- Speaker #0
Bonjour, je suis Paul Menant, cofondateur de Design Club, un collectif international 100% design et research. Grâce à la force du nombre, on accélère les projets de nos clients et la carrière de nos membres partout dans le monde. Tu peux nous découvrir sur notre site designclub.global. Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'animer le podcast Head of Design en partenariat avec Usage. C'est le premier research repository français qui révolutionne la recherche utilisateur. Il est doté d'une méthodologie intégrée qui structure et contextualise les insights pour apporter une réelle valeur à votre organisation. Cliquez sur le lien en description de l'épisode dès aujourd'hui pour découvrir Usage, l'outil qui va révolutionner vos recherches utilisateurs. Allez, c'est parti ! Vous avez laissé votre manteau au vestiaire ? Bienvenue dans le club !
- Speaker #1
Je fais des voitures et il y aura toujours plus de voitures. Et je vais en faire encore. Je faisais 86 programmes chez General Motors. J'avais 8 marques. Ça, c'était... Je ne voyais plus le bout. Et je me disais, je suis designer, je fais des petits pains. Des petits pains. C'est-à-dire que même le côté complexe de ce que représente le design automobile... J'en étais arrivée à me dire, oui, mais je trouvais tellement futile ce lien si tenu qui était basé sur des principes de la consommation.
- Speaker #0
Et c'est là où,
- Speaker #2
justement, tu fais un peu ce virage un petit peu dans l'économie circulaire.
- Speaker #1
On m'a aidée.
- Speaker #2
Et par perfection globale.
- Speaker #1
On m'a aidée. Je n'avais pas cette lucidité. Je vais être très, très honnête. Non, mais bien sûr. La lucidité, je ne l'avais pas, mais j'ai eu une intuition.
- Speaker #2
Parce que ça remet en question presque...
- Speaker #1
Non. On est en 2000. Plein de choses pour toi. Il s'était passé plein de choses. Il y avait eu plein de petites... D'abord, j'ai travaillé sur un véhicule qui s'appelait le JM Sequel, qui est un véhicule à hydrogène, qui m'a amenée à travailler beaucoup avec des chercheurs en Californie et puis des chercheurs chez General Motors et au MIT aussi, avec le Media Lab. À l'époque, Bill Mitchell était encore juste avant son décès. D'accord. On avait élaboré des stratégies de mobilité décarbonée chez General Motors. Il y avait l'hydrogène, l'électrique et toutes sortes d'autres solutions. Et de travailler sur ce projet-là, on a mis en place un autre commun, un nouveau commun. C'est-à-dire qu'on a fait travailler des équipes qui ne sont pas les équipes de designers, les équipes d'ingénieurs, les équipes de marketeurs. C'est classique. Le modèle, le processus, on fait toujours. Pareil, il y a 86 modèles et c'est tous le même processus. C'est des pains, des baguettes qui vont au four. J'ai dit, mais ce n'est pas possible. Et là, d'un seul coup, on fait ce projet-là, Séquelle, où on expose les plannings, les technologies. Parce qu'on ne savait rien. L'hydrogène, on avançait dans le brouillard, dans l'inconnu. J'ai adoré.
- Speaker #2
J'imagine que ça a du faire.
- Speaker #1
Je me suis dit, mais c'est ça qu'il faut qu'on fasse. Le boulot du designer, c'est de repenser l'exhaustivité, de ne pas se dire, la voiture, elle existe. Il faut repenser. Et donc, ce SQL a été un premier coup. Ensuite, Bob Lutz me dit, Anne, super, SQL, tout ça, mais là, il faut rapidement qu'on sorte un véhicule électrique, un plug-in hybrid, à l'époque, c'était... Et donc, il me dit... petit comité. J'étais en Advanced Design et il m'a dit Anne, il m'a pris ! On parlait français avec Bob Lutz, c'était génial. Bob Lutz est suisse, il parle couramment l'allemand, le français et l'américain, bien sûr. Et nos bureaux étaient juste l'un à côté de l'autre. Ce qui faisait que le matin, on se prenait l'expression ensemble. Personne ne prend l'expression aux États-Unis, ils boivent un bon café très gentil.
- Speaker #2
Les Européens sont là-bas, c'est ça ?
- Speaker #1
Et il me parlait en français, ce qui était parfois un peu rude pour les personnes autour, parce que ça faisait… Un rapport un peu exclusif dans l'échange. Mais il me dit, Anne, il faut absolument qu'on fasse un véhicule électrique. Et à ce moment-là... Ça, c'est en quelle année ? On va...
- Speaker #2
Ouais, on va... Ça va être...
- Speaker #1
En plus, c'est très joli, regarde. Ouais.
- Speaker #2
Ça, c'était en quelle année que tu me dis ça ?
- Speaker #1
La JM Sequel, c'est 2005. Ça, OK. Et la Volt, je l'ai développée en 2006. Il y a ce programme Volt, la Volt Concept Car. Concept. Qui a été présentée en janvier 2007 à Détroit. Et là, j'ai travaillé de nouveau, équipe ad hoc. C'est-à-dire, on va chercher le meilleur de là, le meilleur de là, de là, et on fait un petit plateau.
- Speaker #2
Et on fait vraiment… Votre start-up, un peu ?
- Speaker #1
La petite start-up, exactement. Et là, circuit court, presque personne pour décider pour aller vite. Et puis, cet écœurement dont j'ai parlé précédemment. Et là, je me suis dit, Anne, il faut que je fasse quelque chose. J'avais, je ne sais pas, je devais avoir, j'étais autour des, entre 40 et 50, dans la quarantaine. Et je me suis dit si je veux faire encore quelque chose et pas finir comme un Head of Design que j'étais déjà de l'automobile, il me fallait faire autre chose. Alors ça ne s'est quand même pas fait d'un coup.
- Speaker #2
Non mais j'imagine, c'est pas...
- Speaker #1
Je voulais rentrer en Europe, j'ai interviewé chez Audi, chez Mercedes, chez Volvo. Et je vais être très honnête, j'ai un mari catalan qui adore le soleil de la Catalogne. Les trois endroits où on devait aller, Ingolstadt, Stuttgart ou Göteborg. Oui,
- Speaker #2
c'était pas ça. Après, ici, il y a Couperin.
- Speaker #1
Oui, mais c'était eux qui me proposaient. Il faut savoir que j'étais une des premières femmes à faire du design automobile. C'est aussi ça. Donc, les pays nordiques, j'avais beaucoup plus confiance, la capacité, au fait qu'ils seraient sérieux à me donner vraiment des responsabilités. Il faut savoir que moi j'ai évolué dans un monde où dès le début on n'y croyait pas que j'allais faire du design automobile. Les patrons ne renvoyaient pas tout de suite, immédiatement, une image de confiance que j'étais la personne qui allait le faire. Mais à contrario, tous mes patrons, que ce soit Patrick Lequément, que ce soit Wayne Sherry, Bob Lutz, ou aujourd'hui Bernard Charles et maintenant Pascal Dalloz, m'ont toujours fait confiance. Et ça, c'est unique. Je veux dire, en tant que patron, si les patrons nous écoutent, s'ils veulent une entreprise innovante, il faut qu'ils aient leur miroir designer. Mais il faut une confiance sans faille. Parce que c'est très dur.
- Speaker #2
Et accepter la traduction.
- Speaker #1
Par moment, ça peut pas être, franchement, il faut dire la vérité. Donc voilà, j'ai interviewé et mon mari me dit, mais... On quitte le Michigan, c'est un endroit très joli mais il fait froid l'hiver. Et tu me proposes Goldberg Stuttgart Ingolstadt. Il me dit, on ne peut pas juste faire Paris. Parce que lui, c'est Paris ou Barcelone, il aurait aimé. Et c'est à ce moment-là que Bernard Charles m'a vraiment proposé de... Je me suis dit, mais qu'est-ce que je vais faire chez Dassault Systèmes ? J'ai rejoint Dassault Systèmes, on était 4000 en 2008-2009. Aujourd'hui, on est plus de 20 000. Je connaissais Katia, je me souvenais de Katia puisque Katia je le fréquentais dans mes écrans. J'avais Carlos Tavares sur la Mégane 2 par exemple puisque c'était du Katia, enfin tout le système digital mancobe de Renault était d'Asso System. Donc j'avais vu Katia dans ses œuvres dès mes toutes premières années de design.
- Speaker #2
Ok,
- Speaker #1
je comprends. Donc j'avais confiance dans cette entreprise. Pour autant, ça me paraissait loin de mon sujet. Très loin.
- Speaker #2
C'est ça. Et puis même pour...
- Speaker #1
Il y a eu Franck Guéry. Bernard Charlet, ça a été très filou. Il m'a dit, mais attends, on va faire un dîner avec Franck Guéry. C'est vrai que le fait...
- Speaker #2
C'est pas mal pour draguer la personne à venir dans son entreprise.
- Speaker #1
Je travaillais avec Franck Guéry sur le Médialab à l'époque où j'étais chez JM. Et je connaissais bien son état d'esprit. Katia. c'était fait par des ingénieurs qui travaillaient pour Guérin. Guérin n'a jamais touché Katia. Et moi, ça m'a rassurée. Je me suis dit, je peux être un designer sans être celui qui fait dans Katia, mais ce qu'il faut, c'est simplement comprendre, saisir, intégrer les possibilités, les capabilités d'un outil pour pouvoir être régénéré. Régénéré en termes de science, en termes de savoir. Et aujourd'hui, les designers, ils travaillent encore comme quand j'ai quitté JM. Ils n'ont pas encore compris qu'il y a aujourd'hui... accès à des outils extraordinaires qui vont leur permettre de faire leurs rêves les plus fous mais auxquels ils ont même pas eu l'opportunité de côtoyer les possibles. Or l'enjeu de demain qui sera l'économie circulaire implique que maintenant il n'y a plus un moment à perdre et ça veut dire que ça doit être les designers qui donnent le rythme des usages des outils scientifiques et pas l'inverse. Sinon on serait asservi à être des ingénieurs ce qui n'aurait plus du tout de sens. À la limite, il ne faut pas faire du design si c'est pour faire de l'organisation générique. Oui, c'est pour ça. De la même chose que d'autres. Et donc, il faut se dire… Et là, à ce moment-là, avec Bernard Charlet, ça a cliqué. C'est un homme très persuasif, brillant. visionnaire, je me suis dit allez, je vais faire ça un temps, je vais apprendre plein de choses et j'y suis toujours.
- Speaker #2
Ça fait 16 ans, ouais, 15-16 ans.
- Speaker #0
Bravo. Merci d'avoir écouté le podcast Head of Design. L'expérience est incroyable à vos côtés et je vous en remercie. Je remercie aussi chaleureusement Usage, le partenaire exclusif du podcast et je vous encourage à découvrir la puissance de cet outil. qui vous fera certainement passer un step dans votre façon de travailler en tant que designer ou researcher. Cliquez sur le lien en description pour découvrir Usage. Le club ferme ses portes. J'espère que vous avez apprécié ce podcast. On se revoit très très vite.