Transcription

• Speaker #0

  Jukebox, l'émission qui fait bavarder la musique. Ah ! Jukebox !

• Speaker #1

  Nathalie, là, ça vaut mieux que tu perdes le doigt pour ton âme.

• Speaker #2

  On a la cristabitude de couper la queue des chiens, des gens pleins de sollicitude, je trouve que cela ne fait pas bien. Cette petite queue plus en mutile dit quelqu'un c'est pas joli, mais d'une façon du... Et le Blumenthal d'Italie.

• Speaker #0

  Avec quelques amis fondent l'un des premiers orchestres à sketch de France, Réventura et ses collégiens. Leur répertoire, des morceaux comme « Ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine » .

• Speaker #3

  Ça vaut mieux que d'abalder de la mortora. Ça vaut mieux que de sucer de la naphtaline. Ça vaut mieux que de faire le soin à vos ponts de l'Alma.

• Speaker #0

  Où tout va très bien, Madame la Marquise.

• Speaker #3

  Tout va très bien, Madame la Marquise, tout va très bien, tout va très bien. Pourtant il faut, il faut que l'on vous dise, on déplore un petit rien.

• Speaker #0

  Ou encore, sifflez en travaillant.

• Speaker #4

  Sifflez en travaillant,

• Speaker #3

  c'est un bon stimulant qui vous rend le cœur plus vaillant. Sifflez un air joyeux.

• Speaker #0

  Des morceaux qui font partie de la mémoire collective de la chanson française. La chanson « On ira pendre notre linge sur la ligne Siegfried » est chantée en Europe à partir de 1939. Elle est tirée d'une chanson irlandaise. La mélodie imite le rythme très saccadé de la musique militaire allemande qui accompagne les défilés des troupes marchant au pas de loi. Paul Misrachi écrit les paroles françaises et Ray Ventura et les collégiens s'occupent de l'arrangement. Le succès est immédiat. Les soldats britanniques et français chantent joyeusement cette chanson en partant au front. Pourtant, 100 000 d'entre eux n'atteindront jamais la ligne Siegfried, tandis que de l'autre côté, 100 000 Allemands perdront la vie en la défendant. La chanson fait référence à la ligne Siegfried et en fait une simple corde à linge où pendre sa lessive pour la faire sécher au cas où elle serait encore là lorsque les alliés arriveront. La ligne Siegfried, c'est le nom ironique que les alliés donnaient au mur de l'Ouest. A l'origine, il s'agit d'une ligne de défense construite entre 1916 et 1917 par l'Allemagne alors que la Première Guerre mondiale fait rage. En 1938, aux portes de la Deuxième Guerre mondiale, les travaux reprennent le long de la frontière occidentale de l'Allemagne nazie. Cette ligne de défense s'étend sur plus de 640 km de long et 4 km de large. Les Allemands la qualifient d'infranchissable. Les Alliés lui donnent le nom de ligne Siegfried. Elle va des Pays-Bas jusqu'à la frontière suisse et fait face à la ligne Maginot, la ligne de défense construite entre 1928 et 1940 par la France, le long de sa frontière avec la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne, la Suisse et l'Italie. La ligne Siegfried est un champ de mines, de tranchées, de pièges, anti-chars, de barbelés, de bunkers, de ciments et d'acier. Hitler fait de ce chantier ambitieux une priorité nationale. Il exige une fortification de sa frontière avec la France, la Belgique et le Luxembourg sous 18 mois. Et pour le satisfaire, on rouvre les anciennes usines métallurgiques fermées pendant la crise de 1929 pour produire plus d'un million de tonnes de métal et d'acier. On rase des forêts pour assurer l'approvisionnement en bois. On dynamite des rochers pour apporter les 3 millions de tonnes de gravier nécessaire à sa construction. On fabrique 5000 km de câbles en acier et on coule 8 millions de tonnes de ciment. Plus de 100 trains arrivent quotidiennement sur le chantier pour y amener les matériaux nécessaires qui souvent terminent leur parcours dans les 8000 camions réquisitionnés. La ligne est renforcée pour arrêter les blindés. 14 000 bunkers armés jusqu'aux dents et reliés par un réseau de routes bétonnées sont construits. Plus de la moitié de la structure est souterraine. Des tunnels, 32 centres de commandement. On meurt beaucoup sur le chantier pour construire cette ligne de défense.

• Speaker #3

  Mais l'Allemagne respire. Les hommes ont retrouvé du travail.

• Speaker #0

  La main d'œuvre est bon. La crise de 1929 a laminé l'emploi. En octobre 1938, un demi-million d'hommes, de femmes et d'enfants travaillent sur ce chantier et la plupart ont été purement et simplement réquisitionnés. Ils travaillent 15 heures par jour, sont insuffisamment nourris et vivent dans des conditions sommaires, des baraquements le long du chantier. En 1939, la colère gronde parmi les ouvriers et on les calme avec des médailles. En août 1939, le mur de l'Ouest, comme le nomment les Allemands, est terminé. Son coût ? 3,5 milliards de Deutschmark. La plupart ne voient dans ce chantier titanesque qu'une simple marotte d'Hitler. Mais en réalité, ce chantier rend l'Allemagne imprenable par l'Ouest. La ligne Siegfried offre à Hitler la tranquillité dont il a besoin à l'Ouest pour mener son expansion à l'Est. Expansion qui démarre le mois d'après, en septembre 1939. par l'invasion de la Pologne.

• Speaker #3

  Le 1er septembre 1939, Hitler annonce au Reichstag que depuis ce même jour 5h45, l'Allemagne tire sur la Pologne. L'agression est commencée.

• Speaker #0

  Grâce à la ligne Siegfried, Hitler ne risque pas de se retrouver dans une guerre à deux fronts, ce qui par le passé a déjà causé la défaite de l'Allemagne.

• Speaker #5

  1940, les troupes allemandes remontent la rue de la Colline à Bruxelles en direction de la rue de la Loi.

• Speaker #0

  En mai 1940, l'Allemagne envahit la Belgique. les Pays-Bas et la France. A l'été 1940, l'Allemagne a doublé sa superficie et à l'ouest, le troisième Reich s'étend désormais jusqu'à l'Atlantique. La Linzigfried est devenue inutile. Hitler ordonne son démantèlement pour renforcer le mur de l'Atlantique et ce faisant, il affaiblit la Linzigfried. Le 6 juin 1944, 160 000 soldats alliés débarquent sur les plages de Normandie et franchissent le mur de l'Atlantique. Ils vont lentement, mais sûrement, reprendre du terrain aux Allemands et libérer, une à une, les villes sur leur passage. Après le Tchad, l'Angle, Deray, la France, le grand chemin qui mène vers Paris. Le 25 août, ils entrent dans Paris, avec deux semaines d'avance sur le planning. Le 3 septembre. septembre dans Bruxelles. Les Britanniques continuent vers le nord tandis que les Américains foncent droit vers la ligne Siegfried. Les Allemands battent en retraite et si l'Allemagne doit rester nazie, le mur de l'Ouest apparaît comme le dernier rempart, sauf que celui-ci n'est plus que l'ombre de ce qu'il a été. A la mi-septembre, les Alliés atteignent la ligne Siegfried. Si l'on ne peut pas la franchir, on peut la contourner. L'opération Market Garden est lancée par le maréchal britannique Montgomery. Le but est de contourner la ligne Siegfried par le nord. Les avions lâchent les parachutistes sur Eindhoven, Nîmeg et Arnhem. À Arnhem, la résistance allemande est farouche. Ils détruisent le pont ferroviaire et deux divisions de Panzer bloquent l'arrivée des renforts, de nourriture et d'armement. dont les alliés ont grand besoin, alors même que le mauvais temps empêche tout largage par les airs. Sur les 10 000 hommes engagés à Arnhem, moins de 3 000 vont en réchapper. Pourtant, l'opération Garden Market est un échec. Début octobre, les Américains sont sur le sol allemand à Aix-la-Chapelle. Les Allemands qui s'y battent sont encerclés par les troupes alliées. Le commandant de la garnison allemande reçoit un ultimatum. S'il ne capitule pas sous 24 heures, les Américains... pulvériseront la ville. Les 24 heures s'écoulent et la grande offensive contre Aix-la-Chapelle est lancée. En une heure, l'artillerie et l'aviation américaines lâchent 5000 obus et 60 tonnes de bombes sur la ville. Aix-la-Chapelle est détruite mais les Allemands résistent farouchement. Après cinq semaines de sièges et de guérillas urbaines, la ville tombe aux mains alliées. Les Allemands ne se rendront jamais. Ils mèneront leur dernière bataille jusqu'au dernier homme, jusqu'à la dernière balle, conformément aux ordres de leur fureur. Plus de 10 000 soldats dans les deux camps sont tués, blessés ou portés disparus lors de la prise de la première ville allemande, qui signe aussi la première brèche dans la ligne Siegfrieden. En novembre, les Alliés sont dans la forêt de Hürtgen, où le relief et la densité des arbres annulent les avantages que leur conféraient jusqu'alors l'artillerie et l'aviation. Les Allemands peuvent rivaliser avec les Américains. La bataille de la forêt de Hürtgen s'achève en une impasse sanglante. 30 000 victimes dans chaque camp, mais elle a permis à Hitler de gagner un temps précieux afin de planifier 30 km plus au sud une grande offensive. Le 16 décembre, 250 000 soldats, 2 000 pièces d'artillerie et un millier de chars attaquent les forces américaines sur une largeur de 120 km. C'est le début de la bataille des Ardennes qui se déroule à Noël. Hitler croit qu'il peut encore gagner la guerre grâce à cette offensive, alors que dans les Ardennes, les alliés ont récupéré leurs avantages, l'artillerie et l'aviation. La bataille dure trois semaines. Les Allemands se replient derrière le Rhin. La ligne Siegfried a cédé et les jours du Troisième Reich sont à présent comptés. Dans six semaines, Hitler dans son bunker de Berlin mettra fin à ses jours et peu après, la guerre prendra fin. Ils ont failli ne jamais pendre leur linge sur la ligne Siegfried. Voilà, vous n'écouterez plus jamais cette chanson de la même manière à présent. N'oubliez pas de vous abonner, de liker et de commenter. de partager je vous aime je vous dis à tout bientôt en musique avec une autre chanson sur