Description
Refléter en soi sans réfléchir
Ce qui, de toi, parle en moi n'est
peut-être pas vraiment toi ;
l'interface plutôt
où, quoiqu'il arrive,
en cette ouverture au-dedans,
face à toi, je sens et approche
cet autre... que je suis,
sans doute pas vraiment moi...
La projection est là,
c'est d'ici, de ce point de contact, qu'elle part.
Ses rayons se déploient
encore plus loin,
encore après.
Quels miroirs intérieurs
témoignent du cœur de la rencontre ?
De ces faces minérales,
immuables et froides
que plaquent les Hommes
dans tous leurs lieux de vie
pour ajuster leurs masques,
ou bien ces aires fluides,
naturelles et plissées d'émotions,
frontières entre sensibles profondeurs
à la chaleur d'un souffle
ou du gel de la terre ?
Question d'acuité, de conscience,
de sens, d'intention.
Alors, détaché, devant
la voie ouverte par cette lumière,
je peux très bien ici entrer dans le miroir
sentir et ne pas réfléchir,
à l'origine des reflets.
Merci, sœur ou frère, ami, petit tyran,
cet « Autre » face à moi que tu es,
tu touches et frottes pareillement
que ce soit où j'ai mal
ou là où je vais bien.
De ce qui me gêne et m'irrite chez toi,
je vois ce que chez moi
je voudrais tant changer.
Ce qui me pique
de tes attentes, atteintes et critiques,
depuis longtemps, je le réprime en moi
et devrais l'accepter
pour au moins m'en guérir.
Ce que je reconnais et assume
de ce qui t'agace en moi,
que tu refuses et me pousses à revoir,
ne parle que de toi.
Tout ce que je trouve admirable
et aime chez toi
me touche et me ravit,
parce que je l'ai aussi.
Nous pataugeons dans les mêmes eaux
et chacun, balloté par les remous de l'autre
y apprend à nager, à se tenir à flots.
Il me faut te laisser à tes bonnes raisons
de faire, de retenir, de taire ou bien de dire
pour panser tes impacts
et colmater tes failles.
Je retiens la leçon que notre lien révèle,
s'offrant à mon éveil :
l'autre m'est salutaire en miroir innocent.
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(Rediffusion)
Texte déposé : ©Renaud Soubise
Musique : ©Villa-Lobos - Bachianas Brasileiras No. 5 - Mouvement 1 Aria Cantilena, texte de Ruth Valadares Correa (1938)
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