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Sirem et l'oiseau maudit, de Yasmine Djebel cover
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Inky et Peete se livrent

Sirem et l'oiseau maudit, de Yasmine Djebel

Sirem et l'oiseau maudit, de Yasmine Djebel

10min |16/04/2025
Play
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10min |16/04/2025
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Description

Connaissez-vous Sirem ? Et Tanit ?

🪶🌙☀️🫥🫏


Sirem est une jeune orpheline qui n'est la bienvenue nulle part.

Tanit a été changée en faucon à cause d'une malédiction.

Ces deux femmes qui n'ont, a priori, rien en commun, vont parcourir le pays, découvrant mystères, légendes et magie sur leur chemin.



📚 Références :

titre : Sirem et l'oiseau maudit

autrice : Yasmine Djebel

couverture : D'Zart

éditeur : Rageot

site : https://www.rageot.fr

à partir de 12 ans


🎙️ Au micro : Mafalda Vidal


🫶🏻 Abonnez-vous pour ne manquer aucun incipit !

Et si cet incipit vous a plu, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire sur Apple Podcast, Deezer ou votre plateforme d'écoute ! Ainsi, ces incipits arriveront dans les oreilles d'autres amoureuses et amoureux des belles histoires (et cela donnera aussi de la force à Inky, Peete et moi pour continuer à vous parler de nos lectures).


🙀😻 Et retrouvez Inky et Peete sur Instagram.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Chassée par la mer contre un flanc de montagne, la cité d'Aphra n'aurait dû figurer sur aucune carte. Pareil à n'importe quel village jalonnant la côte, elle se ramassait en un enchevêtrement de bâtisses blanchies à la chaux, de galeries à colonnes et autres fontaines carrelées. Aphra se trouvait être, de loin, la plus petite des cités de la constellation. Pourtant, elle apparaissait aussi bien sur les atlas les plus somptueux que sur un plan griffonné à la hâte par un voyageur incertain. Et la raison en était la suivante. Tous les jours, sur la place centrale, se tenait un marché. Sur ses étals se côtoyaient tapis noués en laine colorée, bijoux d'argent sertis de corail, plateaux de cuivre ciselés, cafetans brodés d'or. Tout cela se dénichait ailleurs, sans que rien n'égale ce que l'on trouvait ici. Par bateau, à cheval ou à dos de dromadaire, on affluait des quatre coins du pays pour acquérir une des merveilles de celle qu'on appelait la cité-marché. En cet après-midi d'automne, comme chaque jour de l'année, une foule inondait les rues. Parmi cette marée humaine, une autre sorte de clientèle voguait, à contre-courant. Longeant la digue, elle tournait le dos à la place centrale et continuait son chemin vers une demeure à la façade des crépits. Sans une once d'intérêt pour les tapis, sans un semblant d'envie pour les bijoux, sans même un regard pour les cafetans, ces curieux individus se dirigeaient vers le jardin de Ziri. Perché sur un repli rocheux, celui-ci surplombait la cité, à l'abri du soleil et des vents. Une succession de marches inégales s'insinuaient à l'un serpent dans sa végétation sauvage, jusqu'à un portail arqué, toujours désireux d'avaler un nouveau cortège. Mais ce jour-là, la porte du jardin était close. De l'autre côté, Ziri, homme massif à la barbe nacrée, se tenait assis sur un tabouret de bois. Bras tendu devant lui, il présentait une peau boursouflée de cloques du coude au poignet. Une jeune fille se penchait sur sa brûlure, un linge de coton imbibé de graisse entre les mains. « Enroule-le en épis, de manière à ne pas faire garrot, » dit Ziri. L'adolescente plissa son nez constellé de taches brunes, puis se mit à bander la plaie sans aucune délicatesse. Le vieil homme tressaillit. D'un grincement sonore, le tabouret protesta sous son impressionnante carrure. « Sirem, » se plaignit-il, « j'ai eu beaucoup plus de chance que lui, je t'assure. » « De la chance ? » Sirem n'avait pas pipé mot depuis son retour de chez l'apothicaire. La colère lui tenaillait l'estomac. Où était-ce la peur ? Quoi qu'il en soit, ce sentiment l'avait pétrifiée tout entière lorsqu'elle avait trouvé Ziri entourée de flammes et le bras fumant. « Moi, je l'aurais laissé brûler dans sa chemise, » lâcha-t-elle d'une voix blanche. « Bien sûr que non, » affirma Ziri, comme pour se convaincre du contraire. Sirem se garda de le rassurer. Qu'aurait-elle fait à sa place ? Elle n'aurait su le dire. De toute façon, le problème n'était pas là. Pourquoi Ziri était-il intervenu ? Pourquoi avait-il pris le risque de porter secours à l'incendiaire qui s'était attaqué au jardin ? Ses mains souillées de gras, elle replaça tant bien que mal une longue mèche frisée derrière son épaule, rajusta le foulard qui retenait ses cheveux et reprit un rouleau de coton. Elle renforça son premier pansement, plus doucement cette fois. Lorsqu'elle eut terminé, elle enroula le reste de la bande et rassembla son matériel éparpillé sur le carrelage de la cour. « Maintenant, emporte tout cela chez le garçon ! » Les mains de sirène se figèrent. Tête levée vers Ziri, elle le dévisagea avec stupéfaction. Il avait prononcé ces mots sous l'apparence du plus grand calme, mais un reflet d'acier lui visait au fond de ses yeux. Ziri avait recueilli Sirème à l'âge de six ans. Une décennie s'était écoulée depuis, et jamais elle n'avait vu autre chose dans son regard qu'un gris délavé. Elle serra son bocal d'ongans à s'en blanchir les jointures. « Pourquoi ? » réfléchit Sirème. « Les prières de la lune et les frictions d'huile d'olive ne sauveront pas ce garçon. » « Il faut lui apporter de quoi se débarrasser des larmes, de quoi penser ses plaies. Sinon, les conséquences... » Il s'interrompit, l'air soudain gêné. Qui, mieux que Cyrem, connaissait les conséquences de l'usage des larmes cendrées ? Ce liquide infâme, capable d'enflammer les vêtements, les chairs et même la pierre. « Si j'accepte, tu crois vraiment que les siens me laisseront faire ? » argatait-elle, toujours accroupie au sol. « Je n'ai jamais mis les pieds dans cette partie de la cité. Tu sais ce qu'on raconte sur moi là-bas ? » Ziri jeta un bref coup d'œil à la tenue de la jeune fille. Une tenue blanche au galon écarlate, nouée à la taille par une corde de laine tressée, et massa ses paupières d'un geste là. Ils n'auront pas d'autre choix. Vous écoutez Inky et Pete ce livre, le podcast lecture en 15 minutes, à peu près, qui donne vie et voix au premier mot d'un livre et vous donne envie de découvrir les suivants. Ou pas. Je suis Mafalda Vidal. amoureuse des jolis mots et des belles histoires. Vous venez d'écouter l'Inkipit de Cyrem et l'Oiseau maudit. écrit par Yasmine Jebel, publié en 2023 aux éditions Rajo. « Cyreme et l'oiseau maudit » , c'est l'histoire de Cyreme, une déconstellée, donc une personne qui n'appartient pas à la constellation, la constellation étant le nom du pays dans lequel elle vit. Elle n'est pas vraiment maudite, mais elle est passée si près de la mort quand elle était petite que les gens, déconstellés ou pas, en ont peur. Donc les personnes en qui elle peut avoir confiance se comptent sur les doigts d'une main, voire une demi-main. Ziri est l'une de ces rares personnes. Sirème va rapidement rencontrer un oiseau, un faucon argenté, un peu spécial, un faucon qui parle, qui s'appelle Tanit et qui prétend être une femme. Donc elle, elle est vraiment maudite. Évidemment, Tanit souhaite retrouver son apparence humaine. Et quand Ziri va se trouver en danger, Sirème va tout faire pour sauver son amie, y compris passer un pacte avec cet oiseau. Sirème et Tanit se ressemblent beaucoup plus qu'elles ne le pensent, et surtout elles sont liées par une prophétie assez énigmatique que je vais vous lire. Elle se trouve sur la quatrième de couverture. Si tu poursuis ta quête, par trois fois tu retrouveras ce que tu as perdu. Une flamme brûlera pour toi dans un écrin de cuivre, un esprit brillant et une lame oubliée empêcheront tes fantômes de crier victoire. Ainsi, l'éclat d'une reine renaîtra grâce au nom d'une étoile. Mais méfie-toi des combats de fumée. Autrement, seule la mort triomphera à la lumière de l'astre trahi. Sirem et Tanit vont donc parcourir ensemble la constellation poursuivie et rattrapée par cette prophétie. La première chose dont je voulais vous parler, c'est l'histoire avant l'histoire. Dans cet univers, il y a celles et ceux qui vénèrent le soleil et aussi celles et ceux qui vénèrent la lune. Pour faire très bref, ces peuples se sont fait la guerre, la guerre des astres, et le peuple du soleil a gagné. Et le peuple de la lune est donc devenu un peuple déconstellé, méprisé par la population, molesté par les autorités. éparqués dans des sortes de bidonvilles. Au-delà du parallèle plus que pertinent avec notre réalité, on trouve tout au long du roman un vocabulaire, des expressions, liées à la lune, aux étoiles, aux astres en général. Ce qui rend le roman très immersif, et surtout ce qui ravira les amoureuses et les amoureux des mots. Maintenant je voudrais me concentrer sur Cyrem, qui est un personnage très intéressant. Cyrem n'a sa place nulle part. Non seulement c'est une déconstellée, donc rejetée par la population de la constellation, adoratrice et adorateur du soleil, mais en plus elle est aussi rejetée par les déconstellés qui en ont peur et pensent que la mort l'accompagne. elle a l'habitude d'être chassée de partout et donc elle fuit de partout. Ziri c'est le seul qui la protège et donc quand Ziri va se retrouver en danger, Sirème va devoir aller contre son réflexe de fuite, contre finalement sa nature profonde pour le sauver. Et le parallèle avec Tanit est très fort, on pourrait croire que tous les opposent. Sirem préfère la fuite au combat, alors que pour Tanit, la fuite n'est même pas une option. Pourtant, les deux se ressemblent, parce que les deux ont été privés d'un droit fondamental, celui d'exister en tant que personne, en tant qu'être humain. Et ensemble, elles vont toutes les deux devoir combattre leur nature pour reconquérir leur place en tant qu'être humain. Sirem et l'oiseau maudit, c'est une quête initiatique. À travers les épreuves que Sirem traverse, on voyage avec elle à travers la constellation. On rencontre des personnages, alliés ou pas, humains ou pas, des personnages jamais blancs ni noirs. J'ai envie de dire des personnages gris, mais en fait non. Ils sont tout sauf gris, ils sont hauts en couleurs. Et en bijoux aussi, et en drapés de tissu, et en maquillage, et en costumes, et en charisme. Au travers de la quête de Cyreme, on découvre davantage la mythologie de l'univers, ses contes et ses légendes. Inspiré des contes et légendes de l'Orient, la fantaisie se mêle à la réalité, et lui rajoute encore plus de couleurs. Sirem et l'oiseau maudit, c'est un mélange entre le conte, la fantaisie, la quête. Et finalement, c'est un petit peu le quotidien de tout enfant qui grandit et se dirige, lentement mais sûrement, vers le monde des adultes. Mais c'est aussi un roman qui remet les histoires au centre. Les histoires, les mots et la magie que portent ces mots. Et dans ce roman, rares sont les adultes qui croient vraiment à la magie. Mais ces adultes-là, ce sont les meilleurs. Je crois que le message est clair. Merci de m'avoir écoutée jusqu'au bout. Si vous avez passé un bon moment, dites-le moi. Dites-le aussi à votre plateforme d'écoute. Et n'hésitez pas à partager le podcast avec d'autres amoureux et amoureuses des mots. A bientôt.

Chapters

  • Incipit (lu par Mafalda Vidal)

    00:00

  • Pourquoi lire Sirem et l'oiseau maudit ?

    05:00

Description

Connaissez-vous Sirem ? Et Tanit ?

🪶🌙☀️🫥🫏


Sirem est une jeune orpheline qui n'est la bienvenue nulle part.

Tanit a été changée en faucon à cause d'une malédiction.

Ces deux femmes qui n'ont, a priori, rien en commun, vont parcourir le pays, découvrant mystères, légendes et magie sur leur chemin.



📚 Références :

titre : Sirem et l'oiseau maudit

autrice : Yasmine Djebel

couverture : D'Zart

éditeur : Rageot

site : https://www.rageot.fr

à partir de 12 ans


🎙️ Au micro : Mafalda Vidal


🫶🏻 Abonnez-vous pour ne manquer aucun incipit !

Et si cet incipit vous a plu, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire sur Apple Podcast, Deezer ou votre plateforme d'écoute ! Ainsi, ces incipits arriveront dans les oreilles d'autres amoureuses et amoureux des belles histoires (et cela donnera aussi de la force à Inky, Peete et moi pour continuer à vous parler de nos lectures).


🙀😻 Et retrouvez Inky et Peete sur Instagram.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Chassée par la mer contre un flanc de montagne, la cité d'Aphra n'aurait dû figurer sur aucune carte. Pareil à n'importe quel village jalonnant la côte, elle se ramassait en un enchevêtrement de bâtisses blanchies à la chaux, de galeries à colonnes et autres fontaines carrelées. Aphra se trouvait être, de loin, la plus petite des cités de la constellation. Pourtant, elle apparaissait aussi bien sur les atlas les plus somptueux que sur un plan griffonné à la hâte par un voyageur incertain. Et la raison en était la suivante. Tous les jours, sur la place centrale, se tenait un marché. Sur ses étals se côtoyaient tapis noués en laine colorée, bijoux d'argent sertis de corail, plateaux de cuivre ciselés, cafetans brodés d'or. Tout cela se dénichait ailleurs, sans que rien n'égale ce que l'on trouvait ici. Par bateau, à cheval ou à dos de dromadaire, on affluait des quatre coins du pays pour acquérir une des merveilles de celle qu'on appelait la cité-marché. En cet après-midi d'automne, comme chaque jour de l'année, une foule inondait les rues. Parmi cette marée humaine, une autre sorte de clientèle voguait, à contre-courant. Longeant la digue, elle tournait le dos à la place centrale et continuait son chemin vers une demeure à la façade des crépits. Sans une once d'intérêt pour les tapis, sans un semblant d'envie pour les bijoux, sans même un regard pour les cafetans, ces curieux individus se dirigeaient vers le jardin de Ziri. Perché sur un repli rocheux, celui-ci surplombait la cité, à l'abri du soleil et des vents. Une succession de marches inégales s'insinuaient à l'un serpent dans sa végétation sauvage, jusqu'à un portail arqué, toujours désireux d'avaler un nouveau cortège. Mais ce jour-là, la porte du jardin était close. De l'autre côté, Ziri, homme massif à la barbe nacrée, se tenait assis sur un tabouret de bois. Bras tendu devant lui, il présentait une peau boursouflée de cloques du coude au poignet. Une jeune fille se penchait sur sa brûlure, un linge de coton imbibé de graisse entre les mains. « Enroule-le en épis, de manière à ne pas faire garrot, » dit Ziri. L'adolescente plissa son nez constellé de taches brunes, puis se mit à bander la plaie sans aucune délicatesse. Le vieil homme tressaillit. D'un grincement sonore, le tabouret protesta sous son impressionnante carrure. « Sirem, » se plaignit-il, « j'ai eu beaucoup plus de chance que lui, je t'assure. » « De la chance ? » Sirem n'avait pas pipé mot depuis son retour de chez l'apothicaire. La colère lui tenaillait l'estomac. Où était-ce la peur ? Quoi qu'il en soit, ce sentiment l'avait pétrifiée tout entière lorsqu'elle avait trouvé Ziri entourée de flammes et le bras fumant. « Moi, je l'aurais laissé brûler dans sa chemise, » lâcha-t-elle d'une voix blanche. « Bien sûr que non, » affirma Ziri, comme pour se convaincre du contraire. Sirem se garda de le rassurer. Qu'aurait-elle fait à sa place ? Elle n'aurait su le dire. De toute façon, le problème n'était pas là. Pourquoi Ziri était-il intervenu ? Pourquoi avait-il pris le risque de porter secours à l'incendiaire qui s'était attaqué au jardin ? Ses mains souillées de gras, elle replaça tant bien que mal une longue mèche frisée derrière son épaule, rajusta le foulard qui retenait ses cheveux et reprit un rouleau de coton. Elle renforça son premier pansement, plus doucement cette fois. Lorsqu'elle eut terminé, elle enroula le reste de la bande et rassembla son matériel éparpillé sur le carrelage de la cour. « Maintenant, emporte tout cela chez le garçon ! » Les mains de sirène se figèrent. Tête levée vers Ziri, elle le dévisagea avec stupéfaction. Il avait prononcé ces mots sous l'apparence du plus grand calme, mais un reflet d'acier lui visait au fond de ses yeux. Ziri avait recueilli Sirème à l'âge de six ans. Une décennie s'était écoulée depuis, et jamais elle n'avait vu autre chose dans son regard qu'un gris délavé. Elle serra son bocal d'ongans à s'en blanchir les jointures. « Pourquoi ? » réfléchit Sirème. « Les prières de la lune et les frictions d'huile d'olive ne sauveront pas ce garçon. » « Il faut lui apporter de quoi se débarrasser des larmes, de quoi penser ses plaies. Sinon, les conséquences... » Il s'interrompit, l'air soudain gêné. Qui, mieux que Cyrem, connaissait les conséquences de l'usage des larmes cendrées ? Ce liquide infâme, capable d'enflammer les vêtements, les chairs et même la pierre. « Si j'accepte, tu crois vraiment que les siens me laisseront faire ? » argatait-elle, toujours accroupie au sol. « Je n'ai jamais mis les pieds dans cette partie de la cité. Tu sais ce qu'on raconte sur moi là-bas ? » Ziri jeta un bref coup d'œil à la tenue de la jeune fille. Une tenue blanche au galon écarlate, nouée à la taille par une corde de laine tressée, et massa ses paupières d'un geste là. Ils n'auront pas d'autre choix. Vous écoutez Inky et Pete ce livre, le podcast lecture en 15 minutes, à peu près, qui donne vie et voix au premier mot d'un livre et vous donne envie de découvrir les suivants. Ou pas. Je suis Mafalda Vidal. amoureuse des jolis mots et des belles histoires. Vous venez d'écouter l'Inkipit de Cyrem et l'Oiseau maudit. écrit par Yasmine Jebel, publié en 2023 aux éditions Rajo. « Cyreme et l'oiseau maudit » , c'est l'histoire de Cyreme, une déconstellée, donc une personne qui n'appartient pas à la constellation, la constellation étant le nom du pays dans lequel elle vit. Elle n'est pas vraiment maudite, mais elle est passée si près de la mort quand elle était petite que les gens, déconstellés ou pas, en ont peur. Donc les personnes en qui elle peut avoir confiance se comptent sur les doigts d'une main, voire une demi-main. Ziri est l'une de ces rares personnes. Sirème va rapidement rencontrer un oiseau, un faucon argenté, un peu spécial, un faucon qui parle, qui s'appelle Tanit et qui prétend être une femme. Donc elle, elle est vraiment maudite. Évidemment, Tanit souhaite retrouver son apparence humaine. Et quand Ziri va se trouver en danger, Sirème va tout faire pour sauver son amie, y compris passer un pacte avec cet oiseau. Sirème et Tanit se ressemblent beaucoup plus qu'elles ne le pensent, et surtout elles sont liées par une prophétie assez énigmatique que je vais vous lire. Elle se trouve sur la quatrième de couverture. Si tu poursuis ta quête, par trois fois tu retrouveras ce que tu as perdu. Une flamme brûlera pour toi dans un écrin de cuivre, un esprit brillant et une lame oubliée empêcheront tes fantômes de crier victoire. Ainsi, l'éclat d'une reine renaîtra grâce au nom d'une étoile. Mais méfie-toi des combats de fumée. Autrement, seule la mort triomphera à la lumière de l'astre trahi. Sirem et Tanit vont donc parcourir ensemble la constellation poursuivie et rattrapée par cette prophétie. La première chose dont je voulais vous parler, c'est l'histoire avant l'histoire. Dans cet univers, il y a celles et ceux qui vénèrent le soleil et aussi celles et ceux qui vénèrent la lune. Pour faire très bref, ces peuples se sont fait la guerre, la guerre des astres, et le peuple du soleil a gagné. Et le peuple de la lune est donc devenu un peuple déconstellé, méprisé par la population, molesté par les autorités. éparqués dans des sortes de bidonvilles. Au-delà du parallèle plus que pertinent avec notre réalité, on trouve tout au long du roman un vocabulaire, des expressions, liées à la lune, aux étoiles, aux astres en général. Ce qui rend le roman très immersif, et surtout ce qui ravira les amoureuses et les amoureux des mots. Maintenant je voudrais me concentrer sur Cyrem, qui est un personnage très intéressant. Cyrem n'a sa place nulle part. Non seulement c'est une déconstellée, donc rejetée par la population de la constellation, adoratrice et adorateur du soleil, mais en plus elle est aussi rejetée par les déconstellés qui en ont peur et pensent que la mort l'accompagne. elle a l'habitude d'être chassée de partout et donc elle fuit de partout. Ziri c'est le seul qui la protège et donc quand Ziri va se retrouver en danger, Sirème va devoir aller contre son réflexe de fuite, contre finalement sa nature profonde pour le sauver. Et le parallèle avec Tanit est très fort, on pourrait croire que tous les opposent. Sirem préfère la fuite au combat, alors que pour Tanit, la fuite n'est même pas une option. Pourtant, les deux se ressemblent, parce que les deux ont été privés d'un droit fondamental, celui d'exister en tant que personne, en tant qu'être humain. Et ensemble, elles vont toutes les deux devoir combattre leur nature pour reconquérir leur place en tant qu'être humain. Sirem et l'oiseau maudit, c'est une quête initiatique. À travers les épreuves que Sirem traverse, on voyage avec elle à travers la constellation. On rencontre des personnages, alliés ou pas, humains ou pas, des personnages jamais blancs ni noirs. J'ai envie de dire des personnages gris, mais en fait non. Ils sont tout sauf gris, ils sont hauts en couleurs. Et en bijoux aussi, et en drapés de tissu, et en maquillage, et en costumes, et en charisme. Au travers de la quête de Cyreme, on découvre davantage la mythologie de l'univers, ses contes et ses légendes. Inspiré des contes et légendes de l'Orient, la fantaisie se mêle à la réalité, et lui rajoute encore plus de couleurs. Sirem et l'oiseau maudit, c'est un mélange entre le conte, la fantaisie, la quête. Et finalement, c'est un petit peu le quotidien de tout enfant qui grandit et se dirige, lentement mais sûrement, vers le monde des adultes. Mais c'est aussi un roman qui remet les histoires au centre. Les histoires, les mots et la magie que portent ces mots. Et dans ce roman, rares sont les adultes qui croient vraiment à la magie. Mais ces adultes-là, ce sont les meilleurs. Je crois que le message est clair. Merci de m'avoir écoutée jusqu'au bout. Si vous avez passé un bon moment, dites-le moi. Dites-le aussi à votre plateforme d'écoute. Et n'hésitez pas à partager le podcast avec d'autres amoureux et amoureuses des mots. A bientôt.

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  • Incipit (lu par Mafalda Vidal)

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  • Pourquoi lire Sirem et l'oiseau maudit ?

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Connaissez-vous Sirem ? Et Tanit ?

🪶🌙☀️🫥🫏


Sirem est une jeune orpheline qui n'est la bienvenue nulle part.

Tanit a été changée en faucon à cause d'une malédiction.

Ces deux femmes qui n'ont, a priori, rien en commun, vont parcourir le pays, découvrant mystères, légendes et magie sur leur chemin.



📚 Références :

titre : Sirem et l'oiseau maudit

autrice : Yasmine Djebel

couverture : D'Zart

éditeur : Rageot

site : https://www.rageot.fr

à partir de 12 ans


🎙️ Au micro : Mafalda Vidal


🫶🏻 Abonnez-vous pour ne manquer aucun incipit !

Et si cet incipit vous a plu, n'hésitez pas à laisser une note et un commentaire sur Apple Podcast, Deezer ou votre plateforme d'écoute ! Ainsi, ces incipits arriveront dans les oreilles d'autres amoureuses et amoureux des belles histoires (et cela donnera aussi de la force à Inky, Peete et moi pour continuer à vous parler de nos lectures).


🙀😻 Et retrouvez Inky et Peete sur Instagram.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Chassée par la mer contre un flanc de montagne, la cité d'Aphra n'aurait dû figurer sur aucune carte. Pareil à n'importe quel village jalonnant la côte, elle se ramassait en un enchevêtrement de bâtisses blanchies à la chaux, de galeries à colonnes et autres fontaines carrelées. Aphra se trouvait être, de loin, la plus petite des cités de la constellation. Pourtant, elle apparaissait aussi bien sur les atlas les plus somptueux que sur un plan griffonné à la hâte par un voyageur incertain. Et la raison en était la suivante. Tous les jours, sur la place centrale, se tenait un marché. Sur ses étals se côtoyaient tapis noués en laine colorée, bijoux d'argent sertis de corail, plateaux de cuivre ciselés, cafetans brodés d'or. Tout cela se dénichait ailleurs, sans que rien n'égale ce que l'on trouvait ici. Par bateau, à cheval ou à dos de dromadaire, on affluait des quatre coins du pays pour acquérir une des merveilles de celle qu'on appelait la cité-marché. En cet après-midi d'automne, comme chaque jour de l'année, une foule inondait les rues. Parmi cette marée humaine, une autre sorte de clientèle voguait, à contre-courant. Longeant la digue, elle tournait le dos à la place centrale et continuait son chemin vers une demeure à la façade des crépits. Sans une once d'intérêt pour les tapis, sans un semblant d'envie pour les bijoux, sans même un regard pour les cafetans, ces curieux individus se dirigeaient vers le jardin de Ziri. Perché sur un repli rocheux, celui-ci surplombait la cité, à l'abri du soleil et des vents. Une succession de marches inégales s'insinuaient à l'un serpent dans sa végétation sauvage, jusqu'à un portail arqué, toujours désireux d'avaler un nouveau cortège. Mais ce jour-là, la porte du jardin était close. De l'autre côté, Ziri, homme massif à la barbe nacrée, se tenait assis sur un tabouret de bois. Bras tendu devant lui, il présentait une peau boursouflée de cloques du coude au poignet. Une jeune fille se penchait sur sa brûlure, un linge de coton imbibé de graisse entre les mains. « Enroule-le en épis, de manière à ne pas faire garrot, » dit Ziri. L'adolescente plissa son nez constellé de taches brunes, puis se mit à bander la plaie sans aucune délicatesse. Le vieil homme tressaillit. D'un grincement sonore, le tabouret protesta sous son impressionnante carrure. « Sirem, » se plaignit-il, « j'ai eu beaucoup plus de chance que lui, je t'assure. » « De la chance ? » Sirem n'avait pas pipé mot depuis son retour de chez l'apothicaire. La colère lui tenaillait l'estomac. Où était-ce la peur ? Quoi qu'il en soit, ce sentiment l'avait pétrifiée tout entière lorsqu'elle avait trouvé Ziri entourée de flammes et le bras fumant. « Moi, je l'aurais laissé brûler dans sa chemise, » lâcha-t-elle d'une voix blanche. « Bien sûr que non, » affirma Ziri, comme pour se convaincre du contraire. Sirem se garda de le rassurer. Qu'aurait-elle fait à sa place ? Elle n'aurait su le dire. De toute façon, le problème n'était pas là. Pourquoi Ziri était-il intervenu ? Pourquoi avait-il pris le risque de porter secours à l'incendiaire qui s'était attaqué au jardin ? Ses mains souillées de gras, elle replaça tant bien que mal une longue mèche frisée derrière son épaule, rajusta le foulard qui retenait ses cheveux et reprit un rouleau de coton. Elle renforça son premier pansement, plus doucement cette fois. Lorsqu'elle eut terminé, elle enroula le reste de la bande et rassembla son matériel éparpillé sur le carrelage de la cour. « Maintenant, emporte tout cela chez le garçon ! » Les mains de sirène se figèrent. Tête levée vers Ziri, elle le dévisagea avec stupéfaction. Il avait prononcé ces mots sous l'apparence du plus grand calme, mais un reflet d'acier lui visait au fond de ses yeux. Ziri avait recueilli Sirème à l'âge de six ans. Une décennie s'était écoulée depuis, et jamais elle n'avait vu autre chose dans son regard qu'un gris délavé. Elle serra son bocal d'ongans à s'en blanchir les jointures. « Pourquoi ? » réfléchit Sirème. « Les prières de la lune et les frictions d'huile d'olive ne sauveront pas ce garçon. » « Il faut lui apporter de quoi se débarrasser des larmes, de quoi penser ses plaies. Sinon, les conséquences... » Il s'interrompit, l'air soudain gêné. Qui, mieux que Cyrem, connaissait les conséquences de l'usage des larmes cendrées ? Ce liquide infâme, capable d'enflammer les vêtements, les chairs et même la pierre. « Si j'accepte, tu crois vraiment que les siens me laisseront faire ? » argatait-elle, toujours accroupie au sol. « Je n'ai jamais mis les pieds dans cette partie de la cité. Tu sais ce qu'on raconte sur moi là-bas ? » Ziri jeta un bref coup d'œil à la tenue de la jeune fille. Une tenue blanche au galon écarlate, nouée à la taille par une corde de laine tressée, et massa ses paupières d'un geste là. Ils n'auront pas d'autre choix. Vous écoutez Inky et Pete ce livre, le podcast lecture en 15 minutes, à peu près, qui donne vie et voix au premier mot d'un livre et vous donne envie de découvrir les suivants. Ou pas. Je suis Mafalda Vidal. amoureuse des jolis mots et des belles histoires. Vous venez d'écouter l'Inkipit de Cyrem et l'Oiseau maudit. écrit par Yasmine Jebel, publié en 2023 aux éditions Rajo. « Cyreme et l'oiseau maudit » , c'est l'histoire de Cyreme, une déconstellée, donc une personne qui n'appartient pas à la constellation, la constellation étant le nom du pays dans lequel elle vit. Elle n'est pas vraiment maudite, mais elle est passée si près de la mort quand elle était petite que les gens, déconstellés ou pas, en ont peur. Donc les personnes en qui elle peut avoir confiance se comptent sur les doigts d'une main, voire une demi-main. Ziri est l'une de ces rares personnes. Sirème va rapidement rencontrer un oiseau, un faucon argenté, un peu spécial, un faucon qui parle, qui s'appelle Tanit et qui prétend être une femme. Donc elle, elle est vraiment maudite. Évidemment, Tanit souhaite retrouver son apparence humaine. Et quand Ziri va se trouver en danger, Sirème va tout faire pour sauver son amie, y compris passer un pacte avec cet oiseau. Sirème et Tanit se ressemblent beaucoup plus qu'elles ne le pensent, et surtout elles sont liées par une prophétie assez énigmatique que je vais vous lire. Elle se trouve sur la quatrième de couverture. Si tu poursuis ta quête, par trois fois tu retrouveras ce que tu as perdu. Une flamme brûlera pour toi dans un écrin de cuivre, un esprit brillant et une lame oubliée empêcheront tes fantômes de crier victoire. Ainsi, l'éclat d'une reine renaîtra grâce au nom d'une étoile. Mais méfie-toi des combats de fumée. Autrement, seule la mort triomphera à la lumière de l'astre trahi. Sirem et Tanit vont donc parcourir ensemble la constellation poursuivie et rattrapée par cette prophétie. La première chose dont je voulais vous parler, c'est l'histoire avant l'histoire. Dans cet univers, il y a celles et ceux qui vénèrent le soleil et aussi celles et ceux qui vénèrent la lune. Pour faire très bref, ces peuples se sont fait la guerre, la guerre des astres, et le peuple du soleil a gagné. Et le peuple de la lune est donc devenu un peuple déconstellé, méprisé par la population, molesté par les autorités. éparqués dans des sortes de bidonvilles. Au-delà du parallèle plus que pertinent avec notre réalité, on trouve tout au long du roman un vocabulaire, des expressions, liées à la lune, aux étoiles, aux astres en général. Ce qui rend le roman très immersif, et surtout ce qui ravira les amoureuses et les amoureux des mots. Maintenant je voudrais me concentrer sur Cyrem, qui est un personnage très intéressant. Cyrem n'a sa place nulle part. Non seulement c'est une déconstellée, donc rejetée par la population de la constellation, adoratrice et adorateur du soleil, mais en plus elle est aussi rejetée par les déconstellés qui en ont peur et pensent que la mort l'accompagne. elle a l'habitude d'être chassée de partout et donc elle fuit de partout. Ziri c'est le seul qui la protège et donc quand Ziri va se retrouver en danger, Sirème va devoir aller contre son réflexe de fuite, contre finalement sa nature profonde pour le sauver. Et le parallèle avec Tanit est très fort, on pourrait croire que tous les opposent. Sirem préfère la fuite au combat, alors que pour Tanit, la fuite n'est même pas une option. Pourtant, les deux se ressemblent, parce que les deux ont été privés d'un droit fondamental, celui d'exister en tant que personne, en tant qu'être humain. Et ensemble, elles vont toutes les deux devoir combattre leur nature pour reconquérir leur place en tant qu'être humain. Sirem et l'oiseau maudit, c'est une quête initiatique. À travers les épreuves que Sirem traverse, on voyage avec elle à travers la constellation. On rencontre des personnages, alliés ou pas, humains ou pas, des personnages jamais blancs ni noirs. J'ai envie de dire des personnages gris, mais en fait non. Ils sont tout sauf gris, ils sont hauts en couleurs. Et en bijoux aussi, et en drapés de tissu, et en maquillage, et en costumes, et en charisme. Au travers de la quête de Cyreme, on découvre davantage la mythologie de l'univers, ses contes et ses légendes. Inspiré des contes et légendes de l'Orient, la fantaisie se mêle à la réalité, et lui rajoute encore plus de couleurs. Sirem et l'oiseau maudit, c'est un mélange entre le conte, la fantaisie, la quête. Et finalement, c'est un petit peu le quotidien de tout enfant qui grandit et se dirige, lentement mais sûrement, vers le monde des adultes. Mais c'est aussi un roman qui remet les histoires au centre. Les histoires, les mots et la magie que portent ces mots. Et dans ce roman, rares sont les adultes qui croient vraiment à la magie. Mais ces adultes-là, ce sont les meilleurs. Je crois que le message est clair. Merci de m'avoir écoutée jusqu'au bout. Si vous avez passé un bon moment, dites-le moi. Dites-le aussi à votre plateforme d'écoute. Et n'hésitez pas à partager le podcast avec d'autres amoureux et amoureuses des mots. A bientôt.

Chapters

  • Incipit (lu par Mafalda Vidal)

    00:00

  • Pourquoi lire Sirem et l'oiseau maudit ?

    05:00

Description

Connaissez-vous Sirem ? Et Tanit ?

🪶🌙☀️🫥🫏


Sirem est une jeune orpheline qui n'est la bienvenue nulle part.

Tanit a été changée en faucon à cause d'une malédiction.

Ces deux femmes qui n'ont, a priori, rien en commun, vont parcourir le pays, découvrant mystères, légendes et magie sur leur chemin.



📚 Références :

titre : Sirem et l'oiseau maudit

autrice : Yasmine Djebel

couverture : D'Zart

éditeur : Rageot

site : https://www.rageot.fr

à partir de 12 ans


🎙️ Au micro : Mafalda Vidal


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Transcription

  • Speaker #0

    Chassée par la mer contre un flanc de montagne, la cité d'Aphra n'aurait dû figurer sur aucune carte. Pareil à n'importe quel village jalonnant la côte, elle se ramassait en un enchevêtrement de bâtisses blanchies à la chaux, de galeries à colonnes et autres fontaines carrelées. Aphra se trouvait être, de loin, la plus petite des cités de la constellation. Pourtant, elle apparaissait aussi bien sur les atlas les plus somptueux que sur un plan griffonné à la hâte par un voyageur incertain. Et la raison en était la suivante. Tous les jours, sur la place centrale, se tenait un marché. Sur ses étals se côtoyaient tapis noués en laine colorée, bijoux d'argent sertis de corail, plateaux de cuivre ciselés, cafetans brodés d'or. Tout cela se dénichait ailleurs, sans que rien n'égale ce que l'on trouvait ici. Par bateau, à cheval ou à dos de dromadaire, on affluait des quatre coins du pays pour acquérir une des merveilles de celle qu'on appelait la cité-marché. En cet après-midi d'automne, comme chaque jour de l'année, une foule inondait les rues. Parmi cette marée humaine, une autre sorte de clientèle voguait, à contre-courant. Longeant la digue, elle tournait le dos à la place centrale et continuait son chemin vers une demeure à la façade des crépits. Sans une once d'intérêt pour les tapis, sans un semblant d'envie pour les bijoux, sans même un regard pour les cafetans, ces curieux individus se dirigeaient vers le jardin de Ziri. Perché sur un repli rocheux, celui-ci surplombait la cité, à l'abri du soleil et des vents. Une succession de marches inégales s'insinuaient à l'un serpent dans sa végétation sauvage, jusqu'à un portail arqué, toujours désireux d'avaler un nouveau cortège. Mais ce jour-là, la porte du jardin était close. De l'autre côté, Ziri, homme massif à la barbe nacrée, se tenait assis sur un tabouret de bois. Bras tendu devant lui, il présentait une peau boursouflée de cloques du coude au poignet. Une jeune fille se penchait sur sa brûlure, un linge de coton imbibé de graisse entre les mains. « Enroule-le en épis, de manière à ne pas faire garrot, » dit Ziri. L'adolescente plissa son nez constellé de taches brunes, puis se mit à bander la plaie sans aucune délicatesse. Le vieil homme tressaillit. D'un grincement sonore, le tabouret protesta sous son impressionnante carrure. « Sirem, » se plaignit-il, « j'ai eu beaucoup plus de chance que lui, je t'assure. » « De la chance ? » Sirem n'avait pas pipé mot depuis son retour de chez l'apothicaire. La colère lui tenaillait l'estomac. Où était-ce la peur ? Quoi qu'il en soit, ce sentiment l'avait pétrifiée tout entière lorsqu'elle avait trouvé Ziri entourée de flammes et le bras fumant. « Moi, je l'aurais laissé brûler dans sa chemise, » lâcha-t-elle d'une voix blanche. « Bien sûr que non, » affirma Ziri, comme pour se convaincre du contraire. Sirem se garda de le rassurer. Qu'aurait-elle fait à sa place ? Elle n'aurait su le dire. De toute façon, le problème n'était pas là. Pourquoi Ziri était-il intervenu ? Pourquoi avait-il pris le risque de porter secours à l'incendiaire qui s'était attaqué au jardin ? Ses mains souillées de gras, elle replaça tant bien que mal une longue mèche frisée derrière son épaule, rajusta le foulard qui retenait ses cheveux et reprit un rouleau de coton. Elle renforça son premier pansement, plus doucement cette fois. Lorsqu'elle eut terminé, elle enroula le reste de la bande et rassembla son matériel éparpillé sur le carrelage de la cour. « Maintenant, emporte tout cela chez le garçon ! » Les mains de sirène se figèrent. Tête levée vers Ziri, elle le dévisagea avec stupéfaction. Il avait prononcé ces mots sous l'apparence du plus grand calme, mais un reflet d'acier lui visait au fond de ses yeux. Ziri avait recueilli Sirème à l'âge de six ans. Une décennie s'était écoulée depuis, et jamais elle n'avait vu autre chose dans son regard qu'un gris délavé. Elle serra son bocal d'ongans à s'en blanchir les jointures. « Pourquoi ? » réfléchit Sirème. « Les prières de la lune et les frictions d'huile d'olive ne sauveront pas ce garçon. » « Il faut lui apporter de quoi se débarrasser des larmes, de quoi penser ses plaies. Sinon, les conséquences... » Il s'interrompit, l'air soudain gêné. Qui, mieux que Cyrem, connaissait les conséquences de l'usage des larmes cendrées ? Ce liquide infâme, capable d'enflammer les vêtements, les chairs et même la pierre. « Si j'accepte, tu crois vraiment que les siens me laisseront faire ? » argatait-elle, toujours accroupie au sol. « Je n'ai jamais mis les pieds dans cette partie de la cité. Tu sais ce qu'on raconte sur moi là-bas ? » Ziri jeta un bref coup d'œil à la tenue de la jeune fille. Une tenue blanche au galon écarlate, nouée à la taille par une corde de laine tressée, et massa ses paupières d'un geste là. Ils n'auront pas d'autre choix. Vous écoutez Inky et Pete ce livre, le podcast lecture en 15 minutes, à peu près, qui donne vie et voix au premier mot d'un livre et vous donne envie de découvrir les suivants. Ou pas. Je suis Mafalda Vidal. amoureuse des jolis mots et des belles histoires. Vous venez d'écouter l'Inkipit de Cyrem et l'Oiseau maudit. écrit par Yasmine Jebel, publié en 2023 aux éditions Rajo. « Cyreme et l'oiseau maudit » , c'est l'histoire de Cyreme, une déconstellée, donc une personne qui n'appartient pas à la constellation, la constellation étant le nom du pays dans lequel elle vit. Elle n'est pas vraiment maudite, mais elle est passée si près de la mort quand elle était petite que les gens, déconstellés ou pas, en ont peur. Donc les personnes en qui elle peut avoir confiance se comptent sur les doigts d'une main, voire une demi-main. Ziri est l'une de ces rares personnes. Sirème va rapidement rencontrer un oiseau, un faucon argenté, un peu spécial, un faucon qui parle, qui s'appelle Tanit et qui prétend être une femme. Donc elle, elle est vraiment maudite. Évidemment, Tanit souhaite retrouver son apparence humaine. Et quand Ziri va se trouver en danger, Sirème va tout faire pour sauver son amie, y compris passer un pacte avec cet oiseau. Sirème et Tanit se ressemblent beaucoup plus qu'elles ne le pensent, et surtout elles sont liées par une prophétie assez énigmatique que je vais vous lire. Elle se trouve sur la quatrième de couverture. Si tu poursuis ta quête, par trois fois tu retrouveras ce que tu as perdu. Une flamme brûlera pour toi dans un écrin de cuivre, un esprit brillant et une lame oubliée empêcheront tes fantômes de crier victoire. Ainsi, l'éclat d'une reine renaîtra grâce au nom d'une étoile. Mais méfie-toi des combats de fumée. Autrement, seule la mort triomphera à la lumière de l'astre trahi. Sirem et Tanit vont donc parcourir ensemble la constellation poursuivie et rattrapée par cette prophétie. La première chose dont je voulais vous parler, c'est l'histoire avant l'histoire. Dans cet univers, il y a celles et ceux qui vénèrent le soleil et aussi celles et ceux qui vénèrent la lune. Pour faire très bref, ces peuples se sont fait la guerre, la guerre des astres, et le peuple du soleil a gagné. Et le peuple de la lune est donc devenu un peuple déconstellé, méprisé par la population, molesté par les autorités. éparqués dans des sortes de bidonvilles. Au-delà du parallèle plus que pertinent avec notre réalité, on trouve tout au long du roman un vocabulaire, des expressions, liées à la lune, aux étoiles, aux astres en général. Ce qui rend le roman très immersif, et surtout ce qui ravira les amoureuses et les amoureux des mots. Maintenant je voudrais me concentrer sur Cyrem, qui est un personnage très intéressant. Cyrem n'a sa place nulle part. Non seulement c'est une déconstellée, donc rejetée par la population de la constellation, adoratrice et adorateur du soleil, mais en plus elle est aussi rejetée par les déconstellés qui en ont peur et pensent que la mort l'accompagne. elle a l'habitude d'être chassée de partout et donc elle fuit de partout. Ziri c'est le seul qui la protège et donc quand Ziri va se retrouver en danger, Sirème va devoir aller contre son réflexe de fuite, contre finalement sa nature profonde pour le sauver. Et le parallèle avec Tanit est très fort, on pourrait croire que tous les opposent. Sirem préfère la fuite au combat, alors que pour Tanit, la fuite n'est même pas une option. Pourtant, les deux se ressemblent, parce que les deux ont été privés d'un droit fondamental, celui d'exister en tant que personne, en tant qu'être humain. Et ensemble, elles vont toutes les deux devoir combattre leur nature pour reconquérir leur place en tant qu'être humain. Sirem et l'oiseau maudit, c'est une quête initiatique. À travers les épreuves que Sirem traverse, on voyage avec elle à travers la constellation. On rencontre des personnages, alliés ou pas, humains ou pas, des personnages jamais blancs ni noirs. J'ai envie de dire des personnages gris, mais en fait non. Ils sont tout sauf gris, ils sont hauts en couleurs. Et en bijoux aussi, et en drapés de tissu, et en maquillage, et en costumes, et en charisme. Au travers de la quête de Cyreme, on découvre davantage la mythologie de l'univers, ses contes et ses légendes. Inspiré des contes et légendes de l'Orient, la fantaisie se mêle à la réalité, et lui rajoute encore plus de couleurs. Sirem et l'oiseau maudit, c'est un mélange entre le conte, la fantaisie, la quête. Et finalement, c'est un petit peu le quotidien de tout enfant qui grandit et se dirige, lentement mais sûrement, vers le monde des adultes. Mais c'est aussi un roman qui remet les histoires au centre. Les histoires, les mots et la magie que portent ces mots. Et dans ce roman, rares sont les adultes qui croient vraiment à la magie. Mais ces adultes-là, ce sont les meilleurs. Je crois que le message est clair. Merci de m'avoir écoutée jusqu'au bout. Si vous avez passé un bon moment, dites-le moi. Dites-le aussi à votre plateforme d'écoute. Et n'hésitez pas à partager le podcast avec d'autres amoureux et amoureuses des mots. A bientôt.

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