Speaker #0Bonjour à tous, bienvenue sur le podcast Heureux qui comme Ulysse, podcast destiné à éclairer ce qui nous permet de nous reconnecter à qui nous sommes à travers cette odyssée qui est notre vie. Aujourd'hui j'aimerais explorer avec vous le thème de l'identité, car finalement que signifie donc cette histoire de reconnection à soi ? Ne suis-je déjà pas moi-même ? Serais-je déconnecté de moi ? Cela peut sembler absurde, je suis qui je suis. Mais au fond, que signifie être soi ? Comment est-ce que je me définis ? Dans l'Odyssée, la thématique de l'identité et de l'oubli de soi sont très présentes, notamment lors de deux épisodes qui se déroulent en début de voyage. Tout d'abord, Ulysse et ses compagnons débarquent sur l'île des Lotophages. Ses habitants leur offrent les fruits du loto. En les mangeant, les compagnons d'Ulysse commencent à oublier qui ils sont et à perdre l'envie de retourner chez eux. Pour la poursuite de leur voyage, Ulysse les entraînera par force et les attachera avec des cordes sur le banc des rameurs. Non, tu n'oublieras pas qui tu es. Et tu rentreras chez toi. Dans l'épisode suivant, Ulysse aborde sur l'île des Cyclopes. Enfermé dans la grotte du Cyclope Polyphème qui dévore ses compagnons un à un, Ulysse lui dit s'appeler Personne avant de lui crever l'œil avec un pieu. Cette ruse lui permet d'éviter que les autres cyclopes ne viennent à l'aide de Polyphème, qui, tout en hurlant de douleur, dit à ses frères que c'est personne qui l'a blessé. Plus tard, alors qu'il a réussi à s'enfuir et que son bateau s'éloigne de l'île, il ne peut s'empêcher de crier à Polyphème son vrai nom. "Cyclope, si quelqu'un parmi les faibles mortels t'interroge sur la honteuse plaie causée par la perte de ton œil, dis-lui qu'elle te fut faite par le fils de Laerte, Ulysse, le destructeur des villes, Ulysse qui possède de superbes palais dans Ithaque". Ironiquement, c'est ce sursaut d'égo qui lui causera bien des maux, car Polyphème, apprenant le nom de son agresseur, demandera à son père, le dieu Poséidon, de le venger. "Écoute-moi, puissant Poséidon, immortel à la chevelure azurée, toi qui entoures la terre et les eaux, si vraiment je suis ton fils, et si tu te glorifies d'être mon père, fais que ce destructeur des villes, ce fils de Laerte, habitant d'Ithaque, ne retourne point dans ses demeures. Cependant, si le destin veut qu'il revoie ses amis, sa patrie et ses riches palais, fait du moins que, conduit sur un navire étranger, il ne rentre dans ses foyers qu'après de longues années de souffrance. Fait encore, ô Posidon, qu'après avoir perdu tous ses compagnons, il ne retrouve dans sa maison que de nouvelles infortunes". Ainsi, c'est la mention de son identité qui entraînera Ulysse dans de nombreuses épreuves. Et c'est en perdant tous les attributs de la personnalité qu'il se prête qu'il pourra enfin rentrer chez lui, sans compagnons, sur un navire étranger, les vêtements en lambeaux. Et il retrouvera sur Ithaque un royaume en perdition, un palais envahi de concurrents au trône. Symboliquement, cela signifie que pour retrouver qui nous sommes, il nous faudra traverser des tempêtes et nous défaire de toutes les possessions et attributs auxquels nous nous identifions faussement. Ulysse se définit comme le fils de Laerte, comme le destructeur des villes, comme quelqu'un qui détient de nombreux palais à Ithaque. Il se définit donc à travers ses parents, son père, à travers ce qu'il fait et à travers ce qu'il a. Mais n'est-il que ça ? Sommes-nous notre famille, notre travail, nos possessions ? Dans notre société, lorsque nous rencontrons quelqu'un, nous ne lui demandons pas "qui es-tu" ? mais "que fais-tu dans la vie ?" comme si nous nous définissions uniquement par rapport à ce que nous faisons, un métier, une activité. Mais ne sommes-nous que cela ? Bien sûr que non. Et pourtant, ne serions-nous pas bien embêtés si l'on nous posait la question qui serait la plus adéquate ? Qui es-tu ? Que répondriez-vous ? La plupart d'entre nous répondraient probablement en mentionnant son métier et sa famille. Probablement dans cet ordre d'ailleurs, notre métier semble être la première façon de nous définir. Il est d'ailleurs assez difficile de ne pas avoir d'activité professionnelle dans notre société. Que répondre en effet à quelqu'un qui nous dit que fais-tu dans la vie ? Ne suis-je donc personne si je ne fais rien ? Au-delà de la nécessité évidemment de faire dans notre société, pour se nourrir, avoir un toit, nous finissons tous par confondre ce que nous faisons avec ce que nous sommes. Nous citerions probablement notre famille si la personne en face creuse un peu plus. Qui es-tu ? Je suis une maman, je suis un papa, je suis mariée, j'habite à tel endroit. Alors, suis-je défini par mon entourage, par ma famille, par mon lieu de vie ? Creusons encore un peu plus. Qui es-tu ? Suis-je mon caractère, ma personnalité ? Pourrais-je dire que je suis un perfectionniste, une personne spontanée, une personne déterminée ? Suis-je mes valeurs ? Pour moi, la valeur la plus importante c'est la loyauté, l'altruisme, l'intégrité. Que diriez-vous si l'on vous demandait de compléter la phrase je suis une personne qui… Une personne qui agit ? Une personne qui aime construire ? Une personne qui aime les challenges ? Nous sentons que nous approchons un peu plus du cœur du sujet. Et pourtant, et si même lorsque nous parlons de notre personnalité, de nos valeurs, ce n'était pas encore tout à fait ça? La première fois que j'ai entendu que nous n'étions pas notre personnalité, parole prononcée par l'auteur Laurent Gounelle, j'ai bugué. Comment ça ? Je ne serais pas ma personnalité ? Quelle est encore cette absurdité ? Et pourtant aujourd'hui, c'est ce que je crois aussi, que notre personnalité est une construction, ayant permis à l'enfant que nous étions de se sentir aimé, reconnu, protégé. Même si je crois malgré tout qu'elle est connectée à ce que nous sommes profondément, qu'elle est symboliquement l'ombre de qui nous sommes profondément, que notre personnalité est finalement l'ombre de notre essence profonde. Prenons un exemple. Un enfant qui a une essence d'altruiste, qui est naturellement orienté vers le don aux autres, va vouloir faire plaisir aux adultes pour se sentir aimé. Il va choisir la stratégie de toujours faire passer les autres avant lui-même. Je parle de stratégie, oui, car à mon sens, c'est une forme de stratégie mentale inconsciente, qui part de l'idée, dans cet exemple, que je ne peux pas être aimé tel que je suis, et que ma seule façon d'être aimé, c'est de faire plaisir aux autres. Or, avec le temps et en devenant adulte, dans cet exemple, je vais commencer par confondre mon envie naturelle d'aider les autres avec mon besoin d'enfant d'être aimé, ma peur de ne pas être aimé, La racine de mon action ne sera pas détachée de ma certitude d'enfant qu'il faut faire plaisir aux autres pour être aimé et que sans ça, je ne peux pas l'être. Le besoin de plaire, de faire plaisir devient alors une compulsion. Je dois rendre service, à tout prix. J'en oublie mes besoins, je ne sais pas dire non. J'ai de la difficulté à être seule car alors, je n'existe pas. Je peux en devenir intrusif parfois. N'as-tu pas besoin d'aide ? J'ai besoin de te faire plaisir. Or, à chaque fois que je n'ose pas dire quelque chose pour laisser l'autre décider, à chaque fois que je n'ose pas dire non, que je ne pose pas des limites à l'autre, je ne me respecte pas. Je me trahis un peu, je ne suis pas moi. Alors dans cet exemple, suis-je quelqu'un d'altruiste ? Oui. Mais suis-je quelqu'un qui ne sait pas dire non ? Fondamentalement, dans notre essence, non. Je ne sais pas dire non parce que je pense que si je le fais, je serai rejeté. Je ne pourrai pas être aimé. Bien sûr, je ne suis pas conscient de cette croyance, que c'est elle qui ne m'autorise pas à poser des limites à l'autre. Pour moi, se reconnecter à soi revient à distinguer ce qui est soi de ce qui n'est qu'une conséquence d'une fausse croyance telle que je ne peux pas être aimé si je ne suis pas irréprochable, si je ne rends pas service, si je ne réussis pas. Pour moi, être soi, revenir à soi, c'est ça. Arrêter d'agir depuis une racine en nous qui nous dit que nous ne sommes pas aimables si nous n'agissons pas de telle ou telle manière, ou pour d'autres types de personnalités, que nous sommes en insécurité. Remplacez cette fausse croyance par la certitude que nous sommes aimables, que nous ne sommes pas toujours en insécurité. Parfois, cela se manifestera à travers un changement de comportement. Pour cet adulte qui donne aux autres avant de se donner à soi, ce sera oser dire non, oser mettre des limites à ce qu'il donne. Parfois, le comportement extérieur sera le même. Il va toujours aider ses amis, il va rester altruiste. Mais il agira depuis un endroit en lui qui n'a pas besoin d'aider l'autre pour sentir sa valeur. Il saura qu'il en a. Toujours, cela se manifestera à travers un grand changement intérieur, un ressenti de sérénité enfin, de confiance, d'amour de soi, de liberté. Alors vous me direz, c'est bien joli tout ça, mais comment on fait ? Et bien en changeant progressivement de comportement, en traversant ses peurs plutôt que d'éviter de s'y confronter, car l'amour de soi se prouve, il ne se décide pas. C'est en osant dire non que l'on commence à se respecter. Mais nous parlerons de tout cela une prochaine fois. D'ici là, portez-vous bien et une belle journée à vous tous.