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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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Quand tout remonte à la surface. Le scandale n'est pas de dire la vérité, c'est de ne pas la dire tout entière, d'y introduire un mensonge par omission qui la laisse intacte au dehors, mais lui ronge ainsi qu'un cancer le cœur et les entrailles. Le scandale n'est pas de dire la vérité, c'est de ne pas la dire tout entière, d'y introduire un mensonge par omission qui la laisse intacte au dehors, mais lui ronge ainsi qu'un cancer le cœur et les entrailles. Impossible de dormir dans mon lit. Petite nuit sur mon canapé. Je me réveille à 7h. Ouvre les yeux et c'est la première chose à laquelle je pense. Nous sommes le 24 décembre et ce soir nous allons fêter le premier réveillon de Noël en famille. Mais mes enfants, l'homme que j'aime, ne seront pas là. Yanis est chez son papa. Cléa est morte. Malo sera je ne sais où, mais pas avec moi, c'est certain. Cet homme, je l'aime. Il a beau avoir des défauts, des travers qui me rendent complètement folle, qui m'agacent au plus haut point, mais je l'aime de tout mon être Et je sais, je suis certaine que nous pouvons être heureux. Il suffit juste que l'un et l'autre nous lâchions prise, et surtout... travailler là-dessus. Que nous prenions en compte nos blessures, nos fêlures, et que nous faisions de tout cela une force. Que nous ne nous servions pas de cela pour se faire du mal, juste en prendre conscience et vivre. Il m'aime n'arrive pas à se détacher et ma non-confiance perpétuelle face à lui, aux hommes, le bouffe. Mes scénariis le fatiguent. J'avoue que mes réactions sont complètement irrationnelles. Je me bats tous les jours contre mes vieux démons, pose le doigt dessus, analyse, met en place des outils pour composer avec ces émotions. Mais c'est incontrôlable. Malo n'est pas cet homme qui m'a fait du mal, qui a détruit cette petite fille que j'étais, cette femme en devenir. Mais je pense sincèrement, si un jour j'arriverai à me dire : C'est bon Je suis face à un homme adorable et bienveillant qui me veut du bien. En cet instant, je crois que je pourrais avoir l'homme le plus gentil à mes côtés, Je serai toujours aussi torturée et persuadée qu'on me détruira à nouveau. Quel boulet ! Bref, je ne le rassure pas avec mes envolées et il ne me rassure pas face à son indécision perpétuelle, ses tergiversations chroniques, ses actes. et sa barrière émotionnelle. Parfois, j'ai envie de lui dire, j'ai vraiment envie de lui dire, si tu savais, si tu savais ce que j'ai fait quelques semaines avant le décès de Cléa, si tu savais comme je me vois comme un monstre, comme ça me bouffe de l'intérieur, comme j'ai envie de tout te dire, et en même temps, de ne rien lâcher, surtout de ne pas lâcher ce pavé dans la mare. Parce que si je prononce à haute voix cet événement, la réalité reviendra de plein fouet et je ne sais pas si j'arriverai à faire face. J'ai peur, j'ai peur de te perdre définitivement si je te lâche mon secret. Ce jour-là, je me suis fait le serment que je n'en parlerai à personne, personne, que ça restera entre moi et cette petite âme. Eh bien oui, oui oui, je me souviens de ces deux fameux jours. Le premier, où j'ai compris que j'étais enceinte. À regarder ce test de grossesse en pleurant, en hurlant, à me dire mais purée, je suis un bois mort. Je me nourris essentiellement de café et de clopes, et je suis enceinte ? Mais comment c'est possible ? Puis j'ai pensé à Cléa. Comment je peux porter la vie ? Alors que ma fille va mourir. Culpabilité. C'est fou comme à ce moment-là, j'ai fait comme si ce n'était pas réel. Je me suis dit que j'avais un peu de temps pour prendre une décision et que surtout, je n'en parlerai pas. Puis quelques semaines sont passées. Ce deuxième jour, je me revois à Grenoble, dans la maison des parents. Cléa avait encore fait des grosses crises d'épilepsie et elle était en surveillance en IHO. Je me revois au réveil, avec un mal de ventre. Je revois ce saignement, rester un bon moment sous une douche brûlante, à réfléchir, réfléchir à une solution. Je me revois débarquer en IHO et demander à Solènne si c'était possible de téléphoner aux urgences gynéco pour savoir si je pouvais descendre. Mais je ne lui ai pas dit la vraie raison. Juste que j'avais des douleurs au sein droit. et que j'avais un kyste qui me faisait vraiment mal depuis que j'avais perdu beaucoup de poids. Je me revois sur cette chaise à attendre. Attendre en me disant, bon, ok, univers, tu as réglé le problème, mais là, c'est violent. Ça fait mal. Et en même temps, merci, parce que je suis soulagée. A faire un pacte avec je ne sais qui. Ok, ok, ok, tu as pris cette petite âme. Alors laisse-moi Cléa s'il te plaît, laisse-la moi. J'étais en plein marchandage. Il doit y avoir des raisons pour tout cela. Je ne comprends pas encore, mais s'il te plaît, guide-moi. Parce que là, je vais sombrer. Je vais sombrer, je vais crever sur place. Il y avait moi, mais il y avait Cléa. Et je culpabilisais d'être assise là, à perdre du temps. A ne pas être auprès d'elle là-haut. Je revoyais son regard quand je lui ai juste dit que j'avais besoin de faire un contrôle pour mon kyste et que j'en profitais d'être à l'hôpital pour le faire. Je me souviens de ce scan intégral qu'elle m'a lancé. Je savais qu'elle savait, qu'elle ressentait beaucoup de choses et que sa mère était une belle menteuse. Je me revois rentrer dans cette salle, échanger avec le gynécologue, puis... entendre son téléphone sonner. Il y a une urgence, je reviens. Je me vois réaliser ce que je vivais n'était pas du tout une urgence, juste une fausse couche, et qu'il y avait beaucoup plus grave. Je me vois me lever, partir de cette salle presque en courant comme une voleuse, et trou noir, trou noir et dissociation. Je me revois Tel un robot reprendre le cours de notre parcours, me jurer que je garderai tout cela bien enfermé à double tour, pleurer dans ses couloirs, aller fumer une cigarette, besoin de me vider avant de retrouver Cléa, et je respire. Je serre les dents, me colle un sourire sur le visage, et continue cette journée comme si tout cela n'avait jamais eu lieu. Voilà ! ce que j'ai envie de lui dire à certains moments. Mais je garde tout, contrôle, m'enfonce, culpabilise, me déteste, le déteste, déteste la vie pour tous ces événements qui se sont enchaînés. Et en même temps, la remercie de ces prises de conscience soudaines. Alors je me tais, je me tais et fais le choix de continuer ce petit bonhomme de chemin, bon gré, mal gré, avec et sans lui. Cléa est là, dans l'invisible, partout, tout le temps, dans le moindre geste du quotidien. Mais j'aimerais tellement la voir contre moi, la toucher, la sentir, la câliner, lui parler, l'entendre rire, pleurer, crier, la voir danser, se préparer pour ce réveillon en enfilant sa belle tenue, se maquillant , la regarder passer des heures à se coiffer, la voir vivante quoi. Et ce soir, aujourd'hui, c'est difficile, violent, parce que c'est un rêve, un souhait, une illusion qui serait mon idéal. Valou ce matin, sur notre groupe, me disait des choses pleines d'amour et de bienveillance. Son dernier message était Sache ma chère Mae, que tout ce que je fais ces jours-ci, c'est avec conscience de l'absence de Cléa que tu subis. Ça me rend profondément triste et je mesure tous les petits moments privilégiés que je vis avec mes enfants. Je vais les savourer, en prendre acte grâce à toi, Belle Cléa. Voilà, tout est dit....
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Quand tout remonte à la surface. Le scandale n'est pas de dire la vérité, c'est de ne pas la dire tout entière, d'y introduire un mensonge par omission qui la laisse intacte au dehors, mais lui ronge ainsi qu'un cancer le cœur et les entrailles. Le scandale n'est pas de dire la vérité, c'est de ne pas la dire tout entière, d'y introduire un mensonge par omission qui la laisse intacte au dehors, mais lui ronge ainsi qu'un cancer le cœur et les entrailles. Impossible de dormir dans mon lit. Petite nuit sur mon canapé. Je me réveille à 7h. Ouvre les yeux et c'est la première chose à laquelle je pense. Nous sommes le 24 décembre et ce soir nous allons fêter le premier réveillon de Noël en famille. Mais mes enfants, l'homme que j'aime, ne seront pas là. Yanis est chez son papa. Cléa est morte. Malo sera je ne sais où, mais pas avec moi, c'est certain. Cet homme, je l'aime. Il a beau avoir des défauts, des travers qui me rendent complètement folle, qui m'agacent au plus haut point, mais je l'aime de tout mon être Et je sais, je suis certaine que nous pouvons être heureux. Il suffit juste que l'un et l'autre nous lâchions prise, et surtout... travailler là-dessus. Que nous prenions en compte nos blessures, nos fêlures, et que nous faisions de tout cela une force. Que nous ne nous servions pas de cela pour se faire du mal, juste en prendre conscience et vivre. Il m'aime n'arrive pas à se détacher et ma non-confiance perpétuelle face à lui, aux hommes, le bouffe. Mes scénariis le fatiguent. J'avoue que mes réactions sont complètement irrationnelles. Je me bats tous les jours contre mes vieux démons, pose le doigt dessus, analyse, met en place des outils pour composer avec ces émotions. Mais c'est incontrôlable. Malo n'est pas cet homme qui m'a fait du mal, qui a détruit cette petite fille que j'étais, cette femme en devenir. Mais je pense sincèrement, si un jour j'arriverai à me dire : C'est bon Je suis face à un homme adorable et bienveillant qui me veut du bien. En cet instant, je crois que je pourrais avoir l'homme le plus gentil à mes côtés, Je serai toujours aussi torturée et persuadée qu'on me détruira à nouveau. Quel boulet ! Bref, je ne le rassure pas avec mes envolées et il ne me rassure pas face à son indécision perpétuelle, ses tergiversations chroniques, ses actes. et sa barrière émotionnelle. Parfois, j'ai envie de lui dire, j'ai vraiment envie de lui dire, si tu savais, si tu savais ce que j'ai fait quelques semaines avant le décès de Cléa, si tu savais comme je me vois comme un monstre, comme ça me bouffe de l'intérieur, comme j'ai envie de tout te dire, et en même temps, de ne rien lâcher, surtout de ne pas lâcher ce pavé dans la mare. Parce que si je prononce à haute voix cet événement, la réalité reviendra de plein fouet et je ne sais pas si j'arriverai à faire face. J'ai peur, j'ai peur de te perdre définitivement si je te lâche mon secret. Ce jour-là, je me suis fait le serment que je n'en parlerai à personne, personne, que ça restera entre moi et cette petite âme. Eh bien oui, oui oui, je me souviens de ces deux fameux jours. Le premier, où j'ai compris que j'étais enceinte. À regarder ce test de grossesse en pleurant, en hurlant, à me dire mais purée, je suis un bois mort. Je me nourris essentiellement de café et de clopes, et je suis enceinte ? Mais comment c'est possible ? Puis j'ai pensé à Cléa. Comment je peux porter la vie ? Alors que ma fille va mourir. Culpabilité. C'est fou comme à ce moment-là, j'ai fait comme si ce n'était pas réel. Je me suis dit que j'avais un peu de temps pour prendre une décision et que surtout, je n'en parlerai pas. Puis quelques semaines sont passées. Ce deuxième jour, je me revois à Grenoble, dans la maison des parents. Cléa avait encore fait des grosses crises d'épilepsie et elle était en surveillance en IHO. Je me revois au réveil, avec un mal de ventre. Je revois ce saignement, rester un bon moment sous une douche brûlante, à réfléchir, réfléchir à une solution. Je me revois débarquer en IHO et demander à Solènne si c'était possible de téléphoner aux urgences gynéco pour savoir si je pouvais descendre. Mais je ne lui ai pas dit la vraie raison. Juste que j'avais des douleurs au sein droit. et que j'avais un kyste qui me faisait vraiment mal depuis que j'avais perdu beaucoup de poids. Je me revois sur cette chaise à attendre. Attendre en me disant, bon, ok, univers, tu as réglé le problème, mais là, c'est violent. Ça fait mal. Et en même temps, merci, parce que je suis soulagée. A faire un pacte avec je ne sais qui. Ok, ok, ok, tu as pris cette petite âme. Alors laisse-moi Cléa s'il te plaît, laisse-la moi. J'étais en plein marchandage. Il doit y avoir des raisons pour tout cela. Je ne comprends pas encore, mais s'il te plaît, guide-moi. Parce que là, je vais sombrer. Je vais sombrer, je vais crever sur place. Il y avait moi, mais il y avait Cléa. Et je culpabilisais d'être assise là, à perdre du temps. A ne pas être auprès d'elle là-haut. Je revoyais son regard quand je lui ai juste dit que j'avais besoin de faire un contrôle pour mon kyste et que j'en profitais d'être à l'hôpital pour le faire. Je me souviens de ce scan intégral qu'elle m'a lancé. Je savais qu'elle savait, qu'elle ressentait beaucoup de choses et que sa mère était une belle menteuse. Je me revois rentrer dans cette salle, échanger avec le gynécologue, puis... entendre son téléphone sonner. Il y a une urgence, je reviens. Je me vois réaliser ce que je vivais n'était pas du tout une urgence, juste une fausse couche, et qu'il y avait beaucoup plus grave. Je me vois me lever, partir de cette salle presque en courant comme une voleuse, et trou noir, trou noir et dissociation. Je me revois Tel un robot reprendre le cours de notre parcours, me jurer que je garderai tout cela bien enfermé à double tour, pleurer dans ses couloirs, aller fumer une cigarette, besoin de me vider avant de retrouver Cléa, et je respire. Je serre les dents, me colle un sourire sur le visage, et continue cette journée comme si tout cela n'avait jamais eu lieu. Voilà ! ce que j'ai envie de lui dire à certains moments. Mais je garde tout, contrôle, m'enfonce, culpabilise, me déteste, le déteste, déteste la vie pour tous ces événements qui se sont enchaînés. Et en même temps, la remercie de ces prises de conscience soudaines. Alors je me tais, je me tais et fais le choix de continuer ce petit bonhomme de chemin, bon gré, mal gré, avec et sans lui. Cléa est là, dans l'invisible, partout, tout le temps, dans le moindre geste du quotidien. Mais j'aimerais tellement la voir contre moi, la toucher, la sentir, la câliner, lui parler, l'entendre rire, pleurer, crier, la voir danser, se préparer pour ce réveillon en enfilant sa belle tenue, se maquillant , la regarder passer des heures à se coiffer, la voir vivante quoi. Et ce soir, aujourd'hui, c'est difficile, violent, parce que c'est un rêve, un souhait, une illusion qui serait mon idéal. Valou ce matin, sur notre groupe, me disait des choses pleines d'amour et de bienveillance. Son dernier message était Sache ma chère Mae, que tout ce que je fais ces jours-ci, c'est avec conscience de l'absence de Cléa que tu subis. Ça me rend profondément triste et je mesure tous les petits moments privilégiés que je vis avec mes enfants. Je vais les savourer, en prendre acte grâce à toi, Belle Cléa. Voilà, tout est dit....
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Quand tout remonte à la surface. Le scandale n'est pas de dire la vérité, c'est de ne pas la dire tout entière, d'y introduire un mensonge par omission qui la laisse intacte au dehors, mais lui ronge ainsi qu'un cancer le cœur et les entrailles. Le scandale n'est pas de dire la vérité, c'est de ne pas la dire tout entière, d'y introduire un mensonge par omission qui la laisse intacte au dehors, mais lui ronge ainsi qu'un cancer le cœur et les entrailles. Impossible de dormir dans mon lit. Petite nuit sur mon canapé. Je me réveille à 7h. Ouvre les yeux et c'est la première chose à laquelle je pense. Nous sommes le 24 décembre et ce soir nous allons fêter le premier réveillon de Noël en famille. Mais mes enfants, l'homme que j'aime, ne seront pas là. Yanis est chez son papa. Cléa est morte. Malo sera je ne sais où, mais pas avec moi, c'est certain. Cet homme, je l'aime. Il a beau avoir des défauts, des travers qui me rendent complètement folle, qui m'agacent au plus haut point, mais je l'aime de tout mon être Et je sais, je suis certaine que nous pouvons être heureux. Il suffit juste que l'un et l'autre nous lâchions prise, et surtout... travailler là-dessus. Que nous prenions en compte nos blessures, nos fêlures, et que nous faisions de tout cela une force. Que nous ne nous servions pas de cela pour se faire du mal, juste en prendre conscience et vivre. Il m'aime n'arrive pas à se détacher et ma non-confiance perpétuelle face à lui, aux hommes, le bouffe. Mes scénariis le fatiguent. J'avoue que mes réactions sont complètement irrationnelles. Je me bats tous les jours contre mes vieux démons, pose le doigt dessus, analyse, met en place des outils pour composer avec ces émotions. Mais c'est incontrôlable. Malo n'est pas cet homme qui m'a fait du mal, qui a détruit cette petite fille que j'étais, cette femme en devenir. Mais je pense sincèrement, si un jour j'arriverai à me dire : C'est bon Je suis face à un homme adorable et bienveillant qui me veut du bien. En cet instant, je crois que je pourrais avoir l'homme le plus gentil à mes côtés, Je serai toujours aussi torturée et persuadée qu'on me détruira à nouveau. Quel boulet ! Bref, je ne le rassure pas avec mes envolées et il ne me rassure pas face à son indécision perpétuelle, ses tergiversations chroniques, ses actes. et sa barrière émotionnelle. Parfois, j'ai envie de lui dire, j'ai vraiment envie de lui dire, si tu savais, si tu savais ce que j'ai fait quelques semaines avant le décès de Cléa, si tu savais comme je me vois comme un monstre, comme ça me bouffe de l'intérieur, comme j'ai envie de tout te dire, et en même temps, de ne rien lâcher, surtout de ne pas lâcher ce pavé dans la mare. Parce que si je prononce à haute voix cet événement, la réalité reviendra de plein fouet et je ne sais pas si j'arriverai à faire face. J'ai peur, j'ai peur de te perdre définitivement si je te lâche mon secret. Ce jour-là, je me suis fait le serment que je n'en parlerai à personne, personne, que ça restera entre moi et cette petite âme. Eh bien oui, oui oui, je me souviens de ces deux fameux jours. Le premier, où j'ai compris que j'étais enceinte. À regarder ce test de grossesse en pleurant, en hurlant, à me dire mais purée, je suis un bois mort. Je me nourris essentiellement de café et de clopes, et je suis enceinte ? Mais comment c'est possible ? Puis j'ai pensé à Cléa. Comment je peux porter la vie ? Alors que ma fille va mourir. Culpabilité. C'est fou comme à ce moment-là, j'ai fait comme si ce n'était pas réel. Je me suis dit que j'avais un peu de temps pour prendre une décision et que surtout, je n'en parlerai pas. Puis quelques semaines sont passées. Ce deuxième jour, je me revois à Grenoble, dans la maison des parents. Cléa avait encore fait des grosses crises d'épilepsie et elle était en surveillance en IHO. Je me revois au réveil, avec un mal de ventre. Je revois ce saignement, rester un bon moment sous une douche brûlante, à réfléchir, réfléchir à une solution. Je me revois débarquer en IHO et demander à Solènne si c'était possible de téléphoner aux urgences gynéco pour savoir si je pouvais descendre. Mais je ne lui ai pas dit la vraie raison. Juste que j'avais des douleurs au sein droit. et que j'avais un kyste qui me faisait vraiment mal depuis que j'avais perdu beaucoup de poids. Je me revois sur cette chaise à attendre. Attendre en me disant, bon, ok, univers, tu as réglé le problème, mais là, c'est violent. Ça fait mal. Et en même temps, merci, parce que je suis soulagée. A faire un pacte avec je ne sais qui. Ok, ok, ok, tu as pris cette petite âme. Alors laisse-moi Cléa s'il te plaît, laisse-la moi. J'étais en plein marchandage. Il doit y avoir des raisons pour tout cela. Je ne comprends pas encore, mais s'il te plaît, guide-moi. Parce que là, je vais sombrer. Je vais sombrer, je vais crever sur place. Il y avait moi, mais il y avait Cléa. Et je culpabilisais d'être assise là, à perdre du temps. A ne pas être auprès d'elle là-haut. Je revoyais son regard quand je lui ai juste dit que j'avais besoin de faire un contrôle pour mon kyste et que j'en profitais d'être à l'hôpital pour le faire. Je me souviens de ce scan intégral qu'elle m'a lancé. Je savais qu'elle savait, qu'elle ressentait beaucoup de choses et que sa mère était une belle menteuse. Je me revois rentrer dans cette salle, échanger avec le gynécologue, puis... entendre son téléphone sonner. Il y a une urgence, je reviens. Je me vois réaliser ce que je vivais n'était pas du tout une urgence, juste une fausse couche, et qu'il y avait beaucoup plus grave. Je me vois me lever, partir de cette salle presque en courant comme une voleuse, et trou noir, trou noir et dissociation. Je me revois Tel un robot reprendre le cours de notre parcours, me jurer que je garderai tout cela bien enfermé à double tour, pleurer dans ses couloirs, aller fumer une cigarette, besoin de me vider avant de retrouver Cléa, et je respire. Je serre les dents, me colle un sourire sur le visage, et continue cette journée comme si tout cela n'avait jamais eu lieu. Voilà ! ce que j'ai envie de lui dire à certains moments. Mais je garde tout, contrôle, m'enfonce, culpabilise, me déteste, le déteste, déteste la vie pour tous ces événements qui se sont enchaînés. Et en même temps, la remercie de ces prises de conscience soudaines. Alors je me tais, je me tais et fais le choix de continuer ce petit bonhomme de chemin, bon gré, mal gré, avec et sans lui. Cléa est là, dans l'invisible, partout, tout le temps, dans le moindre geste du quotidien. Mais j'aimerais tellement la voir contre moi, la toucher, la sentir, la câliner, lui parler, l'entendre rire, pleurer, crier, la voir danser, se préparer pour ce réveillon en enfilant sa belle tenue, se maquillant , la regarder passer des heures à se coiffer, la voir vivante quoi. Et ce soir, aujourd'hui, c'est difficile, violent, parce que c'est un rêve, un souhait, une illusion qui serait mon idéal. Valou ce matin, sur notre groupe, me disait des choses pleines d'amour et de bienveillance. Son dernier message était Sache ma chère Mae, que tout ce que je fais ces jours-ci, c'est avec conscience de l'absence de Cléa que tu subis. Ça me rend profondément triste et je mesure tous les petits moments privilégiés que je vis avec mes enfants. Je vais les savourer, en prendre acte grâce à toi, Belle Cléa. Voilà, tout est dit....
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Quand tout remonte à la surface. Le scandale n'est pas de dire la vérité, c'est de ne pas la dire tout entière, d'y introduire un mensonge par omission qui la laisse intacte au dehors, mais lui ronge ainsi qu'un cancer le cœur et les entrailles. Le scandale n'est pas de dire la vérité, c'est de ne pas la dire tout entière, d'y introduire un mensonge par omission qui la laisse intacte au dehors, mais lui ronge ainsi qu'un cancer le cœur et les entrailles. Impossible de dormir dans mon lit. Petite nuit sur mon canapé. Je me réveille à 7h. Ouvre les yeux et c'est la première chose à laquelle je pense. Nous sommes le 24 décembre et ce soir nous allons fêter le premier réveillon de Noël en famille. Mais mes enfants, l'homme que j'aime, ne seront pas là. Yanis est chez son papa. Cléa est morte. Malo sera je ne sais où, mais pas avec moi, c'est certain. Cet homme, je l'aime. Il a beau avoir des défauts, des travers qui me rendent complètement folle, qui m'agacent au plus haut point, mais je l'aime de tout mon être Et je sais, je suis certaine que nous pouvons être heureux. Il suffit juste que l'un et l'autre nous lâchions prise, et surtout... travailler là-dessus. Que nous prenions en compte nos blessures, nos fêlures, et que nous faisions de tout cela une force. Que nous ne nous servions pas de cela pour se faire du mal, juste en prendre conscience et vivre. Il m'aime n'arrive pas à se détacher et ma non-confiance perpétuelle face à lui, aux hommes, le bouffe. Mes scénariis le fatiguent. J'avoue que mes réactions sont complètement irrationnelles. Je me bats tous les jours contre mes vieux démons, pose le doigt dessus, analyse, met en place des outils pour composer avec ces émotions. Mais c'est incontrôlable. Malo n'est pas cet homme qui m'a fait du mal, qui a détruit cette petite fille que j'étais, cette femme en devenir. Mais je pense sincèrement, si un jour j'arriverai à me dire : C'est bon Je suis face à un homme adorable et bienveillant qui me veut du bien. En cet instant, je crois que je pourrais avoir l'homme le plus gentil à mes côtés, Je serai toujours aussi torturée et persuadée qu'on me détruira à nouveau. Quel boulet ! Bref, je ne le rassure pas avec mes envolées et il ne me rassure pas face à son indécision perpétuelle, ses tergiversations chroniques, ses actes. et sa barrière émotionnelle. Parfois, j'ai envie de lui dire, j'ai vraiment envie de lui dire, si tu savais, si tu savais ce que j'ai fait quelques semaines avant le décès de Cléa, si tu savais comme je me vois comme un monstre, comme ça me bouffe de l'intérieur, comme j'ai envie de tout te dire, et en même temps, de ne rien lâcher, surtout de ne pas lâcher ce pavé dans la mare. Parce que si je prononce à haute voix cet événement, la réalité reviendra de plein fouet et je ne sais pas si j'arriverai à faire face. J'ai peur, j'ai peur de te perdre définitivement si je te lâche mon secret. Ce jour-là, je me suis fait le serment que je n'en parlerai à personne, personne, que ça restera entre moi et cette petite âme. Eh bien oui, oui oui, je me souviens de ces deux fameux jours. Le premier, où j'ai compris que j'étais enceinte. À regarder ce test de grossesse en pleurant, en hurlant, à me dire mais purée, je suis un bois mort. Je me nourris essentiellement de café et de clopes, et je suis enceinte ? Mais comment c'est possible ? Puis j'ai pensé à Cléa. Comment je peux porter la vie ? Alors que ma fille va mourir. Culpabilité. C'est fou comme à ce moment-là, j'ai fait comme si ce n'était pas réel. Je me suis dit que j'avais un peu de temps pour prendre une décision et que surtout, je n'en parlerai pas. Puis quelques semaines sont passées. Ce deuxième jour, je me revois à Grenoble, dans la maison des parents. Cléa avait encore fait des grosses crises d'épilepsie et elle était en surveillance en IHO. Je me revois au réveil, avec un mal de ventre. Je revois ce saignement, rester un bon moment sous une douche brûlante, à réfléchir, réfléchir à une solution. Je me revois débarquer en IHO et demander à Solènne si c'était possible de téléphoner aux urgences gynéco pour savoir si je pouvais descendre. Mais je ne lui ai pas dit la vraie raison. Juste que j'avais des douleurs au sein droit. et que j'avais un kyste qui me faisait vraiment mal depuis que j'avais perdu beaucoup de poids. Je me revois sur cette chaise à attendre. Attendre en me disant, bon, ok, univers, tu as réglé le problème, mais là, c'est violent. Ça fait mal. Et en même temps, merci, parce que je suis soulagée. A faire un pacte avec je ne sais qui. Ok, ok, ok, tu as pris cette petite âme. Alors laisse-moi Cléa s'il te plaît, laisse-la moi. J'étais en plein marchandage. Il doit y avoir des raisons pour tout cela. Je ne comprends pas encore, mais s'il te plaît, guide-moi. Parce que là, je vais sombrer. Je vais sombrer, je vais crever sur place. Il y avait moi, mais il y avait Cléa. Et je culpabilisais d'être assise là, à perdre du temps. A ne pas être auprès d'elle là-haut. Je revoyais son regard quand je lui ai juste dit que j'avais besoin de faire un contrôle pour mon kyste et que j'en profitais d'être à l'hôpital pour le faire. Je me souviens de ce scan intégral qu'elle m'a lancé. Je savais qu'elle savait, qu'elle ressentait beaucoup de choses et que sa mère était une belle menteuse. Je me revois rentrer dans cette salle, échanger avec le gynécologue, puis... entendre son téléphone sonner. Il y a une urgence, je reviens. Je me vois réaliser ce que je vivais n'était pas du tout une urgence, juste une fausse couche, et qu'il y avait beaucoup plus grave. Je me vois me lever, partir de cette salle presque en courant comme une voleuse, et trou noir, trou noir et dissociation. Je me revois Tel un robot reprendre le cours de notre parcours, me jurer que je garderai tout cela bien enfermé à double tour, pleurer dans ses couloirs, aller fumer une cigarette, besoin de me vider avant de retrouver Cléa, et je respire. Je serre les dents, me colle un sourire sur le visage, et continue cette journée comme si tout cela n'avait jamais eu lieu. Voilà ! ce que j'ai envie de lui dire à certains moments. Mais je garde tout, contrôle, m'enfonce, culpabilise, me déteste, le déteste, déteste la vie pour tous ces événements qui se sont enchaînés. Et en même temps, la remercie de ces prises de conscience soudaines. Alors je me tais, je me tais et fais le choix de continuer ce petit bonhomme de chemin, bon gré, mal gré, avec et sans lui. Cléa est là, dans l'invisible, partout, tout le temps, dans le moindre geste du quotidien. Mais j'aimerais tellement la voir contre moi, la toucher, la sentir, la câliner, lui parler, l'entendre rire, pleurer, crier, la voir danser, se préparer pour ce réveillon en enfilant sa belle tenue, se maquillant , la regarder passer des heures à se coiffer, la voir vivante quoi. Et ce soir, aujourd'hui, c'est difficile, violent, parce que c'est un rêve, un souhait, une illusion qui serait mon idéal. Valou ce matin, sur notre groupe, me disait des choses pleines d'amour et de bienveillance. Son dernier message était Sache ma chère Mae, que tout ce que je fais ces jours-ci, c'est avec conscience de l'absence de Cléa que tu subis. Ça me rend profondément triste et je mesure tous les petits moments privilégiés que je vis avec mes enfants. Je vais les savourer, en prendre acte grâce à toi, Belle Cléa. Voilà, tout est dit....
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