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Jukebox, l'émission qui fait bavarder la musique.
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Jukebox !
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L'Orelheim, c'est d'abord le nom d'un rocher qui culmine à 132 mètres de haut sur les rives allemandes du Rhin, à 250 km de Strasbourg. C'est l'endroit le plus étroit du Rhin. L'avancée du rocher sur le fleuve réduit d'un quart sa largeur, rendant le courant très violent. un endroit maudit où d'innombrables bateaux ont disparu. C'est ici qu'est née la légende de la Loreley. Loreley, c'est aussi le nom donné à une nymphe, une sirène, une sorcière, une belle jeune femme aux cheveux blonds que l'on accuse d'avoir causé, à travers les siècles, le naufrage de nombreux navires. Les marins... inexorablement attirés par sa voix envoûtante et ses chants irrésistibles, perdent tout sens de la prudence. Étourdis par les mélodies, ils oublient le courant du rein chavir et disparaissent à jamais dans les profondeurs des eaux du fleuve. L'orelaï, c'est encore une légende qui raconte qu'elle attend toujours son véritable amour, qui l'a quitté depuis bien longtemps. Ou encore que l'orelaï serait l'esprit d'une femme qui, ayant mis fin à ses jours par amour, continue de hanter les lieux et cause la perte des marins qui tombent dans ses filets. Comme on le voit, ce mythe hésite entre la femme fatale, malfaisante, qui entraîne les pauvres hommes sans défense vers la mort, et la femme, pauvre victime d'un homme malfaisant, qui l'abandonne. Son esprit se venge alors dans la mort sur l'ensemble du genre masculin. Ce mythe balaye tous les clichés limitants qui existent sur les femmes et sur les hommes. Cette légende est attribuée au poète romantique allemand Clemens Brentano qui aurait inventé ce personnage comme symbole de l'amour passionnel en 1801. Dans son récit, l'orelaï a été trompé par son amant et sur le chemin du cloître elle veut jeter son amour. un dernier regard depuis le rocher sur son château qu'elle quitte pour toujours. Et là, maladroite, elle tombe dans le fleuve qu'elle hante depuis sans trouver le repos. Brentano écrira plusieurs variations du thème de la Loreley qui deviendra en 1810 une femme passive, blonde et malheureuse qui se peigne sur le rocher. Et plus tard, Loreley passera du fantôme à la femme fatale, puis prendra aussi les accents d'une amazone ou d'une déesse guerrière. Comme tous les mythes, la légende de l'orelaï a plusieurs niveaux d'interprétation, mais il est communément admis qu'il dénigre la puissance des sens, qui en supplantant la raison entraîne l'homme dans des errements et des actions irrationnelles, qui le conduisent à sa perte. À travers les époques, bon nombre d'artistes ont partagé leur propre interprétation du mythe de l'orelaï. En France, Guillaume Apollinaire popularise la Loreley à travers son poème éponyme que l'on retrouve dans le recueil Alcool qui adapte le récit de Brentano. Poème que Gérard de Nerval, dans le récit de son voyage sur les bords du Rhin, participe à populariser. Des musiciens nous ont aussi livré leur interprétation personnelle de ce mythe. Johann Strauss et Franz Litz par exemple, mais aussi le groupe Scorpion.
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L'oreille, ma chèque, la presse,
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la presse Nina Hagen Je suis un peu hier
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Je me lâche pas, tu me fangueras, Lorelai. Et mon petit checker.
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Dans sa version, Laurent Boulzy mélange le mythe de la Lorelai et le mythe de Barbe Bleue. lequel dépeint les hommes comme des ogres assassins. Barbebleu est un homme riche qui a déjà été marié plusieurs fois sans qu'on ne sache ce que sont devenues ses épouses précédentes. Un nouveau célibataire, il propose le mariage à ses voisines et l'une d'entre elles, attirée par sa richesse, accepte. Après les noces, il doit partir en voyage et confie à sa jeune épouse les clés du château en lui interdisant formellement de pénétrer dans une des pièces. Mais dès que Barbe Bleue a le dos tourné, elle fasse outre l'interdiction et découvre le corps sans vie des autres femmes de son mari. Terrifiée, elle laisse tomber la clé au sol et celle-ci se tâche du sang indélébile des victimes qu'elle vient de découvrir, clé qui devient alors la preuve de sa transgression. A son retour, Barbe Bleue découvre la trahison de sa trop curieuse épouse, qui va alors devoir subir le même sort que les épouses précédentes. Tout aussi curieuse. Mais ce jour-là, la jeune épouse de Barbe Bleue attend la visite de ses deux frères, soldats, qui pourraient la sauver d'une mort certaine s'ils arrivaient à temps. Les deux frères arriveront à temps. La curieuse sera sauvée et héritera de la fortune de son mari. Dans ce mythe, la femme est dépeinte comme vénale, comme trop curieuse, comme déloyale et indigne de confiance, tandis que l'homme, lui, est barbare, sanguinaire. impitoyable et pratique allègrement le féminicide sans en subir la moindre conséquence. Le pauvre barbe bleue se donne beaucoup de mal pour trouver une femme digne de sa confiance et les femmes s'avèrent incapables de rencontrer ses attentes. Il est curieux de constater que le seul moyen pour ces deux-là de vivre ensemble serait que la jeune épouse n'accède pas à la vérité sur son mari. même quand celle-ci est à sa portée, puisque la découverte de cette vérité la condamne à mort. Ici, les mythes d'Ève, avec sa quête de la connaissance, ou Pandore, qui en ouvrant sa boîte libère tous les mots du monde, sont revisités. Ils incarnent une féminité défectueuse qui, accédant à la connaissance, conduit au désastre. La femme désobéissante ne remplit pas ses obligations, ce qui justifie sa mort. Et ça dit... qu'il vaut mieux ne pas être confronté à la part d'ombre qui habite nos conjoints. Inutile de préciser le tort qui est fait aux femmes et aux hommes avec ce genre de représentation enfouie dans nos inconscients. Que l'on soit adepte de croyances populaires ou non, ces œuvres sur la Loreley s'accordent pour activer notre attention sur cet endroit précis du Rhin où il s'est passé quelque chose qui a profondément marqué l'inconscient collectif. Le rocher de la Lorelai est aujourd'hui un site touristique majeur très fréquenté, tant pour la beauté des lieux que pour le mystère de la légende qui l'entoure. Écoutez la chanson de Woulzitant que vous voulez, mais de grâce ne lisez pas aux petites filles et aux petits garçons des contes qui dépeignent les hommes comme des ogres meurtriers, dévoreurs de féminins, et les femmes comme fatales, belles et malfaisantes, attirantes et dangereuses. séduisante et vénéneuse, sans oublier pourtant, messieurs, que nous sommes bien les descendantes des sorcières qui n'ont pas été brûlées. Voilà, vous n'écouterez plus jamais ce morceau de la même manière à présent. Depuis peu, vous pouvez écouter Jukebox sur YouTube. Abonnez-vous à ma chaîne, likez, commentez, rejoignez-moi sur Facebook. Mon profil porte mon nom, Maria Canel Ferrero. Je vous embrasse et je vous dis à bientôt en musique sur Jukebox. DUPONX !