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Histoires Pour les Grandes Personnes

Eloge de la beauté versus perfidie féminine

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14min |28/04/2024
Play
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14min |28/04/2024
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Description

"Son regard faisait rire Dieu...Le soleil lui baise les pieds...Même à l'ombre elle est au soleil"...

Forcément, tant de beauté et de grâce ne peut qu'attiser la jalousie féminine, la méchanceté et certaines rivalités...Pourtant ce conte d'Henri Gougaud parvient à nous emmener dans la lumière étincelante des mots délicieux, d'une certaine poésie dans laquelle l'amour pourrait bien triompher...


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, c'est Rebecca. Bienvenue dans ce 80e épisode d'Histoires pour les grandes personnes. "On lit comme on aime, on entre en lecture comme on tombe amoureux... par espérance." Christian Bobin. Alors elle me tombe dessus cette citation, parce que c'est ce que nous allons faire aujourd'hui. Je vais vous raconter une histoire et mon attente c'était cette forme justement d'espérance : de nous emmener ailleurs, dans du beau, dans un environnement qui coupe avec le quotidien, avec la vilénie, avec la violence, avec les commentaires débiles sur Insta et ailleurs. Et j'ai choisi... Une histoire d'Henri Gougaud, je vais vous la raconter. Fermez les yeux, installez-vous, écoutez les mots, écoutez ce poète, ses images, ses formules, qui à elles seules, nous font voyager bien loin, dans un univers coloré, délicat, un peu oublié. Et donc, bah oui parce qu'il y a un et donc, fermez les yeux, écoutez juste la musique. Elle est magnifique. L'histoire s'appelle La Trois-Fois-Tuée et je crois que je vous l'ai dit, c'est une histoire d'Henri Gougaud. Roushy Ousa ...Oh, quelle beauté ! Elle était ondulante et svelte, comme la reine des roseaux. Son regard faisait rire Dieu. Les étoiles tombaient du ciel et se changeaient en graines d'or pour nicher dans sa chevelure. Et même les âmes des enfants futurs voletaient au ciel. autour de son corps, en la suppliant d'être mère. Il était établi que les caresses de ses mains auraient fait gémir les lions, s'ils avaient osé l'approcher. Avec les filles du village, un matin, elles s'en allaient à la colline des Manguiers. Long fil sur le sentier, robes vives, rires pointus, pas légers, chants offerts au vent, Roushy Ouza s'en allait en tête. Sur le chemin, elles passèrent devant un champ où travaillaient des laboureurs. Venez là, merveilles, miracles ! dansez... Voyez celle qui les conduisent, le soleil lui baisse les pieds. Quelle noblesse, quelle beauté ! Mais oui, c'est Roushy Ouza la joyeuse, la pure au sandales ailées. Vous avez entendu, son regard faisait rire Dieu, les étoiles tombaient du ciel, se changeaient en graines d'or. Le soleil lui baise les pieds. Les filles du village passèrent en hâte, craintives, l'une et l'autre se bousculant, les cris des hommes s'éteignirent derrière elles. Une voix dit parmi les filles... et là vous reconnaissez l'incursion du monde réel dans cette jolie histoire, on voit celle qui va devant, et nous, et nous les autres, nous les passantes... Roushy Ouza, viens au milieu. Alors elles continuèrent et parvinrent près d'une source où s'abreuvaient des voyageurs. Elles se firent interpeller. Où courez-vous, fées et déesses ? Voulez-vous boire dans nos mains ? Non, pas toi ! Ni toi non plus ! Non, non, votre reine ! Oh, Roushy Ouza ! La sans pareille ! Même à l'ombre, elle est au soleil. Les jeunes filles s'éloignèrent, le front bas, la bouche arquée. Et une voix vinaigrée couina ! Oui, on voit celle du beau milieu, la chemine, la fortunée, la mère du chef, la hautaine, quand elle voyage avec ses gens. Et puis elles continuèrent, arrivant à une prairie, dés archres aiguisaient leurs flèches, penchées sur un feu crépitant, ils se dressèrent et s'écrièrent. Voyez ces musiques vivantes, ces rêves sortis de la nuit, ces rêves sortis de la nuit, c'est beau non ? Et quelle est donc cette lumière, cette déesse qui les suit ? On dirait qu'elle va son chemin sur un tapis de plumes d'aigle. On l'appelle Roushy Ouza, oh la la l'ardente, oh le fruit de l'amour. Les dents des jalouses grincèrent comme la craie sur le caillou. L'une pensa. Qu'elle tombe morte Et l'autre gronda Et si nous la tuions Car oui, dit une peureuse, son esprit gâtera nos vies. Tais-toi, folle, prends le couteau. Oui, mais sa mort pèsera sur nos têtes, nous aurons des enfants chétifs. Non, donne-moi la pierre pointue, dit une autre. Tuer, c'est le mauvais chemin, s'opposa une dernière. Et pourtant, ce furent celui-là qu'elle choisirent. Les filles trouèrent le front et le sein de Roushy Ouza. Elles l'enterrèrent, tête en bas, pour que son âme tombe loin dans le royaume des ancêtres. Puis, les mains encore sanglantes et le cœur barbouillé debout, elles reprirent leur route longue vers la colline des Monts. Mangaie. Alors ? Alors bah oui, parce qu'il s'agit d'un conte. Alors dans la terre mouillée, la vie revint au corps, Splendide. Ce dernier se tordit, se fit racine, se fit germe, Et rameau de bois. Il se hissa droit, dans l'air limpide, Se fit ébène, défeuillé, Trique dure, bâton nerveux, Svelte comme Roushy Ouza. Roushy Ouza, revenue, vive des ténèbres ! Trique d'ébene s'élança à la poursuite des méchantes. Elle les rejoignit et chanta "Coeur et corps et âme de bois, moi aussi je veux être heureuse, je suis Rouchy, je suis Ouza, attendez-moi, mes soeurs tueuses ! Elles franchirent un guet de torrent, s'enfoncèrent sous les feuillages, cheminèrent en silence, lourds. Elles passèrent devant les huttes d'une troupe de charbonniers. Où courez-vous, folles merveilles ? Venez à nos charbons ardents. Mais qui danse là sur vos têtes ? Un oiseau ? Non, Trique d'Ébène, qu'elle est belle, qu'elle chante bien. Laissez-nous l'écouter, vous autres. Chut ! Chut ! Silence ! Allez votre chemin ! Alors les filles s'en furent par le sous-bois. L'une pensa maudit bâton l'autre, enragée, grogna du nez et laissa tomber de sa bouche. Brisons-le, brûlons-le, éparpillons-le. Brûler une trique d'ébène ? dit la craintive. Misère, nous serions maudites. Tais-toi, folle, allume le feu. Mais elle nous protège des brigands. Pourtant, c'est le chemin qu'elle prirent, brûler. Brûler la trique d'ébene. Le dévora le bâton, trique d'ébène se fit cendres..On jeta ses cendres dans le torrent mais l'eau vivace les rassembla...Les rendit au roc du rivage Le soleil vint et les pétrit, il fit d'elle une meule ronde incrustée de grains d'or et d'argent...Aussi rieurs et scintillants que les yeux de Roushy Ouza. Et elle reprit vie. Elle roula à la poursuite des méchantes ' Moi aussi je veux être heureuse,je suis Roushy, je suis Ouza Quelle splendeur ! Elles s'éloignèrent sur la rive, firent halte derrière un roc. L'une pensa qu'il pleuve, qu'il vente, que le feu du ciel la foudroie, et l'autre dit, Écrasons-la ! Mais non, la meule est sacrée, malheureuse, dit la craintive. Tais-toi, donne-moi le marteau, mais elle changera nos cœurs en pierre, nous ne serons jamais aiméess. Toutefois, Elles choisirent de briser. Briser était le chemin froid, ce fut celui-là qu'elles choisirent. L'anule fut donc fendue en deux, en dix, en cent, en mille éclats. Quand elle ne fut plus que poussière, elle s'enfonça dans un bourbier, duquel naquit une tige, et sur la tige une fleur. Fleur qui s'ouvrit, se fit calbasse, et la calbasse grossit, le soleil l'ouvrit, la vida, et limite au monde d'un pot rebondi. Ce pot s'en alla, roulant à la poursuite des fuyardes. Je suis Rouchi, je suis Yosa, attendez-moi mes sortueuses. Elle les vit au bord d'un étang et débergeait leur vin devant. Ils étaient beaux comme des lunes. parmi leurs troupeaux nonchalants. Ils accueillirent les méchantes, leur firent place autour du feu, leur offrirent de l'eau fraîche, des épis de maïs grillés, des fruits rouges, des mots de miel. Chacun choisit sa fiancée. Ils étaient huit, elles étaient sept. Le dernier se retrouva seul. Lui, on l'appelait fils de tambour. Ses aïeux et sa descendance avaient fait de lui un poète. La calbasse vint à lui, il la prit contre sa poitrine. Tous deux étaient de même peau, luisantes, lisses, palpitantes, parfumées d'épices et de vent. Ses compagnons le désignèrent aux mauvaises qui ronronnaient, levées au chaud contre leurs flancs. Avez-vous vu Le fils de Tambour et son ami, l'avez-vous vu ? Hé ! Le fou est-elle amoureuse ? On rit, on se moqua, on joua, on se baisa, on roula dans les hautes herbes. Sous un buisson de papyrus à l'écart de l'heureuse troupe, le solitaire s'endormit, la tempe sur le ventre dur de son étrange fiancé. Le lendemain, les huit bergers menèrent les filles au village. Feux et danses, chants et folies, Bannière, masque, vœux, festin, sept hommes et femmes s'épousèrent. Fils de tambour, après les autres, chanta son poème à l'aimé. Qui était-elle ? Un ustensile, une pauvre courge évidée ? On railla sa stupidité. Mais qu'importait à l'amoureux ? Le créateur n'eût pu trouver plus fière, plus tendre parole pour accueillir dans son jardin le soleil du premier matin. Il confia son épousée à la garde de sa cadette. Elle grima ça les mots aux gens. Une calbasse, ta femme ? Tu me fais honte, frère aimé. Et elle la suspendit dans la cour, sans chute aux travaux du jour. Et en passant près d'elle, le soir tombé, elle dit à voix haute. Pfff ! La calbasse de mon frère ne nettoie pas les pots de lait, que le diable lui troue la peau. La galette alla dormir, se leva, sortit à l'aube, cracha dans l'herbe mouillée, et puis continua à se plaindre. La calbasse de mon frère n'occupa les gâteaux de mille, que le diable la décarcasse. Puis elle partit tisonner les braises, et au soleil pesant du midi, elle s'assit à l'ombre du mur. Avec colère, elle continua. Calbasse de mon frère ne passe jamais le balai, que le diable la crache au vent. Enfin elle reprit son travail ménager, et à l'heure où le soleil s'endort, elle vint se planter devant la calbasse et s'adressa à elle. Calbasse qui ne dit rien, qui ne fait rien, qui ne veut rien, parle-moi sinon je te tue. C'est alors qu'une voix ténue répondit, Sœur cadette de mon époux, Je me cache, pardonne-moi, Le jour m'effraie, la nuit aussi, Je suis rouchie aux uns, lardante, Trois fois tuée, brûlée, brisée. Allons, ma sœur, cria la fille, Cesse donc tes pleurs, Viens m'aider à faire les lits. C'est alors que la resplendissante épousée Descendit d'Aquelbasse, Puisse de tout. Tambour vint à la nuit, la vie, et s'émerveilla. Et le lendemain, il dit aux gens, pour la plus belle des épouses, la plus belle fête de l'an, il amena Rouchi Oza sous une ombrelle de lin blanc, et tous autour d'elle s'inclinèrent, les hommes devant ses pieds nus balayèrent les brins de paille, les poussières, les cailloux fins, et les tueuses ne dirent rien. Je vous ai dit pas d'histoire, pas de morale, pas de... juste des mots. Alors je ne sais pas si vous les avez trouvés beaux Moi j'adore les formules, j'adore les images, mais finalement je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'il est question de jalousie, il est question de conformisme, il est question de méchanceté, il est question de vengeance, il est question d'exister malgré les autres. Finalement, il est question de tout ce qui est très contemporain. Merci d'avoir écouté cette histoire, si vous laissez un commentaire sur Apple Podcasts, ça aide ce podcast à émerger, si vous mettez des étoiles sur votre... notre Spotify site, ce podcast a émergé si vous l'écoutez sur Youtube, et bien tant mieux bref, on se retrouve sur toutes les plateformes de podcast merci d'avoir écouté, on se retrouve aussi sur Insta si vous voulez je vous donne rendez-vous dans 15 jours, merci, à bientôt

Description

"Son regard faisait rire Dieu...Le soleil lui baise les pieds...Même à l'ombre elle est au soleil"...

Forcément, tant de beauté et de grâce ne peut qu'attiser la jalousie féminine, la méchanceté et certaines rivalités...Pourtant ce conte d'Henri Gougaud parvient à nous emmener dans la lumière étincelante des mots délicieux, d'une certaine poésie dans laquelle l'amour pourrait bien triompher...


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, c'est Rebecca. Bienvenue dans ce 80e épisode d'Histoires pour les grandes personnes. "On lit comme on aime, on entre en lecture comme on tombe amoureux... par espérance." Christian Bobin. Alors elle me tombe dessus cette citation, parce que c'est ce que nous allons faire aujourd'hui. Je vais vous raconter une histoire et mon attente c'était cette forme justement d'espérance : de nous emmener ailleurs, dans du beau, dans un environnement qui coupe avec le quotidien, avec la vilénie, avec la violence, avec les commentaires débiles sur Insta et ailleurs. Et j'ai choisi... Une histoire d'Henri Gougaud, je vais vous la raconter. Fermez les yeux, installez-vous, écoutez les mots, écoutez ce poète, ses images, ses formules, qui à elles seules, nous font voyager bien loin, dans un univers coloré, délicat, un peu oublié. Et donc, bah oui parce qu'il y a un et donc, fermez les yeux, écoutez juste la musique. Elle est magnifique. L'histoire s'appelle La Trois-Fois-Tuée et je crois que je vous l'ai dit, c'est une histoire d'Henri Gougaud. Roushy Ousa ...Oh, quelle beauté ! Elle était ondulante et svelte, comme la reine des roseaux. Son regard faisait rire Dieu. Les étoiles tombaient du ciel et se changeaient en graines d'or pour nicher dans sa chevelure. Et même les âmes des enfants futurs voletaient au ciel. autour de son corps, en la suppliant d'être mère. Il était établi que les caresses de ses mains auraient fait gémir les lions, s'ils avaient osé l'approcher. Avec les filles du village, un matin, elles s'en allaient à la colline des Manguiers. Long fil sur le sentier, robes vives, rires pointus, pas légers, chants offerts au vent, Roushy Ouza s'en allait en tête. Sur le chemin, elles passèrent devant un champ où travaillaient des laboureurs. Venez là, merveilles, miracles ! dansez... Voyez celle qui les conduisent, le soleil lui baisse les pieds. Quelle noblesse, quelle beauté ! Mais oui, c'est Roushy Ouza la joyeuse, la pure au sandales ailées. Vous avez entendu, son regard faisait rire Dieu, les étoiles tombaient du ciel, se changeaient en graines d'or. Le soleil lui baise les pieds. Les filles du village passèrent en hâte, craintives, l'une et l'autre se bousculant, les cris des hommes s'éteignirent derrière elles. Une voix dit parmi les filles... et là vous reconnaissez l'incursion du monde réel dans cette jolie histoire, on voit celle qui va devant, et nous, et nous les autres, nous les passantes... Roushy Ouza, viens au milieu. Alors elles continuèrent et parvinrent près d'une source où s'abreuvaient des voyageurs. Elles se firent interpeller. Où courez-vous, fées et déesses ? Voulez-vous boire dans nos mains ? Non, pas toi ! Ni toi non plus ! Non, non, votre reine ! Oh, Roushy Ouza ! La sans pareille ! Même à l'ombre, elle est au soleil. Les jeunes filles s'éloignèrent, le front bas, la bouche arquée. Et une voix vinaigrée couina ! Oui, on voit celle du beau milieu, la chemine, la fortunée, la mère du chef, la hautaine, quand elle voyage avec ses gens. Et puis elles continuèrent, arrivant à une prairie, dés archres aiguisaient leurs flèches, penchées sur un feu crépitant, ils se dressèrent et s'écrièrent. Voyez ces musiques vivantes, ces rêves sortis de la nuit, ces rêves sortis de la nuit, c'est beau non ? Et quelle est donc cette lumière, cette déesse qui les suit ? On dirait qu'elle va son chemin sur un tapis de plumes d'aigle. On l'appelle Roushy Ouza, oh la la l'ardente, oh le fruit de l'amour. Les dents des jalouses grincèrent comme la craie sur le caillou. L'une pensa. Qu'elle tombe morte Et l'autre gronda Et si nous la tuions Car oui, dit une peureuse, son esprit gâtera nos vies. Tais-toi, folle, prends le couteau. Oui, mais sa mort pèsera sur nos têtes, nous aurons des enfants chétifs. Non, donne-moi la pierre pointue, dit une autre. Tuer, c'est le mauvais chemin, s'opposa une dernière. Et pourtant, ce furent celui-là qu'elle choisirent. Les filles trouèrent le front et le sein de Roushy Ouza. Elles l'enterrèrent, tête en bas, pour que son âme tombe loin dans le royaume des ancêtres. Puis, les mains encore sanglantes et le cœur barbouillé debout, elles reprirent leur route longue vers la colline des Monts. Mangaie. Alors ? Alors bah oui, parce qu'il s'agit d'un conte. Alors dans la terre mouillée, la vie revint au corps, Splendide. Ce dernier se tordit, se fit racine, se fit germe, Et rameau de bois. Il se hissa droit, dans l'air limpide, Se fit ébène, défeuillé, Trique dure, bâton nerveux, Svelte comme Roushy Ouza. Roushy Ouza, revenue, vive des ténèbres ! Trique d'ébene s'élança à la poursuite des méchantes. Elle les rejoignit et chanta "Coeur et corps et âme de bois, moi aussi je veux être heureuse, je suis Rouchy, je suis Ouza, attendez-moi, mes soeurs tueuses ! Elles franchirent un guet de torrent, s'enfoncèrent sous les feuillages, cheminèrent en silence, lourds. Elles passèrent devant les huttes d'une troupe de charbonniers. Où courez-vous, folles merveilles ? Venez à nos charbons ardents. Mais qui danse là sur vos têtes ? Un oiseau ? Non, Trique d'Ébène, qu'elle est belle, qu'elle chante bien. Laissez-nous l'écouter, vous autres. Chut ! Chut ! Silence ! Allez votre chemin ! Alors les filles s'en furent par le sous-bois. L'une pensa maudit bâton l'autre, enragée, grogna du nez et laissa tomber de sa bouche. Brisons-le, brûlons-le, éparpillons-le. Brûler une trique d'ébène ? dit la craintive. Misère, nous serions maudites. Tais-toi, folle, allume le feu. Mais elle nous protège des brigands. Pourtant, c'est le chemin qu'elle prirent, brûler. Brûler la trique d'ébene. Le dévora le bâton, trique d'ébène se fit cendres..On jeta ses cendres dans le torrent mais l'eau vivace les rassembla...Les rendit au roc du rivage Le soleil vint et les pétrit, il fit d'elle une meule ronde incrustée de grains d'or et d'argent...Aussi rieurs et scintillants que les yeux de Roushy Ouza. Et elle reprit vie. Elle roula à la poursuite des méchantes ' Moi aussi je veux être heureuse,je suis Roushy, je suis Ouza Quelle splendeur ! Elles s'éloignèrent sur la rive, firent halte derrière un roc. L'une pensa qu'il pleuve, qu'il vente, que le feu du ciel la foudroie, et l'autre dit, Écrasons-la ! Mais non, la meule est sacrée, malheureuse, dit la craintive. Tais-toi, donne-moi le marteau, mais elle changera nos cœurs en pierre, nous ne serons jamais aiméess. Toutefois, Elles choisirent de briser. Briser était le chemin froid, ce fut celui-là qu'elles choisirent. L'anule fut donc fendue en deux, en dix, en cent, en mille éclats. Quand elle ne fut plus que poussière, elle s'enfonça dans un bourbier, duquel naquit une tige, et sur la tige une fleur. Fleur qui s'ouvrit, se fit calbasse, et la calbasse grossit, le soleil l'ouvrit, la vida, et limite au monde d'un pot rebondi. Ce pot s'en alla, roulant à la poursuite des fuyardes. Je suis Rouchi, je suis Yosa, attendez-moi mes sortueuses. Elle les vit au bord d'un étang et débergeait leur vin devant. Ils étaient beaux comme des lunes. parmi leurs troupeaux nonchalants. Ils accueillirent les méchantes, leur firent place autour du feu, leur offrirent de l'eau fraîche, des épis de maïs grillés, des fruits rouges, des mots de miel. Chacun choisit sa fiancée. Ils étaient huit, elles étaient sept. Le dernier se retrouva seul. Lui, on l'appelait fils de tambour. Ses aïeux et sa descendance avaient fait de lui un poète. La calbasse vint à lui, il la prit contre sa poitrine. Tous deux étaient de même peau, luisantes, lisses, palpitantes, parfumées d'épices et de vent. Ses compagnons le désignèrent aux mauvaises qui ronronnaient, levées au chaud contre leurs flancs. Avez-vous vu Le fils de Tambour et son ami, l'avez-vous vu ? Hé ! Le fou est-elle amoureuse ? On rit, on se moqua, on joua, on se baisa, on roula dans les hautes herbes. Sous un buisson de papyrus à l'écart de l'heureuse troupe, le solitaire s'endormit, la tempe sur le ventre dur de son étrange fiancé. Le lendemain, les huit bergers menèrent les filles au village. Feux et danses, chants et folies, Bannière, masque, vœux, festin, sept hommes et femmes s'épousèrent. Fils de tambour, après les autres, chanta son poème à l'aimé. Qui était-elle ? Un ustensile, une pauvre courge évidée ? On railla sa stupidité. Mais qu'importait à l'amoureux ? Le créateur n'eût pu trouver plus fière, plus tendre parole pour accueillir dans son jardin le soleil du premier matin. Il confia son épousée à la garde de sa cadette. Elle grima ça les mots aux gens. Une calbasse, ta femme ? Tu me fais honte, frère aimé. Et elle la suspendit dans la cour, sans chute aux travaux du jour. Et en passant près d'elle, le soir tombé, elle dit à voix haute. Pfff ! La calbasse de mon frère ne nettoie pas les pots de lait, que le diable lui troue la peau. La galette alla dormir, se leva, sortit à l'aube, cracha dans l'herbe mouillée, et puis continua à se plaindre. La calbasse de mon frère n'occupa les gâteaux de mille, que le diable la décarcasse. Puis elle partit tisonner les braises, et au soleil pesant du midi, elle s'assit à l'ombre du mur. Avec colère, elle continua. Calbasse de mon frère ne passe jamais le balai, que le diable la crache au vent. Enfin elle reprit son travail ménager, et à l'heure où le soleil s'endort, elle vint se planter devant la calbasse et s'adressa à elle. Calbasse qui ne dit rien, qui ne fait rien, qui ne veut rien, parle-moi sinon je te tue. C'est alors qu'une voix ténue répondit, Sœur cadette de mon époux, Je me cache, pardonne-moi, Le jour m'effraie, la nuit aussi, Je suis rouchie aux uns, lardante, Trois fois tuée, brûlée, brisée. Allons, ma sœur, cria la fille, Cesse donc tes pleurs, Viens m'aider à faire les lits. C'est alors que la resplendissante épousée Descendit d'Aquelbasse, Puisse de tout. Tambour vint à la nuit, la vie, et s'émerveilla. Et le lendemain, il dit aux gens, pour la plus belle des épouses, la plus belle fête de l'an, il amena Rouchi Oza sous une ombrelle de lin blanc, et tous autour d'elle s'inclinèrent, les hommes devant ses pieds nus balayèrent les brins de paille, les poussières, les cailloux fins, et les tueuses ne dirent rien. Je vous ai dit pas d'histoire, pas de morale, pas de... juste des mots. Alors je ne sais pas si vous les avez trouvés beaux Moi j'adore les formules, j'adore les images, mais finalement je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'il est question de jalousie, il est question de conformisme, il est question de méchanceté, il est question de vengeance, il est question d'exister malgré les autres. Finalement, il est question de tout ce qui est très contemporain. Merci d'avoir écouté cette histoire, si vous laissez un commentaire sur Apple Podcasts, ça aide ce podcast à émerger, si vous mettez des étoiles sur votre... notre Spotify site, ce podcast a émergé si vous l'écoutez sur Youtube, et bien tant mieux bref, on se retrouve sur toutes les plateformes de podcast merci d'avoir écouté, on se retrouve aussi sur Insta si vous voulez je vous donne rendez-vous dans 15 jours, merci, à bientôt

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"Son regard faisait rire Dieu...Le soleil lui baise les pieds...Même à l'ombre elle est au soleil"...

Forcément, tant de beauté et de grâce ne peut qu'attiser la jalousie féminine, la méchanceté et certaines rivalités...Pourtant ce conte d'Henri Gougaud parvient à nous emmener dans la lumière étincelante des mots délicieux, d'une certaine poésie dans laquelle l'amour pourrait bien triompher...


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, c'est Rebecca. Bienvenue dans ce 80e épisode d'Histoires pour les grandes personnes. "On lit comme on aime, on entre en lecture comme on tombe amoureux... par espérance." Christian Bobin. Alors elle me tombe dessus cette citation, parce que c'est ce que nous allons faire aujourd'hui. Je vais vous raconter une histoire et mon attente c'était cette forme justement d'espérance : de nous emmener ailleurs, dans du beau, dans un environnement qui coupe avec le quotidien, avec la vilénie, avec la violence, avec les commentaires débiles sur Insta et ailleurs. Et j'ai choisi... Une histoire d'Henri Gougaud, je vais vous la raconter. Fermez les yeux, installez-vous, écoutez les mots, écoutez ce poète, ses images, ses formules, qui à elles seules, nous font voyager bien loin, dans un univers coloré, délicat, un peu oublié. Et donc, bah oui parce qu'il y a un et donc, fermez les yeux, écoutez juste la musique. Elle est magnifique. L'histoire s'appelle La Trois-Fois-Tuée et je crois que je vous l'ai dit, c'est une histoire d'Henri Gougaud. Roushy Ousa ...Oh, quelle beauté ! Elle était ondulante et svelte, comme la reine des roseaux. Son regard faisait rire Dieu. Les étoiles tombaient du ciel et se changeaient en graines d'or pour nicher dans sa chevelure. Et même les âmes des enfants futurs voletaient au ciel. autour de son corps, en la suppliant d'être mère. Il était établi que les caresses de ses mains auraient fait gémir les lions, s'ils avaient osé l'approcher. Avec les filles du village, un matin, elles s'en allaient à la colline des Manguiers. Long fil sur le sentier, robes vives, rires pointus, pas légers, chants offerts au vent, Roushy Ouza s'en allait en tête. Sur le chemin, elles passèrent devant un champ où travaillaient des laboureurs. Venez là, merveilles, miracles ! dansez... Voyez celle qui les conduisent, le soleil lui baisse les pieds. Quelle noblesse, quelle beauté ! Mais oui, c'est Roushy Ouza la joyeuse, la pure au sandales ailées. Vous avez entendu, son regard faisait rire Dieu, les étoiles tombaient du ciel, se changeaient en graines d'or. Le soleil lui baise les pieds. Les filles du village passèrent en hâte, craintives, l'une et l'autre se bousculant, les cris des hommes s'éteignirent derrière elles. Une voix dit parmi les filles... et là vous reconnaissez l'incursion du monde réel dans cette jolie histoire, on voit celle qui va devant, et nous, et nous les autres, nous les passantes... Roushy Ouza, viens au milieu. Alors elles continuèrent et parvinrent près d'une source où s'abreuvaient des voyageurs. Elles se firent interpeller. Où courez-vous, fées et déesses ? Voulez-vous boire dans nos mains ? Non, pas toi ! Ni toi non plus ! Non, non, votre reine ! Oh, Roushy Ouza ! La sans pareille ! Même à l'ombre, elle est au soleil. Les jeunes filles s'éloignèrent, le front bas, la bouche arquée. Et une voix vinaigrée couina ! Oui, on voit celle du beau milieu, la chemine, la fortunée, la mère du chef, la hautaine, quand elle voyage avec ses gens. Et puis elles continuèrent, arrivant à une prairie, dés archres aiguisaient leurs flèches, penchées sur un feu crépitant, ils se dressèrent et s'écrièrent. Voyez ces musiques vivantes, ces rêves sortis de la nuit, ces rêves sortis de la nuit, c'est beau non ? Et quelle est donc cette lumière, cette déesse qui les suit ? On dirait qu'elle va son chemin sur un tapis de plumes d'aigle. On l'appelle Roushy Ouza, oh la la l'ardente, oh le fruit de l'amour. Les dents des jalouses grincèrent comme la craie sur le caillou. L'une pensa. Qu'elle tombe morte Et l'autre gronda Et si nous la tuions Car oui, dit une peureuse, son esprit gâtera nos vies. Tais-toi, folle, prends le couteau. Oui, mais sa mort pèsera sur nos têtes, nous aurons des enfants chétifs. Non, donne-moi la pierre pointue, dit une autre. Tuer, c'est le mauvais chemin, s'opposa une dernière. Et pourtant, ce furent celui-là qu'elle choisirent. Les filles trouèrent le front et le sein de Roushy Ouza. Elles l'enterrèrent, tête en bas, pour que son âme tombe loin dans le royaume des ancêtres. Puis, les mains encore sanglantes et le cœur barbouillé debout, elles reprirent leur route longue vers la colline des Monts. Mangaie. Alors ? Alors bah oui, parce qu'il s'agit d'un conte. Alors dans la terre mouillée, la vie revint au corps, Splendide. Ce dernier se tordit, se fit racine, se fit germe, Et rameau de bois. Il se hissa droit, dans l'air limpide, Se fit ébène, défeuillé, Trique dure, bâton nerveux, Svelte comme Roushy Ouza. Roushy Ouza, revenue, vive des ténèbres ! Trique d'ébene s'élança à la poursuite des méchantes. Elle les rejoignit et chanta "Coeur et corps et âme de bois, moi aussi je veux être heureuse, je suis Rouchy, je suis Ouza, attendez-moi, mes soeurs tueuses ! Elles franchirent un guet de torrent, s'enfoncèrent sous les feuillages, cheminèrent en silence, lourds. Elles passèrent devant les huttes d'une troupe de charbonniers. Où courez-vous, folles merveilles ? Venez à nos charbons ardents. Mais qui danse là sur vos têtes ? Un oiseau ? Non, Trique d'Ébène, qu'elle est belle, qu'elle chante bien. Laissez-nous l'écouter, vous autres. Chut ! Chut ! Silence ! Allez votre chemin ! Alors les filles s'en furent par le sous-bois. L'une pensa maudit bâton l'autre, enragée, grogna du nez et laissa tomber de sa bouche. Brisons-le, brûlons-le, éparpillons-le. Brûler une trique d'ébène ? dit la craintive. Misère, nous serions maudites. Tais-toi, folle, allume le feu. Mais elle nous protège des brigands. Pourtant, c'est le chemin qu'elle prirent, brûler. Brûler la trique d'ébene. Le dévora le bâton, trique d'ébène se fit cendres..On jeta ses cendres dans le torrent mais l'eau vivace les rassembla...Les rendit au roc du rivage Le soleil vint et les pétrit, il fit d'elle une meule ronde incrustée de grains d'or et d'argent...Aussi rieurs et scintillants que les yeux de Roushy Ouza. Et elle reprit vie. Elle roula à la poursuite des méchantes ' Moi aussi je veux être heureuse,je suis Roushy, je suis Ouza Quelle splendeur ! Elles s'éloignèrent sur la rive, firent halte derrière un roc. L'une pensa qu'il pleuve, qu'il vente, que le feu du ciel la foudroie, et l'autre dit, Écrasons-la ! Mais non, la meule est sacrée, malheureuse, dit la craintive. Tais-toi, donne-moi le marteau, mais elle changera nos cœurs en pierre, nous ne serons jamais aiméess. Toutefois, Elles choisirent de briser. Briser était le chemin froid, ce fut celui-là qu'elles choisirent. L'anule fut donc fendue en deux, en dix, en cent, en mille éclats. Quand elle ne fut plus que poussière, elle s'enfonça dans un bourbier, duquel naquit une tige, et sur la tige une fleur. Fleur qui s'ouvrit, se fit calbasse, et la calbasse grossit, le soleil l'ouvrit, la vida, et limite au monde d'un pot rebondi. Ce pot s'en alla, roulant à la poursuite des fuyardes. Je suis Rouchi, je suis Yosa, attendez-moi mes sortueuses. Elle les vit au bord d'un étang et débergeait leur vin devant. Ils étaient beaux comme des lunes. parmi leurs troupeaux nonchalants. Ils accueillirent les méchantes, leur firent place autour du feu, leur offrirent de l'eau fraîche, des épis de maïs grillés, des fruits rouges, des mots de miel. Chacun choisit sa fiancée. Ils étaient huit, elles étaient sept. Le dernier se retrouva seul. Lui, on l'appelait fils de tambour. Ses aïeux et sa descendance avaient fait de lui un poète. La calbasse vint à lui, il la prit contre sa poitrine. Tous deux étaient de même peau, luisantes, lisses, palpitantes, parfumées d'épices et de vent. Ses compagnons le désignèrent aux mauvaises qui ronronnaient, levées au chaud contre leurs flancs. Avez-vous vu Le fils de Tambour et son ami, l'avez-vous vu ? Hé ! Le fou est-elle amoureuse ? On rit, on se moqua, on joua, on se baisa, on roula dans les hautes herbes. Sous un buisson de papyrus à l'écart de l'heureuse troupe, le solitaire s'endormit, la tempe sur le ventre dur de son étrange fiancé. Le lendemain, les huit bergers menèrent les filles au village. Feux et danses, chants et folies, Bannière, masque, vœux, festin, sept hommes et femmes s'épousèrent. Fils de tambour, après les autres, chanta son poème à l'aimé. Qui était-elle ? Un ustensile, une pauvre courge évidée ? On railla sa stupidité. Mais qu'importait à l'amoureux ? Le créateur n'eût pu trouver plus fière, plus tendre parole pour accueillir dans son jardin le soleil du premier matin. Il confia son épousée à la garde de sa cadette. Elle grima ça les mots aux gens. Une calbasse, ta femme ? Tu me fais honte, frère aimé. Et elle la suspendit dans la cour, sans chute aux travaux du jour. Et en passant près d'elle, le soir tombé, elle dit à voix haute. Pfff ! La calbasse de mon frère ne nettoie pas les pots de lait, que le diable lui troue la peau. La galette alla dormir, se leva, sortit à l'aube, cracha dans l'herbe mouillée, et puis continua à se plaindre. La calbasse de mon frère n'occupa les gâteaux de mille, que le diable la décarcasse. Puis elle partit tisonner les braises, et au soleil pesant du midi, elle s'assit à l'ombre du mur. Avec colère, elle continua. Calbasse de mon frère ne passe jamais le balai, que le diable la crache au vent. Enfin elle reprit son travail ménager, et à l'heure où le soleil s'endort, elle vint se planter devant la calbasse et s'adressa à elle. Calbasse qui ne dit rien, qui ne fait rien, qui ne veut rien, parle-moi sinon je te tue. C'est alors qu'une voix ténue répondit, Sœur cadette de mon époux, Je me cache, pardonne-moi, Le jour m'effraie, la nuit aussi, Je suis rouchie aux uns, lardante, Trois fois tuée, brûlée, brisée. Allons, ma sœur, cria la fille, Cesse donc tes pleurs, Viens m'aider à faire les lits. C'est alors que la resplendissante épousée Descendit d'Aquelbasse, Puisse de tout. Tambour vint à la nuit, la vie, et s'émerveilla. Et le lendemain, il dit aux gens, pour la plus belle des épouses, la plus belle fête de l'an, il amena Rouchi Oza sous une ombrelle de lin blanc, et tous autour d'elle s'inclinèrent, les hommes devant ses pieds nus balayèrent les brins de paille, les poussières, les cailloux fins, et les tueuses ne dirent rien. Je vous ai dit pas d'histoire, pas de morale, pas de... juste des mots. Alors je ne sais pas si vous les avez trouvés beaux Moi j'adore les formules, j'adore les images, mais finalement je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'il est question de jalousie, il est question de conformisme, il est question de méchanceté, il est question de vengeance, il est question d'exister malgré les autres. Finalement, il est question de tout ce qui est très contemporain. Merci d'avoir écouté cette histoire, si vous laissez un commentaire sur Apple Podcasts, ça aide ce podcast à émerger, si vous mettez des étoiles sur votre... notre Spotify site, ce podcast a émergé si vous l'écoutez sur Youtube, et bien tant mieux bref, on se retrouve sur toutes les plateformes de podcast merci d'avoir écouté, on se retrouve aussi sur Insta si vous voulez je vous donne rendez-vous dans 15 jours, merci, à bientôt

Description

"Son regard faisait rire Dieu...Le soleil lui baise les pieds...Même à l'ombre elle est au soleil"...

Forcément, tant de beauté et de grâce ne peut qu'attiser la jalousie féminine, la méchanceté et certaines rivalités...Pourtant ce conte d'Henri Gougaud parvient à nous emmener dans la lumière étincelante des mots délicieux, d'une certaine poésie dans laquelle l'amour pourrait bien triompher...


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, c'est Rebecca. Bienvenue dans ce 80e épisode d'Histoires pour les grandes personnes. "On lit comme on aime, on entre en lecture comme on tombe amoureux... par espérance." Christian Bobin. Alors elle me tombe dessus cette citation, parce que c'est ce que nous allons faire aujourd'hui. Je vais vous raconter une histoire et mon attente c'était cette forme justement d'espérance : de nous emmener ailleurs, dans du beau, dans un environnement qui coupe avec le quotidien, avec la vilénie, avec la violence, avec les commentaires débiles sur Insta et ailleurs. Et j'ai choisi... Une histoire d'Henri Gougaud, je vais vous la raconter. Fermez les yeux, installez-vous, écoutez les mots, écoutez ce poète, ses images, ses formules, qui à elles seules, nous font voyager bien loin, dans un univers coloré, délicat, un peu oublié. Et donc, bah oui parce qu'il y a un et donc, fermez les yeux, écoutez juste la musique. Elle est magnifique. L'histoire s'appelle La Trois-Fois-Tuée et je crois que je vous l'ai dit, c'est une histoire d'Henri Gougaud. Roushy Ousa ...Oh, quelle beauté ! Elle était ondulante et svelte, comme la reine des roseaux. Son regard faisait rire Dieu. Les étoiles tombaient du ciel et se changeaient en graines d'or pour nicher dans sa chevelure. Et même les âmes des enfants futurs voletaient au ciel. autour de son corps, en la suppliant d'être mère. Il était établi que les caresses de ses mains auraient fait gémir les lions, s'ils avaient osé l'approcher. Avec les filles du village, un matin, elles s'en allaient à la colline des Manguiers. Long fil sur le sentier, robes vives, rires pointus, pas légers, chants offerts au vent, Roushy Ouza s'en allait en tête. Sur le chemin, elles passèrent devant un champ où travaillaient des laboureurs. Venez là, merveilles, miracles ! dansez... Voyez celle qui les conduisent, le soleil lui baisse les pieds. Quelle noblesse, quelle beauté ! Mais oui, c'est Roushy Ouza la joyeuse, la pure au sandales ailées. Vous avez entendu, son regard faisait rire Dieu, les étoiles tombaient du ciel, se changeaient en graines d'or. Le soleil lui baise les pieds. Les filles du village passèrent en hâte, craintives, l'une et l'autre se bousculant, les cris des hommes s'éteignirent derrière elles. Une voix dit parmi les filles... et là vous reconnaissez l'incursion du monde réel dans cette jolie histoire, on voit celle qui va devant, et nous, et nous les autres, nous les passantes... Roushy Ouza, viens au milieu. Alors elles continuèrent et parvinrent près d'une source où s'abreuvaient des voyageurs. Elles se firent interpeller. Où courez-vous, fées et déesses ? Voulez-vous boire dans nos mains ? Non, pas toi ! Ni toi non plus ! Non, non, votre reine ! Oh, Roushy Ouza ! La sans pareille ! Même à l'ombre, elle est au soleil. Les jeunes filles s'éloignèrent, le front bas, la bouche arquée. Et une voix vinaigrée couina ! Oui, on voit celle du beau milieu, la chemine, la fortunée, la mère du chef, la hautaine, quand elle voyage avec ses gens. Et puis elles continuèrent, arrivant à une prairie, dés archres aiguisaient leurs flèches, penchées sur un feu crépitant, ils se dressèrent et s'écrièrent. Voyez ces musiques vivantes, ces rêves sortis de la nuit, ces rêves sortis de la nuit, c'est beau non ? Et quelle est donc cette lumière, cette déesse qui les suit ? On dirait qu'elle va son chemin sur un tapis de plumes d'aigle. On l'appelle Roushy Ouza, oh la la l'ardente, oh le fruit de l'amour. Les dents des jalouses grincèrent comme la craie sur le caillou. L'une pensa. Qu'elle tombe morte Et l'autre gronda Et si nous la tuions Car oui, dit une peureuse, son esprit gâtera nos vies. Tais-toi, folle, prends le couteau. Oui, mais sa mort pèsera sur nos têtes, nous aurons des enfants chétifs. Non, donne-moi la pierre pointue, dit une autre. Tuer, c'est le mauvais chemin, s'opposa une dernière. Et pourtant, ce furent celui-là qu'elle choisirent. Les filles trouèrent le front et le sein de Roushy Ouza. Elles l'enterrèrent, tête en bas, pour que son âme tombe loin dans le royaume des ancêtres. Puis, les mains encore sanglantes et le cœur barbouillé debout, elles reprirent leur route longue vers la colline des Monts. Mangaie. Alors ? Alors bah oui, parce qu'il s'agit d'un conte. Alors dans la terre mouillée, la vie revint au corps, Splendide. Ce dernier se tordit, se fit racine, se fit germe, Et rameau de bois. Il se hissa droit, dans l'air limpide, Se fit ébène, défeuillé, Trique dure, bâton nerveux, Svelte comme Roushy Ouza. Roushy Ouza, revenue, vive des ténèbres ! Trique d'ébene s'élança à la poursuite des méchantes. Elle les rejoignit et chanta "Coeur et corps et âme de bois, moi aussi je veux être heureuse, je suis Rouchy, je suis Ouza, attendez-moi, mes soeurs tueuses ! Elles franchirent un guet de torrent, s'enfoncèrent sous les feuillages, cheminèrent en silence, lourds. Elles passèrent devant les huttes d'une troupe de charbonniers. Où courez-vous, folles merveilles ? Venez à nos charbons ardents. Mais qui danse là sur vos têtes ? Un oiseau ? Non, Trique d'Ébène, qu'elle est belle, qu'elle chante bien. Laissez-nous l'écouter, vous autres. Chut ! Chut ! Silence ! Allez votre chemin ! Alors les filles s'en furent par le sous-bois. L'une pensa maudit bâton l'autre, enragée, grogna du nez et laissa tomber de sa bouche. Brisons-le, brûlons-le, éparpillons-le. Brûler une trique d'ébène ? dit la craintive. Misère, nous serions maudites. Tais-toi, folle, allume le feu. Mais elle nous protège des brigands. Pourtant, c'est le chemin qu'elle prirent, brûler. Brûler la trique d'ébene. Le dévora le bâton, trique d'ébène se fit cendres..On jeta ses cendres dans le torrent mais l'eau vivace les rassembla...Les rendit au roc du rivage Le soleil vint et les pétrit, il fit d'elle une meule ronde incrustée de grains d'or et d'argent...Aussi rieurs et scintillants que les yeux de Roushy Ouza. Et elle reprit vie. Elle roula à la poursuite des méchantes ' Moi aussi je veux être heureuse,je suis Roushy, je suis Ouza Quelle splendeur ! Elles s'éloignèrent sur la rive, firent halte derrière un roc. L'une pensa qu'il pleuve, qu'il vente, que le feu du ciel la foudroie, et l'autre dit, Écrasons-la ! Mais non, la meule est sacrée, malheureuse, dit la craintive. Tais-toi, donne-moi le marteau, mais elle changera nos cœurs en pierre, nous ne serons jamais aiméess. Toutefois, Elles choisirent de briser. Briser était le chemin froid, ce fut celui-là qu'elles choisirent. L'anule fut donc fendue en deux, en dix, en cent, en mille éclats. Quand elle ne fut plus que poussière, elle s'enfonça dans un bourbier, duquel naquit une tige, et sur la tige une fleur. Fleur qui s'ouvrit, se fit calbasse, et la calbasse grossit, le soleil l'ouvrit, la vida, et limite au monde d'un pot rebondi. Ce pot s'en alla, roulant à la poursuite des fuyardes. Je suis Rouchi, je suis Yosa, attendez-moi mes sortueuses. Elle les vit au bord d'un étang et débergeait leur vin devant. Ils étaient beaux comme des lunes. parmi leurs troupeaux nonchalants. Ils accueillirent les méchantes, leur firent place autour du feu, leur offrirent de l'eau fraîche, des épis de maïs grillés, des fruits rouges, des mots de miel. Chacun choisit sa fiancée. Ils étaient huit, elles étaient sept. Le dernier se retrouva seul. Lui, on l'appelait fils de tambour. Ses aïeux et sa descendance avaient fait de lui un poète. La calbasse vint à lui, il la prit contre sa poitrine. Tous deux étaient de même peau, luisantes, lisses, palpitantes, parfumées d'épices et de vent. Ses compagnons le désignèrent aux mauvaises qui ronronnaient, levées au chaud contre leurs flancs. Avez-vous vu Le fils de Tambour et son ami, l'avez-vous vu ? Hé ! Le fou est-elle amoureuse ? On rit, on se moqua, on joua, on se baisa, on roula dans les hautes herbes. Sous un buisson de papyrus à l'écart de l'heureuse troupe, le solitaire s'endormit, la tempe sur le ventre dur de son étrange fiancé. Le lendemain, les huit bergers menèrent les filles au village. Feux et danses, chants et folies, Bannière, masque, vœux, festin, sept hommes et femmes s'épousèrent. Fils de tambour, après les autres, chanta son poème à l'aimé. Qui était-elle ? Un ustensile, une pauvre courge évidée ? On railla sa stupidité. Mais qu'importait à l'amoureux ? Le créateur n'eût pu trouver plus fière, plus tendre parole pour accueillir dans son jardin le soleil du premier matin. Il confia son épousée à la garde de sa cadette. Elle grima ça les mots aux gens. Une calbasse, ta femme ? Tu me fais honte, frère aimé. Et elle la suspendit dans la cour, sans chute aux travaux du jour. Et en passant près d'elle, le soir tombé, elle dit à voix haute. Pfff ! La calbasse de mon frère ne nettoie pas les pots de lait, que le diable lui troue la peau. La galette alla dormir, se leva, sortit à l'aube, cracha dans l'herbe mouillée, et puis continua à se plaindre. La calbasse de mon frère n'occupa les gâteaux de mille, que le diable la décarcasse. Puis elle partit tisonner les braises, et au soleil pesant du midi, elle s'assit à l'ombre du mur. Avec colère, elle continua. Calbasse de mon frère ne passe jamais le balai, que le diable la crache au vent. Enfin elle reprit son travail ménager, et à l'heure où le soleil s'endort, elle vint se planter devant la calbasse et s'adressa à elle. Calbasse qui ne dit rien, qui ne fait rien, qui ne veut rien, parle-moi sinon je te tue. C'est alors qu'une voix ténue répondit, Sœur cadette de mon époux, Je me cache, pardonne-moi, Le jour m'effraie, la nuit aussi, Je suis rouchie aux uns, lardante, Trois fois tuée, brûlée, brisée. Allons, ma sœur, cria la fille, Cesse donc tes pleurs, Viens m'aider à faire les lits. C'est alors que la resplendissante épousée Descendit d'Aquelbasse, Puisse de tout. Tambour vint à la nuit, la vie, et s'émerveilla. Et le lendemain, il dit aux gens, pour la plus belle des épouses, la plus belle fête de l'an, il amena Rouchi Oza sous une ombrelle de lin blanc, et tous autour d'elle s'inclinèrent, les hommes devant ses pieds nus balayèrent les brins de paille, les poussières, les cailloux fins, et les tueuses ne dirent rien. Je vous ai dit pas d'histoire, pas de morale, pas de... juste des mots. Alors je ne sais pas si vous les avez trouvés beaux Moi j'adore les formules, j'adore les images, mais finalement je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'il est question de jalousie, il est question de conformisme, il est question de méchanceté, il est question de vengeance, il est question d'exister malgré les autres. Finalement, il est question de tout ce qui est très contemporain. Merci d'avoir écouté cette histoire, si vous laissez un commentaire sur Apple Podcasts, ça aide ce podcast à émerger, si vous mettez des étoiles sur votre... notre Spotify site, ce podcast a émergé si vous l'écoutez sur Youtube, et bien tant mieux bref, on se retrouve sur toutes les plateformes de podcast merci d'avoir écouté, on se retrouve aussi sur Insta si vous voulez je vous donne rendez-vous dans 15 jours, merci, à bientôt

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