- Speaker #0
Dans ce nouvel épisode du podcast Inspiré, j'ai le plaisir d'accueillir Edouard Détraise, entrepreneur, conférencier et aujourd'hui consultant. Atteint d'une infirmité motrice cérébrale dès la naissance, Edouard est en fauteuil roulant depuis l'âge de 5 ans. Scolarisé en milieu ordinaire, passionné de sport et profondément engagé, Il développe une grande force de caractère. En 2015, il crée le fauteuil roulant français. Trois ans plus tard, il parcourt 710 km en fauteuil roulant jusqu'à l'Elysée pour porter la voix des personnes en situation de handicap. Depuis, il œuvre pour changer le regard et ouvrir les possibles. Je vous invite à écouter un extrait de notre conversation et je vous donne rendez-vous dans deux jours pour l'épisode au complet. Justement, j'avais tant parlé de ce périple de la Gironde jusqu'à Paris, plus de 700 km. Quel était le but initial ? et ce que tu voulais y mettre derrière, le message que tu voulais faire passer.
- Speaker #1
Alors l'objectif justement c'était de dire qu'on était une jeune boîte, que c'était un produit qui, c'est un produit d'ailleurs toujours qui est essentiel, essentiel à la nation, essentiel à des gens qui en ont besoin, de dire voilà, demain je ne sais pas, il y a tel pays qui décide de fermer, il y a beaucoup par exemple de... de marques, il y a un monopole américain par exemple sur ce type de marché typiquement je ne sais pas les Etats-Unis ils décident de fermer les frontières pour x ou y raison comment on fait ? donc l'objectif c'était de dire on peut maîtriser nous chez nous une industrie donc c'était un petit peu le message à faire passer de dire on a besoin de soutien alors ça c'était pour nous mais je pense que ça a été un peu un cri aussi pour tous les entrepreneurs qui s'y sont aussi retrouvés, sur d'autres produits, sur d'autres natures. On a quelqu'un qui essaie de faire un peu en temps de savoir. Et puis globalement, ça permettait aussi de parler un petit peu du handicap, de parler des Jeux paralympiques aussi, qu'on a eu notamment en 2024. Moi, c'était en 2018. Mais de dire qu'on ait un fauteuil roulant fabriqué en France aux Jeux paralympiques de Paris 2024, ça pourrait être chouette. Donc c'était un petit peu tout ce côté-là que j'ai voulu mettre en avant. Et puis, beaucoup de gens s'y sont retrouvés aussi. De dire, j'ai tel handicap ou j'ai fait un AVC, j'ai tel problème de vie. Et beaucoup de gens, je trouve, cette traversée de la France, à certaines personnes, ça les a motivés. À quelqu'un qui a fait un AVC, d'abandonner sa canne pendant deux, trois pas. Une femme qui a eu un cancer du sein, de dire... Voilà, je suis dans un moment qui n'est pas facile et ça me permet de me reconcentrer sur quelque chose de positif. Mais ça, par contre, je n'en avais jamais... Je n'ai pas fait ça pour ça. Donc j'ai fait ça malgré moi. Souvent, les gens disent oui, j'ai fait ça pour inspirer les gens. Je respecte, mais je ne suis pas sûr que... Je pense que quand on inspire, on inspire malgré soi.
- Speaker #0
Oui, ce n'était pas de l'intention de première.
- Speaker #1
Non, pas du tout. Je, franchement, je suis très heureux de l'avoir fait, d'avoir inspiré des gens, mais c'était pas du tout, c'était pas du tout ça. Et on ne pensait même pas. Moi, j'ai été avec mes parents et mon frère en camping-car pour s'être traversé. On s'était même dit, bon, ben, tu sais quoi, s'il n'y a personne sur la route, on redescendra comme quatre imbéciles, comme, voilà, comme quatre imbéciles. Et puis, c'est pas grave, on l'aura fait, quoi. Et en fait, ça s'est pas passé comme ça du tout, quoi. On a eu un... On a eu une mayonnaise Capri qui a été absolument grandiose. Encore plus une fois arrivé vers Orléans, là au port de Paris. Et ça a été, comme je le dis, un petit peu une aventure, un Forrest Gump à quatre roues. Et c'est vrai que ça a été extrêmement beau en termes de rencontres, en termes de témoignages de moments. Et aussi, en même temps, une grande difficulté, une grande souffrance. Parce que c'était entre 25 et 35 kilomètres par jour.
- Speaker #0
Alors justement, comment ça s'est déroulé ? Est-ce que tu as quelques exemples sur le fonctionnement ? Alors, la logistique, tu as dit, il y avait tes parents et ton frère. Mais comment ça s'est déroulé ? Est-ce qu'il y avait des actions derrière ? Est-ce qu'il y avait des rencontres prévues ?
- Speaker #1
Oui, oui. En fait, avant de partir, on s'était fait des étapes. comme un tour de France et de se dire voilà on a tant de kilomètres c'était comme je te dis entre 25 et 35 kilomètres par jour et donc on était sur des départementales des bouts de national de temps en temps et on essayait en fait de joindre les mairies etc Mais il se trouve que ça a bien pris dès la première, parce que la première étape qui nous a reçus, le maire de cette première étape a appelé le maire de l'étape suivante en disant tu reçois Edouard demain. Et en fait, il y a eu un passage de relais qui s'est fait. On a eu des France 3 aussi en région, souvent, qui nous ont permis justement de médiatiser un peu cette traversée de la France. Mais c'était en janvier 2018. donc le vent, la pluie, le froid t'as choisi le meilleur mois de l'année ouais mais à choisir je me demande si c'est pas plus facile de le faire en janvier que de le faire en juillet non mais mars avril non ouais mais en plus on avait pas vraiment de encore une fois comme je te disais comme je l'ai pas fait pour faire un exploit je me suis pas préparé moi je me suis entraîné 3 semaines avant de faire ces 700 km Je n'ai pas fait, par exemple, comme des gens en disant « je veux faire la traversée de tel lac et je me prépare six mois » . Là, c'était aussi pour répondre à une urgence par rapport à ma boîte. Donc, il a fallu…
- Speaker #0
Il fallait un coup de projecteur dessus. Voilà,
- Speaker #1
il fallait un coup de projecteur, il fallait en parler. Donc, on n'avait pas forcément trop le temps d'attendre et c'est pour ça que ça a précipité les choses. C'est pour ça d'ailleurs que j'y suis allé quasiment sans entraînement, mais je l'ai fait, donc ça a été une grande aventure.
- Speaker #0
Mais ça l'a fait. Ça a permis de sensibiliser aussi bien le public que les politiques et mettre en place peut-être certaines choses, des retours de tout ça ?
- Speaker #1
Oui, on a eu en fait... Alors bon, il y a eu effectivement une arrivée grandiose. J'ai été reçu par la ministre des Peuples Sans Diapé, le président de l'Assemblée Nationale, le président du Sénat qui m'a décoré de la médaille du Sénat et ensuite le président de la République. à la fin, parce que le but de l'arrivée, c'était le palais de l'Elysée. Mais moi, je pensais pas une seule seconde être reçu. Je pense, moi, de dire l'arrivée, c'est le palais de l'Elysée, ça permettait de mettre une arrivée. L'avantage, c'est que...
- Speaker #0
Tout le côté symbolique.
- Speaker #1
Oui, symbolique, et puis tout le monde sait où tu vas. Je veux dire, si tu dis je vais à l'Elysée, mais je suis parti le 4 janvier. Le 5 janvier, j'avais l'Elysée qui m'appelait en me disant « Bonjour, qu'est-ce que vous voulez ? Qu'est-ce que vous revendiquez ? » Écoutez, je ne revendique absolument rien. Je suis une traversée d'un temps positif, engagée pour trouver des solutions. Et donc, plusieurs fois pendant la traversée, pendant les 21 jours, j'avais l'Elysée qui m'appelait, qui se tenait au courant de savoir où est-ce qu'on était la traversée, etc. Et effectivement, une entrevue avec le président de la République pendant une heure. à la fin, qui reste un moment... On ne rencontre pas le président de la République toujours.
- Speaker #0
Non, c'est sûr.