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JUKEBOX

Manureva - Disparition en haute mer

Manureva - Disparition en haute mer

09min |24/07/2024
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  • Speaker #0

    Jukebox, l'émission qui fait bavarder la musique. Jukebox ! L'O-Star, encore appelée de Transat, est une course transatlantique à la voile et en solitaire. Les organisateurs britanniques de l'O-Star décident de limiter à partir de 1980 la... taille des bateaux de la course à 18 mètres 28. En réaction, les Français créent la route du Rhum, une course en solitaire qui rallie Saint-Malo en Bretagne à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. Cette épreuve est accessible aux pros comme aux amateurs et aux embarcations de tout genre et de toute taille. Les seuls prérequis pour les bateaux sont qu'ils flottent et se déplacent à la voile.

  • Speaker #1

    Et puis le Rhum, c'est une magie tout simplement parce que... On part au cœur de l'hiver, quasiment, au mois de novembre, de Saint-Malo, il ne fait pas beau, il y a du vent fort. Et puis on fait cette route qui est celle de Christophe Colomb, qui est la route de l'Amérique. Et on arrive 10 ou 15 jours plus tard, sous le soleil des Antilles, avec les palmiers, avec toute la chaleur de l'été.

  • Speaker #0

    La première édition de la route du Rhum a lieu en 1978. Le départ est donné le 5 novembre par Éric Tabarly, dont malheureusement le bateau n'a pas été prêt à temps. Au départ se trouvent des solitaires comme Olivier de Kersauzon ou Florence Artaud, et aussi un certain Alain Collat, sur un trimaran de 22 mètres, le Manureva, ce qui signifie oiseau du voyage en tahitien. Il est sponsorisé par Radio Monte Carlo RMC. Alain Collat, en vertu de l'accord de partenariat conclu avec cette radio, donne quotidiennement des nouvelles via un message vocal transmis à RMC. En 1978, il n'y a ni téléphone mobile ni internet. 11 jours après le début de la course, Alain Collat est en tête de l'épreuve. Le 16 novembre, il envoie le message suivant. Sa dernière position connue, le place au sud-ouest des Açores. Le Manureva a quasiment course gagnée. Pour relier Saint-Malo à Pointe-à-Pitre, il y a deux possibilités. Soit prendre la route la plus courte via les Açores, au risque de se heurter à des conditions de navigation plutôt compliquées, soit longer les côtes de la péninsule ibérique puis nord-africaine pour aller chercher au sud de la latitude des Canaries, les Alizés. C'est vent favorable, mais cette route ajoute presque un millier de miles à la course. La première route est celle choisie par les monocoques, moins rapide en pointe mais beaucoup plus malléable aux différents types de mer. La deuxième est choisie par les multicoques, bien plus confiants en leur capacité à aller vite qu'à passer les fortes houles. Tous les multicoques, sauf le Manureva. À partir du 16 novembre, le Manureva ne répond plus. Tout le monde pense d'abord à une panne de radio. Le bateau est parti sans sa balise de détresse et en 1978, les balises Argos, localisables par satellite, n'ont pas encore été inventées. L'épouse d'Alain Collat rapportera plus tard avoir eu une dernière conversation avec son mari, lors de laquelle celui-ci lui expliquait, affolé, se trouver dans l'œil du cyclone avec des montagnes d'eau autour de lui. Aucune trace ne demeure de cette dernière conversation, dont la véracité a été mise en cause par le reste de la famille d'Alain Collat. Ce jour-là, la météo est mauvaise dans cette partie de l'océan Atlantique. Le Manureva ne sera pas à l'arrivée le 28 novembre lorsque l'épreuve prendra fin avec une avance de 98 secondes du premier arrivé qui a pris la route des Alizés sur le deuxième qui a fait route par les Açores. Seule la famille d'Alain Collat prend sa disparition au sérieux depuis le début, donc depuis le 16 novembre. Il y avait un endroit de survie dans le trimaran, où Alain pouvait tenir quelques semaines, ce qui entretient l'espoir de la famille du skipper. Pendant trois semaines, aucune recherche ne sera entreprise par les autorités. Et les recherches seront abandonnées officiellement le 27 décembre 1978. On ne sait rien des causes de la disparition d'Alain Collat. Son corps n'a jamais été retrouvé et son bateau non plus. Pas le moindre débris du Manureva n'a jamais refait surface. Emporté par une vague, des matages, collisions, suicides. Comme toutes les disparitions inexpliquées, celle d'Alain Collat prête le flanc à toutes les rumeurs. Il avait 35 ans. Il était le père d'une petite fille de 4 ans et de jumeaux de 8 mois. Ce qui, sans exclure totalement le suicide, le rend quand même assez improbable. On le soupçonne d'avoir intentionnellement donné une mauvaise position afin de pouvoir disparaître parce qu'il était criblé de dettes. On parle aussi d'assurance vie signée à la hâte avant le départ, ce qui, à mon avis, n'a rien d'étrange avant d'entamer pareille épreuve. Des témoins affirment l'avoir aperçu à plusieurs reprises dans les rues de Clamsy, bien après sa disparition. À la demande de la famille, des radiesthésistes des voyants se mettent de la partie. Un message est même retrouvé dans une bouteille échouée sur une plage. Manu Reva est une chanson qui sort en 45 tours le 15 septembre 1979, précédant de quatre semaines la sortie de l'album Pause d'Alain Chanfort. Écrite par Serge Gainsbourg et composée et interprétée par Alain Chanfort, Manu Reva relance la carrière de Chanfort. Elle est devenue sa chanson la plus connue. Serge Gainsbourg écrira deux textes. Le premier s'appellera Adieu California Mais cette chanson ne plaît pas à Chanfort, qui demande à Gainsbourg de revoir sa copine. Un soir, après un dîner chez un participant de la transat au cours de laquelle Alain Collat a disparu, Gainsbourg a le déclic. Il appelle Chanfort et lui chante Manu, Manu, Réva Chanfort dira Rien qu'à l'évocation de ce mot dont je ne savais rien, Ça m'a paru évident. Je trouvais ça poétique et doux. Serge m'a appris que c'était le nom du bateau d'Alain Collat. J'ai eu un moment de réticence. C'est quand même un peu délicat d'écrire une chanson sur quelqu'un qui a disparu en mer. Mais Gainsbourg le rassure. C'est un hommage. Le lendemain à la lecture du texte, Chanfort n'a plus de doute. CBS arrête la fabrication du single avec le texte Adieu California. Chanfort retourne à Los Angeles. Il réenregistre sa voix pour refaire la production de la chanson. Ce single, Manureva, va s'écouler à un million d'exemplaires à travers le monde. Un succès inespéré pour une chanson de deuil. Voilà, vous n'écouterez plus jamais cette chanson de la même manière à présent. Pour des raisons de droit d'auteur, je ne peux pas partager l'intégrale des morceaux dans ce podcast. Je vous invite alors à aller les découvrir par vous-même. Lisez les textes, les traductions, le cas échéant, soyez curieux. Merci du soutien que vous m'apportez en vous abonnant à ma chaîne. Vous assurez ainsi un juste équilibre entre le donner et le recevoir. Si vous avez aimé, n'hésitez pas à partager mes podcasts avec votre communauté, vos amis, vos followers, pour que davantage de monde en profite. Je vous embrasse et à tout bientôt pour une autre histoire en musique sur Jokebox.

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    Jukebox, l'émission qui fait bavarder la musique. Jukebox ! L'O-Star, encore appelée de Transat, est une course transatlantique à la voile et en solitaire. Les organisateurs britanniques de l'O-Star décident de limiter à partir de 1980 la... taille des bateaux de la course à 18 mètres 28. En réaction, les Français créent la route du Rhum, une course en solitaire qui rallie Saint-Malo en Bretagne à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. Cette épreuve est accessible aux pros comme aux amateurs et aux embarcations de tout genre et de toute taille. Les seuls prérequis pour les bateaux sont qu'ils flottent et se déplacent à la voile.

  • Speaker #1

    Et puis le Rhum, c'est une magie tout simplement parce que... On part au cœur de l'hiver, quasiment, au mois de novembre, de Saint-Malo, il ne fait pas beau, il y a du vent fort. Et puis on fait cette route qui est celle de Christophe Colomb, qui est la route de l'Amérique. Et on arrive 10 ou 15 jours plus tard, sous le soleil des Antilles, avec les palmiers, avec toute la chaleur de l'été.

  • Speaker #0

    La première édition de la route du Rhum a lieu en 1978. Le départ est donné le 5 novembre par Éric Tabarly, dont malheureusement le bateau n'a pas été prêt à temps. Au départ se trouvent des solitaires comme Olivier de Kersauzon ou Florence Artaud, et aussi un certain Alain Collat, sur un trimaran de 22 mètres, le Manureva, ce qui signifie oiseau du voyage en tahitien. Il est sponsorisé par Radio Monte Carlo RMC. Alain Collat, en vertu de l'accord de partenariat conclu avec cette radio, donne quotidiennement des nouvelles via un message vocal transmis à RMC. En 1978, il n'y a ni téléphone mobile ni internet. 11 jours après le début de la course, Alain Collat est en tête de l'épreuve. Le 16 novembre, il envoie le message suivant. Sa dernière position connue, le place au sud-ouest des Açores. Le Manureva a quasiment course gagnée. Pour relier Saint-Malo à Pointe-à-Pitre, il y a deux possibilités. Soit prendre la route la plus courte via les Açores, au risque de se heurter à des conditions de navigation plutôt compliquées, soit longer les côtes de la péninsule ibérique puis nord-africaine pour aller chercher au sud de la latitude des Canaries, les Alizés. C'est vent favorable, mais cette route ajoute presque un millier de miles à la course. La première route est celle choisie par les monocoques, moins rapide en pointe mais beaucoup plus malléable aux différents types de mer. La deuxième est choisie par les multicoques, bien plus confiants en leur capacité à aller vite qu'à passer les fortes houles. Tous les multicoques, sauf le Manureva. À partir du 16 novembre, le Manureva ne répond plus. Tout le monde pense d'abord à une panne de radio. Le bateau est parti sans sa balise de détresse et en 1978, les balises Argos, localisables par satellite, n'ont pas encore été inventées. L'épouse d'Alain Collat rapportera plus tard avoir eu une dernière conversation avec son mari, lors de laquelle celui-ci lui expliquait, affolé, se trouver dans l'œil du cyclone avec des montagnes d'eau autour de lui. Aucune trace ne demeure de cette dernière conversation, dont la véracité a été mise en cause par le reste de la famille d'Alain Collat. Ce jour-là, la météo est mauvaise dans cette partie de l'océan Atlantique. Le Manureva ne sera pas à l'arrivée le 28 novembre lorsque l'épreuve prendra fin avec une avance de 98 secondes du premier arrivé qui a pris la route des Alizés sur le deuxième qui a fait route par les Açores. Seule la famille d'Alain Collat prend sa disparition au sérieux depuis le début, donc depuis le 16 novembre. Il y avait un endroit de survie dans le trimaran, où Alain pouvait tenir quelques semaines, ce qui entretient l'espoir de la famille du skipper. Pendant trois semaines, aucune recherche ne sera entreprise par les autorités. Et les recherches seront abandonnées officiellement le 27 décembre 1978. On ne sait rien des causes de la disparition d'Alain Collat. Son corps n'a jamais été retrouvé et son bateau non plus. Pas le moindre débris du Manureva n'a jamais refait surface. Emporté par une vague, des matages, collisions, suicides. Comme toutes les disparitions inexpliquées, celle d'Alain Collat prête le flanc à toutes les rumeurs. Il avait 35 ans. Il était le père d'une petite fille de 4 ans et de jumeaux de 8 mois. Ce qui, sans exclure totalement le suicide, le rend quand même assez improbable. On le soupçonne d'avoir intentionnellement donné une mauvaise position afin de pouvoir disparaître parce qu'il était criblé de dettes. On parle aussi d'assurance vie signée à la hâte avant le départ, ce qui, à mon avis, n'a rien d'étrange avant d'entamer pareille épreuve. Des témoins affirment l'avoir aperçu à plusieurs reprises dans les rues de Clamsy, bien après sa disparition. À la demande de la famille, des radiesthésistes des voyants se mettent de la partie. Un message est même retrouvé dans une bouteille échouée sur une plage. Manu Reva est une chanson qui sort en 45 tours le 15 septembre 1979, précédant de quatre semaines la sortie de l'album Pause d'Alain Chanfort. Écrite par Serge Gainsbourg et composée et interprétée par Alain Chanfort, Manu Reva relance la carrière de Chanfort. Elle est devenue sa chanson la plus connue. Serge Gainsbourg écrira deux textes. Le premier s'appellera Adieu California Mais cette chanson ne plaît pas à Chanfort, qui demande à Gainsbourg de revoir sa copine. Un soir, après un dîner chez un participant de la transat au cours de laquelle Alain Collat a disparu, Gainsbourg a le déclic. Il appelle Chanfort et lui chante Manu, Manu, Réva Chanfort dira Rien qu'à l'évocation de ce mot dont je ne savais rien, Ça m'a paru évident. Je trouvais ça poétique et doux. Serge m'a appris que c'était le nom du bateau d'Alain Collat. J'ai eu un moment de réticence. C'est quand même un peu délicat d'écrire une chanson sur quelqu'un qui a disparu en mer. Mais Gainsbourg le rassure. C'est un hommage. Le lendemain à la lecture du texte, Chanfort n'a plus de doute. CBS arrête la fabrication du single avec le texte Adieu California. Chanfort retourne à Los Angeles. Il réenregistre sa voix pour refaire la production de la chanson. Ce single, Manureva, va s'écouler à un million d'exemplaires à travers le monde. Un succès inespéré pour une chanson de deuil. Voilà, vous n'écouterez plus jamais cette chanson de la même manière à présent. Pour des raisons de droit d'auteur, je ne peux pas partager l'intégrale des morceaux dans ce podcast. Je vous invite alors à aller les découvrir par vous-même. Lisez les textes, les traductions, le cas échéant, soyez curieux. Merci du soutien que vous m'apportez en vous abonnant à ma chaîne. Vous assurez ainsi un juste équilibre entre le donner et le recevoir. 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  • Speaker #1

    Et puis le Rhum, c'est une magie tout simplement parce que... On part au cœur de l'hiver, quasiment, au mois de novembre, de Saint-Malo, il ne fait pas beau, il y a du vent fort. Et puis on fait cette route qui est celle de Christophe Colomb, qui est la route de l'Amérique. Et on arrive 10 ou 15 jours plus tard, sous le soleil des Antilles, avec les palmiers, avec toute la chaleur de l'été.

  • Speaker #0

    La première édition de la route du Rhum a lieu en 1978. Le départ est donné le 5 novembre par Éric Tabarly, dont malheureusement le bateau n'a pas été prêt à temps. Au départ se trouvent des solitaires comme Olivier de Kersauzon ou Florence Artaud, et aussi un certain Alain Collat, sur un trimaran de 22 mètres, le Manureva, ce qui signifie oiseau du voyage en tahitien. Il est sponsorisé par Radio Monte Carlo RMC. Alain Collat, en vertu de l'accord de partenariat conclu avec cette radio, donne quotidiennement des nouvelles via un message vocal transmis à RMC. En 1978, il n'y a ni téléphone mobile ni internet. 11 jours après le début de la course, Alain Collat est en tête de l'épreuve. Le 16 novembre, il envoie le message suivant. Sa dernière position connue, le place au sud-ouest des Açores. Le Manureva a quasiment course gagnée. Pour relier Saint-Malo à Pointe-à-Pitre, il y a deux possibilités. Soit prendre la route la plus courte via les Açores, au risque de se heurter à des conditions de navigation plutôt compliquées, soit longer les côtes de la péninsule ibérique puis nord-africaine pour aller chercher au sud de la latitude des Canaries, les Alizés. C'est vent favorable, mais cette route ajoute presque un millier de miles à la course. La première route est celle choisie par les monocoques, moins rapide en pointe mais beaucoup plus malléable aux différents types de mer. La deuxième est choisie par les multicoques, bien plus confiants en leur capacité à aller vite qu'à passer les fortes houles. Tous les multicoques, sauf le Manureva. À partir du 16 novembre, le Manureva ne répond plus. Tout le monde pense d'abord à une panne de radio. Le bateau est parti sans sa balise de détresse et en 1978, les balises Argos, localisables par satellite, n'ont pas encore été inventées. L'épouse d'Alain Collat rapportera plus tard avoir eu une dernière conversation avec son mari, lors de laquelle celui-ci lui expliquait, affolé, se trouver dans l'œil du cyclone avec des montagnes d'eau autour de lui. Aucune trace ne demeure de cette dernière conversation, dont la véracité a été mise en cause par le reste de la famille d'Alain Collat. Ce jour-là, la météo est mauvaise dans cette partie de l'océan Atlantique. Le Manureva ne sera pas à l'arrivée le 28 novembre lorsque l'épreuve prendra fin avec une avance de 98 secondes du premier arrivé qui a pris la route des Alizés sur le deuxième qui a fait route par les Açores. Seule la famille d'Alain Collat prend sa disparition au sérieux depuis le début, donc depuis le 16 novembre. Il y avait un endroit de survie dans le trimaran, où Alain pouvait tenir quelques semaines, ce qui entretient l'espoir de la famille du skipper. Pendant trois semaines, aucune recherche ne sera entreprise par les autorités. Et les recherches seront abandonnées officiellement le 27 décembre 1978. On ne sait rien des causes de la disparition d'Alain Collat. Son corps n'a jamais été retrouvé et son bateau non plus. Pas le moindre débris du Manureva n'a jamais refait surface. Emporté par une vague, des matages, collisions, suicides. Comme toutes les disparitions inexpliquées, celle d'Alain Collat prête le flanc à toutes les rumeurs. Il avait 35 ans. Il était le père d'une petite fille de 4 ans et de jumeaux de 8 mois. Ce qui, sans exclure totalement le suicide, le rend quand même assez improbable. On le soupçonne d'avoir intentionnellement donné une mauvaise position afin de pouvoir disparaître parce qu'il était criblé de dettes. On parle aussi d'assurance vie signée à la hâte avant le départ, ce qui, à mon avis, n'a rien d'étrange avant d'entamer pareille épreuve. Des témoins affirment l'avoir aperçu à plusieurs reprises dans les rues de Clamsy, bien après sa disparition. À la demande de la famille, des radiesthésistes des voyants se mettent de la partie. Un message est même retrouvé dans une bouteille échouée sur une plage. Manu Reva est une chanson qui sort en 45 tours le 15 septembre 1979, précédant de quatre semaines la sortie de l'album Pause d'Alain Chanfort. Écrite par Serge Gainsbourg et composée et interprétée par Alain Chanfort, Manu Reva relance la carrière de Chanfort. Elle est devenue sa chanson la plus connue. Serge Gainsbourg écrira deux textes. Le premier s'appellera Adieu California Mais cette chanson ne plaît pas à Chanfort, qui demande à Gainsbourg de revoir sa copine. Un soir, après un dîner chez un participant de la transat au cours de laquelle Alain Collat a disparu, Gainsbourg a le déclic. Il appelle Chanfort et lui chante Manu, Manu, Réva Chanfort dira Rien qu'à l'évocation de ce mot dont je ne savais rien, Ça m'a paru évident. Je trouvais ça poétique et doux. Serge m'a appris que c'était le nom du bateau d'Alain Collat. J'ai eu un moment de réticence. C'est quand même un peu délicat d'écrire une chanson sur quelqu'un qui a disparu en mer. Mais Gainsbourg le rassure. C'est un hommage. Le lendemain à la lecture du texte, Chanfort n'a plus de doute. CBS arrête la fabrication du single avec le texte Adieu California. Chanfort retourne à Los Angeles. Il réenregistre sa voix pour refaire la production de la chanson. Ce single, Manureva, va s'écouler à un million d'exemplaires à travers le monde. Un succès inespéré pour une chanson de deuil. Voilà, vous n'écouterez plus jamais cette chanson de la même manière à présent. Pour des raisons de droit d'auteur, je ne peux pas partager l'intégrale des morceaux dans ce podcast. Je vous invite alors à aller les découvrir par vous-même. Lisez les textes, les traductions, le cas échéant, soyez curieux. Merci du soutien que vous m'apportez en vous abonnant à ma chaîne. Vous assurez ainsi un juste équilibre entre le donner et le recevoir. Si vous avez aimé, n'hésitez pas à partager mes podcasts avec votre communauté, vos amis, vos followers, pour que davantage de monde en profite. Je vous embrasse et à tout bientôt pour une autre histoire en musique sur Jokebox.

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    Jukebox, l'émission qui fait bavarder la musique. Jukebox ! L'O-Star, encore appelée de Transat, est une course transatlantique à la voile et en solitaire. Les organisateurs britanniques de l'O-Star décident de limiter à partir de 1980 la... taille des bateaux de la course à 18 mètres 28. En réaction, les Français créent la route du Rhum, une course en solitaire qui rallie Saint-Malo en Bretagne à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe. Cette épreuve est accessible aux pros comme aux amateurs et aux embarcations de tout genre et de toute taille. Les seuls prérequis pour les bateaux sont qu'ils flottent et se déplacent à la voile.

  • Speaker #1

    Et puis le Rhum, c'est une magie tout simplement parce que... On part au cœur de l'hiver, quasiment, au mois de novembre, de Saint-Malo, il ne fait pas beau, il y a du vent fort. Et puis on fait cette route qui est celle de Christophe Colomb, qui est la route de l'Amérique. Et on arrive 10 ou 15 jours plus tard, sous le soleil des Antilles, avec les palmiers, avec toute la chaleur de l'été.

  • Speaker #0

    La première édition de la route du Rhum a lieu en 1978. Le départ est donné le 5 novembre par Éric Tabarly, dont malheureusement le bateau n'a pas été prêt à temps. Au départ se trouvent des solitaires comme Olivier de Kersauzon ou Florence Artaud, et aussi un certain Alain Collat, sur un trimaran de 22 mètres, le Manureva, ce qui signifie oiseau du voyage en tahitien. Il est sponsorisé par Radio Monte Carlo RMC. Alain Collat, en vertu de l'accord de partenariat conclu avec cette radio, donne quotidiennement des nouvelles via un message vocal transmis à RMC. En 1978, il n'y a ni téléphone mobile ni internet. 11 jours après le début de la course, Alain Collat est en tête de l'épreuve. Le 16 novembre, il envoie le message suivant. Sa dernière position connue, le place au sud-ouest des Açores. Le Manureva a quasiment course gagnée. Pour relier Saint-Malo à Pointe-à-Pitre, il y a deux possibilités. Soit prendre la route la plus courte via les Açores, au risque de se heurter à des conditions de navigation plutôt compliquées, soit longer les côtes de la péninsule ibérique puis nord-africaine pour aller chercher au sud de la latitude des Canaries, les Alizés. C'est vent favorable, mais cette route ajoute presque un millier de miles à la course. La première route est celle choisie par les monocoques, moins rapide en pointe mais beaucoup plus malléable aux différents types de mer. La deuxième est choisie par les multicoques, bien plus confiants en leur capacité à aller vite qu'à passer les fortes houles. Tous les multicoques, sauf le Manureva. À partir du 16 novembre, le Manureva ne répond plus. Tout le monde pense d'abord à une panne de radio. Le bateau est parti sans sa balise de détresse et en 1978, les balises Argos, localisables par satellite, n'ont pas encore été inventées. L'épouse d'Alain Collat rapportera plus tard avoir eu une dernière conversation avec son mari, lors de laquelle celui-ci lui expliquait, affolé, se trouver dans l'œil du cyclone avec des montagnes d'eau autour de lui. Aucune trace ne demeure de cette dernière conversation, dont la véracité a été mise en cause par le reste de la famille d'Alain Collat. Ce jour-là, la météo est mauvaise dans cette partie de l'océan Atlantique. Le Manureva ne sera pas à l'arrivée le 28 novembre lorsque l'épreuve prendra fin avec une avance de 98 secondes du premier arrivé qui a pris la route des Alizés sur le deuxième qui a fait route par les Açores. Seule la famille d'Alain Collat prend sa disparition au sérieux depuis le début, donc depuis le 16 novembre. Il y avait un endroit de survie dans le trimaran, où Alain pouvait tenir quelques semaines, ce qui entretient l'espoir de la famille du skipper. Pendant trois semaines, aucune recherche ne sera entreprise par les autorités. Et les recherches seront abandonnées officiellement le 27 décembre 1978. On ne sait rien des causes de la disparition d'Alain Collat. Son corps n'a jamais été retrouvé et son bateau non plus. Pas le moindre débris du Manureva n'a jamais refait surface. Emporté par une vague, des matages, collisions, suicides. Comme toutes les disparitions inexpliquées, celle d'Alain Collat prête le flanc à toutes les rumeurs. Il avait 35 ans. Il était le père d'une petite fille de 4 ans et de jumeaux de 8 mois. Ce qui, sans exclure totalement le suicide, le rend quand même assez improbable. On le soupçonne d'avoir intentionnellement donné une mauvaise position afin de pouvoir disparaître parce qu'il était criblé de dettes. On parle aussi d'assurance vie signée à la hâte avant le départ, ce qui, à mon avis, n'a rien d'étrange avant d'entamer pareille épreuve. Des témoins affirment l'avoir aperçu à plusieurs reprises dans les rues de Clamsy, bien après sa disparition. À la demande de la famille, des radiesthésistes des voyants se mettent de la partie. Un message est même retrouvé dans une bouteille échouée sur une plage. Manu Reva est une chanson qui sort en 45 tours le 15 septembre 1979, précédant de quatre semaines la sortie de l'album Pause d'Alain Chanfort. Écrite par Serge Gainsbourg et composée et interprétée par Alain Chanfort, Manu Reva relance la carrière de Chanfort. Elle est devenue sa chanson la plus connue. Serge Gainsbourg écrira deux textes. Le premier s'appellera Adieu California Mais cette chanson ne plaît pas à Chanfort, qui demande à Gainsbourg de revoir sa copine. Un soir, après un dîner chez un participant de la transat au cours de laquelle Alain Collat a disparu, Gainsbourg a le déclic. Il appelle Chanfort et lui chante Manu, Manu, Réva Chanfort dira Rien qu'à l'évocation de ce mot dont je ne savais rien, Ça m'a paru évident. Je trouvais ça poétique et doux. Serge m'a appris que c'était le nom du bateau d'Alain Collat. J'ai eu un moment de réticence. C'est quand même un peu délicat d'écrire une chanson sur quelqu'un qui a disparu en mer. Mais Gainsbourg le rassure. C'est un hommage. Le lendemain à la lecture du texte, Chanfort n'a plus de doute. CBS arrête la fabrication du single avec le texte Adieu California. Chanfort retourne à Los Angeles. Il réenregistre sa voix pour refaire la production de la chanson. Ce single, Manureva, va s'écouler à un million d'exemplaires à travers le monde. Un succès inespéré pour une chanson de deuil. Voilà, vous n'écouterez plus jamais cette chanson de la même manière à présent. Pour des raisons de droit d'auteur, je ne peux pas partager l'intégrale des morceaux dans ce podcast. Je vous invite alors à aller les découvrir par vous-même. Lisez les textes, les traductions, le cas échéant, soyez curieux. Merci du soutien que vous m'apportez en vous abonnant à ma chaîne. Vous assurez ainsi un juste équilibre entre le donner et le recevoir. 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