Speaker #0Bonjour, c'est Ronan Lemoer. Avec Raconte-moi Rennes, je vous propose de découvrir quelques grands moments de l'histoire de notre ville. Le cimetière du Nord, cimetière romantique typique du XIXe siècle, est le plus ancien créé par la ville de Rennes. Plus de 130 000 défunts y sont inhumés. Entre curiosités, célébrités et étranges superstitions, suivez-moi dans les dédales de cette étonnante nécropole. pour un véritable voyage dans l'histoire de rennes les secrets du cimetière du nord à qui penseriez-vous si l'on vous demandait de citer une célébrité rennaise reposant au cimetière du nord Peut-être à Isidore Odoreco, dont la tombe est recouverte de mosaïques, à Beningjane de Chateaubriand, la sœur du célèbre écrivain, ou encore à Charles-Auberture, membre de l'incontournable famille d'imprimeurs Rennais, qui repose dans une imposante chapelle néo-gothique imaginée par son beau-frère, le non moins célèbre Emmanuel Leray, architecte notamment de la piscine Saint-Georges. Qui penserait à la marquise Philippe-Hélène de Coetlogon ? Si l'histoire de cette femme n'a rien d'un roman d'aventure, le récit de son exhumation lui vaut pourtant d'être l'une des tombes les plus fréquentées du cimetière. Réputée pieuse, cette femme avait été, à sa mort en 1677, inhumée dans la chapelle des Carmes, rue Vasselot. Le repos éternel ? Pas tout à fait. En 1798, la chapelle est démolie, et c'est là, plus d'un siècle après sa mort, que l'on retrouve son corps dans un état de conservation. à peine croyables, on le dit intact. Un miracle dont la nouvelle se répand et qui déclenche un véritable culte autour de prétendus pouvoirs de guérison de la Marquise. Elle ne fut pourtant jamais canonisée par l'Église et rien n'indique qu'elle ait réalisé un quelconque miracle de son vivant. Mais la croyance s'ancre profondément et traverse les siècles. Preuve en est, chaque semaine, plusieurs rennais viennent toujours accomplir le rituel de guérison sur sa sépulture. Avis aux intéressés, voici l'exquise recette de la marquise pour une guérison miraculeuse. Pour commencer, prélevez une petite quantité de terre sur la tombe et suspendez-la neuf jours durant dans un sachet autour de votre cou. Revenez ensuite l'accrocher sur la croix ornant la tombe de la marquise et patientez. Inutile de préciser que la réussite est loin d'être garantie. De ce rituel étonnant, la marquise de Coëtlogon a tiré un surnom, celui de « Sainte au petit pochon » , lié à la présence d'une multitude de sachets sur sa sépulture. La marquise n'est pas la seule dans le cimetière à qui l'on prête des pouvoirs. La tombe de l'abbé Jean-François Huet, aumônier des étudiants de son vivant, fait ainsi l'objet de dévotions pour la réussite d'examen. Plus étrange, la sépulture de l'abbé Joseph Thébault est régulièrement recouverte de bouchons et capsules de bière. Pourquoi ces offrandes plus de 150 ans après la mort de l'ecclésiastique ? Aucune certitude, mais un début de piste. Y déposer un bouchon permettrait de guérir l'alcoolisme. Autant dire que le cimetière du Nord est, à l'image de la Bretagne, gorgé de croyances. Même si sa construction fut plutôt une histoire de bon sens et de science. Car le cimetière du Nord, c'est, pour commencer, une histoire de salubrité publique. En 1776, Louis XVI ordonne le transfert des cimetières hors des villes pour des questions d'hygiène et de maladie. Un édit royal suivi par le Parlement de Bretagne qui impose en 1784 la création d'un nouveau cimetière à Rennes, loin des habitations. Plus question d'enterrer les morts en plein cœur de la ville, autour des églises, abbayes et couvents comme c'était le cas jusqu'ici. Les petits cimetières paroissiaux doivent disparaître. Pour réaliser ce cimetière, Unique, la municipalité achète un champ dans le quartier Saint-Martin, alors très peu peuplé. C'est le point de départ du cimetière du Nord qui restera pendant plus d'un siècle le seul de la ville. La première inhumation a lieu en 1794. Durant ses premières années d'existence, il ressemble toutefois plus à un terrain vague qu'à un lieu de recueillement. Il faut attendre l'arrivée du maire Louis de Lorgereil pour son embellissement. Ce dernier a de grandes ambitions pour le cimetière et commande un aménagement grandiose qui se concrétise par la création de huit sections au cœur d'un jardin à l'anglaise, précise le service funéraire de la ville sur son site internet. Les allées sont plantées de résineux pour un rendu des plus bucolique. Pour cela, mais aussi au regard des incroyables sépultures qu'il abrite, le journaliste et historien Alphonse Marteville ira même vers 1845 jusqu'à le comparer au père Lachaise. Louis de Lorgeril ne s'arrête pas là. En 1828, il fait voter la construction d'une entrée monumentale, toujours en place aujourd'hui, qui fait également office de chapelle funéraire. L'architecte de cette entrée impressionnante n'est pas un inconnu, puisqu'il s'agit de Charles Millardet, qui a dessiné les plans de l'Opéra de Rennes et de l'escalier Fontaine du Tabor. Dans une corniche au-dessus de la porte, on installe une sculpture de Jean-Baptiste Barré, baptisée L'Espérance, qui vient remplacer la statue initiale de Saint-Michel. Elle donnera son nom au cimetière pendant un temps, le cimetière de l'Espérance, ou de Saint-Michel de l'Espérance, même si les Rennes le surnommeront longtemps. sans que l'on sache pourquoi, le berlinguin. Multifonction, cette entrée majestueuse est également un caveau, prévu pour accueillir les restes de huit renais d'exception qui se seraient distingués au cours de leur histoire. Un panthéon-renais, en somme. On pourrait penser le nombre insuffisant, mais en réalité, seuls deux niches, sur huit donc, sont occupées. Auguste Bigaré, officier napoléonien, est dans la première. Soldat émérite à la vie de... tumultueuse, son nom est gravé sur l'arc de triomphe à Paris. Le second défunt est Jules-Charles Péchaud, qui fut général sous Napoléon III. Pourquoi aucune autre personnalité rennaise n'a été jugée digne de cet emplacement honorifique ? En fait, le concept a rapidement été abandonné par praticité. Placer des sépultures dans l'entrée du cimetière ne permettait pas aux familles des défunts de s'y recueillir en paix. Il faut attendre 1867. pour que le cimetière du Nord prenne sa forme définitive. Agrandi à plusieurs reprises jusqu'à atteindre 8 hectares, son aménagement final sera confié à Jean-Baptiste Marteneau, l'architecte de la ville, qui conservera dans son travail l'esprit bucolique des premiers aménagements voulus par Louis de Lorgeril. Marteneau s'occupera également de la conception du cimetière de l'Est, mais c'est bien dans le cimetière du Nord qu'il sera inhumé en 1906 ... rejoignant bien d'autres célébrités rennaises car marcher dans les allées du cimetière du nord c'est marcher dans les pas de l'histoire de rennes on peut ainsi y trouver les sépultures de quelques mères emblématiques ou encore les noms de quelques grands entrepreneurs comme celui de l'abbé trochu cofondateur de l'ouest éclair l'ancêtre de ouest france dans le domaine de la presse et de l'imprimerie attardons nous d'ailleurs sur la stèle de jeanne le saunier de vaux-et-lens trop peu connue Cette renaise a pourtant édité le tout premier journal de la ville, les affiches de reine. Imprimer le tout premier journal de reine est déjà un fait d'arme de taille, mais le faire en étant une femme au XVIIIe siècle, je vous laisse apprécier l'exploit. Pour la petite histoire, Jeanne le Saunier du Vaux-et-Lau descendait d'une famille d'imprimeurs et était la femme de François-Pierre Vattard, imprimeur du roi. A la mort de son époux, on lui permet de continuer à exercer. ce qui lui permet d'éditer en 1784 le tout premier journal rennais, les affiches de Rennes, journal d'avis et d'annonces, dont une collection quasi complète est conservée dans les fonds anciens de la bibliothèque des Champs-Libres. À quelques pas, la tombe des prêtres de Saint-Aubin rappelle, elle, quelques douloureux moments de l'histoire de la ville. Elle est en effet ornée d'un bas-relief représentant le vœu en argent offert à Notre-Dame de Bonne-Nouvelle au XVIIe siècle. Un bas-relief dont l'histoire a traversé les siècles. Au XVIIe siècle, la peste s'invite régulièrement à la table des rennais. En 1632, Rennes fait ainsi face depuis huit ans à un long épisode de la maladie. Rien ne marche, ni procession, ni fumigation. Alors, en dernier recours, la ville promet d'offrir une statue en argent à l'église Notre-Dame de Bonne-Nouvelle contre l'éradication de la peste. Miracle, la maladie disparaît le jour même. Le vœu en argent sera livré en 1634, célébré avec tambours et trompettes. Mais la peste reviendra quelques années plus tard. Devant la stèle du maître d'hôtel Jean-Baptiste Urbain Leblanc, c'est au tour de l'histoire de France de se rappeler à nous. Son nom vous est inconnu ? Une plaque rappelle son titre de gloire, celui d'avoir participé, quand il avait 16 ans, à la prise de la Bastille. Pour finir, arrêtons-nous un instant sur les étranges cohabitations permises par le cimetière. Dans une section, on peut croiser la tombe du savant Faustino Malaguti. Chimiste célèbre, professeur d'université et même recteur de l'Académie de Rennes jusqu'en 1873, il est aussi connu pour avoir mené les études toxicologiques sur les victimes de la célèbre empoisonneuse Hélène Gégado, contribuant ainsi à sa condamnation à mort en 1851. Il étudiera également le cerveau de la tueuse en série après sa décapitation. Et devinez quoi ? La Gégado, elle aussi, repose dans le cimetière du Nord. Sa dernière demeure se trouve non loin de la tombe de Faustino Malaguti, dans l'anonymat de la fosse commune. Dans un autre enregistre, les tombes des frères Beaujard prêtent à sourire. Si l'on dit que la mort réunit ceux qui s'aiment, il n'est pas certain que les deux frères s'y croisent. Le premier, catholique fervent, repose sous une stèle plutôt classique. Juste à côté, le second frère, aux convictions à l'opposé, précise en épitaphe qu'il alléguait la fortune familiale aux œuvres laïques et sociales. Le cimetière du Nord, à n'en pas douter, est bien plus qu'un cimetière. C'est tout un livre sur l'histoire de Rennes et de ses habitants, dont chaque allée, chaque sépulture, chaque sculpture en est une page. On peut la repenter au hasard, bien sûr, mais si vous souhaitez le parcourir plus facilement, Sachez que le service funéraire de la ville de Rennes a édité un plan indiquant les tombes remarquables et propose également sur son site des visites virtuelles. De quoi tout apprendre de ce cimetière étonnant et de ses occupants les plus marquants. Les secrets du cimetière du Nord. C'était Ronan Lemoire, à bientôt pour un nouvel épisode de Raconte-moi Rennes.