- Speaker #0
Bienvenue dans Je vous raconte des vies. Aujourd'hui j'ai le plaisir de recevoir Camille Pateau, une femme âgée de 37 ans, haute en couleur, pétillante et d'une finesse rare. Camille qui a choisi de suivre un chemin inattendu marqué par des décisions fortes et des moments de résilience. Sans vous en dire trop, son histoire est celle d'une reconversion professionnelle, d'une quête d'ancrage et de nouveaux départs après des épreuves personnelles fortes et importantes. Avant chaque épisode, avec mes invités, nous prenons le temps de discuter, ce qui permet de mieux comprendre, de mieux les comprendre, de comprendre les moments clés de leur vie. Ensemble, nous partons pour explorer ce qui les a façonnés en laissant leurs récits se construire naturellement. Camille va nous offrir aujourd'hui un récit intime, inspirant et plein d'humanité. Je vous invite, chers auditeurs, à vous laisser porter et sûrement à découvrir quelque chose qui résonnera en votre propre vie. Bonjour Camille.
- Speaker #1
Bonjour Fabienne.
- Speaker #0
Camille, tu le sais, ici on se raconte à partir d'un moment déterminant de notre vie. Alors, peux-tu nous dire quel a été ce moment pour toi ?
- Speaker #1
Je crois que le moment le plus important, ça a été la décision de quitter une vie qui ne me convenait plus pour retourner là d'où je venais, dans mon terroir natal. À ce moment-là, je ne savais pas encore tout ce qui allait arriver. Je savais une chose, c'est que je ne voulais plus de la vie d'avant et que je voulais faire un travail avec du sens et quelque chose qui me corresponde. Donc, ça s'est fait sans même que j'y réfléchisse. Les choses se sont imbriquées les unes aux autres de manière très naturelle. Et j'ai décidé de reprendre mes études alors que j'avais quasiment 30 ans. Donc, c'était un saut en avant assez incroyable. Mais toutes les portes se sont ouvertes ensuite. Donc, j'ai compris que quand les portes s'ouvrent, en général, c'est qu'on est au bon endroit et qu'on prend les bonnes décisions. Je me suis fait confiance à ce moment-là. Je crois que j'ai bien fait.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qui t'a donné envie de te faire confiance à ce moment-là ? Est-ce que tu as eu un déclic ? Est-ce que tu as eu une intuition ? Comment ce déclic était un bon déclic ? Puisqu'elle t'a ouverte une première porte et après d'autres. On verra plus tard. Comment tu as senti ce moment ? Comment il est arrivé à toi ?
- Speaker #1
Il y a d'abord eu un grand... J'avais une grande confiance dans mes parents, chez qui je suis revenue vivre, et qui m'ont beaucoup aidée à prendre cette décision de reprendre des études. Mon père, qui m'a toujours dit que j'avais un bon palais et que j'étais bonne dans le vin, m'a encouragée dans cette voie-là. Et j'ai donc décidé de leur faire confiance à ce moment-là. Une fois qu'on a trouvé quelque chose qui nous anime, on fonce dedans, tête baissée, et... L'intuition naît tout de suite et elle continue à exister comme ça. J'avais l'impression que plus j'allais dans cette voie-là, plus je me découvrais des compétences, un goût, une passion. Et encore une fois, je ne me suis pas posé trop de questions. Les choses se sont faites un peu avec le ventre, avec cette sensation d'être au bon endroit, au bon moment, entourée des miens, des gens qui me connaissaient et qui savaient que cette voie-là allait être pérenne, en tout cas bonne pour moi.
- Speaker #0
Et quelles ont été les autres portes alors ?
- Speaker #1
Eh bien, la confiance en soi, le fait de sentir vraiment que ce qui se passe est bon pour nous au moment où il arrive. Et ma maman était malade à ce moment-là, on lui avait diagnostiqué un cancer, et j'étais donc revenue vive chez eux. Et le fait d'être auprès d'elle et de continuer ma vie à côté d'elle m'a fait basculer dans une espèce de coton assez agréable. peur à ce moment-là. J'avais la certitude que ce qui se passait était juste. Pas très rigolo, certes, mais nécessaire. Et ce sont des moments aujourd'hui que je chéris parce que je suis contente de les avoir vécus. On ne m'a pas ramenée chez mes parents par hasard à 30 ans, en tout cas.
- Speaker #0
Et ça a duré combien de temps, ces études ? Après, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Speaker #1
Ça a duré à peine un an parce que c'est une formation courte qui permettait de retourner vite dans le monde du travail. Et puis ensuite, j'ai eu la chance de rencontrer un vigneron en Anjou, qui avait un gros domaine, qui m'a fait confiance et qui m'a laissé les clés de son caveau de manière absolument rapide et facile. Et donc, j'ai appris un petit peu sur le tas, entourée de tous ces gens de mon coin en plus. J'étais vraiment à la maison, dans les vignes où j'étais née. C'était très agréable. Je ne comprenais pas tout ce que je faisais au départ, parce que c'était très dense, ces études. Mais dès que j'ai commencé à travailler et à être dans le dur, j'ai su que j'étais au bon endroit. Tout était limpide. Je me suis dit, mais évidemment, évidemment que je suis plus à ma place ici qu'ailleurs. Donc,
- Speaker #0
on ressent ce sentiment d'être à sa place, d'être là où il faut.
- Speaker #1
Oui, ça va avec l'instinct dont tu parlais tout à l'heure. Il y a vraiment... Et l'intuition. Il y a vraiment cette espèce de fil rouge entre toi et ce qui se passe. On a l'impression que tout est fluide, tout est normal, tout est aligné entre ce que tu sens, ce que tu sens dans ton cœur, dans ton cerveau. Il y a une espèce d'horizon limpide.
- Speaker #0
Et donc ce sentiment, pour que nos auditeurs comprennent un petit peu et peut-être que ça puisse résonner en eux, c'est une révélation quelque part. qui est soit immédiate, soit progressive. Et aujourd'hui, qu'est-ce que ça t'apporte ? Que ça soit naturel et fluide. Tu as poursuivi jusqu'à maintenant ?
- Speaker #1
Une fois que tu découvres ce sentiment, il ne peut que perdurer. Je dis souvent aux gens que dans la vie, il y a des balises. Tu vois, des balises inéluctables. Les choses qui doivent t'arriver, t'arrivent. Dès lors que tu penses ça très fort, tout ce qui doit se dérouler se déroule, que ce soit positif ou négatif. Et tout ce qui arrive est bon pour toi et doit te dire Ok, on me donne ça, la vie me donne ça, je le prends, je le travaille, je le gère dans le bon, dans le moins bon, et ensuite, je sais que j'en sortirai grandi. Il m'a fallu cette première expérience-là pour avoir de la douceur ensuite. Et on peut affronter les épreuves comme ça. La mort de ma mère, ça a été terrible, mais je savais que j'étais prête à le vivre. On envoie, je crois, aux meilleurs soldats ce qu'ils sont capables de vivre, même si c'est très, très dur. On sait que ça doit arriver.
- Speaker #0
Tu parles de cette période douloureuse, de deuil, avec la perte de ta maman, et en même temps de transformation. Est-ce que cette transformation a été différente par ce deuil ou alors ce deuil a été différent par cette transformation ?
- Speaker #1
Les deux sont vrais. En tout cas, ce qui est certain, c'est que le fait d'être dans cette espèce de sentiment où tout est en ébullition, tout est en train de changer, ça m'a aidée à accepter la mort de ma maman. Je me disais, elle m'a donné toutes les clés. Moi, je suis en train de construire ma vie dans quelque chose que j'aime. J'ai des pieds bien dans le sol, bien ancrés, je suis chez moi, et ça m'a donné des ailes pour la suite. Je ne m'en suis peut-être pas rendue compte immédiatement, parce que dans le deuil, il y a toujours une période un peu de sidération, un peu noire, mais assez vite, relativement vite, je me suis aperçue que j'avais tout ce qu'il fallait pour passer à autre chose. Je n'aime pas dire ça.
- Speaker #0
C'est une résilience.
- Speaker #1
C'est une forme de résilience, je crois. Je ne sais pas si c'est orgueilleux de le dire, mais avec du recul, je crois que oui, ça aide beaucoup. Beaucoup, beaucoup.
- Speaker #0
Et est-ce que tu as eu des peurs à ce moment-là quand même ? Est-ce que tu as dû apporter ?
- Speaker #1
J'en ai toujours plein. En vieillissant, on se rend compte qu'on n'a plus peur de grand, grand chose parce qu'on a expérimenté déjà beaucoup. Je me dis toujours que le deuil d'une mère, a priori, il n'y a pas grand-chose de plus difficile à part sans doute perdre son propre enfant. Mais j'ai été orpheline. Donc j'ai dû reconstituer ma géographie à moi. avec la terre du cimetière et la terre des vignes pour me reconsolider un petit peu. J'ai très peur d'oublier cette période-là parce qu'elle a été extrêmement charnière. J'ai très envie de la revivre. On perd une partie de cette mémoire-là. Je sais qu'elle ne reviendra jamais. Je l'invoque auprès de tous les membres de ma famille en permanence, mais il me manque sa parole à elle. Quand je suis devenue moi-même maman, ça m'a beaucoup manqué, ces témoignages à elle. ses conseils, son regard sur les choses, c'est ça qui me fait le plus peur aujourd'hui. C'est d'être une maman sans avoir ma maman. Même si je considère un peu dur, mais ouais, c'est pas évident. C'est pas évident de se construire sans le regard et sans l'amour de sa mère. Même si elle est toujours là d'une certaine manière, puisqu'on parle toujours d'elle dans des termes qui ne sont pas des termes de tristesse, mais au contraire de douceur. Elle manque crudement, ça laisse un vide béant. Donc les limites de la résilience sont parfois là. Je me construis toute seule, d'accord, mais il n'y a pas sans violence à l'intérieur.
- Speaker #0
Oui, et ça manque. qui revient régulièrement. Notamment quand on est avec un enfant.
- Speaker #1
Ah oui,
- Speaker #0
bien sûr. Encore plus à ce moment-là.
- Speaker #1
Oui, on se dit que ce n'est pas logique. Et que ce n'est pas juste. Tout en, comme je te disais tout à l'heure, tout en se disant très fort, si je le vis, c'est que je suis capable de le vivre et qu'on me l'a envoyé pour une bonne raison. J'ai une certaine fierté à avoir eu cette petite fille sans elle. Mais... Il me manque quelque chose. Il nous manque quelque chose à tous les deux. Parce qu'il y a une absence terrible. Mais c'est comme ça pour nous. Ça, c'est le pire du pire. Se ressasser les choses tout le temps, tu sais. Vivre dans le passé, vivre dans les souvenirs, etc. Je crois que c'est... On ne peut pas avancer comme ça. C'est impossible.
- Speaker #0
Et tu n'étais pas comme ça avant non plus.
- Speaker #1
Non.
- Speaker #0
C'est ta personnalité de vouloir toujours aller de l'avant aussi. Oui. On m'a parlé de... de cette disparition de ta maman. Et en même temps, tu m'as dit que c'était quasiment la même période où tu as rencontré l'homme qui a changé ta vie.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Il y a eu cette perte, il y a eu une reconversion.
- Speaker #1
J'ai eu tout le paquet.
- Speaker #0
Et de nouveau, une rencontre qui chamboule ta vie. Tout ça dans la même période.
- Speaker #1
Oui, il y a quelques mois, années près. Mais oui, globalement, oui. Tout est arrivé d'un coup. Dans la vie, c'est souvent comme ça. Il y a des années où il ne se passe strictement rien. Et puis parfois, dans un tout petit espace de temps, on t'envoie le maximum de choses à vivre. Mais il est arrivé effectivement à point nommé parce qu'il n'était pas attendu. Et il m'a accepté avec toutes les faiblesses de l'époque. Et il m'a fait confiance. Et il a réussi à me... à me faire me réancrer sur un autre terroir que le mien, parce que j'ai déménagé pour le suivre et pour travailler avec lui. Pas très loin, certes, mais quand même. Et me déraciner de l'endroit où j'avais eu cette renaissance, je pensais que ça allait être difficile. Et en fait, non, parce que mon ancrage était fort, mais mon ancrage était fort avec moi-même. Je pouvais me déraciner d'un endroit, puisque moi, j'étais déjà... T'étais bien rentrée. Voilà, c'est ça.
- Speaker #0
Donc, t'allais découvrir, conquérir... Vérifier. un autre territoire, pour un autre terroir, c'était quelque chose de positif. Ce n'était pas une fuite.
- Speaker #1
Pas du tout. Et je me suis dit, bon, a priori, si j'ai fait cette reconversion... Tout ça m'a menée à lui, d'une certaine manière. Il n'y avait pas de hasard dans cette histoire. On attendait que ce soit le bon moment pour se rencontrer. Et si on se remémore tous notre vie comme ça, la vie, ce n'est que ça. Si je n'étais pas allée à cet endroit, si je n'avais pas rencontré cette personne, si je n'avais pas dit non à ce job, etc. Donc, tout s'imbriquait parfaitement.
- Speaker #0
Ce sont des signes.
- Speaker #1
Oui, je crois beaucoup à ça, en tout cas. Oui,
- Speaker #0
c'est ce que j'ai cru comprendre dans nos discussions, que c'était pour toi... Cette leçon de la vie, c'était que tout arrive pour une raison.
- Speaker #1
Toujours.
- Speaker #0
Il y a cette forme de fatalité et en même temps, tu es très active.
- Speaker #1
Je ne la subis pas, c'est ça.
- Speaker #0
De croire en son destin, de croire aux personnes qu'on rencontre, de croire à notre environnement, et puis de s'écouter, de croire en nos signaux, faibles ou forts, mais en tout cas, on a des signaux qui nous arrivent et à un moment donné, il faut les saisir. Donc, c'est aussi beaucoup s'écouter, j'ai l'impression. Oui,
- Speaker #1
beaucoup. Ne jamais faire taire son intuition, ne pas trop écouter les autres. Parce que si j'avais écouté les autres, à une certaine époque, je n'aurais pas fait tout ce que j'ai fait. Et c'est pareil avec la maternité. On est toujours les seuls à savoir, à sentir ce qu'il faut faire, pas faire, etc. Les conseils, surtout ceux qui sont non sollicités en général, ce n'est pas les plus formidables. Mais en s'écoutant, En général, je trouve qu'on ne fait pas trop d'erreurs de plus de parcours. C'est assez bien foutu tout ça.
- Speaker #0
C'est bien, c'est une belle leçon de vie à transmettre en tout cas. Et ça aussi, je vais te demander tout à l'heure, on est parti sur un autre chemin, mais ça m'intéresse de savoir ce que tu faisais avant cette reconversion dans le vin.
- Speaker #1
Oui, avant cette reconversion, j'ai fait des études de tourisme, j'ai travaillé dans des grands hôtels, j'ai travaillé à l'étranger, beaucoup à Londres. Et puis je suis revenue en France et j'ai bossé quasiment dix ans à Paris. J'ai terminé en étant assistante commerciale dans la mode, dans les salons de la Fashion Week. Ce qui est rigolo, c'est qu'à chaque fois j'ai appris des tas de petites choses qui m'ont donné confiance sur mes compétences. Il me manquait juste la passion ! J'ai aimé ce que j'ai fait, mais j'avais 20 ans, 25 ans. Et à 30 ans, j'avais besoin de quelque chose de plus solide, de plus costaud, qui m'animait vraiment. Et j'ai donc pris toutes ces compétences que j'avais engrangées ça et là. Et au moment de choisir cette direction dans le vin, tout m'a servi. Mais effectivement, il n'y avait rien qu'à l'aide. On s'est fait... Il n'y avait pas une cohérence. Il y avait des trous, il y avait des... On passe de l'hôtellerie à... à la mode, etc. Je crois que c'est le cas de beaucoup de gens. On se cherche, on tâtonne un peu. Et puis quand enfin, on a trouvé ce qu'on aime, mais quel bonheur !
- Speaker #0
Et puis d'en faire une force, c'est plutôt positif.
- Speaker #1
Je ne regrette aucun de mes boulots. J'ai toujours rencontré des gens super à chaque endroit. Et puis quand il n'y a pas des gens super, on s'en va. En tout cas, c'est une certitude. Quand on ne se sent pas bien, bloqué dans un job ou n'importe où ailleurs dans sa vie, il faut s'écouter, il faut partir.
- Speaker #0
Et en t'écoutant ? J'ai l'impression que plus tu vieillissais entre guillemets, de 30 ans, c'est jeune aussi, plus tu avais besoin d'ancrage, en fait.
- Speaker #1
Exactement, oui.
- Speaker #0
Et cet ancrage auprès de ta main. Donc, tu reviens pour être auprès d'elle. Donc, c'est une forme d'ancrage, d'être là, d'être une présence. Après, tu fais cette formation qui est à travers de la nature, la terre. Et puis, tu... Tu rencontres quelqu'un qui est vraiment ancré dans un territoire, un terroir. Et d'ailleurs, tu m'as dit de te présenter, tu m'as dit les pieds dans la terre, c'est ça ?
- Speaker #1
Oui, exactement.
- Speaker #0
Donc ça, c'est quelque chose de fort, je trouve, dans ton parcours et qui rejoint toutes ces leçons de vie, en fait. Et c'est un métier où, justement, les signes sont importants, les signes de la nature sont importants. Donc ça, est-ce que c'était quelque chose qui… qui t'est venue au fil du temps ? Ou alors, c'est quelque chose que t'avais toujours en toi, d'être bien ancrée sur un territoire, les pieds sur terre ?
- Speaker #1
Justement, non. J'ai très longtemps été un espèce de feu folet qui se dispersait beaucoup. Je n'avais pas beaucoup de contours. J'ai vécu très fort, très vite, mais je me suis pas mal éparpillée. Et il y avait une vraie fatigue de tout ça, qui était une des raisons pour lesquelles je suis rentrée chez papa et maman. Ma maman malade, effectivement, faisait partie du deal, mais il y avait surtout une énorme, une grosse, grosse fatigue. Et ce besoin de sensations simples et naturelles, quoi. De me dire, OK, maintenant, il faut que tu t'assoies quelque part et que tu réfléchisses et que tu trouves vraiment ce qu'il te faut pour être bien. Et l'ancrage, il ne vient pas à 20 ans, quoi. Je ne connais pas beaucoup de nanas de 20 ans qui... Non, ils sont des fois... Traversés par ce truc, quoi.
- Speaker #0
Ils ont dû découvrir autre chose pour mieux comprendre ce dont on a envie et ce dont on a besoin aussi.
- Speaker #1
Oui, c'est ça.
- Speaker #0
Et tu as parlé de la confiance en la vie que tu espères transmettre. Qu'est-ce qui te donne cette confiance aujourd'hui après tout ce que tu as traversé ? Est-ce que tu as une devise ? Est-ce que tu as... un mot-clé qui te revient régulièrement ou qui t'aide à avancer ?
- Speaker #1
Oui, je pense à... Ce n'est pas forcément un mot-clé, mais quand on a enterré notre maman, j'avais fait un petit discours ce jour-là et j'avais dit cette phrase, je lui avais dit Je te promets de ne jamais me laisser abattre. C'est un truc qui guide ma vie depuis. Je pense qu'elle a guidé ma vie avant, mais je ne me rendais pas bien compte. On n'a pas le droit de se laisser abattre. La vie est foncièrement trop courte pour ça. Et on se rend compte toujours trop tard. Moi, je remercie la vie d'avoir perdu ma maman aujourd'hui. Je pense que ça me fait comprendre une foule de choses. On ne peut pas s'apitoyer, on ne peut pas revenir en arrière, on ne peut pas ressasser, on ne peut qu'avancer tout le temps. Plus vite on comprend ça... Ça n'empêche pas d'être malheureux. Je ne dis pas qu'il faut absolument être bien tout le temps. Aujourd'hui, on est dans une société où on a l'impression qu'on ne peut pas être mal. Non, on a le droit d'être mal, mais il ne faut pas s'apitoyer. Il faut sans cesse regarder devant.
- Speaker #0
Est-ce que ça, c'est un message que tu espères que les auditeurs entendent ? Et qu'est-ce que tu aurais envie de dire ? À nos auditeurs qui nous écoutent et qui ont tous traversé des périodes difficiles, on les a tous surmontés, toi et Akmal, qu'est-ce que tu as envie de donner comme message d'espoir ? Déjà, tout ton discours, toute cette conversation est un message d'espoir, mais si tu avais en face de toi une personne qui est en train de vivre ce que tu as vécu ? Qu'est-ce que tu pourrais lui dire ?
- Speaker #1
Je lui dirais, on se remet de tout. Le temps fait son œuvre et c'est vraiment, vraiment, vraiment ce que je pense. Le temps fait toujours bien les choses. Et il faut regarder la nature. Dans nos métiers, on le comprend d'autant mieux, mais c'est à la portée de tout le monde. Les saisons passent. la nature, elle reste comme elle est. Les arbres ne bougent pas, il y a juste les feuilles qui s'en vont, mais c'est un éternel recommencement. On peut être mal, on peut se sentir dépossédé, très triste, etc., mais la nature est bien faite, la vie est bien faite. Tout est cyclique et tout ce qu'on nous envoie est bon et juste. Et on est prêt à l'affronter. Ça, j'en suis convaincue.
- Speaker #0
Merci Camille.
- Speaker #1
Merci à toi Fabienne.
- Speaker #0
Merci beaucoup pour cette belle leçon, leçon d'espoir, leçon de la vie. de résilience et de confiance en la vie et surtout en l'avenir.
- Speaker #1
Merci beaucoup.
- Speaker #0
Chers auditeurs, nous nous retrouvons la semaine prochaine pour d'autres aventures et d'autres histoires qui vont nous permettre d'avancer. Merci beaucoup Camille.
- Speaker #1
Merci Fabienne.