- Speaker #0
bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode d'inspirer aujourd'hui j'ai le plaisir de recevoir régis rossi salut régis bonjour à régis tué à conférencier tu es illusionniste aussi et expert en intelligence émotionnelle. On va parler de ton parcours plus en détail. Mais avant, comment tu expliquerais ton métier de façon ludique à un enfant de 5 ans ?
- Speaker #1
Je l'expliquerais très simplement. Je dirais que j'utilise les ressorts, les mécanismes de l'illusion pour venir parler de la relation. Comment est-ce qu'on arrive à créer des relations efficaces, durables, épanouissantes ? Voilà, et donc j'utilise l'art pour pouvoir déclencher des... prises de conscience. Voilà, bon, je ne sais pas si je les dirai dans ces mots-là pour un enfant de 5 ans, mais en tout cas, c'est comme ça que je le simplifierai.
- Speaker #0
Ça reste assez ludique. Je pense que c'est bon. Donc, tu es conférencier sur l'intelligence émotionnelle et tu te sers aussi de l'illusion avec certes particularités-là, tout ce qui est close-up, magie, etc. On va en parler en détail de ce parallèle que tu fais et qui te nourrit, qui te sert pour pouvoir faire passer tes messages. Mais juste avant, au niveau de ton parcours, Donc tu as toujours été attiré par ça ou c'est quelque chose qui est venu un peu plus tard après tes études ?
- Speaker #1
Concernant l'intelligence émotionnelle ? L'intelligence émotionnelle, en réalité, je pense qu'un peu comme Monsieur Jourdain, je l'avais en moi, mais sans véritablement la définir. Et c'est quand j'ai commencé à m'intéresser au sujet que j'ai compris qu'effectivement, elle avait finalement jalonné mon parcours. Mais j'ai vraiment, vraiment... travailler l'intelligence émotionnelle vraiment dans les années 2007-2008. C'est là que j'ai commencé à travailler sur ce sujet-là. C'était un sujet dont on ne parlait absolument pas en France. C'était vraiment underground, si je puis dire. Mais par contre, aux États-Unis, la notion d'intelligence émotionnelle était déjà populaire et popularisée d'ailleurs.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qui t'a intéressé d'aller vraiment sur ce secteur-là ? de donner ton temps et ta vie sur ce sujet ?
- Speaker #1
En fait, je suis parti d'un double constat. Dans mon parcours, j'ai eu une double activité pendant quasiment 15 ans. Quand je dis une double activité, c'est-à-dire une activité très cérébrale où je travaillais en entreprise. Et donc, j'avais une fonction extrêmement très précise sur le développement. de business et puis en parallèle comme j'étais passionné de la magie bel âge de mes 15-16 ans et bien j'en ai fait une activité une activité à part entière c'est à dire que je travaillais le jour et le soir je dirais pas la nuit parce que c'était souvent le soir et le week-end et bien je revêtais un autre costume celui du magicien et donc voilà j'ai eu cette double activité pendant une quinzaine d'années et Le constat que j'ai fait, c'est que les personnes qui réussissent ne sont pas finalement les personnes qui ont les plus gros diplômes, qui ont fait les grandes études, qui ont une spécificité très particulière, mais en réalité, celles et ceux qui réussissent ont des capacités, et que je vais nommer ensuite sur l'intelligence émotionnelle, d'empathie, d'attention, d'écoute. qui génèrent de la confiance, de la coopération. Et finalement, ça m'a intéressé d'aller creuser ce sujet-là. Je l'ai vu en magie, parce qu'en magie, très clairement, moi qui étais sur ce marché, je n'étais pas le plus fort. Je me défendais bien, mais quand vous travaillez vos gammes deux heures par jour face à une personne qui travaille cinq, six heures par jour, évidemment, il y a une différence de niveau technique. Et pourtant, très souvent dans les appels d'offres, je remportais... je l'ai remporté. Et donc, l'idée, c'était de me dire, mais pourquoi est-ce que je remporte des appels d'offres contre des personnes qui, techniquement, sont peut-être meilleures que moi ? Et donc, là, c'est là que j'ai compris, tout simplement, en allant voir les clients, en leur demandant, mais pourquoi est-ce qu'ils m'avaient choisi ? Qu'est-ce qui avait fait la différence ? J'ai vraiment étudié ça. Et c'est là qu'on m'expliquait que la différence, eh bien, parce qu'il y avait cette sensibilité à... cette envie de davantage travailler avec quelqu'un de plutôt empathique, de plutôt engagé, qui inspirait confiance. Parallèlement, en entreprise, je voyais également que les dirigeants de talent, puisque je travaillais pour des grands dirigeants, les dirigeants de talent avaient cette capacité également d'inspirer confiance, coopération, écoute. Et donc, je me suis, voilà, je suis allé étudier de près, mais finalement, quels étaient ces leviers ? Comment est-ce qu'ils s'y prenaient pour finalement réussir à engager leurs équipes ? et surtout à atteindre leur objectif. Et dans les deux cas, évidemment, j'ai tout de suite compris qu'ils avaient en tout cas un talent particulier, ces dirigeants-là ou ces artistes-là, c'est qu'ils avaient une grande intelligence émotionnelle. Et c'est comme ça que finalement je me suis dit « mais je vais aller étudier le sujet parce que je pense que ça peut nourrir finalement le monde en définitive » . Voilà.
- Speaker #0
Ce qui est intéressant dans ce que tu dis, c'est qu'effectivement, il y a 15 ans, comme tu dis, c'était un peu underground. On va y revenir après, mais maintenant, c'est vrai qu'on parle même de quotient émotionnel, d'intelligence émotionnelle, avec certains pontes dont tu as parlé tout à l'heure, ou encore Christophe Hague, qui développe aussi le quotient émotionnel. Justement, par rapport à ça, quelle est pour toi ta définition de l'intelligence émotionnelle ? Tu as parlé de l'empathie, tu as parlé de l'écoute, mais si tu devais mettre des mots, une définition, pour que les non-initiés comprennent, comment tu l'expliquerais ?
- Speaker #1
Alors l'intelligence émotionnelle, d'abord, c'est une capacité. C'est une capacité à prendre conscience de ses émotions, donc à les reconnaître, à les identifier, à les nommer. Et puis c'est une capacité aussi à décrypter celles des autres. Mais le but ultime, parce qu'évidemment décrypter ou analyser, c'est véritablement créer des relations qui soient efficaces, durables. C'est ça l'intelligence émotionnelle, c'est de pouvoir finalement bâtir des environnements dans lesquels chacun se sente à sa place, épanoui, serein. Et donc, voilà. Donc, c'est véritablement une capacité et c'est pour ça que c'est intéressant parce que tout le monde peut la développer en définitive. Contrairement au QI ou le QI, une fois que vous avez votre QI, vous n'allez pas passer d'un QI de 80 à un QI de 120 en travaillant. En revanche… Sur le quotient émotionnel, évidemment que vous pouvez élever votre niveau émotionnel grâce évidemment à un travail que vous pouvez faire.
- Speaker #0
Alors du coup, ça va intéresser pas mal de gens. Alors aussi, comment on l'élève et comment on devient sensible à cette intelligence émotionnelle ? Tu partages beaucoup de choses en conférence. Est-ce qu'il y a quelques tips ou quelles sont les questions aussi qui reviennent peut-être le plus souvent par rapport à ce sujet ?
- Speaker #1
En fait, les... L'intelligence émotionnelle, c'est extrêmement vaste. Les questions peuvent être d'ordre personnel, d'ordre professionnel. En réalité, l'intelligence émotionnelle, elle touche à la relation. Donc, quand on parle de relation, on peut la voir à différents niveaux. Il y a la relation, évidemment, à soi, parce que la première personne avec qui on communique sans s'en rendre compte, c'est souvent soi-même. On communique beaucoup, beaucoup avec soi, par les pensées notamment. Et donc... La manière dont on communique, évidemment, a une influence sur nos comportements, sur nos attitudes, même sur notre communication, sur nos prises de décision. Et il y a évidemment la communication avec l'autre. Donc là, c'est davantage, c'est l'interpersonnel en définitive. Alors, ça peut être avec son enfant, avec son conjoint, avec ses amis, avec ses collaborateurs, avec ses clients, avec l'écosystème dans lequel nous sommes. Et donc là aussi... C'est des postures, c'est des prises de conscience aussi de finalement comment est-ce qu'on gère ces relations-là, est-ce qu'elles sont efficaces, est-ce qu'on est épanoui sur ces différents terrains. Et puis il y a la relation à son environnement. L'environnement dans lequel nous sommes, à quel point il peut nous impacter, nous affecter. Et donc travailler son intelligence émotionnelle. c'est de se dire, mais vers quoi je veux aller d'abord ? Parce qu'évidemment, l'idée, c'est d'être extrêmement précis sur un champ, un champ que l'on va explorer, que l'on va étudier. On ne travaille pas tout en même temps, il y a beaucoup d'étapes. Voilà, donc il faut toujours partir d'un besoin, d'une envie, et donc là, d'aller explorer et puis d'analyser pour finalement avoir... créer des prises de conscience et parfois changer. Mais on parle beaucoup, beaucoup du changement, mais je dis toujours que le changement ne sert à rien. On n'impose pas un changement. Par contre, l'idée, c'est vraiment de créer des prises de conscience. C'est à partir du moment où on prend conscience que l'on peut être prêt à changer. Mais parfois, si on ne travaille pas son intelligence émotionnelle, l'histoire se répète, ne fait que se répéter. Et donc, vous avez des personnes qui ne comprennent pas pourquoi elles sont toujours dans les mêmes situations, quoi qu'il se passe. Mais en réalité, c'est parce que, évidemment, le petit changement qu'il faut opérer, qui est parfois un curseur à bouger, Il ne se fait pas. Et donc, quand il ne se fait pas, l'histoire se répète toujours.
- Speaker #0
Et à la place du changement, on parle aussi de conduite du changement. Je fais le lien avec une de tes conférences et de tes thématiques sur justement la définition que tu peux donner, ce que tu as à dire. Le changement, c'est surtout le conduire, l'accompagner et avoir un cap.
- Speaker #1
Oui, oui, oui, tout à fait. J'aime bien prendre la parabole du surfeur. Vous savez, quand un surfeur, il est sur l'eau, il va y avoir un grand changement. dans son environnement et qui va arriver. Et en fait, il s'est préparé, normalement, il s'est préparé, mais il s'est préparé à la fois physiquement et mentalement. Et donc, ce changement, cette vague qui arrive, s'il est prêt, il va l'accompagner. Il va l'accompagner, il va surfer sur la vague. Et donc, évidemment, avec tout ce que cela implique. Mais vous avez également le surfeur qui, lui, n'est pas vraiment prêt. ni physiquement, ni mentalement, et la vague, il va se la prendre en pleine face, et elle va faire mal. Et évidemment, ce changement-là va être extrêmement difficile à gérer. Eh bien, voilà, on est ce surfeur, on doit être ce surfeur, en tout cas, qui accompagne, ou en tout cas, qui surfe sur ce changement, ne pas le subir. Et donc, dans la conduite du changement, évidemment, l'idée, c'est d'outiller, en définitive, ses équipes, ses collaborateurs pour pouvoir en être acteur. Et donc, les outillés, c'est les outillés à la fois sous forme de compétences. Donc là, on est plutôt sur le cognitif. Et puis, les outillés aussi sur l'émotionnel, parce qu'on sait également que l'état d'esprit joue un rôle fondamental dans notre réussite. Et ce n'est pas quelque chose de très intuitif, parce qu'évidemment, notre histoire... est faite de jalons et qui commence dès l'enfance. Et très clairement, nous sommes vraiment le produit de l'éducation que nous avons eue. Et que si on a eu une éducation épanouissante, qui nous permet d'avoir une grande confiance, une belle estime de soi, tant mieux. Mais si ce n'est pas le cas, évidemment, il va falloir bien travailler sur soi pour pouvoir aller vers cette... épanouissement et cette confiance, cette estime de soi qui est nécessaire pour atteindre les objectifs que chacun avons dans la vie.
- Speaker #0
Et comment travaille cette estime de soi ? Je ne vais pas te demander ton enfance parce que je ne sais pas comment elle était.
- Speaker #1
L'estime de soi, vous savez, elle se travaille... Elle se travaille avec l'expérience que l'on peut avoir, c'est-à-dire sur soi, et de se dire, mais finalement, quand on fait un flashback de notre histoire, de se dire, mais quels sont, par exemple, si on parle professionnel, quels sont les moments professionnels qui ont été des moments extrêmement épanouissants, riches, ou dans lesquels on s'est senti vraiment pleinement investi, où on a atteint nos objectifs. Et donc... évidemment, c'est de se faire une conversation, une conversation beaucoup plus positive. Une conversation positive, pourquoi ? Parce qu'en fait, elle va nous permettre finalement d'analyser mais quels ont été les leviers que je suis allé activer sur cette période-là ? Pourquoi est-ce que je me suis senti véritablement engagé, heureux ? C'est important parce qu'en réalité, c'est un travail qu'on fait très, très peu. Quand il nous arrive un pépin, eh bien, on va aller… faire un audit, on va aller étudier, mais pourquoi est-ce qu'il nous est arrivé ce pépin, et on va essayer de corriger le tir. Mais quand il nous arrive une réussite, généralement, on ne fait pas de travail pour savoir pourquoi notre réussite, elle a eu lieu. Alors qu'en réalité, elle est aussi importante. C'est important de savoir pourquoi est-ce qu'on a réussi, parce que ça va nous permettre de réussir demain. Sinon, il y a tellement de chemins que l'on peut prendre, il y a tellement d'actions aujourd'hui que l'on peut... définir qu'on peut vite être perdu. Et donc, il y a ce travail sur soi et puis il y a aussi le regard de l'autre parce qu'évidemment, le regard de l'autre va nous permettre de se sentir plutôt bien, armé ou plutôt désarmé et pas bien. Donc, c'est-à-dire que... Il est important de soigner l'environnement dans lequel nous sommes, en tout cas notre environnement très proche. Et il vaut mieux passer du temps avec des gens qui nous nourrissent plutôt qu'avec des gens qui nous aspirent.
- Speaker #0
Tu parlais, ça m'amène plein de questions du coup, je note pour ne pas te couper. La première d'entre elles est sur l'analyse de la réussite, tu en as parlé. Effectivement, tu... Tu penses qu'on analyse plus souvent nos échecs que nos réussites et qu'on n'est pas très bienveillant avec nous-mêmes aussi des fois ?
- Speaker #1
Oui, oui. En réalité, il y a une formule en France où on dit, enfin en France, mais pas seulement en France, où on dit qu'on apprend beaucoup de ses échecs. Et donc, l'échec est toujours utile. Et d'ailleurs, vous entendrez beaucoup, beaucoup de personnes dire ça. Moi, je trouve que c'est dangereux de dire ça, parce qu'on apprend souvent aussi de ses réussites, parce que parfois, quand on connaît un échec, l'échec peut nous conduire vers le renoncement, vers l'immobilisme, et ne nous permet pas, on n'a pas tous parfois cette capacité de rebondir. Et donc, qu'est-ce qu'on fait quand un échec, il perdure dans le temps, quand une personne reste à terre des semaines, des mois, des années, parfois même toute une vie ? Donc, on n'est pas tous égaux et on n'est pas tous armés de la même façon pour affronter ces situations d'échec. En revanche, les situations de réussite, ce qui est très intéressant, c'est que parfois, on peut ne même plus les voir. On n'a pas conscience de toutes les réussites que l'on a effectuées. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, on est dans un monde où on se compare énormément. Les réseaux sociaux... ont amplifié ce phénomène de comparaison. Et donc, à partir du moment où vous comparez toujours à des gens que vous imaginez extraordinaires, vous avez l'impression que vous, vos petits pas, ne sont pas de grands petits pas. Et la comparaison est véritablement voleuse de joie. Donc, il faut, encore une fois, l'intelligence émotionnelle, par exemple, c'est surtout ne pas se comparer. C'est se dire, mais moi, qu'est-ce que j'ai besoin dans la vie ? Qu'est-ce qui me rend heureux ? Qu'est-ce qui m'anime ? Qu'est-ce qui me remplit de joie ? Qu'est-ce que j'aime faire ? Et d'aller vers ça. C'est un espèce d'idéal. Et de ne pas espérer, ne pas, disons, imaginer notre vie sous la comparaison d'un autre, parce que généralement, ce sont des fantasmes. Et d'ailleurs... Très souvent, quand on apprend à connaître les personnes pour qui on fantasme, généralement, on est souvent déçu. Donc, voilà.
- Speaker #0
Tu as souvent ça, effectivement. Et j'aime bien ta phrase que j'ai pris le temps de noter sur la comparaison.
- Speaker #1
La comparaison est voleuse de joie.
- Speaker #0
Est voleuse de joie. C'est censé. Tu as parlé également de l'entourage. Et on va parler d'un autre sujet après qui me fait rebondir sur ce que tu viens de dire. Au niveau de l'entourage, il y a une citation, tu vas me dire si tu es d'accord avec ça, qui dit que l'on est la moyenne des cinq personnes qu'on fréquente le plus autour de soi.
- Speaker #1
Oui, oui, oui, on l'entend beaucoup. Je ne peux pas être contre ça parce qu'effectivement, les émotions ont un effet de contagion. Donc évidemment, si vous passez beaucoup, beaucoup de temps avec des personnes optimistes, avec des personnes souriantes, avec des personnes dynamiques, avec des personnes entreprenantes, avec des personnes bienveillantes, évidemment qu'elles vont avoir un effet contagion avec vous. Mais si vous passez beaucoup, beaucoup de temps avec des personnes qui se plaignent tout le temps, qui ne sont jamais satisfaites, qui sont toujours sur la critique, qui vont être sur les reproches, qui vont mettre en avant les échecs, évidemment qu'elles vont avoir un effet contagion, elles aussi, sur vous, sur votre manière de percevoir le monde, votre manière de percevoir votre relation à vous-même et à l'autre. Donc, il est temps... important, fondamental même, eh bien, de soigner ses rencontres et puis les personnes avec qui nous sommes. Nous interagissons avec énormément de personnes, mais vous savez, vous pouvez avoir des carnets d'adresses de 5, 6 000 personnes, 10 000 personnes. Vous savez, les personnes qui comptent, vous pouvez toujours les compter sur les doigts d'une main ou de deux mains, disons. C'est pareil pour tout le monde. Donc, ces personnes-là, évidemment, doivent répondre, à mon sens, à des exigences qui sont nécessaires pour vous. C'est vital.
- Speaker #0
L'importance de l'entourage et le conditionnement, dans le bon sens du terme, des personnes conférentes autour de nous. Il y a aussi cette analogie avec les différents cercles, dont tu as sûrement évoqué en conférence. Et sur cette importance-là, parce que je pense qu'on a tous vu, ça nous est tous arrivé d'avoir une personne rayonnante et sous l'emprise où le côté néfaste d'une seule personne se change et se perd un peu.
- Speaker #1
Oui, oui, ça peut aller très vite. Ça peut aller très vite, il suffit parfois d'une situation, d'un moment, d'un échange pour que finalement l'édifice s'effondre. Et donc, personne n'est à l'abri, personne ne peut se dire « je suis un rock » parce qu'évidemment, quand on est dans la relation interpersonnelle, on est dans la confiance. Et donc, donner sa confiance. c'est quelque part donner un joyau. Je vous donne ce joyau-là. Évidemment, si vous n'en prenez pas soin, il y aura des conséquences. S'il tombe à terre, s'il se casse, s'il se brise, ça va être compliqué finalement de le réparer. Et donc, Jean-Paul Sartre disait que la confiance se gagne en gouttes, elle se perd en litres. Donc, évidemment qu'à partir du moment où vous donnez votre confiance et que votre confiance est trahie, C'est un moment très, très douloureux. Et personne ne peut être à l'abri de ça, parce que parfois, on peut avoir, et on a tous peut-être déjà un nom, ou deux, ou trois, de personnes qui nous ont fait mal, parce qu'évidemment, elles n'ont pas été à la hauteur de nos attentes et de nos besoins. Voilà. Mais, encore une fois, Une relation, c'est quelque chose qui s'entretient. Donc, que ce soit amicale, amoureuse, parentale, avec ses équipes, rien n'est jamais définitif et rien n'est jamais acquis non plus. Donc, c'est tous les jours qu'il faut semer les graines qui vont permettre finalement à la relation de fleurir et de nous permettre finalement d'être bien, tout simplement, d'être serein.
- Speaker #0
Tu as parlé d'analyser ses victoires tout à l'heure, chose que l'on fait peu et je pense que ça va faire écho à beaucoup de monde. Chose que tu as faite justement lorsque tu expliquais ton parcours et pourquoi tu remportais des appels d'offres en étant moins bon technicien mais meilleur sur cette intelligence émotionnelle. À quel point tu estimes qu'on est dur avec nous-mêmes alors que l'on devrait se parler comme à son meilleur ami ?
- Speaker #1
Tout dépend des... Vraiment, il n'y a pas de vérité sur ce sujet-là. Vraiment, il y a des personnes qui, parfois, ont un langage vraiment dépréciatif sur elles. Et donc, moi, qui rencontre beaucoup, beaucoup de gens à travers mes conférences, parfois, elles me confient des choses sur elles. Et c'est incroyable parce que ce qu'elles dégagent n'est pas du tout en adéquation avec ce qu'elles me restituent. Et donc, elles ont fini par... avoir ce langage de vérité pour elles qui ne leur permet pas de s'élever. Et donc, l'idée, c'est de leur montrer que finalement, ce n'est pas une vérité, mais c'est une perception. Et que moi, je peux leur montrer une autre perception. Et qu'à partir du moment où on a plusieurs perceptions d'une même situation, alors on peut avoir aussi plusieurs solutions, plusieurs visions. Donc, l'idée, c'est d'amener finalement chacun à réfléchir. Mais c'est vrai que... Il y a parfois un langage dépréciatif vraiment très, très, très important. Dernièrement, je suis intervenu pour une collectivité et je demandais à des personnes qui avaient déjà connu un échec et tout le monde levait la main. Et puis plus tard, je leur dis, mais qui a déjà connu une réussite dans sa vie professionnelle ? Et j'ai la moitié des personnes qui n'ont pas levé la main. Et bien sûr qu'elles ont connu des réussites. professionnelles. Mais aujourd'hui, elles ne sont plus en capacité, elles ne sont pas en capacité à finalement les voir. Et donc ça, c'est extrêmement dangereux. Et donc, voilà, l'idée, c'est vraiment d'aller... C'est dangereux pourquoi ? Parce que... Encore une fois, à partir du moment où on a une faible estime de soi, une faible confiance en soi, ça a des répercussions dans tous les aspects de notre vie, professionnelle, amicale, sociale, amoureuse, ça a des impacts surtout. Donc, il est important de retravailler sur ces aspects-là. Et vous avez à l'inverse des personnes qui ont une surconfiance en elles, vous voyez, une surestime de soi. Et donc… Là aussi, c'est extrêmement dangereux parce qu'en termes d'équilibre émotionnel, ça a des impacts. De toute manière, il y a toujours à un moment donné, la vie vous ramène à une certaine réalité.
- Speaker #0
Et donc ce travail d'équilibriste, il est aussi jonché par le cerveau qui retient plus facilement les informations négatives que positives, ce qui a dû être aussi un des éléments pour lequel tu n'as que la moitié des gens qui ont levé la main.
- Speaker #1
Oui, oui, tout à fait. Le cerveau, il fonctionne comme ça. Vous savez, on a six émotions primaires, la colère, le dégoût, la tristesse, la peur, la joie et la surprise. Et donc, vous voyez que sur ces émotions primaires, on a des émotions qu'on va dire plutôt négatives. Alors, même si les émotions, il faut faire attention, on ne dit jamais qu'elles sont positives ou négatives. Les émotions, elles nous informent de toute manière. Donc, quand on est en colère, quand on est triste, quand on est dégoûté, évidemment, ce n'est pas forcément négatif. Ça veut dire que dans notre environnement, il est en train de se passer quelque chose et que notre besoin n'est peut-être pas... On ne répond pas à notre besoin. Mais évidemment, le cerveau, lui, détecte dans l'environnement tout ce qui ne va pas. Je vous montre une dictée. Tout de suite, vous allez repérer la faute. Alors qu'en réalité, il y a peut-être une centaine de mots. Les 100 mots. 99 mots sont bien écrits mais lui ce qu'il va retenir le cerveau c'est le mot qui n'est pas bien écrit et donc là vous voyez c'est un processus où vous allez dire mais mince je ne suis pas bon alors qu'en définitive évidemment que vous avez écrit 99 mots bien et donc c'est plutôt ça dont il faudrait se satisfaire mais non le cerveau lui il va se focaliser là dessus et dans nos vies professionnelles, amicales, personnelles on fonctionne exactement de la même manière mais ... même moi, à mon niveau, je peux faire 100 conférences qui se passent extrêmement bien et la 101ème, vous ne savez pas pourquoi, il y a plein de facteurs externes qui font que vous n'avez pas rencontré le public, en tout cas,
- Speaker #0
la lisserie,
- Speaker #1
ça peut arriver, vous ressortez de là, et là, la première chose, c'est que vous commencez à vous remettre en cause, à vous dire, mais finalement, c'est peut-être moi, Ça y est, mon temps est passé, je ne suis plus dans le move ou je n'ai plus les compétences pour. Vous voyez, vous commencez à... Votre cerveau vient vous alimenter pour vous dire mais peut-être qu'il est temps d'arrêter. Alors qu'en définitive, vous en avez réussi 100 et qu'il faut davantage s'appuyer sur ces 100-là plutôt que de s'appuyer sur la 101ème. Et c'est là que l'entourage... est véritablement important. Parce que quand vous vivez des séquences de ce type, et on en vit tous, il n'y a personne qui peut se dire « Ah non, moi, je n'ai jamais vécu ce type de situation. » Quand on en vit ce type de situation, vraiment quelque chose qui marche très, très bien, c'est d'appeler ce que j'appelle un ange, vous voyez, c'est-à-dire une personne qui vous veut du bien, qui vous connaît bien et qui va avoir un langage beaucoup plus appréciatif pour vous. Et ça, c'est important parce que parfois, vous perdez la lucidité. Et donc, vous avez besoin d'être recadré. Et donc, ce recadrage, il est nécessaire. Et quand on n'est pas en capacité de se le faire soi-même, eh bien, on va le chercher auprès de personnes qui sont des personnes que j'appelle des personnes ressources. Et ce sont des personnes avec lesquelles on peut avoir un degré de proximité très fort ou pas. Mais des personnes qui connaissent la valeur et votre valeur. et puis ce que vous êtes au plus profond de vous-même. Donc ça, c'est vraiment capital.
- Speaker #0
Tu as dit plein de choses, mais ce qui nous rassure en tant qu'être humain, c'est que si un expert comme toi, au niveau de l'estime de soi, à la 101e, il se remet à... Il est dans un gros down, ça nous laisse une marge de manœuvre.
- Speaker #1
Mais bien sûr, bien sûr. Oui, oui, et puis, vous savez, moi, j'ai la chance d'intervenir vraiment pour... de grands dirigeants, mais également des managers, des équipes, vraiment tous les corps, tout le corps social de l'entreprise. Et vraiment, aucune... sans aucune façon, n'a pas traversé ce type de moment-là. La grande différence, encore une fois, c'est que...
- Speaker #0
Face à l'échec, des personnes vont rebondir immédiatement. Elles vont se relever et elles vont repartir. Elles vont faire en sorte que la hauteur du rebond soit plus importante que la hauteur de la chute. Et d'autres, comme je le disais tout à l'heure, cet échec va les conduire vers l'immobilisme. Et donc, ce qui est intéressant de comprendre, mais c'est quelles sont les caractéristiques finalement de ces personnes ? Et très souvent, c'est le degré d'optimisme qui est la clé. de la clé de voûte qui nous permet finalement de rebondir. Mais la grande différence entre un optimiste et un pessimiste, c'est la façon habituelle dont on explique les événements de la vie. Notre mode d'explication, il est fondé sur nos racines. Ça remonte à notre enfance. Et donc, il y a trois grands leviers. Il y a la permanence à une personne optimiste. Elle pense que les choses positives de la vie, ce qui lui arrive de positif, a vocation à perdurer dans le temps. Il y a la généralisation. Une personne optimiste pense que, justement, ces situations positives qui lui arrivent, vont faire tâche d'huile, vont avoir un effet de contagion sur tous les aspects de la vie, que ce soit en santé, travail, amical, amoureuse. Et puis, la personnalisation. Une personne optimiste, elle pense que... ce qui lui arrive de positif, elle le doit à elle-même. Vous voyez qu'elle est responsable aussi de ce qui lui arrive. Alors que le pessimiste, la permanence, une personne pessimiste, pense que ce qui lui arrive de négatif dans la vie, a vocation à perdurer dans le temps. La généralisation, qu'en tout état de cause, il va y avoir un effet de tache d'huile sur tous les aspects de sa vie, évidemment, donc en négatif. Et puis... La troisième composante, c'est que la personne pessimiste pense qu'elle ne peut rien faire contre ce qui lui arrive. Elle est obligée de le subir. Et donc, c'est ce qui différencie véritablement ces deux personnes, celle qui rebondit très rapidement et celle qui va vers l'immobilisme. Donc, c'est pour ça que c'est important pour nous, pour chacun d'entre nous, d'être vraiment armé pour, face à des situations de ce type, pouvoir rebondir, y répondre.
- Speaker #1
Et justement, pour pouvoir y répondre, comment tu peux travailler ça ? Est-ce que c'est via la gratitude ? Est-ce que c'est via la méditation ? Est-ce que tu as d'autres leviers pour travailler cette estime de soi ?
- Speaker #0
Oui, alors c'est intéressant que tu parles de gratitude, parce qu'en France, la reconnaissance et la gratitude, c'est... C'est des mots qu'on utilise peu, alors qu'on utilise un petit peu plus. Évidemment, on en parle de plus en plus, mais dans la réalité, dans les faits, dans notre quotidien, on est peu reconnaissant, on exprime peu de gratitude autour de soi. Or, on a tous un besoin de reconnaissance. Tout le monde a besoin de reconnaissance. C'est une composante fondamentale. C'est un besoin physiologique, la reconnaissance. Et quand... quelqu'un vient nourrir notre besoin de gratitude, de reconnaissance, cela renforce nos liens avec lui. Cela génère une énergie positive qui va engendrer de l'épanouissement et de la confiance en soi. Donc, tout doit partir de nous de toute manière. Il faut peu attendre, en tout cas, évidemment, il vaut mieux attendre de soi que des autres. Et donc, je conseille souvent de se doper à la gratitude, à l'intimité de notre part. plein gré, vous voyez, que tous les jours, on peut donner des marques de reconnaissance autour de soi. Ça peut être à son enfant, à son conjoint, à des inconnus, à des collègues, à sa hiérarchie, mais vraiment un merci sincère qui est fondé et qui va finalement nous remplir, nous remplir et remplir l'autre également. Et en réalité, ce dont on s'aperçoit, c'est que plus on exerce cet exercice, en tout cas de gratitude, parce que c'est un exercice au départ, parce qu'au bout d'un moment, ça va devenir finalement familier et on va le faire sans s'en rendre compte, eh bien, plus on va avoir des marques de reconnaissance. La formule « qui donne reçoit » , elle est simple, elle est basique, mais elle est tellement vraie. Moi, j'ai beaucoup reçu dans ma vie, Parce que j'ai beaucoup, beaucoup donné. J'ai beaucoup plus donné que j'ai reçu, mais je n'aurais jamais autant reçu si je n'avais pas autant donné. Et donc, voilà. Et ça, chacun d'entre nous, on a les moyens de le faire. Vraiment, il suffit de regarder, de mettre un pied à l'extérieur pour se rendre compte que le monde a besoin de nous. Et donc, allons à sa rencontre. Et généralement, on est toujours récompensé.
- Speaker #1
C'est ce que l'on fait présentement, on donne et puis on verra ce qu'on ressent, mais on donne sans intention derrière, sans attente derrière. Et c'est ça qui est plaisant aussi, de dire que peut-être que ça va faire émerger ou donner une étincelle à l'une des personnes. C'est ça notre récompense quelque part. Oui,
- Speaker #0
oui, oui, tout à fait. Il ne faut pas avoir d'attente trop grande, vous voyez, de faire trop de calculs. On est dans une société où on calcule énormément. Je pense qu'il faut revenir à des valeurs vraiment saines. qui nous rassemble et qui nous ressemble. Donc, la générosité, c'est quelque chose de... C'est une valeur extraordinaire. Et la générosité, il ne faut pas être généreux que quand ça ne va pas. Parce qu'on voit bien qu'on sait être généreux quand des situations l'imposent de l'être. Mais il faut être généreux, en tout cas au quotidien, parce que c'est une valeur extrêmement épanouissante.
- Speaker #1
Tu as parlé justement de la gratitude, il y a une chose que je fais moi avec les enfants surtout, ça marche beaucoup, c'est le kiff du jour. Tu leur demandes souvent la question, quand tu récupères à l'école ou quoi que ce soit, qu'est-ce que tu as aimé aujourd'hui ? Et de suite, ils ont quelque chose qui vient à la tête. Et on le dit même pour les adultes, finir sa journée en définissant ses trois kiffs du jour pour travailler la gratitude, ça marche pas mal. C'est un petit exercice tout simple, mais on se couche avec des intentions positives. envers nous et envers notre journée.
- Speaker #0
Il faut nourrir notre cerveau. Vous savez, on mange, on fait attention à l'alimentation, on fait attention au sport que l'on doit faire, mais il faut faire attention à ce qu'on ingurgite aussi dans notre esprit. Et donc, ça, ça fait partie, effectivement, de, eh bien, de nourrir notre cerveau de manière beaucoup plus positive, de créer des hormones qui vont nous permettre de... de nous épanouir. On parle beaucoup des endorphines, on parle de l'ocytocine, de la dopamine, de la sérotonine. Bon, ce sont des hormones qui créent du lien. Ce sont des hormones de la confiance aussi en soi, de la relation en définitive, de l'épanouissement. Donc, un exercice comme celui-là est intéressant. Moi, avec mes enfants, j'ai deux enfants qui sont des ados. Depuis qu'ils ont cinq ans, je fais l'exercice de gratitude chaque semaine. C'est le dimanche soir, on se retrouve à table et... Et on va faire cet exercice de gratitude où on va remercier chacun des membres de la famille pour trois actions qui ont été faites dans la semaine qui vient de s'écouler. Mais ce n'est pas forcément des actions, ça peut être des paroles, ça peut être des gestes, ça peut être des regards, mais qui nous ont été utiles et qui nous ont fait du bien. Mais en faisant ça, si vous voulez, alors c'est un exercice au départ, quand je le propose à des personnes ou à des familles, Les gens se disent « Ah bon, mais c'est très protocolaire. » Mais en réalité, qu'est-ce que ça fait du bien à la famille ? Ça permet de nourrir des relations qui sont vraiment constructives. Ça permet aussi de souder les liens. Et ça, c'est véritablement important parce qu'on vit dans une société où on le voit bien. Le taux de divorce est de plus en plus important. Alors, il l'était déjà, mais il est de plus en plus important que finalement, les papas solos, les mamans solos sont de plus en plus nombreuses, que les enfants souffrent de ces situations-là. Et vous voyez, des exercices de ce type, pas seulement, évidemment, mais permettent en fait de favoriser la relation et de pouvoir finalement parfois atténuer. les conflits qui peuvent y avoir et qui sont d'ailleurs des conflits nécessaires, utiles à la relation. Les relations saines, ce sont aussi des relations où on se dit les choses. Et donc, ça, c'est vraiment important de permettre de créer un cadre, que j'appelle le cadre de sécurité psychologique, où finalement, on se dit les choses, on se dit les choses, mais sans la peur du jugement. sans se dire « mais mince, ça va cristalliser la relation » . Au contraire, non. Se dire les choses, parfois, et taper du poing sur la table, c'est nécessaire et c'est important. Mais il faut le faire quand le cadre de sécurité psychologique est présent.
- Speaker #1
Tu as dit beaucoup de choses intéressantes, pour revenir un petit peu en arrière, est-ce que tu sens un changement de par ces dernières années, toi qui as su ça depuis plus de 15 ans maintenant, entre tout ce que tu as dit, et on peut rajouter plein de choses, tu as parlé des réseaux sociaux, tu peux parler des chaînes d'info en continu, où les gens sont dopés à ça, des informations négatives qui sont quotidiennes, la comparaison avec les réseaux sociaux qui sont maintenant omniprésentes. à la sensibilisation à ça, ou justement le manque de sensibilisation au manque de détachement, les sollicitations aussi avec son téléphone, le fait d'être tout le temps sur sollicité et pas forcément pour des bonnes nouvelles. Est-ce que tu as remarqué un changement là-dessus depuis ces dernières années ? On peut parler aussi de la crise du Covid qui en a remué à pas mal d'entre nous.
- Speaker #0
Oui, alors la crise du Covid, elle a eu aussi du bon. Elle a permis de ramener chacun finalement au sens de sa vie. Quel est le sens de ma vie ? Et donc, Ça a permis aussi de pouvoir se réinterroger. C'était un moment aussi d'introspection. Et donc, pour ça, pour moi, ça a été vraiment salutaire. Beaucoup de personnes ont fait d'ailleurs de grands changements de vie. On se sont re-questionnés. Et puis, finalement, sont allés davantage s'écouter. Donc, pour moi, la crise sanitaire, elle a eu du bon là-dessus. En revanche, c'est vrai que les outils numériques, ont un impact véritablement fort sur nos vies. Aujourd'hui, la population est de plus en plus nomophobe. Nomophobe, ça veut dire qu'on est anxieux quand on est séparé de son portable. Essayez de passer une journée sans votre portable. Et vous verrez, très très peu de gens sont en capacité de le faire. Et donc, ça nous interroge finalement sur notre rapport à la technologie à l'écran. Quelque chose de très très dangereux et qui me préoccupe moi personnellement, c'est les enfants, les petits-enfants. Parce qu'on sait aujourd'hui, tous les médecins le disent, avant 3 ans, même 4 ans, il ne faudrait aucun écran, aucun écran pour les enfants. Vraiment, parce que ça a des impacts évidemment neurologiques sur nos conditions, mais même sur nos émotions. Et donc... c'est extrêmement dangereux de donner un écran. Je dis toujours que donner un écran à un petit enfant, c'est comme au lieu de lui faire boire son biberon de lait, on lui fait boire de l'alcool. C'est tout aussi dangereux. Et donc, ça, ça me préoccupe vraiment, parce qu'aujourd'hui, dans les cours de lycée, les lycéens n'échangent plus ensemble, mais sont les uns à côté des autres, et ils sont tous sur leurs écrans. Et donc... Mais les enfants ne répondent aussi qu'à ce qu'ils voient aussi avec leurs parents. Parce que quand vous rentrez chez vous et que vous êtes sans cesse devant votre écran, devant votre portable, évidemment, les enfants, eux, l'effet contagion dont je parlais tout à l'heure, l'est à ce moment-là. Donc, vous voyez, on a une responsabilité. Et ça, pour moi, c'est une vraie préoccupation. C'est pour ça que j'ai co-écrit un ouvrage qui s'appelle « L'art de l'attention. Comment se reconcentrer dans un monde de distraction ? » Parce que... La vie est faite de façon à ce que notre attention soit toujours malmenée. Or, on ne peut réussir à construire, à bâtir des relations que lorsqu'on a une attention forte. Je suis allé à la rencontre de personnes dont le métier nécessite une véritable attention, une attention vraiment très très forte. Des chirurgiens, aiguilleurs du ciel, des pilotes de chasse, des arbitres internationaux, des arbitres de foot. finalement, ces personnes-là passent beaucoup, beaucoup de temps sans écran, sans leur smartphone, sans leur ordinateur. Vous imaginez un chirurgien qui est en train d'opérer du cœur, écrire un SMS pendant l'opération, mais vous l'imaginez une seule seconde ? Ça vous paraît incroyable. Eh bien, soyez le chirurgien de votre profession, soyez l'aiguilleur du ciel de l'écosystème dans lequel vous êtes. Donc, il faut prendre conscience de ça et faire attention. à ces écrans. Je ne parle même pas du contenu, vous voyez, je parle juste de la relation que l'on peut avoir à l'écran. Parce que les plus belles relations, vous savez, c'est les relations interpersonnelles. Nous sommes des animaux sociaux. Nous avons besoin de nous voir, nous avons besoin de nous sentir, de nous toucher, d'être en interaction les uns aux autres. Moi, je connais très très peu de gens qui s'épanouissent seuls, chez eux, devant leur ordinateur. Mais vous avez des personnes qui vivent et qui n'osent même plus sortir de leur chambre. Des ados, mais pas que des ados, même des jeunes qui ne peuvent plus sortir de leur chambre. Ils sont coupés des relations. Et donc ça, évidemment, c'est un danger qui me préoccupe.
- Speaker #1
Et tu penses que les gens ont conscientisé ça, quelles que soient les générations, c'est-à-dire que ce soit les parents avec les jeunes enfants, où tu parlais des écrans et de l'analogie que tu as faite, qui est assez forte, ou comme tu dis, des plus jeunes qui ont le... Comment tu as dit ? L'homophobie ? L'homophobie. L'homophobie, merci. Avec l'extension ou le téléphone et l'extension du bras. Est-ce que tu penses que les gens ont conscientisé ça ? Et est-ce qu'ils ont mis pour toi assez d'importance à ça ?
- Speaker #0
Alors, on en parle de plus en plus. On en parle de plus en plus des dangers. Mais est-ce qu'ils ont conscientisé ça ? Il suffit de regarder à quel point la nomophobie... Aujourd'hui, les gens ne savent pas ce que ça veut dire, nomophobe. Vous voyez ? Mais vous verrez...
- Speaker #1
Il faut le prononcer.
- Speaker #0
Voilà, oui, c'est vrai. Mais dans quelques années, j'ai bien peur que... on aille vers une croissance de cette phobie. Et moi, je le vois d'ailleurs, je fais des interventions sous forme de conférences. Donc, les conférences, on est en relation. Eh bien, il y a 15 ans, personne n'avait son téléphone. Tout le monde, on avait des échanges. Aujourd'hui... Il n'y a pas une conférence que je donne, mais j'en parle à tous mes confrères, et tous me le disent la même chose. Il n'y a pas une conférence que l'on donne où une personne ne prend pas à un moment donné son téléphone pour textoter, pour répondre à un email, ou je ne sais quoi. Vous voyez, c'est devenu un besoin. Quand on ne l'a plus, on est en stress. On développe de l'anxiété. C'est ça la nomophobie. Et en plus, il suffit de poser la question dans la salle. Qui se sent nomophobe ? Vous avez une grande partie de la population qui lève la main, et de plus en plus. Donc, voilà, c'est une prise de conscience. Il faut prendre conscience de ça. Mais bon, ce n'est pas simple avec… Moi, j'ai un ado qui passait un certain temps sur son téléphone, peut-être 4 heures par jour. Et il a découvert de lui-même qu'en passant 4 heures par jour sur son téléphone, c'est comme s'il passait 15 ans de sa vie sur le téléphone. Et ça lui a fait un espèce de tilt. Il s'est dit, mais je ne veux pas passer 15 ans de ma vie devant mon téléphone. J'ai autre chose à faire. Et de lui-même, il a décidé de passer plus de temps à la lecture, à l'apprentissage de langue, par exemple, à faire des activités plus sportives, plus manuelles. Vous voyez, à passer son temps, à occuper son temps, parfois même à ne rien faire, ce qui est ce qui est utile aussi, plutôt que de scroller toute la journée et de se dire, mais waouh, j'ai perdu beaucoup, beaucoup de temps, mais est-ce que ce temps a été utile ? Vous voyez, c'est toujours cette question. Est-ce que ce temps a été utile ? Parce qu'on peut passer du temps, s'il a été utile, s'il a été nourrissant, très bien, mais généralement, quand on scrolle, voilà, c'est pas très, très nourrissant pour l'âme. Donc, c'est encore une fois une question d'équilibre et de... Et chacun doit faire sa part sur ce sujet.
- Speaker #1
Et comme tu l'as dit plus tôt, faire attention à ce que l'on donne à notre cerveau et comment on le nourrit. Mais c'est vrai que cette pression du téléphone, tu vois, sur toutes les générations, même sur les chefs d'entreprise, on va dire entre 35 et 50 ans, où je me retrouve, tu te retrouves à faire des formations et dans les formations, c'est calé. Donc, tu ne touches pas ton téléphone. Tu ne touches pas ton téléphone pendant... deux heures de temps, le temps de la pause, voire plus, etc. Et c'est marrant comment tu vois les gens, entre ceux qui acceptent la situation et qui le lâchent limite avec plaisir et pas avec cette anxiété, et ceux qui ont la pression permanente à essayer de le regarder ou à faire comme quand tu étais élève, le cacher sous le livre ou quoi que ce soit. Et c'est toujours marrant parce qu'en fait, tu te rends compte que ça touche toutes les générations, effectivement avec des degrés différents. Mais cette pression du téléphone aujourd'hui est incroyable.
- Speaker #0
Oui, oui. Oui, oui. Alors après, moi, je ne blâme personne. Je sais que ce n'était pas facile. Et d'ailleurs, pour en sortir, c'est vraiment la méthode des petits pas qui est la meilleure. C'est-à-dire de se dire, tiens, je vais me donner des temps dans la journée de déconnexion numérique. C'est-à-dire, c'est des temps où je n'utilise pas mon téléphone. On commence toujours par ça. Donc, ça peut être des temps… au départ, d'un quart d'heure, une demi-heure, ça semble peu, comme ça, mais parfois, quand vous êtes vraiment, quand vous consultez votre doudou digital 500 fois par jour, le temps, Un quart d'heure, ça peut être long. Et donc, voilà, c'est de commencer par ça jusqu'à finalement se rendre compte que mais qu'est-ce que ça fait du bien quand on est en déconnexion numérique ? Parce qu'on vit une autre vie, on vit la vraie vie en définitive. Et donc, voilà, il faut se donner des challenges et ça, c'est vraiment très utile. Moi, à titre personnel, entre 19h et 8h du matin, je n'utilise plus mon téléphone. Voilà. Mais ça a été un travail aussi, pour moi, de le faire. Et finalement, je me suis bien rendu compte que ça n'avait aucun impact sur ma vie professionnelle. Mais par contre, ça avait un véritable impact sur ma vie amicale et puis familiale. Parce que quand vous êtes devant votre écran tout le temps, tout le temps, tout le temps, évidemment que ça a des incidences sur la vie amicale. sur les relations que vous avez avec les gens qui vous entourent. Est-ce qu'il est vrai en famille, l'est tout autant en entreprise ou dans les autres cercles dans lesquels on évolue ?
- Speaker #1
Et tu parlais de l'impact qu'il n'y a pas sur ta vie professionnelle. Souvent, on se met soi-même ses propres limites au niveau de tout le temps être joignable, d'avoir la peur de rater quelque chose, etc. Et tu peux faire le lien aussi avec ce que tu as dit tout à l'heure ? avec l'attention et notamment le fait de ne plus avoir ou de ne pas avoir assez ce mode écoute active qui fait le lien direct avec l'intelligence émotionnelle.
- Speaker #0
Et oui, effectivement, on recherche tous de la sérénité, sans le savoir. Mais la sérénité, c'est un état dans lequel on se sent évidemment épanoui. Et donc, pour être dans cet état de... de sérénité, il faut être nourri par la bienveillance, par l'empathie, parfois par la compassion, par la générosité, par l'altruisme, par la gratitude. Voilà, ça, ce sont des états qui nous permettent d'être sereins. Mais, et il faut se méfier effectivement d'autres émotions, comme la colère, qui elle, elle est animée par la jalousie, l'envie, l'ego, la supériorité, l'arrogance, l'avidité. et que ces émotions, elles combattent, elles combattent en nous-mêmes, on les a toutes à l'intérieur de nous et finalement, celles qui gagnent, ce sont toujours celles que l'on nourrit. Et donc, c'est pour ça que c'est important d'aller développer ces notions-là et tu parlais de l'écoute active, l'écoute active aujourd'hui, c'est un levier extrêmement puissant, c'est une force que nous avons tous, mais... L'écoute active, elle demande de la discipline. Parce qu'écouter activement, c'est ne pas interrompre l'autre, c'est ne pas avoir de préjugés sur la personne qui nous parle. C'est difficile de ne pas avoir de préjugés, de stéréotypes, parce qu'on est habité par des croyances, qui sont souvent des croyances limitantes, mais que l'on acquiert dès l'enfance. Et donc, qui peuvent nous faire perdre le lien, alors même qu'on n'a pas encore conversé avec une personne. Donc, voilà. Et puis, c'est aussi une communication verbale et non-verbale. Évidemment, si vous êtes en face de moi, que je commence à converser avec vous et que vous prenez votre téléphone, que vous textotez, évidemment, ça va avoir une incidence sur la relation, sur ce que je vais penser de vous et sur ce que l'énergie que tu vas mettre.
- Speaker #1
Oui, exactement. Oui,
- Speaker #0
tout à fait. Tout à fait. Et donc, ça... finalement, on le fait automatiquement sans s'en rendre compte. Mais en prendre conscience, eh bien, ça nous permet finalement de changer ces petites habitudes. Et à partir du moment où on change ces petites habitudes, évidemment, tout change.
- Speaker #1
Tout est question de conscientiser et d'analyser les choses.
- Speaker #0
Oui, oui, oui, tout à fait, tout à fait. C'est véritablement ça. Alors au début, c'est pour ça que le travail sur l'intelligence émotionnelle, il ne faut pas faire tout d'un coup, parce que sinon vous allez... C'est comme si on vous demande de faire un marathon alors que vous n'avez jamais couru 5 km. Vous n'y arriverez pas. Donc, c'est des étapes. Il faut commencer par courir. Quand on commence, on court 20 minutes, ensuite une demi-heure, 40 minutes, 50 minutes. Et on habitue notre corps, notre esprit. Et on se rend compte que tout est possible. Eh bien, là, c'est exactement la même chose. On part vraiment de petits objectifs vers de plus gros. Et évidemment, après, on court le marathon sans difficulté.
- Speaker #1
La fameuse stratégie des petits pas que tu parles, qui te court aussi à ça.
- Speaker #0
La vie m'a montré que c'était sans doute... la meilleure des stratégies, celle des petits pas.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Les grandes conquêtes, c'est toujours... Voilà, c'est bien. Et en même temps que je vous dis ça, j'ai bien conscience que ce qui est toujours important, c'est d'avoir un véritable objectif. Je crois beaucoup, beaucoup à la visualisation. Vous voyez, moi, en 2007, j'étais en entreprise, je me suis visualisé sur scène. devant des dirigeants, devant des managers, devant des commerciaux, 500 000 personnes à faire des conférences sur ces sujets de la relation, du management, du leadership. Je me suis vraiment, vraiment vu. Et cette vision-là, elle ne m'a jamais quitté. Mais, véritablement, j'ai pu la mettre en œuvre des années plus tard. Ça ne s'est pas fait comme ça du jour au lendemain. Il a fallu que je passe par de nombreuses, nombreuses, nombreuses étapes. pour en arriver là. Mais j'ai... Heureusement que je l'ai eu parce que ça a été un espèce de guide, vous voyez, qui ne m'a jamais quitté et qui m'a permis... C'était ma boussole qui m'a permis d'être vraiment certain de ce que je voulais faire. Et donc de me donner les moyens d'y arriver.
- Speaker #1
Et puis le jour J, ça t'a préparé mentalement ?
- Speaker #0
Oui. Oui, tout à fait. Sachant que la vie, vous savez, c'est un éternel recommencement. Donc, on aborde toujours... Moi, j'ai fait plus de 1000 conférences aujourd'hui, mais j'aborde toujours les conférences avec beaucoup d'humilité, parce que les personnes qui vont être en face de moi, c'est peut-être la première fois qu'elles me voient. Et donc, c'est important que je me remette dans un état qui est celui de ma première fois également, avec évidemment davantage de confiance et d'expérience, mais aussi avec cette humilité qui est nécessaire.
- Speaker #1
Je te rejoins complètement sur la visualisation, d'autant qu'on a fait un épisode avec un préparateur mental qui est sorti il y a quelques semaines. On a beaucoup parlé de ce sujet-là, donc la visualisation, n'hésitez pas à creuser ça. Je suis content de faire cette interview avec toi Régis, et notamment en visio, puisque tu as des talents de pickpocket. J'ai vu, ça c'est pour l'anecdote. Tu utilises l'illusion, la magie sur tes conférences. Comment tu t'en sers et quel est le... pont que tu fais entre les différents sujets et ta passion aussi que tu as pour la magie close-up.
- Speaker #0
Ouais. En fait, pendant très longtemps, j'ai pensé que magicien, c'était le plus beau métier du monde parce que vous donnez beaucoup de bonheur aux gens, beaucoup de joie, beaucoup de sourire. Les gens vous le rendent évidemment au centuple et vous passez des moments extraordinaires. Mais avec le temps, il me manquait quelque chose. Je trouvais que ce n'était pas suffisamment nourrissant. Parce que c'était très éphémère. Et c'est pour ça que les conférences, quand j'ai commencé à m'interroger sur les conférences, à me dire, mais tiens, ça, c'est extrêmement important, parce que là, on est sur quelque chose de beaucoup plus durable.
- Speaker #1
Pour faire plaire à tes graines, tu fais moins l'effet waouh.
- Speaker #0
Oui, alors, on l'a quand même. Mais pour faire passer des messages, j'ai vite compris que... l'art n'était pas seulement, ou l'art de l'illusion n'avait pas une vocation seulement de divertir. Même si, en réalité, 99,9% des magiciens l'utilisent pour divertir. Mais moi, j'ai voulu, à l'époque, me dire, l'art a aussi une fonction de faire réfléchir. Et donc, c'est comme ça, c'est à partir de cette prise de conscience, que je me suis dit, je vais utiliser l'art de l'illusion, non pas pour seulement... épater ou pour émerveiller ou pour éblouir, mais pour questionner, pour se réinterroger. Et donc, je fais des expériences sur scène, donc qui vont créer un effet waouh, mais ce qui va être doublement waouh, c'est d'expliquer tout le processus cognitif, émotionnel qui m'a permis de réussir. Et quand j'explique ce processus, je vais montrer que oui, j'ai des compétences et un savoir-faire, comme les personnes qui sont en face de moi, en réalité, mais que si j'ai... atteint mon objectif, si j'ai rempli ma mission, c'est aussi parce que j'ai activé d'autres leviers. Des leviers qui sont plus émotionnels, des leviers plus invisibles. Parce que quand on parle d'empathie, de coopération, d'écoute, de confiance... C'est des leviers, finalement, qui passent par la communication verbale et non-verbale, mais qui sont plus difficiles à déchiffrer. Et donc, je vais faire ce travail-là. Donc, je reviens sur ce qui s'est passé, je déchiffre, et en fait, je fais l'analogie avec les métiers, les jobs des gens qui sont en face de moi. Donc, si je suis face à des leaders, je vais axer mon discours sur le leadership. Si je suis face à une force commerciale, je vais vraiment axer sur la négociation. Voilà, donc... J'adapte évidemment mon discours par rapport à ça. Mais l'art me permet de créer ce pont et puis de créer un souvenir. Les gens se souviendront davantage du message parce qu'il aura été illustré, parce qu'il y aura eu un discours de preuve. Si je fais mes conférences aujourd'hui sans utiliser l'art de l'illusion, je peux vous assurer qu'à mon avis, je les réduis par deux ou par trois.
- Speaker #1
L'impact n'est pas le même.
- Speaker #0
L'impact n'est pas le même.
- Speaker #1
Il y a porté l'émotion.
- Speaker #0
Exactement. exactement, l'émotion aujourd'hui elle a un pouvoir extrêmement puissant sur la mémorisation, on sait aujourd'hui que notre mémoire, elle fonctionne parce qu'il y a un processus cognitif clé en trois dimensions que sont l'attention,
- Speaker #1
la perception et l'émotion donc ne pas l'utiliser c'est une erreur tu fais aussi des webinaires et des live streaming comment est-ce que tu te sers du mentalisme, est-ce que tu te sers de ces tours-là aussi ? En distanciel.
- Speaker #0
En réalité, j'en fais de moins en moins, mais j'en ai beaucoup fait en 2020, puisque avec la période où chacun était chez soi, moi, vous imaginez bien que mon activité avait cessé. En 48 heures, tous mes contrats ont été annulés. Je me suis retrouvé avec un agenda vide. Et puis, finalement, les clients m'ont rappelé pour me demander de faire des interventions sous forme digitale. j'en avais jamais fait avant donc j'ai imaginé j'ai testé et donc j'ai créé des animations ou en tout cas des conférences mais même des team building à distance et incroyable parce que j'avais vraiment beaucoup de doutes moi même au départ je n'étais pas du tout certain de l'impact et finalement ça a été extrêmement efficace après il y a Aujourd'hui, j'en fais plus parce que les entreprises n'ont plus besoin et que maintenant, on revient sur du physique. Alors, ça dépend parfois, mais vraiment maintenant, c'est à la marge. Quand vous avez des personnes dans différents pays ou vous avez du mal à réunir les gens, je peux le faire. Mais honnêtement, si mon métier, c'était de faire des conférences sous forme digitale et que 100% de mon temps était consacré à ça, je changerais de métier. Je n'ai pas fait ce métier-là pour être derrière mon écran. Alors évidemment, ça a beaucoup d'avantages parce que vous n'avez aucun déplacement, vous n'avez pas de nuit d'hôtel, vous n'avez pas ces moments de solitude qui sont aussi la réalité du métier de conférencier. Mais vous perdez surtout le lien avec les personnes. Vous n'avez pas la relation, l'alchimie que vous voulez avoir. Moi, si j'ai choisi ce métier et si d'ailleurs je me suis... toujours tourné vers des métiers où j'étais sans cesse en interaction, c'est parce que je me nourris de la relation. Mon bien le plus précieux, c'est la relation à l'autre. Voilà. Et donc, je suis très conscient de ça. Et donc, je ne pousse pas, en tout cas, à la digitalisation des conférences.
- Speaker #1
D'ailleurs, tu l'as dit, tu as fait plus de 1000 conférences, plus de 210 000 personnes. sont venus te voir, c'est énorme. Autant que certains humoristes, c'est vraiment un seuil énorme. C'est quoi ? C'est trois stades de France. Quand on le met en parallèle, c'est colossal.
- Speaker #0
Après, ça s'est fait vraiment sur le temps. Il faut revenir. Moi, j'ai commencé en 2011. C'est vrai que les auditoires sont des petits auditoires au départ, quand on travaille 50, 100 personnes, 200, 300. Et puis après... Évidemment, quand les groupes, ça va assez vite en réalité, parce que quand les groupes réunissent 1000 collaborateurs, vous multipliez par 10, vous voyez, vous avez déjà 10 000 collaborateurs. Donc, ça va en réalité assez vite, mais je n'avais pas, en tout cas, moi, ça n'a jamais été un objectif. Aujourd'hui, c'est une réalité. Mais au départ, ce n'était pas forcément cet objectif-là que j'avais. vous répondez à la demande en définitive. C'est un métier qui marche beaucoup, beaucoup Ausha oreille. Évidemment, si vous avez de l'impact dans une convention de 1000 personnes, il y aura toujours une, deux, trois personnes qui viendront vous solliciter pour revenir faire peut-être une autre conférence auprès d'un autre auditoire. Et donc aujourd'hui, c'est vrai que j'ai la chance de travailler pour vraiment des structures très différentes, des grands groupes, pour l'État également. Et donc... tous les secteurs d'activité. Il n'y a pas un secteur d'activité sur lequel je ne suis pas intervenu, parce que l'intelligence émotionnelle, c'est l'affaire de tous.
- Speaker #1
Aujourd'hui, il y a le sommet de l'intelligence artificielle, tu vois, pour faire le point, je n'avais pas prévu d'en parler, mais on n'arrête pas de parler d'intelligence émotionnelle. Quel est ton point de vue là-dessus, si tu en as l'air ?
- Speaker #0
Oui, alors, c'est une réalité à laquelle nous sommes confrontés, l'intelligence artificielle. Il ne faut pas la voir comme une menace. Moi, je ne crois pas que l'intelligence artificielle va remplacer tous les jobs qui sont les nôtres. Elle va évidemment avoir des impacts sur des fonctions, elle va avoir des utilités, mais elle va surtout nous amener finalement à repenser nos manières de travailler, nos jobs, ce qui fait le sel finalement de nos métiers. Merci. En ce qui me concerne, je n'ai vraiment pas d'inquiétude particulière parce que, encore une fois, nous sommes des animaux sociaux, que nous avons besoin d'échanges et que les échanges physiques sont beaucoup plus nourrissants que les échanges qui se font uniquement à travers un écran. Donc, je trouve qu'il faut voir vraiment ce que l'IA peut nous apporter pour nous aider. nous faciliter la vie. Et l'IA en ça, c'est extraordinaire. Je pense surtout à la médecine. Vous voyez, les gros, gros, gros progrès qui vont être faits de ce point de vue-là sont extraordinaires. Mais ça amène finalement les médecins, les infirmiers, tout le personnel hospitalier à aussi se réinterroger sur ses propres pratiques. Et c'est en ça que plus on aura d'IA, plus on aura besoin. de personnes qui développent leur IE, leur intelligence émotionnelle. Parce que, encore une fois, c'est elle qui triomphera, même s'il n'y a pas de combat pour moi. L'un et l'autre, finalement, se nourrissent. Mais même si aujourd'hui l'ordinateur peut analyser les émotions, elle n'est pas en capacité de les ressentir. Et donc, ça... C'est vraiment ce qui nous préserve. Et donc, je souhaite qu'après le sommet de l'IA, il y ait également un sommet de l'IE. Mais vous savez, les acteurs qui parlent d'intelligence émotionnelle sont de plus en plus nombreux. Et c'est tant mieux. Moi, quand j'ai commencé à travailler sur ce sujet, à lire Goldman, franchement, il n'y avait pas grand-chose sur l'intelligence émotionnelle. Bon, aujourd'hui, il y a de plus en plus d'écrits, il y a beaucoup plus de... de plus en plus de chercheurs qui travaillent sur le sujet, et c'est tant mieux.
- Speaker #1
Ça me fait une transition parfaite, il y a de plus en plus d'écrits dans tes bouquins, tu en as écrit trois, le premier d'ailleurs que tu as co-écrit sur le pouvoir de l'intelligence émotionnelle en 2020, qui a d'ailleurs reçu le prix du livre en 2021. Tu peux nous en parler un petit peu de ce bouquin-là en particulier, peut-être des autres ?
- Speaker #0
Oui, c'est un livre que j'ai co-écrit avec Claire Lozol et Didier Noyer. Notre volonté, c'était vraiment de pouvoir outiller les personnes sur ce sujet qui peut être abstrait. Et donc de montrer en quoi, finalement, l'intelligence émotionnelle était un levier stratégique pour notre épanouissement, à la fois personnel et professionnel. Et donc, on a travaillé à trois parce que c'était intéressant d'avoir des regards très différents. Le regard d'une coach. qui avait une formation très scientifique, biologiste, le regard d'un expert en management, et puis le regard d'un conférencier qui travaillait déjà sur le sujet. Et effectivement, à Troyes, nous avons nourri une réflexion, nous sommes allés à la rencontre aussi de personnes qui vivent l'intelligence émotionnelle, pour pouvoir offrir un nouveau regard sur ce sujet, et à l'époque à laquelle on vit. Parce que... Évidemment, Goldman, quand il a écrit sur le sujet de l'intelligence émotionnelle, c'était les années 90. Le monde… radicalement changé, c'est transformé. Donc la réalité d'hier n'était plus la réalité d'aujourd'hui. Moi, les premières conférences que j'ai écrites entre 2007 et 2011, aujourd'hui, je ne peux plus les donner. Pourquoi ? Parce qu'il y a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup de changements, et donc la vérité d'hier n'est plus la vérité d'aujourd'hui. Donc il faut s'adapter avec son temps. Donc voilà, on a co-écrit cet ouvrage, et effectivement, il a été récompensé. On a eu de très, très bonnes critiques et l'ouvrage se vend bien. Et donc, on a écrit un deuxième ouvrage, mais vraiment dans la foulée, pour vulgariser encore davantage sous forme de fiches, des fiches pratiques pour développer son intelligence émotionnelle, son leadership, toujours aux éditions Erol. Et puis, on a écrit un troisième ouvrage, j'en ai parlé tout à l'heure, sur l'art de l'attention, parce que pour nous, l'attention, c'est le défi du XXIe siècle. Et donc, il était essentiel. d'écrire sur le sujet un ouvrage facile à lire et avec des exercices qui nous permettent finalement de remobiliser notre attention et de la diriger vers, évidemment, quelque chose de très nourrissant.
- Speaker #1
Tu as parlé justement des changements qu'il y a eu en 10-15 ans. Quels changements ou quelles avancées t'ont le plus marqué ?
- Speaker #0
Les plus gros changements, ils sont numériques. les technologies, la place des écrans dans nos vies a changé considérablement notre rapport à l'autre, notre rapport aux écrans. Et donc ça, ça a été vraiment le grand bouleversement parce qu'évidemment, notre attention, à partir de ce jour-là, elle est devenue une monnaie d'échange. Quand les GAFA créent tous leurs outils, c'est pour capter notre attention. Et notre attention est devenue effectivement cette monnaie d'échange. On pouvait l'avoir déjà avec la télévision, avec la radio. On l'a eu, on l'a maintenant avec ça. Donc, pour moi, ça a été l'impact le plus important. Et donc, cet impact-là, il a évidemment des conséquences sur nos modes de relation. Voilà, donc ça a été ça. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, on parle beaucoup d'écoute active, d'attention, de gestion des émotions dans nos prises de décisions, de perception également, parce que ça a une influence et une incidence sur ces sujets.
- Speaker #1
À propos de livres, quel est le dernier livre que tu as lu ou ton livre coup de cœur du moment ?
- Speaker #0
Alors, le dernier livre que j'ai lu, c'est plutôt un roman. Ce n'est pas un livre de sciences sociales, mais c'est Ken Follett. que j'aime beaucoup. Je n'ai pas lu tout Ken Follett. Il me faudra peut-être toute une vie pour le lire parce que c'est des gros pavés et qu'il faut de temps pour le lire. En sciences sociales, peut-être le dernier livre que j'ai lu qui était vraiment extraordinaire, c'est celui de Stéphane Morieux, L'art du feedback, qui est un livre extraordinaire. Stéphane Morieux, il n'est plus de ce monde à l'heure où je vous parle. Il a été atteint d'un... d'un cancer et il nous a quitté la semaine dernière. Vous voyez, c'est très, très récent. Quelqu'un que j'aimais beaucoup parce que c'était un très bon conférencier, très humaniste. Et son livre, L'art du feedback, est un vrai bijou. J'avais beaucoup, beaucoup apprécié l'ouvrage et l'homme également. Je le conseille parce que le feedback, on n'en a pas du tout parlé, mais c'est un sujet également extrêmement important.
- Speaker #1
Tu as rencontré plein de monde, tu l'as dit, notamment pour écrire tes bouquins. Quelles ont été tes rencontres inspirantes, tes rencontres marquantes ?
- Speaker #0
Il n'y en a pas une plus qu'une autre. Vraiment, toutes les personnes que je suis allé interviewer, d'abord, c'était une volonté, je les ai choisies, vous voyez, c'est-à-dire que c'est des personnes que j'avais pu rencontrer ou que j'avais pu écouter et qui m'avaient marqué. Et donc, j'ai voulu les rencontrer. davantage dans leur intimité pour creuser ces sujets-là. Donc, je ne veux pas en appuyer plus qu'un autre. Alors, il y en a évidemment toujours des rencontres qui étaient vraiment inattendues. Celle avec Laurent Vimon, qui était l'ancien patron de Century 21, alors qui lui aussi est parti. Je crois que c'était en 2021. beaucoup trop tôt, c'était le patron de Saint-Hurri 21 et c'était surtout le numéro 1 de la relation client depuis des années. Saint-Hurri 21 était sur le podium, enfin sur la plus haute marge du podium. Et ce qui m'intéressait, c'était de comprendre comment est-ce qu'une marque comme celle-ci réussit. Et quand j'ai rencontré le président, j'ai compris pourquoi cette marque réussissait, parce qu'il incarnait la relation client. Il était vraiment obsédé par... ces notions d'écoute, d'accueil, d'attention, de confiance, de coopération. Pour lui, il avait ça dans ses gènes. Et donc, l'objectif, c'était vraiment que quand on rentre dans ses agences, on ressente ça. Et donc, il m'a expliqué son parcours. Et c'était vraiment un témoignage très, très, très intéressant parce que c'est une personne qui s'est construite, mais qui n'a même pas... même pas le bac mais qui a suivi ses intuitions le bon sens qui est revenu toujours à mais ce qu'il fait finalement le sel, pourquoi est-ce que des gens sont en capacité finalement d'animer des groupes de faire preuve de leadership et donc il est revenu à beaucoup de bon sens et sont vraiment Ses discours, en tout cas, son parcours, il en parlait avec tellement de simplicité que ça en devenait extraordinaire. Et moi, je crois beaucoup, beaucoup à la simplicité. On a beaucoup complexifié les organisations, les relations, et ça a des impacts en définitive. Revenir à de la simplicité, de l'authenticité, pour moi, c'est la voie de la réussite.
- Speaker #1
Et quel est le meilleur conseil que l'on t'ait donné dans la vie ? celui qui a pu piquer à un moment et avec le recul tu t'es dit très très bon conseil,
- Speaker #0
difficile à appliquer c'est ne pas interpréter ne pas chercher à interpréter c'est à dire qu'une situation nous arrive et là on se dit ah oui mais si l'autre me dit ça c'est parce que ci, c'est parce que ça ou si l'autre réagit comme ça et bien c'est parce que on ne cesse d'interpréter en réalité, on se rend compte que très souvent on fait fausse route, qu'il y a une autre réalité, qu'on n'a pas vue parce qu'on n'a pas toutes les cartes en main, et que finalement, essayer de stopper son jugement, essayer d'être davantage dans l'accueil, dans l'écoute, et moins dans le jugement, c'est quelque chose d'extraordinaire, mais c'est difficile à faire. Et donc, peut-être que c'est ça le meilleur conseil qu'on m'ait donné, c'est de dire, tiens, essaie, quand tu sens que tu es en train de juger quelqu'un ou une situation, quand tu es en train d'interpréter, pose-toi la question. Mais d'où, pourquoi est-ce que tu es en train de te dire ça ? Est-ce que c'est véritablement fondé ou est-ce que parfois c'est le fruit d'une imagination, d'une interprétation ?
- Speaker #1
Peut-être une dernière question, Régis. Si tu pouvais rêver grand, à tel point que tu ne savais que tu ne pourrais pas échouer et que tu n'as pas de limite, quel serait ton plus grand rêve ?
- Speaker #0
Écoutez, mon plus grand rêve, il n'est absolument pas personnel, mon plus grand rêve, ce serait qu'on arrive à guérir les maladies infantiles, les cancers, les leucémies, tout ce qui touche les enfants. Franchement, ça, ce serait extraordinaire. Parce que je perds pleu dans l'année, mais quand je pleure, enfin quand je pleure, je le fais toujours discrètement, mais c'est quand je vais dans les hôpitaux intervenir pour des enfants. Des enfants qui sont atteints de cancer, de leucémie. Je travaille pour des associations. Alors là, c'est la seule fois, c'est la dernière fois où je revêtis l'habit de magicien, parce qu'aujourd'hui, je ne fais plus du tout de spectacle. J'ai arrêté depuis longtemps. Mais pour les enfants, je le fais. Et pour moi, je donne beaucoup, mais je m'enrichis aussi beaucoup à leurs contacts, parce qu'ils ont une force incroyable, insoupçonnable. ils ont toujours beaucoup d'espoir, et puis ils vivent surtout le présent. Et ils ne sont pas dans le passé, ils ne sont pas dans le futur, ils sont dans le présent, et donc dans l'accueil de ce qui arrive. Et donc, en réalité, c'est des moments qui sont vraiment extraordinaires, parce qu'on rit ensemble, on passe un moment merveilleux ensemble, mais il y a cette réalité, et quand j'entends effectivement les moments difficiles, c'est quand on en... Quand on rencontre évidemment davantage un peu les familles ou quand on rencontre les... les dirigeants de ces associations qui expliquent finalement le parcours. Voilà, donc mon plus grand rêve, ce serait effectivement de pouvoir financer ces travaux de recherche pour pouvoir permettre de trouver les remèdes pour pouvoir effectivement guérir ces enfants, parce qu'on y arrive, la recherche avance, mais elle nécessite effectivement des dons, elle nécessite de la générosité. Donc voilà, c'est à eux que je pense. En tout cas, si j'avais un grand rêve, ce serait celui-là.
- Speaker #1
Merci pour tes propos, ton témoignage et ton parcours. Tu as repris ce temps de pouvoir échanger ensemble et on espère inspirer des personnes. Merci à toi, Régis.
- Speaker #0
C'est moi qui te remercie. Merci pour cette invitation. J'étais ravi.
- Speaker #1
Avec grand plaisir. On mettra le lien de ton site internet. Vous pourrez retrouver notamment le dernier livre, L'art de l'attention, ou également les autres dont on a parlé. pendant cette interview. Vous pourrez retrouver tous les liens dans la description. Quant à moi, je vous dis à bientôt pour un nouvel épisode que vous pouvez retrouver en audio sur l'ensemble des plateformes Spotify, Deezer, Amazon ou Apple et également sur YouTube. Très bonne journée à tous.
- Speaker #0
À bientôt. Merci