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Histoires d'Alchimistes

1 | Combattre les discriminations – Hayette El Mansourie: Origines, handicap, et la revanche d’une mère courage

1 | Combattre les discriminations – Hayette El Mansourie: Origines, handicap, et la revanche d’une mère courage

44min |04/03/2025
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1 | Combattre les discriminations – Hayette El Mansourie: Origines, handicap, et la revanche d’une mère courage

44min |04/03/2025
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Description

À 19 ans, Hayette n’avait ni diplôme, ni réseau, ni soutien.
Mais elle avait une force intérieure indomptable, un feu que rien ne pouvait éteindre.
Là où tout semblait figé d’avance, elle a refusé de se laisser enfermer par les limites qu’on lui imposait.


🔥 Devenue coach sportive et chorégraphe autodidacte, elle fonde l’association Cinquième Art, un espace d’expression, d’inclusion et de reconstruction par le mouvement.

💪 Maman d’un enfant porteur de trisomie 21, aveugle et atteint de multiples déficiences, elle transforme chaque épreuve en source d’amour, de résilience et de courage.

📖 En écrivant Kallys, mon T21 miracle, elle transforme ses blessures en messages d’espoir — pour tous ceux qui doutent de leur valeur ou de leur capacité à créer du sens à partir du chaos.

🎓 Partie de rien, elle construit pas à pas une trajectoire forte, libre et inspirante, où l’audace remplace les diplômes.


🎙 Dans cet épisode, Hayette nous livre un témoignage bouleversant, vrai et vibrant :

  1. Comment transformer la souffrance en tremplin

  2. Ce qu’elle a découvert au cœur de l’épreuve

  3. Les clés de sa persévérance et de son alignement

  4. Ce que signifie vraiment "être à la hauteur" quand tout semble vous en priver


💡 Un échange qui rappelle que nos cicatrices peuvent devenir des œuvres d’art, et que chaque pas vers soi est déjà une victoire.


Parce que ce que tu vis n’est pas une fin. C’est peut-être le début d’une transformation plus grande.


📲 Pour retrouver Hayette El Mansouri :
🔗 Instagram : @5m_art
📕 Son livre : Kallys, mon T21 miracle

📸 Pour suivre le podcast : @histoires_d_alchimistes


🙏 Si cet épisode t’a remué, inspiré ou touché :
✨ Fais passer l’étincelle.
💬 Partage-le avec quelqu’un qui a besoin de l’entendre.
⭐ Et si tu veux soutenir ce podcast, laisse une note ou un avis sur ta plateforme d’écoute.

Parce que certaines histoires méritent d’être entendues…
Et pourraient bien changer une vie. ✨


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    bienvenue sur histoire d'alchimistes le podcast qui explore comment transformer nos épreuves entre en tremplin et révèle des parcours de vie où l'impossible s'est teinté d'espoir où chaque épreuve a laissé une empreinte et riche de sens je suis sandra et toutes les deux semaines je pars à la rencontre d'âmes audacieuses qui ont su transformer leurs blessures en force et leur histoire en élan de vie. Parce que peu importe d'où tu viens, peu importe ce que tu as traversé,

  • Speaker #1

    toi aussi, tu peux réveiller l'alchimiste qui est en toi et faire de ton parcours un moteur de sens, de contribution et de changement. Alors, prépare-toi à ressentir, à questionner et à laisser ces histoires souffler sur les braises de ta propre transformation. Après une enfance marquée par la violence et l'injustice, Hayette, El Mansouri, aurait pu sombrer dans la colère et le renoncement. Mais à 19 ans, sans diplôme ni réseau, elle choisit de transformer ses blessures en moteurs d'action. Là où aucun chemin ne semblait exister, elle a osé tracer le sien. Coach sportif et chorégraphe autodidacte, elle fonde l'association 5e art avec une audace qui force l'admiration. Elle crée également Hayadance et Helman. Deux méthodes qu'elle développe et brevette seule. Maman de deux garçons, elle élève Calice, son fils porteur de trisomie 21, aveugle et atteint de déficience rénale et auditive. Un quotidien hors du commun, qui aurait pu être une barrière mais qui au contraire est devenu une source d'amour et de résilience. Autrice, elle partage son histoire dans Calice, mon T21 miracle et tout passe. ne jamais renoncer. Des récits qui redonnent espoir à ceux qui pensent que leur passé définit leur avenir. Nutritionniste diplômée depuis 2023, elle ajoute une nouvelle corde à son arc, toujours animée par ce même désir, aider, transformer, transmettre et élever. Mais derrière cette force incroyable, il y a eu des doutes, des épreuves, des nuits d'angoisse et ces instants magiques où tout bascule. Comment a-t-elle transformé la souffrance en tremplin ? Quels sont les secrets de sa persévérance ? Et surtout, mais comment a-t-elle osé se lancer malgré tout ? Dans cet épisode, Ayet El Mansouri nous livre son histoire, sans filtre. Elle nous prouve qu'aucun destin n'est figé. que chaque cicatrice peut devenir une œuvre d'art et que ceux qui osent croire en eux transforment l'impossible en réalité. Alors, prêts à plonger dans un récit inspirant et bouleversant ? Allez, c'est parti ! Je retrouve Ayet El Mansouri dans son studio de danse, un espace vibrant d'énergie et de passion, avant d'œuvres près de Nancy. Nous sommes en février, l'hiver s'est installé, la pluie ruisselle sur les fenêtres, insufflant une petite touche de nostalgie, de magie à ce moment. Alors bonjour Ayette, merci de me recevoir aujourd'hui. Pour commencer, j'aime laisser de côté les étiquettes et aller tout de suite à l'essentiel, qui tu es vraiment, à travers ce qui t'anime et ce qui te porte au quotidien. Bonjour Sandra, je m'appelle Ayette, elle m'en sourit. dit avec un accent, elle m'en saurait. C'est vrai ? C'est pas mal, c'est pas mal. Alors, mon travail, c'est ma passion. Mais ce qui me fait vibrer, c'est mes enfants. Vraiment, quand je me pose cette question, le premier truc qui me vient, là, c'est mes garçons. Je suis contente de les retrouver. Je fais sport, je pense à eux. Je te parle, je pense à eux. Je dors, je mange mes enfants. Les deux garçons, Soleilman qui a 10 ans, Soleilman, l'homme du soleil. Et qu'Alice, qui est porteur de trisomie 21, qui a 8 ans, il aura 9 ans le 29 février. Donc un anniversaire tous les 4 ans. Et voilà, c'est ma passion.

  • Speaker #0

    D'accord, c'est beau.

  • Speaker #1

    Je suis une mère tokée.

  • Speaker #0

    non pas du tout. De quoi tu rêvais quand tu étais ado ?

  • Speaker #1

    Alors ça va être très dur, très douloureux. Mais j'ai envie de te parler ouvertement et peut-être que ça parlera aussi à d'autres. Alors dans nos échanges, tu m'as dit, j'aimerais que cet échange, cette discussion... Elles puissent porter espoir à ceux qui écouteront. Donc, je vais repartir de l'enfance. Je suis née à Manière. C'est un petit village, la petite maison de la prairie. Tu vois, c'est une petite maison. Il y a des vaches, il y a des moutons comme voisins. Et une école, une église. Voilà, vraiment la petite maison de la prairie. Je ne sais pas, tu connais en Belgique la petite maison de la prairie ?

  • Speaker #0

    Oui, ma maman aimait beaucoup.

  • Speaker #1

    Voilà, moi je suis fan de cette série. Parce qu'elle me rappelle mon enfance. Je suis d'origine marocaine. Enfin, mes parents sont du Maroc. Ma mère est arrivée à 17 ans, mon père est arrivé à 15 ans. Et ils ont travaillé. Ensuite, ils nous ont eus. Et je suis née à Manière. Et dans cette école, j'ai subi la pire des violences. qu'on puisse imaginer pour un enfant, de la maternelle jusqu'à la CM1. Donc tu vois, je suis typée, je suis bronzée. Et dans l'école, il n'y avait aucun enfant typé, j'étais la seule. Je suis la deuxième de cinq filles. Ma grande sœur est mate, je suis mate. La troisième est blanche et tout le reste, son nez blanc. Donc voilà, moi j'ai eu la chance d'avoir cette couleur de peau, que je considère comme une chance. Et ma mère est très blanche, mais j'ai le teint de mon papa, le directeur d'école. qui était aussi le maître, il a voulu effacer cette couleur, il a voulu effacer qui j'étais, qui je suis. Et chaque fois que j'allais à l'école, je subissais des violences par le directeur de l'école et le maître. J'en parle dans mon livre, et c'est ce pourquoi j'ai voulu écrire, parce que quand je suis devenue maman, tout est revenu. Parce que c'est des bébés qu'on a dans les bras, c'est des enfants. Et tout m'est revenu en... pleine figure et il fallait que j'écrive, il fallait que je raconte pourquoi j'ai autant d'empathie, j'ai autant d'amour pour les autres, alors que j'aurais pu devenir une vraie délinquante avec ce que j'ai vécu. Et ce directeur, il me lavait à la javel pour faire partir mon teint.

  • Speaker #0

    Il lavait le visage ou la javel ?

  • Speaker #1

    Il me lavait le visage et les mains, il me faisait tremper les mains dans la javel, en vomir. J'en vomissais et lorsque j'allais retrouver ma maman, qui venait me chercher à 11h30, à ce que je mangeais à la maison. Elle a vomi, mais ma mère ne parlait pas trop bien le français encore, parce qu'elle était toute jeune. Elle nous a eu à 17 ans la première, 18 ans. Donc voilà, elle était toute jeune et elle ne parlait pas bien le français. Elle venait d'arriver et forcément, c'était facile de la tromper, de la duper. Il lui disait tout va bien, elle a vomi, mais tout va bien. J'avais peur de le dire à mes parents. Je pensais que c'était une bêtise. J'ai une scène en tête où je vois encore cette image où il balance ma sœur par-dessus les escaliers. Elle est en béton, mais vraiment en béton. Et il l'a fait valser. et elle saigne. Et le médecin est juste à côté. Donc à la cour, elle arrive et elle sait ce qui s'est passé et elle ne dit rien. C'est un médecin, c'est un docteur. Et ça a duré comme ça pendant des années. J'ai tout subi. La noyade dans la piscine. On avait des sorties scolaires à la piscine et donc on avait une perche et je m'accrochais à cette perche pour apprendre à nager. Il m'enfonçait, il m'enfonçait dans l'eau et je me noie. Elle est arrivée en nageant à toute vitesse et elle a voulu me secourir et je le voyais, il m'observait. Et il avait une grande barbe, il tirait tout le temps sur sa barbe. Il avait un regard vicieux, un regard malsain. Et c'est une institutrice d'une autre école et je la vois retirer ses bijoux à toute vitesse et sauter dans l'eau pour aller me sauver. Et je n'ai pas parlé, je n'ai rien dit. Et j'avais envie de crier, c'est mon directeur, c'est mon maître d'école qui a voulu me noyer et je n'ai rien dit. Et je ne pouvais rien dire, je ne pouvais absolument rien dire parce que j'en subissais les conséquences dès que je commençais à parler.

  • Speaker #0

    Et c'était en quelle année ?

  • Speaker #1

    Ça a commencé en 83, j'étais en maternelle. Dans les années 84, 85, 86, 87. pendant toutes ces années-là.

  • Speaker #0

    Et donc, tu n'as pas pu trouver un soutien même auprès de tes frères et sœurs ?

  • Speaker #1

    Je suis la deuxième, donc cinq filles, deux garçons. Et si tu veux, je voulais parler à la maîtresse, mais c'était sa femme. Je voulais parler à l'autre maîtresse, mais elle ne pouvait rien dire parce que c'était le directeur. Je voulais parler au médecin, mais le médecin savait. Et tout le monde savait, tout le monde ne disait rien, sauf un jeune garçon de l'école qui a voulu parler, qui a voulu se mettre entre le professeur et le directeur d'école et moi. Et ma sœur, parce que ma sœur aussi a subi. Il l'a vite remis à sa place. Il a subi des coups lui aussi, mais pour lui demander de se taire. J'ai le souvenir qu'un jour, j'ai fait pipi à la culotte. J'avais 9 ans. J'ai fait quelque chose de grave. J'ai frapp�� sa fille, parce que sa fille avait le même âge que moi. Elle était dans ma classe. Et elle m'a insultée de négresse. Je ne savais pas ce que ça voulait dire en fait. Je ne savais pas ce que ça voulait dire, négresse. Mais je savais que ce n'était pas beau. Et je me suis retournée, je lui ai mis une gifle. On était en rond devant la porte d'entrée. On allait rentrer dans la classe. Et je me retourne, je lui mets une gifle. Et après, je lui donne un coup de... de pied. C'était tout de suite. Je lui donne un coup de pied parce que je me dis, négresse, la manière dont elle l'a dit, puis elle riait, elle rigolait.

  • Speaker #0

    Je suppose qu'elle avait le support des autres camarades.

  • Speaker #1

    De tout le monde. Que toi, tu n'avais pas. De tout le monde. C'était affreux. T'imagines que les enfants avaient l'ordre de chanter, de danser dans la récréation en se tenant la main. Qui veut jouer avec nous ? Je ne sais pas. Sauf Ayette et... Le prénom de ma grande sœur que je n'aimerais pas. Et... C'était très violent.

  • Speaker #0

    Comment tu as fait pour continuer tes études, pour aller jusqu'au bac ? Je présume que beaucoup auraient lâché l'affaire et auraient arrêté l'école.

  • Speaker #1

    Et ça s'est fait enfuit de tout ça. Oui, on est happé par la colère et la violence. Mais moi, je pense que mon cœur était déjà protégé. Protégé par les anges. Le jour où j'ai compris que je ne voulais pas de colère et de violence, c'est quand, justement, j'ai fait pipi à la culotte. Parce qu'il est rentré dans la classe, il colle toutes les tables entre elles. Et moi je suis là dans la classe et il n'y avait personne, il m'a fait rentrer et là je me dis ça y est je vais mourir, il va me tuer. Et il escala toutes les tables, je cours autour des tables, je cours, je cours, il escala toutes les tables pour m'attraper. Et lorsqu'il m'a attrapée par les cheveux, il m'a traînée par terre. Et là, je sombre. Mais je sombre et il me met au coin. Je suis dans le coin. Tout le monde rentre dans la classe et je fais pipi dans ma culotte. Et il y a une flaque en dessous de moi. J'ai froid. J'ai froid. J'ai tellement froid. Et je vois ma sœur. Je l'entends pleurer. Et il demande aux élèves, regardez comme elle est dégueulasse, comme elle est sale. Et je prie. Et c'est à ce moment-là, c'est à ce moment-là que je commence à prier. Je prie. Je prie Dieu. Je prie les anges. Je prie. et je prie Dieu de ne pas me laisser tomber. Et dans ma prière, je demande à Dieu de me rendre forte alors que je n'ai que 9 ans. Et je prie, je l'implore, je lui dis, mais rends-moi forte et sauve-moi de là, sors-moi de là et protège-moi parce que je ne veux pas mourir comme ça. Et au final, je finis par dire la vérité à mes parents et on déménage.

  • Speaker #0

    Il a trouvé cette force alors à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Oui, mon père travaillait à l'usine Saint-Hubert, le beurre Saint-Hubert qui est très connu. Donc on déménage dans le village d'à côté à Gerbévillé. C'est un village, encore une fois, on est les seuls arabes. Ça recommence. Je suis un peu plus grande, un peu plus forte, donc je ne réponds pas, mais je ris, j'essaie de dédramatiser, de me dire ok, ce n'est pas grave. Et je travaille, et je travaille, je m'acharne à bosser. Et mon père me dit travaille, montre-leur qui tu es par le travail, montre ta valeur par le travail. Et quand bien même on ne me parle pas, on me met de côté parce que je suis toute seule, je travaille, je m'acharne. Mais ce qui nous a fait défaut, c'est que ma mère était femme de ménage et on allait partout faire le ménage avec elle, par obligation, c'était comme ça. On rentrait, on devait s'occuper de nos frères et sœurs, de faire le ménage à la maison. On se levait tôt à 6h du matin pour que la maison soit propre. Elle gardait des enfants. Quand elle allait dans les usines, quand le samedi elle allait faire le ménage chez telle et telle dame, chez tel personnage, et on allait avec elle. Il fallait, c'était comme ça. Ma mère, c'est on fait les devoirs après. L'important, ce n'était pas les devoirs, c'est le travail. Mes camarades de classe le savaient, nous voyaient. Pendant qu'elles allaient faire des activités le mercredi après-midi, nous, on allait faire des ménages. Et souvent, le ménage chez les parents des enfants. Donc moi, j'allais récurer leur toilette. Donc forcément, quand je retournais à l'école, au collège, je subissais les foudres, les moqueries. Et puis j'ai tenu, j'ai tenu. Mais les profs étaient mauvais, étaient méchants, étaient sans pitié. Parce qu'ils auraient dû arrêter ça. Ils auraient dû dire stop à tout ça. Et au final, ils rentraient dans le jeu. J'ai une scène où je me vois, c'est le brevet. On devait remettre une enveloppe avec un timbre pour recevoir les résultats. Et lorsque je remets l'enveloppe à mon professeur principal, qui était professeur de maths, il rigole. Et il dit devant tout le monde... Non mais regardez Ayette, vous pensez qu'elle aura son brevet ? Les enfants rigolent. Ça a nourri la persévérance,

  • Speaker #0

    ça a nourri ton envie de montrer au monde que finalement Ayette, malgré tout, elle va réussir.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. Tu sais quand il m'a dit, mais pourquoi tu penses que tu auras ton brevet ? Je suis retournée à ma place et je rêvais. Tu sais qu'à l'époque-là, je rêvais. Je rêvais parce qu'il continuait. Vous savez ce qu'elle fait Hayette ? Elle récure les toilettes de ma mère. qu'est-ce qu'elle fera comme métier ? Tout le monde, femme de ménage, elle lavera mes chiottes. C'était violent et je ne parlais pas. Et je me mettais dans une bulle et j'ai appris à rêver. Je ne peux pas ne pas dire que les miracles existent et qu'il y a quelque chose au-dessus de nous. Et je pense que j'ai une chance énorme, c'est que mon cœur a été protégé. Quand je dis qu'il a été protégé, c'est que j'aurais pu devenir le monstre, le délinquant, nourri de vengeance et je n'avais pas ça. Parce que j'étais dans ma bulle et je rêvais. Et tu sais de quoi je rêvais ? C'est une de mes questions. Je n'écoutais pas de musique parce qu'à la maison, on n'avait pas le temps d'écouter la musique. Si, on mettait la radio, mais il n'y avait pas d'activité. Je ne dansais pas, on était des vrais soldats, rythmés. Et on n'avait pas le droit de se lâcher les cheveux. Et je me voyais, lorsque je me mettais dans ma bulle et que les attaques fusaient, je n'existais plus et je partais loin. Et je rêvais qu'il y avait un podium et que je dansais. Et que j'étais une star. Je voulais être aimée, tout simplement. Et que sur scène, j'avais les cheveux lâchés. et c'était les années 90 donc il y avait la danse et je dansais et bien figure-toi que quelques années plus tard ce rêve s'est réalisé j'ai grandi je suis devenue danseuse je suis devenue prof de danse chorégraphe et Gerbet Villet m'a appelée parce qu'il faisait une fête de la Mirabelle on m'a dit oui on voit ce que vous faites sur la presse est-ce que vous pouvez venir faire un spectacle j'y suis allée Et mon rêve s'est réalisé parce que j'étais sur ce podium avec ses filles derrière et les cheveux lâchés et je dansais.

  • Speaker #0

    C'est extraordinaire.

  • Speaker #1

    Et c'était incroyable.

  • Speaker #0

    C'est un rêve d'enfant.

  • Speaker #1

    Un rêve devenu réalité. Et à l'époque, je me souviens, ces gens qui m'ont fait du mal. Alors je ne leur parlais pas. Je ne voulais pas aller leur parler. J'étais là pour vous montrer qui je suis, qui je suis devenue. Tu m'as lavé la javel, j'ai toujours mon teint. Tu m'as humiliée, tu m'as fait du mal, tu as voulu me... détruire et pourtant je suis encore debout et je suis là sur scène et tu me regardes. Pour moi, j'avais tout gagné. Je ne me suis pas jetée dans l'alcool pour noyer ma dépression ou mon mal-être. Oui,

  • Speaker #0

    je suis...

  • Speaker #1

    Alors, il y a des douleurs, il y a des failles et c'est pour ça que j'ai écrit ce livre parce qu'il fallait que je raconte tout ce qui s'est passé, j'avais besoin de vider.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui t'a poussé à faire ce que tu fais aujourd'hui, la danse ? Le fitness, ça vient de quoi ? Ça vient d'où ?

  • Speaker #1

    Je pense que la danse, ça a été mon exutoire. De danser, je crie au monde qui j'étais et j'avais besoin de bouger. Quand tu danses, tu évacues le stress, tu lâches prise et c'était ça. Et je me dis, ok, j'ai mon bac. Maintenant, Ayette vit des rêves. C'était pour moi la clé.

  • Speaker #0

    C'était un objectif que tu avais atteint.

  • Speaker #1

    Tes parents ne peuvent plus rien dire. Tu as un diplôme. Ok, fais ce que tu as envie de faire. Et je réfléchis à quoi faire. Et un jour, pour te dire comment ça s'est passé, je me lève et je me dirige vers la mairie de mon village à Gerbevillé. Moi, la sauvage de service. Et je demande, je dis au maire, est-ce que je pourrais donner des cours de danse ? Et c'est là que tout commence. Parce qu'il me regarde et me dit, mais tu fais de la danse ? Vous, les enfants, El Mansouri sourient. Vous faites des activités. Parce que les enfants El Mansouri ne font pas d'activités. Les enfants allemands souris sont connus pour aller garder les enfants quand les gens sortent, pour aller faire les ménages, pour aller faire les usines, mais ils ne sont pas connus pour aller faire des activités. Et je lui dis, mais si, si, si, j'ai un diplôme. Ah bon ? Ah ben, tu me l'apporteras. Je dis, oui, je vous l'apporterai. Et je peux commencer ce soir ? Voilà, on est... L'audace. Oui, l'audace.

  • Speaker #0

    L'audace et le cœur.

  • Speaker #1

    Incroyable. Et là, je me dis, mais qu'est-ce que je viens de faire ? Qui je suis pour avoir fait ça ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Mais encore une fois, je suis sûre qu'on est porté. Tout est écrit. Ça a été ma soupape. J'avais l'impression de pouvoir sauver mes frères et sœurs aussi. Parce que mes sœurs ont dansé. Et je les sortais de la maison. Je leur donnais la possibilité de faire un loisir. Une activité que je n'avais pas faite. Et après, j'avais monté mon association. Je me dis, ok, je réfléchis. Et j'organisais des voyages. Moi, qui n'avais jamais rien vécu, je n'étais jamais sortie. J'organisais des voyages. Donc, j'étais mon propre professeur. J'apprenais en enseignant. J'apprenais en regardant des cassettes vidéo. J'étais élève et en même temps, j'avais des élèves. Ensuite, je me disais, il faut que j'organise des voyages pour sortir, apprendre, voir ce que les autres font. Et j'ai voyagé, la danse a été ma liberté. Mes parents ne pouvaient rien dire, j'avais mon bac. OK, il y avait toujours les corvées, le week-end, etc. C'était obligatoire, les usines, machin. Mais quand il y avait une sortie d'organiser, elles ne pouvaient pas dire non à mes sœurs. Parce que c'est Ayette qui organise, c'est la grande sœur. Et j'ai embarqué mes frères, mes sœurs. Et je les ai fait sortir, découvrir Paris, découvrir le Sud. On voyageait, on partait en train et on riait. Et là, j'ai commencé à vivre, à exister. Je voulais oublier mon passé, mais ça faisait partie de moi. Je commençais à exister en tant qu'Aïa, tellement sourie. Et je créais des liens, je me faisais des amis, je faisais des rencontres. Oui, j'ai découvert le monde. C'est la danse, ma soupape. Le sport est venu pratiquement en même temps parce que les femmes qui mettaient leurs enfants, on dit mais tu... Tu saurais faire des cours de sport ? Oui, je sais faire.

  • Speaker #0

    On pourrait croire, à travers tout ce que tu as vécu, qu'il pourrait y avoir un syndrome énorme de l'imposteur où tu penses, je suis qui ? Je ne suis pas capable. Beaucoup se limiteraient à ces peurs-là. À ton avis, c'est aussi une force de caractère, une force de vie ?

  • Speaker #1

    J'avais envie de savoir qui je suis. Et j'avais envie d'exister en tant que moi. Je me disais, ok.

  • Speaker #0

    C'était plus fort que le reste.

  • Speaker #1

    C'est, tu étais moche, tu n'étais pas belle, tu n'étais rien. Donc, il fallait que je me reconstruise. Je me disais, mais non, tu n'es pas tout ça. Personne ne me le disait parce qu'il n'y avait pas d'amour à la maison. Ma mère est la deuxième d'une fratrie de dix enfants. Et au bled, la maman n'a pas le temps. Si tu vas dans les champs, elle travaillait dès l'âge de 11 ans, s'occupait des moutons, des vaches et des compagnies. Et elle n'a pas su nous aimer. Elle ne nous a pas pris dans les bras, pas fait de câlins, pas de je t'aime. Moi, petite, j'avais les pieds en introversion à l'intérieur. Mes deux pieds rentraient. Donc, je disais bonjour. J'appelais ça comme ça, moi. Gentiment. Et j'avais un surnom, petite. Ausha. Je ne savais pas trop ce que ça voulait dire. Mais elle m'appelait comme ça. Et en grandissant, je traduis ce mot. Et ça veut dire handicapée. Et là, je me dis, on m'appelait handicapée. Et c'est marrant parce qu'aujourd'hui, j'ai un enfant handicapé que j'appelle mon trésor.

  • Speaker #0

    Comme quoi, tu as réussi à le transformer. Parce que tu n'as pas eu en quelque chose de merveilleux que tu l'arrives à donner à ton tour.

  • Speaker #1

    quand on vit des choses comme ça c'est soit on s'éteint, soit on devient égoïste en amour on ne sait pas donner, on ne sait pas et moi j'avais peur de ne pas savoir et au final je suis quelqu'un qui déborde d'amour j'ai envie d'aimer, d'aimer les gens d'aimer mon prochain, j'ai envie de dire à tout le monde vous êtes beaux, j'ai envie de les protéger, j'ai envie de protéger le monde entier parce qu'on ne va pas protéger moi et c'est pour ça que je suis comme ça et je suis contente d'être comme ça je pleure mais je suis contente d'être comme ça parce que je trouve que c'est une chance ça veut dire que mon coeur est resté pur

  • Speaker #0

    Je trouve ça merveilleux d'avoir réussi à construire autant d'amour. En fait, l'amour, tu l'as créé. On ne te l'a pas donné, tu l'as créé.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. Je me pose souvent la question,

  • Speaker #0

    comment c'est possible de créer de l'amour à partir de rien ? Tu vois ? Finalement, j'ai l'impression que ça vient d'ailleurs, en fait. C'est quelque chose de plus grand que nous.

  • Speaker #1

    C'est clair, oui.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas réellement de réponse à ça. Mais en tout cas, c'est la meilleure réponse qu'on peut donner à toute la haine.

  • Speaker #1

    C'est d'aimer.

  • Speaker #0

    Tu as pu recevoir et que beaucoup peuvent recevoir aussi. Oui. C'est d'aimer encore plus fort.

  • Speaker #1

    C'est sûr. Je pense que la meilleure réponse, ce n'est pas l'attaque, c'est l'amour. D'aimer et la réussite. Peu importe ce qui m'arrive dans la vie, je me redresse et je me lève. Parce que vous voulez m'atteindre. Et je suis encore debout, je suis là. Je renais à chaque fois. Je peux te raconter quelque chose ? En fait, j'ai toujours été au contact de gens qui voulaient me détruire. Petite, collège, aussi en arrivant au travail, parce qu'on pensait que j'avais tout eu facilement. Alors que les gens ne me connaissaient pas. J'ai continué et je n'ai pas rendu la claque. J'ai laissé. Et ensuite, j'ai rencontré mon mari, je me suis mariée. J'ai eu mon premier garçon. Tout se passait bien, voilà. J'ai eu le deuxième, porteur de trisomie 21. On me l'a annoncé, je le raconte dans mon premier roman, ça a été très lourd. Mais je le savais qu'il allait se passer quelque chose parce que je l'ai vu en rêve. J'ai vu ce bébé sur son nuage et je me suis dit, il y a quelque chose dans ce rêve. Je vois ce rêve encore aujourd'hui, je le vois, il est intact. Et quand ces rêves sont intacts, c'est que c'est significatif. Ce qui m'est arrivé, c'est incroyable. Mais tous ceux qui écoutent, on est tous et toutes capables de se relever. J'ai grandi avec de la souffrance et mon cœur s'est forgé dans la douceur, dans l'amour. Je ne savais pas que l'être humain pouvait être aussi odieux. Je l'ai connu, pourtant je l'ai vu, mais je me dis non. C'est comme si je faisais un béni du mal des gens. Et Dieu a voulu que ça m'atteigne, parce qu'il avait autre chose pour moi. Et j'ai profité du Covid pour faire des recherches pointues, et je suis allée voir un chercheur, un spécialiste, qui a accepté d'étudier mon cas, parce que c'était vraiment devenu un cas. Il a commencé à me soigner, et il a découvert que j'avais un poison dans le corps. Et ce poison était collé dans mes entrailles, dans mon estomac, et il paralysait mes organes. paralysé mon corps. Et ce poison, il a été ingéré. J'ai commencé à suivre un traitement de nettoyage. J'ai fait des recherches. J'ai vu qu'on pouvait améliorer son état sanguin, ses cellules, avec des plantes. Et ces plantes ont commencé à faire vomir. Je suis allée voir le médecin. Il a analysé le vomi. C'est là qu'il a trouvé qu'il y avait un poison. On m'a dit, mais est-ce qu'il y a des gens autour de vous qui vous veulent du mal ? C'est des gens, j'allais manger chez eux régulièrement. Je buvais le café, le thé. Quand on sait que la personne chez qui vous mangez, vous buvez, la personne qui vous prend dans les bras, qui vous dit ça va, Tout va bien, tu t'en sors bien. Et derrière, veut ta destruction, veut ta perte. Encore une fois, j'ai été portée, j'ai été guidée. J'ai fait mon nettoyage, j'ai breveté mes plantes à ce moment-là, pendant la période où j'étais malade. Ce poison m'a fait prendre 9 kilos. Et ce n'était pas moi, je ne me reconnaissais plus. J'ai breveté mes plantes, Ellman, qui aident énormément de personnes qui sont atteintes de problèmes digestifs, parce que j'ai pu comprendre. Et après, pendant le Covid, je travaillais sur des exercices de respiration et musculaire pour... perdre ce poids, mais sans forcer, j'avais plus d'énergie. Je le propose aujourd'hui aux femmes qui perdent du poids sans se faire mal, sans se priver. On a tous des missions et peut-être que ma mission à moi, c'était ce chemin-là.

  • Speaker #0

    C'est encore une épreuve que tu as subie, qui t'a amenée à aider les autres à contribuer à ta manière.

  • Speaker #1

    C'est ça. Parce qu'à chaque fois,

  • Speaker #0

    tu arrives à transformer ce que tu vis en quelque chose de fort et qui aide aussi. toi, les autres ?

  • Speaker #1

    Dans cette histoire, j'ai eu des signes. Premier signe, je trouve quelque chose, une photo. Deuxième signe, j'allume la télé. Paf ! Je vois un prénom répétitif. Troisième signe, je vois des choses en rêve. Et il y a eu un signe fort. Donc, on est un an après le Covid. On est en 2022. Je fais des portes ouvertes. Et cette femme vient. Voilà, il y a du monde. Elle fait son cours. Et à la fin, j'appelle les gens pour savoir comment ça se passe, etc. Et puis, c'était une période où ça fonctionnait bien. Je n'ai pas appelé. Et je reçois un appel en numéro inconnu. Je décroche et elle me dit, écoute Ayette, j'ai énormément apprécié tes cours. Ton cours était magnifique, il m'a fait un bien fou, mais je ne pourrais pas m'inscrire. Lorsque je suis rentrée dans la salle, tu étais face à moi. J'ai vu une ombre noire. Je ressens les choses parce que je suis comme ça, qu'elle me dit. Tu as quelqu'un qui te veut du mal.

  • Speaker #0

    C'est le médium alors.

  • Speaker #1

    Oui, je pense, c'est ça.

  • Speaker #0

    C'est le don de médiumnité.

  • Speaker #1

    Oui, et elle me dit, je ne cherche rien, je veux juste que tu saches. La personne qui te fait du mal. veut te détruire.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu t'es dit que tu n'étais pas quelqu'un de bien, quelqu'un de mauvais ? Pourquoi on veut me faire tout ce mal ?

  • Speaker #1

    Je me suis beaucoup posé la question en me disant « Mais pourquoi on me fait du mal ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter tout ce mal ? » Est-ce que tu as douté de toi ? Oui, j'ai douté. Je demandais à mon mari, je lui disais « Mais est-ce que je suis quelqu'un de bien ? » Et je me pose la question « Est-ce que je suis quelqu'un du bien ? » Et au final, j'ai eu mes réponses. Parce que je lis beaucoup tout ce qui est spirituel, je lis beaucoup de livres sur la force des anges et pourquoi la nature, la vie... Et quand Dieu te donne un enfant trisomique, il est fait d'amour. Il me caline, il m'embrasse, il m'encourage. Même quand je suis malade, il me dit « Maman, ça va » . Et je me dis, j'ai des enfants merveilleux, c'est que je suis quelqu'un de bien. Je suis quelqu'un de bien parce que j'ai deux enfants qui portent l'amour. C'est ce questionnement aussi de dire « Qu'est-ce que tu représentes ? » Peut-être ton cœur est bon, il est pur, que les gens ne l'ont pas, ils le jalousent et le veulent. Et là, je me suis dit « Ok, défends-le. Défends cette lumière qui brille à l'intérieur de toi. Défends ce que tu as dans le cœur. Ne te laisse pas. » Convaincre que tu es quelqu'un de pas bien, au contraire, s'ils ont essayé de t'atteindre, transforme ce mal en bien. Je ne me regarde pas tous les jours en disant « je suis belle » , pas du tout. Je suis façonnée avec le « tu es moche » , « tu es ici » , « tu es handicapée » et j'avance avec ce que je suis. C'est à l'intérieur.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression que ça attire beaucoup, la jalousie. En plus, une jalousie violente.

  • Speaker #1

    C'est vrai. Donc j'ai appris à me protéger. Je ne leur souhaite pas le mal, mais ils paieront de toute façon. Quoi qu'il arrive, on paie dans ce monde.

  • Speaker #0

    Pour toi, il y a vraiment cette notion de karma, entre guillemets.

  • Speaker #1

    Mon fils le dit, le karma. C'est ça, oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te souviens, quand tu as donné ton premier cours, ce que tu as ressenti, le chemin pour arriver jusqu'à la salle ? Est-ce que tu étais terrorisée, exaltée ? Qu'est-ce qui se passait dans ta tête ?

  • Speaker #1

    Je me souviens parfaitement de mon premier cours. C'était Janet Jackson, de choix musical. Et mes sœurs sortaient de l'école. J'étais dans la petite salle du foyer et j'attendais mes sœurs qui ont été mes premières élèves. Et ensuite, les autres sont arrivées et il y avait énormément de filles, presque tout le collège. Et là, je me suis dit, OK, je me retourne et il n'y a pas de miroir. Et je me souviens parfaitement de la scène parce que mes sœurs et moi, on a ce truc, on se regarde, on rigole. Et mes sœurs savaient que je n'avais jamais pris de cours de danse, que je n'avais jamais enseigné, que je n'avais pas de diplôme. À part faire à manger, faire la cuisine, faire des ménages. Je me souviens, la salle donnait sur une fenêtre et je me retourne. et je rigole. J'avais envie de rire parce que mes soeurs me faisaient rire parce que je faisais « Bon, alors, on y va les filles ? » Et je m'inspirais de vidéos, de machins, et je n'avais pas de notion de pédagogie, d'enseignement. On commence par quoi ? L'échauffement, c'est quoi ? On fait la tête, on est les bras, les poignets.

  • Speaker #0

    Tu n'avais jamais pris un cours de genre avant ?

  • Speaker #1

    Jamais. Et j'ai commencé, je fais « Bon, on y va les filles ? » Tout de suite, c'était vraiment le côté « J'élève mes frères et soeurs, je garde les enfants des autres, je les éduque un peu. » Eh bien, c'était pareil. C'était « Ok, c'est comme avec les frères et soeurs, ou l'organisation à la maison, tac, tac. » Tac, tac, il faut faire à manger.

  • Speaker #0

    Les enfants sont dans le rôle.

  • Speaker #1

    Voilà, je suis rentrée tout de suite. Et on y va. Alors, échauffement, on y va et on enchaîne. Donc, un échauffement classique. Et puis ensuite, on enchaîne à la chorégraphie avec du rire. En fait, à l'intérieur de mon ventre, j'exaltais. Je sentais qu'il fallait que j'explose et je vibrais. Je crois que c'est le plus beau jour de ma vie. Le plus beau jour après mes enfants. Et ce jour-là, il s'était passé quelque chose et je me suis dit, mon Dieu. T'as dit que t'étais capable. Et oui. Oui, qu'est-ce que c'est bon. Je pense que Haye tellement sourit, elle est née à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Il y a eu un avant et un après.

  • Speaker #1

    Voilà, c'était ça.

  • Speaker #0

    Et comment tu t'es fait connaître au tout début ? Comment ça s'est arrivé ?

  • Speaker #1

    Magique. J'ai commencé mon premier cours, on était en avril. Un vendredi, j'ai eu les clés. Donc c'était fin de semaine. Au mois de juin, j'ai dit au maire, il faut que je fasse un spectacle. Je carburais. Mercredi matin, mercredi après-midi, vendredi soir, je les avais tout le temps. Et puis ceux qui pouvaient le jeudi soir, c'était dans le village. Donc, tac, ils sortaient de l'école, je les prenais. J'ai fait mon premier spectacle et on est dans un village. Et là, tu vois 150 personnes dans le public. Les parents, tout le monde est venu. Avec une petite entrée, 20 francs, 10 francs, un truc comme ça. Le monde, la mer était content. Donc, ni une ni deux. Il me dit, bon, tu peux le refaire. On fait quelque chose en septembre. On fait des portes ouvertes. Et là, moi, je me lance. Je me dis, écoute, il me fait confiance. On y va. Tu as saisi l'opportunité. J'ai saisi l'opportunité. Et dans le même gymnase, je l'organise un spectacle sous forme de graines de stars. 800 personnes. 800. personnes dans le gymnase. Les gens de la ville d'à côté. Il y avait tous mes élèves, tous mes élèves, les petits, les moyens, je faisais des groupes, des grands et j'avais fait tout un spectacle. Tous les villages d'à côté étaient venus voir le spectacle d'Aïa tellement sourie dont la presse avait déjà plébiscité parce que dans un village où il n'y avait rien qui se passait.

  • Speaker #0

    Là, il y a un truc qui se passe alors tout le monde arrive.

  • Speaker #1

    C'était ça.

  • Speaker #0

    Et après, les gens commençaient à vouloir s'inscrire à tes cours.

  • Speaker #1

    Alors après, il fallait qu'on change de salle, il y avait plus de monde. Et les femmes qui voulaient faire du sport. Et puis, c'est là, tout enchaîné. Et alors, le sport, j'ai acheté des cassettes vidéo de Jen Fonda. Tu es Jen Fonda. Et je regardais toutes ces cassettes. Et j'apprenais les mots. Mais je les apprenais en anglais. Parce que c'était en anglais. Allez, hop. L'impact. Et puis, j'étais là. Donc,

  • Speaker #0

    tu as appris l'anglais en même temps.

  • Speaker #1

    Et j'apprenais. J'étais déjà très douée en anglais. Mais j'enseignais en anglais. Je me disais, mais mince, ça y est, il ne faut pas enseigner en anglais.

  • Speaker #0

    Mais non,

  • Speaker #1

    il y a tout ce que tu fais. J'adore.

  • Speaker #0

    Et financièrement, Ayad, comment tu as fait au début ? Parce que beaucoup hésitent à se lancer par peur de ne pas en vivre. Comment tu as tenu jusqu'à ce que ça devienne rentable ? Est-ce que tu aurais des conseils à partager sur ce qui t'a aidé ?

  • Speaker #1

    Oui, alors moi, j'ai vraiment eu beaucoup de chance dans mon parcours parce que je suis passée étudiante, donc j'avais mes bourses et je n'avais pas trop besoin de les utiliser parce que je vivais chez papa et maman. Donc mes bourses me permettaient de... financer un peu mon projet. Là, il ne faut pas le dire, je ne rembourserai rien. C'est terminé, c'est cadu. Mais après, au fil du temps, la qualité de mon travail a fait que j'ai été repérée par le conseil départemental. Donc à l'époque, ça s'appelait comme ça, le conseil général. Ils développaient des nouveaux emplois qui s'appelaient emplois jeunes. C'était les tout premiers. Et puis, ils sont venus me chercher en me disant, voilà, est-ce que vous ne voulez pas rentrer dans un emploi jeune ? Et moi, je leur ai dit, pour faire quoi ? Si c'est pour faire cassière ou machin. Non, non, les emplois jeunes, c'est pour des jeunes qui ont envie de réaliser leur projet d'avenir. Donc, se lancer et se réaliser.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça existe encore aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, mais oui, justement, ça ne s'appelle plus comme ça, mais ça s'appelle des contrats aidés. Par exemple, moi, dans le cadre de l'association, je propose aux jeunes de rentrer, de se réaliser. Et je prends... Des jeunes sans diplôme. Ce que je leur demande, c'est la passion, la motivation. Mais s'ils ne sont pas diplômés, ce n'est pas grave. Parce que j'en ai eu des filles diplômées, j'en ai eu plein. Et très scolaires. Et elles font un ou deux cours. Arrêt maladie, j'ai mal au dos, je n'arrive pas à exercer ou je suis fatiguée.

  • Speaker #0

    Il faut de la passion alors pour persévérer.

  • Speaker #1

    Énormément de passion et puis d'abnégation. Tu as mal au dos, tu es fatiguée, tu as des courbatures. Oui, tu en auras. Mais c'est ton métier, c'est ton job. Il faut que tu le fasses si tu n'aimes pas. pas avoir des courbatures, si tu n'aimes pas parler aux gens, si tu n'aimes pas sourire aux gens, bonjour tout le monde, on y va. Il faut changer de métier parce que ces problèmes, on les oublie. Et souvent, moi, j'ai rencontré des jeunes femmes diplômées et n'allaient pas au bout. Et du coup, le travail, il n'était pas qualitatif. Alors que quand tu as des filles qui sont passionnées, qui ont envie, mais qui n'ont pas le diplôme, elles feront tout pour se réaliser et aller. Et peu importe les problèmes, elles vont aller au bout. Un peu comme ce que j'ai vécu moi.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça que j'ai envie d'aider toutes ces personnes qui ont un parcours, peut-être atypique, mais qui n'ont pas forcément les diplômes, à réussir, à oser y aller. Parce que c'est ces personnes-là qui vont faire ce que tu fais aujourd'hui, donner la chance à tous ceux qui n'ont pas forcément eu la chance de passer des diplômes, aller à l'école, etc. De réussir.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Il ne faut pas avoir peur. Il faut se lancer et trouver une alternative. un job qui correspond. Ou alors à mi-temps, comme moi, lorsque j'ai décidé de passer à nutritionner, je me suis dit, OK, j'ai un enfant. Alors déjà, j'ai eu la chance d'avoir Calice, qui m'a forcé, qui m'a imposé d'être à mi-temps parce qu'il fallait que je m'occupe de lui. Et ce mi-temps, quand j'allais dans les rendez-vous, j'étais à l'hôpital et que je passais deux ans à l'hôpital, nuit et jour, il fallait que j'occupe mon temps et la nutrition, ça... Je me suis dit, formes-toi, fais quelque chose. Et je me suis formée, j'apprenais, je potassais. Et j'étais à mi-temps. Alors oui, on perd en salaire. mais je savais que j'allais gagner ensuite. Et puis quand on perd en salaire, en général, on a toujours les aides. On est quand même en France, je ne sais pas en Belgique comment ça se passe, mais nous en France, on a des aides, la CAF augmente. Et puis dès qu'on met en place d'autres revenus, forcément on a moins de CAF. Et c'est normal, c'est tout à fait normal. Après, moi, je n'étais pas dans l'inquiétude. C'était je veux vivre de ce que j'aime faire. Je veux me lever le matin et être... être passionnée, je veux me lever le matin et avoir envie, je veux me lever le matin et avoir l'énergie de faire ce que j'aime faire. Mais si je commence à sentir que je traîne des pattes, j'ai plus envie, là il fait froid, il pleut, ben non, je trouve une excuse, j'arrête. Mais là, j'ai toujours cette patate et j'ai toujours ce boost et j'ai toujours cette envie, c'est que mon métier me porte, en fait, mon métier me guérit, mon métier m'impose un rythme de santé, de m'oublier. Écoute. t'es pas bien, t'as pas le choix, tu y vas. Et on y va, et 5, 6, 7, 8, c'est parti. Et c'est ça tout le temps. Donc que ce soit cardio, des fois t'as pas forcément... Tu te lèves, t'as pas envie de danser. Moi, il faut que je danse. J'ai pas envie de faire un cours cardio, eh bien, il faut que je le fasse. Du pilates, il faut que je le fasse. Du stretching, la relaxation. Non, mais là, j'ai juste envie d'aller m'allonger, faire une sieste. Eh bien, non, je fais du stretching. Et tout ça me fait du bien. Je me rends compte que ça me porte, ça me nourrit, ça me... j'explose à l'intérieur de vibrations positives.

  • Speaker #0

    Parce que finalement, c'est justement ça. C'est cette énergie que tu ressens quand tu sais que tu es là où tu dois être.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Il y aura toujours des galères, il y aura toujours des choses qu'on n'a pas envie de faire, il y aura toujours des moments où tu te dis on ne peut plus. Mais il y a cette force intérieure qui te porte finalement. Avec ton fils Calice, qui est un fils extraordinaire parce qu'il est porteur de trisomie 21, aveugle, avec des déficiences rénales, etc. Donc, je présume que ça demande beaucoup d'organisation, beaucoup de temps, tous tes projets, tes livres, etc. Et ta vie perso, comment tu fais pour garder l'équilibre, pour gérer tout ça, toutes ces casquettes en même temps ?

  • Speaker #1

    Alors, je pense que tu vois, je t'ai raconté l'histoire de famille. Ma mère qui nous a éduqués de manière millimétrée, comme un soldat. Tu vois, on se lève, on fait son lit au carré. Eh bien, c'est resté. J'ai été façonnée comme ça et c'est resté. Et tant mieux, parce que je n'aurais pas pu faire tout ça. Et ma mère, dans le livre, je la remercie. Il y en a qui vont dire, mais elle est tarée, celle-là. Non, je la remercie parce que si je n'avais pas eu ce genre de maman qui te dit, tu as de la fièvre, lève-toi. Allez, va faire ce que tu as à faire. T'es assise, tu regardes la télé, il n'y a pas de télé. On se lève, on y va en fait, constamment. J'aurais peut-être eu une maman caline, aimante. J'aurais peut-être pleuré, baissé les bras. Mon fils, il est comme ci, mon fils, il est comme ça. Et je me laisse aller. Et puis, maman, empoisonnée. Je veux mourir. Et moi, non. Donc en fait, j'ai appris à m'organiser. Et quand je me lance dans un projet, je détermine ma liste, mon fil conducteur. C'est quoi ? Et puis tu commences par quoi et tu vas au bout. Donc tu te prives. Bien sûr que je suis privée, mais comme je te le disais tout à l'heure, j'en suis pas malheureuse. Mais par contre, ce qui va manquer, c'est de me retrouver avec mes enfants, les bras, la convivialité avec mes enfants, de faire des gâteaux, de faire à manger parce que j'adore cuisiner. Là encore ce week-end, j'ai fait un... Des tacos faits maison, je fais du pain. Mon pain, je le fais à la maison et je le congèle. Je nage rarement de baguettes. J'aime cuisiner avec mes enfants. Ça me manque de me retrouver à la maison en coucouning. Ça, j'ai besoin de ça. Et je le prends, le temps de ça.

  • Speaker #0

    Tu parlais de ta maman qui était avec une organisation militaire. À partir du moment où tu étais malade, il fallait quand même se lever, etc. Et aujourd'hui, avec tes enfants, est-ce que tu as ce côté-là ou est-ce que c'est ton... cœur qui parle en premier du coup.

  • Speaker #1

    Alors, je ne vais pas te mentir, j'essaye de ne pas reproduire le schéma familial. Je m'efforce. Mais les gens qui me côtoient me rassurent. Ma collègue, par exemple, au travail, elle me voit tous les jours avec mes enfants. Donc je sais que je ne suis pas comme ma maman. Donc déjà là, je me rassure, je me dis « Ok, tu ne reproduis pas » . Par contre, là où je reproduis, c'est qu'il y a une discipline à la maison. On se lève, j'apprends à mes enfants à être propres. Tu fais ta douche. Le petit, je m'en occupe. On fait son lit. Il y a une organisation d'hygiène, de rangement méthodique à la maison. Et quand on arrive au travail, j'essaye de leur faire faire une petite activité. Va dans la salle de danse. Là, il n'y a personne. Occupe-toi. Va jouer au ballon. Je les prends avec moi au travail. Mais pas parce que j'ai envie que mes enfants m'aident, mais parce que je les aime tellement que je veux qu'ils soient avec moi. C'est tout le contraire. Donc, il y a une reproduction dans l'organisation.

  • Speaker #0

    Tu peux aussi accepter le positif de ton éducation et ne pas reproduire le négatif en fait.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Alors si tu avais un message à transmettre à celles et à ceux qui rêvent de se lancer, mais qui n'osent pas forcément parce qu'ils ne se pensent pas capables ou peut-être que ça leur fait peur, ce serait quoi ?

  • Speaker #1

    Je vais te dire ce que je dis tous les jours à mon fils. Parce que mon fils, il a appris du poids, mais il rêve d'être footballeur. C'est un rêve. Elle me dit « Maman, à l'école, on me dit que j'ai les pieds qui rentrent dedans, un peu comme moi. Mais moi, je les ai travaillés. » Alors, je lui réponds Ausha, crois en tes rêves. Si ta destinée sera d'être footballeur, tu deviendras footballeur. Mais à une seule condition, de mettre les moyens en œuvre et en place. Si tu ne fais rien et tu attends que ça arrive, tu pourras attendre toujours. C'est comme quelqu'un qui dit « Je suis célibataire, mais je reste à la maison. » Je l'ai vécu, ça. « Je suis célibataire, personne ne veut de moi. » Oui, mais tu ne sors pas. C'est normal. Comment veux-tu que la personne... Ah bah tiens, je sais qu'il y a une célibataire là. Non, il faut sortir, il faut y aller. Donc c'est comme dans la vie de tous les jours.

  • Speaker #0

    J'ai dosé alors.

  • Speaker #1

    Il faut y aller, il faut forcer. Ah, j'ai envie de faire ça, j'ai envie de mettre ça en place. Bah oui, mais si je l'imagine et que je le pense et que j'attends. Bah tu peux attendre longtemps. Allez-y, foncez, tu crois en tes rêves. Financièrement, tu t'en sortiras toujours parce que tu trouveras toujours le moyen. Tu n'abandonneras jamais ton corps. On ne s'abandonne pas ni son esprit. On trouvera toujours le moyen de travailler. on va, on y va, on travaille, on va au bout de ses rêves. Moi encore aujourd'hui, j'ai des rêves. Donc, ce que je dis là, je me le dis aussi à moi-même. Mais qu'est-ce que t'attends pour les réaliser tes rêves ? J'y vais, j'avance.

  • Speaker #0

    C'est hyper inspirant parce que finalement, c'est aussi de se dire que même si on a peur, même si on n'est pas parfait, il faut y aller. C'est ce que t'as fait au début en fait.

  • Speaker #1

    Tu as tout dit. Et puis, on a tous des peurs. tous des craintes, on a tous une vision de soi. Elle peut être positive ou négative. Moi, je n'ai pas une vision de moi. On me regarde, on me dit, elle a super confiance en elle, pour faire tout ça. Elle sait qui elle est. Mais non !

  • Speaker #0

    C'est ce que je me suis dit quand j'ai commencé à connaître Ayette à travers les articles de presse, etc.

  • Speaker #1

    Non, mais je n'ai absolument pas confiance en moi. Je suis toujours en train de me remettre en question. Mon cœur, il est... Il est construit avec de la difficulté. Mais c'est moi qui le soigne et je le pousse, mon petit cœur. C'est vrai, tous les jours, je dis, mais non, tu vas y arriver, tu es quelqu'un de bien. Donc, cette confiance, je ne l'ai pas. Je suis quelqu'un de sauvage et de timide. Ça fait partie de moi, mais je ne le montre pas. Personne n'a besoin de savoir que j'ai peur de telle et telle chose. Alors, la seule chose que je vais dire, c'est que j'ai peur des araignées.

  • Speaker #0

    Et encore même,

  • Speaker #1

    des fois, je me dis, attention, ne dis pas que tu as peur des araignées, parce que si tu tombes sur quelqu'un qui déteste, elle va t'en mettre une au bureau. C'est vrai. Donc du coup, voilà, mais personne ne connaît ton moi intérieur. Mais je leur montre, à celles qui me posent des questions, si je dois démarcher, si je dois prospecter, je montre que j'ai confiance. Je montre seulement. Mais je n'ai pas confiance en moi. C'est super précieux ce que tu dis.

  • Speaker #0

    Ne pas montrer ses failles et d'arriver à mettre un masque qui représente la confiance. Et en représentant cette confiance, en faisant comme si, finalement,

  • Speaker #1

    les choses arrivent. C'est tout à fait ça exactement. On fait comme si et ça arrive. Ok, ah ouais, elle n'a pas peur. On va lui confier. Puis au final, tu te trompes, tu as la boule au ventre, tu t'achaudes, tu transpires. Et tu dis, oh mon Dieu. Et c'est fait.

  • Speaker #0

    Pour finir, j'ai un petit rituel pour mes invités. Je vais te donner une fiole remplie de poudre dorée d'alchimiste qui représente la magie de la transformation. C'est elle qui permet de sublimer les épreuves en quelque chose de précieux. Aujourd'hui, elle est entre tes mains. Elle a le pouvoir d'exaucer trois de tes souhaits sans aucune limite. Alors, si tout était possible, quels seraient tes trois voeux ?

  • Speaker #1

    Mon premier vœu est la santé. retrouver mon corps, retrouver ma santé, parce que ma santé, c'est ma vie. Être en bonne santé, c'est partager plus de bonheur avec mes enfants. Premier vœu. Le deuxième, le bonheur. Le bonheur à l'état pur. Quand je dis le bonheur, c'est ne pas avoir peur de l'individu à côté de toi. Parce qu'aujourd'hui, j'ai peur des gens qui m'entourent. Je ne le montre pas, mais je n'ai aucune confiance aux gens. Et j'ai envie de trouver ce bonheur, cette quiétude, cette sérénité, l'apaisement. En fait, j'ai envie de vivre dans un monde qui n'existe pas, mais je sais que c'est possible. Et j'ai envie d'être heureuse avec mes enfants, de me dire de me lever tous les matins et de savourer le bonheur, de savourer la santé, savourer cette quiétude et que tout va bien. Et qu'on ne se soucie pas de « est-ce que ça va aller aujourd'hui ou pas ? » Ça, c'est mon deuxième vœu. Et tu m'as dit un troisième, et je le dis tous les jours dans mes prières. C'est que Dieu m'accorde une vie longue avec mon fils, parce que mon fils, je le sais, le plus grand. Il se débrouillera, il deviendra quelqu'un de grand. Calice, il aura besoin de sa maman. Et j'ai envie de rester en vie le plus longtemps possible, d'avoir une forme, une santé portée par le sport, pour rester en vie le plus longtemps possible. Mes enfants sont mes meilleurs amis. Mais Calice, il fait partie de moi. Et je lui souhaite de se marier, les trisomiques se marient. Mais il aura toujours maman.

  • Speaker #0

    mais mon rêve c'est d'être heureuse avec mes enfants de trouver ce bonheur oui le mot heureuse en tout cas je te le souhaite Ayette et je suis sincèrement émue de ton témoignage et je te souhaite que tes trois voeux se réalisent merci, merci beaucoup Sandra merci d'avoir écouté cet épisode prends quelques secondes ferme les yeux et respire ce que tu viens d'entendre C'est pas juste un témoignage, c'est une preuve que l'impossible peut être sublimé et que l'humain est capable de renaître encore et encore. Alors si cet épisode t'a apporté quelque chose, partage-le avec quelqu'un qui en a besoin. Et pense à t'abonner pour ne pas manquer les prochains récits d'Alchimiste. Et toi, quelle part de ton histoire peux-tu transformer aujourd'hui ? Si tu veux prolonger la discussion, viens me retrouver sur Instagram, sur Histoire d'Alchimiste. Je serai ravie d'échanger avec toi.

  • Speaker #1

    Et surtout,

  • Speaker #0

    souviens-toi, c'est dans tes failles que brille ton éclat le plus précieux. Alors, on se retrouve dans 15 jours pour une nouvelle Histoire d'Alchimiste.

Description

À 19 ans, Hayette n’avait ni diplôme, ni réseau, ni soutien.
Mais elle avait une force intérieure indomptable, un feu que rien ne pouvait éteindre.
Là où tout semblait figé d’avance, elle a refusé de se laisser enfermer par les limites qu’on lui imposait.


🔥 Devenue coach sportive et chorégraphe autodidacte, elle fonde l’association Cinquième Art, un espace d’expression, d’inclusion et de reconstruction par le mouvement.

💪 Maman d’un enfant porteur de trisomie 21, aveugle et atteint de multiples déficiences, elle transforme chaque épreuve en source d’amour, de résilience et de courage.

📖 En écrivant Kallys, mon T21 miracle, elle transforme ses blessures en messages d’espoir — pour tous ceux qui doutent de leur valeur ou de leur capacité à créer du sens à partir du chaos.

🎓 Partie de rien, elle construit pas à pas une trajectoire forte, libre et inspirante, où l’audace remplace les diplômes.


🎙 Dans cet épisode, Hayette nous livre un témoignage bouleversant, vrai et vibrant :

  1. Comment transformer la souffrance en tremplin

  2. Ce qu’elle a découvert au cœur de l’épreuve

  3. Les clés de sa persévérance et de son alignement

  4. Ce que signifie vraiment "être à la hauteur" quand tout semble vous en priver


💡 Un échange qui rappelle que nos cicatrices peuvent devenir des œuvres d’art, et que chaque pas vers soi est déjà une victoire.


Parce que ce que tu vis n’est pas une fin. C’est peut-être le début d’une transformation plus grande.


📲 Pour retrouver Hayette El Mansouri :
🔗 Instagram : @5m_art
📕 Son livre : Kallys, mon T21 miracle

📸 Pour suivre le podcast : @histoires_d_alchimistes


🙏 Si cet épisode t’a remué, inspiré ou touché :
✨ Fais passer l’étincelle.
💬 Partage-le avec quelqu’un qui a besoin de l’entendre.
⭐ Et si tu veux soutenir ce podcast, laisse une note ou un avis sur ta plateforme d’écoute.

Parce que certaines histoires méritent d’être entendues…
Et pourraient bien changer une vie. ✨


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    bienvenue sur histoire d'alchimistes le podcast qui explore comment transformer nos épreuves entre en tremplin et révèle des parcours de vie où l'impossible s'est teinté d'espoir où chaque épreuve a laissé une empreinte et riche de sens je suis sandra et toutes les deux semaines je pars à la rencontre d'âmes audacieuses qui ont su transformer leurs blessures en force et leur histoire en élan de vie. Parce que peu importe d'où tu viens, peu importe ce que tu as traversé,

  • Speaker #1

    toi aussi, tu peux réveiller l'alchimiste qui est en toi et faire de ton parcours un moteur de sens, de contribution et de changement. Alors, prépare-toi à ressentir, à questionner et à laisser ces histoires souffler sur les braises de ta propre transformation. Après une enfance marquée par la violence et l'injustice, Hayette, El Mansouri, aurait pu sombrer dans la colère et le renoncement. Mais à 19 ans, sans diplôme ni réseau, elle choisit de transformer ses blessures en moteurs d'action. Là où aucun chemin ne semblait exister, elle a osé tracer le sien. Coach sportif et chorégraphe autodidacte, elle fonde l'association 5e art avec une audace qui force l'admiration. Elle crée également Hayadance et Helman. Deux méthodes qu'elle développe et brevette seule. Maman de deux garçons, elle élève Calice, son fils porteur de trisomie 21, aveugle et atteint de déficience rénale et auditive. Un quotidien hors du commun, qui aurait pu être une barrière mais qui au contraire est devenu une source d'amour et de résilience. Autrice, elle partage son histoire dans Calice, mon T21 miracle et tout passe. ne jamais renoncer. Des récits qui redonnent espoir à ceux qui pensent que leur passé définit leur avenir. Nutritionniste diplômée depuis 2023, elle ajoute une nouvelle corde à son arc, toujours animée par ce même désir, aider, transformer, transmettre et élever. Mais derrière cette force incroyable, il y a eu des doutes, des épreuves, des nuits d'angoisse et ces instants magiques où tout bascule. Comment a-t-elle transformé la souffrance en tremplin ? Quels sont les secrets de sa persévérance ? Et surtout, mais comment a-t-elle osé se lancer malgré tout ? Dans cet épisode, Ayet El Mansouri nous livre son histoire, sans filtre. Elle nous prouve qu'aucun destin n'est figé. que chaque cicatrice peut devenir une œuvre d'art et que ceux qui osent croire en eux transforment l'impossible en réalité. Alors, prêts à plonger dans un récit inspirant et bouleversant ? Allez, c'est parti ! Je retrouve Ayet El Mansouri dans son studio de danse, un espace vibrant d'énergie et de passion, avant d'œuvres près de Nancy. Nous sommes en février, l'hiver s'est installé, la pluie ruisselle sur les fenêtres, insufflant une petite touche de nostalgie, de magie à ce moment. Alors bonjour Ayette, merci de me recevoir aujourd'hui. Pour commencer, j'aime laisser de côté les étiquettes et aller tout de suite à l'essentiel, qui tu es vraiment, à travers ce qui t'anime et ce qui te porte au quotidien. Bonjour Sandra, je m'appelle Ayette, elle m'en sourit. dit avec un accent, elle m'en saurait. C'est vrai ? C'est pas mal, c'est pas mal. Alors, mon travail, c'est ma passion. Mais ce qui me fait vibrer, c'est mes enfants. Vraiment, quand je me pose cette question, le premier truc qui me vient, là, c'est mes garçons. Je suis contente de les retrouver. Je fais sport, je pense à eux. Je te parle, je pense à eux. Je dors, je mange mes enfants. Les deux garçons, Soleilman qui a 10 ans, Soleilman, l'homme du soleil. Et qu'Alice, qui est porteur de trisomie 21, qui a 8 ans, il aura 9 ans le 29 février. Donc un anniversaire tous les 4 ans. Et voilà, c'est ma passion.

  • Speaker #0

    D'accord, c'est beau.

  • Speaker #1

    Je suis une mère tokée.

  • Speaker #0

    non pas du tout. De quoi tu rêvais quand tu étais ado ?

  • Speaker #1

    Alors ça va être très dur, très douloureux. Mais j'ai envie de te parler ouvertement et peut-être que ça parlera aussi à d'autres. Alors dans nos échanges, tu m'as dit, j'aimerais que cet échange, cette discussion... Elles puissent porter espoir à ceux qui écouteront. Donc, je vais repartir de l'enfance. Je suis née à Manière. C'est un petit village, la petite maison de la prairie. Tu vois, c'est une petite maison. Il y a des vaches, il y a des moutons comme voisins. Et une école, une église. Voilà, vraiment la petite maison de la prairie. Je ne sais pas, tu connais en Belgique la petite maison de la prairie ?

  • Speaker #0

    Oui, ma maman aimait beaucoup.

  • Speaker #1

    Voilà, moi je suis fan de cette série. Parce qu'elle me rappelle mon enfance. Je suis d'origine marocaine. Enfin, mes parents sont du Maroc. Ma mère est arrivée à 17 ans, mon père est arrivé à 15 ans. Et ils ont travaillé. Ensuite, ils nous ont eus. Et je suis née à Manière. Et dans cette école, j'ai subi la pire des violences. qu'on puisse imaginer pour un enfant, de la maternelle jusqu'à la CM1. Donc tu vois, je suis typée, je suis bronzée. Et dans l'école, il n'y avait aucun enfant typé, j'étais la seule. Je suis la deuxième de cinq filles. Ma grande sœur est mate, je suis mate. La troisième est blanche et tout le reste, son nez blanc. Donc voilà, moi j'ai eu la chance d'avoir cette couleur de peau, que je considère comme une chance. Et ma mère est très blanche, mais j'ai le teint de mon papa, le directeur d'école. qui était aussi le maître, il a voulu effacer cette couleur, il a voulu effacer qui j'étais, qui je suis. Et chaque fois que j'allais à l'école, je subissais des violences par le directeur de l'école et le maître. J'en parle dans mon livre, et c'est ce pourquoi j'ai voulu écrire, parce que quand je suis devenue maman, tout est revenu. Parce que c'est des bébés qu'on a dans les bras, c'est des enfants. Et tout m'est revenu en... pleine figure et il fallait que j'écrive, il fallait que je raconte pourquoi j'ai autant d'empathie, j'ai autant d'amour pour les autres, alors que j'aurais pu devenir une vraie délinquante avec ce que j'ai vécu. Et ce directeur, il me lavait à la javel pour faire partir mon teint.

  • Speaker #0

    Il lavait le visage ou la javel ?

  • Speaker #1

    Il me lavait le visage et les mains, il me faisait tremper les mains dans la javel, en vomir. J'en vomissais et lorsque j'allais retrouver ma maman, qui venait me chercher à 11h30, à ce que je mangeais à la maison. Elle a vomi, mais ma mère ne parlait pas trop bien le français encore, parce qu'elle était toute jeune. Elle nous a eu à 17 ans la première, 18 ans. Donc voilà, elle était toute jeune et elle ne parlait pas bien le français. Elle venait d'arriver et forcément, c'était facile de la tromper, de la duper. Il lui disait tout va bien, elle a vomi, mais tout va bien. J'avais peur de le dire à mes parents. Je pensais que c'était une bêtise. J'ai une scène en tête où je vois encore cette image où il balance ma sœur par-dessus les escaliers. Elle est en béton, mais vraiment en béton. Et il l'a fait valser. et elle saigne. Et le médecin est juste à côté. Donc à la cour, elle arrive et elle sait ce qui s'est passé et elle ne dit rien. C'est un médecin, c'est un docteur. Et ça a duré comme ça pendant des années. J'ai tout subi. La noyade dans la piscine. On avait des sorties scolaires à la piscine et donc on avait une perche et je m'accrochais à cette perche pour apprendre à nager. Il m'enfonçait, il m'enfonçait dans l'eau et je me noie. Elle est arrivée en nageant à toute vitesse et elle a voulu me secourir et je le voyais, il m'observait. Et il avait une grande barbe, il tirait tout le temps sur sa barbe. Il avait un regard vicieux, un regard malsain. Et c'est une institutrice d'une autre école et je la vois retirer ses bijoux à toute vitesse et sauter dans l'eau pour aller me sauver. Et je n'ai pas parlé, je n'ai rien dit. Et j'avais envie de crier, c'est mon directeur, c'est mon maître d'école qui a voulu me noyer et je n'ai rien dit. Et je ne pouvais rien dire, je ne pouvais absolument rien dire parce que j'en subissais les conséquences dès que je commençais à parler.

  • Speaker #0

    Et c'était en quelle année ?

  • Speaker #1

    Ça a commencé en 83, j'étais en maternelle. Dans les années 84, 85, 86, 87. pendant toutes ces années-là.

  • Speaker #0

    Et donc, tu n'as pas pu trouver un soutien même auprès de tes frères et sœurs ?

  • Speaker #1

    Je suis la deuxième, donc cinq filles, deux garçons. Et si tu veux, je voulais parler à la maîtresse, mais c'était sa femme. Je voulais parler à l'autre maîtresse, mais elle ne pouvait rien dire parce que c'était le directeur. Je voulais parler au médecin, mais le médecin savait. Et tout le monde savait, tout le monde ne disait rien, sauf un jeune garçon de l'école qui a voulu parler, qui a voulu se mettre entre le professeur et le directeur d'école et moi. Et ma sœur, parce que ma sœur aussi a subi. Il l'a vite remis à sa place. Il a subi des coups lui aussi, mais pour lui demander de se taire. J'ai le souvenir qu'un jour, j'ai fait pipi à la culotte. J'avais 9 ans. J'ai fait quelque chose de grave. J'ai frapp�� sa fille, parce que sa fille avait le même âge que moi. Elle était dans ma classe. Et elle m'a insultée de négresse. Je ne savais pas ce que ça voulait dire en fait. Je ne savais pas ce que ça voulait dire, négresse. Mais je savais que ce n'était pas beau. Et je me suis retournée, je lui ai mis une gifle. On était en rond devant la porte d'entrée. On allait rentrer dans la classe. Et je me retourne, je lui mets une gifle. Et après, je lui donne un coup de... de pied. C'était tout de suite. Je lui donne un coup de pied parce que je me dis, négresse, la manière dont elle l'a dit, puis elle riait, elle rigolait.

  • Speaker #0

    Je suppose qu'elle avait le support des autres camarades.

  • Speaker #1

    De tout le monde. Que toi, tu n'avais pas. De tout le monde. C'était affreux. T'imagines que les enfants avaient l'ordre de chanter, de danser dans la récréation en se tenant la main. Qui veut jouer avec nous ? Je ne sais pas. Sauf Ayette et... Le prénom de ma grande sœur que je n'aimerais pas. Et... C'était très violent.

  • Speaker #0

    Comment tu as fait pour continuer tes études, pour aller jusqu'au bac ? Je présume que beaucoup auraient lâché l'affaire et auraient arrêté l'école.

  • Speaker #1

    Et ça s'est fait enfuit de tout ça. Oui, on est happé par la colère et la violence. Mais moi, je pense que mon cœur était déjà protégé. Protégé par les anges. Le jour où j'ai compris que je ne voulais pas de colère et de violence, c'est quand, justement, j'ai fait pipi à la culotte. Parce qu'il est rentré dans la classe, il colle toutes les tables entre elles. Et moi je suis là dans la classe et il n'y avait personne, il m'a fait rentrer et là je me dis ça y est je vais mourir, il va me tuer. Et il escala toutes les tables, je cours autour des tables, je cours, je cours, il escala toutes les tables pour m'attraper. Et lorsqu'il m'a attrapée par les cheveux, il m'a traînée par terre. Et là, je sombre. Mais je sombre et il me met au coin. Je suis dans le coin. Tout le monde rentre dans la classe et je fais pipi dans ma culotte. Et il y a une flaque en dessous de moi. J'ai froid. J'ai froid. J'ai tellement froid. Et je vois ma sœur. Je l'entends pleurer. Et il demande aux élèves, regardez comme elle est dégueulasse, comme elle est sale. Et je prie. Et c'est à ce moment-là, c'est à ce moment-là que je commence à prier. Je prie. Je prie Dieu. Je prie les anges. Je prie. et je prie Dieu de ne pas me laisser tomber. Et dans ma prière, je demande à Dieu de me rendre forte alors que je n'ai que 9 ans. Et je prie, je l'implore, je lui dis, mais rends-moi forte et sauve-moi de là, sors-moi de là et protège-moi parce que je ne veux pas mourir comme ça. Et au final, je finis par dire la vérité à mes parents et on déménage.

  • Speaker #0

    Il a trouvé cette force alors à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Oui, mon père travaillait à l'usine Saint-Hubert, le beurre Saint-Hubert qui est très connu. Donc on déménage dans le village d'à côté à Gerbévillé. C'est un village, encore une fois, on est les seuls arabes. Ça recommence. Je suis un peu plus grande, un peu plus forte, donc je ne réponds pas, mais je ris, j'essaie de dédramatiser, de me dire ok, ce n'est pas grave. Et je travaille, et je travaille, je m'acharne à bosser. Et mon père me dit travaille, montre-leur qui tu es par le travail, montre ta valeur par le travail. Et quand bien même on ne me parle pas, on me met de côté parce que je suis toute seule, je travaille, je m'acharne. Mais ce qui nous a fait défaut, c'est que ma mère était femme de ménage et on allait partout faire le ménage avec elle, par obligation, c'était comme ça. On rentrait, on devait s'occuper de nos frères et sœurs, de faire le ménage à la maison. On se levait tôt à 6h du matin pour que la maison soit propre. Elle gardait des enfants. Quand elle allait dans les usines, quand le samedi elle allait faire le ménage chez telle et telle dame, chez tel personnage, et on allait avec elle. Il fallait, c'était comme ça. Ma mère, c'est on fait les devoirs après. L'important, ce n'était pas les devoirs, c'est le travail. Mes camarades de classe le savaient, nous voyaient. Pendant qu'elles allaient faire des activités le mercredi après-midi, nous, on allait faire des ménages. Et souvent, le ménage chez les parents des enfants. Donc moi, j'allais récurer leur toilette. Donc forcément, quand je retournais à l'école, au collège, je subissais les foudres, les moqueries. Et puis j'ai tenu, j'ai tenu. Mais les profs étaient mauvais, étaient méchants, étaient sans pitié. Parce qu'ils auraient dû arrêter ça. Ils auraient dû dire stop à tout ça. Et au final, ils rentraient dans le jeu. J'ai une scène où je me vois, c'est le brevet. On devait remettre une enveloppe avec un timbre pour recevoir les résultats. Et lorsque je remets l'enveloppe à mon professeur principal, qui était professeur de maths, il rigole. Et il dit devant tout le monde... Non mais regardez Ayette, vous pensez qu'elle aura son brevet ? Les enfants rigolent. Ça a nourri la persévérance,

  • Speaker #0

    ça a nourri ton envie de montrer au monde que finalement Ayette, malgré tout, elle va réussir.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. Tu sais quand il m'a dit, mais pourquoi tu penses que tu auras ton brevet ? Je suis retournée à ma place et je rêvais. Tu sais qu'à l'époque-là, je rêvais. Je rêvais parce qu'il continuait. Vous savez ce qu'elle fait Hayette ? Elle récure les toilettes de ma mère. qu'est-ce qu'elle fera comme métier ? Tout le monde, femme de ménage, elle lavera mes chiottes. C'était violent et je ne parlais pas. Et je me mettais dans une bulle et j'ai appris à rêver. Je ne peux pas ne pas dire que les miracles existent et qu'il y a quelque chose au-dessus de nous. Et je pense que j'ai une chance énorme, c'est que mon cœur a été protégé. Quand je dis qu'il a été protégé, c'est que j'aurais pu devenir le monstre, le délinquant, nourri de vengeance et je n'avais pas ça. Parce que j'étais dans ma bulle et je rêvais. Et tu sais de quoi je rêvais ? C'est une de mes questions. Je n'écoutais pas de musique parce qu'à la maison, on n'avait pas le temps d'écouter la musique. Si, on mettait la radio, mais il n'y avait pas d'activité. Je ne dansais pas, on était des vrais soldats, rythmés. Et on n'avait pas le droit de se lâcher les cheveux. Et je me voyais, lorsque je me mettais dans ma bulle et que les attaques fusaient, je n'existais plus et je partais loin. Et je rêvais qu'il y avait un podium et que je dansais. Et que j'étais une star. Je voulais être aimée, tout simplement. Et que sur scène, j'avais les cheveux lâchés. et c'était les années 90 donc il y avait la danse et je dansais et bien figure-toi que quelques années plus tard ce rêve s'est réalisé j'ai grandi je suis devenue danseuse je suis devenue prof de danse chorégraphe et Gerbet Villet m'a appelée parce qu'il faisait une fête de la Mirabelle on m'a dit oui on voit ce que vous faites sur la presse est-ce que vous pouvez venir faire un spectacle j'y suis allée Et mon rêve s'est réalisé parce que j'étais sur ce podium avec ses filles derrière et les cheveux lâchés et je dansais.

  • Speaker #0

    C'est extraordinaire.

  • Speaker #1

    Et c'était incroyable.

  • Speaker #0

    C'est un rêve d'enfant.

  • Speaker #1

    Un rêve devenu réalité. Et à l'époque, je me souviens, ces gens qui m'ont fait du mal. Alors je ne leur parlais pas. Je ne voulais pas aller leur parler. J'étais là pour vous montrer qui je suis, qui je suis devenue. Tu m'as lavé la javel, j'ai toujours mon teint. Tu m'as humiliée, tu m'as fait du mal, tu as voulu me... détruire et pourtant je suis encore debout et je suis là sur scène et tu me regardes. Pour moi, j'avais tout gagné. Je ne me suis pas jetée dans l'alcool pour noyer ma dépression ou mon mal-être. Oui,

  • Speaker #0

    je suis...

  • Speaker #1

    Alors, il y a des douleurs, il y a des failles et c'est pour ça que j'ai écrit ce livre parce qu'il fallait que je raconte tout ce qui s'est passé, j'avais besoin de vider.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui t'a poussé à faire ce que tu fais aujourd'hui, la danse ? Le fitness, ça vient de quoi ? Ça vient d'où ?

  • Speaker #1

    Je pense que la danse, ça a été mon exutoire. De danser, je crie au monde qui j'étais et j'avais besoin de bouger. Quand tu danses, tu évacues le stress, tu lâches prise et c'était ça. Et je me dis, ok, j'ai mon bac. Maintenant, Ayette vit des rêves. C'était pour moi la clé.

  • Speaker #0

    C'était un objectif que tu avais atteint.

  • Speaker #1

    Tes parents ne peuvent plus rien dire. Tu as un diplôme. Ok, fais ce que tu as envie de faire. Et je réfléchis à quoi faire. Et un jour, pour te dire comment ça s'est passé, je me lève et je me dirige vers la mairie de mon village à Gerbevillé. Moi, la sauvage de service. Et je demande, je dis au maire, est-ce que je pourrais donner des cours de danse ? Et c'est là que tout commence. Parce qu'il me regarde et me dit, mais tu fais de la danse ? Vous, les enfants, El Mansouri sourient. Vous faites des activités. Parce que les enfants El Mansouri ne font pas d'activités. Les enfants allemands souris sont connus pour aller garder les enfants quand les gens sortent, pour aller faire les ménages, pour aller faire les usines, mais ils ne sont pas connus pour aller faire des activités. Et je lui dis, mais si, si, si, j'ai un diplôme. Ah bon ? Ah ben, tu me l'apporteras. Je dis, oui, je vous l'apporterai. Et je peux commencer ce soir ? Voilà, on est... L'audace. Oui, l'audace.

  • Speaker #0

    L'audace et le cœur.

  • Speaker #1

    Incroyable. Et là, je me dis, mais qu'est-ce que je viens de faire ? Qui je suis pour avoir fait ça ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Mais encore une fois, je suis sûre qu'on est porté. Tout est écrit. Ça a été ma soupape. J'avais l'impression de pouvoir sauver mes frères et sœurs aussi. Parce que mes sœurs ont dansé. Et je les sortais de la maison. Je leur donnais la possibilité de faire un loisir. Une activité que je n'avais pas faite. Et après, j'avais monté mon association. Je me dis, ok, je réfléchis. Et j'organisais des voyages. Moi, qui n'avais jamais rien vécu, je n'étais jamais sortie. J'organisais des voyages. Donc, j'étais mon propre professeur. J'apprenais en enseignant. J'apprenais en regardant des cassettes vidéo. J'étais élève et en même temps, j'avais des élèves. Ensuite, je me disais, il faut que j'organise des voyages pour sortir, apprendre, voir ce que les autres font. Et j'ai voyagé, la danse a été ma liberté. Mes parents ne pouvaient rien dire, j'avais mon bac. OK, il y avait toujours les corvées, le week-end, etc. C'était obligatoire, les usines, machin. Mais quand il y avait une sortie d'organiser, elles ne pouvaient pas dire non à mes sœurs. Parce que c'est Ayette qui organise, c'est la grande sœur. Et j'ai embarqué mes frères, mes sœurs. Et je les ai fait sortir, découvrir Paris, découvrir le Sud. On voyageait, on partait en train et on riait. Et là, j'ai commencé à vivre, à exister. Je voulais oublier mon passé, mais ça faisait partie de moi. Je commençais à exister en tant qu'Aïa, tellement sourie. Et je créais des liens, je me faisais des amis, je faisais des rencontres. Oui, j'ai découvert le monde. C'est la danse, ma soupape. Le sport est venu pratiquement en même temps parce que les femmes qui mettaient leurs enfants, on dit mais tu... Tu saurais faire des cours de sport ? Oui, je sais faire.

  • Speaker #0

    On pourrait croire, à travers tout ce que tu as vécu, qu'il pourrait y avoir un syndrome énorme de l'imposteur où tu penses, je suis qui ? Je ne suis pas capable. Beaucoup se limiteraient à ces peurs-là. À ton avis, c'est aussi une force de caractère, une force de vie ?

  • Speaker #1

    J'avais envie de savoir qui je suis. Et j'avais envie d'exister en tant que moi. Je me disais, ok.

  • Speaker #0

    C'était plus fort que le reste.

  • Speaker #1

    C'est, tu étais moche, tu n'étais pas belle, tu n'étais rien. Donc, il fallait que je me reconstruise. Je me disais, mais non, tu n'es pas tout ça. Personne ne me le disait parce qu'il n'y avait pas d'amour à la maison. Ma mère est la deuxième d'une fratrie de dix enfants. Et au bled, la maman n'a pas le temps. Si tu vas dans les champs, elle travaillait dès l'âge de 11 ans, s'occupait des moutons, des vaches et des compagnies. Et elle n'a pas su nous aimer. Elle ne nous a pas pris dans les bras, pas fait de câlins, pas de je t'aime. Moi, petite, j'avais les pieds en introversion à l'intérieur. Mes deux pieds rentraient. Donc, je disais bonjour. J'appelais ça comme ça, moi. Gentiment. Et j'avais un surnom, petite. Ausha. Je ne savais pas trop ce que ça voulait dire. Mais elle m'appelait comme ça. Et en grandissant, je traduis ce mot. Et ça veut dire handicapée. Et là, je me dis, on m'appelait handicapée. Et c'est marrant parce qu'aujourd'hui, j'ai un enfant handicapé que j'appelle mon trésor.

  • Speaker #0

    Comme quoi, tu as réussi à le transformer. Parce que tu n'as pas eu en quelque chose de merveilleux que tu l'arrives à donner à ton tour.

  • Speaker #1

    quand on vit des choses comme ça c'est soit on s'éteint, soit on devient égoïste en amour on ne sait pas donner, on ne sait pas et moi j'avais peur de ne pas savoir et au final je suis quelqu'un qui déborde d'amour j'ai envie d'aimer, d'aimer les gens d'aimer mon prochain, j'ai envie de dire à tout le monde vous êtes beaux, j'ai envie de les protéger, j'ai envie de protéger le monde entier parce qu'on ne va pas protéger moi et c'est pour ça que je suis comme ça et je suis contente d'être comme ça je pleure mais je suis contente d'être comme ça parce que je trouve que c'est une chance ça veut dire que mon coeur est resté pur

  • Speaker #0

    Je trouve ça merveilleux d'avoir réussi à construire autant d'amour. En fait, l'amour, tu l'as créé. On ne te l'a pas donné, tu l'as créé.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. Je me pose souvent la question,

  • Speaker #0

    comment c'est possible de créer de l'amour à partir de rien ? Tu vois ? Finalement, j'ai l'impression que ça vient d'ailleurs, en fait. C'est quelque chose de plus grand que nous.

  • Speaker #1

    C'est clair, oui.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas réellement de réponse à ça. Mais en tout cas, c'est la meilleure réponse qu'on peut donner à toute la haine.

  • Speaker #1

    C'est d'aimer.

  • Speaker #0

    Tu as pu recevoir et que beaucoup peuvent recevoir aussi. Oui. C'est d'aimer encore plus fort.

  • Speaker #1

    C'est sûr. Je pense que la meilleure réponse, ce n'est pas l'attaque, c'est l'amour. D'aimer et la réussite. Peu importe ce qui m'arrive dans la vie, je me redresse et je me lève. Parce que vous voulez m'atteindre. Et je suis encore debout, je suis là. Je renais à chaque fois. Je peux te raconter quelque chose ? En fait, j'ai toujours été au contact de gens qui voulaient me détruire. Petite, collège, aussi en arrivant au travail, parce qu'on pensait que j'avais tout eu facilement. Alors que les gens ne me connaissaient pas. J'ai continué et je n'ai pas rendu la claque. J'ai laissé. Et ensuite, j'ai rencontré mon mari, je me suis mariée. J'ai eu mon premier garçon. Tout se passait bien, voilà. J'ai eu le deuxième, porteur de trisomie 21. On me l'a annoncé, je le raconte dans mon premier roman, ça a été très lourd. Mais je le savais qu'il allait se passer quelque chose parce que je l'ai vu en rêve. J'ai vu ce bébé sur son nuage et je me suis dit, il y a quelque chose dans ce rêve. Je vois ce rêve encore aujourd'hui, je le vois, il est intact. Et quand ces rêves sont intacts, c'est que c'est significatif. Ce qui m'est arrivé, c'est incroyable. Mais tous ceux qui écoutent, on est tous et toutes capables de se relever. J'ai grandi avec de la souffrance et mon cœur s'est forgé dans la douceur, dans l'amour. Je ne savais pas que l'être humain pouvait être aussi odieux. Je l'ai connu, pourtant je l'ai vu, mais je me dis non. C'est comme si je faisais un béni du mal des gens. Et Dieu a voulu que ça m'atteigne, parce qu'il avait autre chose pour moi. Et j'ai profité du Covid pour faire des recherches pointues, et je suis allée voir un chercheur, un spécialiste, qui a accepté d'étudier mon cas, parce que c'était vraiment devenu un cas. Il a commencé à me soigner, et il a découvert que j'avais un poison dans le corps. Et ce poison était collé dans mes entrailles, dans mon estomac, et il paralysait mes organes. paralysé mon corps. Et ce poison, il a été ingéré. J'ai commencé à suivre un traitement de nettoyage. J'ai fait des recherches. J'ai vu qu'on pouvait améliorer son état sanguin, ses cellules, avec des plantes. Et ces plantes ont commencé à faire vomir. Je suis allée voir le médecin. Il a analysé le vomi. C'est là qu'il a trouvé qu'il y avait un poison. On m'a dit, mais est-ce qu'il y a des gens autour de vous qui vous veulent du mal ? C'est des gens, j'allais manger chez eux régulièrement. Je buvais le café, le thé. Quand on sait que la personne chez qui vous mangez, vous buvez, la personne qui vous prend dans les bras, qui vous dit ça va, Tout va bien, tu t'en sors bien. Et derrière, veut ta destruction, veut ta perte. Encore une fois, j'ai été portée, j'ai été guidée. J'ai fait mon nettoyage, j'ai breveté mes plantes à ce moment-là, pendant la période où j'étais malade. Ce poison m'a fait prendre 9 kilos. Et ce n'était pas moi, je ne me reconnaissais plus. J'ai breveté mes plantes, Ellman, qui aident énormément de personnes qui sont atteintes de problèmes digestifs, parce que j'ai pu comprendre. Et après, pendant le Covid, je travaillais sur des exercices de respiration et musculaire pour... perdre ce poids, mais sans forcer, j'avais plus d'énergie. Je le propose aujourd'hui aux femmes qui perdent du poids sans se faire mal, sans se priver. On a tous des missions et peut-être que ma mission à moi, c'était ce chemin-là.

  • Speaker #0

    C'est encore une épreuve que tu as subie, qui t'a amenée à aider les autres à contribuer à ta manière.

  • Speaker #1

    C'est ça. Parce qu'à chaque fois,

  • Speaker #0

    tu arrives à transformer ce que tu vis en quelque chose de fort et qui aide aussi. toi, les autres ?

  • Speaker #1

    Dans cette histoire, j'ai eu des signes. Premier signe, je trouve quelque chose, une photo. Deuxième signe, j'allume la télé. Paf ! Je vois un prénom répétitif. Troisième signe, je vois des choses en rêve. Et il y a eu un signe fort. Donc, on est un an après le Covid. On est en 2022. Je fais des portes ouvertes. Et cette femme vient. Voilà, il y a du monde. Elle fait son cours. Et à la fin, j'appelle les gens pour savoir comment ça se passe, etc. Et puis, c'était une période où ça fonctionnait bien. Je n'ai pas appelé. Et je reçois un appel en numéro inconnu. Je décroche et elle me dit, écoute Ayette, j'ai énormément apprécié tes cours. Ton cours était magnifique, il m'a fait un bien fou, mais je ne pourrais pas m'inscrire. Lorsque je suis rentrée dans la salle, tu étais face à moi. J'ai vu une ombre noire. Je ressens les choses parce que je suis comme ça, qu'elle me dit. Tu as quelqu'un qui te veut du mal.

  • Speaker #0

    C'est le médium alors.

  • Speaker #1

    Oui, je pense, c'est ça.

  • Speaker #0

    C'est le don de médiumnité.

  • Speaker #1

    Oui, et elle me dit, je ne cherche rien, je veux juste que tu saches. La personne qui te fait du mal. veut te détruire.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu t'es dit que tu n'étais pas quelqu'un de bien, quelqu'un de mauvais ? Pourquoi on veut me faire tout ce mal ?

  • Speaker #1

    Je me suis beaucoup posé la question en me disant « Mais pourquoi on me fait du mal ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter tout ce mal ? » Est-ce que tu as douté de toi ? Oui, j'ai douté. Je demandais à mon mari, je lui disais « Mais est-ce que je suis quelqu'un de bien ? » Et je me pose la question « Est-ce que je suis quelqu'un du bien ? » Et au final, j'ai eu mes réponses. Parce que je lis beaucoup tout ce qui est spirituel, je lis beaucoup de livres sur la force des anges et pourquoi la nature, la vie... Et quand Dieu te donne un enfant trisomique, il est fait d'amour. Il me caline, il m'embrasse, il m'encourage. Même quand je suis malade, il me dit « Maman, ça va » . Et je me dis, j'ai des enfants merveilleux, c'est que je suis quelqu'un de bien. Je suis quelqu'un de bien parce que j'ai deux enfants qui portent l'amour. C'est ce questionnement aussi de dire « Qu'est-ce que tu représentes ? » Peut-être ton cœur est bon, il est pur, que les gens ne l'ont pas, ils le jalousent et le veulent. Et là, je me suis dit « Ok, défends-le. Défends cette lumière qui brille à l'intérieur de toi. Défends ce que tu as dans le cœur. Ne te laisse pas. » Convaincre que tu es quelqu'un de pas bien, au contraire, s'ils ont essayé de t'atteindre, transforme ce mal en bien. Je ne me regarde pas tous les jours en disant « je suis belle » , pas du tout. Je suis façonnée avec le « tu es moche » , « tu es ici » , « tu es handicapée » et j'avance avec ce que je suis. C'est à l'intérieur.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression que ça attire beaucoup, la jalousie. En plus, une jalousie violente.

  • Speaker #1

    C'est vrai. Donc j'ai appris à me protéger. Je ne leur souhaite pas le mal, mais ils paieront de toute façon. Quoi qu'il arrive, on paie dans ce monde.

  • Speaker #0

    Pour toi, il y a vraiment cette notion de karma, entre guillemets.

  • Speaker #1

    Mon fils le dit, le karma. C'est ça, oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te souviens, quand tu as donné ton premier cours, ce que tu as ressenti, le chemin pour arriver jusqu'à la salle ? Est-ce que tu étais terrorisée, exaltée ? Qu'est-ce qui se passait dans ta tête ?

  • Speaker #1

    Je me souviens parfaitement de mon premier cours. C'était Janet Jackson, de choix musical. Et mes sœurs sortaient de l'école. J'étais dans la petite salle du foyer et j'attendais mes sœurs qui ont été mes premières élèves. Et ensuite, les autres sont arrivées et il y avait énormément de filles, presque tout le collège. Et là, je me suis dit, OK, je me retourne et il n'y a pas de miroir. Et je me souviens parfaitement de la scène parce que mes sœurs et moi, on a ce truc, on se regarde, on rigole. Et mes sœurs savaient que je n'avais jamais pris de cours de danse, que je n'avais jamais enseigné, que je n'avais pas de diplôme. À part faire à manger, faire la cuisine, faire des ménages. Je me souviens, la salle donnait sur une fenêtre et je me retourne. et je rigole. J'avais envie de rire parce que mes soeurs me faisaient rire parce que je faisais « Bon, alors, on y va les filles ? » Et je m'inspirais de vidéos, de machins, et je n'avais pas de notion de pédagogie, d'enseignement. On commence par quoi ? L'échauffement, c'est quoi ? On fait la tête, on est les bras, les poignets.

  • Speaker #0

    Tu n'avais jamais pris un cours de genre avant ?

  • Speaker #1

    Jamais. Et j'ai commencé, je fais « Bon, on y va les filles ? » Tout de suite, c'était vraiment le côté « J'élève mes frères et soeurs, je garde les enfants des autres, je les éduque un peu. » Eh bien, c'était pareil. C'était « Ok, c'est comme avec les frères et soeurs, ou l'organisation à la maison, tac, tac. » Tac, tac, il faut faire à manger.

  • Speaker #0

    Les enfants sont dans le rôle.

  • Speaker #1

    Voilà, je suis rentrée tout de suite. Et on y va. Alors, échauffement, on y va et on enchaîne. Donc, un échauffement classique. Et puis ensuite, on enchaîne à la chorégraphie avec du rire. En fait, à l'intérieur de mon ventre, j'exaltais. Je sentais qu'il fallait que j'explose et je vibrais. Je crois que c'est le plus beau jour de ma vie. Le plus beau jour après mes enfants. Et ce jour-là, il s'était passé quelque chose et je me suis dit, mon Dieu. T'as dit que t'étais capable. Et oui. Oui, qu'est-ce que c'est bon. Je pense que Haye tellement sourit, elle est née à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Il y a eu un avant et un après.

  • Speaker #1

    Voilà, c'était ça.

  • Speaker #0

    Et comment tu t'es fait connaître au tout début ? Comment ça s'est arrivé ?

  • Speaker #1

    Magique. J'ai commencé mon premier cours, on était en avril. Un vendredi, j'ai eu les clés. Donc c'était fin de semaine. Au mois de juin, j'ai dit au maire, il faut que je fasse un spectacle. Je carburais. Mercredi matin, mercredi après-midi, vendredi soir, je les avais tout le temps. Et puis ceux qui pouvaient le jeudi soir, c'était dans le village. Donc, tac, ils sortaient de l'école, je les prenais. J'ai fait mon premier spectacle et on est dans un village. Et là, tu vois 150 personnes dans le public. Les parents, tout le monde est venu. Avec une petite entrée, 20 francs, 10 francs, un truc comme ça. Le monde, la mer était content. Donc, ni une ni deux. Il me dit, bon, tu peux le refaire. On fait quelque chose en septembre. On fait des portes ouvertes. Et là, moi, je me lance. Je me dis, écoute, il me fait confiance. On y va. Tu as saisi l'opportunité. J'ai saisi l'opportunité. Et dans le même gymnase, je l'organise un spectacle sous forme de graines de stars. 800 personnes. 800. personnes dans le gymnase. Les gens de la ville d'à côté. Il y avait tous mes élèves, tous mes élèves, les petits, les moyens, je faisais des groupes, des grands et j'avais fait tout un spectacle. Tous les villages d'à côté étaient venus voir le spectacle d'Aïa tellement sourie dont la presse avait déjà plébiscité parce que dans un village où il n'y avait rien qui se passait.

  • Speaker #0

    Là, il y a un truc qui se passe alors tout le monde arrive.

  • Speaker #1

    C'était ça.

  • Speaker #0

    Et après, les gens commençaient à vouloir s'inscrire à tes cours.

  • Speaker #1

    Alors après, il fallait qu'on change de salle, il y avait plus de monde. Et les femmes qui voulaient faire du sport. Et puis, c'est là, tout enchaîné. Et alors, le sport, j'ai acheté des cassettes vidéo de Jen Fonda. Tu es Jen Fonda. Et je regardais toutes ces cassettes. Et j'apprenais les mots. Mais je les apprenais en anglais. Parce que c'était en anglais. Allez, hop. L'impact. Et puis, j'étais là. Donc,

  • Speaker #0

    tu as appris l'anglais en même temps.

  • Speaker #1

    Et j'apprenais. J'étais déjà très douée en anglais. Mais j'enseignais en anglais. Je me disais, mais mince, ça y est, il ne faut pas enseigner en anglais.

  • Speaker #0

    Mais non,

  • Speaker #1

    il y a tout ce que tu fais. J'adore.

  • Speaker #0

    Et financièrement, Ayad, comment tu as fait au début ? Parce que beaucoup hésitent à se lancer par peur de ne pas en vivre. Comment tu as tenu jusqu'à ce que ça devienne rentable ? Est-ce que tu aurais des conseils à partager sur ce qui t'a aidé ?

  • Speaker #1

    Oui, alors moi, j'ai vraiment eu beaucoup de chance dans mon parcours parce que je suis passée étudiante, donc j'avais mes bourses et je n'avais pas trop besoin de les utiliser parce que je vivais chez papa et maman. Donc mes bourses me permettaient de... financer un peu mon projet. Là, il ne faut pas le dire, je ne rembourserai rien. C'est terminé, c'est cadu. Mais après, au fil du temps, la qualité de mon travail a fait que j'ai été repérée par le conseil départemental. Donc à l'époque, ça s'appelait comme ça, le conseil général. Ils développaient des nouveaux emplois qui s'appelaient emplois jeunes. C'était les tout premiers. Et puis, ils sont venus me chercher en me disant, voilà, est-ce que vous ne voulez pas rentrer dans un emploi jeune ? Et moi, je leur ai dit, pour faire quoi ? Si c'est pour faire cassière ou machin. Non, non, les emplois jeunes, c'est pour des jeunes qui ont envie de réaliser leur projet d'avenir. Donc, se lancer et se réaliser.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça existe encore aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, mais oui, justement, ça ne s'appelle plus comme ça, mais ça s'appelle des contrats aidés. Par exemple, moi, dans le cadre de l'association, je propose aux jeunes de rentrer, de se réaliser. Et je prends... Des jeunes sans diplôme. Ce que je leur demande, c'est la passion, la motivation. Mais s'ils ne sont pas diplômés, ce n'est pas grave. Parce que j'en ai eu des filles diplômées, j'en ai eu plein. Et très scolaires. Et elles font un ou deux cours. Arrêt maladie, j'ai mal au dos, je n'arrive pas à exercer ou je suis fatiguée.

  • Speaker #0

    Il faut de la passion alors pour persévérer.

  • Speaker #1

    Énormément de passion et puis d'abnégation. Tu as mal au dos, tu es fatiguée, tu as des courbatures. Oui, tu en auras. Mais c'est ton métier, c'est ton job. Il faut que tu le fasses si tu n'aimes pas. pas avoir des courbatures, si tu n'aimes pas parler aux gens, si tu n'aimes pas sourire aux gens, bonjour tout le monde, on y va. Il faut changer de métier parce que ces problèmes, on les oublie. Et souvent, moi, j'ai rencontré des jeunes femmes diplômées et n'allaient pas au bout. Et du coup, le travail, il n'était pas qualitatif. Alors que quand tu as des filles qui sont passionnées, qui ont envie, mais qui n'ont pas le diplôme, elles feront tout pour se réaliser et aller. Et peu importe les problèmes, elles vont aller au bout. Un peu comme ce que j'ai vécu moi.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça que j'ai envie d'aider toutes ces personnes qui ont un parcours, peut-être atypique, mais qui n'ont pas forcément les diplômes, à réussir, à oser y aller. Parce que c'est ces personnes-là qui vont faire ce que tu fais aujourd'hui, donner la chance à tous ceux qui n'ont pas forcément eu la chance de passer des diplômes, aller à l'école, etc. De réussir.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Il ne faut pas avoir peur. Il faut se lancer et trouver une alternative. un job qui correspond. Ou alors à mi-temps, comme moi, lorsque j'ai décidé de passer à nutritionner, je me suis dit, OK, j'ai un enfant. Alors déjà, j'ai eu la chance d'avoir Calice, qui m'a forcé, qui m'a imposé d'être à mi-temps parce qu'il fallait que je m'occupe de lui. Et ce mi-temps, quand j'allais dans les rendez-vous, j'étais à l'hôpital et que je passais deux ans à l'hôpital, nuit et jour, il fallait que j'occupe mon temps et la nutrition, ça... Je me suis dit, formes-toi, fais quelque chose. Et je me suis formée, j'apprenais, je potassais. Et j'étais à mi-temps. Alors oui, on perd en salaire. mais je savais que j'allais gagner ensuite. Et puis quand on perd en salaire, en général, on a toujours les aides. On est quand même en France, je ne sais pas en Belgique comment ça se passe, mais nous en France, on a des aides, la CAF augmente. Et puis dès qu'on met en place d'autres revenus, forcément on a moins de CAF. Et c'est normal, c'est tout à fait normal. Après, moi, je n'étais pas dans l'inquiétude. C'était je veux vivre de ce que j'aime faire. Je veux me lever le matin et être... être passionnée, je veux me lever le matin et avoir envie, je veux me lever le matin et avoir l'énergie de faire ce que j'aime faire. Mais si je commence à sentir que je traîne des pattes, j'ai plus envie, là il fait froid, il pleut, ben non, je trouve une excuse, j'arrête. Mais là, j'ai toujours cette patate et j'ai toujours ce boost et j'ai toujours cette envie, c'est que mon métier me porte, en fait, mon métier me guérit, mon métier m'impose un rythme de santé, de m'oublier. Écoute. t'es pas bien, t'as pas le choix, tu y vas. Et on y va, et 5, 6, 7, 8, c'est parti. Et c'est ça tout le temps. Donc que ce soit cardio, des fois t'as pas forcément... Tu te lèves, t'as pas envie de danser. Moi, il faut que je danse. J'ai pas envie de faire un cours cardio, eh bien, il faut que je le fasse. Du pilates, il faut que je le fasse. Du stretching, la relaxation. Non, mais là, j'ai juste envie d'aller m'allonger, faire une sieste. Eh bien, non, je fais du stretching. Et tout ça me fait du bien. Je me rends compte que ça me porte, ça me nourrit, ça me... j'explose à l'intérieur de vibrations positives.

  • Speaker #0

    Parce que finalement, c'est justement ça. C'est cette énergie que tu ressens quand tu sais que tu es là où tu dois être.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Il y aura toujours des galères, il y aura toujours des choses qu'on n'a pas envie de faire, il y aura toujours des moments où tu te dis on ne peut plus. Mais il y a cette force intérieure qui te porte finalement. Avec ton fils Calice, qui est un fils extraordinaire parce qu'il est porteur de trisomie 21, aveugle, avec des déficiences rénales, etc. Donc, je présume que ça demande beaucoup d'organisation, beaucoup de temps, tous tes projets, tes livres, etc. Et ta vie perso, comment tu fais pour garder l'équilibre, pour gérer tout ça, toutes ces casquettes en même temps ?

  • Speaker #1

    Alors, je pense que tu vois, je t'ai raconté l'histoire de famille. Ma mère qui nous a éduqués de manière millimétrée, comme un soldat. Tu vois, on se lève, on fait son lit au carré. Eh bien, c'est resté. J'ai été façonnée comme ça et c'est resté. Et tant mieux, parce que je n'aurais pas pu faire tout ça. Et ma mère, dans le livre, je la remercie. Il y en a qui vont dire, mais elle est tarée, celle-là. Non, je la remercie parce que si je n'avais pas eu ce genre de maman qui te dit, tu as de la fièvre, lève-toi. Allez, va faire ce que tu as à faire. T'es assise, tu regardes la télé, il n'y a pas de télé. On se lève, on y va en fait, constamment. J'aurais peut-être eu une maman caline, aimante. J'aurais peut-être pleuré, baissé les bras. Mon fils, il est comme ci, mon fils, il est comme ça. Et je me laisse aller. Et puis, maman, empoisonnée. Je veux mourir. Et moi, non. Donc en fait, j'ai appris à m'organiser. Et quand je me lance dans un projet, je détermine ma liste, mon fil conducteur. C'est quoi ? Et puis tu commences par quoi et tu vas au bout. Donc tu te prives. Bien sûr que je suis privée, mais comme je te le disais tout à l'heure, j'en suis pas malheureuse. Mais par contre, ce qui va manquer, c'est de me retrouver avec mes enfants, les bras, la convivialité avec mes enfants, de faire des gâteaux, de faire à manger parce que j'adore cuisiner. Là encore ce week-end, j'ai fait un... Des tacos faits maison, je fais du pain. Mon pain, je le fais à la maison et je le congèle. Je nage rarement de baguettes. J'aime cuisiner avec mes enfants. Ça me manque de me retrouver à la maison en coucouning. Ça, j'ai besoin de ça. Et je le prends, le temps de ça.

  • Speaker #0

    Tu parlais de ta maman qui était avec une organisation militaire. À partir du moment où tu étais malade, il fallait quand même se lever, etc. Et aujourd'hui, avec tes enfants, est-ce que tu as ce côté-là ou est-ce que c'est ton... cœur qui parle en premier du coup.

  • Speaker #1

    Alors, je ne vais pas te mentir, j'essaye de ne pas reproduire le schéma familial. Je m'efforce. Mais les gens qui me côtoient me rassurent. Ma collègue, par exemple, au travail, elle me voit tous les jours avec mes enfants. Donc je sais que je ne suis pas comme ma maman. Donc déjà là, je me rassure, je me dis « Ok, tu ne reproduis pas » . Par contre, là où je reproduis, c'est qu'il y a une discipline à la maison. On se lève, j'apprends à mes enfants à être propres. Tu fais ta douche. Le petit, je m'en occupe. On fait son lit. Il y a une organisation d'hygiène, de rangement méthodique à la maison. Et quand on arrive au travail, j'essaye de leur faire faire une petite activité. Va dans la salle de danse. Là, il n'y a personne. Occupe-toi. Va jouer au ballon. Je les prends avec moi au travail. Mais pas parce que j'ai envie que mes enfants m'aident, mais parce que je les aime tellement que je veux qu'ils soient avec moi. C'est tout le contraire. Donc, il y a une reproduction dans l'organisation.

  • Speaker #0

    Tu peux aussi accepter le positif de ton éducation et ne pas reproduire le négatif en fait.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Alors si tu avais un message à transmettre à celles et à ceux qui rêvent de se lancer, mais qui n'osent pas forcément parce qu'ils ne se pensent pas capables ou peut-être que ça leur fait peur, ce serait quoi ?

  • Speaker #1

    Je vais te dire ce que je dis tous les jours à mon fils. Parce que mon fils, il a appris du poids, mais il rêve d'être footballeur. C'est un rêve. Elle me dit « Maman, à l'école, on me dit que j'ai les pieds qui rentrent dedans, un peu comme moi. Mais moi, je les ai travaillés. » Alors, je lui réponds Ausha, crois en tes rêves. Si ta destinée sera d'être footballeur, tu deviendras footballeur. Mais à une seule condition, de mettre les moyens en œuvre et en place. Si tu ne fais rien et tu attends que ça arrive, tu pourras attendre toujours. C'est comme quelqu'un qui dit « Je suis célibataire, mais je reste à la maison. » Je l'ai vécu, ça. « Je suis célibataire, personne ne veut de moi. » Oui, mais tu ne sors pas. C'est normal. Comment veux-tu que la personne... Ah bah tiens, je sais qu'il y a une célibataire là. Non, il faut sortir, il faut y aller. Donc c'est comme dans la vie de tous les jours.

  • Speaker #0

    J'ai dosé alors.

  • Speaker #1

    Il faut y aller, il faut forcer. Ah, j'ai envie de faire ça, j'ai envie de mettre ça en place. Bah oui, mais si je l'imagine et que je le pense et que j'attends. Bah tu peux attendre longtemps. Allez-y, foncez, tu crois en tes rêves. Financièrement, tu t'en sortiras toujours parce que tu trouveras toujours le moyen. Tu n'abandonneras jamais ton corps. On ne s'abandonne pas ni son esprit. On trouvera toujours le moyen de travailler. on va, on y va, on travaille, on va au bout de ses rêves. Moi encore aujourd'hui, j'ai des rêves. Donc, ce que je dis là, je me le dis aussi à moi-même. Mais qu'est-ce que t'attends pour les réaliser tes rêves ? J'y vais, j'avance.

  • Speaker #0

    C'est hyper inspirant parce que finalement, c'est aussi de se dire que même si on a peur, même si on n'est pas parfait, il faut y aller. C'est ce que t'as fait au début en fait.

  • Speaker #1

    Tu as tout dit. Et puis, on a tous des peurs. tous des craintes, on a tous une vision de soi. Elle peut être positive ou négative. Moi, je n'ai pas une vision de moi. On me regarde, on me dit, elle a super confiance en elle, pour faire tout ça. Elle sait qui elle est. Mais non !

  • Speaker #0

    C'est ce que je me suis dit quand j'ai commencé à connaître Ayette à travers les articles de presse, etc.

  • Speaker #1

    Non, mais je n'ai absolument pas confiance en moi. Je suis toujours en train de me remettre en question. Mon cœur, il est... Il est construit avec de la difficulté. Mais c'est moi qui le soigne et je le pousse, mon petit cœur. C'est vrai, tous les jours, je dis, mais non, tu vas y arriver, tu es quelqu'un de bien. Donc, cette confiance, je ne l'ai pas. Je suis quelqu'un de sauvage et de timide. Ça fait partie de moi, mais je ne le montre pas. Personne n'a besoin de savoir que j'ai peur de telle et telle chose. Alors, la seule chose que je vais dire, c'est que j'ai peur des araignées.

  • Speaker #0

    Et encore même,

  • Speaker #1

    des fois, je me dis, attention, ne dis pas que tu as peur des araignées, parce que si tu tombes sur quelqu'un qui déteste, elle va t'en mettre une au bureau. C'est vrai. Donc du coup, voilà, mais personne ne connaît ton moi intérieur. Mais je leur montre, à celles qui me posent des questions, si je dois démarcher, si je dois prospecter, je montre que j'ai confiance. Je montre seulement. Mais je n'ai pas confiance en moi. C'est super précieux ce que tu dis.

  • Speaker #0

    Ne pas montrer ses failles et d'arriver à mettre un masque qui représente la confiance. Et en représentant cette confiance, en faisant comme si, finalement,

  • Speaker #1

    les choses arrivent. C'est tout à fait ça exactement. On fait comme si et ça arrive. Ok, ah ouais, elle n'a pas peur. On va lui confier. Puis au final, tu te trompes, tu as la boule au ventre, tu t'achaudes, tu transpires. Et tu dis, oh mon Dieu. Et c'est fait.

  • Speaker #0

    Pour finir, j'ai un petit rituel pour mes invités. Je vais te donner une fiole remplie de poudre dorée d'alchimiste qui représente la magie de la transformation. C'est elle qui permet de sublimer les épreuves en quelque chose de précieux. Aujourd'hui, elle est entre tes mains. Elle a le pouvoir d'exaucer trois de tes souhaits sans aucune limite. Alors, si tout était possible, quels seraient tes trois voeux ?

  • Speaker #1

    Mon premier vœu est la santé. retrouver mon corps, retrouver ma santé, parce que ma santé, c'est ma vie. Être en bonne santé, c'est partager plus de bonheur avec mes enfants. Premier vœu. Le deuxième, le bonheur. Le bonheur à l'état pur. Quand je dis le bonheur, c'est ne pas avoir peur de l'individu à côté de toi. Parce qu'aujourd'hui, j'ai peur des gens qui m'entourent. Je ne le montre pas, mais je n'ai aucune confiance aux gens. Et j'ai envie de trouver ce bonheur, cette quiétude, cette sérénité, l'apaisement. En fait, j'ai envie de vivre dans un monde qui n'existe pas, mais je sais que c'est possible. Et j'ai envie d'être heureuse avec mes enfants, de me dire de me lever tous les matins et de savourer le bonheur, de savourer la santé, savourer cette quiétude et que tout va bien. Et qu'on ne se soucie pas de « est-ce que ça va aller aujourd'hui ou pas ? » Ça, c'est mon deuxième vœu. Et tu m'as dit un troisième, et je le dis tous les jours dans mes prières. C'est que Dieu m'accorde une vie longue avec mon fils, parce que mon fils, je le sais, le plus grand. Il se débrouillera, il deviendra quelqu'un de grand. Calice, il aura besoin de sa maman. Et j'ai envie de rester en vie le plus longtemps possible, d'avoir une forme, une santé portée par le sport, pour rester en vie le plus longtemps possible. Mes enfants sont mes meilleurs amis. Mais Calice, il fait partie de moi. Et je lui souhaite de se marier, les trisomiques se marient. Mais il aura toujours maman.

  • Speaker #0

    mais mon rêve c'est d'être heureuse avec mes enfants de trouver ce bonheur oui le mot heureuse en tout cas je te le souhaite Ayette et je suis sincèrement émue de ton témoignage et je te souhaite que tes trois voeux se réalisent merci, merci beaucoup Sandra merci d'avoir écouté cet épisode prends quelques secondes ferme les yeux et respire ce que tu viens d'entendre C'est pas juste un témoignage, c'est une preuve que l'impossible peut être sublimé et que l'humain est capable de renaître encore et encore. Alors si cet épisode t'a apporté quelque chose, partage-le avec quelqu'un qui en a besoin. Et pense à t'abonner pour ne pas manquer les prochains récits d'Alchimiste. Et toi, quelle part de ton histoire peux-tu transformer aujourd'hui ? Si tu veux prolonger la discussion, viens me retrouver sur Instagram, sur Histoire d'Alchimiste. Je serai ravie d'échanger avec toi.

  • Speaker #1

    Et surtout,

  • Speaker #0

    souviens-toi, c'est dans tes failles que brille ton éclat le plus précieux. Alors, on se retrouve dans 15 jours pour une nouvelle Histoire d'Alchimiste.

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Description

À 19 ans, Hayette n’avait ni diplôme, ni réseau, ni soutien.
Mais elle avait une force intérieure indomptable, un feu que rien ne pouvait éteindre.
Là où tout semblait figé d’avance, elle a refusé de se laisser enfermer par les limites qu’on lui imposait.


🔥 Devenue coach sportive et chorégraphe autodidacte, elle fonde l’association Cinquième Art, un espace d’expression, d’inclusion et de reconstruction par le mouvement.

💪 Maman d’un enfant porteur de trisomie 21, aveugle et atteint de multiples déficiences, elle transforme chaque épreuve en source d’amour, de résilience et de courage.

📖 En écrivant Kallys, mon T21 miracle, elle transforme ses blessures en messages d’espoir — pour tous ceux qui doutent de leur valeur ou de leur capacité à créer du sens à partir du chaos.

🎓 Partie de rien, elle construit pas à pas une trajectoire forte, libre et inspirante, où l’audace remplace les diplômes.


🎙 Dans cet épisode, Hayette nous livre un témoignage bouleversant, vrai et vibrant :

  1. Comment transformer la souffrance en tremplin

  2. Ce qu’elle a découvert au cœur de l’épreuve

  3. Les clés de sa persévérance et de son alignement

  4. Ce que signifie vraiment "être à la hauteur" quand tout semble vous en priver


💡 Un échange qui rappelle que nos cicatrices peuvent devenir des œuvres d’art, et que chaque pas vers soi est déjà une victoire.


Parce que ce que tu vis n’est pas une fin. C’est peut-être le début d’une transformation plus grande.


📲 Pour retrouver Hayette El Mansouri :
🔗 Instagram : @5m_art
📕 Son livre : Kallys, mon T21 miracle

📸 Pour suivre le podcast : @histoires_d_alchimistes


🙏 Si cet épisode t’a remué, inspiré ou touché :
✨ Fais passer l’étincelle.
💬 Partage-le avec quelqu’un qui a besoin de l’entendre.
⭐ Et si tu veux soutenir ce podcast, laisse une note ou un avis sur ta plateforme d’écoute.

Parce que certaines histoires méritent d’être entendues…
Et pourraient bien changer une vie. ✨


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    bienvenue sur histoire d'alchimistes le podcast qui explore comment transformer nos épreuves entre en tremplin et révèle des parcours de vie où l'impossible s'est teinté d'espoir où chaque épreuve a laissé une empreinte et riche de sens je suis sandra et toutes les deux semaines je pars à la rencontre d'âmes audacieuses qui ont su transformer leurs blessures en force et leur histoire en élan de vie. Parce que peu importe d'où tu viens, peu importe ce que tu as traversé,

  • Speaker #1

    toi aussi, tu peux réveiller l'alchimiste qui est en toi et faire de ton parcours un moteur de sens, de contribution et de changement. Alors, prépare-toi à ressentir, à questionner et à laisser ces histoires souffler sur les braises de ta propre transformation. Après une enfance marquée par la violence et l'injustice, Hayette, El Mansouri, aurait pu sombrer dans la colère et le renoncement. Mais à 19 ans, sans diplôme ni réseau, elle choisit de transformer ses blessures en moteurs d'action. Là où aucun chemin ne semblait exister, elle a osé tracer le sien. Coach sportif et chorégraphe autodidacte, elle fonde l'association 5e art avec une audace qui force l'admiration. Elle crée également Hayadance et Helman. Deux méthodes qu'elle développe et brevette seule. Maman de deux garçons, elle élève Calice, son fils porteur de trisomie 21, aveugle et atteint de déficience rénale et auditive. Un quotidien hors du commun, qui aurait pu être une barrière mais qui au contraire est devenu une source d'amour et de résilience. Autrice, elle partage son histoire dans Calice, mon T21 miracle et tout passe. ne jamais renoncer. Des récits qui redonnent espoir à ceux qui pensent que leur passé définit leur avenir. Nutritionniste diplômée depuis 2023, elle ajoute une nouvelle corde à son arc, toujours animée par ce même désir, aider, transformer, transmettre et élever. Mais derrière cette force incroyable, il y a eu des doutes, des épreuves, des nuits d'angoisse et ces instants magiques où tout bascule. Comment a-t-elle transformé la souffrance en tremplin ? Quels sont les secrets de sa persévérance ? Et surtout, mais comment a-t-elle osé se lancer malgré tout ? Dans cet épisode, Ayet El Mansouri nous livre son histoire, sans filtre. Elle nous prouve qu'aucun destin n'est figé. que chaque cicatrice peut devenir une œuvre d'art et que ceux qui osent croire en eux transforment l'impossible en réalité. Alors, prêts à plonger dans un récit inspirant et bouleversant ? Allez, c'est parti ! Je retrouve Ayet El Mansouri dans son studio de danse, un espace vibrant d'énergie et de passion, avant d'œuvres près de Nancy. Nous sommes en février, l'hiver s'est installé, la pluie ruisselle sur les fenêtres, insufflant une petite touche de nostalgie, de magie à ce moment. Alors bonjour Ayette, merci de me recevoir aujourd'hui. Pour commencer, j'aime laisser de côté les étiquettes et aller tout de suite à l'essentiel, qui tu es vraiment, à travers ce qui t'anime et ce qui te porte au quotidien. Bonjour Sandra, je m'appelle Ayette, elle m'en sourit. dit avec un accent, elle m'en saurait. C'est vrai ? C'est pas mal, c'est pas mal. Alors, mon travail, c'est ma passion. Mais ce qui me fait vibrer, c'est mes enfants. Vraiment, quand je me pose cette question, le premier truc qui me vient, là, c'est mes garçons. Je suis contente de les retrouver. Je fais sport, je pense à eux. Je te parle, je pense à eux. Je dors, je mange mes enfants. Les deux garçons, Soleilman qui a 10 ans, Soleilman, l'homme du soleil. Et qu'Alice, qui est porteur de trisomie 21, qui a 8 ans, il aura 9 ans le 29 février. Donc un anniversaire tous les 4 ans. Et voilà, c'est ma passion.

  • Speaker #0

    D'accord, c'est beau.

  • Speaker #1

    Je suis une mère tokée.

  • Speaker #0

    non pas du tout. De quoi tu rêvais quand tu étais ado ?

  • Speaker #1

    Alors ça va être très dur, très douloureux. Mais j'ai envie de te parler ouvertement et peut-être que ça parlera aussi à d'autres. Alors dans nos échanges, tu m'as dit, j'aimerais que cet échange, cette discussion... Elles puissent porter espoir à ceux qui écouteront. Donc, je vais repartir de l'enfance. Je suis née à Manière. C'est un petit village, la petite maison de la prairie. Tu vois, c'est une petite maison. Il y a des vaches, il y a des moutons comme voisins. Et une école, une église. Voilà, vraiment la petite maison de la prairie. Je ne sais pas, tu connais en Belgique la petite maison de la prairie ?

  • Speaker #0

    Oui, ma maman aimait beaucoup.

  • Speaker #1

    Voilà, moi je suis fan de cette série. Parce qu'elle me rappelle mon enfance. Je suis d'origine marocaine. Enfin, mes parents sont du Maroc. Ma mère est arrivée à 17 ans, mon père est arrivé à 15 ans. Et ils ont travaillé. Ensuite, ils nous ont eus. Et je suis née à Manière. Et dans cette école, j'ai subi la pire des violences. qu'on puisse imaginer pour un enfant, de la maternelle jusqu'à la CM1. Donc tu vois, je suis typée, je suis bronzée. Et dans l'école, il n'y avait aucun enfant typé, j'étais la seule. Je suis la deuxième de cinq filles. Ma grande sœur est mate, je suis mate. La troisième est blanche et tout le reste, son nez blanc. Donc voilà, moi j'ai eu la chance d'avoir cette couleur de peau, que je considère comme une chance. Et ma mère est très blanche, mais j'ai le teint de mon papa, le directeur d'école. qui était aussi le maître, il a voulu effacer cette couleur, il a voulu effacer qui j'étais, qui je suis. Et chaque fois que j'allais à l'école, je subissais des violences par le directeur de l'école et le maître. J'en parle dans mon livre, et c'est ce pourquoi j'ai voulu écrire, parce que quand je suis devenue maman, tout est revenu. Parce que c'est des bébés qu'on a dans les bras, c'est des enfants. Et tout m'est revenu en... pleine figure et il fallait que j'écrive, il fallait que je raconte pourquoi j'ai autant d'empathie, j'ai autant d'amour pour les autres, alors que j'aurais pu devenir une vraie délinquante avec ce que j'ai vécu. Et ce directeur, il me lavait à la javel pour faire partir mon teint.

  • Speaker #0

    Il lavait le visage ou la javel ?

  • Speaker #1

    Il me lavait le visage et les mains, il me faisait tremper les mains dans la javel, en vomir. J'en vomissais et lorsque j'allais retrouver ma maman, qui venait me chercher à 11h30, à ce que je mangeais à la maison. Elle a vomi, mais ma mère ne parlait pas trop bien le français encore, parce qu'elle était toute jeune. Elle nous a eu à 17 ans la première, 18 ans. Donc voilà, elle était toute jeune et elle ne parlait pas bien le français. Elle venait d'arriver et forcément, c'était facile de la tromper, de la duper. Il lui disait tout va bien, elle a vomi, mais tout va bien. J'avais peur de le dire à mes parents. Je pensais que c'était une bêtise. J'ai une scène en tête où je vois encore cette image où il balance ma sœur par-dessus les escaliers. Elle est en béton, mais vraiment en béton. Et il l'a fait valser. et elle saigne. Et le médecin est juste à côté. Donc à la cour, elle arrive et elle sait ce qui s'est passé et elle ne dit rien. C'est un médecin, c'est un docteur. Et ça a duré comme ça pendant des années. J'ai tout subi. La noyade dans la piscine. On avait des sorties scolaires à la piscine et donc on avait une perche et je m'accrochais à cette perche pour apprendre à nager. Il m'enfonçait, il m'enfonçait dans l'eau et je me noie. Elle est arrivée en nageant à toute vitesse et elle a voulu me secourir et je le voyais, il m'observait. Et il avait une grande barbe, il tirait tout le temps sur sa barbe. Il avait un regard vicieux, un regard malsain. Et c'est une institutrice d'une autre école et je la vois retirer ses bijoux à toute vitesse et sauter dans l'eau pour aller me sauver. Et je n'ai pas parlé, je n'ai rien dit. Et j'avais envie de crier, c'est mon directeur, c'est mon maître d'école qui a voulu me noyer et je n'ai rien dit. Et je ne pouvais rien dire, je ne pouvais absolument rien dire parce que j'en subissais les conséquences dès que je commençais à parler.

  • Speaker #0

    Et c'était en quelle année ?

  • Speaker #1

    Ça a commencé en 83, j'étais en maternelle. Dans les années 84, 85, 86, 87. pendant toutes ces années-là.

  • Speaker #0

    Et donc, tu n'as pas pu trouver un soutien même auprès de tes frères et sœurs ?

  • Speaker #1

    Je suis la deuxième, donc cinq filles, deux garçons. Et si tu veux, je voulais parler à la maîtresse, mais c'était sa femme. Je voulais parler à l'autre maîtresse, mais elle ne pouvait rien dire parce que c'était le directeur. Je voulais parler au médecin, mais le médecin savait. Et tout le monde savait, tout le monde ne disait rien, sauf un jeune garçon de l'école qui a voulu parler, qui a voulu se mettre entre le professeur et le directeur d'école et moi. Et ma sœur, parce que ma sœur aussi a subi. Il l'a vite remis à sa place. Il a subi des coups lui aussi, mais pour lui demander de se taire. J'ai le souvenir qu'un jour, j'ai fait pipi à la culotte. J'avais 9 ans. J'ai fait quelque chose de grave. J'ai frapp�� sa fille, parce que sa fille avait le même âge que moi. Elle était dans ma classe. Et elle m'a insultée de négresse. Je ne savais pas ce que ça voulait dire en fait. Je ne savais pas ce que ça voulait dire, négresse. Mais je savais que ce n'était pas beau. Et je me suis retournée, je lui ai mis une gifle. On était en rond devant la porte d'entrée. On allait rentrer dans la classe. Et je me retourne, je lui mets une gifle. Et après, je lui donne un coup de... de pied. C'était tout de suite. Je lui donne un coup de pied parce que je me dis, négresse, la manière dont elle l'a dit, puis elle riait, elle rigolait.

  • Speaker #0

    Je suppose qu'elle avait le support des autres camarades.

  • Speaker #1

    De tout le monde. Que toi, tu n'avais pas. De tout le monde. C'était affreux. T'imagines que les enfants avaient l'ordre de chanter, de danser dans la récréation en se tenant la main. Qui veut jouer avec nous ? Je ne sais pas. Sauf Ayette et... Le prénom de ma grande sœur que je n'aimerais pas. Et... C'était très violent.

  • Speaker #0

    Comment tu as fait pour continuer tes études, pour aller jusqu'au bac ? Je présume que beaucoup auraient lâché l'affaire et auraient arrêté l'école.

  • Speaker #1

    Et ça s'est fait enfuit de tout ça. Oui, on est happé par la colère et la violence. Mais moi, je pense que mon cœur était déjà protégé. Protégé par les anges. Le jour où j'ai compris que je ne voulais pas de colère et de violence, c'est quand, justement, j'ai fait pipi à la culotte. Parce qu'il est rentré dans la classe, il colle toutes les tables entre elles. Et moi je suis là dans la classe et il n'y avait personne, il m'a fait rentrer et là je me dis ça y est je vais mourir, il va me tuer. Et il escala toutes les tables, je cours autour des tables, je cours, je cours, il escala toutes les tables pour m'attraper. Et lorsqu'il m'a attrapée par les cheveux, il m'a traînée par terre. Et là, je sombre. Mais je sombre et il me met au coin. Je suis dans le coin. Tout le monde rentre dans la classe et je fais pipi dans ma culotte. Et il y a une flaque en dessous de moi. J'ai froid. J'ai froid. J'ai tellement froid. Et je vois ma sœur. Je l'entends pleurer. Et il demande aux élèves, regardez comme elle est dégueulasse, comme elle est sale. Et je prie. Et c'est à ce moment-là, c'est à ce moment-là que je commence à prier. Je prie. Je prie Dieu. Je prie les anges. Je prie. et je prie Dieu de ne pas me laisser tomber. Et dans ma prière, je demande à Dieu de me rendre forte alors que je n'ai que 9 ans. Et je prie, je l'implore, je lui dis, mais rends-moi forte et sauve-moi de là, sors-moi de là et protège-moi parce que je ne veux pas mourir comme ça. Et au final, je finis par dire la vérité à mes parents et on déménage.

  • Speaker #0

    Il a trouvé cette force alors à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Oui, mon père travaillait à l'usine Saint-Hubert, le beurre Saint-Hubert qui est très connu. Donc on déménage dans le village d'à côté à Gerbévillé. C'est un village, encore une fois, on est les seuls arabes. Ça recommence. Je suis un peu plus grande, un peu plus forte, donc je ne réponds pas, mais je ris, j'essaie de dédramatiser, de me dire ok, ce n'est pas grave. Et je travaille, et je travaille, je m'acharne à bosser. Et mon père me dit travaille, montre-leur qui tu es par le travail, montre ta valeur par le travail. Et quand bien même on ne me parle pas, on me met de côté parce que je suis toute seule, je travaille, je m'acharne. Mais ce qui nous a fait défaut, c'est que ma mère était femme de ménage et on allait partout faire le ménage avec elle, par obligation, c'était comme ça. On rentrait, on devait s'occuper de nos frères et sœurs, de faire le ménage à la maison. On se levait tôt à 6h du matin pour que la maison soit propre. Elle gardait des enfants. Quand elle allait dans les usines, quand le samedi elle allait faire le ménage chez telle et telle dame, chez tel personnage, et on allait avec elle. Il fallait, c'était comme ça. Ma mère, c'est on fait les devoirs après. L'important, ce n'était pas les devoirs, c'est le travail. Mes camarades de classe le savaient, nous voyaient. Pendant qu'elles allaient faire des activités le mercredi après-midi, nous, on allait faire des ménages. Et souvent, le ménage chez les parents des enfants. Donc moi, j'allais récurer leur toilette. Donc forcément, quand je retournais à l'école, au collège, je subissais les foudres, les moqueries. Et puis j'ai tenu, j'ai tenu. Mais les profs étaient mauvais, étaient méchants, étaient sans pitié. Parce qu'ils auraient dû arrêter ça. Ils auraient dû dire stop à tout ça. Et au final, ils rentraient dans le jeu. J'ai une scène où je me vois, c'est le brevet. On devait remettre une enveloppe avec un timbre pour recevoir les résultats. Et lorsque je remets l'enveloppe à mon professeur principal, qui était professeur de maths, il rigole. Et il dit devant tout le monde... Non mais regardez Ayette, vous pensez qu'elle aura son brevet ? Les enfants rigolent. Ça a nourri la persévérance,

  • Speaker #0

    ça a nourri ton envie de montrer au monde que finalement Ayette, malgré tout, elle va réussir.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. Tu sais quand il m'a dit, mais pourquoi tu penses que tu auras ton brevet ? Je suis retournée à ma place et je rêvais. Tu sais qu'à l'époque-là, je rêvais. Je rêvais parce qu'il continuait. Vous savez ce qu'elle fait Hayette ? Elle récure les toilettes de ma mère. qu'est-ce qu'elle fera comme métier ? Tout le monde, femme de ménage, elle lavera mes chiottes. C'était violent et je ne parlais pas. Et je me mettais dans une bulle et j'ai appris à rêver. Je ne peux pas ne pas dire que les miracles existent et qu'il y a quelque chose au-dessus de nous. Et je pense que j'ai une chance énorme, c'est que mon cœur a été protégé. Quand je dis qu'il a été protégé, c'est que j'aurais pu devenir le monstre, le délinquant, nourri de vengeance et je n'avais pas ça. Parce que j'étais dans ma bulle et je rêvais. Et tu sais de quoi je rêvais ? C'est une de mes questions. Je n'écoutais pas de musique parce qu'à la maison, on n'avait pas le temps d'écouter la musique. Si, on mettait la radio, mais il n'y avait pas d'activité. Je ne dansais pas, on était des vrais soldats, rythmés. Et on n'avait pas le droit de se lâcher les cheveux. Et je me voyais, lorsque je me mettais dans ma bulle et que les attaques fusaient, je n'existais plus et je partais loin. Et je rêvais qu'il y avait un podium et que je dansais. Et que j'étais une star. Je voulais être aimée, tout simplement. Et que sur scène, j'avais les cheveux lâchés. et c'était les années 90 donc il y avait la danse et je dansais et bien figure-toi que quelques années plus tard ce rêve s'est réalisé j'ai grandi je suis devenue danseuse je suis devenue prof de danse chorégraphe et Gerbet Villet m'a appelée parce qu'il faisait une fête de la Mirabelle on m'a dit oui on voit ce que vous faites sur la presse est-ce que vous pouvez venir faire un spectacle j'y suis allée Et mon rêve s'est réalisé parce que j'étais sur ce podium avec ses filles derrière et les cheveux lâchés et je dansais.

  • Speaker #0

    C'est extraordinaire.

  • Speaker #1

    Et c'était incroyable.

  • Speaker #0

    C'est un rêve d'enfant.

  • Speaker #1

    Un rêve devenu réalité. Et à l'époque, je me souviens, ces gens qui m'ont fait du mal. Alors je ne leur parlais pas. Je ne voulais pas aller leur parler. J'étais là pour vous montrer qui je suis, qui je suis devenue. Tu m'as lavé la javel, j'ai toujours mon teint. Tu m'as humiliée, tu m'as fait du mal, tu as voulu me... détruire et pourtant je suis encore debout et je suis là sur scène et tu me regardes. Pour moi, j'avais tout gagné. Je ne me suis pas jetée dans l'alcool pour noyer ma dépression ou mon mal-être. Oui,

  • Speaker #0

    je suis...

  • Speaker #1

    Alors, il y a des douleurs, il y a des failles et c'est pour ça que j'ai écrit ce livre parce qu'il fallait que je raconte tout ce qui s'est passé, j'avais besoin de vider.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui t'a poussé à faire ce que tu fais aujourd'hui, la danse ? Le fitness, ça vient de quoi ? Ça vient d'où ?

  • Speaker #1

    Je pense que la danse, ça a été mon exutoire. De danser, je crie au monde qui j'étais et j'avais besoin de bouger. Quand tu danses, tu évacues le stress, tu lâches prise et c'était ça. Et je me dis, ok, j'ai mon bac. Maintenant, Ayette vit des rêves. C'était pour moi la clé.

  • Speaker #0

    C'était un objectif que tu avais atteint.

  • Speaker #1

    Tes parents ne peuvent plus rien dire. Tu as un diplôme. Ok, fais ce que tu as envie de faire. Et je réfléchis à quoi faire. Et un jour, pour te dire comment ça s'est passé, je me lève et je me dirige vers la mairie de mon village à Gerbevillé. Moi, la sauvage de service. Et je demande, je dis au maire, est-ce que je pourrais donner des cours de danse ? Et c'est là que tout commence. Parce qu'il me regarde et me dit, mais tu fais de la danse ? Vous, les enfants, El Mansouri sourient. Vous faites des activités. Parce que les enfants El Mansouri ne font pas d'activités. Les enfants allemands souris sont connus pour aller garder les enfants quand les gens sortent, pour aller faire les ménages, pour aller faire les usines, mais ils ne sont pas connus pour aller faire des activités. Et je lui dis, mais si, si, si, j'ai un diplôme. Ah bon ? Ah ben, tu me l'apporteras. Je dis, oui, je vous l'apporterai. Et je peux commencer ce soir ? Voilà, on est... L'audace. Oui, l'audace.

  • Speaker #0

    L'audace et le cœur.

  • Speaker #1

    Incroyable. Et là, je me dis, mais qu'est-ce que je viens de faire ? Qui je suis pour avoir fait ça ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Mais encore une fois, je suis sûre qu'on est porté. Tout est écrit. Ça a été ma soupape. J'avais l'impression de pouvoir sauver mes frères et sœurs aussi. Parce que mes sœurs ont dansé. Et je les sortais de la maison. Je leur donnais la possibilité de faire un loisir. Une activité que je n'avais pas faite. Et après, j'avais monté mon association. Je me dis, ok, je réfléchis. Et j'organisais des voyages. Moi, qui n'avais jamais rien vécu, je n'étais jamais sortie. J'organisais des voyages. Donc, j'étais mon propre professeur. J'apprenais en enseignant. J'apprenais en regardant des cassettes vidéo. J'étais élève et en même temps, j'avais des élèves. Ensuite, je me disais, il faut que j'organise des voyages pour sortir, apprendre, voir ce que les autres font. Et j'ai voyagé, la danse a été ma liberté. Mes parents ne pouvaient rien dire, j'avais mon bac. OK, il y avait toujours les corvées, le week-end, etc. C'était obligatoire, les usines, machin. Mais quand il y avait une sortie d'organiser, elles ne pouvaient pas dire non à mes sœurs. Parce que c'est Ayette qui organise, c'est la grande sœur. Et j'ai embarqué mes frères, mes sœurs. Et je les ai fait sortir, découvrir Paris, découvrir le Sud. On voyageait, on partait en train et on riait. Et là, j'ai commencé à vivre, à exister. Je voulais oublier mon passé, mais ça faisait partie de moi. Je commençais à exister en tant qu'Aïa, tellement sourie. Et je créais des liens, je me faisais des amis, je faisais des rencontres. Oui, j'ai découvert le monde. C'est la danse, ma soupape. Le sport est venu pratiquement en même temps parce que les femmes qui mettaient leurs enfants, on dit mais tu... Tu saurais faire des cours de sport ? Oui, je sais faire.

  • Speaker #0

    On pourrait croire, à travers tout ce que tu as vécu, qu'il pourrait y avoir un syndrome énorme de l'imposteur où tu penses, je suis qui ? Je ne suis pas capable. Beaucoup se limiteraient à ces peurs-là. À ton avis, c'est aussi une force de caractère, une force de vie ?

  • Speaker #1

    J'avais envie de savoir qui je suis. Et j'avais envie d'exister en tant que moi. Je me disais, ok.

  • Speaker #0

    C'était plus fort que le reste.

  • Speaker #1

    C'est, tu étais moche, tu n'étais pas belle, tu n'étais rien. Donc, il fallait que je me reconstruise. Je me disais, mais non, tu n'es pas tout ça. Personne ne me le disait parce qu'il n'y avait pas d'amour à la maison. Ma mère est la deuxième d'une fratrie de dix enfants. Et au bled, la maman n'a pas le temps. Si tu vas dans les champs, elle travaillait dès l'âge de 11 ans, s'occupait des moutons, des vaches et des compagnies. Et elle n'a pas su nous aimer. Elle ne nous a pas pris dans les bras, pas fait de câlins, pas de je t'aime. Moi, petite, j'avais les pieds en introversion à l'intérieur. Mes deux pieds rentraient. Donc, je disais bonjour. J'appelais ça comme ça, moi. Gentiment. Et j'avais un surnom, petite. Ausha. Je ne savais pas trop ce que ça voulait dire. Mais elle m'appelait comme ça. Et en grandissant, je traduis ce mot. Et ça veut dire handicapée. Et là, je me dis, on m'appelait handicapée. Et c'est marrant parce qu'aujourd'hui, j'ai un enfant handicapé que j'appelle mon trésor.

  • Speaker #0

    Comme quoi, tu as réussi à le transformer. Parce que tu n'as pas eu en quelque chose de merveilleux que tu l'arrives à donner à ton tour.

  • Speaker #1

    quand on vit des choses comme ça c'est soit on s'éteint, soit on devient égoïste en amour on ne sait pas donner, on ne sait pas et moi j'avais peur de ne pas savoir et au final je suis quelqu'un qui déborde d'amour j'ai envie d'aimer, d'aimer les gens d'aimer mon prochain, j'ai envie de dire à tout le monde vous êtes beaux, j'ai envie de les protéger, j'ai envie de protéger le monde entier parce qu'on ne va pas protéger moi et c'est pour ça que je suis comme ça et je suis contente d'être comme ça je pleure mais je suis contente d'être comme ça parce que je trouve que c'est une chance ça veut dire que mon coeur est resté pur

  • Speaker #0

    Je trouve ça merveilleux d'avoir réussi à construire autant d'amour. En fait, l'amour, tu l'as créé. On ne te l'a pas donné, tu l'as créé.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. Je me pose souvent la question,

  • Speaker #0

    comment c'est possible de créer de l'amour à partir de rien ? Tu vois ? Finalement, j'ai l'impression que ça vient d'ailleurs, en fait. C'est quelque chose de plus grand que nous.

  • Speaker #1

    C'est clair, oui.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas réellement de réponse à ça. Mais en tout cas, c'est la meilleure réponse qu'on peut donner à toute la haine.

  • Speaker #1

    C'est d'aimer.

  • Speaker #0

    Tu as pu recevoir et que beaucoup peuvent recevoir aussi. Oui. C'est d'aimer encore plus fort.

  • Speaker #1

    C'est sûr. Je pense que la meilleure réponse, ce n'est pas l'attaque, c'est l'amour. D'aimer et la réussite. Peu importe ce qui m'arrive dans la vie, je me redresse et je me lève. Parce que vous voulez m'atteindre. Et je suis encore debout, je suis là. Je renais à chaque fois. Je peux te raconter quelque chose ? En fait, j'ai toujours été au contact de gens qui voulaient me détruire. Petite, collège, aussi en arrivant au travail, parce qu'on pensait que j'avais tout eu facilement. Alors que les gens ne me connaissaient pas. J'ai continué et je n'ai pas rendu la claque. J'ai laissé. Et ensuite, j'ai rencontré mon mari, je me suis mariée. J'ai eu mon premier garçon. Tout se passait bien, voilà. J'ai eu le deuxième, porteur de trisomie 21. On me l'a annoncé, je le raconte dans mon premier roman, ça a été très lourd. Mais je le savais qu'il allait se passer quelque chose parce que je l'ai vu en rêve. J'ai vu ce bébé sur son nuage et je me suis dit, il y a quelque chose dans ce rêve. Je vois ce rêve encore aujourd'hui, je le vois, il est intact. Et quand ces rêves sont intacts, c'est que c'est significatif. Ce qui m'est arrivé, c'est incroyable. Mais tous ceux qui écoutent, on est tous et toutes capables de se relever. J'ai grandi avec de la souffrance et mon cœur s'est forgé dans la douceur, dans l'amour. Je ne savais pas que l'être humain pouvait être aussi odieux. Je l'ai connu, pourtant je l'ai vu, mais je me dis non. C'est comme si je faisais un béni du mal des gens. Et Dieu a voulu que ça m'atteigne, parce qu'il avait autre chose pour moi. Et j'ai profité du Covid pour faire des recherches pointues, et je suis allée voir un chercheur, un spécialiste, qui a accepté d'étudier mon cas, parce que c'était vraiment devenu un cas. Il a commencé à me soigner, et il a découvert que j'avais un poison dans le corps. Et ce poison était collé dans mes entrailles, dans mon estomac, et il paralysait mes organes. paralysé mon corps. Et ce poison, il a été ingéré. J'ai commencé à suivre un traitement de nettoyage. J'ai fait des recherches. J'ai vu qu'on pouvait améliorer son état sanguin, ses cellules, avec des plantes. Et ces plantes ont commencé à faire vomir. Je suis allée voir le médecin. Il a analysé le vomi. C'est là qu'il a trouvé qu'il y avait un poison. On m'a dit, mais est-ce qu'il y a des gens autour de vous qui vous veulent du mal ? C'est des gens, j'allais manger chez eux régulièrement. Je buvais le café, le thé. Quand on sait que la personne chez qui vous mangez, vous buvez, la personne qui vous prend dans les bras, qui vous dit ça va, Tout va bien, tu t'en sors bien. Et derrière, veut ta destruction, veut ta perte. Encore une fois, j'ai été portée, j'ai été guidée. J'ai fait mon nettoyage, j'ai breveté mes plantes à ce moment-là, pendant la période où j'étais malade. Ce poison m'a fait prendre 9 kilos. Et ce n'était pas moi, je ne me reconnaissais plus. J'ai breveté mes plantes, Ellman, qui aident énormément de personnes qui sont atteintes de problèmes digestifs, parce que j'ai pu comprendre. Et après, pendant le Covid, je travaillais sur des exercices de respiration et musculaire pour... perdre ce poids, mais sans forcer, j'avais plus d'énergie. Je le propose aujourd'hui aux femmes qui perdent du poids sans se faire mal, sans se priver. On a tous des missions et peut-être que ma mission à moi, c'était ce chemin-là.

  • Speaker #0

    C'est encore une épreuve que tu as subie, qui t'a amenée à aider les autres à contribuer à ta manière.

  • Speaker #1

    C'est ça. Parce qu'à chaque fois,

  • Speaker #0

    tu arrives à transformer ce que tu vis en quelque chose de fort et qui aide aussi. toi, les autres ?

  • Speaker #1

    Dans cette histoire, j'ai eu des signes. Premier signe, je trouve quelque chose, une photo. Deuxième signe, j'allume la télé. Paf ! Je vois un prénom répétitif. Troisième signe, je vois des choses en rêve. Et il y a eu un signe fort. Donc, on est un an après le Covid. On est en 2022. Je fais des portes ouvertes. Et cette femme vient. Voilà, il y a du monde. Elle fait son cours. Et à la fin, j'appelle les gens pour savoir comment ça se passe, etc. Et puis, c'était une période où ça fonctionnait bien. Je n'ai pas appelé. Et je reçois un appel en numéro inconnu. Je décroche et elle me dit, écoute Ayette, j'ai énormément apprécié tes cours. Ton cours était magnifique, il m'a fait un bien fou, mais je ne pourrais pas m'inscrire. Lorsque je suis rentrée dans la salle, tu étais face à moi. J'ai vu une ombre noire. Je ressens les choses parce que je suis comme ça, qu'elle me dit. Tu as quelqu'un qui te veut du mal.

  • Speaker #0

    C'est le médium alors.

  • Speaker #1

    Oui, je pense, c'est ça.

  • Speaker #0

    C'est le don de médiumnité.

  • Speaker #1

    Oui, et elle me dit, je ne cherche rien, je veux juste que tu saches. La personne qui te fait du mal. veut te détruire.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu t'es dit que tu n'étais pas quelqu'un de bien, quelqu'un de mauvais ? Pourquoi on veut me faire tout ce mal ?

  • Speaker #1

    Je me suis beaucoup posé la question en me disant « Mais pourquoi on me fait du mal ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter tout ce mal ? » Est-ce que tu as douté de toi ? Oui, j'ai douté. Je demandais à mon mari, je lui disais « Mais est-ce que je suis quelqu'un de bien ? » Et je me pose la question « Est-ce que je suis quelqu'un du bien ? » Et au final, j'ai eu mes réponses. Parce que je lis beaucoup tout ce qui est spirituel, je lis beaucoup de livres sur la force des anges et pourquoi la nature, la vie... Et quand Dieu te donne un enfant trisomique, il est fait d'amour. Il me caline, il m'embrasse, il m'encourage. Même quand je suis malade, il me dit « Maman, ça va » . Et je me dis, j'ai des enfants merveilleux, c'est que je suis quelqu'un de bien. Je suis quelqu'un de bien parce que j'ai deux enfants qui portent l'amour. C'est ce questionnement aussi de dire « Qu'est-ce que tu représentes ? » Peut-être ton cœur est bon, il est pur, que les gens ne l'ont pas, ils le jalousent et le veulent. Et là, je me suis dit « Ok, défends-le. Défends cette lumière qui brille à l'intérieur de toi. Défends ce que tu as dans le cœur. Ne te laisse pas. » Convaincre que tu es quelqu'un de pas bien, au contraire, s'ils ont essayé de t'atteindre, transforme ce mal en bien. Je ne me regarde pas tous les jours en disant « je suis belle » , pas du tout. Je suis façonnée avec le « tu es moche » , « tu es ici » , « tu es handicapée » et j'avance avec ce que je suis. C'est à l'intérieur.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression que ça attire beaucoup, la jalousie. En plus, une jalousie violente.

  • Speaker #1

    C'est vrai. Donc j'ai appris à me protéger. Je ne leur souhaite pas le mal, mais ils paieront de toute façon. Quoi qu'il arrive, on paie dans ce monde.

  • Speaker #0

    Pour toi, il y a vraiment cette notion de karma, entre guillemets.

  • Speaker #1

    Mon fils le dit, le karma. C'est ça, oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te souviens, quand tu as donné ton premier cours, ce que tu as ressenti, le chemin pour arriver jusqu'à la salle ? Est-ce que tu étais terrorisée, exaltée ? Qu'est-ce qui se passait dans ta tête ?

  • Speaker #1

    Je me souviens parfaitement de mon premier cours. C'était Janet Jackson, de choix musical. Et mes sœurs sortaient de l'école. J'étais dans la petite salle du foyer et j'attendais mes sœurs qui ont été mes premières élèves. Et ensuite, les autres sont arrivées et il y avait énormément de filles, presque tout le collège. Et là, je me suis dit, OK, je me retourne et il n'y a pas de miroir. Et je me souviens parfaitement de la scène parce que mes sœurs et moi, on a ce truc, on se regarde, on rigole. Et mes sœurs savaient que je n'avais jamais pris de cours de danse, que je n'avais jamais enseigné, que je n'avais pas de diplôme. À part faire à manger, faire la cuisine, faire des ménages. Je me souviens, la salle donnait sur une fenêtre et je me retourne. et je rigole. J'avais envie de rire parce que mes soeurs me faisaient rire parce que je faisais « Bon, alors, on y va les filles ? » Et je m'inspirais de vidéos, de machins, et je n'avais pas de notion de pédagogie, d'enseignement. On commence par quoi ? L'échauffement, c'est quoi ? On fait la tête, on est les bras, les poignets.

  • Speaker #0

    Tu n'avais jamais pris un cours de genre avant ?

  • Speaker #1

    Jamais. Et j'ai commencé, je fais « Bon, on y va les filles ? » Tout de suite, c'était vraiment le côté « J'élève mes frères et soeurs, je garde les enfants des autres, je les éduque un peu. » Eh bien, c'était pareil. C'était « Ok, c'est comme avec les frères et soeurs, ou l'organisation à la maison, tac, tac. » Tac, tac, il faut faire à manger.

  • Speaker #0

    Les enfants sont dans le rôle.

  • Speaker #1

    Voilà, je suis rentrée tout de suite. Et on y va. Alors, échauffement, on y va et on enchaîne. Donc, un échauffement classique. Et puis ensuite, on enchaîne à la chorégraphie avec du rire. En fait, à l'intérieur de mon ventre, j'exaltais. Je sentais qu'il fallait que j'explose et je vibrais. Je crois que c'est le plus beau jour de ma vie. Le plus beau jour après mes enfants. Et ce jour-là, il s'était passé quelque chose et je me suis dit, mon Dieu. T'as dit que t'étais capable. Et oui. Oui, qu'est-ce que c'est bon. Je pense que Haye tellement sourit, elle est née à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Il y a eu un avant et un après.

  • Speaker #1

    Voilà, c'était ça.

  • Speaker #0

    Et comment tu t'es fait connaître au tout début ? Comment ça s'est arrivé ?

  • Speaker #1

    Magique. J'ai commencé mon premier cours, on était en avril. Un vendredi, j'ai eu les clés. Donc c'était fin de semaine. Au mois de juin, j'ai dit au maire, il faut que je fasse un spectacle. Je carburais. Mercredi matin, mercredi après-midi, vendredi soir, je les avais tout le temps. Et puis ceux qui pouvaient le jeudi soir, c'était dans le village. Donc, tac, ils sortaient de l'école, je les prenais. J'ai fait mon premier spectacle et on est dans un village. Et là, tu vois 150 personnes dans le public. Les parents, tout le monde est venu. Avec une petite entrée, 20 francs, 10 francs, un truc comme ça. Le monde, la mer était content. Donc, ni une ni deux. Il me dit, bon, tu peux le refaire. On fait quelque chose en septembre. On fait des portes ouvertes. Et là, moi, je me lance. Je me dis, écoute, il me fait confiance. On y va. Tu as saisi l'opportunité. J'ai saisi l'opportunité. Et dans le même gymnase, je l'organise un spectacle sous forme de graines de stars. 800 personnes. 800. personnes dans le gymnase. Les gens de la ville d'à côté. Il y avait tous mes élèves, tous mes élèves, les petits, les moyens, je faisais des groupes, des grands et j'avais fait tout un spectacle. Tous les villages d'à côté étaient venus voir le spectacle d'Aïa tellement sourie dont la presse avait déjà plébiscité parce que dans un village où il n'y avait rien qui se passait.

  • Speaker #0

    Là, il y a un truc qui se passe alors tout le monde arrive.

  • Speaker #1

    C'était ça.

  • Speaker #0

    Et après, les gens commençaient à vouloir s'inscrire à tes cours.

  • Speaker #1

    Alors après, il fallait qu'on change de salle, il y avait plus de monde. Et les femmes qui voulaient faire du sport. Et puis, c'est là, tout enchaîné. Et alors, le sport, j'ai acheté des cassettes vidéo de Jen Fonda. Tu es Jen Fonda. Et je regardais toutes ces cassettes. Et j'apprenais les mots. Mais je les apprenais en anglais. Parce que c'était en anglais. Allez, hop. L'impact. Et puis, j'étais là. Donc,

  • Speaker #0

    tu as appris l'anglais en même temps.

  • Speaker #1

    Et j'apprenais. J'étais déjà très douée en anglais. Mais j'enseignais en anglais. Je me disais, mais mince, ça y est, il ne faut pas enseigner en anglais.

  • Speaker #0

    Mais non,

  • Speaker #1

    il y a tout ce que tu fais. J'adore.

  • Speaker #0

    Et financièrement, Ayad, comment tu as fait au début ? Parce que beaucoup hésitent à se lancer par peur de ne pas en vivre. Comment tu as tenu jusqu'à ce que ça devienne rentable ? Est-ce que tu aurais des conseils à partager sur ce qui t'a aidé ?

  • Speaker #1

    Oui, alors moi, j'ai vraiment eu beaucoup de chance dans mon parcours parce que je suis passée étudiante, donc j'avais mes bourses et je n'avais pas trop besoin de les utiliser parce que je vivais chez papa et maman. Donc mes bourses me permettaient de... financer un peu mon projet. Là, il ne faut pas le dire, je ne rembourserai rien. C'est terminé, c'est cadu. Mais après, au fil du temps, la qualité de mon travail a fait que j'ai été repérée par le conseil départemental. Donc à l'époque, ça s'appelait comme ça, le conseil général. Ils développaient des nouveaux emplois qui s'appelaient emplois jeunes. C'était les tout premiers. Et puis, ils sont venus me chercher en me disant, voilà, est-ce que vous ne voulez pas rentrer dans un emploi jeune ? Et moi, je leur ai dit, pour faire quoi ? Si c'est pour faire cassière ou machin. Non, non, les emplois jeunes, c'est pour des jeunes qui ont envie de réaliser leur projet d'avenir. Donc, se lancer et se réaliser.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça existe encore aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, mais oui, justement, ça ne s'appelle plus comme ça, mais ça s'appelle des contrats aidés. Par exemple, moi, dans le cadre de l'association, je propose aux jeunes de rentrer, de se réaliser. Et je prends... Des jeunes sans diplôme. Ce que je leur demande, c'est la passion, la motivation. Mais s'ils ne sont pas diplômés, ce n'est pas grave. Parce que j'en ai eu des filles diplômées, j'en ai eu plein. Et très scolaires. Et elles font un ou deux cours. Arrêt maladie, j'ai mal au dos, je n'arrive pas à exercer ou je suis fatiguée.

  • Speaker #0

    Il faut de la passion alors pour persévérer.

  • Speaker #1

    Énormément de passion et puis d'abnégation. Tu as mal au dos, tu es fatiguée, tu as des courbatures. Oui, tu en auras. Mais c'est ton métier, c'est ton job. Il faut que tu le fasses si tu n'aimes pas. pas avoir des courbatures, si tu n'aimes pas parler aux gens, si tu n'aimes pas sourire aux gens, bonjour tout le monde, on y va. Il faut changer de métier parce que ces problèmes, on les oublie. Et souvent, moi, j'ai rencontré des jeunes femmes diplômées et n'allaient pas au bout. Et du coup, le travail, il n'était pas qualitatif. Alors que quand tu as des filles qui sont passionnées, qui ont envie, mais qui n'ont pas le diplôme, elles feront tout pour se réaliser et aller. Et peu importe les problèmes, elles vont aller au bout. Un peu comme ce que j'ai vécu moi.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça que j'ai envie d'aider toutes ces personnes qui ont un parcours, peut-être atypique, mais qui n'ont pas forcément les diplômes, à réussir, à oser y aller. Parce que c'est ces personnes-là qui vont faire ce que tu fais aujourd'hui, donner la chance à tous ceux qui n'ont pas forcément eu la chance de passer des diplômes, aller à l'école, etc. De réussir.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Il ne faut pas avoir peur. Il faut se lancer et trouver une alternative. un job qui correspond. Ou alors à mi-temps, comme moi, lorsque j'ai décidé de passer à nutritionner, je me suis dit, OK, j'ai un enfant. Alors déjà, j'ai eu la chance d'avoir Calice, qui m'a forcé, qui m'a imposé d'être à mi-temps parce qu'il fallait que je m'occupe de lui. Et ce mi-temps, quand j'allais dans les rendez-vous, j'étais à l'hôpital et que je passais deux ans à l'hôpital, nuit et jour, il fallait que j'occupe mon temps et la nutrition, ça... Je me suis dit, formes-toi, fais quelque chose. Et je me suis formée, j'apprenais, je potassais. Et j'étais à mi-temps. Alors oui, on perd en salaire. mais je savais que j'allais gagner ensuite. Et puis quand on perd en salaire, en général, on a toujours les aides. On est quand même en France, je ne sais pas en Belgique comment ça se passe, mais nous en France, on a des aides, la CAF augmente. Et puis dès qu'on met en place d'autres revenus, forcément on a moins de CAF. Et c'est normal, c'est tout à fait normal. Après, moi, je n'étais pas dans l'inquiétude. C'était je veux vivre de ce que j'aime faire. Je veux me lever le matin et être... être passionnée, je veux me lever le matin et avoir envie, je veux me lever le matin et avoir l'énergie de faire ce que j'aime faire. Mais si je commence à sentir que je traîne des pattes, j'ai plus envie, là il fait froid, il pleut, ben non, je trouve une excuse, j'arrête. Mais là, j'ai toujours cette patate et j'ai toujours ce boost et j'ai toujours cette envie, c'est que mon métier me porte, en fait, mon métier me guérit, mon métier m'impose un rythme de santé, de m'oublier. Écoute. t'es pas bien, t'as pas le choix, tu y vas. Et on y va, et 5, 6, 7, 8, c'est parti. Et c'est ça tout le temps. Donc que ce soit cardio, des fois t'as pas forcément... Tu te lèves, t'as pas envie de danser. Moi, il faut que je danse. J'ai pas envie de faire un cours cardio, eh bien, il faut que je le fasse. Du pilates, il faut que je le fasse. Du stretching, la relaxation. Non, mais là, j'ai juste envie d'aller m'allonger, faire une sieste. Eh bien, non, je fais du stretching. Et tout ça me fait du bien. Je me rends compte que ça me porte, ça me nourrit, ça me... j'explose à l'intérieur de vibrations positives.

  • Speaker #0

    Parce que finalement, c'est justement ça. C'est cette énergie que tu ressens quand tu sais que tu es là où tu dois être.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Il y aura toujours des galères, il y aura toujours des choses qu'on n'a pas envie de faire, il y aura toujours des moments où tu te dis on ne peut plus. Mais il y a cette force intérieure qui te porte finalement. Avec ton fils Calice, qui est un fils extraordinaire parce qu'il est porteur de trisomie 21, aveugle, avec des déficiences rénales, etc. Donc, je présume que ça demande beaucoup d'organisation, beaucoup de temps, tous tes projets, tes livres, etc. Et ta vie perso, comment tu fais pour garder l'équilibre, pour gérer tout ça, toutes ces casquettes en même temps ?

  • Speaker #1

    Alors, je pense que tu vois, je t'ai raconté l'histoire de famille. Ma mère qui nous a éduqués de manière millimétrée, comme un soldat. Tu vois, on se lève, on fait son lit au carré. Eh bien, c'est resté. J'ai été façonnée comme ça et c'est resté. Et tant mieux, parce que je n'aurais pas pu faire tout ça. Et ma mère, dans le livre, je la remercie. Il y en a qui vont dire, mais elle est tarée, celle-là. Non, je la remercie parce que si je n'avais pas eu ce genre de maman qui te dit, tu as de la fièvre, lève-toi. Allez, va faire ce que tu as à faire. T'es assise, tu regardes la télé, il n'y a pas de télé. On se lève, on y va en fait, constamment. J'aurais peut-être eu une maman caline, aimante. J'aurais peut-être pleuré, baissé les bras. Mon fils, il est comme ci, mon fils, il est comme ça. Et je me laisse aller. Et puis, maman, empoisonnée. Je veux mourir. Et moi, non. Donc en fait, j'ai appris à m'organiser. Et quand je me lance dans un projet, je détermine ma liste, mon fil conducteur. C'est quoi ? Et puis tu commences par quoi et tu vas au bout. Donc tu te prives. Bien sûr que je suis privée, mais comme je te le disais tout à l'heure, j'en suis pas malheureuse. Mais par contre, ce qui va manquer, c'est de me retrouver avec mes enfants, les bras, la convivialité avec mes enfants, de faire des gâteaux, de faire à manger parce que j'adore cuisiner. Là encore ce week-end, j'ai fait un... Des tacos faits maison, je fais du pain. Mon pain, je le fais à la maison et je le congèle. Je nage rarement de baguettes. J'aime cuisiner avec mes enfants. Ça me manque de me retrouver à la maison en coucouning. Ça, j'ai besoin de ça. Et je le prends, le temps de ça.

  • Speaker #0

    Tu parlais de ta maman qui était avec une organisation militaire. À partir du moment où tu étais malade, il fallait quand même se lever, etc. Et aujourd'hui, avec tes enfants, est-ce que tu as ce côté-là ou est-ce que c'est ton... cœur qui parle en premier du coup.

  • Speaker #1

    Alors, je ne vais pas te mentir, j'essaye de ne pas reproduire le schéma familial. Je m'efforce. Mais les gens qui me côtoient me rassurent. Ma collègue, par exemple, au travail, elle me voit tous les jours avec mes enfants. Donc je sais que je ne suis pas comme ma maman. Donc déjà là, je me rassure, je me dis « Ok, tu ne reproduis pas » . Par contre, là où je reproduis, c'est qu'il y a une discipline à la maison. On se lève, j'apprends à mes enfants à être propres. Tu fais ta douche. Le petit, je m'en occupe. On fait son lit. Il y a une organisation d'hygiène, de rangement méthodique à la maison. Et quand on arrive au travail, j'essaye de leur faire faire une petite activité. Va dans la salle de danse. Là, il n'y a personne. Occupe-toi. Va jouer au ballon. Je les prends avec moi au travail. Mais pas parce que j'ai envie que mes enfants m'aident, mais parce que je les aime tellement que je veux qu'ils soient avec moi. C'est tout le contraire. Donc, il y a une reproduction dans l'organisation.

  • Speaker #0

    Tu peux aussi accepter le positif de ton éducation et ne pas reproduire le négatif en fait.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Alors si tu avais un message à transmettre à celles et à ceux qui rêvent de se lancer, mais qui n'osent pas forcément parce qu'ils ne se pensent pas capables ou peut-être que ça leur fait peur, ce serait quoi ?

  • Speaker #1

    Je vais te dire ce que je dis tous les jours à mon fils. Parce que mon fils, il a appris du poids, mais il rêve d'être footballeur. C'est un rêve. Elle me dit « Maman, à l'école, on me dit que j'ai les pieds qui rentrent dedans, un peu comme moi. Mais moi, je les ai travaillés. » Alors, je lui réponds Ausha, crois en tes rêves. Si ta destinée sera d'être footballeur, tu deviendras footballeur. Mais à une seule condition, de mettre les moyens en œuvre et en place. Si tu ne fais rien et tu attends que ça arrive, tu pourras attendre toujours. C'est comme quelqu'un qui dit « Je suis célibataire, mais je reste à la maison. » Je l'ai vécu, ça. « Je suis célibataire, personne ne veut de moi. » Oui, mais tu ne sors pas. C'est normal. Comment veux-tu que la personne... Ah bah tiens, je sais qu'il y a une célibataire là. Non, il faut sortir, il faut y aller. Donc c'est comme dans la vie de tous les jours.

  • Speaker #0

    J'ai dosé alors.

  • Speaker #1

    Il faut y aller, il faut forcer. Ah, j'ai envie de faire ça, j'ai envie de mettre ça en place. Bah oui, mais si je l'imagine et que je le pense et que j'attends. Bah tu peux attendre longtemps. Allez-y, foncez, tu crois en tes rêves. Financièrement, tu t'en sortiras toujours parce que tu trouveras toujours le moyen. Tu n'abandonneras jamais ton corps. On ne s'abandonne pas ni son esprit. On trouvera toujours le moyen de travailler. on va, on y va, on travaille, on va au bout de ses rêves. Moi encore aujourd'hui, j'ai des rêves. Donc, ce que je dis là, je me le dis aussi à moi-même. Mais qu'est-ce que t'attends pour les réaliser tes rêves ? J'y vais, j'avance.

  • Speaker #0

    C'est hyper inspirant parce que finalement, c'est aussi de se dire que même si on a peur, même si on n'est pas parfait, il faut y aller. C'est ce que t'as fait au début en fait.

  • Speaker #1

    Tu as tout dit. Et puis, on a tous des peurs. tous des craintes, on a tous une vision de soi. Elle peut être positive ou négative. Moi, je n'ai pas une vision de moi. On me regarde, on me dit, elle a super confiance en elle, pour faire tout ça. Elle sait qui elle est. Mais non !

  • Speaker #0

    C'est ce que je me suis dit quand j'ai commencé à connaître Ayette à travers les articles de presse, etc.

  • Speaker #1

    Non, mais je n'ai absolument pas confiance en moi. Je suis toujours en train de me remettre en question. Mon cœur, il est... Il est construit avec de la difficulté. Mais c'est moi qui le soigne et je le pousse, mon petit cœur. C'est vrai, tous les jours, je dis, mais non, tu vas y arriver, tu es quelqu'un de bien. Donc, cette confiance, je ne l'ai pas. Je suis quelqu'un de sauvage et de timide. Ça fait partie de moi, mais je ne le montre pas. Personne n'a besoin de savoir que j'ai peur de telle et telle chose. Alors, la seule chose que je vais dire, c'est que j'ai peur des araignées.

  • Speaker #0

    Et encore même,

  • Speaker #1

    des fois, je me dis, attention, ne dis pas que tu as peur des araignées, parce que si tu tombes sur quelqu'un qui déteste, elle va t'en mettre une au bureau. C'est vrai. Donc du coup, voilà, mais personne ne connaît ton moi intérieur. Mais je leur montre, à celles qui me posent des questions, si je dois démarcher, si je dois prospecter, je montre que j'ai confiance. Je montre seulement. Mais je n'ai pas confiance en moi. C'est super précieux ce que tu dis.

  • Speaker #0

    Ne pas montrer ses failles et d'arriver à mettre un masque qui représente la confiance. Et en représentant cette confiance, en faisant comme si, finalement,

  • Speaker #1

    les choses arrivent. C'est tout à fait ça exactement. On fait comme si et ça arrive. Ok, ah ouais, elle n'a pas peur. On va lui confier. Puis au final, tu te trompes, tu as la boule au ventre, tu t'achaudes, tu transpires. Et tu dis, oh mon Dieu. Et c'est fait.

  • Speaker #0

    Pour finir, j'ai un petit rituel pour mes invités. Je vais te donner une fiole remplie de poudre dorée d'alchimiste qui représente la magie de la transformation. C'est elle qui permet de sublimer les épreuves en quelque chose de précieux. Aujourd'hui, elle est entre tes mains. Elle a le pouvoir d'exaucer trois de tes souhaits sans aucune limite. Alors, si tout était possible, quels seraient tes trois voeux ?

  • Speaker #1

    Mon premier vœu est la santé. retrouver mon corps, retrouver ma santé, parce que ma santé, c'est ma vie. Être en bonne santé, c'est partager plus de bonheur avec mes enfants. Premier vœu. Le deuxième, le bonheur. Le bonheur à l'état pur. Quand je dis le bonheur, c'est ne pas avoir peur de l'individu à côté de toi. Parce qu'aujourd'hui, j'ai peur des gens qui m'entourent. Je ne le montre pas, mais je n'ai aucune confiance aux gens. Et j'ai envie de trouver ce bonheur, cette quiétude, cette sérénité, l'apaisement. En fait, j'ai envie de vivre dans un monde qui n'existe pas, mais je sais que c'est possible. Et j'ai envie d'être heureuse avec mes enfants, de me dire de me lever tous les matins et de savourer le bonheur, de savourer la santé, savourer cette quiétude et que tout va bien. Et qu'on ne se soucie pas de « est-ce que ça va aller aujourd'hui ou pas ? » Ça, c'est mon deuxième vœu. Et tu m'as dit un troisième, et je le dis tous les jours dans mes prières. C'est que Dieu m'accorde une vie longue avec mon fils, parce que mon fils, je le sais, le plus grand. Il se débrouillera, il deviendra quelqu'un de grand. Calice, il aura besoin de sa maman. Et j'ai envie de rester en vie le plus longtemps possible, d'avoir une forme, une santé portée par le sport, pour rester en vie le plus longtemps possible. Mes enfants sont mes meilleurs amis. Mais Calice, il fait partie de moi. Et je lui souhaite de se marier, les trisomiques se marient. Mais il aura toujours maman.

  • Speaker #0

    mais mon rêve c'est d'être heureuse avec mes enfants de trouver ce bonheur oui le mot heureuse en tout cas je te le souhaite Ayette et je suis sincèrement émue de ton témoignage et je te souhaite que tes trois voeux se réalisent merci, merci beaucoup Sandra merci d'avoir écouté cet épisode prends quelques secondes ferme les yeux et respire ce que tu viens d'entendre C'est pas juste un témoignage, c'est une preuve que l'impossible peut être sublimé et que l'humain est capable de renaître encore et encore. Alors si cet épisode t'a apporté quelque chose, partage-le avec quelqu'un qui en a besoin. Et pense à t'abonner pour ne pas manquer les prochains récits d'Alchimiste. Et toi, quelle part de ton histoire peux-tu transformer aujourd'hui ? Si tu veux prolonger la discussion, viens me retrouver sur Instagram, sur Histoire d'Alchimiste. Je serai ravie d'échanger avec toi.

  • Speaker #1

    Et surtout,

  • Speaker #0

    souviens-toi, c'est dans tes failles que brille ton éclat le plus précieux. Alors, on se retrouve dans 15 jours pour une nouvelle Histoire d'Alchimiste.

Description

À 19 ans, Hayette n’avait ni diplôme, ni réseau, ni soutien.
Mais elle avait une force intérieure indomptable, un feu que rien ne pouvait éteindre.
Là où tout semblait figé d’avance, elle a refusé de se laisser enfermer par les limites qu’on lui imposait.


🔥 Devenue coach sportive et chorégraphe autodidacte, elle fonde l’association Cinquième Art, un espace d’expression, d’inclusion et de reconstruction par le mouvement.

💪 Maman d’un enfant porteur de trisomie 21, aveugle et atteint de multiples déficiences, elle transforme chaque épreuve en source d’amour, de résilience et de courage.

📖 En écrivant Kallys, mon T21 miracle, elle transforme ses blessures en messages d’espoir — pour tous ceux qui doutent de leur valeur ou de leur capacité à créer du sens à partir du chaos.

🎓 Partie de rien, elle construit pas à pas une trajectoire forte, libre et inspirante, où l’audace remplace les diplômes.


🎙 Dans cet épisode, Hayette nous livre un témoignage bouleversant, vrai et vibrant :

  1. Comment transformer la souffrance en tremplin

  2. Ce qu’elle a découvert au cœur de l’épreuve

  3. Les clés de sa persévérance et de son alignement

  4. Ce que signifie vraiment "être à la hauteur" quand tout semble vous en priver


💡 Un échange qui rappelle que nos cicatrices peuvent devenir des œuvres d’art, et que chaque pas vers soi est déjà une victoire.


Parce que ce que tu vis n’est pas une fin. C’est peut-être le début d’une transformation plus grande.


📲 Pour retrouver Hayette El Mansouri :
🔗 Instagram : @5m_art
📕 Son livre : Kallys, mon T21 miracle

📸 Pour suivre le podcast : @histoires_d_alchimistes


🙏 Si cet épisode t’a remué, inspiré ou touché :
✨ Fais passer l’étincelle.
💬 Partage-le avec quelqu’un qui a besoin de l’entendre.
⭐ Et si tu veux soutenir ce podcast, laisse une note ou un avis sur ta plateforme d’écoute.

Parce que certaines histoires méritent d’être entendues…
Et pourraient bien changer une vie. ✨


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    bienvenue sur histoire d'alchimistes le podcast qui explore comment transformer nos épreuves entre en tremplin et révèle des parcours de vie où l'impossible s'est teinté d'espoir où chaque épreuve a laissé une empreinte et riche de sens je suis sandra et toutes les deux semaines je pars à la rencontre d'âmes audacieuses qui ont su transformer leurs blessures en force et leur histoire en élan de vie. Parce que peu importe d'où tu viens, peu importe ce que tu as traversé,

  • Speaker #1

    toi aussi, tu peux réveiller l'alchimiste qui est en toi et faire de ton parcours un moteur de sens, de contribution et de changement. Alors, prépare-toi à ressentir, à questionner et à laisser ces histoires souffler sur les braises de ta propre transformation. Après une enfance marquée par la violence et l'injustice, Hayette, El Mansouri, aurait pu sombrer dans la colère et le renoncement. Mais à 19 ans, sans diplôme ni réseau, elle choisit de transformer ses blessures en moteurs d'action. Là où aucun chemin ne semblait exister, elle a osé tracer le sien. Coach sportif et chorégraphe autodidacte, elle fonde l'association 5e art avec une audace qui force l'admiration. Elle crée également Hayadance et Helman. Deux méthodes qu'elle développe et brevette seule. Maman de deux garçons, elle élève Calice, son fils porteur de trisomie 21, aveugle et atteint de déficience rénale et auditive. Un quotidien hors du commun, qui aurait pu être une barrière mais qui au contraire est devenu une source d'amour et de résilience. Autrice, elle partage son histoire dans Calice, mon T21 miracle et tout passe. ne jamais renoncer. Des récits qui redonnent espoir à ceux qui pensent que leur passé définit leur avenir. Nutritionniste diplômée depuis 2023, elle ajoute une nouvelle corde à son arc, toujours animée par ce même désir, aider, transformer, transmettre et élever. Mais derrière cette force incroyable, il y a eu des doutes, des épreuves, des nuits d'angoisse et ces instants magiques où tout bascule. Comment a-t-elle transformé la souffrance en tremplin ? Quels sont les secrets de sa persévérance ? Et surtout, mais comment a-t-elle osé se lancer malgré tout ? Dans cet épisode, Ayet El Mansouri nous livre son histoire, sans filtre. Elle nous prouve qu'aucun destin n'est figé. que chaque cicatrice peut devenir une œuvre d'art et que ceux qui osent croire en eux transforment l'impossible en réalité. Alors, prêts à plonger dans un récit inspirant et bouleversant ? Allez, c'est parti ! Je retrouve Ayet El Mansouri dans son studio de danse, un espace vibrant d'énergie et de passion, avant d'œuvres près de Nancy. Nous sommes en février, l'hiver s'est installé, la pluie ruisselle sur les fenêtres, insufflant une petite touche de nostalgie, de magie à ce moment. Alors bonjour Ayette, merci de me recevoir aujourd'hui. Pour commencer, j'aime laisser de côté les étiquettes et aller tout de suite à l'essentiel, qui tu es vraiment, à travers ce qui t'anime et ce qui te porte au quotidien. Bonjour Sandra, je m'appelle Ayette, elle m'en sourit. dit avec un accent, elle m'en saurait. C'est vrai ? C'est pas mal, c'est pas mal. Alors, mon travail, c'est ma passion. Mais ce qui me fait vibrer, c'est mes enfants. Vraiment, quand je me pose cette question, le premier truc qui me vient, là, c'est mes garçons. Je suis contente de les retrouver. Je fais sport, je pense à eux. Je te parle, je pense à eux. Je dors, je mange mes enfants. Les deux garçons, Soleilman qui a 10 ans, Soleilman, l'homme du soleil. Et qu'Alice, qui est porteur de trisomie 21, qui a 8 ans, il aura 9 ans le 29 février. Donc un anniversaire tous les 4 ans. Et voilà, c'est ma passion.

  • Speaker #0

    D'accord, c'est beau.

  • Speaker #1

    Je suis une mère tokée.

  • Speaker #0

    non pas du tout. De quoi tu rêvais quand tu étais ado ?

  • Speaker #1

    Alors ça va être très dur, très douloureux. Mais j'ai envie de te parler ouvertement et peut-être que ça parlera aussi à d'autres. Alors dans nos échanges, tu m'as dit, j'aimerais que cet échange, cette discussion... Elles puissent porter espoir à ceux qui écouteront. Donc, je vais repartir de l'enfance. Je suis née à Manière. C'est un petit village, la petite maison de la prairie. Tu vois, c'est une petite maison. Il y a des vaches, il y a des moutons comme voisins. Et une école, une église. Voilà, vraiment la petite maison de la prairie. Je ne sais pas, tu connais en Belgique la petite maison de la prairie ?

  • Speaker #0

    Oui, ma maman aimait beaucoup.

  • Speaker #1

    Voilà, moi je suis fan de cette série. Parce qu'elle me rappelle mon enfance. Je suis d'origine marocaine. Enfin, mes parents sont du Maroc. Ma mère est arrivée à 17 ans, mon père est arrivé à 15 ans. Et ils ont travaillé. Ensuite, ils nous ont eus. Et je suis née à Manière. Et dans cette école, j'ai subi la pire des violences. qu'on puisse imaginer pour un enfant, de la maternelle jusqu'à la CM1. Donc tu vois, je suis typée, je suis bronzée. Et dans l'école, il n'y avait aucun enfant typé, j'étais la seule. Je suis la deuxième de cinq filles. Ma grande sœur est mate, je suis mate. La troisième est blanche et tout le reste, son nez blanc. Donc voilà, moi j'ai eu la chance d'avoir cette couleur de peau, que je considère comme une chance. Et ma mère est très blanche, mais j'ai le teint de mon papa, le directeur d'école. qui était aussi le maître, il a voulu effacer cette couleur, il a voulu effacer qui j'étais, qui je suis. Et chaque fois que j'allais à l'école, je subissais des violences par le directeur de l'école et le maître. J'en parle dans mon livre, et c'est ce pourquoi j'ai voulu écrire, parce que quand je suis devenue maman, tout est revenu. Parce que c'est des bébés qu'on a dans les bras, c'est des enfants. Et tout m'est revenu en... pleine figure et il fallait que j'écrive, il fallait que je raconte pourquoi j'ai autant d'empathie, j'ai autant d'amour pour les autres, alors que j'aurais pu devenir une vraie délinquante avec ce que j'ai vécu. Et ce directeur, il me lavait à la javel pour faire partir mon teint.

  • Speaker #0

    Il lavait le visage ou la javel ?

  • Speaker #1

    Il me lavait le visage et les mains, il me faisait tremper les mains dans la javel, en vomir. J'en vomissais et lorsque j'allais retrouver ma maman, qui venait me chercher à 11h30, à ce que je mangeais à la maison. Elle a vomi, mais ma mère ne parlait pas trop bien le français encore, parce qu'elle était toute jeune. Elle nous a eu à 17 ans la première, 18 ans. Donc voilà, elle était toute jeune et elle ne parlait pas bien le français. Elle venait d'arriver et forcément, c'était facile de la tromper, de la duper. Il lui disait tout va bien, elle a vomi, mais tout va bien. J'avais peur de le dire à mes parents. Je pensais que c'était une bêtise. J'ai une scène en tête où je vois encore cette image où il balance ma sœur par-dessus les escaliers. Elle est en béton, mais vraiment en béton. Et il l'a fait valser. et elle saigne. Et le médecin est juste à côté. Donc à la cour, elle arrive et elle sait ce qui s'est passé et elle ne dit rien. C'est un médecin, c'est un docteur. Et ça a duré comme ça pendant des années. J'ai tout subi. La noyade dans la piscine. On avait des sorties scolaires à la piscine et donc on avait une perche et je m'accrochais à cette perche pour apprendre à nager. Il m'enfonçait, il m'enfonçait dans l'eau et je me noie. Elle est arrivée en nageant à toute vitesse et elle a voulu me secourir et je le voyais, il m'observait. Et il avait une grande barbe, il tirait tout le temps sur sa barbe. Il avait un regard vicieux, un regard malsain. Et c'est une institutrice d'une autre école et je la vois retirer ses bijoux à toute vitesse et sauter dans l'eau pour aller me sauver. Et je n'ai pas parlé, je n'ai rien dit. Et j'avais envie de crier, c'est mon directeur, c'est mon maître d'école qui a voulu me noyer et je n'ai rien dit. Et je ne pouvais rien dire, je ne pouvais absolument rien dire parce que j'en subissais les conséquences dès que je commençais à parler.

  • Speaker #0

    Et c'était en quelle année ?

  • Speaker #1

    Ça a commencé en 83, j'étais en maternelle. Dans les années 84, 85, 86, 87. pendant toutes ces années-là.

  • Speaker #0

    Et donc, tu n'as pas pu trouver un soutien même auprès de tes frères et sœurs ?

  • Speaker #1

    Je suis la deuxième, donc cinq filles, deux garçons. Et si tu veux, je voulais parler à la maîtresse, mais c'était sa femme. Je voulais parler à l'autre maîtresse, mais elle ne pouvait rien dire parce que c'était le directeur. Je voulais parler au médecin, mais le médecin savait. Et tout le monde savait, tout le monde ne disait rien, sauf un jeune garçon de l'école qui a voulu parler, qui a voulu se mettre entre le professeur et le directeur d'école et moi. Et ma sœur, parce que ma sœur aussi a subi. Il l'a vite remis à sa place. Il a subi des coups lui aussi, mais pour lui demander de se taire. J'ai le souvenir qu'un jour, j'ai fait pipi à la culotte. J'avais 9 ans. J'ai fait quelque chose de grave. J'ai frapp�� sa fille, parce que sa fille avait le même âge que moi. Elle était dans ma classe. Et elle m'a insultée de négresse. Je ne savais pas ce que ça voulait dire en fait. Je ne savais pas ce que ça voulait dire, négresse. Mais je savais que ce n'était pas beau. Et je me suis retournée, je lui ai mis une gifle. On était en rond devant la porte d'entrée. On allait rentrer dans la classe. Et je me retourne, je lui mets une gifle. Et après, je lui donne un coup de... de pied. C'était tout de suite. Je lui donne un coup de pied parce que je me dis, négresse, la manière dont elle l'a dit, puis elle riait, elle rigolait.

  • Speaker #0

    Je suppose qu'elle avait le support des autres camarades.

  • Speaker #1

    De tout le monde. Que toi, tu n'avais pas. De tout le monde. C'était affreux. T'imagines que les enfants avaient l'ordre de chanter, de danser dans la récréation en se tenant la main. Qui veut jouer avec nous ? Je ne sais pas. Sauf Ayette et... Le prénom de ma grande sœur que je n'aimerais pas. Et... C'était très violent.

  • Speaker #0

    Comment tu as fait pour continuer tes études, pour aller jusqu'au bac ? Je présume que beaucoup auraient lâché l'affaire et auraient arrêté l'école.

  • Speaker #1

    Et ça s'est fait enfuit de tout ça. Oui, on est happé par la colère et la violence. Mais moi, je pense que mon cœur était déjà protégé. Protégé par les anges. Le jour où j'ai compris que je ne voulais pas de colère et de violence, c'est quand, justement, j'ai fait pipi à la culotte. Parce qu'il est rentré dans la classe, il colle toutes les tables entre elles. Et moi je suis là dans la classe et il n'y avait personne, il m'a fait rentrer et là je me dis ça y est je vais mourir, il va me tuer. Et il escala toutes les tables, je cours autour des tables, je cours, je cours, il escala toutes les tables pour m'attraper. Et lorsqu'il m'a attrapée par les cheveux, il m'a traînée par terre. Et là, je sombre. Mais je sombre et il me met au coin. Je suis dans le coin. Tout le monde rentre dans la classe et je fais pipi dans ma culotte. Et il y a une flaque en dessous de moi. J'ai froid. J'ai froid. J'ai tellement froid. Et je vois ma sœur. Je l'entends pleurer. Et il demande aux élèves, regardez comme elle est dégueulasse, comme elle est sale. Et je prie. Et c'est à ce moment-là, c'est à ce moment-là que je commence à prier. Je prie. Je prie Dieu. Je prie les anges. Je prie. et je prie Dieu de ne pas me laisser tomber. Et dans ma prière, je demande à Dieu de me rendre forte alors que je n'ai que 9 ans. Et je prie, je l'implore, je lui dis, mais rends-moi forte et sauve-moi de là, sors-moi de là et protège-moi parce que je ne veux pas mourir comme ça. Et au final, je finis par dire la vérité à mes parents et on déménage.

  • Speaker #0

    Il a trouvé cette force alors à ce moment-là.

  • Speaker #1

    Oui, mon père travaillait à l'usine Saint-Hubert, le beurre Saint-Hubert qui est très connu. Donc on déménage dans le village d'à côté à Gerbévillé. C'est un village, encore une fois, on est les seuls arabes. Ça recommence. Je suis un peu plus grande, un peu plus forte, donc je ne réponds pas, mais je ris, j'essaie de dédramatiser, de me dire ok, ce n'est pas grave. Et je travaille, et je travaille, je m'acharne à bosser. Et mon père me dit travaille, montre-leur qui tu es par le travail, montre ta valeur par le travail. Et quand bien même on ne me parle pas, on me met de côté parce que je suis toute seule, je travaille, je m'acharne. Mais ce qui nous a fait défaut, c'est que ma mère était femme de ménage et on allait partout faire le ménage avec elle, par obligation, c'était comme ça. On rentrait, on devait s'occuper de nos frères et sœurs, de faire le ménage à la maison. On se levait tôt à 6h du matin pour que la maison soit propre. Elle gardait des enfants. Quand elle allait dans les usines, quand le samedi elle allait faire le ménage chez telle et telle dame, chez tel personnage, et on allait avec elle. Il fallait, c'était comme ça. Ma mère, c'est on fait les devoirs après. L'important, ce n'était pas les devoirs, c'est le travail. Mes camarades de classe le savaient, nous voyaient. Pendant qu'elles allaient faire des activités le mercredi après-midi, nous, on allait faire des ménages. Et souvent, le ménage chez les parents des enfants. Donc moi, j'allais récurer leur toilette. Donc forcément, quand je retournais à l'école, au collège, je subissais les foudres, les moqueries. Et puis j'ai tenu, j'ai tenu. Mais les profs étaient mauvais, étaient méchants, étaient sans pitié. Parce qu'ils auraient dû arrêter ça. Ils auraient dû dire stop à tout ça. Et au final, ils rentraient dans le jeu. J'ai une scène où je me vois, c'est le brevet. On devait remettre une enveloppe avec un timbre pour recevoir les résultats. Et lorsque je remets l'enveloppe à mon professeur principal, qui était professeur de maths, il rigole. Et il dit devant tout le monde... Non mais regardez Ayette, vous pensez qu'elle aura son brevet ? Les enfants rigolent. Ça a nourri la persévérance,

  • Speaker #0

    ça a nourri ton envie de montrer au monde que finalement Ayette, malgré tout, elle va réussir.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. Tu sais quand il m'a dit, mais pourquoi tu penses que tu auras ton brevet ? Je suis retournée à ma place et je rêvais. Tu sais qu'à l'époque-là, je rêvais. Je rêvais parce qu'il continuait. Vous savez ce qu'elle fait Hayette ? Elle récure les toilettes de ma mère. qu'est-ce qu'elle fera comme métier ? Tout le monde, femme de ménage, elle lavera mes chiottes. C'était violent et je ne parlais pas. Et je me mettais dans une bulle et j'ai appris à rêver. Je ne peux pas ne pas dire que les miracles existent et qu'il y a quelque chose au-dessus de nous. Et je pense que j'ai une chance énorme, c'est que mon cœur a été protégé. Quand je dis qu'il a été protégé, c'est que j'aurais pu devenir le monstre, le délinquant, nourri de vengeance et je n'avais pas ça. Parce que j'étais dans ma bulle et je rêvais. Et tu sais de quoi je rêvais ? C'est une de mes questions. Je n'écoutais pas de musique parce qu'à la maison, on n'avait pas le temps d'écouter la musique. Si, on mettait la radio, mais il n'y avait pas d'activité. Je ne dansais pas, on était des vrais soldats, rythmés. Et on n'avait pas le droit de se lâcher les cheveux. Et je me voyais, lorsque je me mettais dans ma bulle et que les attaques fusaient, je n'existais plus et je partais loin. Et je rêvais qu'il y avait un podium et que je dansais. Et que j'étais une star. Je voulais être aimée, tout simplement. Et que sur scène, j'avais les cheveux lâchés. et c'était les années 90 donc il y avait la danse et je dansais et bien figure-toi que quelques années plus tard ce rêve s'est réalisé j'ai grandi je suis devenue danseuse je suis devenue prof de danse chorégraphe et Gerbet Villet m'a appelée parce qu'il faisait une fête de la Mirabelle on m'a dit oui on voit ce que vous faites sur la presse est-ce que vous pouvez venir faire un spectacle j'y suis allée Et mon rêve s'est réalisé parce que j'étais sur ce podium avec ses filles derrière et les cheveux lâchés et je dansais.

  • Speaker #0

    C'est extraordinaire.

  • Speaker #1

    Et c'était incroyable.

  • Speaker #0

    C'est un rêve d'enfant.

  • Speaker #1

    Un rêve devenu réalité. Et à l'époque, je me souviens, ces gens qui m'ont fait du mal. Alors je ne leur parlais pas. Je ne voulais pas aller leur parler. J'étais là pour vous montrer qui je suis, qui je suis devenue. Tu m'as lavé la javel, j'ai toujours mon teint. Tu m'as humiliée, tu m'as fait du mal, tu as voulu me... détruire et pourtant je suis encore debout et je suis là sur scène et tu me regardes. Pour moi, j'avais tout gagné. Je ne me suis pas jetée dans l'alcool pour noyer ma dépression ou mon mal-être. Oui,

  • Speaker #0

    je suis...

  • Speaker #1

    Alors, il y a des douleurs, il y a des failles et c'est pour ça que j'ai écrit ce livre parce qu'il fallait que je raconte tout ce qui s'est passé, j'avais besoin de vider.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qui t'a poussé à faire ce que tu fais aujourd'hui, la danse ? Le fitness, ça vient de quoi ? Ça vient d'où ?

  • Speaker #1

    Je pense que la danse, ça a été mon exutoire. De danser, je crie au monde qui j'étais et j'avais besoin de bouger. Quand tu danses, tu évacues le stress, tu lâches prise et c'était ça. Et je me dis, ok, j'ai mon bac. Maintenant, Ayette vit des rêves. C'était pour moi la clé.

  • Speaker #0

    C'était un objectif que tu avais atteint.

  • Speaker #1

    Tes parents ne peuvent plus rien dire. Tu as un diplôme. Ok, fais ce que tu as envie de faire. Et je réfléchis à quoi faire. Et un jour, pour te dire comment ça s'est passé, je me lève et je me dirige vers la mairie de mon village à Gerbevillé. Moi, la sauvage de service. Et je demande, je dis au maire, est-ce que je pourrais donner des cours de danse ? Et c'est là que tout commence. Parce qu'il me regarde et me dit, mais tu fais de la danse ? Vous, les enfants, El Mansouri sourient. Vous faites des activités. Parce que les enfants El Mansouri ne font pas d'activités. Les enfants allemands souris sont connus pour aller garder les enfants quand les gens sortent, pour aller faire les ménages, pour aller faire les usines, mais ils ne sont pas connus pour aller faire des activités. Et je lui dis, mais si, si, si, j'ai un diplôme. Ah bon ? Ah ben, tu me l'apporteras. Je dis, oui, je vous l'apporterai. Et je peux commencer ce soir ? Voilà, on est... L'audace. Oui, l'audace.

  • Speaker #0

    L'audace et le cœur.

  • Speaker #1

    Incroyable. Et là, je me dis, mais qu'est-ce que je viens de faire ? Qui je suis pour avoir fait ça ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Mais encore une fois, je suis sûre qu'on est porté. Tout est écrit. Ça a été ma soupape. J'avais l'impression de pouvoir sauver mes frères et sœurs aussi. Parce que mes sœurs ont dansé. Et je les sortais de la maison. Je leur donnais la possibilité de faire un loisir. Une activité que je n'avais pas faite. Et après, j'avais monté mon association. Je me dis, ok, je réfléchis. Et j'organisais des voyages. Moi, qui n'avais jamais rien vécu, je n'étais jamais sortie. J'organisais des voyages. Donc, j'étais mon propre professeur. J'apprenais en enseignant. J'apprenais en regardant des cassettes vidéo. J'étais élève et en même temps, j'avais des élèves. Ensuite, je me disais, il faut que j'organise des voyages pour sortir, apprendre, voir ce que les autres font. Et j'ai voyagé, la danse a été ma liberté. Mes parents ne pouvaient rien dire, j'avais mon bac. OK, il y avait toujours les corvées, le week-end, etc. C'était obligatoire, les usines, machin. Mais quand il y avait une sortie d'organiser, elles ne pouvaient pas dire non à mes sœurs. Parce que c'est Ayette qui organise, c'est la grande sœur. Et j'ai embarqué mes frères, mes sœurs. Et je les ai fait sortir, découvrir Paris, découvrir le Sud. On voyageait, on partait en train et on riait. Et là, j'ai commencé à vivre, à exister. Je voulais oublier mon passé, mais ça faisait partie de moi. Je commençais à exister en tant qu'Aïa, tellement sourie. Et je créais des liens, je me faisais des amis, je faisais des rencontres. Oui, j'ai découvert le monde. C'est la danse, ma soupape. Le sport est venu pratiquement en même temps parce que les femmes qui mettaient leurs enfants, on dit mais tu... Tu saurais faire des cours de sport ? Oui, je sais faire.

  • Speaker #0

    On pourrait croire, à travers tout ce que tu as vécu, qu'il pourrait y avoir un syndrome énorme de l'imposteur où tu penses, je suis qui ? Je ne suis pas capable. Beaucoup se limiteraient à ces peurs-là. À ton avis, c'est aussi une force de caractère, une force de vie ?

  • Speaker #1

    J'avais envie de savoir qui je suis. Et j'avais envie d'exister en tant que moi. Je me disais, ok.

  • Speaker #0

    C'était plus fort que le reste.

  • Speaker #1

    C'est, tu étais moche, tu n'étais pas belle, tu n'étais rien. Donc, il fallait que je me reconstruise. Je me disais, mais non, tu n'es pas tout ça. Personne ne me le disait parce qu'il n'y avait pas d'amour à la maison. Ma mère est la deuxième d'une fratrie de dix enfants. Et au bled, la maman n'a pas le temps. Si tu vas dans les champs, elle travaillait dès l'âge de 11 ans, s'occupait des moutons, des vaches et des compagnies. Et elle n'a pas su nous aimer. Elle ne nous a pas pris dans les bras, pas fait de câlins, pas de je t'aime. Moi, petite, j'avais les pieds en introversion à l'intérieur. Mes deux pieds rentraient. Donc, je disais bonjour. J'appelais ça comme ça, moi. Gentiment. Et j'avais un surnom, petite. Ausha. Je ne savais pas trop ce que ça voulait dire. Mais elle m'appelait comme ça. Et en grandissant, je traduis ce mot. Et ça veut dire handicapée. Et là, je me dis, on m'appelait handicapée. Et c'est marrant parce qu'aujourd'hui, j'ai un enfant handicapé que j'appelle mon trésor.

  • Speaker #0

    Comme quoi, tu as réussi à le transformer. Parce que tu n'as pas eu en quelque chose de merveilleux que tu l'arrives à donner à ton tour.

  • Speaker #1

    quand on vit des choses comme ça c'est soit on s'éteint, soit on devient égoïste en amour on ne sait pas donner, on ne sait pas et moi j'avais peur de ne pas savoir et au final je suis quelqu'un qui déborde d'amour j'ai envie d'aimer, d'aimer les gens d'aimer mon prochain, j'ai envie de dire à tout le monde vous êtes beaux, j'ai envie de les protéger, j'ai envie de protéger le monde entier parce qu'on ne va pas protéger moi et c'est pour ça que je suis comme ça et je suis contente d'être comme ça je pleure mais je suis contente d'être comme ça parce que je trouve que c'est une chance ça veut dire que mon coeur est resté pur

  • Speaker #0

    Je trouve ça merveilleux d'avoir réussi à construire autant d'amour. En fait, l'amour, tu l'as créé. On ne te l'a pas donné, tu l'as créé.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. Je me pose souvent la question,

  • Speaker #0

    comment c'est possible de créer de l'amour à partir de rien ? Tu vois ? Finalement, j'ai l'impression que ça vient d'ailleurs, en fait. C'est quelque chose de plus grand que nous.

  • Speaker #1

    C'est clair, oui.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas réellement de réponse à ça. Mais en tout cas, c'est la meilleure réponse qu'on peut donner à toute la haine.

  • Speaker #1

    C'est d'aimer.

  • Speaker #0

    Tu as pu recevoir et que beaucoup peuvent recevoir aussi. Oui. C'est d'aimer encore plus fort.

  • Speaker #1

    C'est sûr. Je pense que la meilleure réponse, ce n'est pas l'attaque, c'est l'amour. D'aimer et la réussite. Peu importe ce qui m'arrive dans la vie, je me redresse et je me lève. Parce que vous voulez m'atteindre. Et je suis encore debout, je suis là. Je renais à chaque fois. Je peux te raconter quelque chose ? En fait, j'ai toujours été au contact de gens qui voulaient me détruire. Petite, collège, aussi en arrivant au travail, parce qu'on pensait que j'avais tout eu facilement. Alors que les gens ne me connaissaient pas. J'ai continué et je n'ai pas rendu la claque. J'ai laissé. Et ensuite, j'ai rencontré mon mari, je me suis mariée. J'ai eu mon premier garçon. Tout se passait bien, voilà. J'ai eu le deuxième, porteur de trisomie 21. On me l'a annoncé, je le raconte dans mon premier roman, ça a été très lourd. Mais je le savais qu'il allait se passer quelque chose parce que je l'ai vu en rêve. J'ai vu ce bébé sur son nuage et je me suis dit, il y a quelque chose dans ce rêve. Je vois ce rêve encore aujourd'hui, je le vois, il est intact. Et quand ces rêves sont intacts, c'est que c'est significatif. Ce qui m'est arrivé, c'est incroyable. Mais tous ceux qui écoutent, on est tous et toutes capables de se relever. J'ai grandi avec de la souffrance et mon cœur s'est forgé dans la douceur, dans l'amour. Je ne savais pas que l'être humain pouvait être aussi odieux. Je l'ai connu, pourtant je l'ai vu, mais je me dis non. C'est comme si je faisais un béni du mal des gens. Et Dieu a voulu que ça m'atteigne, parce qu'il avait autre chose pour moi. Et j'ai profité du Covid pour faire des recherches pointues, et je suis allée voir un chercheur, un spécialiste, qui a accepté d'étudier mon cas, parce que c'était vraiment devenu un cas. Il a commencé à me soigner, et il a découvert que j'avais un poison dans le corps. Et ce poison était collé dans mes entrailles, dans mon estomac, et il paralysait mes organes. paralysé mon corps. Et ce poison, il a été ingéré. J'ai commencé à suivre un traitement de nettoyage. J'ai fait des recherches. J'ai vu qu'on pouvait améliorer son état sanguin, ses cellules, avec des plantes. Et ces plantes ont commencé à faire vomir. Je suis allée voir le médecin. Il a analysé le vomi. C'est là qu'il a trouvé qu'il y avait un poison. On m'a dit, mais est-ce qu'il y a des gens autour de vous qui vous veulent du mal ? C'est des gens, j'allais manger chez eux régulièrement. Je buvais le café, le thé. Quand on sait que la personne chez qui vous mangez, vous buvez, la personne qui vous prend dans les bras, qui vous dit ça va, Tout va bien, tu t'en sors bien. Et derrière, veut ta destruction, veut ta perte. Encore une fois, j'ai été portée, j'ai été guidée. J'ai fait mon nettoyage, j'ai breveté mes plantes à ce moment-là, pendant la période où j'étais malade. Ce poison m'a fait prendre 9 kilos. Et ce n'était pas moi, je ne me reconnaissais plus. J'ai breveté mes plantes, Ellman, qui aident énormément de personnes qui sont atteintes de problèmes digestifs, parce que j'ai pu comprendre. Et après, pendant le Covid, je travaillais sur des exercices de respiration et musculaire pour... perdre ce poids, mais sans forcer, j'avais plus d'énergie. Je le propose aujourd'hui aux femmes qui perdent du poids sans se faire mal, sans se priver. On a tous des missions et peut-être que ma mission à moi, c'était ce chemin-là.

  • Speaker #0

    C'est encore une épreuve que tu as subie, qui t'a amenée à aider les autres à contribuer à ta manière.

  • Speaker #1

    C'est ça. Parce qu'à chaque fois,

  • Speaker #0

    tu arrives à transformer ce que tu vis en quelque chose de fort et qui aide aussi. toi, les autres ?

  • Speaker #1

    Dans cette histoire, j'ai eu des signes. Premier signe, je trouve quelque chose, une photo. Deuxième signe, j'allume la télé. Paf ! Je vois un prénom répétitif. Troisième signe, je vois des choses en rêve. Et il y a eu un signe fort. Donc, on est un an après le Covid. On est en 2022. Je fais des portes ouvertes. Et cette femme vient. Voilà, il y a du monde. Elle fait son cours. Et à la fin, j'appelle les gens pour savoir comment ça se passe, etc. Et puis, c'était une période où ça fonctionnait bien. Je n'ai pas appelé. Et je reçois un appel en numéro inconnu. Je décroche et elle me dit, écoute Ayette, j'ai énormément apprécié tes cours. Ton cours était magnifique, il m'a fait un bien fou, mais je ne pourrais pas m'inscrire. Lorsque je suis rentrée dans la salle, tu étais face à moi. J'ai vu une ombre noire. Je ressens les choses parce que je suis comme ça, qu'elle me dit. Tu as quelqu'un qui te veut du mal.

  • Speaker #0

    C'est le médium alors.

  • Speaker #1

    Oui, je pense, c'est ça.

  • Speaker #0

    C'est le don de médiumnité.

  • Speaker #1

    Oui, et elle me dit, je ne cherche rien, je veux juste que tu saches. La personne qui te fait du mal. veut te détruire.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu t'es dit que tu n'étais pas quelqu'un de bien, quelqu'un de mauvais ? Pourquoi on veut me faire tout ce mal ?

  • Speaker #1

    Je me suis beaucoup posé la question en me disant « Mais pourquoi on me fait du mal ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter tout ce mal ? » Est-ce que tu as douté de toi ? Oui, j'ai douté. Je demandais à mon mari, je lui disais « Mais est-ce que je suis quelqu'un de bien ? » Et je me pose la question « Est-ce que je suis quelqu'un du bien ? » Et au final, j'ai eu mes réponses. Parce que je lis beaucoup tout ce qui est spirituel, je lis beaucoup de livres sur la force des anges et pourquoi la nature, la vie... Et quand Dieu te donne un enfant trisomique, il est fait d'amour. Il me caline, il m'embrasse, il m'encourage. Même quand je suis malade, il me dit « Maman, ça va » . Et je me dis, j'ai des enfants merveilleux, c'est que je suis quelqu'un de bien. Je suis quelqu'un de bien parce que j'ai deux enfants qui portent l'amour. C'est ce questionnement aussi de dire « Qu'est-ce que tu représentes ? » Peut-être ton cœur est bon, il est pur, que les gens ne l'ont pas, ils le jalousent et le veulent. Et là, je me suis dit « Ok, défends-le. Défends cette lumière qui brille à l'intérieur de toi. Défends ce que tu as dans le cœur. Ne te laisse pas. » Convaincre que tu es quelqu'un de pas bien, au contraire, s'ils ont essayé de t'atteindre, transforme ce mal en bien. Je ne me regarde pas tous les jours en disant « je suis belle » , pas du tout. Je suis façonnée avec le « tu es moche » , « tu es ici » , « tu es handicapée » et j'avance avec ce que je suis. C'est à l'intérieur.

  • Speaker #0

    J'ai l'impression que ça attire beaucoup, la jalousie. En plus, une jalousie violente.

  • Speaker #1

    C'est vrai. Donc j'ai appris à me protéger. Je ne leur souhaite pas le mal, mais ils paieront de toute façon. Quoi qu'il arrive, on paie dans ce monde.

  • Speaker #0

    Pour toi, il y a vraiment cette notion de karma, entre guillemets.

  • Speaker #1

    Mon fils le dit, le karma. C'est ça, oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu te souviens, quand tu as donné ton premier cours, ce que tu as ressenti, le chemin pour arriver jusqu'à la salle ? Est-ce que tu étais terrorisée, exaltée ? Qu'est-ce qui se passait dans ta tête ?

  • Speaker #1

    Je me souviens parfaitement de mon premier cours. C'était Janet Jackson, de choix musical. Et mes sœurs sortaient de l'école. J'étais dans la petite salle du foyer et j'attendais mes sœurs qui ont été mes premières élèves. Et ensuite, les autres sont arrivées et il y avait énormément de filles, presque tout le collège. Et là, je me suis dit, OK, je me retourne et il n'y a pas de miroir. Et je me souviens parfaitement de la scène parce que mes sœurs et moi, on a ce truc, on se regarde, on rigole. Et mes sœurs savaient que je n'avais jamais pris de cours de danse, que je n'avais jamais enseigné, que je n'avais pas de diplôme. À part faire à manger, faire la cuisine, faire des ménages. Je me souviens, la salle donnait sur une fenêtre et je me retourne. et je rigole. J'avais envie de rire parce que mes soeurs me faisaient rire parce que je faisais « Bon, alors, on y va les filles ? » Et je m'inspirais de vidéos, de machins, et je n'avais pas de notion de pédagogie, d'enseignement. On commence par quoi ? L'échauffement, c'est quoi ? On fait la tête, on est les bras, les poignets.

  • Speaker #0

    Tu n'avais jamais pris un cours de genre avant ?

  • Speaker #1

    Jamais. Et j'ai commencé, je fais « Bon, on y va les filles ? » Tout de suite, c'était vraiment le côté « J'élève mes frères et soeurs, je garde les enfants des autres, je les éduque un peu. » Eh bien, c'était pareil. C'était « Ok, c'est comme avec les frères et soeurs, ou l'organisation à la maison, tac, tac. » Tac, tac, il faut faire à manger.

  • Speaker #0

    Les enfants sont dans le rôle.

  • Speaker #1

    Voilà, je suis rentrée tout de suite. Et on y va. Alors, échauffement, on y va et on enchaîne. Donc, un échauffement classique. Et puis ensuite, on enchaîne à la chorégraphie avec du rire. En fait, à l'intérieur de mon ventre, j'exaltais. Je sentais qu'il fallait que j'explose et je vibrais. Je crois que c'est le plus beau jour de ma vie. Le plus beau jour après mes enfants. Et ce jour-là, il s'était passé quelque chose et je me suis dit, mon Dieu. T'as dit que t'étais capable. Et oui. Oui, qu'est-ce que c'est bon. Je pense que Haye tellement sourit, elle est née à ce moment-là.

  • Speaker #0

    Il y a eu un avant et un après.

  • Speaker #1

    Voilà, c'était ça.

  • Speaker #0

    Et comment tu t'es fait connaître au tout début ? Comment ça s'est arrivé ?

  • Speaker #1

    Magique. J'ai commencé mon premier cours, on était en avril. Un vendredi, j'ai eu les clés. Donc c'était fin de semaine. Au mois de juin, j'ai dit au maire, il faut que je fasse un spectacle. Je carburais. Mercredi matin, mercredi après-midi, vendredi soir, je les avais tout le temps. Et puis ceux qui pouvaient le jeudi soir, c'était dans le village. Donc, tac, ils sortaient de l'école, je les prenais. J'ai fait mon premier spectacle et on est dans un village. Et là, tu vois 150 personnes dans le public. Les parents, tout le monde est venu. Avec une petite entrée, 20 francs, 10 francs, un truc comme ça. Le monde, la mer était content. Donc, ni une ni deux. Il me dit, bon, tu peux le refaire. On fait quelque chose en septembre. On fait des portes ouvertes. Et là, moi, je me lance. Je me dis, écoute, il me fait confiance. On y va. Tu as saisi l'opportunité. J'ai saisi l'opportunité. Et dans le même gymnase, je l'organise un spectacle sous forme de graines de stars. 800 personnes. 800. personnes dans le gymnase. Les gens de la ville d'à côté. Il y avait tous mes élèves, tous mes élèves, les petits, les moyens, je faisais des groupes, des grands et j'avais fait tout un spectacle. Tous les villages d'à côté étaient venus voir le spectacle d'Aïa tellement sourie dont la presse avait déjà plébiscité parce que dans un village où il n'y avait rien qui se passait.

  • Speaker #0

    Là, il y a un truc qui se passe alors tout le monde arrive.

  • Speaker #1

    C'était ça.

  • Speaker #0

    Et après, les gens commençaient à vouloir s'inscrire à tes cours.

  • Speaker #1

    Alors après, il fallait qu'on change de salle, il y avait plus de monde. Et les femmes qui voulaient faire du sport. Et puis, c'est là, tout enchaîné. Et alors, le sport, j'ai acheté des cassettes vidéo de Jen Fonda. Tu es Jen Fonda. Et je regardais toutes ces cassettes. Et j'apprenais les mots. Mais je les apprenais en anglais. Parce que c'était en anglais. Allez, hop. L'impact. Et puis, j'étais là. Donc,

  • Speaker #0

    tu as appris l'anglais en même temps.

  • Speaker #1

    Et j'apprenais. J'étais déjà très douée en anglais. Mais j'enseignais en anglais. Je me disais, mais mince, ça y est, il ne faut pas enseigner en anglais.

  • Speaker #0

    Mais non,

  • Speaker #1

    il y a tout ce que tu fais. J'adore.

  • Speaker #0

    Et financièrement, Ayad, comment tu as fait au début ? Parce que beaucoup hésitent à se lancer par peur de ne pas en vivre. Comment tu as tenu jusqu'à ce que ça devienne rentable ? Est-ce que tu aurais des conseils à partager sur ce qui t'a aidé ?

  • Speaker #1

    Oui, alors moi, j'ai vraiment eu beaucoup de chance dans mon parcours parce que je suis passée étudiante, donc j'avais mes bourses et je n'avais pas trop besoin de les utiliser parce que je vivais chez papa et maman. Donc mes bourses me permettaient de... financer un peu mon projet. Là, il ne faut pas le dire, je ne rembourserai rien. C'est terminé, c'est cadu. Mais après, au fil du temps, la qualité de mon travail a fait que j'ai été repérée par le conseil départemental. Donc à l'époque, ça s'appelait comme ça, le conseil général. Ils développaient des nouveaux emplois qui s'appelaient emplois jeunes. C'était les tout premiers. Et puis, ils sont venus me chercher en me disant, voilà, est-ce que vous ne voulez pas rentrer dans un emploi jeune ? Et moi, je leur ai dit, pour faire quoi ? Si c'est pour faire cassière ou machin. Non, non, les emplois jeunes, c'est pour des jeunes qui ont envie de réaliser leur projet d'avenir. Donc, se lancer et se réaliser.

  • Speaker #0

    Est-ce que ça existe encore aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Oui, mais oui, justement, ça ne s'appelle plus comme ça, mais ça s'appelle des contrats aidés. Par exemple, moi, dans le cadre de l'association, je propose aux jeunes de rentrer, de se réaliser. Et je prends... Des jeunes sans diplôme. Ce que je leur demande, c'est la passion, la motivation. Mais s'ils ne sont pas diplômés, ce n'est pas grave. Parce que j'en ai eu des filles diplômées, j'en ai eu plein. Et très scolaires. Et elles font un ou deux cours. Arrêt maladie, j'ai mal au dos, je n'arrive pas à exercer ou je suis fatiguée.

  • Speaker #0

    Il faut de la passion alors pour persévérer.

  • Speaker #1

    Énormément de passion et puis d'abnégation. Tu as mal au dos, tu es fatiguée, tu as des courbatures. Oui, tu en auras. Mais c'est ton métier, c'est ton job. Il faut que tu le fasses si tu n'aimes pas. pas avoir des courbatures, si tu n'aimes pas parler aux gens, si tu n'aimes pas sourire aux gens, bonjour tout le monde, on y va. Il faut changer de métier parce que ces problèmes, on les oublie. Et souvent, moi, j'ai rencontré des jeunes femmes diplômées et n'allaient pas au bout. Et du coup, le travail, il n'était pas qualitatif. Alors que quand tu as des filles qui sont passionnées, qui ont envie, mais qui n'ont pas le diplôme, elles feront tout pour se réaliser et aller. Et peu importe les problèmes, elles vont aller au bout. Un peu comme ce que j'ai vécu moi.

  • Speaker #0

    Et c'est pour ça que j'ai envie d'aider toutes ces personnes qui ont un parcours, peut-être atypique, mais qui n'ont pas forcément les diplômes, à réussir, à oser y aller. Parce que c'est ces personnes-là qui vont faire ce que tu fais aujourd'hui, donner la chance à tous ceux qui n'ont pas forcément eu la chance de passer des diplômes, aller à l'école, etc. De réussir.

  • Speaker #1

    Oui, oui. Il ne faut pas avoir peur. Il faut se lancer et trouver une alternative. un job qui correspond. Ou alors à mi-temps, comme moi, lorsque j'ai décidé de passer à nutritionner, je me suis dit, OK, j'ai un enfant. Alors déjà, j'ai eu la chance d'avoir Calice, qui m'a forcé, qui m'a imposé d'être à mi-temps parce qu'il fallait que je m'occupe de lui. Et ce mi-temps, quand j'allais dans les rendez-vous, j'étais à l'hôpital et que je passais deux ans à l'hôpital, nuit et jour, il fallait que j'occupe mon temps et la nutrition, ça... Je me suis dit, formes-toi, fais quelque chose. Et je me suis formée, j'apprenais, je potassais. Et j'étais à mi-temps. Alors oui, on perd en salaire. mais je savais que j'allais gagner ensuite. Et puis quand on perd en salaire, en général, on a toujours les aides. On est quand même en France, je ne sais pas en Belgique comment ça se passe, mais nous en France, on a des aides, la CAF augmente. Et puis dès qu'on met en place d'autres revenus, forcément on a moins de CAF. Et c'est normal, c'est tout à fait normal. Après, moi, je n'étais pas dans l'inquiétude. C'était je veux vivre de ce que j'aime faire. Je veux me lever le matin et être... être passionnée, je veux me lever le matin et avoir envie, je veux me lever le matin et avoir l'énergie de faire ce que j'aime faire. Mais si je commence à sentir que je traîne des pattes, j'ai plus envie, là il fait froid, il pleut, ben non, je trouve une excuse, j'arrête. Mais là, j'ai toujours cette patate et j'ai toujours ce boost et j'ai toujours cette envie, c'est que mon métier me porte, en fait, mon métier me guérit, mon métier m'impose un rythme de santé, de m'oublier. Écoute. t'es pas bien, t'as pas le choix, tu y vas. Et on y va, et 5, 6, 7, 8, c'est parti. Et c'est ça tout le temps. Donc que ce soit cardio, des fois t'as pas forcément... Tu te lèves, t'as pas envie de danser. Moi, il faut que je danse. J'ai pas envie de faire un cours cardio, eh bien, il faut que je le fasse. Du pilates, il faut que je le fasse. Du stretching, la relaxation. Non, mais là, j'ai juste envie d'aller m'allonger, faire une sieste. Eh bien, non, je fais du stretching. Et tout ça me fait du bien. Je me rends compte que ça me porte, ça me nourrit, ça me... j'explose à l'intérieur de vibrations positives.

  • Speaker #0

    Parce que finalement, c'est justement ça. C'est cette énergie que tu ressens quand tu sais que tu es là où tu dois être.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Il y aura toujours des galères, il y aura toujours des choses qu'on n'a pas envie de faire, il y aura toujours des moments où tu te dis on ne peut plus. Mais il y a cette force intérieure qui te porte finalement. Avec ton fils Calice, qui est un fils extraordinaire parce qu'il est porteur de trisomie 21, aveugle, avec des déficiences rénales, etc. Donc, je présume que ça demande beaucoup d'organisation, beaucoup de temps, tous tes projets, tes livres, etc. Et ta vie perso, comment tu fais pour garder l'équilibre, pour gérer tout ça, toutes ces casquettes en même temps ?

  • Speaker #1

    Alors, je pense que tu vois, je t'ai raconté l'histoire de famille. Ma mère qui nous a éduqués de manière millimétrée, comme un soldat. Tu vois, on se lève, on fait son lit au carré. Eh bien, c'est resté. J'ai été façonnée comme ça et c'est resté. Et tant mieux, parce que je n'aurais pas pu faire tout ça. Et ma mère, dans le livre, je la remercie. Il y en a qui vont dire, mais elle est tarée, celle-là. Non, je la remercie parce que si je n'avais pas eu ce genre de maman qui te dit, tu as de la fièvre, lève-toi. Allez, va faire ce que tu as à faire. T'es assise, tu regardes la télé, il n'y a pas de télé. On se lève, on y va en fait, constamment. J'aurais peut-être eu une maman caline, aimante. J'aurais peut-être pleuré, baissé les bras. Mon fils, il est comme ci, mon fils, il est comme ça. Et je me laisse aller. Et puis, maman, empoisonnée. Je veux mourir. Et moi, non. Donc en fait, j'ai appris à m'organiser. Et quand je me lance dans un projet, je détermine ma liste, mon fil conducteur. C'est quoi ? Et puis tu commences par quoi et tu vas au bout. Donc tu te prives. Bien sûr que je suis privée, mais comme je te le disais tout à l'heure, j'en suis pas malheureuse. Mais par contre, ce qui va manquer, c'est de me retrouver avec mes enfants, les bras, la convivialité avec mes enfants, de faire des gâteaux, de faire à manger parce que j'adore cuisiner. Là encore ce week-end, j'ai fait un... Des tacos faits maison, je fais du pain. Mon pain, je le fais à la maison et je le congèle. Je nage rarement de baguettes. J'aime cuisiner avec mes enfants. Ça me manque de me retrouver à la maison en coucouning. Ça, j'ai besoin de ça. Et je le prends, le temps de ça.

  • Speaker #0

    Tu parlais de ta maman qui était avec une organisation militaire. À partir du moment où tu étais malade, il fallait quand même se lever, etc. Et aujourd'hui, avec tes enfants, est-ce que tu as ce côté-là ou est-ce que c'est ton... cœur qui parle en premier du coup.

  • Speaker #1

    Alors, je ne vais pas te mentir, j'essaye de ne pas reproduire le schéma familial. Je m'efforce. Mais les gens qui me côtoient me rassurent. Ma collègue, par exemple, au travail, elle me voit tous les jours avec mes enfants. Donc je sais que je ne suis pas comme ma maman. Donc déjà là, je me rassure, je me dis « Ok, tu ne reproduis pas » . Par contre, là où je reproduis, c'est qu'il y a une discipline à la maison. On se lève, j'apprends à mes enfants à être propres. Tu fais ta douche. Le petit, je m'en occupe. On fait son lit. Il y a une organisation d'hygiène, de rangement méthodique à la maison. Et quand on arrive au travail, j'essaye de leur faire faire une petite activité. Va dans la salle de danse. Là, il n'y a personne. Occupe-toi. Va jouer au ballon. Je les prends avec moi au travail. Mais pas parce que j'ai envie que mes enfants m'aident, mais parce que je les aime tellement que je veux qu'ils soient avec moi. C'est tout le contraire. Donc, il y a une reproduction dans l'organisation.

  • Speaker #0

    Tu peux aussi accepter le positif de ton éducation et ne pas reproduire le négatif en fait.

  • Speaker #1

    Voilà.

  • Speaker #0

    Alors si tu avais un message à transmettre à celles et à ceux qui rêvent de se lancer, mais qui n'osent pas forcément parce qu'ils ne se pensent pas capables ou peut-être que ça leur fait peur, ce serait quoi ?

  • Speaker #1

    Je vais te dire ce que je dis tous les jours à mon fils. Parce que mon fils, il a appris du poids, mais il rêve d'être footballeur. C'est un rêve. Elle me dit « Maman, à l'école, on me dit que j'ai les pieds qui rentrent dedans, un peu comme moi. Mais moi, je les ai travaillés. » Alors, je lui réponds Ausha, crois en tes rêves. Si ta destinée sera d'être footballeur, tu deviendras footballeur. Mais à une seule condition, de mettre les moyens en œuvre et en place. Si tu ne fais rien et tu attends que ça arrive, tu pourras attendre toujours. C'est comme quelqu'un qui dit « Je suis célibataire, mais je reste à la maison. » Je l'ai vécu, ça. « Je suis célibataire, personne ne veut de moi. » Oui, mais tu ne sors pas. C'est normal. Comment veux-tu que la personne... Ah bah tiens, je sais qu'il y a une célibataire là. Non, il faut sortir, il faut y aller. Donc c'est comme dans la vie de tous les jours.

  • Speaker #0

    J'ai dosé alors.

  • Speaker #1

    Il faut y aller, il faut forcer. Ah, j'ai envie de faire ça, j'ai envie de mettre ça en place. Bah oui, mais si je l'imagine et que je le pense et que j'attends. Bah tu peux attendre longtemps. Allez-y, foncez, tu crois en tes rêves. Financièrement, tu t'en sortiras toujours parce que tu trouveras toujours le moyen. Tu n'abandonneras jamais ton corps. On ne s'abandonne pas ni son esprit. On trouvera toujours le moyen de travailler. on va, on y va, on travaille, on va au bout de ses rêves. Moi encore aujourd'hui, j'ai des rêves. Donc, ce que je dis là, je me le dis aussi à moi-même. Mais qu'est-ce que t'attends pour les réaliser tes rêves ? J'y vais, j'avance.

  • Speaker #0

    C'est hyper inspirant parce que finalement, c'est aussi de se dire que même si on a peur, même si on n'est pas parfait, il faut y aller. C'est ce que t'as fait au début en fait.

  • Speaker #1

    Tu as tout dit. Et puis, on a tous des peurs. tous des craintes, on a tous une vision de soi. Elle peut être positive ou négative. Moi, je n'ai pas une vision de moi. On me regarde, on me dit, elle a super confiance en elle, pour faire tout ça. Elle sait qui elle est. Mais non !

  • Speaker #0

    C'est ce que je me suis dit quand j'ai commencé à connaître Ayette à travers les articles de presse, etc.

  • Speaker #1

    Non, mais je n'ai absolument pas confiance en moi. Je suis toujours en train de me remettre en question. Mon cœur, il est... Il est construit avec de la difficulté. Mais c'est moi qui le soigne et je le pousse, mon petit cœur. C'est vrai, tous les jours, je dis, mais non, tu vas y arriver, tu es quelqu'un de bien. Donc, cette confiance, je ne l'ai pas. Je suis quelqu'un de sauvage et de timide. Ça fait partie de moi, mais je ne le montre pas. Personne n'a besoin de savoir que j'ai peur de telle et telle chose. Alors, la seule chose que je vais dire, c'est que j'ai peur des araignées.

  • Speaker #0

    Et encore même,

  • Speaker #1

    des fois, je me dis, attention, ne dis pas que tu as peur des araignées, parce que si tu tombes sur quelqu'un qui déteste, elle va t'en mettre une au bureau. C'est vrai. Donc du coup, voilà, mais personne ne connaît ton moi intérieur. Mais je leur montre, à celles qui me posent des questions, si je dois démarcher, si je dois prospecter, je montre que j'ai confiance. Je montre seulement. Mais je n'ai pas confiance en moi. C'est super précieux ce que tu dis.

  • Speaker #0

    Ne pas montrer ses failles et d'arriver à mettre un masque qui représente la confiance. Et en représentant cette confiance, en faisant comme si, finalement,

  • Speaker #1

    les choses arrivent. C'est tout à fait ça exactement. On fait comme si et ça arrive. Ok, ah ouais, elle n'a pas peur. On va lui confier. Puis au final, tu te trompes, tu as la boule au ventre, tu t'achaudes, tu transpires. Et tu dis, oh mon Dieu. Et c'est fait.

  • Speaker #0

    Pour finir, j'ai un petit rituel pour mes invités. Je vais te donner une fiole remplie de poudre dorée d'alchimiste qui représente la magie de la transformation. C'est elle qui permet de sublimer les épreuves en quelque chose de précieux. Aujourd'hui, elle est entre tes mains. Elle a le pouvoir d'exaucer trois de tes souhaits sans aucune limite. Alors, si tout était possible, quels seraient tes trois voeux ?

  • Speaker #1

    Mon premier vœu est la santé. retrouver mon corps, retrouver ma santé, parce que ma santé, c'est ma vie. Être en bonne santé, c'est partager plus de bonheur avec mes enfants. Premier vœu. Le deuxième, le bonheur. Le bonheur à l'état pur. Quand je dis le bonheur, c'est ne pas avoir peur de l'individu à côté de toi. Parce qu'aujourd'hui, j'ai peur des gens qui m'entourent. Je ne le montre pas, mais je n'ai aucune confiance aux gens. Et j'ai envie de trouver ce bonheur, cette quiétude, cette sérénité, l'apaisement. En fait, j'ai envie de vivre dans un monde qui n'existe pas, mais je sais que c'est possible. Et j'ai envie d'être heureuse avec mes enfants, de me dire de me lever tous les matins et de savourer le bonheur, de savourer la santé, savourer cette quiétude et que tout va bien. Et qu'on ne se soucie pas de « est-ce que ça va aller aujourd'hui ou pas ? » Ça, c'est mon deuxième vœu. Et tu m'as dit un troisième, et je le dis tous les jours dans mes prières. C'est que Dieu m'accorde une vie longue avec mon fils, parce que mon fils, je le sais, le plus grand. Il se débrouillera, il deviendra quelqu'un de grand. Calice, il aura besoin de sa maman. Et j'ai envie de rester en vie le plus longtemps possible, d'avoir une forme, une santé portée par le sport, pour rester en vie le plus longtemps possible. Mes enfants sont mes meilleurs amis. Mais Calice, il fait partie de moi. Et je lui souhaite de se marier, les trisomiques se marient. Mais il aura toujours maman.

  • Speaker #0

    mais mon rêve c'est d'être heureuse avec mes enfants de trouver ce bonheur oui le mot heureuse en tout cas je te le souhaite Ayette et je suis sincèrement émue de ton témoignage et je te souhaite que tes trois voeux se réalisent merci, merci beaucoup Sandra merci d'avoir écouté cet épisode prends quelques secondes ferme les yeux et respire ce que tu viens d'entendre C'est pas juste un témoignage, c'est une preuve que l'impossible peut être sublimé et que l'humain est capable de renaître encore et encore. Alors si cet épisode t'a apporté quelque chose, partage-le avec quelqu'un qui en a besoin. Et pense à t'abonner pour ne pas manquer les prochains récits d'Alchimiste. Et toi, quelle part de ton histoire peux-tu transformer aujourd'hui ? Si tu veux prolonger la discussion, viens me retrouver sur Instagram, sur Histoire d'Alchimiste. Je serai ravie d'échanger avec toi.

  • Speaker #1

    Et surtout,

  • Speaker #0

    souviens-toi, c'est dans tes failles que brille ton éclat le plus précieux. Alors, on se retrouve dans 15 jours pour une nouvelle Histoire d'Alchimiste.

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