- Speaker #0
Bienvenue, aujourd'hui on se penche sur un contexte économique assez tendu, on le voit bien, avec des entreprises qui réduisent la voilure sur le long terme.
- Speaker #1
Oui c'est vrai, et face à ça, comment on fait pour garder les emplois sans couler la boîte, c'est toute la question.
- Speaker #0
Justement, il y a un nouvel outil qui vient d'apparaître avec la loi de finances 2025, l'activité partielle de longue durée rebond, APLDR pour faire court.
- Speaker #1
Exactement. Et on a épluché un article de blog assez détaillé et une note de synthèse pour comprendre ce mécanisme. Notre objectif, c'est de voir clair comment ça marche, cet APLDR. Et surtout, qu'est-ce que ça change pour les entreprises, pour les salariés ?
- Speaker #0
Alors, c'est quoi exactement ce dispositif ?
- Speaker #1
En gros, c'est un système pour les boîtes qui ont moins de boulot, mais de façon durable, attention, pas juste un petit creux. Mais on pense que ça va repartir.
- Speaker #0
D'accord. Donc, au lieu de licencier, elles peuvent réduire le temps de travail. Et l'idée, c'est double. Sauver l'emploi, bien sûr, logique.
- Speaker #1
Mais aussi, et c'est important dans les textes, profiter de ce temps « libre » pour former les gens.
- Speaker #0
Ah oui, sauver l'emploi et former. Intéressant ça. Concrètement, une entreprise, comment elle fait pour lancer ça ? C'est compliqué ?
- Speaker #1
Alors, il faut passer par le diarrogue social. Soit on négocie un accord collectif dans l'établissement, l'entreprise, ou même le groupe. Soit, autre option, si un accord de branche étendue le prévoit. Un accord pour tout un secteur, quoi. L'employeur peut rédiger un document, mais après avoir consulté le CSE, le Comité Social et Économique.
- Speaker #0
D'accord. Et après ?
- Speaker #1
Et après, il faut faire valider tout ça par l'administration. Et attention, la première demande doit être faite avant fin 2026. C'est une date butoir.
- Speaker #0
Compris. Et une fois que c'est validé, on peut l'utiliser pendant combien de temps, cet APLDR ?
- Speaker #1
C'est assez souple, mais cadré. On peut l'utiliser jusqu'à 18 mois.
- Speaker #0
18 mois ? Oui.
- Speaker #1
Consécutif ou pas. sur une période globale de 24 mois. Ça fonctionne par bloc de 6 mois, qu'il faut faire renouveler avec autorisation.
- Speaker #0
Et pendant ce temps, on réduit le travail de combien ?
- Speaker #1
La réduction peut aller jusqu'à 40% de la durée normale, celle prévue par la loi ou la convention collective. Donc ça peut vouloir dire bosser 3 jours sur 5, par exemple.
- Speaker #0
Voire pas du tout pour certains postes, c'est ça ?
- Speaker #1
Oui, l'accord peut même prévoir une suspension totale temporaire de l'activité pour certains salariés, dans des cas précis.
- Speaker #0
Bon. Qui dit réduction d'horaire dit souvent réduction de salaire. Comment ça se passe pour l'indemnisation ?
- Speaker #1
Alors oui, pour les heures non travaillées, le salarié touche une indemnité. C'est l'employeur qui la verse. Elle correspond à 70% du salaire brut habituel.
- Speaker #0
70% du brut ? Et l'employeur, il est aidé ?
- Speaker #1
Oui, l'employeur reçoit une allocation de l'État et de l'UNEMIC pour l'aider à financer une partie de cette indemnité. Et là, il y a un truc qui ressort bien des documents. Cette indemnité, elle peut monter.
- Speaker #0
Jusqu'à 100% du salaire net ?
- Speaker #1
Absolument. Mais sous condition.
- Speaker #0
Laquelle ?
- Speaker #1
Si le salarié suit une formation pendant cette période d'APLDR. C'est une sacrée incitation quand même.
- Speaker #0
Ah oui, clairement. Ça incite à ne pas juste rester à attendre que ça reparte.
- Speaker #1
Voilà, ça met en lumière les engagements de chacun. L'employeur, lui, doit garder les salariés concernés dans l'emploi.
- Speaker #0
C'est la base. Mais il doit aussi leur proposer des formations. Et pas n'importe lesquelles. Des formations utiles, adaptées aux besoins futurs de l'entreprise et à l'évolution des métiers. C'est un vrai pari sur la compétence. Du coup ? Pour le salarié, les avantages sont clairs. Une certaine sécurité de l'emploi, une compensation financière et surtout cet accès facilité à la formation pour améliorer son employabilité. D'ailleurs, une étude de l'INSEE est mentionnée. Oui,
- Speaker #1
elle montrait que 57% des salariés formés, dans des contextes similaires, voient leur employabilité s'améliorer. Ce n'est pas négligeable.
- Speaker #0
Et pour l'entreprise ?
- Speaker #1
Au-delà de payer moins de salaire tout de suite.
- Speaker #0
C'est un investissement. Garder les compétences, voire les développer, Pendant la crise, c'est se préparer pour la reprise. Et ce qui est assez étonnant, une étude de White le suggère, c'est que les boîtes qui investissent dans la formation pendant une récession… Oui,
- Speaker #1
elles voient leur productivité grimper de 12% après. Donc la PLDR, ça pourrait être bien plus qu'une simple béquille.
- Speaker #0
Intéressant, mais les sources soulèvent aussi des points de vigilance, non ? Le risque que les formations ne soient pas pile-poil ce qu'il faut pour l'avenir, ou la paperesse administrative…
- Speaker #1
Tout à fait. Le gros enjeu, c'est la… pertinence des formations. Ça demande une super collaboration entre l'entreprise, les syndicats, les organismes de formation, les pouvoirs publics pour viser juste.
- Speaker #0
Et la complexité administrative ?
- Speaker #1
Elle existe, faut pas se le cacher. Mais bon, il y a des appuis possibles via les chambres de eau-commerce, les syndicats pro. Un petit mot sur la compta et le fisc vite fait ?
- Speaker #0
Très rapide oui. Bon, pour l'entreprise, les indemnités versées, ce sont des charges sociales. Les aides reçues de l'Etat, c'est comptabilisé en produits exceptionnels. Fiscalement, L'impact sur l'impôt société est souvent limité, parce que c'est une aide publique. Ok, donc pour résumer, cet APLD rebond, c'est un outil à double détente. Ça protège l'emploi quand ça va mal, mais ça peut aussi être une occasion de transformer, de monter en compétence.
- Speaker #1
C'est exactement ça. Les documents le présentent moins comme un simple pansement que comme une vraie opportunité stratégique, pour renforcer le potentiel humain et préparer demain. Mais à condition de bien jouer le jeu, surtout sur la formation.
- Speaker #0
Ce qui nous laisse avec une question en suspens, peut-être, si ce genre de dispositif, qui lie temps réduit et formation, devenait plus courant, plus durable, est-ce que ça ne pourrait pas changer en profondeur notre façon d'envisager l'apprentissage tout au long de la vie, et même nos carrières ? Voilà de quoi réfléchir.