Transcription

• Speaker #0

  Le cheveu texturé est un art, un langage, une identité, un héritage. Il raconte une histoire, la nôtre, celle de nos familles, de nos cultures, de nos luttes et de nos renaissances. Bienvenue dans l'art du cheveu texturé, un espace où l'on explore la beauté sous toutes ses dimensions, historiques, sociales, culturelles et scientifiques. Je suis Delphine, la fondatrice de Maison Toinon, et si je lance ce podcast aujourd'hui, c'est parce que le cheveu texturé a longtemps été réduit à une question esthétique. à une simple matière à discipliner ou à dompter. Médiatiquement, il est souvent plus simple de le cacher. Pourtant, il est bien plus que cela. Il est porteur de mémoire, de significations profondes et d'une richesse souvent méconnue. En effet, les cheveux ont toujours eu une place particulière dans l'histoire de l'humanité. Ils ont été un marqueur social, un symbole de pouvoir, un moyen d'expression. Mais lorsqu'il s'agit de cheveux texturés, cette place devient encore plus chargée de sens. Comme James Baldwin l'a souvent souligné, ce que l'on perçoit comme superficiel, l'apparence, les vêtements, les cheveux, est en réalité profondément politique. Son œuvre et ses prises de parole montrent à quel point les normes imposées sur le corps noir, y compris les cheveux, sont un reflet des structures de pouvoir. Dans The Fire Next Time, ou ses interviews, Baldwin expliquait comment la société façonne l'identité des individus en fonction de critères souvent arbitraires, et comment ces normes peuvent devenir des outils de contrôle. ou à l'inverse, des moyens de résistance. Ainsi, les cheveux texturés ont donc toujours porté une charge symbolique forte, que ce soit dans les sociétés traditionnelles, durant la période coloniale ou encore aujourd'hui, dans les discussions sur la représentation et la diversité. Venez avec moi, je vous emmène faire un saut dans le temps pour retracer en quelques phrases la place des cheveux. Par exemple, dans l'Égypte antique, les perruques étaient un signe d'appartenance à un certain statut social. Dans certaines sociétés africaines, les coiffures transmettaient l'âge l'appartenance à un clan, voire le statut marital. Puis est venue la colonisation, qui a imposé d'autres normes esthétiques, reléguant les cheveux crépus au rang d'éléments à cacher ou à lisser. Plus tard, la coupe afro d'Angela Davis deviendra un symbole de résistance. Si l'on en revient à la période actuelle, les cheveux bouclés, frisés et crépus sont aussi régulièrement invisibilisés. Arrivez-vous à vous rappeler quand vous avez vu pour la dernière fois des boucles sur des couvertures de magazines ou sur des tapis rouges de cérémonie de prix ? Aujourd'hui encore, la question des cheveux texturés est au cœur des débats sur la diversité, l'inclusion et la représentation dans les médias. Alors, pourquoi ce podcast ? Prenez-le comme une invitation à voir les cheveux autrement, parce qu'il est temps de redonner aux cheveux texturés toute la place qu'ils méritent, de comprendre leur histoire, de déconstruire les mythes, d'explorer leurs liens avec la mode, la science, l'identité. Dans l'art du cheveu texturé, nous ne parlerons pas simplement de produits ou de techniques de coiffage, Même si ces sujets auront leur place, nous irons plus loin. Nous mettrons en lumière les récits oubliés, les figures inspirantes, les enjeux actuels qui entourent les cheveux texturés dans nos sociétés. Parce que chaque boucle, chaque frisottis, a son histoire. Merci d'avoir écouté ce premier épisode. Dans le prochain, nous plongerons dans l'histoire culturelle des cheveux texturés à travers le monde. Pourquoi certaines coiffures ont-elles été interdites ? Quels sont les messages que portaient les tresses et les lox à travers les âges ? Nous voyagerons dans le temps et à travers les continents pour mieux comprendre pourquoi le cheveu texturé est bien plus qu'un simple attribut physique. A très bientôt !