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Ep.4 - Patricia : un nouveau cap pour Pat' cover
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Inclusif

Ep.4 - Patricia : un nouveau cap pour Pat'

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18min |11/10/2024
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Inclusif

Ep.4 - Patricia : un nouveau cap pour Pat'

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18min |11/10/2024
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Description

80% des personnes en situation de handicap le deviennent au cours de l'âge adulte. Patricia fait partie de cette catégorie, à la simple différence qu'elle gère une petite entreprise de 18 personnes dans le secteur du nettoyage industriel. Son accident en 2020 a bouleversé son existence, avec un impact important sur sa famille, son mari, son travail et son engagement sociétal. Accompagnée par l'action handicap de la CPME et les aides de Cap emploi et l'AGEFIPH, elle a pu poursuivre son activité dans de bonnes conditions malgré les séquelles de l'accident. Dans cet épisode, elle se livre en toute franchise sur cette épreuve difficile mais surmontée.

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue sur le podcast Inclusif. Aujourd'hui, nous allons parler d'un chemin de vie qui semblait tout tracé, une carrière à la tête d'une entreprise qui fonctionne bien, une vie de famille épanouie, puis un jour, paf, c'est l'accident. 80% des personnes en situation de handicap le deviennent au cours de l'âge adulte. Nous avons tous tendance à considérer notre santé comme acquise jusqu'à ce qu'elle disparaisse. Et quand cela arrive, s'adapter à la vie avec un handicap est souvent une transition difficile. Pour nous en parler, Yann reçoit Patricia Dalmont, dirigeante de l'entreprise de nettoyage industriel Pâtes Nettoyage. Dans cet épisode, elle se livre en toute franchise sur sa façon de gérer cet épisode difficile de sa vie. Nous verrons comment, malgré la douleur permanente et les ennuis de santé qui se sont succédés, Elle a pu maintenir son entreprise à flot. Une belle leçon de persévérance et de résilience qui lui a permis de surmonter les défis et de se bâtir une vie enrichissante en cultivant le lâcher prise et le recentrage sur soi. Je suis Chérazade, dans nos épisodes nous mettons en lumière des histoires inspirantes. et des initiatives innovantes. Vous entendrez des témoignages de dirigeants d'entreprises engagés en faveur de l'inclusion des personnes en situation de handicap, certains ayant eux-mêmes vécu une telle situation, et des salariés qui ont pu faire de leur différence une force. Ils partageront leurs expériences, leurs défis, et les stratégies qu'ils ont mises en place pour créer des environnements de travail véritablement ouverts à tous.

  • Speaker #1

    Patricia, je vais te présenter en quelques mots et puis nous parler de ton parcours professionnel avant la création de ton entreprise.

  • Speaker #2

    Oui, donc Patricia Dalmong-Elpa, j'ai 55 ans, j'ai créé mon entreprise de nettoyage en octobre 92. après mes études de comptabilité et gestion des entreprises. Donc j'ai travaillé en sortant de l'école au Kavilam à Vichy en tant que comptable. Puis par la suite, je suis rentrée à la Ligue d'Auvergne de football comme... comptable à Clermont-Ferrand. La Ligue d'Auvergne de football ensuite pour aller sur Monaco, où j'ai travaillé comme comptable dans une entreprise de nettoyage.

  • Speaker #1

    Et du coup, qu'est-ce qui t'a donné envie de te lancer dans l'entrepreneuriat et de créer du coup Pat Nettoyage, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Voilà, Pat Nettoyage, Pat Nettoyage qui vient du diminutif de Patricia. Et bien donc, quand j'ai travaillé à Monaco, Donc comme comptable, c'était dans une entreprise de nettoyage industriel. Donc ça m'a donné envie de créer cette entreprise quand je suis remontée à Vichy par la suite. Pourquoi ? Parce que j'avais un petit problème avec mes responsables. Donc je me suis dit, ce sera peut-être plus simple si c'est moi qui gère plutôt que d'être dirigée.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous présenter justement Pâtes Nettoyage ? Elle nous parlait de ses activités, peut-être sa taille aujourd'hui, son nombre de salariés.

  • Speaker #2

    Alors Pâtes Nettoyage a été créé le 1er octobre 1992. Son activité, c'est le nettoyage industriel pur et dur. Donc on fait l'entretien de locaux, de bureaux, d'industrie, shampoing moquette, des cages d'escalier, du particulier et du professionnel. Petite et moyenne entreprise. D'accord.

  • Speaker #1

    Au volume de clients, il y a combien de salariés ?

  • Speaker #2

    On est 18 salariés et on a entre 280 et 300 clients par mois. D'accord. Voilà, donc petite facture parce que ça peut être du... petit entretien d'une cage d'escalier une fois par mois, comme du gros, gros nettoyage ou des grosses factures.

  • Speaker #1

    C'est plutôt un secteur en tension de recrutement. C'est quelque chose que vous rencontrez ?

  • Speaker #2

    Là, on a des gros problèmes où on est obligé... Effectivement, de refuser de faire des chantiers parce qu'on n'a pas la main d'oeuvre pour faire le travail.

  • Speaker #1

    En octobre 2020, tu es victime d'un accident de la vie qui a eu des conséquences très importantes sur ta santé. Qu'est-ce qui peut nous en dire plus sur cet accident et sur les conséquences qu'il a eues sur ta vie, aussi bien personnelle que professionnelle ?

  • Speaker #2

    En octobre 2020, j'étais avec mon mari sur le... sur les cours de QC, à côté de Vichy. Donc, j'allais tout simplement vider les bouteilles vides dans le container. Et en remontant de la voiture, un camion a reculé et m'a percuté de plein fouet en me coinçant les deux jambes sur le marche-pied du véhicule et m'a poussé sur deux ou trois mètres au long des deux cours. Donc, conséquence, les deux jambes écrasées, les deux... Des problèmes de pieds, donc neuropathie cérébrale. Donc mes nerfs sont restés sur douleur. Donc en fait, j'ai mal tout le temps. Tout le temps, toute la journée, les nuits, le jour. Voilà, donc la seule chose qui calme, c'est les médicaments, bien évidemment. Mais je ne pourrai jamais reprendre une démarche normale. Alors les conséquences, bien évidemment. Chez nous, le nettoyage industriel, je ne faisais pas que de l'administratif. Donc je travaillais avec mon perso. Donc ça a été l'arrêt brutal de toute activité manuelle. Donc il a fallu que j'embauche quelqu'un pour me remplacer, puisque j'ai pas pu marcher pendant un long moment aussi, derrière. J'ai embauché un contre-maître qui fait les devis, qui fait tout ce que je faisais moi, les devis, les remises en état avec les employés, tout ça. Professionnellement, ça a été compliqué, puisque du jour au lendemain, j'ai quand même pratiquement disparu pour me soigner. essayer de me soigner tout du moins. Personnellement ça a été compliqué aussi puisque du jour au lendemain je pouvais plus faire ce que je faisais à la maison non plus. Donc il a fallu que mon mari s'adapte à la situation, ce qui n'était pas facile pour lui puisqu'il n'avait jamais fait. Donc ça a été une grosse remise en question.

  • Speaker #1

    La communauté, cette nouvelle situation à tes salariés, c'est une information qu'ils ont apprise ? Un peu comme ça, en ne voyant pas venir au...

  • Speaker #2

    J'ai communiqué tout de suite, bien évidemment, puisque le lundi, il fallait aller travailler, puisque ça s'est passé un samedi. Donc j'ai communiqué à mes salariés tout de suite l'accident. Par contre, ils ont été super. Ils se sont adaptés. Ils ont fait le travail comme si j'étais là. Ça, franchement, je pense qu'ils ont été très bien. J'ai du personnel bien.

  • Speaker #1

    C'est bien de pouvoir compter sur eux dans les moments difficiles ?

  • Speaker #2

    J'ai toujours pu compter sur eux. Comme eux ont pu compter sur moi tout le temps. En fait, il n'y a pas eu de cassure. Hormis mes jambes. Ils ont continué à travailler correctement en communiquant avec moi. Mais le lundi, j'étais quand même devant mon ordinateur. Quoi qu'il en soit. Je n'ai pas arrêté de travailler intellectuellement du tout.

  • Speaker #1

    Alors cette situation un peu particulière, extraordinaire, montre aussi que les valeurs humaines ont toute leur place au sein de ta société.

  • Speaker #2

    Bien sûr, et puis mes clients aussi, mes clients ont appris rapidement aussi le problème et ils sont restés fidèles, même si on a eu des couacs, bien sûr, d'une organisation qui était plus comme avant, où tout était net, clair et précis. Donc, on a fait des erreurs aussi, mais ils ont toujours été là. Donc, j'ai vraiment des clients sympathiques aussi. Donc, pas de souci, ça a été bien.

  • Speaker #1

    Tu as pu réussir à maintenir l'entreprise à flot pendant cette période difficile. Et puis, quelles ont été les principales difficultés que tu as rencontrées et comment tu les as surmontées pour le coup ?

  • Speaker #2

    L'entreprise, elle a tourné et elle tourne. En fait, elle a 30 ans, quoi. Elle a 30 ans d'ancienneté, donc elle tourne. Elle tourne, mois absente. Elle a tourné quand même. Les clients étaient là, les chantiers étaient là. Après, le contre-mètre est arrivé rapidement. Donc, il a pu prendre le relais derrière moi tout en travaillant ensemble. Donc, on n'a pas eu trop de soucis pour maintenir au départ l'entreprise. La difficulté est arrivée après. C'est-à-dire que j'ai d'autres soucis de santé qui ont fait que j'ai dû m'absenter beaucoup plus souvent. Et là par contre on a eu quelques problèmes de communication et donc on a eu des ratés, des gros ratés et donc l'année dernière, l'année n'a pas été très bonne en fait. Mais cette année je suis à nouveau là donc j'ai repris les rênes et ça va beaucoup mieux.

  • Speaker #1

    La leçon pour le coup par rapport finalement pas à ta première situation mais à celle que tu évoquais l'année dernière c'est de communiquer mieux peut-être c'est ça ?

  • Speaker #2

    Voilà, en fait, c'est la communication qui n'a pas été bonne. J'ai pensé que mon contre-maître était prêt à prendre le relais. Et non, effectivement, il manquait Patricia quand même pour régler deux, trois problèmes et puis négocier, négocier des tarifs, tout ça. Donc, on a un peu pêché. Mais bon, cette année, j'ai repris les rênes, donc ça va mieux, déjà.

  • Speaker #1

    D'accord. Et lorsque tu étais absente ? Tes collègues se trouvent un petit peu autogérés ? Est-ce qu'il y a eu un leader qui a émergé ?

  • Speaker #2

    Alors il y a toujours eu un leader. J'ai une employée qui est là depuis 30 ans. On a pratiquement démarré ensemble et donc c'est mon binôme, je l'ai formée. Elle sait comment je veux qu'on travaille et elle était là, elle a toujours été là. Cette personne-là, je peux lui faire entièrement confiance et donc je n'ai pas de soucis.

  • Speaker #1

    Tu parlais de ton... de l'impact fort du coup sur la vie aussi de famille, sur Marie notamment. Quelles conséquences ça a eu sur ta famille, sur ta vie personnelle ? Et comment ça a réussi à concilier finalement ton rétablissement et puis ta vie de famille avec l'entreprise qui tourne en même temps ?

  • Speaker #2

    Alors, ça m'a fait comprendre que je faisais beaucoup trop de choses déjà. Donc, qu'il fallait un peu déléguer et que c'était pas mal de déléguer. Il a fallu qu'il s'adapte lui, parce qu'il n'avait pas l'habitude en fait de rentrer et puis de faire quoi que ce soit, puisque j'avais déjà fait. Je me suis dit, il faut lever le pied, il faut savoir lever le pied et profiter un petit peu de la vie. Donc j'essaye de faire un peu de sport, j'essaye de rencontrer des gens, je m'occupe d'une association aussi. J'ai un peu mis de côté la... le ménage de la maison, la nourriture, les courses et tout ça. Et lui a pris un petit peu le relais du coup. Et je pars plus souvent pour prendre un peu l'air de temps en temps.

  • Speaker #1

    Et du coup, tu t'es délaissée un peu de cette fameuse charge mentale qu'on implique trop facilement ou trop largement aux femmes.

  • Speaker #2

    Exactement, oui, oui. Mais bon, je veux dire, c'est moi qui ai géré cette situation-là. Mon mari avait beaucoup de travail et j'avais l'impression que peut-être que j'en avais peut-être moins, je sais pas. Et donc du coup je faisais tout et en fait c'est n'importe quoi.

  • Speaker #1

    Et du coup avant de commencer l'entretien, tu évoquais aussi le fait que ton mari a une entreprise de plâtrerie peinture. Est-ce que du coup, côté un peu opposé, est-ce que ça a chargé un peu son agenda à lui ?

  • Speaker #2

    Ah bah oui, oui forcément ! forcément, mais c'était le partage des choses. Donc, oui, oui. Donc, maintenant, le vendredi soir, il va faire les courses. Voilà.

  • Speaker #1

    Il ne prend pas trop mal ?

  • Speaker #2

    Non, non, ben non. Et à un moment donné, il a vu que je ne pouvais plus. Donc, il a pris le relais. Et maintenant, c'est devenu normal.

  • Speaker #1

    Il va bénéficier du coup d'une aide de l'Egypte,

  • Speaker #2

    comme ça,

  • Speaker #1

    pour maintenir justement l'activité. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur cette aide, quand tu as bénéficié, et puis la façon... Qu'elle t'a permis de continuer, malgré le handicap déclaré aujourd'hui, tu vois ?

  • Speaker #2

    J'ai eu M. Yann au téléphone, tout de suite, en fait, suite à une réunion avec la CPME. Donc, la secrétaire m'a dit, mais attendez, Patricia, il y a des choses qu'on peut faire. Je n'étais pas au courant, en fait, de tout ce qu'on pouvait faire. Je pensais que pour les salariés, oui, mais que pour moi, patron, non, ça n'existait pas. Et en fait, tout s'est enchaîné en une demi-journée. où j'ai eu Yann au téléphone, puis par la suite, je ne me rappelle plus comment il s'appelait, monsieur... Voilà, qui m'a aidé à faire les dossiers, les demandes et tout ça. En fait, tout a été très, très vite, avec des gens formidables. Et donc, j'ai eu Cap Emploi ou AGFIP qui est venu visiter mon bureau, qui m'a mis en place un ordinateur sur pied, une chaise révolutionnaire qui se lève toute seule quand je me lève. qui m'aide à me lever en tout cas. J'ai eu pas mal de choses, des souris, une souris adaptée. Et j'ai eu 1500 euros d'aide pour acheter une voiture en automatique.

  • Speaker #1

    Des aides par rapport au contre-mètre ou pas ? Le temps de ton absence ?

  • Speaker #2

    Non, ça j'ai rien eu. D'accord. Non, du tout.

  • Speaker #1

    Attends, mais j'avais dû recruter cette personne. Elle était déjà au sein de mon entreprise.

  • Speaker #2

    Ah non, c'était une nouvelle personne.

  • Speaker #1

    et qui aujourd'hui est embauché en CDI. Ça a aussi contribué au développement du futur.

  • Speaker #2

    Tout à fait, oui, c'était pratiquement obligatoire parce que je ne pouvais pas plus tout faire.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, comment tu te sens dans ta vie, tout de même, perso, pro ?

  • Speaker #2

    Très bien.

  • Speaker #1

    Et surtout, quels sont tes projets pour l'avenir plus ou moins proche ?

  • Speaker #2

    Alors là maintenant, hormis le problème du procès qui n'est toujours pas passé, hormis que les assurances se bataillent entre elles pour essayer d'en payer le moins possible, moi je ne me sens pas trop mal. Moi j'ai perdu le sommeil, donc ça c'est compliqué. Après au niveau des projets, le projet principal c'est d'essayer de revendre la société à un moment donné pour pouvoir m'installer ailleurs, changer complètement. J'ai complètement de région. Voilà, exactement. En fait, quand je suis tombée malade, je suis allée dans une petite région sympathique qui m'a bien accueillie en plus. Donc, j'ai envie d'y rester et de finir ma carrière professionnelle là-bas. Donc, l'entreprise ici, elle vit bien, elle va bien. Donc, j'ai un petit jeune que j'ai embauché il y a une quinzaine d'années. à qui j'ai demandé de s'installer il y a quelques années pour pouvoir prendre son envol tout seul, qui serait peut-être à même de racheter l'entreprise. Donc je pars plutôt dans ce but-là, vu que mon fils à moi n'a pas l'intention de reprendre l'entreprise. Peut-être voir avec ce jeune homme qui est formé par moi du départ, donc qui travaille comme moi. Donc il y a peut-être... l'ambition de reprendre l'entreprise. Et un qui,

  • Speaker #1

    tu vois, j'imagine, bien confiance.

  • Speaker #2

    Ah bah oui, oui, oui, forcément, forcément.

  • Speaker #1

    Et puis, est-ce que tu as des conseils à donner à des personnes qui, la victime d'un accident d'avis, un peu comme toi, ou qui souffrent d'un diable et qui souhaitent... C'est censé être dans l'entrepreneuriat ? Est-ce que tu as un conseil particulier à leur véhiculer ?

  • Speaker #2

    Le handicap fait prendre conscience qu'on n'est pas tout seul et qu'on peut aider. Moi, c'est surtout ce qui m'a motivée. L'entreprise, elle était là, donc j'étais bien obligée de faire quelque chose pour qu'elle continue. Quelqu'un qui veut s'installer avec un handicap, s'il n'est pas trop dérangeant. Je ne vois pas pourquoi il aurait de problème pour s'installer. Les gens évoluent et les mentalités évoluent. Ça n'est plus un problème, je pense. Pour moi, ça n'est plus un problème.

  • Speaker #1

    Pourrais-tu dire aujourd'hui, est-ce que le handicap, ce qui t'est arrivé il n'y a pas si longtemps finalement, est-ce que tu pourrais dire que c'est quelque part une opportunité pour toi ?

  • Speaker #2

    Oui, parce que j'ai changé. J'ai changé, j'ai évolué. Avant, c'était mon boulot, ma famille, point barre. Et maintenant, ce n'est plus ça. C'est mon boulot, ma famille, mais les autres aussi. Donc, ça a permis de changer et d'aider. Ce que je fais, c'est aider.

  • Speaker #1

    Je pousse encore un peu plus, parce que tu as évoqué l'idée de prendre en charge une association, où tu investis à nos banques. Tu peux nous en dire peut-être un peu plus sur cette association ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est une association qui aide les gens qui ne sont pas capables de faire leurs impôts, de leur déclaration, de demander une carte mutuelle ou une carte de sécurité sociale. Et donc, j'y vais une fois par semaine. Et je travaille avec les gens pour leur apprendre sur ordinateur comment on fait, les démarches qu'il faut faire. Et si on ne trouve pas, comment on fait pour trouver sur Internet. Voilà. Pour qu'ils arrivent à se débrouiller tout seuls.

  • Speaker #1

    T'es confrontée à une certaine fracture numérique ?

  • Speaker #2

    Exactement. Ouais, ouais. Ouais, ouais. Exactement. Et il y a beaucoup, beaucoup de gens qui ne savent pas et qui laissent tomber parce qu'ils ne trouvent pas.

  • Speaker #1

    En tout cas, je te remercie énormément, Patricia, de m'avoir donné ton temps, et puis surtout d'avoir été très franche et directe sur une situation qui n'était pas facile à vivre, j'imagine, sur le coup, mais pour laquelle tu as pu en tirer quelque chose de bénéfique pour ta société et toi-même.

  • Speaker #2

    Oui, oui, mais de rien, et puis merci beaucoup, parce que ça a été vraiment une rencontre sympathique entre nous deux et vos autres collègues.

  • Speaker #1

    On va déjeuner maintenant.

  • Speaker #2

    Alors, on y va. Allez, on coupe.

  • Speaker #0

    Merci à tous pour votre écoute. Le podcast Inclusive est soutenu par l'AGFIP et le Fonds social européen. À la semaine prochaine pour un nouvel épisode.

Description

80% des personnes en situation de handicap le deviennent au cours de l'âge adulte. Patricia fait partie de cette catégorie, à la simple différence qu'elle gère une petite entreprise de 18 personnes dans le secteur du nettoyage industriel. Son accident en 2020 a bouleversé son existence, avec un impact important sur sa famille, son mari, son travail et son engagement sociétal. Accompagnée par l'action handicap de la CPME et les aides de Cap emploi et l'AGEFIPH, elle a pu poursuivre son activité dans de bonnes conditions malgré les séquelles de l'accident. Dans cet épisode, elle se livre en toute franchise sur cette épreuve difficile mais surmontée.

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue sur le podcast Inclusif. Aujourd'hui, nous allons parler d'un chemin de vie qui semblait tout tracé, une carrière à la tête d'une entreprise qui fonctionne bien, une vie de famille épanouie, puis un jour, paf, c'est l'accident. 80% des personnes en situation de handicap le deviennent au cours de l'âge adulte. Nous avons tous tendance à considérer notre santé comme acquise jusqu'à ce qu'elle disparaisse. Et quand cela arrive, s'adapter à la vie avec un handicap est souvent une transition difficile. Pour nous en parler, Yann reçoit Patricia Dalmont, dirigeante de l'entreprise de nettoyage industriel Pâtes Nettoyage. Dans cet épisode, elle se livre en toute franchise sur sa façon de gérer cet épisode difficile de sa vie. Nous verrons comment, malgré la douleur permanente et les ennuis de santé qui se sont succédés, Elle a pu maintenir son entreprise à flot. Une belle leçon de persévérance et de résilience qui lui a permis de surmonter les défis et de se bâtir une vie enrichissante en cultivant le lâcher prise et le recentrage sur soi. Je suis Chérazade, dans nos épisodes nous mettons en lumière des histoires inspirantes. et des initiatives innovantes. Vous entendrez des témoignages de dirigeants d'entreprises engagés en faveur de l'inclusion des personnes en situation de handicap, certains ayant eux-mêmes vécu une telle situation, et des salariés qui ont pu faire de leur différence une force. Ils partageront leurs expériences, leurs défis, et les stratégies qu'ils ont mises en place pour créer des environnements de travail véritablement ouverts à tous.

  • Speaker #1

    Patricia, je vais te présenter en quelques mots et puis nous parler de ton parcours professionnel avant la création de ton entreprise.

  • Speaker #2

    Oui, donc Patricia Dalmong-Elpa, j'ai 55 ans, j'ai créé mon entreprise de nettoyage en octobre 92. après mes études de comptabilité et gestion des entreprises. Donc j'ai travaillé en sortant de l'école au Kavilam à Vichy en tant que comptable. Puis par la suite, je suis rentrée à la Ligue d'Auvergne de football comme... comptable à Clermont-Ferrand. La Ligue d'Auvergne de football ensuite pour aller sur Monaco, où j'ai travaillé comme comptable dans une entreprise de nettoyage.

  • Speaker #1

    Et du coup, qu'est-ce qui t'a donné envie de te lancer dans l'entrepreneuriat et de créer du coup Pat Nettoyage, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Voilà, Pat Nettoyage, Pat Nettoyage qui vient du diminutif de Patricia. Et bien donc, quand j'ai travaillé à Monaco, Donc comme comptable, c'était dans une entreprise de nettoyage industriel. Donc ça m'a donné envie de créer cette entreprise quand je suis remontée à Vichy par la suite. Pourquoi ? Parce que j'avais un petit problème avec mes responsables. Donc je me suis dit, ce sera peut-être plus simple si c'est moi qui gère plutôt que d'être dirigée.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous présenter justement Pâtes Nettoyage ? Elle nous parlait de ses activités, peut-être sa taille aujourd'hui, son nombre de salariés.

  • Speaker #2

    Alors Pâtes Nettoyage a été créé le 1er octobre 1992. Son activité, c'est le nettoyage industriel pur et dur. Donc on fait l'entretien de locaux, de bureaux, d'industrie, shampoing moquette, des cages d'escalier, du particulier et du professionnel. Petite et moyenne entreprise. D'accord.

  • Speaker #1

    Au volume de clients, il y a combien de salariés ?

  • Speaker #2

    On est 18 salariés et on a entre 280 et 300 clients par mois. D'accord. Voilà, donc petite facture parce que ça peut être du... petit entretien d'une cage d'escalier une fois par mois, comme du gros, gros nettoyage ou des grosses factures.

  • Speaker #1

    C'est plutôt un secteur en tension de recrutement. C'est quelque chose que vous rencontrez ?

  • Speaker #2

    Là, on a des gros problèmes où on est obligé... Effectivement, de refuser de faire des chantiers parce qu'on n'a pas la main d'oeuvre pour faire le travail.

  • Speaker #1

    En octobre 2020, tu es victime d'un accident de la vie qui a eu des conséquences très importantes sur ta santé. Qu'est-ce qui peut nous en dire plus sur cet accident et sur les conséquences qu'il a eues sur ta vie, aussi bien personnelle que professionnelle ?

  • Speaker #2

    En octobre 2020, j'étais avec mon mari sur le... sur les cours de QC, à côté de Vichy. Donc, j'allais tout simplement vider les bouteilles vides dans le container. Et en remontant de la voiture, un camion a reculé et m'a percuté de plein fouet en me coinçant les deux jambes sur le marche-pied du véhicule et m'a poussé sur deux ou trois mètres au long des deux cours. Donc, conséquence, les deux jambes écrasées, les deux... Des problèmes de pieds, donc neuropathie cérébrale. Donc mes nerfs sont restés sur douleur. Donc en fait, j'ai mal tout le temps. Tout le temps, toute la journée, les nuits, le jour. Voilà, donc la seule chose qui calme, c'est les médicaments, bien évidemment. Mais je ne pourrai jamais reprendre une démarche normale. Alors les conséquences, bien évidemment. Chez nous, le nettoyage industriel, je ne faisais pas que de l'administratif. Donc je travaillais avec mon perso. Donc ça a été l'arrêt brutal de toute activité manuelle. Donc il a fallu que j'embauche quelqu'un pour me remplacer, puisque j'ai pas pu marcher pendant un long moment aussi, derrière. J'ai embauché un contre-maître qui fait les devis, qui fait tout ce que je faisais moi, les devis, les remises en état avec les employés, tout ça. Professionnellement, ça a été compliqué, puisque du jour au lendemain, j'ai quand même pratiquement disparu pour me soigner. essayer de me soigner tout du moins. Personnellement ça a été compliqué aussi puisque du jour au lendemain je pouvais plus faire ce que je faisais à la maison non plus. Donc il a fallu que mon mari s'adapte à la situation, ce qui n'était pas facile pour lui puisqu'il n'avait jamais fait. Donc ça a été une grosse remise en question.

  • Speaker #1

    La communauté, cette nouvelle situation à tes salariés, c'est une information qu'ils ont apprise ? Un peu comme ça, en ne voyant pas venir au...

  • Speaker #2

    J'ai communiqué tout de suite, bien évidemment, puisque le lundi, il fallait aller travailler, puisque ça s'est passé un samedi. Donc j'ai communiqué à mes salariés tout de suite l'accident. Par contre, ils ont été super. Ils se sont adaptés. Ils ont fait le travail comme si j'étais là. Ça, franchement, je pense qu'ils ont été très bien. J'ai du personnel bien.

  • Speaker #1

    C'est bien de pouvoir compter sur eux dans les moments difficiles ?

  • Speaker #2

    J'ai toujours pu compter sur eux. Comme eux ont pu compter sur moi tout le temps. En fait, il n'y a pas eu de cassure. Hormis mes jambes. Ils ont continué à travailler correctement en communiquant avec moi. Mais le lundi, j'étais quand même devant mon ordinateur. Quoi qu'il en soit. Je n'ai pas arrêté de travailler intellectuellement du tout.

  • Speaker #1

    Alors cette situation un peu particulière, extraordinaire, montre aussi que les valeurs humaines ont toute leur place au sein de ta société.

  • Speaker #2

    Bien sûr, et puis mes clients aussi, mes clients ont appris rapidement aussi le problème et ils sont restés fidèles, même si on a eu des couacs, bien sûr, d'une organisation qui était plus comme avant, où tout était net, clair et précis. Donc, on a fait des erreurs aussi, mais ils ont toujours été là. Donc, j'ai vraiment des clients sympathiques aussi. Donc, pas de souci, ça a été bien.

  • Speaker #1

    Tu as pu réussir à maintenir l'entreprise à flot pendant cette période difficile. Et puis, quelles ont été les principales difficultés que tu as rencontrées et comment tu les as surmontées pour le coup ?

  • Speaker #2

    L'entreprise, elle a tourné et elle tourne. En fait, elle a 30 ans, quoi. Elle a 30 ans d'ancienneté, donc elle tourne. Elle tourne, mois absente. Elle a tourné quand même. Les clients étaient là, les chantiers étaient là. Après, le contre-mètre est arrivé rapidement. Donc, il a pu prendre le relais derrière moi tout en travaillant ensemble. Donc, on n'a pas eu trop de soucis pour maintenir au départ l'entreprise. La difficulté est arrivée après. C'est-à-dire que j'ai d'autres soucis de santé qui ont fait que j'ai dû m'absenter beaucoup plus souvent. Et là par contre on a eu quelques problèmes de communication et donc on a eu des ratés, des gros ratés et donc l'année dernière, l'année n'a pas été très bonne en fait. Mais cette année je suis à nouveau là donc j'ai repris les rênes et ça va beaucoup mieux.

  • Speaker #1

    La leçon pour le coup par rapport finalement pas à ta première situation mais à celle que tu évoquais l'année dernière c'est de communiquer mieux peut-être c'est ça ?

  • Speaker #2

    Voilà, en fait, c'est la communication qui n'a pas été bonne. J'ai pensé que mon contre-maître était prêt à prendre le relais. Et non, effectivement, il manquait Patricia quand même pour régler deux, trois problèmes et puis négocier, négocier des tarifs, tout ça. Donc, on a un peu pêché. Mais bon, cette année, j'ai repris les rênes, donc ça va mieux, déjà.

  • Speaker #1

    D'accord. Et lorsque tu étais absente ? Tes collègues se trouvent un petit peu autogérés ? Est-ce qu'il y a eu un leader qui a émergé ?

  • Speaker #2

    Alors il y a toujours eu un leader. J'ai une employée qui est là depuis 30 ans. On a pratiquement démarré ensemble et donc c'est mon binôme, je l'ai formée. Elle sait comment je veux qu'on travaille et elle était là, elle a toujours été là. Cette personne-là, je peux lui faire entièrement confiance et donc je n'ai pas de soucis.

  • Speaker #1

    Tu parlais de ton... de l'impact fort du coup sur la vie aussi de famille, sur Marie notamment. Quelles conséquences ça a eu sur ta famille, sur ta vie personnelle ? Et comment ça a réussi à concilier finalement ton rétablissement et puis ta vie de famille avec l'entreprise qui tourne en même temps ?

  • Speaker #2

    Alors, ça m'a fait comprendre que je faisais beaucoup trop de choses déjà. Donc, qu'il fallait un peu déléguer et que c'était pas mal de déléguer. Il a fallu qu'il s'adapte lui, parce qu'il n'avait pas l'habitude en fait de rentrer et puis de faire quoi que ce soit, puisque j'avais déjà fait. Je me suis dit, il faut lever le pied, il faut savoir lever le pied et profiter un petit peu de la vie. Donc j'essaye de faire un peu de sport, j'essaye de rencontrer des gens, je m'occupe d'une association aussi. J'ai un peu mis de côté la... le ménage de la maison, la nourriture, les courses et tout ça. Et lui a pris un petit peu le relais du coup. Et je pars plus souvent pour prendre un peu l'air de temps en temps.

  • Speaker #1

    Et du coup, tu t'es délaissée un peu de cette fameuse charge mentale qu'on implique trop facilement ou trop largement aux femmes.

  • Speaker #2

    Exactement, oui, oui. Mais bon, je veux dire, c'est moi qui ai géré cette situation-là. Mon mari avait beaucoup de travail et j'avais l'impression que peut-être que j'en avais peut-être moins, je sais pas. Et donc du coup je faisais tout et en fait c'est n'importe quoi.

  • Speaker #1

    Et du coup avant de commencer l'entretien, tu évoquais aussi le fait que ton mari a une entreprise de plâtrerie peinture. Est-ce que du coup, côté un peu opposé, est-ce que ça a chargé un peu son agenda à lui ?

  • Speaker #2

    Ah bah oui, oui forcément ! forcément, mais c'était le partage des choses. Donc, oui, oui. Donc, maintenant, le vendredi soir, il va faire les courses. Voilà.

  • Speaker #1

    Il ne prend pas trop mal ?

  • Speaker #2

    Non, non, ben non. Et à un moment donné, il a vu que je ne pouvais plus. Donc, il a pris le relais. Et maintenant, c'est devenu normal.

  • Speaker #1

    Il va bénéficier du coup d'une aide de l'Egypte,

  • Speaker #2

    comme ça,

  • Speaker #1

    pour maintenir justement l'activité. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur cette aide, quand tu as bénéficié, et puis la façon... Qu'elle t'a permis de continuer, malgré le handicap déclaré aujourd'hui, tu vois ?

  • Speaker #2

    J'ai eu M. Yann au téléphone, tout de suite, en fait, suite à une réunion avec la CPME. Donc, la secrétaire m'a dit, mais attendez, Patricia, il y a des choses qu'on peut faire. Je n'étais pas au courant, en fait, de tout ce qu'on pouvait faire. Je pensais que pour les salariés, oui, mais que pour moi, patron, non, ça n'existait pas. Et en fait, tout s'est enchaîné en une demi-journée. où j'ai eu Yann au téléphone, puis par la suite, je ne me rappelle plus comment il s'appelait, monsieur... Voilà, qui m'a aidé à faire les dossiers, les demandes et tout ça. En fait, tout a été très, très vite, avec des gens formidables. Et donc, j'ai eu Cap Emploi ou AGFIP qui est venu visiter mon bureau, qui m'a mis en place un ordinateur sur pied, une chaise révolutionnaire qui se lève toute seule quand je me lève. qui m'aide à me lever en tout cas. J'ai eu pas mal de choses, des souris, une souris adaptée. Et j'ai eu 1500 euros d'aide pour acheter une voiture en automatique.

  • Speaker #1

    Des aides par rapport au contre-mètre ou pas ? Le temps de ton absence ?

  • Speaker #2

    Non, ça j'ai rien eu. D'accord. Non, du tout.

  • Speaker #1

    Attends, mais j'avais dû recruter cette personne. Elle était déjà au sein de mon entreprise.

  • Speaker #2

    Ah non, c'était une nouvelle personne.

  • Speaker #1

    et qui aujourd'hui est embauché en CDI. Ça a aussi contribué au développement du futur.

  • Speaker #2

    Tout à fait, oui, c'était pratiquement obligatoire parce que je ne pouvais pas plus tout faire.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, comment tu te sens dans ta vie, tout de même, perso, pro ?

  • Speaker #2

    Très bien.

  • Speaker #1

    Et surtout, quels sont tes projets pour l'avenir plus ou moins proche ?

  • Speaker #2

    Alors là maintenant, hormis le problème du procès qui n'est toujours pas passé, hormis que les assurances se bataillent entre elles pour essayer d'en payer le moins possible, moi je ne me sens pas trop mal. Moi j'ai perdu le sommeil, donc ça c'est compliqué. Après au niveau des projets, le projet principal c'est d'essayer de revendre la société à un moment donné pour pouvoir m'installer ailleurs, changer complètement. J'ai complètement de région. Voilà, exactement. En fait, quand je suis tombée malade, je suis allée dans une petite région sympathique qui m'a bien accueillie en plus. Donc, j'ai envie d'y rester et de finir ma carrière professionnelle là-bas. Donc, l'entreprise ici, elle vit bien, elle va bien. Donc, j'ai un petit jeune que j'ai embauché il y a une quinzaine d'années. à qui j'ai demandé de s'installer il y a quelques années pour pouvoir prendre son envol tout seul, qui serait peut-être à même de racheter l'entreprise. Donc je pars plutôt dans ce but-là, vu que mon fils à moi n'a pas l'intention de reprendre l'entreprise. Peut-être voir avec ce jeune homme qui est formé par moi du départ, donc qui travaille comme moi. Donc il y a peut-être... l'ambition de reprendre l'entreprise. Et un qui,

  • Speaker #1

    tu vois, j'imagine, bien confiance.

  • Speaker #2

    Ah bah oui, oui, oui, forcément, forcément.

  • Speaker #1

    Et puis, est-ce que tu as des conseils à donner à des personnes qui, la victime d'un accident d'avis, un peu comme toi, ou qui souffrent d'un diable et qui souhaitent... C'est censé être dans l'entrepreneuriat ? Est-ce que tu as un conseil particulier à leur véhiculer ?

  • Speaker #2

    Le handicap fait prendre conscience qu'on n'est pas tout seul et qu'on peut aider. Moi, c'est surtout ce qui m'a motivée. L'entreprise, elle était là, donc j'étais bien obligée de faire quelque chose pour qu'elle continue. Quelqu'un qui veut s'installer avec un handicap, s'il n'est pas trop dérangeant. Je ne vois pas pourquoi il aurait de problème pour s'installer. Les gens évoluent et les mentalités évoluent. Ça n'est plus un problème, je pense. Pour moi, ça n'est plus un problème.

  • Speaker #1

    Pourrais-tu dire aujourd'hui, est-ce que le handicap, ce qui t'est arrivé il n'y a pas si longtemps finalement, est-ce que tu pourrais dire que c'est quelque part une opportunité pour toi ?

  • Speaker #2

    Oui, parce que j'ai changé. J'ai changé, j'ai évolué. Avant, c'était mon boulot, ma famille, point barre. Et maintenant, ce n'est plus ça. C'est mon boulot, ma famille, mais les autres aussi. Donc, ça a permis de changer et d'aider. Ce que je fais, c'est aider.

  • Speaker #1

    Je pousse encore un peu plus, parce que tu as évoqué l'idée de prendre en charge une association, où tu investis à nos banques. Tu peux nous en dire peut-être un peu plus sur cette association ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est une association qui aide les gens qui ne sont pas capables de faire leurs impôts, de leur déclaration, de demander une carte mutuelle ou une carte de sécurité sociale. Et donc, j'y vais une fois par semaine. Et je travaille avec les gens pour leur apprendre sur ordinateur comment on fait, les démarches qu'il faut faire. Et si on ne trouve pas, comment on fait pour trouver sur Internet. Voilà. Pour qu'ils arrivent à se débrouiller tout seuls.

  • Speaker #1

    T'es confrontée à une certaine fracture numérique ?

  • Speaker #2

    Exactement. Ouais, ouais. Ouais, ouais. Exactement. Et il y a beaucoup, beaucoup de gens qui ne savent pas et qui laissent tomber parce qu'ils ne trouvent pas.

  • Speaker #1

    En tout cas, je te remercie énormément, Patricia, de m'avoir donné ton temps, et puis surtout d'avoir été très franche et directe sur une situation qui n'était pas facile à vivre, j'imagine, sur le coup, mais pour laquelle tu as pu en tirer quelque chose de bénéfique pour ta société et toi-même.

  • Speaker #2

    Oui, oui, mais de rien, et puis merci beaucoup, parce que ça a été vraiment une rencontre sympathique entre nous deux et vos autres collègues.

  • Speaker #1

    On va déjeuner maintenant.

  • Speaker #2

    Alors, on y va. Allez, on coupe.

  • Speaker #0

    Merci à tous pour votre écoute. Le podcast Inclusive est soutenu par l'AGFIP et le Fonds social européen. À la semaine prochaine pour un nouvel épisode.

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Description

80% des personnes en situation de handicap le deviennent au cours de l'âge adulte. Patricia fait partie de cette catégorie, à la simple différence qu'elle gère une petite entreprise de 18 personnes dans le secteur du nettoyage industriel. Son accident en 2020 a bouleversé son existence, avec un impact important sur sa famille, son mari, son travail et son engagement sociétal. Accompagnée par l'action handicap de la CPME et les aides de Cap emploi et l'AGEFIPH, elle a pu poursuivre son activité dans de bonnes conditions malgré les séquelles de l'accident. Dans cet épisode, elle se livre en toute franchise sur cette épreuve difficile mais surmontée.

Bonne écoute !


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue sur le podcast Inclusif. Aujourd'hui, nous allons parler d'un chemin de vie qui semblait tout tracé, une carrière à la tête d'une entreprise qui fonctionne bien, une vie de famille épanouie, puis un jour, paf, c'est l'accident. 80% des personnes en situation de handicap le deviennent au cours de l'âge adulte. Nous avons tous tendance à considérer notre santé comme acquise jusqu'à ce qu'elle disparaisse. Et quand cela arrive, s'adapter à la vie avec un handicap est souvent une transition difficile. Pour nous en parler, Yann reçoit Patricia Dalmont, dirigeante de l'entreprise de nettoyage industriel Pâtes Nettoyage. Dans cet épisode, elle se livre en toute franchise sur sa façon de gérer cet épisode difficile de sa vie. Nous verrons comment, malgré la douleur permanente et les ennuis de santé qui se sont succédés, Elle a pu maintenir son entreprise à flot. Une belle leçon de persévérance et de résilience qui lui a permis de surmonter les défis et de se bâtir une vie enrichissante en cultivant le lâcher prise et le recentrage sur soi. Je suis Chérazade, dans nos épisodes nous mettons en lumière des histoires inspirantes. et des initiatives innovantes. Vous entendrez des témoignages de dirigeants d'entreprises engagés en faveur de l'inclusion des personnes en situation de handicap, certains ayant eux-mêmes vécu une telle situation, et des salariés qui ont pu faire de leur différence une force. Ils partageront leurs expériences, leurs défis, et les stratégies qu'ils ont mises en place pour créer des environnements de travail véritablement ouverts à tous.

  • Speaker #1

    Patricia, je vais te présenter en quelques mots et puis nous parler de ton parcours professionnel avant la création de ton entreprise.

  • Speaker #2

    Oui, donc Patricia Dalmong-Elpa, j'ai 55 ans, j'ai créé mon entreprise de nettoyage en octobre 92. après mes études de comptabilité et gestion des entreprises. Donc j'ai travaillé en sortant de l'école au Kavilam à Vichy en tant que comptable. Puis par la suite, je suis rentrée à la Ligue d'Auvergne de football comme... comptable à Clermont-Ferrand. La Ligue d'Auvergne de football ensuite pour aller sur Monaco, où j'ai travaillé comme comptable dans une entreprise de nettoyage.

  • Speaker #1

    Et du coup, qu'est-ce qui t'a donné envie de te lancer dans l'entrepreneuriat et de créer du coup Pat Nettoyage, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Voilà, Pat Nettoyage, Pat Nettoyage qui vient du diminutif de Patricia. Et bien donc, quand j'ai travaillé à Monaco, Donc comme comptable, c'était dans une entreprise de nettoyage industriel. Donc ça m'a donné envie de créer cette entreprise quand je suis remontée à Vichy par la suite. Pourquoi ? Parce que j'avais un petit problème avec mes responsables. Donc je me suis dit, ce sera peut-être plus simple si c'est moi qui gère plutôt que d'être dirigée.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous présenter justement Pâtes Nettoyage ? Elle nous parlait de ses activités, peut-être sa taille aujourd'hui, son nombre de salariés.

  • Speaker #2

    Alors Pâtes Nettoyage a été créé le 1er octobre 1992. Son activité, c'est le nettoyage industriel pur et dur. Donc on fait l'entretien de locaux, de bureaux, d'industrie, shampoing moquette, des cages d'escalier, du particulier et du professionnel. Petite et moyenne entreprise. D'accord.

  • Speaker #1

    Au volume de clients, il y a combien de salariés ?

  • Speaker #2

    On est 18 salariés et on a entre 280 et 300 clients par mois. D'accord. Voilà, donc petite facture parce que ça peut être du... petit entretien d'une cage d'escalier une fois par mois, comme du gros, gros nettoyage ou des grosses factures.

  • Speaker #1

    C'est plutôt un secteur en tension de recrutement. C'est quelque chose que vous rencontrez ?

  • Speaker #2

    Là, on a des gros problèmes où on est obligé... Effectivement, de refuser de faire des chantiers parce qu'on n'a pas la main d'oeuvre pour faire le travail.

  • Speaker #1

    En octobre 2020, tu es victime d'un accident de la vie qui a eu des conséquences très importantes sur ta santé. Qu'est-ce qui peut nous en dire plus sur cet accident et sur les conséquences qu'il a eues sur ta vie, aussi bien personnelle que professionnelle ?

  • Speaker #2

    En octobre 2020, j'étais avec mon mari sur le... sur les cours de QC, à côté de Vichy. Donc, j'allais tout simplement vider les bouteilles vides dans le container. Et en remontant de la voiture, un camion a reculé et m'a percuté de plein fouet en me coinçant les deux jambes sur le marche-pied du véhicule et m'a poussé sur deux ou trois mètres au long des deux cours. Donc, conséquence, les deux jambes écrasées, les deux... Des problèmes de pieds, donc neuropathie cérébrale. Donc mes nerfs sont restés sur douleur. Donc en fait, j'ai mal tout le temps. Tout le temps, toute la journée, les nuits, le jour. Voilà, donc la seule chose qui calme, c'est les médicaments, bien évidemment. Mais je ne pourrai jamais reprendre une démarche normale. Alors les conséquences, bien évidemment. Chez nous, le nettoyage industriel, je ne faisais pas que de l'administratif. Donc je travaillais avec mon perso. Donc ça a été l'arrêt brutal de toute activité manuelle. Donc il a fallu que j'embauche quelqu'un pour me remplacer, puisque j'ai pas pu marcher pendant un long moment aussi, derrière. J'ai embauché un contre-maître qui fait les devis, qui fait tout ce que je faisais moi, les devis, les remises en état avec les employés, tout ça. Professionnellement, ça a été compliqué, puisque du jour au lendemain, j'ai quand même pratiquement disparu pour me soigner. essayer de me soigner tout du moins. Personnellement ça a été compliqué aussi puisque du jour au lendemain je pouvais plus faire ce que je faisais à la maison non plus. Donc il a fallu que mon mari s'adapte à la situation, ce qui n'était pas facile pour lui puisqu'il n'avait jamais fait. Donc ça a été une grosse remise en question.

  • Speaker #1

    La communauté, cette nouvelle situation à tes salariés, c'est une information qu'ils ont apprise ? Un peu comme ça, en ne voyant pas venir au...

  • Speaker #2

    J'ai communiqué tout de suite, bien évidemment, puisque le lundi, il fallait aller travailler, puisque ça s'est passé un samedi. Donc j'ai communiqué à mes salariés tout de suite l'accident. Par contre, ils ont été super. Ils se sont adaptés. Ils ont fait le travail comme si j'étais là. Ça, franchement, je pense qu'ils ont été très bien. J'ai du personnel bien.

  • Speaker #1

    C'est bien de pouvoir compter sur eux dans les moments difficiles ?

  • Speaker #2

    J'ai toujours pu compter sur eux. Comme eux ont pu compter sur moi tout le temps. En fait, il n'y a pas eu de cassure. Hormis mes jambes. Ils ont continué à travailler correctement en communiquant avec moi. Mais le lundi, j'étais quand même devant mon ordinateur. Quoi qu'il en soit. Je n'ai pas arrêté de travailler intellectuellement du tout.

  • Speaker #1

    Alors cette situation un peu particulière, extraordinaire, montre aussi que les valeurs humaines ont toute leur place au sein de ta société.

  • Speaker #2

    Bien sûr, et puis mes clients aussi, mes clients ont appris rapidement aussi le problème et ils sont restés fidèles, même si on a eu des couacs, bien sûr, d'une organisation qui était plus comme avant, où tout était net, clair et précis. Donc, on a fait des erreurs aussi, mais ils ont toujours été là. Donc, j'ai vraiment des clients sympathiques aussi. Donc, pas de souci, ça a été bien.

  • Speaker #1

    Tu as pu réussir à maintenir l'entreprise à flot pendant cette période difficile. Et puis, quelles ont été les principales difficultés que tu as rencontrées et comment tu les as surmontées pour le coup ?

  • Speaker #2

    L'entreprise, elle a tourné et elle tourne. En fait, elle a 30 ans, quoi. Elle a 30 ans d'ancienneté, donc elle tourne. Elle tourne, mois absente. Elle a tourné quand même. Les clients étaient là, les chantiers étaient là. Après, le contre-mètre est arrivé rapidement. Donc, il a pu prendre le relais derrière moi tout en travaillant ensemble. Donc, on n'a pas eu trop de soucis pour maintenir au départ l'entreprise. La difficulté est arrivée après. C'est-à-dire que j'ai d'autres soucis de santé qui ont fait que j'ai dû m'absenter beaucoup plus souvent. Et là par contre on a eu quelques problèmes de communication et donc on a eu des ratés, des gros ratés et donc l'année dernière, l'année n'a pas été très bonne en fait. Mais cette année je suis à nouveau là donc j'ai repris les rênes et ça va beaucoup mieux.

  • Speaker #1

    La leçon pour le coup par rapport finalement pas à ta première situation mais à celle que tu évoquais l'année dernière c'est de communiquer mieux peut-être c'est ça ?

  • Speaker #2

    Voilà, en fait, c'est la communication qui n'a pas été bonne. J'ai pensé que mon contre-maître était prêt à prendre le relais. Et non, effectivement, il manquait Patricia quand même pour régler deux, trois problèmes et puis négocier, négocier des tarifs, tout ça. Donc, on a un peu pêché. Mais bon, cette année, j'ai repris les rênes, donc ça va mieux, déjà.

  • Speaker #1

    D'accord. Et lorsque tu étais absente ? Tes collègues se trouvent un petit peu autogérés ? Est-ce qu'il y a eu un leader qui a émergé ?

  • Speaker #2

    Alors il y a toujours eu un leader. J'ai une employée qui est là depuis 30 ans. On a pratiquement démarré ensemble et donc c'est mon binôme, je l'ai formée. Elle sait comment je veux qu'on travaille et elle était là, elle a toujours été là. Cette personne-là, je peux lui faire entièrement confiance et donc je n'ai pas de soucis.

  • Speaker #1

    Tu parlais de ton... de l'impact fort du coup sur la vie aussi de famille, sur Marie notamment. Quelles conséquences ça a eu sur ta famille, sur ta vie personnelle ? Et comment ça a réussi à concilier finalement ton rétablissement et puis ta vie de famille avec l'entreprise qui tourne en même temps ?

  • Speaker #2

    Alors, ça m'a fait comprendre que je faisais beaucoup trop de choses déjà. Donc, qu'il fallait un peu déléguer et que c'était pas mal de déléguer. Il a fallu qu'il s'adapte lui, parce qu'il n'avait pas l'habitude en fait de rentrer et puis de faire quoi que ce soit, puisque j'avais déjà fait. Je me suis dit, il faut lever le pied, il faut savoir lever le pied et profiter un petit peu de la vie. Donc j'essaye de faire un peu de sport, j'essaye de rencontrer des gens, je m'occupe d'une association aussi. J'ai un peu mis de côté la... le ménage de la maison, la nourriture, les courses et tout ça. Et lui a pris un petit peu le relais du coup. Et je pars plus souvent pour prendre un peu l'air de temps en temps.

  • Speaker #1

    Et du coup, tu t'es délaissée un peu de cette fameuse charge mentale qu'on implique trop facilement ou trop largement aux femmes.

  • Speaker #2

    Exactement, oui, oui. Mais bon, je veux dire, c'est moi qui ai géré cette situation-là. Mon mari avait beaucoup de travail et j'avais l'impression que peut-être que j'en avais peut-être moins, je sais pas. Et donc du coup je faisais tout et en fait c'est n'importe quoi.

  • Speaker #1

    Et du coup avant de commencer l'entretien, tu évoquais aussi le fait que ton mari a une entreprise de plâtrerie peinture. Est-ce que du coup, côté un peu opposé, est-ce que ça a chargé un peu son agenda à lui ?

  • Speaker #2

    Ah bah oui, oui forcément ! forcément, mais c'était le partage des choses. Donc, oui, oui. Donc, maintenant, le vendredi soir, il va faire les courses. Voilà.

  • Speaker #1

    Il ne prend pas trop mal ?

  • Speaker #2

    Non, non, ben non. Et à un moment donné, il a vu que je ne pouvais plus. Donc, il a pris le relais. Et maintenant, c'est devenu normal.

  • Speaker #1

    Il va bénéficier du coup d'une aide de l'Egypte,

  • Speaker #2

    comme ça,

  • Speaker #1

    pour maintenir justement l'activité. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur cette aide, quand tu as bénéficié, et puis la façon... Qu'elle t'a permis de continuer, malgré le handicap déclaré aujourd'hui, tu vois ?

  • Speaker #2

    J'ai eu M. Yann au téléphone, tout de suite, en fait, suite à une réunion avec la CPME. Donc, la secrétaire m'a dit, mais attendez, Patricia, il y a des choses qu'on peut faire. Je n'étais pas au courant, en fait, de tout ce qu'on pouvait faire. Je pensais que pour les salariés, oui, mais que pour moi, patron, non, ça n'existait pas. Et en fait, tout s'est enchaîné en une demi-journée. où j'ai eu Yann au téléphone, puis par la suite, je ne me rappelle plus comment il s'appelait, monsieur... Voilà, qui m'a aidé à faire les dossiers, les demandes et tout ça. En fait, tout a été très, très vite, avec des gens formidables. Et donc, j'ai eu Cap Emploi ou AGFIP qui est venu visiter mon bureau, qui m'a mis en place un ordinateur sur pied, une chaise révolutionnaire qui se lève toute seule quand je me lève. qui m'aide à me lever en tout cas. J'ai eu pas mal de choses, des souris, une souris adaptée. Et j'ai eu 1500 euros d'aide pour acheter une voiture en automatique.

  • Speaker #1

    Des aides par rapport au contre-mètre ou pas ? Le temps de ton absence ?

  • Speaker #2

    Non, ça j'ai rien eu. D'accord. Non, du tout.

  • Speaker #1

    Attends, mais j'avais dû recruter cette personne. Elle était déjà au sein de mon entreprise.

  • Speaker #2

    Ah non, c'était une nouvelle personne.

  • Speaker #1

    et qui aujourd'hui est embauché en CDI. Ça a aussi contribué au développement du futur.

  • Speaker #2

    Tout à fait, oui, c'était pratiquement obligatoire parce que je ne pouvais pas plus tout faire.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, comment tu te sens dans ta vie, tout de même, perso, pro ?

  • Speaker #2

    Très bien.

  • Speaker #1

    Et surtout, quels sont tes projets pour l'avenir plus ou moins proche ?

  • Speaker #2

    Alors là maintenant, hormis le problème du procès qui n'est toujours pas passé, hormis que les assurances se bataillent entre elles pour essayer d'en payer le moins possible, moi je ne me sens pas trop mal. Moi j'ai perdu le sommeil, donc ça c'est compliqué. Après au niveau des projets, le projet principal c'est d'essayer de revendre la société à un moment donné pour pouvoir m'installer ailleurs, changer complètement. J'ai complètement de région. Voilà, exactement. En fait, quand je suis tombée malade, je suis allée dans une petite région sympathique qui m'a bien accueillie en plus. Donc, j'ai envie d'y rester et de finir ma carrière professionnelle là-bas. Donc, l'entreprise ici, elle vit bien, elle va bien. Donc, j'ai un petit jeune que j'ai embauché il y a une quinzaine d'années. à qui j'ai demandé de s'installer il y a quelques années pour pouvoir prendre son envol tout seul, qui serait peut-être à même de racheter l'entreprise. Donc je pars plutôt dans ce but-là, vu que mon fils à moi n'a pas l'intention de reprendre l'entreprise. Peut-être voir avec ce jeune homme qui est formé par moi du départ, donc qui travaille comme moi. Donc il y a peut-être... l'ambition de reprendre l'entreprise. Et un qui,

  • Speaker #1

    tu vois, j'imagine, bien confiance.

  • Speaker #2

    Ah bah oui, oui, oui, forcément, forcément.

  • Speaker #1

    Et puis, est-ce que tu as des conseils à donner à des personnes qui, la victime d'un accident d'avis, un peu comme toi, ou qui souffrent d'un diable et qui souhaitent... C'est censé être dans l'entrepreneuriat ? Est-ce que tu as un conseil particulier à leur véhiculer ?

  • Speaker #2

    Le handicap fait prendre conscience qu'on n'est pas tout seul et qu'on peut aider. Moi, c'est surtout ce qui m'a motivée. L'entreprise, elle était là, donc j'étais bien obligée de faire quelque chose pour qu'elle continue. Quelqu'un qui veut s'installer avec un handicap, s'il n'est pas trop dérangeant. Je ne vois pas pourquoi il aurait de problème pour s'installer. Les gens évoluent et les mentalités évoluent. Ça n'est plus un problème, je pense. Pour moi, ça n'est plus un problème.

  • Speaker #1

    Pourrais-tu dire aujourd'hui, est-ce que le handicap, ce qui t'est arrivé il n'y a pas si longtemps finalement, est-ce que tu pourrais dire que c'est quelque part une opportunité pour toi ?

  • Speaker #2

    Oui, parce que j'ai changé. J'ai changé, j'ai évolué. Avant, c'était mon boulot, ma famille, point barre. Et maintenant, ce n'est plus ça. C'est mon boulot, ma famille, mais les autres aussi. Donc, ça a permis de changer et d'aider. Ce que je fais, c'est aider.

  • Speaker #1

    Je pousse encore un peu plus, parce que tu as évoqué l'idée de prendre en charge une association, où tu investis à nos banques. Tu peux nous en dire peut-être un peu plus sur cette association ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est une association qui aide les gens qui ne sont pas capables de faire leurs impôts, de leur déclaration, de demander une carte mutuelle ou une carte de sécurité sociale. Et donc, j'y vais une fois par semaine. Et je travaille avec les gens pour leur apprendre sur ordinateur comment on fait, les démarches qu'il faut faire. Et si on ne trouve pas, comment on fait pour trouver sur Internet. Voilà. Pour qu'ils arrivent à se débrouiller tout seuls.

  • Speaker #1

    T'es confrontée à une certaine fracture numérique ?

  • Speaker #2

    Exactement. Ouais, ouais. Ouais, ouais. Exactement. Et il y a beaucoup, beaucoup de gens qui ne savent pas et qui laissent tomber parce qu'ils ne trouvent pas.

  • Speaker #1

    En tout cas, je te remercie énormément, Patricia, de m'avoir donné ton temps, et puis surtout d'avoir été très franche et directe sur une situation qui n'était pas facile à vivre, j'imagine, sur le coup, mais pour laquelle tu as pu en tirer quelque chose de bénéfique pour ta société et toi-même.

  • Speaker #2

    Oui, oui, mais de rien, et puis merci beaucoup, parce que ça a été vraiment une rencontre sympathique entre nous deux et vos autres collègues.

  • Speaker #1

    On va déjeuner maintenant.

  • Speaker #2

    Alors, on y va. Allez, on coupe.

  • Speaker #0

    Merci à tous pour votre écoute. Le podcast Inclusive est soutenu par l'AGFIP et le Fonds social européen. À la semaine prochaine pour un nouvel épisode.

Description

80% des personnes en situation de handicap le deviennent au cours de l'âge adulte. Patricia fait partie de cette catégorie, à la simple différence qu'elle gère une petite entreprise de 18 personnes dans le secteur du nettoyage industriel. Son accident en 2020 a bouleversé son existence, avec un impact important sur sa famille, son mari, son travail et son engagement sociétal. Accompagnée par l'action handicap de la CPME et les aides de Cap emploi et l'AGEFIPH, elle a pu poursuivre son activité dans de bonnes conditions malgré les séquelles de l'accident. Dans cet épisode, elle se livre en toute franchise sur cette épreuve difficile mais surmontée.

Bonne écoute !


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Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à tous et bienvenue sur le podcast Inclusif. Aujourd'hui, nous allons parler d'un chemin de vie qui semblait tout tracé, une carrière à la tête d'une entreprise qui fonctionne bien, une vie de famille épanouie, puis un jour, paf, c'est l'accident. 80% des personnes en situation de handicap le deviennent au cours de l'âge adulte. Nous avons tous tendance à considérer notre santé comme acquise jusqu'à ce qu'elle disparaisse. Et quand cela arrive, s'adapter à la vie avec un handicap est souvent une transition difficile. Pour nous en parler, Yann reçoit Patricia Dalmont, dirigeante de l'entreprise de nettoyage industriel Pâtes Nettoyage. Dans cet épisode, elle se livre en toute franchise sur sa façon de gérer cet épisode difficile de sa vie. Nous verrons comment, malgré la douleur permanente et les ennuis de santé qui se sont succédés, Elle a pu maintenir son entreprise à flot. Une belle leçon de persévérance et de résilience qui lui a permis de surmonter les défis et de se bâtir une vie enrichissante en cultivant le lâcher prise et le recentrage sur soi. Je suis Chérazade, dans nos épisodes nous mettons en lumière des histoires inspirantes. et des initiatives innovantes. Vous entendrez des témoignages de dirigeants d'entreprises engagés en faveur de l'inclusion des personnes en situation de handicap, certains ayant eux-mêmes vécu une telle situation, et des salariés qui ont pu faire de leur différence une force. Ils partageront leurs expériences, leurs défis, et les stratégies qu'ils ont mises en place pour créer des environnements de travail véritablement ouverts à tous.

  • Speaker #1

    Patricia, je vais te présenter en quelques mots et puis nous parler de ton parcours professionnel avant la création de ton entreprise.

  • Speaker #2

    Oui, donc Patricia Dalmong-Elpa, j'ai 55 ans, j'ai créé mon entreprise de nettoyage en octobre 92. après mes études de comptabilité et gestion des entreprises. Donc j'ai travaillé en sortant de l'école au Kavilam à Vichy en tant que comptable. Puis par la suite, je suis rentrée à la Ligue d'Auvergne de football comme... comptable à Clermont-Ferrand. La Ligue d'Auvergne de football ensuite pour aller sur Monaco, où j'ai travaillé comme comptable dans une entreprise de nettoyage.

  • Speaker #1

    Et du coup, qu'est-ce qui t'a donné envie de te lancer dans l'entrepreneuriat et de créer du coup Pat Nettoyage, c'est ça ?

  • Speaker #2

    Voilà, Pat Nettoyage, Pat Nettoyage qui vient du diminutif de Patricia. Et bien donc, quand j'ai travaillé à Monaco, Donc comme comptable, c'était dans une entreprise de nettoyage industriel. Donc ça m'a donné envie de créer cette entreprise quand je suis remontée à Vichy par la suite. Pourquoi ? Parce que j'avais un petit problème avec mes responsables. Donc je me suis dit, ce sera peut-être plus simple si c'est moi qui gère plutôt que d'être dirigée.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu peux nous présenter justement Pâtes Nettoyage ? Elle nous parlait de ses activités, peut-être sa taille aujourd'hui, son nombre de salariés.

  • Speaker #2

    Alors Pâtes Nettoyage a été créé le 1er octobre 1992. Son activité, c'est le nettoyage industriel pur et dur. Donc on fait l'entretien de locaux, de bureaux, d'industrie, shampoing moquette, des cages d'escalier, du particulier et du professionnel. Petite et moyenne entreprise. D'accord.

  • Speaker #1

    Au volume de clients, il y a combien de salariés ?

  • Speaker #2

    On est 18 salariés et on a entre 280 et 300 clients par mois. D'accord. Voilà, donc petite facture parce que ça peut être du... petit entretien d'une cage d'escalier une fois par mois, comme du gros, gros nettoyage ou des grosses factures.

  • Speaker #1

    C'est plutôt un secteur en tension de recrutement. C'est quelque chose que vous rencontrez ?

  • Speaker #2

    Là, on a des gros problèmes où on est obligé... Effectivement, de refuser de faire des chantiers parce qu'on n'a pas la main d'oeuvre pour faire le travail.

  • Speaker #1

    En octobre 2020, tu es victime d'un accident de la vie qui a eu des conséquences très importantes sur ta santé. Qu'est-ce qui peut nous en dire plus sur cet accident et sur les conséquences qu'il a eues sur ta vie, aussi bien personnelle que professionnelle ?

  • Speaker #2

    En octobre 2020, j'étais avec mon mari sur le... sur les cours de QC, à côté de Vichy. Donc, j'allais tout simplement vider les bouteilles vides dans le container. Et en remontant de la voiture, un camion a reculé et m'a percuté de plein fouet en me coinçant les deux jambes sur le marche-pied du véhicule et m'a poussé sur deux ou trois mètres au long des deux cours. Donc, conséquence, les deux jambes écrasées, les deux... Des problèmes de pieds, donc neuropathie cérébrale. Donc mes nerfs sont restés sur douleur. Donc en fait, j'ai mal tout le temps. Tout le temps, toute la journée, les nuits, le jour. Voilà, donc la seule chose qui calme, c'est les médicaments, bien évidemment. Mais je ne pourrai jamais reprendre une démarche normale. Alors les conséquences, bien évidemment. Chez nous, le nettoyage industriel, je ne faisais pas que de l'administratif. Donc je travaillais avec mon perso. Donc ça a été l'arrêt brutal de toute activité manuelle. Donc il a fallu que j'embauche quelqu'un pour me remplacer, puisque j'ai pas pu marcher pendant un long moment aussi, derrière. J'ai embauché un contre-maître qui fait les devis, qui fait tout ce que je faisais moi, les devis, les remises en état avec les employés, tout ça. Professionnellement, ça a été compliqué, puisque du jour au lendemain, j'ai quand même pratiquement disparu pour me soigner. essayer de me soigner tout du moins. Personnellement ça a été compliqué aussi puisque du jour au lendemain je pouvais plus faire ce que je faisais à la maison non plus. Donc il a fallu que mon mari s'adapte à la situation, ce qui n'était pas facile pour lui puisqu'il n'avait jamais fait. Donc ça a été une grosse remise en question.

  • Speaker #1

    La communauté, cette nouvelle situation à tes salariés, c'est une information qu'ils ont apprise ? Un peu comme ça, en ne voyant pas venir au...

  • Speaker #2

    J'ai communiqué tout de suite, bien évidemment, puisque le lundi, il fallait aller travailler, puisque ça s'est passé un samedi. Donc j'ai communiqué à mes salariés tout de suite l'accident. Par contre, ils ont été super. Ils se sont adaptés. Ils ont fait le travail comme si j'étais là. Ça, franchement, je pense qu'ils ont été très bien. J'ai du personnel bien.

  • Speaker #1

    C'est bien de pouvoir compter sur eux dans les moments difficiles ?

  • Speaker #2

    J'ai toujours pu compter sur eux. Comme eux ont pu compter sur moi tout le temps. En fait, il n'y a pas eu de cassure. Hormis mes jambes. Ils ont continué à travailler correctement en communiquant avec moi. Mais le lundi, j'étais quand même devant mon ordinateur. Quoi qu'il en soit. Je n'ai pas arrêté de travailler intellectuellement du tout.

  • Speaker #1

    Alors cette situation un peu particulière, extraordinaire, montre aussi que les valeurs humaines ont toute leur place au sein de ta société.

  • Speaker #2

    Bien sûr, et puis mes clients aussi, mes clients ont appris rapidement aussi le problème et ils sont restés fidèles, même si on a eu des couacs, bien sûr, d'une organisation qui était plus comme avant, où tout était net, clair et précis. Donc, on a fait des erreurs aussi, mais ils ont toujours été là. Donc, j'ai vraiment des clients sympathiques aussi. Donc, pas de souci, ça a été bien.

  • Speaker #1

    Tu as pu réussir à maintenir l'entreprise à flot pendant cette période difficile. Et puis, quelles ont été les principales difficultés que tu as rencontrées et comment tu les as surmontées pour le coup ?

  • Speaker #2

    L'entreprise, elle a tourné et elle tourne. En fait, elle a 30 ans, quoi. Elle a 30 ans d'ancienneté, donc elle tourne. Elle tourne, mois absente. Elle a tourné quand même. Les clients étaient là, les chantiers étaient là. Après, le contre-mètre est arrivé rapidement. Donc, il a pu prendre le relais derrière moi tout en travaillant ensemble. Donc, on n'a pas eu trop de soucis pour maintenir au départ l'entreprise. La difficulté est arrivée après. C'est-à-dire que j'ai d'autres soucis de santé qui ont fait que j'ai dû m'absenter beaucoup plus souvent. Et là par contre on a eu quelques problèmes de communication et donc on a eu des ratés, des gros ratés et donc l'année dernière, l'année n'a pas été très bonne en fait. Mais cette année je suis à nouveau là donc j'ai repris les rênes et ça va beaucoup mieux.

  • Speaker #1

    La leçon pour le coup par rapport finalement pas à ta première situation mais à celle que tu évoquais l'année dernière c'est de communiquer mieux peut-être c'est ça ?

  • Speaker #2

    Voilà, en fait, c'est la communication qui n'a pas été bonne. J'ai pensé que mon contre-maître était prêt à prendre le relais. Et non, effectivement, il manquait Patricia quand même pour régler deux, trois problèmes et puis négocier, négocier des tarifs, tout ça. Donc, on a un peu pêché. Mais bon, cette année, j'ai repris les rênes, donc ça va mieux, déjà.

  • Speaker #1

    D'accord. Et lorsque tu étais absente ? Tes collègues se trouvent un petit peu autogérés ? Est-ce qu'il y a eu un leader qui a émergé ?

  • Speaker #2

    Alors il y a toujours eu un leader. J'ai une employée qui est là depuis 30 ans. On a pratiquement démarré ensemble et donc c'est mon binôme, je l'ai formée. Elle sait comment je veux qu'on travaille et elle était là, elle a toujours été là. Cette personne-là, je peux lui faire entièrement confiance et donc je n'ai pas de soucis.

  • Speaker #1

    Tu parlais de ton... de l'impact fort du coup sur la vie aussi de famille, sur Marie notamment. Quelles conséquences ça a eu sur ta famille, sur ta vie personnelle ? Et comment ça a réussi à concilier finalement ton rétablissement et puis ta vie de famille avec l'entreprise qui tourne en même temps ?

  • Speaker #2

    Alors, ça m'a fait comprendre que je faisais beaucoup trop de choses déjà. Donc, qu'il fallait un peu déléguer et que c'était pas mal de déléguer. Il a fallu qu'il s'adapte lui, parce qu'il n'avait pas l'habitude en fait de rentrer et puis de faire quoi que ce soit, puisque j'avais déjà fait. Je me suis dit, il faut lever le pied, il faut savoir lever le pied et profiter un petit peu de la vie. Donc j'essaye de faire un peu de sport, j'essaye de rencontrer des gens, je m'occupe d'une association aussi. J'ai un peu mis de côté la... le ménage de la maison, la nourriture, les courses et tout ça. Et lui a pris un petit peu le relais du coup. Et je pars plus souvent pour prendre un peu l'air de temps en temps.

  • Speaker #1

    Et du coup, tu t'es délaissée un peu de cette fameuse charge mentale qu'on implique trop facilement ou trop largement aux femmes.

  • Speaker #2

    Exactement, oui, oui. Mais bon, je veux dire, c'est moi qui ai géré cette situation-là. Mon mari avait beaucoup de travail et j'avais l'impression que peut-être que j'en avais peut-être moins, je sais pas. Et donc du coup je faisais tout et en fait c'est n'importe quoi.

  • Speaker #1

    Et du coup avant de commencer l'entretien, tu évoquais aussi le fait que ton mari a une entreprise de plâtrerie peinture. Est-ce que du coup, côté un peu opposé, est-ce que ça a chargé un peu son agenda à lui ?

  • Speaker #2

    Ah bah oui, oui forcément ! forcément, mais c'était le partage des choses. Donc, oui, oui. Donc, maintenant, le vendredi soir, il va faire les courses. Voilà.

  • Speaker #1

    Il ne prend pas trop mal ?

  • Speaker #2

    Non, non, ben non. Et à un moment donné, il a vu que je ne pouvais plus. Donc, il a pris le relais. Et maintenant, c'est devenu normal.

  • Speaker #1

    Il va bénéficier du coup d'une aide de l'Egypte,

  • Speaker #2

    comme ça,

  • Speaker #1

    pour maintenir justement l'activité. Est-ce que tu peux nous en dire plus sur cette aide, quand tu as bénéficié, et puis la façon... Qu'elle t'a permis de continuer, malgré le handicap déclaré aujourd'hui, tu vois ?

  • Speaker #2

    J'ai eu M. Yann au téléphone, tout de suite, en fait, suite à une réunion avec la CPME. Donc, la secrétaire m'a dit, mais attendez, Patricia, il y a des choses qu'on peut faire. Je n'étais pas au courant, en fait, de tout ce qu'on pouvait faire. Je pensais que pour les salariés, oui, mais que pour moi, patron, non, ça n'existait pas. Et en fait, tout s'est enchaîné en une demi-journée. où j'ai eu Yann au téléphone, puis par la suite, je ne me rappelle plus comment il s'appelait, monsieur... Voilà, qui m'a aidé à faire les dossiers, les demandes et tout ça. En fait, tout a été très, très vite, avec des gens formidables. Et donc, j'ai eu Cap Emploi ou AGFIP qui est venu visiter mon bureau, qui m'a mis en place un ordinateur sur pied, une chaise révolutionnaire qui se lève toute seule quand je me lève. qui m'aide à me lever en tout cas. J'ai eu pas mal de choses, des souris, une souris adaptée. Et j'ai eu 1500 euros d'aide pour acheter une voiture en automatique.

  • Speaker #1

    Des aides par rapport au contre-mètre ou pas ? Le temps de ton absence ?

  • Speaker #2

    Non, ça j'ai rien eu. D'accord. Non, du tout.

  • Speaker #1

    Attends, mais j'avais dû recruter cette personne. Elle était déjà au sein de mon entreprise.

  • Speaker #2

    Ah non, c'était une nouvelle personne.

  • Speaker #1

    et qui aujourd'hui est embauché en CDI. Ça a aussi contribué au développement du futur.

  • Speaker #2

    Tout à fait, oui, c'était pratiquement obligatoire parce que je ne pouvais pas plus tout faire.

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, comment tu te sens dans ta vie, tout de même, perso, pro ?

  • Speaker #2

    Très bien.

  • Speaker #1

    Et surtout, quels sont tes projets pour l'avenir plus ou moins proche ?

  • Speaker #2

    Alors là maintenant, hormis le problème du procès qui n'est toujours pas passé, hormis que les assurances se bataillent entre elles pour essayer d'en payer le moins possible, moi je ne me sens pas trop mal. Moi j'ai perdu le sommeil, donc ça c'est compliqué. Après au niveau des projets, le projet principal c'est d'essayer de revendre la société à un moment donné pour pouvoir m'installer ailleurs, changer complètement. J'ai complètement de région. Voilà, exactement. En fait, quand je suis tombée malade, je suis allée dans une petite région sympathique qui m'a bien accueillie en plus. Donc, j'ai envie d'y rester et de finir ma carrière professionnelle là-bas. Donc, l'entreprise ici, elle vit bien, elle va bien. Donc, j'ai un petit jeune que j'ai embauché il y a une quinzaine d'années. à qui j'ai demandé de s'installer il y a quelques années pour pouvoir prendre son envol tout seul, qui serait peut-être à même de racheter l'entreprise. Donc je pars plutôt dans ce but-là, vu que mon fils à moi n'a pas l'intention de reprendre l'entreprise. Peut-être voir avec ce jeune homme qui est formé par moi du départ, donc qui travaille comme moi. Donc il y a peut-être... l'ambition de reprendre l'entreprise. Et un qui,

  • Speaker #1

    tu vois, j'imagine, bien confiance.

  • Speaker #2

    Ah bah oui, oui, oui, forcément, forcément.

  • Speaker #1

    Et puis, est-ce que tu as des conseils à donner à des personnes qui, la victime d'un accident d'avis, un peu comme toi, ou qui souffrent d'un diable et qui souhaitent... C'est censé être dans l'entrepreneuriat ? Est-ce que tu as un conseil particulier à leur véhiculer ?

  • Speaker #2

    Le handicap fait prendre conscience qu'on n'est pas tout seul et qu'on peut aider. Moi, c'est surtout ce qui m'a motivée. L'entreprise, elle était là, donc j'étais bien obligée de faire quelque chose pour qu'elle continue. Quelqu'un qui veut s'installer avec un handicap, s'il n'est pas trop dérangeant. Je ne vois pas pourquoi il aurait de problème pour s'installer. Les gens évoluent et les mentalités évoluent. Ça n'est plus un problème, je pense. Pour moi, ça n'est plus un problème.

  • Speaker #1

    Pourrais-tu dire aujourd'hui, est-ce que le handicap, ce qui t'est arrivé il n'y a pas si longtemps finalement, est-ce que tu pourrais dire que c'est quelque part une opportunité pour toi ?

  • Speaker #2

    Oui, parce que j'ai changé. J'ai changé, j'ai évolué. Avant, c'était mon boulot, ma famille, point barre. Et maintenant, ce n'est plus ça. C'est mon boulot, ma famille, mais les autres aussi. Donc, ça a permis de changer et d'aider. Ce que je fais, c'est aider.

  • Speaker #1

    Je pousse encore un peu plus, parce que tu as évoqué l'idée de prendre en charge une association, où tu investis à nos banques. Tu peux nous en dire peut-être un peu plus sur cette association ?

  • Speaker #2

    Oui, c'est une association qui aide les gens qui ne sont pas capables de faire leurs impôts, de leur déclaration, de demander une carte mutuelle ou une carte de sécurité sociale. Et donc, j'y vais une fois par semaine. Et je travaille avec les gens pour leur apprendre sur ordinateur comment on fait, les démarches qu'il faut faire. Et si on ne trouve pas, comment on fait pour trouver sur Internet. Voilà. Pour qu'ils arrivent à se débrouiller tout seuls.

  • Speaker #1

    T'es confrontée à une certaine fracture numérique ?

  • Speaker #2

    Exactement. Ouais, ouais. Ouais, ouais. Exactement. Et il y a beaucoup, beaucoup de gens qui ne savent pas et qui laissent tomber parce qu'ils ne trouvent pas.

  • Speaker #1

    En tout cas, je te remercie énormément, Patricia, de m'avoir donné ton temps, et puis surtout d'avoir été très franche et directe sur une situation qui n'était pas facile à vivre, j'imagine, sur le coup, mais pour laquelle tu as pu en tirer quelque chose de bénéfique pour ta société et toi-même.

  • Speaker #2

    Oui, oui, mais de rien, et puis merci beaucoup, parce que ça a été vraiment une rencontre sympathique entre nous deux et vos autres collègues.

  • Speaker #1

    On va déjeuner maintenant.

  • Speaker #2

    Alors, on y va. Allez, on coupe.

  • Speaker #0

    Merci à tous pour votre écoute. Le podcast Inclusive est soutenu par l'AGFIP et le Fonds social européen. À la semaine prochaine pour un nouvel épisode.

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