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ÉPISODE 4 Sébastien et Valentin cover
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Je vous raconte … des vies !

ÉPISODE 4 Sébastien et Valentin

ÉPISODE 4 Sébastien et Valentin

32min |13/11/2024
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Je vous raconte … des vies !

ÉPISODE 4 Sébastien et Valentin

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32min |13/11/2024
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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Je vous raconte des vies. Aujourd'hui, nous avons la chance d'entrer dans l'intimité de Sébastien et Valence. Un couple d'agriculteurs installés à Réunus-Uissé, dans la ferme au bois dormant. Leur ferme est un lieu vivant et ouvert, où chacun peut venir découvrir leur passion pour la terre. Mais aujourd'hui, c'est dans leur espace personnel, leur chez-soi, qu'ils nous accueillent. Un privilège rare pour eux, qui, malgré l'ouverture de la ferme, gardent un espace privé. où ils se ressourcent et vivent leur moment en toute simplicité. Deux vies au départ bien distinctes. Sébastien, enfant de la DAS, comme nous disions autrefois, a vécu en Normandie. Valentin, issu d'une famille paisible de fondettes, que la vie a réunie en 2016. Ensemble, ils ont transformé leur différence en une force et se battent chaque jour pour faire de leur ferme un lieu de résilience, de production, de patience et de partage. Dans cet épisode, ils nous accueillent avec générosité pour nous raconter leurs histoires. Nous verrons que leur parcours est un véritable message d'espoir. Ils montrent que tout est possible, même lorsque la vie nous le met à l'épreuve. Bonjour Sébastien,

  • Speaker #1

    bonjour Valentin. Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci de me recevoir ici chez vous.

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #0

    Vous le savez, dans Je vous raconte des vies, on se raconte à partir... d'un projet, d'un événement marquant de notre vie. Qu'est-ce que vous avez envie de dire pour commencer ? Sébastien, Valentin ?

  • Speaker #2

    Sébastien.

  • Speaker #1

    Disons que ce projet de la ferme nous a permis de nous recentrer un peu sur nous-mêmes, le côté le plus profond de nous-mêmes, de pouvoir créer une ferme où on était ouvert vers les autres, de pouvoir, comme tu le disais tout à l'heure, donner aux autres, rendre une partie de nous aux autres. Et voilà,

  • Speaker #2

    non ? Dans l'esprit de nos convictions, du bien manger, du bien vivre ensemble, et puis de l'approche vers le plus jeune public, au plus ancien, pour partager des moments uniques et conviviaux à travers des rencontres et des moments autour des animaux de la ferme.

  • Speaker #1

    C'est ça aussi, surtout, c'est de pouvoir s'ouvrir vers les autres. On était, au tout début, c'était au Covid, dans la période Covid, on nous verrait à cette période. Malgré toutes ces fermetures qui se faisaient partout, nous, au contraire, on se disait, il faut qu'on vienne nous voir, il faut qu'on vienne nous rencontrer, que les gens puissent trouver un petit point de bonheur, en fait, dans cette période qui a été compliquée. Et ça animait tout le temps nos ouvertures à la ferme. À chaque fois, on voulait que les gens viennent, regardent, se posent, pouvoir parler, accepter aussi des gens, des fois, qui n'avaient rien à voir avec l'agriculture.

  • Speaker #0

    Prendre le temps.

  • Speaker #1

    C'est ça, se poser un peu, que ce soit les stagiaires qui sont venus sur la ferme, c'était ça, c'était prendre le temps, enfin ici, on se permet de le faire en tous les cas.

  • Speaker #0

    Et on grandit au sein de la DAS, comment cette expérience a-t-elle influencé ta vision du monde et ton engagement dans la ferme aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'en fait ça m'a forgé pour ce projet qu'on a eu avec Valentin, donc pour faire court, très court. À l'âge de 6 mois, j'étais placé en pouponnière et je n'ai jamais quitté la DAD jusqu'à mes 21 ans en parcours jeune adulte, avec des retours dans la famille et tout ça. Bref, on va faire court. Et en fait, j'ai rencontré plein de gens, des éducateurs, des juges des enfants, des assistantes sociales, des instituteurs. Je suis un peu, moi, je résume souvent comme ça, un enfant de la nation. J'étais élevé par la nation, par des acteurs de la nation. Et je me dis vraiment ça, j'en suis... Comme on dit, je suis content de payer des impôts parce que je sais que ça va aller sur des instituteurs, des éducateurs, que tout ça, ça va nous aider, comme les enfants qui ont à peu près le même parcours. Et de se dire maintenant, moi, mon niveau avec notre projet qu'on a eu avec Valentin, de pouvoir redonner ça. Alors, on a accueilli sur la ferme, du coup, des malades d'Alzheimer. On a accueilli des enfants de la riche. On a accueilli des stagiaires, des fois qui étaient un peu en parcours de route où personne ne voulait les accueillir. Et c'est tout ça, de pouvoir se dire à un moment donné, on peut rendre. Ce que la société a à investir, il faut parler franchement parce que ça coûte cher tout ça, mais voilà, je pense que, pas moi et plein d'autres d'enfants de la DAS comme on disait à l'époque, on peut rendre ça aux autres en fait.

  • Speaker #0

    Très bien. Valentin, qu'est-ce qui t'a poussé à devenir agriculteur alors que ton milieu familial n'était pas directement lié à la terre ?

  • Speaker #2

    Revenir à l'essentiel, l'envie de ne pas travailler toute ma vie derrière un bureau et faire un métier de terrain au contact de la nature et puis continuer mon engagement dans l'animation dans le sens où l'approche avec le... Le jeune public est partagé des moments où on peut transmettre un petit peu de ce qu'on a appris. Et puis voilà, ça commence comme ça. L'institution, l'école fait le premier pas et à nous éventuellement d'apporter un petit complément de connaissances. Les enfants qui découvrent les animaux, on l'a vécu, c'est magique. C'est pas que dans les livres, il y a une réalité. Et puis le bien manger commence au plus jeune âge. Donc si on ne leur montre pas, si on leur explique. pas et si on leur apporte pas le petit plus qu'ils peuvent entendre à cet âge là voilà il y a le parcours à un moment donné sera rompu et puis on ça se dirigera autrement vers d'autres habitudes qui ne sont pas mauvaises mais qui ne peuvent qu'à être amélioré

  • Speaker #1

    à notre niveau quoi on va dire ça comme ça apporter le petit plus qui fera la différence quoi entre découverte et pédagogie ouais c'est ça exactement le paradoxe de notre société tout le monde est hyper connecté tout le monde est hyper fin sur les ordis, les téléphones et tout ça. Ici, tu viens, il n'y a pas de connexion, en fait. Et c'est ce que je dis, en fait, la connexion entre l'homme et la terre n'est pas rompue, vraiment. Entre l'agriculture et les jeunes de maintenant, il n'est pas rompu, il suffit juste de, comme on le fait ici, juste montrer. Et tu sens qu'il y a quelque chose qui fait que, c'est en nous, en fait, en chaque être humain, on a tous peut-être eu des grands-parents, des oncles, dans l'agriculture, et puis l'homme est un homme cueilleur, à la base. Donc, on a ça en nous. Et des fois, il faut juste un petit levier. Et là, on sent que les gens repartent, les jeunes repartent. Et ils sont connectés justement à la ferme. Enfin, plus que tout.

  • Speaker #0

    Et justement, par rapport à vos personnalités, comment celles-ci et vos expériences se complètent dans la gestion de la ferme ?

  • Speaker #2

    L'approche plus calme, plus posée, plus réfléchie de Sébastien, qui contrairement à... Moi, à 1000 idées qui fourmillent régulièrement. Le fait de pouvoir s'écouter, de pouvoir se comprendre, puisqu'on évolue ensemble dans la même passion, la même dynamique. Mais d'avoir quelque chose qui fasse que les idées se rencontrent souvent et qu'elles évoluent ensemble. Finalement, c'est ça aussi. Et puis...

  • Speaker #1

    L'expérience, oui, fait que du coup, de par un parcours, qui est chacun de l'autre, Manta a été plus dans un parcours où... où les choses se déroulaient telles qu'elles étaient, moi on m'a appris un petit peu à me battre et tout ça. Par contre, il y a un moment donné où tu vois où se battre pour se battre, c'est pas... ça va, tu vas dans le mur, que parfois bah vaut mieux y aller petit à petit et puis t'y arrives enfin, t'y arrives. À force de dialogue, voilà. Et Valentin a sa jeunesse pour lui et du coup effectivement, il veut y aller et tout ça. Ça se passe pas toujours comme ça. Alors...

  • Speaker #2

    Complémentaire. Oui, complètement.

  • Speaker #0

    Entre la sagesse et la passion, entre la sagesse et un peu le fait d'oser.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    De pousser les portes un peu plus vite que prévu.

  • Speaker #2

    Et puis de se tourner vers l'avenir, vers des projets d'avenir, autour aussi des énergies renouvelables par rapport aux projets qu'on est en train de mener. Parce qu'on ne veut pas s'arrêter à ce qu'on fait aujourd'hui, c'est se projeter vers l'avenir en disant, avec les rencontres, comme on disait, ne pas briser ce lien entre la rencontre du jeune public sur l'agriculture et sur les énergies vertes, et apporter notre petite pierre justement par nos moyens. Et puis voilà, vraiment continuer dans la même dynamique qu'on a toujours été.

  • Speaker #1

    C'est ça, et comme tu dis, c'est ça qui est tellement beau. Nous, on le vit au quotidien, c'est ce côté agriculture qu'on vit au quotidien. Dès le premier temps, parce qu'ici il n'y a pas du tout de mécanisation sur la ferme, et en même temps on est sur l'avenir, sur de l'énergie renouvelable et tout ça qui est en train de se faire en projet, tu te dis mais c'est beau en fait, c'est deux mondes où on ne peut pas les opposer en fait, c'est ensemble. Il y a le futur et le passé, mais les deux en fait font qu'un, ça fait une symbiose en fait, une synergie entre les...

  • Speaker #2

    Pour résumer, on parle de la centrale agri-photovoltaïque. C'est un beau projet d'avenir qui est en train de se mener et de se construire sur INU, c'est en tous les cas.

  • Speaker #0

    C'est un bel engagement qui permet d'allier les deux, de penser à l'avenir, préserver votre ferme, le modèle économique, et en même temps avec des énergies renouvelables qui sont... En pleine expansion, nécessaire pour sauvegarder aussi notre souveraineté énergétique.

  • Speaker #1

    C'est ça, et tellement, ça correspond, tu vois, en ce moment, la société, en fait, elle est un peu, comment dire, pas délépinée, mais mise les uns contre les autres. Et en fait, à travers la ferme, en tant que ferme, le passé, le futur, tu vois, et ça va ensemble et on construit vers l'avenir, tu vois. Et c'est ça, et ça, c'est un des messages, vraiment, si ça pouvait donner, comme on disait, aux autres l'envie d'eux, prenez le temps, faites-le, osez, il n'y a pas de soucis.

  • Speaker #2

    Il y a des rencontres qui permettent d'aller parfois aussi plus vite, justement, on en est le bon exemple autour de la table, du coup, c'est qu'il y a eu des rencontres au sein de Portes Ouvertes qui ont permis d'accélérer, d'ouvrir des portes et de pouvoir échanger sur ces projets-là, de pouvoir se faire conseiller aussi avec la Chambre d'Agriculture, de ne pas monter des projets tout seul, de ne pas être isolé, et voilà.

  • Speaker #0

    qui est accompagné,

  • Speaker #1

    c'est important aussi. C'est ça. Écouter les autres, leur expérience, leur point de vue, qui n'est pas forcément le nôtre, mais qui va alimenter le tien, du coup. Et puis, de rencontrer des gens inattendus. Des gens, on a eu la chance, et on a la chance de pouvoir rencontrer, des fois, sur des moments incontus, des gens aussi. C'est des belles rencontres, c'est des rencontres inopportunes, des fois. C'est vraiment...

  • Speaker #2

    Et l'importance de... de se diversifier aussi toujours plus puisque nous on évolue depuis toutes ces années sur la crise de la grippe aviaire qui revient régulièrement, qui fragilise les modèles des petites fermes parce qu'elles ont leurs propres moyens pour réagir et pour agir dans le lien de biosécurité qui est demandé par les normes françaises et qui sont indispensables mais en même temps il faut aussi se dire que du coup on ne peut pas vivre que de ça, difficilement du métier d'agriculteur et que... Et que justement toutes ces symbioses d'énergie font que le projet devient viable sur le long terme et dans le respect des engagements de chacun.

  • Speaker #0

    Il a vous exprimé un petit peu les réalités. Quelles sont les plus grandes difficultés que vous voyez, que vous avez à surmonter au quotidien dans votre ferme ?

  • Speaker #1

    Les normes, les normes. Vraiment, c'est de l'actualité, c'est ce qui va en ce moment. Mais les normes, l'incompréhension parfois entre toutes les administrations. entre le gros et le petit. Il y a des choses qui sont possibles sur des grosses structures et la loi est la même pour tout le monde et du coup c'est beaucoup moins réalisable pour des petites structures comme les nôtres. Et c'est deux mondes qui s'entrechoquent où on essaie de faire comprendre qu'on fait comme on peut et au mieux du peu alors que le gros du gros, lui, va pouvoir tout de suite installer un gros ventilateur avec des gros moyens et tout ça. Voilà, alors du coup il y a des gens qu'on a rencontrés comme ça qui nous ont permis de se dire bon, effectivement, ça chamboule un peu en ce moment les idées. Et enfin, il y a... Beaucoup de petits agriculteurs qui s'installent et que ça remet en cause un petit peu tous les gros en fait parce que les formations sont pas les mêmes, enfin les attentes sont pas les mêmes.

  • Speaker #2

    Et puis là la réalité d'accès aux fonciers, aux grosses structures font que les banques sont de plus en plus réticentes à accorder leur confiance aux néo ruraux comme nous. Voilà il faut soit être issu du milieu agricole, soit avoir une certaine aisance que nous n'avions pas au début donc on a fait nos propres choix. Et puis dans tout ça aussi, c'est l'acceptation de l'intégration dans des paysages de campagne, justement où Réunion-UCC c'est plutôt très campagne, mais qu'il n'est pas toujours facile de s'intégrer aussi au sein d'une commune, justement en disant que nous ce qu'on souhaite simplement, c'est apporter notre petite pierre à l'édifice dans le milieu agricole. Donc voilà, c'est tout ça aussi qui fait qu'au début, au démarrage, il faut du temps, il faut des rencontres, de la patience comme on disait. Et puis... Puis expliquer, discuter, échanger. Et du coup,

  • Speaker #0

    tout ça, c'est plus long que des grosses exploitations,

  • Speaker #2

    c'est ça ?

  • Speaker #0

    Il faut montrer pas de blanche.

  • Speaker #1

    On va te raconter des anecdotes, mais au tout début, il faut savoir qu'au tout début, il y a maintenant 5 ans en arrière, on nous voyait, puis c'était un peu l'époque où les gens voulaient un peu changer de métier, revenir aux primaires, aux côtés agriculteurs, de l'agriculture, et ça prenait un sens. Et nous, on était plus dans le côté, effectivement, de créer quelque chose. Mais on avait sécurisé un petit peu la chose en gardant nos travails. Et du coup, c'est auprès des collègues agriculteurs où il a fallu montrer pas de blanc.

  • Speaker #0

    D'accord. Entre vous ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. C'est parce que du coup, nous, on voulait une ferme où on travaillait qu'avec des agriculteurs du coin. Et du coup, ces agriculteurs-là nous voyaient d'un côté les deux garçons, déjà. Deux garçons de différents âges. Alors, on a eu le droit...

  • Speaker #2

    Allons, on est en hausse.

  • Speaker #1

    Je sais pas comment... Après, il faut accepter, ça a été accepté. C'est aussi le travail, montrer qu'on était comme eux. On en bavait, on en travaillait beaucoup, beaucoup, beaucoup. Et puis, au bout d'un temps, je ne sais pas pourquoi, il y a eu un déclic de la part de beaucoup de collègues agriculteurs. où ils nous ont considérés vraiment comme des collègues. C'était vraiment ça. Et là, tu dis... C'est gagné. C'est des petits mots, mais c'est des petites choses. Et là, tu dis...

  • Speaker #0

    Et c'est pas aussi parce que cette ferme, la ferme au bois dormant, par rapport à vos histoires, par rapport à vos personnalités, à vos projets, incarne des valeurs fortes quand même.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #2

    Oui, totalement.

  • Speaker #1

    C'est sûr. nombre de personnes qui sont venues sur la ferme, même des agriculteurs qui disaient « Je reviens, je revois la ferme de mes grands-parents » ou des enfants « Mes parents travaillaient comme ça » et là tu te dis « En fait, on n'était pas dans le faux »

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que la ferme vous a appris sur vous-même ? Qu'est-ce qu'elle a changé comme vision du monde ?

  • Speaker #2

    Il y a des défis énormes qui nous attendent dans les années à venir Remettre du lien, c'est ce qu'on dit souvent et on l'entend beaucoup, entre ce qu'on a dans notre assiette et puis la réalité d'un métier peu compris, pas toujours entendu. Enfin voilà, vous me disiez que l'acceptation et la tolérance n'est pas toujours si facile, mais c'est déjà ça, c'est un gros défi ça déjà, de réexpliquer ce que c'est que manger. On peut avoir beaucoup de loisirs mais il est important aussi de bien se nourrir. Donc ouais c'est ces défis là et puis ce qui est bien c'est de pouvoir les mener en s'entourant d'autres agriculteurs et d'autres personnes fortes de conviction comme nous. Et puis voilà c'est de pouvoir aussi à notre niveau rentrer justement par la loi EGalim aussi dans les écoles, dans les institutions en expliquant aussi la réalité de nos métiers, qu'on ne peut pas vendre nos produits comme un industriel et tout. puis voilà d'échanger, échanger et encore échanger pour essayer de trouver un compromis sur... voilà. sur le bien manger toujours.

  • Speaker #1

    Je pense que ça a pris aussi tout le côté de par nos cursus parce que du coup quand même tu travaillais dans la restauration donc tu savais ce que c'est que travailler dur mais pour les autres moi je savais ce que c'était aussi de trimer, de vouloir y arriver donc et tout ça ça nous a pris ça comme on le disait en tout début il a fallu de la patience, il a fallu des fois jouer des coudes, il a fallu parler, beaucoup parler et puis inspirer les gens. Merci. se mettre en polaire. C'est arrivé parfois, se mettre en polaire. Alors toujours avec du respect, parce que c'est important le respect. Mais c'est tout ça, et ça nous a appris le lien. Je pense que moi je le connaissais de par mon parcours, mais il est encore beaucoup plus fort à la ferme. Comme je disais tout à l'heure, on a rencontré des gens d'une beauté magnifique, je parle de beauté intérieure, où ils se livrent ici, parce que peut-être que le cadre aussi prêtre aussi, mais c'est tout ça, la passion. le travail.

  • Speaker #2

    Et puis ne rien lâcher si ça s'est pas fait une première fois et bien quelques semaines ou quelques mois après on réessaye mais par un autre biais et puis encore un autre biais et puis de toute façon au bout d'un moment voilà tant qu'on ne lâche pas il y a tout.

  • Speaker #1

    tout qui reste possible quoi donc ça c'est ne rien lâcher puis puis ne pas compter ses heures c'est la réalité aussi un peu un milieu il ya l'amour aussi ouais il est encore venu ça tu vois c'est rigolo parce que je fais le paradoxe où on dit que souvent c'est notre bébé mais souvent dans les couples quand il ya un enfant en fait l'amour a tendance à se distendre un petit peu entre le couple des parents nous c'est l'inversé c'est un peu de la même aussi la faire mais ça n'a fait qu'en que agrandir encore parce que les amplifiés amplifié parce que forcément Il y a eu des moments beaux, mais il y a eu des moments compliqués. Il y en a encore, mais c'est se dire, bon, allez, quand il y en a un qui n'a pas le moral, ou l'autre est là, lui remonter, puis ne t'inquiète pas, ça va aller. C'est plein de choses comme ça. Et du coup, ça a amplifié tout ça.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qu'une journée satisfaisante à la ferme ? Ça ressemble à quoi ? Est-ce qu'il y a des jours où vous dites, ah, là, ça a été une bonne journée ? Et si c'est une bonne journée, en quoi vous arrivez à la bonne journée ?

  • Speaker #1

    Je suis sûr qu'on a deux réponses.

  • Speaker #2

    Une bonne journée, c'est quand on a commencé dès le matin avec des difficultés, et beaucoup de choses de programmées qui ne se font pas forcément et qui finalement à la fin de la journée, il y a un coup de fil, il y a un échange, il y a une rencontre, un client plus satisfait qui le fera savoir. Et voilà, on se dit bon, finalement, je me suis peut-être levé pour de bonnes raisons et puis on a rempli notre mission. Et au début, c'est vrai que j'étais comme ça, c'était des journées fois trois que je programmais et puis toujours la déception de se dire, oh là là, je n'ai encore pas fait la moitié de ce que je voulais faire, etc. Et puis finalement, avec le temps, ça s'est... C'est-à-dire que de toute façon, une journée après l'autre, et un objectif après un autre, et puis surtout de temps en temps, quand ça va mal, d'un seul coup, quand on entend qu'il y a un événement qui fait que ça a accéléré sur un projet, sur une demande d'un client qui a été totalement honoré, totalement satisfait, ça fait du bien. C'est ça une belle journée. C'est une journée qui se termine bien, tout simplement.

  • Speaker #1

    voilà parce que de toute façon elle n'a pas forcément bien commencé mais elle se termine bien voilà et toujours en rapport avec les autres ouais c'est ça une satisfaction c'est ça totalement il y a quelque chose qui est extraordinaire sur la ferme c'est que on se lève en général enfin là c'est l'hiver puisque du coup le ciel se lève le soleil se lève plus tard mais C'est en fait le matin, tu arrives et tu es en gros, tu es comme je dis toujours aux stagiaires. La première chose que tu fais quand tu arrives sur la ferme, c'est tu écoutes, tu écoutes. Et là, ils sont surpris parce que c'est du travail, mais tu écoutes. Savoir s'il y a des choses qui te choquent, des cris d'animaux. Et on commence à nourrir les animaux. Et là, jusqu'à 10, 11 heures, c'est une vraie piaillerie. Et après, quand on a fini, on prend notre pause souvent après. Et du coup, on n'entend plus personne. C'est comme les enfants quand ils ont mangé, vous voyez, manger, bu, changer. Tout le monde va bien. Et là, c'est pareil à la ferme, vers 10-11 heures après, tout le monde se calme. Tout le monde est bien. Là, c'est bon.

  • Speaker #0

    Là,

  • Speaker #1

    c'est une satisfaction. Oui, vraiment.

  • Speaker #0

    Vous avez fait ici quelque chose dans votre métier d'agriculteur et d'éleveur.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Vous êtes éleveur, donc c'est un rapport à la bête.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et ça, ça se sent ?

  • Speaker #1

    Oui, vraiment, c'est un lien. Mais je pense qu'il faut le vivre, en fait, pour le... Parce que c'est compliqué, à la fois c'est simple en fait. C'est compliqué dans le sens où il faut déterminer ce que l'animal veut dire, parce qu'on ne parle pas le même langage. Et en même temps, c'est simple, parce que du coup, si tu fais appel au plus profond de toi-même, ce sont les mêmes cris que tu pourrais avoir, mais que tu ne fais plus. Alors qu'un animal va crier juste pour dire « j'ai faim, là je ne suis pas bien, là je me suis fait mal » . Et c'est juste ça. Et quand je dis aux stagiaires « écoute » , c'est ça en fait. C'est faire appel en toi, qu'il y ait quelque chose qui dit « il y a quelque chose qui ne va pas » .

  • Speaker #0

    C'est bien sentir l'environnement,

  • Speaker #1

    se synchroniser à l'environnement,

  • Speaker #0

    changer de son environnement parce qu'en fait on n'a pas les mêmes signaux, on n'a pas les mêmes repères.

  • Speaker #1

    Et là on fait rappel à ça en fait. Je pense qu'on a tous fait l'expérience quelque part où on se dit n'y va pas, n'y va pas. Ça tu fais appel au plus profond de toi. Les animaux c'est pareil en fait, c'est un peu un instinct que nous on a perdu mais qu'on retrouve ici par la différenciation d'animaux qu'on a beaucoup. Les chèvres, les moutons, les cochons, ils ne parlent pas du tout le même langage. Par contre, s'il y a un truc qui se passe sur la ferme, tous vont se comprendre que, hop, il faut s'arrêter parce qu'il y a quelque chose qui va venir. Comme quoi, ils vont plus se comprendre.

  • Speaker #0

    Donc, peut-être pour résumer ce qu'on vient de dire sur qu'est-ce qu'une bonne journée pour vous à la ferme, est-ce que vous avez un moment préféré à la ferme ?

  • Speaker #2

    C'est... C'est... C'est pas forcément le début. C'est quand, déjà, on fait un premier bilan de la journée accomplie où on se dit... Ah ouais quand même j'ai déjà fait tout ça finalement et que bon il y a encore des choses à faire mais ouais c'est un espèce de premier bilan à mi-parcours, voilà je pense.

  • Speaker #1

    Alors moi j'adore c'est ramasser les oeufs et donner à manger aux chiens. C'est voilà, la journée je me dis c'est bien passé et du coup les chiens sont très présents aussi sur la ferme parce qu'ils nous protègent aussi des nuisibles extérieurs, enfin comme on dit. Et du coup c'est un moment en fait où ils sont contents parce qu'ils rentrent dans la maison, ils peuvent manger et... Les œufs, c'est aussi le fruit de notre travail, de nos poules et tout ça. Donc, pour moi, c'est vraiment un bon moment.

  • Speaker #0

    Et quel mot résume le mieux votre vie ici ?

  • Speaker #1

    Moi, j'aime bien.

  • Speaker #2

    Vas-y.

  • Speaker #1

    Oui, la résilience, vraiment. Je pense qu'on correspond vraiment à ça, en fait, entre tous les échecs qu'on a eus dans nos villes, les échecs qu'on a eus sur la terre, mais aussi beaucoup de bonnes choses. Et que du coup, même ce qui nous a rendus parfois plus faibles, nous a permis de nous rendre plus forts et d'aller plus loin, en fait. Donc, comme on dit souvent, seul, tu vas plus vite, ensemble, on va plus loin. Et je crois que c'est un peu notre cas.

  • Speaker #2

    Moi, j'allais dire la continuité, la continuité d'un parcours, la continuité d'une vie, la continuité dans le sens où quand d'autres disaient vous allez arrêter, vous allez lâcher, vous allez... Non, non, on a continu, quoi. Quelque chose de continu qui va dans notre ADN et l'envie de pouvoir aller jusqu'au bout de ce qu'on aura emporté, quoi. La persévérance, ouais, c'est ça, peut-être plus, finalement. La persévérance,

  • Speaker #0

    pas lâcher,

  • Speaker #2

    quoi. Ouais, c'est ça.

  • Speaker #1

    Je pense que je vais dire quelque chose qui va beaucoup parler, je pense, aux agriculteurs. On va voir le lien où je veux venir. C'est que de par ce parcours, moi j'étais habitué d'une famille où il n'y avait rien à transmettre. J'ai très peu de photos de mon enfance. Valentin, tu as des photos ? Des souvenirs comme ça de vacances, moi je n'ai pas du tout. Et du coup, ce projet se fait aussi dans la transmission. Parce que du coup, il y a cette différence d'âge. Et que du coup... C'est un peu le travail de ma vie et de ta vie et que du coup je me dis à un moment donné, mon tour maintenant ça va être de laisser quelque chose et tout ça, ce travail, c'est transmission. Et beaucoup d'agriculteurs sont dans ça, dans la transmission et je pense que ça nous correspond totalement de transmettre notre travail, de transmettre nos idéaux, de transmettre notre idéologie, enfin c'est tout ça quoi.

  • Speaker #0

    Et votre caractère aussi. Il faut persévérer, il faut être résilient et il faut aimer autant la terre, les animaux que les humains.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est totalement ça.

  • Speaker #0

    Et avoir confiance en l'avenir.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est pour être une trilogie en fait.

  • Speaker #0

    Vous recevez beaucoup de monde ici, vous l'avez dit, dans différents milieux, différents secteurs, soit des voisins, soit des citoyens qui viennent quand vous ouvrez la ferme lors de vos marchés. mais aussi des personnes, vous avez dit, du milieu hospitalier, des enfants scolaires ou alors handicapés aussi.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que... Vous avez envie qu'ils se disent en sortant d'ici, s'ils avaient un message à garder, quel serait ce message et qu'est-ce que vous avez envie qu'ils se disent de vous ?

  • Speaker #1

    J'arrive presque là, mais je peux être moi. Je peux être moi.

  • Speaker #2

    Oui, ça me fait rebondir aussi par rapport à... Oui, je peux être moi dans le sens aussi où il y a des stagiaires qui se sont révélés aussi à... L'exemple de certains stagiaires qui se sont révélés à eux-mêmes et qui ont découvert leur envie de vouloir continuer là-dedans. Donc c'est qu'on a peut-être... S'ouvrir aux autres et d'être soi-même. Donc c'est vrai que c'est peut-être aussi ça qu'on a réussi à transmettre à quelques-uns qui... Quand c'est un groupe, c'est peut-être plus difficile à percevoir. Mais quand c'est des individus en particulier, c'est vrai que c'est là où tu te rends compte réellement du cheminement que la personne a pu, en une semaine, découvrir, se découvrir ou se redécouvrir.

  • Speaker #1

    On a eu notre première stagiaire qui était sur la ferme. Ses parents sont venus nous voir un peu en détresse, vraiment, des gens du coin. On ne citera pas son prénom. Mais qui était en échec scolaire, qui était en échec social. qui était en rébellion vers les parents, il y avait quelque chose qui ne lui allait pas, en fait. Et du coup, elle ne voulait pas du tout, du tout faire les marchés, ne pas rencontrer les gens extérieurs, que les animaux. Pourquoi pas, on lui a dit, prends ton temps. Et elle a voulu quand même faire le dernier marché avec les enfants. En fait,

  • Speaker #0

    on revient à ce qu'on disait tout à l'heure, c'est prendre le temps avec les gens. Et vous, vous n'avez pas le temps, en fait, Vous avez quand même une activité qui est bien rythmée, qui est un chef d'entreprise, un chef d'entreprise auquel il y a des contraintes administratives, il y a des contraintes en plus de la faire dans elle-même, cette activité. Mais à côté, vous arrivez et vous avez envie de prendre le temps avec les personnes.

  • Speaker #1

    Alors ça, on le fait en symbiose, c'est vraiment ça. On se laisse la part l'un et l'autre, et on sait à quel moment l'un peut intervenir et l'autre peut intervenir avec le jeune. de sa façon, de notre façon d'être, et ça marchait bien.

  • Speaker #2

    Et je pense que c'est ça aussi qui manque dans mon cursus scolaire, c'est le souhait que j'ai pu ressentir et que je n'ai pas pu, c'est le manque de stage, le manque d'apprentissage sur le terrain, d'être dans une entreprise qui n'accordait pas le temps aux stagiaires où c'était... Et qu'une personne parmi tant d'autres qui pouvait faire du petit travail, ce n'est pas que ça, c'est aussi parfois leur donner un objectif sur le stage en disant à la fin si tu fais ton premier marché, tu auras réussi ta semaine de stage. À la fin, parce qu'il y en a qui étaient très bricoleurs, si tu nous montres que tu as réfléchi à une construction, à un projet, finalement, c'est de percevoir ce qu'on peut apporter aussi parce qu'un stage c'est précieux. Ça peut former aussi un caractère, un métier d'avenir pour un jeune. Donc ouais, je pense que c'est super important.

  • Speaker #1

    On voit, on a fait faire des stagiaires, les parents étaient un peu des fois estomaqués, mais on faisait faire du français, des maths, français, maths, communication.

  • Speaker #2

    En concret, quoi. Oui,

  • Speaker #1

    par exemple, écoute, comme disait Valentin, écoute, on va construire une petite volière. Écoute, tu vas t'en charger. Tu nous fais un plan, tu nous fais, tu dis à peu près à combien ça coûte. Alors, il y avait du français, des maths, tu rédiges et tout. Et tu nous donnes, et à la fin de la semaine, on voit. Et ensemble, si c'est concret que ça peut se faire, ça se fait. et on l'a fait du coup,

  • Speaker #0

    on était content c'est redonner confiance oui totalement c'est peu de choses c'est pas de choses valoriser les initiatives c'est ça et moi je me disais en vous écoutant quand même que ce projet de la ferme c'est bien sûr avec un objectif bien clair produit vendre votre production mais c'est un projet de société parce que c'est transmettre votre métier mais apporter de la confiance aux personnes recevoir prendre le temps et pour qu'il y ait quelque chose qui se passe, que chacun puisse prendre ce qu'il a envie de prendre.

  • Speaker #1

    Tu as tellement bien résumé, c'est qu'on a ça dans notre clientèle. Il y a des clients ici qui ne viennent pas. Ils rentrent dans le magasin et repartent. Il y a ceux qui veulent visiter, ou qui veulent prendre le temps, et qui connaissent déjà l'affaire, mais ils veulent faire leur tour. Peut-être pour se ressourcer, peut-être prendre un peu de temps, se vider l'esprit. Et je dis, il y a le client qui vient, lui, il veut juste ça et il repart. Dans sa tête, il a acheté un produit, il connaît la valeur travail ou tout ce qui peut en être. Et puis, il y a l'autre client qui, lui, veut prendre son temps ici. C'est ça, en fait, à résumer. C'est l'ensemble des deux qui fait que chacun y trouve son temps.

  • Speaker #0

    Société. Ce qui résume votre vie aujourd'hui par rapport à votre parcours. Alors, il y a eu la résilience, la persévérance, mais au-delà de ça.

  • Speaker #1

    Il faut voir qu'il y a toujours une lueur quelque part. Même dans le plus sombre, dans le plus noir, il faut s'accrocher. Il y a toujours une petite lueur au loin et il faut aller vers ça, en fait.

  • Speaker #2

    Oui, ça, et puis se renouveler, pousser toujours le curseur plus loin, mais pas à pas. enfin voilà, c'est... Avoir des projets. Oui, c'est ça, oui, oui. Pouvoir rebondir et pouvoir s'adapter aussi à l'environnement, à l'évolution de la demande dans les contextes difficiles, et puis voilà, enfin, vraiment continuer de se réinventer et d'évoluer.

  • Speaker #0

    Et si vous pouviez changer une chose dans le métier d'agriculteur, ça serait laquelle ? Ok.

  • Speaker #2

    Ce serait, ouais, non mais c'est ce qu'on entend, c'est que d'être mieux compris, d'être mieux écouté, et de pouvoir vivre surtout de ce métier qui est un beau métier, qui est le métier primaire par lequel... l'homme aussi a commencé et qu'on a oublié de pouvoir vivre de ce métier. Ne pas juste survivre comme beaucoup à l'heure actuelle.

  • Speaker #1

    Pour être nous, vous aimons, écoutez-nous.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour cet échange. un témoignage de témoignages sincères et authentiques comme votre ferme merci chers auditeurs nous nous retrouvons la semaine prochaine au temps des témoignages importants et surtout avec le jour de notre aide de son individu merci

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Je vous raconte des vies. Aujourd'hui, nous avons la chance d'entrer dans l'intimité de Sébastien et Valence. Un couple d'agriculteurs installés à Réunus-Uissé, dans la ferme au bois dormant. Leur ferme est un lieu vivant et ouvert, où chacun peut venir découvrir leur passion pour la terre. Mais aujourd'hui, c'est dans leur espace personnel, leur chez-soi, qu'ils nous accueillent. Un privilège rare pour eux, qui, malgré l'ouverture de la ferme, gardent un espace privé. où ils se ressourcent et vivent leur moment en toute simplicité. Deux vies au départ bien distinctes. Sébastien, enfant de la DAS, comme nous disions autrefois, a vécu en Normandie. Valentin, issu d'une famille paisible de fondettes, que la vie a réunie en 2016. Ensemble, ils ont transformé leur différence en une force et se battent chaque jour pour faire de leur ferme un lieu de résilience, de production, de patience et de partage. Dans cet épisode, ils nous accueillent avec générosité pour nous raconter leurs histoires. Nous verrons que leur parcours est un véritable message d'espoir. Ils montrent que tout est possible, même lorsque la vie nous le met à l'épreuve. Bonjour Sébastien,

  • Speaker #1

    bonjour Valentin. Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci de me recevoir ici chez vous.

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #0

    Vous le savez, dans Je vous raconte des vies, on se raconte à partir... d'un projet, d'un événement marquant de notre vie. Qu'est-ce que vous avez envie de dire pour commencer ? Sébastien, Valentin ?

  • Speaker #2

    Sébastien.

  • Speaker #1

    Disons que ce projet de la ferme nous a permis de nous recentrer un peu sur nous-mêmes, le côté le plus profond de nous-mêmes, de pouvoir créer une ferme où on était ouvert vers les autres, de pouvoir, comme tu le disais tout à l'heure, donner aux autres, rendre une partie de nous aux autres. Et voilà,

  • Speaker #2

    non ? Dans l'esprit de nos convictions, du bien manger, du bien vivre ensemble, et puis de l'approche vers le plus jeune public, au plus ancien, pour partager des moments uniques et conviviaux à travers des rencontres et des moments autour des animaux de la ferme.

  • Speaker #1

    C'est ça aussi, surtout, c'est de pouvoir s'ouvrir vers les autres. On était, au tout début, c'était au Covid, dans la période Covid, on nous verrait à cette période. Malgré toutes ces fermetures qui se faisaient partout, nous, au contraire, on se disait, il faut qu'on vienne nous voir, il faut qu'on vienne nous rencontrer, que les gens puissent trouver un petit point de bonheur, en fait, dans cette période qui a été compliquée. Et ça animait tout le temps nos ouvertures à la ferme. À chaque fois, on voulait que les gens viennent, regardent, se posent, pouvoir parler, accepter aussi des gens, des fois, qui n'avaient rien à voir avec l'agriculture.

  • Speaker #0

    Prendre le temps.

  • Speaker #1

    C'est ça, se poser un peu, que ce soit les stagiaires qui sont venus sur la ferme, c'était ça, c'était prendre le temps, enfin ici, on se permet de le faire en tous les cas.

  • Speaker #0

    Et on grandit au sein de la DAS, comment cette expérience a-t-elle influencé ta vision du monde et ton engagement dans la ferme aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'en fait ça m'a forgé pour ce projet qu'on a eu avec Valentin, donc pour faire court, très court. À l'âge de 6 mois, j'étais placé en pouponnière et je n'ai jamais quitté la DAD jusqu'à mes 21 ans en parcours jeune adulte, avec des retours dans la famille et tout ça. Bref, on va faire court. Et en fait, j'ai rencontré plein de gens, des éducateurs, des juges des enfants, des assistantes sociales, des instituteurs. Je suis un peu, moi, je résume souvent comme ça, un enfant de la nation. J'étais élevé par la nation, par des acteurs de la nation. Et je me dis vraiment ça, j'en suis... Comme on dit, je suis content de payer des impôts parce que je sais que ça va aller sur des instituteurs, des éducateurs, que tout ça, ça va nous aider, comme les enfants qui ont à peu près le même parcours. Et de se dire maintenant, moi, mon niveau avec notre projet qu'on a eu avec Valentin, de pouvoir redonner ça. Alors, on a accueilli sur la ferme, du coup, des malades d'Alzheimer. On a accueilli des enfants de la riche. On a accueilli des stagiaires, des fois qui étaient un peu en parcours de route où personne ne voulait les accueillir. Et c'est tout ça, de pouvoir se dire à un moment donné, on peut rendre. Ce que la société a à investir, il faut parler franchement parce que ça coûte cher tout ça, mais voilà, je pense que, pas moi et plein d'autres d'enfants de la DAS comme on disait à l'époque, on peut rendre ça aux autres en fait.

  • Speaker #0

    Très bien. Valentin, qu'est-ce qui t'a poussé à devenir agriculteur alors que ton milieu familial n'était pas directement lié à la terre ?

  • Speaker #2

    Revenir à l'essentiel, l'envie de ne pas travailler toute ma vie derrière un bureau et faire un métier de terrain au contact de la nature et puis continuer mon engagement dans l'animation dans le sens où l'approche avec le... Le jeune public est partagé des moments où on peut transmettre un petit peu de ce qu'on a appris. Et puis voilà, ça commence comme ça. L'institution, l'école fait le premier pas et à nous éventuellement d'apporter un petit complément de connaissances. Les enfants qui découvrent les animaux, on l'a vécu, c'est magique. C'est pas que dans les livres, il y a une réalité. Et puis le bien manger commence au plus jeune âge. Donc si on ne leur montre pas, si on leur explique. pas et si on leur apporte pas le petit plus qu'ils peuvent entendre à cet âge là voilà il y a le parcours à un moment donné sera rompu et puis on ça se dirigera autrement vers d'autres habitudes qui ne sont pas mauvaises mais qui ne peuvent qu'à être amélioré

  • Speaker #1

    à notre niveau quoi on va dire ça comme ça apporter le petit plus qui fera la différence quoi entre découverte et pédagogie ouais c'est ça exactement le paradoxe de notre société tout le monde est hyper connecté tout le monde est hyper fin sur les ordis, les téléphones et tout ça. Ici, tu viens, il n'y a pas de connexion, en fait. Et c'est ce que je dis, en fait, la connexion entre l'homme et la terre n'est pas rompue, vraiment. Entre l'agriculture et les jeunes de maintenant, il n'est pas rompu, il suffit juste de, comme on le fait ici, juste montrer. Et tu sens qu'il y a quelque chose qui fait que, c'est en nous, en fait, en chaque être humain, on a tous peut-être eu des grands-parents, des oncles, dans l'agriculture, et puis l'homme est un homme cueilleur, à la base. Donc, on a ça en nous. Et des fois, il faut juste un petit levier. Et là, on sent que les gens repartent, les jeunes repartent. Et ils sont connectés justement à la ferme. Enfin, plus que tout.

  • Speaker #0

    Et justement, par rapport à vos personnalités, comment celles-ci et vos expériences se complètent dans la gestion de la ferme ?

  • Speaker #2

    L'approche plus calme, plus posée, plus réfléchie de Sébastien, qui contrairement à... Moi, à 1000 idées qui fourmillent régulièrement. Le fait de pouvoir s'écouter, de pouvoir se comprendre, puisqu'on évolue ensemble dans la même passion, la même dynamique. Mais d'avoir quelque chose qui fasse que les idées se rencontrent souvent et qu'elles évoluent ensemble. Finalement, c'est ça aussi. Et puis...

  • Speaker #1

    L'expérience, oui, fait que du coup, de par un parcours, qui est chacun de l'autre, Manta a été plus dans un parcours où... où les choses se déroulaient telles qu'elles étaient, moi on m'a appris un petit peu à me battre et tout ça. Par contre, il y a un moment donné où tu vois où se battre pour se battre, c'est pas... ça va, tu vas dans le mur, que parfois bah vaut mieux y aller petit à petit et puis t'y arrives enfin, t'y arrives. À force de dialogue, voilà. Et Valentin a sa jeunesse pour lui et du coup effectivement, il veut y aller et tout ça. Ça se passe pas toujours comme ça. Alors...

  • Speaker #2

    Complémentaire. Oui, complètement.

  • Speaker #0

    Entre la sagesse et la passion, entre la sagesse et un peu le fait d'oser.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    De pousser les portes un peu plus vite que prévu.

  • Speaker #2

    Et puis de se tourner vers l'avenir, vers des projets d'avenir, autour aussi des énergies renouvelables par rapport aux projets qu'on est en train de mener. Parce qu'on ne veut pas s'arrêter à ce qu'on fait aujourd'hui, c'est se projeter vers l'avenir en disant, avec les rencontres, comme on disait, ne pas briser ce lien entre la rencontre du jeune public sur l'agriculture et sur les énergies vertes, et apporter notre petite pierre justement par nos moyens. Et puis voilà, vraiment continuer dans la même dynamique qu'on a toujours été.

  • Speaker #1

    C'est ça, et comme tu dis, c'est ça qui est tellement beau. Nous, on le vit au quotidien, c'est ce côté agriculture qu'on vit au quotidien. Dès le premier temps, parce qu'ici il n'y a pas du tout de mécanisation sur la ferme, et en même temps on est sur l'avenir, sur de l'énergie renouvelable et tout ça qui est en train de se faire en projet, tu te dis mais c'est beau en fait, c'est deux mondes où on ne peut pas les opposer en fait, c'est ensemble. Il y a le futur et le passé, mais les deux en fait font qu'un, ça fait une symbiose en fait, une synergie entre les...

  • Speaker #2

    Pour résumer, on parle de la centrale agri-photovoltaïque. C'est un beau projet d'avenir qui est en train de se mener et de se construire sur INU, c'est en tous les cas.

  • Speaker #0

    C'est un bel engagement qui permet d'allier les deux, de penser à l'avenir, préserver votre ferme, le modèle économique, et en même temps avec des énergies renouvelables qui sont... En pleine expansion, nécessaire pour sauvegarder aussi notre souveraineté énergétique.

  • Speaker #1

    C'est ça, et tellement, ça correspond, tu vois, en ce moment, la société, en fait, elle est un peu, comment dire, pas délépinée, mais mise les uns contre les autres. Et en fait, à travers la ferme, en tant que ferme, le passé, le futur, tu vois, et ça va ensemble et on construit vers l'avenir, tu vois. Et c'est ça, et ça, c'est un des messages, vraiment, si ça pouvait donner, comme on disait, aux autres l'envie d'eux, prenez le temps, faites-le, osez, il n'y a pas de soucis.

  • Speaker #2

    Il y a des rencontres qui permettent d'aller parfois aussi plus vite, justement, on en est le bon exemple autour de la table, du coup, c'est qu'il y a eu des rencontres au sein de Portes Ouvertes qui ont permis d'accélérer, d'ouvrir des portes et de pouvoir échanger sur ces projets-là, de pouvoir se faire conseiller aussi avec la Chambre d'Agriculture, de ne pas monter des projets tout seul, de ne pas être isolé, et voilà.

  • Speaker #0

    qui est accompagné,

  • Speaker #1

    c'est important aussi. C'est ça. Écouter les autres, leur expérience, leur point de vue, qui n'est pas forcément le nôtre, mais qui va alimenter le tien, du coup. Et puis, de rencontrer des gens inattendus. Des gens, on a eu la chance, et on a la chance de pouvoir rencontrer, des fois, sur des moments incontus, des gens aussi. C'est des belles rencontres, c'est des rencontres inopportunes, des fois. C'est vraiment...

  • Speaker #2

    Et l'importance de... de se diversifier aussi toujours plus puisque nous on évolue depuis toutes ces années sur la crise de la grippe aviaire qui revient régulièrement, qui fragilise les modèles des petites fermes parce qu'elles ont leurs propres moyens pour réagir et pour agir dans le lien de biosécurité qui est demandé par les normes françaises et qui sont indispensables mais en même temps il faut aussi se dire que du coup on ne peut pas vivre que de ça, difficilement du métier d'agriculteur et que... Et que justement toutes ces symbioses d'énergie font que le projet devient viable sur le long terme et dans le respect des engagements de chacun.

  • Speaker #0

    Il a vous exprimé un petit peu les réalités. Quelles sont les plus grandes difficultés que vous voyez, que vous avez à surmonter au quotidien dans votre ferme ?

  • Speaker #1

    Les normes, les normes. Vraiment, c'est de l'actualité, c'est ce qui va en ce moment. Mais les normes, l'incompréhension parfois entre toutes les administrations. entre le gros et le petit. Il y a des choses qui sont possibles sur des grosses structures et la loi est la même pour tout le monde et du coup c'est beaucoup moins réalisable pour des petites structures comme les nôtres. Et c'est deux mondes qui s'entrechoquent où on essaie de faire comprendre qu'on fait comme on peut et au mieux du peu alors que le gros du gros, lui, va pouvoir tout de suite installer un gros ventilateur avec des gros moyens et tout ça. Voilà, alors du coup il y a des gens qu'on a rencontrés comme ça qui nous ont permis de se dire bon, effectivement, ça chamboule un peu en ce moment les idées. Et enfin, il y a... Beaucoup de petits agriculteurs qui s'installent et que ça remet en cause un petit peu tous les gros en fait parce que les formations sont pas les mêmes, enfin les attentes sont pas les mêmes.

  • Speaker #2

    Et puis là la réalité d'accès aux fonciers, aux grosses structures font que les banques sont de plus en plus réticentes à accorder leur confiance aux néo ruraux comme nous. Voilà il faut soit être issu du milieu agricole, soit avoir une certaine aisance que nous n'avions pas au début donc on a fait nos propres choix. Et puis dans tout ça aussi, c'est l'acceptation de l'intégration dans des paysages de campagne, justement où Réunion-UCC c'est plutôt très campagne, mais qu'il n'est pas toujours facile de s'intégrer aussi au sein d'une commune, justement en disant que nous ce qu'on souhaite simplement, c'est apporter notre petite pierre à l'édifice dans le milieu agricole. Donc voilà, c'est tout ça aussi qui fait qu'au début, au démarrage, il faut du temps, il faut des rencontres, de la patience comme on disait. Et puis... Puis expliquer, discuter, échanger. Et du coup,

  • Speaker #0

    tout ça, c'est plus long que des grosses exploitations,

  • Speaker #2

    c'est ça ?

  • Speaker #0

    Il faut montrer pas de blanche.

  • Speaker #1

    On va te raconter des anecdotes, mais au tout début, il faut savoir qu'au tout début, il y a maintenant 5 ans en arrière, on nous voyait, puis c'était un peu l'époque où les gens voulaient un peu changer de métier, revenir aux primaires, aux côtés agriculteurs, de l'agriculture, et ça prenait un sens. Et nous, on était plus dans le côté, effectivement, de créer quelque chose. Mais on avait sécurisé un petit peu la chose en gardant nos travails. Et du coup, c'est auprès des collègues agriculteurs où il a fallu montrer pas de blanc.

  • Speaker #0

    D'accord. Entre vous ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. C'est parce que du coup, nous, on voulait une ferme où on travaillait qu'avec des agriculteurs du coin. Et du coup, ces agriculteurs-là nous voyaient d'un côté les deux garçons, déjà. Deux garçons de différents âges. Alors, on a eu le droit...

  • Speaker #2

    Allons, on est en hausse.

  • Speaker #1

    Je sais pas comment... Après, il faut accepter, ça a été accepté. C'est aussi le travail, montrer qu'on était comme eux. On en bavait, on en travaillait beaucoup, beaucoup, beaucoup. Et puis, au bout d'un temps, je ne sais pas pourquoi, il y a eu un déclic de la part de beaucoup de collègues agriculteurs. où ils nous ont considérés vraiment comme des collègues. C'était vraiment ça. Et là, tu dis... C'est gagné. C'est des petits mots, mais c'est des petites choses. Et là, tu dis...

  • Speaker #0

    Et c'est pas aussi parce que cette ferme, la ferme au bois dormant, par rapport à vos histoires, par rapport à vos personnalités, à vos projets, incarne des valeurs fortes quand même.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #2

    Oui, totalement.

  • Speaker #1

    C'est sûr. nombre de personnes qui sont venues sur la ferme, même des agriculteurs qui disaient « Je reviens, je revois la ferme de mes grands-parents » ou des enfants « Mes parents travaillaient comme ça » et là tu te dis « En fait, on n'était pas dans le faux »

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que la ferme vous a appris sur vous-même ? Qu'est-ce qu'elle a changé comme vision du monde ?

  • Speaker #2

    Il y a des défis énormes qui nous attendent dans les années à venir Remettre du lien, c'est ce qu'on dit souvent et on l'entend beaucoup, entre ce qu'on a dans notre assiette et puis la réalité d'un métier peu compris, pas toujours entendu. Enfin voilà, vous me disiez que l'acceptation et la tolérance n'est pas toujours si facile, mais c'est déjà ça, c'est un gros défi ça déjà, de réexpliquer ce que c'est que manger. On peut avoir beaucoup de loisirs mais il est important aussi de bien se nourrir. Donc ouais c'est ces défis là et puis ce qui est bien c'est de pouvoir les mener en s'entourant d'autres agriculteurs et d'autres personnes fortes de conviction comme nous. Et puis voilà c'est de pouvoir aussi à notre niveau rentrer justement par la loi EGalim aussi dans les écoles, dans les institutions en expliquant aussi la réalité de nos métiers, qu'on ne peut pas vendre nos produits comme un industriel et tout. puis voilà d'échanger, échanger et encore échanger pour essayer de trouver un compromis sur... voilà. sur le bien manger toujours.

  • Speaker #1

    Je pense que ça a pris aussi tout le côté de par nos cursus parce que du coup quand même tu travaillais dans la restauration donc tu savais ce que c'est que travailler dur mais pour les autres moi je savais ce que c'était aussi de trimer, de vouloir y arriver donc et tout ça ça nous a pris ça comme on le disait en tout début il a fallu de la patience, il a fallu des fois jouer des coudes, il a fallu parler, beaucoup parler et puis inspirer les gens. Merci. se mettre en polaire. C'est arrivé parfois, se mettre en polaire. Alors toujours avec du respect, parce que c'est important le respect. Mais c'est tout ça, et ça nous a appris le lien. Je pense que moi je le connaissais de par mon parcours, mais il est encore beaucoup plus fort à la ferme. Comme je disais tout à l'heure, on a rencontré des gens d'une beauté magnifique, je parle de beauté intérieure, où ils se livrent ici, parce que peut-être que le cadre aussi prêtre aussi, mais c'est tout ça, la passion. le travail.

  • Speaker #2

    Et puis ne rien lâcher si ça s'est pas fait une première fois et bien quelques semaines ou quelques mois après on réessaye mais par un autre biais et puis encore un autre biais et puis de toute façon au bout d'un moment voilà tant qu'on ne lâche pas il y a tout.

  • Speaker #1

    tout qui reste possible quoi donc ça c'est ne rien lâcher puis puis ne pas compter ses heures c'est la réalité aussi un peu un milieu il ya l'amour aussi ouais il est encore venu ça tu vois c'est rigolo parce que je fais le paradoxe où on dit que souvent c'est notre bébé mais souvent dans les couples quand il ya un enfant en fait l'amour a tendance à se distendre un petit peu entre le couple des parents nous c'est l'inversé c'est un peu de la même aussi la faire mais ça n'a fait qu'en que agrandir encore parce que les amplifiés amplifié parce que forcément Il y a eu des moments beaux, mais il y a eu des moments compliqués. Il y en a encore, mais c'est se dire, bon, allez, quand il y en a un qui n'a pas le moral, ou l'autre est là, lui remonter, puis ne t'inquiète pas, ça va aller. C'est plein de choses comme ça. Et du coup, ça a amplifié tout ça.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qu'une journée satisfaisante à la ferme ? Ça ressemble à quoi ? Est-ce qu'il y a des jours où vous dites, ah, là, ça a été une bonne journée ? Et si c'est une bonne journée, en quoi vous arrivez à la bonne journée ?

  • Speaker #1

    Je suis sûr qu'on a deux réponses.

  • Speaker #2

    Une bonne journée, c'est quand on a commencé dès le matin avec des difficultés, et beaucoup de choses de programmées qui ne se font pas forcément et qui finalement à la fin de la journée, il y a un coup de fil, il y a un échange, il y a une rencontre, un client plus satisfait qui le fera savoir. Et voilà, on se dit bon, finalement, je me suis peut-être levé pour de bonnes raisons et puis on a rempli notre mission. Et au début, c'est vrai que j'étais comme ça, c'était des journées fois trois que je programmais et puis toujours la déception de se dire, oh là là, je n'ai encore pas fait la moitié de ce que je voulais faire, etc. Et puis finalement, avec le temps, ça s'est... C'est-à-dire que de toute façon, une journée après l'autre, et un objectif après un autre, et puis surtout de temps en temps, quand ça va mal, d'un seul coup, quand on entend qu'il y a un événement qui fait que ça a accéléré sur un projet, sur une demande d'un client qui a été totalement honoré, totalement satisfait, ça fait du bien. C'est ça une belle journée. C'est une journée qui se termine bien, tout simplement.

  • Speaker #1

    voilà parce que de toute façon elle n'a pas forcément bien commencé mais elle se termine bien voilà et toujours en rapport avec les autres ouais c'est ça une satisfaction c'est ça totalement il y a quelque chose qui est extraordinaire sur la ferme c'est que on se lève en général enfin là c'est l'hiver puisque du coup le ciel se lève le soleil se lève plus tard mais C'est en fait le matin, tu arrives et tu es en gros, tu es comme je dis toujours aux stagiaires. La première chose que tu fais quand tu arrives sur la ferme, c'est tu écoutes, tu écoutes. Et là, ils sont surpris parce que c'est du travail, mais tu écoutes. Savoir s'il y a des choses qui te choquent, des cris d'animaux. Et on commence à nourrir les animaux. Et là, jusqu'à 10, 11 heures, c'est une vraie piaillerie. Et après, quand on a fini, on prend notre pause souvent après. Et du coup, on n'entend plus personne. C'est comme les enfants quand ils ont mangé, vous voyez, manger, bu, changer. Tout le monde va bien. Et là, c'est pareil à la ferme, vers 10-11 heures après, tout le monde se calme. Tout le monde est bien. Là, c'est bon.

  • Speaker #0

    Là,

  • Speaker #1

    c'est une satisfaction. Oui, vraiment.

  • Speaker #0

    Vous avez fait ici quelque chose dans votre métier d'agriculteur et d'éleveur.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Vous êtes éleveur, donc c'est un rapport à la bête.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et ça, ça se sent ?

  • Speaker #1

    Oui, vraiment, c'est un lien. Mais je pense qu'il faut le vivre, en fait, pour le... Parce que c'est compliqué, à la fois c'est simple en fait. C'est compliqué dans le sens où il faut déterminer ce que l'animal veut dire, parce qu'on ne parle pas le même langage. Et en même temps, c'est simple, parce que du coup, si tu fais appel au plus profond de toi-même, ce sont les mêmes cris que tu pourrais avoir, mais que tu ne fais plus. Alors qu'un animal va crier juste pour dire « j'ai faim, là je ne suis pas bien, là je me suis fait mal » . Et c'est juste ça. Et quand je dis aux stagiaires « écoute » , c'est ça en fait. C'est faire appel en toi, qu'il y ait quelque chose qui dit « il y a quelque chose qui ne va pas » .

  • Speaker #0

    C'est bien sentir l'environnement,

  • Speaker #1

    se synchroniser à l'environnement,

  • Speaker #0

    changer de son environnement parce qu'en fait on n'a pas les mêmes signaux, on n'a pas les mêmes repères.

  • Speaker #1

    Et là on fait rappel à ça en fait. Je pense qu'on a tous fait l'expérience quelque part où on se dit n'y va pas, n'y va pas. Ça tu fais appel au plus profond de toi. Les animaux c'est pareil en fait, c'est un peu un instinct que nous on a perdu mais qu'on retrouve ici par la différenciation d'animaux qu'on a beaucoup. Les chèvres, les moutons, les cochons, ils ne parlent pas du tout le même langage. Par contre, s'il y a un truc qui se passe sur la ferme, tous vont se comprendre que, hop, il faut s'arrêter parce qu'il y a quelque chose qui va venir. Comme quoi, ils vont plus se comprendre.

  • Speaker #0

    Donc, peut-être pour résumer ce qu'on vient de dire sur qu'est-ce qu'une bonne journée pour vous à la ferme, est-ce que vous avez un moment préféré à la ferme ?

  • Speaker #2

    C'est... C'est... C'est pas forcément le début. C'est quand, déjà, on fait un premier bilan de la journée accomplie où on se dit... Ah ouais quand même j'ai déjà fait tout ça finalement et que bon il y a encore des choses à faire mais ouais c'est un espèce de premier bilan à mi-parcours, voilà je pense.

  • Speaker #1

    Alors moi j'adore c'est ramasser les oeufs et donner à manger aux chiens. C'est voilà, la journée je me dis c'est bien passé et du coup les chiens sont très présents aussi sur la ferme parce qu'ils nous protègent aussi des nuisibles extérieurs, enfin comme on dit. Et du coup c'est un moment en fait où ils sont contents parce qu'ils rentrent dans la maison, ils peuvent manger et... Les œufs, c'est aussi le fruit de notre travail, de nos poules et tout ça. Donc, pour moi, c'est vraiment un bon moment.

  • Speaker #0

    Et quel mot résume le mieux votre vie ici ?

  • Speaker #1

    Moi, j'aime bien.

  • Speaker #2

    Vas-y.

  • Speaker #1

    Oui, la résilience, vraiment. Je pense qu'on correspond vraiment à ça, en fait, entre tous les échecs qu'on a eus dans nos villes, les échecs qu'on a eus sur la terre, mais aussi beaucoup de bonnes choses. Et que du coup, même ce qui nous a rendus parfois plus faibles, nous a permis de nous rendre plus forts et d'aller plus loin, en fait. Donc, comme on dit souvent, seul, tu vas plus vite, ensemble, on va plus loin. Et je crois que c'est un peu notre cas.

  • Speaker #2

    Moi, j'allais dire la continuité, la continuité d'un parcours, la continuité d'une vie, la continuité dans le sens où quand d'autres disaient vous allez arrêter, vous allez lâcher, vous allez... Non, non, on a continu, quoi. Quelque chose de continu qui va dans notre ADN et l'envie de pouvoir aller jusqu'au bout de ce qu'on aura emporté, quoi. La persévérance, ouais, c'est ça, peut-être plus, finalement. La persévérance,

  • Speaker #0

    pas lâcher,

  • Speaker #2

    quoi. Ouais, c'est ça.

  • Speaker #1

    Je pense que je vais dire quelque chose qui va beaucoup parler, je pense, aux agriculteurs. On va voir le lien où je veux venir. C'est que de par ce parcours, moi j'étais habitué d'une famille où il n'y avait rien à transmettre. J'ai très peu de photos de mon enfance. Valentin, tu as des photos ? Des souvenirs comme ça de vacances, moi je n'ai pas du tout. Et du coup, ce projet se fait aussi dans la transmission. Parce que du coup, il y a cette différence d'âge. Et que du coup... C'est un peu le travail de ma vie et de ta vie et que du coup je me dis à un moment donné, mon tour maintenant ça va être de laisser quelque chose et tout ça, ce travail, c'est transmission. Et beaucoup d'agriculteurs sont dans ça, dans la transmission et je pense que ça nous correspond totalement de transmettre notre travail, de transmettre nos idéaux, de transmettre notre idéologie, enfin c'est tout ça quoi.

  • Speaker #0

    Et votre caractère aussi. Il faut persévérer, il faut être résilient et il faut aimer autant la terre, les animaux que les humains.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est totalement ça.

  • Speaker #0

    Et avoir confiance en l'avenir.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est pour être une trilogie en fait.

  • Speaker #0

    Vous recevez beaucoup de monde ici, vous l'avez dit, dans différents milieux, différents secteurs, soit des voisins, soit des citoyens qui viennent quand vous ouvrez la ferme lors de vos marchés. mais aussi des personnes, vous avez dit, du milieu hospitalier, des enfants scolaires ou alors handicapés aussi.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que... Vous avez envie qu'ils se disent en sortant d'ici, s'ils avaient un message à garder, quel serait ce message et qu'est-ce que vous avez envie qu'ils se disent de vous ?

  • Speaker #1

    J'arrive presque là, mais je peux être moi. Je peux être moi.

  • Speaker #2

    Oui, ça me fait rebondir aussi par rapport à... Oui, je peux être moi dans le sens aussi où il y a des stagiaires qui se sont révélés aussi à... L'exemple de certains stagiaires qui se sont révélés à eux-mêmes et qui ont découvert leur envie de vouloir continuer là-dedans. Donc c'est qu'on a peut-être... S'ouvrir aux autres et d'être soi-même. Donc c'est vrai que c'est peut-être aussi ça qu'on a réussi à transmettre à quelques-uns qui... Quand c'est un groupe, c'est peut-être plus difficile à percevoir. Mais quand c'est des individus en particulier, c'est vrai que c'est là où tu te rends compte réellement du cheminement que la personne a pu, en une semaine, découvrir, se découvrir ou se redécouvrir.

  • Speaker #1

    On a eu notre première stagiaire qui était sur la ferme. Ses parents sont venus nous voir un peu en détresse, vraiment, des gens du coin. On ne citera pas son prénom. Mais qui était en échec scolaire, qui était en échec social. qui était en rébellion vers les parents, il y avait quelque chose qui ne lui allait pas, en fait. Et du coup, elle ne voulait pas du tout, du tout faire les marchés, ne pas rencontrer les gens extérieurs, que les animaux. Pourquoi pas, on lui a dit, prends ton temps. Et elle a voulu quand même faire le dernier marché avec les enfants. En fait,

  • Speaker #0

    on revient à ce qu'on disait tout à l'heure, c'est prendre le temps avec les gens. Et vous, vous n'avez pas le temps, en fait, Vous avez quand même une activité qui est bien rythmée, qui est un chef d'entreprise, un chef d'entreprise auquel il y a des contraintes administratives, il y a des contraintes en plus de la faire dans elle-même, cette activité. Mais à côté, vous arrivez et vous avez envie de prendre le temps avec les personnes.

  • Speaker #1

    Alors ça, on le fait en symbiose, c'est vraiment ça. On se laisse la part l'un et l'autre, et on sait à quel moment l'un peut intervenir et l'autre peut intervenir avec le jeune. de sa façon, de notre façon d'être, et ça marchait bien.

  • Speaker #2

    Et je pense que c'est ça aussi qui manque dans mon cursus scolaire, c'est le souhait que j'ai pu ressentir et que je n'ai pas pu, c'est le manque de stage, le manque d'apprentissage sur le terrain, d'être dans une entreprise qui n'accordait pas le temps aux stagiaires où c'était... Et qu'une personne parmi tant d'autres qui pouvait faire du petit travail, ce n'est pas que ça, c'est aussi parfois leur donner un objectif sur le stage en disant à la fin si tu fais ton premier marché, tu auras réussi ta semaine de stage. À la fin, parce qu'il y en a qui étaient très bricoleurs, si tu nous montres que tu as réfléchi à une construction, à un projet, finalement, c'est de percevoir ce qu'on peut apporter aussi parce qu'un stage c'est précieux. Ça peut former aussi un caractère, un métier d'avenir pour un jeune. Donc ouais, je pense que c'est super important.

  • Speaker #1

    On voit, on a fait faire des stagiaires, les parents étaient un peu des fois estomaqués, mais on faisait faire du français, des maths, français, maths, communication.

  • Speaker #2

    En concret, quoi. Oui,

  • Speaker #1

    par exemple, écoute, comme disait Valentin, écoute, on va construire une petite volière. Écoute, tu vas t'en charger. Tu nous fais un plan, tu nous fais, tu dis à peu près à combien ça coûte. Alors, il y avait du français, des maths, tu rédiges et tout. Et tu nous donnes, et à la fin de la semaine, on voit. Et ensemble, si c'est concret que ça peut se faire, ça se fait. et on l'a fait du coup,

  • Speaker #0

    on était content c'est redonner confiance oui totalement c'est peu de choses c'est pas de choses valoriser les initiatives c'est ça et moi je me disais en vous écoutant quand même que ce projet de la ferme c'est bien sûr avec un objectif bien clair produit vendre votre production mais c'est un projet de société parce que c'est transmettre votre métier mais apporter de la confiance aux personnes recevoir prendre le temps et pour qu'il y ait quelque chose qui se passe, que chacun puisse prendre ce qu'il a envie de prendre.

  • Speaker #1

    Tu as tellement bien résumé, c'est qu'on a ça dans notre clientèle. Il y a des clients ici qui ne viennent pas. Ils rentrent dans le magasin et repartent. Il y a ceux qui veulent visiter, ou qui veulent prendre le temps, et qui connaissent déjà l'affaire, mais ils veulent faire leur tour. Peut-être pour se ressourcer, peut-être prendre un peu de temps, se vider l'esprit. Et je dis, il y a le client qui vient, lui, il veut juste ça et il repart. Dans sa tête, il a acheté un produit, il connaît la valeur travail ou tout ce qui peut en être. Et puis, il y a l'autre client qui, lui, veut prendre son temps ici. C'est ça, en fait, à résumer. C'est l'ensemble des deux qui fait que chacun y trouve son temps.

  • Speaker #0

    Société. Ce qui résume votre vie aujourd'hui par rapport à votre parcours. Alors, il y a eu la résilience, la persévérance, mais au-delà de ça.

  • Speaker #1

    Il faut voir qu'il y a toujours une lueur quelque part. Même dans le plus sombre, dans le plus noir, il faut s'accrocher. Il y a toujours une petite lueur au loin et il faut aller vers ça, en fait.

  • Speaker #2

    Oui, ça, et puis se renouveler, pousser toujours le curseur plus loin, mais pas à pas. enfin voilà, c'est... Avoir des projets. Oui, c'est ça, oui, oui. Pouvoir rebondir et pouvoir s'adapter aussi à l'environnement, à l'évolution de la demande dans les contextes difficiles, et puis voilà, enfin, vraiment continuer de se réinventer et d'évoluer.

  • Speaker #0

    Et si vous pouviez changer une chose dans le métier d'agriculteur, ça serait laquelle ? Ok.

  • Speaker #2

    Ce serait, ouais, non mais c'est ce qu'on entend, c'est que d'être mieux compris, d'être mieux écouté, et de pouvoir vivre surtout de ce métier qui est un beau métier, qui est le métier primaire par lequel... l'homme aussi a commencé et qu'on a oublié de pouvoir vivre de ce métier. Ne pas juste survivre comme beaucoup à l'heure actuelle.

  • Speaker #1

    Pour être nous, vous aimons, écoutez-nous.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour cet échange. un témoignage de témoignages sincères et authentiques comme votre ferme merci chers auditeurs nous nous retrouvons la semaine prochaine au temps des témoignages importants et surtout avec le jour de notre aide de son individu merci

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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Je vous raconte des vies. Aujourd'hui, nous avons la chance d'entrer dans l'intimité de Sébastien et Valence. Un couple d'agriculteurs installés à Réunus-Uissé, dans la ferme au bois dormant. Leur ferme est un lieu vivant et ouvert, où chacun peut venir découvrir leur passion pour la terre. Mais aujourd'hui, c'est dans leur espace personnel, leur chez-soi, qu'ils nous accueillent. Un privilège rare pour eux, qui, malgré l'ouverture de la ferme, gardent un espace privé. où ils se ressourcent et vivent leur moment en toute simplicité. Deux vies au départ bien distinctes. Sébastien, enfant de la DAS, comme nous disions autrefois, a vécu en Normandie. Valentin, issu d'une famille paisible de fondettes, que la vie a réunie en 2016. Ensemble, ils ont transformé leur différence en une force et se battent chaque jour pour faire de leur ferme un lieu de résilience, de production, de patience et de partage. Dans cet épisode, ils nous accueillent avec générosité pour nous raconter leurs histoires. Nous verrons que leur parcours est un véritable message d'espoir. Ils montrent que tout est possible, même lorsque la vie nous le met à l'épreuve. Bonjour Sébastien,

  • Speaker #1

    bonjour Valentin. Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci de me recevoir ici chez vous.

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #0

    Vous le savez, dans Je vous raconte des vies, on se raconte à partir... d'un projet, d'un événement marquant de notre vie. Qu'est-ce que vous avez envie de dire pour commencer ? Sébastien, Valentin ?

  • Speaker #2

    Sébastien.

  • Speaker #1

    Disons que ce projet de la ferme nous a permis de nous recentrer un peu sur nous-mêmes, le côté le plus profond de nous-mêmes, de pouvoir créer une ferme où on était ouvert vers les autres, de pouvoir, comme tu le disais tout à l'heure, donner aux autres, rendre une partie de nous aux autres. Et voilà,

  • Speaker #2

    non ? Dans l'esprit de nos convictions, du bien manger, du bien vivre ensemble, et puis de l'approche vers le plus jeune public, au plus ancien, pour partager des moments uniques et conviviaux à travers des rencontres et des moments autour des animaux de la ferme.

  • Speaker #1

    C'est ça aussi, surtout, c'est de pouvoir s'ouvrir vers les autres. On était, au tout début, c'était au Covid, dans la période Covid, on nous verrait à cette période. Malgré toutes ces fermetures qui se faisaient partout, nous, au contraire, on se disait, il faut qu'on vienne nous voir, il faut qu'on vienne nous rencontrer, que les gens puissent trouver un petit point de bonheur, en fait, dans cette période qui a été compliquée. Et ça animait tout le temps nos ouvertures à la ferme. À chaque fois, on voulait que les gens viennent, regardent, se posent, pouvoir parler, accepter aussi des gens, des fois, qui n'avaient rien à voir avec l'agriculture.

  • Speaker #0

    Prendre le temps.

  • Speaker #1

    C'est ça, se poser un peu, que ce soit les stagiaires qui sont venus sur la ferme, c'était ça, c'était prendre le temps, enfin ici, on se permet de le faire en tous les cas.

  • Speaker #0

    Et on grandit au sein de la DAS, comment cette expérience a-t-elle influencé ta vision du monde et ton engagement dans la ferme aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'en fait ça m'a forgé pour ce projet qu'on a eu avec Valentin, donc pour faire court, très court. À l'âge de 6 mois, j'étais placé en pouponnière et je n'ai jamais quitté la DAD jusqu'à mes 21 ans en parcours jeune adulte, avec des retours dans la famille et tout ça. Bref, on va faire court. Et en fait, j'ai rencontré plein de gens, des éducateurs, des juges des enfants, des assistantes sociales, des instituteurs. Je suis un peu, moi, je résume souvent comme ça, un enfant de la nation. J'étais élevé par la nation, par des acteurs de la nation. Et je me dis vraiment ça, j'en suis... Comme on dit, je suis content de payer des impôts parce que je sais que ça va aller sur des instituteurs, des éducateurs, que tout ça, ça va nous aider, comme les enfants qui ont à peu près le même parcours. Et de se dire maintenant, moi, mon niveau avec notre projet qu'on a eu avec Valentin, de pouvoir redonner ça. Alors, on a accueilli sur la ferme, du coup, des malades d'Alzheimer. On a accueilli des enfants de la riche. On a accueilli des stagiaires, des fois qui étaient un peu en parcours de route où personne ne voulait les accueillir. Et c'est tout ça, de pouvoir se dire à un moment donné, on peut rendre. Ce que la société a à investir, il faut parler franchement parce que ça coûte cher tout ça, mais voilà, je pense que, pas moi et plein d'autres d'enfants de la DAS comme on disait à l'époque, on peut rendre ça aux autres en fait.

  • Speaker #0

    Très bien. Valentin, qu'est-ce qui t'a poussé à devenir agriculteur alors que ton milieu familial n'était pas directement lié à la terre ?

  • Speaker #2

    Revenir à l'essentiel, l'envie de ne pas travailler toute ma vie derrière un bureau et faire un métier de terrain au contact de la nature et puis continuer mon engagement dans l'animation dans le sens où l'approche avec le... Le jeune public est partagé des moments où on peut transmettre un petit peu de ce qu'on a appris. Et puis voilà, ça commence comme ça. L'institution, l'école fait le premier pas et à nous éventuellement d'apporter un petit complément de connaissances. Les enfants qui découvrent les animaux, on l'a vécu, c'est magique. C'est pas que dans les livres, il y a une réalité. Et puis le bien manger commence au plus jeune âge. Donc si on ne leur montre pas, si on leur explique. pas et si on leur apporte pas le petit plus qu'ils peuvent entendre à cet âge là voilà il y a le parcours à un moment donné sera rompu et puis on ça se dirigera autrement vers d'autres habitudes qui ne sont pas mauvaises mais qui ne peuvent qu'à être amélioré

  • Speaker #1

    à notre niveau quoi on va dire ça comme ça apporter le petit plus qui fera la différence quoi entre découverte et pédagogie ouais c'est ça exactement le paradoxe de notre société tout le monde est hyper connecté tout le monde est hyper fin sur les ordis, les téléphones et tout ça. Ici, tu viens, il n'y a pas de connexion, en fait. Et c'est ce que je dis, en fait, la connexion entre l'homme et la terre n'est pas rompue, vraiment. Entre l'agriculture et les jeunes de maintenant, il n'est pas rompu, il suffit juste de, comme on le fait ici, juste montrer. Et tu sens qu'il y a quelque chose qui fait que, c'est en nous, en fait, en chaque être humain, on a tous peut-être eu des grands-parents, des oncles, dans l'agriculture, et puis l'homme est un homme cueilleur, à la base. Donc, on a ça en nous. Et des fois, il faut juste un petit levier. Et là, on sent que les gens repartent, les jeunes repartent. Et ils sont connectés justement à la ferme. Enfin, plus que tout.

  • Speaker #0

    Et justement, par rapport à vos personnalités, comment celles-ci et vos expériences se complètent dans la gestion de la ferme ?

  • Speaker #2

    L'approche plus calme, plus posée, plus réfléchie de Sébastien, qui contrairement à... Moi, à 1000 idées qui fourmillent régulièrement. Le fait de pouvoir s'écouter, de pouvoir se comprendre, puisqu'on évolue ensemble dans la même passion, la même dynamique. Mais d'avoir quelque chose qui fasse que les idées se rencontrent souvent et qu'elles évoluent ensemble. Finalement, c'est ça aussi. Et puis...

  • Speaker #1

    L'expérience, oui, fait que du coup, de par un parcours, qui est chacun de l'autre, Manta a été plus dans un parcours où... où les choses se déroulaient telles qu'elles étaient, moi on m'a appris un petit peu à me battre et tout ça. Par contre, il y a un moment donné où tu vois où se battre pour se battre, c'est pas... ça va, tu vas dans le mur, que parfois bah vaut mieux y aller petit à petit et puis t'y arrives enfin, t'y arrives. À force de dialogue, voilà. Et Valentin a sa jeunesse pour lui et du coup effectivement, il veut y aller et tout ça. Ça se passe pas toujours comme ça. Alors...

  • Speaker #2

    Complémentaire. Oui, complètement.

  • Speaker #0

    Entre la sagesse et la passion, entre la sagesse et un peu le fait d'oser.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    De pousser les portes un peu plus vite que prévu.

  • Speaker #2

    Et puis de se tourner vers l'avenir, vers des projets d'avenir, autour aussi des énergies renouvelables par rapport aux projets qu'on est en train de mener. Parce qu'on ne veut pas s'arrêter à ce qu'on fait aujourd'hui, c'est se projeter vers l'avenir en disant, avec les rencontres, comme on disait, ne pas briser ce lien entre la rencontre du jeune public sur l'agriculture et sur les énergies vertes, et apporter notre petite pierre justement par nos moyens. Et puis voilà, vraiment continuer dans la même dynamique qu'on a toujours été.

  • Speaker #1

    C'est ça, et comme tu dis, c'est ça qui est tellement beau. Nous, on le vit au quotidien, c'est ce côté agriculture qu'on vit au quotidien. Dès le premier temps, parce qu'ici il n'y a pas du tout de mécanisation sur la ferme, et en même temps on est sur l'avenir, sur de l'énergie renouvelable et tout ça qui est en train de se faire en projet, tu te dis mais c'est beau en fait, c'est deux mondes où on ne peut pas les opposer en fait, c'est ensemble. Il y a le futur et le passé, mais les deux en fait font qu'un, ça fait une symbiose en fait, une synergie entre les...

  • Speaker #2

    Pour résumer, on parle de la centrale agri-photovoltaïque. C'est un beau projet d'avenir qui est en train de se mener et de se construire sur INU, c'est en tous les cas.

  • Speaker #0

    C'est un bel engagement qui permet d'allier les deux, de penser à l'avenir, préserver votre ferme, le modèle économique, et en même temps avec des énergies renouvelables qui sont... En pleine expansion, nécessaire pour sauvegarder aussi notre souveraineté énergétique.

  • Speaker #1

    C'est ça, et tellement, ça correspond, tu vois, en ce moment, la société, en fait, elle est un peu, comment dire, pas délépinée, mais mise les uns contre les autres. Et en fait, à travers la ferme, en tant que ferme, le passé, le futur, tu vois, et ça va ensemble et on construit vers l'avenir, tu vois. Et c'est ça, et ça, c'est un des messages, vraiment, si ça pouvait donner, comme on disait, aux autres l'envie d'eux, prenez le temps, faites-le, osez, il n'y a pas de soucis.

  • Speaker #2

    Il y a des rencontres qui permettent d'aller parfois aussi plus vite, justement, on en est le bon exemple autour de la table, du coup, c'est qu'il y a eu des rencontres au sein de Portes Ouvertes qui ont permis d'accélérer, d'ouvrir des portes et de pouvoir échanger sur ces projets-là, de pouvoir se faire conseiller aussi avec la Chambre d'Agriculture, de ne pas monter des projets tout seul, de ne pas être isolé, et voilà.

  • Speaker #0

    qui est accompagné,

  • Speaker #1

    c'est important aussi. C'est ça. Écouter les autres, leur expérience, leur point de vue, qui n'est pas forcément le nôtre, mais qui va alimenter le tien, du coup. Et puis, de rencontrer des gens inattendus. Des gens, on a eu la chance, et on a la chance de pouvoir rencontrer, des fois, sur des moments incontus, des gens aussi. C'est des belles rencontres, c'est des rencontres inopportunes, des fois. C'est vraiment...

  • Speaker #2

    Et l'importance de... de se diversifier aussi toujours plus puisque nous on évolue depuis toutes ces années sur la crise de la grippe aviaire qui revient régulièrement, qui fragilise les modèles des petites fermes parce qu'elles ont leurs propres moyens pour réagir et pour agir dans le lien de biosécurité qui est demandé par les normes françaises et qui sont indispensables mais en même temps il faut aussi se dire que du coup on ne peut pas vivre que de ça, difficilement du métier d'agriculteur et que... Et que justement toutes ces symbioses d'énergie font que le projet devient viable sur le long terme et dans le respect des engagements de chacun.

  • Speaker #0

    Il a vous exprimé un petit peu les réalités. Quelles sont les plus grandes difficultés que vous voyez, que vous avez à surmonter au quotidien dans votre ferme ?

  • Speaker #1

    Les normes, les normes. Vraiment, c'est de l'actualité, c'est ce qui va en ce moment. Mais les normes, l'incompréhension parfois entre toutes les administrations. entre le gros et le petit. Il y a des choses qui sont possibles sur des grosses structures et la loi est la même pour tout le monde et du coup c'est beaucoup moins réalisable pour des petites structures comme les nôtres. Et c'est deux mondes qui s'entrechoquent où on essaie de faire comprendre qu'on fait comme on peut et au mieux du peu alors que le gros du gros, lui, va pouvoir tout de suite installer un gros ventilateur avec des gros moyens et tout ça. Voilà, alors du coup il y a des gens qu'on a rencontrés comme ça qui nous ont permis de se dire bon, effectivement, ça chamboule un peu en ce moment les idées. Et enfin, il y a... Beaucoup de petits agriculteurs qui s'installent et que ça remet en cause un petit peu tous les gros en fait parce que les formations sont pas les mêmes, enfin les attentes sont pas les mêmes.

  • Speaker #2

    Et puis là la réalité d'accès aux fonciers, aux grosses structures font que les banques sont de plus en plus réticentes à accorder leur confiance aux néo ruraux comme nous. Voilà il faut soit être issu du milieu agricole, soit avoir une certaine aisance que nous n'avions pas au début donc on a fait nos propres choix. Et puis dans tout ça aussi, c'est l'acceptation de l'intégration dans des paysages de campagne, justement où Réunion-UCC c'est plutôt très campagne, mais qu'il n'est pas toujours facile de s'intégrer aussi au sein d'une commune, justement en disant que nous ce qu'on souhaite simplement, c'est apporter notre petite pierre à l'édifice dans le milieu agricole. Donc voilà, c'est tout ça aussi qui fait qu'au début, au démarrage, il faut du temps, il faut des rencontres, de la patience comme on disait. Et puis... Puis expliquer, discuter, échanger. Et du coup,

  • Speaker #0

    tout ça, c'est plus long que des grosses exploitations,

  • Speaker #2

    c'est ça ?

  • Speaker #0

    Il faut montrer pas de blanche.

  • Speaker #1

    On va te raconter des anecdotes, mais au tout début, il faut savoir qu'au tout début, il y a maintenant 5 ans en arrière, on nous voyait, puis c'était un peu l'époque où les gens voulaient un peu changer de métier, revenir aux primaires, aux côtés agriculteurs, de l'agriculture, et ça prenait un sens. Et nous, on était plus dans le côté, effectivement, de créer quelque chose. Mais on avait sécurisé un petit peu la chose en gardant nos travails. Et du coup, c'est auprès des collègues agriculteurs où il a fallu montrer pas de blanc.

  • Speaker #0

    D'accord. Entre vous ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. C'est parce que du coup, nous, on voulait une ferme où on travaillait qu'avec des agriculteurs du coin. Et du coup, ces agriculteurs-là nous voyaient d'un côté les deux garçons, déjà. Deux garçons de différents âges. Alors, on a eu le droit...

  • Speaker #2

    Allons, on est en hausse.

  • Speaker #1

    Je sais pas comment... Après, il faut accepter, ça a été accepté. C'est aussi le travail, montrer qu'on était comme eux. On en bavait, on en travaillait beaucoup, beaucoup, beaucoup. Et puis, au bout d'un temps, je ne sais pas pourquoi, il y a eu un déclic de la part de beaucoup de collègues agriculteurs. où ils nous ont considérés vraiment comme des collègues. C'était vraiment ça. Et là, tu dis... C'est gagné. C'est des petits mots, mais c'est des petites choses. Et là, tu dis...

  • Speaker #0

    Et c'est pas aussi parce que cette ferme, la ferme au bois dormant, par rapport à vos histoires, par rapport à vos personnalités, à vos projets, incarne des valeurs fortes quand même.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #2

    Oui, totalement.

  • Speaker #1

    C'est sûr. nombre de personnes qui sont venues sur la ferme, même des agriculteurs qui disaient « Je reviens, je revois la ferme de mes grands-parents » ou des enfants « Mes parents travaillaient comme ça » et là tu te dis « En fait, on n'était pas dans le faux »

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que la ferme vous a appris sur vous-même ? Qu'est-ce qu'elle a changé comme vision du monde ?

  • Speaker #2

    Il y a des défis énormes qui nous attendent dans les années à venir Remettre du lien, c'est ce qu'on dit souvent et on l'entend beaucoup, entre ce qu'on a dans notre assiette et puis la réalité d'un métier peu compris, pas toujours entendu. Enfin voilà, vous me disiez que l'acceptation et la tolérance n'est pas toujours si facile, mais c'est déjà ça, c'est un gros défi ça déjà, de réexpliquer ce que c'est que manger. On peut avoir beaucoup de loisirs mais il est important aussi de bien se nourrir. Donc ouais c'est ces défis là et puis ce qui est bien c'est de pouvoir les mener en s'entourant d'autres agriculteurs et d'autres personnes fortes de conviction comme nous. Et puis voilà c'est de pouvoir aussi à notre niveau rentrer justement par la loi EGalim aussi dans les écoles, dans les institutions en expliquant aussi la réalité de nos métiers, qu'on ne peut pas vendre nos produits comme un industriel et tout. puis voilà d'échanger, échanger et encore échanger pour essayer de trouver un compromis sur... voilà. sur le bien manger toujours.

  • Speaker #1

    Je pense que ça a pris aussi tout le côté de par nos cursus parce que du coup quand même tu travaillais dans la restauration donc tu savais ce que c'est que travailler dur mais pour les autres moi je savais ce que c'était aussi de trimer, de vouloir y arriver donc et tout ça ça nous a pris ça comme on le disait en tout début il a fallu de la patience, il a fallu des fois jouer des coudes, il a fallu parler, beaucoup parler et puis inspirer les gens. Merci. se mettre en polaire. C'est arrivé parfois, se mettre en polaire. Alors toujours avec du respect, parce que c'est important le respect. Mais c'est tout ça, et ça nous a appris le lien. Je pense que moi je le connaissais de par mon parcours, mais il est encore beaucoup plus fort à la ferme. Comme je disais tout à l'heure, on a rencontré des gens d'une beauté magnifique, je parle de beauté intérieure, où ils se livrent ici, parce que peut-être que le cadre aussi prêtre aussi, mais c'est tout ça, la passion. le travail.

  • Speaker #2

    Et puis ne rien lâcher si ça s'est pas fait une première fois et bien quelques semaines ou quelques mois après on réessaye mais par un autre biais et puis encore un autre biais et puis de toute façon au bout d'un moment voilà tant qu'on ne lâche pas il y a tout.

  • Speaker #1

    tout qui reste possible quoi donc ça c'est ne rien lâcher puis puis ne pas compter ses heures c'est la réalité aussi un peu un milieu il ya l'amour aussi ouais il est encore venu ça tu vois c'est rigolo parce que je fais le paradoxe où on dit que souvent c'est notre bébé mais souvent dans les couples quand il ya un enfant en fait l'amour a tendance à se distendre un petit peu entre le couple des parents nous c'est l'inversé c'est un peu de la même aussi la faire mais ça n'a fait qu'en que agrandir encore parce que les amplifiés amplifié parce que forcément Il y a eu des moments beaux, mais il y a eu des moments compliqués. Il y en a encore, mais c'est se dire, bon, allez, quand il y en a un qui n'a pas le moral, ou l'autre est là, lui remonter, puis ne t'inquiète pas, ça va aller. C'est plein de choses comme ça. Et du coup, ça a amplifié tout ça.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qu'une journée satisfaisante à la ferme ? Ça ressemble à quoi ? Est-ce qu'il y a des jours où vous dites, ah, là, ça a été une bonne journée ? Et si c'est une bonne journée, en quoi vous arrivez à la bonne journée ?

  • Speaker #1

    Je suis sûr qu'on a deux réponses.

  • Speaker #2

    Une bonne journée, c'est quand on a commencé dès le matin avec des difficultés, et beaucoup de choses de programmées qui ne se font pas forcément et qui finalement à la fin de la journée, il y a un coup de fil, il y a un échange, il y a une rencontre, un client plus satisfait qui le fera savoir. Et voilà, on se dit bon, finalement, je me suis peut-être levé pour de bonnes raisons et puis on a rempli notre mission. Et au début, c'est vrai que j'étais comme ça, c'était des journées fois trois que je programmais et puis toujours la déception de se dire, oh là là, je n'ai encore pas fait la moitié de ce que je voulais faire, etc. Et puis finalement, avec le temps, ça s'est... C'est-à-dire que de toute façon, une journée après l'autre, et un objectif après un autre, et puis surtout de temps en temps, quand ça va mal, d'un seul coup, quand on entend qu'il y a un événement qui fait que ça a accéléré sur un projet, sur une demande d'un client qui a été totalement honoré, totalement satisfait, ça fait du bien. C'est ça une belle journée. C'est une journée qui se termine bien, tout simplement.

  • Speaker #1

    voilà parce que de toute façon elle n'a pas forcément bien commencé mais elle se termine bien voilà et toujours en rapport avec les autres ouais c'est ça une satisfaction c'est ça totalement il y a quelque chose qui est extraordinaire sur la ferme c'est que on se lève en général enfin là c'est l'hiver puisque du coup le ciel se lève le soleil se lève plus tard mais C'est en fait le matin, tu arrives et tu es en gros, tu es comme je dis toujours aux stagiaires. La première chose que tu fais quand tu arrives sur la ferme, c'est tu écoutes, tu écoutes. Et là, ils sont surpris parce que c'est du travail, mais tu écoutes. Savoir s'il y a des choses qui te choquent, des cris d'animaux. Et on commence à nourrir les animaux. Et là, jusqu'à 10, 11 heures, c'est une vraie piaillerie. Et après, quand on a fini, on prend notre pause souvent après. Et du coup, on n'entend plus personne. C'est comme les enfants quand ils ont mangé, vous voyez, manger, bu, changer. Tout le monde va bien. Et là, c'est pareil à la ferme, vers 10-11 heures après, tout le monde se calme. Tout le monde est bien. Là, c'est bon.

  • Speaker #0

    Là,

  • Speaker #1

    c'est une satisfaction. Oui, vraiment.

  • Speaker #0

    Vous avez fait ici quelque chose dans votre métier d'agriculteur et d'éleveur.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Vous êtes éleveur, donc c'est un rapport à la bête.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et ça, ça se sent ?

  • Speaker #1

    Oui, vraiment, c'est un lien. Mais je pense qu'il faut le vivre, en fait, pour le... Parce que c'est compliqué, à la fois c'est simple en fait. C'est compliqué dans le sens où il faut déterminer ce que l'animal veut dire, parce qu'on ne parle pas le même langage. Et en même temps, c'est simple, parce que du coup, si tu fais appel au plus profond de toi-même, ce sont les mêmes cris que tu pourrais avoir, mais que tu ne fais plus. Alors qu'un animal va crier juste pour dire « j'ai faim, là je ne suis pas bien, là je me suis fait mal » . Et c'est juste ça. Et quand je dis aux stagiaires « écoute » , c'est ça en fait. C'est faire appel en toi, qu'il y ait quelque chose qui dit « il y a quelque chose qui ne va pas » .

  • Speaker #0

    C'est bien sentir l'environnement,

  • Speaker #1

    se synchroniser à l'environnement,

  • Speaker #0

    changer de son environnement parce qu'en fait on n'a pas les mêmes signaux, on n'a pas les mêmes repères.

  • Speaker #1

    Et là on fait rappel à ça en fait. Je pense qu'on a tous fait l'expérience quelque part où on se dit n'y va pas, n'y va pas. Ça tu fais appel au plus profond de toi. Les animaux c'est pareil en fait, c'est un peu un instinct que nous on a perdu mais qu'on retrouve ici par la différenciation d'animaux qu'on a beaucoup. Les chèvres, les moutons, les cochons, ils ne parlent pas du tout le même langage. Par contre, s'il y a un truc qui se passe sur la ferme, tous vont se comprendre que, hop, il faut s'arrêter parce qu'il y a quelque chose qui va venir. Comme quoi, ils vont plus se comprendre.

  • Speaker #0

    Donc, peut-être pour résumer ce qu'on vient de dire sur qu'est-ce qu'une bonne journée pour vous à la ferme, est-ce que vous avez un moment préféré à la ferme ?

  • Speaker #2

    C'est... C'est... C'est pas forcément le début. C'est quand, déjà, on fait un premier bilan de la journée accomplie où on se dit... Ah ouais quand même j'ai déjà fait tout ça finalement et que bon il y a encore des choses à faire mais ouais c'est un espèce de premier bilan à mi-parcours, voilà je pense.

  • Speaker #1

    Alors moi j'adore c'est ramasser les oeufs et donner à manger aux chiens. C'est voilà, la journée je me dis c'est bien passé et du coup les chiens sont très présents aussi sur la ferme parce qu'ils nous protègent aussi des nuisibles extérieurs, enfin comme on dit. Et du coup c'est un moment en fait où ils sont contents parce qu'ils rentrent dans la maison, ils peuvent manger et... Les œufs, c'est aussi le fruit de notre travail, de nos poules et tout ça. Donc, pour moi, c'est vraiment un bon moment.

  • Speaker #0

    Et quel mot résume le mieux votre vie ici ?

  • Speaker #1

    Moi, j'aime bien.

  • Speaker #2

    Vas-y.

  • Speaker #1

    Oui, la résilience, vraiment. Je pense qu'on correspond vraiment à ça, en fait, entre tous les échecs qu'on a eus dans nos villes, les échecs qu'on a eus sur la terre, mais aussi beaucoup de bonnes choses. Et que du coup, même ce qui nous a rendus parfois plus faibles, nous a permis de nous rendre plus forts et d'aller plus loin, en fait. Donc, comme on dit souvent, seul, tu vas plus vite, ensemble, on va plus loin. Et je crois que c'est un peu notre cas.

  • Speaker #2

    Moi, j'allais dire la continuité, la continuité d'un parcours, la continuité d'une vie, la continuité dans le sens où quand d'autres disaient vous allez arrêter, vous allez lâcher, vous allez... Non, non, on a continu, quoi. Quelque chose de continu qui va dans notre ADN et l'envie de pouvoir aller jusqu'au bout de ce qu'on aura emporté, quoi. La persévérance, ouais, c'est ça, peut-être plus, finalement. La persévérance,

  • Speaker #0

    pas lâcher,

  • Speaker #2

    quoi. Ouais, c'est ça.

  • Speaker #1

    Je pense que je vais dire quelque chose qui va beaucoup parler, je pense, aux agriculteurs. On va voir le lien où je veux venir. C'est que de par ce parcours, moi j'étais habitué d'une famille où il n'y avait rien à transmettre. J'ai très peu de photos de mon enfance. Valentin, tu as des photos ? Des souvenirs comme ça de vacances, moi je n'ai pas du tout. Et du coup, ce projet se fait aussi dans la transmission. Parce que du coup, il y a cette différence d'âge. Et que du coup... C'est un peu le travail de ma vie et de ta vie et que du coup je me dis à un moment donné, mon tour maintenant ça va être de laisser quelque chose et tout ça, ce travail, c'est transmission. Et beaucoup d'agriculteurs sont dans ça, dans la transmission et je pense que ça nous correspond totalement de transmettre notre travail, de transmettre nos idéaux, de transmettre notre idéologie, enfin c'est tout ça quoi.

  • Speaker #0

    Et votre caractère aussi. Il faut persévérer, il faut être résilient et il faut aimer autant la terre, les animaux que les humains.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est totalement ça.

  • Speaker #0

    Et avoir confiance en l'avenir.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est pour être une trilogie en fait.

  • Speaker #0

    Vous recevez beaucoup de monde ici, vous l'avez dit, dans différents milieux, différents secteurs, soit des voisins, soit des citoyens qui viennent quand vous ouvrez la ferme lors de vos marchés. mais aussi des personnes, vous avez dit, du milieu hospitalier, des enfants scolaires ou alors handicapés aussi.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que... Vous avez envie qu'ils se disent en sortant d'ici, s'ils avaient un message à garder, quel serait ce message et qu'est-ce que vous avez envie qu'ils se disent de vous ?

  • Speaker #1

    J'arrive presque là, mais je peux être moi. Je peux être moi.

  • Speaker #2

    Oui, ça me fait rebondir aussi par rapport à... Oui, je peux être moi dans le sens aussi où il y a des stagiaires qui se sont révélés aussi à... L'exemple de certains stagiaires qui se sont révélés à eux-mêmes et qui ont découvert leur envie de vouloir continuer là-dedans. Donc c'est qu'on a peut-être... S'ouvrir aux autres et d'être soi-même. Donc c'est vrai que c'est peut-être aussi ça qu'on a réussi à transmettre à quelques-uns qui... Quand c'est un groupe, c'est peut-être plus difficile à percevoir. Mais quand c'est des individus en particulier, c'est vrai que c'est là où tu te rends compte réellement du cheminement que la personne a pu, en une semaine, découvrir, se découvrir ou se redécouvrir.

  • Speaker #1

    On a eu notre première stagiaire qui était sur la ferme. Ses parents sont venus nous voir un peu en détresse, vraiment, des gens du coin. On ne citera pas son prénom. Mais qui était en échec scolaire, qui était en échec social. qui était en rébellion vers les parents, il y avait quelque chose qui ne lui allait pas, en fait. Et du coup, elle ne voulait pas du tout, du tout faire les marchés, ne pas rencontrer les gens extérieurs, que les animaux. Pourquoi pas, on lui a dit, prends ton temps. Et elle a voulu quand même faire le dernier marché avec les enfants. En fait,

  • Speaker #0

    on revient à ce qu'on disait tout à l'heure, c'est prendre le temps avec les gens. Et vous, vous n'avez pas le temps, en fait, Vous avez quand même une activité qui est bien rythmée, qui est un chef d'entreprise, un chef d'entreprise auquel il y a des contraintes administratives, il y a des contraintes en plus de la faire dans elle-même, cette activité. Mais à côté, vous arrivez et vous avez envie de prendre le temps avec les personnes.

  • Speaker #1

    Alors ça, on le fait en symbiose, c'est vraiment ça. On se laisse la part l'un et l'autre, et on sait à quel moment l'un peut intervenir et l'autre peut intervenir avec le jeune. de sa façon, de notre façon d'être, et ça marchait bien.

  • Speaker #2

    Et je pense que c'est ça aussi qui manque dans mon cursus scolaire, c'est le souhait que j'ai pu ressentir et que je n'ai pas pu, c'est le manque de stage, le manque d'apprentissage sur le terrain, d'être dans une entreprise qui n'accordait pas le temps aux stagiaires où c'était... Et qu'une personne parmi tant d'autres qui pouvait faire du petit travail, ce n'est pas que ça, c'est aussi parfois leur donner un objectif sur le stage en disant à la fin si tu fais ton premier marché, tu auras réussi ta semaine de stage. À la fin, parce qu'il y en a qui étaient très bricoleurs, si tu nous montres que tu as réfléchi à une construction, à un projet, finalement, c'est de percevoir ce qu'on peut apporter aussi parce qu'un stage c'est précieux. Ça peut former aussi un caractère, un métier d'avenir pour un jeune. Donc ouais, je pense que c'est super important.

  • Speaker #1

    On voit, on a fait faire des stagiaires, les parents étaient un peu des fois estomaqués, mais on faisait faire du français, des maths, français, maths, communication.

  • Speaker #2

    En concret, quoi. Oui,

  • Speaker #1

    par exemple, écoute, comme disait Valentin, écoute, on va construire une petite volière. Écoute, tu vas t'en charger. Tu nous fais un plan, tu nous fais, tu dis à peu près à combien ça coûte. Alors, il y avait du français, des maths, tu rédiges et tout. Et tu nous donnes, et à la fin de la semaine, on voit. Et ensemble, si c'est concret que ça peut se faire, ça se fait. et on l'a fait du coup,

  • Speaker #0

    on était content c'est redonner confiance oui totalement c'est peu de choses c'est pas de choses valoriser les initiatives c'est ça et moi je me disais en vous écoutant quand même que ce projet de la ferme c'est bien sûr avec un objectif bien clair produit vendre votre production mais c'est un projet de société parce que c'est transmettre votre métier mais apporter de la confiance aux personnes recevoir prendre le temps et pour qu'il y ait quelque chose qui se passe, que chacun puisse prendre ce qu'il a envie de prendre.

  • Speaker #1

    Tu as tellement bien résumé, c'est qu'on a ça dans notre clientèle. Il y a des clients ici qui ne viennent pas. Ils rentrent dans le magasin et repartent. Il y a ceux qui veulent visiter, ou qui veulent prendre le temps, et qui connaissent déjà l'affaire, mais ils veulent faire leur tour. Peut-être pour se ressourcer, peut-être prendre un peu de temps, se vider l'esprit. Et je dis, il y a le client qui vient, lui, il veut juste ça et il repart. Dans sa tête, il a acheté un produit, il connaît la valeur travail ou tout ce qui peut en être. Et puis, il y a l'autre client qui, lui, veut prendre son temps ici. C'est ça, en fait, à résumer. C'est l'ensemble des deux qui fait que chacun y trouve son temps.

  • Speaker #0

    Société. Ce qui résume votre vie aujourd'hui par rapport à votre parcours. Alors, il y a eu la résilience, la persévérance, mais au-delà de ça.

  • Speaker #1

    Il faut voir qu'il y a toujours une lueur quelque part. Même dans le plus sombre, dans le plus noir, il faut s'accrocher. Il y a toujours une petite lueur au loin et il faut aller vers ça, en fait.

  • Speaker #2

    Oui, ça, et puis se renouveler, pousser toujours le curseur plus loin, mais pas à pas. enfin voilà, c'est... Avoir des projets. Oui, c'est ça, oui, oui. Pouvoir rebondir et pouvoir s'adapter aussi à l'environnement, à l'évolution de la demande dans les contextes difficiles, et puis voilà, enfin, vraiment continuer de se réinventer et d'évoluer.

  • Speaker #0

    Et si vous pouviez changer une chose dans le métier d'agriculteur, ça serait laquelle ? Ok.

  • Speaker #2

    Ce serait, ouais, non mais c'est ce qu'on entend, c'est que d'être mieux compris, d'être mieux écouté, et de pouvoir vivre surtout de ce métier qui est un beau métier, qui est le métier primaire par lequel... l'homme aussi a commencé et qu'on a oublié de pouvoir vivre de ce métier. Ne pas juste survivre comme beaucoup à l'heure actuelle.

  • Speaker #1

    Pour être nous, vous aimons, écoutez-nous.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour cet échange. un témoignage de témoignages sincères et authentiques comme votre ferme merci chers auditeurs nous nous retrouvons la semaine prochaine au temps des témoignages importants et surtout avec le jour de notre aide de son individu merci

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans Je vous raconte des vies. Aujourd'hui, nous avons la chance d'entrer dans l'intimité de Sébastien et Valence. Un couple d'agriculteurs installés à Réunus-Uissé, dans la ferme au bois dormant. Leur ferme est un lieu vivant et ouvert, où chacun peut venir découvrir leur passion pour la terre. Mais aujourd'hui, c'est dans leur espace personnel, leur chez-soi, qu'ils nous accueillent. Un privilège rare pour eux, qui, malgré l'ouverture de la ferme, gardent un espace privé. où ils se ressourcent et vivent leur moment en toute simplicité. Deux vies au départ bien distinctes. Sébastien, enfant de la DAS, comme nous disions autrefois, a vécu en Normandie. Valentin, issu d'une famille paisible de fondettes, que la vie a réunie en 2016. Ensemble, ils ont transformé leur différence en une force et se battent chaque jour pour faire de leur ferme un lieu de résilience, de production, de patience et de partage. Dans cet épisode, ils nous accueillent avec générosité pour nous raconter leurs histoires. Nous verrons que leur parcours est un véritable message d'espoir. Ils montrent que tout est possible, même lorsque la vie nous le met à l'épreuve. Bonjour Sébastien,

  • Speaker #1

    bonjour Valentin. Bonjour.

  • Speaker #0

    Merci de me recevoir ici chez vous.

  • Speaker #1

    Avec plaisir.

  • Speaker #0

    Vous le savez, dans Je vous raconte des vies, on se raconte à partir... d'un projet, d'un événement marquant de notre vie. Qu'est-ce que vous avez envie de dire pour commencer ? Sébastien, Valentin ?

  • Speaker #2

    Sébastien.

  • Speaker #1

    Disons que ce projet de la ferme nous a permis de nous recentrer un peu sur nous-mêmes, le côté le plus profond de nous-mêmes, de pouvoir créer une ferme où on était ouvert vers les autres, de pouvoir, comme tu le disais tout à l'heure, donner aux autres, rendre une partie de nous aux autres. Et voilà,

  • Speaker #2

    non ? Dans l'esprit de nos convictions, du bien manger, du bien vivre ensemble, et puis de l'approche vers le plus jeune public, au plus ancien, pour partager des moments uniques et conviviaux à travers des rencontres et des moments autour des animaux de la ferme.

  • Speaker #1

    C'est ça aussi, surtout, c'est de pouvoir s'ouvrir vers les autres. On était, au tout début, c'était au Covid, dans la période Covid, on nous verrait à cette période. Malgré toutes ces fermetures qui se faisaient partout, nous, au contraire, on se disait, il faut qu'on vienne nous voir, il faut qu'on vienne nous rencontrer, que les gens puissent trouver un petit point de bonheur, en fait, dans cette période qui a été compliquée. Et ça animait tout le temps nos ouvertures à la ferme. À chaque fois, on voulait que les gens viennent, regardent, se posent, pouvoir parler, accepter aussi des gens, des fois, qui n'avaient rien à voir avec l'agriculture.

  • Speaker #0

    Prendre le temps.

  • Speaker #1

    C'est ça, se poser un peu, que ce soit les stagiaires qui sont venus sur la ferme, c'était ça, c'était prendre le temps, enfin ici, on se permet de le faire en tous les cas.

  • Speaker #0

    Et on grandit au sein de la DAS, comment cette expérience a-t-elle influencé ta vision du monde et ton engagement dans la ferme aujourd'hui ?

  • Speaker #1

    Je pense qu'en fait ça m'a forgé pour ce projet qu'on a eu avec Valentin, donc pour faire court, très court. À l'âge de 6 mois, j'étais placé en pouponnière et je n'ai jamais quitté la DAD jusqu'à mes 21 ans en parcours jeune adulte, avec des retours dans la famille et tout ça. Bref, on va faire court. Et en fait, j'ai rencontré plein de gens, des éducateurs, des juges des enfants, des assistantes sociales, des instituteurs. Je suis un peu, moi, je résume souvent comme ça, un enfant de la nation. J'étais élevé par la nation, par des acteurs de la nation. Et je me dis vraiment ça, j'en suis... Comme on dit, je suis content de payer des impôts parce que je sais que ça va aller sur des instituteurs, des éducateurs, que tout ça, ça va nous aider, comme les enfants qui ont à peu près le même parcours. Et de se dire maintenant, moi, mon niveau avec notre projet qu'on a eu avec Valentin, de pouvoir redonner ça. Alors, on a accueilli sur la ferme, du coup, des malades d'Alzheimer. On a accueilli des enfants de la riche. On a accueilli des stagiaires, des fois qui étaient un peu en parcours de route où personne ne voulait les accueillir. Et c'est tout ça, de pouvoir se dire à un moment donné, on peut rendre. Ce que la société a à investir, il faut parler franchement parce que ça coûte cher tout ça, mais voilà, je pense que, pas moi et plein d'autres d'enfants de la DAS comme on disait à l'époque, on peut rendre ça aux autres en fait.

  • Speaker #0

    Très bien. Valentin, qu'est-ce qui t'a poussé à devenir agriculteur alors que ton milieu familial n'était pas directement lié à la terre ?

  • Speaker #2

    Revenir à l'essentiel, l'envie de ne pas travailler toute ma vie derrière un bureau et faire un métier de terrain au contact de la nature et puis continuer mon engagement dans l'animation dans le sens où l'approche avec le... Le jeune public est partagé des moments où on peut transmettre un petit peu de ce qu'on a appris. Et puis voilà, ça commence comme ça. L'institution, l'école fait le premier pas et à nous éventuellement d'apporter un petit complément de connaissances. Les enfants qui découvrent les animaux, on l'a vécu, c'est magique. C'est pas que dans les livres, il y a une réalité. Et puis le bien manger commence au plus jeune âge. Donc si on ne leur montre pas, si on leur explique. pas et si on leur apporte pas le petit plus qu'ils peuvent entendre à cet âge là voilà il y a le parcours à un moment donné sera rompu et puis on ça se dirigera autrement vers d'autres habitudes qui ne sont pas mauvaises mais qui ne peuvent qu'à être amélioré

  • Speaker #1

    à notre niveau quoi on va dire ça comme ça apporter le petit plus qui fera la différence quoi entre découverte et pédagogie ouais c'est ça exactement le paradoxe de notre société tout le monde est hyper connecté tout le monde est hyper fin sur les ordis, les téléphones et tout ça. Ici, tu viens, il n'y a pas de connexion, en fait. Et c'est ce que je dis, en fait, la connexion entre l'homme et la terre n'est pas rompue, vraiment. Entre l'agriculture et les jeunes de maintenant, il n'est pas rompu, il suffit juste de, comme on le fait ici, juste montrer. Et tu sens qu'il y a quelque chose qui fait que, c'est en nous, en fait, en chaque être humain, on a tous peut-être eu des grands-parents, des oncles, dans l'agriculture, et puis l'homme est un homme cueilleur, à la base. Donc, on a ça en nous. Et des fois, il faut juste un petit levier. Et là, on sent que les gens repartent, les jeunes repartent. Et ils sont connectés justement à la ferme. Enfin, plus que tout.

  • Speaker #0

    Et justement, par rapport à vos personnalités, comment celles-ci et vos expériences se complètent dans la gestion de la ferme ?

  • Speaker #2

    L'approche plus calme, plus posée, plus réfléchie de Sébastien, qui contrairement à... Moi, à 1000 idées qui fourmillent régulièrement. Le fait de pouvoir s'écouter, de pouvoir se comprendre, puisqu'on évolue ensemble dans la même passion, la même dynamique. Mais d'avoir quelque chose qui fasse que les idées se rencontrent souvent et qu'elles évoluent ensemble. Finalement, c'est ça aussi. Et puis...

  • Speaker #1

    L'expérience, oui, fait que du coup, de par un parcours, qui est chacun de l'autre, Manta a été plus dans un parcours où... où les choses se déroulaient telles qu'elles étaient, moi on m'a appris un petit peu à me battre et tout ça. Par contre, il y a un moment donné où tu vois où se battre pour se battre, c'est pas... ça va, tu vas dans le mur, que parfois bah vaut mieux y aller petit à petit et puis t'y arrives enfin, t'y arrives. À force de dialogue, voilà. Et Valentin a sa jeunesse pour lui et du coup effectivement, il veut y aller et tout ça. Ça se passe pas toujours comme ça. Alors...

  • Speaker #2

    Complémentaire. Oui, complètement.

  • Speaker #0

    Entre la sagesse et la passion, entre la sagesse et un peu le fait d'oser.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    De pousser les portes un peu plus vite que prévu.

  • Speaker #2

    Et puis de se tourner vers l'avenir, vers des projets d'avenir, autour aussi des énergies renouvelables par rapport aux projets qu'on est en train de mener. Parce qu'on ne veut pas s'arrêter à ce qu'on fait aujourd'hui, c'est se projeter vers l'avenir en disant, avec les rencontres, comme on disait, ne pas briser ce lien entre la rencontre du jeune public sur l'agriculture et sur les énergies vertes, et apporter notre petite pierre justement par nos moyens. Et puis voilà, vraiment continuer dans la même dynamique qu'on a toujours été.

  • Speaker #1

    C'est ça, et comme tu dis, c'est ça qui est tellement beau. Nous, on le vit au quotidien, c'est ce côté agriculture qu'on vit au quotidien. Dès le premier temps, parce qu'ici il n'y a pas du tout de mécanisation sur la ferme, et en même temps on est sur l'avenir, sur de l'énergie renouvelable et tout ça qui est en train de se faire en projet, tu te dis mais c'est beau en fait, c'est deux mondes où on ne peut pas les opposer en fait, c'est ensemble. Il y a le futur et le passé, mais les deux en fait font qu'un, ça fait une symbiose en fait, une synergie entre les...

  • Speaker #2

    Pour résumer, on parle de la centrale agri-photovoltaïque. C'est un beau projet d'avenir qui est en train de se mener et de se construire sur INU, c'est en tous les cas.

  • Speaker #0

    C'est un bel engagement qui permet d'allier les deux, de penser à l'avenir, préserver votre ferme, le modèle économique, et en même temps avec des énergies renouvelables qui sont... En pleine expansion, nécessaire pour sauvegarder aussi notre souveraineté énergétique.

  • Speaker #1

    C'est ça, et tellement, ça correspond, tu vois, en ce moment, la société, en fait, elle est un peu, comment dire, pas délépinée, mais mise les uns contre les autres. Et en fait, à travers la ferme, en tant que ferme, le passé, le futur, tu vois, et ça va ensemble et on construit vers l'avenir, tu vois. Et c'est ça, et ça, c'est un des messages, vraiment, si ça pouvait donner, comme on disait, aux autres l'envie d'eux, prenez le temps, faites-le, osez, il n'y a pas de soucis.

  • Speaker #2

    Il y a des rencontres qui permettent d'aller parfois aussi plus vite, justement, on en est le bon exemple autour de la table, du coup, c'est qu'il y a eu des rencontres au sein de Portes Ouvertes qui ont permis d'accélérer, d'ouvrir des portes et de pouvoir échanger sur ces projets-là, de pouvoir se faire conseiller aussi avec la Chambre d'Agriculture, de ne pas monter des projets tout seul, de ne pas être isolé, et voilà.

  • Speaker #0

    qui est accompagné,

  • Speaker #1

    c'est important aussi. C'est ça. Écouter les autres, leur expérience, leur point de vue, qui n'est pas forcément le nôtre, mais qui va alimenter le tien, du coup. Et puis, de rencontrer des gens inattendus. Des gens, on a eu la chance, et on a la chance de pouvoir rencontrer, des fois, sur des moments incontus, des gens aussi. C'est des belles rencontres, c'est des rencontres inopportunes, des fois. C'est vraiment...

  • Speaker #2

    Et l'importance de... de se diversifier aussi toujours plus puisque nous on évolue depuis toutes ces années sur la crise de la grippe aviaire qui revient régulièrement, qui fragilise les modèles des petites fermes parce qu'elles ont leurs propres moyens pour réagir et pour agir dans le lien de biosécurité qui est demandé par les normes françaises et qui sont indispensables mais en même temps il faut aussi se dire que du coup on ne peut pas vivre que de ça, difficilement du métier d'agriculteur et que... Et que justement toutes ces symbioses d'énergie font que le projet devient viable sur le long terme et dans le respect des engagements de chacun.

  • Speaker #0

    Il a vous exprimé un petit peu les réalités. Quelles sont les plus grandes difficultés que vous voyez, que vous avez à surmonter au quotidien dans votre ferme ?

  • Speaker #1

    Les normes, les normes. Vraiment, c'est de l'actualité, c'est ce qui va en ce moment. Mais les normes, l'incompréhension parfois entre toutes les administrations. entre le gros et le petit. Il y a des choses qui sont possibles sur des grosses structures et la loi est la même pour tout le monde et du coup c'est beaucoup moins réalisable pour des petites structures comme les nôtres. Et c'est deux mondes qui s'entrechoquent où on essaie de faire comprendre qu'on fait comme on peut et au mieux du peu alors que le gros du gros, lui, va pouvoir tout de suite installer un gros ventilateur avec des gros moyens et tout ça. Voilà, alors du coup il y a des gens qu'on a rencontrés comme ça qui nous ont permis de se dire bon, effectivement, ça chamboule un peu en ce moment les idées. Et enfin, il y a... Beaucoup de petits agriculteurs qui s'installent et que ça remet en cause un petit peu tous les gros en fait parce que les formations sont pas les mêmes, enfin les attentes sont pas les mêmes.

  • Speaker #2

    Et puis là la réalité d'accès aux fonciers, aux grosses structures font que les banques sont de plus en plus réticentes à accorder leur confiance aux néo ruraux comme nous. Voilà il faut soit être issu du milieu agricole, soit avoir une certaine aisance que nous n'avions pas au début donc on a fait nos propres choix. Et puis dans tout ça aussi, c'est l'acceptation de l'intégration dans des paysages de campagne, justement où Réunion-UCC c'est plutôt très campagne, mais qu'il n'est pas toujours facile de s'intégrer aussi au sein d'une commune, justement en disant que nous ce qu'on souhaite simplement, c'est apporter notre petite pierre à l'édifice dans le milieu agricole. Donc voilà, c'est tout ça aussi qui fait qu'au début, au démarrage, il faut du temps, il faut des rencontres, de la patience comme on disait. Et puis... Puis expliquer, discuter, échanger. Et du coup,

  • Speaker #0

    tout ça, c'est plus long que des grosses exploitations,

  • Speaker #2

    c'est ça ?

  • Speaker #0

    Il faut montrer pas de blanche.

  • Speaker #1

    On va te raconter des anecdotes, mais au tout début, il faut savoir qu'au tout début, il y a maintenant 5 ans en arrière, on nous voyait, puis c'était un peu l'époque où les gens voulaient un peu changer de métier, revenir aux primaires, aux côtés agriculteurs, de l'agriculture, et ça prenait un sens. Et nous, on était plus dans le côté, effectivement, de créer quelque chose. Mais on avait sécurisé un petit peu la chose en gardant nos travails. Et du coup, c'est auprès des collègues agriculteurs où il a fallu montrer pas de blanc.

  • Speaker #0

    D'accord. Entre vous ?

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça. C'est parce que du coup, nous, on voulait une ferme où on travaillait qu'avec des agriculteurs du coin. Et du coup, ces agriculteurs-là nous voyaient d'un côté les deux garçons, déjà. Deux garçons de différents âges. Alors, on a eu le droit...

  • Speaker #2

    Allons, on est en hausse.

  • Speaker #1

    Je sais pas comment... Après, il faut accepter, ça a été accepté. C'est aussi le travail, montrer qu'on était comme eux. On en bavait, on en travaillait beaucoup, beaucoup, beaucoup. Et puis, au bout d'un temps, je ne sais pas pourquoi, il y a eu un déclic de la part de beaucoup de collègues agriculteurs. où ils nous ont considérés vraiment comme des collègues. C'était vraiment ça. Et là, tu dis... C'est gagné. C'est des petits mots, mais c'est des petites choses. Et là, tu dis...

  • Speaker #0

    Et c'est pas aussi parce que cette ferme, la ferme au bois dormant, par rapport à vos histoires, par rapport à vos personnalités, à vos projets, incarne des valeurs fortes quand même.

  • Speaker #1

    Totalement.

  • Speaker #2

    Oui, totalement.

  • Speaker #1

    C'est sûr. nombre de personnes qui sont venues sur la ferme, même des agriculteurs qui disaient « Je reviens, je revois la ferme de mes grands-parents » ou des enfants « Mes parents travaillaient comme ça » et là tu te dis « En fait, on n'était pas dans le faux »

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que la ferme vous a appris sur vous-même ? Qu'est-ce qu'elle a changé comme vision du monde ?

  • Speaker #2

    Il y a des défis énormes qui nous attendent dans les années à venir Remettre du lien, c'est ce qu'on dit souvent et on l'entend beaucoup, entre ce qu'on a dans notre assiette et puis la réalité d'un métier peu compris, pas toujours entendu. Enfin voilà, vous me disiez que l'acceptation et la tolérance n'est pas toujours si facile, mais c'est déjà ça, c'est un gros défi ça déjà, de réexpliquer ce que c'est que manger. On peut avoir beaucoup de loisirs mais il est important aussi de bien se nourrir. Donc ouais c'est ces défis là et puis ce qui est bien c'est de pouvoir les mener en s'entourant d'autres agriculteurs et d'autres personnes fortes de conviction comme nous. Et puis voilà c'est de pouvoir aussi à notre niveau rentrer justement par la loi EGalim aussi dans les écoles, dans les institutions en expliquant aussi la réalité de nos métiers, qu'on ne peut pas vendre nos produits comme un industriel et tout. puis voilà d'échanger, échanger et encore échanger pour essayer de trouver un compromis sur... voilà. sur le bien manger toujours.

  • Speaker #1

    Je pense que ça a pris aussi tout le côté de par nos cursus parce que du coup quand même tu travaillais dans la restauration donc tu savais ce que c'est que travailler dur mais pour les autres moi je savais ce que c'était aussi de trimer, de vouloir y arriver donc et tout ça ça nous a pris ça comme on le disait en tout début il a fallu de la patience, il a fallu des fois jouer des coudes, il a fallu parler, beaucoup parler et puis inspirer les gens. Merci. se mettre en polaire. C'est arrivé parfois, se mettre en polaire. Alors toujours avec du respect, parce que c'est important le respect. Mais c'est tout ça, et ça nous a appris le lien. Je pense que moi je le connaissais de par mon parcours, mais il est encore beaucoup plus fort à la ferme. Comme je disais tout à l'heure, on a rencontré des gens d'une beauté magnifique, je parle de beauté intérieure, où ils se livrent ici, parce que peut-être que le cadre aussi prêtre aussi, mais c'est tout ça, la passion. le travail.

  • Speaker #2

    Et puis ne rien lâcher si ça s'est pas fait une première fois et bien quelques semaines ou quelques mois après on réessaye mais par un autre biais et puis encore un autre biais et puis de toute façon au bout d'un moment voilà tant qu'on ne lâche pas il y a tout.

  • Speaker #1

    tout qui reste possible quoi donc ça c'est ne rien lâcher puis puis ne pas compter ses heures c'est la réalité aussi un peu un milieu il ya l'amour aussi ouais il est encore venu ça tu vois c'est rigolo parce que je fais le paradoxe où on dit que souvent c'est notre bébé mais souvent dans les couples quand il ya un enfant en fait l'amour a tendance à se distendre un petit peu entre le couple des parents nous c'est l'inversé c'est un peu de la même aussi la faire mais ça n'a fait qu'en que agrandir encore parce que les amplifiés amplifié parce que forcément Il y a eu des moments beaux, mais il y a eu des moments compliqués. Il y en a encore, mais c'est se dire, bon, allez, quand il y en a un qui n'a pas le moral, ou l'autre est là, lui remonter, puis ne t'inquiète pas, ça va aller. C'est plein de choses comme ça. Et du coup, ça a amplifié tout ça.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce qu'une journée satisfaisante à la ferme ? Ça ressemble à quoi ? Est-ce qu'il y a des jours où vous dites, ah, là, ça a été une bonne journée ? Et si c'est une bonne journée, en quoi vous arrivez à la bonne journée ?

  • Speaker #1

    Je suis sûr qu'on a deux réponses.

  • Speaker #2

    Une bonne journée, c'est quand on a commencé dès le matin avec des difficultés, et beaucoup de choses de programmées qui ne se font pas forcément et qui finalement à la fin de la journée, il y a un coup de fil, il y a un échange, il y a une rencontre, un client plus satisfait qui le fera savoir. Et voilà, on se dit bon, finalement, je me suis peut-être levé pour de bonnes raisons et puis on a rempli notre mission. Et au début, c'est vrai que j'étais comme ça, c'était des journées fois trois que je programmais et puis toujours la déception de se dire, oh là là, je n'ai encore pas fait la moitié de ce que je voulais faire, etc. Et puis finalement, avec le temps, ça s'est... C'est-à-dire que de toute façon, une journée après l'autre, et un objectif après un autre, et puis surtout de temps en temps, quand ça va mal, d'un seul coup, quand on entend qu'il y a un événement qui fait que ça a accéléré sur un projet, sur une demande d'un client qui a été totalement honoré, totalement satisfait, ça fait du bien. C'est ça une belle journée. C'est une journée qui se termine bien, tout simplement.

  • Speaker #1

    voilà parce que de toute façon elle n'a pas forcément bien commencé mais elle se termine bien voilà et toujours en rapport avec les autres ouais c'est ça une satisfaction c'est ça totalement il y a quelque chose qui est extraordinaire sur la ferme c'est que on se lève en général enfin là c'est l'hiver puisque du coup le ciel se lève le soleil se lève plus tard mais C'est en fait le matin, tu arrives et tu es en gros, tu es comme je dis toujours aux stagiaires. La première chose que tu fais quand tu arrives sur la ferme, c'est tu écoutes, tu écoutes. Et là, ils sont surpris parce que c'est du travail, mais tu écoutes. Savoir s'il y a des choses qui te choquent, des cris d'animaux. Et on commence à nourrir les animaux. Et là, jusqu'à 10, 11 heures, c'est une vraie piaillerie. Et après, quand on a fini, on prend notre pause souvent après. Et du coup, on n'entend plus personne. C'est comme les enfants quand ils ont mangé, vous voyez, manger, bu, changer. Tout le monde va bien. Et là, c'est pareil à la ferme, vers 10-11 heures après, tout le monde se calme. Tout le monde est bien. Là, c'est bon.

  • Speaker #0

    Là,

  • Speaker #1

    c'est une satisfaction. Oui, vraiment.

  • Speaker #0

    Vous avez fait ici quelque chose dans votre métier d'agriculteur et d'éleveur.

  • Speaker #2

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #0

    Vous êtes éleveur, donc c'est un rapport à la bête.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et ça, ça se sent ?

  • Speaker #1

    Oui, vraiment, c'est un lien. Mais je pense qu'il faut le vivre, en fait, pour le... Parce que c'est compliqué, à la fois c'est simple en fait. C'est compliqué dans le sens où il faut déterminer ce que l'animal veut dire, parce qu'on ne parle pas le même langage. Et en même temps, c'est simple, parce que du coup, si tu fais appel au plus profond de toi-même, ce sont les mêmes cris que tu pourrais avoir, mais que tu ne fais plus. Alors qu'un animal va crier juste pour dire « j'ai faim, là je ne suis pas bien, là je me suis fait mal » . Et c'est juste ça. Et quand je dis aux stagiaires « écoute » , c'est ça en fait. C'est faire appel en toi, qu'il y ait quelque chose qui dit « il y a quelque chose qui ne va pas » .

  • Speaker #0

    C'est bien sentir l'environnement,

  • Speaker #1

    se synchroniser à l'environnement,

  • Speaker #0

    changer de son environnement parce qu'en fait on n'a pas les mêmes signaux, on n'a pas les mêmes repères.

  • Speaker #1

    Et là on fait rappel à ça en fait. Je pense qu'on a tous fait l'expérience quelque part où on se dit n'y va pas, n'y va pas. Ça tu fais appel au plus profond de toi. Les animaux c'est pareil en fait, c'est un peu un instinct que nous on a perdu mais qu'on retrouve ici par la différenciation d'animaux qu'on a beaucoup. Les chèvres, les moutons, les cochons, ils ne parlent pas du tout le même langage. Par contre, s'il y a un truc qui se passe sur la ferme, tous vont se comprendre que, hop, il faut s'arrêter parce qu'il y a quelque chose qui va venir. Comme quoi, ils vont plus se comprendre.

  • Speaker #0

    Donc, peut-être pour résumer ce qu'on vient de dire sur qu'est-ce qu'une bonne journée pour vous à la ferme, est-ce que vous avez un moment préféré à la ferme ?

  • Speaker #2

    C'est... C'est... C'est pas forcément le début. C'est quand, déjà, on fait un premier bilan de la journée accomplie où on se dit... Ah ouais quand même j'ai déjà fait tout ça finalement et que bon il y a encore des choses à faire mais ouais c'est un espèce de premier bilan à mi-parcours, voilà je pense.

  • Speaker #1

    Alors moi j'adore c'est ramasser les oeufs et donner à manger aux chiens. C'est voilà, la journée je me dis c'est bien passé et du coup les chiens sont très présents aussi sur la ferme parce qu'ils nous protègent aussi des nuisibles extérieurs, enfin comme on dit. Et du coup c'est un moment en fait où ils sont contents parce qu'ils rentrent dans la maison, ils peuvent manger et... Les œufs, c'est aussi le fruit de notre travail, de nos poules et tout ça. Donc, pour moi, c'est vraiment un bon moment.

  • Speaker #0

    Et quel mot résume le mieux votre vie ici ?

  • Speaker #1

    Moi, j'aime bien.

  • Speaker #2

    Vas-y.

  • Speaker #1

    Oui, la résilience, vraiment. Je pense qu'on correspond vraiment à ça, en fait, entre tous les échecs qu'on a eus dans nos villes, les échecs qu'on a eus sur la terre, mais aussi beaucoup de bonnes choses. Et que du coup, même ce qui nous a rendus parfois plus faibles, nous a permis de nous rendre plus forts et d'aller plus loin, en fait. Donc, comme on dit souvent, seul, tu vas plus vite, ensemble, on va plus loin. Et je crois que c'est un peu notre cas.

  • Speaker #2

    Moi, j'allais dire la continuité, la continuité d'un parcours, la continuité d'une vie, la continuité dans le sens où quand d'autres disaient vous allez arrêter, vous allez lâcher, vous allez... Non, non, on a continu, quoi. Quelque chose de continu qui va dans notre ADN et l'envie de pouvoir aller jusqu'au bout de ce qu'on aura emporté, quoi. La persévérance, ouais, c'est ça, peut-être plus, finalement. La persévérance,

  • Speaker #0

    pas lâcher,

  • Speaker #2

    quoi. Ouais, c'est ça.

  • Speaker #1

    Je pense que je vais dire quelque chose qui va beaucoup parler, je pense, aux agriculteurs. On va voir le lien où je veux venir. C'est que de par ce parcours, moi j'étais habitué d'une famille où il n'y avait rien à transmettre. J'ai très peu de photos de mon enfance. Valentin, tu as des photos ? Des souvenirs comme ça de vacances, moi je n'ai pas du tout. Et du coup, ce projet se fait aussi dans la transmission. Parce que du coup, il y a cette différence d'âge. Et que du coup... C'est un peu le travail de ma vie et de ta vie et que du coup je me dis à un moment donné, mon tour maintenant ça va être de laisser quelque chose et tout ça, ce travail, c'est transmission. Et beaucoup d'agriculteurs sont dans ça, dans la transmission et je pense que ça nous correspond totalement de transmettre notre travail, de transmettre nos idéaux, de transmettre notre idéologie, enfin c'est tout ça quoi.

  • Speaker #0

    Et votre caractère aussi. Il faut persévérer, il faut être résilient et il faut aimer autant la terre, les animaux que les humains.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est totalement ça.

  • Speaker #0

    Et avoir confiance en l'avenir.

  • Speaker #1

    C'est ça, c'est pour être une trilogie en fait.

  • Speaker #0

    Vous recevez beaucoup de monde ici, vous l'avez dit, dans différents milieux, différents secteurs, soit des voisins, soit des citoyens qui viennent quand vous ouvrez la ferme lors de vos marchés. mais aussi des personnes, vous avez dit, du milieu hospitalier, des enfants scolaires ou alors handicapés aussi.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Et qu'est-ce que... Vous avez envie qu'ils se disent en sortant d'ici, s'ils avaient un message à garder, quel serait ce message et qu'est-ce que vous avez envie qu'ils se disent de vous ?

  • Speaker #1

    J'arrive presque là, mais je peux être moi. Je peux être moi.

  • Speaker #2

    Oui, ça me fait rebondir aussi par rapport à... Oui, je peux être moi dans le sens aussi où il y a des stagiaires qui se sont révélés aussi à... L'exemple de certains stagiaires qui se sont révélés à eux-mêmes et qui ont découvert leur envie de vouloir continuer là-dedans. Donc c'est qu'on a peut-être... S'ouvrir aux autres et d'être soi-même. Donc c'est vrai que c'est peut-être aussi ça qu'on a réussi à transmettre à quelques-uns qui... Quand c'est un groupe, c'est peut-être plus difficile à percevoir. Mais quand c'est des individus en particulier, c'est vrai que c'est là où tu te rends compte réellement du cheminement que la personne a pu, en une semaine, découvrir, se découvrir ou se redécouvrir.

  • Speaker #1

    On a eu notre première stagiaire qui était sur la ferme. Ses parents sont venus nous voir un peu en détresse, vraiment, des gens du coin. On ne citera pas son prénom. Mais qui était en échec scolaire, qui était en échec social. qui était en rébellion vers les parents, il y avait quelque chose qui ne lui allait pas, en fait. Et du coup, elle ne voulait pas du tout, du tout faire les marchés, ne pas rencontrer les gens extérieurs, que les animaux. Pourquoi pas, on lui a dit, prends ton temps. Et elle a voulu quand même faire le dernier marché avec les enfants. En fait,

  • Speaker #0

    on revient à ce qu'on disait tout à l'heure, c'est prendre le temps avec les gens. Et vous, vous n'avez pas le temps, en fait, Vous avez quand même une activité qui est bien rythmée, qui est un chef d'entreprise, un chef d'entreprise auquel il y a des contraintes administratives, il y a des contraintes en plus de la faire dans elle-même, cette activité. Mais à côté, vous arrivez et vous avez envie de prendre le temps avec les personnes.

  • Speaker #1

    Alors ça, on le fait en symbiose, c'est vraiment ça. On se laisse la part l'un et l'autre, et on sait à quel moment l'un peut intervenir et l'autre peut intervenir avec le jeune. de sa façon, de notre façon d'être, et ça marchait bien.

  • Speaker #2

    Et je pense que c'est ça aussi qui manque dans mon cursus scolaire, c'est le souhait que j'ai pu ressentir et que je n'ai pas pu, c'est le manque de stage, le manque d'apprentissage sur le terrain, d'être dans une entreprise qui n'accordait pas le temps aux stagiaires où c'était... Et qu'une personne parmi tant d'autres qui pouvait faire du petit travail, ce n'est pas que ça, c'est aussi parfois leur donner un objectif sur le stage en disant à la fin si tu fais ton premier marché, tu auras réussi ta semaine de stage. À la fin, parce qu'il y en a qui étaient très bricoleurs, si tu nous montres que tu as réfléchi à une construction, à un projet, finalement, c'est de percevoir ce qu'on peut apporter aussi parce qu'un stage c'est précieux. Ça peut former aussi un caractère, un métier d'avenir pour un jeune. Donc ouais, je pense que c'est super important.

  • Speaker #1

    On voit, on a fait faire des stagiaires, les parents étaient un peu des fois estomaqués, mais on faisait faire du français, des maths, français, maths, communication.

  • Speaker #2

    En concret, quoi. Oui,

  • Speaker #1

    par exemple, écoute, comme disait Valentin, écoute, on va construire une petite volière. Écoute, tu vas t'en charger. Tu nous fais un plan, tu nous fais, tu dis à peu près à combien ça coûte. Alors, il y avait du français, des maths, tu rédiges et tout. Et tu nous donnes, et à la fin de la semaine, on voit. Et ensemble, si c'est concret que ça peut se faire, ça se fait. et on l'a fait du coup,

  • Speaker #0

    on était content c'est redonner confiance oui totalement c'est peu de choses c'est pas de choses valoriser les initiatives c'est ça et moi je me disais en vous écoutant quand même que ce projet de la ferme c'est bien sûr avec un objectif bien clair produit vendre votre production mais c'est un projet de société parce que c'est transmettre votre métier mais apporter de la confiance aux personnes recevoir prendre le temps et pour qu'il y ait quelque chose qui se passe, que chacun puisse prendre ce qu'il a envie de prendre.

  • Speaker #1

    Tu as tellement bien résumé, c'est qu'on a ça dans notre clientèle. Il y a des clients ici qui ne viennent pas. Ils rentrent dans le magasin et repartent. Il y a ceux qui veulent visiter, ou qui veulent prendre le temps, et qui connaissent déjà l'affaire, mais ils veulent faire leur tour. Peut-être pour se ressourcer, peut-être prendre un peu de temps, se vider l'esprit. Et je dis, il y a le client qui vient, lui, il veut juste ça et il repart. Dans sa tête, il a acheté un produit, il connaît la valeur travail ou tout ce qui peut en être. Et puis, il y a l'autre client qui, lui, veut prendre son temps ici. C'est ça, en fait, à résumer. C'est l'ensemble des deux qui fait que chacun y trouve son temps.

  • Speaker #0

    Société. Ce qui résume votre vie aujourd'hui par rapport à votre parcours. Alors, il y a eu la résilience, la persévérance, mais au-delà de ça.

  • Speaker #1

    Il faut voir qu'il y a toujours une lueur quelque part. Même dans le plus sombre, dans le plus noir, il faut s'accrocher. Il y a toujours une petite lueur au loin et il faut aller vers ça, en fait.

  • Speaker #2

    Oui, ça, et puis se renouveler, pousser toujours le curseur plus loin, mais pas à pas. enfin voilà, c'est... Avoir des projets. Oui, c'est ça, oui, oui. Pouvoir rebondir et pouvoir s'adapter aussi à l'environnement, à l'évolution de la demande dans les contextes difficiles, et puis voilà, enfin, vraiment continuer de se réinventer et d'évoluer.

  • Speaker #0

    Et si vous pouviez changer une chose dans le métier d'agriculteur, ça serait laquelle ? Ok.

  • Speaker #2

    Ce serait, ouais, non mais c'est ce qu'on entend, c'est que d'être mieux compris, d'être mieux écouté, et de pouvoir vivre surtout de ce métier qui est un beau métier, qui est le métier primaire par lequel... l'homme aussi a commencé et qu'on a oublié de pouvoir vivre de ce métier. Ne pas juste survivre comme beaucoup à l'heure actuelle.

  • Speaker #1

    Pour être nous, vous aimons, écoutez-nous.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup pour cet échange. un témoignage de témoignages sincères et authentiques comme votre ferme merci chers auditeurs nous nous retrouvons la semaine prochaine au temps des témoignages importants et surtout avec le jour de notre aide de son individu merci

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