Provence, où il y a un prof qui est fabuleux, qui s'appelle Douglas Henrich Stanley, que j'avais fait venir à Cergy, d'ailleurs, pour les interactions avec les étudiants des Beaux-Arts, et qui a monté là-bas des choses incroyables, en termes de design numérique, version installation artistique. Je dirais que c'était parce qu'il y avait Douglas et quelques autres intervenants, mais l'équipe était déjà constituée. Et puis, ma famille est plutôt dans l'ouest de la France. Et donc, l'autre pôle, c'était Nantes. Et l'école de design de Nantes, en fait, quand moi, je débutais dans le domaine multimédia, il y a des gens qui sont mes collègues maintenant, se sont dit, le champ du multimédia, le champ du numérique est un champ du design. Donc ça, c'était en 2000.

  • Speaker #0

    Oui, et ce n'était pas si évident à l'époque.

  • Speaker #1

    C'était même visionnaire à l'époque. C'est-à-dire qu'à l'époque, le numérique, c'était soit pour de l'audiovisuel. J'évoquais les CD-ROM, donc c'est des gens qui faisaient du film précédemment, soit pour les ingénieurs, les gens qui codaient. Et les écoles de design, globalement en Europe, n'avaient pas cette vision que le digital était un champ du design. Et l'école de design de Nantes s'est positionnée en créant une formation qui, à l'époque, s'appelait Hypermedia. Et donc, quand je parlais de Pierrick Thébault, que je suivais sur les réseaux en 2005, en fait, il était dans cette formation Hypermedia. Et globalement, l'école de design a rayonné depuis... par à la fois ces formations, les projets faits à l'école, mais surtout par ces étudiants qui ont fait des super choses en étant étudiants et puis par la suite en étant des brillants designers.

  • Speaker #0

    Je peux en témoigner, comme je te disais en préparant cet échange, l'école de design de Nantes, l'ensemble des gens qui en sont sortis, que j'ai pu rencontrer à l'époque, et encore plus avec le podcast, je me suis dit, oh, ils sont tous assez impressionnants, ils ont tous une bonne formation. En tout cas, ils ont une vraie belle vision design. Mais tu es rarement déçu quand les gens partent en mission, ils allaient en entreprise. Donc, j'ai un excellent retour, en tout cas.

  • Speaker #1

    C'est flatteur, mais c'est vrai que je crois qu'on a une équipe à Nantes qui est une équipe de passionnés, que ce soit des dirigeants visionnaires à l'époque et qui orientent la stratégie de l'école. Et puis, des gens comme moi. les professeurs qui sont dans les différentes formations, et je crois aussi les étudiants. Et ça crée une opportunité de faire des choses incroyables, une envie de tester, de réfléchir, de faire des choses. Cette Ausha est arrivée jusqu'à moi quand j'étais encore en région parisienne. Et je me suis dit, c'est vers cet horizon-là que j'ai envie d'aller.

  • Speaker #0

    Oui, vers ce niveau d'exigence aussi, parce que j'imagine qu'être à l'école de design de Nantes et pour y rester, il faut un certain niveau d'exigence.

  • Speaker #1

    Encore une fois, c'est assez drôle. Je crois que le boulot que je faisais dans une école d'ingénieurs en faisant des projets avec les Beaux-Arts et en voulant développer la part créative était presque un copier-coller de ce que j'ai fait par la suite à l'école de design. C'est-à-dire qu'il y avait... par nature dans ce que j'avais inséré dans les référentiels de formation, dans les profs que j'avais recrutés, dans les projets que je voulais développer avec les étudiants, d'assez forte similitude avec ce qui se faisait déjà à Nantes. Ce qui fait que quand j'ai poussé mon CV une fois, deux fois, trois fois, parce qu'il y avait une personne qui était en place et qui faisait un super boulot, quand cette personne a bougé sur un autre poste dans l'école, Mon CV était sur le dessus de la pile parce que ça faisait un an que tous les deux mois, je faisais un coucou. J'existe toujours et je suis toujours très intéressé par ce qui se fait. Ça s'est fait encore une fois avec du temps. Ça,

  • Speaker #0

    c'est intéressant aussi ce que tu nous dis là. Parce que c'est vrai que l'objectif du podcast, c'est aussi de proposer aux gens qui nous écoutent d'avoir parfois des petits tips comme ça de comment on arrive à obtenir un poste qu'on aimerait avoir dans une entreprise qu'on aimerait avoir. Souvent, on rêve d'entreprise, on se dit tiens, j'aimerais bien travailler dans cette boîte-là. Comment je vais faire ? Ça, c'est une bonne technique. créer du réseau à l'intérieur de cette entreprise et puis tous les deux mois activer régulièrement dire qu'on est présent,

  • Speaker #1

    prendre des nouvelles quand on est déjà en poste et qu'on n'est pas pressé par la recherche d'emploi, on peut vraiment se dire si je cible une entreprise en particulier soit le poste n'est pas forcément là, ouvert, dispo ou créé et en prenant un peu le temps de se faire connaître et de proposer des choses tout le fait aussi d'anticiper

  • Speaker #0

    Peut-être de se dire, tiens, l'entreprise qui me fait rêver aujourd'hui, peut-être que là, je suis encore en études ou je suis dans un job et je me dis, j'ai encore au moins un an ou deux à y rester parce que j'ai aussi des objectifs personnels. En tout cas, commencer à se faire connaître, travailler autour de ces entreprises-là pour qu'ensuite, on puisse plus facilement penser à la personne. Parce qu'en fait, les gens qui font ces entreprises, qui sont intéressants, c'est des humains, c'est des relations humaines. C'est ça le plus important. Et si on commence à rentrer dans ça, au lieu d'envoyer candidature à chaque fois qu'il y a un rôle ?

  • Speaker #1

    En fait, quand on étudie un peu les emplois qui sont réellement dégagés, il n'y a que 20% des emplois qui font l'objet d'une offre d'emploi. La plupart des emplois se font parce qu'on a déjà le candidat sous la main, parce qu'on développe un nouveau poste. Alors, des fois, on est obligé de faire une offre en externe parce que... Parce qu'il y a des pratiques qui se font, mais si on a déjà identifié le candidat, on vérifie juste qu'il n'y en a pas d'autres qui peuvent être meilleurs, mais si on est déjà convaincu par une personne, ça avance. Donc, le conseil qu'on peut donner, c'est d'aller chercher les emplois avant que ce soit les offres d'emploi.

  • Speaker #0

    Là, tu arrives à l'école de design de Nantes. Est-ce que tu peux nous expliquer rapidement ce que tu as fait et maintenant ce que tu fais ? En plus, en longueur, on est là pour ça, pour comprendre ce que tu fais aujourd'hui à l'école de design de Nantes.

  • Speaker #1

    L'intitulé de mon poste, tu l'évoquais, c'est responsable pédagogique. En fait, le responsable pédagogique, il est garant de la qualité de la formation. Pour faire ça, il y a une structure de formation qui est celle de l'école, et puis il y a des spécialités métiers, moi c'est la digital. Il faut que je m'assure que ce que je donne en formation à mes étudiants soit adapté aux besoins du marché. Je pense que dans l'évolution chaque année, On n'est pas loin de 10% de changements chaque année. C'est-à-dire qu'il y a 10% des cours qui changent de nom, ou des contenus qui bougent, ou des outils qui changent, des professions qui changent, et puis des formats. On fait ce qu'on appelle des workshops, des projets, des choses qui ont des temporalités différentes. En fait, on teste des choses tout le temps, on est tout le temps avec des manettes à changer les choses. Je rembobine juste un peu, l'école de design de Nantes, c'est une asso, boîte 1901. Ça fait aussi partie de la passion qu'on a pour y travailler. Oui, on est soutenu par la CCI. On a des liens avec Nantes Métropole, avec la région. Vous avez une société privée, comme la plupart des écoles de commerce,

  • Speaker #0

    d'ingénieurs, vous connaissez ?

  • Speaker #1

    Et quand je parle de passion, je crois que le fait de se dire qu'on est là pour faire le mieux possible pour la formation de nos étudiants et pas le mieux possible pour des actionnaires ou pour un groupe privé et pour des dividendes, je crois que ça fait partie aussi de l'ADN. Et puis l'autre spécificité, c'est qu'on a des diplômes reconnus par l'État. Et pour autant, on est complètement libre de notre référentiel de formation. Et ça, c'est une richesse incroyable.

  • Speaker #0

    Et comment on l'obtient ?

  • Speaker #1

    Je crois qu'on l'obtient un peu par l'excellence. On l'obtient parce qu'on est bon. Alors, je n'ai pas envie de nous jeter des fleurs là-dessus, mais je crois que c'est... Parce qu'il y a eu un chouette boulot de fait précédemment, parce qu'il y a un travail aussi de relation avec les instances administratives de la pédagogie et de l'enseignement supérieur. Mais je crois que c'est surtout la qualité réelle de nos formations qui fait que... Donc globalement, ce qui se passe, c'est qu'on a un diplôme visé par l'État et ce visa dure cinq ans. Et tous les cinq ans, on renouvelle le visa. Mais ça nous oblige à faire part de l'innovation qu'on donne. dans la pédagogie et l'évolution de nos formations. Donc, ça nous oblige à nous remettre en cause tout le temps et de faire au mieux tout le temps.

  • Speaker #0

    Sur les cinq dernières années, comment toi, tu analyses un peu les évolutions et comment tu as fait évoluer ta formation ? On a senti beaucoup l'arrivée de la vision product. Il y a aujourd'hui l'intelligence artificielle. Il y a des organisations pour créer des produits, le SaaS, etc. On sent tous ces produits-là qui arrivent. Comment toi, tu as fait évoluer justement les cours et le contenu pédagogique ? Peut-être même qu'il y a des choses que je ne t'ai pas citées que tu pourras me mettre en avant.

  • Speaker #1

    Il y a un aspect certain, c'est le développement du nombre d'emplois dans le domaine du digital et encore plus en UX design et en product design. C'est-à-dire qu'on voit exploser à la sortie des études les offres. C'est-à-dire qu'il y a besoin de plus de designers bien formés.

  • Speaker #0

    Tu sais que c'est un peu à double tranchant, parce qu'on ressent en nous depuis, tant que professionnels, je dirais, du recrutement dans le design,

  • Speaker #1

    on ressent quand même un peu un effet de seuil. Un effet de seuil. Version 2024, en fait. Tout à fait. Mais là, tu me parles des cinq dernières années. OK.

  • Speaker #0

    Et Covid.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ça. Post-Covid. Pendant Covid. Et donc, globalement, il y avait ce besoin de former, ce qu'on fait. Et étonnamment, on avait presque un... Un recrutement inversement proportionné. C'est-à-dire qu'on avait moins d'étudiants voulant aller vers le digital et plus de boulots en sortie. Et tu parles du Covid, je crois que ce n'est pas anecdotique. Je pense qu'avoir été confiné et beaucoup attaché à des écrans comme seul moyen de communication n'a pas forcément créé des vocations de ne faire que ça ou d'être soi-même devant un écran pour travailler. Même si le métier du X-Designer est loin d'être résumé à être devant un écran. Mais la vision qu'on en a peut être celle-là. Et donc, il y a eu besoin, chose que je fais depuis toujours, j'ai l'impression, d'expliquer ce qu'était l'UX Design, d'expliquer quels étaient les métiers pour créer des vocations. Donc ça, c'était le premier aspect pour répondre à ta question. Qu'est-ce que j'ai pu faire ces cinq dernières années ? Le premier truc, c'est, avant même la formation, c'est faire savoir, faire valoir, expliquer, donc être présent. dans le cadre des communications de l'école, mais aussi des conférences, la présence sur des salons, l'explication de ce qu'on fait. Donc ce que Bill Gates appelait à l'époque de l'évangélisation, moi je pense que j'ai une partie de ça, c'est-à-dire expliquer ce que sont les choses.

  • Speaker #0

    Tu le fais très bien d'ailleurs aujourd'hui, c'est parfait.

  • Speaker #1

    Et puis c'est aussi un rôle qu'on se donne en tant qu'école d'expliquer le rôle du designer et la valeur ajoutée du design pour les entreprises, pas seulement pour les candidats, mais aussi... être en lien avec des entreprises et expliquer ce que pourrait apporter un designer sur des projets. On fait des projets en partenariat avec des entreprises, notamment pour leur permettre de lancer des nouvelles idées, de voir différemment les projets. Donc eux ils viennent pour un projet concret, et on se rend compte qu'avec un peu de recul, que c'est pas juste sur le projet qu'on est en train d'agir avec les entreprises, on est en train d'agir sur l'entreprise elle-même qui se dit Ok, là j'ai fait appel à des designers sur une période, peut-être qu'il y a un ou deux designers en interne dans l'entreprise, mais en fait si on veut faire bouger les choses, il faut que je m'adresse à un studio de design ou il faut que j'embauche un designer intégré pour aller plus loin sur ces sujets-là.

  • Speaker #0

    Parce que souvent, quand on laisse des designers dans une entreprise là où il n'y en a pas, on peut vite mettre le doigt sur plein de choses, découvrir des méthodes de travail qui sont totalement nouvelles. Je l'ai moi-même vécu parce qu'il y a quatre ans, j'étais totalement ignorant. du design du design thinking et de la force et de la puissance de ce que ça pouvait être et quand je l'ai découvert je me suis dit ah ouais c'est incroyable donc j'imagine quand des entrepreneurs ou des entreprises qui ne connaissent pas rentrent là-dedans ça

  • Speaker #1

    peut vite avoir un effet boule de neige et c'est super si vous faites ce boulot-là à la fois ça prépare le terrain pour nos designers en sortie d'école et puis moi je crois que c'est d'utilité publique en fait Je ne l'ai pas cité, on est non seulement une association de 1901, mais on est reconnue d'intérêt général. Il y a un statut qui s'appelle l'ESPIG, enseignement supérieur privé d'intérêt général. Je crois qu'on a un vrai rôle dans la société de se dire que le design et ses valeurs humaines, ses valeurs éthiques... sont apportées. Il y a l'aspect, on accélère les process, on réfléchit aux méthodologies, on fait de l'innovation qui sert vraiment, mais aussi, on prend en compte les utilisateurs, l'expérience des utilisateurs et les valeurs que ça apporte. Et puis, on prend en compte la notion de cycle de vie, d'éco-design, de numérique responsable. Ça fait partie des choses qu'on enseigne.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un cours spécifique qui est arrivé depuis peu, auquel vous n'étiez pas préparé ? Et qui est arrivé, parce que... Alors, chez le Deux Mondes ?

  • Speaker #1

    Si on remonte cinq ans en arrière, je te parle de numérique responsable. Ça fait trois ans maintenant qu'il y a un cours qui s'appelle comme ça. Et puis, quatre ans auparavant, j'ai lancé un cours qui s'appelle Éthique et Technocritique. En fait, former des designers au digital sans leur faire prendre du recul sur le médium lui-même et sur les biais et sur l'outil. Et puis, la question du dilemme moral, la question... est super important pour un designer, de savoir poser les choses comme une équation et de savoir comment le résoudre.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, moi, tu as bien vu la façon dont je te l'ai posé, c'était le marché qui dictait ce qui allait arriver dans l'école. Et à la fois, je trouve ça super intelligent de dire « Ok, il y a le marché qui demande ça, il y a plein de nouvelles choses, mais en tant qu'être humain, on va juste se poser, prendre un peu de recul et avoir aussi une critique, enfin avoir une critique qui n'est pas nécessairement négative. » C'est le propre de la critique. Et d'avoir des designers qui ne sont pas dans le béni-oui-oui, de dire, OK, on va faire ce qu'on nous demande de faire, mais plutôt être dans le pourquoi, comment faire mieux.

  • Speaker #1

    En fait, ce n'est pas antinomique.

  • Speaker #0

    C'est la même chose que tu m'as dit.

  • Speaker #1

    En fait, on peut répondre à des besoins business et il faut répondre à des besoins business. C'est-à-dire que le designer, il est là pour créer de la valeur. Mais en fait, il y a plusieurs façons de le faire et créer de la valeur en tenant compte des valeurs humaines et durables de ce que l'on fait. est encore plus positif. Et l'innovation vient souvent du fait qu'on fait peut-être comme on aurait fait sans y penser, mais on le fait encore mieux parce qu'on y pense. Et l'expérience utilisateur, elle est encore meilleure parce qu'elle est extrêmement humaine et soucieuse de l'éthique. Donc, ça marche mieux.

  • Speaker #0

    Sacré punchline qu'on va garder, celle que tu m'as lancée. Parce que, pareil, moi aussi, je suis rentré dans le design vraiment comme candide. Je ne connaissais rien du tout. Je le suis toujours, je découvre encore plein de choses. Je n'ai pas eu la chance de faire l'école de design de Nantes. Peut-être que si je revenais quelques années auparavant, je l'aurais peut-être fait, je me serais peut-être posé la question. Mais c'est vrai que comprendre pourquoi on fait les choses et comment on les fait de façon durable, j'imagine que cette question-là ne se posait pas il y a quelques années auparavant et que maintenant, si on arrive à se la poser, on peut peut-être même faire les produits de meilleure manière. Ça me fait penser à de nombreux échanges que j'ai eus avec Anna Sensio d'Asso System, qui parle de l'écoception, mais aussi de la conception circulaire.

  • Speaker #1

    Oui, design circulaire.

  • Speaker #0

    Design circulaire, merci. Design circulaire. Et moi, quand elle m'en a parlé, j'avais les yeux grand ouverts. Est-ce que je comprenais ? Et en fait, elle m'a ouvert des choses. Elle m'a dit,

  • Speaker #1

    tu me vois quoi ? Elle est une grande dame du design. Et elle a eu l'occasion de venir l'an passé à l'école de design. Et devant les étudiants, c'est incroyable la transmission avec des moments courts comme ça. Et c'est aussi l'enjeu d'avoir des designers inspirants et de montrer la voie sur des choses comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Et moi, je me rappelle que vraiment, elle m'avait ouvert à plein de choses en moi, plein de réflexions que je ne m'étais jamais posées. Si les élèves de l'école de design de Nantes peuvent l'avoir, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Dans le parcours d'Anna Sancio, il y a cette vision qui est designer industriel. Elle a fait beaucoup d'automobiles. Et en fait, ce qu'elle fait maintenant, c'est du service et de l'expérience. Et je crois que cette vision du design qui est une méthode et qu'en fait, cette même méthode peut s'appliquer à des domaines assez variés et que l'expérience du design industriel enrichit la partie design de service, je trouve que c'est assez beau comme exemple aussi.

  • Speaker #0

    C'est ce que j'essaie d'expliquer à tous mes clients, que ce n'est pas parce que la personne n'a pas travaillé dans l'assurance qu'elle ne saura pas être designer dans l'assurance, parce que justement, le propre du design, c'est d'avoir une méthodologie qui... qui s'adapte à tous les secteurs, toutes les problématiques, que ce soit en effet pour créer un vrai produit physique, industriel, ou un produit digital par rapport à un environnement, etc. Aujourd'hui, l'école de design de Nantes, sur la partie UX, c'est ça ? Vous êtes combien d'étudiants ? Raconte-nous un petit peu le quotidien de cette école.

  • Speaker #1

    Pour t'expliquer ça, je vais revenir un tout petit peu sur ta question de qu'est-ce qu'on a fait ces cinq dernières années. Globalement, l'école de design, depuis...

  • Speaker #0

    Depuis plus de dix ans, on a une quarantaine d'étudiants par an. Donc, quarantaine d'étudiants en première année, puis en deuxième année, puis en troisième année sur la partie digitale. Et puis après, on a des masters. Il y a cinq années. On est un grade de master. On est aussi le premier et pendant longtemps, on était le seul établissement avec grade de master à la fin. C'est en plus du visa. On est un peu l'exception dans le patin. dans la partie française sur cette reconnaissance. Mais donc globalement, on sort purement de la formation UX Design une quarantaine d'étudiants par an. En fait, c'est plus large que ça parce qu'on incorpore au fur et à mesure des années d'autres personnes avec lesquelles on va travailler, mélanger un peu les compétences de nos étudiants. Donc c'est plutôt entre 50 et 60 étudiants sortis sur des thématiques. Il y a deux ans, Je me suis posé la question de, est-ce qu'avoir une formation unique avec un socle du X-Design a encore du sens à un moment où le marché commence à avoir des designers de plus en plus spécialisés ? Tu parlais de product designer, il y a des UX researchers, il y a des UI designers, il y a des UI UX, etc. Stratégie designer, etc. Et j'ai fait appel à mon réseau d'anciens, beaucoup. à pas mal d'entreprises avec lesquelles j'ai des contacts pour essayer de référencer les compétences nécessaires pour être un bon designer. Et puis, j'ai essayé d'attribuer des compétences aux différents profils. Et en fait, ce qui est ressorti de cette étude-là, c'est que les compétences sont quand même assez larges et que jusque-là, notre socle de compétences était commun à tout le monde et que si on veut sortir des profils un peu spécifiques qui vont dans un domaine ou dans un autre, ça peut être intéressant de personnaliser le parcours et de pousser plus loin. Et là, depuis deux ans, on a fait le choix d'avoir ce qu'on appelle une majeure UX design, qui est un tronc commun, et d'avoir deux spécialités. Jusqu'avant, il n'y en avait qu'une seule, que le tronc commun. Et j'ai monté une spécialité dans le domaine vraiment du design d'interface, donc des gens qui ont des compétences UI encore plus poussées, et puis des compétences interaction design, c'est-à-dire des gens qui vont être sur les interfaces humain-machine. qui vont travailler plus spécifiquement sur l'interface vocale, sur l'interface tactile, sur des choses de type interface de véhicule. On a des workshops spécifiques sur l'interface dans les voitures. Cockpit. J'ai un ancien étudiant qui fait les cockpits du futur pour Airbus, pour les prochains avions, et qui nous fait des retours réguliers. On a cette vision-là, donc ça c'est la partie plus UI. Et puis l'autre spécialité... je l'ai intitulé « Design de service » . Et l'idée, c'est de faire monter en compétence stratégique nos étudiants. C'est-à-dire que là, on va avoir plus d'entrepreneuriat, c'était un de tes sujets, on va avoir des choses qui vont être plus sur la conception de service, identification des acteurs, équilibre d'un service, et puis comprendre les enjeux stratégiques, les motivations, les freins, donc aller plus loin sur les mécanismes des services, et puis permettre à ces gens-là de prototyper tout de même. Ça fait partie de l'ADN. Je n'ai pas précisé, mais depuis toujours, l'idée à Nantes, c'est de former des designers qui sont très bons en conception, qui sont très bons en création, mais qui ont les outils de prototypage. C'est-à-dire qu'ils codent, ils font du web, ils font de l'Arduino pour créer des objets connectés, ils codent un peu dans des logiciels comme Unity 3D ou Unreal Engine pour créer des dispositifs de réalité virtuelle ou de l'interaction humain-machine, parce qu'on ne peut pas être un designer sans outils de proto. Et puis, on ne peut pas être, de mon point de vue, un bon designer si on ne sait pas comment les ingénieurs vont faire les choses réellement.

  • Speaker #1

    Ça devient des sacrés profils. C'est vrai qu'on commence à toucher à beaucoup de compétences.

  • Speaker #0

    Ce que je vois comme évolution depuis des années, c'est qu'il y a moins d'appétence du designer à être très fin côté tech, à être réellement développeur. J'ai toujours des exceptions à ça, mais globalement, c'est plus une compréhension et les outils comme Figma, les outils no-code. vont dans ce sens-là, c'est-à-dire qu'on n'a plus besoin d'avoir les mains dans le cambouis. Et pour autant, je pense que c'est important de garder cette capacité de compréhension technologique. Ça, c'est le retour aussi de tous les professionnels. Pour un projet de conception numérique réussi, il faut que le binôme designer-développeur fonctionne. Et que si globalement, le développeur n'a pas de culture design du tout, pas de compétences et de culture tech, ça ne fonctionne pas.

  • Speaker #1

    C'est sûr que si vous avez une curiosité intellectuelle pour le dev et la technique, il ne faut vraiment pas du tout la mettre sous le tapis, bien au contraire. Tous les designers qui ont une vraie compétence technique, ils ont un temps d'avance sur d'autres. Il faut vraiment la cultiver et continuer dans ce sens, parce que c'est ce qui fait beaucoup la différence dans des entretiens, dans tout ce que je vois dans les attentes. C'est connaître un peu de code, être à côté du développeur, livrer des maquettes qui correspondent aux attentes d'un développeur. Même aujourd'hui, on parle de design system.

  • Speaker #0

    et de préparer les...

  • Speaker #1

    On arrive presque à de l'ingénierie design avec les tokens, etc. Je ne comprends pas comment ça fonctionne, mais je sens qu'en tout cas, il y a une vraie complexité dans laquelle il faut rentrer. Et tous ceux qui ont cette fibre-là, c'est un vrai plus qu'il faut pouvoir continuer à cultiver.

  • Speaker #0

    Tu citais les designers qui ont des compétences de tech. Ce n'est pas forcément ce qui... Ils vont l'utiliser directement dans leur boulot futur. Mais je vois plein de profils. La semaine dernière à Nantes, j'ai fait revenir des anciens qui sont sortis il y a plus de 10 ans de l'école. C'est un événement que j'ai appelé UX Community, que je vais faire chaque année, pour mettre en résonance ce réseau d'anciens. Depuis 2000, il y a à peu près 1000 designers formés à l'école de design dans le domaine digital, si on prend un peu le résumé. Ça fait du monde.

  • Speaker #1

    Et j'allais dire, et pas les derniers en plus. Moi, j'aurais aimé, à l'époque, dans mon école, même de commerce, de voir, tiens, quelqu'un qui a fait mon école et qui est directeur commercial de telle entreprise, qui a créé telle entreprise, etc. Je trouve ça hyper inspirant.

  • Speaker #0

    C'est inspirant, puis ça montre une voie. Et puis, il y a des phénomènes d'aspiration aussi. Il y a des phénomènes de réseau d'anciens. Je prends l'exemple, on a eu, autour des années 2012-2013, un premier étudiant sortant de l'école. qui s'est fait embaucher après un petit passage à Sciences Po Paris, dans le Media Lab de Sciences Po. Il est allé chez Google en Californie. Et deux ans après, il y avait cinq ou six designers de l'école chez Google. Il y a à la fois, parce que c'est inspirant, on ne savait pas qu'on pouvait le faire et maintenant on le sait, donc on y va. Et puis, il y en a un qui a ouvert la porte, il n'a pas bien refermé derrière lui, donc on le suit.

  • Speaker #1

    De fait, l'école, elle rentre dans les bonnes écoles référencées pour les recruteurs, etc.

  • Speaker #0

    J'ai eu ce cas-là. des premiers étudiants qui sont allés bosser pour Meta. À l'époque, c'était le groupe Facebook. Notamment dans le studio design de Londres, qui est un studio important en termes de conception. Et il y en a eu un, puis deux. Et puis après, j'ai eu la responsable des ressources humaines de Facebook qui m'a appelé en disant, on voit vos designers. Est-ce qu'on peut venir dans votre école pour présenter l'activité design de Facebook parce qu'on a envie de recruter chez vous ? Et ça, c'est valorisant, c'est intéressant. Et puis, encore une fois, ça fait travailler les étudiants sur une réflexion de carrière d'une part, et puis aussi d'éthique. Est-ce que j'ai envie d'aller bosser pour Facebook ? Donc, ça a lancé des débats qui étaient très intéressants à l'école. C'est à la fois le réseau des anciens, et puis comme tu le dis, c'est les entreprises identifient que le label École de Design de Nantes inspire confiance.

  • Speaker #1

    Ce que tu m'as dit là sur les deux options en marge. Ça fait vraiment sens, en tout cas, par rapport à ce que je vois dans les besoins des entreprises. Le profil vraiment designer, producteur, créateur, builder. Et le profil plutôt designer, vraiment en amont, stratégiste, service designer. Ça, je trouve ça super intéressant.

  • Speaker #0

    J'entendais dans un épisode précédent de ton podcast, Mehdi de Capgemini Bruxelles, que tu lui posais la question, c'est quoi pour toi les profils de personnes que tu recueilles ? recrute, c'est ces deux choses-là. Le designer stratégiste et puis le UI designer bien pointu qui fait des maquettes. Moi, ça veut juste dire que le choix que j'ai fait deux ans avant a du sens.

  • Speaker #1

    C'est ça, quand on interview les gens, quand on s'intéresse au marché, normalement, il n'y a pas de raison qu'on soit en dehors. On va discuter rapidement aussi de la partie designer-entrepreneur. Pour moi, c'est quelque chose qui me tient à cœur, de mémoire, dans les échanges réels. avec Benjamin et avec Simon, ce n'était pas non plus quelque chose d'ultra poussé par l'école. Et à la fois, de ce que j'entendais de leur retour d'expérience, en tout cas, on leur laissait toute la liberté pour. Est-ce que justement, tu peux m'expliquer un peu votre vision par rapport à ça ? Parce que j'imagine que des jeunes qui rêvent de créer plein de choses, c'est un peu, c'est que ça, l'école de design de l'an. Comment on arrive à la fois à encadrer ça ? Parce qu'ils ont quand même un projet professionnel à suivre. et à la fois leur donner la liberté d'y arriver.

  • Speaker #0

    Je crois que dans l'historique de la culture des écoles de design, et peut-être spécifiquement à Nantes, il y a un tabou du côté de la création de valeur, de l'entrepreneuriat. C'est-à-dire que dans un bon projet de design... on ne prenait pas forcément en compte le modèle économique et l'innovation du modèle économique. Le gagner de l'argent.

  • Speaker #1

    Pour les utilisateurs, il y a un côté un peu...

  • Speaker #0

    C'est ça. Donc, on est souvent avec notre casquette de professeur, avec l'idée de ça, on verra plus tard, ou ce n'est pas votre sujet. Et en fait, on se rend compte que si, et qu'un bon designer, c'est aussi celui qui comprend la dimension business. Donc, je pense que les choses évoluent. On a une notion de designer manager de projet. et de management d'équipe et d'optimisation des processus, et notamment dans les cycles master, on développe beaucoup cette partie-là. Mais la partie entrepreneuriat, elle est souvent présente auprès des étudiants. Je te parlais de mon travail avec des ingénieurs précédemment, avant d'être à Nantes, je faisais des séminaires d'entrepreneuriat, et moi-même en tant qu'étudiant, j'ai fait des concours d'entrepreneuriat, j'ai remporté un concours d'entrepreneuriat de la Chambre de commerce de Versailles. Et c'est... Peut-être anecdotique, parce que je n'ai pas développé ma propre entreprise, mais ça m'a montré l'apport que ça pouvait avoir dans les études, d'avoir cette vision de l'entreprise, la compréhension stratégique de l'entreprise. Et ça, c'est des choses que j'ai toujours insérées dans mes propres programmes de formation. On a en France plein de petits concours, événements. Il y a des startups week-end. Il y a un concours qui est devenu national qui s'appelle les Entropes, qui s'appelait les entrepreneuriales, qui était juste en Vendée, Pays de la Loire. précédemment, qui sont des super occasions d'être en contact avec des chefs d'entreprise qui ont envie de transmettre, et puis d'être en équipe avec des étudiants qui viennent d'autres écoles. Moi, j'ai toujours une quinzaine d'étudiants par an qui participent aux entre-up, dès la deuxième année de formation.

  • Speaker #1

    Mais en avancée, j'imagine,

  • Speaker #0

    tu dis qu'il y a ça qui existe.

  • Speaker #1

    Il y a ça qui existe, et on va être bien...

  • Speaker #0

    Encore une fois, avec ma façon de faire du réseau, j'ai développé des ponts avec les organisateurs de ce concours. Je les invite à l'école, ils utilisent nos locaux pour certains workshops, des choses comme ça. Et puis moi-même, j'interviens pour coacher les étudiants qui se lancent dans cette aventure-là, notamment sur comment pitcher son idée ou comment créer de la communication. Donc je l'amène ma pierre à l'édifice, mais je me rends compte du bénéfice que ça a pour mes étudiants de faire ça. Et en fait, il y a à la fois ça... Le fait de faire des stages en cours de formation, certains étudiants se disent « En fait, j'ai des compétences. Et plutôt que bosser à livrer des pizzas ou à faire de la logistique pour une chaîne de supermarché pour financer mes études, je peux arrêter ça et me monter un statut d'auto-entrepreneur, freelance et de commencer à répondre à des projets. » Donc, je pense que ça, c'est des choses sur lesquelles moi, je passe. Juste de l'information, ce qui est possible, ce qu'on peut faire, comment on le fait clean, etc. Et donc, je crois que ça commence comme ça. Et d'avoir des étudiants qui se rendent compte qu'ils peuvent financer leurs études en partie en complétant leur formation et en ayant de l'expérience, c'est un premier pas vraiment intéressant.

  • Speaker #1

    En effet, la notion business, même pour les entreprises, d'avoir des designers qui comprennent comment ça fonctionne, qui sont intéressés pour que leur design aille dans ce sens-là, aussi avec les idées. en compromis avec ses utilisateurs aussi, mais c'est vrai que c'est un retour d'expérience qu'on a souvent aussi sur toute la partie data et savoir expliquer l'impact du design peut-être à des chefs d'entreprise et parfois à des financiers qui pensent plutôt en chiffres plutôt qu'en émotions. C'est tout cet aspect-là qu'il faut réussir à développer et quand on passe par justement l'entrepreneuriat en école, ça peut faire sens pour le développer et le prouver en entretien et dire, regardez, déjà... J'ai aussi fait ça et ça peut faire sens pour beaucoup d'entreprises.

  • Speaker #0

    Là, je t'ai parlé de dispositifs externes à l'école qui est un peu le... Oui,

  • Speaker #1

    c'est ce que j'allais dire. J'allais dire peut-être...

  • Speaker #0

    Mais en interne, en fait...

  • Speaker #1

    L'entre-concours.

  • Speaker #0

    Le fait d'avoir développé une formation design de service avec l'idée d'en faire des designers qui ont une compréhension stratégique, j'ai rajouté des cours. Je fais déjà depuis des années un cours sur les modèles économiques du numérique. les business models qui sont particuliers. En fait, quand on vend des choses qui sont immatérielles et duplicables à l'infini, il y a des modèles économiques qui sont particuliers. Mais là, ça va être de plus en plus complété par des cours vision un peu business. Ça, c'est un premier point. Et puis, plus globalement, au niveau de l'école, je travaille avec des collègues sur une réflexion de parcours entrepreneurial. C'est-à-dire que, OK, tu es un étudiant, tu fais un projet. et puis tu te rends compte que ce projet, tu as envie de le pousser plus loin, on va t'accompagner pour ça. Et donc l'idée, c'est de flécher à la fois des modules déjà existants et puis des accompagnements supplémentaires qu'on va proposer à des étudiants qui rentrent au fur et à mesure de leur formation dans un parcours entrepreneurial. Et le point d'orgue de ça, c'est le projet de fin d'études qui est une façon d'incuber le projet. Donc le projet de fin d'études où nos attentes historiques sont plutôt sur la partie design, conception, expérience. démontrer la valeur ajoutée de la conception, se complète par une vision business sur en quoi l'écosystème permet d'accueillir et en quoi le réseau permet de financer et en quoi on peut développer réellement le projet à la sortie.

  • Speaker #1

    Pendant mes études, je faisais aussi beaucoup les parcours d'entrepreneuriat et au final, à la fin, je n'ai pas fait d'entrepreneuriat tout de suite, mais 15 ans plus tard, je ne dis pas que ça m'a servi, mais en tout cas, ça m'a permis de me dire que c'était... c'est sûrement possible de le faire. Et moi, découvrant le design depuis ces 4-5 dernières années, je me rends compte que la méthode que j'ai mise en place pour créer mon entreprise, ce n'était pas du tout les méthodes que j'avais apprises à l'époque. C'était le design thinking. Et qu'en fait, le designer a beaucoup de toutes les compétences qu'il faut pour être créateur d'entreprise. Je le dis souvent, il manque peut-être la partie commerciale, business, aller chercher des... aller chercher des clients, et toute la partie prospection, etc. Et puis, sûrement, la partie financière, administrative. Mais sinon, créer un produit, créer un business model, comprendre ses utilisateurs, comprendre ses clients, etc. Et ensuite, toute l'idéation pour finir un produit fini qu'on aurait échangé et testé. En fait, c'est design thinking, et donc, c'est de la création d'entreprises.

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Je trouve que vraiment, être aujourd'hui, être limited. Je préfère une formation de designer pour être entrepreneur qu'une formation en école de commerce. Enfin, j'en suis peut-être à l'air. Après, je suis peut-être un petit peu trop too much parfois.

  • Speaker #0

    Je crois que la bonne vision, ce n'est pas forcément le design ou le commerce ou l'ingénierie, c'est les trois. En fait, c'est comment est-ce qu'on identifie les compétences de chacun et comment est-ce qu'on sait s'associer aussi avec des personnes. Bien sûr, développer des compétences propres d'entrepreneur. Je pense qu'il y a, un peu comme partout, 10 % de... de personnes qui sont par nature entreprenantes. Et je crois que cette fibre-là, il faut juste l'allumer, en fait. Il faut donner l'occasion aux étudiants de la révéler et de la cultiver.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, justement, c'était peut-être une de mes dernières questions par rapport à l'école de design de Nantes. Est-ce que vous allez aider d'autres écoles, peut-être même des entreprises, à découvrir le design ? et à intégrer le design parce qu'il y a très peu, j'ai échangé avec des jeunes en école de commerce et qui me disaient qu'ils avaient eu des cours de design thinking. J'ai trouvé ça fantastique à me dire, tiens, potentiellement, le design va entrer dans tous les différents corps de métier et donc que ce soit beaucoup mieux compris. Est-ce que justement vous avez ce type d'activité ?

  • Speaker #0

    Alors... On a monté une formation commune avec Audencia, qui est une école à Nantes dans le domaine du commerce. Et on a un bachelor qui est un tiers design, un tiers business et un tiers média. Il y a une troisième école qui s'appelle ScienceCom. Et donc, on a monté cette formation un peu hybride pour des profils beaucoup plus larges que nos concepteurs. Donc ça, c'est un premier aspect. Donc là, c'est la deuxième année d'existence de cette formation. On a des super promesses. C'est tout neuf, donc ça va dans ce sens-là. L'autre aspect que l'on fait, c'est ce qu'on appelle la formation continue, c'est-à-dire on propose des modules pour les professionnels et on les forme. Et puis le troisième aspect, c'est ce dont je parlais, les projets en partenariat, c'est-à-dire le fait de faire travailler des étudiants et d'inviter les professionnels à venir voir ce que ça donne. C'est une façon de distiller un peu la culture design dans les entreprises, puis à inciter les dirigeants à se former. Je pense que ça, c'est un gap qu'on a passé. On a... On a beaucoup fait ça depuis 20 ans. Je crois que maintenant, on n'a plus besoin de prouver que le design est important pour des entreprises. Je crois que la culture avance.

  • Speaker #1

    Franchement, c'est des retours qui n'ont pas toujours le cas. Parce qu'en fait, l'impact, il est encore peut-être parfois trop difficile à comprendre.

  • Speaker #0

    Ça ne veut pas dire que ça ne sert à rien de continuer à évangéliser, même si je n'aime pas ce terme, mais cette idée d'expliquer et puis d'acculturer. Mais moi, j'ai vu vraiment une évolution des entreprises. Tu parlais de ça. Il y a des entreprises qui faisaient que du logiciel, du progiciel. Il y a 15 ans, ils n'avaient pas un seul designer. Maintenant, ils se sont rendus compte que sans designer, ils ne pouvaient pas se positionner en concurrence. Ils ne savaient pas faire évoluer leurs produits. Donc, ça avance.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. C'est vrai. En fait, je pense que ça avance. Mais on aimerait toujours que ça aille beaucoup plus. C'est vrai que... C'est frustrant.

  • Speaker #0

    Ça nous apprend aussi l'humilité où le design n'est pas non plus la solution ultime tout le temps et qu'il faut s'assurer qu'on soit toujours performant et apporter toujours des choses en plus.

  • Speaker #1

    Bon, écoute, on arrive sur la fin de l'échange. C'était super intéressant. On a pu découvrir l'école de design de Nantes. le fonctionnement et comment vous avez pensé toutes ces évolutions. Est-ce que toi, pour terminer l'échange, j'aime bien discuter des recommandations des invités. Est-ce que toi, tu as une recommandation d'un livre ou d'un site web, en tout cas d'une source d'information qu'on pourrait partager aux auditrices et auditeurs et aux viewers ?

  • Speaker #0

    Moi, je pense que les podcasts sont... C'est une belle occasion d'apprendre beaucoup de choses. Je t'ai beaucoup écouté et les gens que tu as pu interviewer. Sur des podcasts plus généralistes, moi, je recommanderais Le Code a changé, qui est publié par Radio France. Xavier Delaporte, qui est un journaliste qui fait beaucoup de choses par ailleurs, réalise ce podcast-là et c'est toujours éclairant. Et ce que j'aime dans ce podcast, c'est à la fois les sujets qui sont traités, qui sont toujours en lien avec la culture et le domaine digital. D'accord. mais qui sont également, le journaliste lui-même nous raconte son cheminement de pensée et de découverte du sujet qu'il est en train d'aborder. Et je trouve cette façon de faire très inspirante, éclairante, sur l'humidité de « je ne sais pas tout » et je découvre en écoutant et en questionnant et en me questionnant moi-même. Le code a changé. Le code a changé en podcast Radio France. Ça, ça peut être une première recommandation.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un film et un album de musique ? à nous recommander qui sont peut-être les questions les plus complexes de ce podcast.

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a des choses qui sont très actuelles, mais là, en me replongeant un peu sur l'historie de comment je suis arrivé dans ce domaine-là, je dirais qu'en film, des trucs un peu anciens de type Blade Runner, cette vision...

  • Speaker #1

    C'est que Blade Runner, on nous l'a ressorti, et c'est très bien. Et ça montre un peu l'impact à la fois sur une génération, mais Blade Runner... On l'a déjà donné trois ou quatre fois.

  • Speaker #0

    Je pense qu'on est dans une vision du futur, mais c'est comme au niveau des livres. Moi, je pense qu'il faut lire Aldous Huxley, Le meilleur des mondes. Il faut lire Orwell 1984, ou Paranite, ou iRobot. Je pense que les visions dystopiques qui ont un lien avec la technologie et l'évolution du monde sur la techno nous permettent d'avoir des points de repère et de faire des choix.

  • Speaker #1

    et de lever des...

  • Speaker #0

    Côté éthique, le fait de se dire « Ok, je n'ai pas envie que ce soit ça » ou sentir l'appel des sirènes, Aldous Huxley, « Le meilleur des mondes » , il y a des moments où on se pose la question « Pourquoi est-ce qu'on ne fait pas ça ? » et à d'autres moments, on se dit « Mais c'est absolument horrible. » Je trouve que cette dualité de vision du monde est importante à questionner. Et ouais, Blade Runner, on est un peu là-dedans, en fait.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as un album de musique ?

  • Speaker #0

    Pareil, si je prends la même période, quand j'étais en boîte de pub, j'écoutais du Pink Floyd en album inspirant. Alors, il y a des choses très, très planantes, Dark Side of the Moon, etc. Moi, je pense que The Wall reste, encore une fois, avec une vision de réflexion du monde. Et puis, je pense aussi au film qui a été fait en parallèle de cet album. Donc, Pink Floyd, The Wall.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Florent. C'était un vrai plaisir d'avoir ce moment avec toi, que tu nous expliques un petit peu tout ça. On se suit sur les réseaux sociaux, on te suit aussi, on n'en a pas parlé, de Friends of Figma Nantes, que maintenant tu gères avec plusieurs de tes camarades. Peut-être on peut faire un mot d'ailleurs sur ça.

  • Speaker #0

    Juste un mot là-dessus. Friends of Figma existe un peu partout dans le monde et n'existait pas à Nantes alors qu'on a une communauté et il y a la French Tech et il y a un écosystème d'entreprises assez important. Et avec différents designers que je connais, notamment par l'école, Antonio Fidalgo, chez Winepoint, Renaud Goujat, qui travaille dans une boîte qui s'appelle Palo Haiti, on s'est dit, on a envie que ça se fasse. Et donc, on a créé l'antenne Nantaise. Et on l'anime depuis novembre dernier. Et puis, ça se passe très bien.

  • Speaker #1

    Oui, avec succès.

  • Speaker #0

    On a des beaux événements. On a des gens qui viennent. Ça fait encore des occasions de réseau, de rencontres.

  • Speaker #1

    C'est un vrai passe-temps que tu aimes bien. Bon, super. Écoute. On te souhaite le meilleur pour tout ça. Et puis, une excellente rentrée en 2025 pour l'école de design de Nantes. Je te dis à très bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Paul, pour l'invitation.

  • Speaker #1

    Au revoir. Au revoir. Merci d'avoir écouté le podcast Head of Design. Si tu souhaites faire partie ou faire appel à Design Club, tu peux nous retrouver sur designclub.fr. et m'ajouter sur LinkedIn. Je serai ravi de débriefer avec toi. Enfin, tu peux nous supporter en donnant ton avis 5 étoiles et en t'abonnant pour suivre nos prochains épisodes sur ta plateforme d'écoute préférée. Le club ferme ses portes. J'espère que vous avez apprécié. A bientôt.

Description

Aujourd'hui, je reçois, Florent Michel, responsable pédagogique Majeure UX Design à l’École de Design de Nantes


Ensemble on va répondre à la question suivante : 👉 Comment se construit la nouvelle génération de designers ?


Ainsi, on se nous plonge dans l’univers de la formation en design. Comment l’école évolue-t-elle face aux mutations du marché ? Comment préparer les étudiants aux réalités du terrain ? Et pourquoi le réseau et l’entrepreneuriat sont devenus des éléments clés du parcours d’un designer ?


On parle aussi de Friends of Figma Nantes, du rôle stratégique du design dans les entreprises et des compétences indispensables aux designers d’aujourd’hui.


🎧 Un épisode inspirant pour designers, étudiants et recruteurs qui veulent comprendre les coulisses de la formation et les tendances du design en France !


Vous avez laissé votre manteau au vestiaire… Bienvenue dans le club !


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Paul MenanT, cofondateur de Design Club, un collectif international 100% design et research. Grâce à la force du nombre, on accélère les projets de nos clients et la carrière de nos membres dans le monde entier. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'animer le podcast Head of Design, un podcast qui met en lumière ces personnalités inspirantes qui définissent les tendances du design. Vous découvrirez leur parcours, savoir-faire, et les convictions qui les animent, tout en partageant leurs bonnes pratiques et recommandations. Allez, c'est parti ! Vous avez laissé votre manteau au vestiaire ? Bienvenue dans le club ! Aujourd'hui, nous recevons Florent Michel, tu es responsable pédagogique à l'école de design de Nantes et le nouvel invité de ce podcast. Je te remercie d'être présent. Florent, bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour Paul.

  • Speaker #0

    Merci de me suivre dans cette folie pour la première fois où on fait un podcast en vidéo. L'idée, c'est qu'aujourd'hui, on va discuter de ton parcours, comprendre un peu qui tu es. Et puis, on va faire aussi un gros focus sur l'école de design de Nantes, sur le design de demain et les designers de demain. comment toi, tu vas les aider à aller vers tout ça et comment tu les accompagnes. On va aussi discuter du concept de designer entrepreneur que j'aime bien porter. Et en plus, dans ce podcast, on en a eu trois qui sont passés par l'école de design de Nantes. Pierrick Thébault, Benjamin Berger et Simon Artebis, qui était encore il n'y a pas si longtemps à l'école de design de Nantes. Et voilà, et puis on va aussi discuter de Friends of Figma à Nantes, que t'animes, bref, t'as une vie bien chargée. Et donc, c'est un peu tout ça dont on va discuter. Ça te va ?

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    La première question que j'aime poser à mes invités, c'est à quel moment tu découvres le design dans ta vie et que tu te dis tiens, c'est quelque chose que je vais continuer tout au long de ma carrière.

  • Speaker #1

    C'est assez drôle parce que ce n'était pas forcément la porte d'entrée dans les métiers. Alors moi, je suis vraiment spécialisé dans le domaine numérique. Ce n'était pas le terme design qui m'a accroché au démarrage et je l'ai découvert un peu au fur et à mesure. Moi, je viens plutôt du domaine de l'image. J'ai démarré avec une formation d'InfoCom, une formation en communication. Et donc, sur le média, sur le message à transmettre, etc. J'ai une première formation en InfoCom et j'ai travaillé assez vite en boîte de communication, de publicité. Je suis rentré dans le graphisme, dans l'infographie, pour mettre en pratique la partie communication. Et c'est plus tard que la partie vraiment design, parce que je faisais déjà du design graphique à l'époque, moi, je n'appelais pas ça comme ça. et le sentiment de faire de la communication.

  • Speaker #0

    Et à quel moment tu découvres ces aspects de design thinking, l'UX, l'expérience utilisateur ?

  • Speaker #1

    Si je reprends un peu la notion de dérouler dans ma vie, je suis infographiste en boîte de pub, je fais des visuels de stand, je fais un peu de site web à l'époque, je fais de la mise en page de magazine, et je m'ennuie en fait, parce que ça ne bouge pas, parce que c'est de l'image fixe, et je me dis, il y a des trucs qui existent. Alors là, on est dans le début des années 2000, il y a des trucs qui existent qu'on appelle... web d'une part, puis le multimédia. C'était la grande époque des DVD-ROM, de cette réflexion un peu, le DVD du Louvre, le DVD d'Orsay, ce genre de choses. C'est des ROM à l'époque. Et je me dis, mais il y a quand même des choses à explorer et ça m'intéresse. Et j'arrête ce boulot d'infographiste, je reprends mes études dans le domaine du multimédia. J'ai avancé dans le domaine de l'image, cette fois animée. Et là, j'avais une spécialisation de communication culturelle. Et je trouvais ça passionnant. De me dire, OK, j'ai un groupe de musique, j'ai un musée, et qu'est-ce qu'ils veulent dire ? Quelles sont leurs essences ? La notion du brief évolue sacrément. Être en agence de pub et avoir des briefs vraiment de marketing, en fait, et migrer vers des briefs culturels. De se dire, OK, c'est quoi l'état d'esprit ? C'est quoi que je souhaite transmettre ? Et ça m'a passionné, cette partie-là. Je crois que je suis rentré dans le design à peu près à ce moment-là. À un moment où, là, on est dans les années 2005, donc on ne parlait pas encore du X-Design, on était... sur les balbutiements de ce qui était en train de se formaliser. J'ai continué dans ce domaine-là.

  • Speaker #0

    Donc la notion de design thinking, elle arrive encore un peu plus tard. 2010, j'imagine, c'est un peu la date de naissance qu'on donne en France autour de cette méthodologie.

  • Speaker #1

    Si je déroule mon histoire pour aller jusqu'à 2010, là, j'ai repris des études. Je travaille en parallèle en apprentissage. Je travaille pour une boîte de web, de multimédia, qui fait du site web. Alors, je fais du Flash à l'époque, la belle techno de l'époque. Je fais des sites web dynamiques et je me dis que j'ai encore envie d'aller plus loin. Après cette formation de multimédia, je vais vers une formation de chargé de projet informatique spécialisé dans la réalité virtuelle. De l'image fixe, je passe à l'image animée et de l'image animée, je passe à l'image 3D immersive. J'ai continué jusqu'en master réalité virtuelle. Ma formation académique s'arrête là. Et arrive le moment de savoir quoi faire de ça.

  • Speaker #0

    Ça, c'est un moment, peut-être qu'on en reparlera juste après, mais pour un étudiant, qui n'est pas simple, de rentrer sur le marché de l'emploi avec les compétences qu'on a. Et toi, c'est un de tes gros sujets aujourd'hui, c'est réussir à mettre les designers dans le monde de l'emploi le plus facilement possible.

  • Speaker #1

    Je crois que déjà à l'époque, A la fois, je développe des compétences de concepteur, de designer numérique, et à la fois, je développe une notion de réseau où chacun des profs que j'ai eus, chacune des conférences que j'ai suivies, je suis resté en contact avec les personnes. Et une bonne partie des étudiants qui étaient dans mes classes, l'idée, c'était de garder le réseau et de voir comment eux se débrouillaient et de voir ce qu'ils apprenaient eux-mêmes. Donc, j'étais déjà à cette époque-là dans cette dynamique. Et à la question qu'est-ce qu'on fait de ses compétences à la sortie d'un master, en fait, moi j'ai laissé un peu le destin, le hasard, je ne sais pas, jouer pour moi. J'ai été appelé dans une école parisienne qui avait un master de réalité virtuelle depuis quelques années et dont ce qu'on appelle le référentiel de formation était vieillissant. Globalement, la liste des cours, la liste des profs, le digital en général et la réalité virtuelle à l'époque peut-être en particulier, évoluent super vite en fait. La personne qui se chargeait de ça était en arrêt maladie depuis un bon moment et n'était pas spécialisée en réalité virtuelle. Et donc, on m'a appelé pour une mission courte de « Florent, toi qui sors d'un master, on t'a croisé à plein d'endroits, est-ce que tu pourrais nous filer un peu de main pour mettre à jour un référentiel de formation ? » Moi, ma casquette, elle est pédagogique, mais je suis tombé dedans. Je n'ai pas fait de sciences de l'éducation à la fac. Je n'ai pas travaillé en amont sur cette partie-là.

  • Speaker #0

    Et c'est comme ça que tu arrives aussi à te faire identifier comme quelqu'un de pertinent, justement, par ce réseau et par ses différentes actions pour aller au-devant de certaines conférences, au-devant de certaines personnes. Ce qui fait qu'en fait, souvent, ce dont les étudiants pâtissent, c'est du manque d'expérience. Et donc ? Là, toi, tu avais réussi à voir ce gap-là, à le minimiser de cette façon.

  • Speaker #1

    Oui, sans en prendre forcément conscience à l'époque. Pour moi, c'est naturel, en fait. Je crois que je suis curieux de nature et je crois que j'ai envie d'apprendre tout le temps. Et du coup, aller à des conférences. À l'époque, c'est aussi un moment où j'avais mon blog. C'était la belle époque des blogs. Je crois que j'ai eu un des premiers WordPress. de mes promos d'étudiants, en fait. Et en fait, je faisais la veille et je publiais des articles de blog qui relataient ma veille. Et pour ça, je posais des questions à des gens. Donc, je contactais des éditeurs logiciels, j'allais voir des salons et je posais des questions et je faisais mon petit journaliste, comme d'autres...

  • Speaker #0

    C'est drôle, justement, Benjamin, il s'est fait repérer aussi de cette façon-là, par Atlassian à l'époque. Il l'explique dans son podcast. Et c'est vrai, il créait du contenu à le haut devant. En tout cas, c'est vraiment ce qu'on peut... On peut souhaiter et pousser auprès des étudiants.

  • Speaker #1

    Tu citais Pierrick Thébault, qui est Head of Design chez Shine. Il est de la même génération que moi et je lisais ses articles qui publiaient de la même façon. Et je crois qu'il lisait les miens. On était rentrés en contact, on était encore étudiants l'un comme l'autre. Lui, il venait de l'école de design de Nantes. Moi, j'étais encore au master à Laval avec Harry Métier. Et en fait, on échangeait. Et donc, le réseau, il se fait en partie par curiosité de démarrage.

  • Speaker #0

    Et donc là, tu rentres dans le monde du travail, tout de suite dans le monde de la formation pédagogique. Ça ne va pas te lâcher ?

  • Speaker #1

    Oui, en fait, je suis arrivé pour une mission courte. Et puis, la personne que je remplaçais est restée en Arrima Lady longtemps. Et il y a eu plein d'autres occasions de faire d'autres choses. Je suis venu sur une mission de mise à jour d'un référentiel, puis de recrutement d'enseignants, puis de coaching des enseignants, puis de suivi des étudiants. Après, j'ai monté deux nouvelles formations parce que l'école où j'étais évoluait. Incroyable. J'ai monté un master de jeux vidéo, domaine dans lequel je n'étais pas forcément avec un niveau d'expertise, mais je me suis entouré de personnes.

  • Speaker #0

    Toujours la curiosité.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Et de trouver les bons interlocuteurs et puis d'avancer avec des équipes.

  • Speaker #0

    De toute façon, monter une formation, j'ai l'impression que c'est beaucoup plus du réseau et aller vers les autres et essayer de comprendre qui est un peu quelqu'un qu'on va suivre dans sa pensée et dans sa vision, plutôt que de savoir soi-même comment... Comment bien faire les choses ?

  • Speaker #1

    Je crois qu'identifier des personnes qui ont envie de transmettre. Je crois que c'est une grosse partie de mon boulot, en fait, d'identifier des gens qui, non seulement ont la compétence, mais éventuellement, il y en a beaucoup, y compris des personnes qui ont encore plus de compétences. Bien sûr. Mais surtout, l'envie de faire en sorte que cette compétence soit accessible par des personnes qui sont néophytes. L'envie de transmettre, c'est tout à fait ça.

  • Speaker #0

    Et à quel moment tu rentres dans l'école de design de Nantes alors ?

  • Speaker #1

    Alors là, je travaille depuis cinq ans dans cette école en région parisienne avec une formation de réalité virtuelle, un master, je l'évoquais, centré sur le jeu vidéo. J'ai accompagné d'autres masters de chargé de projet informatique. Et donc, j'avais des étudiants qui avaient des profils d'ingénieurs. Et encore une fois, je me suis mis à m'ennuyer parce que, d'ores les ingénieurs, ce n'est pas le souci, mais moi, ce que je souhaitais, ce que je voulais développer, c'était des choses plus créatives. Et c'est là où j'ai compris que c'est le design d'interaction qui m'intéressait, c'est-à-dire concevoir des expériences nouvelles, innovantes, et par la suite, la notion d'expérience utilisateur. On n'exprimait pas encore, avant 2010, tu l'évoquais, la notion du X-Design, et puis le design thinking était assez balbutiement dans la façon dont c'était formulé, mais c'était déjà, moi, mon envie. Donc, ce que j'ai fait dans cette école, c'est que j'avais fait une association avec l'école des beaux-arts de Cergy. où je faisais travailler des ingénieurs avec des artistes. Ça, je trouvais ça super. On a créé des installations interactives mêlant un peu la folie créative des étudiants de l'école des Beaux-Arts avec la capacité de production et de réflexion.

  • Speaker #0

    Ça s'en fait avec des ingénieurs.

  • Speaker #1

    C'est ça qui m'a motivé en me disant, OK, la techno, oui, mais dans les mains de créatifs. Alors, c'est aussi une période où, dans ma vie perso, j'ai fait des enfants et... J'ai développé un peu cette vision de la famille et je n'avais pas forcément envie de rester en région parisienne à ce moment-là. Et Nantes était... Comme beaucoup de Parisiens,

  • Speaker #0

    tu as élu Nantes.

  • Speaker #1

    J'étais Parisien par erreur dans le sens où...

  • Speaker #0

    D'origine ardue.

  • Speaker #1

    Je suis normand à l'origine. Et donc, je suis arrivé en région parisienne pour une mission de quelques mois et j'y suis resté cinq ans. J'ai beaucoup apprécié ces années. Mais ce n'était pas ma vocation forcément d'y rester à long terme, encore moins avec des enfants. Et donc, je cherchais à bouger et je me suis posé la question, où est-ce que j'ai envie d'aller ? Il y avait deux questions là-dedans, c'est où est-ce que j'ai envie d'aller géographiquement ? Et puis, où est-ce que j'ai envie d'aller professionnellement ?

  • Speaker #0

    C'est quand même sur des compétences qui sont bien spécifiques. Tu ne fais pas du contenu pédagogique, ou en tout cas, tu ne gères pas du contenu pédagogique pour une école de commerce, ou du fait que partout en France, tu trouveras. Là, c'est quand même, tu es quand même dans une spécialité assez forte.

  • Speaker #1

    Pour moi, il y avait deux endroits en France que j'avais identifiés. Il y avait l'école d'art de... d'Aix-en-Provence, où il y a un prof qui est fabuleux, qui s'appelle Douglas Henrich Stanley, que j'avais fait venir à Cergy, d'ailleurs, pour les interactions avec les étudiants des Beaux-Arts, et qui a monté là-bas des choses incroyables, en termes de design numérique, version installation artistique. Je dirais que c'était parce qu'il y avait Douglas et quelques autres intervenants, mais l'équipe était déjà constituée. Et puis, ma famille est plutôt dans l'ouest de la France. Et donc, l'autre pôle, c'était Nantes. Et l'école de design de Nantes, en fait, quand moi, je débutais dans le domaine multimédia, il y a des gens qui sont mes collègues maintenant, se sont dit, le champ du multimédia, le champ du numérique est un champ du design. Donc ça, c'était en 2000.

  • Speaker #0

    Oui, et ce n'était pas si évident à l'époque.

  • Speaker #1

    C'était même visionnaire à l'époque. C'est-à-dire qu'à l'époque, le numérique, c'était soit pour de l'audiovisuel. J'évoquais les CD-ROM, donc c'est des gens qui faisaient du film précédemment, soit pour les ingénieurs, les gens qui codaient. Et les écoles de design, globalement en Europe, n'avaient pas cette vision que le digital était un champ du design. Et l'école de design de Nantes s'est positionnée en créant une formation qui, à l'époque, s'appelait Hypermedia. Et donc, quand je parlais de Pierrick Thébault, que je suivais sur les réseaux en 2005, en fait, il était dans cette formation Hypermedia. Et globalement, l'école de design a rayonné depuis... par à la fois ces formations, les projets faits à l'école, mais surtout par ces étudiants qui ont fait des super choses en étant étudiants et puis par la suite en étant des brillants designers.

  • Speaker #0

    Je peux en témoigner, comme je te disais en préparant cet échange, l'école de design de Nantes, l'ensemble des gens qui en sont sortis, que j'ai pu rencontrer à l'époque, et encore plus avec le podcast, je me suis dit, oh, ils sont tous assez impressionnants, ils ont tous une bonne formation. En tout cas, ils ont une vraie belle vision design. Mais tu es rarement déçu quand les gens partent en mission, ils allaient en entreprise. Donc, j'ai un excellent retour, en tout cas.

  • Speaker #1

    C'est flatteur, mais c'est vrai que je crois qu'on a une équipe à Nantes qui est une équipe de passionnés, que ce soit des dirigeants visionnaires à l'époque et qui orientent la stratégie de l'école. Et puis, des gens comme moi. les professeurs qui sont dans les différentes formations, et je crois aussi les étudiants. Et ça crée une opportunité de faire des choses incroyables, une envie de tester, de réfléchir, de faire des choses. Cette Ausha est arrivée jusqu'à moi quand j'étais encore en région parisienne. Et je me suis dit, c'est vers cet horizon-là que j'ai envie d'aller.

  • Speaker #0

    Oui, vers ce niveau d'exigence aussi, parce que j'imagine qu'être à l'école de design de Nantes et pour y rester, il faut un certain niveau d'exigence.

  • Speaker #1

    Encore une fois, c'est assez drôle. Je crois que le boulot que je faisais dans une école d'ingénieurs en faisant des projets avec les Beaux-Arts et en voulant développer la part créative était presque un copier-coller de ce que j'ai fait par la suite à l'école de design. C'est-à-dire qu'il y avait... par nature dans ce que j'avais inséré dans les référentiels de formation, dans les profs que j'avais recrutés, dans les projets que je voulais développer avec les étudiants, d'assez forte similitude avec ce qui se faisait déjà à Nantes. Ce qui fait que quand j'ai poussé mon CV une fois, deux fois, trois fois, parce qu'il y avait une personne qui était en place et qui faisait un super boulot, quand cette personne a bougé sur un autre poste dans l'école, Mon CV était sur le dessus de la pile parce que ça faisait un an que tous les deux mois, je faisais un coucou. J'existe toujours et je suis toujours très intéressé par ce qui se fait. Ça s'est fait encore une fois avec du temps. Ça,

  • Speaker #0

    c'est intéressant aussi ce que tu nous dis là. Parce que c'est vrai que l'objectif du podcast, c'est aussi de proposer aux gens qui nous écoutent d'avoir parfois des petits tips comme ça de comment on arrive à obtenir un poste qu'on aimerait avoir dans une entreprise qu'on aimerait avoir. Souvent, on rêve d'entreprise, on se dit tiens, j'aimerais bien travailler dans cette boîte-là. Comment je vais faire ? Ça, c'est une bonne technique. créer du réseau à l'intérieur de cette entreprise et puis tous les deux mois activer régulièrement dire qu'on est présent,

  • Speaker #1

    prendre des nouvelles quand on est déjà en poste et qu'on n'est pas pressé par la recherche d'emploi, on peut vraiment se dire si je cible une entreprise en particulier soit le poste n'est pas forcément là, ouvert, dispo ou créé et en prenant un peu le temps de se faire connaître et de proposer des choses tout le fait aussi d'anticiper

  • Speaker #0

    Peut-être de se dire, tiens, l'entreprise qui me fait rêver aujourd'hui, peut-être que là, je suis encore en études ou je suis dans un job et je me dis, j'ai encore au moins un an ou deux à y rester parce que j'ai aussi des objectifs personnels. En tout cas, commencer à se faire connaître, travailler autour de ces entreprises-là pour qu'ensuite, on puisse plus facilement penser à la personne. Parce qu'en fait, les gens qui font ces entreprises, qui sont intéressants, c'est des humains, c'est des relations humaines. C'est ça le plus important. Et si on commence à rentrer dans ça, au lieu d'envoyer candidature à chaque fois qu'il y a un rôle ?

  • Speaker #1

    En fait, quand on étudie un peu les emplois qui sont réellement dégagés, il n'y a que 20% des emplois qui font l'objet d'une offre d'emploi. La plupart des emplois se font parce qu'on a déjà le candidat sous la main, parce qu'on développe un nouveau poste. Alors, des fois, on est obligé de faire une offre en externe parce que... Parce qu'il y a des pratiques qui se font, mais si on a déjà identifié le candidat, on vérifie juste qu'il n'y en a pas d'autres qui peuvent être meilleurs, mais si on est déjà convaincu par une personne, ça avance. Donc, le conseil qu'on peut donner, c'est d'aller chercher les emplois avant que ce soit les offres d'emploi.

  • Speaker #0

    Là, tu arrives à l'école de design de Nantes. Est-ce que tu peux nous expliquer rapidement ce que tu as fait et maintenant ce que tu fais ? En plus, en longueur, on est là pour ça, pour comprendre ce que tu fais aujourd'hui à l'école de design de Nantes.

  • Speaker #1

    L'intitulé de mon poste, tu l'évoquais, c'est responsable pédagogique. En fait, le responsable pédagogique, il est garant de la qualité de la formation. Pour faire ça, il y a une structure de formation qui est celle de l'école, et puis il y a des spécialités métiers, moi c'est la digital. Il faut que je m'assure que ce que je donne en formation à mes étudiants soit adapté aux besoins du marché. Je pense que dans l'évolution chaque année, On n'est pas loin de 10% de changements chaque année. C'est-à-dire qu'il y a 10% des cours qui changent de nom, ou des contenus qui bougent, ou des outils qui changent, des professions qui changent, et puis des formats. On fait ce qu'on appelle des workshops, des projets, des choses qui ont des temporalités différentes. En fait, on teste des choses tout le temps, on est tout le temps avec des manettes à changer les choses. Je rembobine juste un peu, l'école de design de Nantes, c'est une asso, boîte 1901. Ça fait aussi partie de la passion qu'on a pour y travailler. Oui, on est soutenu par la CCI. On a des liens avec Nantes Métropole, avec la région. Vous avez une société privée, comme la plupart des écoles de commerce,

  • Speaker #0

    d'ingénieurs, vous connaissez ?

  • Speaker #1

    Et quand je parle de passion, je crois que le fait de se dire qu'on est là pour faire le mieux possible pour la formation de nos étudiants et pas le mieux possible pour des actionnaires ou pour un groupe privé et pour des dividendes, je crois que ça fait partie aussi de l'ADN. Et puis l'autre spécificité, c'est qu'on a des diplômes reconnus par l'État. Et pour autant, on est complètement libre de notre référentiel de formation. Et ça, c'est une richesse incroyable.

  • Speaker #0

    Et comment on l'obtient ?

  • Speaker #1

    Je crois qu'on l'obtient un peu par l'excellence. On l'obtient parce qu'on est bon. Alors, je n'ai pas envie de nous jeter des fleurs là-dessus, mais je crois que c'est... Parce qu'il y a eu un chouette boulot de fait précédemment, parce qu'il y a un travail aussi de relation avec les instances administratives de la pédagogie et de l'enseignement supérieur. Mais je crois que c'est surtout la qualité réelle de nos formations qui fait que... Donc globalement, ce qui se passe, c'est qu'on a un diplôme visé par l'État et ce visa dure cinq ans. Et tous les cinq ans, on renouvelle le visa. Mais ça nous oblige à faire part de l'innovation qu'on donne. dans la pédagogie et l'évolution de nos formations. Donc, ça nous oblige à nous remettre en cause tout le temps et de faire au mieux tout le temps.

  • Speaker #0

    Sur les cinq dernières années, comment toi, tu analyses un peu les évolutions et comment tu as fait évoluer ta formation ? On a senti beaucoup l'arrivée de la vision product. Il y a aujourd'hui l'intelligence artificielle. Il y a des organisations pour créer des produits, le SaaS, etc. On sent tous ces produits-là qui arrivent. Comment toi, tu as fait évoluer justement les cours et le contenu pédagogique ? Peut-être même qu'il y a des choses que je ne t'ai pas citées que tu pourras me mettre en avant.

  • Speaker #1

    Il y a un aspect certain, c'est le développement du nombre d'emplois dans le domaine du digital et encore plus en UX design et en product design. C'est-à-dire qu'on voit exploser à la sortie des études les offres. C'est-à-dire qu'il y a besoin de plus de designers bien formés.

  • Speaker #0

    Tu sais que c'est un peu à double tranchant, parce qu'on ressent en nous depuis, tant que professionnels, je dirais, du recrutement dans le design,

  • Speaker #1

    on ressent quand même un peu un effet de seuil. Un effet de seuil. Version 2024, en fait. Tout à fait. Mais là, tu me parles des cinq dernières années. OK.

  • Speaker #0

    Et Covid.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ça. Post-Covid. Pendant Covid. Et donc, globalement, il y avait ce besoin de former, ce qu'on fait. Et étonnamment, on avait presque un... Un recrutement inversement proportionné. C'est-à-dire qu'on avait moins d'étudiants voulant aller vers le digital et plus de boulots en sortie. Et tu parles du Covid, je crois que ce n'est pas anecdotique. Je pense qu'avoir été confiné et beaucoup attaché à des écrans comme seul moyen de communication n'a pas forcément créé des vocations de ne faire que ça ou d'être soi-même devant un écran pour travailler. Même si le métier du X-Designer est loin d'être résumé à être devant un écran. Mais la vision qu'on en a peut être celle-là. Et donc, il y a eu besoin, chose que je fais depuis toujours, j'ai l'impression, d'expliquer ce qu'était l'UX Design, d'expliquer quels étaient les métiers pour créer des vocations. Donc ça, c'était le premier aspect pour répondre à ta question. Qu'est-ce que j'ai pu faire ces cinq dernières années ? Le premier truc, c'est, avant même la formation, c'est faire savoir, faire valoir, expliquer, donc être présent. dans le cadre des communications de l'école, mais aussi des conférences, la présence sur des salons, l'explication de ce qu'on fait. Donc ce que Bill Gates appelait à l'époque de l'évangélisation, moi je pense que j'ai une partie de ça, c'est-à-dire expliquer ce que sont les choses.

  • Speaker #0

    Tu le fais très bien d'ailleurs aujourd'hui, c'est parfait.

  • Speaker #1

    Et puis c'est aussi un rôle qu'on se donne en tant qu'école d'expliquer le rôle du designer et la valeur ajoutée du design pour les entreprises, pas seulement pour les candidats, mais aussi... être en lien avec des entreprises et expliquer ce que pourrait apporter un designer sur des projets. On fait des projets en partenariat avec des entreprises, notamment pour leur permettre de lancer des nouvelles idées, de voir différemment les projets. Donc eux ils viennent pour un projet concret, et on se rend compte qu'avec un peu de recul, que c'est pas juste sur le projet qu'on est en train d'agir avec les entreprises, on est en train d'agir sur l'entreprise elle-même qui se dit Ok, là j'ai fait appel à des designers sur une période, peut-être qu'il y a un ou deux designers en interne dans l'entreprise, mais en fait si on veut faire bouger les choses, il faut que je m'adresse à un studio de design ou il faut que j'embauche un designer intégré pour aller plus loin sur ces sujets-là.

  • Speaker #0

    Parce que souvent, quand on laisse des designers dans une entreprise là où il n'y en a pas, on peut vite mettre le doigt sur plein de choses, découvrir des méthodes de travail qui sont totalement nouvelles. Je l'ai moi-même vécu parce qu'il y a quatre ans, j'étais totalement ignorant. du design du design thinking et de la force et de la puissance de ce que ça pouvait être et quand je l'ai découvert je me suis dit ah ouais c'est incroyable donc j'imagine quand des entrepreneurs ou des entreprises qui ne connaissent pas rentrent là-dedans ça

  • Speaker #1

    peut vite avoir un effet boule de neige et c'est super si vous faites ce boulot-là à la fois ça prépare le terrain pour nos designers en sortie d'école et puis moi je crois que c'est d'utilité publique en fait Je ne l'ai pas cité, on est non seulement une association de 1901, mais on est reconnue d'intérêt général. Il y a un statut qui s'appelle l'ESPIG, enseignement supérieur privé d'intérêt général. Je crois qu'on a un vrai rôle dans la société de se dire que le design et ses valeurs humaines, ses valeurs éthiques... sont apportées. Il y a l'aspect, on accélère les process, on réfléchit aux méthodologies, on fait de l'innovation qui sert vraiment, mais aussi, on prend en compte les utilisateurs, l'expérience des utilisateurs et les valeurs que ça apporte. Et puis, on prend en compte la notion de cycle de vie, d'éco-design, de numérique responsable. Ça fait partie des choses qu'on enseigne.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un cours spécifique qui est arrivé depuis peu, auquel vous n'étiez pas préparé ? Et qui est arrivé, parce que... Alors, chez le Deux Mondes ?

  • Speaker #1

    Si on remonte cinq ans en arrière, je te parle de numérique responsable. Ça fait trois ans maintenant qu'il y a un cours qui s'appelle comme ça. Et puis, quatre ans auparavant, j'ai lancé un cours qui s'appelle Éthique et Technocritique. En fait, former des designers au digital sans leur faire prendre du recul sur le médium lui-même et sur les biais et sur l'outil. Et puis, la question du dilemme moral, la question... est super important pour un designer, de savoir poser les choses comme une équation et de savoir comment le résoudre.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, moi, tu as bien vu la façon dont je te l'ai posé, c'était le marché qui dictait ce qui allait arriver dans l'école. Et à la fois, je trouve ça super intelligent de dire « Ok, il y a le marché qui demande ça, il y a plein de nouvelles choses, mais en tant qu'être humain, on va juste se poser, prendre un peu de recul et avoir aussi une critique, enfin avoir une critique qui n'est pas nécessairement négative. » C'est le propre de la critique. Et d'avoir des designers qui ne sont pas dans le béni-oui-oui, de dire, OK, on va faire ce qu'on nous demande de faire, mais plutôt être dans le pourquoi, comment faire mieux.

  • Speaker #1

    En fait, ce n'est pas antinomique.

  • Speaker #0

    C'est la même chose que tu m'as dit.

  • Speaker #1

    En fait, on peut répondre à des besoins business et il faut répondre à des besoins business. C'est-à-dire que le designer, il est là pour créer de la valeur. Mais en fait, il y a plusieurs façons de le faire et créer de la valeur en tenant compte des valeurs humaines et durables de ce que l'on fait. est encore plus positif. Et l'innovation vient souvent du fait qu'on fait peut-être comme on aurait fait sans y penser, mais on le fait encore mieux parce qu'on y pense. Et l'expérience utilisateur, elle est encore meilleure parce qu'elle est extrêmement humaine et soucieuse de l'éthique. Donc, ça marche mieux.

  • Speaker #0

    Sacré punchline qu'on va garder, celle que tu m'as lancée. Parce que, pareil, moi aussi, je suis rentré dans le design vraiment comme candide. Je ne connaissais rien du tout. Je le suis toujours, je découvre encore plein de choses. Je n'ai pas eu la chance de faire l'école de design de Nantes. Peut-être que si je revenais quelques années auparavant, je l'aurais peut-être fait, je me serais peut-être posé la question. Mais c'est vrai que comprendre pourquoi on fait les choses et comment on les fait de façon durable, j'imagine que cette question-là ne se posait pas il y a quelques années auparavant et que maintenant, si on arrive à se la poser, on peut peut-être même faire les produits de meilleure manière. Ça me fait penser à de nombreux échanges que j'ai eus avec Anna Sensio d'Asso System, qui parle de l'écoception, mais aussi de la conception circulaire.

  • Speaker #1

    Oui, design circulaire.

  • Speaker #0

    Design circulaire, merci. Design circulaire. Et moi, quand elle m'en a parlé, j'avais les yeux grand ouverts. Est-ce que je comprenais ? Et en fait, elle m'a ouvert des choses. Elle m'a dit,

  • Speaker #1

    tu me vois quoi ? Elle est une grande dame du design. Et elle a eu l'occasion de venir l'an passé à l'école de design. Et devant les étudiants, c'est incroyable la transmission avec des moments courts comme ça. Et c'est aussi l'enjeu d'avoir des designers inspirants et de montrer la voie sur des choses comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Et moi, je me rappelle que vraiment, elle m'avait ouvert à plein de choses en moi, plein de réflexions que je ne m'étais jamais posées. Si les élèves de l'école de design de Nantes peuvent l'avoir, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Dans le parcours d'Anna Sancio, il y a cette vision qui est designer industriel. Elle a fait beaucoup d'automobiles. Et en fait, ce qu'elle fait maintenant, c'est du service et de l'expérience. Et je crois que cette vision du design qui est une méthode et qu'en fait, cette même méthode peut s'appliquer à des domaines assez variés et que l'expérience du design industriel enrichit la partie design de service, je trouve que c'est assez beau comme exemple aussi.

  • Speaker #0

    C'est ce que j'essaie d'expliquer à tous mes clients, que ce n'est pas parce que la personne n'a pas travaillé dans l'assurance qu'elle ne saura pas être designer dans l'assurance, parce que justement, le propre du design, c'est d'avoir une méthodologie qui... qui s'adapte à tous les secteurs, toutes les problématiques, que ce soit en effet pour créer un vrai produit physique, industriel, ou un produit digital par rapport à un environnement, etc. Aujourd'hui, l'école de design de Nantes, sur la partie UX, c'est ça ? Vous êtes combien d'étudiants ? Raconte-nous un petit peu le quotidien de cette école.

  • Speaker #1

    Pour t'expliquer ça, je vais revenir un tout petit peu sur ta question de qu'est-ce qu'on a fait ces cinq dernières années. Globalement, l'école de design, depuis...

  • Speaker #0

    Depuis plus de dix ans, on a une quarantaine d'étudiants par an. Donc, quarantaine d'étudiants en première année, puis en deuxième année, puis en troisième année sur la partie digitale. Et puis après, on a des masters. Il y a cinq années. On est un grade de master. On est aussi le premier et pendant longtemps, on était le seul établissement avec grade de master à la fin. C'est en plus du visa. On est un peu l'exception dans le patin. dans la partie française sur cette reconnaissance. Mais donc globalement, on sort purement de la formation UX Design une quarantaine d'étudiants par an. En fait, c'est plus large que ça parce qu'on incorpore au fur et à mesure des années d'autres personnes avec lesquelles on va travailler, mélanger un peu les compétences de nos étudiants. Donc c'est plutôt entre 50 et 60 étudiants sortis sur des thématiques. Il y a deux ans, Je me suis posé la question de, est-ce qu'avoir une formation unique avec un socle du X-Design a encore du sens à un moment où le marché commence à avoir des designers de plus en plus spécialisés ? Tu parlais de product designer, il y a des UX researchers, il y a des UI designers, il y a des UI UX, etc. Stratégie designer, etc. Et j'ai fait appel à mon réseau d'anciens, beaucoup. à pas mal d'entreprises avec lesquelles j'ai des contacts pour essayer de référencer les compétences nécessaires pour être un bon designer. Et puis, j'ai essayé d'attribuer des compétences aux différents profils. Et en fait, ce qui est ressorti de cette étude-là, c'est que les compétences sont quand même assez larges et que jusque-là, notre socle de compétences était commun à tout le monde et que si on veut sortir des profils un peu spécifiques qui vont dans un domaine ou dans un autre, ça peut être intéressant de personnaliser le parcours et de pousser plus loin. Et là, depuis deux ans, on a fait le choix d'avoir ce qu'on appelle une majeure UX design, qui est un tronc commun, et d'avoir deux spécialités. Jusqu'avant, il n'y en avait qu'une seule, que le tronc commun. Et j'ai monté une spécialité dans le domaine vraiment du design d'interface, donc des gens qui ont des compétences UI encore plus poussées, et puis des compétences interaction design, c'est-à-dire des gens qui vont être sur les interfaces humain-machine. qui vont travailler plus spécifiquement sur l'interface vocale, sur l'interface tactile, sur des choses de type interface de véhicule. On a des workshops spécifiques sur l'interface dans les voitures. Cockpit. J'ai un ancien étudiant qui fait les cockpits du futur pour Airbus, pour les prochains avions, et qui nous fait des retours réguliers. On a cette vision-là, donc ça c'est la partie plus UI. Et puis l'autre spécialité... je l'ai intitulé « Design de service » . Et l'idée, c'est de faire monter en compétence stratégique nos étudiants. C'est-à-dire que là, on va avoir plus d'entrepreneuriat, c'était un de tes sujets, on va avoir des choses qui vont être plus sur la conception de service, identification des acteurs, équilibre d'un service, et puis comprendre les enjeux stratégiques, les motivations, les freins, donc aller plus loin sur les mécanismes des services, et puis permettre à ces gens-là de prototyper tout de même. Ça fait partie de l'ADN. Je n'ai pas précisé, mais depuis toujours, l'idée à Nantes, c'est de former des designers qui sont très bons en conception, qui sont très bons en création, mais qui ont les outils de prototypage. C'est-à-dire qu'ils codent, ils font du web, ils font de l'Arduino pour créer des objets connectés, ils codent un peu dans des logiciels comme Unity 3D ou Unreal Engine pour créer des dispositifs de réalité virtuelle ou de l'interaction humain-machine, parce qu'on ne peut pas être un designer sans outils de proto. Et puis, on ne peut pas être, de mon point de vue, un bon designer si on ne sait pas comment les ingénieurs vont faire les choses réellement.

  • Speaker #1

    Ça devient des sacrés profils. C'est vrai qu'on commence à toucher à beaucoup de compétences.

  • Speaker #0

    Ce que je vois comme évolution depuis des années, c'est qu'il y a moins d'appétence du designer à être très fin côté tech, à être réellement développeur. J'ai toujours des exceptions à ça, mais globalement, c'est plus une compréhension et les outils comme Figma, les outils no-code. vont dans ce sens-là, c'est-à-dire qu'on n'a plus besoin d'avoir les mains dans le cambouis. Et pour autant, je pense que c'est important de garder cette capacité de compréhension technologique. Ça, c'est le retour aussi de tous les professionnels. Pour un projet de conception numérique réussi, il faut que le binôme designer-développeur fonctionne. Et que si globalement, le développeur n'a pas de culture design du tout, pas de compétences et de culture tech, ça ne fonctionne pas.

  • Speaker #1

    C'est sûr que si vous avez une curiosité intellectuelle pour le dev et la technique, il ne faut vraiment pas du tout la mettre sous le tapis, bien au contraire. Tous les designers qui ont une vraie compétence technique, ils ont un temps d'avance sur d'autres. Il faut vraiment la cultiver et continuer dans ce sens, parce que c'est ce qui fait beaucoup la différence dans des entretiens, dans tout ce que je vois dans les attentes. C'est connaître un peu de code, être à côté du développeur, livrer des maquettes qui correspondent aux attentes d'un développeur. Même aujourd'hui, on parle de design system.

  • Speaker #0

    et de préparer les...

  • Speaker #1

    On arrive presque à de l'ingénierie design avec les tokens, etc. Je ne comprends pas comment ça fonctionne, mais je sens qu'en tout cas, il y a une vraie complexité dans laquelle il faut rentrer. Et tous ceux qui ont cette fibre-là, c'est un vrai plus qu'il faut pouvoir continuer à cultiver.

  • Speaker #0

    Tu citais les designers qui ont des compétences de tech. Ce n'est pas forcément ce qui... Ils vont l'utiliser directement dans leur boulot futur. Mais je vois plein de profils. La semaine dernière à Nantes, j'ai fait revenir des anciens qui sont sortis il y a plus de 10 ans de l'école. C'est un événement que j'ai appelé UX Community, que je vais faire chaque année, pour mettre en résonance ce réseau d'anciens. Depuis 2000, il y a à peu près 1000 designers formés à l'école de design dans le domaine digital, si on prend un peu le résumé. Ça fait du monde.

  • Speaker #1

    Et j'allais dire, et pas les derniers en plus. Moi, j'aurais aimé, à l'époque, dans mon école, même de commerce, de voir, tiens, quelqu'un qui a fait mon école et qui est directeur commercial de telle entreprise, qui a créé telle entreprise, etc. Je trouve ça hyper inspirant.

  • Speaker #0

    C'est inspirant, puis ça montre une voie. Et puis, il y a des phénomènes d'aspiration aussi. Il y a des phénomènes de réseau d'anciens. Je prends l'exemple, on a eu, autour des années 2012-2013, un premier étudiant sortant de l'école. qui s'est fait embaucher après un petit passage à Sciences Po Paris, dans le Media Lab de Sciences Po. Il est allé chez Google en Californie. Et deux ans après, il y avait cinq ou six designers de l'école chez Google. Il y a à la fois, parce que c'est inspirant, on ne savait pas qu'on pouvait le faire et maintenant on le sait, donc on y va. Et puis, il y en a un qui a ouvert la porte, il n'a pas bien refermé derrière lui, donc on le suit.

  • Speaker #1

    De fait, l'école, elle rentre dans les bonnes écoles référencées pour les recruteurs, etc.

  • Speaker #0

    J'ai eu ce cas-là. des premiers étudiants qui sont allés bosser pour Meta. À l'époque, c'était le groupe Facebook. Notamment dans le studio design de Londres, qui est un studio important en termes de conception. Et il y en a eu un, puis deux. Et puis après, j'ai eu la responsable des ressources humaines de Facebook qui m'a appelé en disant, on voit vos designers. Est-ce qu'on peut venir dans votre école pour présenter l'activité design de Facebook parce qu'on a envie de recruter chez vous ? Et ça, c'est valorisant, c'est intéressant. Et puis, encore une fois, ça fait travailler les étudiants sur une réflexion de carrière d'une part, et puis aussi d'éthique. Est-ce que j'ai envie d'aller bosser pour Facebook ? Donc, ça a lancé des débats qui étaient très intéressants à l'école. C'est à la fois le réseau des anciens, et puis comme tu le dis, c'est les entreprises identifient que le label École de Design de Nantes inspire confiance.

  • Speaker #1

    Ce que tu m'as dit là sur les deux options en marge. Ça fait vraiment sens, en tout cas, par rapport à ce que je vois dans les besoins des entreprises. Le profil vraiment designer, producteur, créateur, builder. Et le profil plutôt designer, vraiment en amont, stratégiste, service designer. Ça, je trouve ça super intéressant.

  • Speaker #0

    J'entendais dans un épisode précédent de ton podcast, Mehdi de Capgemini Bruxelles, que tu lui posais la question, c'est quoi pour toi les profils de personnes que tu recueilles ? recrute, c'est ces deux choses-là. Le designer stratégiste et puis le UI designer bien pointu qui fait des maquettes. Moi, ça veut juste dire que le choix que j'ai fait deux ans avant a du sens.

  • Speaker #1

    C'est ça, quand on interview les gens, quand on s'intéresse au marché, normalement, il n'y a pas de raison qu'on soit en dehors. On va discuter rapidement aussi de la partie designer-entrepreneur. Pour moi, c'est quelque chose qui me tient à cœur, de mémoire, dans les échanges réels. avec Benjamin et avec Simon, ce n'était pas non plus quelque chose d'ultra poussé par l'école. Et à la fois, de ce que j'entendais de leur retour d'expérience, en tout cas, on leur laissait toute la liberté pour. Est-ce que justement, tu peux m'expliquer un peu votre vision par rapport à ça ? Parce que j'imagine que des jeunes qui rêvent de créer plein de choses, c'est un peu, c'est que ça, l'école de design de l'an. Comment on arrive à la fois à encadrer ça ? Parce qu'ils ont quand même un projet professionnel à suivre. et à la fois leur donner la liberté d'y arriver.

  • Speaker #0

    Je crois que dans l'historique de la culture des écoles de design, et peut-être spécifiquement à Nantes, il y a un tabou du côté de la création de valeur, de l'entrepreneuriat. C'est-à-dire que dans un bon projet de design... on ne prenait pas forcément en compte le modèle économique et l'innovation du modèle économique. Le gagner de l'argent.

  • Speaker #1

    Pour les utilisateurs, il y a un côté un peu...

  • Speaker #0

    C'est ça. Donc, on est souvent avec notre casquette de professeur, avec l'idée de ça, on verra plus tard, ou ce n'est pas votre sujet. Et en fait, on se rend compte que si, et qu'un bon designer, c'est aussi celui qui comprend la dimension business. Donc, je pense que les choses évoluent. On a une notion de designer manager de projet. et de management d'équipe et d'optimisation des processus, et notamment dans les cycles master, on développe beaucoup cette partie-là. Mais la partie entrepreneuriat, elle est souvent présente auprès des étudiants. Je te parlais de mon travail avec des ingénieurs précédemment, avant d'être à Nantes, je faisais des séminaires d'entrepreneuriat, et moi-même en tant qu'étudiant, j'ai fait des concours d'entrepreneuriat, j'ai remporté un concours d'entrepreneuriat de la Chambre de commerce de Versailles. Et c'est... Peut-être anecdotique, parce que je n'ai pas développé ma propre entreprise, mais ça m'a montré l'apport que ça pouvait avoir dans les études, d'avoir cette vision de l'entreprise, la compréhension stratégique de l'entreprise. Et ça, c'est des choses que j'ai toujours insérées dans mes propres programmes de formation. On a en France plein de petits concours, événements. Il y a des startups week-end. Il y a un concours qui est devenu national qui s'appelle les Entropes, qui s'appelait les entrepreneuriales, qui était juste en Vendée, Pays de la Loire. précédemment, qui sont des super occasions d'être en contact avec des chefs d'entreprise qui ont envie de transmettre, et puis d'être en équipe avec des étudiants qui viennent d'autres écoles. Moi, j'ai toujours une quinzaine d'étudiants par an qui participent aux entre-up, dès la deuxième année de formation.

  • Speaker #1

    Mais en avancée, j'imagine,

  • Speaker #0

    tu dis qu'il y a ça qui existe.

  • Speaker #1

    Il y a ça qui existe, et on va être bien...

  • Speaker #0

    Encore une fois, avec ma façon de faire du réseau, j'ai développé des ponts avec les organisateurs de ce concours. Je les invite à l'école, ils utilisent nos locaux pour certains workshops, des choses comme ça. Et puis moi-même, j'interviens pour coacher les étudiants qui se lancent dans cette aventure-là, notamment sur comment pitcher son idée ou comment créer de la communication. Donc je l'amène ma pierre à l'édifice, mais je me rends compte du bénéfice que ça a pour mes étudiants de faire ça. Et en fait, il y a à la fois ça... Le fait de faire des stages en cours de formation, certains étudiants se disent « En fait, j'ai des compétences. Et plutôt que bosser à livrer des pizzas ou à faire de la logistique pour une chaîne de supermarché pour financer mes études, je peux arrêter ça et me monter un statut d'auto-entrepreneur, freelance et de commencer à répondre à des projets. » Donc, je pense que ça, c'est des choses sur lesquelles moi, je passe. Juste de l'information, ce qui est possible, ce qu'on peut faire, comment on le fait clean, etc. Et donc, je crois que ça commence comme ça. Et d'avoir des étudiants qui se rendent compte qu'ils peuvent financer leurs études en partie en complétant leur formation et en ayant de l'expérience, c'est un premier pas vraiment intéressant.

  • Speaker #1

    En effet, la notion business, même pour les entreprises, d'avoir des designers qui comprennent comment ça fonctionne, qui sont intéressés pour que leur design aille dans ce sens-là, aussi avec les idées. en compromis avec ses utilisateurs aussi, mais c'est vrai que c'est un retour d'expérience qu'on a souvent aussi sur toute la partie data et savoir expliquer l'impact du design peut-être à des chefs d'entreprise et parfois à des financiers qui pensent plutôt en chiffres plutôt qu'en émotions. C'est tout cet aspect-là qu'il faut réussir à développer et quand on passe par justement l'entrepreneuriat en école, ça peut faire sens pour le développer et le prouver en entretien et dire, regardez, déjà... J'ai aussi fait ça et ça peut faire sens pour beaucoup d'entreprises.

  • Speaker #0

    Là, je t'ai parlé de dispositifs externes à l'école qui est un peu le... Oui,

  • Speaker #1

    c'est ce que j'allais dire. J'allais dire peut-être...

  • Speaker #0

    Mais en interne, en fait...

  • Speaker #1

    L'entre-concours.

  • Speaker #0

    Le fait d'avoir développé une formation design de service avec l'idée d'en faire des designers qui ont une compréhension stratégique, j'ai rajouté des cours. Je fais déjà depuis des années un cours sur les modèles économiques du numérique. les business models qui sont particuliers. En fait, quand on vend des choses qui sont immatérielles et duplicables à l'infini, il y a des modèles économiques qui sont particuliers. Mais là, ça va être de plus en plus complété par des cours vision un peu business. Ça, c'est un premier point. Et puis, plus globalement, au niveau de l'école, je travaille avec des collègues sur une réflexion de parcours entrepreneurial. C'est-à-dire que, OK, tu es un étudiant, tu fais un projet. et puis tu te rends compte que ce projet, tu as envie de le pousser plus loin, on va t'accompagner pour ça. Et donc l'idée, c'est de flécher à la fois des modules déjà existants et puis des accompagnements supplémentaires qu'on va proposer à des étudiants qui rentrent au fur et à mesure de leur formation dans un parcours entrepreneurial. Et le point d'orgue de ça, c'est le projet de fin d'études qui est une façon d'incuber le projet. Donc le projet de fin d'études où nos attentes historiques sont plutôt sur la partie design, conception, expérience. démontrer la valeur ajoutée de la conception, se complète par une vision business sur en quoi l'écosystème permet d'accueillir et en quoi le réseau permet de financer et en quoi on peut développer réellement le projet à la sortie.

  • Speaker #1

    Pendant mes études, je faisais aussi beaucoup les parcours d'entrepreneuriat et au final, à la fin, je n'ai pas fait d'entrepreneuriat tout de suite, mais 15 ans plus tard, je ne dis pas que ça m'a servi, mais en tout cas, ça m'a permis de me dire que c'était... c'est sûrement possible de le faire. Et moi, découvrant le design depuis ces 4-5 dernières années, je me rends compte que la méthode que j'ai mise en place pour créer mon entreprise, ce n'était pas du tout les méthodes que j'avais apprises à l'époque. C'était le design thinking. Et qu'en fait, le designer a beaucoup de toutes les compétences qu'il faut pour être créateur d'entreprise. Je le dis souvent, il manque peut-être la partie commerciale, business, aller chercher des... aller chercher des clients, et toute la partie prospection, etc. Et puis, sûrement, la partie financière, administrative. Mais sinon, créer un produit, créer un business model, comprendre ses utilisateurs, comprendre ses clients, etc. Et ensuite, toute l'idéation pour finir un produit fini qu'on aurait échangé et testé. En fait, c'est design thinking, et donc, c'est de la création d'entreprises.

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Je trouve que vraiment, être aujourd'hui, être limited. Je préfère une formation de designer pour être entrepreneur qu'une formation en école de commerce. Enfin, j'en suis peut-être à l'air. Après, je suis peut-être un petit peu trop too much parfois.

  • Speaker #0

    Je crois que la bonne vision, ce n'est pas forcément le design ou le commerce ou l'ingénierie, c'est les trois. En fait, c'est comment est-ce qu'on identifie les compétences de chacun et comment est-ce qu'on sait s'associer aussi avec des personnes. Bien sûr, développer des compétences propres d'entrepreneur. Je pense qu'il y a, un peu comme partout, 10 % de... de personnes qui sont par nature entreprenantes. Et je crois que cette fibre-là, il faut juste l'allumer, en fait. Il faut donner l'occasion aux étudiants de la révéler et de la cultiver.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, justement, c'était peut-être une de mes dernières questions par rapport à l'école de design de Nantes. Est-ce que vous allez aider d'autres écoles, peut-être même des entreprises, à découvrir le design ? et à intégrer le design parce qu'il y a très peu, j'ai échangé avec des jeunes en école de commerce et qui me disaient qu'ils avaient eu des cours de design thinking. J'ai trouvé ça fantastique à me dire, tiens, potentiellement, le design va entrer dans tous les différents corps de métier et donc que ce soit beaucoup mieux compris. Est-ce que justement vous avez ce type d'activité ?

  • Speaker #0

    Alors... On a monté une formation commune avec Audencia, qui est une école à Nantes dans le domaine du commerce. Et on a un bachelor qui est un tiers design, un tiers business et un tiers média. Il y a une troisième école qui s'appelle ScienceCom. Et donc, on a monté cette formation un peu hybride pour des profils beaucoup plus larges que nos concepteurs. Donc ça, c'est un premier aspect. Donc là, c'est la deuxième année d'existence de cette formation. On a des super promesses. C'est tout neuf, donc ça va dans ce sens-là. L'autre aspect que l'on fait, c'est ce qu'on appelle la formation continue, c'est-à-dire on propose des modules pour les professionnels et on les forme. Et puis le troisième aspect, c'est ce dont je parlais, les projets en partenariat, c'est-à-dire le fait de faire travailler des étudiants et d'inviter les professionnels à venir voir ce que ça donne. C'est une façon de distiller un peu la culture design dans les entreprises, puis à inciter les dirigeants à se former. Je pense que ça, c'est un gap qu'on a passé. On a... On a beaucoup fait ça depuis 20 ans. Je crois que maintenant, on n'a plus besoin de prouver que le design est important pour des entreprises. Je crois que la culture avance.

  • Speaker #1

    Franchement, c'est des retours qui n'ont pas toujours le cas. Parce qu'en fait, l'impact, il est encore peut-être parfois trop difficile à comprendre.

  • Speaker #0

    Ça ne veut pas dire que ça ne sert à rien de continuer à évangéliser, même si je n'aime pas ce terme, mais cette idée d'expliquer et puis d'acculturer. Mais moi, j'ai vu vraiment une évolution des entreprises. Tu parlais de ça. Il y a des entreprises qui faisaient que du logiciel, du progiciel. Il y a 15 ans, ils n'avaient pas un seul designer. Maintenant, ils se sont rendus compte que sans designer, ils ne pouvaient pas se positionner en concurrence. Ils ne savaient pas faire évoluer leurs produits. Donc, ça avance.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. C'est vrai. En fait, je pense que ça avance. Mais on aimerait toujours que ça aille beaucoup plus. C'est vrai que... C'est frustrant.

  • Speaker #0

    Ça nous apprend aussi l'humilité où le design n'est pas non plus la solution ultime tout le temps et qu'il faut s'assurer qu'on soit toujours performant et apporter toujours des choses en plus.

  • Speaker #1

    Bon, écoute, on arrive sur la fin de l'échange. C'était super intéressant. On a pu découvrir l'école de design de Nantes. le fonctionnement et comment vous avez pensé toutes ces évolutions. Est-ce que toi, pour terminer l'échange, j'aime bien discuter des recommandations des invités. Est-ce que toi, tu as une recommandation d'un livre ou d'un site web, en tout cas d'une source d'information qu'on pourrait partager aux auditrices et auditeurs et aux viewers ?

  • Speaker #0

    Moi, je pense que les podcasts sont... C'est une belle occasion d'apprendre beaucoup de choses. Je t'ai beaucoup écouté et les gens que tu as pu interviewer. Sur des podcasts plus généralistes, moi, je recommanderais Le Code a changé, qui est publié par Radio France. Xavier Delaporte, qui est un journaliste qui fait beaucoup de choses par ailleurs, réalise ce podcast-là et c'est toujours éclairant. Et ce que j'aime dans ce podcast, c'est à la fois les sujets qui sont traités, qui sont toujours en lien avec la culture et le domaine digital. D'accord. mais qui sont également, le journaliste lui-même nous raconte son cheminement de pensée et de découverte du sujet qu'il est en train d'aborder. Et je trouve cette façon de faire très inspirante, éclairante, sur l'humidité de « je ne sais pas tout » et je découvre en écoutant et en questionnant et en me questionnant moi-même. Le code a changé. Le code a changé en podcast Radio France. Ça, ça peut être une première recommandation.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un film et un album de musique ? à nous recommander qui sont peut-être les questions les plus complexes de ce podcast.

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a des choses qui sont très actuelles, mais là, en me replongeant un peu sur l'historie de comment je suis arrivé dans ce domaine-là, je dirais qu'en film, des trucs un peu anciens de type Blade Runner, cette vision...

  • Speaker #1

    C'est que Blade Runner, on nous l'a ressorti, et c'est très bien. Et ça montre un peu l'impact à la fois sur une génération, mais Blade Runner... On l'a déjà donné trois ou quatre fois.

  • Speaker #0

    Je pense qu'on est dans une vision du futur, mais c'est comme au niveau des livres. Moi, je pense qu'il faut lire Aldous Huxley, Le meilleur des mondes. Il faut lire Orwell 1984, ou Paranite, ou iRobot. Je pense que les visions dystopiques qui ont un lien avec la technologie et l'évolution du monde sur la techno nous permettent d'avoir des points de repère et de faire des choix.

  • Speaker #1

    et de lever des...

  • Speaker #0

    Côté éthique, le fait de se dire « Ok, je n'ai pas envie que ce soit ça » ou sentir l'appel des sirènes, Aldous Huxley, « Le meilleur des mondes » , il y a des moments où on se pose la question « Pourquoi est-ce qu'on ne fait pas ça ? » et à d'autres moments, on se dit « Mais c'est absolument horrible. » Je trouve que cette dualité de vision du monde est importante à questionner. Et ouais, Blade Runner, on est un peu là-dedans, en fait.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as un album de musique ?

  • Speaker #0

    Pareil, si je prends la même période, quand j'étais en boîte de pub, j'écoutais du Pink Floyd en album inspirant. Alors, il y a des choses très, très planantes, Dark Side of the Moon, etc. Moi, je pense que The Wall reste, encore une fois, avec une vision de réflexion du monde. Et puis, je pense aussi au film qui a été fait en parallèle de cet album. Donc, Pink Floyd, The Wall.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Florent. C'était un vrai plaisir d'avoir ce moment avec toi, que tu nous expliques un petit peu tout ça. On se suit sur les réseaux sociaux, on te suit aussi, on n'en a pas parlé, de Friends of Figma Nantes, que maintenant tu gères avec plusieurs de tes camarades. Peut-être on peut faire un mot d'ailleurs sur ça.

  • Speaker #0

    Juste un mot là-dessus. Friends of Figma existe un peu partout dans le monde et n'existait pas à Nantes alors qu'on a une communauté et il y a la French Tech et il y a un écosystème d'entreprises assez important. Et avec différents designers que je connais, notamment par l'école, Antonio Fidalgo, chez Winepoint, Renaud Goujat, qui travaille dans une boîte qui s'appelle Palo Haiti, on s'est dit, on a envie que ça se fasse. Et donc, on a créé l'antenne Nantaise. Et on l'anime depuis novembre dernier. Et puis, ça se passe très bien.

  • Speaker #1

    Oui, avec succès.

  • Speaker #0

    On a des beaux événements. On a des gens qui viennent. Ça fait encore des occasions de réseau, de rencontres.

  • Speaker #1

    C'est un vrai passe-temps que tu aimes bien. Bon, super. Écoute. On te souhaite le meilleur pour tout ça. Et puis, une excellente rentrée en 2025 pour l'école de design de Nantes. Je te dis à très bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Paul, pour l'invitation.

  • Speaker #1

    Au revoir. Au revoir. Merci d'avoir écouté le podcast Head of Design. Si tu souhaites faire partie ou faire appel à Design Club, tu peux nous retrouver sur designclub.fr. et m'ajouter sur LinkedIn. Je serai ravi de débriefer avec toi. Enfin, tu peux nous supporter en donnant ton avis 5 étoiles et en t'abonnant pour suivre nos prochains épisodes sur ta plateforme d'écoute préférée. Le club ferme ses portes. J'espère que vous avez apprécié. A bientôt.

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Description

Aujourd'hui, je reçois, Florent Michel, responsable pédagogique Majeure UX Design à l’École de Design de Nantes


Ensemble on va répondre à la question suivante : 👉 Comment se construit la nouvelle génération de designers ?


Ainsi, on se nous plonge dans l’univers de la formation en design. Comment l’école évolue-t-elle face aux mutations du marché ? Comment préparer les étudiants aux réalités du terrain ? Et pourquoi le réseau et l’entrepreneuriat sont devenus des éléments clés du parcours d’un designer ?


On parle aussi de Friends of Figma Nantes, du rôle stratégique du design dans les entreprises et des compétences indispensables aux designers d’aujourd’hui.


🎧 Un épisode inspirant pour designers, étudiants et recruteurs qui veulent comprendre les coulisses de la formation et les tendances du design en France !


Vous avez laissé votre manteau au vestiaire… Bienvenue dans le club !


🧠 Retrouvez-nous sur Designclub.global et connectez-vous avec nous sur LinkedIn :


@ https://www.linkedin.com/in/createlier/

@ https://www.linkedin.com/in/paulmenant/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Paul MenanT, cofondateur de Design Club, un collectif international 100% design et research. Grâce à la force du nombre, on accélère les projets de nos clients et la carrière de nos membres dans le monde entier. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'animer le podcast Head of Design, un podcast qui met en lumière ces personnalités inspirantes qui définissent les tendances du design. Vous découvrirez leur parcours, savoir-faire, et les convictions qui les animent, tout en partageant leurs bonnes pratiques et recommandations. Allez, c'est parti ! Vous avez laissé votre manteau au vestiaire ? Bienvenue dans le club ! Aujourd'hui, nous recevons Florent Michel, tu es responsable pédagogique à l'école de design de Nantes et le nouvel invité de ce podcast. Je te remercie d'être présent. Florent, bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour Paul.

  • Speaker #0

    Merci de me suivre dans cette folie pour la première fois où on fait un podcast en vidéo. L'idée, c'est qu'aujourd'hui, on va discuter de ton parcours, comprendre un peu qui tu es. Et puis, on va faire aussi un gros focus sur l'école de design de Nantes, sur le design de demain et les designers de demain. comment toi, tu vas les aider à aller vers tout ça et comment tu les accompagnes. On va aussi discuter du concept de designer entrepreneur que j'aime bien porter. Et en plus, dans ce podcast, on en a eu trois qui sont passés par l'école de design de Nantes. Pierrick Thébault, Benjamin Berger et Simon Artebis, qui était encore il n'y a pas si longtemps à l'école de design de Nantes. Et voilà, et puis on va aussi discuter de Friends of Figma à Nantes, que t'animes, bref, t'as une vie bien chargée. Et donc, c'est un peu tout ça dont on va discuter. Ça te va ?

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    La première question que j'aime poser à mes invités, c'est à quel moment tu découvres le design dans ta vie et que tu te dis tiens, c'est quelque chose que je vais continuer tout au long de ma carrière.

  • Speaker #1

    C'est assez drôle parce que ce n'était pas forcément la porte d'entrée dans les métiers. Alors moi, je suis vraiment spécialisé dans le domaine numérique. Ce n'était pas le terme design qui m'a accroché au démarrage et je l'ai découvert un peu au fur et à mesure. Moi, je viens plutôt du domaine de l'image. J'ai démarré avec une formation d'InfoCom, une formation en communication. Et donc, sur le média, sur le message à transmettre, etc. J'ai une première formation en InfoCom et j'ai travaillé assez vite en boîte de communication, de publicité. Je suis rentré dans le graphisme, dans l'infographie, pour mettre en pratique la partie communication. Et c'est plus tard que la partie vraiment design, parce que je faisais déjà du design graphique à l'époque, moi, je n'appelais pas ça comme ça. et le sentiment de faire de la communication.

  • Speaker #0

    Et à quel moment tu découvres ces aspects de design thinking, l'UX, l'expérience utilisateur ?

  • Speaker #1

    Si je reprends un peu la notion de dérouler dans ma vie, je suis infographiste en boîte de pub, je fais des visuels de stand, je fais un peu de site web à l'époque, je fais de la mise en page de magazine, et je m'ennuie en fait, parce que ça ne bouge pas, parce que c'est de l'image fixe, et je me dis, il y a des trucs qui existent. Alors là, on est dans le début des années 2000, il y a des trucs qui existent qu'on appelle... web d'une part, puis le multimédia. C'était la grande époque des DVD-ROM, de cette réflexion un peu, le DVD du Louvre, le DVD d'Orsay, ce genre de choses. C'est des ROM à l'époque. Et je me dis, mais il y a quand même des choses à explorer et ça m'intéresse. Et j'arrête ce boulot d'infographiste, je reprends mes études dans le domaine du multimédia. J'ai avancé dans le domaine de l'image, cette fois animée. Et là, j'avais une spécialisation de communication culturelle. Et je trouvais ça passionnant. De me dire, OK, j'ai un groupe de musique, j'ai un musée, et qu'est-ce qu'ils veulent dire ? Quelles sont leurs essences ? La notion du brief évolue sacrément. Être en agence de pub et avoir des briefs vraiment de marketing, en fait, et migrer vers des briefs culturels. De se dire, OK, c'est quoi l'état d'esprit ? C'est quoi que je souhaite transmettre ? Et ça m'a passionné, cette partie-là. Je crois que je suis rentré dans le design à peu près à ce moment-là. À un moment où, là, on est dans les années 2005, donc on ne parlait pas encore du X-Design, on était... sur les balbutiements de ce qui était en train de se formaliser. J'ai continué dans ce domaine-là.

  • Speaker #0

    Donc la notion de design thinking, elle arrive encore un peu plus tard. 2010, j'imagine, c'est un peu la date de naissance qu'on donne en France autour de cette méthodologie.

  • Speaker #1

    Si je déroule mon histoire pour aller jusqu'à 2010, là, j'ai repris des études. Je travaille en parallèle en apprentissage. Je travaille pour une boîte de web, de multimédia, qui fait du site web. Alors, je fais du Flash à l'époque, la belle techno de l'époque. Je fais des sites web dynamiques et je me dis que j'ai encore envie d'aller plus loin. Après cette formation de multimédia, je vais vers une formation de chargé de projet informatique spécialisé dans la réalité virtuelle. De l'image fixe, je passe à l'image animée et de l'image animée, je passe à l'image 3D immersive. J'ai continué jusqu'en master réalité virtuelle. Ma formation académique s'arrête là. Et arrive le moment de savoir quoi faire de ça.

  • Speaker #0

    Ça, c'est un moment, peut-être qu'on en reparlera juste après, mais pour un étudiant, qui n'est pas simple, de rentrer sur le marché de l'emploi avec les compétences qu'on a. Et toi, c'est un de tes gros sujets aujourd'hui, c'est réussir à mettre les designers dans le monde de l'emploi le plus facilement possible.

  • Speaker #1

    Je crois que déjà à l'époque, A la fois, je développe des compétences de concepteur, de designer numérique, et à la fois, je développe une notion de réseau où chacun des profs que j'ai eus, chacune des conférences que j'ai suivies, je suis resté en contact avec les personnes. Et une bonne partie des étudiants qui étaient dans mes classes, l'idée, c'était de garder le réseau et de voir comment eux se débrouillaient et de voir ce qu'ils apprenaient eux-mêmes. Donc, j'étais déjà à cette époque-là dans cette dynamique. Et à la question qu'est-ce qu'on fait de ses compétences à la sortie d'un master, en fait, moi j'ai laissé un peu le destin, le hasard, je ne sais pas, jouer pour moi. J'ai été appelé dans une école parisienne qui avait un master de réalité virtuelle depuis quelques années et dont ce qu'on appelle le référentiel de formation était vieillissant. Globalement, la liste des cours, la liste des profs, le digital en général et la réalité virtuelle à l'époque peut-être en particulier, évoluent super vite en fait. La personne qui se chargeait de ça était en arrêt maladie depuis un bon moment et n'était pas spécialisée en réalité virtuelle. Et donc, on m'a appelé pour une mission courte de « Florent, toi qui sors d'un master, on t'a croisé à plein d'endroits, est-ce que tu pourrais nous filer un peu de main pour mettre à jour un référentiel de formation ? » Moi, ma casquette, elle est pédagogique, mais je suis tombé dedans. Je n'ai pas fait de sciences de l'éducation à la fac. Je n'ai pas travaillé en amont sur cette partie-là.

  • Speaker #0

    Et c'est comme ça que tu arrives aussi à te faire identifier comme quelqu'un de pertinent, justement, par ce réseau et par ses différentes actions pour aller au-devant de certaines conférences, au-devant de certaines personnes. Ce qui fait qu'en fait, souvent, ce dont les étudiants pâtissent, c'est du manque d'expérience. Et donc ? Là, toi, tu avais réussi à voir ce gap-là, à le minimiser de cette façon.

  • Speaker #1

    Oui, sans en prendre forcément conscience à l'époque. Pour moi, c'est naturel, en fait. Je crois que je suis curieux de nature et je crois que j'ai envie d'apprendre tout le temps. Et du coup, aller à des conférences. À l'époque, c'est aussi un moment où j'avais mon blog. C'était la belle époque des blogs. Je crois que j'ai eu un des premiers WordPress. de mes promos d'étudiants, en fait. Et en fait, je faisais la veille et je publiais des articles de blog qui relataient ma veille. Et pour ça, je posais des questions à des gens. Donc, je contactais des éditeurs logiciels, j'allais voir des salons et je posais des questions et je faisais mon petit journaliste, comme d'autres...

  • Speaker #0

    C'est drôle, justement, Benjamin, il s'est fait repérer aussi de cette façon-là, par Atlassian à l'époque. Il l'explique dans son podcast. Et c'est vrai, il créait du contenu à le haut devant. En tout cas, c'est vraiment ce qu'on peut... On peut souhaiter et pousser auprès des étudiants.

  • Speaker #1

    Tu citais Pierrick Thébault, qui est Head of Design chez Shine. Il est de la même génération que moi et je lisais ses articles qui publiaient de la même façon. Et je crois qu'il lisait les miens. On était rentrés en contact, on était encore étudiants l'un comme l'autre. Lui, il venait de l'école de design de Nantes. Moi, j'étais encore au master à Laval avec Harry Métier. Et en fait, on échangeait. Et donc, le réseau, il se fait en partie par curiosité de démarrage.

  • Speaker #0

    Et donc là, tu rentres dans le monde du travail, tout de suite dans le monde de la formation pédagogique. Ça ne va pas te lâcher ?

  • Speaker #1

    Oui, en fait, je suis arrivé pour une mission courte. Et puis, la personne que je remplaçais est restée en Arrima Lady longtemps. Et il y a eu plein d'autres occasions de faire d'autres choses. Je suis venu sur une mission de mise à jour d'un référentiel, puis de recrutement d'enseignants, puis de coaching des enseignants, puis de suivi des étudiants. Après, j'ai monté deux nouvelles formations parce que l'école où j'étais évoluait. Incroyable. J'ai monté un master de jeux vidéo, domaine dans lequel je n'étais pas forcément avec un niveau d'expertise, mais je me suis entouré de personnes.

  • Speaker #0

    Toujours la curiosité.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Et de trouver les bons interlocuteurs et puis d'avancer avec des équipes.

  • Speaker #0

    De toute façon, monter une formation, j'ai l'impression que c'est beaucoup plus du réseau et aller vers les autres et essayer de comprendre qui est un peu quelqu'un qu'on va suivre dans sa pensée et dans sa vision, plutôt que de savoir soi-même comment... Comment bien faire les choses ?

  • Speaker #1

    Je crois qu'identifier des personnes qui ont envie de transmettre. Je crois que c'est une grosse partie de mon boulot, en fait, d'identifier des gens qui, non seulement ont la compétence, mais éventuellement, il y en a beaucoup, y compris des personnes qui ont encore plus de compétences. Bien sûr. Mais surtout, l'envie de faire en sorte que cette compétence soit accessible par des personnes qui sont néophytes. L'envie de transmettre, c'est tout à fait ça.

  • Speaker #0

    Et à quel moment tu rentres dans l'école de design de Nantes alors ?

  • Speaker #1

    Alors là, je travaille depuis cinq ans dans cette école en région parisienne avec une formation de réalité virtuelle, un master, je l'évoquais, centré sur le jeu vidéo. J'ai accompagné d'autres masters de chargé de projet informatique. Et donc, j'avais des étudiants qui avaient des profils d'ingénieurs. Et encore une fois, je me suis mis à m'ennuyer parce que, d'ores les ingénieurs, ce n'est pas le souci, mais moi, ce que je souhaitais, ce que je voulais développer, c'était des choses plus créatives. Et c'est là où j'ai compris que c'est le design d'interaction qui m'intéressait, c'est-à-dire concevoir des expériences nouvelles, innovantes, et par la suite, la notion d'expérience utilisateur. On n'exprimait pas encore, avant 2010, tu l'évoquais, la notion du X-Design, et puis le design thinking était assez balbutiement dans la façon dont c'était formulé, mais c'était déjà, moi, mon envie. Donc, ce que j'ai fait dans cette école, c'est que j'avais fait une association avec l'école des beaux-arts de Cergy. où je faisais travailler des ingénieurs avec des artistes. Ça, je trouvais ça super. On a créé des installations interactives mêlant un peu la folie créative des étudiants de l'école des Beaux-Arts avec la capacité de production et de réflexion.

  • Speaker #0

    Ça s'en fait avec des ingénieurs.

  • Speaker #1

    C'est ça qui m'a motivé en me disant, OK, la techno, oui, mais dans les mains de créatifs. Alors, c'est aussi une période où, dans ma vie perso, j'ai fait des enfants et... J'ai développé un peu cette vision de la famille et je n'avais pas forcément envie de rester en région parisienne à ce moment-là. Et Nantes était... Comme beaucoup de Parisiens,

  • Speaker #0

    tu as élu Nantes.

  • Speaker #1

    J'étais Parisien par erreur dans le sens où...

  • Speaker #0

    D'origine ardue.

  • Speaker #1

    Je suis normand à l'origine. Et donc, je suis arrivé en région parisienne pour une mission de quelques mois et j'y suis resté cinq ans. J'ai beaucoup apprécié ces années. Mais ce n'était pas ma vocation forcément d'y rester à long terme, encore moins avec des enfants. Et donc, je cherchais à bouger et je me suis posé la question, où est-ce que j'ai envie d'aller ? Il y avait deux questions là-dedans, c'est où est-ce que j'ai envie d'aller géographiquement ? Et puis, où est-ce que j'ai envie d'aller professionnellement ?

  • Speaker #0

    C'est quand même sur des compétences qui sont bien spécifiques. Tu ne fais pas du contenu pédagogique, ou en tout cas, tu ne gères pas du contenu pédagogique pour une école de commerce, ou du fait que partout en France, tu trouveras. Là, c'est quand même, tu es quand même dans une spécialité assez forte.

  • Speaker #1

    Pour moi, il y avait deux endroits en France que j'avais identifiés. Il y avait l'école d'art de... d'Aix-en-Provence, où il y a un prof qui est fabuleux, qui s'appelle Douglas Henrich Stanley, que j'avais fait venir à Cergy, d'ailleurs, pour les interactions avec les étudiants des Beaux-Arts, et qui a monté là-bas des choses incroyables, en termes de design numérique, version installation artistique. Je dirais que c'était parce qu'il y avait Douglas et quelques autres intervenants, mais l'équipe était déjà constituée. Et puis, ma famille est plutôt dans l'ouest de la France. Et donc, l'autre pôle, c'était Nantes. Et l'école de design de Nantes, en fait, quand moi, je débutais dans le domaine multimédia, il y a des gens qui sont mes collègues maintenant, se sont dit, le champ du multimédia, le champ du numérique est un champ du design. Donc ça, c'était en 2000.

  • Speaker #0

    Oui, et ce n'était pas si évident à l'époque.

  • Speaker #1

    C'était même visionnaire à l'époque. C'est-à-dire qu'à l'époque, le numérique, c'était soit pour de l'audiovisuel. J'évoquais les CD-ROM, donc c'est des gens qui faisaient du film précédemment, soit pour les ingénieurs, les gens qui codaient. Et les écoles de design, globalement en Europe, n'avaient pas cette vision que le digital était un champ du design. Et l'école de design de Nantes s'est positionnée en créant une formation qui, à l'époque, s'appelait Hypermedia. Et donc, quand je parlais de Pierrick Thébault, que je suivais sur les réseaux en 2005, en fait, il était dans cette formation Hypermedia. Et globalement, l'école de design a rayonné depuis... par à la fois ces formations, les projets faits à l'école, mais surtout par ces étudiants qui ont fait des super choses en étant étudiants et puis par la suite en étant des brillants designers.

  • Speaker #0

    Je peux en témoigner, comme je te disais en préparant cet échange, l'école de design de Nantes, l'ensemble des gens qui en sont sortis, que j'ai pu rencontrer à l'époque, et encore plus avec le podcast, je me suis dit, oh, ils sont tous assez impressionnants, ils ont tous une bonne formation. En tout cas, ils ont une vraie belle vision design. Mais tu es rarement déçu quand les gens partent en mission, ils allaient en entreprise. Donc, j'ai un excellent retour, en tout cas.

  • Speaker #1

    C'est flatteur, mais c'est vrai que je crois qu'on a une équipe à Nantes qui est une équipe de passionnés, que ce soit des dirigeants visionnaires à l'époque et qui orientent la stratégie de l'école. Et puis, des gens comme moi. les professeurs qui sont dans les différentes formations, et je crois aussi les étudiants. Et ça crée une opportunité de faire des choses incroyables, une envie de tester, de réfléchir, de faire des choses. Cette Ausha est arrivée jusqu'à moi quand j'étais encore en région parisienne. Et je me suis dit, c'est vers cet horizon-là que j'ai envie d'aller.

  • Speaker #0

    Oui, vers ce niveau d'exigence aussi, parce que j'imagine qu'être à l'école de design de Nantes et pour y rester, il faut un certain niveau d'exigence.

  • Speaker #1

    Encore une fois, c'est assez drôle. Je crois que le boulot que je faisais dans une école d'ingénieurs en faisant des projets avec les Beaux-Arts et en voulant développer la part créative était presque un copier-coller de ce que j'ai fait par la suite à l'école de design. C'est-à-dire qu'il y avait... par nature dans ce que j'avais inséré dans les référentiels de formation, dans les profs que j'avais recrutés, dans les projets que je voulais développer avec les étudiants, d'assez forte similitude avec ce qui se faisait déjà à Nantes. Ce qui fait que quand j'ai poussé mon CV une fois, deux fois, trois fois, parce qu'il y avait une personne qui était en place et qui faisait un super boulot, quand cette personne a bougé sur un autre poste dans l'école, Mon CV était sur le dessus de la pile parce que ça faisait un an que tous les deux mois, je faisais un coucou. J'existe toujours et je suis toujours très intéressé par ce qui se fait. Ça s'est fait encore une fois avec du temps. Ça,

  • Speaker #0

    c'est intéressant aussi ce que tu nous dis là. Parce que c'est vrai que l'objectif du podcast, c'est aussi de proposer aux gens qui nous écoutent d'avoir parfois des petits tips comme ça de comment on arrive à obtenir un poste qu'on aimerait avoir dans une entreprise qu'on aimerait avoir. Souvent, on rêve d'entreprise, on se dit tiens, j'aimerais bien travailler dans cette boîte-là. Comment je vais faire ? Ça, c'est une bonne technique. créer du réseau à l'intérieur de cette entreprise et puis tous les deux mois activer régulièrement dire qu'on est présent,

  • Speaker #1

    prendre des nouvelles quand on est déjà en poste et qu'on n'est pas pressé par la recherche d'emploi, on peut vraiment se dire si je cible une entreprise en particulier soit le poste n'est pas forcément là, ouvert, dispo ou créé et en prenant un peu le temps de se faire connaître et de proposer des choses tout le fait aussi d'anticiper

  • Speaker #0

    Peut-être de se dire, tiens, l'entreprise qui me fait rêver aujourd'hui, peut-être que là, je suis encore en études ou je suis dans un job et je me dis, j'ai encore au moins un an ou deux à y rester parce que j'ai aussi des objectifs personnels. En tout cas, commencer à se faire connaître, travailler autour de ces entreprises-là pour qu'ensuite, on puisse plus facilement penser à la personne. Parce qu'en fait, les gens qui font ces entreprises, qui sont intéressants, c'est des humains, c'est des relations humaines. C'est ça le plus important. Et si on commence à rentrer dans ça, au lieu d'envoyer candidature à chaque fois qu'il y a un rôle ?

  • Speaker #1

    En fait, quand on étudie un peu les emplois qui sont réellement dégagés, il n'y a que 20% des emplois qui font l'objet d'une offre d'emploi. La plupart des emplois se font parce qu'on a déjà le candidat sous la main, parce qu'on développe un nouveau poste. Alors, des fois, on est obligé de faire une offre en externe parce que... Parce qu'il y a des pratiques qui se font, mais si on a déjà identifié le candidat, on vérifie juste qu'il n'y en a pas d'autres qui peuvent être meilleurs, mais si on est déjà convaincu par une personne, ça avance. Donc, le conseil qu'on peut donner, c'est d'aller chercher les emplois avant que ce soit les offres d'emploi.

  • Speaker #0

    Là, tu arrives à l'école de design de Nantes. Est-ce que tu peux nous expliquer rapidement ce que tu as fait et maintenant ce que tu fais ? En plus, en longueur, on est là pour ça, pour comprendre ce que tu fais aujourd'hui à l'école de design de Nantes.

  • Speaker #1

    L'intitulé de mon poste, tu l'évoquais, c'est responsable pédagogique. En fait, le responsable pédagogique, il est garant de la qualité de la formation. Pour faire ça, il y a une structure de formation qui est celle de l'école, et puis il y a des spécialités métiers, moi c'est la digital. Il faut que je m'assure que ce que je donne en formation à mes étudiants soit adapté aux besoins du marché. Je pense que dans l'évolution chaque année, On n'est pas loin de 10% de changements chaque année. C'est-à-dire qu'il y a 10% des cours qui changent de nom, ou des contenus qui bougent, ou des outils qui changent, des professions qui changent, et puis des formats. On fait ce qu'on appelle des workshops, des projets, des choses qui ont des temporalités différentes. En fait, on teste des choses tout le temps, on est tout le temps avec des manettes à changer les choses. Je rembobine juste un peu, l'école de design de Nantes, c'est une asso, boîte 1901. Ça fait aussi partie de la passion qu'on a pour y travailler. Oui, on est soutenu par la CCI. On a des liens avec Nantes Métropole, avec la région. Vous avez une société privée, comme la plupart des écoles de commerce,

  • Speaker #0

    d'ingénieurs, vous connaissez ?

  • Speaker #1

    Et quand je parle de passion, je crois que le fait de se dire qu'on est là pour faire le mieux possible pour la formation de nos étudiants et pas le mieux possible pour des actionnaires ou pour un groupe privé et pour des dividendes, je crois que ça fait partie aussi de l'ADN. Et puis l'autre spécificité, c'est qu'on a des diplômes reconnus par l'État. Et pour autant, on est complètement libre de notre référentiel de formation. Et ça, c'est une richesse incroyable.

  • Speaker #0

    Et comment on l'obtient ?

  • Speaker #1

    Je crois qu'on l'obtient un peu par l'excellence. On l'obtient parce qu'on est bon. Alors, je n'ai pas envie de nous jeter des fleurs là-dessus, mais je crois que c'est... Parce qu'il y a eu un chouette boulot de fait précédemment, parce qu'il y a un travail aussi de relation avec les instances administratives de la pédagogie et de l'enseignement supérieur. Mais je crois que c'est surtout la qualité réelle de nos formations qui fait que... Donc globalement, ce qui se passe, c'est qu'on a un diplôme visé par l'État et ce visa dure cinq ans. Et tous les cinq ans, on renouvelle le visa. Mais ça nous oblige à faire part de l'innovation qu'on donne. dans la pédagogie et l'évolution de nos formations. Donc, ça nous oblige à nous remettre en cause tout le temps et de faire au mieux tout le temps.

  • Speaker #0

    Sur les cinq dernières années, comment toi, tu analyses un peu les évolutions et comment tu as fait évoluer ta formation ? On a senti beaucoup l'arrivée de la vision product. Il y a aujourd'hui l'intelligence artificielle. Il y a des organisations pour créer des produits, le SaaS, etc. On sent tous ces produits-là qui arrivent. Comment toi, tu as fait évoluer justement les cours et le contenu pédagogique ? Peut-être même qu'il y a des choses que je ne t'ai pas citées que tu pourras me mettre en avant.

  • Speaker #1

    Il y a un aspect certain, c'est le développement du nombre d'emplois dans le domaine du digital et encore plus en UX design et en product design. C'est-à-dire qu'on voit exploser à la sortie des études les offres. C'est-à-dire qu'il y a besoin de plus de designers bien formés.

  • Speaker #0

    Tu sais que c'est un peu à double tranchant, parce qu'on ressent en nous depuis, tant que professionnels, je dirais, du recrutement dans le design,

  • Speaker #1

    on ressent quand même un peu un effet de seuil. Un effet de seuil. Version 2024, en fait. Tout à fait. Mais là, tu me parles des cinq dernières années. OK.

  • Speaker #0

    Et Covid.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ça. Post-Covid. Pendant Covid. Et donc, globalement, il y avait ce besoin de former, ce qu'on fait. Et étonnamment, on avait presque un... Un recrutement inversement proportionné. C'est-à-dire qu'on avait moins d'étudiants voulant aller vers le digital et plus de boulots en sortie. Et tu parles du Covid, je crois que ce n'est pas anecdotique. Je pense qu'avoir été confiné et beaucoup attaché à des écrans comme seul moyen de communication n'a pas forcément créé des vocations de ne faire que ça ou d'être soi-même devant un écran pour travailler. Même si le métier du X-Designer est loin d'être résumé à être devant un écran. Mais la vision qu'on en a peut être celle-là. Et donc, il y a eu besoin, chose que je fais depuis toujours, j'ai l'impression, d'expliquer ce qu'était l'UX Design, d'expliquer quels étaient les métiers pour créer des vocations. Donc ça, c'était le premier aspect pour répondre à ta question. Qu'est-ce que j'ai pu faire ces cinq dernières années ? Le premier truc, c'est, avant même la formation, c'est faire savoir, faire valoir, expliquer, donc être présent. dans le cadre des communications de l'école, mais aussi des conférences, la présence sur des salons, l'explication de ce qu'on fait. Donc ce que Bill Gates appelait à l'époque de l'évangélisation, moi je pense que j'ai une partie de ça, c'est-à-dire expliquer ce que sont les choses.

  • Speaker #0

    Tu le fais très bien d'ailleurs aujourd'hui, c'est parfait.

  • Speaker #1

    Et puis c'est aussi un rôle qu'on se donne en tant qu'école d'expliquer le rôle du designer et la valeur ajoutée du design pour les entreprises, pas seulement pour les candidats, mais aussi... être en lien avec des entreprises et expliquer ce que pourrait apporter un designer sur des projets. On fait des projets en partenariat avec des entreprises, notamment pour leur permettre de lancer des nouvelles idées, de voir différemment les projets. Donc eux ils viennent pour un projet concret, et on se rend compte qu'avec un peu de recul, que c'est pas juste sur le projet qu'on est en train d'agir avec les entreprises, on est en train d'agir sur l'entreprise elle-même qui se dit Ok, là j'ai fait appel à des designers sur une période, peut-être qu'il y a un ou deux designers en interne dans l'entreprise, mais en fait si on veut faire bouger les choses, il faut que je m'adresse à un studio de design ou il faut que j'embauche un designer intégré pour aller plus loin sur ces sujets-là.

  • Speaker #0

    Parce que souvent, quand on laisse des designers dans une entreprise là où il n'y en a pas, on peut vite mettre le doigt sur plein de choses, découvrir des méthodes de travail qui sont totalement nouvelles. Je l'ai moi-même vécu parce qu'il y a quatre ans, j'étais totalement ignorant. du design du design thinking et de la force et de la puissance de ce que ça pouvait être et quand je l'ai découvert je me suis dit ah ouais c'est incroyable donc j'imagine quand des entrepreneurs ou des entreprises qui ne connaissent pas rentrent là-dedans ça

  • Speaker #1

    peut vite avoir un effet boule de neige et c'est super si vous faites ce boulot-là à la fois ça prépare le terrain pour nos designers en sortie d'école et puis moi je crois que c'est d'utilité publique en fait Je ne l'ai pas cité, on est non seulement une association de 1901, mais on est reconnue d'intérêt général. Il y a un statut qui s'appelle l'ESPIG, enseignement supérieur privé d'intérêt général. Je crois qu'on a un vrai rôle dans la société de se dire que le design et ses valeurs humaines, ses valeurs éthiques... sont apportées. Il y a l'aspect, on accélère les process, on réfléchit aux méthodologies, on fait de l'innovation qui sert vraiment, mais aussi, on prend en compte les utilisateurs, l'expérience des utilisateurs et les valeurs que ça apporte. Et puis, on prend en compte la notion de cycle de vie, d'éco-design, de numérique responsable. Ça fait partie des choses qu'on enseigne.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un cours spécifique qui est arrivé depuis peu, auquel vous n'étiez pas préparé ? Et qui est arrivé, parce que... Alors, chez le Deux Mondes ?

  • Speaker #1

    Si on remonte cinq ans en arrière, je te parle de numérique responsable. Ça fait trois ans maintenant qu'il y a un cours qui s'appelle comme ça. Et puis, quatre ans auparavant, j'ai lancé un cours qui s'appelle Éthique et Technocritique. En fait, former des designers au digital sans leur faire prendre du recul sur le médium lui-même et sur les biais et sur l'outil. Et puis, la question du dilemme moral, la question... est super important pour un designer, de savoir poser les choses comme une équation et de savoir comment le résoudre.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, moi, tu as bien vu la façon dont je te l'ai posé, c'était le marché qui dictait ce qui allait arriver dans l'école. Et à la fois, je trouve ça super intelligent de dire « Ok, il y a le marché qui demande ça, il y a plein de nouvelles choses, mais en tant qu'être humain, on va juste se poser, prendre un peu de recul et avoir aussi une critique, enfin avoir une critique qui n'est pas nécessairement négative. » C'est le propre de la critique. Et d'avoir des designers qui ne sont pas dans le béni-oui-oui, de dire, OK, on va faire ce qu'on nous demande de faire, mais plutôt être dans le pourquoi, comment faire mieux.

  • Speaker #1

    En fait, ce n'est pas antinomique.

  • Speaker #0

    C'est la même chose que tu m'as dit.

  • Speaker #1

    En fait, on peut répondre à des besoins business et il faut répondre à des besoins business. C'est-à-dire que le designer, il est là pour créer de la valeur. Mais en fait, il y a plusieurs façons de le faire et créer de la valeur en tenant compte des valeurs humaines et durables de ce que l'on fait. est encore plus positif. Et l'innovation vient souvent du fait qu'on fait peut-être comme on aurait fait sans y penser, mais on le fait encore mieux parce qu'on y pense. Et l'expérience utilisateur, elle est encore meilleure parce qu'elle est extrêmement humaine et soucieuse de l'éthique. Donc, ça marche mieux.

  • Speaker #0

    Sacré punchline qu'on va garder, celle que tu m'as lancée. Parce que, pareil, moi aussi, je suis rentré dans le design vraiment comme candide. Je ne connaissais rien du tout. Je le suis toujours, je découvre encore plein de choses. Je n'ai pas eu la chance de faire l'école de design de Nantes. Peut-être que si je revenais quelques années auparavant, je l'aurais peut-être fait, je me serais peut-être posé la question. Mais c'est vrai que comprendre pourquoi on fait les choses et comment on les fait de façon durable, j'imagine que cette question-là ne se posait pas il y a quelques années auparavant et que maintenant, si on arrive à se la poser, on peut peut-être même faire les produits de meilleure manière. Ça me fait penser à de nombreux échanges que j'ai eus avec Anna Sensio d'Asso System, qui parle de l'écoception, mais aussi de la conception circulaire.

  • Speaker #1

    Oui, design circulaire.

  • Speaker #0

    Design circulaire, merci. Design circulaire. Et moi, quand elle m'en a parlé, j'avais les yeux grand ouverts. Est-ce que je comprenais ? Et en fait, elle m'a ouvert des choses. Elle m'a dit,

  • Speaker #1

    tu me vois quoi ? Elle est une grande dame du design. Et elle a eu l'occasion de venir l'an passé à l'école de design. Et devant les étudiants, c'est incroyable la transmission avec des moments courts comme ça. Et c'est aussi l'enjeu d'avoir des designers inspirants et de montrer la voie sur des choses comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Et moi, je me rappelle que vraiment, elle m'avait ouvert à plein de choses en moi, plein de réflexions que je ne m'étais jamais posées. Si les élèves de l'école de design de Nantes peuvent l'avoir, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Dans le parcours d'Anna Sancio, il y a cette vision qui est designer industriel. Elle a fait beaucoup d'automobiles. Et en fait, ce qu'elle fait maintenant, c'est du service et de l'expérience. Et je crois que cette vision du design qui est une méthode et qu'en fait, cette même méthode peut s'appliquer à des domaines assez variés et que l'expérience du design industriel enrichit la partie design de service, je trouve que c'est assez beau comme exemple aussi.

  • Speaker #0

    C'est ce que j'essaie d'expliquer à tous mes clients, que ce n'est pas parce que la personne n'a pas travaillé dans l'assurance qu'elle ne saura pas être designer dans l'assurance, parce que justement, le propre du design, c'est d'avoir une méthodologie qui... qui s'adapte à tous les secteurs, toutes les problématiques, que ce soit en effet pour créer un vrai produit physique, industriel, ou un produit digital par rapport à un environnement, etc. Aujourd'hui, l'école de design de Nantes, sur la partie UX, c'est ça ? Vous êtes combien d'étudiants ? Raconte-nous un petit peu le quotidien de cette école.

  • Speaker #1

    Pour t'expliquer ça, je vais revenir un tout petit peu sur ta question de qu'est-ce qu'on a fait ces cinq dernières années. Globalement, l'école de design, depuis...

  • Speaker #0

    Depuis plus de dix ans, on a une quarantaine d'étudiants par an. Donc, quarantaine d'étudiants en première année, puis en deuxième année, puis en troisième année sur la partie digitale. Et puis après, on a des masters. Il y a cinq années. On est un grade de master. On est aussi le premier et pendant longtemps, on était le seul établissement avec grade de master à la fin. C'est en plus du visa. On est un peu l'exception dans le patin. dans la partie française sur cette reconnaissance. Mais donc globalement, on sort purement de la formation UX Design une quarantaine d'étudiants par an. En fait, c'est plus large que ça parce qu'on incorpore au fur et à mesure des années d'autres personnes avec lesquelles on va travailler, mélanger un peu les compétences de nos étudiants. Donc c'est plutôt entre 50 et 60 étudiants sortis sur des thématiques. Il y a deux ans, Je me suis posé la question de, est-ce qu'avoir une formation unique avec un socle du X-Design a encore du sens à un moment où le marché commence à avoir des designers de plus en plus spécialisés ? Tu parlais de product designer, il y a des UX researchers, il y a des UI designers, il y a des UI UX, etc. Stratégie designer, etc. Et j'ai fait appel à mon réseau d'anciens, beaucoup. à pas mal d'entreprises avec lesquelles j'ai des contacts pour essayer de référencer les compétences nécessaires pour être un bon designer. Et puis, j'ai essayé d'attribuer des compétences aux différents profils. Et en fait, ce qui est ressorti de cette étude-là, c'est que les compétences sont quand même assez larges et que jusque-là, notre socle de compétences était commun à tout le monde et que si on veut sortir des profils un peu spécifiques qui vont dans un domaine ou dans un autre, ça peut être intéressant de personnaliser le parcours et de pousser plus loin. Et là, depuis deux ans, on a fait le choix d'avoir ce qu'on appelle une majeure UX design, qui est un tronc commun, et d'avoir deux spécialités. Jusqu'avant, il n'y en avait qu'une seule, que le tronc commun. Et j'ai monté une spécialité dans le domaine vraiment du design d'interface, donc des gens qui ont des compétences UI encore plus poussées, et puis des compétences interaction design, c'est-à-dire des gens qui vont être sur les interfaces humain-machine. qui vont travailler plus spécifiquement sur l'interface vocale, sur l'interface tactile, sur des choses de type interface de véhicule. On a des workshops spécifiques sur l'interface dans les voitures. Cockpit. J'ai un ancien étudiant qui fait les cockpits du futur pour Airbus, pour les prochains avions, et qui nous fait des retours réguliers. On a cette vision-là, donc ça c'est la partie plus UI. Et puis l'autre spécialité... je l'ai intitulé « Design de service » . Et l'idée, c'est de faire monter en compétence stratégique nos étudiants. C'est-à-dire que là, on va avoir plus d'entrepreneuriat, c'était un de tes sujets, on va avoir des choses qui vont être plus sur la conception de service, identification des acteurs, équilibre d'un service, et puis comprendre les enjeux stratégiques, les motivations, les freins, donc aller plus loin sur les mécanismes des services, et puis permettre à ces gens-là de prototyper tout de même. Ça fait partie de l'ADN. Je n'ai pas précisé, mais depuis toujours, l'idée à Nantes, c'est de former des designers qui sont très bons en conception, qui sont très bons en création, mais qui ont les outils de prototypage. C'est-à-dire qu'ils codent, ils font du web, ils font de l'Arduino pour créer des objets connectés, ils codent un peu dans des logiciels comme Unity 3D ou Unreal Engine pour créer des dispositifs de réalité virtuelle ou de l'interaction humain-machine, parce qu'on ne peut pas être un designer sans outils de proto. Et puis, on ne peut pas être, de mon point de vue, un bon designer si on ne sait pas comment les ingénieurs vont faire les choses réellement.

  • Speaker #1

    Ça devient des sacrés profils. C'est vrai qu'on commence à toucher à beaucoup de compétences.

  • Speaker #0

    Ce que je vois comme évolution depuis des années, c'est qu'il y a moins d'appétence du designer à être très fin côté tech, à être réellement développeur. J'ai toujours des exceptions à ça, mais globalement, c'est plus une compréhension et les outils comme Figma, les outils no-code. vont dans ce sens-là, c'est-à-dire qu'on n'a plus besoin d'avoir les mains dans le cambouis. Et pour autant, je pense que c'est important de garder cette capacité de compréhension technologique. Ça, c'est le retour aussi de tous les professionnels. Pour un projet de conception numérique réussi, il faut que le binôme designer-développeur fonctionne. Et que si globalement, le développeur n'a pas de culture design du tout, pas de compétences et de culture tech, ça ne fonctionne pas.

  • Speaker #1

    C'est sûr que si vous avez une curiosité intellectuelle pour le dev et la technique, il ne faut vraiment pas du tout la mettre sous le tapis, bien au contraire. Tous les designers qui ont une vraie compétence technique, ils ont un temps d'avance sur d'autres. Il faut vraiment la cultiver et continuer dans ce sens, parce que c'est ce qui fait beaucoup la différence dans des entretiens, dans tout ce que je vois dans les attentes. C'est connaître un peu de code, être à côté du développeur, livrer des maquettes qui correspondent aux attentes d'un développeur. Même aujourd'hui, on parle de design system.

  • Speaker #0

    et de préparer les...

  • Speaker #1

    On arrive presque à de l'ingénierie design avec les tokens, etc. Je ne comprends pas comment ça fonctionne, mais je sens qu'en tout cas, il y a une vraie complexité dans laquelle il faut rentrer. Et tous ceux qui ont cette fibre-là, c'est un vrai plus qu'il faut pouvoir continuer à cultiver.

  • Speaker #0

    Tu citais les designers qui ont des compétences de tech. Ce n'est pas forcément ce qui... Ils vont l'utiliser directement dans leur boulot futur. Mais je vois plein de profils. La semaine dernière à Nantes, j'ai fait revenir des anciens qui sont sortis il y a plus de 10 ans de l'école. C'est un événement que j'ai appelé UX Community, que je vais faire chaque année, pour mettre en résonance ce réseau d'anciens. Depuis 2000, il y a à peu près 1000 designers formés à l'école de design dans le domaine digital, si on prend un peu le résumé. Ça fait du monde.

  • Speaker #1

    Et j'allais dire, et pas les derniers en plus. Moi, j'aurais aimé, à l'époque, dans mon école, même de commerce, de voir, tiens, quelqu'un qui a fait mon école et qui est directeur commercial de telle entreprise, qui a créé telle entreprise, etc. Je trouve ça hyper inspirant.

  • Speaker #0

    C'est inspirant, puis ça montre une voie. Et puis, il y a des phénomènes d'aspiration aussi. Il y a des phénomènes de réseau d'anciens. Je prends l'exemple, on a eu, autour des années 2012-2013, un premier étudiant sortant de l'école. qui s'est fait embaucher après un petit passage à Sciences Po Paris, dans le Media Lab de Sciences Po. Il est allé chez Google en Californie. Et deux ans après, il y avait cinq ou six designers de l'école chez Google. Il y a à la fois, parce que c'est inspirant, on ne savait pas qu'on pouvait le faire et maintenant on le sait, donc on y va. Et puis, il y en a un qui a ouvert la porte, il n'a pas bien refermé derrière lui, donc on le suit.

  • Speaker #1

    De fait, l'école, elle rentre dans les bonnes écoles référencées pour les recruteurs, etc.

  • Speaker #0

    J'ai eu ce cas-là. des premiers étudiants qui sont allés bosser pour Meta. À l'époque, c'était le groupe Facebook. Notamment dans le studio design de Londres, qui est un studio important en termes de conception. Et il y en a eu un, puis deux. Et puis après, j'ai eu la responsable des ressources humaines de Facebook qui m'a appelé en disant, on voit vos designers. Est-ce qu'on peut venir dans votre école pour présenter l'activité design de Facebook parce qu'on a envie de recruter chez vous ? Et ça, c'est valorisant, c'est intéressant. Et puis, encore une fois, ça fait travailler les étudiants sur une réflexion de carrière d'une part, et puis aussi d'éthique. Est-ce que j'ai envie d'aller bosser pour Facebook ? Donc, ça a lancé des débats qui étaient très intéressants à l'école. C'est à la fois le réseau des anciens, et puis comme tu le dis, c'est les entreprises identifient que le label École de Design de Nantes inspire confiance.

  • Speaker #1

    Ce que tu m'as dit là sur les deux options en marge. Ça fait vraiment sens, en tout cas, par rapport à ce que je vois dans les besoins des entreprises. Le profil vraiment designer, producteur, créateur, builder. Et le profil plutôt designer, vraiment en amont, stratégiste, service designer. Ça, je trouve ça super intéressant.

  • Speaker #0

    J'entendais dans un épisode précédent de ton podcast, Mehdi de Capgemini Bruxelles, que tu lui posais la question, c'est quoi pour toi les profils de personnes que tu recueilles ? recrute, c'est ces deux choses-là. Le designer stratégiste et puis le UI designer bien pointu qui fait des maquettes. Moi, ça veut juste dire que le choix que j'ai fait deux ans avant a du sens.

  • Speaker #1

    C'est ça, quand on interview les gens, quand on s'intéresse au marché, normalement, il n'y a pas de raison qu'on soit en dehors. On va discuter rapidement aussi de la partie designer-entrepreneur. Pour moi, c'est quelque chose qui me tient à cœur, de mémoire, dans les échanges réels. avec Benjamin et avec Simon, ce n'était pas non plus quelque chose d'ultra poussé par l'école. Et à la fois, de ce que j'entendais de leur retour d'expérience, en tout cas, on leur laissait toute la liberté pour. Est-ce que justement, tu peux m'expliquer un peu votre vision par rapport à ça ? Parce que j'imagine que des jeunes qui rêvent de créer plein de choses, c'est un peu, c'est que ça, l'école de design de l'an. Comment on arrive à la fois à encadrer ça ? Parce qu'ils ont quand même un projet professionnel à suivre. et à la fois leur donner la liberté d'y arriver.

  • Speaker #0

    Je crois que dans l'historique de la culture des écoles de design, et peut-être spécifiquement à Nantes, il y a un tabou du côté de la création de valeur, de l'entrepreneuriat. C'est-à-dire que dans un bon projet de design... on ne prenait pas forcément en compte le modèle économique et l'innovation du modèle économique. Le gagner de l'argent.

  • Speaker #1

    Pour les utilisateurs, il y a un côté un peu...

  • Speaker #0

    C'est ça. Donc, on est souvent avec notre casquette de professeur, avec l'idée de ça, on verra plus tard, ou ce n'est pas votre sujet. Et en fait, on se rend compte que si, et qu'un bon designer, c'est aussi celui qui comprend la dimension business. Donc, je pense que les choses évoluent. On a une notion de designer manager de projet. et de management d'équipe et d'optimisation des processus, et notamment dans les cycles master, on développe beaucoup cette partie-là. Mais la partie entrepreneuriat, elle est souvent présente auprès des étudiants. Je te parlais de mon travail avec des ingénieurs précédemment, avant d'être à Nantes, je faisais des séminaires d'entrepreneuriat, et moi-même en tant qu'étudiant, j'ai fait des concours d'entrepreneuriat, j'ai remporté un concours d'entrepreneuriat de la Chambre de commerce de Versailles. Et c'est... Peut-être anecdotique, parce que je n'ai pas développé ma propre entreprise, mais ça m'a montré l'apport que ça pouvait avoir dans les études, d'avoir cette vision de l'entreprise, la compréhension stratégique de l'entreprise. Et ça, c'est des choses que j'ai toujours insérées dans mes propres programmes de formation. On a en France plein de petits concours, événements. Il y a des startups week-end. Il y a un concours qui est devenu national qui s'appelle les Entropes, qui s'appelait les entrepreneuriales, qui était juste en Vendée, Pays de la Loire. précédemment, qui sont des super occasions d'être en contact avec des chefs d'entreprise qui ont envie de transmettre, et puis d'être en équipe avec des étudiants qui viennent d'autres écoles. Moi, j'ai toujours une quinzaine d'étudiants par an qui participent aux entre-up, dès la deuxième année de formation.

  • Speaker #1

    Mais en avancée, j'imagine,

  • Speaker #0

    tu dis qu'il y a ça qui existe.

  • Speaker #1

    Il y a ça qui existe, et on va être bien...

  • Speaker #0

    Encore une fois, avec ma façon de faire du réseau, j'ai développé des ponts avec les organisateurs de ce concours. Je les invite à l'école, ils utilisent nos locaux pour certains workshops, des choses comme ça. Et puis moi-même, j'interviens pour coacher les étudiants qui se lancent dans cette aventure-là, notamment sur comment pitcher son idée ou comment créer de la communication. Donc je l'amène ma pierre à l'édifice, mais je me rends compte du bénéfice que ça a pour mes étudiants de faire ça. Et en fait, il y a à la fois ça... Le fait de faire des stages en cours de formation, certains étudiants se disent « En fait, j'ai des compétences. Et plutôt que bosser à livrer des pizzas ou à faire de la logistique pour une chaîne de supermarché pour financer mes études, je peux arrêter ça et me monter un statut d'auto-entrepreneur, freelance et de commencer à répondre à des projets. » Donc, je pense que ça, c'est des choses sur lesquelles moi, je passe. Juste de l'information, ce qui est possible, ce qu'on peut faire, comment on le fait clean, etc. Et donc, je crois que ça commence comme ça. Et d'avoir des étudiants qui se rendent compte qu'ils peuvent financer leurs études en partie en complétant leur formation et en ayant de l'expérience, c'est un premier pas vraiment intéressant.

  • Speaker #1

    En effet, la notion business, même pour les entreprises, d'avoir des designers qui comprennent comment ça fonctionne, qui sont intéressés pour que leur design aille dans ce sens-là, aussi avec les idées. en compromis avec ses utilisateurs aussi, mais c'est vrai que c'est un retour d'expérience qu'on a souvent aussi sur toute la partie data et savoir expliquer l'impact du design peut-être à des chefs d'entreprise et parfois à des financiers qui pensent plutôt en chiffres plutôt qu'en émotions. C'est tout cet aspect-là qu'il faut réussir à développer et quand on passe par justement l'entrepreneuriat en école, ça peut faire sens pour le développer et le prouver en entretien et dire, regardez, déjà... J'ai aussi fait ça et ça peut faire sens pour beaucoup d'entreprises.

  • Speaker #0

    Là, je t'ai parlé de dispositifs externes à l'école qui est un peu le... Oui,

  • Speaker #1

    c'est ce que j'allais dire. J'allais dire peut-être...

  • Speaker #0

    Mais en interne, en fait...

  • Speaker #1

    L'entre-concours.

  • Speaker #0

    Le fait d'avoir développé une formation design de service avec l'idée d'en faire des designers qui ont une compréhension stratégique, j'ai rajouté des cours. Je fais déjà depuis des années un cours sur les modèles économiques du numérique. les business models qui sont particuliers. En fait, quand on vend des choses qui sont immatérielles et duplicables à l'infini, il y a des modèles économiques qui sont particuliers. Mais là, ça va être de plus en plus complété par des cours vision un peu business. Ça, c'est un premier point. Et puis, plus globalement, au niveau de l'école, je travaille avec des collègues sur une réflexion de parcours entrepreneurial. C'est-à-dire que, OK, tu es un étudiant, tu fais un projet. et puis tu te rends compte que ce projet, tu as envie de le pousser plus loin, on va t'accompagner pour ça. Et donc l'idée, c'est de flécher à la fois des modules déjà existants et puis des accompagnements supplémentaires qu'on va proposer à des étudiants qui rentrent au fur et à mesure de leur formation dans un parcours entrepreneurial. Et le point d'orgue de ça, c'est le projet de fin d'études qui est une façon d'incuber le projet. Donc le projet de fin d'études où nos attentes historiques sont plutôt sur la partie design, conception, expérience. démontrer la valeur ajoutée de la conception, se complète par une vision business sur en quoi l'écosystème permet d'accueillir et en quoi le réseau permet de financer et en quoi on peut développer réellement le projet à la sortie.

  • Speaker #1

    Pendant mes études, je faisais aussi beaucoup les parcours d'entrepreneuriat et au final, à la fin, je n'ai pas fait d'entrepreneuriat tout de suite, mais 15 ans plus tard, je ne dis pas que ça m'a servi, mais en tout cas, ça m'a permis de me dire que c'était... c'est sûrement possible de le faire. Et moi, découvrant le design depuis ces 4-5 dernières années, je me rends compte que la méthode que j'ai mise en place pour créer mon entreprise, ce n'était pas du tout les méthodes que j'avais apprises à l'époque. C'était le design thinking. Et qu'en fait, le designer a beaucoup de toutes les compétences qu'il faut pour être créateur d'entreprise. Je le dis souvent, il manque peut-être la partie commerciale, business, aller chercher des... aller chercher des clients, et toute la partie prospection, etc. Et puis, sûrement, la partie financière, administrative. Mais sinon, créer un produit, créer un business model, comprendre ses utilisateurs, comprendre ses clients, etc. Et ensuite, toute l'idéation pour finir un produit fini qu'on aurait échangé et testé. En fait, c'est design thinking, et donc, c'est de la création d'entreprises.

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Je trouve que vraiment, être aujourd'hui, être limited. Je préfère une formation de designer pour être entrepreneur qu'une formation en école de commerce. Enfin, j'en suis peut-être à l'air. Après, je suis peut-être un petit peu trop too much parfois.

  • Speaker #0

    Je crois que la bonne vision, ce n'est pas forcément le design ou le commerce ou l'ingénierie, c'est les trois. En fait, c'est comment est-ce qu'on identifie les compétences de chacun et comment est-ce qu'on sait s'associer aussi avec des personnes. Bien sûr, développer des compétences propres d'entrepreneur. Je pense qu'il y a, un peu comme partout, 10 % de... de personnes qui sont par nature entreprenantes. Et je crois que cette fibre-là, il faut juste l'allumer, en fait. Il faut donner l'occasion aux étudiants de la révéler et de la cultiver.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, justement, c'était peut-être une de mes dernières questions par rapport à l'école de design de Nantes. Est-ce que vous allez aider d'autres écoles, peut-être même des entreprises, à découvrir le design ? et à intégrer le design parce qu'il y a très peu, j'ai échangé avec des jeunes en école de commerce et qui me disaient qu'ils avaient eu des cours de design thinking. J'ai trouvé ça fantastique à me dire, tiens, potentiellement, le design va entrer dans tous les différents corps de métier et donc que ce soit beaucoup mieux compris. Est-ce que justement vous avez ce type d'activité ?

  • Speaker #0

    Alors... On a monté une formation commune avec Audencia, qui est une école à Nantes dans le domaine du commerce. Et on a un bachelor qui est un tiers design, un tiers business et un tiers média. Il y a une troisième école qui s'appelle ScienceCom. Et donc, on a monté cette formation un peu hybride pour des profils beaucoup plus larges que nos concepteurs. Donc ça, c'est un premier aspect. Donc là, c'est la deuxième année d'existence de cette formation. On a des super promesses. C'est tout neuf, donc ça va dans ce sens-là. L'autre aspect que l'on fait, c'est ce qu'on appelle la formation continue, c'est-à-dire on propose des modules pour les professionnels et on les forme. Et puis le troisième aspect, c'est ce dont je parlais, les projets en partenariat, c'est-à-dire le fait de faire travailler des étudiants et d'inviter les professionnels à venir voir ce que ça donne. C'est une façon de distiller un peu la culture design dans les entreprises, puis à inciter les dirigeants à se former. Je pense que ça, c'est un gap qu'on a passé. On a... On a beaucoup fait ça depuis 20 ans. Je crois que maintenant, on n'a plus besoin de prouver que le design est important pour des entreprises. Je crois que la culture avance.

  • Speaker #1

    Franchement, c'est des retours qui n'ont pas toujours le cas. Parce qu'en fait, l'impact, il est encore peut-être parfois trop difficile à comprendre.

  • Speaker #0

    Ça ne veut pas dire que ça ne sert à rien de continuer à évangéliser, même si je n'aime pas ce terme, mais cette idée d'expliquer et puis d'acculturer. Mais moi, j'ai vu vraiment une évolution des entreprises. Tu parlais de ça. Il y a des entreprises qui faisaient que du logiciel, du progiciel. Il y a 15 ans, ils n'avaient pas un seul designer. Maintenant, ils se sont rendus compte que sans designer, ils ne pouvaient pas se positionner en concurrence. Ils ne savaient pas faire évoluer leurs produits. Donc, ça avance.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. C'est vrai. En fait, je pense que ça avance. Mais on aimerait toujours que ça aille beaucoup plus. C'est vrai que... C'est frustrant.

  • Speaker #0

    Ça nous apprend aussi l'humilité où le design n'est pas non plus la solution ultime tout le temps et qu'il faut s'assurer qu'on soit toujours performant et apporter toujours des choses en plus.

  • Speaker #1

    Bon, écoute, on arrive sur la fin de l'échange. C'était super intéressant. On a pu découvrir l'école de design de Nantes. le fonctionnement et comment vous avez pensé toutes ces évolutions. Est-ce que toi, pour terminer l'échange, j'aime bien discuter des recommandations des invités. Est-ce que toi, tu as une recommandation d'un livre ou d'un site web, en tout cas d'une source d'information qu'on pourrait partager aux auditrices et auditeurs et aux viewers ?

  • Speaker #0

    Moi, je pense que les podcasts sont... C'est une belle occasion d'apprendre beaucoup de choses. Je t'ai beaucoup écouté et les gens que tu as pu interviewer. Sur des podcasts plus généralistes, moi, je recommanderais Le Code a changé, qui est publié par Radio France. Xavier Delaporte, qui est un journaliste qui fait beaucoup de choses par ailleurs, réalise ce podcast-là et c'est toujours éclairant. Et ce que j'aime dans ce podcast, c'est à la fois les sujets qui sont traités, qui sont toujours en lien avec la culture et le domaine digital. D'accord. mais qui sont également, le journaliste lui-même nous raconte son cheminement de pensée et de découverte du sujet qu'il est en train d'aborder. Et je trouve cette façon de faire très inspirante, éclairante, sur l'humidité de « je ne sais pas tout » et je découvre en écoutant et en questionnant et en me questionnant moi-même. Le code a changé. Le code a changé en podcast Radio France. Ça, ça peut être une première recommandation.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un film et un album de musique ? à nous recommander qui sont peut-être les questions les plus complexes de ce podcast.

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a des choses qui sont très actuelles, mais là, en me replongeant un peu sur l'historie de comment je suis arrivé dans ce domaine-là, je dirais qu'en film, des trucs un peu anciens de type Blade Runner, cette vision...

  • Speaker #1

    C'est que Blade Runner, on nous l'a ressorti, et c'est très bien. Et ça montre un peu l'impact à la fois sur une génération, mais Blade Runner... On l'a déjà donné trois ou quatre fois.

  • Speaker #0

    Je pense qu'on est dans une vision du futur, mais c'est comme au niveau des livres. Moi, je pense qu'il faut lire Aldous Huxley, Le meilleur des mondes. Il faut lire Orwell 1984, ou Paranite, ou iRobot. Je pense que les visions dystopiques qui ont un lien avec la technologie et l'évolution du monde sur la techno nous permettent d'avoir des points de repère et de faire des choix.

  • Speaker #1

    et de lever des...

  • Speaker #0

    Côté éthique, le fait de se dire « Ok, je n'ai pas envie que ce soit ça » ou sentir l'appel des sirènes, Aldous Huxley, « Le meilleur des mondes » , il y a des moments où on se pose la question « Pourquoi est-ce qu'on ne fait pas ça ? » et à d'autres moments, on se dit « Mais c'est absolument horrible. » Je trouve que cette dualité de vision du monde est importante à questionner. Et ouais, Blade Runner, on est un peu là-dedans, en fait.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as un album de musique ?

  • Speaker #0

    Pareil, si je prends la même période, quand j'étais en boîte de pub, j'écoutais du Pink Floyd en album inspirant. Alors, il y a des choses très, très planantes, Dark Side of the Moon, etc. Moi, je pense que The Wall reste, encore une fois, avec une vision de réflexion du monde. Et puis, je pense aussi au film qui a été fait en parallèle de cet album. Donc, Pink Floyd, The Wall.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Florent. C'était un vrai plaisir d'avoir ce moment avec toi, que tu nous expliques un petit peu tout ça. On se suit sur les réseaux sociaux, on te suit aussi, on n'en a pas parlé, de Friends of Figma Nantes, que maintenant tu gères avec plusieurs de tes camarades. Peut-être on peut faire un mot d'ailleurs sur ça.

  • Speaker #0

    Juste un mot là-dessus. Friends of Figma existe un peu partout dans le monde et n'existait pas à Nantes alors qu'on a une communauté et il y a la French Tech et il y a un écosystème d'entreprises assez important. Et avec différents designers que je connais, notamment par l'école, Antonio Fidalgo, chez Winepoint, Renaud Goujat, qui travaille dans une boîte qui s'appelle Palo Haiti, on s'est dit, on a envie que ça se fasse. Et donc, on a créé l'antenne Nantaise. Et on l'anime depuis novembre dernier. Et puis, ça se passe très bien.

  • Speaker #1

    Oui, avec succès.

  • Speaker #0

    On a des beaux événements. On a des gens qui viennent. Ça fait encore des occasions de réseau, de rencontres.

  • Speaker #1

    C'est un vrai passe-temps que tu aimes bien. Bon, super. Écoute. On te souhaite le meilleur pour tout ça. Et puis, une excellente rentrée en 2025 pour l'école de design de Nantes. Je te dis à très bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Paul, pour l'invitation.

  • Speaker #1

    Au revoir. Au revoir. Merci d'avoir écouté le podcast Head of Design. Si tu souhaites faire partie ou faire appel à Design Club, tu peux nous retrouver sur designclub.fr. et m'ajouter sur LinkedIn. Je serai ravi de débriefer avec toi. Enfin, tu peux nous supporter en donnant ton avis 5 étoiles et en t'abonnant pour suivre nos prochains épisodes sur ta plateforme d'écoute préférée. Le club ferme ses portes. J'espère que vous avez apprécié. A bientôt.

Description

Aujourd'hui, je reçois, Florent Michel, responsable pédagogique Majeure UX Design à l’École de Design de Nantes


Ensemble on va répondre à la question suivante : 👉 Comment se construit la nouvelle génération de designers ?


Ainsi, on se nous plonge dans l’univers de la formation en design. Comment l’école évolue-t-elle face aux mutations du marché ? Comment préparer les étudiants aux réalités du terrain ? Et pourquoi le réseau et l’entrepreneuriat sont devenus des éléments clés du parcours d’un designer ?


On parle aussi de Friends of Figma Nantes, du rôle stratégique du design dans les entreprises et des compétences indispensables aux designers d’aujourd’hui.


🎧 Un épisode inspirant pour designers, étudiants et recruteurs qui veulent comprendre les coulisses de la formation et les tendances du design en France !


Vous avez laissé votre manteau au vestiaire… Bienvenue dans le club !


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, je suis Paul MenanT, cofondateur de Design Club, un collectif international 100% design et research. Grâce à la force du nombre, on accélère les projets de nos clients et la carrière de nos membres dans le monde entier. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'animer le podcast Head of Design, un podcast qui met en lumière ces personnalités inspirantes qui définissent les tendances du design. Vous découvrirez leur parcours, savoir-faire, et les convictions qui les animent, tout en partageant leurs bonnes pratiques et recommandations. Allez, c'est parti ! Vous avez laissé votre manteau au vestiaire ? Bienvenue dans le club ! Aujourd'hui, nous recevons Florent Michel, tu es responsable pédagogique à l'école de design de Nantes et le nouvel invité de ce podcast. Je te remercie d'être présent. Florent, bonjour.

  • Speaker #1

    Bonjour Paul.

  • Speaker #0

    Merci de me suivre dans cette folie pour la première fois où on fait un podcast en vidéo. L'idée, c'est qu'aujourd'hui, on va discuter de ton parcours, comprendre un peu qui tu es. Et puis, on va faire aussi un gros focus sur l'école de design de Nantes, sur le design de demain et les designers de demain. comment toi, tu vas les aider à aller vers tout ça et comment tu les accompagnes. On va aussi discuter du concept de designer entrepreneur que j'aime bien porter. Et en plus, dans ce podcast, on en a eu trois qui sont passés par l'école de design de Nantes. Pierrick Thébault, Benjamin Berger et Simon Artebis, qui était encore il n'y a pas si longtemps à l'école de design de Nantes. Et voilà, et puis on va aussi discuter de Friends of Figma à Nantes, que t'animes, bref, t'as une vie bien chargée. Et donc, c'est un peu tout ça dont on va discuter. Ça te va ?

  • Speaker #1

    Très bien.

  • Speaker #0

    La première question que j'aime poser à mes invités, c'est à quel moment tu découvres le design dans ta vie et que tu te dis tiens, c'est quelque chose que je vais continuer tout au long de ma carrière.

  • Speaker #1

    C'est assez drôle parce que ce n'était pas forcément la porte d'entrée dans les métiers. Alors moi, je suis vraiment spécialisé dans le domaine numérique. Ce n'était pas le terme design qui m'a accroché au démarrage et je l'ai découvert un peu au fur et à mesure. Moi, je viens plutôt du domaine de l'image. J'ai démarré avec une formation d'InfoCom, une formation en communication. Et donc, sur le média, sur le message à transmettre, etc. J'ai une première formation en InfoCom et j'ai travaillé assez vite en boîte de communication, de publicité. Je suis rentré dans le graphisme, dans l'infographie, pour mettre en pratique la partie communication. Et c'est plus tard que la partie vraiment design, parce que je faisais déjà du design graphique à l'époque, moi, je n'appelais pas ça comme ça. et le sentiment de faire de la communication.

  • Speaker #0

    Et à quel moment tu découvres ces aspects de design thinking, l'UX, l'expérience utilisateur ?

  • Speaker #1

    Si je reprends un peu la notion de dérouler dans ma vie, je suis infographiste en boîte de pub, je fais des visuels de stand, je fais un peu de site web à l'époque, je fais de la mise en page de magazine, et je m'ennuie en fait, parce que ça ne bouge pas, parce que c'est de l'image fixe, et je me dis, il y a des trucs qui existent. Alors là, on est dans le début des années 2000, il y a des trucs qui existent qu'on appelle... web d'une part, puis le multimédia. C'était la grande époque des DVD-ROM, de cette réflexion un peu, le DVD du Louvre, le DVD d'Orsay, ce genre de choses. C'est des ROM à l'époque. Et je me dis, mais il y a quand même des choses à explorer et ça m'intéresse. Et j'arrête ce boulot d'infographiste, je reprends mes études dans le domaine du multimédia. J'ai avancé dans le domaine de l'image, cette fois animée. Et là, j'avais une spécialisation de communication culturelle. Et je trouvais ça passionnant. De me dire, OK, j'ai un groupe de musique, j'ai un musée, et qu'est-ce qu'ils veulent dire ? Quelles sont leurs essences ? La notion du brief évolue sacrément. Être en agence de pub et avoir des briefs vraiment de marketing, en fait, et migrer vers des briefs culturels. De se dire, OK, c'est quoi l'état d'esprit ? C'est quoi que je souhaite transmettre ? Et ça m'a passionné, cette partie-là. Je crois que je suis rentré dans le design à peu près à ce moment-là. À un moment où, là, on est dans les années 2005, donc on ne parlait pas encore du X-Design, on était... sur les balbutiements de ce qui était en train de se formaliser. J'ai continué dans ce domaine-là.

  • Speaker #0

    Donc la notion de design thinking, elle arrive encore un peu plus tard. 2010, j'imagine, c'est un peu la date de naissance qu'on donne en France autour de cette méthodologie.

  • Speaker #1

    Si je déroule mon histoire pour aller jusqu'à 2010, là, j'ai repris des études. Je travaille en parallèle en apprentissage. Je travaille pour une boîte de web, de multimédia, qui fait du site web. Alors, je fais du Flash à l'époque, la belle techno de l'époque. Je fais des sites web dynamiques et je me dis que j'ai encore envie d'aller plus loin. Après cette formation de multimédia, je vais vers une formation de chargé de projet informatique spécialisé dans la réalité virtuelle. De l'image fixe, je passe à l'image animée et de l'image animée, je passe à l'image 3D immersive. J'ai continué jusqu'en master réalité virtuelle. Ma formation académique s'arrête là. Et arrive le moment de savoir quoi faire de ça.

  • Speaker #0

    Ça, c'est un moment, peut-être qu'on en reparlera juste après, mais pour un étudiant, qui n'est pas simple, de rentrer sur le marché de l'emploi avec les compétences qu'on a. Et toi, c'est un de tes gros sujets aujourd'hui, c'est réussir à mettre les designers dans le monde de l'emploi le plus facilement possible.

  • Speaker #1

    Je crois que déjà à l'époque, A la fois, je développe des compétences de concepteur, de designer numérique, et à la fois, je développe une notion de réseau où chacun des profs que j'ai eus, chacune des conférences que j'ai suivies, je suis resté en contact avec les personnes. Et une bonne partie des étudiants qui étaient dans mes classes, l'idée, c'était de garder le réseau et de voir comment eux se débrouillaient et de voir ce qu'ils apprenaient eux-mêmes. Donc, j'étais déjà à cette époque-là dans cette dynamique. Et à la question qu'est-ce qu'on fait de ses compétences à la sortie d'un master, en fait, moi j'ai laissé un peu le destin, le hasard, je ne sais pas, jouer pour moi. J'ai été appelé dans une école parisienne qui avait un master de réalité virtuelle depuis quelques années et dont ce qu'on appelle le référentiel de formation était vieillissant. Globalement, la liste des cours, la liste des profs, le digital en général et la réalité virtuelle à l'époque peut-être en particulier, évoluent super vite en fait. La personne qui se chargeait de ça était en arrêt maladie depuis un bon moment et n'était pas spécialisée en réalité virtuelle. Et donc, on m'a appelé pour une mission courte de « Florent, toi qui sors d'un master, on t'a croisé à plein d'endroits, est-ce que tu pourrais nous filer un peu de main pour mettre à jour un référentiel de formation ? » Moi, ma casquette, elle est pédagogique, mais je suis tombé dedans. Je n'ai pas fait de sciences de l'éducation à la fac. Je n'ai pas travaillé en amont sur cette partie-là.

  • Speaker #0

    Et c'est comme ça que tu arrives aussi à te faire identifier comme quelqu'un de pertinent, justement, par ce réseau et par ses différentes actions pour aller au-devant de certaines conférences, au-devant de certaines personnes. Ce qui fait qu'en fait, souvent, ce dont les étudiants pâtissent, c'est du manque d'expérience. Et donc ? Là, toi, tu avais réussi à voir ce gap-là, à le minimiser de cette façon.

  • Speaker #1

    Oui, sans en prendre forcément conscience à l'époque. Pour moi, c'est naturel, en fait. Je crois que je suis curieux de nature et je crois que j'ai envie d'apprendre tout le temps. Et du coup, aller à des conférences. À l'époque, c'est aussi un moment où j'avais mon blog. C'était la belle époque des blogs. Je crois que j'ai eu un des premiers WordPress. de mes promos d'étudiants, en fait. Et en fait, je faisais la veille et je publiais des articles de blog qui relataient ma veille. Et pour ça, je posais des questions à des gens. Donc, je contactais des éditeurs logiciels, j'allais voir des salons et je posais des questions et je faisais mon petit journaliste, comme d'autres...

  • Speaker #0

    C'est drôle, justement, Benjamin, il s'est fait repérer aussi de cette façon-là, par Atlassian à l'époque. Il l'explique dans son podcast. Et c'est vrai, il créait du contenu à le haut devant. En tout cas, c'est vraiment ce qu'on peut... On peut souhaiter et pousser auprès des étudiants.

  • Speaker #1

    Tu citais Pierrick Thébault, qui est Head of Design chez Shine. Il est de la même génération que moi et je lisais ses articles qui publiaient de la même façon. Et je crois qu'il lisait les miens. On était rentrés en contact, on était encore étudiants l'un comme l'autre. Lui, il venait de l'école de design de Nantes. Moi, j'étais encore au master à Laval avec Harry Métier. Et en fait, on échangeait. Et donc, le réseau, il se fait en partie par curiosité de démarrage.

  • Speaker #0

    Et donc là, tu rentres dans le monde du travail, tout de suite dans le monde de la formation pédagogique. Ça ne va pas te lâcher ?

  • Speaker #1

    Oui, en fait, je suis arrivé pour une mission courte. Et puis, la personne que je remplaçais est restée en Arrima Lady longtemps. Et il y a eu plein d'autres occasions de faire d'autres choses. Je suis venu sur une mission de mise à jour d'un référentiel, puis de recrutement d'enseignants, puis de coaching des enseignants, puis de suivi des étudiants. Après, j'ai monté deux nouvelles formations parce que l'école où j'étais évoluait. Incroyable. J'ai monté un master de jeux vidéo, domaine dans lequel je n'étais pas forcément avec un niveau d'expertise, mais je me suis entouré de personnes.

  • Speaker #0

    Toujours la curiosité.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. Et de trouver les bons interlocuteurs et puis d'avancer avec des équipes.

  • Speaker #0

    De toute façon, monter une formation, j'ai l'impression que c'est beaucoup plus du réseau et aller vers les autres et essayer de comprendre qui est un peu quelqu'un qu'on va suivre dans sa pensée et dans sa vision, plutôt que de savoir soi-même comment... Comment bien faire les choses ?

  • Speaker #1

    Je crois qu'identifier des personnes qui ont envie de transmettre. Je crois que c'est une grosse partie de mon boulot, en fait, d'identifier des gens qui, non seulement ont la compétence, mais éventuellement, il y en a beaucoup, y compris des personnes qui ont encore plus de compétences. Bien sûr. Mais surtout, l'envie de faire en sorte que cette compétence soit accessible par des personnes qui sont néophytes. L'envie de transmettre, c'est tout à fait ça.

  • Speaker #0

    Et à quel moment tu rentres dans l'école de design de Nantes alors ?

  • Speaker #1

    Alors là, je travaille depuis cinq ans dans cette école en région parisienne avec une formation de réalité virtuelle, un master, je l'évoquais, centré sur le jeu vidéo. J'ai accompagné d'autres masters de chargé de projet informatique. Et donc, j'avais des étudiants qui avaient des profils d'ingénieurs. Et encore une fois, je me suis mis à m'ennuyer parce que, d'ores les ingénieurs, ce n'est pas le souci, mais moi, ce que je souhaitais, ce que je voulais développer, c'était des choses plus créatives. Et c'est là où j'ai compris que c'est le design d'interaction qui m'intéressait, c'est-à-dire concevoir des expériences nouvelles, innovantes, et par la suite, la notion d'expérience utilisateur. On n'exprimait pas encore, avant 2010, tu l'évoquais, la notion du X-Design, et puis le design thinking était assez balbutiement dans la façon dont c'était formulé, mais c'était déjà, moi, mon envie. Donc, ce que j'ai fait dans cette école, c'est que j'avais fait une association avec l'école des beaux-arts de Cergy. où je faisais travailler des ingénieurs avec des artistes. Ça, je trouvais ça super. On a créé des installations interactives mêlant un peu la folie créative des étudiants de l'école des Beaux-Arts avec la capacité de production et de réflexion.

  • Speaker #0

    Ça s'en fait avec des ingénieurs.

  • Speaker #1

    C'est ça qui m'a motivé en me disant, OK, la techno, oui, mais dans les mains de créatifs. Alors, c'est aussi une période où, dans ma vie perso, j'ai fait des enfants et... J'ai développé un peu cette vision de la famille et je n'avais pas forcément envie de rester en région parisienne à ce moment-là. Et Nantes était... Comme beaucoup de Parisiens,

  • Speaker #0

    tu as élu Nantes.

  • Speaker #1

    J'étais Parisien par erreur dans le sens où...

  • Speaker #0

    D'origine ardue.

  • Speaker #1

    Je suis normand à l'origine. Et donc, je suis arrivé en région parisienne pour une mission de quelques mois et j'y suis resté cinq ans. J'ai beaucoup apprécié ces années. Mais ce n'était pas ma vocation forcément d'y rester à long terme, encore moins avec des enfants. Et donc, je cherchais à bouger et je me suis posé la question, où est-ce que j'ai envie d'aller ? Il y avait deux questions là-dedans, c'est où est-ce que j'ai envie d'aller géographiquement ? Et puis, où est-ce que j'ai envie d'aller professionnellement ?

  • Speaker #0

    C'est quand même sur des compétences qui sont bien spécifiques. Tu ne fais pas du contenu pédagogique, ou en tout cas, tu ne gères pas du contenu pédagogique pour une école de commerce, ou du fait que partout en France, tu trouveras. Là, c'est quand même, tu es quand même dans une spécialité assez forte.

  • Speaker #1

    Pour moi, il y avait deux endroits en France que j'avais identifiés. Il y avait l'école d'art de... d'Aix-en-Provence, où il y a un prof qui est fabuleux, qui s'appelle Douglas Henrich Stanley, que j'avais fait venir à Cergy, d'ailleurs, pour les interactions avec les étudiants des Beaux-Arts, et qui a monté là-bas des choses incroyables, en termes de design numérique, version installation artistique. Je dirais que c'était parce qu'il y avait Douglas et quelques autres intervenants, mais l'équipe était déjà constituée. Et puis, ma famille est plutôt dans l'ouest de la France. Et donc, l'autre pôle, c'était Nantes. Et l'école de design de Nantes, en fait, quand moi, je débutais dans le domaine multimédia, il y a des gens qui sont mes collègues maintenant, se sont dit, le champ du multimédia, le champ du numérique est un champ du design. Donc ça, c'était en 2000.

  • Speaker #0

    Oui, et ce n'était pas si évident à l'époque.

  • Speaker #1

    C'était même visionnaire à l'époque. C'est-à-dire qu'à l'époque, le numérique, c'était soit pour de l'audiovisuel. J'évoquais les CD-ROM, donc c'est des gens qui faisaient du film précédemment, soit pour les ingénieurs, les gens qui codaient. Et les écoles de design, globalement en Europe, n'avaient pas cette vision que le digital était un champ du design. Et l'école de design de Nantes s'est positionnée en créant une formation qui, à l'époque, s'appelait Hypermedia. Et donc, quand je parlais de Pierrick Thébault, que je suivais sur les réseaux en 2005, en fait, il était dans cette formation Hypermedia. Et globalement, l'école de design a rayonné depuis... par à la fois ces formations, les projets faits à l'école, mais surtout par ces étudiants qui ont fait des super choses en étant étudiants et puis par la suite en étant des brillants designers.

  • Speaker #0

    Je peux en témoigner, comme je te disais en préparant cet échange, l'école de design de Nantes, l'ensemble des gens qui en sont sortis, que j'ai pu rencontrer à l'époque, et encore plus avec le podcast, je me suis dit, oh, ils sont tous assez impressionnants, ils ont tous une bonne formation. En tout cas, ils ont une vraie belle vision design. Mais tu es rarement déçu quand les gens partent en mission, ils allaient en entreprise. Donc, j'ai un excellent retour, en tout cas.

  • Speaker #1

    C'est flatteur, mais c'est vrai que je crois qu'on a une équipe à Nantes qui est une équipe de passionnés, que ce soit des dirigeants visionnaires à l'époque et qui orientent la stratégie de l'école. Et puis, des gens comme moi. les professeurs qui sont dans les différentes formations, et je crois aussi les étudiants. Et ça crée une opportunité de faire des choses incroyables, une envie de tester, de réfléchir, de faire des choses. Cette Ausha est arrivée jusqu'à moi quand j'étais encore en région parisienne. Et je me suis dit, c'est vers cet horizon-là que j'ai envie d'aller.

  • Speaker #0

    Oui, vers ce niveau d'exigence aussi, parce que j'imagine qu'être à l'école de design de Nantes et pour y rester, il faut un certain niveau d'exigence.

  • Speaker #1

    Encore une fois, c'est assez drôle. Je crois que le boulot que je faisais dans une école d'ingénieurs en faisant des projets avec les Beaux-Arts et en voulant développer la part créative était presque un copier-coller de ce que j'ai fait par la suite à l'école de design. C'est-à-dire qu'il y avait... par nature dans ce que j'avais inséré dans les référentiels de formation, dans les profs que j'avais recrutés, dans les projets que je voulais développer avec les étudiants, d'assez forte similitude avec ce qui se faisait déjà à Nantes. Ce qui fait que quand j'ai poussé mon CV une fois, deux fois, trois fois, parce qu'il y avait une personne qui était en place et qui faisait un super boulot, quand cette personne a bougé sur un autre poste dans l'école, Mon CV était sur le dessus de la pile parce que ça faisait un an que tous les deux mois, je faisais un coucou. J'existe toujours et je suis toujours très intéressé par ce qui se fait. Ça s'est fait encore une fois avec du temps. Ça,

  • Speaker #0

    c'est intéressant aussi ce que tu nous dis là. Parce que c'est vrai que l'objectif du podcast, c'est aussi de proposer aux gens qui nous écoutent d'avoir parfois des petits tips comme ça de comment on arrive à obtenir un poste qu'on aimerait avoir dans une entreprise qu'on aimerait avoir. Souvent, on rêve d'entreprise, on se dit tiens, j'aimerais bien travailler dans cette boîte-là. Comment je vais faire ? Ça, c'est une bonne technique. créer du réseau à l'intérieur de cette entreprise et puis tous les deux mois activer régulièrement dire qu'on est présent,

  • Speaker #1

    prendre des nouvelles quand on est déjà en poste et qu'on n'est pas pressé par la recherche d'emploi, on peut vraiment se dire si je cible une entreprise en particulier soit le poste n'est pas forcément là, ouvert, dispo ou créé et en prenant un peu le temps de se faire connaître et de proposer des choses tout le fait aussi d'anticiper

  • Speaker #0

    Peut-être de se dire, tiens, l'entreprise qui me fait rêver aujourd'hui, peut-être que là, je suis encore en études ou je suis dans un job et je me dis, j'ai encore au moins un an ou deux à y rester parce que j'ai aussi des objectifs personnels. En tout cas, commencer à se faire connaître, travailler autour de ces entreprises-là pour qu'ensuite, on puisse plus facilement penser à la personne. Parce qu'en fait, les gens qui font ces entreprises, qui sont intéressants, c'est des humains, c'est des relations humaines. C'est ça le plus important. Et si on commence à rentrer dans ça, au lieu d'envoyer candidature à chaque fois qu'il y a un rôle ?

  • Speaker #1

    En fait, quand on étudie un peu les emplois qui sont réellement dégagés, il n'y a que 20% des emplois qui font l'objet d'une offre d'emploi. La plupart des emplois se font parce qu'on a déjà le candidat sous la main, parce qu'on développe un nouveau poste. Alors, des fois, on est obligé de faire une offre en externe parce que... Parce qu'il y a des pratiques qui se font, mais si on a déjà identifié le candidat, on vérifie juste qu'il n'y en a pas d'autres qui peuvent être meilleurs, mais si on est déjà convaincu par une personne, ça avance. Donc, le conseil qu'on peut donner, c'est d'aller chercher les emplois avant que ce soit les offres d'emploi.

  • Speaker #0

    Là, tu arrives à l'école de design de Nantes. Est-ce que tu peux nous expliquer rapidement ce que tu as fait et maintenant ce que tu fais ? En plus, en longueur, on est là pour ça, pour comprendre ce que tu fais aujourd'hui à l'école de design de Nantes.

  • Speaker #1

    L'intitulé de mon poste, tu l'évoquais, c'est responsable pédagogique. En fait, le responsable pédagogique, il est garant de la qualité de la formation. Pour faire ça, il y a une structure de formation qui est celle de l'école, et puis il y a des spécialités métiers, moi c'est la digital. Il faut que je m'assure que ce que je donne en formation à mes étudiants soit adapté aux besoins du marché. Je pense que dans l'évolution chaque année, On n'est pas loin de 10% de changements chaque année. C'est-à-dire qu'il y a 10% des cours qui changent de nom, ou des contenus qui bougent, ou des outils qui changent, des professions qui changent, et puis des formats. On fait ce qu'on appelle des workshops, des projets, des choses qui ont des temporalités différentes. En fait, on teste des choses tout le temps, on est tout le temps avec des manettes à changer les choses. Je rembobine juste un peu, l'école de design de Nantes, c'est une asso, boîte 1901. Ça fait aussi partie de la passion qu'on a pour y travailler. Oui, on est soutenu par la CCI. On a des liens avec Nantes Métropole, avec la région. Vous avez une société privée, comme la plupart des écoles de commerce,

  • Speaker #0

    d'ingénieurs, vous connaissez ?

  • Speaker #1

    Et quand je parle de passion, je crois que le fait de se dire qu'on est là pour faire le mieux possible pour la formation de nos étudiants et pas le mieux possible pour des actionnaires ou pour un groupe privé et pour des dividendes, je crois que ça fait partie aussi de l'ADN. Et puis l'autre spécificité, c'est qu'on a des diplômes reconnus par l'État. Et pour autant, on est complètement libre de notre référentiel de formation. Et ça, c'est une richesse incroyable.

  • Speaker #0

    Et comment on l'obtient ?

  • Speaker #1

    Je crois qu'on l'obtient un peu par l'excellence. On l'obtient parce qu'on est bon. Alors, je n'ai pas envie de nous jeter des fleurs là-dessus, mais je crois que c'est... Parce qu'il y a eu un chouette boulot de fait précédemment, parce qu'il y a un travail aussi de relation avec les instances administratives de la pédagogie et de l'enseignement supérieur. Mais je crois que c'est surtout la qualité réelle de nos formations qui fait que... Donc globalement, ce qui se passe, c'est qu'on a un diplôme visé par l'État et ce visa dure cinq ans. Et tous les cinq ans, on renouvelle le visa. Mais ça nous oblige à faire part de l'innovation qu'on donne. dans la pédagogie et l'évolution de nos formations. Donc, ça nous oblige à nous remettre en cause tout le temps et de faire au mieux tout le temps.

  • Speaker #0

    Sur les cinq dernières années, comment toi, tu analyses un peu les évolutions et comment tu as fait évoluer ta formation ? On a senti beaucoup l'arrivée de la vision product. Il y a aujourd'hui l'intelligence artificielle. Il y a des organisations pour créer des produits, le SaaS, etc. On sent tous ces produits-là qui arrivent. Comment toi, tu as fait évoluer justement les cours et le contenu pédagogique ? Peut-être même qu'il y a des choses que je ne t'ai pas citées que tu pourras me mettre en avant.

  • Speaker #1

    Il y a un aspect certain, c'est le développement du nombre d'emplois dans le domaine du digital et encore plus en UX design et en product design. C'est-à-dire qu'on voit exploser à la sortie des études les offres. C'est-à-dire qu'il y a besoin de plus de designers bien formés.

  • Speaker #0

    Tu sais que c'est un peu à double tranchant, parce qu'on ressent en nous depuis, tant que professionnels, je dirais, du recrutement dans le design,

  • Speaker #1

    on ressent quand même un peu un effet de seuil. Un effet de seuil. Version 2024, en fait. Tout à fait. Mais là, tu me parles des cinq dernières années. OK.

  • Speaker #0

    Et Covid.

  • Speaker #1

    Ouais, c'est ça. Post-Covid. Pendant Covid. Et donc, globalement, il y avait ce besoin de former, ce qu'on fait. Et étonnamment, on avait presque un... Un recrutement inversement proportionné. C'est-à-dire qu'on avait moins d'étudiants voulant aller vers le digital et plus de boulots en sortie. Et tu parles du Covid, je crois que ce n'est pas anecdotique. Je pense qu'avoir été confiné et beaucoup attaché à des écrans comme seul moyen de communication n'a pas forcément créé des vocations de ne faire que ça ou d'être soi-même devant un écran pour travailler. Même si le métier du X-Designer est loin d'être résumé à être devant un écran. Mais la vision qu'on en a peut être celle-là. Et donc, il y a eu besoin, chose que je fais depuis toujours, j'ai l'impression, d'expliquer ce qu'était l'UX Design, d'expliquer quels étaient les métiers pour créer des vocations. Donc ça, c'était le premier aspect pour répondre à ta question. Qu'est-ce que j'ai pu faire ces cinq dernières années ? Le premier truc, c'est, avant même la formation, c'est faire savoir, faire valoir, expliquer, donc être présent. dans le cadre des communications de l'école, mais aussi des conférences, la présence sur des salons, l'explication de ce qu'on fait. Donc ce que Bill Gates appelait à l'époque de l'évangélisation, moi je pense que j'ai une partie de ça, c'est-à-dire expliquer ce que sont les choses.

  • Speaker #0

    Tu le fais très bien d'ailleurs aujourd'hui, c'est parfait.

  • Speaker #1

    Et puis c'est aussi un rôle qu'on se donne en tant qu'école d'expliquer le rôle du designer et la valeur ajoutée du design pour les entreprises, pas seulement pour les candidats, mais aussi... être en lien avec des entreprises et expliquer ce que pourrait apporter un designer sur des projets. On fait des projets en partenariat avec des entreprises, notamment pour leur permettre de lancer des nouvelles idées, de voir différemment les projets. Donc eux ils viennent pour un projet concret, et on se rend compte qu'avec un peu de recul, que c'est pas juste sur le projet qu'on est en train d'agir avec les entreprises, on est en train d'agir sur l'entreprise elle-même qui se dit Ok, là j'ai fait appel à des designers sur une période, peut-être qu'il y a un ou deux designers en interne dans l'entreprise, mais en fait si on veut faire bouger les choses, il faut que je m'adresse à un studio de design ou il faut que j'embauche un designer intégré pour aller plus loin sur ces sujets-là.

  • Speaker #0

    Parce que souvent, quand on laisse des designers dans une entreprise là où il n'y en a pas, on peut vite mettre le doigt sur plein de choses, découvrir des méthodes de travail qui sont totalement nouvelles. Je l'ai moi-même vécu parce qu'il y a quatre ans, j'étais totalement ignorant. du design du design thinking et de la force et de la puissance de ce que ça pouvait être et quand je l'ai découvert je me suis dit ah ouais c'est incroyable donc j'imagine quand des entrepreneurs ou des entreprises qui ne connaissent pas rentrent là-dedans ça

  • Speaker #1

    peut vite avoir un effet boule de neige et c'est super si vous faites ce boulot-là à la fois ça prépare le terrain pour nos designers en sortie d'école et puis moi je crois que c'est d'utilité publique en fait Je ne l'ai pas cité, on est non seulement une association de 1901, mais on est reconnue d'intérêt général. Il y a un statut qui s'appelle l'ESPIG, enseignement supérieur privé d'intérêt général. Je crois qu'on a un vrai rôle dans la société de se dire que le design et ses valeurs humaines, ses valeurs éthiques... sont apportées. Il y a l'aspect, on accélère les process, on réfléchit aux méthodologies, on fait de l'innovation qui sert vraiment, mais aussi, on prend en compte les utilisateurs, l'expérience des utilisateurs et les valeurs que ça apporte. Et puis, on prend en compte la notion de cycle de vie, d'éco-design, de numérique responsable. Ça fait partie des choses qu'on enseigne.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a un cours spécifique qui est arrivé depuis peu, auquel vous n'étiez pas préparé ? Et qui est arrivé, parce que... Alors, chez le Deux Mondes ?

  • Speaker #1

    Si on remonte cinq ans en arrière, je te parle de numérique responsable. Ça fait trois ans maintenant qu'il y a un cours qui s'appelle comme ça. Et puis, quatre ans auparavant, j'ai lancé un cours qui s'appelle Éthique et Technocritique. En fait, former des designers au digital sans leur faire prendre du recul sur le médium lui-même et sur les biais et sur l'outil. Et puis, la question du dilemme moral, la question... est super important pour un designer, de savoir poser les choses comme une équation et de savoir comment le résoudre.

  • Speaker #0

    D'ailleurs, moi, tu as bien vu la façon dont je te l'ai posé, c'était le marché qui dictait ce qui allait arriver dans l'école. Et à la fois, je trouve ça super intelligent de dire « Ok, il y a le marché qui demande ça, il y a plein de nouvelles choses, mais en tant qu'être humain, on va juste se poser, prendre un peu de recul et avoir aussi une critique, enfin avoir une critique qui n'est pas nécessairement négative. » C'est le propre de la critique. Et d'avoir des designers qui ne sont pas dans le béni-oui-oui, de dire, OK, on va faire ce qu'on nous demande de faire, mais plutôt être dans le pourquoi, comment faire mieux.

  • Speaker #1

    En fait, ce n'est pas antinomique.

  • Speaker #0

    C'est la même chose que tu m'as dit.

  • Speaker #1

    En fait, on peut répondre à des besoins business et il faut répondre à des besoins business. C'est-à-dire que le designer, il est là pour créer de la valeur. Mais en fait, il y a plusieurs façons de le faire et créer de la valeur en tenant compte des valeurs humaines et durables de ce que l'on fait. est encore plus positif. Et l'innovation vient souvent du fait qu'on fait peut-être comme on aurait fait sans y penser, mais on le fait encore mieux parce qu'on y pense. Et l'expérience utilisateur, elle est encore meilleure parce qu'elle est extrêmement humaine et soucieuse de l'éthique. Donc, ça marche mieux.

  • Speaker #0

    Sacré punchline qu'on va garder, celle que tu m'as lancée. Parce que, pareil, moi aussi, je suis rentré dans le design vraiment comme candide. Je ne connaissais rien du tout. Je le suis toujours, je découvre encore plein de choses. Je n'ai pas eu la chance de faire l'école de design de Nantes. Peut-être que si je revenais quelques années auparavant, je l'aurais peut-être fait, je me serais peut-être posé la question. Mais c'est vrai que comprendre pourquoi on fait les choses et comment on les fait de façon durable, j'imagine que cette question-là ne se posait pas il y a quelques années auparavant et que maintenant, si on arrive à se la poser, on peut peut-être même faire les produits de meilleure manière. Ça me fait penser à de nombreux échanges que j'ai eus avec Anna Sensio d'Asso System, qui parle de l'écoception, mais aussi de la conception circulaire.

  • Speaker #1

    Oui, design circulaire.

  • Speaker #0

    Design circulaire, merci. Design circulaire. Et moi, quand elle m'en a parlé, j'avais les yeux grand ouverts. Est-ce que je comprenais ? Et en fait, elle m'a ouvert des choses. Elle m'a dit,

  • Speaker #1

    tu me vois quoi ? Elle est une grande dame du design. Et elle a eu l'occasion de venir l'an passé à l'école de design. Et devant les étudiants, c'est incroyable la transmission avec des moments courts comme ça. Et c'est aussi l'enjeu d'avoir des designers inspirants et de montrer la voie sur des choses comme ça.

  • Speaker #0

    Oui, tout à fait. Et moi, je me rappelle que vraiment, elle m'avait ouvert à plein de choses en moi, plein de réflexions que je ne m'étais jamais posées. Si les élèves de l'école de design de Nantes peuvent l'avoir, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Dans le parcours d'Anna Sancio, il y a cette vision qui est designer industriel. Elle a fait beaucoup d'automobiles. Et en fait, ce qu'elle fait maintenant, c'est du service et de l'expérience. Et je crois que cette vision du design qui est une méthode et qu'en fait, cette même méthode peut s'appliquer à des domaines assez variés et que l'expérience du design industriel enrichit la partie design de service, je trouve que c'est assez beau comme exemple aussi.

  • Speaker #0

    C'est ce que j'essaie d'expliquer à tous mes clients, que ce n'est pas parce que la personne n'a pas travaillé dans l'assurance qu'elle ne saura pas être designer dans l'assurance, parce que justement, le propre du design, c'est d'avoir une méthodologie qui... qui s'adapte à tous les secteurs, toutes les problématiques, que ce soit en effet pour créer un vrai produit physique, industriel, ou un produit digital par rapport à un environnement, etc. Aujourd'hui, l'école de design de Nantes, sur la partie UX, c'est ça ? Vous êtes combien d'étudiants ? Raconte-nous un petit peu le quotidien de cette école.

  • Speaker #1

    Pour t'expliquer ça, je vais revenir un tout petit peu sur ta question de qu'est-ce qu'on a fait ces cinq dernières années. Globalement, l'école de design, depuis...

  • Speaker #0

    Depuis plus de dix ans, on a une quarantaine d'étudiants par an. Donc, quarantaine d'étudiants en première année, puis en deuxième année, puis en troisième année sur la partie digitale. Et puis après, on a des masters. Il y a cinq années. On est un grade de master. On est aussi le premier et pendant longtemps, on était le seul établissement avec grade de master à la fin. C'est en plus du visa. On est un peu l'exception dans le patin. dans la partie française sur cette reconnaissance. Mais donc globalement, on sort purement de la formation UX Design une quarantaine d'étudiants par an. En fait, c'est plus large que ça parce qu'on incorpore au fur et à mesure des années d'autres personnes avec lesquelles on va travailler, mélanger un peu les compétences de nos étudiants. Donc c'est plutôt entre 50 et 60 étudiants sortis sur des thématiques. Il y a deux ans, Je me suis posé la question de, est-ce qu'avoir une formation unique avec un socle du X-Design a encore du sens à un moment où le marché commence à avoir des designers de plus en plus spécialisés ? Tu parlais de product designer, il y a des UX researchers, il y a des UI designers, il y a des UI UX, etc. Stratégie designer, etc. Et j'ai fait appel à mon réseau d'anciens, beaucoup. à pas mal d'entreprises avec lesquelles j'ai des contacts pour essayer de référencer les compétences nécessaires pour être un bon designer. Et puis, j'ai essayé d'attribuer des compétences aux différents profils. Et en fait, ce qui est ressorti de cette étude-là, c'est que les compétences sont quand même assez larges et que jusque-là, notre socle de compétences était commun à tout le monde et que si on veut sortir des profils un peu spécifiques qui vont dans un domaine ou dans un autre, ça peut être intéressant de personnaliser le parcours et de pousser plus loin. Et là, depuis deux ans, on a fait le choix d'avoir ce qu'on appelle une majeure UX design, qui est un tronc commun, et d'avoir deux spécialités. Jusqu'avant, il n'y en avait qu'une seule, que le tronc commun. Et j'ai monté une spécialité dans le domaine vraiment du design d'interface, donc des gens qui ont des compétences UI encore plus poussées, et puis des compétences interaction design, c'est-à-dire des gens qui vont être sur les interfaces humain-machine. qui vont travailler plus spécifiquement sur l'interface vocale, sur l'interface tactile, sur des choses de type interface de véhicule. On a des workshops spécifiques sur l'interface dans les voitures. Cockpit. J'ai un ancien étudiant qui fait les cockpits du futur pour Airbus, pour les prochains avions, et qui nous fait des retours réguliers. On a cette vision-là, donc ça c'est la partie plus UI. Et puis l'autre spécialité... je l'ai intitulé « Design de service » . Et l'idée, c'est de faire monter en compétence stratégique nos étudiants. C'est-à-dire que là, on va avoir plus d'entrepreneuriat, c'était un de tes sujets, on va avoir des choses qui vont être plus sur la conception de service, identification des acteurs, équilibre d'un service, et puis comprendre les enjeux stratégiques, les motivations, les freins, donc aller plus loin sur les mécanismes des services, et puis permettre à ces gens-là de prototyper tout de même. Ça fait partie de l'ADN. Je n'ai pas précisé, mais depuis toujours, l'idée à Nantes, c'est de former des designers qui sont très bons en conception, qui sont très bons en création, mais qui ont les outils de prototypage. C'est-à-dire qu'ils codent, ils font du web, ils font de l'Arduino pour créer des objets connectés, ils codent un peu dans des logiciels comme Unity 3D ou Unreal Engine pour créer des dispositifs de réalité virtuelle ou de l'interaction humain-machine, parce qu'on ne peut pas être un designer sans outils de proto. Et puis, on ne peut pas être, de mon point de vue, un bon designer si on ne sait pas comment les ingénieurs vont faire les choses réellement.

  • Speaker #1

    Ça devient des sacrés profils. C'est vrai qu'on commence à toucher à beaucoup de compétences.

  • Speaker #0

    Ce que je vois comme évolution depuis des années, c'est qu'il y a moins d'appétence du designer à être très fin côté tech, à être réellement développeur. J'ai toujours des exceptions à ça, mais globalement, c'est plus une compréhension et les outils comme Figma, les outils no-code. vont dans ce sens-là, c'est-à-dire qu'on n'a plus besoin d'avoir les mains dans le cambouis. Et pour autant, je pense que c'est important de garder cette capacité de compréhension technologique. Ça, c'est le retour aussi de tous les professionnels. Pour un projet de conception numérique réussi, il faut que le binôme designer-développeur fonctionne. Et que si globalement, le développeur n'a pas de culture design du tout, pas de compétences et de culture tech, ça ne fonctionne pas.

  • Speaker #1

    C'est sûr que si vous avez une curiosité intellectuelle pour le dev et la technique, il ne faut vraiment pas du tout la mettre sous le tapis, bien au contraire. Tous les designers qui ont une vraie compétence technique, ils ont un temps d'avance sur d'autres. Il faut vraiment la cultiver et continuer dans ce sens, parce que c'est ce qui fait beaucoup la différence dans des entretiens, dans tout ce que je vois dans les attentes. C'est connaître un peu de code, être à côté du développeur, livrer des maquettes qui correspondent aux attentes d'un développeur. Même aujourd'hui, on parle de design system.

  • Speaker #0

    et de préparer les...

  • Speaker #1

    On arrive presque à de l'ingénierie design avec les tokens, etc. Je ne comprends pas comment ça fonctionne, mais je sens qu'en tout cas, il y a une vraie complexité dans laquelle il faut rentrer. Et tous ceux qui ont cette fibre-là, c'est un vrai plus qu'il faut pouvoir continuer à cultiver.

  • Speaker #0

    Tu citais les designers qui ont des compétences de tech. Ce n'est pas forcément ce qui... Ils vont l'utiliser directement dans leur boulot futur. Mais je vois plein de profils. La semaine dernière à Nantes, j'ai fait revenir des anciens qui sont sortis il y a plus de 10 ans de l'école. C'est un événement que j'ai appelé UX Community, que je vais faire chaque année, pour mettre en résonance ce réseau d'anciens. Depuis 2000, il y a à peu près 1000 designers formés à l'école de design dans le domaine digital, si on prend un peu le résumé. Ça fait du monde.

  • Speaker #1

    Et j'allais dire, et pas les derniers en plus. Moi, j'aurais aimé, à l'époque, dans mon école, même de commerce, de voir, tiens, quelqu'un qui a fait mon école et qui est directeur commercial de telle entreprise, qui a créé telle entreprise, etc. Je trouve ça hyper inspirant.

  • Speaker #0

    C'est inspirant, puis ça montre une voie. Et puis, il y a des phénomènes d'aspiration aussi. Il y a des phénomènes de réseau d'anciens. Je prends l'exemple, on a eu, autour des années 2012-2013, un premier étudiant sortant de l'école. qui s'est fait embaucher après un petit passage à Sciences Po Paris, dans le Media Lab de Sciences Po. Il est allé chez Google en Californie. Et deux ans après, il y avait cinq ou six designers de l'école chez Google. Il y a à la fois, parce que c'est inspirant, on ne savait pas qu'on pouvait le faire et maintenant on le sait, donc on y va. Et puis, il y en a un qui a ouvert la porte, il n'a pas bien refermé derrière lui, donc on le suit.

  • Speaker #1

    De fait, l'école, elle rentre dans les bonnes écoles référencées pour les recruteurs, etc.

  • Speaker #0

    J'ai eu ce cas-là. des premiers étudiants qui sont allés bosser pour Meta. À l'époque, c'était le groupe Facebook. Notamment dans le studio design de Londres, qui est un studio important en termes de conception. Et il y en a eu un, puis deux. Et puis après, j'ai eu la responsable des ressources humaines de Facebook qui m'a appelé en disant, on voit vos designers. Est-ce qu'on peut venir dans votre école pour présenter l'activité design de Facebook parce qu'on a envie de recruter chez vous ? Et ça, c'est valorisant, c'est intéressant. Et puis, encore une fois, ça fait travailler les étudiants sur une réflexion de carrière d'une part, et puis aussi d'éthique. Est-ce que j'ai envie d'aller bosser pour Facebook ? Donc, ça a lancé des débats qui étaient très intéressants à l'école. C'est à la fois le réseau des anciens, et puis comme tu le dis, c'est les entreprises identifient que le label École de Design de Nantes inspire confiance.

  • Speaker #1

    Ce que tu m'as dit là sur les deux options en marge. Ça fait vraiment sens, en tout cas, par rapport à ce que je vois dans les besoins des entreprises. Le profil vraiment designer, producteur, créateur, builder. Et le profil plutôt designer, vraiment en amont, stratégiste, service designer. Ça, je trouve ça super intéressant.

  • Speaker #0

    J'entendais dans un épisode précédent de ton podcast, Mehdi de Capgemini Bruxelles, que tu lui posais la question, c'est quoi pour toi les profils de personnes que tu recueilles ? recrute, c'est ces deux choses-là. Le designer stratégiste et puis le UI designer bien pointu qui fait des maquettes. Moi, ça veut juste dire que le choix que j'ai fait deux ans avant a du sens.

  • Speaker #1

    C'est ça, quand on interview les gens, quand on s'intéresse au marché, normalement, il n'y a pas de raison qu'on soit en dehors. On va discuter rapidement aussi de la partie designer-entrepreneur. Pour moi, c'est quelque chose qui me tient à cœur, de mémoire, dans les échanges réels. avec Benjamin et avec Simon, ce n'était pas non plus quelque chose d'ultra poussé par l'école. Et à la fois, de ce que j'entendais de leur retour d'expérience, en tout cas, on leur laissait toute la liberté pour. Est-ce que justement, tu peux m'expliquer un peu votre vision par rapport à ça ? Parce que j'imagine que des jeunes qui rêvent de créer plein de choses, c'est un peu, c'est que ça, l'école de design de l'an. Comment on arrive à la fois à encadrer ça ? Parce qu'ils ont quand même un projet professionnel à suivre. et à la fois leur donner la liberté d'y arriver.

  • Speaker #0

    Je crois que dans l'historique de la culture des écoles de design, et peut-être spécifiquement à Nantes, il y a un tabou du côté de la création de valeur, de l'entrepreneuriat. C'est-à-dire que dans un bon projet de design... on ne prenait pas forcément en compte le modèle économique et l'innovation du modèle économique. Le gagner de l'argent.

  • Speaker #1

    Pour les utilisateurs, il y a un côté un peu...

  • Speaker #0

    C'est ça. Donc, on est souvent avec notre casquette de professeur, avec l'idée de ça, on verra plus tard, ou ce n'est pas votre sujet. Et en fait, on se rend compte que si, et qu'un bon designer, c'est aussi celui qui comprend la dimension business. Donc, je pense que les choses évoluent. On a une notion de designer manager de projet. et de management d'équipe et d'optimisation des processus, et notamment dans les cycles master, on développe beaucoup cette partie-là. Mais la partie entrepreneuriat, elle est souvent présente auprès des étudiants. Je te parlais de mon travail avec des ingénieurs précédemment, avant d'être à Nantes, je faisais des séminaires d'entrepreneuriat, et moi-même en tant qu'étudiant, j'ai fait des concours d'entrepreneuriat, j'ai remporté un concours d'entrepreneuriat de la Chambre de commerce de Versailles. Et c'est... Peut-être anecdotique, parce que je n'ai pas développé ma propre entreprise, mais ça m'a montré l'apport que ça pouvait avoir dans les études, d'avoir cette vision de l'entreprise, la compréhension stratégique de l'entreprise. Et ça, c'est des choses que j'ai toujours insérées dans mes propres programmes de formation. On a en France plein de petits concours, événements. Il y a des startups week-end. Il y a un concours qui est devenu national qui s'appelle les Entropes, qui s'appelait les entrepreneuriales, qui était juste en Vendée, Pays de la Loire. précédemment, qui sont des super occasions d'être en contact avec des chefs d'entreprise qui ont envie de transmettre, et puis d'être en équipe avec des étudiants qui viennent d'autres écoles. Moi, j'ai toujours une quinzaine d'étudiants par an qui participent aux entre-up, dès la deuxième année de formation.

  • Speaker #1

    Mais en avancée, j'imagine,

  • Speaker #0

    tu dis qu'il y a ça qui existe.

  • Speaker #1

    Il y a ça qui existe, et on va être bien...

  • Speaker #0

    Encore une fois, avec ma façon de faire du réseau, j'ai développé des ponts avec les organisateurs de ce concours. Je les invite à l'école, ils utilisent nos locaux pour certains workshops, des choses comme ça. Et puis moi-même, j'interviens pour coacher les étudiants qui se lancent dans cette aventure-là, notamment sur comment pitcher son idée ou comment créer de la communication. Donc je l'amène ma pierre à l'édifice, mais je me rends compte du bénéfice que ça a pour mes étudiants de faire ça. Et en fait, il y a à la fois ça... Le fait de faire des stages en cours de formation, certains étudiants se disent « En fait, j'ai des compétences. Et plutôt que bosser à livrer des pizzas ou à faire de la logistique pour une chaîne de supermarché pour financer mes études, je peux arrêter ça et me monter un statut d'auto-entrepreneur, freelance et de commencer à répondre à des projets. » Donc, je pense que ça, c'est des choses sur lesquelles moi, je passe. Juste de l'information, ce qui est possible, ce qu'on peut faire, comment on le fait clean, etc. Et donc, je crois que ça commence comme ça. Et d'avoir des étudiants qui se rendent compte qu'ils peuvent financer leurs études en partie en complétant leur formation et en ayant de l'expérience, c'est un premier pas vraiment intéressant.

  • Speaker #1

    En effet, la notion business, même pour les entreprises, d'avoir des designers qui comprennent comment ça fonctionne, qui sont intéressés pour que leur design aille dans ce sens-là, aussi avec les idées. en compromis avec ses utilisateurs aussi, mais c'est vrai que c'est un retour d'expérience qu'on a souvent aussi sur toute la partie data et savoir expliquer l'impact du design peut-être à des chefs d'entreprise et parfois à des financiers qui pensent plutôt en chiffres plutôt qu'en émotions. C'est tout cet aspect-là qu'il faut réussir à développer et quand on passe par justement l'entrepreneuriat en école, ça peut faire sens pour le développer et le prouver en entretien et dire, regardez, déjà... J'ai aussi fait ça et ça peut faire sens pour beaucoup d'entreprises.

  • Speaker #0

    Là, je t'ai parlé de dispositifs externes à l'école qui est un peu le... Oui,

  • Speaker #1

    c'est ce que j'allais dire. J'allais dire peut-être...

  • Speaker #0

    Mais en interne, en fait...

  • Speaker #1

    L'entre-concours.

  • Speaker #0

    Le fait d'avoir développé une formation design de service avec l'idée d'en faire des designers qui ont une compréhension stratégique, j'ai rajouté des cours. Je fais déjà depuis des années un cours sur les modèles économiques du numérique. les business models qui sont particuliers. En fait, quand on vend des choses qui sont immatérielles et duplicables à l'infini, il y a des modèles économiques qui sont particuliers. Mais là, ça va être de plus en plus complété par des cours vision un peu business. Ça, c'est un premier point. Et puis, plus globalement, au niveau de l'école, je travaille avec des collègues sur une réflexion de parcours entrepreneurial. C'est-à-dire que, OK, tu es un étudiant, tu fais un projet. et puis tu te rends compte que ce projet, tu as envie de le pousser plus loin, on va t'accompagner pour ça. Et donc l'idée, c'est de flécher à la fois des modules déjà existants et puis des accompagnements supplémentaires qu'on va proposer à des étudiants qui rentrent au fur et à mesure de leur formation dans un parcours entrepreneurial. Et le point d'orgue de ça, c'est le projet de fin d'études qui est une façon d'incuber le projet. Donc le projet de fin d'études où nos attentes historiques sont plutôt sur la partie design, conception, expérience. démontrer la valeur ajoutée de la conception, se complète par une vision business sur en quoi l'écosystème permet d'accueillir et en quoi le réseau permet de financer et en quoi on peut développer réellement le projet à la sortie.

  • Speaker #1

    Pendant mes études, je faisais aussi beaucoup les parcours d'entrepreneuriat et au final, à la fin, je n'ai pas fait d'entrepreneuriat tout de suite, mais 15 ans plus tard, je ne dis pas que ça m'a servi, mais en tout cas, ça m'a permis de me dire que c'était... c'est sûrement possible de le faire. Et moi, découvrant le design depuis ces 4-5 dernières années, je me rends compte que la méthode que j'ai mise en place pour créer mon entreprise, ce n'était pas du tout les méthodes que j'avais apprises à l'époque. C'était le design thinking. Et qu'en fait, le designer a beaucoup de toutes les compétences qu'il faut pour être créateur d'entreprise. Je le dis souvent, il manque peut-être la partie commerciale, business, aller chercher des... aller chercher des clients, et toute la partie prospection, etc. Et puis, sûrement, la partie financière, administrative. Mais sinon, créer un produit, créer un business model, comprendre ses utilisateurs, comprendre ses clients, etc. Et ensuite, toute l'idéation pour finir un produit fini qu'on aurait échangé et testé. En fait, c'est design thinking, et donc, c'est de la création d'entreprises.

  • Speaker #0

    Absolument.

  • Speaker #1

    Je trouve que vraiment, être aujourd'hui, être limited. Je préfère une formation de designer pour être entrepreneur qu'une formation en école de commerce. Enfin, j'en suis peut-être à l'air. Après, je suis peut-être un petit peu trop too much parfois.

  • Speaker #0

    Je crois que la bonne vision, ce n'est pas forcément le design ou le commerce ou l'ingénierie, c'est les trois. En fait, c'est comment est-ce qu'on identifie les compétences de chacun et comment est-ce qu'on sait s'associer aussi avec des personnes. Bien sûr, développer des compétences propres d'entrepreneur. Je pense qu'il y a, un peu comme partout, 10 % de... de personnes qui sont par nature entreprenantes. Et je crois que cette fibre-là, il faut juste l'allumer, en fait. Il faut donner l'occasion aux étudiants de la révéler et de la cultiver.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, justement, c'était peut-être une de mes dernières questions par rapport à l'école de design de Nantes. Est-ce que vous allez aider d'autres écoles, peut-être même des entreprises, à découvrir le design ? et à intégrer le design parce qu'il y a très peu, j'ai échangé avec des jeunes en école de commerce et qui me disaient qu'ils avaient eu des cours de design thinking. J'ai trouvé ça fantastique à me dire, tiens, potentiellement, le design va entrer dans tous les différents corps de métier et donc que ce soit beaucoup mieux compris. Est-ce que justement vous avez ce type d'activité ?

  • Speaker #0

    Alors... On a monté une formation commune avec Audencia, qui est une école à Nantes dans le domaine du commerce. Et on a un bachelor qui est un tiers design, un tiers business et un tiers média. Il y a une troisième école qui s'appelle ScienceCom. Et donc, on a monté cette formation un peu hybride pour des profils beaucoup plus larges que nos concepteurs. Donc ça, c'est un premier aspect. Donc là, c'est la deuxième année d'existence de cette formation. On a des super promesses. C'est tout neuf, donc ça va dans ce sens-là. L'autre aspect que l'on fait, c'est ce qu'on appelle la formation continue, c'est-à-dire on propose des modules pour les professionnels et on les forme. Et puis le troisième aspect, c'est ce dont je parlais, les projets en partenariat, c'est-à-dire le fait de faire travailler des étudiants et d'inviter les professionnels à venir voir ce que ça donne. C'est une façon de distiller un peu la culture design dans les entreprises, puis à inciter les dirigeants à se former. Je pense que ça, c'est un gap qu'on a passé. On a... On a beaucoup fait ça depuis 20 ans. Je crois que maintenant, on n'a plus besoin de prouver que le design est important pour des entreprises. Je crois que la culture avance.

  • Speaker #1

    Franchement, c'est des retours qui n'ont pas toujours le cas. Parce qu'en fait, l'impact, il est encore peut-être parfois trop difficile à comprendre.

  • Speaker #0

    Ça ne veut pas dire que ça ne sert à rien de continuer à évangéliser, même si je n'aime pas ce terme, mais cette idée d'expliquer et puis d'acculturer. Mais moi, j'ai vu vraiment une évolution des entreprises. Tu parlais de ça. Il y a des entreprises qui faisaient que du logiciel, du progiciel. Il y a 15 ans, ils n'avaient pas un seul designer. Maintenant, ils se sont rendus compte que sans designer, ils ne pouvaient pas se positionner en concurrence. Ils ne savaient pas faire évoluer leurs produits. Donc, ça avance.

  • Speaker #1

    Oui, c'est sûr. C'est vrai. En fait, je pense que ça avance. Mais on aimerait toujours que ça aille beaucoup plus. C'est vrai que... C'est frustrant.

  • Speaker #0

    Ça nous apprend aussi l'humilité où le design n'est pas non plus la solution ultime tout le temps et qu'il faut s'assurer qu'on soit toujours performant et apporter toujours des choses en plus.

  • Speaker #1

    Bon, écoute, on arrive sur la fin de l'échange. C'était super intéressant. On a pu découvrir l'école de design de Nantes. le fonctionnement et comment vous avez pensé toutes ces évolutions. Est-ce que toi, pour terminer l'échange, j'aime bien discuter des recommandations des invités. Est-ce que toi, tu as une recommandation d'un livre ou d'un site web, en tout cas d'une source d'information qu'on pourrait partager aux auditrices et auditeurs et aux viewers ?

  • Speaker #0

    Moi, je pense que les podcasts sont... C'est une belle occasion d'apprendre beaucoup de choses. Je t'ai beaucoup écouté et les gens que tu as pu interviewer. Sur des podcasts plus généralistes, moi, je recommanderais Le Code a changé, qui est publié par Radio France. Xavier Delaporte, qui est un journaliste qui fait beaucoup de choses par ailleurs, réalise ce podcast-là et c'est toujours éclairant. Et ce que j'aime dans ce podcast, c'est à la fois les sujets qui sont traités, qui sont toujours en lien avec la culture et le domaine digital. D'accord. mais qui sont également, le journaliste lui-même nous raconte son cheminement de pensée et de découverte du sujet qu'il est en train d'aborder. Et je trouve cette façon de faire très inspirante, éclairante, sur l'humidité de « je ne sais pas tout » et je découvre en écoutant et en questionnant et en me questionnant moi-même. Le code a changé. Le code a changé en podcast Radio France. Ça, ça peut être une première recommandation.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu as un film et un album de musique ? à nous recommander qui sont peut-être les questions les plus complexes de ce podcast.

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y a des choses qui sont très actuelles, mais là, en me replongeant un peu sur l'historie de comment je suis arrivé dans ce domaine-là, je dirais qu'en film, des trucs un peu anciens de type Blade Runner, cette vision...

  • Speaker #1

    C'est que Blade Runner, on nous l'a ressorti, et c'est très bien. Et ça montre un peu l'impact à la fois sur une génération, mais Blade Runner... On l'a déjà donné trois ou quatre fois.

  • Speaker #0

    Je pense qu'on est dans une vision du futur, mais c'est comme au niveau des livres. Moi, je pense qu'il faut lire Aldous Huxley, Le meilleur des mondes. Il faut lire Orwell 1984, ou Paranite, ou iRobot. Je pense que les visions dystopiques qui ont un lien avec la technologie et l'évolution du monde sur la techno nous permettent d'avoir des points de repère et de faire des choix.

  • Speaker #1

    et de lever des...

  • Speaker #0

    Côté éthique, le fait de se dire « Ok, je n'ai pas envie que ce soit ça » ou sentir l'appel des sirènes, Aldous Huxley, « Le meilleur des mondes » , il y a des moments où on se pose la question « Pourquoi est-ce qu'on ne fait pas ça ? » et à d'autres moments, on se dit « Mais c'est absolument horrible. » Je trouve que cette dualité de vision du monde est importante à questionner. Et ouais, Blade Runner, on est un peu là-dedans, en fait.

  • Speaker #1

    Et est-ce que tu as un album de musique ?

  • Speaker #0

    Pareil, si je prends la même période, quand j'étais en boîte de pub, j'écoutais du Pink Floyd en album inspirant. Alors, il y a des choses très, très planantes, Dark Side of the Moon, etc. Moi, je pense que The Wall reste, encore une fois, avec une vision de réflexion du monde. Et puis, je pense aussi au film qui a été fait en parallèle de cet album. Donc, Pink Floyd, The Wall.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup, Florent. C'était un vrai plaisir d'avoir ce moment avec toi, que tu nous expliques un petit peu tout ça. On se suit sur les réseaux sociaux, on te suit aussi, on n'en a pas parlé, de Friends of Figma Nantes, que maintenant tu gères avec plusieurs de tes camarades. Peut-être on peut faire un mot d'ailleurs sur ça.

  • Speaker #0

    Juste un mot là-dessus. Friends of Figma existe un peu partout dans le monde et n'existait pas à Nantes alors qu'on a une communauté et il y a la French Tech et il y a un écosystème d'entreprises assez important. Et avec différents designers que je connais, notamment par l'école, Antonio Fidalgo, chez Winepoint, Renaud Goujat, qui travaille dans une boîte qui s'appelle Palo Haiti, on s'est dit, on a envie que ça se fasse. Et donc, on a créé l'antenne Nantaise. Et on l'anime depuis novembre dernier. Et puis, ça se passe très bien.

  • Speaker #1

    Oui, avec succès.

  • Speaker #0

    On a des beaux événements. On a des gens qui viennent. Ça fait encore des occasions de réseau, de rencontres.

  • Speaker #1

    C'est un vrai passe-temps que tu aimes bien. Bon, super. Écoute. On te souhaite le meilleur pour tout ça. Et puis, une excellente rentrée en 2025 pour l'école de design de Nantes. Je te dis à très bientôt.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup, Paul, pour l'invitation.

  • Speaker #1

    Au revoir. Au revoir. Merci d'avoir écouté le podcast Head of Design. Si tu souhaites faire partie ou faire appel à Design Club, tu peux nous retrouver sur designclub.fr. et m'ajouter sur LinkedIn. Je serai ravi de débriefer avec toi. Enfin, tu peux nous supporter en donnant ton avis 5 étoiles et en t'abonnant pour suivre nos prochains épisodes sur ta plateforme d'écoute préférée. Le club ferme ses portes. J'espère que vous avez apprécié. A bientôt.

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